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  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 1

    LES POLITIQUES DES SALAIRES POURSUIVIES EN ALGERIE :UNE QUETE CONTRARIEE DEFFICIENCE

    Kouider BOUTALEB*

    INTRODUCTION

    Les politiques des salaires sont au cur de la problmatique du dveloppement socio-conomique. Bien menes elles contribuent incontestablement au dveloppement de laproductivit (condition indispensable la croissance conomique) assurer lquit(condition indispensable pour stabiliser et renforcer la cohsion sociale). Tous les pays sontconfronts cette qute defficience. Concernant lAlgrie il faudrait sans doute soulignerdes le dpart quelle a connu des situations et des conjonctures particulires qui ont fortementinfluenc cette qute defficience et dquit. Trois systme de salaires sont considrerrelatifs trois phases distinctes :

    1- La premire phase relative la priode stendant durant les premires annes post-indpendance soit de 1962 1966 environ a t marque compte tenu des conditionspolitiques, conomiques et sociales qui prvalaient cette poque par la reproduction (ou lacontinuation) du systme de rmunration qui avait cours avant lindpendance du pays

    2- La deuxime phase a t marque par ladoption dune politique nationale des salairesexplicite clairement dans le Statut Gnral du Travailleur (SGT) 1974 1990

    3- La troisime phase a dbut avec la remise en cause du SGT par la promulgation de laloi 90-11 du 21-04-1990 et qui a consacr une nouvelle politique des salaires tout aumoins dans le secteur conomique public et priv, le secteur de la fonction publique nat que rcemment (2008) revu avec la promulgation dune nouvelle grille des salaires.

    La loi 90-11 du 22.01.1990 a marqu le dbut mais ldifice reste, ce jour, inachev.Quelle a t lefficience des politiques des salaires poursuivies, particulirement celle en

    cours, inhrente la libralisation des relations de travail consacre par la rforme de 1990,en terme de cration demploi (si les salaires sajustent par rapport loffre et la demandedemploi, le march du travail squilibre (absence de chmage involontaire) conformmentaux thses librales), en terme de productivit leve du travail (des salaires levsconcourent la hausse de la productivit du travail) et en terme dquit et de niveau de vie(pouvoir dachat) ? Cest ce que nous allons tenter dexpliciter dans cette contribution.

    1- L'EXPERIENCE POST- INDEPENDANCE

    Le problme des salaires en Algrie, na apparemment pas constitu une priorit pendantles premires annes de lindpendance. Ce nest que vers la fin des annes 60 et le dbut desannes 70, correspondant la afin au plan triennal (1967/1969) que la ncessit dunchangement de perspectives sest pose et que les premires rflexions furent entreprises.

    Il faut rappeler que les diffrentes dispositions du Code du travail franais furent tenduesavec certaines modifications l'Algrie au cours des annes 1915 1954; ainsi l'Algriedisposait-elle, avec le Code algrien du travail et de la prvoyance sociale, d'un droit dutravail codifi. Aprs l'indpendance de l'Algrie, la loi n 62-157 du 31 dcembre 1962maintint les lois en vigueur dont galement aussi le droit du travail.

    Ceci tant comment se prsentaient les mcanismes de fixation des salaires tant dans lesecteur conomique que dans celui de la fonction publique1.

    * Docteur en. Sciences conomiques - Facult des sciences conomiques et de gestion - Universit de Tlemcen - Algrie. [email protected]

    1 Saddek M. 1998. "Systme des salaires : essai d'analyse du cas algrien", Mmoire de Magistre achev mais non soutenu.

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    1.2- Les mcanismes de fixation des salaires dans la fonction publique et le secteur conomique

    1.2.1. La rmunration dans la fonction publique

    La rmunration des fonctionnaires et agents de lEtat tait rgle par les dispositions dustatut de la fonction publique contenues dans lordonnance 66-133 du 2 juin 1966 et le dcret66-137 du 2 juin 19662.

    Ce systme institue 14 chelles comprenant chacune 10 11 chelons. La simplicit de laclassification sexplique par linfluence des conditions du march du travail de lpoque(raret de personnel qualifi), le souci de simplifier la gestion et lexigence de rpondre unbesoin du moyen terme.

    1.3.2. La rmunration dans le secteur conomique

    Dans le secteur conomique il faut distinguer, le secteur public du secteur priv.- Le systme de rmunration dans le secteur public manquait manifestement de cohrence

    cette poque. Selon A. AKKACHE on a pu ainsi dnombrer, dans certainesentreprises, jusqu 30 ou 35 primes et complments diffrents (assiduit, technicit,disponibilit, primes de bilan, de mouton, de chaleur, de froid, dloignement, deproductivit, etc). Le tout sans critres srieux et parfois mme dans les conditionsabsurdes et anticonomiques. On a vu ainsi des primes de technicit attribues desmanuvres sans qualification, ou des primes de rendement verses des travailleursabsents pour congs ou maladies3.

    Les socits nationales disposaient de grilles de rmunrations particulires. Face lararet de la main duvre qualifie et la concurrence du secteur priv, ces grilles dermunration se trouvaient dformes.

    - Dans le secteur priv, les conditions gnrales de travail nont t codifies quen 1975dans lordonnance 75-31 du 29 avril 1975 comme nous lavons dj not4.

    Le systme de rmunration devait tre dtermin obligatoirement par la conventioncollective dfinie par larticle 85 de la dite ordonnance

    Cependant, la faiblesse de la taille des entreprises du secteur priv na gure permis unesyndicalisation assez pousse ce qui rendit lapplication des dispositions de la dite ordonnancealatoire, sindon inexistante.

    L'examen des diffrents textes rgissant les relations de travail notamment concernant ladtermination des salaires5 permettent dobserver labsence de clart dans la politiquenationale des salaires cette poque.

    Beaucoup estiment que la politique nationale des salaires sest caractrise par lettonnement durant cette premire phase

    Larsenal juridique hrit de la priode coloniale a fait certes lobjet dune rvisionprogressive. Mais il fallait attendre lordonnance n 73-29 du 5 juillet 1973 pour que cette loisoit abroge autrement dit toutes les lois en vigueur avant le 3 juillet 1962 (A.2 del'ordonnance) furent abroges (il faut rappeler que cette ordonnance n'a pris effet que deux ansplus tard, c'est--dire compter du 5 juillet 1975)6.

    2 JORA du 8 juin 1966, Dcret 66-137du 2 Juin 1966 Instituant grille des chelles de rmunrations des fonctionnaires.3 Akkache A., 1987. Introduction la politique nationale des salaires. Revue algrienne du travail janv. mars n17 p18.4 Ordonnance 75-31 du 29-04-1975 relative aux conditions de travail dans le secteur priv.5 Gerhard IGL. 1979. "Le statut gnral du travailleur en Algrie", in Hubert Michel. (Sous la responsabilit de) - Annuaire

    de l'Afrique du Nord - CNRS; CRESM- Paris, Editions du CNRS, pp. 315-338, Vol. 17 (1352 p.)6 cf. Encyclopdie juridique, Rpertoire de droit social et du travail, tome 1, Paris (Dalloz) 1960, ou on trouve sous la

    rfrence Algrie., Nr. 1-9 l'histoire rsume du droit du travail algrien, , comme dans la mise jour de cet ouvrage,date de 1978, n 3, 6, 7, 9, 9-20.

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    1.2.3. La situation gnrale des salaires la veille de lapplication du SGT

    La situation gnrale des salaires la veille de lapplication du SGT tait caractrise pardes dsquilibres et distorsions apparents entre formation et rpartition des revenus. Lebesoin de mettre au point une politique salariale cohrente ainsi que des instruments fiables dedirection de lconomie se faisait par consquent nettement sentir. Des enqutes avaient tmenes qui avaient rvl que le SNMG ntait pas respect dans la majorit des entreprisesdu secteur priv, que des dizaines de milliers de travailleurs vacataires taient sous-pays etque le plafond de salaire avait t dpass grce aux primes et indemnits. Des disparitsflagrantes sont apparues entre les branches.

    Dautre part le travail productif a t dvaloris. Une enqute de 19767 (7) a rvl quunmineur de fond percevait presque la moiti du salaire dun agent de bureau ou dunedactylographe, lesquels percevaient trois fois plus dun travailleur de lagriculture.

    Le professeur Abdellatif BENACHENHOU avait relev ce propos que cette correctiondes disparits ne peut se faire que dans le cadre de ltablissement dune grille nationale dessalaires, par la dfinition dune nomenclature des postes, des conditions daccs et de progression.Mais les considrations techniques ne doivent jamais arrter la volont politique8.

    Ainsi donc le statut gnral du travailleur (SGT) qui sera promulgu par la loi du 05-08-1978, devait intervenir, dans un tel contexte, en tant quinstrument dorganisation et dergulation de la relation de travail en gnral et de la rpartition du revenu plusparticulirement, lchelle nationale

    2- L'EXPERIENCE DU SGT (STATUT GENERAL DU TRAVAILLEUR)

    Le statut gnral du travailleur (SGT) a suscit a posteriori beaucoup de dbatspassionns, trs critiques En quoi consistait ce systme ? Quelle a t son application ? Quelsrsultats a-t-il engendr ? Et dautres questions encore dont les rponses ont t fortementcontroverses en fonction des lignes idologiques adoptes.

    2.1- Les fondements de la rmunration du travail (Titre IV).

    Lobjectif du SGT tait, thoriquement du moins, de rnover et dhomogniser lalgislation du travail, de fixer les droits et obligations des travailleurs, daffirmer la dimensionconomique et sociale des salaires, dunifier les rgimes dassurances sociales et de retraites,enfin de mettre en place les instruments de gestion ncessaires.

    Concernant plus prcisment la rmunration du travail le SGT dcrtait:1. Salaires : C'est le gouvernement qui a la prrogative de fixer les salaires. Cette

    prrogative ne saurait tre dlgue aux organismes employeurs (Article. 127). Le niveau etl'ventail des salaires ainsi que le niveau de la masse des salaires doivent tre aligns sur lesobjectifs exprims dans les instruments de la planification tatique (Article. 128).

    2. Il existe un salaire national minimum garanti : (SNMG) pour tous les secteurs d'activit.Lors de la fixation du salaire minimum, il fallait tenir compte de l'volution des prix deproduits et services de premire ncessit et de large consommation. A cet effet un budgetfamilial type est fix. (Article. 129).

    3. La politique salariale tend, au-del du SNMG, la suppression progressive de toutes lesingalits : Des disparits tant entre le secteur agricole et les autres secteurs, entre la fonctionpublique et les entreprises socialistes, qu'entre entreprises socialistes mmes existaient cettepoque (Articles. 131, 132).disparits qui nont jamais disparues

    7 CENEAP. Enqute sur les salaires 1978.8 A. Benachenou : rflexions sur la politiques des revenus en Algrie, revue algrienne des sciences juridiques

    conomiques et politiques n13 1975. p44.

