Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez...

33
NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement Agriculture, Economie Social Société Evénements Faits divers, Justice Vie quotidienne Santé, Enseignement Environnement, Minorités Religion, Insolite, Sports Page photos Connaissance et découverte Cinéma Littérature, Musique Révolution an XX Tourisme Mémoire, Médias Francophonie Itinéraires, Humour Abonnements Coup de coeur Numéro 58 - mars - avril 2010 Lettre d’information bimestrielle Les de L a crise touche durement les Roumains. Après plusieurs années de forte croissance, le réveil est douloureux. Le PIB a chuté de plus de 7 % en 2009, le nombre de faillites a été multiplié par dix et la consommation a baissé de façon drastique. En 2010, les conséquences sociales de ce recul se font cruellement sentir, même si une légère reprise est espérée en fin d'année. La Roumanie devrait compter un million de chômeurs au tournant de l'été et Bruxelles considère qu'elle est le second pays de l'UE le plus touché par la pauvreté. D'ailleurs, celle-ci est interve- nue aux côtés du FMI et de la Banque Mondiale pour assurer les fins de mois de l'Etat roumain, garantir aux fonctionnaires leurs salaires et aux retraités, leurs pensions. Le tableau est sombre donc et ce ne sont pas les tristes pantalonnades auxquelles se livrent politiciens et dirigeants qui peuvent rassurer la population. Pourtant des signes, certes ténus, mais encourageants, se font de plus en plus jour sur la capacité, l'envie, et même l'espoir des Roumains à vouloir changer le cours des choses. Une dynamique est en train de naître, dans des domaines disparates, s'appuyant sur la volonté de citoyens à ne plus vouloir subir, ni rester les bras croisés. A Rosia Montana, l'action déterminée de petites ONG entrave plus que jamais les projets de la Gold Corporation de rayer de la carte toute une vallée, en exploitant au cyanure des mines d'or. A Bucarest, la mobilisation d'associations a réussi à mettre un frein à une urbanisation sauvage, livrée aux promoteurs, qui a déjà grandement défiguré la capi- tale. Une jeune femme courageuse, Iana Matei, de retour au pays, a tiré des griffes des réseaux de proxénètes, 420 jeunes filles. Son action lui a valu d'être désignée "Européenne de l'année" par le “Reader's Digest”. Une première pour la Roumanie. Greenpeace Roumanie a fait condamner à Strasbourg l'Etat Roumain qui refusait de dévoiler à la population l'endroit où il voulait implanter sa seconde centrale nucléaire. La branche d'Amnesty International a dénoncé au niveau européen les expulsions “en douce” des Tsiganes de leurs logements. L'association des jeunes juges s'est élevée avec colère contre la nomination à la tête de la plus haute instance judiciaire du pays d'une magistrate connue pour ses liens passés avec la Securitate, bloquant sa nomination. Dans une enquête, la revue "Capital" a noté qu'"on ne la faisait plus" aux consommateurs : les Roumains ont boudé le magasin Ikea et ses promotions trompeuses alors, qu’en fait, ses prix aug- mentaient. Même le gouvernement, à sa façon, s'est mis de la partie en partant en guer- re contre la "malbouffe", Mc Donald's et consorts, claironnant qu'il voulait la taxer ! Sûr… ce n'est pas la nomenklatura qui mènera la Roumanie sur le bon chemin, mais cette élite qui a pour nom "société civile" et qu'il faut aider ! Henri Gillet L'émergence de la société civile 2 et 3 4 et 5 6 et 7 8 à 11 12 et 13 14 à 18 19 20 à 25 26 et 27 28 à 31 32 et 33 34 et 35 36 à 38 39 40 et 41 42 à 46 47 à 53 54 et 55 56 à 59 60 à 62 63 64

Transcript of Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez...

Page 1: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

1

NOUVELLEs

ROUMANIESOMMAIRE

A la Une

Flamme violette

Délinquance

Sauvez Bucarest

Sapinta, Vague de froid

Actualité

Vie internationale

Moldavie

Politique, Equipement

Agriculture, Economie

Social

Société

Evénements

Faits divers, Justice

Vie quotidienne

Santé, Enseignement

Environnement, Minorités

Religion, Insolite, Sports

Page photos

Connaissance

et découverte

Cinéma

Littérature, Musique

Révolution an XX

Tourisme

Mémoire, Médias

Francophonie

Itinéraires, Humour

Abonnements

Coup de coeur

Numéro 58 - mars - avril 2010

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La crise touche durement les Roumains. Après plusieurs années de fortecroissance, le réveil est douloureux. Le PIB a chuté de plus de 7 % en 2009,le nombre de faillites a été multiplié par dix et la consommation a baissé

de façon drastique. En 2010, les conséquences sociales de ce recul se font cruellementsentir, même si une légère reprise est espérée en fin d'année. La Roumanie devraitcompter un million de chômeurs au tournant de l'été et Bruxelles considère qu'elle estle second pays de l'UE le plus touché par la pauvreté. D'ailleurs, celle-ci est interve-nue aux côtés du FMI et de la Banque Mondiale pour assurer les fins de mois de l'Etatroumain, garantir aux fonctionnaires leurs salaires et aux retraités, leurs pensions.

Le tableau est sombre donc et ce ne sont pas les tristes pantalonnades auxquellesse livrent politiciens et dirigeants qui peuvent rassurer la population. Pourtant dessignes, certes ténus, mais encourageants, se font de plus en plus jour sur la capacité,l'envie, et même l'espoir des Roumains à vouloir changer le cours des choses.

Une dynamique est en train de naître, dans des domaines disparates, s'appuyantsur la volonté de citoyens à ne plus vouloir subir, ni rester les bras croisés. A RosiaMontana, l'action déterminée de petites ONG entrave plus que jamais les projets de laGold Corporation de rayer de la carte toute une vallée, en exploitant au cyanure desmines d'or. A Bucarest, la mobilisation d'associations a réussi à mettre un frein à uneurbanisation sauvage, livrée aux promoteurs, qui a déjà grandement défiguré la capi-tale. Une jeune femme courageuse, Iana Matei, de retour au pays, a tiré des griffes desréseaux de proxénètes, 420 jeunes filles. Son action lui a valu d'être désignée"Européenne de l'année" par le “Reader's Digest”. Une première pour la Roumanie.

Greenpeace Roumanie a fait condamner à Strasbourg l'Etat Roumain qui refusaitde dévoiler à la population l'endroit où il voulait implanter sa seconde centralenucléaire. La branche d'Amnesty International a dénoncé au niveau européen lesexpulsions “en douce” des Tsiganes de leurs logements.

L'association des jeunes juges s'est élevée avec colère contre la nomination à latête de la plus haute instance judiciaire du pays d'une magistrate connue pour ses lienspassés avec la Securitate, bloquant sa nomination. Dans une enquête, la revue"Capital" a noté qu'"on ne la faisait plus" aux consommateurs : les Roumains ontboudé le magasin Ikea et ses promotions trompeuses alors, qu’en fait, ses prix aug-mentaient. Même le gouvernement, à sa façon, s'est mis de la partie en partant en guer-re contre la "malbouffe", Mc Donald's et consorts, claironnant qu'il voulait la taxer !

Sûr… ce n'est pas la nomenklatura qui mènera la Roumanie sur le bon chemin,mais cette élite qui a pour nom "société civile" et qu'il faut aider !

Henri Gillet

L'émergence de la société civile 2 et 3

4 et 5

6 et 7

8 à 11

12 et 13

14 à 18

19

20 à 25

26 et 27

28 à 31

32 et 33

34 et 35

36 à 38

39

40 et 41

42 à 46

47 à 53

54 et 55

56 à 59

60 à 62

63

64

Page 2: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Mircea Geoana a trouvé la raison de sa défaite face à Traian Basescu, lors de

la récente élection présidentielle. Ainsi qu'il l'a déclaré publiquement, il a perdu

le débat l'opposant au Président sortant parce que celui-ci a utilisé une arme

déloyale: "la flamme violette", portant toujours cette couleur.

Ce serait donc une énergie spirituelle, positive pour celui qui l'utilise maisnégative pour sa victime, qui a précipité la défaite du candidat du PSD, para-lysant ses réactions, le laissant sans mot face aux attaques de son adversai-

re ! Sa femme, Mihaela, a même parlé de conspiration montée par le camp adverse.Mircea Geoana n'a pas été le seul a avancé cette explication. Son chef de campagne,Viorel Hrebenciuc, pourtant un dur à cuire du matérialisme marxiste-léniniste, a indi-qué qu'il avait relevé que, tout au long de la campagne, Traian Basescu et son entoura-ge portaient ostensiblement des pulls, chemisesou cravates violettes pour lancer leurs ondesdévastatrices et améliorer leurs chances de vic-toire. Un député du PSD a même indiqué qu'ilallait mener une enquête personnelle à ce sujet.

Interrogé sur sa propension à porter du vio-let, le président réélu a blagué, répondant que"c'était la couleur de l'année". Par contre, l'an-cien protecteu de Mircea Geoana, Ion Iliescu

ne "décolore" pas. "Prostanacu" ("le petit cou-illon"), ainsi qu'il avait charitablement baptisé,mérite décidément ses sarcasmes, "ces suppu-tations étant le fait de naïfs, sans éducation". Même les prestigieux "Washington Post"

et "New York Times" y sont allés de leurs commentaires sur cette affaire qui a fait letour de la planète, et visiblement, dépasse leur entendement. L'histoire tournant à saconfusion, Mircea Geoana est revenu sur ses propos, mais le mal était fait et la presseen a fait des gorges chaudes.

Parapsychologie et magie noire

Il ne s'agit cependant pas de la première fois que TraianBasescu est suspecté de "sorcellerie" par ses adversaires. En2004, on avait déjà mis sur son compte le renoncement deTheodor Stolojan à se présenter aux élections présidentielles,ce qui lui avait laissé la voix libre pour être candidat de l'oppo-sition d'alors et finalement être élu.

Adrian Nastase, le Premier ministre de l'époque et candi-dat du PSD, battu de peu , avait écrit ensuite sur son blog qu'ilavait été victime d'attaques énergétiques négatives et de séan-ces de magie noire visant à le déstabiliser et à le faire perdre.

Ses partisans avaient même avancé que cette technique avait été employée du temps dela guerre froide par les Soviétiques pour influencer et conditionner leurs ennemis.

Cette fois-ci, certains au PSD ont identifié le "gourou" qui serait derrière cette"guerre des ondes" et aurait aidé Traian Basescu à triompher. Il s'agit d'Aliodor

Manolea, psychologue, spécialiste en psycho-énergétique, bio-synergétique, docteur en"sciences complémentaires" et auteur de plusieurs manuels de parapsychologie, qui l'au-rait accompagné lors des débats et tout au long de la campagne. L'ennui pour le PSD,c'est que cet "expert" était venu lui donner un coup de main lors des élections européen-ne de 2007 et, qu'après avoir utilisé ses services, ce parti, mécontent des résultats, l'a-vait mis à la porte sans ménagement. La vengeance est un plat qui se mange froid !

2

A la UneLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEABAIAMARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

SLOBOZIA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

BRAILA

CLUJ

Après son échec à la présidentiel-le, Mircea Geoana a-t-il été victimeune seconde fois de "la flamme vio-lette", mais cette fois ci de ses adver-saires au sein de son propre parti?En tous les cas, président du PSD, il

a perdu aussicette fonctionau cours ducongrès d'a-près-électionsqu'a tenu saformation, finfévrier. Il a étébattu parVictor Ponta

(37 ans), jeune politicien aux dentslongues, qui l'a em-porté devant lesreprésentants des militants, par 856voix contre 781… A la grande satis-faction d'Adrian Nastase et IonIliescu, qui ne pardonnaient pas àleur succes-seur d'avoirconduit à ladéfaite et tour-né en ridiculele parti qui leuravait permisde diriger lepays après lachute deCeausescu.

"Jamaisdeux sans trois" pourrait mêmeredouter Mircea Geoana: élu prési-dent du Sénat à la suite des législati-ves de fin 2008, et d'un partage desrôles entre le PSD et Traian Basescu,devenus alliés, il a de grandes chan-ces de perdre également cette fonc-tion qui en fait le deuxième personna-ge de l'Etat, une fronde de ses prop-res troupes le menaçant.

Traian Basescu suspecté de sorcellerie !

CHISINAU

l

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Présidentielle

Victor Pont a nouveauprésident du PSD

l

l

223

Placés souvent sous le joug de gangs mafieux etsubissant des conditions de vie délétères dansquelque 110 campements de fortune en région pari-

sienne, les ressortissants originaires d'Europe de l'Est - deRoumanie en particulier - sont, selon la police, poussés à unedélinquance de plus en plus préoccupante. Exilée en Franceaprès la chute du mur de Berlin pour s'installer dans le débutdes années 1990 aux portes de la capitale notamment, cettepopulation serait même à l'origine d'une "recrudescence de lapetite et moyenne délinquance".

