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les SPECTACLES en île-de-france ( 2011 /2012 ) État des lieux une publication d’arcadi île-de-france #4 - décembre 2014

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les SPECTACLESen île-de-france

(2011 /2012)État des lieux

une publication d’arcadi île-de-france

#4 - décembre 2014

Apporter de nouveaux éclairages sur le secteur culturel francilien, donner à voir ses caracté-ristiques, ses évolutions et proposer des pistes de réflexion : ce sont là les objectifs de la mission d’observation culturelle d’Arcadi Île-de-France soutenue par la Drac et la Région Île-de-France. Dans un souci de lisibilité, nous avons décidé de lancer une série de publica-tions afin de mieux diffuser les données recueillies, les analyses produites et leur mise en perspective en souhaitant qu’elles soient mobilisées par les acteurs con cernés et mises au service de l’action (voir page 38).

Établissement public de coopération culturelle créé à l’initiative de la Région Île-de-France, en partenariat avec l’État (Drac), Arcadi Île-de-France accompagne dans la durée les por-teurs de projets dans les domaines des arts de la scène (chanson, danse, opéra et théâtre) et des arts numériques, en leur apportant des aides financières, en nature et en industrie, afin d’améliorer la production et la diffusion des projets, d’une part, et de soutenir le déve-loppement et la structuration des équipes, d’autre part. L’établissement encourage la recherche artistique, les démarches innovantes, la mutua-lisation, les évolutions et les nouvelles pratiques propres au secteur culturel et artistique, et contribue à la réflexion sur les problématiques qui le traversent. Dans le cadre de sa mission d’observation culturelle, il initie, coordonne et réalise des études. Il soutient la conception et la mise en œuvre de projets de sensibilisation, de médiation et d’actions artistiques et cultu-relles à destination des publics franciliens, à travers la mission Médiateur culturel dans les lycées et les universités et le dispositif Passeurs d’images. Enfin, Arcadi organise Némo, la Bien-nale internationale des arts contemporains numériques - Paris/Île-de-France.Dans le cadre de sa mission d’observation culturelle, Arcadi produit, diffuse et met en débat des données et des analyses portant sur le paysage culturel francilien. Issues de différentes approches (sectorielles et trans-versales, régionales et territorialisées, quanti-tatives et qualitatives), elles se destinent aux acteurs locaux et territoriaux, aux profession-nels de la culture et à tous ceux qui s’intéressent aux mondes de l’art et de la culture.

Séverine Albe-Tersiguel (IAU-îdf, cartographie), l’équipe d’Opale-CNAR Culture (recueil des données), Stéphanie Molinero (Arcadi Île-de-France, coordination, traitement des données et rédaction), Yaëlle Szwarcensztein (Arcadi Île-de-France, secrétariat de rédaction), Catherine Dutheil-Pessin et François Ribac (Université Pierre-Mendès-France de Grenoble et Université de Bourgogne, rédaction)

Graphisme Atelier des grands pêchers

Impression Corlet Imprimeur

Contact Stéphanie Molinero, responsable de l’observation culturelle [email protected]

Les spectacles en Île-de-FranceÉtat des lieux (2011 /2012)

Ont collaboré à ce numéro :

Deux numéros de Cultures en Île-de-France ont été consacrés à la programmation des spectacles de danse en Île-de-France. Compte tenu de l’intérêt suscité par ces publications parmi une pluralité d’acteurs culturels ainsi que de notre volonté de vouloir rendre compte de réalités encore mal lisibles, nous avons décidé de pour-suivre notre travail d’observation en direction de la programma-tion du spectacle vivant, en l’amplifiant.

C’est pourquoi nous proposons dans ce quatrième numéro de Cultures en Île-de-France un état des lieux concernant l’ensemble de la programmation de spectacles sur le territoire francilien. Il comporte un certain nombre de constats frappants qui ne peuvent qu’interroger les professionnels que nous sommes. Ces constats nous invitent à une véritable prise en considération des réalités de terrain et à leur mobilisation dans nos différentes actions.

Par ailleurs, ce numéro livre une cartographie des lieux de diffusion en Île-de-France, fruit de notre partenariat renouvelé et affirmé avec l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la Région Île-de-France.

Nous sommes enfin heureux de proposer dans ce numéro, comme nous l’avons fait précédemment, une analyse complémentaire des données internes à Arcadi, menée par une équipe de chercheurs. Elle permet de croiser les regards, d’affirmer notre volonté de faire de l’observation à Arcadi un espace de partenariat, de partage des connaissances et de multiplication des points de vue.

Frédéric Hocquard, directeur d’Arcadi Île-de-France

SOmmAirE

introduction ............................................................ 4

Périmètre de l’enquête ..........................................5

Éléments méthodologiques .................................. 6

Données globales sur 518 lieux .............................8

Estimations ............................................................. 10

Les spectacles sur le territoire francilien ............11Les spectacles selon la discipline artistique sur le territoire francilien ...................................................................... 11Les spectacles selon la discipline artistique dans chaque département ... 13

Les spectacles dans six catégories de lieux de diffusion .............................................. 18

Les disciplines artistiques dans les six catégories de lieux de diffusion ... 18

Les séries .................................................................................................... 24

La circulation des spectacles sur le territoire francilien ................................ 27

remarques préliminaires .......................................................................... 27

Données globales........................................................................................ 27

350 spectacles joués dans au moins trois départements franciliens .....28

Qui produit la politique publique en matière de spectacles ? L’exemple de l’Île-de-France .... 30par Catherine Dutheil-Pessin et François Ribac, avec la collaboration d’Andreï Mougotov

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À la suite des deux premiers numéros de Cultures en Île-de-France consacrés à la pro-grammation de la danse de création contem-poraine, Arcadi Île-de-France a décidé de poursuivre ses travaux d’observation sur la programmation de spectacles en élargissant le périmètre d’étude à l’ensemble des spec-tacles, toutes disciplines confondues et tou-jours sur l’ensemble du territoire francilien.

Ce numéro de Cultures en Île-de-France pro-pose ainsi une lecture d’ensemble de la pro-grammation de spectacle vivant sur la saison 2011/2012, en s’intéressant plus particuliè-rement à la répartition des spectacles et des disciplines sur le territoire francilien et dans les lieux de diffusion ainsi qu’à la circulation des spectacles sur ce même territoire. D’autres numéros suivront, qui exploreront les données de façon plus qualitative.

inTrODuCTiOn

5 Les spectacles en Île-de-France

PÉrimèTrE DE L’EnQuêTE

Dans l’objectif de recueillir le maximum d’in-formations concernant la programmation de spectacles en Île-de-France durant la saison 2011/2012 et dans le prolongement de l’étude de la programmation des spectacles de danse, nous avons décidé d’alimenter une nouvelle base de données intitulée « Program-mation du spectacle vivant ».

Au regard de l’intensité de cette activité sur le territoire francilien, le champ de recherche a été circonscrit, en amont de l’alimentation de la base, à la programmation de spectacles dans les lieux de diffusion régulière de spec-tacles. Nous avons, en référence aux obliga-tions relatives à la possession de la licence d’entrepreneurs de spectacles, défini un lieu de diffusion régulière de spectacles comme un lieu accueillant au minimum sept représenta-tions dans l’année. La base de données exclut les spectacles ayant été diffusés en dehors de ces lieux (notamment ceux présentés dans le cadre de festivals qui ne se déroulent pas dans un ou plusieurs lieu(x) de diffusion).

Toujours au regard de la quantité d’informations à recueillir, nous avons également défini l’en-semble des variables souhaitées pour l’analyse. La base de données contient ainsi, pour chaque programmation, les informations suivantes : la date de début et la date de fin, le lieu, la ville, le département, le nombre de représentations (tout public et scolaires), la discipline (telle qu’elle apparaît sur le programme du lieu), le titre du spectacle et le nom du festival dans lequel s’insère la programmation en cas de pro-grammation dans le cadre d’un festival dans un lieu de diffusion régulière de spectacles.

La base de données ne contient d’informa-tions ni sur les conditions d’accueil des spec-tacles, ni sur leur fréquentation. Elle ne se limite ni aux équipes artistiques franciliennes ni aux lieux de diffusion de spectacles majori-tairement financés par les pouvoirs publics.

La base de données initiale des lieux, issue du répertoire des lieux d’Arcadi Île-de-France et de bases de données ayant été construites dans le cadre d’observations précédentes, comportait 867 lieux franciliens de diffusion. Parmi eux, 92 n’entraient pas dans le péri-mètre de l’étude (lieux en travaux, lieux fer-més, lieux dont l’activité de diffusion n’était pas significative). Ce sont donc les program-mations de 775 lieux qui ont fait l’objet de recherche d’informations de la part de l’asso-ciation Opale, à qui nous avons confié l’ali-mentation de la base de données.

Le travail de recueil des informations a permis d’alimenter la base de données pour 518 lieux sur les 775 du périmètre de l’étude, soit pour 66 % des lieux.Ce sont ces 775 lieux qui ont été pris en compte pour réaliser la carte pages 20 - 21.

PROgRAMMATION > ensemble des représentations d’un même spectacle proposé dans un même lieu.

RePRéSeNTATION > événement durant lequel une ou plusieurs pièce(s) (théâtrale(s), chorégraphique(s), musicale(s)…) formant un spectacle est/sont proposée(s) au public. Un spectacle peut ainsi associer plusieurs pièces chorégraphiques, théâtrales, musicales ou autres, impliquant un ou plusieurs artistes.

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Dans la mesure où la base de données com-porte des informations sur la programmation de 66 % des lieux du périmètre de l’étude, il n’est pas envisageable, pour des raisons de représentativité de l’échantillon des lieux ren-seignés, de procéder à une analyse descriptive de la programmation de la totalité des lieux franciliens de diffusion régulière de spectacles.Il est néanmoins possible de traiter les don-nées, de différentes manières :

• effectuer des estimations sur la base des réalités observées, ce qui fera l’objet d’un développement dans les pages qui suivent.

• effectuer des comparaisons sur des ensem-bles certes incomplets, mais homogènes. C’est ce qu’il est possible de faire ici dans le cadre du traitement des données par départe-ment. L’analyse des lieux pour lesquels nous n’avons pas obtenu d’information relative à la programmation fait apparaître un taux de non-réponse équivalent dans chacun des départe-ments franciliens. Ainsi, même si nous n’ob-servons pas la réalité telle qu’elle existe, puisque l’absence de données pour certains lieux fait apparaître des chiffres en-dessous de la réalité, il est possible de les comparer entre les départements franciliens pour lesquels le taux de données manquantes est équivalent.

