LES SOURCES SPIRITUELLES CHEZ MONDRIAN : THEOSOPHIE … spirituel dans l... · 2016. 11. 17. ·...

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LES SOURCES SPIRITUELLES CHEZ MONDRIAN : THEOSOPHIE ET SYMBOLISME Adepte de théosophie, il s'engage dans des compositions fondées sur l'ésotérisme et la spiritualité tel que dans l'énigmatique triptyque " Evolution " qu'il peint en 1910, et représente l'évolution de la femme entre la réalité matérielle vers la vérité mystique. Homme austère et méticuleux, il vécut toute sa vie en solitaire, sans femme ni enfant Citation de Mondrian : « Je crois qu'il est possible, grâce à des lignes horizontales et verticales construites en pleine conscience, mais sans ‘‘calcul’’, suggérées par une intuition aigüe et nées de l'harmonie et du rythme, que ces formes fondamentales de la beauté, complétées au besoin par d'autres lignes droites ou courbes, puissent produire une œuvre d'art aussi puissante que vraie » Mondrian cherche a faire de sa peinture un langage universel, dont il considère qu'elle doit rendre compte des réalités essentielles au-delà des apparences sensibles. Puis, en faisant de la peinture, sa religion, c’est-à-dire sa manière d’œuvrer à réunifier le monde et à trouver la beauté.

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  • LES SOURCES SPIRITUELLES CHEZ MONDRIAN : THEOSOPHIE ET SYMBOLISME

    Adepte de théosophie, il s'engage dans des compositions fondées sur l'ésotérisme et la spiritualité tel que dans l'énigmatique triptyque " Evolution " qu'il peint en 1910, et représente l'évolution de la femme entre la réalité matérielle vers la vérité mystique.

    Homme austère et méticuleux, il vécut toute sa vie en solitaire, sans femme ni enfant Citation de Mondrian : « Je crois qu'il est possible, grâce à des lignes horizontales et verticales construites en pleine conscience, mais sans ‘‘calcul’’, suggérées par une intuition aigüe et nées de l'harmonie et du rythme, que ces formes fondamentales de la beauté, complétées au besoin par d'autres lignes droites ou courbes, puissent produire une œuvre d'art aussi puissante que vraie » Mondrian cherche a faire de sa peinture un langage universel, dont il considère qu'elle doit rendre compte des réalités essentielles au-delà des apparences sensibles. Puis, en faisant de la peinture, sa religion, c’est-à-dire sa manière d’œuvrer à réunifier le monde et à trouver la beauté.

  • Le Nuage rouge, 1907 - Huile sur carton, 64 x 75 cm – Piet Mondrian La Haye,

    Cette explosion cosmique, constitue une bonne entrée en matière. En effet, proposant une représentation de la mer et du ciel, il peut en même temps être

    interprété comme portant l’essence de l’abstraction.

    Au centre du tableau, semblant pouvoir en recouvrir la surface, le nuage rouge,

    indéniable forme-pensée, traduit par son déploiement et sa couleur une idée et une

    émotion conjuguées. L’esprit du spectateur est ainsi conduit, dans une boucle sans

    fin, de la matérialité du paysage identifiable à la dimension spirituelle qu’il traduit et

    de l’abstraction des formes et des couleurs au réel auquel elles renvoient. Ce paysage de fin du monde, qui en évoque dans le même temps l’origine dans une

    explosion cosmique, constitue une bonne entrée en matière. En effet, proposant une

    représentation de la mer et du ciel, il peut en même temps être interprété comme

    portant l’essence de l’abstraction.

  • Spiritualités de la Vision –

    Les fondements théosophiques et symbolistes hollandais du courant De Stijl, fondements qui sont aussi à la source des recherches de Mondrian (même si ce dernier s’en éloigne par la suite) et qui influenceront durablement, jusqu’au Bauhaus, l’art et l’architecture du premier XXe siècle

    Visions intérieures –

    Suggérées par des portraits ou autoportraits aux regards extatiques, ordre géométrique du cosmos révélé par les grilles mathématiques de l’école proportionniste hollandaise de Lauweriks, dimension spiritualiste de l’art incarnée par des formes-pensées génériques qui se déploient comme sous l’effet d’une force intérieure,

    Nourris des théories scientifiques et mystiques qui se développent dans les sociétés occidentales de la fin du XIXe siècle, les artistes en étendront la portée tout en les faisant évoluer par leurs recherches propres et les œuvres qui en résultent déterminent ainsi cette nouvelle orientation.

  • L’invention de la peinture abstraite–L’œuvre de Kandinsky

    Kandinsky est universellement reconnu comme l’inventeur de l’abstraction lyrique.

