Les Réseaux Réciproque d’Echanges et de Savoirs en question :...

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« Les Réseaux Réciproque d’Echanges et de Savoirs en question : Effets sur les participants, le territoire en termes de solidarité et de lien social » Rapport final de la promotion 2010-2011 Sous la direction de D. Naels et J. Ferrando Y Puig Source : logo RERS Evry

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« Les Réseaux Réciproque d’Echanges et de

Savoirs en question :

Effets sur les participants, le territoire en termes

de solidarité et de lien social »

Rapport final de la promotion 2010-2011

Sous la direction de D. Naels et J. Ferrando Y Puig

Source : logo RERS Evry

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2 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PARTIE I : DES RESEAUX D’ECHANGES RECIPROQUES DE SAVOIRS MULTIFORMES

ORGANISATION

-Genèse et dynamique collective des réseaux

Historique

Dynamique collective des réseaux

MODALITES D’ORGANISATION GENERALE

- Ressources humaines

- Communication

PORTAGE ET PARTENARIATS

Partenariats

- La variété des statuts juridiques des RERS et leurs relations avec les structures de bases.

- Sens donné à l’action (Présentation de la Charte)

LES RERS : OUTILS DE DEVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN (DSU) ?

La création de lien social : principe ou effet induit ?

PARTIE II LES ACTEURS ET LES MOTIVATIONS

LE PROFIL DES ACTEURS ET ACTIVITES PRATIQUEES

-Les animateurs

-Les échangeurs

-Les savoirs échangés

LES MOTIVATIONS

-Sociabilité

- L’acquisition et la transmission

- Le partage des valeurs

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PARTIE III LES EFFETS DU RERS

Rompre avec l’isolement et la solitude

Effets individuel : insertion professionnelle

Effets collectifs : lien social, convivialité et mixité social

Effets sur le groupe, la structure, le territoire

Effets sur la structure

Effets sur le territoire

PARTIE IV : PRECONISATIONS

PRECONISATIONS ORGANISATIONNELLES

Salariat, Financement, Bénévolat

Cadre spatial

Remarques logistiques diverses

POUR DEVELOPPER L’IMPACT DES RESEAUX

S’ancrer sur le territoire

Diversifier et intégrer le public

PARTIE V : UN CAS PARTICULIER : EXPERIMENTATION AU SEIN DE LA PROMOTION

CONCLUSION

ANNEXES

• Expérimentation d’un RERS au sein de la promotion

• Outils utilisés pour le recueil de données et l’analyse

• Monographies des 5 RERS étudiés (Evry, Beauvais, Paris 12ème

, Juvisy, Chilly Mazarin)

BIBLIOGRAPHIE

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PARTIE I : DES RESEAUX D’ECHANGES RECIPROQUES

DE SAVOIRS MULTIFORMES

I. ORGANISATION

A. Genèse et dynamique collective des réseaux

1. Historique

Les Réseaux d’Echange Réciproques de Savoirs que nous avons étudiés cette année ont des

formes d’organisation distinctes et une histoire propre à chacun. En effet, la liberté laissée à

la création et mise en œuvre des RERS permet cette multiplicité d’organisation des Réseaux.

Le RERS de Longjumeau a été créé en 2004 à l’initiative d’habitantes qui voulaient échanger

et mettre à disposition d’enfants et d’adultes leurs compétences manuelles. La directrice

adjointe du centre social les a soutenues dans cette initiative. Deux habitantes, la directrice

de l’époque et une salariée du centre social ont participé à une formation organisée par

Foresco quelques jours pendant 3 à 4 mois avant de mettre en place le RERS de Longjumeau.

Les premiers échanges ont eu lieu en 2005.

Le RERS d’Evry a été créé, il y a plus de 30 ans, en janvier 1980, par Marc et Claire Hébert-

Suffrin. Le RERS d’Evry est né d’un travail de la Commission extra-municipale en 1979, c’était

le début de la démocratie participative, à laquelle prenaient part des élus, des habitants :

leur travail était en direction des familles défavorisées de la ville. Cette commission a permis

d’élaborer un projet commun ayant pour objectif de renouer des relations sociales fondées

sur le positif de chacun, sur la base des réseaux mis en place à Orly en prenant en compte les

valeurs de l’éducation populaire. Le réseau d’Evry est un des plus importants d’Ile de France,

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par sa taille et son emplacement dans la ville nouvelle. Le réseau compte aujourd’hui 5

salariés, plus de 300 demandeurs/offreurs, répartis sur 4 antennes.

Le RERS de Chilly Mazarin s’est créé en 2009 et s’inscrit dans une structure plus large qu’est

l’université populaire. C’est lors de la rédaction du projet du centre social en 2009, dont

l’objectif était de recréer du lien social parmi les habitants (dont beaucoup sont des retraités

isolés), qu’il a été décidé de créer une université populaire. Cette démarche de l’Université

populaire consiste à créer un ensemble d’activités éducatives et culturelles à destination de

tous les publics dont le RERS ferait partie parmi d’autres activités.

Deux réunions d’information ont eu lieu en 2010. La première a permis de présenter la

démarche, elle s’est faite sous forme de repas festif avec environ 40 personnes présentes. La

deuxième a été l’occasion d’identifier les offres et demandes. Le réseau se développe petit à

petit et compte s’inscrire dans une démarche plus large de développement durable avec la

mise en place de l’agenda 21 par l’agglomération : « En janvier 2011, la mairie socialiste a

impulsé la création d’un Agenda 21 et, suite à une réunion présentant l’avancée de la mise en

place du RERS, a souhaité qu’il en fasse partie pour des motifs liés à la participation, au lien

social et donc au développement durable de la commune. »

La création du RERS de Juvisy sur Orge a été impulsée par le directeur de l’Association

Culture et Jeunesse, avec l’appui des éducateurs de l’ACJ, motivés par ce projet. Une

première tentative de mise en œuvre d’un RERS avait déjà été expérimentée. Celui-ci étant

basé sur un quartier et réservé à un public exclusivement féminin s’est essoufflé rapidement.

Le directeur de l’association a déjà eu une première approche du fonctionnement d’un RERS

lorsqu’il travaillait à Evry : il a été coordonnateur du réseau d’Evry et a participé à plusieurs

échanges.

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Étant donné son expérience sur les réseaux, il a donc décidé de relancer ce projet à Juvisy. Le

réseau de Juvisy a été mis en place en novembre 2010 où a eu lieu une première réunion

avec une dizaine de participants, venant de l’association, mais également des personnes

jamais rencontrées grâce à un travail important de communication. Le RERS se développe

petit à petit depuis sa création, il y a un peu plus de six mois : pour l’instant il y eu 3-4

réunions, plusieurs échanges ont déjà eu lieu : jardinage, cuisine chinoise, Photoshop, et

d’autres sont à venir.

Le RERS de Beauvais fait partie des Réseaux les plus anciens que nous avons étudiés. En

effet, il a été créé le 29 Avril 1997, il vient donc de fêter ses 14 ans. Ce RERS fait partie

intégrante de la structure de base du bistrot associatif, l’Ecume des Jours. Il a été fondé par

un bénévole qui est aujourd’hui participant actif du Réseau. « C’était la base de l’Ecume. Il y

avait le bistrot, et le réseau c’était vraiment le pilier. Cela s’est construit au fur à mesure. Il y

a toujours du mouvement ».

C’est en prenant connaissance de l’existence des RERS à la radio, que l’animatrice actuelle

du RERS de Paris 12 a souhaité en créer un. Souhaitant également s’inscrire davantage dans

la vie du quartier, elle a parlé des réseaux à sa mairie d’arrondissement, qui l'a contactée

quelques mois après pour l'informer d'une première réunion autour des RERS avec des

personnes intéressées. Cette première rencontre a permis d’informer les participants sur les

RERS, en présence de la conseillère municipale. Une semaine après la réunion, une

formation de trois jours a été organisée par Foresco à Evry. L’animatrice actuelle y est allée

avec une autre personne présente à la réunion et elles ont monté le RERS. Elle est la seule

qui reste toujours des débuts du RERS du 12ème il y a plus de 4ans. Pour le moment, elle ne

peut plus s’investir autant dans le réseau mais reste proche des personnes du bureau et

pense y retourner dans un an.

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En résumé, la naissance de ces RERS a été impulsée par des initiatives privées pour certains,

des initiatives publiques grâce à l’implication de différentes autorités publiques pour

d’autres, des initiatives individuelles mais aussi et surtout collectives.

La notion de collectif, d’échanges réciproques implique le développement de lien social

autour du réseau. Afin que les RERS perdurent dans le temps, il est important d’avoir des

dynamiques collectives dans les Réseaux.

2. Dynamique collective du réseau

Les Réseaux, à travers leurs formes multiples, ont également leur propre dynamique

collective : temps de rencontres, d’échanges formels ou informels, réunions, bourses

d’échanges, sorties et animations, etc. Face aux diverses formes d’organisation propres à

chaque réseau, la dynamique collective peut s’exprimer différemment d’un réseau à l’autre.

Des temps d’échanges de savoirs sont mis en place par tous les RERS. IL existe des échanges

individuels (un offreur et un demandeur) et des échanges collectifs (un offreur et plusieurs

demandeurs). Les échanges sont très variés : cours de cuisine, sophrologie, massage, cours

d’informatiques, de langues étrangères…

Ces échanges peuvent être hebdomadaires, bimensuels, mensuels, il n’y a pas de règles

strictes. Ils peuvent avoir une durée différente, mais souvent d’une heure ou deux heures,

en journée (matin ou après-midi), en soirée ou le week-end. Certains échanges se font au

domicile des personnes, d’autres dans les différentes structures (salles de la mairie, centre

social, bistrot, locaux du RERS…)

Des réunions pour échanger et analyser sur les différents échanges ont également lieu dans

tous les réseaux étudiés. Leur fréquence est différente selon les réseaux : mensuelle voire

trimestrielle. Le RERS de Longjumeau organise une réunion autour d’un repas festif où

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chacun des participants doit ramener un petit quelque chose tous les trois mois. A Beauvais,

c’est une réunion qui a lieu tous les mois. Ces réunions permettent de faire le point sur

l’organisation et la réalisation des échanges, et de pouvoir prendre du recul par rapport aux

offres et aux demandes auxquelles chacun participe. En effet, ces réunions, en échangeant

sur les points positifs et négatifs des différents échanges d’offres et demandes, sont

essentielles pour garder une distance vis-à-vis de sa fonction d’échangeur et d’offreur. Les

remarques faites par chacun des participants lors de ces réunions peuvent permettre

d’améliorer les différents échanges existants.

Les bourses d’échanges sont des moments formels permettant de connaître les échangeurs,

les différentes offres et les différentes demandes d’échanges, et de faire des mises en

relation. Le RERS de Paris 12ème a instauré une bourse d’échanges mensuelle : « Donc

chaque premier jeudi du mois, il y a une bourse d’échanges. Et lorsque des gens prennent

contact, on leur dit de venir à la réunion mensuelle. Ca évite les rendez-vous, on se dit qu’on

se retrouve tous là. C’est un point de ralliement ! ».

Ces réunions mensuelles ou trimestrielles sont importantes pour la dynamique de groupe et

la création de lien social : « Importance de venir au moins une fois par mois pour échanger,

créer du lien, et pour qu'il y ait un retour des échanges. ». Ces réunions se font en général,

dans la plupart des RERS étudiés en fin de journée ou le soir, ou le week-end afin de

permettre aux personnes qui travaillent d’y participer.

Des temps d’animation collective sont organisés par les structures accueillant les RERS ou les

RERS eux-mêmes. Des soirées Karaoké, des sorties culturelles, des repas à thèmes sont mis

en place régulièrement. Ces échanges informels permettent aux personnes de se retrouver

lors d’un moment festif et convivial. Pour les structures accueillant du public ne participant

pas au RERS et les RERS, ces animations sont souvent ouvertes à tous : aux personnes

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fréquentant le centre social pour Longjumeau, aux personnes fréquentant le bistrot

« L’écume des jours » à Beauvais…

La dynamique collective du Réseau est très importante dans le RERS pour favoriser les

rencontres entre les participants, passer des moments conviviaux, et créer du lien social.

Dans tous les RERS que nous avons étudiés, cette dynamique collective est le cœur du

Réseau et prend une place d’envergure dans les différents échanges. Même si celle-ci peut

parfois s’essouffler pendant certaines périodes (d’une année à l’autre, en hiver), elle reste

essentielle pour le développement du lien social dans la vie des réseaux.

II. MODALITES D’ORGANISATION GENERALE

A. Ressources humaines

Les salariés

La composition « ressources humaines » des RERS étudiés dépend du statut juridique du

RERS, de ses relations avec la structure de base qui le porte et de la philosophie du RERS. Sur

les 6 réseaux étudiés, 4 fonctionnent avec des salariés : 6 à Beauvais, 5 à Evry (3

coordinateurs, 1 animateur et 1 comptable), 2 à Longjumeau (1 animatrice responsable et 1

assistante d’accueil), 1 coordonateur à Juvisy. A Chilly-Mazarin, il n’y a pour l’instant aucun

salarié puisque le RERS est en construction mais l’initiative a été prise par le directeur de la

MJC de la ville, Jérôme Waucheul ; on peut donc supposer que, dans un premier temps, ce

sera M. Waucheul qui animera le réseau. Quant au réseau du 12ème arrondissement de Paris,

sa position est particulière, le refus même de s’organiser formellement implique l’absence

de salarié pour l’animation du RERS.

Il est difficile d’estimer les ETP (Equivalent Temps Plein) pour chaque RERS notamment parce

que certains animateurs partagent leurs temps de travail entre l’animation du RERS et

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d’autres missions dans la structure de base (par exemple, à Longjumeau, l’animatrice

travaille au sein du centre social ; à Beauvais, les salariés dépendant également de « L’Ecume

des jours »,…). Seuls les salariés du RERS d’Evry consacrent un temps plein au

fonctionnement du réseau. Cela amène à se demander si des salariés seraient embauchés

pour l’animation du RERS si le RERS lui-même ne s’appuyait pas sur une structure de base

type centre social, MJC, autre association, …

La fonction des salariés des réseaux est désignée par les termes « animateur » ou

« coordinateur» ou « médiateur » : ceci montre que les salariés sont amenés à gérer le RERS

pour les questions logistiques (communication, date de réunion, de bourses d’échanges) et

de mise en relation mais qu’ils n’ont pas pour mission de s’immiscer dans les échanges de

savoirs qui sont des rapports directs entre offreurs et demandeurs sans intermédiaire.

Les bénévoles

Le concept de bénévolat est parfois difficile à déterminer et à délimiter : quels sont les

critères pour affirmer qu’une personne est un bénévole actif dans le RERS ? Comment

mesurer cet investissement ? Par le nombre d’heures, de journées consacrées à

l’organisation ? Par le nombre de mails envoyés ? Par la régularité de cet engagement (une

personne peut être très active et donc avoir un rôle déterminant pour le déroulement d’un

événement ponctuel et pour autant être moins engagée tout au long de l’année par

exemple) ? La difficulté à définir un bénévole explique peut-être les disparités dans le

nombre de bénévoles indiqués par chacun des RERS.

Les bénévoles des RERS étudiés sont soit les porteurs-animateurs du RERS quand il n’y a pas

de salarié (par exemple le RERS du 12ième compte 6 bénévoles), soit des personnes qui

viennent en soutien aux animateurs salariés (3 à Juvisy, 4 à Beauvais, 21 depuis septembre

2010 à Longjumeau, 750 au RERS d’Evry Centre Essonne). Dès lors, l’investissement de ces 2

catégories de bénévoles est différent. L’investissement des animateurs-bénévoles comme

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dans le 12ème arrondissement est souvent intense et se révèle même parfois lourd pour

certains bénévoles qui rencontrent des difficultés à passer le relais à d’autres habitants (« ce

sont toujours les mêmes »).

Finalement, la vie d’un RERS dépend aussi essentiellement de l’investissement de ses

bénévoles, du nombre de bénévoles actifs, et de la répartition des tâches entre bénévoles.

Les animateurs font également part de l’irrégularité du nombre de bénévoles (Longjumeau :

« Sachant qu’il y a des périodes où nous avons plus de bénévoles que d’autres »).

Les tâches qui incombent aux bénévoles sont liées à la vie directe du réseau : « organisation

(installation, rangement, diffusion de l’information, cuisine, …) pour les échanges collectifs et

les réunions, la diffusion d’informations, l’organisation et la mise en place d’échange pour la

fête du RERS » (Entretien avec la coordinatrice de Longjumeau).

1. Budget

Nous n’avons pas toujours pu nous procurer les bilans financiers des RERS concernés. Il est

donc difficile d’analyser la part des dépenses et des recettes ainsi que leur nature.

Le budget global du RERS de Longjumeau est de 397 € en 2010. Celui d’Evry est d’environ

200 000 € (sans les valorisations). Le RERS du 12ème arrondissement n’a pas de budget. Le

RERS de Juvisy n’a pas de budget ; les frais sont partagés entre les participants.

Les dépenses

Il est difficile d’avoir un panorama précis des dépenses par RERS. Il semblerait que les

charges soient essentiellement réservées à la communication (envoi de courrier,

l’impression d’affiches).

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Parfois, comme à Longjumeau, les dépenses relèvent d’une ligne budgétaire d’un service de

la mairie (service des maisons de quartier de Longjumeau) pour les festivités, les sorties

collectives, …

Les recettes

L’adhésion financière des membres n’est pas systématique. Par exemple, à Beauvais, le

remplissage d’une fiche de renseignement est suffisante pour devenir adhérent, il n’y a pas

besoin de payer une adhésion. A Juvisy, il n’y a pas d’adhésion. Au contraire, à Longjumeau,

pour participer au RERS, les personnes doivent s’acquitter de l’adhésion annuelle à la Maison

Colucci (5 € pour les adultes, 3 € pour les enfants) ; c’est une adhésion globale au centre

social, donc pas propre au RERS.

Les demandes de subventions se concentrent uniquement vers les institutions, et non vers

des bailleurs privés (fondations par exemple). Le RERS de Beauvais reçoit une subvention

annuelle de la mairie. Seuls deux RERS (Longjumeau et Evry) ont fait des demandes de

subventions auprès de l’Etat et du Conseil Général au titre de la Politique de la Ville. Elles ont

été refusées à Longjumeau (la Ville a compensé en conséquence en prenant sur le budget

des activités des maisons de quartiers) alors qu’elles sont accordées depuis de nombreuses

années pour le RERS d’Evry – Centre Essonne mais sont en baisse constante. Le RERS d’Evry –

Centre Essonne est également soutenu par la Communauté d’Agglomération d’Evry Centre

Essonne via le versement d’une subvention au titre de la Politique de la Ville ainsi que par la

mise à disposition d’un local.

Enfin, 4 réseaux sur 6 bénéficient de la mise à disposition d’un local par les mairies (12ème

arrondissement, Evry – Centre Essonne, Longjumeau, Juvisy). A Juvisy, le RERS peut

développer ses activités dans 3 locaux dans 3 quartiers différents de la ville. De même, le

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RERS d’Evry - Centre Essonne bénéficie d’une mise à disposition du local de Courcouronnes

par la Communauté d’Agglomération d’Evry Centre Essonne ; celui des Pyramides par la ville

d’Evry ; celui de Ris-Orangis par la MJC de la ville et celui du centre ville par les 3F (bailleur

social). A Chilly-Mazarin, on peut prévoir que la vie du RERS se déroulera dans l’enceinte de

la MJC ou de l’Université populaire.

Seul le RERS de Beauvais loue des locaux, mais cette location est prise en charge dans le

cadre du budget de « L’Ecume des jours ».

Il a été difficile de se procurer les montants des budgets globaux des RERS étudiés. Quoiqu’il

en soit, les RERS dépendent pour l’essentiel des budgets de la structure porteuse (centre

social, maison de quartier, Ecume des jours, …). Parmi les RERS étudiés, peu font appel à des

subventions du Conseil général, de la Région ou de l’Etat ; peut-être par manque de

connaissance des dispositifs comme les appels à projets par exemple, par manque de savoir-

faire en terme d’ingénierie et de recherche de financements, ou peut-être par choix

délibéré. En revanche, tous les RERS étudiés (sauf Beauvais) dépendent du soutien financier,

par voie de subvention ou de prestations indirectes (prêt de local, publication du programme

ou d’informations dans le journal de la vilLe, etc.) du territoire sur lequel ils agissent. Ainsi,

l’affirmation d’autonomie des RERS (comme celui du 12ième par exemple) ou la volonté

d’autonomie vis-à-vis des institutions reste difficile, voire est inenvisageable (la suppression

de la mise à disposition d’un local rendrait la vie d’un RERS très complexe en terme

d’organisation).

B. Communication

Trois types de communication peuvent être identifiés :

- la communication concernant le lancement du RERS à sa création

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-la communication interne au RERS

-la communication externe au RERS pour le promouvoir (il est parfois complexe de distinguer

la communication interne et de la communication externe et inversement)

-la communication inter – RERS pour laquelle nous n’avons que peu d’éléments

Communication pour le lancement du RERS

Concernant la communication pour le lancement des RERS, différents moyens ont été

utilisés. Dans le 12ème arrondissement de Paris, une enquête a été menée auprès de

personnes âgées pendant la distribution de chocolats à la fin de l’année à l’aide d’un

questionnaire en demandant aux habitants ce qu’ils aimeraient recevoir et transmettre

comme savoir. A Chilly-Mazarin et à Juvisy, ce sont des réunions d’informations (autour d’un

repas festif à Chilly) appuyées par « un travail important de communication » à Juvisy (le

coordinateur a fait fonctionner son réseau professionnel – Directeur de la MJC par exemple

ainsi que la mobilisation des membres de l’association de base – affiches placardées dans la

ville – diffusion de l’information dans le journal municipal – relais avec le service retraite de

la ville, …) qui ont initié le lancement du RERS.

Le «bouche à oreille » a particulièrement été un moyen de communication particulier

pour les animateurs, qui ont découvert les principes des RERS par leur réseau social ou

professionnel : l’animateur de Chilly-Mazarin a connu le RERS par un collègue de travail, celui

de Juvisy a eu connaissance de l’existence d’un ancien RERS sur la ville.

Communication interne

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Les animateurs-coordonateurs de RERS utilisent apparemment les échanges par courriel

entre les échangeurs de savoirs pour les convoquer à des réunions, leur transmettre le

programme,

Le RERS du 12ème arrondissement appelle directement parfois les membres pour les

informer.

L’information au sein du RERS passe aussi par les réunions, les bourses d’échanges qui sont

organisées à des fréquences variables.

Les RERS mettent en place un système de communication en interne notamment lorsque les

RERS font partie ou occupent les locaux d’une autre structure (association ou centre social

par exemple). Ainsi, dans le RERS de Longjumeau, qui fait partie d’un centre social, un

tableau présentant les échanges (offres et demandes) est présent à l’accueil du centre. Il

donne ainsi une visibilité sur le RERS à tout usager du centre. A Beauvais, le RERS bénéficie

des moyens de communication de l’Ecume des Jours pour transmettre les informations :

ardoises à l’entrée du local avec le programme.

