(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 1

Les sources menant à Plutarque

Définition contemporaine du terme « labyrinthe » : ce terme désigne, au sens propre comme au sens figuré, tout réseau compliqué de pièces ou de galeries intérieures dont l’agencement est déroutant à tel point qu’on éprouve de la difficulté à retrouver son chemin (Cl. Obsomer).

Pour les hommes d’aujourd’hui, un labyrinthe s’assimile donc au lieu, construit par Dédale, où Thésée affronta le Minotaure.

On sera dès lors surpris d’apprendre que la première attestation (en grec) du terme labyrinthe ne s’applique pas à la Crète, mais à l’Égypte.

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Hérodote

(484-430)

« Rendus à la liberté après le règne du prêtre d’Héphaïstos, les Égyptiens – car ils étaient incapables de vivre jamais sans roi – établirent douze rois, divisant l’Égypte entière en douze parties. Ceux-ci […] décidèrent de laisser un monument (mnèmosuna) en commun : l’ayant décidé, ils se firent un Labyrinthe (laburinthos), situé un peu au-dessus du lac de Moeris, quelque part aux environs de la ville dite des Crocodiles. Je l’ai vu : il est plus grand que ce qu’on peut dire ».

Hdt, II, 147,2-148, 1 [passim]

Séthôs = Chabataka (?)

XXVe dynastie

(712-664 a.C.n.)

Amenemhat III

XIIe dynastie

(1991-1785 a.C.n.)

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Hérodote

(484-420)

« Ainsi donc les pyramides étaient plus grandes que ce qu’on pouvait dire, et chacune d’elles était comparable à de nombreux ouvrages des Grecs. Eh bien, le Labyrinthe surpasse même les pyramides ».

Hdt, II, 148, 3 [passim]

Éphèse

Samos

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Hérodote

(484-420)

Douze « aulai » couvertes

Trois mille (!) salles dont la moitié souterraines

Hérodote n’aurait vu que celles situées en surface

Diodore de Sicile

(90-20 a.C.n.)

Gagne l’Égypte en 59 a.C.n. (Ptolémée Aulète)

Rend du « monument des 12 rois » (qu’il n’a sans doute pas visité) une description différente de celle d’Hérodote

Ailleurs le « labyrinthe » est lié à d’autres rois : édifices multiples ou sources différentes ?

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Diodore de Sicile

(90-20 a.C.n.)

« (les douze rois) ayant gouverné quinze ans conformément aux serments et aux accords, ils projetèrent de se faire construire un tombeau commun […], ils s’efforcèrent de surpasser tous leurs prédécesseurs par l’ampleur des travaux. En effet, ayant choisi un site près de l’entrée menant au lac de Moeris en Lybie, ils construisirent un tombeau avec les plus belles pierres…  ».

Diod., I, 66, 2-3 [passim]

« (le roi Mendès ou Marrhos) se fit construire comme tombe ce qu’on nomme le Labyrinthe, qui est remarquable moins pour sa grandeur que pour son inimitable qualité de construction ; en effet, celui qui y entre ne peut facilement trouver son chemin, s’il ne rencontre quelque guide parfaitement expérimenté ».

Diod., I, 61, 2

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Diodore de Sicile

(90-20 a.C.n.)

« Certains disent que même Dédale parcourant l’Égypte et s’émerveillant de l’art qu’il y avait dans cet ouvrage, fit construire pour le roi de Crète Minos un labyrinthe semblable à celui d’Égypte, dans lequel se trouvait, raconte-t-on, celui qui était appelé le minotaure ».

Diod., I, 61, 3

« Mais celui de Crète a totalement disparu, soit qu’un dynaste l’a détruit de fond en comble, soit que le temps a endommagé l’ouvrage ; celui d’Égypte a conservé intacte sa structure entière jusqu’à notre époque ».

Diod., I, 61, 4

« On dit que Dédale copia le schéma du Labyrinthe qui a survécu jusqu’à notre époque, construit selon certains, par Mendès, selon d’autres, par le roi Marrhos beaucoup d’années avant le règne de Minos ».

Diod., I, 97, 5

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Strabon

(63a.C.n.-21 p.C.n.)

