Les simpsons, étude d'un phénomène culturel populaire occidental

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Les Simpsons, Étude d’un phénomène culturel populaire occidental « Des pièces comiques se dégagent, sinon une leçon, du moins une impression 1 », cette phrase semble rappeler de façon très juste l’intérêt de toute recherche dans le domaine de l’histoire du rire et de la dérision. L’étude de la comédie de Molière a suscité en l’auteur de ces lignes la tentation d’un rapprochement avec une sorte de comédie plus contemporaine, la fameuse série télévisée Les Simpsons, l’histoire de la vie d’une famille de la classe moyenne vivant dans la ville de Springfield. Tandis que Molière, reprenant les personnages de la Commedia dell’arte, a écrit ses pièces de théâtre dans le but d’amuser les spectateurs par des traits de caractères grossis mais bien présents dans la société, Les Simpsons jouent sur une exubérance et une exagération qui suscitent le rire chez beaucoup de nos contemporains. Le parallèle entre les deux œuvres peut paraître audacieux, Matt Groening (réalisateur de la série américaine) n’ayant certainement jamais été encore comparé à Jean -Baptiste Poquelin. Et, certes, il y a de l’audace dans notre propos. Cependant, l’objet de cette étude n’est pas d’attribuer le Molière du meilleur auteur à Matt Groening mais de cerner en quoi la série se situe dans un long héritage d’art humoristique dont le but est la dénonciation de certains traits de caractère et des travers de la société via la dérision. Nous avons choisi Les Simpsons non seulement par goût personnel pour la série mais en outre parce que celle-ci, créée en 1989 et comportant maintenant 26 saisons d’une vingtaine d’épisodes chacune, constitue un véritable phénomène de société, que ce soit en Amérique ou en Europe. Sa longévité exceptionnelle (il s’agit de la sitcom ayant battu le record de longévité dans la catégorie) et sa popularité, à la fois dans la classe moyenne et dans les grands milieux intellectuels, interrogent, de droit, sur l’origine d’un tel phénomène. Notre étude sera donc organisée d’après l’interrogation suivante : en quoi les Simpsons s’inscrivent-ils dans l’héritage de la commedia dell’arte et comment explique -t-on leur succès ? Notre argumentation reposera principalement sur des exemples concrets issus d’épisodes de la série (dont vous trouverez des résumés en annexe) et sera développée par trois différents axes de vue. La première partie concernera l’héritage des Simpsons envers la Commedia dell’arte au travers de plusieurs personnages dont les caractéristiques sont flagrantes. Il s’agira ensuite de relever la critique sous-jacente (voire même clairement assumée) de la société occidentale 1 Cf ; BRUYELLE, Roland, Les personnages de la comédie de Molière, Debresse, 1946, p. 13

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« Des pièces comiques se dégagent, sinon une leçon, du moins une impression », cette phrase semble rappeler de façon très juste l’intérêt de toute recherche dans le domaine de l’histoire du rire et de la dérision. L’étude de la comédie de Molière a suscité en l’auteur de ces lignes la tentation d’un rapprochement avec une sorte de comédie plus contemporaine, la fameuse série télévisée Les Simpsons, l’histoire de la vie d’une famille de la classe moyenne vivant dans la ville de Springfield. Tandis que Molière, reprenant les personnages de la Commedia dell’arte, a écrit ses pièces de théâtre dans le but d’amuser les spectateurs par des traits de caractères grossis mais bien présents dans la société, Les Simpsons jouent sur une exubérance et une exagération qui suscitent le rire chez beaucoup de nos contemporains. Le parallèle entre les deux oeuvres peut paraître audacieux, Matt Groening (réalisateur de la série américaine) n’ayant certainement jamais été encore comparé à Jean-Baptiste Poquelin. Et, certes, il y a de l’audace dans notre propos. Cependant, l’objet de cette étude n’est pas d’attribuer le Molière du meilleur auteur à Matt Groening mais de cerner en quoi la série se situe dans un long héritage d’art humoristique dont le but est la dénonciation de certains traits de caractère et des travers de la société via la dérision.

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Les Simpsons,

Étude d’un phénomène culturel populaire occidental

« Des pièces comiques se dégagent, sinon une leçon, du moins une impression1 »,

cette phrase semble rappeler de façon très juste l’intérêt de toute recherche dans le domaine de

l’histoire du rire et de la dérision. L’étude de la comédie de Molière a suscité en l’auteur de

ces lignes la tentation d’un rapprochement avec une sorte de comédie plus contemporaine, la

fameuse série télévisée Les Simpsons, l’histoire de la vie d’une famille de la classe moyenne

vivant dans la ville de Springfield. Tandis que Molière, reprenant les personnages de la

Commedia dell’arte, a écrit ses pièces de théâtre dans le but d’amuser les spectateurs par des

traits de caractères grossis mais bien présents dans la société, Les Simpsons jouent sur une

exubérance et une exagération qui suscitent le rire chez beaucoup de nos contemporains. Le

parallèle entre les deux œuvres peut paraître audacieux, Matt Groening (réalisateur de la série

américaine) n’ayant certainement jamais été encore comparé à Jean-Baptiste Poquelin. Et,

certes, il y a de l’audace dans notre propos. Cependant, l’objet de cette étude n’est pas

d’attribuer le Molière du meilleur auteur à Matt Groening mais de cerner en quoi la série se

situe dans un long héritage d’art humoristique dont le but est la dénonciation de certains traits

de caractère et des travers de la société via la dérision.

Nous avons choisi Les Simpsons non seulement par goût personnel pour la série mais

en outre parce que celle-ci, créée en 1989 et comportant maintenant 26 saisons d’une

vingtaine d’épisodes chacune, constitue un véritable phénomène de société, que ce soit en

Amérique ou en Europe. Sa longévité exceptionnelle (il s’agit de la sitcom ayant battu le

record de longévité dans la catégorie) et sa popularité, à la fois dans la classe moyenne et dans

les grands milieux intellectuels, interrogent, de droit, sur l’origine d’un tel phénomène.

Notre étude sera donc organisée d’après l’interrogation suivante : en quoi les

Simpsons s’inscrivent-ils dans l’héritage de la commedia dell’arte et comment explique-t-on

leur succès ?

Notre argumentation reposera principalement sur des exemples concrets issus d’épisodes de la

série (dont vous trouverez des résumés en annexe) et sera développée par trois différents axes

de vue. La première partie concernera l’héritage des Simpsons envers la Commedia dell’arte

au travers de plusieurs personnages dont les caractéristiques sont flagrantes. Il s’agira ensuite

de relever la critique sous-jacente (voire même clairement assumée) de la société occidentale

1 Cf ; BRUYELLE, Roland, Les personnages de la comédie de Molière, Debresse, 1946, p. 13

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en général, et nord-américaine en particulier. Enfin, nous tenterons de discerner le message

moral ou philosophique présent dans la série.