• effectuer des descriptions pour des sous-groupes de lieux pour lesquels nous avons obtenu des données exhaustives. C’est ce que nous pourrons faire pour des sous-groupes de lieux grâce à la mobilisation de la typologie des lieux de diffusion franciliens déjà utilisée pour l’étude sur la programmation de la danse et établie par Arcadi (voir encadré page suivante). L’observation des données récoltées par caté-gorie de lieu conduit à travailler plus spécifi-quement six catégories de lieux :

�les établissement nationaux ; les scènes nationales, les centres dramatiques natio-naux (CDN), les centres chorégraphiques nationaux (CCN) et les centres de dévelop-pement chorégraphiques (CDC) ainsi que les lieux parisiens de diffusion régulière de spectacle vivant, qui sont trois catégories de lieux renseignées à 100 % ;

�les lieux de diffusion pluridisciplinaire majo-ritairement financés par les villes et inter-communalités soit, pour reprendre le terme couramment utilisé, les théâtres de ville, pour lesquels le taux de réponse se rap-proche de 100 % (93 %) ;

�les lieux intermédiaires, associatifs, ainsi que les compagnies avec lieu, pour lesquels le taux de réponse est plus faible (75 %) mais néanmoins assez élevé pour qu’une description des données récoltées soit rela-tivement fiable.

L’information disponible pour les autres caté-gories de lieux est d’un niveau trop faible pour en effectuer des descriptions (le taux d’infor-mation obtenu varie selon les catégories entre 7 % et 59 %), à l’exception des théâtres privés : la programmation de 78 % d’entre eux a été prise en compte dans la base de données. Néanmoins, nous n’avons pas retenu cette catégorie de lieux de diffusion pour l’analyse descriptive eu égard à la spécificité des théâtres privés parisiens en termes de mon-tage des productions et de diffusion des spec-tacles accueillis.

ÉLÉmEnTS mÉThODOLOgiQuES

7 Les spectacles en Île-de-France

1. Voir Arcadi Île-de-France, « La diffusion des spectacles de danse en Île-de-France de 2003 à 2012 », Cultures en Île-de-France, n°2, février 2013, pp.10-11.

TYPOlOgIe DeS lIeux De DIFFuSION De SPeCTACle vIvANT

La typologie des lieux utilisée pour regrouper les lieux de diffusion de la base de données est la même que celle utilisée précédemment pour le traitement de la programmation de la danse 1, à deux exceptions près. Contrairement à la base de données concernant la danse, il n’y a ici aucune programmation qui ne soit pas associée à un lieu, d’où la disparition de la catégorie « Lieu non renseigné ». En revanche, nous avons ajouté ici la catégorie « Lieu ou théâtre privé non parisien » pour les lieux de ce type qui n’apparaissaient pas dans la base de données relative à la programmation de la danse.

La base de données regroupe ainsi Les Lieux au sein de 15 catégories :

•  les établissements publics sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et les associations placées sous la tutelle du ministère (Centre national de la danse, Théâtre national de Chaillot, Centre Pompidou…) ;

•  les lieux labellisés et appartenant à des réseaux nationaux : scènes nationales, centres chorégraphiques nationaux, centres dramatiques nationaux et centres de développement chorégraphique ;

•  les lieux de diffusion pluridisciplinaire majoritairement financés par les communes et les intercommunalités (les « théâtres de ville ») ;

•  les lieux associatifs, intermédiaires et friches, qui peuvent provenir d’une initiative privée, qui ne sont pas nécessairement principalement dédiés à la diffusion du spectacle vivant et qui peuvent bénéficier du soutien public ;

•  les lieux ou théâtres privés parisiens : les lieux adhérents au réseau « Théâtres privés parisiens associés » ou les autres lieux peu ou pas subventionnés ;

•  les lieux ou théâtres privés non parisiens ;

•  les compagnies avec lieu ;

•  les salles de musiques dites actuelles, spécialisées dans une discipline mais pouvant en accueillir ponctuellement d’autres ;

•  les lieux parisiens de diffusion régulière du spectacle vivant : il s’agit d’établissements culturels de la Ville de Paris (CENTQUATRE-Paris, Maison des Métallos, Théâtre de la Ville…) et de théâtres soutenus financièrement par la Ville de Paris et éventuellement l’État (Théâtre du Rond Point, Théâtre de la Cité internationale…) ;

•  les équipements culturels municipaux. Cette catégorie regroupe des équipements possédant une salle de diffusion (salles de spectacles municipales) pouvant être couplée à d’autres activités (salles polyvalentes) ainsi que des équipements munici-paux non dédiés à la diffusion du spectacle vivant (médiathèques, conservatoires…) ;

•  les équipements socioculturels municipaux (MJC, Maisons de quartier…) ;

•  les centres d’animation de la Ville de Paris ;

•  les centres culturels étrangers ;

•  les lieux non culturels possédant une salle de spectacle (hôpitaux, universités…) ;

•  les lieux non dédiés à la diffusion de spectacle vivant (piscines, gymnases, lieux en extérieur…).

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La base de données regroupe les program-mations de 518 lieux, pour un total de 14 790 programmations, 74 895 représentations et 11 862 spectacles. On note que les représen-tations scolaires regroupent 2,2 % des repré-sentations recensées.En moyenne, chaque lieu propose 28,5 pro-grammations, avec une médiane 2 à 18. Sur l’ensemble des lieux très diversifiés de la base

de données, le nombre de programmations par lieu varie de 1 à 490 programmations (pour un lieu parisien de diffusion musicale).En moyenne, chaque lieu a proposé 144,5 représentations, avec une médiane à 62,5 et un nombre de représentations variant de 7 à 1 628 représentations (pour un théâtre privé parisien).

La discipline artistique à laquelle se réfère un spectacle reprend la discipline annoncée dans le programme du lieu. Il s’agit de catégories assez larges (théâtre, danse, musique, opéra/ballets, arts du cirque, marionnettes et théâtre d’objets, conte) qui constitueront les disciplines artistiques explo-rées dans la suite de ce document. Sur les 11 862 spectacles que recense la base de données, seuls 63 d’entre eux, soit une part négligeable (0,5 %), n’ont pu être ratta-chés à une discipline dominante. On remarque aussi que le même spectacle a pu être associé, selon les lieux où il a été pro-

grammé, à différentes disciplines, mais cela concerne moins de 2,5 % des spectacles. Ceci illustre la difficulté (permanente) de catégori-sation des spectacles en référence à une dis-cipline (même dominante).

Près de 80 % des représentations sont des représentations de théâtre. Viennent ensuite les concerts (13 %), puis les spectacles de danse (3,3 %), d’opéra/ballets (1,6 %), les spectacles de marionnettes et de théâtre d’ob-jets (1,3 %), de conte et d’arts du cirque (0,7 % pour chacun).

DOnnÉES gLObALES Sur 518 LiEux

2. La médiane est ici la valeur séparant la moitié des lieux de l’autre moitié selon le nombre de programmations : 50 % des lieux proposent plus de 18 programmations et 50 % en proposent moins.

0,7%

79,2%

1,6%3,3%

13%

0,7%1,3%

Théâtre

Musique

Danse

Opéra, ballets

Marionnettes, théâtre d'objets

Conte

Arts du cirque

RéPARTITION DeS RePRéSeNTATIONS SelON lA DISCIPlINe (%)

9 Les spectacles en Île-de-France

QuelQueS CHIFFReS-CléS POuR lA SAISON 2011/2012

� 518 lieux ont proposé près de 15 000 programmations pour près de 75 000 représentations.

� la moitié de ces lieux a proposé plus de 18 programmations et plus de 63 représentations.

� le théâtre concentre près de 80 % des représentations, suivis par les concerts avec 13 % puis la danse avec 3,3 % des représentations.

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En ajoutant aux données récoltées les chiffres estimés pour les 257 lieux manquants, calcu-lés en fonction de la médiane du nombre de programmations et de représentations des

lieux de chaque catégorie, on obtient l’estima-tion globale suivante pour les 775 lieux du périmètre : 20 348 programmations et 92 087 représentations.

Une estimation du nombre de représentations de spectacles au sein de la métropole pari-sienne, pour l’année 2012, a été effectuée par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île-de-France dans le cadre d’une comparaison internationale3. Elle est, pour les représentations de théâtre, de spectacles

musicaux, d’humour et danse de 73 216 repré-sentations. Cette estimation est proche du chiffre que nous observons pour les 518 lieux renseignés, toute discipline confondue ; ce qui nous conduit logiquement à proposer une esti-mation plus élevée que celle effectuée par l’IAU-îdf.

ESTimATiOnS

RéPARTITION DeS RePRéSeNTATIONS SelON leS CATégORIeS De lIeu D’APRèS leS DONNéeS ReDReSSéeS à lA MéDIANe POuR CHAQue CATégORIe De lIeu

CATégORIe De lIeuxNOMbRe De

PROgRAMMATIONS ReDReSSé à lA MéDIANe

NOMbRe De RePRéSeNTATIONS ReDReSSé

à lA MéDIANe

lieu ou théâtre privé parisien 1 954 54 260

Théâtre de ville 5 374 9 816

Salle musiques actuelles 5 223 6 665

lieu parisien de diffusion régulière de spectacle vivant 577 3 463

lieu culturel non dédié à la diffusion régulière de spectacle vivant 659 2 673

Scène nationale, CDN, CCN, CDC 596 2 509

Compagnie avec lieu 354 2 619

établissement national 747 2 070

lieu associatif, intermédiaire, friche 1 498 1 741

équipement culturel municipal 1 206 1 661

équipement socioculturel 1 560 2 853

lieu ou théâtre privé non parisien 113 547

Centre d’animation de la ville de Paris 330 537

lieu non culturel possédant une salle 153 640

Centre culturel étranger 4 33

TOTAl 20 348 92 087

uNe eSTIMATION POuR 2011/2012

� un peu plus de 20 000 programmations

� plus de 90 000 représentations

dans 775 lieux de diffusion franciliens

3. Cultures dans les villes mondes, IAU-îdf et Mayor of London, 2013 (2012 pour la version anglaise).

11 Les spectacles en Île-de-France

Eu égard aux données non récoltées, les résul-tats suivants permettent de comparer les situations dans les départements franciliens, dans la mesure où les données non récoltées se répartissent de façon équivalente entre les départements. Il ne s’agit pas ici de quantifier le nombre réel de représentations sur le ter-ritoire et les départements franciliens et c’est pourquoi les résultats chiffrés seront présentés sous la forme de pourcentage et non en effectifs.