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    4. En contre partie du travail qu'il fournit, le travailleur peroit un salaire et participe auxrsultats de l'entreprise : Le salaire est constitu d'un salaire de poste , d'une indemnit dezone et d'une rmunration complmentaire lie la quantit et la qualit, la productivitet aux rsultats du travail (Article. 139).

    5. Les stimulants collectifs et la participation aux rsultats : sont la troisime composantede la rmunration (chapitre IV du titre IV). Il en existe deux types: la prime ou la pnalit derendement collectif et la participation aux rsultats (Article. 165), La premire est mensuelleet la seconde est dtermine et paye annuellement (Articles. 166, 169),

    2.2- La classification des postes de travail

    Le systme reposait tout dabord sur une classification des postes de travail partir dunemthode nationale de classification. La mthode nationale unique de classification(MNUC) fixe par le dcret 82-356 du 20-11-19829.

    La mthode prend en considration non pas le travailleur mais le poste de travail. Chaqueposte est analys pour reconstituer les exigences de qualification, le poids des responsabilits,les conditions de travail, les tches, les contraintes et exigences particulires identifiables.

    Concrtement, on estime que si la MNUC a combl un vide en matire de gestion desressources humaines, son application na pas atteint le rsultat escompt : ladquationtravail- salaire base sur les critres de mrite, deffort et de rsultat ralis. En effet cettemthode fut applique uniformment tous les secteurs quelle que soit la nature de leuractivit. Aucune initiative ntait laisse lentreprise pour ladapter ses particularits.

    2.2.1. La grille indiciaire

    On estime et cest la une critique rcurrence au SGT que lapplication dune seule grilledes salaires uniformment tous les secteurs dactivit na laiss aucune initiative auxentreprises. On remarquera ltroitesse des carts entre catgories et entre sections lintrieur dune catgorie qui rend trs peu motivant le dsir de promotion.

    La grille tant impose, le rgime indemnitaire qui vient complter la structure desrmunrations lest galement, lharmonisation souhaite sest transforme en uniformisation.

    2.2.2. Le rgime indemnitaire

    Le SGT ayant fix toutes les indemnits na de ce fait laiss aucune marge de manuvre linitiative. Pour lever cette contrainte il sera dcid plus tard (conseil des ministres du 14-7-87) damender la loi relative au SGT pour permettre la cration de primes par voierglementaire. Les procdures lourdes centralises ne permettront cependant pas datteindrecet objectif. Les diffrentes primes et indemnits ont port essentiellement sur :

    - lindemnit dexprience professionnelle (IEP)- lindemnit forfaitaire de service permanent (IFSP)- les primes de rendement collectif (PRC) et individuel (PRI).- lindemnit de zone,

    CONCLUSION

    Le SGT, rappelons le, tait thoriquement conu en tant quinstrument dorganisation etde rgulation de la relation de travail en gnral et de la rpartition du revenu plusparticulirement, lchelle nationale.

    Sa mise en application est apparue avec le temps trs complexe et na pas permis deraliser les objectifs poursuivis. Cest ainsi, titre dexemple, quau-del du SNMG, des

    9 JORA. Dcret 82-356 du 20-11-82 relatif la MNUC.

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    disparits tant entre le secteur agricole et les autres secteurs, entre la fonction publique et lesentreprises socialistes, qu'entre entreprises socialistes mmes ont persist alors que lobjectiftait la suppression progressive de toutes les ingalits.

    Pour le professeur Ahmed BOUYACOUB10, il semblerait que lapplication du SGT a eu desconsquences pour le moins paradoxales. Selon lauteur: lapplication du SGT a profit longterme, aussi paradoxal que cela puisse paratre, aux patrons et indpendants du secteur priv. Lessalaires reprsentant 72% de la population occupe en 1987 nont encaiss que 66% du revenuglobal. Ils ont perdu la position quils avaient en 1984.

    Mais cette baisse a frapp de faon ingale les diffrents catgories du salaris et selon leprofesseur A.BOUYACOUB , les cadres ont t les plus touchs : alors quils occupaientune place relativement privilgie en 1969 dans la structure du revenu national, puisque, cette date, ils encaissaient une part de revenu correspondant trois fois leur poids dans lapopulation occupe; en 1987, cette part passe une fois. Ce qui correspond une baisse de66% de leur part relative dans le revenu .

    Beaucoup de critiques ont t ainsi adress au SGT. Les critiques rcurrentes concernaientles procdures complexes et bureaucratiques, lunit des textes et des rgles, leur rigidit et lacentralisation de la dcision, qui nont laiss aucune place linitiative.

    Lobjectif vis expressment par cette politiques des salaires (le SGT) savoir leredressement et lassainissement dune situation antrieure juge anarchique tout enprservant les lments caractrisant les spcificits et la comptitivit, na pas t atteint.

    Ce systme national de dtermination des salaires (le SGT) na, de lavis de nombreuxobservateurs, pas atteint les objectifs viss et a mme aboutit des rsultats contraires,

    Quoiquil en soit, ce systme des salaires qui devait rpondre au contexte de lpoque savoir une conomie socialiste ou les diffrences sociales devaient tre gomm notammentdans le monde du travail, ne pouvait que disparaitre avec les rformes systmiques detransition une conomie de march. Cest ainsi que ds 1990, autrement dit avant ladoptiondu plan dajustement structurel, une rforme en profondeur des relations de travail futadopte avec la promulgation de la loi 90-11 du 21-04-1990. Cest une nouvelle politique dessalaires qui est promulgue et dont nous allons procder donc son analyse conformment notre dmarche mthodologique

    3- LA POLITIQUE DES SALAIRES POST SGT (LOI 90-11 DU 21-04-1990 PORTANT SURLES MODALITES DE LIBERALISATION DES RELATIONS DE TRAVAIL)

    Cette tape dbute en 1990 avec la promulgation de la loi 90-11 du 21-04-1990. A partir decette date le SGT ne concernera plus que la fonction publique. Cette loi marque le dbutdune transition dun systme national centralis et administr (le SGT) vers un systmedcentralis bas sur la ngociation collective. Un systme libral de relations de travailcens tre plus adapt aux ralits conomiques et sociales des entreprises.

    Mais la porte de cette rforme ne peut tre apprcie qu travers les rformes densemblede lconomie algrienne.

    3.1- Libralisation de la relation de travail

    Cette libralisation est affirme tout dabord par lintroduction du systme de rmunration aurendement, ct du systme des salaires lis au temps et/ou aux quantits ; Cest ainsi quelarticle 80 de la 90-11 stipule: en contrepartie du travail fourni, le travailleur a droit unermunration au titre de laquelle il peroit un salaire ou un revenu proportionnel aux rsultats dutravail. Ces deux formes de rmunrations sont dfinies par les articles 81 et 82 de la mme loi :

    10 A. Bouyacoub (1993): Rpartition du revenu et catgories sociales. Cahiers du Cread n34. 2T. p33-46).

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    Larticle 81 nonce en substance: par salaire au sens de la prsente loi, il faut entendre - lesalaire de base tel quil rsulte de la classification professionnelle de lorganisme employeur les indemnits verses en raison de lanciennet du travailleur, des heures supplmentaireseffectues ou en raison de conditions particulires de travail et notamment de travail post, denuisance et dastreinte y compris le travail de nuit et lindemnit de zone les primes lies la productivit et aux rsultats du travail .

    Larticle 82 stipule : par revenu proportionnel aux rsultats du travail, il faut entendre larmunration au rendement et notamment la tche, la pice, au cachet et au chiffre daffaires.

    Ceci tant, on considre que trop dtaille, lnumration des lments devant composerle salaire nest pas faite pour faciliter cette libralisation

    Le deuxime lment caractristique de cette libralisation des relations des travail estlintroduction de la ngociation collective notamment sur le salaire travers les conventionsdont le cadre gnral a t dfini par larticle 120 de la loi 90-11 dont le contenu est lesuivant : les conventions collectives conclues dans les conditions fixes par la prsente loitraitent des conditions demploi et de travail une plus grande flexibilit a t ainsi introduitedans le fonctionnement du march du travail11.

    3.2- Le mode de dtermination des salaires dans la fonction publique et le secteur conomique

    3.2.1. La fonction publique

    Dans le secteur de la fonction publique qui a longtemps demeur rgi par le SGT, plusieursmesures ont t adoptes : les glissements catgoriels, lintroduction de nouvelles indemnitstelle lindemnit spcifique de sujtion (ISS), llargissement de certaines primes

    A dautres catgories, des augmentations gnrales de salaires ayant entran lamodification globale du barme, laugmentation de la valeur du point indiciaire pour lesemplois et postes de travail classs hors catgories.

    3.2.2. Le secteur public conomique

    Bien que les entreprises publiques conomiques aient procd des changements notablesen ce qui concerne leurs grilles de salaires, lossature de ldifice est pratiquement demeurecomparable celle du SGT.

    Ceci est confirm par les rsultats des enqutes sur les salaires (dcembre 1992 et juin1993) qui reprennent pour les dfinitions des diffrents lments de la rmunration celles duSGT qui en principe a t abrog12.

    3.2.3. Le secteur priv

    Le secteur priv se caractrise par un systme de salaires simple qui repose sur deuxlments principaux :

    - le peu de respect de la rglementation en vigueur en matire de salaires (SMIG, seuilsminimum, heures supplmentaires,)

    - la matrise de la masse salariale globale et des charges y affrents (VF : 6%, chargespatronales : 24%)

    Cest la raison pour laquelle ou retrouve un systme qui est bas sur deux parties :- lune fixe officielle conforme la rglementation et rduite souvent au minimum requis- lautre variable officieuse dont lobjectif est la motivation et la fidlisation du

    personnel (primes verses loccasion de ftes religieuses, de la rentre scolaire, de fin

    11 Talahite F. et R. BOUKLIA-HASSANE(2006) : Profil pays du Femise : Algrie. Chapite I (March du travail),Janvier, p.10.

    12 ONS : collection statistique. n64/1994 p3-6

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    danne ou participation directe en nature loccasion dvnements familiauxexceptionnels tel que dcs ou naissance)13.

    En dfinitive, cette nouvelle politique des salaires entame avec la loi 90-11 caractrise par ledsengagement de lEtat et qui consacre la logique de la rentabilit financire, qui a entrain deschangements perceptibles au niveau des stratgies salariales des entreprises.