Le personnage principal de la série Les Simpsons est sans conteste le père de famille,

Homer. Si son histoire avait été écrite au XVIIè siècle, Homer se serait appelé Arlequin. C’est

en effet avec ce personnage de la Commedia dell’arte que nous retrouvons le plus de

similitudes chez le chef de la famille Simpson. Arlequin, employé dans beaucoup de pièces,

est un personnage indispensable à la Commedia dell’arte. Sa fonction est celle d’un valet

comique caractérisé par sa bouffonnerie, son manque d’intelligence, sa gourmandise non

contenue, sa crédulité et sa paresse. Il n’est pas vicieux ou volontairement méchant, mais

surtout faible quant à ses désirs immédiats. C’est ainsi qu’il peut faire preuve d’ingéniosité

quand il s’agit de se nourrir ou de boire. Il est d’ailleurs souvent représenté une bouteille à la

main pour signifier au spectateur que ses paroles n’ont pas grand intérêt. En cela, Homer

Simpson semble être une copie conforme de l’Arlequin classique : père de famille de la classe

moyenne, il travaille dans une centrale atomique où ses principales occupations sont de

dormir et de manger des donuts. Le sens de sa vie, une fois le travail fini, tourne autour de sa

chère bière Duff et des programmes télévisés, au détriment de sa famille. Homer, comme

Arlequin, n’est pas un méchant, il est un faible, la parfaite caricature de l’homme adhérent

totalement à la société de consommation de masse et réfléchissant peu. Dans Le Safari des

Simpsons2, alors qu’il n’y a plus rien à manger dans la maison (car Homer a déclenché une

grève chez les remplisseurs de sacs du supermarché de la ville), le chien de la famille,

Petitpapanoël, trouve dans le grenier une vieille boite de gâteaux des années 1960, Homer les

engloutit sans hésitation. En retrouvant cette vieille boite de gâteaux, Homer tombe sur un

billet gagnant du fabricant desdits gâteaux et remporte un voyage en Afrique. Sa réaction

laisse sa famille sans voix mais le spectateur le sourire aux lèvres (malgré le cynisme de la

réplique) : « En Afrique ? On doit pas mourir de faim là-bas ! » Plus loin dans l’épisode, c’est

la stupidité d’Homer qui ressort : tandis que Bart a énervé un hippopotame qui leur court

après, Homer se réfugie dans la rivière car, selon lui, les hippopotames « ont peur de l’eau ! ».

Dans un autre épisode, Homer l’hérétique3, notre Arlequin contemporain décide de ne pas

suivre toute sa famille qui se rend, comme chaque dimanche, à l’office dans la « Première

Eglise de la Ville. » Marge part furieuse avec les enfants et reproche à Homer de leur donner

un mauvais exemple. Loin de culpabiliser, le déserteur du dimanche reste affalé dans son lit,

et gémit de tristesse quand il faut se lever pour aller aux toilettes alors qu’il veut seulement

2 Saison 12, épisode 17 3 Saison 4, épisode 3

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rester coucher à ne rien faire. Dans un autre épisode, Mobile Homer4, c’est le consommateur

irréfléchi qui est visé à travers Homer. Tandis que Marge fait beaucoup d’efforts pour mettre

de l’argent de coté et pouvoir lui prendre une assurance vie, Homer prend toutes les

économies et les dépense dans un camping car dernier modèle qu’il installe dans le jardin et

n’utilise pas. Marge, à l’image de toute mère de famille raisonnable, est en colère de cet achat

impulsif et inutile, mais Homer campe sur ses positions et il faut que le camping car soit

détruit pour qu’il se réconcilie sans encombre avec son épouse.

Voici donc le personnage de Homer : gourmand à l’excès (malgré les risques de crise

cardiaque, Cf. Oh la crise… cardiaque !5), paresseux sans complexe, consommateur irréfléchi

négligeant sa famille et un brin alcoolique. Il incarne la bêtise humaine et l’immodération,

mais il nous est sympathique car, finalement, il n’est que victime de sa faiblesse et de la

société de consommation, pas vraiment méchant.

Le père d’Homer, Abraham, peut également être assimilé à un personnage classique de

la Commedia dell’arte, à savoir Cassandre. Cassandre est la représentation du vieillard

ridicule et malmené par son entourage, il est destiné à être bafoué dans les pièces bouffonnes

d’origine italienne. De la même manière, Abraham est vieux, sa vieillesse est même souvent

caricaturée, et il est souvent sénile. Ignoré par Homer, la famille ne l’accueille que quand elle

a besoin de lui ou ne peut pas faire autrement. Pourtant, les Simpsons aiment leur grand-père,

mais de loin, comme beaucoup de familles de nos sociétés occidentales qui préfèrent

désormais placer leurs aînés en maison de retraite, profiter de la vie et consommer. Abraham

étant un personnage secondaire, plus victime du comportement des autres à son égard

qu’acteur, un seul exemple suffira à l’illustrer : dans l’épisode Touche pas à mon rein6, la

famille part en voiture vers une ville fantôme devenue centre d’attraction. Quand ils passent

devant la maison de retraite où vit le grand-père, la voiture tombe en panne. Le grand-père,

dont c’est l’anniversaire, pense que sa famille est venue lui rendre visite à cette occasion. Il

s’approche donc tout heureux vers la voiture qu’Homer tente de faire redémarrer, en vain.

Finalement, la famille se résout à emmener Abraham dans cette ville fantôme. En revenant à

Springfield après leur sortie, Abraham est pris d’un besoin pressant en voiture. Homer refuse

catégoriquement de s’arrêter bien qu’il reste encore deux heures de route. Finalement,

Abraham ne supporte pas toute cette attente et ses reins explosent. Pour être sauvé, il doit

subir une greffe, Homer est compatible mais se sauve pour ne pas donner un rein à son père.

L’épisode se termine bien car Homer accepte de donner un rein à Abraham. Mais nous

4 Saison 16, épisode 13 5 Saison 4, épisode 11 6 Saison 10, épisode 8

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voyons comment Abraham est vu comme un encombrement par sa famille, en quoi est

ridicule et malmené par son entourage, tel Cassandre.

Le troisième exemple qui peut rejoindre la Commedia dell’arte est le chef Wiggum,

chef de la police de Springfield. Nous l’avons identifié au Capitan, parodie de l’héroïsme

militaire, dont le caractère est vantard mais lâche. Wiggum ajoute à ces défauts son

incompétence totale, son manque de motivation et sa tendance à céder à la corruption. Dans

un épisode particulièrement célèbre, Qui a tiré sur M. Burns ?7, Wiggum est censé mener

l’enquête. C’est cependant Lisa Simpson qui le guide. Quand le présentateur du journal

télévisé de Springfield veut l’interroger en direct, Wiggum est en train de manger un donut

(dont il est également friand) et assure que ses hommes mènent l’enquête et interrogent des

suspects, qui s’avèrent être la petite Maggie (bébé éternellement muet des Simpsons) et le

chien Petitpapanoël. Wiggum est un personnage très secondaire dont la drôlerie réside dans le

fait qu’il est totalement inutile malgré ses fonctions importantes.

Le dernier exemple que nous voulons exposer ici concerne le personnage de

Montgomery Burns, que l’on peut sans difficulté assimiler au Harpagon de Molière (bien que

ce personnage ne soit pas issu directement de la Commedia dell’arte). Harpagon, riche veuf

pingre, ne pense qu’à son argent au détriment du bien de ses plus proches. Il n’est pas heureux

dans l’Avare car totalement possédé par sa précieuse cassette, qui est comme l’amour de sa

vie. Monsieur Burns, quant à lui, est l’un des plus vieux habitants de Springfield (d’un

épisode à l’autre, il a plus ou moins de 100 ans), il possède la centrale nucléaire.