Paris concentre 81 % des représentations, les trois départements de petite couronne repré-sentent à eux trois 10 % des représentations (3 % pour le Val-de-Marne et 3,5 % pour les deux autres départements de petite couronne). 9 % des représentations ont eu lieu en grande couronne (où on compte 2 ou 3 % de représen-tations par département).

Quelles sont les grandes lignes de la réparti-tion géographique des spectacles selon la dis-cipline à laquelle ils se réfèrent et comment se distribuent les disciplines dans chaque dépar-tement francilien ?

Les spectacles selon la discipline artistique sur le territoire francilien

Avec une entrée territoriale, c’est de manière attendue à Paris que la part des représenta-

tions, toutes disciplines confondues, est la plus forte : c’est toujours à Paris que le nombre de représentations est le plus élevé, quelle que soit la discipline considérée.

Il y a néanmoins des variations selon les disci-plines observées : la part des spectacles parisiens varie, selon les disciplines, entre 29 % et 88 %.

On peut distinguer, à partir de la prépondé-rance parisienne, quatre catégories de spec-tacles définies par leur discipline :

• celle des disciplines où les représentations parisiennes sont très majoritaires (plus de 80 % des représentations) : le théâtre et l’opéra/ballets ;

• les concerts, où la part parisienne est d’un peu plus de la moitié ;

• la catégorie des disciplines où la part pari-sienne représente un peu plus du tiers des spectacles proposés : la danse, les marion-nettes et le théâtre d’objets ;

• la catégorie de spectacles dont la part pari-sienne représente moins du tiers des repré-sentations : le conte et les arts du cirque.

LES SPECTACLES Sur LE TErriTOirE FrAnCiLiEn

RéPARTITION eN POuRCeNTAge DeS RePRéSeNTATIONS PAR DéPARTeMeNT POuR CHAQue DISCIPlINe ARTISTIQue

75 77 78 91 92 93 94 95 Total

Théâtre 88 1 2 1 3 2 2 1 100

Opéra/ballets 84 1 3 3 5 1,5 1,5 1 100

Musique 60 5 7 5 4 9 6 4 100

Danse 37 6 9 6 9 14 10 9 100

Marionnettes, théâtre d’objets

36 3 10 4 16 14 11 6 100

Arts du cirque 32 4 9,5 7 9,5 20 6 12 100

Conte 29 4 21 15 8 6,5 13 3,5 100

Autres 42 4 2 5 18 5 14 10 100

Total 81 2 3 2 3,5 3,5 3 2 100

DIS

CIP

lIN

e

DéPARTeMeNT

12

C’est, après Paris, dans les départements de petite couronne qu’on retrouve les parts les plus élevées de représentations, puis dans ceux de grande couronne.

Les disciplines ne sont cependant pas toutes représentées de la même façon sur le territoire francilien :

• les concerts dans les Hauts-de-Seine repré-sentent 4 % des concerts, ce qui est la part la plus faible observée dans les départements franciliens. Il s’agit d’un signe possible d’une moindre présence musicale sur ce territoire, bien que l’intégration des festivals dans le périmètre de l’observation, qui prendrait notamment en compte le festival Rock en Seine, modifierait peut-être les constats effectués au niveau de la programmation musicale dans les lieux de diffusion ;

• comme nous le remarquions dans les deux premiers numéros de Cultures en Île-de-France, la Seine-Saint-Denis est ici aussi assez marquée par une forte présence de la danse (14 % des représentations franci-liennes). La présence chorégraphique sur ce territoire s’explique par les activités de dif-fusion du Centre national de la danse, d’une scène conventionnée pour la danse et d’une autre scène conventionnée pour les écritures contemporaines dramatiques et chorégra-phiques, mais également par une pluralité de lieux (30) qui programment des spec-tacles de danse. La part des spectacles de danse est un peu plus faible dans le val-de-Marne, qui comptabilise 10 % des représen-tations de spectacles de danse, mais on sou-

ligne que la saison 2011/2012 a été une saison sans édition de la Biennale de danse du Val-de-Marne ;

• les arts du cirque, très représentés en Seine-Saint-Denis (20 % des représentations franci-liennes), le sont également, dans une propor-tion moindre que dans ce département mais suffisamment pour le remarquer, dans le val-d’Oise (12 % des représentations franciliennes) et dans les Yvelines (9,5 %). On observe dans ces trois départements un nombre équivalent de lieux ayant programmé un spectacle de cirque (environ 15). On remarque néanmoins que deux structures en Seine-Saint-Denis, à Saint-Denis et à Bagnolet, sont à l’origine de plus de la moitié de la programmation arts du cirque dans le département, ce qui n’est pas le cas dans les deux autres départements où la programmation se répartit de manière plus homogène entre les lieux ;

• enfin, les spectacles de conte sont presque autant présents à Paris (29 % des représen-tations de spectacles de contes) que dans les Yvelines (21 % des représentations de conte) et on retrouve une part non négli-geable de ces spectacles en essonne (15 %). Le nombre de programmations est plus faible à Paris que dans les deux autres dépar-tements, c’est ainsi la longueur des séries qui explique ce niveau de représentations à Paris (dans des lieux privés notamment). Par ailleurs, si le nombre de lieux programmant du conte est équivalent en Essonne et dans les Yvelines, on note que c’est dans ce der-nier département qu’un lieu, à lui seul, porte un tiers de la programmation.

13 Les spectacles en Île-de-France

Les spectacles selon la discipline artistique dans chaque département

Pour comprendre à présent non pas comment les disciplines se répartissent sur le territoire francilien mais comment se répartissent dans

chaque département les différentes disciplines artistiques, le graphique suivant donne à voir autrement les résultats précédents :

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30%

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Paris

Hau

ts-d

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Yvel

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Théâtre

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Opéra, ballets

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Arts du cirque

Conte

Autres

RéPARTITION DeS RePRéSeNTATIONS PAR DISCIPlINe DANS CHAQue DéPARTeMeNT FRANCIlIeN

14

Le graphique précédent donne une vision de la répartition des disciplines dans chaque département francilien. En voici une lecture.

la situation parisienne

le théâtre occupe à Paris une place hégémo-nique (86,2 % des représentations). À ce pro-pos, on peut relever la place occupée par les théâtres privés parisiens : on compte 44 085 représentations de théâtre dans les théâtres privés parisiens, soit 84 % des représentations de théâtre à Paris et près des trois-quarts des représentations de théâtre sur l’ensemble de la région.

Les concerts représentent à Paris moins de 10% des représentations, suivis d’assez loin et à quasi égalité par la danse et l’opéra/bal-lets (respectivement 1,6 % et 1,5 % des repré-sentations). La part que représentent les autres disciplines artistiques à Paris est très faible (moins de 1 % des représentations).

Comme à Paris, ce sont les représentations de théâtre puis les concerts qui représentent les parts les plus élevées des représentations dans tous les autres départements franciliens, mais

à des degrés divers : la part prise par le théâtre n’est jamais aussi forte qu’à Paris, elle est plus forte dans les Hauts-de-Seine (62,1 %) que dans le Val-de-Marne (51,8 %). Elle est plus faible dans les autres départements (entre 40 et 45,7 % des représentations dans chacun des autres départements).

Par ailleurs, ce sont les représentations de spec-tacles de danse qui arrivent clairement en troi-sième position dans les autres départements franciliens, alors que ces spectacles, à Paris, représentent une part équivalente à celle de l’opéra/ballets. La part de l’opéra/ballets est, quant à elle, bien plus faible que celle des spec-tacles de danse dans les autres départements.

Partant de ce constat global et du modèle pari-sien, quels autres traits saillants peuvent être relevés sur le reste du territoire francilien ?

en petite couronne

C’est le département des Hauts-de-Seine qui se rapproche le plus du modèle parisien, non seulement à cause de la part prise par le théâtre, mais également parce que, dans ce département, la part prise par la musique et

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Conte

Autres

RéPARTITION DeS RePRéSeNTATIONS PAR DISCIPlINe à PARIS eT eN PeTITe COuRONNe

15 Les spectacles en Île-de-France

4. Ces effets contextuels ne sont pas toujours repérables et leur neutralisa-tion ne peut avoir lieu que dans le cadre d’un suivi régulier, sur plusieurs saisons, de la programmation.

la danse est beaucoup plus faible que dans les autres départements franciliens, rappelant la situation parisienne. On peut également noter que la part des concerts est, comparativement à tous les autres départements franciliens hors Paris, beaucoup plus faible dans les Hauts-de-Seine (ce qui ren-force le constat effectué plus haut). Aussi, la part prise par les spectacles d’opéra/ballets est plus forte dans les Hauts-de-Seine qu’en moyenne et y est même plus forte qu’à Paris. Sur ce point, il faut cependant souligner que la saison 2011/2012 a peut-être été exception-nelle dans les Hauts-de-Seine dans la mesure où la programmation de spectacles de la caté-gorie opéra/ballets a été largement portée par la programmation de trois séries comportant chacune plus de dix représentations, dont deux séries du même spectacle dans deux lieux dif-férents. Sans ces trois séries, le constat effectué aurait été différent car le niveau de programmation dans les Hauts-de-Seine n’aurait alors pas été le plus fort après Paris sur le territoire régional 4.

Enfin, les disciplines minoritaires le sont autant dans les Hauts-de-Seine qu’à Paris. Tous ces éléments contribuent à identifier les Hauts-de-Seine comme le département francilien dont la répartition disciplinaire des spectacles est celle qui se rapproche le plus de la situation parisienne. Soulignons néanmoins une spéci-ficité des Hauts-de-Seine, par rapport à Paris, en ce qui concerne les spectacles de marion-nettes : ils représentent 0,6 % des représenta-tions parisiennes et 6,1 % des représentations dans les Hauts-de-Seine.

les écarts entre représentations de théâtre, de musique et de danse se resserrent lorsqu’on observe ensuite la situation dans le val-de-Marne, avec une part moins forte ici qu’à Paris et dans les Hauts-de-Seine pour le théâtre et, inversement, une part plus forte prise par la musique et la danse. la baisse de la part prise par le théâtre permet également de voir émer-ger de façon un peu plus significative des dis-ciplines plus minoritaires, en l’occurrence ici

les spectacles de marionnettes et/ou le théâtre d’objets (5 % des représentations dans le Val-de-Marne) ainsi que le conte (2,9 % des repré-sentations).

l’effet de resserrement constaté dans le val-de-Marne entre théâtre, musique et danse est encore plus frappant en Seine-Saint-Denis où la part du théâtre descend sous la barre des 50 % alors que celle prise par les concerts fran-chit celle des 30 % et que la part des spectacles de danse gagne du terrain par rapport au Val-de-Marne. Au niveau des disciplines minori-taires, on observe par ailleurs en Seine-Saint-Denis une part relativement significative pour les marionnettes et/ou le théâtre d’objets (5 %) et les arts du cirque (4 %).

