Lesseptdegrésdel’échelled’amourspirituel

Texteoriginal:VanVIJtrappenindengraeddergheestelekerminnend’aprèsl’œuvredeJanvanRuusbroec,publiéepar

L.Reypenss.j.etM.Schurmanss.j.auxéditionsHetCompas,Mechelen–DeSpieghele,Amsterdam,1934.

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l’imageduciel:leCielmêmedanslesentraillesdelaTerre,auplus bas du monde et de notre condition. Et l’étoileannonciatrice qu’ils suivaient depuis l’origine de leur vie,depuis les nuits anciennes de leurs royaumes, était le refletprophétiquedecevisaged’enfantetdesalumière,l’Orientdelavieéternelle.

«Àceuxquisontdanslestombeaux,iladonnélavie!»

Les rois lointainsdumonde se sont agenouillésdevant cetenfantordinairequiestDieu,maislesbergers,lesplussimplesdeshommesdanslasolitudeetledénuementdeleurvie,lesontprécédés versDieu. L’étoile fit signe aux rois et les conduisitmaislesangesapparurentetparlèrentauxignorants,auxrustres.Leshommesdehautetprofondsavoirdevinèrentetsurentqueleursciencen’étaitqu’uneombreauprèsdecettepailleoùDieucommençaitàrespirerl’airquenousrespirons.

Lesbergers sans livresni lettres reconnurent,encetenfantdepauvreté,leVerbeetlagloiredeDieu,saParole.

Ilsvirentdeleursyeuxetpurenttoucherdeleursmainsceluiquelesprophètesavaientvuenesprit,ensonge.

Le Berger, le bon Pasteur. Un enfant tout pareil à leursenfants.

La gloire éblouissante et invisible de Dieu s’est incarnéedanscetenfant,leplusfaible,leplusmenacé,leplushumble,etil est à nos yeux pareil à l’enfant qui vient de naître dans lamaison voisine. Tout pareil. Mais il est Dieu comme nouspouvonsledevenirparcequ’ils’estfaithomme.

Ledegré leplusbasde l’humilitéestatteintausommetduGolgotha.C’estdecettemort ignominieusequeleChristattiretoutàlui,verssonPère,auplushautdescieux,àcettehauteurquechantaientlesangeslejouretlanuitdesanaissance,deson

avènement dans l’étable, au plus noir et au plus noueux del’hiver. La croix comme la crèche est gloire et humilitéinséparables. Il n’y a pas d’autre voie pour imiter le Christ,devenir Dieu comme il s’est fait homme, imiter Dieu, que defairequenotrecœurobscurdeviennele lieudesanaissanceetque nous acceptions de marcher sur le chemin qui mène à lacroix.

Chosesfacilesàlireetàécrire.RuysbroeckenseignecesvéritésduChristparcequ’illesvit

etpourquechacunlesvive.Le paradoxe de la vie spirituelle est que le chemin de la

montéeestdescente,lechemindelagloireabaissement,ledésirde s’accomplir renoncement à soi, oubli de soi, seul désir etsoucidelagloiredeDieu.Si lecheminversleplushautn’estpasl’humilité,ilestorgueiletchute,ilestinfernal.Sil’échellequimonteetmèneàDieun’estpashumilité,elleestlatourdeBabel.

C’est bien cette tour, c’est bien Babylone, que dans unepeinturedeJérômeBoschdémonsetdamnésbâtissentenenfer.La Babylone de l’Apocalypse. Mais cette tour de bruit et defureur, d’esclavage, de tuerie, de carnage, de mensonge, cetenfer,nouslaconnaissonsici-bas,nousensommeslesvictimesetlesouvriers,lesbénéficiaires,lesarchitectes.Quirompra,quinousdélivreradeschaînesquenousforgeons?Quelleparole?

Quelamour?«Quiveutsauversonâme,laperdra.»«Lespremiersseront

les derniers. » « Si vous ne redevenez semblables à cesenfants… » « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse seraélevé. »… Le paradoxe, ce paradoxe, est au cœur de la viespirituelle,delavraievie.LeChristlui-même,Dieufaithomme,en est l’exemple. Les chrétiens orientaux parlent de kénose :humiliation, abaissement, condition d’esclave que Dieu prend

pournousserviretnoussauver,etparamour.Le Christ, à la veille de sa mort, lave les pieds de ses

disciples.LeChrist,sourcedevie,Jourdaincéleste.«Voustous,quiavezétébaptisésenChrist,vousavezrevêtu

leChrist,alléluia!»

