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Les Peuls du Cameroun à travers les proverbes et les chansons Yaya Dahirou

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Les Peuls du Cameroun à travers les proverbes

et les chansons

Yaya Dahirou

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 198 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 15.86 ----------------------------------------------------------------------------

Les Peuls du Cameroun à travers les proverbes et les chansons

Yaya Dahirou

Yaya

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Avant-propos

Plusieurs fois engagée, à maintes reprises ajournée et parfois simplement mise au placard, cette entreprise fastidieuse et osée de transcription et d’analyse embryonnaire de la tradition orale peule des Régions septentrionales du Cameroun est aujourd’hui sortie de l’anonymat pour s’exposer certainement aux flèches mortelles de la critique acerbe, mais aussi pour servir probablement à la rencontre des cultures.

Au départ comme à l’arrivée, cet opuscule se veut un simple témoignage basé sur les contes, proverbes et chansons des griots peuhls et qui a pour but d’étudier, à travers quelques morceaux choisis, les thèmes développés dans la tradition orale.

En effet, l’oralité dans les Régions septentrionales du Cameroun est riche et variée, se diversifiant dans ses composantes contes, proverbes et bien sûr chansons.

Au fil du temps, cette richesse s’estompe car abandonnée entre les mains des seuls nostalgiques qui se font de plus en plus rares. Au fur et à mesure que

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disparaissent les grands griots dont la relève est assurément loin d’être faite, au fur et à mesure que les progrès techniques conquièrent les derniers bastions d’un trésor culturel autrefois jalousement préservé, la riche oralité peule se fissure et tombe par pans entiers dans l’oubli de l’Histoire. Aucune discothèque, aucune filmothèque, aucune bibliothèque dignes de ces noms ne témoignent de cette culture qui se consume au feu du temps. Ici et là, grâce à l’engagement de certains téméraires, quelques actions de réhabilitation et de redynamisation de cette culture sont menées de façon sporadique. Les exemples les plus marquants sont ceux des festivals de culture peule et les œuvres de l’Association Bilitol fulfulde.

Pourtant, cette culture est riche et d’une troublante richesse. Outre la poésie mélodieuse et scientifiquement rythmée, parfois arrangée en prose par des artistes de grande renommée n’ayant pour seule ressource qu’une inspiration naturelle et pour seuls instruments que ceux fabriqués mains, les chansons en elles-mêmes portent un témoignage vivant de l’histoire de la vie sociale et traitent de sujets variés.

Cette entreprise, disais-je tantôt, est osée et fastidieuse.

Premièrement, toute traduction n’est-elle pas trahison ? Comment traduire dans l’intégralité de sa substance une œuvre orale dont les mots clés n’ont pas de correspondants exacts en français ? Comment traduire cette émotion intense par des mots plats ?

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Comment traduire le langage des tam-tams et des flûtes avec des mots propres à une autre culture ? A ce triple niveau bien évidemment, il s’agit plus d’écouter que de lire, dans l’espoir soutenu que le langage universel pourrait seul transmettre la richesse et le poids des sonorités savamment arrangées.

Deuxièmement, la plupart des acteurs de l’époque se sont aujourd’hui éteints. Sur le plan des précisions historiques, l’on pourrait nous pardonner certaines approximations.

Troisièmement, la rareté et la mauvaise conservation des supports documentaires et audio-visuels auxquels je faisais allusion ci-haut sont des facteurs hautement limitatifs dans cette entreprise rocambolesque. Il a souvent fallu parcourir plusieurs villages au fond du Sahel pour extirper de l’oubli quelques cassettes vinyle de conservation approximative. A l’issue de raccommodages nombreux et de plusieurs entretiens avec les quelques acteurs et/ou témoins de l’époque, jaillit souvent l’intégralité des chansons.

Au passage, quelques susceptibilités ne manqueront pas d’êtres égratignées. Que l’on nous en pardonne car encore, au début comme à l’arrivée, cet opuscule se veut un témoignage de l’oralité telle qu’elle est dite dans les contes, les proverbes et les chansons des griots.

Nous nous en attribuons le pire et cédons le meilleur aux véritables auteurs, ces illuminés qui ont soutenu la culture et que la société oublie aujourd’hui.

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Partie I

La tradition orale peule a travers les contes

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L’un des domaines les plus riches de la tradition

orale peule des trois Régions septentrionales du Cameroun se trouve être indubitablement celui des contes, servis aux plus jeunes la nuit autour du feu.

Moralisateurs et éducateurs, les contes sont à la fois basés sur des histoires d’hommes et des légendes tirées de la vie et du comportement des animaux. L’essentiel, la substance du conte, c’est la leçon qu’il s’agit d’en tirer pour l’appliquer aux situations de la vie courante et de la vie tout court. Ce sont là des concentrés de leçons de la vie dont certains morceaux choisis sont ci-dessous exposés.