Pour Paris et la petite couronne et pour résumer, on peut dire qu’on observe un resserrement des parts prises par le théâtre, la musique et la danse entre, dans l’ordre, Paris, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis. C’est la répartition disciplinaire dans les Hauts-de-Seine qui se rapproche le plus de la répartition parisienne, au regard de la place du théâtre, de la musique et de la danse, mais également au regard de l’opéra/ballets, dont la part dans les Hauts-de-Seine est plus forte qu’à Paris et que dans les deux autres dépar-tements de petite couronne. Par ailleurs, des disciplines très minoritaires à Paris le sont beau-coup moins en petite couronne : les marion-nettes ou le théâtre d’objets dans les trois départements de petite couronne, le conte dans le Val-de-Marne et les arts du cirque en Seine-Saint-Denis.

en grande couronne

Dans les quatre départements de grande cou-ronne, les parts prises par les trois disciplines principales (théâtre, musique et danse) sont similaires, parfois supérieures, à la réparti-tion observée en Seine-Saint-Denis :

16

• les représentations de théâtre regroupent entre 40 et 45,7 % des représentations dans chacun des quatre départements (pour rap-pel, la part des représentations de théâtre est de 45 % en Seine-Saint-Denis) ;

• la musique concentre dans chaque départe-ment entre 31 et 37,3 % des représentations (31,5 % en Seine-Saint-Denis) ;

• la danse représente entre 10 et 16,8 % des représentations dans chaque département (12,5 % en Seine-Saint-Denis) avec une pré-sence chorégraphique plus élevée dans le Val-d’Oise (16,8 %) que dans les trois autres départements de grande couronne (où cette part représente 10 à 11 % du total des repré-sentations).

Par ailleurs, au-delà de l’homogénéité obser-vée pour les parts prises par le théâtre, la musique et la danse, avec une mention parti-culière pour le Val-d’Oise pour cette discipline, on remarque que chaque département de grande couronne met davantage en avant une ou plusieurs disciplines plus minoritaires :

• dans les Yvelines et dans l’essonne, les parts prises par le conte (respectivement 5,1 et 5,5 % des représentations dans chaque département) sont les plus élevées d’Île-de-France. Elles sont plus fortes que dans le val-de-Marne pour lequel on observait plus haut la proportion la plus forte en petite couronne. Si le nombre de lieux ayant programmé des spectacles de conte est équivalent dans ces trois départements (16 ou 17), on remarque que dans les Yvelines, un tiers de la program-mation de conte ainsi qu’un tiers des repré-sentations sont portés par un seul lieu (un espace culturel municipal) alors que, dans les deux autres départements, la programmation de ces spectacles est proposée de manière plus homogène par les lieux concernés ;

• dans le val-d’Oise, la part prise par les repré-sentations de spectacles de cirque, 4,7 % des représentations, est la plus forte d’Île-de-France, devant la Seine-Saint-Denis (4 % des représentations dans ce département). Un seul lieu (un espace culturel) regroupe un tiers des programmations des spectacles de cirque, mais on peut aussi voir dans la place

0%

10%

20%

30%

40%

50%

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70%

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100%

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Théâtre

Musique

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Opéra, ballets

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Arts du cirque

Conte

Autres

RéPARTITION DeS RePRéSeNTATIONS PAR DISCIPlINe DANS leS DéPARTeMeNTS De gRANDe COuRONNe

17 Les spectacles en Île-de-France

5. Bien qu’il puisse s’agir pour les Hauts-de-Seine et comme souligné précédemment d’une particularité liée à la saison 2011/2012.

POuR SYNTHéTISeR

le théâtre est la discipline la plus représentée dans chacun des départements franciliens, suivie de la musique et de la danse.

la part prise par les spectacles de théâtre n’est nulle part aussi forte qu’à Paris et on observe un effet de réduction des écarts entre les parts prises par les trois disciplines principales entre, dans l’ordre, Paris, les Hauts-de-Seine, le val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis.

en Seine-Saint-Denis, la répartition entre spectacles de théâtre, de musique et de danse est proche de celle qu’on observe en grande couronne.

Dans plusieurs départements franciliens, une ou plusieurs disciplines plus minoritaires sont particulièrement représentées parmi les spectacles proposés :

� le cirque dans le val-d’Oise et la Seine-Saint-Denis, � le conte dans les Yvelines et l’essonne, puis le val-de-Marne, � la marionnette en petite couronne mais de façon plus saillante encore dans les Hauts-de-Seine, � l’opéra/ballets en essonne et dans les Hauts-de-Seine5.

du cirque dans la programmation des lieux de diffusion de ce département un effet des activités du réseau CirqÉvolution regroupant une dizaine de lieux du département. On note aussi que le Val-d’Oise accueille le Festival international du cirque du Val-d’Oise, mais l’effet d’entraînement que ce festival peut éventuellement provoquer sur ce territoire n’est pas observé pour l’Essonne, où se tient le Festival international du cirque de Massy sans que cela semble corrélé à une program-mation plus forte de ces spectacles sur le département (en proportion comme en valeur absolue) ;

• dans les Yvelines, l’opéra/ballets représente 1,5 % des représentations, soit presque autant qu’à Paris (1,6 %), plus que dans le Val-d’Oise (1 %) mais moins qu’en essonne où la part prise par l’opéra/ballets (2,9 % des représentations) est même légèrement plus forte que dans les Hauts-de-Seine (2,2 %). Un seul lieu, l’Opéra de Massy dans l’Essonne et le Théâtre de Saint-Quentin-en-

Yvelines dans les Yvelines, regroupe entre le tiers et la moitié des programmations et des représentations, avec davantage de séries (mêmes courtes) en Essonne ;

• même si les écarts sont assez faibles, on remarque globalement qu’en grande couronne, la part des spectacles de marionnettes/théâtre d’objets est plus faible qu’en petite couronne ;

• alors que trois départements de grande couronne présentent une spécificité dans la manière dont sont représentées certaines disciplines (la danse et les arts du cirque dans le Val-d’Oise, le conte et l’opéra/ballets dans l’Essonne, le conte et, dans une moindre mesure, l’opéra/ballets dans les Yvelines), la Seine-et-Marne présente une répartition disciplinaire moins marquée : un peu plus de théâtre et de musique que dans les autres départements de grande couronne, un peu moins d’opéra/ballets, de marionnettes et de cirque et un peu plus, ou un peu moins, selon les départements, de danse et de conte.

18

Nous proposons ici de recentrer notre regard sur les catégories de lieux pour lesquelles les données récoltées sont assez exhaustives pour faire l’objet d’un traitement descriptif.

Il s’agit des catégories de lieux pour lesquelles nous avons obtenu toutes les informations sou-haitées : « Établissement national », « Scène nationale, CDN, CCN et CCN », « Théâtre de ville » et les lieux de la catégorie « Lieu parisien de diffusion régulière de spectacle vivant ».

Nous traiterons ici également de la programma-tion dans deux autres catégories de lieux (« Lieu associatif, intermédiaire, friche » et « Compagnie avec lieu ») pour lesquelles l’information obtenue est plus partielle (75 % de lieux renseignés) mais néanmoins assez large pour pouvoir en rendre compte de manière descriptive.

Le groupe formé par ces six catégories de lieux concentre 21 921 représentations, dont le tableau suivant donne la répartition.

En relation avec le nombre de théâtres de ville sur le territoire, la part prise par cette catégo-rie de lieux dans le nombre de représentations est importante (presque la moitié des repré-sentations).

On remarque néanmoins que même si le nombre de lieux dans toutes les autres catégories est moindre, ces dernières représentent chacune entre 8 et 15 % des représentations, avec une moyenne de représentations par lieu plus élevée que dans les théâtres de ville : environ 52 repré-sentations en moyenne par théâtre de ville, pour

90 représentations en moyenne pour les com-pagnies avec lieu et jusqu’à 216 représenta-tions en moyenne par lieu pour la catégorie « Lieu parisien de diffusion régulière ».

Les disciplines artistiques dans les six catégories de lieux de diffusion

Le graphique suivant rend compte de la manière dont sont répartis les spectacles selon leur discipline artistique dans chacune des six catégories de lieux qui nous intéressent ici plus particulièrement.

LES SPECTACLES DAnS Six CATÉgOriES DE LiEux DE DiFFuSiOn

CATégORIe De lIeuxNOMbRe De

RePRéSeNTATIONSRéPARTITION

(eN %)

RaPPel du noMbRe

de lieux

Théâtre de ville 9 322 42,5 177

lieu parisien de diffusion régulière de spectacle vivant

3 463 15,8 16

Scène nationale, CDN, CCN, CDC 2 673 12,2 21

établissement national 2 509 11,4 14

Compagnie avec lieu 2 178 10 24

lieu associatif, intermédiaire, friche 1 776 8,1 19

TOTAl 21 921 100 271

NOMbRe eT RéPARTITION DeS RePRéSeNTATIONS POuR SIx CATégORIeS De lIeux

19 Les spectacles en Île-de-France

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Com

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Scèn

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CDN

, CCN

, CDC

Lieu

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Théâ

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l

Théâtre

Musique

Danse

Opéra, ballets

Marionnettes, théâtre d'objets

Arts du cirque

Conte

Autres

1

5,51,531

421

14

9,5

216

9

15

23

5,2

22

3

52,51,3

11

23

1

18

12,5

16,5

68,4 66 65,5 54 5186

2

RéPARTITION Du NOMbRe De RePRéSeNTATIONS PAR DISCIPlINe DANS CHAQue CATégORIe De lIeux Du gROuPe

N.b. : Pour plus de lisibilité, la catégorie de spectacles « Autres », dont la part est très marginale, n’a pas été intégrée au graphique ci-dessus. Les pourcentages inférieurs à 1 n’apparaissent pas en chiffres sur le graphique pour la même raison.

20

21 Les spectacles en Île-de-France

22

Toutes les disciplines sont proposées par les six catégories de lieux, mais à des degrés différents.

le théâtre est la discipline majoritaire dans chacune des catégories. Il l’est particulière-ment au sein des compagnies avec lieu (86%), dont la seconde caractéristique est de présen-ter une proportion relativement élevée, compa-rativement aux autres catégories, de spectacles de marionnettes et de théâtre d’objets (dans les compagnies avec lieu, le théâtre, le théâtre d’ob-jets et la marionnette représentent plus de 90 % de l’ensemble des représentations).