Le coordonateur de Juvisy a tenté d’impulser un outil de communication (une page Internet)

créé et alimenté par les échangeurs eux-mêmes mais ces derniers ont répliqué que ce devait

être les salariés de la structure de base qui devaient s’en charger.

Communication externe pour promouvoir le RERS

Le « bouche à oreille » est un moyen de communication essentiel, qui affirme la volonté de

départ d’utiliser très peu de communication de type publicité ou médias et de favoriser la

place des méthodes alternatives comme le réseau social. A Evry, il semblerait que le

principal outil de communication externe reste le bouche-à-oreille.

Les RERS organisent ou participent à des manifestations dont le public est plus large que le

réseau de ses membres. Par exemple, le RERS du 12ème arrondissement participe au « Forum

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des associations du 12ème » pour se faire connaître plus largement. Différentes

manifestations sont organisées pour attirer des habitants qui n’appartiennent pas au réseau,

par exemple l’organisation d’un « Pic Nic Bourse » en juillet 2010 pour le RERS du 12ème la

galette des rois et la journée portes ouvertes en septembre à Longjumeau ; la fête du RERS à

Beauvais. Les RERS bénéficient également d’encarts dans les journaux locaux ou sur les sites

Internet des villes (RERS du 12ème un encart dans la lettre hebdomadaire de

l’arrondissement, sur le site Internet de la mairie du 12ème et sur le site Internet du RERS ; à

Beauvais, un article parfois dans le journal de la ville, dans le Parisien ; à Longjumeau dans le

journal de la ville).

Une réflexion est actuellement menée pour créer un flyer sous forme d’un plan de RER à

distribuer éventuellement auprès des commerçants dans le RERS du 12ème. Le RERS de Juvisy

adopte une stratégie originale : il mise en effet sur l’éparpillement de ses locaux dans 3

quartiers différents de la ville pour faire connaître son RERS.

Communication inter-RERS

Elle n’est pas évoquée dans les entretiens. En revanche, certains RERS manquent

d’informations sur la vie d’autres RERS ; par exemple, une des animatrices du RERS du 12ème

s’étonnait que d’autres RERS fonctionnent avec des salariés.

Ainsi, les supports de communication sont très divers et sont caractérisés par leur simplicité

et leur faible coût : courriel, appels téléphoniques, bouche-à-oreille, page Internet, journaux

des municipalités, affiches parfois, flyer (en réflexion au RERS du 12ème arrondissement). A

travers les différents moyens de communications évoqués précédemment, il ressort que la

communication s’effectue principalement par les acteurs des RERS et reste à l’échelle locale.

Il est intéressant de souligner que finalement la communication des RERS s’appuie souvent

sur la communication de la structure de base (Ecume des Jours, MJC, mairie, …) ;et qu’ un

manque d’autonomie des RERS dans ce domaine peut être un frein au développement .

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17 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Cependant, plusieurs animateurs de différents RERS sont pleinement conscients de cette

faiblesse (le coordinateur de Juvisy, malgré une importante communication pour la première

réunion du RERS, était déçu par le faible nombre de personnes présentes – il a un regard

critique sur sa méthode : il aurait dû être moins attentiste et relancer les personnes

contactées) et tentent de trouver des « astuces pour communiquer avec un maximum de

gens » (Témoignage Longjumeau).

Tableau récapitulatif

RERS Evry Beauvais 12ème

arrondissement Longjumeau Juvisy

Chilly-

Mazarin

Nombre de

salariés 5 6 0 2 1 0

Nombre de

bénévoles 750 4 6 21 3 0

Montant moyen

du budget

environ 200 000 €

non communiqué

0 € 397 € 0 € 0 €

Nature des

dépenses

communication (envoi de courrier, l’impression d’affiches) et parfois organisation de festivités

Nature des

recettes

Subventions, prêt de locaux (Communauté

d'Agglomération, villes, bailleur

social)

Subvention, location de

locaux

Prêt de local (Municipalité)

Adhésion au centre social,

subvention, prêt de local

(Municipalité)

Apport de chaque membre du RERS, prêt de

locaux (municipalité)

Subventions

Ville, Communauté

d'Agglomération, Etat, Conseil

général (Politique de la

Ville)

Ville Ville

Moyens de

communication

courriel, appels téléphoniques, bouche-à-oreille, page Internet, journaux des municipalités, affiches (et un flyer en réflexion dans le 12ème arrondissement)

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18 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

III. PORTAGES ET PARTENARIATS

A. Partenariat

La situation quant au partenariat que peuvent entretenir les RERS avec les structures privées

sont simples et ne représente qu’une facette du partenariat.

En effet, d’un RERS à l’autre la réalité n’est pas la même.

Il y a ceux qui ont été créés à l’initiative des communes et qui entretiennent des relations

partenariales proches avec ces dernières.

Cette proximité facilite l’accès aux locaux, apporte des moyens non négligeables en terme de

communication, et offre l’avantage précieux que représente le soutien du ‘’politique’’.

C’est le cas de Paris 12 et Longjumeau.

D’autres sont d’initiatives privées et doivent construire un partenariat qui n’est pas donné

d’emblée.

Du moins l’élaboration d’un réseau partenarial exige plus d’efforts, plus de temps, et rend

plus aléatoire la pérennité de ces RERS.

Cela implique t il que vouloir être indépendant a un coût, celui de se passer de moyens

logistiques conséquents ?

C’est le cas de Juvisy et Beauvais.

Cependant, certains RERS ont la particularité d’être d’initiative privée et d’entretenir des

relations complémentaires et étroites avec les municipalités, ce qui a pour inconvénient de

créer des liens de dépendance plus ou moins forts.

C’est le cas de Chilly-Mazarin et d’Evry.

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19 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

B. La variété des statuts juridiques des RERS et leurs relations avec les structures de base

Le premier constat que l’on peut faire concerne la variété des statuts des six RERS.

Si l’initiative est souvent celle des habitants, la structure porteuse est parfois municipale,

pour des raisons simples et pratiques : les besoins en locaux, les subventions, les moyens de

communications, que les municipalités mettent à disposition.

De plus parmi les RERS associatifs, certains comme Evry et Chilly-Mazarin ont des relations

plus qu’étroites avec les municipalités : la création du RERS d’Evry est due en bonne partie

au soutien du Maire-Adjoint de l’époque en charge des affaires sociales, qui fit porter les

premiers travaux qui précédèrent la création du RERS par la Commission extra-municipale de

la ville. « Le réseau c’est d’abord l’initiative de Marc et Claire. Marc était alors adjoint au

Maire. Il a proposé une commission municipale aux affaires sociales à des personnes qui

venaient le voir afin de réfléchir ensemble… ».

Quant au RERS de Chilly-Mazarin, son lancement est conditionné à la mise en place de

l’Agenda 21 que la municipalité souhaite impulser « En janvier2011, la mairie a impulsé la

création d’un Agenda 21 et a souhaité que le RERS en fasse partie… »

et « Actuellement, le projet RERS est mis en suspend puisque l’Agenda 21 est encore en phase

délibérative ».

Cependant la réalité des RERS associatifs est encore plus contrastée si nous observons ceux

de Juvisy et Beauvais.

Certes ils ont un point commun avec ceux de Chilly-Mazarin et d’Evry : leur statut juridique

relève de la loi de 1901 sur les associations mais ils se distinguent de par leurs

positionnements vis-à-vis des municipalités.

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20 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Les créations des RERS de Juvisy et Beauvais sont le résultat de la volonté de groupes

d’habitants sans l’aide directe ou indirecte de leurs municipalités respectives.

Juvisy a cette particularité d’être aidé par une association sans être lui-même associatif « Le

RERS n’est pas présenté comme une action de l’ACJ (Association Culture et Jeunesse). En

effet, le coordinateur souhaite ouvrir le RERS à tout le monde, sans besoin d’adhérer à

l’association ».

Dans cet exemple précis, on constate une volonté clairement affichée de ne dépendre de

personne.

Pas de portage par une structure de base, si ce n’est un soutien matériel minimum par un

acteur privé.

Dans le cas de Beauvais nous sommes dans la même démarche mais avec un statut associatif

assumé, un bar-restaurant associatif qui se confond avec le RERS et le RERS avec le bar-

restaurant, les deux sont étroitement imbriqués. En ce sens le bar permet aux médiateurs

d’établir un premier contact, de leur présenter l’association et le RERS ‘’L’après midi il y a

toujours quelqu’un au bar. Au bout d’un moment le salarié explique à la personne qui vient

ce qu’est l’écume des jours et leur dire qu’il y a un RERS et leur expliquer ce que c’est.

Vous ne verrez jamais dans la semaine tout le temps des bénévoles au bar.

C’est toujours une salariée qui est là pour expliquer.

…le RERS c’est des personnes qui souvent proposent telle ou telle chose et qui cherchent telle

ou telle chose, on parle de réciprocité’’

Là encore, c’est un acteur privé mais qui fait dans ce cas précis le choix délibéré de lier

commerce certes équitable et action militante.

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21 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Enfin, avec les RERS de Longjumeau et de Paris 12, l’initiative municipale est manifeste, elle

est consubstantielle du RERS. Le RERS est le prolongement de l’action municipale, il incarne

certaines valeurs défendues par les élus, qui trouvent dans cette création l’occasion de les

réaliser.

Que constatons nous ?

C’est divers exemples laissent paraître une réalité riche.

Une richesse dans les formes et les fonctionnements.

Portages uniformes ou mixtes.

Quels enseignements en tirons nous ?

Ils portent sur les principes d’autonomie et de dépendance. En effet, le spectre qui va de

l’autonomie à la dépendance par rapport à la structure de base, contient une échelle de

plusieurs degrés.

Cette échelle va de l’autonomie pleine et entière, ou relative, ou négociée, à la dépendance

souple, consentie, ou totale, affirmée.

C. Le sens donné à l’action

1. La création de valeurs communes : la charte des RER

Présentation de la Charte : la réciprocité au cœur des principes des RERS

Les principes fondateurs des RERS sont mentionnés à plusieurs reprises par les personnes

que nous avons interrogées dans le cadre de cette étude. Que ce soit les médiateurs ou les

échangeurs, la référence à ces principes nous informe sur le fait que la Charte des RERS

permet la création de valeurs communes à l'ensemble des réseaux. La portée universelle de

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22 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

la Charte met en évidence les connivences permettant de "faire réseau". Elle repose sur trois

concepts fondateurs à savoir : la réciprocité, la transmission de savoirs, la gratuité.

La Présentation des principes de la Charte est un fait commun à l'ensemble des RERS. Bien

que son explication aux futurs échangeurs soit plus ou moins poussée, en ce qui concerne les

5 réseaux étudiés, elle reste un pilier de référence :

- "Lorsque les personnes viennent pour la 1ère fois au réseau, ils leur expliquent les origines,

les principes des RERS." (Propos recueillis auprès d'un échangeur du RERS de Paris 12ème)

- La médiatrice et responsable du RERS de Beauvais insiste sur la nécessité de présenter la

Charte, dans le but de faciliter la compréhension au futur échangeur vis-à-vis du

fonctionnement des RERS : « Au bout d’un moment le salarié explique à la personne qui

vient, ce qu’est l’écume des jours (association) et leur dit qu’il y a un RERS et leur explique ce

que c’est. […] C’est toujours une salariée qui est là pour expliquer […] On explique offre,

demande et réciprocité, c’est la base ». Les RERS peuvent également exposer les principes de

bases dans leur plaquette de communication, tels sont les cas des RERS de Beauvais ou de

Paris.

Exemple de présentation des principes : RERS de Beauvais

Principe de réciprocité Tableau de mise en relation Principe de don et de gratuité

Réciprocité

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23 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

L'article 2 de la Charte stipule que : "Les Réseaux d'Échanges Réciproques de Savoirs

fonctionnent en réciprocité ouverte. C'est à dire qu'il est possible de recevoir un savoir d'une

autre personne que celle à qui l'on donne. Les R.E.R.S. facilitent la possibilité d'entrer en

relation entre personnes, étant entendu que l'on peut commencer à apprendre avant

d'enseigner (ou vice-versa) et que l'on saura prendre le temps nécessaire pour arriver à

l'indispensable réciprocité. "

Les entretiens révèlent que le principe de réciprocité des RERS est affirmé et revendiqué

comme l’une des valeurs essentielles à laquelle tout échangeur doit se référer. 88 % des

échangeurs interrogés se référent à ce principe. La médiatrice du RERS de Beauvais appuie

sur le fait qu'il est nécessaire d'expliquer ce qu'est la réciprocité, dans la mesure où cette

valeur constitue, selon elle, la base des RERS : "On explique, tu vois en gros, le RERS c’est des

personnes qui savent telle ou telle chose et qui cherchent telle ou telle chose…on parle de

réciprocité."

En effet, le principe de réciprocité est au cœur de tout RERS. C’est une réciprocité circulaire

et non binaire qui se pratique au sein des réseaux, ce qui implique que la dette générée lors

d’un échange de savoirs est créée envers l’ensemble du réseau et non pas envers le seul

offreur. La réciprocité permet également des relations de parité entre les échangeurs

favorisant la valorisation et la confiance en soi ainsi que la dignité des échangeurs dans la

mesure où elle désamorce toute relation compétitive ou de supériorité entre les savoirs et

les échangeurs. La non hiérarchisation entre les savoirs apparait régulièrement dans les

motivations des échangeurs.

Gratuité

Dans son article 3, la Charte définie la notion de gratuité propre aux RERS : "La transmission

des savoirs ne donne lieu à aucune contrepartie financière. L'offreur qui transmet un savoir

ne perd rien de ses connaissances. Le demandeur est invité à offrir à son tour un ou

plusieurs de ses savoirs." La médiatrice du RERS de Paris 12ème reprend et affirme cette

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24 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

valeur : " Dans l’échange de savoirs, ce n’est pas un échange de services. C’est bien échanger

un savoir contre un autre donc c’est GRATUIT. "

Nous pouvons ici établir un parallèle avec la théorie sur le don de Marcel Mauss, dans la

mesure où, la gratuité explicitée dans l'article 3 suppose implicitement la notion de don. En

effet, L'Essai sur le don, présente la base du don au travers d'une triple obligation :

l’obligation de recevoir, l’obligation de rendre et l’obligation de faire. Il indique qu’il y a

« une série de droits et de devoirs de consommer et de rendre, correspondants à des droits

et des devoirs de présenter et de recevoir »1. « Le don non rendu rend encore inférieur celui

qui l’a accepté, surtout quand il est reçu sans esprit de retour. […] La charité est encore

blessante pour celui qui l’accepte ». En ce sens, le principe de réciprocité est indispensable

et intervient en complémentarité à celui de gratuité.

Par ailleurs, le principe de gratuité séduit une grande partie des échangeurs interrogés. Il

intervient, selon ces derniers, comme une manière de s'opposer au monde marchand.

Savoirs

Les RERS ont pour but initial la transmission de savoirs : Art.1 "Les R.E.R.S. ont pour but de

permettre aux personnes : de transmettre leurs savoirs et d'acquérir des savoirs dans un

échange réciproque (savoirs : connaissances et savoir-faire)."

Diverses formes de savoirs peuvent être échangées tels que les savoirs, les savoir-faire, les

savoirs fonctionnels ou les expériences de vie. L'échange de savoirs est à l'origine de

l'émergence des réseaux comme peut le souligner la médiatrice du RERS de Longjumeau :

"E : Pourquoi ca été créé ? MB : Pour échanger tout simplement. A l’époque, elles avaient des

compétences manuelles et souhaitaient les mettre à disponibilité auprès d’enfants et

1 MAUSS, Marcel. « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques », l’année sociologique,

seconde série, Tome I, 1923-1924.

<http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/2_essai_sur_le_don/essai_sur_le_don.pdf>,

Document produit en ligne par TREMBLAY, Jean-Marie. 2002, p 19.

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25 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

d’adultes. Elles avaient donc besoin d’un cadre." Le savoir est ici à la base de la création du

RERS, ce qui n'est pas toujours le cas.

Cependant, l'application réelle de ces principes est relative aux représentations qu'en

ont les acteurs des RERS. Leur mise en pratique reste subjective aux perceptions des

échangeurs et des médiateurs et à l'histoire dans laquelle ce sont constitués les RERS.

2. Degrés de réutilisation et d’application de ces valeurs

Comme nous venons de le voir, les RERS que nous avons rencontrés dans le cadre de cette

enquête, partagent une même charte de valeurs créée en 1979. Elle matérialise et officialise

pour tous, les fondements éthiques de ces réseaux citoyens auxquels il faut adhérer pour y

appartenir. Cependant, malgré l’effort d’instituer une philosophie et des références

communes au sein des réseaux, la mise en application pratique de ces valeurs s’est faite de

façon assez différente, voire parfois de façon divergente. Ainsi, nous pouvons voir des degrés

d’application différente de ces principes au sein des RERS. Le décalage entre la théorie et la

pratique est intéressant à mettre en exergue ici, pour observer comment certains

responsables et/ou médiateurs ajustent le fonctionnement de leur réseau et voir comment

cela se traduit.

Tout d’abord, nous pouvons voir de manière schématique deux grandes tendances : ceux qui

rendent compte rigoureusement de cette philosophie quasi « à la lettre » puis les RERS qui

respectent l’esprit tout en gardant de la souplesse dans leur organisation. Par exemple, le

RERS de Beauvais prend à cœur de développer au maximum ses activités, son action sociale

dans le quartier, de diffuser et surtout de renforcer son réseau. A contrario, le RERS du 12e

lui, ne souhaite pas réellement s’élargir d’une part, par crainte d’être débordé et d’autre

part, par peur d’être « déçu » de la rencontre avec d’autres RERS qui ne correspondraient

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26 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

pas à leurs attentes. Cette idée de restreindre le réseau et de ne pas vouloir le développer va

théoriquement à l’encontre des principes de la charte.

Comme dit l’un des participants du RERS du 12e : « On a une Charte… je ne suis même pas

sûr de l’avoir lue complètement. Ça doit être pour structurer les réseaux mais je n’en ai

jamais rencontrés et je ne le souhaite pas. Je ne vois pas ce que ça m’amènerait de

fusionner. »

Pour une autre participante : « C’est l’idée du temps et aussi le fait qu’il faut désigner un

Président, un Trésorier, etc. Pour l’instant on fonctionne très bien comme ça avec la mairie

qui nous prête une salle. Envoyer les convocations par mail, ça coûte rien. On ne verrait pas

bien l’intérêt d’une association. C’est pas contre les associations hein... C’est le fait qu’on a

plutôt l’impression qu’il y a plutôt des désavantages. »

On peut donc voir ici que se dessine une divergence entre ceux qui encouragent et

promeuvent un réseau ouvert à déployer et ceux qui désirent avoir un réseau restreint,

peut-être plus rassurant et bien organisé.

Ensuite, la charte défend le principe de la « réciprocité ouverte » c’est-à-dire, à l'intérieur

d'un RERS, une première personne qui offre un savoir à une seconde personne (ou à

plusieurs) peut recevoir en contrepartie un savoir d'une troisième personne. La personne à

laquelle vous donnez n'est pas forcément celle de qui vous recevrez. Toutefois, cette

réciprocité n’est pas toujours respectée même si elle est fortement recherchée. Des RERS

surveillent scrupuleusement les échanges des offreurs et demandeurs pour que chacun des

participants connaissent les deux rôles (de l’appreneur et l’apprenant) alors que dans

d’autres RERS la réciprocité même indirecte n’est pas obligatoire. Des personnes peuvent

recevoir un savoir sans forcément en transmettre. Sur ce point encore, des différences

existent quant à la tolérance de ce principe de réciprocité.

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27 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Finalement, nous pouvons également constater des disparités dans la manière de concevoir

la participation des membres du réseau. Pour certains, les échangeurs se doivent d’être

actifs et de porter le réseau par leur engagement autant dans l’activité que dans

l’organisation collective du RERS tandis que dans d’autres cas, le RERS repose sur

l’investissement de quelque uns et les participants sont peu présents et visibles dans la vie

collective des moments d’échanges et de rencontres. Les RERS n’ont pas les mêmes

exigences et les mêmes retours en termes de contribution des individus, ce qui entraîne

l’existence et la pérennisation d’un réseau plus ou moins dynamique.

A Paris, « Il y a des personnes qui viennent aux réunions depuis le début mais qui veulent pas

s’investir plus. On a beau faire des appels, c’est toujours les mêmes qui travaillent, enfin qui

animent et qui gèrent » tandis qu’à Longjumeau, « il y a un sous-effectif de personnel donc il

y a beaucoup de choses qui se font comme ça se présente. Ca a un côté positif puisqu’on est

obligé de chacun s’investir. »

Nous pouvons donc voir, bien qu’il y ait une charte pour homogénéiser des lignes directrices

en termes de valeurs et de conception philosophique du RERS, qu’il reste une marge de

manœuvre que les réseaux saisissent. Chaque RERS possède sa propre lecture de la charte,

ce qui se voit dans la manière d’organiser et de faire vivre son réseau. Ils s’accommodent de

leur mise en application de façons différentes, ce qui fait aussi la richesse des RERS qui ne

sont pas de simples concepts reproductibles et bien une réappropriation singulière des

participants et de ses organisateurs.

IV. Les RERS : outils de développement social urbain (DSU) ?

A. la création de lien social : principe ou effet induit ?

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28 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

D'après les propos de Claire Hébert Suffrin, recueillis lors de notre entretien au RERS d'Evry,

l’objectif de départ des RERS est d’intervenir en complémentarité des établissements

scolaires afin de permettre à chacun de pouvoir apprendre dans un rapport de réciprocité et

dans une logique de lutte contre toutes formes d’exclusion. Actuellement, l’objectif des

réseaux s’est élargi. En effet, il s’agit davantage de favoriser l’émergence de territoires

apprenants, par le développement de partenariats de coopérations avec les personnes et les

structures ressources d’un territoire. Les RERS tendent donc à s’inscrire dans un projet de

territoire dans le cadre d’une réflexion sur la mixité des savoirs échangés. Cette inscription

territoriale renvoie à la notion de Développement social Urbain (DSU). Et interroge le lien

que l’on pourrait établir entre les RERS et le DSU.

L'intégralité des questionnaires réalisés dans le cadre de cette étude mettent en avant le fait

que la motivation première des échangeurs interrogés est la recherche de lien social, de

rencontres. La recherche sociologique actuelle sur le concept de lien social s'inscrit entre

autre dans le cadre du débat relatif à la rationalisation des politiques publiques (action

sociale, emploi etc.) dans un contexte de crises financière, économique et sociale. La notion

de "crise du lien social" est re-questionnée compte tenu de l'émergence de nouvelles formes

de sociabilités comme réponses à un désengagement de l'État relatif aux questions sociales.