Cettemontéeparl’abaissementetl’humilitéestaucœurdesSeptdegrésdeRuysbroecketdetoutesonœuvre.

Encela,Ruysbroeckestaucœurdelatraditionchrétienne,il est au cœur de l’enseignement de l’Église, au cœur del’Évangile;etsavisiondel’échellemystiqueapouressenceleparadoxe essentiel de l’Évangile : nous ne montons que parl’humilité.«LadescentedelaVéritéestdevenuelamontéedenotrehumilité»,ditsaintGrégoireleGrand.

EtnousnemontonsàDieuqueparcequenous remontonsverslui:nousnemontonsqueparcequenoussommestombés.Felix culpa ! Heureuse faute. Notre chute fait notre élévationparcequeleTrès-hautestdescendudanslesenfersetl’abîmedenotredésastre.Noussommeslabrebisportéesursesépaulesetsauvéedelamort.NousnepouvonsremonteràDieuqueparcequeleChristestdescenduversnous,ennous,rouvrantainsilechemindel’Éden,lechemincéleste,l’éternité.

La Rédemption nous relève de la Chute et nous élève enDieu.

« Il a fallu », dit saint Bonaventure dans l’Itinéraire del’esprit vers Dieu, « que la Vérité même revêtît la formehumainedansleChristets’établîtcommeunenouvelleéchellepourréparer l’ancienne,briséeenAdam.»–Mais lacroix,oùs’appuie une pauvre échelle, peut-être militaire, prêtée par lessoldats, les bourreaux, couverte du sang séché d’autresvictimes;cetteéchellequ’ons’abstientdetoucherentoutautrelieuquece lieudemort etd’agonie,debêtes impures, chiens,

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L’enfer,toutcequ’ilaccumule,c’estenvain.Toutcequ’iltient,illetientfermeEtsagueuletoujoursbéanteestlargeouvertePourengloutirleshôtesdel’enfer.

Garde-toidoncdel’avarice:Racinedupéchéetdetoutemalice.

TROISIÈMEDEGRÉPURETÉDEL’ÂMEETDUCORPS

Letroisièmedegrédenotreéchelled’amourestlapuretédel’âmeetlachastetéducorps.

Entends-moibien.

Pourquetonâmesoitpure,tudois,paramourdeDieu,haïretméprisertouteinclinationettoutamourdésordonnépourtoi-même,pourtonpèreettamère,toutecréature,demanièreànet’aimer toi-même et toute créature que pour servir Dieu ; pasautrement.TupourrasdireavecleChrist:«CeluiquivitselonlavolontédeDieu,celui-làestmamère,masœur,monfrère.»Tuaimerasainsitonprochaincommetoi-même.

Garde-toipure.Netelaisseattirerniprendreparpersonne,nipardesmotsnipardesactes,nipardesdonsnidesfaveurs,par aucune pratique ou dehors de sainteté. Cela semble toutspiritueletdevienttoutcharnel:onnepeuts’yfier.

Ne fréquente personne et ne te laisse fréquenter parpersonne.

Toutsemblebon,C’estbientôtdétestable!Unvraipoison.SoissurtesgardesToutcommeensamaisonL’hommeprudent.

Nesoispasdupe.Es-tucurieuse?Tevoiciséduite.Ontementira.Laissetoutcela!Veillesurtoi-mêmeEtdésormaisnet’occupeQuedeJésus,tonÉpoux.Fuisl’hôteétranger,DemeureavectonÉpoux,Soisattentiveàluiseul.Tourne-toiverslededansAdonnéeaufeud’amourEtàl’actecharitable.JésusplacesurlatableL’alimentquitenourrit,Ilt’enseigneetteconseille,Ilesttonsoutienparfait.Par-delàtoutvoisinageIlteconduitàsonPère.Làrègnel’amourfidèle.

Làtoutepeineestguérie.Toutedouleurapaisée.

Ettelleestlaviedel’âmepure.

Vientensuitelachasteté.Écoutebien.

Dieuafaitl’hommededeuxnatures,espritetchair,corpsetâme.Cesdeuxnaturessontuniesenuneseulepersonnedanslanaturehumaine,quiestengendréeetquinaîtdanslepéché.Car

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grandirengrâce,vertu,ettouteformedesainteté.

DansunetraductionpartielledeceCinquièmedegré,nousenrésumionsiciquelquespages.Nousgardonscerésuméquipeut,enl’anticipant,aideràlalecturedupassageaujourd’huirétabliettraduit.