Le théâtre est comparativement moins représenté, même s’il y reste majoritaire, dans les établisse-

ments nationaux (51% des représentations) et les théâtres de ville (54 % des représentations).

Par ailleurs, sauf deux exceptions, on retrouve toujours dans chaque catégorie de lieux des représentations de théâtre majoritaires, suivies des concerts puis des représentations de spec-tacles de danse.

La première exception concerne l’opéra/ballets dans les établissements nationaux qui, avec 18% des représentations, est la discipline la plus représentée après le théâtre et la musique, la danse arrivant en quatrième position.

La seconde exception concerne la danse au sein des scènes nationales, CDN, CCN et CDC,

lA PART DeS DISCIPlINeS DANS SIx CATégORIeS De lIeux

le théâtre est la discipline majoritaire dans toutes les catégories de lieux, mais il l’est davantage au sein des compagnies avec lieu que dans les établissements nationaux et les théâtres de ville.

la part accordée à la danse n’est nulle part aussi forte que dans la catégorie « Scène nationale, CDN, CCN et CDC ». elle y est plus importante que celle accordée aux concerts.

la musique est, hors établissements nationaux, la discipline la plus représentée après le théâtre. la part accordée aux concerts est plus forte dans les théâtres de ville et dans les lieux associatifs, intermédiaires et les friches que dans les autres catégories.

Au sein des catégories de lieux prises en considération, ce sont sont les établissements nationaux qui accordent la part la plus forte à l’opéra / ballets.

D’autres disciplines sont davantage exposées dans certaines catégories de lieux :

� le conte dans les théâtres de ville,

� les arts du cirque dans les lieux associatifs, intermédiaires et les friches ainsi que dans les théâtres de ville,

� les marionnettes et le théâtre d’objets dans les théâtres de ville, les compagnies avec lieu et, dans une moindre mesure, les scènes nationales, les CDN, CCN et CDC.

23 Les spectacles en Île-de-France

dont les représentations regroupent 14 % de l’en-semble, contre 9,5 % pour la musique. La danse est ainsi la troisième discipline la plus programmée dans cette catégorie de lieux.

Un autre résultat concerne la place des concerts, particulièrement élevée, comparativement aux autres catégories de lieux, dans les théâtres de ville et dans les lieux associatifs et intermédiaires. Les concerts y occupent près d’un quart des représenta-tions (respectivement 23 % et 22 %).

Enfin, les disciplines plus minoritaires sont plus souvent proposées dans les théâtres de ville que dans les autres catégories de lieux : qu’il s’agisse du conte, de la marionnette et du théâtre d’objets ou des arts du cirque, la part occupée par ces dis-ciplines dans les théâtres de ville est soit la plus éle-vée, soit parmi les plus élevées. Les théâtres de ville accordent au conte, toujours en comparaison aux autres catégories de lieux, la place la plus importante, avec 3% des représentations.

Soulignons à ce propos et au-delà des informations livrées dans le graphique ci-dessus, que sur l’en-semble des six catégories de lieux, plus de 80% des représentations de conte, plus de 57% des représentations de marionnettes ou de théâtre d’objets et la même proportion de représentations de spectacles de cirque se déroulent dans des théâtres de ville. On remarque néanmoins que la part accordée dans la programmation aux arts du cirque est légèrement plus élevée dans les lieux associatifs, intermédiaires et les friches que dans les théâtres de ville.

On remarque enfin que les scènes nationales, les CDN, CCN et CDC consacrent 4% de leur program-mation aux spectacles de marionnettes et de théâtre d’objets, soit une part plus faible mais proche de celle que les compagnies avec lieu et les théâtres de ville accordent à cette discipline.

24

(1) Médiane : valeur séparant la moitié des séries les plus courtes de la moitié des séries les plus longues. Par exemple, pour la catégorie des établisse-ments nationaux, une médiane à 1 signifie que la moitié des programmations dans les établissements nationaux concentre une seule représen-tation et que l’autre moitié propose davantage de repré-sentations par programmation.

(2) 3e quartile : valeur séparant les 75 % des séries les plus courtes des 25 % des séries les plus longues. Par exemple, pour la catégorie des établissements nationaux, la valeur 4 associée au 3e quartile signifie que 75% des programmations dans les établissements nationaux comptent au maximum 4 représentations et que 25 % des programmations comptent plus de 4 représentations.

(3) 9e décile : valeur séparant les 90 % des séries les plus courtes des 10 % des séries les plus longues. Par exemple, toujours pour les établissements nationaux, la valeur 9 associée au 9e décile signifie que 90 % des programmations dans ces établissements comptent au maximum 9 représentations et que 10 % des programmations comptent plus de 9 représentations.

Les séries

La question de la série (le nombre de représen-tations par programmation) ne concerne pas de la même manière toutes les disciplines artis-tiques couvertes par l’étude. Elle se pose de manière moins évidente pour les concerts que pour les autres types de spectacles, dans la mesure où les séries sont beaucoup moins fré-quentes pour les concerts de musique que pour les autres spectacles dont il est ici question.

De ce fait, les résultats qui suivent doivent être lus en tenant compte du caractère pluridis-ciplinaire des programmations dans les lieux concernés ainsi que de la place accordée aux concerts dans les différentes catégories de lieux.

leS RePRéSeNTATIONS PAR PROgRAMMATION DANS SIx CATégORIeS De lIeux

Moyenne Médiane (1) Min Max 3e quartile (2) 9e décile (3)

établissement national

4,21 1 1 50 4 9

Scène nationale, CDC, CCN, CDC

4,06 2 1 32 5 9

Théâtre de ville 1,85 1 1 66 1 3

lieu associatif, intermédiaire, friche

2,77 1 1 45 2 6

Compagnie avec lieu 7,86 5 1 48 10 21

Autre lieu parisien de diffusion régulière de spectacle vivant

6 2 1 54 8 16

25 Les spectacles en Île-de-France

Voici quelques remarques que l’on peut effec-tuer suite à la lecture du tableau précédent.

Pour trois catégories de lieux parmi les six, la médiane du nombre de représentations par programmation est égale à 1 : dans les théâtres de ville, les établissements nationaux et les lieux associatifs, intermédiaires et les friches, la moitié des spectacles fait l’objet d’une seule représentation. C’est même le cas de 75% des spectacles dans les théâtres de ville (avec un 3e quartile égal à un).

Ces résultats entrent en écho avec les moyennes de représentations par programmation dans les catégories de lieux : les moyennes les plus basses sont observées pour les théâtres de ville et les lieux associatifs, intermédiaires et les friches ; les établissements nationaux ont une moyenne plus élevée, indiquant que, même si la moitié des spectacles ne sont représentés qu’une seule fois, les séries, pour la moitié restante, y sont en moyenne plus longues que dans les théâtres de ville et les lieux associatifs.

Ce résultat peut en partie être expliqué par la place relativement importante de la musique dans ces deux types de lieux, comme nous l’avons observé précédemment. En effet, on remarque, au-delà des informations contenues dans le tableau précédent, que, dans les théâtres de ville, 91,4% des concerts ont fait l’objet d’une seule représentation, contre 72% des pièces de théâtre. De même, dans les lieux associatifs, intermédiaires et les friches, 92,5% des concerts ont fait l’objet d’une seule repré-sentation, contre 26% des pièces de théâtre. Il s’agit d’un élément d’explication parmi beau-coup d’autres, la programmation étant le résul-tat de processus bien plus complexes 6.

On remarque que c’est également pour ces deux catégories de lieux que la valeur correspondant au 9e décile est la plus faible : 90% des spectacles sont joués au maximum 3 fois dans les théâtres de ville et au maximum 6 fois dans les lieux associatifs, intermédiaires et les friches. Ces valeurs sont supérieures pour les autres catégories de lieux, notamment au sein des compagnies avec lieu, où la moitié des spec-tacles fait l’objet de plus de 5 représentations

6. Voir à ce titre l’étude de Catherine Dutheil-Pessin et de François Ribac, dont il est question dans la dernière partie de ce document.

leS SéRIeS DANS SIx CATégORIeS De lIeux

la moitié des spectacles fait l’objet d’une unique représentation dans les établissements nationaux et les lieux associatifs, intermédiaires et les friches. C’est le cas de 75 % des spectacles proposés par les théâtres de ville.

en moyenne, un spectacle est joué 1,85 fois dans un théâtre de ville et plus de 7 fois dans les compagnies avec lieu.

les établissements nationaux et les scènes nationales, CDN, CCN et CDC proposent en moyenne environ quatre représentations par programmation.

26

et où 10% d’entre eux font l’objet de plus de 21 représentations. Ce constat s’explique en partie par la place du théâtre dans cette catégorie de lieux, même si, comme dit précédemment, il renvoie à d’autres processus.

On peut situer les deux catégories de lieux que nous n’avons pas encore évoquées, les scènes nationales, CDN, CCN et CDC ainsi que les lieux parisiens de diffusion régulière, dans une position intermédiaire entre, d’une part, les théâtres de ville, les lieux asso-ciatifs, intermédiaires et les friches, de même que les établissements nationaux et, d’autre part, les compagnies avec lieu.

Enfin, pour avoir une vision un peu plus globale de la manière dont les séries sont mises en œuvre dans les lieux de diffusion de spectacles en Île-de-France, il faut mentionner la position particulière des théâtres privés parisiens. Ceux pour lesquels nous

avons l’information affichent des séries beaucoup plus longues que celles proposées dans les six caté-gories de lieux observées précédemment : en moyenne et dans les théâtres privés parisiens, une programmation fait l’objet de 26,7 représentations, la série la plus longue étant constituée, pour la sai-son 2011/2012, de 278 représentations. 50% des spectacles présentés dans ces lieux font l’objet de plus de 14 représentations, 25% font l’objet de plus de 32 représentations et 10% de plus de 69 repré-sentations.Les conditions d’éligibilité et de versement de la garantie de déficit par l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé peuvent en partie expliquer la lon-gueur des séries dans les théâtres privés. Réservée aux théâtres privés faisant état d’un nombre mini-mal de représentations par saison (entre 120 et 200 selon la jauge des salles), la garantie de déficit est versée pour un nombre de représentations compris entre 60 et 120.