    3.3- La stratgie salariale de lentreprise

    La stratgie de lentreprise en matire de salaires, dans le cadre de la libralisation desrelations de travail, devait prendre en compte les lments suivants :

    - la matire de la masse salariale pour une matrise des cots.- le niveau des salaires pour une motivation et une implication relle des salaris.- le lien entre les rsultats de lentreprise et les salaires.

    La prise en compte de ces lments a impos lentreprise une rorganisation qui devait setraduire par ladoption du principe de flexibilit du travail, entranant la disparition debeaucoup de postes stables et lapparition de nouveaux postes polyvalents. Cette transitiondevait aboutir thoriquement aux rsultats suivant : un ratio masse salariale diminu ou aumoins inchang et un niveau de salaire motivant et par consquent suppos tre efficient enterme de productivit. Pour ce faire laction a porte prioritairement sur les effectifs detravailleurs tant au niveau quantitatif quau plan qualitatif.

    Dans un travail (non publi)14 ralis sous notre direction (dans le cadre dun enseignementde PGS en Management des entreprises), par Monsieur Djamel CHERRID, qui occupait lafonction de DRH lENIE au moment ou ltude en question a t entreprise, au cours desdeux bilans (1991, 1992) o il a tent dlucider certaines ambiguts lies au concept demasse salariale. Dans cette tude qui a t ralise donc aprs la mise en uvre de lanouvelle loi rgissant les relation de travail , en loccurrence la loi 90-11 du 21-04-1990 il at question de montrer, aprs avoir mis lhypothse que dans lentreprise algrienne demanire gnrale, on a toujours spcul sur le ratio masse salariale/chiffre daffaires, osur les frais du personnel qui ont toujours t considrs comme la charge principale sinon laplus importante qui greffe lquilibre financier de lentreprise,

    De cette tude il ressort nettement que, .les effectifs nont absolument pas de liaison avecles salaires et le chiffre daffaires. On peut par consquent dduire que la masse salariale en tantque variable de pilotage minimiser dans le nouveau cadre concurrentiel rigeant le profitfinancier comme exigence de survie de lentreprise ne semble pas rsister lanalyse.

    Aujourdhui, mme si la matrise des dpenses salariales demeure un facteur cl de lacomptitivit des entreprises, la rmunration, en tant que telle, est aussi et surtout peruecomme une variable stratgique dans la politique de gestion des ressources humaines desentreprises dans la mesure o elle permet non seulement datteindre des objectifs strictementRH (recrutement, mobilisation, motivation, rtention, etc.) mais aussi des objectifsconomiques et financiers (amlioration de qualit, augmentation de la productivit, haussedu rendement du capital, cration de valeur, etc.). 15.

    Et cest tout le dfi que doivent relever les entreprises algriennes publiques et prives

    13Boutaleb K. (1996): systme de rmunration en entreprises Polycopi, Tlemcen

    14 Cherrid D. Systme de rmunration li aux rsultats DPGS management des entreprises ENIE/UFC, Sidi Belabes, 1995.15

    Allouche, J. Charpentier M., & Guillot-Soulez C. (2004): Un panorama des tudes acadmiquessur linteractionperformances sociales/performance conomiques et financires, Confrences, Congrs AGRH, UQAM , ESG.

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    3.4- La rvision de la loi 90-11 (textes promulgus en septembre 2007)

    La loi 90-11 a subit une importante rvision concernant le volet rmunration dont lestextes relatifs la nouvelle rglementation des conditions de rmunration, fixant la grilleindiciaire des traitements et le rgime de rmunration des fonctionnaires, sont parus dans lejournal officiel en date du 30 septembre 200716.

    La nouvelle conception du mode de dtermination des salaires et au-del de toute lacodification des relations de travail se rvle travers les textes ayant fait lobjet dun Dcretprsidentiel publi dans le journal officiel en date du 29 septembre 2007.

    La nouvelle grille des salaires, passe de 1 17 catgories, alors quelle comprenait entre 1et 20 catgories cela, il y a lieu dajouter 7 positions de cadres suprieurs hors catgories.Rappelons que dans lancienne grille (voir plus haut) il existait 78 chelles de valeurengendrant une anarchie dans le point indiciaire. Le point indiciaire est fix 45DA. Tous lesfonctionnaires sont concerns par cette nouvelle grille.

    Avec cette grille, il restait parfaire et finaliser les statuts particuliers valus au nombrede 43 dans les diffrents secteurs dactivit. Ces derniers diffrent sur le plan des indemnitsdun secteur un autre. Il existe ainsi des indemnits qui sont prvues dans le secteur de lasant, par exemple et qui ne le sont pas dans lducation nationale.

    4- LEFFICIENCE DES POLITIQUES DES SALAIRES POURSUIVIES

    4.1- Lefficience en termes demploi

    Avant de nous interroger sur lefficience des politiques des salaires poursuivies, commenous lavons annonc dans lintroduction de cette contribution, il faudrait sans douteconsidrer auparavant la pression dmographique sur lemploi et le chmage. On ne peutcomprendre en effet la politique salariale et par l de l'emploi sans analyser l'volution de lapopulation algrienne et loffre de travail quelle dtermine17.

    4.1.1. Evolution du taux de croissance dmographique et offre de travail (population active)

    Rappelons que la croissance dmographique en Algrie sest toujours situe plus de 3/par an, classant le pays parmi le groupe de tte au niveau international. Mais partir du dbutdes annes 1990, ce taux de croissance de la population a nettement ralentie, passant a moinsde 2/ a partir de 1995.

    Cette baisse du taux de croissance dmographique est due principalement la baisse dutaux de fcondit bien que le taux de mortalit, notamment infantile, ait connu paralllementune forte diminution.

    Les facteurs qui ont eu pour consquence de faire baisser le taux de fcondit et qui sont parconsquent souvent invoqus pour expliquer cette transition dmographique sont la contraception,le recul de lge du mariage, linsertion des femmes dans la vie active, lurbanisation18.

    Cette baisse de la croissance de la population na cependant de rpercussion immdiatesur lvolution de la population active et par consquent la configuration du march detravail, comme on peut le constater travers les chiffres suivant.

    Le ralentissement de la croissance dmographique au cours de ces dernires annes napas limpact rducteur immdiat sur loffre de main duvre. En effet, le taux de croissancede la population active reste encore prsentement marqu par les importantes cohortes nes

    16 JORA N61 ; 30 septembre 2007 18 Ramadhan 142817

    Mebtoul A. (2007): Quelle politique de l'emploi et des salaires pour l'Algrie? Le Maghreb, le quotidien de lconomiedu 2007-11-07.

    18ONS, repris par F.TALAHITE et R. BOUKLIA-HASSANE (2010): National Background Paper Labour MarketsPerformance and Migration, European Commission Occasional Paper 60.

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 9

    dans les annes 80. Comme on peut lobserver sur le tableau, la proportion de la populationen ge actif a augment au cours de ces trois dernires dcennies, passant de 48% en 1977 52% en 1987 et a atteint 5% en 1998.

    Par ailleurs les projections de population effectues par lONS, montrent que cette pression surloffre de main duvre sera perceptible jusquen 2030, avec un rythme ascendant jusquen 2010.En 2000, la population active ge entre 16 59 ans reprsentait 56,76% de la population totale.En 2030 cette proportion atteindra 61, 36% en toute hypothse.

    Cest dire, comme le souligne le CNES, si la question de lemploi sera cruciale pendantde nombreuses dcennies pour les gnrations futures19.

    4.1.2. Lvolution de lemploi durant la priode de lconomie planifie (1967/1988)

    Lemploi faut-il le souligner, constitue partout une proccupation centrale des pouvoirspublics et un critre fondamental dvaluation de toute politique conomique, la politique dessalaires ntant pas des moindres

    En Algrie, lemploi a t incontestablement lun des principaux objectifs de la stratgie dedveloppement adopte vers le milieu des annes soixante. Deux facteursessentiels expliquent ce choix: le niveau lev du chmage lpoque (33%), et la ncessitde prparer lconomie satisfaire la demande demploi de la gnration ne lindpendance et qui devait arriver sur le march du travail lhorizon 1980. Cest ainsi queles entreprises publiques et lAdministration ont recrut au-del de leurs besoins, conduisant une situation artificielle de quasi-plein emploi. De ce point de vue, la stratgie tait unerussite puisque le taux de chmage tait divis par trois: il baisse de 32,9% en 1966 moinsde 11% en 198420.

    Il faudrait cependant prciser que lconomie fonctionnait hors march, c'est--dire quelallocation des ressources tout autant que la redistribution des bnfices taient centralementplanifies et par consquent ne relevaient pas des incitations du march

    Durant cette priode, les relations de travail obissaient comme on a pu le voir unensemble de textes (Gestion Socialiste des Entreprise (GSE), Statut Gnral du Travailleur(SGT),) qui donnent aux travailleurs des droits que daucuns considrent comme dpassant ceux strictement lis la relation entre employeur et employ En effet,lentreprise avait pour mission dassurer un certain nombre de prestations sociales en faveurde ses salaris : elle leur garantit le transport, la restauration, les soins mdicaux, les loisirspour eux et leurs familles, la formation, Dans lentreprise publique algrienne, la fonctionsociale prend ainsi le dessus sur la fonction de production et de cration de richesses21.

    LEtat a utilis les instruments juridiques dj voqus et lUnion Gnrale desTravailleurs Algriens (UGTA), syndicat unique, pour permettre aux travailleurs du secteurpublic de participer la gestion de leur socit et de sa surveillance. Les textes de la GSE, quia t voulue comme un instrument de la dmocratie interne lentreprise, organisent lesfonctions de la participation la prise de dcision et au contrle du fonctionnement delentreprise. Sur le terrain, les travailleurs percevaient la GSE comme un simple moyendobtenir des revenus complmentaires aux salaires.

    Rappelons encore que la rmunration des salaris tait fixe par le SGT, qui dfinitcomme on a pu en rendre compte plus haut les postes de travail auxquels il associe un salairede base identique pour tous les secteurs quel quen soit le niveau moyen de la productivit.Cette part fixe de la rmunration est complte par un lment variable constitu par leversement de primes individuelles et collectives de rendement quasi automatique et sans

    19CNES (2006): RNDH, p.56

    20 Arhab B. (2005): Les mutations du march du travail en Algrie: quelles perspectives face la mondialisation?communication aux XXImes journes de lAssociation Tiers-Monde Formation, emploi et dveloppement, AssociationTiers Monde Universit Cadi AYYAD de Marrakech, 22-23 Avril.

    21Arhab B.: op. cite.

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience10

    aucun lien avec les rsultats rels de lentreprise. Dailleurs les travailleurs considraient cesprimes comme un complment normal du salaire de base sans aucune obligation de leur partdamliorer leur rendement22.