Ainsi, Achille Weinberg, dans son article, Lien social. Crise et recomposition2, mais en avant le

fait qu' " en réalité, la société française contemporaine est tiraillée entre des processus

contradictoires. S'il existe des signes indéniables de fragilisation de certains liens, d'autres

indices peuvent être invoqués en faveur de la vitalité de formes de solidarité ou de

sociabilité". En effet, ce dernier constate que le relâchement des dispositifs d'intégration tel

que l'État, conduit à un individualisme croissant et à une "désaffiliation" progressive des

individus. Pour autant, il nuance sur le fait que les fréquences des contacts sociaux et des

2 Sciences Humaines, Questions de notre temps, Hors-série N° 34 - Septembre/Octobre/Novembre 2000

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29 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

relations interpersonnelles ne déclinent pas, du fait d'un renouveau des liens sociaux, qui

s'exprime, notamment, au travers des formes associatives institutionnalisées ou informelles.

Mais encore faudrait-il déterminer si ces formes de lien social interviennent davantage en

substitution ou en complémentarité des politiques publiques ? Autrement dit, dans le

contexte sociétal actuel, d’un recul de l’État concernant les problématiques sociales, d’une

société qui se caractérise par une idéologie valorisant davantage l’individualisme que le

collectif, la notion de lien et de solidarité s’affirme et prend sens

En ce sens, "le lien social" apparait en priorité et de façon symptomatique, ainsi que la

recherche de convivialité (58% des interrogés). Il n'en reste pas moins qu'un réel

attachement aux valeurs de réciprocité, de parité des savoirs et de gratuité apparaissent

systématiquement quelque soit les RERS.

La notion de lien social renvoie à des mécanismes complexes dont l'analyse est au centre de

la pensée sociologique. Dès le XIXème siècle la sociologie a révélé que l’évolution du lien

social est inséparable de la compréhension des changements sociétaux ; la société du

XIXème se caractérisant par l’émergence de l’individualisme. Pour Serge Paugam, dans Le

lien social, PUF (2009), qui se base entre autre sur la thèse d'Emile Durkheim, De la division

du travail social (1893), la notion de lien social peut être analysée au travers du prisme de la

solidarité. Au sein des sociétés modernes la solidarité est organique. Elle est fondée sur la

complémentarité et l'interdépendance des individus et des fonctions sociales qu'ils

remplissent. Cette complémentarité n’est possible qu’à la condition que la conscience

collective se trouve affaiblie. Or dans un contexte dit de « crise du lien social », le lien social

désignerait alors la nécessité d’un désir de vivre ensemble, de relier les individus, de

favoriser une cohésion sociale. Le lien social revêt donc un aspect socialisant essentiel. C'est

cet aspect socialisant que l'on retrouve dans les motivations premières des échangeurs.

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30 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

La problématique du lien social fait partie des objectifs stratégiques de la Politique de la ville.

Comme peut le souligner l'Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des

Chances (ACSé), il permet entre autres de lutter contre l'isolement et l'exclusion, de recréer

des instants de convivialité et d'émulation collective, dont les effets induits sur les personnes

sont diverses.

Le lien social étant un des objectifs que se sont donné les politiques publiques de DSU, les

RERS pouvant être perçus comme des vecteurs de rencontres entre individus, nous pouvons

donc considérer ces derniers comme de possibles outils de DSU, ce que nous développerons

dans la partie qui suit. Mais est-ce pour autant qu'ils agissent sur les problématiques des

territoires dans lesquels ils s'inscrivent ? Cela dépend, notamment, de leur capacité à établir

des partenariats avec les structures locales. Ainsi, le RERS de Beauvais en partenariat avec la

MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) s'applique à promouvoir une certaine mixité

sociale dans les échanges et ainsi à créer du lien intergénérationnel. La mise en place

d'animations collectives réunissant des membres des RERS mais aussi des échangeurs et des

personnes non rattachées au réseau, favorise la création de liens. L'article 7 de la Charte

mentionne l'intérêt que peuvent avoir ces rencontres collectives, à la fois pour les

rencontres et l'échange de savoirs.

Bien qu'au départ le lien social ne soit qu'un effet induit, ce dernier tend à devenir un

objectif à part entière, qui surplomberait, selon certains échangeurs interrogés, les autres

principes dans leurs attentes et motivations. Ce principe deviendrait donc, dans certains cas,

la base du rôle que peut jouer le RERS envers les échangeurs. Ainsi, certains, RERS ont été

conçus dans une optique de création de lien social.

Une des médiatrices du RERS de Paris 12ème va également dans ce sens : "Au départ c'était

pour essayer de créer du lien entre les personnes âgées du 12°." "Elle estime qu’on fait un

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boulot euhhh je sais pas si on peut dire social mais un boulot de liaison entre les personnes."

"Ce lien social est très important."

Ainsi nous pouvons conclure sur le fait que "le don serait une forme nécessaire et essentielle

de l’échange, le don peut donc être considéré comme une forme essentielle pour créer du

lien social." 3

A. Quel impact sur le territoire ?

Si les RERS créent de fait du lien social par ce format d’échanges, nous pourrions aller plus

loin en disant que les échanges qu’ils organisent pourraient être intégrés dans les champs

d’intervention de la politique de la ville. « La politique de la ville a pour objectif de prendre

en compte, par une intervention publique adaptée, des territoires urbains en difficulté. (…)

Ce sont des quartiers infra-urbains considérés par les pouvoirs publics comme constituant

des cibles prioritaires de la Politique de la ville. Il s’agit le plus souvent de grands ensembles

d’habitat collectif dégradé dont la population est particulièrement touchée par le chômage

et l’exclusion. (…) L’État et les collectivités locales concernées (communes, communautés,

départements et régions) mettent en œuvre, dans ces quartiers, des programmes de

renouvellement urbain et de cohésion sociale dans différents domaines d’intervention. »4

Les RERS pourraient être identifiés comme une manière moins institutionnalisée de donner

des clés aux personnes de ces quartiers. De fait, ces échanges réciproques de savoirs

3 MAUSS, Marcel. Op. cit., p. 90.

4 Voir « l’essentiel de la politique de la ville » sur le site du Ministère de la Ville www.ville.gouv.fr [consultation

mai 2011]

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peuvent être une occasion de se faire rencontrer les individus, dialoguer et construire,

pourquoi pas, des projets communs sur le quartier.

De façon évidente, les RERS jouent ainsi un rôle important auprès des habitants dans

différents domaines, notamment ceux de l’éducation, de la citoyenneté ou du cadre de vie.

Ces dimensions sont clairement des axes stratégiques de la politique de la ville. Afin de

mieux en comprendre les enjeux, celle-ci s’est recentrée sur les quartiers dans une première

logique de rénovation urbaine puis ensuite de cohésion sociale. En 2003, l’Agence Nationale

de Rénovation Urbaine (ANRU), qui s’intéresse à la manière d’améliorer le quotidien des

habitants par rapport à leur environnement, voit le jour. Puis dans un second temps,

l’Agence Cohésion Sociale et l’Egalité des chances (ACSE) est créée avec l’objectif de lutter

contre les discriminations, l’exclusion et, de favoriser l’égalité des chances. L’Acsé est alors

en charge de la mise en place des orientations gouvernementales en terme de politique de

la ville et développe des programmes destinés aux habitants dans les domaines

d’intervention prioritaires suivants : éducation, formation, accès à l’emploi et à l’activité

économique, santé, promotion de la diversité, développement du lien social. L’Acsé pourrait

donc être un interlocuteur idéal des RERS et collaborer avec eux pour soutenir ce projet

solidaire réticulaire.

En effet, l’enjeu des RERS, peut-être moins formalisé, est également de participer de réduire

les inégalités sociales et d’encourager la participation des habitants à la vie de leurs

quartiers. Ce type d’initiatives, tel que les RERS, pourrait entrer dans le cadre des CUCS, qui

articulent les enjeux sociaux, urbains de la politique de la ville, et être considéré comme un

levier pour créer davantage de cohésion sociale. Les RERS pourraient être des points relais

de connaissance du quartier et de circulation de l’information.

Ce projet est possible à l’aide des partenaires qui collaborent avec les RERS : les centres

sociaux et culturels, les MJC, les associations, les municipalités par exemple, Ces dernières

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sont parfois indispensables pour porter le RERS ; soit parce qu’ils l’hébergent directement

soit parce que ce dernier se situe à proximité et que ces acteurs peuvent l’aider pour

l’organisation des activités ou l’aspect administratif.

Dans le cas de Chilly Mazarin, on peut voir qu’il y a une relation partenariale à 4 acteurs : la

Mairie, l’association Agenda 21, la MJC et le RERS. « En janvier 2011, la mairie socialiste a

impulsé la création d’un Agenda 21 et, suite à une réunion présentant l’avancée de la mise en

place du RERS, a souhaité qu’il en fasse partie pour des motifs liés à la participation, au lien

social et donc au développement durable de la commune. Ainsi, après le diagnostic de

l’Agenda 21, c’est pendant la phase de concertation, et en particulier sur le volet « Vivre

Ensemble », que la MJC a émis 6 propositions dont le RERS. »

Les RERS peuvent compter sur ces acteurs du territoire pour développer une action sociale

qui encourage à la rencontre et à la solidarité. A Chilly Mazarin, l’accent est mis sur la

création de relations et de convivialité entre les personnes. « Lors de la rédaction du projet

social du centre social en 2009, dont l’objectif était de recréer du lien social parmi les

habitants (dont beaucoup sont des retraités isolés), il a été décidé de créer une université

populaire. Cette démarche d’université populaire consiste à créer un ensemble d’activités

éducatives et culturelles à destination de tous les publics dont le RERS ferait partie parmi

d’autres activités. »

De façon plus précise, RERS peuvent jouer un rôle éducatif et pédagogique alternatif

primordial, dont l’institution scolaire peut se saisir. Par la nature même de ce mode

d’apprentissage, sans hiérarchie de savoirs et pour tous, c’est une autre manière de se

former plus valorisante qui devient possible. Cela permet de sortir du procédé classique

d’éducation (situation de supériorité de l’enseignant sur l’élève) et de proposer une nouvelle

méthodologie pour transmettre des connaissances. A Evry, les fondateurs du tout premier

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RERS soutiennent cette idée et mettent en place des échanges réciproques de savoirs au

sein des établissements scolaires de cette ville nouvelle.

Selon l’animateur « à Evry un réseau d’échange a été mis en place dans une école de la ville.

De nombreux enfants, en échec scolaire, ont commencé à offrir des savoirs. Après avoir fait

ce travail et en se sentant valorisés d’avoir transmis quelque chose ces enfants ont plus

facilement accepté d’acquérir d’autres savoirs. »

Ainsi, les RERS peuvent donc être identifiés comme un outil de développement social urbain

pour lutter contre l’exclusion puis créer un sentiment de convivialité et d’appartenance à

« son quartier ». La ville peut donc par ce biais devenir un espace de partage de savoirs. Ces

réseaux permettent de développer un esprit de citoyen et de voisinage qui améliore le cadre

de vie, de manière moins interventionniste par des programmes extérieurs. Le RERS est une

initiative des citoyens, pour eux et qui vit grâce à eux. La politique de la ville pourrait

s’appuyer sur ces réseaux pour monter des projets collectifs et participatifs. Par cette

coopération, le quartier pourrait devenir un véritable terrain apprenant, ce qu’il est déjà

dans certaines villes que nous avons visitées.

Toutefois, bien que nous venions de voir que les réseaux s’appuient sur des valeurs

fondatrices communes et créent du lien social et des effets positifs sur le territoire, la marge

de liberté d’interprétation et d’application des principes des RERS est plus ou moins élevée.

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Et justement, ces références idéologiques et ces convictions peuvent variées

considérablement en fonction de la manière dont elles sont présentées. Ainsi,

l’organisateur/médiateur peut, malgré lui, participer à orienter l’esprit du RERS et, par-là,

son fonctionnement. Le discours des médiateurs qui véhiculent cette charte, est donc

presque aussi important que le texte lui-même, qui n’est pas lu ni vécu au quotidien.

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PARTIE II : LES ACTEURS ET MOTIVATIONS DU RERS

Dans cette partie nous tenterons de déterminer si une typologie des acteurs se

dessine. Nous verrons notamment le profil des acteurs, leurs motivations, leur connaissance

du RERS et les activités qui reviennent le plus souvent.

Pour cela, nous nous appuierons sur les entretiens recueillis durant cette étude

auprès des échangeurs et des animateurs, les questionnaires administrés aux participants

des échanges et de nos observations. Mais nous nous appuierons également sur des

documents, tels que la charte des réseaux et sur un rapport d’étude concernant la nature de

l’engagement bénévole dans les RERS.

I. LE PROFIL DES ACTEURS ET LES ACTIVITES PRATIQUEES

Grâce à l'observation des différents réseaux, nous avons pu observer une similitude

au niveau des participants et organisateurs de ces réseaux. Nous retrouvons dans l'ensemble

de ces réseaux, animateurs et participants confondus, d'une tranche d'âge partant de 35 à

55 ans et plus.

A. Les animateurs

Nous pouvons constater que la majorité des organisateurs ou animateurs dispose

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d'un bagage scolaire assez élevé et d’expériences professionnelles riches. Ainsi,

• Évry la fondatrice du concept repris dans les RERS était enseignante dans une école à

Orly

• Paris 12ème : une coordinatrice Véronique Pirlot aujourd'hui retraitée était

professeur de danse;

• Chilly-Mazarin : Jérôme Waucheul travaille au sein de la MJC et a participé à l'écriture

du projet social de celui-ci.

• Juvisy : Erick Aubourg est quant à lui directeur d'une association et initiateur du

RERS, il fut dans un premier temps animateur au sein d'une MJC.

• Longjumeau : l’organisatrice, Delphine Biguot est travailleur social.

Il y a une forte représentation du corps éducatif parmi ces animateurs ou fondateurs.

Nous retrouvons souvent d'anciens enseignants ou d'anciens travailleurs sociaux et

personnes travaillant dans le milieu associatif ou de la formation. Ces personnes ont souvent

occupé des postes à responsabilité, dans lesquels ils ont eu à concevoir des projets, à

organiser ou à animer des réunions autant d’atouts pour gérer un RERS.

Le fait que les RERS disposent de nombreux anciens professeurs au sein de leur

équipe d'animateurs n'est pas forcément anodin, les RERS étant avant tout une mise en

œuvre de principes de pédagogie alternatifs, comme cela a été développé dans

l’introduction.

Par conséquent ces animateurs, à travers leur familiarisation aux diverses manières

d'échanger sont déjà qualifiés pour transmettre leurs savoirs et aider d'autres personnes à

développer leur savoirs jusque là inconnus. Ex : RERS du 12ème : lors de notre première

observation du 12ème, deux nouveaux participants étaient présents, lorsqu'on leur a posé la

question de ce qu'ils recherchaient et de ce qu'ils pourraient offrir, ils ont su tout de suite les

savoirs qu'ils voulaient acquérir par contre pour chercher ce qu'ils pouvaient offrir ils ont mis

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du temps. Les animateurs ont dû intervenir afin de les aider dans leurs réflexions.

Certains animateurs ont découvert les principes des RERS par leur réseau social ou

professionnel : l’animateur de Chilly-Mazarin a connu le RERS par un collègue de travail, celui

de Juvisy a eu connaissance de l’existence d’un ancien RERS sur la ville.

B. Les échangeurs

Au niveau des échangeurs, nous constatons après avoir parcouru les entretiens et les

questionnaires une représentation assez élevée de personnes retraitées, de femmes et de

personnes à la recherche d’un emploi. Lors de l’observation de la bourse d'échange du

12ème nous avons d'ailleurs posé la question sur la sur-représentation des personnes

retraitées dans ces réunions. Ceci a permis d'ouvrir un débat : on nous a expliqué que le

temps était un des facteurs qui jouait beaucoup quant à la diversité des participants. Les

heures auxquelles se tenaient les réunions avaient aussi un impact, (Ex: 12ème 19h30-21 H, à

Longjumeau certaines activités ont lieux le midi ou en après-midi). Les personnes actives

n'ont pas forcément le temps pour assister à ces réunions.

Les jeunes sont très peu représentés au sein de ces différents réseaux, ce que

déplorent les organisateurs qui voudraient étendre leurs actions à un public plus large et plus

diversifié, d’où la volonté d'organiser de nouveaux modes de communications (Ex: Paris

12ème avec les flyers).

Nous constatons également une représentation plus élevée de femmes. Cela peut

s'expliquer par la nature des échanges. Ainsi, à Juvisy, une première expérimentation du

RERS avait été mis en place et était destiné exclusivement aux femmes afin de partager des

activités comme la cuisine ou la couture. On peut émettre l’hypothèse que l’objectif était de

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rompre l’isolement des femmes du quartier de Bussy. Aujourd’hui, ces activités ne sont plus

réduites qu’aux femmes et se développent de plus en plus auprès de tous les publics. Cette

représentation importante des femmes peut également s’expliquer par l’envie de ces femmes

de se retrouver « entre femmes » pour un moment convivial. Ce sont en majorité des

femmes qui n'ont plus d'enfants en bas âges et qui recherchent un lien social via ces réseaux.

On peut supposer que participer aux activités d’un RERS peut être un moyen d'échapper au

quotidien et de rompre l’isolement. Cela leur permet également d’acquérir de nouveaux

savoirs.

Nous pouvons supposer que la forte représentativité de cette génération de femmes

est liée au contexte politique, social et culturel dans lequel ces derniers ont évolué avec un

bagage scolaire et universitaire important. (D’après les questionnaires, la moitié a un niveau

scolaire supérieur au BAC).

D’après les entretiens menés à Evry, un nombre conséquent d’échangeurs sont en

situation de recherche d’emploi. Cependant, nous n’avons aucune indication sur la typologie

de ces derniers à savoir si nous sommes en présence de chômeurs de longue durée,

d’intérimaires ou de bénéficiaires de minima sociaux. Certaines personnes à la recherche

d’un emploi, trouvent en ces RERS des occasions d'acquérir de nouveaux savoirs afin d'avoir

des compétences et les réutiliser sur le marché du travail. Le réseau aurait ici un rôle dans le

développement personnel de ces personnes. Prenons l’exemple du RERS situé dans le 12ème

arrondissement de Paris : une participante recherche à ce remettre à niveau sur Excel, car

elle envisageait de changer de poste au sein de son entreprise.

Nous constatons que les profils des participants est similaire au sein des différents

réseaux étudiés : l’étude des questionnaires révèle que le profil type du participant est une

femme (les ¾ des participants) âgée en moyenne de 51 ans et est à la retraite.

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Les activités qui ressortent de l’étude peuvent être appréhendées en fonction des

publics recensés sur l’ensemble des sites des différents réseaux. Ce profil type induit une

offre et une demande de savoirs plutôt féminins tels que : cuisine, tricot, couture…

C. Les savoirs échangés

A présent, nous allons voir qu’elles sont les principales activités que les participants

exercent au sein des RERS étudiés durant notre enquête.

Les savoirs échangés au sein des RERS sont très variées : tricot, cuisine, couture,

informatique, création d’un site web, cinéma, relaxation...

Toutefois, ces savoirs peuvent être regroupés :

- Les savoirs du quotidien : tricot, couture, cuisine, jardinage…

- Les savoirs scolaires et culturels : échanges de langues, informatique, littérature,

économie, philosophie, création d’un site internet…

- Les savoirs liés aux loisirs et à la détente : rigologie, soirée karaoké, massage,

sophrologie, danse…

A partir des entretiens réalisés, nous déclinons une thèmatisation des activités sous l’angle

de la précarité sociale, des savoirs utilitaristes, et d’autres liés au bien être ou encore la

détente.

En ce qui concerne le public de Paris 12ème, le document fait clairement apparaître un

public composé de femmes, mais aussi de nouveaux arrivants. Les échanges s’articulent

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autour d’une thématique culturelle (tango, Chi quong et des cours de langue). A Beauvais et

Longjumeau, beaucoup de femmes participent aux activités.

Il est probable qu’à Evry si l’activité « aide à la rédaction de cv » est très marquée,

nous pouvons penser que cela s’explique par la diversité de sa population. La ville d’Evry

accueillant plusieurs populations issues de l’immigration qui ont peut être pour certaines,

des difficultés dans la pratique de la langue française, et qui s’approprient mal les techniques

de recherche d’emploi. Ainsi, cette constatation sociologique, à savoir l’aide à la rédaction

de cv présente dans les savoirs échangés, il est probable que des échangeurs à Evry trouvent

dans les réseaux un espace permettant la rencontre de personnes ayant les codes du

fonctionnement des institutions, afin de les aider à mieux s’insérer socialement.

A Beauvais, Juvisy et Longjumeau les savoirs utilitaristes comme la couture, la cuisine

ou encore le jardinage, peuvent être expliqués par la composition des échangeurs, où on

constate une majorité de femmes dans ces publics. Toutefois, on ne saurait réduire ces

échanges essentiellement à la seule dimension utilitariste. Elles peuvent aussi traduire une

démarche d’échange culturel, un besoin de découvrir l’autre à travers l’art culinaire mais

également de sortir de l’isolement en rencontrant d’autres femmes. C’est donc un moyen de

s’extirper de son univers culturel, de sortir de « soi » de découvrir l’autre.

Les questionnaires administrés aux participants des RERS révèlent que les savoirs les

plus recherchés et dispensés sont les savoirs scolaires (langues et informatique) et les loisirs

(cuisine, danse, couture…). Ils sont en liens avec la typologie des participants.

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Toutes les activités recensées peuvent être analysées et rendues intelligibles à

travers la sociologie du don. Norbert Alter5 écrit : « on donne pour créer un lien spirituel : la

valeur matérielle du cadeau est donc de peu d’importance, mais le fait d’avoir donné engage

le donataire et le donateur dans une relation de réciprocité ». La thèse d’Alter Norbert, est

en parfaite adéquation avec la philosophie et la pratique dans les réseaux. Aussi, faut-il

rappeler que la charte de ceux- ci pose comme préalable que tous les savoirs se valent.

Ainsi, la relation de réciprocité telle que décrite par l’auteur ci dessus cité est

observable empiriquement dans les pratiques observées dans les réseaux.

II LES MOTIVATIONS

La motivation des participants est une condition essentielle au succès des échanges.

Différents types de motivations entrent en jeu pour les acteurs. Dans cette partie, il s’agira

de faire une classification des raisons qui amènent les individus à s’engager dans un réseau.

A .La sociabilité

Il ressort des entretiens que la principale motivation évoquée concerne une

recherche de sociabilité. Ce terme désigne aujourd’hui en sociologie, « l’ensemble des

relations qu’un individu entretient avec d’autres compte tenu de la forme que prennent ces

relations »6. En effet, cette raison est mise en avant par de nombreux échangeurs, mais aussi

par des animateurs, elle est un objectif pour les initiateurs des réseaux. En effet, la charte

faisait déjà référence aux liens qui peuvent être créés grâce aux réseaux en expliquant que :

5 Norbert Alter, Théorie du don et sociologie du monde du travail . La découverte / Revue du Mauss, 2002, p.264. 6 Carole Anne Rivière « La spécificité française de la construction sociologique du concept de sociabilité », Réseaux 1/2004 (n° 123), p. 207-231.