27 Les spectacles en Île-de-France

L’objectif est ici de donner un aperçu de la manière dont les spectacles ont circulé sur le territoire francilien durant la saison 2011-2012.

remarques préliminaires

Il s’agit bien ici d’un aperçu car l’exercice auquel nous nous proposons de nous livrer comporte des limites :

•  il ne prend en compte que la saison 2011/ 2012, alors que des spectacles ont pu tour-ner sur une durée plus longue et pas unique-ment dans les lieux du périmètre de l’en-quête ;

•  il s’appuie sur l’ensemble des informations de la base de données, que l’on sait incom-plète pour plusieurs catégories de lieux ;

•  il sera limité dans le niveau d’informations déli-vrées et donnera un aperçu macroscopique de la circulation des spectacles car, compte tenu de la masse d’informations disponibles, pas-ser au niveau plus qualitatif ferait l’objet de longs développements dont l’objectif dépas-serait celui du présent document 7.

Données globales

Sur les 11 862 spectacles de la base de don-nées, 7 136 ont fait l’objet d’une seule repré-sentation, soit 60 % des spectacles recensés.

4 726 spectacles, soit environ 40 % des spec-tacles, ont fait l’objet d’au moins deux repré-sentations, dans un même lieu pour 3 299 d’entre eux, soit pour près de 70 % des spec-tacles ayant été joués deux fois.

Ce sont donc 10 435 spectacles, soit 88 % de l’ensemble des spectacles pris en compte, qui n’ont pas circulé sur le territoire francilien, soit parce qu’ils n’ont été présentés qu’une seule fois durant la saison au public francilien, soit parce qu’ils ont joué dans un seul et même lieu.

1 427 spectacles (12 % des spectacles) ont été joués au moins deux fois et dans au moins deux lieux différents.

Parmi eux :

•  256 ont été joués dans la même ville, mais dans plusieurs lieux différents (soit 2 % des spectacles) ;

•  141 ont été joués dans plusieurs villes et plu-sieurs lieux du même département (soit 1 % des spectacles) ;

• 680 ont été joués dans deux départements différents (soit 6 %) ;

•  205 ont été joués dans trois départements différents (soit 1,5 % des spectacles) ;

•  145 ont été joués dans plus de trois dépar-tements (soit 1 % des spectacles).

Le tableau suivant détaille le nombre de spec-tacles ayant été joués dans un seul ou plusieurs départements franciliens (Paris y compris).

LA CirCuLATiOn DES SPECTACLES Sur LE TErriTOirE FrAnCiLiEn

7. Une exploration plus qualitative de cette question fera l’objet de développements dans les prochains numéros de la collection Cultures en Île-de-France.

NOMbRe De DéPARTeMeNTS

NOMbRe De SPeCTACleS

RéPARTITION (eN %)

1 département 10 832 91,5%

2 départements 680 6%

3 départements 205 1,5%

4 départements 82

1%

5 départements 42

6 départements 11

7 départements 8

8 départements 2

Total 11 862 100 %

28

Dans la mesure où nous nous intéressons plus particulièrement ici à la circulation des spec-tacles sur l’ensemble du territoire francilien, les développements suivants porteront sur les 350 spectacles ayant été joués dans trois départements ou plus.

350 spectacles joués dans au moins trois départements

Parmi ces 350 spectacles, on retrouve majori-tairement des pièces de théâtre (67,4 % des spectacles), puis des concerts (33,7 %), la danse arrivant en troisième position avec 13,4 % des spectacles, loin derrière la musique mais nettement devant les autres disciplines, dont la part parmi les spectacles considérés est toujours comprise entre 3 et 6 %.

Tous les départements franciliens ont accueilli au moins un des 350 spectacles, mais à des degrés divers. On remarque par exemple que 130 spectacles, soit 37,1 %, ont été joués à

Paris, ce qui est inférieur à ce qu’on observe pour le reste de la région : tous les autres départements ont accueilli entre 151 et 188 spectacles sur les 350, soit entre 43 et 53 % des spectacles ayant tourné dans au moins trois départements différents.

Ainsi, on peut dire qu’un spectacle ayant tour-né dans au moins trois départements franci-liens en 2011/2012 a eu moins de chance d’avoir été proposé à Paris que dans n’im-porte quel autre département de la région.

Par ailleurs, toujours en observant les dépar-tements dans lesquels ont été proposés les 350 spectacles qui nous préoccupent, on ne voit pas se dégager de logique de circulation sur le territoire. On peut simplement remar-quer, en relation avec le paragraphe précédent, que parmi les huit spectacles ayant été propo-sés dans sept départements sur les huit que compte l’Île-de-France, trois d’entre eux seule-ment ont été joués à Paris.

QuelQueS éléMeNTS SuR lA CIRCulATION DeS SPeCTACleS SuR le TeRRITOIRe FRANCIlIeN

12% des spectacles ont été joués au moins deux fois et dans au moins deux lieux différents.

2,5% des spectacles ont tourné sur la saison dans au moins trois départements franciliens. Parmi eux :

� un peu plus d’un tiers a été joué à Paris,

� ils ont presque tous été joués dans un théâtre de ville,

� un cinquième d’entre eux a tourné exclusivement dans des théâtres de ville.

29 Les spectacles en Île-de-France

D’autres résultats apparaissent plus clairement en observant la catégorie des lieux où ont été joués les 350 spectacles.

Même si la circulation des spectacles dont il est ici question a concerné toutes les catégories de lieux, ce sont les théâtres de ville qui apparaissent comme les « plaques tournantes » des spectacles, ce qui doit être notamment mis en relation avec la quantité de lieux qu’ils représentent sur le territoire, compara-tivement aux autres catégories. Presque la totalité des 350 spectacles (344, soit 98,3 %) ont été joués dans un théâtre de ville. Ce sont ensuite 110 spectacles (soit 31,4 %) qui ont été joués dans un équipement municipal, puis 66 (19 %) dans les lieux de la catégorie « Scène nationale, CDN, CCN et CDC ».

la combinaison de lieux la plus fréquente, qui concerne 21 % des spectacles en question (soit 75), renvoie à des spectacles ayant tourné uniquement dans des théâtres de ville.

Vient ensuite, pour 15 % des spectacles (soit 54), un ensemble de représentations s’étant déroulées dans au moins un théâtre de ville et au moins un équipement municipal. C’est ensuite la combinaison théâtre(s) de ville / scène(s) nationale(s), CDN, CCN et CDC qui est la plus fréquente et qui concerne un peu plus de 7 % des spectacles (soit 25). Trois autres combinaisons de lieux concernent cha-cune au moins 10 spectacles : 11 spectacles (3 %) ont été joués dans au moins un théâtre de ville et au moins un équipement socio-culturel, 14 (4 %) ont été joués dans au moins un théâtre de ville et au moins un théâtre privé parisien et 23 (6,5 %) ont été joués dans au moins un théâtre de ville et au moins une salle de musiques dites actuelles.

On remarque ainsi qu’au-delà du poids numérique que les théâtres de ville représentent, ils accueillent des spectacles qui tournent également dans des lieux de nature différente, de la scène nationale à l’équipement municipal, de l’établissement national au lieu non dédié à la diffusion du spectacle vivant.

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Verticalité ?

De 2011 à 2013, nous avons mené une recherche sur la façon dont travaillent les pro-grammateurs et programmatrices de spec-tacles exerçant dans des dispositifs subven-tionnés, recherche intitulée la fabrique de la programmation culturelle soutenue par la Région des Pays de la Loire, la Ville de Nantes et le Département des Études, de la Prospec-tive et des Statistiques du ministère de la Culture et de la Communication (DEPS). Cette étude s’appuyait sur la conviction que les per-sonnes chargées de programmer des spec-tacles sont une pièce maîtresse des politiques culturelles, non seulement parce qu’ils/elles choisissent, et donc éliminent, des proposi-tions artistiques, mais aussi parce qu’ils/elles font valoir ces propositions comme autant de manifestations de l’intérêt commun. Ce que l’on appelle une politique publique en somme.

Notre étude atteste que, comme toute sphère sociale, ce monde des spectacles subvention-nés comporte des hiérarchies, des inégalités territoriales, des distorsions, des strates, des modèles de politique culturelle qui s’imposent. On voit tout d’abord combien l’immersion dans le milieu de la programmation informe un-e professionnel-le sur ce qu’il/elle doit faire – ou pas – et comment, ainsi que sur les spec-tacles qu’il (ne) faut (pas) prendre.

D’autre part, l’observation des projets mis en œuvre par ces professionnel-le-s montre une grande similitude d’actions et de discours : action culturelle, relations aux publics, déplo-ration quant au rôle néfaste des médias et des industries culturelles, insistance sur le rôle de la culture comme pourvoyeur de lien social, etc. À partir de là, on pourrait en déduire que la fabrique de la programmation culturelle par ceux et celles « d’en bas » est comme le décalque de ce qui se fait « en haut » ou, pour le dire autrement, que le local appliquerait les directives que le ministère de la Culture et les collectivités (ses financeurs) lui suggèrent avec plus ou moins de fermeté ou encore que les « petits » dispositifs reproduiraient à leur échelle ce que les « gros » – les festivals d’en-vergure nationale, les salles labellisées par l’État – mettent en œuvre. Cette hypothèse d’une sorte de conformité, pour ne pas dire d’un conformisme ambiant, aurait d’autant plus de crédit qu’en se conformant aux façons de faire qu’on leur susurrerait d’appliquer d’en haut, tant les collectivités territoriales que les équipements locaux se positionne-raient afin d’obtenir des arbitrages favorables et des subventions2. Si tout cela est dans une certaine mesure exact, les choses ne sont, heureusement, pas aussi simples.

Qui PrODuiT LA POLiTiQuE PubLiQuE En mATièrE DE SPECTACLES ? L’ExEmPLE DE L’ÎLE-DE-FrAnCE.

Par Catherine Dutheil-Pessin, professeure émérite à l’Université Mendès-France de Grenoble, et François Ribac, compositeur et maître de conférences à l’Université de Bourgogne, auteurs d’une étude sur la fabrique de la programmation culturelle à paraître en 20151.

1. https://www.facebook.com/LaFabriqueDeLaProgrammationCulturelle?skip_nax_wizard=true

2. Ce schéma est particulièrement flagrant du côté de certaines agences nationales qui ne financent des projets qu’à la condition que l’on applique leurs prescriptions. Voir l’exemple de la politique de la ville avec Renaud Epstein, la rénovation urbaine. démo-lition-reconstruction de l’État, Paris, Les Presses de Sciences Po, coll. « Sciences Po Gouvernances », Paris, 2013.

31 Les spectacles en Île-de-France

Comment les informations circulent-elles ? D’où viennent les innovations ?