Contrairement à Harpagon, il n’a jamais été marié (bien qu’il ait eu des amours de jeunesse et

puisse parfois encore être épris d’une femme), mais rejoint l’avare dans le fait qu’au moment

où on le rencontre, il est tout seul. La différence principale entre Harpagon et Burns est que,

quand le premier fait preuve de la plus parfaite pingrerie et ne dépense rien, même pour lui,

Burns se montre très généreux envers lui-même (mais pas plus envers les autres que l’Avare

de Molière.) Ainsi, les rares fois où il accueille ses employés chez lui pour une réception, M.

Burns leur demande tout de même d’apporter quelque chose à manger (alors qu’il est

milliardaire), comme dans Simpsonothérapie8. Cet épisode commence par une réception chez

Burns. Quand Burns est lassé de la présence de ses employés et de leur famille, il les renvoie

et les prévient qu’ils ont cinq minutes pour partir avant que les chiens ne soient lâchés. Tel est

M. Burns, l’Avare de Springfield.

7 Saison 6, épisode 25 et saison 7, épisode 1 8 Saison 1, épisode 4

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Le personnage de Montgomery Burns nous permet de nous pencher maintenant sur la

dimension de dérision que la série applique à la société réelle. Laissons de coté la Commedia

dell’arte mais poursuivons avec le patron de la centrale nucléaire. Burns, outre son visage

d’Harpagon, personnifie également le capitalisme véreux, l’excès du libéralisme, et fait

réfléchir sur son intérêt. Le seul but de M. Burns est le profit, il ne vit que pour être le premier

en richesse. A Springfield, il est tout puissant, il n’y a rien pour contrebalancer sa quête de

pouvoir : il n’a pas de morale et il n’y a pas de système social pour le stopper. C’est ce dernier

point qui semble faire la critique de la société contemporaine, en particulier aux Etats-Unis.

Dans Grève à la centrale9, Burns décide de se venger des syndicats que, bien sûr, il méprise :

il supprime donc la mutuelle dentaire. Il se trouve qu’au même moment Lisa a besoin d’un

appareil dentaire. Homer prend donc les choses en mains et devient le président du syndicat

de la centrale, qui part en grève. Après des pressions et une lutte acharnée entre les deux

parties, Burns accepte de redonner la mutuelle dentaire à condition qu’Homer démissionne.

C’est seulement parce que la centrale ne pouvait plus tourner et que son profit était en danger

que Burns a fait machine arrière. Mais comme il s’ennuie facilement de tout ce qu’il a et que,

finalement, sa vie est vide, Burns cherche toujours à combler ce vide avec de nouveaux

challenges, en s’appropriant toujours plus de pouvoir économique sur les autres. C’est ainsi

que dans Qui a tiré sur M. Burns ?, il est furieux que l’école primaire de la ville profite de la

nappe de pétrole sur laquelle elle est construite et il fait construire un énorme puits de pétrole

pour court-circuiter celui de l’école, qui est en faillite car elle n’a pas rentabilisé la

construction de son propre puits. Dans le même épisode, il invente un panneau géant qui lui

permet de bloquer les rayons du soleil et de plonger Springfield dans l’obscurité totale, il est

en effet scandalisé que les gens ne payent pas pour l’éclairage du soleil. La ville devient

désormais dépendante de lui en tout puisqu’il faut sans cesse allumer les radiateurs et

l’éclairage. C’est ainsi que Montgomery Burns incarne le libéralisme sauvage qui permet aux

plus riches d’exploiter sans cesse les plus modestes par le pouvoir de l’argent, sans barrière

juridique. La démonstration des Simpsons est excessive mais dénonce sans le moindre doute

le libéralisme américain, ainsi que la faiblesse de la couverture sociale aux Etats-Unis, de

nombreux exemples dans la série faisant état de problèmes de santé chez les employés de la

centrale, qui ne peuvent se soigner faute de mutuelle prise en charge par M. Burns.

Autre travers de la société américaine qui est dénoncé dans la série : la société de

consommation de masse. Nous en avons déjà fait mention avec Homer et c’est vers lui que

nous nous tournons de nouveau pour approfondir cette question. Homer, incarnation de la

bêtise mais aussi illustration (peu gratifiante) de l’homme américain moyen, profite de la vie

9 Saison 4, épisode 17

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sans se soucier des autres. Il ne tient pas compte de la raison, il est repu dans son

matérialisme, et les petits plaisirs de la société de consommation font tout le sens de son

existence. Homer ne cherche pas à réfléchir plus que ce qui lui est imposé, sa principale

source de réflexion étant, bien sûr, la télévision. Dans Simpsonothérapie, alors qu’il cherche

une solution aux problèmes relationnels dans sa famille, il a soudain une révélation et décide

de ne plus boire : « Quand est-ce que je serai raisonnable ? Les réponses aux grands

problèmes de la vie ne se trouvent pas au fond d’une bouteille… elles se trouvent à la télé ! »

Et dans Le safari des Simpsons, il ferait bondir d’indignation toute personne ayant un

minimum de sensibilité écologique lorsque, pour justifier le braconnage, il dit que les

braconniers permettent de maintenir l’équilibre de la nature, la nature étant ici sans

importance puisque le principal pour lui est de pouvoir continuer à manger des donuts et boire

des bières Duff sans modération. Mais si Homer est un exemple flagrant, nous constatons en

fait que tous les personnages, même intelligents, sont victimes de la société de consommation

et d’irréflexion. A la fin de l’épisode Un coup de pied aux cultes10

, tandis que la famille s’est

sortie d’une secte, les Simpsons se retrouvent devant la télévision. Lisa se dit heureuse de

repenser par elle-même. C’est alors que la publicité se termine et l’émission annonce « Vous

regardez la Fox. », la famille répète d’une seule voix, comme hypnotisée, « Nous regardons la

Fox », comme si cette chaine américaine d’obédience républicaine était un moyen de

contrôler les masses.

A ce manque de réflexion quasi-total d’Homer, on retrouve l’opposition de sa fille

Lisa, la petite intellectuelle de la famille, de l’école et même carrément de la ville entière. Lisa

est un personnage intéressant dans le sens où elle est plutôt ambivalente : la frontière entre

l’éloge de l’intelligence de Lisa face à son père et la dérision de l’intellectualisme est très fine.

Ainsi, dans Qui a tiré sur M. Burns ?, c’est bel et bien Lisa qui remplit le rôle d’enquêteur et

qui guide mystiquement le chef Wiggum dans un songe pour la recherche d’indices. La

première fille des Simpsons a tendance à vivre mal sa vie d’intellectuelle dans un

environnement abrutissant. On constate une tendance à la dépression dans St Lisa Blues11

,

épisode dans lequel elle ne mange plus, ne sourit plus, ne s’amuse plus, elle se laisse tirer

dessus lors d’une partie de balle au prisonnier. Elle ne trouve son épanouissement que dans la

pratique du saxophone de jazz, domaine dans lequel elle excelle (comme dans beaucoup

d’autres.) Dans cet épisode, elle rencontre un autre joueur de jazz, Gencives Sanglantes, avec

qui elle sympathise et qui lui remonte le moral. C’est dans ce même épisode qu’un gros

incendie ravage Springfield et détruit tous les centres culturels de la vie, comme un symbole

10 Saison 9, épisode 13 11 Saison 1, épisode 6

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de la victoire des forces sauvages sur la vie intellectuelle. Il est intéressant de noter que, tandis

que la culture de Springfield s’envole en fumée au moment où Lisa déprime, Homer s’en

moque jusqu’au moment où il apprend la destruction du « bowlingorama », « Oh Seigneur,

mais qu’est-ce qu’on va devenir ? » dit-il en gémissant. Cependant, la série nous présente

également les mauvais cotés d’une élite intellectuelle trop idéaliste ou sombrant dans

l’orgueil. Deux exemples illustrent cette dérision : le premier, Ne lui jetez pas la première

bière12

, est un épisode dans lequel l’école organise un concours scientifique pour les élèves.