    Cette politique a t abandonne vers la fin des annes 1980 suite lexacerbation descontradictions du systme productif mis en place dans loptique de lconomie socialiste,notamment avec la chute des prix des hydrocarbures intervenue en 1986 sur le marchinternational, qui a pouss le pouvoir politique sorienter dlibrment vers ladoption derformes en vue de linstauration dune conomie de march et par consquent dabandonnerloption socialiste fonde sur la planification imprative et centralise

    Quelles retombes ont eu les rformes de la politique des salaires inhrentes lconomiede march, en matire demploi?

    4.1.3. Lvolution de lemploi et du chmage durant la priode 1992/2010

    Il faudrait sans doute considrer deux sous priodes :1. La premire qui couvre la dcennie 1990/2000, priode caractrise par la mise en

    uvre des rformes inhrentes lconomie de march dont lapplication duProgramme dAjustement Structurel (P.A.S) sous lgide du FMI a t le moment leplus intense.

    2. La deuxime qui couvre la dcennie 2000/2010 qui a vu lEtat sengager dans un vasteprogramme de dpense publique pour relancer la croissance conomique et la crationdemploi

    Durant la priode 1990/2000, les rformes de transition lconomie de march danslaquelle sinscrit la nouvelle politique salariale, fonde sur des relations contractuelles(conventions collectives) ont provoqu leffondrement du secteur public marchand. Beaucoupdentreprises ont connu des restructurations pour amliorer leur rentabilit, dautres ont tprivatises totalement ou partiellement et dautres encore ont t liquides. Les rformes onteu des consquences dsastreuses dans le monde du travail, contraction du march du travail,licenciement malgr le gel des salairesqui thoriquement devait inciter les entreprisesassainies recruter ...

    Selon un bilan de lInspection Gnrale du Travail -IGT- (1998), cit par Musette etHammouda23 815 entreprises ont t dissoutes, dont 134 EPE et 679 EPL. Selon la mmesource, les pertes globales d'emplois durant la priode du PAS (1994 - 1997) se sont lves 405 000 postes de travail, dont :

    - 212 960 travailleurs licencis- 50 700 bnficiaires d'une indemnit dans le cadre du dispositif dpart volontaire - 100 840 mis en chmage technique,- 40 531 admis en retraite anticipe.

    Rappelons que pour les travailleurs licencis, un systme d'allocation chmage a tinstitu depuis 1994. L'indemnit de chmage a t fixe 50 % (ou plus) du salaire derfrence, mais elle ne peut tre, en aucun cas, infrieure 75% SNMG.

    Selon les donnes disponibles qui se recoupent, le niveau du chmage a pratiquementdoubl entre 1990 et 1997, atteignant un taux de plus de 20% de la population active. Cettetendance sest maintenue tout au long des annes suivantes, comme le soulignentF.TALAHITE et R. BOUKLIA-HASSANE, faisant de lAlgrie lun des pays au monde - revenu par tte similaire-les plus touchs par le chmage24.

    22Arhab B. : op. Cit.

    23 Musette M. S., Isli M.A. & Hammouda N.E., (2003): March du travail et emploi en Algrie : Elments pour unepolitique nationale de l'emploi, profil de pays, OIT, Alger, octobre, p.29.

    24 Talahite F. & Bouklia-Hassane R.: Profil pays du Femise: Algrie op. Cite.

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 11

    Durant prs de quinze ans, le taux de chmage a t constamment au-dessus de 20% avecun pic de 29,2% en 1999. Ce taux a t par la suite rduit de moiti entre 2000 et 2005,comme le montrent les chiffres du tableau suivant. Lobjectif dclar aujourdhui tant delabaisser un niveau infrieur 10%.

    Tableau 1: Evolution du taux de chmage

    Anne 1966 1978 1982 1983 1984 1985 1987 1989 1990Taux de chmage (en %) 32,9 22 16,3 13,1 8,7 9,7 21,4 18,1 19,7anne 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999Taux de chmage (en %) 21,2 23,8 23,2 24,4 28,1 28 26,4 28 29,2anne 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008Taux de chmage (en %) 28,9 27,3 25,9 23,7 17,7 15,3 12,3 13,8 11,3

    Source: ONS, repris de Talahite F. & Bouklia-Hassane R.: Profil pays du Femise: Algrie op. cite.

    La reprise du chmage depuis 1985, aprs une longue priode de baisse rgulire,comportait dj les signes prcurseurs dune priode de forte tension sur le march du travail.Trois phases peuvent tre distingues25:

    - La premire, avant 1985, est marque par une baisse assez importante du taux de chmage.- La deuxime, de 1985 1997, traduit une reprise la hausse du chmage qui atteint

    presque le niveau des annes 1960.- Et enfin, la dernire phase, partir de 2000, indique une baisse sensible du taux de

    chmage dont les dernires estimations le chiffre de 2010 environ 10/.

    Laccroissement du nombre de chmeurs durant les deux premires phases sexplique parplusieurs facteurs inhrents lapplication du PAS.

    Dabord, les entreprises publiques qui nont pas t liquides, se sont mises renvoyer unepartie de leurs effectifs pour raisons conomiques comme nous lavons dj voqu. Souffrant dedficits chroniques et soumises des plans de restructuration et de mise niveau, elles nont pashsit faire usage de licenciement, comme la loi les y autorise, afin damliorer leur rentabilit etviter dtre liquides. Cest partir du dbut des annes 2000 seulement quun changementsignificatif de tendance a t constat, suite au plan de relance conomique constitu par unimportant programme public dinfrastructure (PCSC), en effet : la population occupe passe de5,7 millions en 1997 6,2 millions en 2001 et atteint plus de 8 millions en 2005. Le rythme decration demplois sest amlior: il passe de 2,2% en moyenne annuelle sur 1997-2001, 6,6%pour la priode 2001-2005, correspondant la cration de 1,8 million demplois.

    Cette volution globalement positive a permis de rduire sensiblement le taux de chmage de12 points de pourcentage. Ce dernier est pass de 27,3% en 2001 15,3% en 2005.

    Les chiffres publis par lONS et repris par lAPS et lensemble de la presse nationale montrentque le taux de chmage en Algrie stablit 10%, estimation arrte au 4e trimestre 201026.

    Ceci tant, la tendance gnrale de lvolution de lemploi, est marque par lexpansion delemploi non permanent, rvlatrice dune plus grande prcarisation de lemploi.

    CONCLUSION

    On constate clairement que la politique salariale initie partir de 1990 avec la loi 90-11du 21-04-1990 libralisant les relations de travail, na gure contribu llargissement delemploi, autrement dit les entreprises nont gure t incit recruter et largir leur activits,tel que lentendait le FMI et la thorie librale dominante dont il (FMI) sen rclameouvertement dans la mise en uvre de ses programme dajustement structurel. Le march dutravail devant retrouver son quilibre et par consquent ponger le chmage involontaire pour

    25 Musette M. S., Isli M.A. & Hammouda N.E., (2003): op. cite, p. 23.26 Compte rendu de lenqute de lONS 2010: Baisse du chmage en Algrie de 10% selon une enqute de l'ONS.

    Libert : 20 - 12 -2010

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience12

    un prix (salaire) voluant vers la baisse jusqu' lgalisation de loffre avec la demande detravail. Hypothse irraliste, remises en cause par les faits, lexprience Algrienne, et passeulement, le prouve de manire clatante

    Et ce nest certainement pas la fiscalit du travail, mme si elle peut avoir une certaineinfluence, qui serait le facteur bloquant lemploi parce que gnrant des surcouts trop levespour les entreprises comme semble ladmettre le FMI

    La diffrence entre le salaire net des travailleurs et le cot de leur emploi, y compris limptsur le revenu et les cotisations la scurit sociale dtermine ce que lon appelle le coin fiscal.

    Les cotisations sociales reprsentaient en Algrie 34% du salaire brut, et la contributiondes employs stablit 9%. Limpt sur les salaires de 1% a t supprim en 2006.

    Le coin fiscal sur les salaires pour un particulier touchant un salaire moyen stablitactuellement 41% du cot total de la main-d'uvre en Algrie, taux relativement proche deceux en vigueur dans les conomies en transition27.

    Cela dmontre encore, que loin des dogmes, une politique des salaires, isole de la rformeglobale, notamment les rformes dordre institutionnelles, ne peut en aucun cas tre uninstrument pour la rsolution du problme de lemploi et du chmage dont les solutions sont rechercher ailleurs : investissements productifs, croissance conomique, solidarit.

    Quen est-il de lvolution de la productivit du travail ? Cest ce que nous allons tenter devoir dans la section suivante.

    4.2- Lvolution de la productivit du travail

    Nonobstant les nombreux facteurs qui dterminent la productivit du travail, celle-cidemeure toutefois intimement lie aux salaires. La productivit est par consquentdterminante pour la comprhension de la rpartition des revenus.

    Elle est mesure habituellement par le rapport dun output un seul ou un ensemble desfacteurs de production, le second cas correspondant la notion de productivit totale ouglobale des facteurs (PGF)28.

    4.2.1. La productivit globale de facteurs

    De nombreuses tudes ont montr que, depuis lindpendance, le rapport entre laproduction et les moyens mis en uvre pour lobtenir, cest dire la productivit est restfaible. Le bilan de la dcennie 1967-1978 avait mis en relief ce phnomne qui sest poursuivijusquen 1994. Selon le Rapport FEMISE 2002 sur le partenariat Euro-Mditerrane29

    lvolution de la productivit totale des facteurs a t ngative (-4,3% par travailleur) au coursde la priode 1979-1994 et semblerait stre lgrement amlior depuis la mise en uvre desrformes structurelles (0,3% par travailleur durant la priode 1995-1999).

    Ce que confirme une tude ralise par le FMI30 selon laquelle le problme ne se situe nidans linsuffisance de linvestissement matriel ni dans celui du capital humain qui ont connudes taux assez levs.

    Si le capital humain et le capital physique ont augment donc plus vite que la production, ilne peut y avoir quune seule interprtation possible savoir la croissance de la productivitdes facteurs (PTF) (selon la terminologie du FMI) a t ngative

    27Sensenbrenner G. (2006): Algerias Business climate: tax Reforms for faster job creation, Algeria: Selected Issues, FMI,Washington.

    28Rapport FEMISE (2010): Performances productives et climat de linvestissement dans quatre pays de lespace MENA :Algrie, Egypte, Maroc, Liban, nFEM33-09.