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1 Les leçons de la vie

Il fut une fois, aux temps immémoriaux où les hommes et les animaux pouvaient encore se parler et se comprendre, un vieil homme qui dit à son fils : « Mon cher fils, va d’abord combattre dans nos armées qui sont engagées dans la guerre contre nos ennemis. A ton retour, je t’enseignerai quelques leçons de la vie ».

Le fils s’en fut à la guerre après des adieux émouvants et en revint quelques semaines plus tard, victorieux et heureux. Entre-temps, le vieil homme avait rejoint ses ancêtres au ciel en toute humilité.

Le jeune homme, inconsolable, porta longtemps le deuil de son père qu’il aimait sans limites et qui le lui rendait si bien. Il avait à la fois perdu son père et des conseils précieux. Très éploré, il s’en fut à travers champs et bois pour vider sa mélancolie. Sa première rencontre fut d’avec un serpent qui l’interpella en ces termes :

– Pourquoi pleures-tu autant, jeune homme ?

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– Mon père avait promis de m’instruire sur la vie, mais à mon retour de la guerre, il n’était plus.

– Pauvre de toi, petit. Je ne puis t’enseigner autant que lui. Mais comme tu as croisé mon chemin, je te dirai l’une des choses qu’il aurait certainement voulu te dire. Regarde-moi : je suis l’une des plus belles créatures de Dieu sur terre. Ma peau est belle et lisse tandis que mon corps est souple et agréable au toucher. Cependant, je rampe dans la poussière seulement à cause de ma bouche et de mon venin.

Malgré ma beauté et ma grâce, je suis obligé de me cacher car, à chacune de mes apparitions, le monde entier éprouve l’ardent désir de me tuer. Mon malheur me vient uniquement de ma bouche. Tournes sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler. Les paroles sont des flèches qui peuvent tuer ton vis-à-vis, mais qui peuvent tout autant se retourner contre toi. Ton père avait voulu certainement te le dire.

Sur ce, le serpent prit congé et disparut dans la broussaille.

Le jeune homme continua son chemin. Il n’avait pas parcouru une longue distance qu’un corbeau l’interpella :

– Pourquoi pleures-tu autant, jeune homme ? – Mon père avait beaucoup de leçons à me

dispenser, mais il s’est éteint avant mon retour de la guerre. Jamais je n’aurai le loisir de connaître ce qu’il voulait me dire.

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– Eh bien, petit, j’ignore l’étendue des conseils qu’il voulait te prodiguer, mais celui que je m’en vais te donner pourrait en faire partie. Regarde comment je me comporte : je passe mes journées en brousse et mes nuits en ville. Même si je n’obtiens pas ma pitance quotidienne en brousse, je suis sûr qu’une fois de retour en ville, je ne manquerai pas de quoi me nourrir. Les familles riches y déversent les restes des repas sur la décharge publique, la ville est en permanence illuminée et ma sécurité y est plus garantie qu’en brousse.

Entre autres conseils, ton père voulait te dire d’être toujours parmi tes semblables et dans une grande agglomération qui t’offre, mieux qu’en arrière-pays, plusieurs solutions à tout type de problèmes quotidiens.

Le corbeau prit congé et battit des ailes, tandis que le jeune homme continuait son errance. Il avait à peine parcouru un kilomètre qu’il fit la rencontre d’un héron tout blanc et tout beau.

Le héron l’interpella en ces termes : – Quel malheur te chagrine tant, petit homme ? Et le jeune homme de lui raconter toute son

histoire depuis le début. – Ton père avait certainement beaucoup de

choses à te dire, mais je suis sûr que parmi ses conseils, celui que je m’en vais te donner aurait occupé une bonne place. Regarde comme je suis tout blanc et tout beau. Je ne déploie pas des efforts

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extraordinaires pour cela. Bien que Dieu m’ait doté d’ailes et de pattes, je ne m’en sers que très rarement. Je prends place sur le dos des buffles et des bœufs qui me transportent sur de longues distances. Je les débarrasse de leurs poux et punaises pour m’en nourrir, tout comme je le fais des sauterelles qu’ils écrasent sur leur passage.

Au crépuscule, je reprends encore place sur le dos des bovins qui me ramènent en ville où je passe mes nuits en toute sécurité. Tout est gratuit dans mon existence : le transport, le tourisme et la nutrition. Ton père avait voulu te dire de toujours être dans la suite de tes supérieurs. Ce faisant, tu auras toujours des solutions faciles à tes problèmes quotidiens.

Le héron s’envola d’un trait et atterrit avec grâce sur le dos d’un zébu, cependant que le soleil déclinait à l’horizon.