Prenons l’exemple des réseaux formels et informels de professionnel-le-s. À tous les moments de son activité, un-e programma-teur-trice reçoit des informations, entend par-ler des bons spectacles, s’initie aux nouveaux dispositifs et aux mots-clés du milieu via ces réseaux. Néanmoins, ce programmateur A n’est pas qu’un récepteur mimétique qui répète et exécute. Il diffuse également des informations dans les réseaux auxquels il est affilié, en intercepte, en contredit. Bref, A est au moins autant un crustacé qui absorbe qu’un poisson qui circule et pond des œufs. D’autant que pour acquérir de la valeur sur le marché de la programmation, A doit nécessai-rement se singulariser, ce qui peut non seule-ment l’amener à décliner de façon originale « ce qu’il faut faire » mais aussi à refuser de façon ostentatoire de s’y conformer.

Si l’on se place maintenant à l’échelle d’un réseau que l’on appellera Y, on doit également se rappeler que celui-ci ne se réduit pas à la somme de ses composantes. Comme tout réseau, celui-ci génère un supplément qui résulte de la dynamique propre à la mutuali-sation des personnes, des compétences et des techniques. Et ce « plus » circule non seule-ment au sein du milieu qui le génère mais s’échappe aussi dans les autres réseaux que les membres de Y fréquentent parallèlement. En d’autres termes, le réseau Y contribue lui aussi à modifier stratégies, tactiques, pratiques, discours, vocabulaires, spectacles sélection-nés, disciplines, territoires, etc. ; Y est aussi bien un agent de conformité qu’un espace potentiel de bifurcations. Notre étude propose l’idée que c’est certainement chez les « petits » que nombre de dispositifs tels que « l’action culturelle », la « médiation », le « développe-ment des publics », les projets avec des équipes artistiques et des amateurs ont été expéri-mentés et développés. De façon analogue, on peut également faire l’hypothèse que des formes et des étiquettes telles que « arts de la

rue » ou « nouveau cirque contemporain » ont au moins autant été impulsées et promues par des grands dispositifs que par de petits équi-pements qui cherchaient à faire autre chose, qui voulaient investir d’autres espaces, trouver d’autres publics, d’autres temporalités. Autre-ment dit, dans les endroits où les spécialistes des politiques culturelles ne regardent habi-tuellement pas ou peu, on innove et, consé-quemment, ce que l’on y fait influe sur les pratiques et même sur les grandes orienta-tions en matière de spectacles. De notre point de vue, les « petits » inventent de nouveaux dis-positifs car il leur est souvent impossible de décliner ce que font les « gros » et de se confor-mer aux injonctions de leurs financeurs. Par ailleurs, la concurrence propre à tout marché incite tous les programmateurs et program-matrices à décliner à leur façon les modèles « dominants », voire à s’en écarter. Car si ces professionnel-le-s et leurs équipements veulent trouver une place au sein de l’offre publique, il leur faut non seulement se confor-mer mais aussi singulariser leur action, leurs dispositifs, leurs choix, leurs saisons. De ce fait, il semble bien que le « bas » et les « petits » soient aussi des prescripteurs de la politique en matière de spectacles.

Et si les « petits » étaient plus influents que l’on ne croit ?

Pour étayer ce qui vient d’être dit à l’instant, nous allons à présent soutenir deux proposi-tions :

• À l’heure actuelle, les programmateurs-trices opérant dans des petits dispositifs non labelli-sés sont les plus nombreux. Si nous pouvons étayer cette affirmation, on comprend que cela renforcera substantiellement ce que nous venons de suggérer à l’instant, à savoir que la politique en matière de spectacle est au moins autant élaborée et produite par le « bas » que par le « haut » ;

•  Certains petits dispositifs ont au mois autant d’influence que des gros ou des moyens.

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La première de ces propositions sera étayée par un argument quantitatif et la deuxième par une approche plutôt qualitative.

En Île-de-France

Arcadi a récemment effectué un double recen-sement pour la saison 2011/2012. Dans un premier temps, l’agence a établi une liste de lieux de diffusion3 dans la région Île-de-France, puis elle a inventorié le plus exhaustivement possible les spectacles donnés dans ces lieux lors de la saison 2011/2012. Comme tout tra-vail de ce type, celui-ci ne pouvait être entière-ment satisfaisant. D’abord à cause de la nature très changeante de ce monde, ensuite parce que toute entreprise statistique a l’in-convénient de réduire des activités à des nombres et de mettre sur le même plan des choses souvent extrêmement dissemblables. De plus, la seule prise en compte des lieux néglige des dispositifs tels que les festivals itinérants (par exemple le Festival d’Île-de-France) ou encore des structures qui, telles les communautés de commune, produisent, diffusent et mutualisent des spectacles. Il n’en reste pas moins que, malgré ses limites, cette entre-prise titanesque a l’immense mérite de nous donner une idée de la quantité de dispositifs qui programment des spectacles et de la phy-sionomie des spectacles qui sont proposés en Île-de-France durant une saison.

Là où il s’avère que les «petits»... sont les plus «grands»

Nous avons donc exploité la base de données d’Arcadi comprenant plus de 500 lieux et les spectacles qui y avaient été programmés en 2011/2012. À partir de là, nous avons tenté de déterminer le nombre respectif de petits, moyens et grands lieux. Prenant appui sur les jauges minimum recensées dans la base de données, nous avons décidé que les petits lieux comprenaient moins de 300 places, les lieux moyens de 300 à 450 places et les grands plus de 450 places4. Cela nous a permis de comptabiliser :

petits lieux 277

lieux moyens 94

grands lieux 138

Total 509

Sans qu’il soit question de fétichiser ces résul-tats, notamment parce qu’environ 200 lieux n’ont pas été renseignés, il est néanmoins intéressant de constater que les petits sont les... plus gros ! De même, la somme des petits et des moyens, 371, est supérieure au nombre des grands, 138. Lorsque l’on se rappelle que la région Île-de-France, et Paris en particulier, ont la particu-larité de compter la plus grosse concentration

3. Le terme « lieux de diffusion » désigne des équipements situés à un endroit précis de la région programmant régulièrement des spectacles. Les équipements sont classés selon la nomenclature suivante : établissement national, scène nationale, CDN, CCN, CDC, théâtre de ville, lieu associatif, intermédiaire, friche, compagnie avec lieu, lieu ou théâtre privé parisien, lieu ou théâtre privé non parisien, lieu parisien de diffusion régulière de spectacle vivant, salle « musiques actuelles », autre équipement culturel municipal, équipement socioculturel, lieu culturel non dédié à la diffusion régulière de spectacle vivant, centre culturel étranger, centre d’animation de la ville de Paris, lieu non culturel possédant une salle de diffusion. Sur 775 lieux concernés par l’enquête, 518 ont été renseignés. Pour ce qui concerne spécifiquement notre étude, la prise en compte des théâtres privés parisiens (qui va de soi dans le contexte de cette région) pourrait paraître problématique mais dans la mesure où ces derniers bénéficient aussi d’aides publiques, leur prise en compte nous semble acceptable. Par ailleurs, Arcadi a fait correspondre les spectacles répertoriés avec des « grandes » disciplines : conte, théâtre, marionnettes, théâtre d’objets, humour, musique, opéra/ballets, arts du cirque, autres. Ces disciplines étant subdivisées en styles, par exemple jazz comme style de musique.

4. La jauge minimum est ici l’équivalent du nombre minimum de places assises. Lorsque le lieu comporte plusieurs salles, la jauge totalise toutes ces salles. Autre point aveugle ; il est possible qu’un « lieu moyen » disposant de 600 places organise un festival qui réunisse chaque année 1 200 spectateurs.

33 Les spectacles en Île-de-France

de dispositifs labellisés et d’envergure natio-nale, on mesure l’intérêt de ce « résultat ». Si même dans un tel contexte, les « petits » sont les plus nombreux, il est quasiment acquis que dans les autres régions, où les « grands » sont bien moins sur-représentés, il en est de même. Voilà qui donne un peu plus de corps à l’hypothèse que la politique en matière de spectacles est aussi élaborée et promue par des acteurs anonymes, par le « bas ». Pour compléter cet argument de type quantitatif, nous voudrions désormais mobiliser une démarche plus qualitative.

Quand les « petits » et les « grands » ne sont pas forcément ceux que l’on croit

À partir de la même base de données d’Arcadi, nous avons choisi trois lieux tests situés en Île-de-France. Sélectionnés en partie de façon aléatoire, ces dispositifs sont assez dissemblables. Grâce à des analyses menées avec des logiciels, nous nous sommes efforcés de déterminer la réputation de ces salles. Celle-ci a d’abord été mesurée avec la base de données d’Arcadi qui nous a permis de comp-tabiliser si et où des spectacles programmés dans chacun de ces trois lieux avaient été pro-grammés ailleurs. Il s’est donc agi de détermi-ner la réputation d’un lieu à partir du degré de circulation des spectacles qu’il avait accueillis lors de la saison 2011/2012. Les figures reproduites ci-après représentent les spectacles programmés dans trois de ces lieux tests : le Théâtre du Rond-Point (théâtre parisien financé

à parité par l’État et la Ville de Paris), l’Atelier du Plateau (petites formes et expérimenta-tions, situé à Paris), le Centre des Bords de Marne (un théâtre de ville pluridisciplinaire situé au Perreux dans le Val-de-Marne). Le logiciel Rézolu 5 a donc examiné les spectacles programmés en 2011/2012 par ces trois salles, puis il a cherché où ces spectacles avaient – ou pas – été également programmés.

Comme on peut le voir page suivante, l’Atelier du Plateau est très faiblement connecté à d’autres lieux de diffusion. Lieu d’expérimen-tation et de petites formes doté d’une petite jauge, les spectacles qui y sont programmés tournent probablement peu dans le réseau francilien. Le faible nombre de spectacles référencés dans la base d’Arcadi fait même penser que certains ont échappé au recense-ment. A priori, nous sommes donc en face d’un petit lieu, avec peu de rayonnement.

5. Le logiciel Rézolu a été conçu par Andreï Mogoutov qui a collaboré à notre enquête.

leCTuRe DeS CARTeS De RéSeAux

Les salles test sont figurées par des grands cercles de couleur et un triangle, leur nom est écrit en capitales. Dans le cercle, figurent le titre des spectacles programmés (écrits en minuscule et représentés par un triangle) et le nom des lieux et villes qui ont programmé ces spectacles (en majuscule et représentés par un rond). Lorsque les spectacles ont été programmés au moins dans deux autres lieux en Île-de-France, un lien connecte le spectacle avec les salles où il a été également programmé. Plus un lieu est entouré de titres de spectacles et de noms de villes, plus son insertion dans le réseau francilien des lieux de diffusion est forte.