À titre d'exemple, la Direction régionale de la police destransports (DRPT) a procédé aucours de l'année dernière à 2 500interpellations de jeunes femmesqui, par groupe de 3 à 10, s'atta-quaient aux voyageurs et aux touris-tes pour les voler. Multirécidivistes,elles passent à l'action lors de lamontée en rame, aux périodes degrande affluence. "Cela a mené à 1800 mesures de garde à vue, soitplus du double de l'activité répressi-ve de l'année 2008, illustrant ainsi lamontée en puissance du phénomè-ne", précise-t-on à la Direction de lasécurité de proximité de l'agglomé-ration parisienne (DSPAP).

Spécialisés suivant leurs régions d'origine

Selon les estimations policières, 3 000 personnes issues dela communauté rom sont aujourd'hui installées en banlieue.Écumant les lieux les plus touristiques, les pavillons déserts,les stations de RER, et plus récemment les abords des distri-buteurs automatiques de billets, elles se livrent à un panel d'in-fractions allant de la mendicité agressive aux "vols à la tire"dans les poches et les sacs, en passant par les escroqueries à lacharité publique et les cambriolages en série.

"Les auteurs d'infractions se sont spécialisés en fonctionde leur ville d'origine et se regroupent, par lieux de naissance,par familles ou par connaissances dans les mêmes campe-ments. Ils ne se mélangent pas ou très peu", établit une synthè-se du service d'investigation transversale. "À chaque commu-nauté, émanant d'une origine géographique particulière, cor-respond également une activité économique spécifique".

Ainsi, les mendiants seraient réputés venir de Timisoara etceux qui lavent les vitres des voitures aux portes de la capita-le proviendraient des faubourgs de Bucarest. Quant auxvoleurs postés près des distributeurs de billets, ils seraient tous

originaires de Tandarei et de Slobozia, à une centaine de kilo-mètres à l'est de la capitale roumaine. "Une majorité des cam-brioleurs mis en cause en France viennent de Tulcea", précisele rapport tandis que "les Maradona" ou faux policiers ayantsévi à Paris sont de Bucarest".

Des organisations criminelles

hiérarchisées et structurées

Pour se soustraire à la loi française, ces organisations cri-minelles "hiérarchisées et structurées" emploient comme exé-

cutants des mineurs de 12 à 15 ansmaximum. Dépourvus de tout docu-ment d'identité et refusant en blocles examens médicaux pouvantdéterminer leur âge, ils sont formel-lement connus des fichiers anthro-pométriques sous de nombreuxalias. "L'enquête établit le caséchéant la certitude d'avoir affaireà la même personne, mais sansconnaître son identité officielle,déplore un haut fonctionnaire. Dèslors, cette absence d'identificationformelle empêche la procédure judi-ciaire de s'appliquer normalementpour rendre une décision de justicedans le sens d'une condamnation".

Non soumis aux obligations de quitter le territoire français(OTQF), les mineurs jouissent donc d'un réel sentiment d'im-punité qui s'enracine dans les esprits.

N'hésitant pas à parler d'"esclavagisme moderne", cesdélinquants sont avant tout des victimes contraintes de rem-bourser la "camata", la dette contractée par les familles auprèsdes donneurs d'ordres retranchés en Roumanie. Les milliersd'euros qu'ils amassent sont envoyés au pays par WesternUnion.

Eux tutoient la misère. "Cantonnés dans des terrainsvagues souvent contaminés au plomb, l'état de santé des Romsest inquiétant: 15 % d'entre eux sont vaccinés et la mortalitéinfantile est cinq fois supérieure à la moyenne française,confie Olivier Bernard, président de Médecins du monde.L'impossibilité d'accès au logement et au marché du travail estun obstacle majeur à toute tentative d'intégration". Dans lecadre d'une coopération internationale amorcée dès 2002 parNicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, la Préfecture depolice accueille désormais en son sein des policiers roumainsafin de mieux prendre en considération le phénomène.

Christophe Cornevin (Le Figaro)

Recrudescence de la délinquance venue de l'Est, encadrée p ar des gangs mafieux

Mircea Geoana encadré par A. Nastase et Ion Iliescu.

Trafics humains

Esclavagisme moderne pour rembourser la "camata"

Des mineurs exploitéspar des organisations criminelles

hiérarchisées, structurées et spécialisées par régions

"La flamme violette" a causé

la perte de Mircea Geoana...Quelque 2 500 interpellations ont été effectuées pour vols à la tire dans les transports parisiens l'année dernière, soit le

double de 2008. Il s'agit souvent de Tsiganes venus pour la plupart de Roumanie. Agés 12 à 15 ans maximum et multiréci-

divistes, ils appartiennent à des bandes structurées et spécialisées : vols à la tire, escroqueries, cambriolages …

-J'vous donne ma parole que j'ai pas buun seul coup…C'est sûr que j'ai dû être

attaqué par la flamme violette ! (Vali)

Page 3: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

54

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

TULCEA

SUCEAVA

lPITESTI

l

CHISINAU

CLUJ

l

La conclusion du rapport commandé par la Présidence de la République rou-

maine est sans appel : au cours des deux dernières décennies, Bucarest a subi plus

d'outrages que lui en avait fait subir Ceausescu. Espaces verts qui disparaissent,

vieilles demeures appartenant au patrimoine roumain rasées pour laisser place à

des buildings sans âme. Le constat peut s'appliquer aux autres grandes villes du

pays, livrées aux mains des promoteurs immobiliers et du capitalisme sauvage.

Dorina Banisor était venue spécialement à Angers lors du récent congrèsd'OVR (Opération Villages Roumains) pour défendre la cause de sa capi-tale. Aux côtés des membres de son association "Salvati Bucurestiul",

présidée par Dan Nicusor, un jeune mathématicien, cette économiste se bat pour sauverBucarest. "Peu de capitales dans l'Europe ont autant de quartiers pittoresques, parse-més de petites maison et leurs jardins" plaide cette Bucarestoise de naissance qui s'af-flige de les voir mourir peu à peu: "Des investisseurs viennent, achètent ce qu'ils peu-vent, démolissent et font pousser d'immenses tours".

Des millions d'euros de profits en jeu

Les autorités laissent faire.Ce n'est pas surprenant, quand desmillions d'euros de profits sont enjeu, les promoteurs immobilierssachant "arroser" qui de droit.Les dégâts touchent aussi bien lesquartiers protégés, les maisonsclassées. Les généreux bakchichspermettent de s'asseoir sur lesnormes et de construire des buil-dings de dix étages ou plus, là oùseulement deux sont autorisés.

Le capitalisme sauvage profi-te d'une législation inadaptée,interprétable, pour mener à bien ses juteux projets, au grand dam des vieux Bucarestois,mais aussi des jeunes. Et quant il se heurte à un obstacle apparemment infranchissable,il trouve toujours une méthode pour le contourner. Quant une "proie" est repérée, unevieille demeure bourgeoise de caractère dont il faut se débarrasser pour faire place à unvolumineux ensemble immobilier, des promoteurs s'en emparent pour une bouchée depain, paient des SDF pour la squatter. Lorsqu'elle sera suffisamment vampirisée, lesfenêtres arrachées, la toiture défoncée, parfois en partie incendiée, réduite à l'état deruine… il ne restera plus qu'à la démolir. Inutile d'aller porter plainte à la police: aucu-ne législation précise n'empêche ses agissements. Quant à la mairie ou à l'Etat, ils lais-sent faire alors qu'il devrait leur revenir d'entretenir le patrimoine, d'acheter les maisonsmenacées, d'exproprier au besoin.

Seulement 7 m2 d'espaces verts par habitant

Le bilan des deux dernières décennies est accablant. 600 000 arbres bordant lesrues de la capitale ont disparu et 1,5 million au total dans tout Bucarest. Sont égalementpassés à la trappe, rendus parfois à leurs anciens propriétaires qui en avaient été dépos-sédés et consacrés désormais à des projets immobiliers ou commerciaux: 7,2 ha d'espa-ces vert du parc Herestrau, 10 ha du parc de la Jeunesse (Tineretului), 4,5 ha du parcVerdi dans Floreasca, 12 ha du parc IOR, 7,2 ha du parc Prisaca Dornei, et bien d'aut-res, 45 équipement sportifs, des écoles ont été rasés. Il ne subsiste plus que 6 piscinesdans la capitale, celle du strand Tineterului a laissé place à un building de 23 étages.

Sergiu Bahaian, le patron du clubde football Gloria Buzau a été placéen détention par le procureur duParquet de Ialomita. Il a été arrêté mi-janvier avec trois de ses complicesprésumés. Les enquêteurs le soup-çonnent d'avoir ordonné l'assassinatde quatre personnes, entre 2006 et2008, qui ont été frappées à coups demarteau puis jetées dans le Danubeou enterrées vivantes. Ces victimes

faisaient partied'un réseaumafieux spéciali-sé dans les frau-des commercia-les qui opéraitdans les régionsde Constanta,Ialomita et

Bucarest, et dont Sergiu Bahaian étaitl'un des leaders. Elles auraient été éli-minées car elles demandaient tropd'argent. D'autres meurtres et dispari-tions pourraient lui être attribués.

Sergiu Bahaian avait déjà été arrê-té en 1995 pour une magouille finan-cière de dix millions d'euros - un jeuxpyramidal escroquant 5000 personneset auquel auraient été mêlés des poli-ciers, magistrats, politiciens - etcondamné à cinq ans de prison pourfaux et usage de faux. Il avait étéarrêté à l'aéroport de Budapest, alorsqu'il tentait de fuir vers d'autres cieux,et extradé vers la Roumanie. Libéréun an et neuf mois plus tard, il recom-mençait ses escroqueries, cette fois-cidans le trafic d'or, retournait en pri-son... dont-il sortait à nouveau rapide-ment pour bonne conduite. Outre lefootball, Bahaian s'était éssayé égale-ment au cinéma, produisant un film deNae Caranfil... sponsorisé en partiepar le ministère français de la Culture.

Un criminel de haut vol

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Le désastre annoncé d'uneUrbanisme

l

225

En 1989, Bucarest comptait 3470 hectares d'espaces verts.En 2004, leur superficie avait diminué de moitié et, aujourd'-hui, elle ne doit pas dépasser les 1200 à 1300 hectares. LesBucarestois vivent désormais dans un espacevert de 7 m2, alors que la moyenne européenneest de 26 m2. Par comparaison, les habitants deVarsovie en bénéficient de 32 m2, ceux deLondres de 64 m2, de Stockholm de 83 m2.L'OMS préconise une superficie de 50 m2.

Des problèmes de santé n'ont pas tardé à sefaire jour, notamment chez les enfants, ainsi quele relèvent les statistiques recueillies auprès desmédecins. Entre 1995 et 2006, les cas de pharyn-gite ont augmenté de 66 % chez les moins dequatorze ans, ont doublé pour les bronchites, ontété multipliés par cinq pour celui des cas d'asthme nécessitantune hospitalisation. Le nombre de Bucarestois hospitaliséspour une cardiopathie a doublé.

De véritables "emm…"

pour la mairie de Bucarest

Face à ce constat effrayant, "Salvati Bucurestiul" s'effor-ce de sensibiliser et mobiliser la population, les médias, voleau secours des propriétaires touchés par les projets immobi-liers. La tâche est rude car la société civile en Roumanie estbalbutiante, voire inexistante. Pourtant, il y a urgence, car denouvelles menaces pèsent sur la capitale et notamment sur lepalais Stirbey, unde ses joyaux ar-chitecturaux, quirisque de rentrerdans l'ombreimmédiate d'ungratte-ciel, commecela a été le caspour la cathédralecatholique.

L'ONG, quiregroupe principa-lement des jeunes,étudiants, maisaussi d'anciensBucares-tois, tousbénévoles, notionqui ne va pas encore de soi en Roumanie, a entamé une vérita-ble guérilla urbaine. Elle harcèle le Conseil général de la capi-tale, exigeant sans relâche la transparence de ses projets. Lesélus bucarestois la haïssent et, à leurs yeux, ses membres pas-sent pour de véritables "emm…".

Mais cette tactique porte ses fruits. Ainsi 150 projets ontété bloqués, 10 mises en chantier ajournées, 10 autres atta-quées en justice. La construction du "Dimbovita Center", unmall (centre commercial) devant s'étendre sur dix hectares au

coeur de la capitale a été suspendue. Le chantier d'Obor, quidoit faire disparaître un des plus vieux marchés de Bucarest oùles paysans viennent vendre les produits de leurs jardins pour

laisser aussi place à unautre mall, connaît lemême sort.

"Salvati Bucurestiul"

se bat aussi pour que la loidevienne plus restrictive etque les élus, abusant dedérogations spéciales nepuissent plus autoriser laconstruction de blocs dehuit ou dix étages, là où larèglementation n'en per-

met que deux. Elle vient là d'enregistrer son plus grand succès,compensant ses innombrables déceptions lorsqu'elle voit s'ef-fondrer ces belles demeures qui font le charme de Bucarest.Dorénavant, les dérogations ne pourront plus dépasser 20 % dela norme autorisée.

Elus malmenés et victoire

encourageante de la société civile

La nouvelle loi est entrée en vigueur le 1er octobre. Laveille de sa mise en application, le Conseil général de Bucarests'est empressé d'inscrire à son ordre du jour 48 dossiers ne larespectant pas. Mais "Salvati Bucurestiul" et quelques autres

ONG veillaient au grain. Leurs militants ontenvahi la salle de délibération, trouvantopportunément le renfort de deux ou troisélus, heureux de se faire une publicité devantl'attroupement des médias, et qui, par leursinterruptions et prise de paroles, ont entravéles travaux de leurs collègues. Dans le brou-haha général, le Conseil a été incapable defaire adopter ses projets avant les douzecoups de minuit fatidiques. Les 48 nouveauxbuildings devront donc respecter la normedes 20 % à ne pas dépasser.