Lisa a créé une tomate géante anabolisée pour réduire le problème de la fin dans le monde.

Mais son grand frère Bart, ne résistant jamais à la tentation, s’empare de la tomate et la

balance sur le principal de l’école, Skinner, avant le concours, réduisant totalement les

chances de gagner pour Lisa. Après un moment de colère, elle décide de se reprendre et

trouve un nouveau sujet d’expérimentation scientifique, dont le thème est très clair : « Mon

frère est-il plus bête qu’un hamster ? » Son étude est composée de plusieurs expériences : elle

place une pâtisserie en hauteur dans la cage de l’animal, il parvient à la prendre en utilisant

des morceaux de bois sur lesquels il monte. Elle place ensuite une pâtisserie en haut d’une

étagère, Bart s’agrippe à l’étagère pour récupérer la pâtisserie, il renverse l’étagère qui lui

tombe dessus, Lisa jubile en disant « Le hamster 1, Bart 0. » Plus loin, Lisa électrifie des

friandises ; au premier coup d’électricité, le hamster ne s’approche plus de la friandise. Bart,

quant à lui, persévère mais n’arrive pas à s’emparer de la nourriture et ne cherche pas à savoir

où est la source électrique, « Le hamster 2, Bart 0. » Lisa peut donc se révéler cruelle par son

intelligence et utiliser les autres êtres humains comme cobayes d’expérience, au même titre

qu’un hamster. On voit poindre ici, de façon comique et dérisoire, la dérive d’une science

sans morale qui devient sa propre fin et réduit l’humanité au rang de sujet d’expérience.

Mais Lisa a tout de même des principes de haute envergure : elle est écologiste, végétarienne,

bouddhiste, féministe… Dans Lisa s’en va-t-en guerre13

, elle est ainsi révoltée par le nouveau

modèle de la célèbre poupée Malibu Stacy, qui est parlante et ne sort que des répliques

sexistes du type « Allons acheter du maquillage pour plaire aux garçons. » Lisa va donc chez

le fabricant puis retrouve la piste de la créatrice de cette ligne de poupée, qui ne travaille plus

depuis des années. Elle la convainc de créer une nouvelle poupée intelligente, aux idées de

Lisa. C’est la petite fille elle-même qui fait l’enregistrement des répliques du jouet : « ‘Quand

je me marierai, je garderai mon nom de jeune fille’, Non, il vaudrait mieux que je dise ‘Si je

décide de me marier…’ » Nous voyons donc que, si la bêtise est caricaturée et dénoncée par

le personnage d’Homer, l’intellectualisme extrême est aussi mis en dérision par les excès de

Lisa dans le domaine. Lisa a des idéaux, ce qui est louable, mais son idéalisme est poussé à un

12 Saison 4, épisode 16 13 Saison 5, épisode 14

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point tel qu’il en devient ridicule. Elle manque également de réflexion morale sur ses propres

actions, mais Lisa n’est qu’une enfant de primaire, nous y reviendrons plus tard.

Comment parler de Lisa sans parler de Bart, son grand frère ? Bart, dans la digne

lignée des Simpsons mâles, est un spécialiste de la pitrerie et du manque de réflexion. Il se

distingue cependant de son père dans la mesure où il décide consciemment et librement de

faire des bêtises, alors que celles d’Homer ne sont que les dommages collatéraux de sa

recherche de nourriture, de boisson ou de sommeil. A travers Bart, la série peut dénoncer,

dans une certaine mesure, un manque d’autorité de la société envers sa jeunesse. Nous

entendons souvent des personnes d’un certain âge se plaindre qu’il n’y a « plus d’autorité » ou

« plus de politesse », et le fils aîné des Simpsons correspond parfaitement à ces accusations.

Le profil psychologique de Bart est celui d’un petit garçon qui a besoin d’aller à contre

courant de tout pour s’affirmer, c’est flagrant dans Lisa s’en va-t-en guerre : à la fin de

l’épisode, au moment de choisir un nom pour la nouvelle poupée, Bart pique une crise parce

que personne ne fait attention à ses bêtises, il trouve des noms injurieux à la poupée et

personne n’y accorde d’intérêt. Il en vient même à demander clairement à la famille de

l’écouter, « Je peux plus supporter ça, je peux plus ! Occupez-vous de moi s’il vous plait ! »

Nos sociétés contemporaines, qui ont tendance à tout psychologiser et donc tout excuser

(puisqu’un comportement n’est plus voulu par une personne mais procède de son inconscient

incontrôlé) sont moquées grâce à Bart, l’enfant intenable rarement puni (sauf en classe, le

générique de la série le montre d’ailleurs toujours en train d’écrire des phrases au tableau à

l’heure de la récréation.) L’épisode consacré à cette question est nommé Bart, enfant

modèle14

, il nous montre l’arrivée dans Springfield d’un psychologue non diplômé, le

« docteur » Goodman, qui vient faire des conférences sur sa méthode. Le « docteur » admire

Bart, qui s’exprime et fait ce qu’il veut sans réfléchir,

« Je fais ce que je veux !

-Tes parents ont fait un travail fantastique.

Ce garçon a un égo parfaitement développé

avec des limites parfaitement définies. »

A la suite de cette conférence, toute la ville décide d’adopter la méthode Goodman et chacun

fait ce qui lui plait : le présentateur du journal télévisé mange de la crème chantilly à

l’antenne, le pasteur Lovejoy ne prêche pas et tente de jouer The Entertainer (morceau de jazz

bien connu aux Etats-Unis) sur l’orgue de l’église, tous les élèves font les pitres en classe et

l’institutrice en rit… Bart est déprimé, Lisa lui explique l’origine de cette déprime : « Depuis

que ce psychologue est venu ici, tu as perdu ton identité. Tu as été happé par notre société

14 Saison 5, épisode 7

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klinex-fast food- biolight et compagnie. » Cet épisode dénonce donc l’anti-intellectualisme

américain porté à l’excès. La mentalité commune aux Etats-Unis (et même un peu en Europe)

est de dire que l’opinion d’un spécialiste dans son domaine ne vaut pas mieux que celle d’un

non-spécialiste. C’est ainsi que le « docteur » Goodman se vante de ne pas avoir de diplôme

mais de l’intuition. Tout le monde le suit et la pagaille s’ensuit. L’exagération de la logique

anti-intellectualiste et ultra démocratique entraîne donc l’anarchie à Springfield, cette critique

n’est pas nouvelle puisque Platon l’énonçait déjà au tournant des Vè et IV

è siècles av. J.-C.

dans La République.

