Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

6
Actualités pharmaceutiques n° 523 février 2013 35 Auteur correspondant Laurence Janine Michelle COIFFARD laurence.coiffard@univ- nantes.fr zoom © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2012.12.010 Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité A près des décennies de dictat du teint porcelaine, les années 1930 ont vu les prémices de l’avènement du teint hâlé [1]. L’image positive liée au bronzage est largement relayée par les médias (télévision, presse écrite, etc.). En est témoin la polémique récente concernant le mannequin H&M, dont la couleur caramel est loin d’être naturelle. Les solariums et le bronzage naturel sont donc toujours plébiscités et les campagnes de prévention toujours nécessaires. La relation entre expo- sition soleil et genèse des cancers cutanés est pourtant, depuis une vingtaine d’années, clairement éta- blie [2,3]. La photoprotection en question Selon une étude américaine, la ten- dance en termes de photoprotec- tion est à la baisse. Les adolescents d’aujourd’hui utiliseraient moins de produits solaires qu’il y a dix ans. Ils étaient, en effet, 58 % en 1999 à ne pas appliquer de produit solaire en cas d’exposition ; ils sont désor- mais 69 % [4]. En ce qui concerne l’adulte, les résultats sont plus encourageants. Sur 4 837 sportifs (skieurs, snowboarders) interrogés, 73 % indiquent utiliser un produit de protection solaire d’indice supérieur à 15, mais ils ne sont que 20 % à penser à appliquer à nouveau le produit au bout de 2 heures [5]. Il reste donc du chemin à parcourir en termes de prévention. Il faut toutefois noter que les pro- duits solaires ne font pas aujourd’hui l’unanimité. Certaines voix s’élèvent, en effet, arguant que leur utilisation ne protège pas de tous les cancers cutanés. Une étude menée en 2007 montre, par exemple, que des pro- duits de protection solaire peu effi- caces dans le domaine ultraviolet A (UVA), peuvent entraîner des méla- nomes chez des sujets les utilisant sous certaines latitudes [6]. Pour notre part, nous avons démontré que le facteur de pro- tection solaire (SPF), dont la déter- mination est basée sur le pouvoir érythématogène et la valeur du SPF cnm que nous proposons (dont la détermination est basée sur la prévention du cancer non méla- nocytaire, cnm) sont très proches [7]. Nous avons choisi d’utiliser une méthode in vitro, d’une part pour des raisons éthiques car l’irradia- tion de volontaires ne nous semble pas souhaitable et, d’autre part, pour des raisons scientifiques car cette méthode, contrairement à la méthode in vivo, traduit le seul effet protecteur du produit étudié (quan- tification de l’effet filtrant et/ou réflé- chissant) sans autre biais. Par ailleurs, il est parfaitement connu que la dose appliquée réel- lement par l’utilisateur est loin d’être celle employée lors des tests de détermination de l’efficacité Mots clés • Conformité • Conventionnel • Efficacité • Facteur de protection solaire • Produit de protection solaire Keywords • Conformity • Conventional • Efficacy • Sun protection Factor • Sunscreen La mode du bronzage est toujours d’actualité. Le lien entre exposition solaire et développement de cancer cutané est clairement établi. L’usage d’un produit de protection solaire s’avère donc indispensable. Il convient toutefois de mettre en garde vis-à-vis des produits formulés exclusivement avec des filtres minéraux. Sur 17 produits de ce type étudiés, le facteur de protection solaire (SPF) déterminé par méthode in vitro s’avère inférieur à celui affiché sur l’emballage. Pour ceux contenant des mélanges de filtres organiques et/ou minéraux, le pourcentage de conformité est de 71 %, 77 % lorsque sont uniquement considérés ceux vendus en pharmacie. Une mise en garde toute particulière doit être également réalisée vis-à-vis de produits commercialisés sans SPF affiché. Sunscreen products: issues in terms of efficiency. Tanning is still fashionable today. The link between sun exposure and skin cancer development has been clearly established. Accordingly, the use of a sunscreen seems essential. However, care should be taken in regard to products formulated exclusively with mineral filters. Out of 17 products of this type studied, the sun protection factor determined by the in vitro method was lower than that displayed on the packaging. For products containing mixtures of organic filters and/or minerals, the compliance rate is 71 %, or 77 % when only those sold in pharmacies are considered. A very specific warning should be given in relation to products marketed with no displayed SPF. Céline COUTEAU Laurence Janine Michelle COIFFARD © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés © 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved

Transcript of Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Page 1: Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Actualités pharmaceutiques

• n° 523 • février 2013 • 35

Auteur correspondantLaurence Janine Michelle COIFFARDlaurence.coiffard@univ-

nantes.fr

zoom

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2012.12.010

Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

A près des décennies de dictat du teint porcelaine, les années 1930 ont vu les

prémices de l’avènement du teint hâlé [1]. L’image positive liée au bronzage est largement relayée par les médias (télévision, presse écrite, etc.). En est témoin la polémique récente concernant le mannequin H&M, dont la couleur caramel est loin d’être naturelle. Les solariums et le bronzage naturel sont donc toujours plébiscités et les campagnes de prévention toujours nécessaires. La relation entre expo-sition soleil et genèse des cancers cutanés est pourtant, depuis une vingtaine d’années, clairement éta-blie [2,3].

La photoprotection en questionSelon une étude américaine, la ten-dance en termes de photoprotec-tion est à la baisse. Les adolescents d’aujourd’hui utiliseraient moins de

produits solaires qu’il y a dix ans. Ils étaient, en effet, 58 % en 1999 à ne pas appliquer de produit solaire en cas d’exposition ; ils sont désor-mais 69 % [4]. En ce qui concerne l’adulte, les résultats sont plus encourageants. Sur 4 837 sportifs (skieurs, snowboarders) interrogés, 73 % indiquent utiliser un produit de protection solaire d’indice supérieur à 15, mais ils ne sont que 20 % à penser à appliquer à nouveau le produit au bout de 2 heures [5]. Il reste donc du chemin à parcourir en termes de prévention.Il faut toutefois noter que les pro-duits solaires ne font pas aujourd’hui l’unanimité. Certaines voix s’élèvent, en effet, arguant que leur utilisation ne protège pas de tous les cancers cutanés. Une étude menée en 2007 montre, par exemple, que des pro-duits de protection solaire peu effi-caces dans le domaine ultraviolet A (UVA), peuvent entraîner des méla-nomes chez des sujets les utilisant

sous certaines latitudes [6]. Pour notre part, nous avons démontré que le facteur de pro-tection solaire (SPF), dont la déter-mination est basée sur le pouvoir érythématogène et la valeur du SPF cnm que nous proposons (dont la détermination est basée sur la prévention du cancer non méla-nocytaire, cnm) sont très proches [7]. Nous avons choisi d’utiliser une méthode in vitro, d’une part pour des raisons éthiques car l’irradia-tion de volontaires ne nous semble pas souhaitable et, d’autre part, pour des raisons scientifiques car cette méthode, contrairement à la méthode in vivo, traduit le seul effet protecteur du produit étudié (quan-tification de l’effet filtrant et/ou réflé-chissant) sans autre biais.Par ailleurs, il est parfaitement connu que la dose appliquée réel-lement par l’utilisateur est loin d’être celle employée lors des tests de détermination de l’efficacité

Mots clés• Conformité

• Conventionnel

• Effi cacité

• Facteur de protection

solaire

• Produit de protection

solaire

Keywords• Conformity

• Conventional

• Effi cacy

• Sun protection Factor

• Sunscreen

La mode du bronzage est toujours d’actualité. Le lien entre exposition solaire et

développement de cancer cutané est clairement établi. L’usage d’un produit de protection

solaire s’avère donc indispensable. Il convient toutefois de mettre en garde vis-à-vis des

produits formulés exclusivement avec des filtres minéraux. Sur 17 produits de ce type

étudiés, le facteur de protection solaire (SPF) déterminé par méthode in vitro s’avère

inférieur à celui affiché sur l’emballage. Pour ceux contenant des mélanges de filtres

organiques et/ou minéraux, le pourcentage de conformité est de 71 %, 77 % lorsque sont

uniquement considérés ceux vendus en pharmacie. Une mise en garde toute particulière

doit être également réalisée vis-à-vis de produits commercialisés sans SPF affiché.