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« Les R.E.R.S facilitent la possibilité d'entrer en relation entre personnes ». Même si l’objectif

premier reste l’échange de savoirs.

L’Etude sur la nature de l’engagement bénévole dans les RERS réalisée en 2002 y

fait également référence. Un animateur interrogé lors de l’enquête le souligne : « Nous

sommes amenés à pointer certaines faiblesses des RER. D'abord l'aspect clubs de rencontres

: nombreux sont ceux qui participent aux réseaux avant tout pour rompre leur isolement

social, ils s’engagent dans les échanges parce que c’est la règle pour s’insérer dans le groupe,

mais les savoirs en question sont pour eux plus des passes temps que des savoirs réellement

désirés ».7(Page 33). D’ailleurs quant il fait référence à cet aspect, il l’évoque de manière

négative. Il perçoit plus le côté relation sociale du RERS comme un obstacle aux échanges

alors que dans nos entretiens, cette notion est vue comme quelque chose de positif et cet

aspect fait partie intégrante des objectifs dans la plupart des réseaux étudiés. En effet, les

réseaux sont facteurs de lien social que certains participants ne retrouvent pas ailleurs, cela

permet à certains de rompre leur isolement.

La recherche de sociabilité est donc une motivation importante au moment de

s’inscrire dans le projet, elle ne fait pas passer l’échange en lui-même au second plan, mais

dans les discours que nous avons recueillis, la notion de lien social revient souvent chez les

échangeurs et les animateurs. L’évolution de la société peut être une explication à ce besoin

de retrouver du lien dans un monde toujours plus individualiste.

L’analyse des discours met donc en évidence de nombreuses remarques à concernant

le lien social que peuvent apporter les réseaux. A Evry, notamment, les échangeurs nous

disent « Cela m’apporte des liens sociaux » ou encore « On sent qu’on n’est pas seul. Au 7 Nature de l’engagement bénévole dans les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs et de Formation. Les différents types de bénévoles dans le RERS et les formations spécifiques. Rapport d’étude. 2002. 120 pages.

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réseau je recherche la chaleur humaine, le partage de la culture entre différentes

populations, découvrir des personnes que je n’aurai jamais eu l’occasion de rencontrer sans

les réseaux ». Les animateurs évoquent également cet aspect, l’un d’entre eux affirme que :

« c’est pour créer des liens avec le genre humain. Que vous habitiez seul, on peut très bien

rester des semaines sans rencontrer du monde ». Pour les acteurs interrogés les réseaux

sont donc des lieux de rencontres.

Le paradigme de Mauss8 veut que le don se repose sur trois facteurs :

a. Il doit être désintéressé et intemporel ;

b. Le bénéficiant peut faire un don en retour, ce qu’on appelle

le contre don ;

c. La valeur des dons ne rentre pas directement en compte.

Cette dernière condition peut nous laisser penser que les savoirs échangés dans les

réseaux, ne sont finalement qu’un prétexte qui exprime un besoin humain de créer du lien

social.

En effet, cet aspect a toujours été un objectif pour les réseaux même si ce n’est pas

sa fonction première, les études précédentes nous montrent que la création de lien social

est présente depuis la naissance des réseaux.

B. L’acquisition et la transmission de savoirs

La seconde motivation que l’on peut développer est l’acquisition et la transmission

de savoirs qui se rapportent à l’objectif premier des réseaux comme le dit la charte des

RERS : « Les R.E.R.S. ont pour but de permettre aux personnes : de transmettre leurs savoirs

8 Caillé Alain, Marcel Mauss et le paradigme du don, Sociologie et sociétés, vol. 36, n° 2, 2004, p. 141-176 http://www.erudit.org/revue/socsoc/2004/v36/n2/011053ar.pdf

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et d'acquérir des savoirs dans un échange réciproque. A travers, cet aspect nous

distinguerons deux dimensions : l’une personnelle et l’autre professionnelle.

La dimension personnelle renvoie à des thèmes évoqués par les participants lors des

entretiens, tels que la « communication de savoirs », « le partage », « l’envie de donner »,

« la découverte » . Dans cette conception, la motivation n’est pas vraiment liée à un besoin

mais plutôt à un désir personnel lié à un parcours spécifique de la personne. Certains

discours font donc apparaître cette dimension : « ça permet d’améliorer sa culture, son

savoir en général. »(Beauvais) ou « pouvoir donner, transmettre, recevoir, dans tous les sens

du terme ». (Evry)

La dimension professionnelle, elle n’apparaît que dans un seul réseau, à Evry plus

particulièrement, où un échangeur a fait part du souhait de compléter sa formation. Cette

dimension est peu développée dans notre étude et donc difficilement analysable au vu des

entretiens réalisés. Elle semble tout de même importante à noter, du fait que dans le

rapport sur le bénévolat dans les RERS, cet aspect est également cité par des participants.

C. Le partage de valeurs

Un autre type de motivation peut être développé à présent. Le partage de valeurs

que prônent les réseaux est une source de motivation pour les acteurs :

La gratuité est une notion à mettre en évidence : « Je suis intéressé par cette richesse

qui ne coûte rien ». En effet, ce mode fonctionnement est un moyen alternatif ou comme

une forme de résistance à la société de consommation actuelle comme le fait savoir un

échangeur à Longjumeau : « Je pense que c’est un bon système parallèlement au monde trop

matérialiste, de mon point de vue, où l’on vit ». Par ailleurs, 60% des enquêtés participent

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46 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

par ailleurs à la vie associative et sont donc sensibilisé aux valeurs et pratiques de ce type

d’initiatives.

Le fonctionnement en réseau : Le côté moins institutionnel de la structure et de sa

démarche est aussi un facteur important où la hiérarchie entre les acteurs et les savoirs est

totalement absente comme l’explique un animateur du RERS de Paris : « Je donne un peu de

moi-même pour faire vivre le réseau. C’est l’idée de donner sans arrière pensée de

domination, d’argent… ». Cette absence de hiérarchie fut déjà notée dans l’étude sur la

nature de l’engagement bénévole : « L’organisation en réseau, propose une forme de

coopération sociale rompant avec des modes d’organisations traditionnelles. Pas de

hiérarchie entre les membres du groupe ». Le besoin de solidarité est une source de

motivation également : « Pour moi il y a une recherche de solidarité. J’estime que dans la vie

on devrait s’entraider, alors que l’on vit dans un monde bourré d’individualisme » comme

l’exprime un participant au RERS de Longjumeau.

A travers les motivations développées ici, la remise en question des fonctionnements

actuels de la société (individualisme, manque de solidarité, rapport permanent à l’argent…)

est régulièrement évoquée par les acteurs.

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47 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

PARTIE III : LES EFFETS DU RERS

Nous nous attacherons dans cette partie, à analyser les effets des RERS sur les individus, les

structures et les territoires. Effets recherchés ou non par certains seniors

participants/animateurs/médiateurs : la rupture de l’isolement et de la solitude, le

sentiment d’utilité et le lien social.

1. Rompre avec l’isolement et la solitude.

La volonté de rompre avec l’isolement et la solitude sont très fréquents au sein des

différents RERS. En répondant à la commande de FORESCO, notre hypothèse de départ était

que la plupart des participants des RERS étaient des personnes âgées et qui avaient du

temps libre.

Notre travail de terrain nous a permis de dégager des différences dans la catégorie de

« senior ».

Parfois, une impulsion politique se « cache » derrière cet objectif de lutte contre l’isolement

des personnes âgées (RERS 12ème). Le but recherché est de créer du « lien social » entre les

participants. Nous tenons à souligner que le RERS du 12ème avait cet objectif affiché

(mairie)en plus des principes fondateurs du RERS

Attention, la population vieillissante est hétérogène : personnes en perte d’autonomie,

personnes valides et d’autres dépendantes.

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48 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

« La forte augmentation du nombre des personnes vivant seules confirme une tendance

amorcée dans les années soixante. D’un bout à l’autre de la vie, les personnes seules sont

différentes : veuves pour les plus âgées, elles se démarquent par leur comportement

relationnel et même par leur sensibilité au sentiment de solitude. Mais la propension à

l’isolement et la solitude est aussi modulée par les caractéristiques sociales des personnes »,

Jean-Louis Pan Ké Shon, « l’individualisme ou l’effritement du lien social, facteur de risque

pour notre santé ».

Cette citation illustre à la fois les phénomènes de lutte contre l’isolement et le « sentiment

d’utilité » qui peut en découler. Par exemple, nous pouvons nous référer à l’anecdote de

Mme X, médiatrice du RERS 12ème, qui nous confiait qu’il ya quelques années son offre

concernant les méthodes de rangement connue un franc succès. Un jour, une veuve avait pu

apprendre à ranger les choses dans son appartement, pour être moins « perdue » (suite à la

disparition de son mari). Ce jour là, la médiatrice s’est rendue compte qu’elle pouvait être

« utile » à quelqu’un. Non seulement le RERS peut apporter une forme d’entraide et de lien

social, mais en plus un sentiment d’utilité. Dans la réalité, les deux femmes se lièrent

d’amitié grâce à cette offre de savoirs. Nous pouvons constater alors que le principe

fondateur du RERS (principe de réciprocité des échanges de savoirs) s’en trouve renforcé, du

point de vue « humain ».

Les seniors peuvent également être des personnes qui se retrouvent du jour au lendemain à

la retraite, « couper de leurs réseaux social et professionnel ».

Après 60 ans, les seniors vivent une rupture de leur statut social selon Hélène Michaudon,

« La retraite ou le temps des loisirs » ( INSEE 2001) parce qu’ils font le deuil de leur vie

professionnelle, qui se traduit par une augmentation du temps libre dont 7h14 en moyenne

de temps non contraint par jour, hors besoins « physiologiques (sommeil, soins, repas) et

obligations de travaux ménagers, aide à d’autres personnes… ».

Il existe 6 types de comportements de vie à la retraite :

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49 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

- les 3 premiers types de retraite active (loisir, conviviale et revendication) qui impliquent à la

fois une bonne adaptation à la vie de retraité et à une participation à la vie associative.

En effet, ces trois profils ont pu être observés lors des participations aux RERS.

Nous pouvons trouver des données concernant les loisirs, la convivialité, le lien social et la

revendication, dans les résultats des 38 questionnaires distribués aux quatre RERS.

Le participant type est une femme âgée de 51 ans en moyenne et est à la retraite. Ce profil

type induit une offre et une demande de savoirs tels que des loisirs : cuisine, tricot, couture..

D’ailleurs, 60 % des personnes interrogées participent à la vie associative : ils sont donc

sensibilisés aux valeurs du RERS.

Le savoir est donc un outil qui donne les moyens aux individus de se rencontrer, de rendre

une dignité, d’être reconnu : « Cela m’apporte des liens sociaux et de la satisfaction

personnelle : pouvoir transmettre, recevoir dans tous les sens du terme. La gratitude… C’est

l’humain en fait » Christelle, participante RERS Paris 12ème

Les parties suivantes concernent les effets repérés au sein des différents RERS.

2. Effets individuels : insertion professionnelle

Les réseaux d’échanges réciproques de savoirs, par leurs techniques de repérage de savoirs

et leur méthodologie d’apprentissage fondée sur la revalorisation de l’homme par la

reconnaissance de ses savoirs et de l’apprentissage à partir de ses acquis, peuvent aussi

avoir un rôle d’insertion professionnelle pour les participants.

En effet, au-delà de la réciprocité du don et de la création de lien social, certaines actions

aident les participants à sortir de l’isolement et permettent d’écarter certains freins à

l’insertion.

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50 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

L’échange de savoirs favorise alors l’autonomie, ce qui joue un rôle dans les trajectoires

individuelles des individus, c'est-à-dire jusqu’à leur parcours professionnel : « Et il y a aussi la

conviction que par le savoir on peut accéder à l’autonomie, qui est un puissant levier dans la

vie » (Margot, animatrice, RERS Paris 12ème).

L’insertion professionnelle doit conduire un individu (jeune ou adulte) vers un emploi ou

vers une activité au plus près de son projet et de la réalité du marché de l’emploi.

Par exemple, pour un bon nombre d’individus, l’apprentissage de la langue est un frein à

cette insertion professionnelle : l’illettrisme et l’alphabétisme constitue un obstacle

considérable pour l’accès à l’emploi et à la qualification, et complexifie les parcours vers

cette insertion.

Ainsi, notre hypothèse est que la formation linguistique est très fréquente. En effet, on

retrouve au sein des RERS des échanges liés à l’apprentissage de la langue française où l’on

apprend à lire et à écrire, à différents ateliers d’écriture (ateliers collectifs au RERS de

Beauvais) et à une formation linguistique plus générale avec l’apprentissage de différentes

langues. En effet, selon un participant de nombreux ateliers d’alphabétisation se déroulent

au réseau d’Evry (Une histoire dans la ville, un RERS, Evry, 1996).

La vocation d'accompagnement à l'emploi a été peu énoncée bien que les RERS nous ont été

présenté comme des relais importants par leurs organisateurs (limite induite par le nombre

réduit de visite et de questionnaires remplis).

Une complémentarité entre les RERS et les différents travailleurs sociaux ou les différentes

associations peut alors se mettre en place : on oriente des personnes voulant apprendre le

français vers un RERS. C’est le cas à Beauvais par exemple : « Les associations d’insertion

professionnelle de Beauvais (missions locales...) orientent des gens vers le RERS pour qu’ils

apprennent le français, par exemple, pour qu’ils trouvent plus facilement du travail » (Emilie,

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51 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

coordinatrice, RERS Beauvais), ainsi les RERS peuvent enrichir le travail des travailleurs

sociaux.

Cette complémentarité se retrouve au RERS d’Evry avec la participation à la « mobilisation »

d’un public éligible composé de demandeurs d’emploi de longue durée et de bénéficiaires de

dispositifs d’insertion. En effet, d’après le bilan d’activité 2010 du RERS d’Evry, cette

mobilisation concerne les nouveaux entrants dans le dispositif PLIE (Plan Local pour

l’Insertion et l’Emploi), elle accueille des groupes de 8 à 10 personnes envoyés au réseau par

leurs conseillers. Le but de cette action est de mieux se préparer à la formation

professionnelle ou à l’emploi ; elle permet à ces personnes de ne pas rester isolées durant

des périodes d’attente entre les étapes de leurs parcours, de communiquer et d’échanger,

de prendre conscience de leurs savoirs (savoir-faire et savoir être) et de leurs compétences

acquises au cours de leurs expériences personnelles et professionnelles. En quelques mots,

l’objectif est de favoriser les besoins en matière de formation, d’orientation et d’émergence

d’un projet professionnel.

Pour conclure, nous pouvons dire que c’est avec cette inscription sociale dans ces réseaux,

ces valeurs autour du lien social, de l’entraide et de la solidarité que nous retrouvons une

véritable plus value dans les parcours individuels d'insertion sociale et/ou professionnelle

des adhérents. La grille d’entretien et les questionnaires nous fournissent des indications sur

les usages des RERS comme concourant à l’insertion professionnelle sans pour autant nous

permettre, faute de questions précises sur ces points, de repérer tous les liens entre

travailleurs sociaux du territoire et RERS...

3. Effets collectifs : lien social, convivialité et mixité sociale.

Lien social :

Comme nous l’avons vu auparavant, différents effets sont recherchés par les RERS.

L’un d’entre eux est de créer du « lien social » parmi les habitants. Au travers des entretiens

et des questionnaires, nous nous sommes aperçus que ces échanges de savoirs avaient

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52 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

permis de réaliser cette création de lien social, car les participants ainsi que les animateurs le

reconnaissent.

« Je pense qu’il y a l’échange de savoirs et le lien social, c’est ce que je vois de plus » Daniel,

organisateur du RERS Paris 12ème.

Participer à un RERS permet de faire la connaissance d’autres personnes et apporte une

richesse au niveau des relations, des liens se créent au sein du réseau.

L’impact que le RERS a sur les participants est de leur donner l’envie de s’investir dans la vie

du quartier, de sortir de la société de consommation dans laquelle nous sommes car « l’on

vitdans un monde bourré d’individualisme ». « Ca me fait plaisir que les gens se rencontrent,

qu’ils se créent des liens »Véronique, participante, RERS Paris 12ème.

D’après l’analyse globale des questionnaires, l’impact des RERS a été ou est de permettre de

nouvelles rencontres qui ont lieu au sein du quartier, car le RERS est un espace ouvert avec

34% des participants qui ont eu la possibilité d’amener des amis, voisins, collègues, famille.

Un quart des participants ont d’ailleurs fait de nouvelles rencontres au sein de leur quartier.

Convivialité :

En plus de créer du lien social, la convivialité est un des trois principes fondamentaux des

RERS, mais il est aussi un effet qui est recherché, aussi bien par les participants que par les

animateurs, au-delà des échanges de savoirs. 58 % des participants (résultat des 38

questionnaires) considèrent qu’il s’agit d’une qualité prioritaire reconnue et appréciée.

Pour les participants, c’est le cas à Longjumeau et à Paris 12ème : « Je pense qu’il est

important qu’il y ait une bonne ambiance dans le réseau. Il faut qu’il y ait de la solidarité et

de la convivialité et ça, ça demande un état d’esprit, ça demande des gens qu’ils l’ont»

(Participante, RERS Longjumeau), «Quand je vais au réseau, ce qui m’intéresse, c’est l’aspect

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53 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

humain et convivial qu’on ne retrouve pas dans la vie de tous les jours» (Solange,

participante, RERS Paris 12ème).

Pour les coordonnateurs, comme c’est le cas à Beauvais : «On souhaite faire du lieu, un lieu

convivial» (Emilie, coordinatrice RERS Beauvais).

Nous pouvons ainsi émettre l’hypothèse que s’il n’y avait pas de convivialité, peut-être que

le nombre de fréquentations baisserait ou les échangeurs viendraient moins souvent, même

si l’échange de savoirs est fort intéressant.

Mixité sociale :

En France, le terme de « mixité sociale » est à la mode et il émaille les discours et

propositions des « décideurs urbains à tous les niveaux, local et national.

Depuis 40 ans, le peuplement des grands ensembles de logements sociaux de construction

récente réalisait une certaine mixité sociale, imposant aux clases moyennes et populaire de

cohabiter. Ce constat à perdu de sa pertinence dans le cas des grands ensembles, car ceux-ci

ont vu les ménages de classe moyenne partir progressivement…

La participation élargit le champ social – 80% de nos interviewés mentionnent que les

échanges de savoir leur ont permis de connaître des habitants d’Evry et de tous les quartiers.

D’après les résultats des questionnaires, les RERS sont un espace ouvert avec 34% des

participants qui ont eu la possibilité d’amener des amis, voisins, collègues, famille. Un quart

des participants ont d’ailleurs fait de nouvelles rencontres au sein de leur quartier.

Ces nouvelles relations vont de « l’amitié » on discute, on s’appelle à des rapports plus

aléatoires « on se parle dans la rue » « on se voit à Carrefour », « On se rencontre aux fêtes

de quartier…

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Créer la ville ou le quartier en tant qu’espaces identitaires, c’est pouvoir reconnaître ceux-ci

comme siens, mais aussi pouvoir se reconnaître soi même comme sujet appartenant à un

lieu humain ou se jouent de l’identique et de la singularité.

L’un des principes fondamentaux du RERS est de faire rencontrer la population d’un même

quartier, d’une même cité, d’une même ville. 9« Un échangeur vient de tel quartier et va

échanger avec un échangeur d’un autre quartier » (Emilie, coordinatrice RERS de Beauvais).

A Juvisy par exemple, le coordinateur souhaite ouvrir le RERS à tout le monde sans besoin

d’adhérer à l’association et surtout ne pas concentrer le réseau sur un seul quartier, cela ne

doit pas être réservé à une certaine catégorie de population : l’ouverture sur toute la ville

est nécessaire pour envisager une mixité chez les participants.

A Chilly Mazarin, le coordinateur annonce que l’apport de la mairie serait intéressant de

façon à permettre la mise en œuvre d’un projet global avec les différents quartiers, donc de

toucher un public différent et large.

« L’avantage de ces trois locaux mis à la disposition du RERS est qu’ils sont situés sur

différents quartiers pour permettre effectivement une ouverture sur toute la ville, ce qui

permettrait d’envisager une mixité chez les participants » (Erick, initiateur du RERS de

Juvisy).

« Ici on peut côtoyer un médecin, un avocat avec des ouvriers ou des chômeurs, des

bénévoles d’associations, des particuliers sans autre relation sociale et cela se passe bien,

nous sommes au même pied d’égalité » (RERS Evry).

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55 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Un participant parle d’EVRY : « Bon c’est aussi une Ville Nouvelle il y a des villes

traditionnelles, voire même des quartiers, des villages, des gens qui se rassemblent, on peu

éventuellement être de la même couleur… ici ce n’est pas le cas, y a pas beaucoup de …. !! »

(Une histoire dans la ville, un RERS, Evry, 1996)

Suite aux différentes analyses des RERS, nous pouvons noter que les participants ont

intériorisés ce qui est principe des RES accueil empathique de l’autre, respect de sa

personne et de sa liberté. « Que tu sois bête ou intelligent, que tu sois médecin ou balayeur,

tu ne sais pas qui tu as en face de toi » rappelons le dit une enquêtée très impliquée ».

4. Effets sur le groupe, la structure, le territoire:

Effets sur le groupe :

Un RERS n’est pas seulement un échange de savoirs entre des offreurs et des demandeurs,

certains organisent aussi des animations collectives, comme par exemple à celui de

Longjumeau, une soirée jeux de cartes et karaoké ou encore un rallye dans la ville (activités

organisées par des offreurs), ou encore des expositions photos, des ateliers d’écriture au

RERS de Beauvais. Nous pouvons supposer qu’en ce qui concerne ces activités collectives,

cela crée un lien interne au sein du RERS entre les échangeurs, donne une occasion de se

rencontrer à ceux qui ne participent pas aux mêmes échanges et une meilleure intégration

pour les personnes qui viennent d’arriver au RERS. Cela peut aussi créer un sentiment

d’appartenance plus fort au RERS.

Cependant, nous n’avions pas assez de matériau pour vérifier cette hypothèse.

Quand ces activités sont ouvertes à d’autres associations comme pour le RERS d’Evry (en

citant quelques actions collectives mises en place notamment les sorties), les invitations aux

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56 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

fêtes de quartier, les portes ouvertes du Réseau mais surtout durant l’anniversaire des 30

ans du RERS d’Evry.

Nous pouvons émettre l’hypothèse que cela peut faire augmenter la fréquentation du RERS,

car ces activités ouvertes permettent de présenter le réseau à des personnes qui peut-être

ne le connaissaient pas et qui se sont trouvées intéresser par cette forme d’échange.

Nous tenons à souligner que dans les résultats des questionnaires, nous avons un fort taux

de non réponses, notamment pour les questions « approches en groupe ».