AucoursduCinquièmedegré,RuysbroeckenseigneenquoiconsisteadorerDieu,l’honorer,l’aimer;etcommentledésirer,le prier, réclamer sa grâce ; comment, enfin, le remercier, lelouer,lebénir.

Parvenuàcepoint,ilméditedevantMarie,àl’heuredelaNativité. Il dit son humilité, sa pureté, sa charité, samiséricordepourtouslespécheursqui lasupplient– ilditsasainteté,indicible.IlcontemplelamèredeDieuetdeshommes.

Puis il traite des anges, en commençant par l’archangesaintMichel qui combattitLucifer : «Lucifer fut vaincuavectoute son armée et tomba des cieux les plus hauts comme unéclair et une flamme ardente : qui s’élève sera abaissé. » Ilconsidèrelahiérarchiedesanges–l’échelleangélique–danssa correspondance avec la vie spirituelle de l’homme, sescombatsetsesœuvres,sonrepos,saquiétude.

Enfin,Ruysbroeckdistingue entre les conseils duChrist –quitterlemondeetsequittersoi-même,jusqu’audondesavie–etlescommandementsduChrist:lepremieretleplushautétantd’aimer.

Unexamendeconscienceachève lacatéchèse :beaucoup,même parmi les religieux, croient être saints, grands, élevésdevantDieu,etsetrompentdebiendesfaçons.Lefauxamourdesoiestlaracinedel’erreuretdupéché.L’amourdeDieuetduprochainestlechemindelavieéternelle.Aimerlemondeet

seshonneurs,vouloirs’éleverdanslemonde,vouloirêtreaimédeshommes,estexactementl’inversedel’échellesaintedontcelivreenseignelesdegrés.

Le premier mode comporte trois voies d’union à Dieu :l’adorer,l’honorer,l’aimer.

Tripleaussiledeuxièmemode:désirer,prier,demander.De même, le troisième : rendre grâce à Dieu, le louer, le

bénir.

AdorerDieu:comprendsbiencequecelasignifie.

C’estregarderDieuàtraverslafoiauChrist,àtraverslafoichrétienne, avec vénération extrême, au-delà de la raison ; enesprit. C’est le regarder et le contempler, Lui, qui est toute-puissanceéternelle,CréateuretSeigneurducieletdelaterre,etdetoutecréature.

HonorerDieuestserenoncer,s’oublierdemêmeque toutecréature,suivreDieusansfin,sansunregardderrièresoi,dansunevénérationéternelle.

AimerDieu, l’honorer, l’adorer, lui-même, lui seul, et nonpournotrebénéfice,notregloire,notrebonheur,nipourquelquedonoufaveurqu’ilnouspourraitfaire:telestletroisièmepointdu premier mode, en ce cinquième degré de la sainte échellespirituelle.

Nousdevonsl’aimerluiseuletpourluiseul,simplement,etpour sa gloire éternelle.En cela est la charité parfaite, en ellenous sommes un avecDieu, nous habitons en lui, il habite ennous.

Decettecharité,decetamour,procèdeledeuxièmemodedecedegréspirituelensestroispoints:désirer,prier,demander.

Désirerdecœur,prierparlaparole,demanderensonesprit.

Nous devons désirer l’aide et la grâce de Dieu avec unedévotiontoutintérieure,poursonhonneuretpournotrebesoin,afin,grâceàelles,deleservir.Cedésirennotreâmebrûlera,enun lien de tendresse et avec l’envie d’accomplir de tout notrepossiblelatrèschèrevolontédeDieu.

Alors naît le deuxième point : prier et quémander, dans lesilenceducœur,etparlaparole.

NousprieronsnotrePèrequiestaucielpuisqu’ilestceluiquinousaccorde toutbienprésentet toutdonparfait.Nous leprieronsafinqu’ilnousdonnel’espritdecraintefilialepourlevénérer et craindre de le courroucer par le péché. Nous leprierons de nous donner l’esprit d’indulgence pour être doux,humble,bon,ensonnometgrâceàlasaintevertu,enverstousceuxquidenousontbesoin.

Nous le prierons aussi pour qu’il nous accorde l’esprit descience et de connaissance, de discernement, afin de nouscomporterdignementdevantluiettousleshommes;véritablesetvraisenparolesetenœuvres,enactions,voireenomissions;vraisetvéritablesdanslapatience,ordonnésentoutechose,etqu’ainsi nul par nous ne soit scandalisé, mais qu’en bien desfaçonsbeaucoupdeviennentmeilleurs.