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SPeCTACleS PROgRAMMéS Au THéâTRe Du ROND-POINT eT DANS le ReSTe De l'Île-De-FRANCe eN 2011/2012

SPeCTACleS PROgRAMMéS à l'ATelIeR Du PlATeAu eT DANS le ReSTe De l’Île-De-FRANCe eN 2011/2012

Si nous examinons maintenant la carte consa-crée au Théâtre du Rond-Point, la physionomie est quelque peu différente. Les spectacles référencés sont beaucoup plus nombreux et les lieux associés également. Dans ces lieux figurent notamment des structures nationales telles que le Théâtre du Châtelet, le Centre Pompidou, le CENTQUATRE-PARIS (situé dans le nord-est de Paris). Certains auteur-es et/ou metteurs en scène recensés (Alfredo Arias, Jean-Michel

Ribes, Marc Jolivet) sont des professionnels reconnus et à forte notoriété. Les spectacles programmés par le Rond-Point sont néan-moins peu reliés à d’autres lieux, la raison en est probablement que, comme la plupart des théâtres parisiens d’envergure nationale, le Rond-Point programme durant plusieurs semaines chacun de ses spectacles chez lui ; ceux-ci ne tourneront dans d’autres lieux que la saison suivante.

35 Les spectacles en Île-de-France

Enfin, voici la carte représentant les spectacles programmés en 2011/2012 par le Centre des Bords de Marne (CDBM), un théâtre de ville en Val-de-Marne. Comme on peut le voir, le CDBM programme de nombreux spectacles et ces derniers sont fortement programmés ailleurs

dans la région. En d’autres mots, le CDBM est fortement inséré dans le réseau de diffusion des spectacles en Île-de-France. Si encastré d’ail-leurs que la masse des spectacles et des lieux qui lui sont associés est d’une telle densité que nombre d’entités se recouvrent sur la carte...

Dans un deuxième temps, nous avons exa-miné la réputation sur la toile de ces mêmes lieux. Pour ce faire, le logiciel issueCrawler a cherché les sites Web qui pointaient vers le nom des trois structures. Selon l’expression d’Andreï Mogoutov, la carte page suivante montre la rézodience des lieux, c’est-à-dire la réputa-tion d’un lieu en termes de liens sur le Net 6.

Que distingue-t-on d’emblée ? Eh bien, que l’atelier du Plateau et le Rond-Point sont cités par de très nombreuses structures sur le net. Si on

ne s’étonne pas qu’un théâtre d’envergure nationale soit fortement présent sur la Toile, il est notable qu’un petit lieu le soit également. Mieux, l’analyse détaillée des liens montre que des médias nationaux, des scènes natio-nales, des sites d’équipes artistiques et consa-crés au théâtre pointent à parité vers le Rond-Point ou l’Atelier du Plateau. Quant au Centre des Bords de Marne, que l’on sait très intégré au réseau des spectacles programmées en 2011/2012, sa réputation en ligne est bien inférieure aux deux autres structures test.

SPeCTACleS PROgRAMMéS Au CeNTRe DeS bORDS De MARNe eT DANS le ReSTe De l'Île-De-FRANCe eN 2011/2012

6. Les mesures ont été effectuées fin novembre 2013.

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Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que le CDBM ne bénéficie pas de la centralité parisienne des deux autres lieux ? Parce que ses programmations ne sont pas beaucoup relayées par la presse nationale ? Parce que son activité serait moins innovante que celle de l’Atelier du Plateau et moins visible que celle du Théâtre du Rond-Point ? De même, l’Atelier du Plateau est-il influent sur la Toile parce que ses animateurs/trices travaillent mieux les réseaux sociaux, ont un fonctionnement associatif et une économie

qui les rend plus sensibles aux nouvelles ten-dances artistiques ? Il est difficile de trouver des explications et de trancher, mais il n’en reste pas moins que, en termes de rézodience, la réputation sur la Toile du Plateau, le bruit qu’il génère et la qualité de ce bruit sont au moins aussi sonores que ceux du gros lieu et du moyen. En d’autres mots, le petit semble compter au moins autant alors même que sa jauge, ses financements et sa surface institutionnelle sont inférieurs à ceux des deux autres.

ZOOM SuR lA RéZODIeNCe DeS TROIS lIeux TeST

37 Les spectacles en Île-de-France

Rappelons succinctement les hypothèses et les mesures quantitatives et qualitatives que nous venons de dérouler :

• Premièrement, dans la région française possédant la plus grosse concentration d’équipements nationaux, les « petits » et les « moyens » semblent être les plus nom-breux. Ce point permet de rendre crédible le fait qu’il existe probablement beaucoup plus de programmateurs-trices et de dispo-sitifs que ce que l’on suppose ordinaire-ment. À tous les niveaux du territoire, des personnes choisissent et agencent des spectacles et, par conséquent, contribuent au paysage de la politique culturelle publique.

• Deuxièmement, lorsque l’on compare le périmètre d’influence de lieux franciliens de programmation très dissemblables, on se rend compte que certains lieux exercent un attrait certain alors même que leur insertion dans le réseau des spectacles pro-grammés est très faible. De façon voisine, on s’aperçoit également qu’un théâtre de ville de banlieue est extrêmement bien inséré dans un réseau constitué d’autres théâtres de ville franciliens.

Ces deux points nous inclinent à penser que les programmateurs-trices des petits lieux influent beaucoup plus que l’on ne pourrait le penser au premier abord sur la conduite des politiques en matière de spectacles. Acteurs peu visibles mais partout présents et actifs, ils/elles suivent au moins autant les axes que leur suggèrent l’État, les agences régionales, les services culturels départementaux et les

« grands », qu’ils/elles ne contraignent ces mêmes opérateurs à s’adapter à leurs pra-tiques et à leurs écarts. Car s’il est vrai qu’il leur faut se conformer aux prescriptions des financeurs pour obtenir des moyens, il est tout aussi vrai que ces derniers, et en particulier les opérateurs qui se sont récemment engagés dans une politique intensive de spectacles comme les collectivités territoriales, doivent également s’ajuster à leur base sociale7. Par ailleurs, pour être crédibles auprès de leurs publics et pour se singulariser au sein du marché des spec-tacles subventionnés, il leur faut proposer des saisons et des choix particuliers, il leur faut faire preuve d’une certaine originalité, et ainsi se constituer une personnalité de programma-teur-trice.

Ainsi, au terme de cette synthèse de notre recherche avec la base de données d’Arcadi, nous pouvons proposer l’idée que la politique culturelle s’apparente beaucoup plus à une coproduction qu’à la domination du « haut » sur le « bas ». Après avoir proposé l’idée que les « petits » et les « moyens » contribuent de façon notable à transformer les dispositifs et les doctrines en matière de spectacles subven-tionnés, il nous faut pour finir ajouter qu’à notre sens la concordance de plus en plus affirmée entre l’offre de spectacles et la culture peut certainement être comprise comme l’expres-sion de l’essor de ces protagonistes. Plus cette population augmente et plus la culture est assimilée, dans les discours comme dans les politiques concrètes, à l’offre de spectacles subventionnés, plus la politique culturelle se décline sous la forme d’une politique de diffu-sion tous azimuts de (toutes sortes de) spec-tacles, dans toutes sortes d’espaces.

7. Point de vue renforcé par le fait que nombre de « petits » se sont désormais dotés de réseaux formels et informels qui bataillent pour faire valoir leur point de vue et pèsent dans les arbitrages. Même en Union soviétique, les planificateurs dépendaient non seulement des statistiques (souvent truquées) mais aussi des réalisations concrètes sur le terrain.

COnCLuSiOn(S)

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CULTURES EN ÎLE-DE-FRANCE N°3 / FÉVRIER 2014 lA CulTuRe Au TOuRNANT MéTROPOlITAIN Ce Que l’INTeRCOMMuNAlITé FAIT De lA CulTuRe eN PeTITe COuRONNe FRANCIlIeNNe

CULTURES EN ÎLE-DE-FRANCE N°1 / DÉCEMBRE 2012 TeRRITOIReS De lA DANSe eN Île-De-FRANCe

CULTURES EN ÎLE-DE-FRANCE N°2 / FÉVRIER 2013 lA DIFFuSION DeS SPeCTACleS De DANSe eN Île-De-FRANCe De 2003 à 2012

LA COLLECTiOn CuLTurES En ÎLE-DE-FrAnCE

Ce premier numéro est consacré à la programmation des spectacles de danse de création contemporaine et à son évolution sur sept saisons (de 2003/2004 à 2009/2010), en s’attachant à l’étude des territoires où les spectacles chorégraphiques sont diffusés et en proposant des visions cartographiées, réalisées en collaboration avec l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France (IAU-îdf).

Dans le prolongement du premier numéro, celui-ci est consacré à la diffusion de la danse sur le territoire francilien, avec des données supplémentaires concernant les saisons 2010/2011 et 2011/2012, portant à neuf saisons le champ de cette étude. Il s’attache à l’étude des lieux programmant de la danse dans la région, aux chorégraphes et aux pièces chorégraphiques joués pendant cette période sur le territoire.

Ce numéro livre les analyses d’Emmanuel Négrier et de Philippe Teillet sur la situation de l’intercommunalité culturelle en petite couronne, sur les spéci-ficités de la dynamique intercommunale francilienne et les particularités du contexte francilien. Ces analyses font suite à l’étude réalisée par Arcadi Île-de-France et l’IAU-îdf qui a fait l’objet par ailleurs de deux autres publications co-éditées par ces deux organismes : une note rapide intitulée l’intercommu-nalité en petite couronne et un rapport complet, l’intercommunalité culturelle en petite couronne. Éléments pour un prédiagnostic en vue de l’instauration de la métropole du Grand Paris.

Toutes ces publications sont consultables sur www.arcadi.fr (rubrique Point Doc > études réalisées).

Pour tout renseignement, vous pouvez contacter Stéphanie Molinero, responsable de l’observation culturelle à Arcadi Île-de-France : [email protected]

La diffusion des spectacles de danse en Île-de-France

La diffusion des spectacles de danse en île-de-france

de 2003 à 2012une publication d’arcadi agence culturelle d’île-de-france

#2 - février 2013

Arcadi Île-de-France51, rue du Faubourg Saint-DenisCS 10106 - 75 468 Paris Cedex 10Tél. 01 55 79 00 00 - Fax 01 55 79 97 79www.arcadi.fr

ContaCt : Stéphanie Molinero, responsable de l’observation [email protected]