Sunscreen products: issues in terms of efficiency. Tanning is still fashionable today. The link between sun exposure and skin cancer development has been clearly established. Accordingly, the use of a sunscreen seems essential. However, care should be taken in regard to products formulated exclusively with mineral filters. Out of 17 products of this type studied, the sun protection factor determined by the in vitro method was lower than that displayed on the packaging. For products containing mixtures of organic filters and/or minerals, the compliance rate is 71 %, or 77 % when only those sold in pharmacies are considered. A very specific warning should be given in relation to products marketed with no displayed SPF.

Céline COUTEAU

Laurence Janine

Michelle COIFFARD

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved

Page 2: Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Actualités pharmaceutiques

• n° 523 • février 2013 •36

Tableau 1. Les produits conventionnels testés (suite).

Nom du produit SPF affi ché

Hello Kitty® 30

Hyseke solaire émulsion hydratante protectrice® 50

Inell sun® 30

Klorane enfant spray solaire à l’extrait de calendula® 50+

Lancaster soin de beauté solaire® 10

Lancaster soin de beauté solaire® 6

Liérac solaire bronzage intense aqualait® 15

Mixa lait solaire® 50

Nivea sun spray protecteur hydratant® 50+

Piz buin in sun® 30

Polysianes crème veloutée® 30

Roc soleil protexion enfants® 50+

Shiseido very high sun protection lotion® 50+

Skinceuticals advanced UV defense® 30

Soleisp Boots® 15

Uriage Crème sans parfum Bariésun peaux sensibles® 50+

Uriage - Spray Bariésun Peaux sensibles® 50+

Uriage Lait Bariésun Peaux sensibles® 50+

Vichy capital soleil spray multi-positions® 30

Vichy capital soleil® 50+

Yonka visage et zones sensibles® 40

zoom

des produits solaires par méthode in vivo. En effet, il est généralement considéré que la dose réellement appliquée est comprise entre 0,5 et 1,0 mg/cm2 contre la valeur de 2,0 mg/cm2 (test in vivo) [8]. Une pro-tection insuffisante peut donc être le fait du consommateur qui utilise une dose inadéquate. Mais un niveau insuffisant de protection peut éga-lement être lié au produit de protec-tion solaire lui-même.

Étude sur des produits solaires du commerceTous les produits de protection solaire présents sur le marché sont-ils sûrs ? Pour répondre à cette question, nous avons étudié des produits du commerce. Il s’agissait,

soit de cosmétiques conventionnels contenant des associations fil-trantes à type de filtres organiques et/ou inorganiques, soit de cosmé-tiques bio ou minéraux ne conte-nant que des filtres inorganiques. Par ailleurs, nous avons souhaité étudier une gamme de produits solaires atypiques car n’affichant pas de SPF, contrairement à ce que demande la réglementat ion. Chaque valeur de SPF déterminé expérimentalement a été comparée à la valeur seuil requise par la régle-mentation, afin de pouvoir qualifier le produit en termes de conformité. Rappelons que seules les valeurs 6, 10, 15, 20, 25, 30, 50 et 50+ sont affichables. Toutes les valeurs inter-médiaires sont ramenées à la valeur

inférieure la plus proche. L’affi-chage 50+ ne pourra concerner que les produits pour lesquels une valeur de SPF supérieur à 60 a été déterminée.

Matériel et méthodesL’étude d’efficacité a porté sur 58 produits de protection solaire. Ces produits se répartissent de la façon suivante :• 41 produits conventionnels car

comportant des associations de filtres organiques et/ou inorga-niques (tableau 1) ;

• 17 produits ne comportant que des filtres inorganiques (dioxyde de titane et/ou oxyde de zinc) (tableau 2).