La liste des critiques de la société, présentes par allusion et dérision dans Les

Simpsons, pourrait être bien plus longue, mais la longueur de cette étude étant limitée, nous

l’avons réduite aux exemples les plus flagrants et les plus présents quantitativement. Il n’en

demeure pas moins qu’aucun doute ne subsiste quant à l’utilisation de l’humour dans la série

pour critiquer les travers de la société. Il convient maintenant de se demander si Les Simpsons

véhiculent une morale particulière.

Ce qui fait la centralité de cette série est une famille, les Simpsons, qui demeure la

même tout au long des épisodes, sans changement depuis près d’un quart de siècle. Comme il

a été fait mention à plusieurs reprises du père et des enfants, il convient ici de s’attarder sur la

figure de Marge, la mère.

Marge est mère au foyer et remplit le rôle de tenir la maison, s’occuper des enfants et rattraper

toutes les bêtises de son mari. Il arrive que Marge trouve du travail, mais cela n’excède jamais

la durée d’un épisode. Quand elle est salariée (ou patronne d’entreprise) Marge accomplit son

rôle à la perfection et remporte toujours un grand succès. Mais la famille ne tient jamais bien

longtemps si elle ne s’y investit pas totalement et, d’ailleurs, bien qu’elle se plaigne parfois de

ne pas avoir de travail, Marge ne trouve réellement son bonheur qu’en s’occupant du foyer.

Dans ce sens, elle est l’archétype de la femme au foyer américaine des années 1950, elle est

aimante avec ses enfants, soutient son mari, garde la maison propre et ne recherche jamais

d’aventures extraconjugales bien que les occasions ne manquent pas (avec Moe en particulier,

le patron du bistro, qui fantasme sur elle depuis toujours.) Marge trouve son personnage

opposé dans la figure de Luann Van Houten, la mère de Milhouse, meilleur ami de Bart.

Tandis que Luann a décidé de divorcer, de devenir une femme libérée, d’avoir de nombreuses

aventures amoureuses, de troquer sa vieille robe pour des pantalons (le pantalon étant, comme

on le sait, un symbole de la libération de la femme), Marge reste fidèle à un mari qui laisse

pourtant beaucoup à désirer, elle demeure la mère au foyer dévouée toujours habillée en robe

longue. Marge est ainsi le pilier de la famille, et l’une ne peut pas vivre sans l’autre. Ses

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caractéristiques principales de mère au foyer sont mis en avant dans de nombreux épisodes :

dans Je crois en Marge15

, elle remplace ainsi le révérend Lovejoy à la permanence d’écoute

des personnes en détresse de l’église, et devient rapidement la référence pour régler tous les

problèmes. Dans Marge a trouvé un boulot16

, elle cumule son rôle de mère au foyer avec un

travail à la centrale nucléaire pour gagner de l’argent et payer les réparations des fondations

de la maison. Elle n’a pas de formation, mais Lisa l’incite quand même à noter toutes ses

attributions habituelles de femme au foyer dans son CV : chauffeur, cuisinier… Et dans

Mobile Homer, c’est elle qui prend l’initiative de faire des économies drastiques afin de

souscrire à une assurance vie pour son mari et d’assurer l’avenir de sa famille en cas de

drame. Comme pilier de famille, elle sait faire preuve d’autorité et elle est ainsi complètement

furieuse quand les économies en question sont dépensées par Homer dans un camping-car

qu’il gare dans le jardin et qu’il n’utilise pas. Mais Marge est avant tout aimante et modérée,

elle ne rentre jamais dans l’excès : croyante et pratiquante, attachée à Dieu, elle n’est

cependant pas aveugle comme son voisin Ned Flanders pour qui toutes les questions de la vie

trouvent une réponse sans discuter dans la religion protestante (du problème causé par

l’avalement accidentel d’un cure-dent au choix des céréales à manger le matin.) Il n’est pas

étonnant que le personnage de Marge soit un de ceux qui présente le plus de polémique dans

la critique télévisuelle : elle semble faire l’apologie de la mère au foyer issue de la société

traditionnelle, pas du tout dans la lignée de la libération de la femme et du féminisme

occidental actuel (contrairement à Lisa.)

Homer lui aussi présente de bons cotés et parfois même un certain courage (dans des

cas cependant tout à fait exceptionnels.) Malgré son incompétence, il aime sa famille. Il n’est

pas mauvais ou malveillant, il a seulement manqué d’une bonne éducation à Springfield,

ayant grandi sans sa mère, qui a quitté le foyer lorsqu’il était petit (on voit ici une nouvelle

fois l’importance de la présence maternelle dans les Simpsons.) Homer oublie par exemple

souvent le prénom ou même l’existence de sa deuxième fille, Maggie, mais le mur de son

atelier de bricolage est pourtant rempli de photos d’elle. Dans Simpsonothérapie, alors que sa

famille se porte mal, il va se réfugier au bar de Moe. C’est alors que Barney, l’ivrogne du

coin, tente de le réconforter en lui disant que le problème vient de ses enfants. Homer lui

donne un coup de poing dans la figure car il refuse d’entendre dire du mal de ses enfants.

Dans Maris et larmes17

, un épisode où Marge ouvre une chaine de clubs de fitness, Homer a

peur de perdre sa femme car elle devient connue et riche. Il commence donc à faire des efforts

15 Saison 8, épisode 22 16 Saison 4, épisode 7 17 Saison 19, épisode 7

Page 11: Les simpsons, étude d'un phénomène culturel populaire occidental

pour se montrer plus attirant et ne pas perdre Marge. Il veut faire de la chirurgie esthétique

pour elle mais elle l’arrête in extremis et lui assure qu’elle ne le quittera jamais. Dans Les

Simpsons, Le Film, alors qu’Homer provoque la destruction programmée de toute la ville,

Marge le quitte car elle ne peut supporter cette ultime bévue. Il fait tout son possible pour la

récupérer et devient même héroïque en détruisant les armes de destruction massive placées

par le gouvernement américain afin de détruire Springfield. C’est pourquoi Homer, bien

qu’abruti la plupart du temps, peut quand même faire preuve de courage et d’héroïcité lorsque

sa famille est en danger.

La famille est donc le centre de la série. Elle est vue ici comme cellule de base de la

société, protectrice envers chacun de ses membres face à un environnement décadent : Burns

qui profite de tout, Quimby le maire corrompu, le chef Wiggum qui est incapable de protéger

la ville… Il est difficile d’affirmer qu’une morale est présente dans Les Simpsons, tant il y a

de contre-exemples à chaque fois qu’une valeur est honorée. De plus, les réalisateurs et

scénaristes ne se donnent pas du tout comme but de défendre des valeurs morales, ils ne

cherchent qu’à faire rire et à dénoncer les travers de la société par la dérision. Mais il est clair

qu’au fil de toute la série, c’est la famille naturelle et traditionnelle qui est le centre de tout :

jamais rien ne change chez les Simpsons, quand un membre de la famille ne va pas bien, les

autres (même les plus égoïstes comme Homer ou vicieux comme Bart) tentent de l’aider.

Burns, l’homme riche, puissant et seul, est un contre-exemple qui confirme cette idée : bien

que possédant tout ce qu’il veut, il est malheureux car sans amis, sans famille, et il cherche

d’ailleurs parfois une compagne car il a conscience du vide de sa vie.