    Il est peintre et théoricien. En 1895 la révélation des Meules de Monet le pousse à quitter ses études de droit et à se consacrer à la peinture qui, avec la musique,

    l’intéresse depuis toujours. Dès ses premiers paysages, datant de 1901, les

    impressions naturalistes sont réduites à l’essentiel.

    La tendance à se libérer de la référence au réel va s’accentuer avec des œuvres de

    1908 et 1909, à la composition libre et aux couleurs intenses caractérisées par une

    touche oblique. Mais c’est avec ses premières œuvres abstraites de 1910 et 1911 que Kandinsky marque l’abandon de toute relation à l’objet ou à la figure, la toile

    devient alors le lieu d’oppositions multiples de forces et de couleurs qui bouleversent l’espace. Les impressions naturalistes sont réduites à l’essentiel.

    Son ouvrage, Du Spirituel dans l’art, écrit en 1910, où l’artiste médite sur les rapports entre la forme et la couleur, la peinture et la musique, tentant de définir la

    valeur expressive des formes et des couleurs et de leurs combinaisons, fera date. Le

    spirituel est du ressort de la peinture qui agit directement sur les sens et sur l’émotion. La peinture devient un champ de création en revendiquant le droit d’être elle –même. « Créer une œuvre c’est créer un monde »

    Les textes théoriques de Kandinsky s’offrent comme une réflexion sincère multiforme. Il s’implique dans un engagement personnel, authentique ou il combat pour aller à la recherche de la subjectivité transcendantale (point fragile d’une

    rencontre entre l’individu et l’universel).

    Sa mission fondamentale est de constituer un langage suprême, philosophique. Sa théorie de l’art définit le système de communication et s’oppose aux principes

    harmoniques conventionnels. Il nous interroge afin de nous inciter à aller de l’avant

    contre les forces de régression. Il l’explique par le schéma du triangle spirituel où l’homme est seul à la pointe du triangle, il va devoir assumer les progrès à accomplir.

    Il veut qu’une œuvre d’art soit lisible par approfondissements successifs, il nous fait

    part de ses expériences intérieures, à partir de son intuition, tout en nous exposant sa méthode.

  • L’Esprit préside à la connaissance, l’âme est un acquis. L’art est au service du spirituel, par essence, (moyen de connaissance et de salut), couleurs et formes,

    déterminent des impressions particulières, véhiculent des sensations et des sentiments différents et mettent en résonance l’âme humaine, par leur vibration : au bleu mystique et froid s’opposent le jaune chaud et agressif, le vert paisible, les

    différents silences des blancs et des noirs, la passion du rouge, couleurs qu’il met en

    relation avec ronds, triangles et carrés, lignes ouvertes ou fermées. Il nous renvoie à

    son expérience personnelle et son principe de nécessité intérieure.

    La volonté de l’esprit vient de la force engendrée par cette nécessité intérieure et le

    triangle spirituel progresse vers l’avant et vers le haut. Mais à sa tête l’homme est seul et incompris. « C’est l’injure que vécu Beethoven dans la solitude ses cimes ».

    Les artistes sont présents dans toutes les parties du triangle ils aident au mouvement

    récalcitrant de l’humanité.

    Le combat de St Georges avec le dragon

    Ici s’affrontent les forces de régression et les forces de progression, cela symbolise sa pensée - Impression directe de la nature extérieure exprimée sous

    forme graphique et picturale,

  • Pour Kandinsky, le cavalier est une métaphore de l’artiste : « Le cheval porte son cavalier avec vigueur et rapidité. « la question de l’art n’est pas celle de la forme,

    mais du contenu artistique ». Cet almanach du « Blaue Reiter » qu’il a rédigé avec Franz Marc est un recueil d’œuvres permettant de montrer que toutes les formes

    d’art présentées, si différentes soient-elles tendent toutes dans une même direction.

    Couverture de l’Almanach du Blaue Reiter

    Impression V – Parc – 1911-« J’appelle ces images Impressions »

    Impression V - Le tableau est dominé par le triangle rouge au centre, installé entre

    les deux aplats de bleu et de vert de la partie inférieure, tandis que les lignes

  • noires indiquent comme un itinéraire pour le regard. Le sous-titre, « Parc », qui pourrait placer cette œuvre dans la continuité des paysages réalisés. Les

    impressions s’appuient sur une réalité extérieure qui leur sert de point de départ. Au sujet de la nature, l’artiste souligne qu’il ne faut pas se borner à la voir mais qu’il faut la vivre. C’est cette vie saisie dans un élan cosmique, dans une effusion spirituelle, qu’il le rendra dans sa période la plus intense de l’abstraction lyrique

    Impression III - concert

    J’appelle ce genre improvisations. Elles interrogent le phénomène de la perception et dépeignent des images surgies de l’inconscient « Expression principalement de caractère intérieur

    Improvisation n° 19 -- 1911 Munich Improvisation n° 26 – Oars - 1912

  • Le Jugement dernier « Jungster Tag », 1912

    La technique de la peinture sous verre, qui consiste à peindre au revers d’un support en verre lisse ou ondulé, a été découverte par Kandinsky durant l’été 1908.