Cette victoire sur le fil a mis du baume aucœur de l'ONG et l'encourage à persévérer.Mais Dorina Banisor et ses amis savent que lasociété civile roumaine a encore un long che-min à faire avant que la Roumanie ne rejoi-

gne les "normes" européennes. "Chez nous, il y a deux catégo-ries de gens", constate-t-elle, un brun désabusée, "ceux quis'estiment au-dessus de la loi… et ceux qui pensent qu'ils sonten-dessous et que, de toutes façons, rien ne changera". Sesreproches s'adressent à ces derniers, sachant que les premiersson irrécupérables: "On ignore trop la loi dans notre pays, onne lui fait pas confiance, on ne la connaît pas, on ne la respec-te pas". Et de conclure: "La faire appliquer serait déjà ungrand pas en avant !".

"Ce qu'on a fait à Bucarest

capit ale livrée aux promoteurs sans scrupules

depuis 20 ans est pire que sous Ceausescu

Le Palais Stirbei pourrait être l’une des prochaines victimes de l’urbanisation sauvage, laissée aux mains des promoteurs.

Le triste état du patrimoine de Bucarest.

Aux prix d'empoignades, "Salvati Bucurestiul" et d'autres ONG ont empêché le Conseil général

de mener à bien ses projets de défiguration de la ville.

Page 4: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

A la UneLes NOUVELLES de ROUMANIE

76

Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MAREl

l

TIMISOARA

SIBIU

l

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

INTORSURABUZAULUI

l

l

l

l

l

l

BOTOSANI

BRAILA

SUCEAVA

M. CIUC

l

l

PLOIESTI

IASI

l

Dans son dernier numéro établis-sant le palmarès des 500 milliardai-res en lei ou millionnaires en eurosdu pays, la revue Forbes relève aussique 20 000 Roumains disposent d'unpatrimoine supérieur à 500 000 €.Elle dresse également le tableau dela répartition géographique des fortu-nes, par région.

Sans surprise, Bucarest arrive entête avec218 per-sonnesqui dé-tiennentau total17,2 milli-

ards d'euros, le plus riche étant DinuPatriciu (notre photo) , 59 ans, avec2,2 milliards d'euros.

Suit la Moldavie-Iasi , pourtantl'une des régions les plus pauvres dupays, avec 44 fortunes se partageant4,2 milliards d'euros, dont Virgil etAngelica Rapotan (plus de 500 M€).

Puis, dans l'ordre viennent: laTransylvanie-Cluj (100 personnespour 3,7 milliards d'euros, Ilie Cara-bulea, 230-250 M€), la Dobroudja-Const antsa (31 personnes pour 1,5milliard d'euros, Gabriel Comanescu,420 M€), le Crisana-Oradea , (13personnes, 1,2 milliards d'euros, lesfrères Micula, 400-450 M€), laMuntenia-Pitesti (39 personnes,1,1milliard d'euros, Gheorghe Caruz,115-120 M€), le Banat-T imisoara(20 personnes, 1 milliard d'euros, lesfrères Cristescu, 600 M€), l'Olténie-Craoiva (22 personnes, 520 M€, lesfrères Panait, 48-50 M€), leMaramures (13 personnes, 220 M€,Mihai Lung, 37-38 M€). La Bucovineferme la marche (3 personnes, 41M€, Vasile Armenean, 22 M€).

Si les morts du cimetière joyeux de Sapinta sont censés reposés en paix, il n'en

va pas de même pour les croix qui surmontent leurs tombes, ornementées de figu-

rines naïves et de citations qui ont fait la célébrité des lieux, attirant 200 000 visi-

teurs chaque année, objet de reportages télévisés dans le monde entier, le dernier

en date ayant été réalisé par une équipe coréenne. Cité dans tous les guides, le

"cimitirul vesel" de Sapinta est considéré comme une des attractions touristiques

majeures de la Roumanie depuis la "Révolution".

ASapinta, près de Sighet, les successeurs du maître sculpteur Ioan Stan

Patras, décédé en 1977 et qui a fait la réputation de l'endroit mais n'a pasdésigné de successeur, se disputent férocement l'héritage artistique de celui

qui les a formés. Au cœur de la dispute, Dumitru Pop Tincu qui revendique la filia-tion exclusive pour, d'après ses dires, avoir été le plus fidèle de ses apprentis. De là àfaire breveter les croix qu'il fabrique aujourd'hui, de déposer la marque auprès del'OSIM (Office d'Etat pour les Inventions et les Marques) et d'interdire aux autressculpteurs - ils sont quatre en tout - de continuer à se réclamer du maître, il n'y avaitqu'un pas que le prétentieux disciple a franchi l'an dernier…

Avec à la clé pour les concurrents l'interdiction de désormais confectionner et ven-dre leurs propres croix, les familles des défunts, qui continuent la tradition, devant s'a-dresser seulement à lui. Le marché est important, le cimetière joyeux contenant 1327tombes dotées de croix, dont la moitié réalisées par Ioan Stan Patras, l'autre par sesélèves, Dumitru Pop Tincu se taillant il est vrai la part du lion.

Menacé de prison

Devant ce coup de Jarnacauquel ils n'avaient paspensé, les autres sculpteursdu village ont crié au scanda-le. Mais rien n'y a fait. Pouravoir refusé d'obtempérer,Gheorghe Stan Coltun a vudébarquer dans son atelierdes procureurs de Sighet quil'ont surpris en train de sculp-

ter la croix d'un "tractorist" mort récemment dans un accident de travail survenu dansla forêt. Il en a été quitte pour une amende de 400 lei (100 €) et a du s'acquitter desfrais de justice (12 €). Encore a-t-il bénéficié de leur clémence! Dumitru Pop Tincu

réclamait qu'il soit envoyé derrière les barreaux. Mais vu qu'il n'y avait pas récidive,qu'il n'avait pas de casier judiciaire, qu'il avait une famille, qu'il était professeur à l'é-cole des Arts et Métiers de Sapinta… le contrevenant a été dispensé de prison ! Son PVdans la poche, Gheorghe Stan Coltun s'étrangle: "Ils peuvent venir, je les attends",s'enflammant à nouveau, "C'est mon père, qui était son élève, qui fait la croix de latombe du maître!", tout en continuant à sculpter une dernière commande. L'artisan estconsidéré comme un véritable orfèvre du travail du bois. Il a fait les ornements de nom-breux monastères, a travaillé pour des célébrités. Ceausescu l'a même fait requis quantil faisait construire son fameux palais.

Gheorghe Stan Coltun affirme faire des croix par devoir et respect de la mémoi-re de son père et du maître. "Je taille une grande croix dans le meilleur bois en troismois et je demande 12 millions (360 €). Les gens viennent me voir et me disent quec'est moins cher que chez Tincu. Et puis, on s'arrange. Ils me donnent un million, ven-dent un peu de lait ou de tsuica, me rapportent encore un million, m'amènent un jam-bon au moment de la saint Ignat (où on tue le cochon), un sac de blé. Ici, on est pauv-res. Bref, ils me paient en deux-trois ans".

SAPANTAl

l

La guerre des croix fait rage entre

Les riches vont bien

l

CHISINAU

Patrimoine

L'artisan reproche également à Dumitru Pop Tincu, qui aobtenu la gestion de la maison du maître, de s'approprier lesbénéfices engendrés par la visite du cimetière alors que lescroix d'autres sculpteurs y figurent.

Pourcentage exigé

Il est rejoint dans sa colère par Toader Turda Sepe. Avecce dernier, Tincu a essayé de procéder autrement, tout en lemenaçant aussi des procureurs et de prison pour "contrefa-çon". "Il m'a dit: quand tu fais des croix, tu viens chez moipour que je mette ma marque et tu me donneras un pourcen-tage". Lui aussi ancien apprenti de Ioan Stan Patras, Toader

Turda Sepe s'estime aussi légitime que Tincu et n'a d'ailleurspas hésité à lui lancer "Vas te faire f…". Toutefois, il a résolule problème d'une autre manière. Devenu "pocait" (fidèles dessectes protestantes), il ne fait plus de croix grandeur naturepour le cimetière qui abrite essentiellement les tombes desdéfunts orthodoxes mais s'est reconverti en en fabriquant despetites qu'il vend aux touristes en guise de souvenirs.

Le commerce marche bien. Toader Turda Sepe en sculp-te à 20 lei (5 €), 40 ou 60 lei, ces dernières atteignant 40 cen-timètres de haut, qu'il vend dans son magasin, en face du cime-tière. Il y inscrit ce que lui demande ces client, proposant desmodèles… pour les belle-mère, les ivrognes, les paysans, lestravailleurs. Là il vient de graver: "Sub aceata cruce/Zacebiata Soacra mea/Trei zile de mai traia/Zaceam eu si citea ea"(en français: Sous cette croix/Repose ma pauvre belle-mère/Sielle avait vécu encore trois jours/C'est moi qui me reposerais,et elle qui aurait lu.).

Ne perdant pas le sens des affaires, Toader Turda Sepe

vend aussi des colifichets, des jouets en bois ou en plastique

pour les enfants,"made in Hong-kong" ce qui faitréagir Tincu: "C'estune honte, il semoque de Sapintaavec ses objetskitsch. Il devrait toutde suite arrêter soncommerce!". "Qu'ilvienne me couper lesmains!" répliqueaussi sec Sepe, sor-tant de sa bonhomienaturelle, des éclairsfulgurant de ses yeux.

Le bleu de Sapinta marque aussi déposée

Dumitru Pop Tincu a fait encore plus fort. Il a égalementdéposé à l'OSIM le bleu de Sapinta, couleur dominante destombes, sous prétexte qu'il achète sa peinture au magasin duvillage. Il affirme y avoir adjoint des ingrédients obtenus à par-tir de plantes de la région, dont il garde secret le dosage.

Les autres ne seraient donc que des imitateurs, pire desfaussaires. A regarder de près, les bleus de Coltun, Sepe ouNacu l'Australien, autre sculpteur du village, il est difficile dediscerner une différence. Seul un expert pourrait se prononcer.A moins de faire revenir d'outre-tombe le maître. Ioan Stan

Patras ne se serait sans-doute jamais douté que le capitalismeviendrait semé la zizanie dans son cimetière, non seulment“joyeux”... mais aussi tranquille jusqu'à la "Révolution".

sculpteurs se disput ant l'hérit age artistique du maître Ioan S tan Patras

l

au cimetière joyeux de Sapinta ARAD

NITCHIDORF

l

l

Dumitru P. Tincu, se posant en seul héritier, s'est également approprié "le bleu de Sapintsa" dont il a déposé la couleur.

Du rififi

Des températures chutant enjanvier jusqu'à moins 34,4°dans le judet de Covasna,

(Intorsura Buzaului), appelé aussi "laSibérie roumaine", plusieurs nuits ou lethermomètre a flirté avec les - 30° pourne remonter qu'à - 15 ou - 20° dans lajournée, comme à Bucarest… LaRoumanie a connu un hiver exception-nellement rigoureux, 34 judets étant pla-cés pendant plusieurs semaines en alerteorange, principalement dans le nord, l'estet le sud du pays. Le Danube, les princi-pales rivières ont été recouverts par lesglaces… On a relevé les cadavres de denombreux animaux en détresse, comme

les cygnes ou les oies, ne pouvant plus senourrir ou ouvrir leur bec gelé. Même laMer Noire a gelé à Constantsa !

Cette vague de froid polaire, accom-pagnée de neige, de vent glacial, de ver-glas a causé la mort de 43 personnes, laplupart étant des sans-abri ou des person-nes âgées, dont dix dans la seule journéedu 27 janvier. On estime à 15 000 le nom-bre des sans abris en Roumanie, dont5000 à Bucarest. Les transports ferroviai-res et routiers ont été perturbés, des cen-taines d'automobilistes bloqués, des com-munes privées d'électricité, des écolesfermées.

La Roumanie a frôlé ses records de

froid: -36° à Intorsura Buzaului en février2005, - 38,4° à Miercurea Ciuc en janvier1985 et - 38,5°, minimum absolu enregis-tré le 25 janvier 1942.

Les Roumains n'étaient pas au boutde leurs peines après le retour d'un tempsplus clément: La "fonte des neiges" a misBucarest sens dessus dessous. Sans sur-prise, l'eau a envahi les rues et d'impor-tantes inondations ont eu lieu à certainesintersections. Résultat, le trafic routier aété très perturbé, idem pour les transportsen commun. Des lignes de tramway ontdû être déviées et certains tramways sontrestés bloqués.

(Voir notre reportage photos p. 39).

-34,4 ° relevé fin janvier à Intorsura Buzaului !

Une vague de froid polaire s'est abattue sur quasiment tout le p ays

Hiver

La tombe du maître Ioan Stan Patras.