Mais l’idéal familial sous-jacent (et apparemment inconscient) dans la série ne s’explique pas

seulement par la morale. Il est nécessaire, pour que la série fonctionne, de maintenir ce qui en

fait tout son sens : que seraient Les Simpsons sans Homer, Marge, Bart, Lisa ou Maggie (dont

le mutisme est incontournable dans tous les épisodes) ? Il arrive que des personnages

disparaissent, mais ils sont toujours secondaires (Maude Flanders, la femme de Ned, tuée par

la faute d’Homer lors d’un match de baseball par exemple.) La famille Simpson doit en outre

être la caricature des familles qui la regardent, afin que celles-ci puissent s’identifier en elle.

Lisa l’intellectuelle reste ainsi une petite fille avec la mentalité de son âge et est une grande

fan du dessin animé Itchy et Scratchy, qu’elle regarde avec Bart, où un chat et une souris se

chamaillent sans cesse et finissent par se tuer de façon horrible.

Il est également nécessaire d’ajouter une dose de tendresse dans la série pour créer une sorte

de complicité entre ces personnages fictifs et les téléspectateurs qui regardent les épisodes

souvent en famille à l’heure du diner aux Etats-Unis (et qui peuvent se reconnaître dans l’un

ou l’autre des traits des personnages.) La tendresse est cependant à dose homéopathique car la

Page 12: Les simpsons, étude d'un phénomène culturel populaire occidental

série doit éviter de devenir trop morale, philosophique ou sentimentale si elle ne veut pas

décliner, c’est pourquoi la dérision est omniprésente et l’intrigue de la série repose sur les

éternelles disputes au sein de la famille.

Les Simpsons, ce phénomène sociétal occidental, n’est donc pas une simple sitcom

humoristique comme une autre dans le paysage télévisuel de nos pays. Après cette étude non

exhaustive, nous espérons ainsi avoir correctement illustré la sentence suivante : « c’est, sans

conteste, l’une des séries comiques les plus intelligentes et cultivées de la télévision

actuelle. »18

Nous aurions pu nous centrer uniquement sur les très nombreuses références à la

culture contemporaine (à la fois intellectuelle et populaire) qui sont présentes dans chaque

épisode et qui expliquent la popularité de la série, mais encore une fois la tentation aurait été

très grande de faire un travail bien plus long que celui demandé.

Nos réponses à la problématique de ce travail sont donc les suivantes : Les Simpsons

semblent effectivement se situer dans l’héritage d’art humoristique traditionnel de l’occident,

la Commedia dell’arte a été modernisée dans les personnages d’Homer, Abraham et bien

d’autres afin de mettre en dérision des défauts grossis pour les besoins de la série. Les

personnages et leurs travers sont également au service de la dénonciation de certains aspects

de la société : libéralisme, société de consommation, baisse de la culture générale… La série

est bel et bien une satire de la société en général, et de celle des Etats-Unis en particulier.

Cependant, elle semble faire l’éloge de la famille et de la morale traditionnelle, à travers des

exemples persistants (Marge, la femme au foyer comme pilier de la famille) et des contre –

exemples (Burns malheureux car riche et profiteur.) Les Simpsons ont su allier leur rôle de

série familiale (et abordable par tous) avec celui de satire de la société à travers une haute

dose d’humour et de dérision et d’une, plus réduite mais bien réelle et indispensable, de

philosophie et de tendresse. La plupart des familles américaines peuvent se retrouver dans des

références présentes dans le dessin animé ou dans les traits de tel ou tel personnage, qu’elles

s’approprient. C’est sans doute cela qui explique le succès des Simpsons en Amérique comme

en Europe depuis 1989, et pour certainement de nombreuses années encore.

K. Reungère-Geslin

18 IRVIN, William (dir), Les Simpsons, les secrets de la plus célèbre famille d’Amérique, Music & Entertainment Books, 2010, p. 14 (le titre original en anglais est plus significatif : The Simpsons and Philosophy.)

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Annexe

Résumés de certains épisodes

Le Safari des Simpsons, s. 12, é. 17

Dans un supermarché, Homer fait les courses avec Bart et Lisa car Marge est aux

urgences avec Maggie. Il achète n’importe quoi : bonbons, gâteaux, vin, sucreries, bière… au

lieu des asperges que Marge avait inscrites sur la liste. Homer est infect avec les remplisseurs

de sac, qui partent en grève. Ils reçoivent « le soutien de l’Union des Emballeurs et Déballeurs

de Fruits, de l’Union des Femmes de Ménage, et du Syndicat des Serveuses Non-sexies

d’Amérique. »

Il n’y a plus de nourriture chez les Simpsons, Petitpapanoël trouve dans le grenier une vieille

boite de gâteaux des années 1960 qu’Homer avale. Il tombe sur une statuette de girafe en or

qui devait lui faire gagner un voyage en Afrique. « En Afrique ? On doit pas mourir de faim

là-bas ! » Il va donc au siège de la compagnie qui produisait les gâteaux 30 ans plus tôt.

La compagnie refuse d’offrir le voyage 30 ans après, mais Homer est blessé par inadvertance

par l’un des directeurs, ils acceptent donc de le faire partir pour qu’il ne porte pas plainte.

Une fois arrivés, les Simpsons font preuve d’un manque de connaissance caricatural de

l’Afrique : Bart qui enferme les moustiques avec lui en mettant mal la moustiquaire, Homer

qui s’intéresse plus au compteur de la voiture qui « affiche pile 10 000km » qu’aux girafes et

éléphants qui passent à proximité ; Homer qui approuve les braconniers qui permettent selon

lui de maintenir l’équilibre de la nature, qui se réfugie dans la rivière pour échapper à un

hippopotame en colère car « ils ont peur de l’eau », qui attaque des indigènes qu’il pense

hostiles alors qu’ils sont en admiration devant lui ; Marge empêchant Homer de sauter dans

une rivière pleine de crocodiles…

Ils arrivent chez le Dr Bushwell, qui a un refuge de chimpanzés. Elle les accueille. Ils sont

attaqués par des braconniers qui sont en fait des militants Green Peace venus libérer les

singes. Le Dr Bushwell exploite les animaux dans une mine de diamants, son dossier de

recherche n’est rempli que de photos de singes dans des films (King Kong, La planète des

singes…) Ils sont sur le point de la faire enfermer mais repartent finalement en Amérique

avec plein de diamants.

Marge a trouvé un boulot, s. 4, é. 7

La maison des Simpsons penche, les fondations s’affaissent. Homer n’arrive pas à

réparer et il n’y a pas assez d’argent pour faire réparer. Marge a l’idée de travailler.

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La famille va à une soirée de départ en retraite à la centrale, M. Burns force M. Causette à

partir en retraite contre sa volonté, Marge veut le remplacer. Son CV est vide, Lisa le remplit

avec des noms de métiers qui se rapprochent du travail de mère au foyer (chauffeur,

cuisinier…)

Marge n’a pas d’expérience, contrairement à ce que dit son CV. On voit ensuite M. Burns

dans son bureau, avec la musique de la Marche Impériale de Star Wars. Burns surveille ses

employés, il admire Marge et la bichonne.

Marge a des idées pour remonter le moral des employés, M. Burns l’augmente et lui donne le

bureau de son bras droit, Smithers, qui devient homme de ménage. Homer est triste de ne pas

avoir de promotion alors que sa femme en a une. La maison peut ainsi être réparée.