    29 Rapport FEMISE (2002): "le partenariat Euro-Mditerrane"30 FMI (2003): Algeria country Report Mars

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 13

    Tableau 2 : Algrie-Comptabilisation explicative de la croissance 1965/2000

    PTF(hyp-basse)

    PTF(hyp-haute)

    PIB Capitalmatriel

    Travail Capital humainhyp-basse

    Capital humainhyp-haute

    1965/70 3,9 5,2 6,4 22 0,3 5,0 0,01970/75 -1,3 -0,2 5,2 7,1 3,3 9,1 4,11975/80 -4,6 -3,2 6,2 10,3 6,8 14,8 9,81980/85 -2,3 -0,9 5,2 5,3 9,5 9,0 6,31985/90 -4,2 -2,6 0,1 3,0 1,4 8,5 3,51990/95 -4,3 -2,1 0,3 1,0 3,5 9,0 3,71995/2000 -1,8 03 3,1 1,3 4,7 8,7 3,71965/2000 -2,1 -0,5 3,8 4,5 3,4 9,5 4,5

    Source : FMI Algrie country Repport Mars 2003

    Comme on peut le constater, la PTF de lAlgrie est devenue ngative dans les annes1970 et lest demeure jusquau milieu des 1990. La croissance ralentie de lconomieAlgrienne peut donc tre attribue lutilisation inefficace des facteurs de production pluttqu une ventuelle insuffisance de capital humain ou matriel. Une lgre amlioration de lacroissance de la PTF est enregistre en 1995 mme si elle reste ngative. Ce qui correspond la priode au cours de laquelle le Programme dAjustement Structurel (PAS) tait en voie deralisation (1994 dbut dapplication du PAS). Mais alors que les rformes devaientthoriquement assainir lconomie et la mettre sur un sentier de croissance sain, croissancecratrice demploi et de valeur ajoute, la situation na pas volue ainsi.

    4.2.2. Evolution de la productivit du travail

    Lvaluation de la productivit du travail est souvent apprhende de faon diffrenteselon les mthodes adoptes et les sources de donnes utilises. Nous reprenons les rsultatsde deux tentatives dvaluation, celle du CNES et du FEMISE

    4.2.2.1. Lvaluation du CNES

    Selon les donnes du CNES31 (voir tableau suivant) la productivit du travail (dfinie commele rapport de la valeur ajoute relle des secteurs conomiques lemploi structur) a volu aurythme lent de 0,3% en moyenne annuelle sur la priode 1997-2006. Cest le rsultat de lacoexistence de pertes de productivit au sein des secteurs de lagriculture et du BTP dune part etde gains de productivit au niveau de lindustrie et des services dautre part.

    Il sagit, selon le CNES, dune situation rsultant du comportement du diffrentiel entre lesvariations des valeurs ajoutes et celles de lemploi structur des secteurs tel que montr parle tableau suivant :

    Tableau 3 : Evolution de la productivit du travail durant la dcennie 1997/ 2006

    Variations annuelles moyennesValeur ajoute Emploi Productivit

    Secteursconomiques

    1997 2001

    2001 2006

    1997 2001

    1997 2001

    2001 2006

    1997 2001

    1997 2001

    2001 2006

    1997 2001

    Agriculture 1,25% 6,68% 3,32% 2,85% 7,04% 4,44% -1,6% -0.3% -1,1%Industries horshydrocarbures

    3,84% 2,84% 3,80% 0,04% 0,94% 0,50% 3,8% 1,9% 3,3%

    BTP 1,81% 2,38% 2,13% 2,64% 6,57% 4,96% -0,8% -3,9% -2,7%Services 2,83% 7,17% 5,41% 3,06% 5,48% 4,52% -0,2% 1,6% 0,9%Ensemble horshydrocarbures

    3,37% 5,26% 4,46% 2,49% 5,57% 4,11% 0,9% -0,5% 0,3%

    Source : CNES, RNDH 2007, p34

    Selon le CNES cette variation diffrencie dans lvolution de la productivit du travail,est davantage le fait de lvolution de lemploi, qui a connu sur la premire priode(1997/2001) un faible accroissement, qui aurait t ngatif si lon exclut lagriculture, puis

    31CNES (2007): RNDH, p.34.

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience14

    une trs forte hausse sur la deuxime priode ( (2001/2005) due principalement au secteurdes BTP et services forte cration demploi.

    4.2.2.2. Lvaluation du FEMISE

    Cette valuation a t ralise par un groupe dexperts notamment Maghrbins sous ladirection du professeur Patrick Plane de lUniversit dAuvergne en France dans le cadredune tude sus cite ralise pour le compte du FEMISE sous le titre Performancesproductives et climat de linvestissement dans quatre pays de lespace MENA : Algrie,Egypte, Maroc, Liban32.

    Les auteurs de cette tude prcisent, concernant lAlgrie, quils se sont intresss laproductivit apparente du seul facteur travail en soulignant que la mesure de la performanceavec un seul facteur est certes, par nature plus fruste que la PTF, mais en premire analyse,elle a lavantage de fournir un clairage sur le cot unitaire du travail par rapprochement decette productivit apparente avec le salaire implicite moyen que lon obtient par le rapport dela masse salariale leffectif.

    Lenqute qui a concern lAlgrie a port sur deux annes espaces de 6 ans, 2000 et2006. Lchantillon couvre plusieurs centaines dentreprises manufacturires dont 130 ont putre traites sous une forme permettant la fois la mesure de la productivit et la recherche deses dterminants en termes denvironnement conomique et institutionnel, en termesdorganisation interne.

    La productivit partielle est donne ci-dessous, respectivement calcule en prix courants etconstants.

    Tableau 4: Les entreprises algriennes et la productivit apparente du travail (Milliers de dollars)

    Industrie Moy PP 2000 Moy PP 2006Agro-alimentaire (52) 15.50 16.00Confection (15) 24.01 24.87Textiles (15) 13.34 13.81Machines et quipements (40) 24.14 25.00Chimiques (8) 8.36 8.66Industries Moy PP 2000e Moy PP 2006Agro-alimentaire (52) 45.18 47.98Confection (15) 20.54 21.81Textiles (15) 11.41 12.12Machines et quipements (40) 20.65 21.93Chimiques (8) 7.15 7.60

    NB. Le nombre dentreprises figure entre parenthses avec la rubrique sectorielle. La productivit partielle est calcule par rapport autravail. Moy PP2000 : Moyenne productivit partielle, dollar 2000, prix courants. Moy PP2006 : Moyenne de la productivit partielle endollar de 2000, prix courants. Moy PP2000c : Moyenne de la productivit partielle en dollar de 2000, prix constants de 2000. Moy PP2006c: Moyenne de la productivit partielle en dollar de 2000, prix constants de 2000

    Cette valuation de lefficacit productive sur la base de la PTF confirme le diagnosticprcdent. Comme cest le cas aussi de lvaluation du FMI qui dans son rapport 2007relatif la situation algrienne travers des questions choisies33, souligne de son cot labaisse de la productivit du travail qui a t enregistre ces dernires annes, productivitdu travail, mesure, est il prcis, par la production hors hydrocarbures par travailleur, qui arecul de 2,3% de 1997 2004.

    Les experts du FMI estiment que la productivit du travail est globalement faible enAlgrie, notamment en comparaison internationale (les pays du MENA en loccurrence).

    Le FMI souligne aussi, dans son rapport sus- cit, que dans lensemble, les emplois ont tcrs dans des secteurs affichant une croissance ngligeable ou ngative de la productivit dutravail, ou des secteurs qui pourraient tre de nature informelle. Autrement dit, la croissance

    32Rapport FEMISE (2010): Performances productives et climat de linvestissement dans quatre pays de lespace MENA:Algrie, Egypte, Maroc, Liban , op. cite.

    33 FMI (2007): Algrie: Questions choisies. Rapport du FMI No. 07/61

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 15

    de la production a subi un ralentissement dans les secteurs o lemploi a connu une croissancerapide.

    Au cours des annes 90, les secteurs les plus dynamiques en termes de cration d'emploistaient le secteur public et le secteur des services, o la productivit du travail affichait unecroissance nulle ou ngative. Par contre au cours des cinq dernires annes, le nombredemplois a augment plus rapidement dans les secteurs de lagriculture et des services, o lacroissance de la productivit du travail a galement t ngative.

    CONCLUSION

    En dfinitive, toutes les approches convergent vers le mme constat, savoir le trs faibleniveau de la productivit du travail, ce qui montre la aussi labsence defficience de lapolitique des salaires pratique nonobstant naturellement la conjonction de beaucoup dautresfacteurs dterminants.

    Nanmoins beaucoup estiment quune politique des salaires restrictive est contreproductive en matire de relvement de la productivit du travail. Pour le sociologue LahouariADDI Des salaires bas affaiblissent la productivit du travail, empchent la cration derichesses, portent atteinte la qualit des services publics et poussent les cadres s'expatrier.C'est pourquoi la protestation salariale qui se dveloppe va dans le sens des intrts de lanation et de l'avenir du pays34.

    Dautres observateurs considrent que le systme de rmunration dans les entreprisesalgriennes, quelles soient publiques ou prives, ne serait pas motivant, il est trscontreproductif. Vous ne pouvez pas demander un cadre ou un ingnieur de vous donnerson ide ou sa cration en contrepartie de rien. Lorsque le systme de rmunration est plat,lorsque cest lgalitarisme et que tout le monde touche les mmes rmunrations commentvoulez vous que le meilleur se donne fond et se dmarque du reste des travailleurs. Il setrouve quon ne peut pas obliger quelquun tre plus performant dans un systme qui ne faitpas de diffrence entre les bons et les mauvais rsultats. Actuellement, nous payons nossalaris par un systme de nivellement par le bas. Il faut mettre fin ce systme. Ltrehumain a besoin dtre reconnu dans ce quil a de plus sacr. Cest-- dire sa capacit produire des ides et dinnover. Ces capacits ne peuvent tre libres ni par la force ni par untexte juridique, seul lincitatif direct quest la rmunration est capable de librer le gniehumain. Il faut pour cela que le systme de rmunration soit troitement li aux rsultats dechacun au travail. Il faut quon passe de la gestion des effectifs celle des comptences. Ilfaut rmunrer la comptence et non pas la prsence. Ajoutant si le cadre rglementairea chang, sur le terrain de la pratique, rien na volu.35.

    Ceci tant quen est-il en matire dquit et de pouvoir dachat, autre volet important detoute politique salariale. Cest ce que nous allons dcouvrir.

    4.3- Lquit dans la redistribution du Revenu National

    La question de lquit dans la redistribution du Revenu National ainsi que celle dupouvoir dachat (la relation salaires-prix) constituent sans aucun doute le volet de plussensible de la politique salariale.

    On a souvent accord, juste titre de limportance la part des salaires en tantquindicateur dune part quitable pour les travailleurs, nonobstant les remarques dordremthodologiques et statistiques36. En effet, la diminution de la part des salaires signifie

    34Addl L. (2010) : Sociologie de la protestation salariale. Le Quotidien d'Oran, 18/02/10.