En outre, 5 produits de la marque

Tableau 1. Les produits conventionnels testés.

Nom du produit SPF affi ché

Ambre solaire Garnier® 10

Anthélios La Roche Posay® 20

Avène Lait très haute protection peaux sensibles® 50+

Avène Lait enfant peau sensible de l’enfant® 50+

Avène spray enfant® 30

Baidoa sun lait® 30

Biafi ne lait® 30

Bioderma spray photoderm bronz® 50+

Bioderma spray photoderm bronz® 15

Biotherm sun anti-rides solaires® 15

Carrefour lait solaire enfant Scooby-doo® 50+

Caudalie soleil divin® 20

Somatoline cosmetic® 50+

Daylong ultra lotion solaire aux liposomes® 25

Daylong extrême® 50+

Daylong baby® 30

Dix20® 20

Embryolisse® 30

Eucerin Kids sun spray® 50+

Galénic soin solaire à l’uncaria d’Amazonie® 30

Page 3: Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Actualités pharmaceutiques

• n° 523 • février 2013 • 37

zoom

Esthederm ont é té é tud iés (tableau 3).Ces produits, appartenant à la gamme solaire de la marque, pré-sentent la particularité de n’afficher aucune valeur de SPF. La crème écran max ultra haute protection® laisse supposer, d’après les termes employés, un niveau de protec-tion très haut correspondant, par exemple, à un SPF affiché de 50 ou 50+. Chaque produit a fait l’objet d’une détermination du SPF in vitro. Le proto cole est le suivant : 30 mg

de produit sont appliqués sur une plaque de PMMA (polyméthylmé-thacraylate, Europlast, Aubervilliers, France). L’étalement du produit est réalisé avec un doigtier non poudré (Cooper, Melun, France) jusqu’à obtention d’une masse résiduelle de 15 mg, soit une densité de 0,6 mg/cm2 [9]. On détermine alors la transmission de l’échantillon. Cette transmission permet le calcul du SPF du produit grâce à la rela-tion établie par Diffey et Robson (figure 1) [10]. Chaque échantillon est testé en trois exemplaires.

Neuf points de mesure sont effec-tués pour chaque plaque.

Résultats de l’étudeIl est constaté que 71 % des pro-duits conventionnels testés sont conformes aux allégations por-tées sur leur emballage (tableau 4). Ce pourcentage atteint 77 % lorsque l’on considère uniquement les produits vendus en pharma-cie. A contrario, 100 % des pro-duits minéraux se révèlent non conformes et ce, quel que soit le créneau de vente.Les plus grandes différences entre valeur affichée et valeur détermi-née in vitro sont observées pour les produits de haute et très haute protection (figures 2 et 3). Ces différences observées peuvent être expliquées, entre autres, par la présence d’ingré dients à pro-priétés anti-inflammatoires dans la formule [11]. Ceci concerne 11 produits sur les 17 produits miné-raux étudiés. L’écart maximal est observé avec le produit UV Bio® pour peaux très fragiles et enfants.

Tableau 2. Les produits minéraux testés.

Nom du produit SPF affi ché

Alphanova bébé® 30

Avène lait minéral peaux intolérantes® 50+

Avène Crème minérale peaux intolérantes® 50+

Clarins lait solaire spécial enfant 100 % écran minéral® 50+

Ecocosmetics Baby & Kids® 45

Eubiona® 30

Florame crème solaire visage® 50

Florame crème solaire visage® 15

Flore alpes crème solaire® 30

Lovea kids bio® 30

Loren Kadi magnolia écran solaire® 30

Rosveda natural sunscreen lotion solaire biologique® 40

Uriage Crème minérale Bariésun – peaux allergiques® 50+

UV Bio crème solaire® 24

UV Bio crème solaire® 13

UV Bio peaux très fragiles et enfants® 50+

Vea Scudo® 5

Tableau 3. Résultats obtenus avec les produits de la gamme Esthederm.