Nous demanderons encore à notre Père céleste l’esprit deforce qui nous rendra capable de tout vaincre : le démon, le

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penséesmalveillantes, de divagations, pleins de rancœur et deprofonddépitenversquileurdéplaît,ilssontcertainsdemieuxsavoir etmieux faireque tout lemonde.Cela les tourmente etleurnuit.Zéléspourfaireauxautreslaleçon,lesmorigéner,lescorriger, ils ne supportent pas d’être enseignés ou repris parpersonne, car ils se tiennent pour les plus sages du monde.Tyranniquesetdursà l’égarddes inférieursoudeceuxde leurrang, s’ilspensentnepas recevoir leshonneurset l’estimequileur semblent dus, ils les rudoient. Querelleurs, enclins àl’injure,souventilsraillentâprement,aigrement;ilsn’ontpas,eneffet,l’onctionintérieureduSaint-Esprit.

Souventilsprennentlaparoledevantdebonnespersonnes,car ils sont certains d’être dignes d’être écoutés de tous. Nesont-ilspas,àleursyeux,lesplussagesdumonde?

Ils masquent leur orgueil sous des manières humbles.Haineux,leurhainesetravestitenjustice.

Ils sont aimables et pleins d’égards pour qui les flatte ouleurfaitbonvisage.

Dans les affaires dont ils traitent, ils sont soucieux,préoccupés,agités.Toutcommeceuxquiviventdanslemonde,ilsseréjouissentous’affligentdel’agrémentoududésagrémentqueleurdonnentleschosesd’ici-bas.

Loue-les donc face à face, ou blâme-les : tu verras bientôtleurvraienature.

Ils ne se soucient et ne souffrent que de ce qui les toucheeux-mêmes. Ils redoutent la maladie, la mort, l’enfer, lepurgatoire,lejugementdeDieuetsajustice.Inquiets,anxieux,ilsviventdanslacraintedecequipeutleuradvenir;carc’estdefaçon désordonnée qu’ils s’aiment, et non selon Dieu et pourlui.

Troublés et entravés, lâches, sans expérience de Dieu, ilssontpleinsd’intérêtetd’inquiétudepourleschosesdumonde.

Ilstremblentdevantlespuissantsquipourraientparmaliceleurôter leur richesse et la vie, leur confisquer ou leur voler leurbien, ou mal les rétribuer. Ils tremblent de devenir pauvres,d’être rejetés, repoussés, d’être vieux et malades, sans laconsolationd’amis,sanssoutiendesbiensterrestres.Tourmentsimmodérés, insensés, vieux fond d’avarice, et qui parfois lesmènentàlafolie.

Mêmedanslesordresetl’étatecclésiastique,ilsetrouvedetellespersonnes.

Ellessontencore liéesà leurvolontépropreetnesontpasmortesàelles-mêmes.

Elles craignent qu’un supérieur ou un prélat n’interviennedans leur vie, les contraigne, manque de considération à leurégard;ellessepersuadentqu’ellesnesauraientsupportercela.Entends ce qu’elles ressassent dans leur tête contre ceuxqu’elles croient hostiles : « Si celui-ci devait devenir monsupérieur, je ne saurais me soumettre à lui, je ne saurais luiobéir.Ilnem’aimepas.Ilnepourraitquem’opprimeretentoutecirconstance me rudoierait. Tous ses amis seraient avec luicontre moi. » Cette angoisse leur fait tourner le sang. Elless’encolèrent,ellessedisent:«Non!C’estimpossible.Ouj’enperdraislaraison,ouilfaudraitquejequittelecloître.»

Craintes absurdes, prévoyance insensée, imagination quisourddufondd’unorgueil.

Si ces gens devenaient des supérieurs, c’est eux qu’onverrait brimer et maltraiter tous ceux qui leur résisteraient etchacundeceuxquineseplieraientpasàleuravis,carilssontsûrs et certains de tout régir et ordonner plus sagement quen’importe qui d’autre. C’est pourquoi ils critiquent à toutinstantleurssupérieursetceuxquiontquelquecharge; ilslescritiquent dans leur for intérieur et devant tous ceux qu’ilssaventdisposésàleurprêterl’oreille.

Toutélogeadresséàquelqu’undeleurentouragelesblessecar ils ont le sentiment qu’on les frustre de ce qui leurappartient. Du reste, qu’il y ait au-dessus de ce qu’ilsconnaissent eux-mêmes, en ce qui est de la vie intérieure, ilsn’encroientrien.