Page 5: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Actualité

Le Premier ministre moldave Vlad Filat a ordonnéaux services de l'Etat de démanteler les 360 km deréseaux de fils barbelés res-

tants qui séparaient les frontières entrela Moldavie et la Roumanie, cettemesure devant être effective pour la mi-mars. A l'automne dernier, Vlad Filatavait déjà normalisé le passage aux pos-tes frontières, levant les restrictions pri-ses en avril par le président communis-te Vladimir Voronine. Les premiers bar-belés séparant la Roumanie de laMoldavie ont été installés en 1940 parle pouvoir soviétique le long de la riviè-re Prout, un affluent du Danube qui délimite la frontière entreles deux pays. Durant les années 1990, après l'indépendance de

la Moldavie de l'URSS, une partie de ces barrières ont étédémantelées, mais certaines sont restées en place, le Parti com-

muniste, au pouvoir de 2001 à 2009,s'opposant à leur démontage, sur fondde tensions avec la Roumanie.

Il y a deux ans, le Conseil générald'Ungheni avait déjà décidé de fairetomber la clôture plantée sur son terri-toire mais les autorités centrales com-munistes avaient critiqué l'initiative etporté la décision devant les tribunauxau motif qu'elle mettait en cause lasécurité de l'État. Sur les onze départe-ments moldaves (raioane) qui sont

frontaliers de la Roumanie, dix devront faire tomber cette clô-ture, le département de Leova l'ayant déjà fait auparavant.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

9

Les NOUVELLES de ROUMANIE

8

Actualité

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

PLOIESTI

ARAD SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

VASLUI

l

l

l

ll

l

ll

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

lPITESTI

l l

CHISINAUSATU MARE

l

Bucarest veut participer

au bouclier antimissile US

La timide reprise qui se profile nerend pas les Roumains plus optimis-tes, d'après un sondage réalisé fin2009 pour l'UE. Au contraire, le campdes pessimistes absolus avait aug-menté de 6 % dans les six derniersmois atteignant 29 % des personnesinterrogées. La crise en est rendueresponsable mais aussi le triste spec-tacle donné aux citoyens par la clas-se politique à l'occasion de l'électionprésidentielle.

La confiance dans le gouverne-ment, déjà très faible, est tombée de22 à 17 %, dans les formations poli-tiques de 12 à 11 %. Même la télévi-sion qui jusque là recueillait 70 %d'opinions positives a reculé à 61 %,les téléspectateurs se montrant parti-culièrement irrités par son parti prispendant la campagne.

Du coup, les Roumains sont deve-nus les plus pessimistes del'Eurobaromètre. 88 % pensent queleur économie marche plus mal quecelle des autres pays et 53 % sedéclarent mécontents de la vie qu'ilsmènent, la moyenne européenneétant de 22 %.

Par contrecoup, ils sont de plus enplus nombreux à s'en remettre àl'Union Européenne pour les sortir deleur mauvais pas : 65 % des person-nes sondées déclarent avoir confian-ce dans le Parlement européen, 58% dans la Commission européenne,55 % dans le Conseil de l'Europe et51 % dans la Banque CentraleEuropéenne. Ainsi, les Roumainssont plus nombreux à associer l'idéede l'Europe à la prospérité écono-mique (+ 6 % à 31 %) et à la protec-tion sociale (+ 5 % à 22 %).

L'UE échapp atoireau vent de pessimisme

La Roumanie accueillera des intercepteurs de missiles balistiques terrestres demoyenne portée, déployés dans le cadre du nouveau projet de bouclier anti-missile américain qui devraient être opérationnels en 2015 et qui visent à se

prémunir d'une attaque venant de l'Iran. "Ce système de défense n'est pas dirigé contrela Russie", a souligné le Président Basescu, répondant aux inquiétudes exprimées par lepassé par Moscou à l'égard du projet américain. Ce bouclier s'inscrit dans le principe del'"indivisibilité de la sécurité" des pays membres de l'Otan et "protégera l'ensemble duterritoire roumain", à la différence du premier projet de bouclier, abandonné parWashington, qui n'offrait qu'une "protection très limitée" à la Roumanie. Le projet doitêtre ratifié par le Parlement roumain.

… et la Transnistrie est prête à accueillir des missiles russes

"La Transnistrie est prête à accueillir des missiles russes si Moscou veut contrecar-rer le projet de bouclier antimissile américain", a indiqué le président de cette régionséparatiste pro-russe de Moldavie, Igor Smirnov. Selon le quotidien russeNezavissimaïa Gazeta, une telle décision pourrait contrebalancer la récente propositionroumaine de participer au nouveau système de bouclier antimissile des Etats-Unis. IgorSmirnov a précisé avoir déjà discuté du projet avec le ministre russe des Affaires étran-gères, Sergueï Lavrov. La Transnistrie, petite bande de terre de 500 000 habitants dansl'est de la Moldavie, a gagné, avec le soutien russe, une courte guerre d'indépendanceaprès l'effondrement de l'URSS en 1991 mais n'est pas reconnue par la communautéinternationale. Un contingent de troupes russes est toujours présent dans cette région,où près de 120 000 habitants possèdent un passeport russe.

Plus de barbelés entre Moldavie et Roumanie

UNGHENIl

Vie internationale

L'europarlementaire libérale Adina Valean, lafemme du président du PNL (Parti nationallibéral) Crin Antonescu, est accusée d'avoir fait

du lobbying pour la société canadienne Rosia MontanaGold Corporation au Parlement européen qui veut exploi-ter au cyanure des gisements d'or dans une vallée desApuseni, la condamnant à la destruction. Elle est en effetà l'origine d'un séminaire intitulé "Faire de l'Europe unleader de l'exploitation minière soutenable et responsa-ble" organisé le mardi 26 janvier à Bruxelles, et durantlequel la société canadienne a pu défendre son projet sansqu'aucun point de vue critique n'ait été soutenu.

Vie internationale

Moscou n'a pas tardé à sanctionner Chisinau aprèsl’échec des communistes aux léctions de juilletdernier. L'ex-grand frère soviétique a majoré de 20

% le prix du gaz, son tarif passant de 192 dollars les 1000 m3 en2009, à 233 en 2010. Encore s'agit-il d'un prix d'ami, l'Ukraineayant été davantage punie, Gazprom lui facturant cinq fois pluscher son approvisionnement. Le Belarus, dont le régime est plusaccommodant avec Moscou, s'en tire mieux: 170 dollars les 1000m3. La Moldavie est totalement dépendante du gaz naturel russequi fournit toutes ses centrales thermo-électriques. Cette aug-mentation a entraîné également une majoration des tarifs de l'é-lectricité et du chauffage, l'Etat en compensant une partie pourles familles pauvres.

Des renfort s roumains en Afghanist an

Bucarest a décidé d'envoyer600 militaires supplémentai-res en Afghanistan cette

année. Ce renfort s'ajoute à l'envoi d'unecentaine de militaires supplémentairesdéjà décidé en juin pour 2010. Le nomb-re de militaires roumains devait ainsiapprocher 1800 personnes. La Roumaniecompte actuellement 1020 militaires enAfghanistan, dont 982 au sein de la Forceinternationale d'assistance à la sécurité(ISAF) de l'Otan et 38 dans le cadre de

l'opération Enduring Freedom (Libertéimmuable), sous commandement améri-cain. Début décembre, le président amé-ricain Barack Obama a annoncé l'envoide 30 000 soldats américains en renfort enAfghanistan et appelé les pays alliés àaugmenter leur contribution.

Le secrétaire général de l'Otan,Anders Fogh Rasmussen, a ensuite faitpart de la volonté des alliés des Etats-Unis d'envoyer "presque 7000 soldats" enrenfort.

Euro-députée au cyanure

Une étude réalisée par l'UnionEuropéenne révèle que laRoumanie est le deuxième

pays membre touché par la pauvreté (23% de sa population), dont le seuil est défi-ni comme représentant 60 % du revenumoyen de ses habitants. Il est de 159 € enRoumanie et de 811 € en France.

La Roumanie est précédée par laLettonie (27 % de la population concer-née) et suivie par la Bulgarie (21 %), laGrèce, l'Espagne et la Lituanie (20 %), lamoyenne européenne étant de 17 %. LaRépublique Tchèque est le pays où lerisque de pauvreté est le plus réduit (9%), suivie des Pays Bas et de laSlovaquie (11 %), du Danemark,Hongrie, Autriche, Slovénie et Suède (12%), la France (13 %). Ce classement sem-ble cependant aléatoire car, sans-doute,vaut-il mieux être pauvre dans ce dernier

pays qu'en Bulgarie…Si seulement 8 % des Européens

ayant un travail sont confrontés à la pau-vreté, cette proportion passe à 17 % pourles Roumains. Pour autant, la moitié de lapopulation roumaine et bulgare est sou-mise à des privations matérielles impor-tantes, contre 37 % pour la Hongrie, 13 %pour les Français, 5 % pour les Pays Baset la Suède.

Ainsi 76 % des Roumains ne se per-mettent pas de vacances en dehors dechez eux (37 % des Européens, 32 % desFrançais et 10 % des Danois), 49 % n'en-visagent pas de s'offrir une voiture (9 %des Européens, 4 % des Français) et 19 %n'ont pas les moyens de manger de laviande, du poulet ou du poisson tous lesdeux jours (9 % des Européens, 8 % desFrançais), mais 30 % des Bulgares, 29 %des Slovaques, 26 % des Hongrois, 21 %

des Polonais. Enfin, 25 % des Roumainsne chauffent pas leur logement suffisam-ment contre 10 % des Européens et 4 %des Français.

Le seuil de la pauvreté s'établit dansl'ordre suivant pour les principaux paysde l'UE: Royaume Uni: 967 €, Pays Bas:942 €, Autriche: 937 €, Irlande: 912 €,Allemagne: 885 €, Danemark: 877 €,Suède: 864 €, Belgique: 845 €, France,811 €, Finlande 802 €, Italie: 752 €,Espagne: 699 €, Grèce: 604 €, Portugal:480 €, Pologne: 326 €, Bulgarie: 280 €,Roumanie: 159 €.

Toutefois le seuil ne mesure pas l'é-tendue de la pauvreté, n'intégrant pas lesdifférents amortisseurs sociaux, ni leniveau des prix dans le pays concerné.Ainsi, la Grande Bretagne recule sérieu-sement quant il s'agit de les prendre enconsidération.

Deuxième p ays de l'UE touché p ar la pauvreté

Le sénateur roumain Viorel Badea, élu au titre dereprésentant de ses compatriotes à l'étranger, aouvert en mars une permanence parlementaire à

Chisinau. Il s’agit d’une première en République deMoldavie. L’élu compte en faire de même dans les autresgrandes villes du pays, Cahul et Balti et a assuré qu’il vien-drait au moins une fois par mois dans la République sœur.

De nombreux officiels moldaves ainsi que de ses collè-gues sénateurs roumains ont assisté à l'inauguration du local,situé dans le centre international "Le Roi" de Chisinau et quiest financé par un homme d'affaires roumain-moldave. Parailleurs, le comité parlementaire réunissant des élus des deuxpays a été réactivé.

Un sénateur roumain s'inst alle à ChisinauRetour de bâton soviétique

Tiraspol

Page 6: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Actualité

Non loin de là se dresse le siège de l'organisation Proriv.Ce mouvement, proche des Nachis (Nous Autres, la jeunessepoutinienne) ou de la Jeune garde russe, veut rassembler lesjeunes au sein de sa Che Guevara High School.

"Gloire au Che, gloire à la Transnistrie

gloire à la Russie et gloire à nous !"

Dans un étonnant salmigondis identitaire, des jeunes mili-tants crient "gloire au Che, gloire à la Transnistrie, gloire à laRussie et gloire à nous!" Leur dirigeant, Dimitri Soïn,explique: "L'image du Che, c'est parce qu'elle attire beaucouples jeunes. Mais notre mission, c'est de militer pour une recon-naissance de notre pays dans le monde, et aussi de renforcernos liens avec la Russie. On nous considère comme un trounoir, mais notre conception de la Transnistrie est celle d'unpays idéal où les droits des citoyens sont la priorité." Dimitrireprend à son compte le credo du régime de Tiraspol : "Noussommes indépendants de facto et nous ne cachons pas nosliens étroits avec la Russie. Mais nous devons écouter les sou-haits de la population", affirme Evgueny Chevchouk, prési-dent du Soviet suprême. "Or, pour le moment, d'après diffé-rents référendums, seul 3 ou 4 % de la population est pour un

retour à la Moldavie", ajoute-t-il.Seul hic, la démocratie et le pluralisme sont des notions toutesrelatives en Transnistrie: les médias de masse sont à la botte dugouvernement et les Moldaves de Transnistrie, qui représen-tent pourtant un tiers de la population, se disent victimes d'os-tracisme. Enfin, le souvenir de la guerre est sans cesse agitépar les autorités, ce qui ne favorise pas l'amitié entre voisins."Cette guerre nous a rassemblés et nous a rendus plus forts",estime Sergey Dimitkov, charismatique vétéran et patrioteendurci. "Je pense que si l'on tente encore une fois de nousretirer notre liberté, tout le monde ici sera prêt à se battre. Etc'est aussi pour ça que les soldats russes doivent rester, car ilsévitent à la guerre de reprendre."