M. Burns invite Marge à une soirée mais se met en colère quand il apprend qu’elle est mariée.

Il veut virer Marge, elle fait appel à un avocat raté qui s’enfuit devant les dix avocats au

service de Burns, « Les gens comme nous ne peuvent pas s’offrir la justice. » M. Burns laisse

Marge partir et offre la soirée qu’il avait prévue à elle et Homer.

Je crois en Marge, s. 8, é. 22

Bart et Lisa regardent en secret Itchy et Scratchy, leurs rires réveillent leurs parents.

Marge se lève pour l’office du dimanche, Homer reste couché. Tout le monde s’endort lors du

prêche du révérend Lovejoy, sauf Marge. Marge propose au pasteur de faire du bénévolat.

Homer, Bart et Lisa s’amusent à la chasse au trésir à la décharge tandis que Marge fait le

ménage à l’église. Le révérend reçoit un appel de Skinner (qui a des problèmes avec sa mère),

il lui répond seulement de lire la Bible.

Marge lui dit qu’il pourrait faire mieux. Il la laisse répondre aux appels : Moe appelle, elle le

réconforte rapidement, mieux que Lovejoy. Homer ne voit pas l’intérêt du bénévolat. Les

gens viennent de plus en plus demander conseil à Marge.

Le dimanche suivant, tout le monde va voir Marge à la sortie de l’église et personne ne va

voir le pasteur, il est triste et se demande pourquoi plus personne ne va le voir. La femme du

révérend appelle Marge pour lui demander comment lui remonter le moral. Les conseils de

Marge tournent mal, Ned appelle Marge en lui disant que des jeunes trainent devant son

magasin, elle lui dit de les chasser, ils le malmènent. Ned se retrouve hors de la ville,

poursuivi par les voyous. Marge en vient à demander conseil au révérend. Ils retrouvent

Flanders dans un zoo, dans la réserve des babouins. Lovejoy parvient à le libérer. Il dit que

Marge lui a rappelé qu’un pasteur doit être à l’écoute des autres.

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Homer l’hérétique, s. 4, é. 3

Homer, réveillé par Marge pour aller à l’église, refuse. Tandis que le reste de la

famille est à l’église, Homer se prélasse chez lui. A la fin de l’office, il fait très froid, c’est

l’hiver et il n’y a plus de chaudière. La porte est gelée, toute l’assemblée est enfermée. Lisa

commence à dire un Notre Père, Bart lui dit « Lisa, ce n’est ni le moment, ni l’endroit ! »

Sortie de l’église, la famille n’arrive pas à repartir, la voiture ne démarre pas. Homer regarde

un match de foot. Finalement, Marge et les enfants rentrent, Homer décrète qu’il n’ira plus à

l’église, Marge est furieuse. Marge prie Dieu de pardonner à Homer.

En dormant, Homer rêve que Dieu va le voir et lui reproche de ne plus aller à l’église, Homer

se plaint de Lovejoy, Dieu acquiesce et l’autorise à ne plus pratiquer. Marge invite Lovejoy à

diner pour convertir Homer, qui parle de son songe.

Homer décrète qu’il ne va pas au travail sous prétexte d’une fête religieuse de son invention,

les Flanders le harcèlent. Les enfants commencent à ne plus vouloir aller à l’église, comme

leur père. Marge : « Je t’en prie Homer, ne m’oblige pas à choisir entre mon mari et mon

Dieu, parce que tu ne gagneras pas. » Marge retourne à l’église avec les enfants, Homer reste

devant la télé. Le pasteur dénonce le diable qui incite à ne plus aller à l’église. Homer s’endort

et provoque un incendie avec un cigare. Ned sort Homer de la maison malgré les risques, « Tu

aurais fait pareil pour moi. » La maison est en mauvais état. Homer croit que c’est une

vengeance de Dieu, Lovejoy lui dit que c’est Dieu qui a suscité la volonté de sauver chez les

pompiers et Ned. Homer décide de retourner à l’église, pour y dormir !

Oh la crise… cardiaque !, s. 4, é. 11

Les Simpsons sont devant la télé, ils voient une pub contre la police de Springfield,

qui fait plein de gaffes. Homer regarde la télé et mange gras. Le lendemain matin, il fait une

crise cardiaque, il va au travail, il a des symptômes mais ne réagit pas. M. Burns le convoque

pour le gronder car il ne travaille pas, le cœur d’Homer s’arrête. Homer se retrouve aux

urgences, le médecin le traite comme un enfant. Il doit être opéré du cœur, mais l’opération

coute 40 000$, les Simpsons n’ont que 70$ sur leur compte et la centrale a préféré renoncer à

une mutuelle pour acheter un flipper.

Homer veut prendre une assurance maladie mais il a une autre crise cardiaque avant de signer

le contrat. Il est à nouveau à l’hôpital. Il va demander les 40 000$ à l’Eglise, puis au rabbin. Il

voit une pub pour un médecin qui pratique toutes les opérations pour 129$, le Dr Riviera, qui

est poursuivi pour opérations ratées. Homer prie pour sa famille. Il reçoit la visite de ses amis.

Homer veut adresser une parole à chacun de ses enfants, l’un des deux lui soufflant ce qu’il

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doit dire à l’autre. Le chirurgien amateur entreprend l’opération, Patty et Selma, les sœurs de

Marge, présentent déjà un homme à Marge. L’opération a lieu dans un amphithéâtre, avec des

spectateurs, Lisa dit au chirurgien ce qu’il doit faire. L’opération réussit, Homer est sauvé.

Ne lui jetez pas la première bière, s. 4, é. 16

Bart est en train de rêver. Il rêve qu’il gagne le premier prix du concours scientifique

de l’école. Lisa le réveille, elle présente sa tomate anabolisée, solution contre la fin dans le

monde. Bart fait fumer le chien dans le cadre de ses recherches sur les effets de la cigarette

sur les animaux. Homer va à la centrale et essaie de partir plus tôt pour aller visiter la

brasserie Duff. A l’école, Bart jette la tomate géante de Lisa sur le principal Skinner, il n’a

pas pu s’en empêcher.

Homer est chez Duff pour une visite guidée. Marge inspire une nouvelle idée à Lisa, sans le

vouloir : comparer l’intelligence de Bart à celle d’un hamster. Homer considère que Barney

est trop saoul pour conduire, il se bagarre avec lui et prend le volant. Il fait un excès de

vitesse, la police le contrôle, il n’y a pas de problème jusqu’au moment où Barney leur dit de

le faire souffler dans le ballon. Homer est arrêté et Barney reprend le volant. Marge va

chercher Homer au poste, son permis est annulé.

Lisa et son étude « Mon frère est-il plus bête qu’un hamster ? » : le hamster déplace des

choses pour atteindre sa nourriture en hauteur, Bart grimpe sur une étagère et tombe ; le

hamster ne s’approche plus d’une friandise électrifiée, Bart persévère.

Devant une vidéo de sensibilisation aux accidents de la route, Homer rit. Il doit ensuite aller

aux alcooliques anonymes, il part en courant quand on lui dit qu’il va être sevré. Il boit tout le

temps et n’en est pas malheureux. Par amour pour Marge, il accepte de ne plus boire pendant

un mois. Bart découvre l’expérience de Lisa, il décide de cacher son dossier mais elle le

retrouve tout de suite. Ne buvant pas pour la première fois lors d’un match de baseball,

Homer réalise que c’est ennuyeux.