Ilss’estimentêtreplussagesetplusavisésquetousceuxquilesentourent,alorsqu’ilssont incapablesd’entrevoircequ’estlavraiesainteté,etn’ysontpasdisposés.

Quechacuns’éprouveetqu’ilexamineetjugesonespritetsanatureafindevoirs’ilsentoudécouvreensoiquelquechosequ’il doive éliminer et vaincre pour trouver un jour la vraiesainteté.

Il nous fautmourir au péché pour vivreDieu. Il nous fautlaisser toute image et nous détacher de tout plaisir et de toutepeinesinousvoulonsvoirsonroyaume.Ilfautquenotrecœuret nos désirs se ferment aux choses de la terre et s’ouvrent àDieuetauxchoseséternelles.

Pourgoûteràl’ÉternelDélaisselegoûtdumonde.N’aimequecequ’aimeDieu,Haïssantcequ’ildéteste:EttujouirasdeDieu.Pourqu’ennousl’espritdeDieuS’accroisseetqu’ilnousdélivreÀjamaisdetoutechose,Ilnousfautnousrenoncer.AlorsauplushautdescieuxEtplushautquetouslescieuxNouschanteronsgloireàDieuÉtantunisàl’Unique,Unissansdivision.

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nouspossédionslereposdeDieu,nousserionsavecluicereposet ressuscitésdans sahauteur.Nous serions, au-dessusde toutdegréetde touteéchellecéleste, avecDieuen sadivinité,uneessenceenreposetunebéatitudeéternelle.

Lespersonnesdivines,danslaféconditédeleurnature,sontun seulDieu éternellement actif. Et dans la simplicité de leuressence,ellessont ladivinitéenreposéternellement.Ainsi,ensespersonnes,Dieuestà l’œuvre toujours, et, en sonessence,éternelrepos.

Entreouvrageetreposviventamouretfruition.

L’amour toujoursveutagir : ilestuneœuvreéternelleavecDieu. La jouissance toujours demande le repos, car, au-dessusdetoutvouloiretdésir,lebien-aiméétreintlebien-aimé,enunpuramoursansimages.Là,lePèreavecleFilssesaisitdeceuxqu’il aime dans l’unité fruitive de son Esprit au-delà de lafécondité de la nature.Là, lePère dit à chaque esprit dansunéternelplaisir:«Jesuisàtoiettuesàmoi.Jesuistienettuesmien.Jet’aichoisidetouteéternité.»

Ilnaîtalorsuntelmutuelplaisir,etunetellejoieentreDieuet les espritsqu’il aime,qu’ils sont ravishorsd’eux-mêmesetqu’ils fondent et ruissellent pour devenir avec Dieu un seulesprit en jouissance, éternellement poussés vers la béatitudesans fond de son essence. Pour ceux qui vivent la viecontemplative,ceciestunepremièreformedejouissance.

UnautremodeconduitàlajouissancedeDieuleshommesdevieintérieurequisontaccomplisencharitéselonlatrèschèrevolontédeDieu : à ceux-làqui se renoncent et s’abandonnenteux-mêmes,quifuienttoutecréaturequ’ilspourraientposséder

avecattachementetplaisir,ettoutcequeDieuafaitquipourraitêtresouciouempêchementdanscettevieintérieureparquoiilsserventDieu.Etvoiciqu’ilss’élèventversDieud’unamourquivientducœur,d’uneâmevivante,d’unsentimentplushautquetous les cieux. Voici qu’ils s’élèvent de toutes leurs forces etpuissances, d’un amour brûlant, d’une pensée libre de touteimage.

Iciestaccomplie la loide l’amouret toutes lesvertussontparfaites. Ici nous sommes vides de tout et Dieu notre Pèrecélestehabiteennousdanslaplénitudedesesgrâces,etenluinous habitons au-dessus de toutes nos œuvres, dans lajouissance.

LeChristJésusvitennousetnousvivonsenlui.Parsavienous sommes vainqueurs dumonde et de tout péché.Avec luidansl’amournoussommesélevéstoutdroit jusqu’ànotrePèrecéleste.