Mais la Transnistrie ne pourra pas jouer éternellement lestatu quo. L'Union Européenne ne peut supporter la persistan-ce d'un conflit gelé aux portes de l'Europe, surtout après lesévénements d'août en Géorgie. L'idée d'une Transnistrie large-ment autonome au sein de la Moldavie fait donc son chemin,à la condition posée par le Kremlin qu'elle renonce à touteadhésion à l'Otan. S'ils s'avéraient capables de lâcher la mainde Tiraspol pour mieux la tendre à Chisinau, les Russes prou-veraient une nouvelle fois qu'ils sont de bons joueurs d'échecs.

Mathilde Goannec (Libération)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1110

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le meilleur moyen d'entrer en Transnistrie sans problème, en venant de

Moldavie, ancienne république soviétique, devenue indépendante en 1991, est de

jouer le jeu: passer la frontière muni d'un visa, saluer les douaniers, bien insister

sur des mots tels que pays, Etat ou République… Sauf que tout est factice.

La Transnistrie est en réalité une région séparatiste de la Moldavie, qui a faitsécession en 1992, affolée par les velléités de son gouvernement de tomberdans l'orbite de la Roumanie à la chute de l'URSS. Depuis sa séparation, pas

un pays au monde n'a reconnu l'indépendance de cette mince bande de terre sur la rivegauche du fleuve Dniestr, accolée à la frontière ukrainienne. L'Etat fantôme possèdepourtant sa monnaie, ses institutions, et son drapeau.

Etat mafieux où on fait des affaires en famille

Quelques minutes après le postede contrôle apparaît Bender, troisiè-me grande ville de Transnistrie, àtrois quarts d'heure de Chisinau, lacapitale de la Moldavie. Piotr, jeunecitadin, prend le soleil aux abordsdu grand marché central, et moquebien volontiers l'incongruité de sasituation. "Qui suis-je ? Il paraît queje suis Transnistrien… En réalité,ma patrie, c'était l'Union soviétique.Ici, c'est juste une filiale de laRussie". Car si la Transnistrie a arraché son indépendance en 1992, au terme d'uneguerre qui a fait des centaines de morts des deux côtés du fleuve, c'est grâce au soutiende la Russie, pas mécontente de garder ainsi un pied près de l'Europe…

Dix-sept ans après, les soldats russes sont toujours là, bien en vue sur le pont deBender. Pour relier la capitale, Tiraspol, quelques minutes de trolleybus suffisent. Surle chemin s'élève le flamboyant stade Sheriff, du nom de la première compagnie com-merciale transnistrienne, dont l'un des dirigeants est le fils du président, Igor Smirnov.On fait des affaires en famille dans cet Etat mafieux, qui vit de trafics en tous genres:cigarettes, alcools, poulets, armes peut-être et, plus grave encore, êtres humains… Lesfrontières poreuses de la Transnistrie permettent tous les arrangements.

C'est du Kremlin qu'arrive le chèque pour payer les fonctionnaires

A Tiraspol, la statue de Lénine face au Soviet suprême, le drapeau du pays encoremarqué de la faucille et du marteau et les larges avenues font dire aux étrangers que laTransnistrie est une petite URSS. Pourtant, plus qu'un folklorique musée du soviétis-me, le pays est une véritable Russie miniature: ici et là on remarque les portraits deVladimir Poutine ou de Dmitri Medvedev et des affiches de propagande célébrant labataille menée par les Russes en Géorgie. La grande majorité de la population vit àl'heure de Moscou. C'est du Kremlin qu'arrive le chèque pour payer les fonctionnaireset les retraités. C'est encore Moscou qui offre gaz et pétrole à bas prix pour garantir lapaix sociale.

Tous les matins, un petit attroupement se forme du côté de la rue du 24-Octobre,devant le consulat officieux de la Russie, puisque même le Kremlin n'a pas reconnuofficiellement le pays. Oleg, 20 ans, attend son tour: "Avec mon passeport transnis-trien, je ne peux aller nulle part. Donc, je vais prendre la double nationalité russe, pouravoir plus de possibilités". La Russie distribue les passeports comme des petits pains,s'attachant ainsi une population déjà acquise.

n

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

lPITESTI

SUCEAVAl CLUJ

L'UE apporte une aide de 2 M€ àla Moldavie pour l'aider à financer à33 % le coût des passeports biomé-triques désormais exigés desMoldaves pour pénétrer dans l'espa-ce européen. Bruxelles doit envoyerà Chisinau une mission pour étudierune libéralisation du régime de déli-vrance des visas. Les autorités mol-daves ont entamé le 12 janvier der-nier le premier round de négociationsen vue de la signature d'un accordd'association avec l'UE.

Passeport s biométriques pour les Moldaves

CHISINAUl

l

l

Le Russe Medvedev et le dictateur mafieux Smirnovaffichent leur amitié dans les rues de Tiraspol.

Moldaviela Transnistrie reste sous la coupe de Moscou

Très symboliquement, lePrésident Basescu a réservé sapremière visite après sa

réélection à la Moldavie . Peu avant sondépart, il avait déclaré que le processusde rapprochement de la petite républiquesœur avec l'UE "était un projet de cœur,la Roumanie voulant se manifester acti-vement pour inclure Chisinau dansl'espace qui est historiquement le sien".Evoquant la question de la Transnistrie,le chef de l'Etat a aussi indiqué qu'"il nesignerait jamais un traité remettant encause les frontières actuelles de laMoldavie", insistant sur le "rôle plus sou-tenu que Bruxelles devait avoir dans larésolution de ce conflit".

Sur le plan économique, le président

roumain a annoncé le don à la Moldaviede 100 M€ pour l'aider à dépasser lacrise actuelle. Trois autres grands dos-siers ont été abordés avec ses homolo-gues moldaves. La Roumanie va financerl'interconnexion du système de gazDochia-Ungheni-Iasi entre les deux payspour que la Moldavie ne soit plus unique-ment dépendante de l'approvisionnementrusse et de ses chantages périodiques. Il aégalement promis de faire débloquer unprêt européen de 30 M€ pour l'électrifi-cation à 400 KV de la ligne de chemin defer Suceava-Balti. Dès la fin de 2010, l'é-lectrification à 110 KW de la ligneFalciu-Gotesti devrait être achevé.

Traian Basescu a suggéré que laMoldavie équipe peu à peu ses lignes dechemin de fer de rails à l'écartement euro-compatible, plus petit que l’actuel, sovié-tique, afin de faciliter les liaisons avec laRoumanie.un signe pour déterminer àquel espace économique, et donc poli-tique, le pays veut appartenir.

Le Président a également réaffirmésa volonté de faciliter l'obtention de la

citoyenneté roumaine aux Moldaves quis'en réclament, une agence devant êtreouverte à l'intention de ceux qui l'ont per-due. D'autres antennes suivront à Iasi,Galati, Suceava, Cluj et Timisoara.

Nouveau poste frontière

Enfin, il a annoncé l’ouverture d’unnouveau poste frontière entre les deuxpays, à Radauti-Prut (Botosani) - Lip-cani. Chose faite le 15 février, ce quiréduit la distance avec l'autre poste fron-tière le plus proche à 85 km. Toutefois, lalibre circulation entre les deux pays estentravée par un autre problème, non régléen dépit des engagements du présidentroumain: les citoyens moldaves doiventapporter la preuve qu'ils disposent d'aumoins 500 € quant ils entrent enRoumanie. Cependant, ceux qui habitentà moins de 50 km de la frontière dispo-sent depuis le 1er mars d’un documentleur permettant de la franchir librement,ce qui concerne une population de 1,25million Moldaves de 361 communes.

Traian Basescu a réservé sa première visite à la Moldavie

Six journaux roumains sontdésormais distribués à Chisinau:Libertatea, Jurnalul National,Adevarul, Academia Catavencu,Gazeta Sporturilor et Pro Sportsont disponibles depuis février dansles kiosques à journaux Moldpresa.Dans un premier temps, seules leséditions du lundi et du mardi sont dis-tribuées. Le nombre de publicationsdistribués pourrait être élargi.

Bucarest a apporté une aide finan-cière de 50 000 euros à Haïti suite autremblement de terre. Cette aide s'a-joute à la contribution roumaine vial'Union européenne, mais beaucoupd'observateurs considèrent ce mon-tant ridicule. A titre de comparaison,la Moldavie voisine, dix fois plus peti-te, a débloqué une somme deux foisplus importante.

Haïti: la Moldavie deuxfois plus généreuseque la Roumanie

Des journaux roumains à Chisinau

Vrai ét at fantôme

"Ici, c'est juste une filiale de la Russie"

Bucarest et Chisinau renforcent leurs liens

Comme en 2005, le Président Basescu aeffectué sa première visite d'après-élections

en Moldavie, y recevant un accueil chaleureux.

Page 7: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Actualité

Le Premier ministre est vexé et le fait savoir. Emil

Boc n'admet pas d'être payé jusqu'à 30 fois moinsque certains de ses subalternes. Il perçoit en effet

un salaire mensuel de 1200 €, alors que les dirigeants desbanques d'Etat, comme Radu Gratian Ghetea, le président dela CEC, sont appointés à 16 000 €, ou que la présidente duFonds de propriété, Daniela Lulache, s'était attribué 36 000 €de revenus mensuels. Emil Boc a donc enjoint à ses cadres derevenir à des émoluments plus décents, demandant publique-ment à Ionut Costea, président de l'Eximbank, de ramener sonsalaire de 20 000 à 1000 €, soit l'équivalent de celui d'unsecrétaire d'Etat. Il a averti qu'il emploierait les moyens qu'ilfaut pour arriver à ses fins.

Interrogé sur les émoluments de Mugur Isarescu, gouver-

neur de la Banque Nationale de Roumanie (7000€), le Premierministre les a trouvés corrects, par rapport à ceux des ban-quiers et de ses responsabilités.

Tout comme les salaires de certains autres de ses subor-donnés: Horia Roman Patapievici, président de l'InstitutCulturel Roumains (4600 €), du chef de la CommissionNationale des Valeurs immobilières (4000 €), du président del'Institut d'investigation sur les crimes du communisme,Marius Oprea (2000 €).

Gouverneur de la Banque Centrale Européenne, Jean-Claude Trichet touche 28 700 €, Ben Bernanke, gouverneurde la Banque Centrale Américaine, 10 200 €, Mervyn King dela Banque Centrale d'Angleterre, 31 600 €, et Andras Simorde la Banque Centrale de Hongrie, 29 000 €.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1312

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Très décrié pour sa gestion des intempéries, le maire de Bucarest Sorin

Oprescu a décidé de lancer une grande campagne de réparation des innom-brables nids de poule qui ont fait leur apparition sur plus d'une centaine

d'artères importantes de la capitale, suite aux fortes chutes de neige et aux inondations.Il a annoncé en fanfare que les routes seraient répa-rées en une semaine ou dix jours, s'est déclaré près àfaire appel à l'Armée, et est apparu sur le terrain, listedes rues concernées à la main, sur Realitatea Tv,assistant aux réparations. Sauf que cette mobilisationgénérale semble plus relever d'une volonté d'amélio-rer son image que de celle de résoudre les problèmesde ses administrés. Le site d'informations en ligneHotnews.ro a publié un enregistrement de la réunionorganisée la veille à la mairie sur ces réparations…"Ils veulent voir du sang sur les murs, ils veulent mevoir engueuler les ouvriers (…), voir que le maire lesa pris en charge", explique Oprescu lors de cette

fameuse réunion. Il en ressort que le maire avait minutieusement organisé une campa-gne médiatique, le présentant en train d'"engueler" les ouvriers en train de réparerl'asphalte pour prouver qu'il prenait les choses en main, qu'il considérait bien ce pro-blème comme une urgence et faire ainsi "taire la presse". Pris en flagrant délit, le mairede Bucarest risque bien de voir son image s'écorner un peu plus.

n

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

SUCEAVA

R. VÂLCEAlPITESTI

l

CLUJ

PLOIESTIl

l

l

Non seulement la formation poli-tique du président Traian Basescu, leParti démocrate-libéral (PD-L) envi-sage de changer de nom, pour deve-nir le Parti populaire, mais elle secherche aussi un nouveau symbole,pour remplacer la rose actuelle,jugée "fanée". Rassemblés à PoianaBrasov, où la vieille garde du partis'est opposée aux réformateursincarnés par Cristian Preda, lesdémocrates-libéraux ont lancé demultiples idées: une pomme, uneancre, un nœud de marin, un gouver-nail ou même une sirène. La nouvelleidentité visuelle de la formationdevrait être choisie lors du prochaincongrès du parti.

Le PD-L va devenir le Parti populaire

l

l

CHISINAU

l

Politique Sorin Oprescu pris Payé trente fois moins, Emil Boc demande

aux banquiers de réduire leurs salaires

Politique

Le maire PD-L (Pro-Basescu) de la ville deRamnicu Valcea, Mircea Gutau, ainsique l'ancien vice-maire, Nicolae Dicu, ont

été transférés au pénitencier de Colibasi. Ils ont étécondamnés à trois ans et demi de prison pour prise depots-de-vin. En 2006, la DNA (Direction nationaleanti-corruption) avait surpris les deux hommes en fla-grant délit mais, malgré les preuves, le tribunal d'AlbaIula (ouest) avait décidé leur acquittement. Cettedécision avait été confirmée par la Cour d'appel de Constanta. La Cour suprême acontredit ces précédents acquittements et rendu une sentence définitive et irrévocable.Néanmoins, Mircea Gutau a été fait citoyen d'honneur de la ville par son conseil muni-cipal, décision appuyée par la signature d'une pétition par plusieurs milliers de sesconcitoyens. Son second vice-maire, Romeo Radulescu, qui assure l'intérim, a l'inten-tion d'aller lui remettre son diplôme à la prison de Colibasi où il purge sa peine.