    Le peintre se passionne pour cette forme typique de l’artisanat bavarois qui se

    pratique traditionnellement en famille - et à laquelle il s’adonne avec son entourage -

    entreprenant même quelques recherches pour en connaître les origines.

    Cette technique l’intéresse en tant qu’expression d’une culture populaire, mais

    aussi parce qu’elle permet de produire des effets de transparence, de brillance et

    d’impressions moirées, selon les peintures utilisées. Entre 1909 et 1913, 33 fixés

    sont réalisés. Pour les protéger, toutes ces œuvres sont encadrées. Ici, Kandinsky

    peint également le cadre de bois. Dans Jungster Tag, cette technique permet à

    l’artiste d’orchestrer un concert tonitruant de couleurs, dominé par des variations de jaune. Comparée, dans Du Spirituel dans l’art, à « une oreille déchirée par le son aigre de la trompette », cette couleur exprime ici le fracas de l’apocalypse, en référence aux trompettes qui, dans le texte biblique, annoncent l’heure du Jugement

    dernier. Mais, plus largement, elle rappelle à quel point Kandinsky s’appuie sur le

  • modèle musical et, en particulier, la composition telle qu’elle a été bouleversée par Schönberg. Dans la première lettre qu’il adresse au musicien, le 18 janvier 1911, il

    établit un rapprochement entre leurs œuvres caractérisées par la place accordée aux

    « dissonances ». De même que Schönberg compose sa musique sur le principe

    d’une disharmonie, Kandinsky construit ses tableaux à partir de chocs colorés, ici le jaune et le bleu, qui expriment la lutte contre le chaos dont, selon Kandinsky,

    procède toute création. Entre peinture et musique, forme et couleur, il tente de définir

    leurs rapports, leurs valeurs expressives et leurs combinaisons. On remarque de

    nombreuses notes de musique sur quelques uns de ses tableaux. C’est

    probablement lié à sa synesthésie, qui lui permettait littéralement d’entendre les

    couleurs qu’il voyait comme des sons muets. Les mots peuvent avoir aussi un gout

    et les sons une odeur, ce phénomène arrivent aux personnes synesthètes

    Composition VIII - 1923

    Reconnu pour avoir inscrit les principes du dodécaphonisme dans l’histoire, Arnold Schönberg est également un peintre suffisamment légitime pour que ses œuvres soient exposées aux côtés de celles d’un Wassily Kandinsky, actuellement au musée

    d’art et d’histoire du judaïsme.

  • Jaune-rouge-bleu, 1925 - Vassily Kandinsky

    Les compositions étant plus élaborées d’un point de vue formel. « Du Matérialisme dans l’Art », comme contrepoint au livre précédent qui ne sera publié qu’en 1926 : Point et ligne sur plan. « Ici la raison, le conscient, l’intentionnel, l’efficacité

    jouent un rôle prédominant. Ce n’est pas le calcul, mais le sentiment qui l’emporte toujours » .Cette grande toile est un rectangle aux dimensions parfaites évoquant la « divine proportion », Le tableau pourrait apparaître comme une transposition des théories que l’artiste vient de fixer dans son ouvrage,

    Kandinsky veut à ce moment ouvrir la peinture non figurative aux possibilités d’un

    système formel qui dépasse celui du cercle et du carré. Les couleurs primaires

    mélangées au noir et au blanc s’opposent au couple exclusif noir et blanc de

    Malevitch ou de Mondrian.

    L’œuvre est composée de deux parties qui s’opposent : lignes géométriques à gauche, formes libres à droite. L’accent principal est mis sur les trois couleurs primaires qui, de gauche à droite et dans l’ordre : jaune, rouge, bleu, articulent la

    composition. L’opposition du jaune chaud, lié au mouvement, et du bleu froid, stable, lié à la forme du cercle y est mise en jeu. La partie jaune est lumineuse, légère, des fines lignes droites et noires l’accompagnent. Elle s’inscrit sur un fond

  • pâle aux bords bleu-violet où la peinture est appliquée de manière à produire la

    sensation d’un ciel avec ses nuages évanescents qui semblent se prolonger au-delà

    du tableau. A l’opposé, la partie droite est sombre, le cercle bleu se détache sur un fond jaune clair, rythmé par la ligne serpentine noire d’épaisseur variée. Entre les deux polarités du jaune et du bleu, se déploie une multiplicité de formes : rectangles rouges, se lisant derrière les transparences des formes biomorphiques,

    damiers en couleurs et noirs et blancs.