Le Saint-Esprit œuvre en nous et c’est avec lui que nouscollaborons quand nous accomplissons toutes nos œuvresbonnes.Ilclameennousd’unevoixforteetsansparole:«Aimel’amourquit’aimeéternellement.»Soncriestuncontactintimeen notre esprit. Sa voix est plus terrible que le tonnerre. Leséclairsquienjaillissentnousouvrentlecieletnousmontrentlalumière et la vérité éternelle. L’ardeur de ce contact et de sonamourest sigrandequ’elleveutnousconsumerentièrement etce contact crie à notre esprit sans cesse : « Acquitte ta dette,aimel’amourquit’aaimédetouteéternité.»Delàprovientau-dedansdenous-mêmeunegrandeimpatienceet,au-dehors,desgestes et desmanières étranges.Car plus nous aimons et plusnousdésironsaimer.Plusnouspayonscequel’amourexigede

nous et plus nous demeurons endette.L’amour ne se tait pas,l’amour ne se tient pas tranquille, l’amour crie sans cesse,l’amourcrieéternellement:«Aimel’amour!»C’estuncombattoutàfaitinconnudeceuxquisontétrangersàcela.

Aimeretjouirestagiretsubirl’action.

Dieuvitennousavecsesgrâces:ilnousenseigne,ilnousconseille, il nous ordonne d’aimer. Et nous vivons en lui au-dessus de la grâce et plus haut que nos œuvres : là où noussubissonssonactionetoùnous jouissons.Ennousestamour,connaissance,contemplation,désiretinclination.Au-dessusdetout:jouissance,fruition.

Notreœuvre est d’aimerDieu et notre jouissance est dansl’amourdeDieuquinousétreint.

Entre amour et jouissance est une distinction comme entreDieuetsagrâce.

Quand nous nous attachons à Dieu avec amour, noussommesesprit.QuandparsonEspritnoussommesraviànous-même,transforméenlui,noussommesjouissance.

L’EspritdeDieunoussouffledans lemondepouraimeretfairelebien,ilnousaspireetnousramèneenluipourlereposetlajouissance:celaestvieéternelle.Demêmeexpirons-nousl’air pour à nouveau respirer : c’est notre viemortelle dans lanature.

Et quoique notre esprit soit ravi et que défaille sonœuvredans la béatitude et la jouissance, il est toujours renouvelé engrâce,charité,vertus.

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Goya,Buchet-Chastel,2008.Françoisetl’Itinéraire,ÉditionsFranciscaines,2008.Chemindeparole,DeCorlevour,2007.Martin de Tours et le combat spirituel, nouvelle édition,

François-XavierdeGuibert,2005.Lanza del Vasto, pèlerin, patriarche, poète, avec Anne

Fougère,DescléedeBrouwer,2003.ÉlieoulaconversiondeDieu,Lethielleux,2003.VincentvanGoghjusqu’auderniersoleil,Mame,2000.JérômeBoschetl’étoiledesmages,Mame,1995.

ThéâtreThéâtred’encre,Éoliennes,àparaîtreen2015.DonJuanetl’invitédepierre,deTirsodeMolina,traduitet

adaptédel’espagnol,avecMauriceClavel,Zurfluh,2009.Jonas,Andas,2005.Jessica,Granit,1994.Orested’Alfieri,adaptationettraductiondel’italien,Granit,

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EntretiensL’épreuve du labyrinthe. Entretiens avec Mircea Eliade,

nouvelleédition,LeRocher,2006.Lesfacettesducristal.EntretiensavecLanzadelVasto,Le

Centurion,1981.Les racines du monde. Entretiens avec André Leroi-

Gourhan, Belfond, 1982 ; Le Livre de Poche, Biblio Essais,1991.

Site:www.claudehenrirocquet.fr

Table

PrésentationLeprieurdeGroenendaelL’allégoriedel’échelleEntendreetvivrel’ÉcritureL’humilitéetlagloireLesseptdegrésetlestroismodesLechœurcéleste

Lesseptdegrésdel’échelled’amourspirituel

Prologue

Premierdegré–SeconformeràlavolontédeDieu

Deuxièmedegré–Pauvretévolontaire

Troisièmedegré–Puretédel’âmeetducorps

Quatrièmedegré–Humilité

Cinquièmedegré–Noblesse

Sixièmedegré–Laviecontemplativeensondébut:unionaveclaTrinité

Septièmedegré–Laviecontemplativeensondeuxièmemoment:jouirdel’essencedeDieu

Traduire

OuvragesdeClaude-HenriRocquet

Achevéd’imprimerparXXXXXX,enXXXXX2015N°d’imprimeur:

Dépôtlégal:XXXXXXX2015

ImpriméenFrance