Onze millions d'euros: c'est lasomme totale dépensée parles douze candidats dans la

course à Cotroceni à l'automne dernier.Selon les données fournies par les candi-dats à l'Autorité électorale permanente,Traian Basescu est celui qui a "investi"le plus dans sa campagne, dépensant 3,7millions d'euros. Il est suivi par MirceaGeoana, qui a lui dépensé 3 millions

d'euros. Mais beaucoup d'associationsdénoncent ces chiffres officiels et l'opaci-té du financement politique. Elles esti-ment en effet que les coûts de campagneont été bien plus importants. Le patron dusyndicat des transporteurs routiers,Augustin Hagiu, a d'ailleurs déclaré queles sociétés de transport avaient réaliséun "transport électoral sans précédent"lors de la dernière campagne.Le dissident anti-communiste

Vasile Paraschiv ne recevra aucunecompensation de la part de l'Etat rou-main pour les tortures qu'il a endu-rées durant le régime de NicolaeCeausescu. La décision a été prisepar les magistrats de la Cour suprê-me de Roumanie. Ils ont ainsi rejetédéfinitivement l'appel fait par l'unedes figures de la dissidence sous lecommunisme. La première décisiondu tribunal de Bucarest lui avaitdonné raison et obligeait l'Etat à luiverser 300 000 euros. Les autoritésavaient toutefois fait appel et obtenul'annulation de cette décision. La rai-son invoquée, qui vient d'être confir-mée par la Cour suprême, est laprescription des faits.

Prescription des fait s de tortures: le dissident V asileParaschiv débouté

La camp agne présidentielle de Basescu a coûté plus de 3,7 millions d'euros

Le maire corrompu fait citoyen d'honneur

Pannes de courants, immeublesqui ne sont plus chauffés, rou-tes rendues impraticables par

leurs nids de poules, digues emportéespar les inondations… les réseaux etinfrastructures roumaines sont dans unétat déplorable et il faudra de nombreusesannées aux autorités pour y remédier. Onestime au minimum à 40 milliards d'eurosles investissements nécessaires pour semettre au niveau de l'Europe, une sommeastronomique pour un pays en pleinecrise, qui est obligé d'avoir recours à l'ai-de du FMI, de la Banque Mondiale et del'UE, pour boucler ses fins de mois.

Le système d'énergie électrique abesoin d'urgence de 20 milliards d'eurosdans la décennie pour devenir efficient.L'Etat et les compagnies privées doiventdonc investir deux milliards par an, dontla moitié consacrée à la production d'é-lectricité et l'autre à son transport et sadistribution. Le réseau d'origine ther-mique, qui assure 50 % de la production,doit être refait totalement, notammentpour respecter les normes environnemen-tales. Alors que les équipements moder-nes ont un rendement de 60 % et uneémission de dioxyde de carbone de

200kg/MGW, en Roumanie ils sont de30 % et d'une tonne par MGW.

Ce n'est pas le seul problème dans cedomaine auquel le pays est confronté: lesvilles se sont agrandies, les habitudes deconsommation ont changé mais le réseaude distribution, datant de plus de 30 ans,est resté le même, notoirement insuffi-sant, notamment à Bucarest où des pro-blèmes d'approvisionnement surviennentrégulièrement dans les secteurs ouest etsud de la capitale.

Deux siècles pour moderniser

le réseau de chauffage

La situation n'est guère meilleure ence qui concerne le réseau de chauffage,vieux de plus de 40 ans. A Pitesti, les per-tes sont de 70 % ! Radet, le distributeur,deuxième en Europe par sa taille, abesoin de centaines de millions d'eurospour refaire son système de canalisation,long de 4000 km, lequel n'a été rénovéqu'à 20 % pour l'instant. L'an dernier, lacompagnie n'a pu moderniser que sixkilomètres. En 2010, sa dotation lui per-mettra de changer 20 km de conduits. Ace rythme, son directeur a calculé que le

réseau de Bucarest sera complètementrénové dans 20 ans… et le reste du paysdans deux siècles !

Le réseau routier - 15 600 km de rou-tes nationales - doit être refait à 70 %, cequi nécessite 5 milliards d'euros. A500 000 € le kilomètre, il faudrait enga-ger un milliard d'euros par an pour y par-venir dans les 5 prochaines années et yajouter les investissements prévus pour laréalisation du corridor de transport pan-européen IV et de quelques autres infras-tructures. Environ 8000 km de voies fer-rées, soit 38 % du réseau de 20 385 km dupays doivent également être impérative-ment réhabilités, dont 11 000 des 18 000ponts ou ouvrages d'art, pour un coût esti-mé à 2,5 milliards d'euros.

Enfin, confrontée pratiquementchaque année à des inondations dévasta-trices, du fait notamment de la déforesta-tion, la Roumanie doit refaire d'urgenceses digues. L'Etat entend leur donnerun statut de protection supérieur à celuiexistant, pour faire face à des crues cen-tennales. Il a donc programmé 250 M€

d'investissement chaque année jusqu'en2030, soit une dépense totale de5 milliards d'euros.

Energie, chauffage, routes, voies ferrées, digues: la Roumanie à la traîne

Quarante milliards d'euros à investir pour se mettre à niveau

Pour avoir hérité d'une situation catastrophique à la chute du communisme et ne pas avoir entrepris d'investissements

ces vingt dernières années, faute de moyens mais aussi de compétences et de volonté, la Roumanie se trouve très loin à la

traîne derrière ses partenaires européens en ce qui concerne ses réseaux, complètement obsolètes, qu'elle doit moderniser

ou rénover intégralement. Mais la facture est lourde: le pays a besoin de 40 milliards d'euros pour se remettre à niveau,

soit près d'un tiers de son PIB et plus du double de son budget annuel.

en flagrant délit de démagogie

Equipement

Page 8: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Actualité

En 1990-1991, seulement 28-29% de la population sevouait encore à l'agriculture à la suite de l'industrialisation for-cée de la période communiste, imposant l'exode urbain demillions de personnes vivant dans les campagnes. Après lachute du communisme, le processus s'est inversé: nombre dechômeurs, de retraités anticipés et d'autres travailleurs appau-vris par la transition, ont trouvé dans l'agriculture un dernierrefuge, une ressource ultime leur permettant de survivre*.

Mais cet afflux a précipité lachute de la productivité. Si, dans lesannées 1995, la part de l'agriculturedans le PIB représentait 19%, elle necompte plus que pour 6-7%. Pourtant,il lui faut nourrir une population équi-valente. En émiettant la restitutiondes terres, ou en la différant à la suited'imbroglios et de contestations traî-nant en longueur devant les tribu-naux, ce qui fait qu'elles ne peuventêtre ni vendues ni achetées, le pou-voir n'a fait qu'empirer le problèmede la compétitivité de l'agricultureroumaine.

90% des exploitations agricoles mesurent moins de 5 ha,que les paysans labourent à la binette et à la charrue tirée pardes chevaux. Cela porte le nom d'agriculture vivrière, dont laproduction est destinée principalement à la consommation del'exploitant, et non à la commercialisation. La Roumanie nedispose pas encore de suffisamment de fermes modernes et leconcept d'exploitant agricole n'est même pas bien entré dans levocabulaire.

Le PIB agricole se mesure

en nombre de cochons ou de poules

Aujourdhui, le véritable PIB de l'agricuture roumaine nese mesure pas en statistiques, mais en cochons, un de plus oude moins, en poules, 7 au lieu de 5, et en veaux mis au mondepar des vaches sous-alimentées. La modernisation - raccorde-ment à l'eau courante ou aux canalisations, emprunts auprès debanques pour se développer - est loin des préoccupations dupaysan roumain qui ne peut même pas utiliser efficacement lesfonds de l'UE, à cause d'un système défaillant.

Considérant que l'agriculture représente désormais moinsde 10 % du PIB, l'Etat s'en désintéresse, misant sur l'industrieet les services. Tant que le problème de la propriété des ter-rains ne sera pas réglé, les parcelles ne pourront pas fusionnerpour permettre une rentabilité décente. Les prix des terrescontinuent donc à baisser, rendant le secteur peu attractif. Sansmoyens financiers, sans capital, les éléments propices à sondéveloppement ne sont pas présents : bonne gestion et lobbys

capable de peser sur l'adoption destextes législatifs.

C'est ignorer que les denréesalimentaires pèsent lourd dans lepanier du consommateur (37,6%).Si la contribution du secteur primai-re à la richesse nationale est relati-vement faible, une saison agricoletouchée par la sécheresse ou par lesinondations conduit invariablementà la flambée des prix. Cela se traduitsoit par une hausse de l'inflation,soit par le déséquilibre de la balancecommerciale. Rien n'y fait. Les gou-

vernements successifs persistent à proclamer que la privatisa-tion de l'agriculture a été couronnée de succès !

Ionut Balan (Saptamâna Financiara)

Traduit par Ramona Delcea (Le Courrier des Balkans)

* La "transition" s'est déroulée en 3 étapes depuis la"Révolution". Dans un premier temps, les chômeurs se sonttransformés en pensionnés, parfois pour raison de "maladie",un tiers de la population quitant la vie active et un retraité surtrois seulement atteignant l'âge légal du départ à la retraite.

Dans une deuxième étape, on a assisté à un "exodeurbain”: les chômeurs, pensionnés ou travailleurs, migrantvers les campagnes. Si en 1990, 28-29% de la populationvivait de l'agriculture, en dix ans la hausse a été vertigineuse:en 2001, ce chiffre a atteint 41%.

Le troisième acte se termine par l'émigration en masse -souvent temporaire - notamment à l'occasion de la levée desrestrictions de circulation sur le Vieux Continent et de l'entréede la Roumanie dans l'UE.

Un quatrième se dessine actuellement: le retour au pays...qui marquerait la fin de la "transition".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1514

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Si la Roumanie dispose du 9ème plus grand territoire de l'Union Européenne

et d'une de ses plus grandes surfaces cultivables et effectivement cultivées… elle

figure cependant aux dernières places en terme de production. Loin d'être un atout,

l'agriculture est devenu un poids pour un pays qui, doté de la 7ème population de

l'UE, a le potentiel de devenir aussi sa 7ème ou 8ème puissance économique.

Quatrième pays de l'UE en surfaces cultivée en blé, derrière la France,l'Allemagne et la Pologne, et tout près de ces deux derniers, la Roumanien'occupe que le 24ème rang sur 27 en termes de rendement: 2,3 tonnes de

blé par hectare alors que les Bulgares en récoltent 3,2, les Hongrois 3,8, les Polonais 4,les Tchèques et les Slovaques 5. Des performances à comparer aux 8 tonnes que produi-sent l'Irlande, les Pays Bas, la Belgique, la Grande Bretagne, la France ou l'Allemagne!

Et le blé n'est pas l'exception. L'orge connaît la même situation désastreuse: 8èmeplace pour la surface cultivée et seulement 23ème en matière de production. Pour lecolza, le rapport est de 5 à 23. La surface cultivée de maïs est la plus élevée d'Europe,mais la Roumanie n'est que 18ème en termes de production. Bonne position pour lapomme de terre, aussi, avec la 3ème surface cultivée de l'UE, qui tombe, malheureuse-ment, à la 11ème place en matière de production. Enfin, pour le tournesol, l'écart est éga-lement important : 2ème place en surface et seulement 18ème en rendement.

Les superficies en jachère ont doublé

La situation s'est égalementdégradée là même où la Roumaniesemblait occuper une position envia-ble: la surface cultivée. Selon lesstatistiques d'Eurostat, la plupart despays de l'Est de l'Europe ont conser-vé sinon augmenté leurs surfacescultivées en blé lors des 20 dernièresannées. Les pays baltiques ont enre-gistré des progressions spectaculai-res: la Lettonie a doublé sa surfacecultivée et l'Estonie l'a multipliéepar 5 en 20 ans.

La Roumanie disposait, en 1987, de 2,4 millions d'hectares cultivés de blé, et laPologne 2,1 millions. Aujourd'hui, les positions se sont inversées: la Pologne cultive dublé sur 2,4 millions d'hectares et la Roumanie sur 2,2. Cela veut dire que la surface cul-tivable laissée en jachères est en forte progression. Si, en 2005, les jachères représen-taient 5,3% des terres cultivables, en 2009 c'est le double, avec 10,4%. Et ce pourcen-tage aurait été encore plus élevé sans le colza destiné à la production de biocarburant :de 87 800 ha en 2005, le colza est passé à 440 000, et pourrait atteindre 490 000 ha en2010. Les Roumains ont préféré en planter, plutôt que de ne rien planter du tout.