« En plus de cela, il y a l’édifice du Labyrinthe, d’une réalisation presque égale aux pyramides et, tout près, le tombeau du roi qui fit constuire le Labyrinthe ».

Strab., XVII, I, 37 (C 811)

« Devant les entrées se trouvent de grandes et nombreuses cryptes qui communiquent entre elles par des chemins tortueux, de sorte que le passage et la sortie vers chaque ‘aulè’ est impossible à quelqu’un qui n’a pas de guide ».

Strab., XVII, I, 37 (C 811)

« À l’extrémité de ce bâtiment […] se trouve le tombeau […]. Celui qui y est enterré a pour nom Ismandès (= Memnon ?) ».

Strab., XVII, I, 37 (C 811)

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Strabon

(63a.C.n.-21 p.C.n.)

« Au-dessus de celle-ci (= la ville d’Arsinoé dite auparavant ‘ville des crocodiles’), Abydos, où il y a le Memnonium, palais étonnamment construit de pierre solide, de la même facture que le Labyrinthe dont nous avons parlé, mais pas multiple…».

Strab., XVII, I, 42 (C 813)

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Pline l’Ancien

(23 p.C.n.-79 p.C.n.) « Demeurent les vestiges de plusieurs pyramides inachevées. L’une se trouve dans le nome d’Arsinoé, deux dans celui de Memphis, non loin du Labyrinthe dont nous parlerons également, deux là aussi où se trouvait le lac de Moeris…».

Plin. NH, XXXVI, 76

« Parlons aussi des labyrinthes, catégorie d’ouvrages les plus prodigieux où l’homme ait épuisé ses ressources et dont l’existence n’est pas, comme on pourrait le croire, irréelle. Il en existe un encore aujourd’hui en Égypte […] celui-là même qui fut construit le premier, il y a, selon la tradition, 3500 ans, par le roi Pétésouchos ou par Tithoès, bien qu’Hérodote prétende que l’édifice tout entier soit l’œuvre de 12 rois, dont le dernier serait Psammétique ».

Plin. NH, XXXVI, 84

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« On interprète de différentes façons les causes de sa construction. Démotélès pense que ce fut le tombeau royal de Motéris, Lycéas que ce fut le tombeau de Moeris, beaucoup qu’il s’agit d’un ouvrage consacré au Soleil, et c’est là l’opinion la plus courante ».

Plin. NH, XXXVI, 84

Pline l’Ancien

(23 p.C.n.-79 p.C.n.)

« De toute façon, il n’est pas douteux que Dédale n’ait pris là le modèle qu’il fit en Crète, mais il ne le reproduisit que réduit au centième, réédition dans laquelle inextricables sont les détours, les allers et les retours des chemins…».

Plin. NH, XXXVI, 85

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« Apion, surnommé Plistonicès, a dans un écrit récent laissé ceci : il y a encore aujourd’hui dans le Labyrinthe d’Égypte un Sérapis colossal, en émeraude, de neuf coudées ».

Plin., NH, XXXVII, 75

« Après le labyrinthe égyptien, [le Labyrinthe crétois] fut le second en date, le troisième fut celui de Lemnos, le quatrième celui d’Italie, tous couverts par des voûtes en pierre polie ».

Plin., NH, XXXVI, 86

Pline l’Ancien

(23 p.C.n.-79 p.C.n.)

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Pomponius Mela

(floruit 44 p.C.n.)

« Le Labyrinthe […] contient mille habitations et douze palais dans l’enceinte d’une muraille connue ; édifié en marbre, on ne peut y descendre que par un seul accès, tandis qu’à l’intérieur il comprend une quantité presque innombrable de voies qui s’égarent par la multitude de leurs sinuosités qui vont et reviennent sur elles-mêmes…».

Pomp. Mel., I, 9, 56

« […] ce labyrinthe, avec ses voies qui toujours décrivent un nouveau cercle autour des précédents et avec l’amplitude toujours égale de chacune de ses courbes, présente un vaste lacis enchevêtré et qu’on peut cependant démêler ».

Pomp. Mel., I, 9, 56

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Haouara

Petrie (1889)

Petrie

(1912)