Effets sur la structure

Dans certains RERS, il y a un manque d’évolution des échanges, les participants se lassent

parfois des échanges, ce qui a un impact sur le nombre de participants et pour conséquence

une baisse de la fréquentation. Cette diminution du nombre d’échangeurs a elle aussi un

effet sur le rôle de l’animateur qui se renforce et qui le fait passer d’animateur à médiateur

(RERS Longjumeau).

On observe également un essoufflement du RERS lorsqu’il n’y a jamais de « turn-over »

(RERS 12ème) c’est-à-dire lorsque participants, médiateurs et animateurs sont toujours les

mêmes détenteurs des mêmes fonctions. Il peut apparaître un sentiment de lassitude

surtout que le RERS repose sur le « principe de gratuité des échanges de savoir ».

Effets sur le territoire :

Au niveau de la diffusion, nous avons un rayonnement à l’échelle de la ville (47 %) qui

prévaut sensiblement à celui du quartier, plus de proximité ceci en partie dû au système de

« bouche à oreille », qui affirme la volonté de départ d’utiliser très peu de communication et

de favoriser à la place des méthodes alternatives comme le réseau social.

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57 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

A Chilly-Mazarin, le RERS démarre tout juste (2011) suite à la volonté de la Ville de l’inscrire

dans l’Agenda 21. Ainsi, ce projet a pour conséquence d’intégrer les objectifs du RERS dans

la notion de « développement durable » et de répondre aux enjeux liés à la participation et

au lien social.

A Beauvais, le RERS a créé une antenne dans une zone urbaine sensible (Saint Jean) afin de

toucher un public plus jeune.

A Juvisy, le RERS utilise les trois locaux de l’Association Culture et Jeunesse, ce qui permets

de ne pas concentrer le réseau sur un seul territoire, d’ouvrir le réseau à la Ville et

d’envisager une mixité sociale chez les participants.

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58 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

PARTIE IV : PRECONISATIONS

A l'issue de cette étude, il ressort des observations et entretiens menés un certain nombre

de problématiques et de souhaits des acteurs interrogés. Il nous a paru souhaitable de

retravailler ces points afin d'en inférer quelques préconisations, susceptibles dans certains

cas (en raison de la multiplicité des formes de réseaux) d'améliorer l'organisation et la vie du

réseau, ainsi que de développer des effets bénéfiques sur le territoire et les échangeurs.

PRECONISATIONS ORGANISATIONNELLES

SALARIAT ET FINANCEMENT, BENEVOLAT

L’organisation d’un RERS (communication sur le réseau, mise en relation des participants,

mise en place d’activités collectives, de bourses aux échanges, …) nécessite une logistique

importante. A cet égard, si le nombre de bénévoles n’est pas assez important, le

financement d’un salarié doit être recherché afin que le réseau ne s’essouffle pas. Cela pose

néanmoins la question du budget et donc, de la recherche de fonds.

Cela peut notamment se faire par la recherche de subvention auprès de collectivités

territoriales, et notamment au titre de la politique de la ville. En effet, ce type de subvention

laisse une certaine liberté pour définir la ‘philosophie’ du projet (ce qui n’est pas le cas pour

toutes les demande de subvention). En outre, l'éducation étant une priorité pour la

prolongation des Contrats Urbains de Cohésions Sociales (CUCS) jusqu'en 2014, les réseaux

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59 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

peuvent tout à fait y avoir leur place en tant que dispositif d'éducation populaire. Cette

recherche de fonds auprès de partenaires, publics ou privés, pose néanmoins la question de

l'indépendance des réseaux vis-à-vis de ces structures. Aussi, afin d’accroître l’autonomie

des RERS, il semble nécessaire de diversifier les financements et pour cela, être en mesure

de développer l’ingénierie de projet au sein des réseau, ce qui s’avère difficile quand un

RERS n’est porté que par des bénévoles ou qu’il ne présente aucun statut juridique (type

RERS du 12ème).

Certains RERS utilisent quant à eux le recours à une contribution financière à l'entrée dans le

réseau. Bien que peu onéreuse, celle-ci peut tout de même s'avérer être un frein à l'entrée

pour certaines personnes.

Des tentatives de développement du bénévolat pourraient également contribuer à contrer

ce problème. Pour favoriser l’implication des membres des RERS dans l’organisation des

réseaux il convient d’insister dès l’adhésion sur l’importance du bénévolat pour la pérennité

des réseaux. Aussi, les personnes qui souhaitent s’investir dans un réseau doivent pouvoir

bénéficier facilement et rapidement d’une ‘formation’ les aidant dans leur démarche de

bénévolat.

Par ailleurs, une grande importance est donnée au renouvellement des personnes

impliquées dans les RERS. En effet, on s’aperçoit que certains des réseaux s’essoufflent par

manque de renouvellement des animateurs et coordinateurs. Il devient ainsi quasi-impératif

d’enclencher partout ce type de démarche ayant pour but de convaincre puis de former des

participants lambda à s’impliquer davantage dans les réseaux. Il est donc possible d’imaginer

qu’une offre « type » permettant d’acquérir les savoirs nécessaires à l’engagement

(procédures administratives, règlements, déroulement de réunions, prise de parole en

public) soit systématiquement proposée aux nouveaux échangeurs. Cela permettrait

également de brasser les typologies des encadrants qui se trouvent être souvent similaires.

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60 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

CADRE SPATIAL

Première remarque concernant les locaux abritant les réseaux : un local de référence

facilement accessible semble primordial afin de favoriser un sentiment d’appartenance au

réseau, et donc l’envie de s’y impliquer. De ce point de vue, il est observé qu'une importance

notable est accordée à une atmosphère chaleureuse, un aspect "comme à la maison" est

donc important à mettre en place. Pourquoi pas, si possible, dans un processus de création

collective de décoration de l'intérieur des locaux avec les participants.

Deuxième remarque, la possibilité de répartir les locaux et animations collectives en

différents points du territoire concerné peut amener une visibilité plus large pour un public

plus large et un ancrage plus marqué sur la ville/agglomération/etc. Cela implique un

affichage sur le front des locaux, afin que les lieux soient bien identifiables et que les

différents locaux soient autant de moyens de publicité pour le réseau. De cette façon, des

personnes peu mobiles – au moins dans un premier temps - pourraient peut-être découvrir

et s’insérer dans le réseau.

REMARQUES LOGISTIQUES DIVERSES

Les entretiens réalisés montrent l’importance de l'affiche du tableau répertoriant les offres

et demandes. En effet, lorsque ce visuel est mis en évidence il conduit à de nombreux

questionnements de la part des personnes qui ne connaissent pas encore le RERS. Aussi, le

positionnement, l’attractivité et la lisibilité de la présentation du RERS, de ces règles et du

tableau offres/demandes doivent être travaillés en ce sens.

Certains animateurs de RERS souhaiteraient également qu’il y ait plus de liens entre les

différents RERS d’Ile de France. Des réunions de travail plus fréquentes permettraient par

exemple de mutualiser les connaissances et outils des réseaux, sous forme d'échanges de

pratiques. Par exemple, Il pourrait être intéressant de mutualiser certaines méthodes en

termes de logistique informatique : en effet, plusieurs RERS informent par envoi de mails via

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61 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

des listings informatiques des participants, méthode efficace qu'il serait bénéfique de

généraliser.

POUR DEVELOPPER L'IMPACT DES RESEAUX

S'ANCRER SUR LE TERRITOIRE

Afin de diversifier le public, le réseau partenarial des RERS pourrait être développé. En effet,

des relations avec les associations ou les écoles permettraient de faire connaître les réseaux,

de favoriser l’intergénérationnel en leur sein et de diversifier les échanges. De nouveaux

modes de communication pourraient ainsi être développées, telle que la participation à des

festivités d’associations locales. De plus, une information auprès des gardiens d’immeubles

et des travailleurs sociaux, souvent en contact avec des personnes isolées, peut être

également une piste envisageable.

Il parait également intéressant, comme le prône la charte du RERS d’Evry, d’aller au-delà du

simple échange de savoirs à travers une production ( artistique, technique…) réalisée

collectivement. Cela permet d’instaurer une dynamique collective au sein du RERS, faisant

émerger des processus d’ « invention sociale ». En dehors du simple cadre interne préconisé

avant, cela peut également se concrétiser par des expositions ou d’autres manifestations en

lien avec la commune ou d’autres RERS. Ces productions collectives doivent être

développées et valorisées car elles permettent de souder les membres des réseaux et

confortent les RERS dans leur potentiel d'animation sociale du territoire. En outre, afin que

cette animation soit bien visible, touche le public le plus large possible et participe à une

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62 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

dynamique territoriale, il semble important de mettre en place ces activités dans différents

quartiers des villes concernées.

DIVERSIFIER ET INTEGRER LE PUBLIC

Lorsqu'il s'agit de toucher un public le plus diversifié et large possible, certains RERS

rencontrent des difficultés pour obtenir de la mixité dans leurs profils de membres. Pour

remédier à cela, il serait par exemple intéressant de changer le mode d’information et de

recrutement des participants : il s’agirait d’utiliser une communication permettant

d’atteindre les personnes isolées ou non intégrées dans certains réseaux fermés de

connaissances. On peut penser notamment au porte à porte ou encore à un recrutement

dans des restaurants associatifs comme cela est le cas à Beauvais par exemple. En outre,

‘recruter’ dans un milieu déjà hétérogène (en terme de niveau d'étude, âge, sexe etc...)

semble une bonne méthode pour maximiser les chances d'obtenir un public varié au sein des

RERS. Par exemple, dans le cadre d’un comité d’entreprise, une expérimentation d’une

bourse aux échanges peut être envisagée, en soulignant le fait que cette démarche peut

souder une équipe.

Il est fréquent de trouver au sein des RERS un public composé en majorité de femmes et de

personnes âgées. Dans un souci de diversité de classes d'âges et de populations, il est

souhaitable d'élargir le public aux jeunes et aux actifs, notamment aux actifs hommes. Pour

cela, il peut être envisagé d’innover dans les activités proposées, de laisser aux participants

un temps d’adaptation permettant un repérage de leurs savoirs plus approfondi (ne pas

exiger une réciprocité immédiate) ou encore d’adapter les horaires des échanges à d’autres

rythmes de vie. Un système de type « parrainage », pourrait être proposé à ceux qui le

souhaitent, afin qu’ils soient accompagnés durant quelques temps pour faciliter l’émergence

de leurs savoirs à offrir.

La réciprocité est également un principe fondamental des réseaux. Cependant, elle s'avère

difficile à mettre réellement en œuvre. De plus, la rendre obligatoire de façon trop

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"brusque" peut constituer un frein à l'entrée de certaines catégories de populations dans les

réseaux. Aussi, pour les premiers mois d’adhésion au réseau, la réciprocité pourrait ne pas

être obligatoire. Cette "entorse" temporaire à la charte permettrait à certaines personnes

d’avoir le temps de prendre consciences de leurs propres savoirs. Il est également important

d'insister sur la valorisation des savoirs « non conventionnels » des participants (par exemple

les savoirs utilitaristes comme la couture, la cuisine ou encore le jardinage) pour les inciter à

passer de demandeur à offreur de savoir. Les différentes techniques et méthodes de travail

avec les participants sur ce champ pourraient être partagées, conformément à la

préconisation faite sur les réunions d'échange de pratiques. Par exemple, les organisateurs

pourraient se présenter les outils qu’ils utilisent pour faire émerger les savoirs dans

l’animation d’une bourse aux échanges.

Un cas particulier : l'expérimentation RERS à l'Université d'Evry Val

d'Essonne

Après le succès de la mise en place d’un RERS au sein de la promotion

de M2 ingénierie de projet de développement social urbain, quelques

préconisations déjà pressenties se sont vues confirmées durant

l’échange sur les échanges animé au sein de la promotion le 19 mai

2011, soit trois mois après le lancement du projet.

FACILITER LES CONDITIONS DE MISE EN PLACE

Le choix d’une date de lancement

Au sein de notre promotion, le démarrage a été tardif, en février

2011 soit près de quatre mois après notre « rentrée ». Il nous

apparaît opportun, si le projet se renouvelle, de le lancer au début de

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l’année universitaire, au regard des effets produits sur le groupe en

terme de dynamique et de cohésion.

Il serait intéressant que la promotion de l’année précédente vienne

présenter son expérience au moment de la journée d’intégration de la

nouvelle promotion pour permettre un lancement assez rapide du

RERS .

Des lieux et des horaires adaptés

Après notre expérimentation, il nous parait important de prévoir :

- une salle spécifiquement dédiée aux échanges : par exemple la

salle de réunion 308 qui nous apparaît adaptée et conviviale. Un

étudiant nous a par exemple signifié : « ce temps entre midi et deux

dans la salle 308, c'est une manière de voir les personnes de la classe

autrement qu’en cours ». Pour autant, la salle de référence n’en est

pas le lieu exclusif.

- un temps d’échange inclus au temps de formation (consacrer une

heure par regroupement universitaire au RERS ) « La limite à

l’échange, c’était le temps, j’aurais aimé que cela dure plus, pas assez

de temps. » dixit un demandeur. « Le temps sur le déjeuner, arrivée

échelonnée, les gens avaient besoin de prendre du temps pour

déjeuner » selon un offreur. En effet, cela semble cohérent avec des

objectifs pédagogiques universitaires. Il n'est cependant pas exclu que

les échanges se fassent à d'autres moments, pendant la pause

méridienne, moment informel qui favorise la convivialité.

- d’indiquer aux étudiants d’ évaluer la faisabilité de leurs

propositions en tenant compte des contraintes logistiques et

matérielles sans pour autant freiner l'enthousiasme et la dynamique

créée. Il convient simplement de rappeler aux offreurs que le cadre

physique de l'université ne se prête pas à tous les échanges (ex :

cuisine, gymnastique rythmique et sportive, etc.)

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65 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

ANIMER LE RESEAU

Un support de communication à la portée des échangeurs

Malgré la maîtrise des nouveaux moyens de communication :

courriers électroniques, tableau Excel, etc. les échangeurs ont mal

visualisé la programmation des échanges et ont eu quelques

difficultés à se projeter.

Un support « tableau des mises en relations » au mois par mois a

été pensé, faute d’avoir été réalisé. Afin de d’humaniser cette

communication et d’entretenir la dynamique créée, un tableau de

« mise en relations » physique et attractif, consultable par tous,

serait à réaliser à chaque regroupement , dans la salle de référence.

Cela n’excluant pas de relayer cette communication par des relances

de courriels…

Un suivi par l‘équipe Coordination de l’animation pour une

meilleure lisibilité des échanges

Il s’agirait de renforcer la mission de veille des animateurs afin de pas

perdre l’engouement du départ. Par ailleurs, toute annulation ou

d’échange devrait être communiquée et visible par tous.

ET AUSSI…

Un constat a été fait : de nombreux étudiants abandonnent leurs

études durant les deux premières années d’université. Nous pensons

que proposer un Réseau d’Échanges Réciproques de Savoirs pourrait

constituer un soutien pour les personnes en difficulté (difficulté

d’adaptation à ce nouvel univers ou d’acquisition des savoirs).

Comme nous l'a commenté un étudiant :

« C’est un système génial le RERS. Si on avait eu plus de temps, je

pense que cela aurait vraiment été très utile pour la cohésion du

groupe, un tremplin pour la promo »

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66 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Les potentialités d'autoformation d'un RERS peuvent se traduire par

une implication plus forte dans le cycle universitaire et une meilleure

appropriation de ses savoirs et de son parcours. Également facteur de

solidarité, le réseau est aussi source de cohésion et de convivialité et

pourrait participer à la réussite de ces premières années. C’est une

hypothèse qui mériterait d’être vérifiée.

CONCLUSION

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67 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

De manière globale, le premier fait marquant est un besoin de coordination et de

communication entre les RERS. Le développement d'outils favorisant cela permettrait un

échange de pratiques plus régulier et riche ainsi que la résolution collective de problèmes

rencontrés dans chaque réseau avec, pour reprendre un des exemples donnés, la

mutualisation de techniques et d'expérience sur l'attrait de nouveaux publics au sein des

RERS.

En outre, il s'agit également pour les réseaux de pousser plus loin leur intégration au

maillage associatif de leur territoire, notamment par la participation à des actions et par la

création d'actions partenariales ainsi que d'expositions de productions collectives. Des

réflexions doivent aussi être menées (là encore des réunions d'échanges inter-réseaux plus

fréquentes sont nécessaires) quand aux modalités de mise en œuvre des principes des

réseaux, telles que la réciprocité.

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68 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Si il ne devait rester qu'une préconisation transversale à toutes celles formulées, elle serait

la suivante : Il est nécessaire, au-delà des échanges de savoirs, de mettre en place des

échanges sur les réseaux d'échanges (et notamment sur certaines thématiques telles que la

place des bénévoles, des coordonnateurs, des productions collectives…). En effet, comme

nous l’avons vu plus haut, cette démarche de présentation mutuelle des différentes

méthodes d’animation des réseaux permettrait aux organisateurs d’avoir un autre regard sur

leurs pratiques et d’ouvrir leurs possibilités d’animation en connaissant les réussites et

difficultés de leurs confrères.

EXPERIMENTATION RERS AU SEIN DE LA PROMOTION

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69 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Afin de mieux appréhender le concept du RERS, notre promotion en a effectué une expérimentation interne. En voici la retranscription qui vient nourrir la première partie du dossier.

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70 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

I. GENESE DE L’EXPERIMENTATION

Un cours, une proposition, des étudiants... et l'histoire commence.

A l'exposition du thème sur lequel la promotion allait mener un projet collectif tout au long

de l'année, personne n'a réagi à la proposition de créer un RERS au sein du Master2

d’Ingénierie de Projet de Développement Social Urbain.

Personne au départ, puis un étudiant, deux étudiants puis nous nous sommes retrouvés cinq

finalement à former un groupe expérimental. Des motivations multiples nous ont poussé à

nous lancer dans cette démarche ; tout d'abord, de nombreux questionnements et la

curiosité suscités par ce projet.

Certains souhaitaient expérimenter cette situation pour promouvoir éventuellement un tel

projet sur leur terrain professionnel. Pour d’autres, mener une recherche-action paraissait

particulièrement intéressant, la méthode transformant les étudiants en chercheurs. Pour

une personne, c’était aussi une manière d’apporter une contribution à l’Université, cette

étudiante ayant déjà pensé à une action bénévole en son sein. Il fallait donc vivre cette

expérience pour mesurer son possible intérêt pour le développement des personnes, le

développement du lien social ainsi qu'un éventuel élargissement à notre champ

professionnel.

Enfin, rappelons que nous sommes dans un master d'ingénierie de projet, cette

expérimentation est donc très cohérente avec le contenu de notre formation.

II. OBJECTIFS

Nous nous sommes fixé deux objectifs de départ :

Étudier les représentations du RERS et leurs évolutions : comment les étudiants prennent

part ou non au dispositif RERS, le perçoivent, pourquoi et comment ils s'y investissent ou

non et de quelle manière cette implication évolue au fil du temps et de la pratique.

Étudier le contenu des savoirs échangés et son évolution : en effet il est pensable que le

RERS soit investi comme un outil participant à la formation c'est à dire que les savoirs

proposés et voulus se trouvent en lien direct et utilitaire avec le contenu de la formation.

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71 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Étudier les représentations du RERS et leurs évolutions : comment les étudiants prennent part ou

non au dispositif RERS, le perçoivent, pourquoi et comment ils s'y investissent ou non et de quelle

manière cette implication évolue au fil du temps et de la pratique.

Étudier le contenu des savoirs échangés et son évolution : en effet il est pensable que le RERS soit

investi comme un outil participant à la formation c'est à dire que les savoirs proposés et voulus se

trouvent en lien direct et utilitaire avec le contenu de la formation.

Il s'agit bien là d'une recherche-action qui se traduit par l'expérimentation d'un RERS au sein de la

promotion. Notre travail a suivi ces étapes successives : élaboration du processus, mise en œuvre ,

enquête et observation, analyse.

III. ELABORATION DU PROCESSUS (REPERAGE DE LA METHODOLOGIE)

N'ayant jamais participé à des RERS auparavant, et sachant que nous avions à le mettre en place, il

nous fallait un minimum d'outils pour préparer notre terrain. Nous sommes partis à la rencontre de

ceux qui étaient à l'initiative du premier RERS en France, à savoir Marc et Claire Héber-Suffrin et cela

s'est fait en trois temps :

- Une première rencontre rencontre des fondateurs avec une explication de ce que sont les RERS

avec l’ensemble des étudiants de la promotion;

- A la suite d’une proposition de Mr et Mme Héber-Suffrin, une seconde rencontre a eu lieu: le but

cette fois-ci était d'obtenir des éléments de méthodologie pour initier un RERS. A notre agréable

surprise, nous l'avons testée sur place sous la forme d'une mise en situation riche en découvertes et

conseils. Cela nous a permis aussi de partir confiants.

- Enfin, la dernière rencontre avant le rendu des analyses : nous avions pris rendez-vous avec les

fondateurs pour faire un point sur le déroulement de notre aventure et également pour discuter

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72 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

d'autres points de méthodologie concernant la séance qui est censée « boucler » le processus pour

cette année, à savoir « l'échange sur les échanges ».

IV. LA MISE EN ŒUVRE.

FORMULATION DES REGLES DU JEU.

Nous nous sommes donné comme règle de ne pas limiter le nombre de savoirs (proposés ou

demandés) et de ne pas donner d’indication sur leur type.

En effet, il nous semblait intéressant de voir la place que peuvent prendre dans ce processus des

savoirs moins ou aucunement en lien avec la formation. En plus d'être animateurs, nous avions fait le

choix d’être également acteurs de la mise en situation (« échangeurs »).

Une heure trente était prévue pour cette séance. Nous nous sommes assurés d'avoir le matériel

nécessaire au bon déroulement de la mise en place : un grand tableau, les fiches de mise en relation

et l'outil incontournable de la méthode du « méta-plan » : des post-it de deux couleurs différentes.

Concrètement ce temps s'est traduit comme suit :

Repérage des savoirs

Nous avons réparti les étudiants, animateurs inclus, en 3 groupes pour un premier échange destiné à

favoriser l’émergence des savoirs. Les étudiants détenaient des post-it de deux couleurs différentes ;

l'une pour les demandes et l'autre pour les offres. Pour faciliter la tâche aux étudiants, susciter des

idées, nous avions certaines « phrases clés » du type: (« Réfléchissez à ce que vous aimez faire, à ce

qui vous passionne, à ce dont vous avez besoin, à ce qui vous manque », « Écrivez, pour vous, en

réfléchissant à « ce que je sais », « ce que je ne sais pas », « ce qui me questionne », « ce dont j'ai

besoin », « ce qui me manque »…

Après une brève réflexion, les étudiants ont annoncé ce à quoi ils avaient pensé. En tant

qu’animateurs, nous avons lancé le marché des savoirs pour impulser une dynamique de groupe. Cet

échange a donné des idées, inspiré ceux qui n'en avaient pas. Puis, au sein de chaque groupe, nous

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73 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

avons fait un deuxième tour, l''émergence des savoirs étant désormais facilitée par les premiers

échanges.