    35Moufek A. (DG de LINPED) (2011): Le systme de rmunration dans le secteur public est contreproductif, proposrecueillis par Salim Hairouz. Le quotidien dOran du 18/01/11.

    36Krueger A. (1999) Measuring labors share, in American Economic Review, vol. 89

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience16

    habituellement quune part plus importante des gains conomiques est canalise vers lesbnfices. Non seulement on peut juger que cest injuste, mais cela peut aussi avoir desconsquences ngatives sur la croissance conomique future. Comme la propensionmarginale consommer est plus leve pour le revenu du travail que pour le revenu ducapital, on estime habituellement quune augmentation de la part des salaires aura un impactconomique positif37.

    Quen est il en Algrie ?

    Les donnes sur la rpartition des revenus peu nombreuses ne permettent pas dabordercette question dune manire aise. Nanmoins en se basant sur les donnes disponiblesnotamment celles de lONS, reprises et dveloppes par le CNES 38, on peut constater lesvolutions de ces agrgats aux cours de la dernire dcennie

    4.3.1. Lvolution de la part des salaires (revenus du travail)

    Selon les donnes des comptes nationaux de lONS, reprises par le CNES, les revenus dutravail ont connus, durant la priode 1990- 2006, un accroissement au taux annuel moyen de14,14/ faisant ressortir un diffrentiel de -3,98 points de pourcentage avec celui associ aurevenu national disponible.

    Le revenu brut des mnages (Revenu national disponible=revenu national + autrestransferts) est pass de 3892,1 milliards de DA en 2005 5722,1 en 2008, soit uneprogression au taux annuel moyen de 15,67% sur la priode comme on peut lobserver sur letableau suivant :

    Tableau 5 : Lvolution des revenus des mnages

    2005 2005 2007 2008(en milliard de dinars)

    Traitement et salaires 1/ 1327,4 1411,7 1698,6 2108,1Agriculture 70,6 75,3 89,5 95,3Administrations 632,4 681,5 797,2 1127,5Autres secteurs 624,4 854,9 811,9 885,3Revenus des travailleurs indpendants 1723,0 1900,7 2176,0 2465,4Paiements et transfert 841,7 828,0 1309,5 1148,6Revenu brut 3892,1 4140,4 5184,1 5722,1Revenu disponible 3299,4 3587,1 4539,5 4908,4

    Source : Office National des Statistiques1/ y compris les cotisations sociales

    La part de la rmunration des salaris au sein du revenu brut des mnages a volu selonune tendance la baisse en passant de 42,3% en 1990 35,2% en 2006. En valeurelle est passe de 180 milliards de DA en 1990 1411,7 milliards de DA en 2006, soit untaux daccroissement annuel moyen de 14,1% sur la priode. En 2008 cette part t value 2108,1 Md de DA

    4.3.2. La part des revenus du capital (profit ou selon la terminologie de la comptabilitnationale: excdant net dexploitation)

    On peut observer aussi que la part relative des revenus du capital (lexcdent netdexploitation) a volu au taux annuel moyen de 21,46/ entre 1990 ou il tait de 229,3milliards de DA et 2006 ou il sest situ 5144,5 milliards de DA. En comparaison avec leRevenu National Disponible on note un diffrentiel de +3,3 points de pourcentage

    37 Rapport mondial sur les salaires 2008-09, op.cite , p. 2438 CNES (2007): RNDH , op. cit, p.36

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 17

    4.3.3. La part des revenus de transfert

    Dune manire globale il apparat que les transferts montaires voluent en moyenne unrythme plus lev que ceux du travail et du capital. Entre 1997 et 2004, le tauxdaccroissement moyen annuel des transferts est suprieur 12%, contre prs de 8% pour lesrevenus des salaris et 10% pour les indpendants (tableau 1).

    On peut observer donc que ce sont les revenus de transferts (de scurit sociale et de lEtat)notamment qui ont vu leur part crotre de prs de 3 points.

    Au total, les transferts sociaux de lEtat ont particulirement augment au cours des annes2007 2009. Les transferts sociaux de lEtat ont grimp de 7% du PIB en 2006 13% duPIB en 2009. Dans cette progression, le soutien des prix a pes, mais dautres paramtres ontgalement jou : cela concerne particulirement laide au logement et les aides sociales auxplus dmunis (comme les 750 000 bnficiaires de lallocation forfaitaire de solidarit qui ontvu leur allocation augmenter de 300%)39.

    Que peut signifier la diminution de la part des salaires dans le Revenu National ? On saccorde reconnaitre que cette diminution ne signifie pas forcment quil y aura rduction du pouvoirdachat, mais peut simplement reflter, dans des situations de croissance conomique rapide, lefait que les salaires croissent un rythme plus lent que les bnfices. Certes, dans un tel contextele pouvoir dachat augmente, mais pas autant quil pourrait t espr.

    4.3.4. Lingalit salariale (Distribution des salaires)

    La part des salaires tant en diminution comme on a pu en rendre compte plus haut, laquestion de la distribution des salaires revt une importance dautant plus grande.

    Lingalit salariale est une question complexe, qui comporte de nombreuses dimensions.En Algrie, faute de donnes on ne peut gure tre prcis sur les volutions des salaires

    mdians et ceux du haut et du bas de lchelle. Cependant comme lexprime le ProfesseurAbderrahmane MEBTOUL, Faute d'enqutes prcises renvoyant hlas au systmed'information surtout sur la rpartition du revenu par couches sociales dterminantes pourtoute politique salariale fiable, information qui s'est totalement effrite en Algrie pouvantconduire des erreurs de politique conomique se chiffrant en milliards de dollars, il fauteffectivement tre nuanc. Mais existent des signes non trompeurs travers tout le territoirenational de la concentration de revenus au profit d'une minorit de couches rentires et unepauprisation de larges couches de la population40.

    Ainsi beaucoup dexperts saccordent sur le fait que la richesse en Algrie estconcentre entre les mains dun groupe social par rapport aux autres groupes sociaux quiparticipent la richesse nationale, que lcart entre les bas et les hauts salaires sestnormment largi. Une grosse partie de la population se trouve exclue de cetteredistribution. Ce qui rejoint les analyses rcentes de STIGLITZ41 pour qui la rpartition desrichesses dans certains pays en voie de dveloppement nest pas dtermine par des arbitragesminutieux entre galit et efficacit. Elle nest pas dfinie en vertu des principes de lajustice sociale ; elle rsulte de la force brute. La richesse donne du pouvoir, et ce pouvoirpermet la classe dominante de garder la richesse. . Ainsi, nous nous trouvons au cur duparadigme des institutions

    Il sagit donc dun vritable problme de redistribution qui se pose. La politique salarialepoursuivie na l aussi gure t efficiente.

    39 Boulahbel B. (2010): Le systme de protection sociale de lAlgrie, 14-16/07/10, Nairobi, Kenya.40 Mebtoul A., (2011): Une bonne anne 2011, le Maghreb, le quotidien de lconomie, lundi 17/01/11.41 Stglitz J. (2006): Un autre monde : contre le fanatisme du march, traduit en franais par Chemla Paul, Fayard, p.198

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience18

    4.3.5. La question du pouvoir dachat ou de la relation salaires-inflation

    Il faudrait sans doute, la aussi, commencer par des observations dordre mthodologiqueset statistiques.

    4.3.5.1. Remarques dordre mthodologiques et statistiques

    Les statistiques en matire de salaires sont assez complexes et posent beaucoup deproblmes pour leur laboration, cest ce qui explique sans doute leur indisponibilits dansbeaucoup de pays non outills suffisamment pour leurs traitement, comme cest le cas delAlgrie ou le problme de la disponibilit de ses statistiques est rcurrent, et ne semble pastrouver de solution. Le CNES a consacr tout un rapport pour mettre en vidence cetteproblmatique de linformation conomique et sociale (donnes statistiques ncessaires auxchercheurs en sciences sociales)

    LAlgrie ne procde pas encore des enqutes rgulires, alors quil faudrait compilerles statistiques des salaires au moyen denqutes mensuelles, trimestrielles ou annuelles sur labase des tablissements, comme cela se fait dans de nombreux pays dans le monde. Lesdonnes relatives aux salaires demeurent par consquent incompltes, et sontparticulirement peu nombreuses.

    Une autre question dune toute autre importance se pose aussi nonobstant donc la disponibilitdes donnes statistiques. Il sagit de la question de leur fiabilit. Ce que lon mesure a uneincidence sur ce que lon fait ; or, si les mesures sont dfectueuses, les dcisions peuvent treinadaptes. Les indicateurs statistiques sont par consquent trs importants pour concevoir etvaluer les politiques visant assurer le progrs des socits.42.

    Ceci tant la question du pouvoir dachat ne peut sapprcier que par rapport lvolution des prix, autrement dit, on ne peut apprcier le pouvoir dachat dun revenu quenfonction systme de prix relatifs en vigueur dans le contexte dun pays.

    Cest ainsi quon souligne habituellement, comme lexprime Nacer-Eddine HAMMOUDA duCread43, que toute amlioration du pouvoir dachat ne peut soprer que si linflation est contenue,et que par consquent une lgre augmentation des salaires pourrait suffire pour obtenir un gain enpouvoir dachat. Ce gain savrera toutefois certainement insuffisant si une perte de pouvoir dachatsest accumule auparavant sous leffet de linflation. Ajoutant logiquement que dire quil y arosion du pouvoir dachat cest dire que lindice gnral des prix la consommation a volu plusrapidement que celui des revenus.

    Avant de voir et dapprcier le pouvoir dachat il faudrait par consquent voir comment avolu linflation en Algrie

    4.3.5.2. Lvolution de linflation

    Deux priodes se distinguent dans l'volution de l'inflation44.1. La priode (1962-1989), celle de lconomie socialiste fonde sur la planification

    centralise o les prix taient fixs par l'Etat. Les prix durant cette priode taientadministrativement fixs dans le cadre dun systme national de rgulation etd'allocation des ressources, ce qui a maintenu l'inflation un niveau raisonnable et parconsquent, il a permis la stabilisation du pouvoir d'achat de la population. Le processusde fixation des prix concernait trois sries de biens, savoir :

    42 Stiglitz J. E., Sen A.& Fitoussi J.P. (2008): la mesure des performanceS conomiques et du progrssocial. Rapport de la Commission, IEP ,Paris, p.7.

    43Hammouda N.E.: On ne peut pas dire quil y a eu rellement une dgradation du pouvoir dachat, Propos recueillis ParSafia Berkouk, El Watan Economie - Du 26 juillet au 1er aot 2010

    44Hossein Sami Satour et Diaf: Essai de modlisation de l'inflation en Algrie, Mmoire, I N P S, Alger, 2009.