Mais que s'est-il passé pour les cultures de plantes textiles (lin et chanvre), du tabacet de betterave à sucre qui s'étendaient sur des milliers d'hectares il y a quelques dizai-nes d'années à peine ? Le lin et de chanvre ne couvrent actuellement que 30 hectares, letabac a chuté de 9000/12000 ha à 885, tandis que la betterave a été sacrifiée lors desnégociations avec l'UE.

90% des exploitations agricoles font moins de 5 hectares

Inutile d'aller chercher des boucs émissaires comme la défaillance du système d'ir-rigation ou la rupture des digues lors de crues pour expliquer ce désastre. Il faut regar-der avant tout du côté des ressources humaines.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

l

TIMISOARA

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

ARAD

SUCEAVA

lPLOIESTI

l

CLUJ

SIBIU

l

puissances agricoles de l'UE, mais ses rendement s le relègue aux dernières places

l

des terres n'a pas été couronnée de succès !

Agriculture Le pays devrait être l'une des princip ales

Population : 21 542 000 habitantsSuperficie : 238 391 km 2PIB estimé pour 2008 : 139 milliardsd'euros (+5,8 %).PIB estimé pour 2009 : - 4,1 %Croissance en % du PIB en 2008 :8,5 % (moyenne UE : 0,9 %)Croissance estimée en 2009 : - 7 %(UE : 0,2 %)PIB/habit ant : 6465 € (indice : 44,3sur la base UE de 100)Déficit public en % du PIB en 2009:7,3 % (UE : 0,9 %)Dette publique en % du PIB en2007: 28,7 % (UE : 58,7 %)Taux d'inflation en 2008 : + 7,9 %(UE: 3,7 %)Chômage en % de la populationactive en 2008 : 5,8 % (UE : 7 %)Chômage en novembre 2009 : 7,5%(UE: 7,6 %)Salaire moyen net : 320 € (+23,2 %)

-Le plus élevé (finances) : 966 €-Le plus faible (bois) : 181 €

Salaire minimum net : 150 €(employés), 285 € (cadres)Retraite mensuelle moyenne: 150 €Minimum vieillesse: 75 €Espérance de vie (hommes/femmes):68-75 ans

Moldavie* :Population : 4 350 000 habitantsPopulation émigrée : 25 % Population sur place : 3 250 000Superficie : 33 700 km 2PIB : 7,2 milliards d'euros (+ 4 %)PIB/habit ant : 2110 €Inflation : 12,7 %Salaire minimum : 58 €Salaire moyen : 170 € à Chisinau,80 € dans le reste du paysChômage (chiffre officiel) : 8 %Espérance de vie (hommes/femmes):62-70 ans*Chif fres donnés sous réserves

Les chiffres

Non… la privatisation

A la queue pour les routes

Nouveau record, mais peu flatteur pour la Roumanie : selon un rapport de laBanque mondiale, le pays a les routes en plus mauvais état, le moins d'au-toroutes et le prix par kilomètre construit le plus élevé de l'Union euro-

péenne. Ainsi, un kilomètre d'autoroute coûte au minimum 80 millions d'euros, tandisqu'en France, le tarif moyen est de 18 millions, et en Grèce de 10 millions. En 2009,42 kilomètres d'autoroute ont été construits sur 836 promis par le ministère desTransports d'ici à 2012. Dans le même temps, 80 kilomètres de routes ont été détruits.En 2010, 100 kilomètres supplémentaires d'autoroute doivent être construits.

Le gouvernement moldave adécidé d'envoyer une délé-gation d'hommes d'affaires

dans des expositions internationales dehuit pays, à savoir la Russie,l'Allemagne, la Chine, la Biélorussie,la Belgique, la Suisse, la GrandeBretagne et la Lettonie.

La Moldavie s'exporte

De nombreux paysans labourent encore à la charrue tirée par des chevaux.

Pour le tourisme et les photographes, c’est bien...pour le rendement et la prospérité, c’est autre chose !

Page 9: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Actualité

Impôt s: un potentiel énorme non collecté

Le potentiel de collecte des impôts est "énorme" enRoumanie, d'après Mihai Tanasescu, le représentant de laRoumanie au FMI: "il n'y a pas besoin d'augmenter les taxeset les impôts, mais il faut simplement mieux les collecter". Lesrevenus budgétaires de la Roumanie représentent 31% de sonPIB (Produit intérieur brut), soit entre 10 et 12 points en des-sous de la moyenne de l'Union européenne. Le budget 2010 neprévoit aucune modification des principales taxes actuelles.

Fraudes fiscales

Le gouvernement a l'intention de soumettre à un impôtsforfaitaire 26 professions où la fraude et l'évasion fiscale sontrépandues. Parmi elles, celles qui touchent aux activités touris-tiques, d'hébergement, de restauration et de loisirs, les métiersde l'artisanat et de réparation… et les pompes funèbres.

Les immatriculations de voitures neuves en chute libre

Le total des immatriculations de voitures neuves en 2009a été de 116 012, en baisse de 59% par rapport à 2008, selonles chiffres de la Direction du régime des permis de conduireet des immatriculations. Le marché des voitures d'occasion amoins souffert, avec une baisse de 11%, soit 275 012 immatri-culations, toujours par rapport à 2008.

Objectif: un million de Logan produites dès cette année

Dacia a enregistré une année record avec plus de 310 000véhicules vendus dans le monde, soit + 20,5% par rapport à2008. La firme de Pitesti a vendu 85 000 Logan l'année derniè-re en Allemagne, soit 2,1 % du marché intérieur allemand,60 000 en France, 20 000 en Italie. Dacia reste leader sur lemarché roumain, même si ses ventes dans le pays ont baissé deplus de 50% en 2009, pour se situer à 45 000 véhicules. Parailleurs, sa maison-mère, Renault, a décidé de concrétiser àpartir de cette année son objectif de produire annuellement unmillion de Logan à travers le monde dans l'ensemble de ses

usines de Roumanie, Russie, Maroc, Colombie, Iran et Inde.La Logan va être prochainement commercialisée en Tunisie, àpartir de véhicules construits au Maroc.

Renault recrute 300 ingénieurs

Avec six mois de retard sur les prévisions, Renault vainaugurer en octobre prochain son centre d'essais pour sesvéhicules de Titu (judet Dâmbovita) et a commencé le recrute-ment de 300 ingénieurs. Le constructeur a trouvé le finance-ment qu'il recherchait auprès de l'Etat roumain (28 M€), obte-nant un prêt de la Banque Européenne d'Investissements de83 M€ et la participation pour 44 M€ de la BERD à la majo-ration de son capital. A Titu, Renault procèdera aux essais detoute la gamme de ses véhicules, aussi bien dans des condi-tions de pluie, que de gel, de fortes chaleurs, de soleil éblouis-sant, de vent de sable, etc. En 2011, la firme finalisera la réali-sation de pistes d'essais sur 30 km avec des portions de boue,de cailloux, de dénivelés, de trottoirs. Depuis son installationen Roumanie, à Mioveni, près de Pitesti, pour la production dela Logan, le constructeur a investi 1,5 milliard d'euros.

Heineken ferme à Hateg

Heineken Roumanie a annoncé sa décision de fermer sonsite de production de bière de Hateg ( judet d' Hunedoara, prèsde Deva), licenciant sa centaine d'employés, regroupant sonactivité dans ses autres brasseries roumaines, situées àMiercurea Ciuc, Târgu Mures, Craiova et Constantsa.

Gaz: la Roumanie veut s'allier avec la Georgie et l'Azerbaïdjan

Le secrétaire d'Etat au ministère de l'Economie TudorSerban a déclaré hier que la Roumanie allait signer en mars un"protocole tripartite" avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan pour letransport de gaz. Cet accord doit aboutir à la construction dedeux terminaux de gaz naturel liquide de très haute capacitédans le port de Constanta (Est) et dans une localité de Géorgie.L'investissement total se chiffrera à hauteur de 4 à 6 milliardsd'euros. "La Roumanie peut devenir un nœud énergétiqueimportant en Europe", a-t-il affirmé.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1716

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Près de 200 000 sociétés roumaines ont été suspendues, dissoutes ou radiéespar l'Office national du registre du commerce (ONRC) en 2009. La suspen-sion temporaire d'activité a été la méthode la plus utilisée par les entreprises

en difficulté. Elles ont été 133 362 l'année dernière à choisir cette solution, soit une aug-mentation de plus de 1000 % par rapport à 2008. Le nombre de dissolution volontairea lui augmenté de près de 400 % et celui des radiations volontaires d'environ 150 %.

A Bucarest, plus de 20 000 sociétés ont suspendu leur activité, contre 7000 à Clujou encore 4000 à Brasov. La région la plus touchée est la Moldavie, alors que les dépar-tements de Giurgiu et Teleorman, parmi les plus pauvres du pays, s'en sortent mieux.Au 1er janvier 2010, l'ONRC enregistrait 690 000 sociétés (personnes juridiques) acti-ves dans le pays, dont environ un quart domicilié à Bucarest. En janvier, la situation nes'est pas améliorée. Le nombre de sociétés qui ont suspendu leur activité à travers lepays a été multiplié par 4 par rapport à janvier 2009. Plus de 6000 entreprises ont ainsiété mises en suspens, contre 1358 il y a un an. Le nombre de sociétés dissoutes a luidoublé; idem pour celui des firmes radiées du registre du commerce. Enfin, le nombrede nouvelles sociétés enregistrées a baissé de 23% en comparaison avec janvier 2009.

Chute de la consommation

En 2009, les Roumains ont acheté deux fois moins de biens électroménagers ou deconsommation (téléviseurs, réfrigérateurs, ordinateurs, appareils photos), ce secteurn'enregistrant que 1,42 milliard d'euros de chiffre d'affaires au lieu de près de 3milliards. Parallèlement, le marché des voitures neuves a connu la baisse la plus dras-tique de l'UE en janvier (- 85 % par rapport à janvier 2008), alors que, sous l'effet desprimes à la casse des véhicules anciens, il progressait de + 13 % dans les autres pays.

Baisse de moitié des investissements étrangers

Les investissements directs étrangers (IDE) effectués en Roumanie ont baissé de48,4% en 2009, à 4,89 milliards d'euros. Du total des investissements attirés, les parti-cipations au capital, notamment le profit réinvesti, ont représenté 3,06 milliards d'euros,en baisse de 37% par rapport à 2008. Les crédits intra-groupe ont atteint pour leur part1,83 milliard d'euros. La Roumanie avait attiré 9,49 milliards d'euros d'IDE en 2008.

Recul du déficit commercial

La Roumanie a enregistré un déficit commercial de 9,7 milliards d'euros en 2009,en baisse de 58% par rapport à 2008, a annoncé mardi l'Institut national de la statistique(INS). Durement touchée par la crise économique, la Roumanie a drastiquement réduitses importations en 2009, à 38,7 milliards d'euros, soit une chute de 32,3%. Les expor-tations se sont élevées à 29 milliards d'euros, en baisse de 13,9%.

Grâce à l'exportation de quelque 270 000 véhicules fabriqués par Dacia (groupeRenault), les livraisons d'automobiles et d'équipements de transport ont pour la premiè-re fois devancé de près de dix points les importations de biens similaires. Les échangesavec les pays de l'Union européenne ont représenté 74,2% du total pour les exportationset 73,2% pour les importations. En 2008, la Roumanie avait enregistré un déficit com-mercial record, de 23,5 milliards d'euros, malgré une progression plus rapide des expor-tations par rapport aux importations.

Les taux d'intérêt en baisse

Les taux d'intérêt (en leu) pourraient tourner autour de 7 à 8% avant la fin de l'an-née, d'après les experts. Depuis le début de l'année, les taux d'intérêt ont déjà connu unebaisse, passant de plus de 10% à environ 8%.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

l

TIMISOARA

CHISINAU

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

M. CIUCl

lPITESTI

l

lGIURGIU

2009 année noire pour

les sociétés roumaines

BRANl

La Roumanie renforce sa position

de "bon élève capitaliste"

l

l

Un milliard d'eurosempruntés cette année

La Roumanie s'apprêtait àemprunter un milliard d'euros sur lemarché européen, somme qui pour-rait être portée à 1,5 milliard. En2009, la Roumanie avait emprunté14,1 milliards d'euros, soit 5 fois plusque l'année précédente, dont 6,9milliards au FMI, 1,5 milliards à l'UEet 300 millions à la Banque Mondiale.

Les ministres des Finances euro-péens ont donné une année supplé-mentaire à la Roumanie, la Lituanie etMalte pour ramener leur déficit publicsous la limite autorisée de 3% duPIB. Ils ont ainsi suivi une recomman-dation de la Commission qui visait àtenir compte de "la détérioration signi-ficative de la situation économique"dans ces pays. Malte a désormaisjusque 2011 pour revenir dans lesclous du Pacte européen de stabilitéet de croissance, et la Rou-manie etla Lituanie jusque 2012. L'UE avaitlancé en juillet des procédures pourdéficit excessif contre ces pays, dontles finances publiques se sont dégra-dées avec la crise.

Un an de plus pour réduire le déficit

Economie Economie

La Banque mondiale prédit unereprise de la croissance roumaine en2010: l'institution table sur une haus-se de 0,5% pour cette année, avantle véritable rebond, prévu pour 2011,où la Roumanie devrait enregistrerune augmentation de son PIB compri-se entre 2,5 et 4,2%. Le gouverne-ment Boc, lui, table sur une croissan-ce de 1,3% pour 2010.