    L’essentiel de ce tableau est dans l’équilibre des éléments qui se répondent dans un jeu d’oppositions et de complémentarités. Au géométrisme solaire de la

    partie gauche, évoquant l’astre diurne par la couleur et par les obliques qui, tels des rayons, sortent à deux reprises des demi-courbes, répond à droite l’obscure rotondité lunaire d’où s’échappe une myriade de formes, surfaces qui se chevauchent et se lisent en transparence, sans parler des deux formes

    biomorphiques aux multiples nuances grises qui, comme deux plumes, coiffent le cercle bleu.

    En 1927, Kandinsky s’installe à Paris, apatride. Ce n’est qu’en 1939 qu’il deviendra

    citoyen français, in extremis avant le début de la Deuxième Guerre mondiale. Jusqu’en 1944, l’artiste poursuivant ses dernières recherches mène une vie retirée à

    Neuilly-sur-Seine.

  • La spiritualité dans l’art

    La notion de spiritualité, (esprit) comporte aujourd'hui des acceptions différentes selon le contexte de son usage. Elle se rattache originellement à la religion dans la perspective de l'être humain en relation avec un être supérieur (Dieu).

    D'un point de vue philosophique,

    Elle se rapporte à l'intériorité et à l'extériorité, à l'opposition de la matière et de l'esprit - C‘est souvent par référence négative au matérialisme que Mondrian ou Kandinsky développent leur spiritualisme

    La division et l’opposition furent constantes chez les artistes du début du XXe siècle,

    Le Suprématisme se développe. Vers 1917, avec Malevitch, c’est l'aventure artistique et spirituelle d'un seul homme, il s’engage de plus en plus dans la quête mystique d'un monde sans objet, ou monde de la non-représentation.

    Selon les périodes de l’histoire, elle désigne également la quête de sens ou d'espoir et les démarches qui s'y rattachent (initiation, rituels, développement personnel, New Age).

    Elle peut également, et plus récemment, se comprendre comme dissociée de la foi en Dieu, jusqu'à évoquer une « spiritualité sans dieu ».

    Elle définit parfois également des aspects esthétiques dans la littérature  

    Le terme théosophie fait référence à un système philosophique ésotérique à travers lequel l'être humain tente de connaître « le Divin » et les mystères de la Vérité.    

    L'ésotérisme (du grec ancien esôteros, « intérieur ») est l'ensemble des enseignements secrets réservés à des initiés    Il résulte de ce vocabulaire une impression de mystère chez les non-initiés, alors que l'usage du symbolisme est inévitable, et consubstantiel avec l'expression parlée ou écrite de la spiritualité.

     

  • Le Suprématisme Russe - Kasimir Malevitch

    Pour Malevitch, l'art est un processus amenant la sensation (c’est-à-dire le rapport de l'artiste au monde) à se concrétiser en œuvre, grâce à un module formateur étranger au support, l'« élément additionnel », qui structure la masse picturale ou les matériaux. Il introduit ce concept d'élément additionnel dans ses écrits des années 1920, ainsi que dans son enseignement

    Pour les suprématistes, l'espace dépasse la représentation en trois dimensions et s'inspire des théories géométriques de la quatrième dimension. Cette forme d'espace est conçue de plusieurs couches de dimensions au travers desquelles les formes évoluent. Dans l'œuvre de Malevitch, la quatrième dimension fusionne le temps et l'espace. Ces deux éléments permettent aux formes d'évoluer librement. Les formes sont fixes dans les trois premières dimensions mais elles se trouvent activées au travers de la quatrième dimension.

    Le sujet d'une œuvre suprématiste est la capture d'un moment de l'évolution des formes dans les dimensions.

    Malevitch représente dans ses œuvres un univers infini en blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des formes géométriques. Malevitch remet la responsabilité au spectateur pour la compréhension de ses compositions. Pourquoi «suprématisme» ? - Parce que l'artiste pose en principe la suprématie du sentiment pur qui trouve un équivalent dans la forme pure, dégagée de toute signification symbolique ou rationnelle.

    C'est sur la conception du rapport de l'art pur à l'art appliqué que Malevitch se différencie des constructivistes