Les étudiants ont ensuite écrit sur les post-it à leur disposition leurs offres et demandes. Une fois ces

post-it remplis, les étudiants se sont déplacés près du tableau pour les afficher collectivement (nous

avons favorisé la participation de tous les étudiants ou presque), de sorte qu'ils soient visibles par

tout le monde. Les étudiants ont alors effectué un tri des offres et des demandes, réunies

lorsqu’elles étaient similaires. Ensuite, ils ont rassemblé les demandes correspondant aux offres. Cela

a pris environ une demi-heure durant laquelle l’enthousiasme était manifeste. À ce stade cependant,

la réticence de quelques-uns était encore palpable. Nous supposons que la peur de devoir

s'impliquer s'ils participaient à cette étape les a retenu. La suite nous a montré que ces mêmes

personnes n'avaient effectivement pas pris part aux échanges.

Concernant les demandes non satisfaites, une relance a été faite pour savoir si quelqu'un parmi les

personnes présentes pouvait y répondre ou s'il avait dans son environnement une personne qui le

pouvait.

La mise en relation

Une fois les offres et les demandes identifiées, nous avons construit ensemble le modèle d'échange,

avec les animateurs à la fois facilitateurs et témoins :

- Les étudiants ont choisi leurs thèmes prioritaires parmi ceux qu'ils avaient demandés ou offerts puis

les offreurs et les demandeurs se sont réunis par petits groupes.

- Au sein de ces groupes, les demandeurs s'expriment : il faut partir des demandes, elles sont alors

précisées. Les demandeurs s'expriment sur leurs attentes puis l'offreur explique s’il peut, ou non

apporter une réponse et dans quelles conditions : précisions sur le contenu, les outils, le lieu,

l'horaire, la durée, les moyens de communication et ensemble le groupe évalue la durée. C'est un

moyen de faire correspondre les offres et les demandes et aussi d'éviter les éventuels malentendus

sur le contenu ou l'organisation de l'échange.

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74 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

- Entre temps, les animateurs passent dans les groupes pour s'assurer que les relations se passent

pour le mieux, que les coordonnées de chacun sont échangés et aussi pour distribuer aux offreurs la

fiche « mise en relation » (en annexe )

- Par ailleurs, nous avons précisé que nous avions également pour fonction d'être des intermédiaires

au cas où l'échange ne correspondrait pas aux attentes (que nous pourrions, par exemple, dans ce

cas aider à réajuster offre et demande, ou bien à trouver un nouvel offreur)

- Enfin, pour centraliser toutes les informations concernant le RERS expérimenté, une page internet

lui a été dédiée. L'objectif étant de publier un tableau récapitulatif des offres et des demandes.

Ce tableau était modifiable et consultable par tous : recensement sur tableau mensuel des offres et

des demandes. Ce tableau s’est révélé peu pragmatique : difficile à lire pour certains, il est passé

inaperçu pour d'autres.

A chaque regroupement, il a été rappelé au groupe, de manière trop informelle sans doute, les

échanges de la semaine. Nous avions prévu de présenter à chaque début de regroupement à

l’Université ce tableau sur une feuille de format A3 pour « donner envie » et favoriser l’implication

de chacun, mais cela n’a pas été réalisé.

Les échanges

Nous avons pu avoir une vision précise sur les échanges effectués, reportés ou annulés à ce jour

d'autres sont encore programmés. En effet, les regroupements, environ une fois par mois ont été les

seuls moments utilisés pour ces échanges. Cela a cependant permis également à tous les étudiants

de repérer les échanges de la semaine.

L'échange sur les échanges

Une étape très importante du processus car les étudiants ont pu parler de ce qu'ils ont fait et

comment ils l'ont fait et vécu ; comment s'est déroulé l'échange. Celle-ci a duré une heure, lors du

regroupement du mois de mai, c'est-à-dire après deux mois d'expérimentation.

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75 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Lors de cette dernière séance d'analyse, nous avons procédé par petits groupes, comme au départ.

Cela met les gens plus à l'aise et est plus propice à l'échange, au débat. Les étudiants ont raconté le

déroulement des échanges effectués ou les motifs d’éventuelles annulations ou reports. Nous leur

avons demandé de :

Décrire le processus d'apprentissage,

Décrire les outils avec lesquels ils ont travaillé,

Dire ce qui les a étonnés, inspirés, ce qui leur adonné des idées,

Partager ce qui les a interrogés sur leurs méthodes,

Dire si cette expérience a changé leur vision de leurs pratiques professionnelles

d'encadrement et de management.

C'est un moment que Claire Héber-Suffrin intitule « Le savoir sur l'apprendre, sur l'enseigné ». En

effet, l'un des objectifs de cette séance est de se rendre compte de la diversité des chemins de

réussite et des méthodes d'apprentissage.

Comment avons-nous procédé pour l'analyse ?

Tout d'abord, nous avons effectué l'analyse des offres et demandes formulées à l'issue de la séance

d'émergence des savoirs (nombre, nature, lien avec la formation ou pas...)

Ensuite, un questionnaire a été distribué au lendemain de la mise en place du RERS. Un

questionnaire complémentaire a été remis quelques semaines plus tard. L'objectif était d'avoir une

visibilité sur les mises en relation effectuées ainsi que le ressenti des participants à la séance.

En dernier lieu, les entretiens semi- directifs nous ont permis d’appréhender le vécu des étudiants au

cours échanges auxquels ils ont participé, d’en saisir leurs effets, de recueillir l’évaluation des

étudiants.

Ceci nous a amené des éléments de préconisations pour la poursuite éventuelle du réseau l’année

prochaine.

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76 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

LES ACTEURS

Le réseau est donc constitué par le groupe des étudiants inscrits en Master2 « Ingénierie de Projets

de Développement Social Urbain » à l’université d’Evry-Val d’Essonne, promotion 2010-2011.

Il comprend 26 personnes dont:

- 17 étudiants en apprentissage auprès de villes (10), d'associations (3), de communautés urbaines

(2), de conseil général (1), d’un bailleur social (1).

- 8 étudiants en formation continue, en exercice professionnel dans des associations (4) ou dans des

collectivités territoriales (4).

- 1 étudiant en formation initiale, en stage auprès d'une association.

Parmi eux, 16 femmes et 10 hommes, âgés de 22 à 49 ans.

Les « organisateurs-animateurs » sont cinq (3 femmes et 2 hommes ; 3 personnes en formation

continue, 2 en apprentissage).

Lorsque l’idée de constituer ce Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs (RERS) a été proposée par

les enseignants, ils ont librement choisi de réfléchir à sa mise en place puis de mener

l’expérimentation.

L’ensemble de la promotion participe aux échanges, y compris les animateurs. Il faut cependant

noter que sans revêtir un caractère réellement obligatoire, le fait que l’expérimentation soit intégrée

au module « gestion de projets » a provoqué l’implication de personnes qui ne l’auraient pas fait

spontanément. Les « échanges sur les échanges » réalisés en mai nous l’ont confirmé. Pour certains,

ce fut en quelque sorte une participation « solidaire » à l’égard des « organisateurs-animateurs ».

V. ANALYSE DES OFFRES ET DEMANDES A L’ISSUE DE LA SEANCE D’EMERGENCE DES

SAVOIRS.

Cette réunion rassemblait 24 étudiants, dont 15 apprentis, 8 en formation continue et 1 en

formation initiale. La participation a dépassé nos prévisions les plus optimistes : nous avons observé

une grande émulation et le plaisir d’échanger était manifeste, les participants en oubliant l’heure du

déjeuner.

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77 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Les offres et demandes ont été conséquentes: 74 offres et 99 demandes.

NOMBRE ET NATURE DES OFFRES:

Les offres sont d’une très grande diversité et 80% des offres concernent des savoirs qui ne sont pas

en lien avec la formation.

Parmi ceux-ci, en nombre quasi-équivalent des offres en lien avec le domaine artistique, sportif, de

langues (diverses). Puis, ont également été proposés des savoirs liés à la vie quotidienne (cuisine,

repassage, bricolage…) et des activités de loisirs (jeux et société).

A noter : les trois offres d’anglais ont été comptabilisées dans les savoirs n’étant pas en lien avec la

formation ; les demandes et offres n'ayant pas été formulées dans cette optique. Le choix inverse

modifierait peu les résultats de l’analyse. Les offres en lien avec la formation (20%) peuvent se diviser

en trois groupes :

Celles liées à l’outil informatique (20% de ces offres), les offres de cours de sociologie (20%), les

offres de nature très diverse : conduire une réunion, comptabilité générale analytique… (60%)

NOMBRE ET NATURE DES DEMANDES :

Les demandes sont quantitativement supérieures aux offres.

4,1 demandes en moyenne par étudiant, contre 3 pour les offres.

Beaucoup d’étudiants ont mentionné leurs craintes de ne pas avoir la capacité de transmettre leurs

savoirs (sentiment d’avoir des connaissances insuffisantes ou de manquer de méthodes

pédagogiques). On peut donc penser que cela explique au moins en partie cette différence.

Proportionnellement, il y a plus de demandes en lien avec la formation (40% de l’ensemble des

demandes) qu’il n’y a d’offres (20%).

Nos observations et échanges informels nous ont permis de conclure que les personnes se sentaient

insuffisamment compétentes pour transmettre leurs savoirs académiques. Ce ci explique que les

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78 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

étudiants formulent peu d'offres et, désireux d'approfondir leurs connaissances, expriment plus de

demandes.

Comme pour les offres, les demandes « hors formation » sont de nature très variée.

Les demandes les plus nombreuses (environ 20%) sont des demandes qui se situent à la frontière

des loisirs et des savoirs de la vie quotidienne, comme cuisiner, préparer un voyage, bricoler,

fabriquer des cosmétiques maison. Puis viennent de nombreuses demandes d’apprentissage des

langues (16% des demandes) ou artistiques (18%).

Parmi les savoirs demandés en lien avec la formation, 42% sont liées à l’outil informatique, 15%

concernent l’acquisition de savoirs de base en sociologie. Les 43% restants correspondent à des

demandes variées telles que « animer une réunion », « réaliser un diagnostic », « faire un compte-

rendu ».

OFFRES ET DEMANDES EN FONCTION DU PARCOURS ANTERIEUR :

Nous avons défini deux groupes, le premiers incluant personnes ayant une expérience

professionnelle significative (tous inscrits en formation continue) et les autres étudiants (en

apprentissage ou en formation initiale), c'est-à-dire personnes possédant ou non une expérience

professionnelle significative, donc inscrits ou non en formation continue.

Le nombre moyen d’offres est plus important chez les apprentis (1 offre en plus en moyenne) et

celui des demandes l’est encore plus (1,4 demande en plus)

Une des hypothèses que l’on peut émettre pour tenter d’expliquer ces chiffres est la suivante : les

étudiants en formation continue sont susceptibles de disposer d’un temps plus limité pour se

consacrer aux échanges en raison de leur engagement professionnel et d’obligations familiales

souvent plus importantes, compte tenu de leur âge. Les étudiants plus jeunes font-ils par ailleurs

preuve d’une plus grande fougue ?

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79 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Le nombre d’offres et demandes en lien avec la formation est supérieur chez les étudiants en

formation continue : 38% du total de leurs offres pour 15% chez les autres étudiants, et 48% des

demandes contre 32% chez les plus jeunes.

Ces chiffres sont-ils en lien avec l’enjeu que peut représenter la réussite de leur année universitaire

pour des personnes dont la décision de suivre ces enseignements implique de fortes contraintes ?

MISES EN RELATION A L’ISSUE DE LA SEANCE :

30 mises en relation ont été effectuées, dont :

- 15 prévues sur Mars

- 5 prévues sur Avril

- 3 en Mai

- 1 en Juin

- pour 6 d’entre elles, aucune date n’a été fixée.

Par ailleurs, 10 demandes n’ont pas trouvées d’offreur. Elles concernent aussi bien des savoirs en

lien avec la formation que d’autres savoirs.

30 offres n’ont pas trouvées de demandeur, il s’agit essentiellement d’offres sans lien avec la

formation (25 sur30).

A ce jour, 9 échanges ont été réalisés sur les 24 mises en relation ayant abouties à une prise de

date formelle, soit un taux de réalisation de 37,5%.

Ce pourcentage relativement peu élevé s'explique principalement par les contraintes de temps liés à

la formation, qui se sont principalement exprimées en avril, semaine universitaire dense pendant

laquelle la quasi-totalité des échanges a été annulée.

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80 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

VI. LES EFFETS RERS SUR LES INDIVIDUS ET SUR LE COLLECTIF

PREAMBULE : PARTICULARITE DE L'ENGAGEMENT

Comme expliqué plus avant, les conditions spécifiques de la mise en place du RERS au sein de la

promotion ont conduit à une forme particulière d'engagement initial pour les participants. La

journée de mise en place s'est inscrite sur un créneau de cours : la présence n'était pas formellement

imposée, mais les contraintes de présence en formation jouaient tout de même une forme de

coercition.

n interrogeant les participants pour savoir s'ils seraient venus à cette séance si elle avait été

totalement facultative, environ 60% déclarent qu'ils ne seraient sans doute pas venus. Cependant,

dans ces mêmes 60%, la quasi-totalité des enquêtés pensent a posteriori qu'ils auraient manqué

quelque chose s'ils n'avaient pas participé. Parmi les 40% restants, environ la moitié déclarent qu'ils

sont venus par solidarité avec le groupe organisateur - autre forme d'engagement initial mais

toujours lié au contexte de la formation. Ces mêmes personnes rejoignent le fait qu'ils auraient

manqué quelque chose en ne participant pas.

Un facteur nous permet de dépasser ce "problème" d'une participation initiale semi-contrainte, et il

s'agit tout simplement de l'engouement observé. Chacun a pris une part active et volontaire dans le

processus, jusqu'à oublier l'heure du déjeuner, passée d'une demi-heure à la fin de la séance. Fait

d'autant plus significatif que suivaient l'après-midi des séances attendues de travail en groupe ;

oublier le temps est un signe révélateur d'intérêt et d'implication.

Ces particularités étant explicitées, passons maintenant à la description des effets constatés.

UN MOYEN DE CONNAISSANCE DE SOI...

Un des effets marqués du RERS perceptible dans l'analyse des entretiens est la faculté du processus

d'émergence des offres et demandes à pousser les participants à s'interroger sur leurs connaissances

ainsi que sur leur capacité à les identifier ou à s'imaginer les transmettre. Une des appréhensions les

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81 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

plus marquées avant la séance de mise en place portait sur sa propre capacité à être offreur : Que

pourrais-je bien transmettre? Cette interrogation qui revenait si fréquemment traduit une tendance

à penser sur l'instant que l'on ne sait rien de valable pour être transmis, ou que l'on ne sait pas assez

bien pour le faire.

La première séance d'émergence des savoirs a permis à plus de 50% des enquêtés de découvrir des

savoirs qu'ils pouvaient offrir, la majeure partie du temps en écoutant les autres personnes. L'idée

qui ressort parfois de cette notion de découverte de savoirs à transmettre est en réalité la

découverte de ce que l'on peut "apporter aux autres". Certaines personnes déclarent également que

la séance a "valorisé" des savoirs qu'ils avaient identifié comme tels. Ainsi, l'on se découvre soi, ainsi

que soi dans et pour le groupe.

Ce qui ressort également de cette séance de mise en place, c'est la découverte d' "envies

d'apprendre". On se découvre également des projections de soi, des envies de s'enrichir des autres

et de leurs propositions de savoirs.

Pour ce qui est des mises en relation et des échanges, ils confrontent principalement à la crainte de

ne pas être suffisamment "à l'aise" avec son offre pour contenter une demande parfois précise. Ceci

n'a conduit qu'à une seule annulation d'offre (demande trop exigeante), même si plusieurs

personnes gardaient des craintes quant à leur capacité à mener l'échange. Ceci a d'ailleurs amené

quelques offreurs à "réviser" pour préparer leurs échanges, et ainsi conforter leurs propres savoirs.

Comme le spécifie un étudiant :

« j’avais peur de ne pas être assez compétente pour offrir le savoir que les gens attendaient. Alors j’ai

beaucoup préparé mon échange pour être sur que j’allais maîtriser les choses »

La majorité des échanges s'est bien passée et les offreurs déclarent fréquemment que

l'appréhension s'est transformée en positif et qu'ils se sont découvert également - en dehors de leur

savoir- la capacité de transmettre. Un participant nous confie :

« L’appréhension que j’avais avant s’est transformée en positif ils étaient reconnaissant envers moi

de ce que j’avais pu leur passer »

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82 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Tout ceci contribue à considérer le RERS comme un vecteur d'épanouissement de soi et de soi dans

le groupe, et de prise de confiance en soi, voire de valorisation personnelle.

... ET DE CONNAISSANCE DES AUTRES

De la même façon, dans les réponses aux questionnaires, la moitié des enquêtés à déclaré que la

séance de démarrage leur avait permis de mieux connaître leurs camarades de promotion :

compétences, goûts, loisirs des personnes se retrouvent également partagés - éléments importants

dans la construction d'une relation affinitaire.

L'autre aspect, sans doute le plus fort, est le côté convivial et ludique de l'expérimentation et de

l'échange : Cette description revient pour ainsi dire à tous les entretiens. Chacun déclare, à la suite

d'un échange, avoir passé un moment agréable, sympathique, convivial. La dimension de mieux

connaître les autres personnes se retrouve également à l'issue des échanges. Cet aspect recouvre,

plus en finesse, deux notions différentes:

Premièrement, la séance de démarrage et les échanges permettent de connaître les camarades de

promotion avec lesquels nous n'avions pas d'affinités particulières - autrement dit, de se rapprocher

de personnes non côtoyées auparavant :

« J’ai été en contact avec des personnes avec qui je ne parle jamais ; cela a permis de nous

connaître, j’ai pu parler d’autres choses que de cours avec eux »

Deuxièmement, ces procédés permettent également de redécouvrir des personnes que l'on côtoyait

avant - autrement dit, de mieux connaître les camarades de promotion avec lesquels nous avions

déjà des affinités :

« Nous a permis de nous voir d’une autre manière, d’habitude on a pas le temps, cela à créé d’autres

liens que de parler d’autres chose que de cours ».

UNE EXPERIMENTATION POUR LES PARTICIPANTS

Un fait qui ressort de quelques entretiens est que certains participants (3 personnes) ont vécu le

RERS également comme une expérimentation-formation, c'est-à-dire qu'ils déclarent envisager

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83 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

possible de mettre en place un RERS soit dans leur futur univers professionnel ou personnel. Ceci fait

du RERS un outil à disposition des professionnels et futurs professionnels de la formation, et de la

mise en place du RERS une sensibilisation à un outil favorable au développement social urbain.

L'expérience de la réciprocité (être offreur et demandeur) ne s'est faite que pour une petite minorité

de personnes (rappelons que le temps de l'expérimentation fut très court). La plupart des retours sur

cette expérience montrent que dans la position de demandeur, la personne s'interroge sur la

pédagogie employée par l'offreur. Les commentaires informels entendus auprès des étudiants

montrent que ceux-ci se sont à ce moment projetés dans le rôle d'offreur et ont réfléchi à la manière

dont ils pourraient eux-mêmes transmettre leurs savoirs. Comme le montre un participant :

« Juste après mon premier échange en qualité de demandeur, j’ai eu envie de donner des cours

d’histoire, alors que jusque là je n’avais fais que des propositions de savoirs ludiques. J’avais envie de

transmettre un savoir plus universitaire alors qu’auparavant j’avais proposé un savoir plus pratique

(dessin) car j’avais la trouille, je pensais ne pas être en capacité de transmettre, peur de ne pas être

accessible ; j’ai vu que c’était possible avec cet échange »

Il est intéressant que des non-pédagogues puissent s'interroger sur cette question, d'autant que,

comme l'explique Claire Heber-Suffrin dans son livre Echangeons nos savoirs, c'est en enseignant que

l'on s'approprie les savoirs et qu'on les mesure. Cela nous permet de réorganiser notre propre

pensée.

POUR CONCLURE : UN PUISSANT FACTEUR DE MISE EN CONFIANCE ET DE COHESION...

Tout ceci fait de la mise en place d'un RERS au sein d'une promotion universitaire un outil

exceptionnel pour favoriser la cohésion du groupe et accélérer la rencontre des uns et des autres,

dès le début d'une année universitaire.

En effet, ce dispositif favorise la confiance en soi, conforte les acquis et anime un esprit d'apport au

groupe, en plus de ce qu'il favorise des moments de rencontre et de partage. C'est environ deux tiers

des participants et enquêtés qui ont ressenti un ou plusieurs de ces effets.

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84 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

... ET UN POSSIBLE OUTIL D'AUTOFORMATION

La durée circonscrite et la volonté générale des participants de "souffler", "se détendre" pendant les

pauses et le repas du midi (moments privilégiés des échanges) ont sans doute contribué à la faible

formulation minoritaire d'offres et demandes de savoirs en lien avec la formation (30% pour la

moyenne des offres et demandes). Cela a tout de même donné lieu à quelques échanges (ex:

informatique, cours de sociologie, etc.) qui peuvent être analysés comme des moments

d'autoformation du collectif, tirant parti de la richesse et de la diversité des parcours individuels qui

le composent.

Cela révèle le potentiel d'un RERS d'être vecteur de formation des étudiants par les étudiants. Il est

possible que l'allocation d'un temps spécifique puisse développer ce type d'échange, résolvant alors

le problème du besoin de souffler dans des petits temps individuels libres.

VI. PRECONISATIONS

Après le succès de la mise en place d’un RERS au sein de la promotion de M2 ingénierie de projet de

développement social urbain, quelques préconisations déjà pressenties se sont vues confirmées

durant l’échange sur les échanges animé au sein de la promotion le 19 mai 2011, soit trois mois

après le lancement du projet.

FACILITER LES CONDITIONS DE MISE EN PLACE

Le choix d’une date de lancement

Au sein de notre promotion, le démarrage a été tardif, en février 2011 soit près de quatre mois

après notre « rentrée ». Il nous apparaît opportun, si le projet se renouvelle, de le lancer au début de

l’année universitaire, au regard des effets produits sur le groupe en terme de dynamique et de

cohésion.

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85 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Il serait intéressant que la promotion de l’année précédente vienne présenter son expérience au

moment de la journée d’intégration de la nouvelle promotion pour permettre un lancement assez

rapide du RERS .

Des lieux et des horaires adaptés

Après notre expérimentation, il nous parait important de prévoir :

- une salle spécifiquement dédiée aux échanges : par exemple la salle de réunion 308 qui nous

apparaît adaptée et conviviale. Un étudiant nous a par exemple signifié : « ce temps entre midi et

deux dans la salle 308, c'est une manière de voir les personnes de la classe autrement qu’en cours ».

Pour autant, la salle de référence n’en est pas le lieu exclusif.

- un temps d’échange inclus au temps de formation (consacrer une heure par regroupement

universitaire au RERS ) « La limite à l’échange, c’était le temps, j’aurais aimé que cela dure plus, pas

assez de temps. » dixit un demandeur. « Le temps sur le déjeuner, arrivée échelonnée, les gens

avaient besoin de prendre du temps pour déjeuner » selon un offreur. En effet, cela semble cohérent

avec des objectifs pédagogiques universitaires. Il n'est cependant pas exclu que les échanges se

fassent à d'autres moments, pendant la pause méridienne, moment informel qui favorise la

convivialité.