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 19

    - Les biens de consommation imports dont on fixait les prix par rapport aux prix desproduits locaux. Si le prix d'achat d'un bien import tait infrieur au prix du produitlocal, l'importateur doit verser la diffrence compensatoire au trsor.

    - Les prix des biens industriels et services dont les prix taient soumis deux rgimes : lepremier institu en 1966 faisait dpendre la fixation des prix la production d'unedcision du Ministre du Commerce, pour le deuxime datant de 1968, il bloque tousles prix industriels la production et des services leurs niveaux du 1er janvier 1968.

    - Les prix agricoles dont les prix la production et la distribution des fruits et lgumesdes secteurs autogrs et coopratifs taient publis tous les quinze (15) jours par unecommission de Wilaya.

    Ainsi durant cette priode, grce ce type dintervention, les prix connaissaient unecertaine stabilit et linflation par consquent tait parfaitement maitrise.

    2. la priode 1990 nos jours, celle de la transition lconomie de march marque par lalibralisation des prix

    Le graphique suivant illustre le trend de lvolution des prix depuis 1990 nos jours

    Graphe 1 : Evolution de l'indice gnral des prix et de sa variation (1990 nos jours).

    Dans un premier temps, soit durant la priode initiale de louverture conomique,linflation des prix t svre. Le taux d'inflation annuel passant de 17.87% en 1989 25.88% en 1991 pour atteindre un pic de 31.68% en 1992. Cette hausse brutale sexpliqueraitessentiellement par deux facteurs :

    - L'acclration du processus de libralisation des prix, amorc en 1989, faisant passer 85%des prix au rgime libre.

    - La forte dvaluation du dinar algrien survenue pour contrer la dtrioration des termesde l'change qui a engendr un renchrissement des produits imports. Mais cest sansdoute la mise en uvre du programme dajustement structurel en 1994, sous lgide duFond Montaire International (FMI) qui a provoqu brutalement le renchrissement desprix. Il faut rappeler cet gard que les accords signs avec le FMI en 1993 et en 1994,ont entran une forte dvaluation du dinar, une suppression des subventions laconsommation des mnages, une libration des prix.

    Dans ce contexte, le systme de rglementation des prix a t abandonn en avril 1994,autrement dit, les prix ont t librs et leur fixation devait thoriquement revenir au march..

    L'limination des subventions pour les produits alimentaires et nergtiques a engendr uneaugmentation de leurs prix raison de 100% entre 1994-1995 et de 60% entre 1995-1996.

    Le taux d'inflation, sous l'effet de la libration des prix et de la deuxime dvaluation dudinar, s'est envol 38.4%. Mais progressivement la situation sest stabilise et la tendance laugmentation des prix sest inverse : le taux dinflation 21.9% enregistr fin 1995 a

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience20

    dclin progressivement pour se stabiliser autour de 5% en 1998 et 2.64% en 1999 et encore0.34% en 2000, pour reprendre lgrement la fin de la dcennie 2010 ou il a t valu(ONS) 5,74% fin dcembre 2009 et 5,4% pour les 6 premiers mois de 2010.

    Ces chiffres sont toutefois contests45. Les controverses sur les chiffres de linflation enlabsence dorganismes indpendants dvaluation sont courantes. Il est vrai que lIPC (indice desprix la consommation) ne reflte pas toujours de manire exacte lvolution des prix de tous lesbiens et services commercialiss dans un pays dtermin. Cependant, il est considr comme unindicateur suffisamment fiable du taux dinflation lchelle nationale.

    Ceci tant prcis, voyons comment a volu le pouvoir dachat des salaires.

    4.3.5.3. Lvolution du pouvoir dachat des salaires

    Durant la priode de planification centralise de lconomie la situation qui a prvalu, taitcelle dun bas niveau des salaires, certes, mais avec un pouvoir dachat lev grce au soutiendes prix pour les produits de premire ncessit.

    La situation a par contre totalement change avec les rformes qui ont t inities a partirdu dbut des annes 1990 et qui ont, rappelons-le encore, libr progressivement les prix sansque les salaires suivent le mme rythme comme il a t dj dmontr46.

    Ces rformes ont entran une modration salariale qui a dconnect lvolution desprix et celle des salaires..

    Les exigences de restauration et de consolidation des grands quilibres macroconomiqueset financiers (PAS) ont contenus les salaires un niveau relativement bas comme il a t djsoulign.

    La baisse a t particulirement svre durant les annes 1990, (annes du PAS), commelont soulign tous les observateurs47 engendrant un sentiment dappauvrissement qui nesest pas dissip quand la situation conomique sest amliore et que des augmentations desalaires ont t effectues48.

    Alors que les prix augmentaient, les revenus des salaris stagnaient en termes nominaux etdiminuaient en termes rels. Le revenu disponible des mnages a, quant lui, baiss, en termesrels, de -20% comme on a pu le voir plus haut. La consommation finale des mnages a bienvidemment aussi diminu passant de 59,4% du revenu national disponible en 1995 41,3% en2004 (cf. note du Forum des chefs dentreprise - F.C.E : Evolution des salaires en Algrie).

    Ainsi donc, lAlgrie a connu durant pratiquement toute la dcennie 1990, un effondrement dessalaires rels, qui ont chut un rythme annuel de 10% durant les annes 1990/199349.

    Tableau 6 : Evolution du salaire rel 1988-1996

    1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996Salaire brut moyen en DA 3646 4018 4776 6070 8102 9390 11025 13721 14006IPC (raccordement desbases 1969 et 1982)

    91,5 100 117.9 148.4 195.4 235.5 303.9 394.4 468.1

    Salaire rel en DA 1989 3985 4018 4051 4090 4146 3987 3628 3479 2992Source : F. Talahite et R .Bouklia-Hassane : National Background Paper Labour Markets Performance and Migration, op. cite .

    Comme on peut le remarquer sur ce tableau, la croissance annuelle moyenne du salaireminimum est ngative en termes rels sur la priode 1980-1989 avec un taux moyen de -3,9%.

    Le salaire moyen rel (tous secteurs confondus) a baiss de 20/ entre 1989 et 2004

    45cf. entre autres crits: A. Mebtoul (2010): Problmatique de linflation et du pouvoir dachat des Algriens en 2010Algrie- Focus, 12/ 28/10Benachnhou M. L'Inflation, cet acide qui ronge lconomie et la socit algriennes ,Le Quotidien d'Oran, Jeudi 30 /12/10.

    46 Talahite F. et Bouklia-Hassane R. Profil pays du Femise :Algrie op. cite.47

    Bouzidi A. : cf. ses nombreuses chroniques publies rgulirement dans le quotidien le soir dAlgrie48

    CNES : rapport 2006 sur lIDH, p.3249 Talahite F. et Bouklia-Hassane R. National Background, op. cite.

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 21

    Certes, il y a eu des augmentations de salaire durant cette dernire dcennie , le SNMGalgrien a plus que doubl en passant de 6.000 15 000 dinars ces dernires annes, mais lestravaux qui ont pu tre effectus ont valu cette augmentation (qui a consist en des rattrapages) une amlioration de 1% du pouvoir dachat des salaris ce qui est bien videmment insuffisantpour rattraper la perte de 3% de ce mme pouvoir dachat enregistr durant la priode 1990-1998comme l'ont relev beaucoup d'observateur de l'actualit conomique50.

    Tableau 7 : Evolution du SNMG

    Anne SNMG/mois en DAEquivalent Euro

    (taux de change moyen anne 2010 soit 1Euro = 100DA)Janvier 1994 4000 40Janvier 1997 4800 48Janvier 1998 5400 54Septembre 1998 6000 60Janvier 2001 8000 80janvier 2007 12 000 120Janvier 2010 15000 50

    Source : construit par nous mme

    Il faut noter que souvent, cest seulement le principe du respect du SNMG qui est observau dtriment du second qui est la classification professionnelle. Lexemple le plus significatifest celui de la Fonction publique dont on relve que sa grille des salaires a subi desbouleversements profonds dans sa conception par rapport celle labore lpoque du SGT,laquelle a galement remis en cause la fameuse grille indiciaire de 1966.

    Selon une tude de M. BENKRAMA, publie dans le quotidien El Watan sous le titreLa problmatique des salaires et le SNMG51, il semblerait selon lauteur que cetteconfusion entre les salaires et le SNMG narrange pas bien les choses par rapport ladtermination dune politique salariale juste et quitable, do la ncessit dune refonte de lagrille actuelle des salaires, notamment celle de la Fonction publique. Si le secteur conomiqueest arriv, plus ou moins, par le biais de la ngociation des conventions collectives, redresseret maintenir lordre interne tabli, par contre, le secteur des institutions et administrationspubliques (IAP) a totalement perdu lordre et lquilibre vcu avant lavnement du SGT etdevant prvaloir lavenir, avec le retour au principe du point indiciaire unique (systme dermunration antrieur au SGT).

    On estime par ailleurs que ce relvement du SNMG profite beaucoup plus ceux dont lessalaires sont indexs dessus, savoir surtout des cadres dirigeants. Pour le salari moyen, lesalaire de poste a un lien avec le SNMG qui est trs mince voire inexistant. Pour la plupartdes gens, ils ne le remarquent mme pas. Le gain est d peine 250 ou 300 DA de plus dansles fiches de paie52.

    A lvidence, les 15.000 DA ne couvrent pas les besoins vitaux du travailleur et de safamille. En 2006, lUnion gnrale des travailleurs algriens (UGTA) a publi les rsultatsdune tude effectue entre de 2003 2005 et consacre au budget vital dune famillemoyenne (famille de 7 personnes, taille moyenne considre de lunit domestiquealgrienne). Elle avait estim que pour combler les besoins incompressibles dune famille desept personnes, il fallait un budget de 24.790,85 DA en 2005, alors quil tait de Ltudeavait dmontr que pour lalimentation qui constitue 53,5% du budget familial, il fallait desdpenses mensuelles de 13.260,50 DA.

    En 2010, une tude comparative sur le pouvoir dachat au Maghreb (publie dans ElWatan) ralise par lIntersyndicale de la Fonction publique, avait dmontr que le SNMG en

    50 Bouzidi A. (2007). Pourquoi les salaires doivent tre augments. Libert Eco. du 10/10/07.51 Benkram M. (2009). La problmatique des salaires et le SNMG. El Watan du 18/04/09.52

    Berkouk S. Relvement du pouvoir dachat en Algrie La rpartition quitable des richesses, dabord El WatanCONOMIE - Du 26 juillet au 1er aot 2010,

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience22

    Algrie ne couvre que 26% des besoins minimums contre 32% pour les Marocains et 15%pour les Tunisiens. Ltude avait conclu quil fallait porter le SNMG 38.000 dinars. (tudevoque par Safia BERKOUK du quotidien El Watan.53

    De ce fait, le professeur .BOUZIDI, estime quil faut augmenter les salaires pour deux raisonsau moins estimant que limpact de cette hausse des salaires sur linflation restera soutenable54:

    1. Rattraper limportante perte de pouvoir dachat quont subie les salaris durant ladcennie 90. Et ce nest que justice en contexte de croissance retrouve.