Nom du produit SPF affi ché SPF ± DS

Adaptasun peau sensible – crème visage – protection : soleil extrême® / 19 ± 1,0

Adaptasun peau sensible – crème visage – protection : soleil normal ou fort® / 7 ± 0,5

Adaptasun peau sensible – crème visage – protection : soleil doux® / 2,5 ± 0,0

Traitement des intolérances solaires – crème visage – tous soleils® / 25 ± 1,0

No sun crème écran max ultra haute protection – Soleil : No® / 17 ± 1,0

Figure 1. Équation du facteur de protection solaire (SPF). E : effi cacité érythématogène du spectre UV. S : spectre de la lampe. T : transmittance de l’échantillon testé.

© L

JM C

oiff

ard/

Cou

teau

Page 4: Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Actualités pharmaceutiques

• n° 523 • février 2013 •38

zoom

Tableau 4. Résultats concernant les produits testés.

Nom du produit SPF affi ché SPF ± DS Conformité

Ambre solaire Garnier® 10 6 ± 1 Non

Anthélios La Roche Posay® 20 25 ± 2 Oui

Avène Lait très haute protection peaux sensibles®

50+ 60 ± 4 Oui

Avène Lait enfantPeau sensible de l’enfant®

50+ 71 ± 7 Oui

Avène spray enfant® 30 34 ± 4 Oui

Baidoa sun lait® 30 19 ± 1 Non

Biafi ne lait® 30 34 ± 2 Oui

Bioderma spray photoderm bronz® 50+ 72 ± 4 Oui

Bioderma spray photoderm bronz® 15 17 ± 2 Oui

Biotherm sun anti-rides solaires® 15 19 ± 1 Oui

Carrefour lait solaire enfant Scooby-doo® 50+ 57 ± 3 Non

Caudalie soleil divin® 20 44 ± 3 Oui

Somatoline cosmetic® 50+ 36 ± 4 Non

Daylong ultra lotion solaire aux liposomes® 25 22 ± 2 Non

Daylong extrême® 50+ 89 ± 14 Oui

Daylong baby® 30 30 ± 3 Oui

Dix20® 20 53 ± 4 Oui

Embryolisse® 30 66 ± 5 Oui

Eucerin Kids sun spray® 50+ 66 ± 5 Oui

Galénic soin solaire à l’uncaria d’Amazonie® 30 65 ± 5 Oui

Hello Kitty® 30 17 ± 1 Non

Hyseke solaire émulsion hydratante protectrice® 50 63 ± 3 Oui

Inell sun® 30 47 ± 4 Oui

Klorane enfant spray solaire à l’extrait de calendula® 50+ 52 ± 2 Non

Lancaster soin de beauté solaire® 10 12 ± 1 Oui

Lancaster soin de beauté solaire® 6 11 ± 1 Oui

Liérac solaire bronzage intense aqualait® 15 20 ± 2 Oui

Mixa lait solaire® 50 53 ± 2 Oui

Nivea sun spray protecteur hydratant® 50+ 78 ± 5 Oui

Piz buin in sun® 30 20 ± 1,5 Non

Polysianes crème veloutée® 30 62 ± 4 Oui

Roc soleil protexion enfants® 50+ 108 ± 18 Oui

Shiseido very high sun protection lotion® 50+ 27 ± 4 Non

Skinceuticals advanced UV defense® 30 30 ± 3 Oui

Soleisp Boots® 15 15 ± 1 Oui

Uriage Crème sans parfum Bariésun peaux sensibles® 50+ 49 ± 2 Non

Page 5: Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Actualités pharmaceutiques