- d’indiquer aux étudiants d’ évaluer la faisabilité de leurs propositions en tenant compte des

contraintes logistiques et matérielles sans pour autant freiner l'enthousiasme et la dynamique créée.

Il convient simplement de rappeler aux offreurs que le cadre physique de l'université ne se prête pas

à tous les échanges (ex : cuisine, gymnastique rythmique et sportive, etc.)

ANIMER LE RESEAU

Un support de communication à la portée des échangeurs

Malgré la maîtrise des nouveaux moyens de communication : courriers électroniques, tableau Excel,

etc. les échangeurs ont mal visualisé la programmation des échanges et ont eu quelques difficultés à

se projeter.

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86 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Un support « tableau des mises en relations » au mois par mois a été pensé, faute d’avoir été

réalisé. Afin de d’humaniser cette communication et d’entretenir la dynamique créée, un tableau de

« mise en relations » physique et attractif, consultable par tous, serait à réaliser à chaque

regroupement , dans la salle de référence. Cela n’excluant pas de relayer cette communication par

des relances de courriels…

Un suivi par l‘équipe Coordination de l’animation pour une meilleure lisibilité des échanges

Il s’agirait de renforcer la mission de veille des animateurs afin de pas perdre l’engouement du

départ. Par ailleurs, toute annulation ou d’échange devrait être communiquée et visible par tous.

ET AUSSI…

Un constat a été fait : de nombreux étudiants abandonnent leurs études durant les deux premières

années d’université. Nous pensons que proposer un Réseau d’Échanges Réciproques de Savoirs

pourrait constituer un soutien pour les personnes en difficulté (difficulté d’adaptation à ce nouvel

univers ou d’acquisition des savoirs). Comme nous l'a commenté un étudiant :

« C’est un système génial le RERS. Si on avait eu plus de temps, je pense que cela aurait vraiment été

très utile pour la cohésion du groupe, un tremplin pour la promo »

Les potentialités d'autoformation d'un RERS peuvent se traduire par une implication plus forte dans

le cycle universitaire et une meilleure appropriation de ses savoirs et de son parcours. Également

facteur de solidarité, le réseau est aussi source de cohésion et de convivialité et pourrait participer à

la réussite de ces premières années. C’est une hypothèse qui mériterait d’être vérifiée.

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87 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

ANNEXE : outils

Pour notre travail d’enquête, nous avons conçu des outils dont nous

nous sommes servis lors de nos visites de terrain.

• Grille d’observation

• Grille d’entretien animateur

• Grille d’entretien participant

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88 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Thèmes Indicateurs Comptage Observations

Intérieur

Extérieur

Luminosité

Position tables et chaises

Matériel

Nourriture

Matinée

Après-midi

Soirée

Durée

Salutations

Début

Milieu

Fin

Planning/Prochain RDV

Prennent leur temps pour

partir

Pressés de partir

Questions

Informations/Explications

Coupe la parole

Convivialité

Position d'ouverture

Position de retrait

Font ensemble

Montre et font aprèsmontre et explique, les

participants regardent

Hommes

Femmes

Seniors

Adultes

Jeunes

Vouvoiement

TutoiementAccessibilité du langage à

tous

Retardataires

Téléphone

Pause toilettes

Lieu,

Durée

Temps

d'échanges

OBSERVATIONS

Grille d'Observation - RERS

Horaires

Gestuelle

Actions de

l'animateur

Participati

on

Typologie

des

personnes

Temps

d'arrêt

Niveau de

langage

Typologie

du lieu

Temps

divisé de

l'échange

Temps

informel

Nombre de

prise de

paroles

Sexe

Age

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89 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Grille d’entretien « Participants »

Cadre général de pratique du RERS

- Comment avez-vous connu votre RERS ? - Depuis quand y participez vous ? - Qu’offrez vous et recevez vous ? - Où ? Quand ? Comment ?

Profil / parcours des participants

- Où se situe le RERS par rapport à chez vous ? - Quelle ville habitez-vous ? Depuis longtemps ? - Quand y allez- vous par rapport à vos autres activités ? (travail, loisirs, week end, etc.) - Etes-vous engagé ailleurs ? - Que faites vous dans la vie ? (emploi, chômage, études, congés maternité, etc.) - Quel a été votre parcours de vie/ scolaire/ professionnel ? - Est ce que vous entretenez des relations « non RERS » avec des participants de ce réseau ? - Des membres de votre famille y participent ils ?

Motivations de participation

- Pourquoi allez-vous à un RERS ? - Que vous apporte-t-il ? Qu’en pensez-vous ? - Connaissez vous d’autres structures (associatives, coopératives, autres) qui offrent les

mêmes services ? - Pourquoi avez vous choisi d’aller à un RERS ?

Répercussions du RERS sur l’usager - Est ce que le fait de participer à un RERS a changé des choses dans votre vie quotidienne ? - Ces savoirs acquis vous ont ils servi ? - Comment votre participation au sein du RERS a t elle évolué ? (fréquence, durée, diversité de

savoirs échangés, offerts et/ou reçus)

Opinions sur l’organisation - Que pensez-vous du principe du RERS ?

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90 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

- Que pensez-vous de son organisation ? - Y a t il des choses qui ont changé depuis votre arrivée ? - Comment l’organiseriez-vous si vous deviez mettre en place un RERS?

Apports/ ressentis par rapport au RERS - Qu’est ce que le RERS vous a personnellement apporté, pour vous ? (pour les autres ?) - Quels sont les bénéfices que vous en tirez ou en avez tiré ? - Quelles critiques lui feriez-vous ? - Est ce que vous conseillez à d’autres de s’investir dans un RERS ? - Selon vous, faudrait-il encourager cette démarche ? - Avez-vous des suggestions pour améliorer votre RERS ?

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91 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Guide entretien animateur

Présentation de l’animateur - Nom : - Prénom : - Age : - Quel est votre parcours professionnel ?

Le RERS : - Depuis combien de temps existe le RERS ? - Pourquoi le RERS a-t-il été créé ? (demande institutionnelle, besoins repérés…) Par qui ?

Mode d’organisation du RERS :

- Comment fonctionne le RERS ? (comment s’inscrire, comment se fait la mise en relation, quelles sont les horaires, quelle est la fréquence des rencontres ?)

L’animateur :

- En quoi consiste le rôle de l’animateur ? - Comment avez-vous connu le RERS ? - Etes-vous salarié ou bénévole ? - Quel est votre lieu d’habitation par rapport au RERS?

- Selon vous, quels sont les effets du RERS sur les participants ? sur le territoire ?

- Que pensez-vous de ces effets ?

Communication :

- Quels moyens de communication utilisez-vous pour faire connaître le RERS ? (parution dans le journal local, affiches, appui sur des partenaires ?)

- Essayez-vous de cibler un type de public particulier ?

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92 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Les échangeurs - Combien d‘échangeurs participent au RERS ? - Quelle est la typologie des échangeurs ? (plus de femmes, personnes âgées,…) - Connaissez-vous leurs motivations ? Lesquelles ? - Avez-vous remarqué une évolution du public depuis votre arrivée? (nombre, typologie…) - Pouvez-vous nous raconter un moment fort, une belle expérience que vous avez vécue ou

une difficulté qu’il vous a fallu surmonter. - Avez-vous déjà été bénévole dans une autre association ?

Motivations de l’animateur - Pourquoi avoir choisi d’être bénévole/d’exercer le métier d’animateur dans ce RERS ? - Que vous apporte votre travail d’animateur ?

Difficultés rencontrées - Quelles difficultés avez-vous rencontré lors de la mise en place du RERS ? Lors de la mise en

relation des offreurs/demandeurs ? Lors des échanges ? - Avez-vous des pistes d’amélioration (au niveau de l’organisation, des mises en relation des

échangeurs…) ?

-Quels sont les principes / valeurs du RERS ?

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93 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Annexe : outils liés à l’expérimentation

d’un RERS au sein du Master

OFFRES ET DEMANDES A L’ISSUE DE LA SEANCE D’EMERGENCE DES SAVOIRS.

(H= homme, F=femme, O= offre, D=demande,

En bleu : offre ou demande qui n’a pas trouvé le demandeur ou l’offreur correspondant)

Etudiant(e) Offres Demandes O et D par

personne

O/D en

lien avec

le M2

E 1 H A - cours socio (Marx, Weber)

- powerpoint débutant

- guitare (débutant, inermédiaire)

- anglais écrit débutant

- diagnostic partagé

- excel (tableaux croisés

dynamiques)

-italien débutant

4 O – 3 D 2 O – 2 D

E 2 F A - logiciel Sphynx statustica

(traitement questionnaires)

- pack office

- djembe

- travaux manuels

- henné

- cosmétiques et produits

ménagers maison

4 O -3 D 2O – 0 O

E3 F FC - diagnostic participatif partagé

- conduire une réunion - organiser la décision collective

- outils et processus pour

construire une organisation

collective

- initiation à la fiche de lecture

- bases de sociologie

- outils de traitement de données

- initiation excel

- jeux de société en famille

5 O – 7 D 4 O – 4 D

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94 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

- gym (renforcement musculaire) - bricolage

- piano

E4 F A - connaissance socio théorie,

méth. et anthropo.

- cuisine

- échanges de musique

- initiation au djembe

- animer activités pour enfants

- connaissance sur théorie du

complot

- connaissance en vidéo cinéma

-animer une réunion

- powerpoint

- comment organiser un voyage

- faire du sport

- henné

- arabe

- danse

- cuisine

- apprendre à dessiner

- techniques de peinture

- espagnol

- apprendre un instrument de

musique

- photoshop

7 O – 13 D 10 O – 2 D

E5 F A - cours d’arabe littéraire

- tatouage au henné

- cuisine maghrébine

- courants sociologiques

- espagnol débutant

- danse africaine

- animation de groupe

- méthodologie compte-rendus

3 O – 5 D 0 O – 3 D

E6 F A - initiation à l’espagnol

(oral/écrit)

- bons plans voyages, pays

- échanges de recettes de cuisine

- animation de réunion

- jardinage (connaissances

plantes)

- arabe parlé

- dessiner des plans

(urbanisme, architecture)

3 O -4 D 0 O – 2 D

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95 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

E7 F A -cuisine libanaise

- abdo-fessiers

- sensibilisation couture

- échanges musique

- course (coatching,

échauffement..)

- montage d’un projet jardin

partagé

- bases en sociologie

- animer une réunion

- jardinage (connaissances

plantes)

- logiciel Sphinx

6 O – 4 D 0 O – 3 D

E8 H FC - langue peulh

- wolof

- anglais

- fiche de lecture

- powerpoint

- excel

- comment créer un site

- méthodologie et plan

3 O – 5 D 0 O – 4 D

E9 F FC - bricolage, peinture - henné

- cours + civilisation peule

- cuisine

- échange goûts musicaux,

découverte musique, échange

CD

1 O - 4 D 0 O – 0 D

E10 F FC - initiation au taï chi chuan

- connaissance secteur aide à la

personne (employeurs,

conventions collectives,

professionnalisation…)

- animation d’un groupe mensuel

autour de nos lectures

d’ouvrages socio.

- grands courants sociologiques

- powerpoint

- sculpture sur bois

3 O – 3 D 2 O – 2 D

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96 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

E11 F A - sensibilisation au bricolage

- sensibilisation aux jeux de

société

- techniques de

dessin/peinture/arts plastiques

- cours d’histoire

- sensibilisation à l’histoire de

l’art

- faire un diagnostic

- bases théoriques en

sociologie

+ logiciels (questionnaires)

- animer un groupe

- tuyaux sur voyages hors

Europe

- guitare

- initiation arabe

5 O -6 D 0 O – 3 D

E12 F A - arabe dialectal

- estime de soi/avoir confiance en

soi

- initiation danse orientale

- discussions bons plans

voyages

- comprendre l’art, la

littérature, socioL…

- remise à niveau espagnol

courant

- arabe littéraire

- initiation dans bolywood

- danse africaine initiation

- outils informatiques

- compte-rendus, notes

administ.

- cuisine

- anglais par l’écoute de

chansons connues

3 O – 10 D 0 O – 2 D

E13 H FC - visite Paris

- cours piano

- dessin 2 O – 1 D 0 O – 0 D

E14 H FC - jardinage

- cuisine innovante

-powerpoint

- arabe littéraire

4 O – 3 D 0 O – 1 D

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97 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

- initiation espagnol

- percussions

- guitare

E15 F A - recettes de cocktails (mixologie)

- initiation à la GRS

- guitare débutant

- espagnol avancé (parlé, écrit)

- échange de fiches recettes

(plats rapides et pas chers)

- initiation arabe parlé

2 O – 4 D 0 O – 0 D

E16 F A - cuisine africaine

- initiation bambara

- boxe thaï

- henné

- initiation arabe littéraire écrit

- espagnol (initiation)

- cours civilisation peule

- initiation piano

- initiation Sphinx

- informatique : tableaux

croisés dynamiques

- notes de synthèse,compte-

rendus (perfectionnement)

3 O – 8 D 0 O – 3 D

E17 F A - pâtisseries

- cours gymnastique

- guitare

- espagnol

2 O – 2 D 0 O – 0 D

E18 F A - cours gymnastique

- cours de poterie

- théâtre

-bases en sociologie

- préparation voyage à

Barcelone

- tatouage henné

- espagnol

3 O – 4 D 0 O- 1 D

E19 H A - sociologie (méthodologie)

- informatique (rappels word, 3 O – 2 D 1 O – 1 D

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98 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

- tuyaux pour voyage en Australie

- conversation anglais

excel, powerpoint)

-cuisine

E20 F A - compta générale analytique

- musique classique, solfège,

histoire

- aide pré-mémoire

- danse

- yoga

2 O – 3 D 1 O -1 D

E21 H FC - mise en œuvre de projet

animation et loisirs

- méthodol. et plan (synthèse

et fiche de lecture)

- fiche de lecture

1 O – 1 D 1 O – 1 D

E22 H FC - propose création groupe de

travail réflexion sur la mémoire

des quartiers (support : photo,

cinéma, archives)

- mettre en place groupe de

lecture

- informatique

- musique (guitare)

- cuisine

- couture

2 O – 4 D 0 O – 1 D

E23 F A - création d’association

(démarches, statuts …)

- tatouage henné

- animer une réunion

-gym (assouplissement)

- montage vidéo

1 O – 4 D 1 O – 1 D

E24 H A - repassage

- jouer au foot

- powerpoint

- excel

- bricolage- visite de Paris

- cuisine- courir

2 O -5 D 0 O – 2 D

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99 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

QUESTIONNAIRE N°1 : APRES LA SEANCE D’EMERGENCE DES SAVOIRS

Q1 : Comment perceviez-vous un RERS avant cette séance, quelle idée vous en faisiez-vous et qu’en

attendiez-vous ?

Q2 : En quoi cette séance a-t-elle conforté/infirmé vos perceptions du RERS ?

Q3 : Que vous a apporté le premier cercle de discussion en groupe ?

Q4: Combien d’offres et combien de demandes avez-vous faites sur post-it : O = D=

Q5 : Combien de ces offres et demandes ont été mises en relation : O= D=

Q6 : Comment se sont passées vos mises en relation en tant qu’offreur et en tant que demandeur? Etiez-vous à l’aise dans vos offres de savoir, correspondaient-elles à la demande ou non ? Si non, comment cela s’est-il résolu (changement de l’offre, retrait de l’offreur ou du demandeur ?)

En tant qu’offreur =

En tant que demandeur =

Q7 : Pensez-vous reformuler d’autres offres ou demandes par la suite ?

Questionnaire n° 1 : après la séance d’émergence des savoirs.

(deuxième partie)

Q6/ La première séance collective d’émergence des savoirs (échanges en sous-groupes) vous a-t-elle

permis de prendre conscience de certains savoirs que vous possédez et que vous n’aviez pas

identifiés comme tels auparavant ?

Oui � Non�

Commentaires éventuels :

Q7/ Avant de faire vos offres de savoirs, les aviez-vous déjà partagé avec d’autres personnes et dans

d’autres cadres ?

Oui � Non�

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100 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Si oui, quels savoirs ?

Dans quel(s) cadre(s) ?

Q8/ En tant que receveur, si vous n’aviez pas reçu ce savoir dans le cadre de ce réseau d’échanges,

auriez-vous fait la démarche de l’obtenir autrement ?

Oui � Non�

Si oui, comment ?

Q9/ Les savoirs proposés au sein de ce réseau d’échanges ont-ils selon vous des valeurs équivalentes ?

Oui � Non�

Pourquoi ?

Si non, que pourriez vous proposer pour rendre les échanges plus justes ?

GUIDE D’ENTRETIEN : APRES L’ECHANGE

Q1 : Etiez-vous offreur ou demandeur ?

Q2 : Qu’attendiez-vous de l’échange, et comment l’avez-vous vécu ?

Q3 : Combien d’offreurs / demandeurs étaient censés être présents : O= D=

Q4 : Combien étaient effectivement présents : O= D=

Q5 : Quelles ont été les difficultés (logistiques, pédagogiques, etc.) rencontrées ?

Q6: Quels points positifs retirez-vous de l’échange ?

Q7 : Si une autre séance doit avoir lieu, y assisterez-vous ? Pourquoi ?

Q8 : Sentez-vous le besoin d’autres séances ? Si oui, l’avez-vous exprimé ? Pourquoi ?

Q9 : L’échange vous a –t-il donné envie d’offrir/de demander autre chose ? Pourquoi ?

Q10 : Cet échange vous invite-t-il à expérimenter ou reprendre l’autre rôle (offreur/demandeur) ? Pourquoi ?

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101 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Q11 : Pensez-vous que l’échange vous ait apporté quelque chose pour votre vie future, professionnelle ou personnelle ?

Q12 : Avez-vous d’autres remarques à formuler ?

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102 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

ARTICLE REDIGE POUR LE JOURNAL DE « FORESCO ».

Mise en place d'un RERS à l' Université d’Évry Val d'Essonne

Dans le cadre de l’enseignement « Gestion de Projet » du master 2 ingénierie de projet de Développement Social Urbain 2010-2011, il nous a été proposé de mettre en place un RERS au sein de cette promotion.

Notre groupe d'étudiants a donc pris en charge la réalisation d'une recherche-action.

En mars dernier, une rencontre avec l'équipe de FORESCO nous a permis d'être outillés pour initier et animer les différentes étapes du projet.

Le lancement a été une réussite et nous avons été très agréablement surpris de l'engouement, du nombre et de la diversité des offres et des demandes formulées. Il s'agissait principalement de savoirs qui ne sont pas en lien avec la formation : 80% des offres et 40% des demandes. De la fabrication de cosmétiques-maison à l'utilisation du logiciel « Sphinx » en passant par le tatouage au henné, le panel des savoirs envisagé a été particulièrement riche.

Depuis, des échanges ont lieu à l'université durant les semaines de regroupement. Malgré les fortes contraintes liées à notre formation en alternance (temps, moyens matériels...), les étudiants ont apprécié le projet et pointent la convivialité des échanges. Ceux-ci ont, selon eux, permis de renforcer une connaissance mutuelle et de créer des liens avec des personnes qui ne se côtoyaient pas auparavant. Le RERS s'avère donc être un moyen efficace de favoriser la cohésion au sein de la formation.

À ce jour, des entretiens sont conduits pour analyser cette expérimentation et les perspectives de pérennisation du dispositif.

Besma, Marie-Solange, Nour , Pierre, Sophie

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103 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

MONOGRAPHIES RERS

Pour réaliser ce dossier, des études de terrain ont été effectuées auprès de 5 Réseaux d’échanges réciproques de Savoirs : Evry Val d’Essonne, Beauvais, Chilly Mazarin, Paris 12ème et Longjumeau. Pour chacun des sites visités, nous avons retranscrit sous forme de courtes monographies un description des RERS et les éléments clés de nos rencontres avec les animateurs et les participants de ces RERS .

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104 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

RERS PARIS 12ème arrondissement

• Fiche d’identité :

- Nom du RERS : « RERS du 12e » pas de nom en particulier

- Statut : groupement de personnes et non pas une association.

- Date de création : 2006

- Localité : Paris, 12e arrondissement (métro Daumesnil)

- Support juridique : collectif spontané d’habitants

- Composition du RERS : personnes de 40 ans et plus (surtout des retraités) en

majorité des femmes

- Equipe d’animation : uniquement des bénévoles

- Nombre d’échangeurs : 50 personnes (présentes dans la base de contacts et

actives depuis la dernière année)

- Types de savoirs : cours de langue, d’informatique, de partage d’une balade, de

relaxation, de couture, de communication non violente, de recherche de savoirs,

de vidéo/cinéma, de philosophie, de méthodes de bien vivre par l’alimentation,

d’aide à l’utilisation du téléphone portable, de rangement et d’organisation

administrative, etc.

Nombre d’entretiens réalisés: 6

Nombre de questionnaires réalisés: 15

Nombre d’observations réalisées : 2

• Création du RERS et fonctionnement :

Tous les jeudis de chaque mois a lieu à la mairie du 12e arrondissement de Paris une bourse

d’échanges aux savoirs. C’est à cette occasion que nous avons pu rencontrer les membres du

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105 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

RERS du 12e. La salle de réunion est mise à disposition gratuitement par la mairie pour

encourager et soutenir ce genre d’initiatives bien que le RERS ne soit pas une structure

associative.

A l’origine, le RERS voit le jour lorsque Mme X, co-fondatrice de ce réseau, formule auprès

de la mairie du 12è son intérêt pour le « principe d’échanges réciproques de savoirs ».

Quelques mois plus tard, la mairie la contacte. Une stagiaire aurait identifié le besoin de

« lien social » formulé par les personnes âgées lors de la distribution de chocolats en fin

d’année, via des questionnaires.

Une réunion est organisée par la conseillère municipale, avec la présence d’environ dix

personnes. Mme X est donc investie dans la création du réseau. Cette personne et une autre

fondatrice ont pu bénéficier d’une formation de 3 jours à Evry auprès de FORESCO pour

lancer le RERS du 12e arrondissement de Paris.

Les membres du réseau ont cependant voulu garder une certaine liberté et donc n’ont pas

souhaité entrer dans des rapports institutionnalisés avec la Mairie. Le RERS est né de

volontés individuelles privées pour ensuite s’agrandir à un « collectif » d’habitants du

quartier. Ainsi, c’est un projet collectif simple et auto organisé où il n’y a pas d’influences

d’une structure officielle qui imposerait une manière de vivre le réseau, avec un soutien

bienveillant et distancié de la mairie.