Le jeune homme poursuivit sa route en méditant sur les trois conseils reçus. En pressant le pas, il rattrapa un berger qui rentrait son troupeau et le salua. Et le berger de lui demander ce qu’il faisait par là au crépuscule. Lorsqu’il eut fini de raconter son histoire, le berger lui dit :

– Tu as entre les mains beaucoup d’armes pour affronter la vie, mais je voudrais t’en ajouter une : il faut craindre Dieu, l’obscurité et la femme.

– Pourquoi Dieu ? – Parce qu’Il a tout créé. Il est Omniprésent,

Omnipotent et Omniscient. Invisible, Il s’impose à

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nous en tous temps et en tous lieux. – Pourquoi l’obscurité ? – Parce qu’elle recèle tous les dangers et les

travers. L’obscurité mentale et celle du cœur sont les plus grandes et les plus redoutables des obscurités.

– Pourquoi la femme ? – Viens plus tard pour que je t’instruise sur la

véritable nature féminine. Maintenant, je dois traire mes vaches.

* * *

Le jeune homme n’était pas allé bien loin qu’il rencontra un vieil éléphant qui s’abreuvait dans une mare.

– Que fais-tu par ici à la nuit tombée, petit homme ?

Lorsqu’il eut terminé de résumer son histoire, le vieil pachyderme qui en avait vu de toutes les couleurs, lui dit :

– Aux temps anciens où j’étais en amitié avec le héron, nous dormions l’un au pied d’un arbre et l’autre dans ses feuillages. Le héron prenait toujours soin de me demander de veiller sur lui, bien que de sa position sa vue portait plus loin que la mienne. Par contre, imbu de ma puissance, j’étais loin de m’imaginer comment un héron frêle pourrait m’aider en cas de danger. Par conséquent, je ne prenais jamais

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la précaution de lui demander de veiller sur moi. Une nuit pourtant, le héron aperçut un chasseur

menaçant qui s’approchait de nous et s’envola sans crier gare. J’ai reçu dans mes chairs deux flèches empoisonnées dont je garde encore les stigmates. Le lendemain, quand je reprochai au héron son attitude qui desservait notre belle amitié, il m’a fait admettre que je ne lui avais jamais demandé de veiller aussi sur moi. Il avait parfaitement raison. Ton père voulait te dire que même un plus petit que toi peut parfois te rendre un service vital.

L’éléphant barrit et se fraya un chemin dans les hautes herbes du Sahel, puis disparut dans la nature au même moment que le disque rosâtre du soleil chutait à l’horizon. Le jeune homme pressa le pas en direction du village et toute son attention était accaparée par les multiples leçons reçues en si peu de temps. A l’orée du village, il rencontra un curieux trio d’animaux composé d’un coq, d’un âne et d’un singe qui à priori n’avaient rien en commun.

Les trois animaux l’interpellèrent tous à la fois, et insistèrent pour s’entretenir avec lui malgré le peu de temps dont il disposait pour faire sa prière de la tombée de la nuit. Il leur raconta toute son histoire depuis le début et les trois animaux de lui servir quelques conseils.

Le coq de lui dire : « A mon âge, on est insouciant. On gambade dans tous les sens et l’on n’a

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aucune responsabilité. Mais tu as déjà dépassé cet âge nommé âge du coq ».

Et l’âne de lui dire : « A mon âge, l’on vous surcharge et vous flagelle sans retenue. Personne ne vous remercie des services que vous rendez si bien. A quarante ans, tu auras atteint l’age de l’âne. Tes épaules supporteront tout le poids de tous les problèmes de la famille ».

Et enfin le singe de lui dire : « A mon âge, tout vous échappe. Vous serez progressivement sorti du monde. Les caractéristiques de l’âge du singe qui commence à soixante ans et s’achève à quatre-vingt ans sont les suivantes : dos voûté, yeux rentrés dans leurs orbites, famine persistante, inélégance notoire malgré tous les atours, déphasage d’avec le monde ambiant. Tout ce que vous direz aux gens leur semblera ancien et hors de propos, cependant que tout ce qu’ils vous diront sera pour vous nouveau et incompréhensible ».

Le jeune homme se sépara des animaux et franchit la porte de sa case. Après avoir accompli ses devoirs religieux, il se coucha sur le dos et se mit à réfléchir sur tout ce qu’il avait entendu depuis le matin. Que de condensés de la vie courante ! Cependant, plus il y réfléchissait, moins il comprenait l’aversion du berger pour les femmes. Déterminé à en savoir un peu plus, il reprit le chemin menant à l’enclos.

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2 Les Femmes (1)

Le berger l’accueillit par un bol de lait chaud et lui dit :

– Tu n’as pas résisté à l’envie de connaître la vraie nature de la femme ? Eh bien prend place sur cette natte à coté de moi. Que penses-tu qu’il soit, le destin de l’homme dans son foyer ?

– Un destin heureux auprès de sa douce moitié et de ses enfants chéris, pourvu qu’on trouve la voie qui y mène.