    2. La relance de la croissance sera consolide ainsi par la consommation en sachant que lesmnages de salaris consomment la plus grande part de leurs revenus.

    Par contre le CNES ne dissocie pas sa recommandation daugmentation des salaires dunemise en garde contre les retournements de tendance du march, si volatil, des hydrocarbures.Cest pourquoi le CNES prconise de sinscrire rsolument dans une perspective de partage degains de productivit et non de rente ptrolire. Seule faon damliorer de faon prenne lesconditions de vie des Algriens, notamment leur pouvoir dachat55.

    Dautres analyses convergent vers ce constat .Ainsi lancien ministre des Finances, leprofesseur Abdelatif BENACHENHOU56 estimait dans une confrence au Forum des chefsdentreprises propos de la question salariale, que lAlgrie, pour des raisons nombreuses,sest installe dans une pauvret salariale. A quelques exceptions prs, cest un paysincontestablement caractris par une pauvret salariale, cest--dire la faiblesse du pouvoirdachat du monde des salari souligne-t-il.

    On retrouve lessence de cette analyse exprime dans la dernire livraison de lONS Dansla phase actuelle de lvolution de lconomie algrienne, lexamen du rapport entre lemploien gnral (chmage, niveau des revenus, stabilit des emplois) et le niveau de vie despopulations rvle des distorsions et des points de tensions qui grvent la marche gnrale etlharmonie de la socit. Lon sait dj que les efforts des pouvoirs publics, particulirementdepuis 2007, en matire de rehaussement des salaires nont pas eu limpact souhait sur lepouvoir dachat des populations. Il est connu que le niveau de vie nest pas li ipso facto celui des salaires. Pour que la revalorisation des revenus salariaux ait son efficacit en termesde pouvoir dachat, il faut quelle dcoule dune augmentation de la production dans lesecteur conomique dune nouvelle performance sur le plan de la productivit du travail57.

    Pour le professeur Abdelmadjid BOUZIDI, ancien conseiller la prsidence au temps deprsident Liamine ZEROUAL, faut-il le rappeler, la politique des salaires souffre dun trsmauvais partage des rsultats de la croissance, puisque la part revenant aux salaris va endiminuant. Par ailleurs souligne t-il contrairement ce qui passe dans dautres pays, lesalaire minimum (Smig) nest pas ajust annuellement afin dviter une rosion du pouvoirdachat mais lorsque le gouvernement en a envie58. (58) Ajoutant que cette faon de faireaugmente la colre des salaris donnant lieu, selon lui, une rgulation par le conflit etnon par la ngociation. Au final, a se passe comme dans un souk et les entreprises nontpas de visibilit ni de lisibilit.

    On ne saurait mieux traduire la ralit qui prvaut en Algrie ou les augmentations desalaires sont effectivement concdes sous la pression des grves et de la rue.

    53 Berkouk S. Relvement du pouvoir dachat en Algrie La rpartition quitable des richesses, dabord op. cite.54 Bouzidi A. Pourquoi les salaires doivent tre augments op. cite.55

    CNES (2007): RNDH, op.cite, p.39.56 Benachnhou A., (2007) : cf. sa confrence au Forum des chefs dentreprises (FCE) (dbat sur le dossier des salaires)

    organis le lundi 1er octobre 2007, compte rendu dans Libert Economie du 12 /10/07.57 ONS activit, emploi et chmage au 4e trimestre 2010.58 Bouzidi A. (2007) : Pourquoi les salaires doivent tre augments: op. cite.

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 23

    CONCLUSION GENERALE

    Pour conclure, on peut souligner sur la base des lments danalyse des trois volets de lapolitique salariale que nous venons daborder assez succinctement au demeurant, que lespolitiques salariales mises en uvre en Algrie depuis lindpendance du pays nont pas tefficaces, au sens o leurs rsultats ont t contraires aux objectifs assigns

    Rappelons quune politique salariale ne peut tre considre comme efficiente que si ellesatisfait trois exigences au triple plan social, conomique et politique : stabilit sociale,efficience conomique et quit.

    - Au plan social, la politique salariale devrait poursuivre des objectifs sociaux qui visent larpartition quitable des revenus, la satisfaction des besoins essentiels du travailleur etde sa famille, autrement dit assurer concourir a assurer la stabilit sociale,

    - Au plan conomique, la politique salariale devrait concourir stimuler la productionintrieure, damliorer la productivit des travailleurs et du rendement de lentreprise,

    - Au plan politique, la politique salariale devrait veiller assurer rpartition quitable desrevenus entre diffrentes catgories de la population et garantir ainsi une cohsionsociale fondement de la stabilit politique

    Il nous semble cependant quau-del des objectifs en termes defficience dune politiquesalariale, faut-il encore indiquer les critres de rfrences servant de base la fixation des salaires.

    Rappelons que nombreux sont les facteurs dterminent le niveau de salaire dans un pays un moment donn. Certains de ces facteurs sont objectifs et quantifiables, comme le cot dela vie, la pnurie doffre de travail, le niveau gnral des prix, le niveau gnral des salaires,la capacit de payement des entreprises, la classifications des emplois, la tension salarialeentre la base et le sommet varie sur le plan international de 1 10, la part du revenu prlevpar le fisc, la situation conomique gnrale, dautres facteurs plus spcifiques comme leniveau de vie recherch par les travailleurs et qui peut varier dun pays lautre, ou encore lepouvoir de ngociation des travailleurs organiss en syndicats ou en association. Il existenanmoins, certaines diffrentes dans la fixation des salaires. Celles-ci peuvent tenir soit lacomptence et aux qualifications des salaris, soit la raret tant sectorielle quegographique, soit lattrait relatif de certaines professions. Toutefois, ils existent certainesdiffrences qui ne sexpliquent que par une discrimination volontaire et souvent lgalise.

    Dans la plupart des pays, lEtat fixe non seulement les salaires de la fonction publique maisil dtermine de plus le salaire minimum interprofessionnel garantie qui assure tout salaritravaillant temps complet une rmunration au moins gale son montant et prvoit unmcanisme dindexation sur le prix la consommation afin que le pouvoir dachat des salarisles plus modestes ne samenuise pas sous leffet de linflation.

    LAlgrie ne fait certainement pas exception sauf que lapplication de telles dispositions nesemble pas oprante dans la mesure o nombreux sont les problmes relatifs lindexationdont les critres dapprciation, au-del des ngociations, ne semblent gure tre partags etreconnus par tous les partenaires concerns (Etat, Employeurs et Syndicats)

    Que faire, toutefois, pour rendre plus efficiente la politique salariale du pays?Il nexiste certainement pas de systme idal, ni en thorie, ni en pratique , chaque pays

    tente de rpondre cette problmatique en respectant dabord les principes de base susmentionns fondant un optimum consensuel, ou pour une situation donne, dans une priodedonne et des conditions sociales donnes, il existe un systme plus efficace que les autres,mme en tenant compte du crdo de toute politique salariale savoir, tenir compte delamlioration relle du niveau de productivit, des performances de lconomie nationale etde lvolution du cot de la vie.

  • Les politiques des salaires poursuivies en Algrie : une qute contrarie defficience24

    Ceci tant, voici ce que recommande lOrganisation Internationale du Travail dans sonrapport sur les salaires de 200959.

    1. A court terme, les gouvernements sont encourags faire preuve dun engagementferme en faveur de la prservation du pouvoir dachat des populations et donc demesures visant stimuler la consommation interne. cet effet, il faut une combinaisoncohrente de politiques salariales. Premirement, il convient de promouvoir la ngociation collective et dencourager les

    partenaires sociaux ngocier des moyens dempcher une dgradationsupplmentaire de la part des salaires et laugmentation des carts salariaux- tout entenant compte des conditions spcifiques dans leur secteur ou leur entreprise.

    Deuximement, il convient de maintenir les niveaux des salaires minima pour protgerles travailleurs les plus vulnrables. Dans le contexte actuel, il ne serait ni juste, nisouhaitable du point de vue conomique de faire des salaires la seule variabledajustement. Si les salaires supportent un part disproportionne de la charge, il enrsultera une diminution supplmentaire de la part du PIB dtenue par les salaires parrapport celle des bnfices.

    En plus de mettre ainsi laccent sur les salaires minima et la ngociation salariale, lespouvoirs publics devraient intervenir au moyen de mesures de soutien du revenu. Celabnficierait aux mnages pauvres.

    Mais, comme la majorit des travailleurs (informel et pas seulement) ne sont pas syndiqusou ne sont pas couverts par des conventions collectives, cela signifie que la ngociationsalariale elle seule nest pas susceptible de suffire pour faire face aux pressionsmacroconomiques actuelles.

    2. A moyen terme, lincidence des facteurs institutionnels sur les salaires donnent penserque les rsultats en matire de salaires peuvent tre amliors en rendant les institutionsdu march du travail plus effectives.

    Une couverture plus tendue de la ngociation collective renforce le lien entre lacroissance conomique et la croissance des salaires. Il a t calcul que, dans les pays o langociation collective couvrait plus de 30 pour cent des employs, chaque fois que lacroissance conomique augmentait de 1 pour cent supplmentaire, cela entranait unecroissance de 0,87 pour cent des salaires, contre 0,65 pour cent seulement dans les pays o lacouverture est plus rduite. Cela signifie que la ngociation collective est utile pour renforcerle lien entre la productivit et les salaires. De plus, lanalyse montre que la ngociationcollective a contribu abaisser globalement lingalit salariale. Il est possible aussidutiliser efficacement les salaires minima pour rduire lingalit salariale dans la moitiinfrieure du march du travail. Ces rsultats montrent quil est ncessaire de dynamiser lesinstitutions du march du travail

    LOIT souligne et raffirme que la ngociation est la mthode de fixation des salaires laplus efficace puisquelle prend en compte les besoins et les intrts des travailleurs commedes employeurs. Il faut aussi renforcer la cohrence entre les politiques salariales et les autrespolitiques conomiques et sociales, en vue de contribuer des salaires dcents et unejustice sociale pour les travailleurs

    59 Rapport mondial sur les salaires 2008/09: op. cite, p.67.

  • Algrie : cinquante ans dexpriences de dveloppement Etat -Economie-Socit 25

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