Remarque : Bien que Mme X nous souligne que la mairie a fortement soutenu ce projet, elle

n’était pas formée pour l’organisation et la gestion du RERS. Les fondatrices ont dû

apprendre « sur le tas » et se perfectionner de jour en jour. Lorsque nous avons assisté aux

deux bourses d’échanges, nous avons pu observer le caractère cadré et méthodique des

séances : distribution de la Charte des RERS (pas aux nouveaux participants mais à notre

groupe d’observateurs), recueil individuel des propositions et des demandes, envoi des mails

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106 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

d’information, information centralisé via l’outil informatique et en relation avec la mairie,

notice concernant le déroulement d’une mise en relation, un blog RERS 12ème, etc.

Ce sont les fondatrices du RERS qui officient comme médiateurs et organisateurs mais

peuvent l’être aussi tous ceux/ celles qui en ont l’envie.

Remarque : A ce propos justement, concernant la mise en relation, les médiateurs tentent

de faire participer tout le monde en jouant ce rôle de coordinateur entre offreur et receveur.

Le but n’est pas de définir clairement une équipe d’animation du RERS mais au contraire de

pousser à la participation de tous pour s’approprier le réseau.

Caractéristiques du RERS :

Les participants/ médiateurs/ animateurs expriment le caractère non monnayable du savoir

et le principe de réciprocité de tous ces « savoirs qui se valent ».

Remarques : Le RERS du 12è se distingue des autres réseaux dans la mesure où beaucoup

des participants sont des seniors. Peut-être, cela tient-il de la spécificité de la population

locale (fort taux de personnes âgées et de familles monoparentales). Pour la plupart, il s’agit

de salariés en fin de vie active (des cadres plutôt qualifiés) et surtout de retraités. Ces

personnes témoignent de leur solitude suite à la retraite, un décès ou le départ des enfants

du foyer familial.

C’est donc avant tout, un moment d’échanges et de convivialité entre ces personnes qui

souhaite rompre l’isolement ou se sentir utile. La proximité participe également à ce

sentiment puisque les personnes habitent principalement le même quartier ; il n’y a donc

pas besoin de traverser tout Paris.

Par ailleurs, à chaque rendez-vous, des boissons, gâteaux apéritifs ou faits maison sont

apportés par les participants, ce qui contribue à créer cette bonne ambiance.

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107 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Conclusion :

Cependant, malgré cette volonté de maintenir une dynamique, le RERS semble s’essouffler

de plus en plus. C’est aussi la difficulté d’un réseau non porté par une structure et une

équipe de professionnels, c’est qu’il ne repose que sur la motivation des membres eux-

mêmes. L’engagement des personnes est donc un enjeu important.

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108 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs Evry Centre Essonne

Nom du réseau : Réseau d’Echanges Réciproques et de Savoirs Objectifs : La transmission de savoirs dans la réciprocité ainsi que la création de lien sont des objectifs de l’association.

Principe : chaque réseau est indépendant.

Date de création : Janvier 1980 Nom des créateurs : 10Claire et Marc Héber-Suffrin Lieux d’implantation : FORESCO 3bis cours Blaise Pascal à Evry Antennes : sur le quartier Pyramide 108, Place Salvador Allende Courcouronnes Ris Orangis MJC du moulin à vent Nombre de salariés : 5 salariés Nombre de bénévole au réseau de l’agglomération d’Evry : une trentaine (variable) Statut juridique : Association Loi 1901 depuis 1984 C.A : 15 membres au conseil d’administration Budget : 224000€, cette somme correspond au Réseau centre Essonne (Evry, Courcouronnes, Ris Orangis). Les biens en nature : locaux et bénévolat sont estimées à 83000€ Nombre d’échanges : 191 échanges Nombre d’offreurs : 185 offreurs Nombre de demandeurs : 326 demandeurs Savoirs proposés : 170 Savoirs

10

Claire Héber-Suffrin Docteur en Sciences de l’éducation & Marc Héber Suffrin avocat

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109 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Préambule

La première rencontre du Réseau d’Evry s’est faite avec l’ensemble de la promotion 2010 2011 du Master 2. En janvier nous avons rencontré les acteurs principaux à FORESCO :

le Président, le coordinateur et certains des animateurs. Durant près de deux heures, nous avons échangé ensemble sur le fonctionnement, l’organisation, les enjeux et les principes du R.E.R.S.

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110 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Par la suite, un premier groupe d’étudiants est allé participer à l’assemblée générale du 24 mars 2011, de façon à travailler sur un recueil d’information - par le biais d’enquêtes et de questionnaires de façon à apprécier à la fois la typologie du public, les motivations et les effets du Réseau d’échanges sur Evry.

Que d’histoire...

Les réseaux d’Evry, ont vus le jour en Janvier 1980, sur la base des premières expériences effectuées à Orly. Leur naissance coïncide avec celle de la ville nouvelle d’Evry : la ville nouvelle d’Evry a été un terreau de mixité sociale fertile qui a permis le développement et l’épanouissement des réseaux.

Ainsi le RERS d’Evry, se distingue des autres RERS par plusieurs raisons :

Le réseau découle avant tout de l’initiative de Marc et Claire. A leur arrivée à Evry, ils ont souhaité redonner une nouvelle impulsion aux réseaux. Marc était alors adjoint au maire, chargé des affaires sociales. Il a proposé la mise en place d’une commission municipale aux affaires sociales, afin de réfléchir ensemble sur la façon de mettre en œuvre un projet qui avait pour objectif de renouer des relations sociales. 11 « J’ai expérimenté quelque chose d’essentiel « Etre demandeur fait que l’autre peut être offreur ».

Lors de cette réunion initiale en 1985, environ trente personnes étaient alors présentes, chacune devait faire une offre et une demande de savoir. Le réseau d’Evry, s’est développé au milieu des années 1980 ainsi jusqu’à compter près de mille personnes.

En 1986, quatre rencontres se sont tenues à Evry, dès 1987 se met en place le Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs MRERS qui permet de réunir l’ensemble des réseaux sous forme d’association et qui avait pour fonction avant tout l’élaboration d’une Charte qui formalise principes et règles, des diffusions d’information, de formation à l’animation de réseaux et pour objectif se rencontrer individuellement et collectivement entre réseaux pour mieux connaitre, comprendre et partager les expériences et les méthodes de chacun, se former réciproquement et faire mieux connaître l’état des Réseaux, explorer de nouvelles voies..

Les différents locaux sur l’agglomération et l’association FORESCO

Le réseau d’Evry rassemble l’ensemble des Réseaux de l’Essonne. Il dispose de plusieurs antennes dans l’agglomération d’Evry, avec des antennes sur les quartiers de Courcouronnes, Pyramides. L’association FORESCO, quant à elle a succédé au 12MRERS en 2009. C’est une association bien distincte du RERS d’ Evry avec un financement propre. Un

11

Echanger les savoirs Claire et Marc Héber-Suffrin édition 2pi Desclée de Brouwer 12

MRERS association nationale des RERS crée en 1987

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111 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

FORESCO est l’association « nationale » des RERS, constituée par les R.E.R.S. C’est à FORESCO que se trouvent les bureaux de la direction. Une grande salle est affectée aux réunions pendant lesquelles sont prises les décisions de fonctionnement et d’organisation. A FORESCO, le seul salarié à ce jour est Pascal CHATAIGNON. Les financements sont nationaux et locaux, les partenaires sont les Ministères avec un soutien fort de la CAECE par la mise à disposition des locaux au 3bis cours Blaise à Evry.

Des échanges et ateliers mis en places

Toutes sortes d’échanges sont acceptés, il n’y a pas de valeur hiérarchique aux échanges comme le rappel Pascal - 13« se découvrir porteurs de savoirs peut être moyen de changement fondamental pour certains » Tout le monde peut participer à ses temps de rencontres. Une adhérente précise à propos des savoirs « Je trouve peut-être les solutions grâce aux autres ».

Le bilan des activités 2010, fait apparaître des différents échanges pratiqués, en voici quelques uns :

- cours de langues

- cours d’informatique

- ateliers cuisines…

Il faut noter aussi que les réseaux ont fêté leur trentième anniversaire en mai 2010. A cette occasion, un rassemblement a été organisé avec l’implication active des acteurs comme la mairie d’Evry. Cette journée à été marqué par des rencontres et des temps forts assez spectaculaires et notamment la chorale crée à l’antenne de Courcouronne constituée d’une quinzaine d’enfants de l’accompagnement à la scolarité, leurs mamans puis la présentation du PATCHWORK mise en place par les différentes antennes. Les personnes intéressées ont travaillé individuellement ou par petit groupes aux Pyramides et à Ris Orangis. Des ateliers hebdomadaires ont été mis en place à Courcouronnes à raison de deux fois par semaine. L’assemblement du patchwork de 3 m de haut sur 9,90 m de large, soit presque 30m2.

Retour sur l’Assemblée Générale du 24 mars 2011

L’assemblée générale s’est tenue le 24 mars à la maison de quartier du Parc au Lièvres. Cinquante personnes environ étaient présentes avec une ambiance conviviale et sympathique. Après le bilan d’activité de l’année écoulée, le bilan financier a été soumis au vote des participantes et voté à l’unanimité à l’exception de trois abstentions.

13

Claire et Marc Hébert-Suffrin « Echanger les savoirs »

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112 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

Suite au déjeuner partagé par l’ensemble des participants, un temps important a été consacré à la fois aux échanges de savoirs ainsi que des temps de loisirs comme des chants de la chorale, la présentation du Patchwork... Ce moment propice a été pour nous une occasion de procéder à une série d’entretiens que nous avons terminés tard dans l’après-midi.

Conclusion :

Depuis la mise en place du RERS à Evry dans les années 1980, le développement de ce projet a été très important. Plaque tournante des réseaux, le réseau d’Evry a profité de son essor pour se transformer en association nationale et mettre en place des actions nouvelles avec notamment la formation et la communication pour le développement des réseaux. Des milliers de personnes profitent de cette association pour se rencontrer et se former.... des temps forts sont organisés, les villes profitent de ces échanges pour faire se rencontrer le public qui sans ce réseau ne se serait jamais connu. Nul doute que ce principe d’échange de savoirs continuera.

Glossaire :

F.O.R.E.S.C.O : Formations réciproques – Echanges de Savoirs – Créations Collectives M.R.E.S : Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs

CAECE : Communauté d’Agglomération d’Evry Centre Essonne

RERS BEAUVAIS – Fiche d’identité

Nom : RERS de Beauvais – L’écume des jours

Date de création : 29 Avril 1997

Support juridique : Association loi 1901

Locaux : prêt octroyé par un propriétaire privé

Composition de l’équipe : 6 salariés et 3 bénévoles

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Nombres d’inscrits : 305

Autres activités proposées :

- Exposition photos (participation festival local les « photonales »)

- Ateliers écriture

- Théâtre forum

- Les « entre-nous » (sorties proposées en commun, animatrice et échangeurs)

- Soirées à thèmes (bar espagnol, soirées musicales, etc…)

- Ateliers économie sociale et solidaire

- Vente de produits bio

- Sophrologie

- Massages (plusieurs niveaux)

- Rigologie

Histoire du RERS

Le RERS est porté par un bar associatif « l’écume des jours ». C’est un bistrot resto fermé au public le matin. Il ouvre le midi au public, pour la restauration et ce jusqu’à 20h. Le RERS s’est appuyé sur les activités du bistrot associatif, pour forger son réseau. Le bistrot sert de « levier » ; le public vient boire un verre, découvre peu à peu les activités proposées par le bistrot et de fil en aiguille découvre le réseau, le RERS. Celui-ci a été fondé par Dominique Perret, bénévole, qui s’occupe aujourd’hui des ateliers écriture. Le RERS est financé par la commune de manière générale.

Ainsi, pour Emilie, coordinatrice du RERS, « il y avait le bistrot, et le réseau c’était vraiment le pilier. Cela s’est construit au fur et à mesure. »

Accueil

Une personne salariée ou non de l’association assure une permanence tous les après-midi au

bistrot pour d’accueillir le public.

Nous avons été très bien accueillis. Emilie, coordinatrice du RERS, nous a présenté l’équipe de salariés présents le jour de notre visite (la cuisinière, deux animatrices, la responsable de l’association). Elle nous a fait visiter les locaux. Pour le déjeuner, nous avons pu goûter aux spécialités bio du restaurant associatif, sur la terrasse ensoleillée, en compagnie d’Emilie et

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d’une animatrice.

Atelier cuisine anglaise : découverte de la recette des scones

Nous avons participé à l’atelier cuisine anglaise. Cet atelier s’est déroulé dans la cuisine du restaurant. Au départ, les participants semblaient méfiants vis à vis de nous. Emilie leur a expliqué les raisons de notre présence. Ils semblaient rassurés et sont venus nous parler.

Cet atelier était encadré par Emilie. 4 adultes, 2 seniors et une enfant d’une dizaine d’années, ont participé à cet atelier. L’offreuse était Rebecca, une jeune étudiante anglaise qui souhaite se perfectionner en français. L’échange de savoir a duré de 14H30 à 16H00. Au début de l’atelier, les demandeurs se présentent et expliquent les motivations (apprentissage de l’anglais et découverte de la cuisine anglaise) qui les ont poussées à participer à cet échange. Emilie, a présenté l’offreuse, la méthodologie ainsi que le contenu de l’échange.

Les tâches sont réparties entre les échangeurs. Une participante s’occupe de noter les mots anglais et leur traduction sur un paperboard. La cuisinière du restaurant s’est greffée à l’atelier pour donner quelques conseils. Nous avons également participé à l’atelier.

Tout au long de l’échange, les participants « parlent de leur vie » et de choses du quotidien. Nous avons pu constater que lorsqu’Emilie s’absentait quelques minutes de l’atelier, l’échange « partait dans tous les sens ». En effet, il n’y avait plus vraiment de cohésion de groupe, chaque participant devenait un électron libre.

Le temps de cuisson des scones a marqué une coupure dans le déroulement de l’atelier. Les participants allaient et venaient dans les locaux. Certains en ont profité pour parler anglais avec Rebecca.

Le bilan que nous avons tiré de cet échange est le suivant : la présence d’une animatrice est indispensable lorsqu’il s’agit d’un échange entre plusieurs personnes. Cela permet de recadrer l’atelier si nécessaire et de veiller à son bon déroulement.

Nous avons ressenti une forte convivialité entre échangeurs, une réciprocité dans l’échange de savoirs ( chacun apportait au groupe les connaissances qu’il avait). L’intérêt de cet atelier réside dans le fait qu’il permettait aux participants de bénéficier d’un double apprentissage : anglais+recette de cuisine.

Au delà de notre ressenti, les spécificités du RERS :

Ce réseau vieux de 14 ans, est en effet ancré dans la vie de l'association et donc

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extrêmement bien organisé (voir photos ci-dessous). Cette assise au sein de l'association et plus largement au sein du quartier a permis quelques initiatives spécifiques telles qu'une permanence au quartier Saint Jean (ZUS) de Beauvais afin d'ouvrir les activités du RERS à d'autres publics que celui de l'association (public plus jeune). Toute la méthodologie mise en place autour de l'inscription témoigne également de l'ancienneté du réseau et de son expérience.

La mixité des participants en fonction de leur ancienneté au sein du réseau (une amplitude allant de 6 mois à 14 ans) vient enrichir les ateliers : les échanges informels lors des ateliers, les anecdotes. Le comportement extraverti de certains participants « piliers de l'association » peut cependant rebuter certains plus récent dans le RERS mais au vues des qualités offertes par le réseau ces derniers ne se laisseront pas décourager!

Tableau des offres /demandes/mises en relation Règlement du RERS

Fonctionnement du RERS

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Photos prises par E.Valin le 14/04/2011

RERS de Longjumeau

Fiche d’identité

Nom : La Toile

Date de création : Septembre 2004 (à l’initiative de trois habitantes du quartier puis développé à partir de 2007 suite à un diagnostic soulignant un phénomène d’isolement notamment chez les personnes âgées)

Localisation : Maison Colucci située dans un quartier politique de la ville de Longjumeau

Support juridique : Centre social municipal

Autres activités proposées : Activités du centre social

Composition de l’équipe : 2 salariées du Centre social et 21 bénévoles - Organisatrice : Agent en charge du développement du secteur famille (113 h par an)

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- Agent d’accueil qui met en relation les personnes (93 h par an)

- 21 bénévoles participent à l'organisation d’échanges collectifs de manifestations et

de réunions ainsi qu’à la diffusion d'informations relatives au RERS (819 h par an)

Moyens matériels : Mise à disposition de salles, du téléphone, des outils informatiques, cuisine, petit matériel pour les activités

Moyens financiers : 400 euros (budget du service maison de quartier de la ville de Longjumeau pour l’organisation de festivités et sorties collectives) Demandes de subvention dans le cadre de la Politique de la ville auprès de la Préfecture et du Conseil général refusées

Nombre total de participants : 75 (dont 20 très actifs)

Caractéristiques du public : Résidents de l’ensemble des quartiers de la ville, avec une grande majorité de femmes, de séniors, toutes origines et situation sociale, manque de confiance des participants dans leurs savoirs (ce qui conduit à une non réciprocité des échanges pendant les premiers mois d’adhésion au réseau).

Fréquence des échanges : 8 hebdomadaires, 2 mensuels et d’autres ont lieu ponctuellement

Exemples d’échanges : Langues étrangères, cuisine du monde, patchwork, aide aux devoirs, sophrologie, informatique, massage, sorties collectives…

Intégration au réseau : Adhésion aux Maisons de quartier de Longjumeau obligatoire (5euros)

Organisation : Entretien avec les nouveaux inscrits, listings et plannings des échanges, réunions trimestrielles, animations collectives, les échanges peuvent être individuels ou collectifs

Mode de communication : Supports de communication de la ville de Longjumeau (programmation du Centre social, plaquette de présentation du service, site internet, magazine municipal), tableau à l’accueil du Centre social (Cf. photo ci-après), forum des associations, journée portes ouvertes, réunions trimestrielles, animations collectives (soirées jeux, karaoké, fête de Colucci, fête du réseau…), sorties collectives (musée Marmottan / Monet à Paris par exemple), bouche à oreille.

Impressions générales :

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Locaux : Le RERS se situe la Maison Colucci au sein du quartier politique de la ville ‘Sud’ de Longjumeau. Ce centre social comprend notamment un espace d’accueil où sont affichées les offres et demandes du réseau, une salle d’activité, une salle informatique et une cuisine qui peuvent être utilisées pour les échanges. Etant donné que les locaux sont communs et que des animations collectives sont ouvertes à tous, la frontière entre le RERS et le Centre social semble floue. Par exemple, certains de nos interlocuteurs ne savaient pas que l’activité à laquelle ils participaient se faisait dans le cadre du RERS. Accueil : Un salarié du Centre social assure l’accueil du public aux heures d’ouverture et se charge de présenter le RERS aux personnes qui ne le connaissent pas. Avant qu’un échange collectif se réalise il fait patienter les premiers participants arrivés à l’accueil sur une chaise autour d’une table basse. C’est le lieu où les participants se présentent, discutent en attendant le reste du groupe. Nous avons été bien accueillis par les responsables du réseau qui nous ont notamment fait visiter l’ensemble du Centre social. Cependant, la réunion trimestrielle à laquelle nous souhaitions assister a été annulée. Aussi, afin d’optimiser notre déplacement nous avons pu réaliser deux entretiens : un avec l’organisatrice et l’agent d’accueil du réseau et un autre avec une participante du RERS qui n’avait également pas été prévenue de l’annulation de la réunion. Lors de ces entretiens, nous avons pu remarquer un esprit militant dans leur parole. Échange : Nous avons eu l’occasion de participer à deux échanges collectifs : cuisine du monde et soirée karaoké (ouverte à l’ensemble des adhérents des Maisons de quartier de Longjumeau). Nos observations ont été difficiles à réaliser tellement il y avait de la convivialité entre les participants du RERS. Ce qui est ressorti de nos discussions avec ces derniers c’est que non seulement ils y viennent pour faire de nouvelles rencontres, mais aussi pour s’ouvrir aux autres. Pour les offreurs, il est plus plaisant de « transmettre » un savoir à un groupe car cela favorise l’échange. Spécificités : Nous retenons que le RERS vise à créer du lien social entre différentes catégories de population. Afin de faciliter cette démarche les organisateurs n’hésitent pas à adapter la règle de réciprocité du réseau pour que les personnes prennent confiance en leurs savoirs. En outre, le réseau initie une animation du territoire dans la mesure où il met en œuvre des activités ouvertes à l’ensemble des adhérents des Maisons de quartier de Longjumeau. Enfin, on note que l’adhésion aux Maisons de quartier de Longjumeau est obligatoire afin d’intégrer le RERS et que la frontière entre ce dernier et la Maison Colucci est floue.

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RERS de Chilly-Mazarin

Nom

Pas déterminé à ce jour.

Date de création

Démarche initié en 2010, inauguration prévue en septembre 2011

Localisation

MJC de Chilly-Mazarin

Support juridique

Centre social associatif de Chilly-Mazarin

Coordinateur

Jérôme Waucheul (responsable de la MJC)

Nombre de participants

Environ 40 personnes présentes aux réunions d’information

Caractéristiques du public (d’après l’entretien avec J.Waucheul)

Le public présent à ces réunions était d’après lui déjà sensibilisé aux principes du RERS

(réciprocité, échange non-marchand…). C’est un public impliqué dans le milieu associatif,

sensibilisé à l’économie sociale et solidaire, et qui s’intéresse aux RERS pour son côté

participatif (qui est moins présent dans les associations « classiques »).

Mode de communication

2 réunions d’information :

- Un repas festif pour présenter la démarche

- Une bourse aux échanges avec la présence des Héber-Suffrin

Impressions générales

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121 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

Alter Norbert, Théorie du don et sociologie du monde du travail . La découverte / Revue du Mauss, 2002, p.264. Caillé Alain, Marcel Mauss et le paradigme du don, Sociologie et sociétés, vol. 36, n° 2, 2004, p. 141-176 http://www.erudit.org/revue/socsoc/2004/v36/n2/011053ar.pdf Rivière Carole Anne, « La spécificité française de la construction sociologique du concept de sociabilité », Réseaux 1/2004 (n° 123), p. 207-231. Mauss, Marcel. Essai sur le Don, formes et raisons de l’échange dans les sociétés archaïques, PUF, (1923-1924)

Articles et autres ressources

Rapport d’étude « Nature de l’engagement bénévole dans les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs et de Formation. Les différents types de bénévoles dans le RERS et les formations spécifiques », 2002, 120 pages. « L’essentiel de la politique de la ville » sur le site du Ministère de la Ville www.ville.gouv.fr [consultation mai 2011]

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122 Rapport final « Gestion de projet » du Master Ingénierie des projets de Développement Social Urbain et Développement Durable, Parcours DSU _ juin 2011

REMERCIEMENTS

Merci aux fondateurs des RERS de nous avoir consacré un entretien enrichissant en début d’étude et

de nous avoir orienté dans nos recherches

Merci à tous les RERS qui nous ont accueillis dans leur structure et à tous leurs usagers pour le temps

accordé à notre enquête et pour leur disponibilité.

et

Merci à Judith Ferrando et Dominique Naëls pour leur enseignement et leur soutien tout au long de

l’étude.