Homer a maigri, la bière lui manque. Au bout de 30 jours, Marge est fière de lui, il court

immédiatement chez Moe pour se saouler, mais il hésite en voyant l’état des autres buveurs. Il

va finalement rejoindre Marge, Moe dit d’un air menaçant « Tu reviendras ! »

Grève à la centrale, s. 4, é. 17

Les Simpsons sont devant un film. Le méchant a un rire diabolique, Homer rassure

Bart en lui disant que personne n’est aussi méchant dans la réalité. On change de scène et on

voit M. Burns rire de la même manière devant un nettoyeur de vitre suspendu dans le vide à la

fenêtre de son bureau. Burns veut se venger des syndicats, il décide de supprimer la mutuelle

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dentaire. Homer incite le syndicat à ne pas renoncer à la mutuelle dentaire, le syndicat le suit.

Il est proclamé président du syndicat. M. Burns propose à Homer de l’argent pour qu’il

accepte de ne rien faire, mais Homer croit que l’argent est de la drogue et refuse.

Lisa se fait poser un énorme appareil dentaire. Burns fait venir Homer chez lui, il lui présente

toutes les inventions dont il détient le brevet. Il le ramène ensuite chez lui en hélicoptère.

Burns tombe de l’hélicoptère, Homer s’occupe de lui avant l’arrivée des secouristes. Le

patron de la centrale menace Homer, qui ne plie pas, il lance une grève. Homer ne veut plus

être président du syndicat. Burns tente d’interrompre la grève, il fait tourner la centrale tout

seul avec Smithers mais ça fonctionne mal.

Pour faire plier les ouvriers et la population, Burns coupe toute l’électricité, les ouvriers

continuent cependant de manifester. Burns accepte finalement de négocier, il accepte de

redonner une mutuelle dentaire à ses employés à condition qu’Homer démissionne du

syndicat, l’affaire est conclue et Lisa a un nouvel appareil dentaire plus discret.

Maris et larmes, s. 19, é. 7

Prise de bec chez le vendeur de BD, qui n’est pas aimable. Une nouvelle boutique

ouvre en face, tout le monde y va. Le vendeur est gentil avec les gens, même Lisa y trouve

son compte (Astérix et Tintin.) Le premier vendeur de BD se met à dévaster le nouveau

magasin, les auteurs présents sur place pour des signatures d’autographes se bâtent contre lui.

Marge se trouve trop grosse, elle se met au sport. Elle achète l’ancienne boutique de BD, qui a

fait faillite, pour ouvrir un club de fitness, qui a beaucoup de succès. Ils ouvrent une nouvelle

boutique à la place du Krusty Burger (fermé pour cause d’exploitation abusive des employés.)

Homer vit au crochet de sa femme, les autres maris de femmes riches lui expliquent qu’elles

ont toutes jeté leurs premiers maris pour de nouveaux une fois devenues riches. Il prend peur.

Un « premier mari » lui explique qu’il a fait du sport et beaucoup d’efforts pour garder sa

femme. Homer décide de se faire poser un anneau gastrique. Il séduit sa femme mais il est

gêné par la peau qui pend du fait de son amaigrissement rapide. Homer retourne chez le

chirurgien. Endormi, il rêve que Marge le rejette et le tue. Il se réveille, Marge est là, elle a

fait annuler son opération et retirer son anneau. Elle l’aime comme il est.

Homer comprend que la chirurgie esthétique ne peut pas rendre vraiment beau, « mais quand

elle le pourra, il faudra que tout le monde en fasse », à quoi Bart répond par un sobre

« Amen. »

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Mobile Homer, s. 16, é. 13

Balade en voiture des enfants avec Marge, ils s’ennuient. Homer est censé ranger le

garage, en fait il boit et fait n’importe quoi (jeter un ski et pas l’autre…) Glissant sur un

skateboard, il se fait mal en tombant puis provoque la fermeture du garage sur lui. Lisa le

sauve in extremis de l’étouffement.

Marge, ayant peur qu’Homer meure, lui demande de prendre une assurance vie. Le premier

assureur refuse. Marge décide de faire des économies, elle prend des mesures drastiques.

Homer veut dépenser, Marge lui reproche d’avoir dépensé en autre 5000$ en donuts l’année

précédente. Homer vole les économies et va s’acheter un camping car. Marge est furieuse, ils

ne se parlent plus, ils se battent pour être chacun le préféré des enfants. Homer laisse plein de

camping cars s’installer dans son jardin en échange de bières. Marge est en colère, elle coupe

l’électricité aux campings cars, ils repartent, Homer veut régler ses comptes. Marge lui fait

des reproches justifiés toute la nuit. Les enfants décident de ramener le camping car au

concessionnaire. Quand Homer s’aperçoit que le camping car n’est plus là, il pleure, « C’était

plus qu’un camping car, c’était une voiture où je pouvais aller aux toilettes dedans ! »

Les enfants arrivent sur l’autoroute sans s’en rendre compte, les parents essaient de les

rattraper. Ils finissent sur un bateau qui part pour la Turquie. Marge parvient à les faire

revenir, Homer finit de détruire le camping car et ne peut plus être remboursé.

Simpsonothérapie, s. 1, é. 4

Dispute entre Bart et Lisa pour savoir lequel des deux aime le plus Homer (chacun

veut que ce soit l’autre.) La famille va chez M. Burns pour un pique-nique. Bart et Lisa font

plein de bêtises et Marge se saoule. M. Burns n’est pas aimable, il congédie ses invités et les

préviens que les chiens seront lâchés dans cinq minutes. Homer se rend compte que sa famille

est un enfer à côtés des autres. Homer tente de faire une soirée comme une famille américaine

normale : bénédicité, télé éteinte… les autres ne suivent pas.

Homer va boire chez Moe, il se bat avec Barney qui critique ses enfants. Il voit une pub pour

un conseiller familial à la télé et décide de l’appeler, « Quand est-ce que je serai raisonnable ?

Les réponses aux grands problèmes de la vie ne se trouvent pas au fond d’une bouteille…

elles se trouvent à la télé ! »

Homer exige que la famille aille voir le Dr Marvin Monroe (qui sponsorise des matches de

boxe) et paie 250$ avec les économies des études pour les enfants, « Pourquoi on se priverait

maintenant pour les faibles chances qu’ils ont de faire des études ? » Pas assez d’argent,

Homer vend la télé et ils vont au rendez-vous avec le Dr Monroe. Marge et les enfants se

plaignent tous d’Homer en le dessinant. Le conseiller les fait se frapper avec des gourdins en

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mousse pour qu’ils évacuent leur colère. Ca ne marche pas. Ils sont ensuite reliés entre eux

par des électrodes électriques avec un système où chacun peut envoyer des électrochocs à un

autre membre de la famille. Le principe est qu’ils ressentent le mal qui est fait par la décharge

envoyé par un autre membre de la famille et de se rendre compte de la blessure que font les

disputes. Ca dégénère, ils s’électrisent touts. Le Dr Monroe baisse les bras et rembourse aux

Simpsons le double de ce qu’ils ont payé, comme promis par la pub. La famille est heureuse

d’avoir gagné cet argent ensemble, Homer va acheter une télé neuve.