– Observe les femmes et dis-moi ce que tu en penses.

– Ce sont de douces créatures qui nous portent neuf mois en leur sein, deux ans sur leur dos et qui nous cajolent toute la vie durant.

– Qui sont tes amies sincères parmi les femmes ? – Toutes le sont pour autant qu’aucun différend

ne m’oppose à elles.

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Le berger termina de boire son lait et se coucha sur le dos en contemplant le rideau clair du ciel sur lequel scintillaient de mille feux la lune et une pléiade d’étoiles. Il se tut pendant longtemps et le jeune homme crut qu’il somnolait déjà.

– Tu as le tendre regard du matin et moi la vision aguerrie du soir. Ecoutes de tes deux oreilles cette histoire qui s’est déroulée il y a très longtemps dans une contée lointaine. Les temps ont changé, mais les femmes demeurent les mêmes.

« Abdou était un mari exemplaire et entièrement aveuglé par l’amour démesuré qu’il vouait à son épouse. Il lui réservait toute la tendresse dont il était capable et n’avait d’yeux que pour elle. Malgré son métier de commerçant ambulant qui l’amenait très souvent à faire la ronde des marchés périodiques de la contrée, il avait une immense foi en la fidélité de son épouse. Les éloges qu’il en faisait à longueur de journée agaçaient plus d’un, mais nul n’osait le contredire connaissant son caractère belliqueux.

Il aurait préféré mourir que de s’entendre dire que sa douce moitié pourrait avoir un instant des yeux doux pour un autre homme. Le déroulement des évènements allait pourtant lui prouver le contraire de façon éclatante.

Nasser était un beau garçon bien doté par la nature. Il était la coqueluche des jeunes femmes qui se le disputaient à tour de bras et à force de subterfuges. Bien que n’étant pas en manque d’affection, il décida

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d’aller à la conquête de Samira, la femme d’Abdou. Le seul objectif qu’il poursuivait était de donner

une leçon d’humilité à l’arrogant et le trop confiant mari. Il a très tôt fait de contacter et transformer en fidèle allié Jean, le garçon de maison d’Abdou. S’il est des êtres qui souffriront le martyre au Jour du Jugement Dernier, ce sont bien les garçons de maison. Nourris, logés, vêtus, soignés et payés par leur maître, ils n’hésitent pas un seul instant à lui planter le couteau dans le dos en parrainant les infidélités de son épouse. Jean était de ceux-là : très docile et respectueux vis-à-vis de son maître qu’il vénérait presque, il n’a pas eu de remords à servir à trois reprises de commis entre Nasser et Samira. A trois reprises donc, il a remis des cadeaux à Samira provenant de Nasser.

La première fois, il s’agissait d’un pagne richement brodé et fabriqué avec grand soin. La deuxième fois, ce fut un don apparemment désintéressé de bijoux en or d’une inestimable valeur. La troisième fois enfin, des chaussures de grande classe que l’on rencontrait seulement dans les comptoirs libanais. Tout homme averti en ce domaine vous le dira : toutes les femmes sont aussi sensibles à ces trois types de cadeaux que l’homme pieux désire ardemment le paradis.

Qu’elles soient nobles ou esclaves, belles ou laides, nanties ou pauvres, mariées ou libres, leurs cœurs se rafraîchissent et leurs yeux larmoient de bonheur

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quand elles reçoivent des cadeaux de cet ordre. Elles sont encore plus ébranlées lorsque lesdits cadeaux leur viennent d’un inconnu. Elles oublient sur l’instant tous les sacrifices que leurs maris ont jusque-là consentis en leur faveur et leur seul désir est de rencontrer sans délai leur nouveau bienfaiteur.

La mission fut confiée à Jean par Samira de faire sans délais un rapprochement discret et confidentiel entre elle et Nasser. Cela fut d’autant plus facile que le pauvre Abdou avait encore à passer sans interruption deux jours et deux nuits dans sa ronde des marchés périodiques.

Après quelques hésitations voulues et calculées, Nasser consentit enfin à rencontrer Samira dans le secret de la nuit noire qui enveloppe dès le tomber du soleil les hameaux reculés. Elle lui confia qu’elle n’avait jamais reçu de tels cadeaux et que sa gratitude s’était déjà transformée en amour ardent. Fin tacticien, Nasser lui rétorqua qu’il ne pouvait pas s’engager dans cette voie imprudente car la confiance n’est point le fort des femmes, et encore moins des femmes mariées qui risquent de trahir leur amant du jour au lendemain.

Toute en larmes, Samira démontra le contraire à Nasser. Ce dernier, puisant dans la sagesse séculaire, lui fit remarquer que :

« – Si la confiance existait, la tige de mil n’allait pas servir à cuire le mil. Pourtant, c’est à l’aide de la même tige que les ménagères alimentent le feu