• n° 523 • février 2013 • 39

zoom

Ceci est d’autant plus préoccu-pant que ce produit est destiné aux enfants, population qui doit être tout particulièrement protégée.On remarque également quelques indices anarchiques: 5, 13, 24, 45. Les indices ne devraient plus figu-rer tels quels. De plus, un produit dont le SPF est inférieur à 6 ne peut être considéré comme un produit solaire.La gamme solaire Estherderm pose un réel problème de santé publique. Les résultats obtenus ne sont pas en accord avec l’argumentaire marke-ting des produits de cette gamme, dits adaptés “aux peaux sensibles”. Signalons tout particulièrement la crème No sun écran max ultra haute protection – Soleil : No®. L’emploi du terme “écran max” n’est ici pas acceptable. Il laisse supposer que le produit offre une protection maxi-male. En termes réglementaires, cela se traduit par la notion de “pro-tection très haute”. On attend donc un SPF supérieur à 60. Celui-ci n’est pourtant que de 17, ce qui classe cette crème comme un produit de “protection moyenne” ne pouvant afficher qu’une valeur de 15.Notons également que la crème

Références[1] Couteau C, Coiffard LJM. Historique de la photoprotection topique. Rev Hist Pharm. 2010;36:151-62.

[2] De Gruijl FR. Skin cancer and solar UV radiation. Eur J Cancer. 1999;35(14):2003-9.

[3] Eid M. Sun Exposure and Skin Cancer Prevention. International Encyclopedia of the Social & Behavioral Sciences. 2001:15278-81.

[4] Jones SE, Saraiya M, Miyamoto J, Berkowitz Z. Trends in Sunscreen Use Among US High School Students:1999-2009. J Adolesc Health. 2012;50(3):304-7.

[5] Buller DB, Andersen PA, Walkosz BJ, Scott MD, Maloy JA, Dignan MB, Cutter GR. Compliance with sunscreen advice in a survey of adults engaged in outdoor winter recreation at high-elevation ski areas. J Am Acad Dermatol. 2012;66(1):63-70.

[6] Gorham ED, Mohr SB, Garland CF, Chaplin G, Garland FC. Do Sunscreens Increase Risk of Melanoma in Populations Residing at Higher Latitudes? Ann Epidemiol. 2007;17(12):956-63.

[7] Couteau C, Couteau O, Alami S, Coiffard LJM. Sunscreen products: from what do they protect us? Int J Pharm. 2011;415:181-4.

[8] Diffey B. Sunscreen isn’t enough. J Photochem Photobiol B. 2001;64(2-3):105-8.

[9] Couteau C, Pommier M, Paparis E, Coiffard LJM. Study of the effi cacy of 18 sun fi lters authorized in European Union tested in vitro. Pharmazie. 2007;62(6):449-52.

[10] Diffey BL, Robson J. Sun Protection Factor in vitro. J Soc Cosmet Chem. 1989;40:127-32.

[11] Couteau C, Chauvet C, Paparis E, Coiffard LJM. Infl uence of certain ingredients on the SPF determined in vitro. Arch Dermatol Res. 2012;304:817-21.

Tableau 4. Résultats concernant les produits testés (suite).

Nom du produit SPF affi ché SPF ± DS Conformité

Uriage - Spray Bariésun Peaux sensibles® 50+ 61 ± 4 Oui

Uriage Lait Bariésun Peaux sensibles® 50+ 52 ± 2 Non

Vichy capital soleil spray multi-positions® 30 36 ± 2 Oui

Vichy capital soleil® 50+ 44 ± 4 non

Yon ka visage et zones sensibles® 40 49 ± 5 oui

Alphanova bébé® 30 10 ± 1 oui

Avène lait minéral peaux intolérantes® 50+ 38 ± 2 Non

Avène Crème minérale peaux intolérantes® 50+ 34 ± 4 Non

Clarins lait solaire spécial enfant 100 % écran minéral® 50+ 24 ± 2 Non

Ecocosmetics Baby & Kids® 45 22 ± 3 Non

Eubiona® 30 22 ± 2 Non

Florame crème solaire visage® 50 15 ± 1 Non

Figure 2. Écarts observés entre facteur de protection solaire (SPF) affi ché et SPF déterminé in vitro, dans le cas des produits conventionnels testés.

Figure 3. Écarts observés entre SPF affi ché et SPF déterminé in vitro, dans le cas des produits minéraux testés.

© L

JM C

oiff

ard/

Cou

teau

© L

JM C

oiff

ard/

Cou

teau

Page 6: Les produits solaires : des problèmes en termes d’efficacité

Actualités pharmaceutiques

• n° 523 • février 2013 •40

zoom

visage Adaptasun peau sensible protection : soleil doux® n’est pas non plus un produit pouvant figurer dans une gamme solaire. Son SPF inférieur à 6 ne lui permet pas de

revendiquer le statut de produit de protection solaire. Il faut également noter que les notions de soleil doux, fort ou extrême, sont trop floues et donc peu opportunes.

ConclusionCette étude met clairement en évi-dence l’inefficacité des produits bio ou minéraux qui ne permettent pas d’obtenir les SPF affichés. Ceci est en totale adéquation avec nos tra-vaux antérieurs qui ont prouvé qu’il était impossible, d’un point de vue galénique, d’obtenir de hauts SPF en utilisant uniquement des filtres minéraux [12]. Il conviendra donc de privilégier les associations de filtres organiques et/ou inorganiques [13].Il faut enfin noter un pourcentage de conformité en ce qui concerne les produits conventionnels qui est encore loin de 100, et qui montre qu’il convient encore de faire des efforts en termes de formulation des produits de protection solaire. w

Déclaration d’intérêts :

les auteurs déclarent ne pas

avoir de confl its d’intérêts en

relation avec cet article.

Les auteursLaurence Janine Michelle COIFFARDProfesseur, Faculté

de pharmacie, Université de

Nantes, 9 rue Bias, BP 53508,

44035 Nantes cedex 1, France

laurence.coiffard@univ-

nantes.fr

Céline COUTEAUMaître de conférences,

HDR, Faculté de pharmacie,

Université de Nantes, 9 rue

Bias, BP 53508, 44035 Nantes

cedex 1, France

Références[12] Couteau C, Alami S, Guitton M, Paparis E, Coiffard LJ. Mineral fi lters in sunscreen products--comparison of the effi cacy of zinc oxide and titanium dioxide by in vitro method. Pharmazie. 2008;63(1):58-60.

[13] Couteau C, Chammas R, Alami S, Choquenet B, Paparis E, Coiffard LJM. Combination of UVA-fi lters and UVB-fi lters or inorganic UV-fi lters - Infl uence on the Sun Protection Factor (SPF) and the PF-UVA determined by in vitro method. J Dermatol Sci. 2008;50(2):159-61.

Tableau 4. Résultats concernant les produits testés (suite).

Nom du produit SPF affi ché SPF ± DS Conformité

Florame crème solaire visage® 15 7 ± 0,5 Non

Flore alpes crème solaire® 30 22 ± 2 Non

Lovea kids bio® 30 9 ± 1 Non

Loren Kadi magnolia écran solaire® 30 7 ± 1 Non

Rosveda natural sunscreen lotion solaire biologique® 40 18 ± 1 Non

Uriage Crème minérale Bariésun – peaux allergiques® 50+ 26 ± 1,5 Non

UV Bio crème solaire® 24 12 ± 1 Non

UV Bio crème solaire® 13 11 ± 1 Non

UV Bio peaux très fragiles et enfants® 50+ 18 ± 2 Non

Vea Scudo® 5 3 ± 0 Non

Daylong actinica® / 100 ± 7

Adaptasun peau sensible – crème visage – protection : soleil extrême®

/ 19 ± 1

Adaptasun peau sensible – crème visage – protection : soleil normal ou fort®

/ 7 ± 0,5

Adaptasun peau sensible – crème visage – protection : soleil doux®

/ 2,5 ± 0

Traitement des intolérances solaires – crème visage – tous soleils® / 25 ± 1

No sun crème écran max ultra haute protection – Soleil : No® / 17 ± 1

L’usage d’un produit de protection solaire est indispensable mais il convient de mettre en garde vis-à-vis des produits formulés exclusivement avec des fi ltres minéraux.

© F

otol

ia.c

om/C

hGus

s