La croissance va repartir

L'indice de liberté économique - c'est-à-dire de déve-loppement capitaliste -, calculé chaque année parThe Heritage Foundation et le Wall Street

Journal, s'est amélioré pour la Roumanie en 2010. Le pays,qui gagne un point par rapport à l'année dernière, se classe dés-ormais en 63ème position sur 179 Etats recensés. Avec unecote de 64,2 sur 100, la Roumanie a plus ou moins le mêmeindice de liberté économique que celui de la France et devan-ce la Pologne, la Grèce, l'Italie et la Bulgarie. Sur les dix cri-

tères qui entrent dans le calcul de cet indice, cinq se sont amé-liorés pour la Roumanie, à savoir la liberté commerciale, laliberté d'investir, les droits de propriété, la liberté face à la cor-ruption et la liberté de travail. La liberté financière est parcontre restée égale, alors que la liberté des affaires, la libertéfiscale, les dépenses publiques et la liberté monétaire ont légè-rement diminué. Hong Kong et Singapour conduisent ce clas-sement avec respectivement des scores de 89,7 et 86,1. Au seinde l'UE, c'est l'Irlande qui occupe la première position.

A savoir

Page 10: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Actualité

CFR: licenciement s massifs

Pas loin de 10 000 salariés de la CFR(Chemins de fer roumains), dont 6000travaillent dans sa branche marchandise,devaient être licenciés à partir du 1ermars. Le ministère des Transports a prévude leur accorder un revenu complémen-taire qui viendra compléter les alloca-tions chômage classiques, pendant unepériode allant de douze à quinze mois.

Vers le million de chômeurs

Le FMI estime avec certitude quele nombre de chômeurs en Roumanie,qui a atteint 8,1 % de la population enjanvier soit 740 000 personnes, dépasserale million à la rentrée prochaine et leseuil psychologique de 10 %, avant deconnaître une baisse en fin d'année.Ce taux a été dépassé une seule foisdepuis le début des années 1990, en2003, lorsque qu'il avait atteint 8,6%. Lamajorité des chômeurs proviennent du

secteur privé, avec 605 371 personnesrecensées. Les départements deMehedinti (14,5%), de Vaslui (13,5%) etde Alba (13,4%) sont les plus touchés,alors que Bucarest (2,4%), Ilfov (2,6%)et Timis (4,4%) sont les territoires lesplus épargnés.

Réforme des droit s d'auteur

Le paiement des droits d'auteur devraà présent inclure une cotisation auprès dela caisse d'assurance de santé. Une mesu-re qui va faire baisser les revenus desemployés de 10,5% tandis que lesemployeurs devront payer 20,8% en plus.

Treizième mois

Le Premier ministre a assuré lesfonctionnaires qu'ils allaient recevoir leur13ème mois pour 2009 d'ici le mois d'a-vril, indiquant que c'était la dernière fois,cet avantage salarial étant supprimé àpartir de 2010.

La crise hôtelière favorable aux client s

Baisse du nombre de clients, maisaussi des tarifs, 2009 est à marquer d'unepierre noire pour les hôtels de Bucarest,dont les prix étaient jusqu'ici supérieurs àceux pratiqués à Berlin.. Les établisse-ments trois étoiles ont enregistré un coef-ficient de remplissage de 37,3 % contre59,2 % l'année précédente, inférieur aux40 % estimés comme seuil de rentabilitépar l'industrie hôtelière.

Les prix des chambres se négociaienten moyenne à 213 lei la nuit (52 €) aulieu de 240 lei (58,5 €). Le taux de rem-plissage des quatre étoiles est tombé de54,5 % à 41,5 %, les tarifs de 314 lei(76,5 €) à 271 lei (66 €). La crise,lebaisse du nombre de touristes sont pas-sés par là, mais aussi augmentation del'offre, le nombre de chambres disponi-bles dans la capitale dépassant désormais10 000, dont 5200 en 4 étoiles et 3000 entrois étoiles.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

19

Les NOUVELLES de ROUMANIE

18

Actualité

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

HUNEDOARA

ZALAUARAD

l IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

CURTEA DE ARGES

SUCEAVA

lPITESTI

l

Si la Loi Robien 2003 imposant des dispositifs de sécurité dans le parc d'as-censeurs français n'a guère suscité la controverse, eu égard à une série d'ac-cidents ayant suffi à sensibiliser l'opinion, le chantier colossal qu'il a suscité

soulève bien des interrogations. Il est vrai que le parc français a la réputation d'être leplus vétuste d'Europe, avec ses 450 000 cabines dont la moitié a plus de 20 ans d'âge.

Si les pouvoirs publics ont pris la mesure de l'urgen-ce à le réhabiliter le parc français, il semble que l'on aitpéché encore une fois par manque d'anticipation. Face àl'ampleur de la tâche, il était aisé de deviner que le nom-bre d'entreprises susceptibles de répondre à la demandeserait restreint.

Du coup, le devis moyen par ascenseur s'élève à22 000 €, soit deux fois plus que le montant initialementavancé par les pouvoirs publics. Faute de concurrence,les entreprises spécialisées ont logiquement su tireravantage de leur position favorable sur un marché extrê-mement concentré. Face aux co-propriétés placéesdevant le fait accompli et déconcertées, les entreprisesont beau jeu de brandir l'argument sécuritaire pour lesconvaincre de lâcher un peu plus. Quatre entreprises separtagent aujourd'hui 90% du marché des ascenseurs en France (Koné, OTIS, Thyssen,Schindler), des entreprises qui ne peuvent être sur tous les fronts en même temps. C'estla raison pour laquelle le délai, initialement imposé par la loi, a été repoussé.

Sur les chantiers, des Dacia immatriculées en Roumanie

Côté anticipation, les pouvoirs publics sont loin du compte, c'est rien de le dire. Lemanque de main d'œuvre pénalise les chantiers, et parmi les 1500 techniciens recrutéscette année, il est aisé de constater que le renfort est loin d'être suffisant malgré unregain d'intérêt des chômeurs pour un des rares métiers qui embauche cette année, trou-ver une formation d'ascensoriste relève de l'exploit.Du coup, sur certains chantiers, leséquipes sont à 90% roumaines, et parmi les estafettes Peugeot, il n'est pas rare de trou-ver sur les chantiers des Dacia immatriculées en Roumanie.

Après tout, avec la main d'oeuvre polonaise ou roumaine, c'est toujours autant d'eu-ros épargnés pour ces multinationales, qui ne sont pas très regardantes lorsqu'il s'agit desous-traitance, un secteur où la règle du moins disant règne en maître.

Certains ont encore en mémoire les déboires de la société Comas - un sous-traitantde Schindler - qui se signalait l'année dernière par la mort accidentelle d'un de ses tech-niciens - un Roumain - suite à la chute d'une cabine d'ascenseur en cours de rénovation.Dans la profession, il se dit à mots couverts que cette main d'oeuvre venue de l'Est seraitloin de remplir les exigences des chartes Qualibat.

CHISINAU

BACAUl

l

Economie Social

a recours à la main d'oeuvre roumaine

Fly Taxi a perdu le monopole de ladesserte de l'aéroport Henri Coandade Bucarest détenu depuis 2004, à lasuite d'un appel d'offres très contro-versé, la compagnie ayant parmi sesactionnaires la femme même duPremier ministre de l'époque, consi-déré comme le dirigeant le plus cor-rompu, Adrian Nastase. Les voya-geurs atterrissant à Bucarest étaientobligés d'utiliser ses services, auxtarifs prohibitifs. Depuis le 1er février,13 autres compagnies et 57 taxisindépendants sont autorisés à des-servir l'aéroport et un tarif maximum aété fixé: 3,5 lei par km, ce qui devraitramener la course vers le centre deBucarest aux environs de 15-20 €.

Prêt Japonais pour le métro de Bucarest

Retraites: les hommes cotisent

plus... et en profitent moinsAscensoristes : la France

La CNP a établi le profil d'un retraité homme moyen,touchant une pension de mensuelle de 732 lei(178 €) commençant sa carrière à 20 ans et qui

aura versé en 43,8 années de cotisation 301 000 lei (73 415 €).Son espérance de vie limitée à 5,3 ans lui fera récupérer surcette période 46 000 lei (11 220 €) de pension, soit un sixiè-me de ce qu'il aura versé. Mais ces statis-tiques sont vivement contestées par lessyndicats qui y viient une manipulation.

En 2015, l'âge de la retraite doit êtreporté à 65 ans pour les hommes, mais sonespérance de vie est estimée alors à 72 ans,suivant les prévisions de l'ONU. Le dés-équilibre se sera un peu réduit, le cumul desa pension représentant un cinquième decelui de ses cotisations. Aujourd'hui, envertu de la législation en vigueur - une loi datant de 2000 quiréglemente le système de retraites - l'âge légal du départ à laretraite est de 60 ans pour les femmes et de 65 ans pour leshommes, même si, en pratique, l'âge moyen est de 63,8 ans.

A l'heure actuelle, 5,5 millions de Roumains paient des

contributions au système de retraites, et la Roumanie enregis-tre un nombre presque équivalent de retraités. Le pays comp-te 0,98 retraité pour un actif. En 2050, le rapport devrait êtred'1,22 retraité pour un actif.

Pressé par le FMI, le gouvernement veut réformer le sys-tème, notamment en harmonisant les grilles et les régimes des

salariés. Après moult reports, le gouverne-ment Boc vient d'annoncer qu'il espéraitque le projet de loi serait adopté au plustard au mois de mai.

Première "révolution", il propose l'ali-gnement de l'âge de la retraite des femmessur celui des hommes, à 65 ans donc.Selon ce projet de loi, l'âge du départ à laretraite devrait reculer chaque année de 5mois, jusqu'en 2015 pour les hommes, et

jusqu'en 2030 pour les femmes. Une réforme que conteste leleader su syndicat Cartel Alfa, Bogdan Hossu, qui estimequ'elle ne doit pas être engagée avant que la moyenne de ladurée de vie des Roumains ne rejoigne celle des autres pays del'Union Européenne.

A savoir

Le Japon a décidé d'accorder unprêt de 315 M€ à son homologueroumain pour l'aider à construire laliaison de métro conduisant de la garedu Nord à Bucarest à l'aéroport inter-national Henri Coanda d'Otopeni.

Internet ultra-rapideLa Roumanie occupe la quatrième

position, pour le troisième trimestre2009, dans un classement mondialsur la rapidité des connexionsInternet, effectué par la compagnie ITAkamai. Avec une vitesse moyennede connexion de 6,2 Mbps, le paysest seulement devancé par la Coréedu Sud (14,6 Mbps), le Japon (7,9Mbps) et Hong Kong (7,6 Mbps). LaSuède (5,7 Mbps), l'Irlande (5,3 Mps)et les Pays-Bas (5,2 Mbps) suivent laRoumanie. Les Etats-Unis se classent18ème, avec une vitesse moyenne deconnexion de 3,9 Mbps.

Fly Taxi perd (enfin)son monopole

La dette extérieure moldave semontait à 580 M€ à la fin2009, en recul de 3 M€. Le

pays a exporté pour 900 M€ de marchan-dises l'an passé, montant en baisse de18 %, 52 % étant à destination de l'UE,40 % prenant le chemin de l'ancienneUnion Soviétique, la Russie figurant entête des partenaires commerciaux avec22 %, devant la Roumanie, 18,5 % et

l'Italie, 10,5 %. La Moldavie exporte, dansl'ordre, des produits alimentaires, bois-sons, tabac, produits végétaux, textiles etdes machines. L'euro s'échangeait à17,50 lei moldaves début février, en reculde 8 % par rapport à la fin 2009. La liaisonaérienne Chisinau-Saint Pétersbourg arri-ve en tête du trafic passager de laMoldavie, devançant celle avec Moscou,Francfort étant la troisième destination.

Dette extérieure moldave

La Caisse Nationale de Retraite a mis le doigt sur un déséquilibre flagrant en matière d'égalité devant la retraite entre

hommes, qui peuvent en bénéficier, en moyenne, à 63,8 ans et femmes, à 58,8 ans. Ils vivent moins longtemps et ont cotisé

davantage. La moyenne de vie des hommes est en effet de 69 ans, celle des femmes de 76 ans, lesquelles cotisent 5 ans de

moins mais bénéficient de leur retraite 8 ans de plus.

Page 11: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2120

Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

Evénements L'Etat roumain condamné

Deux frères juifs roumains déportés de 1941 à 1945 par le régime

d'Antonescu ont obtenu la condamnation de l'Etat roumain pour "les souffrances

et les abus" commis alors. Une première.

L'affaire Abraham pourrait bien faire jurisprudence et changer en profondeurle rapport de la Roumanie à son passé lors de la Seconde Guerre mondialeet notamment son rôle dans l'Holocauste. A l'époque, le régime fasciste des

légionnaires et du Maréchal Antonescu pratiquait une politique violemment antisémi-te et a déporté dans des conditions atroces près de 195 000 juifs roumains, originairesde Bessarabie et Bucovine, dans des camps de concentration en Transnistrie, régionautonomiste aujourd'hui située en république de Moldavie. La quasi-totalité n'enreviendront pas.

Parmi ces juifs, deux frères, Devy et Sami Abraham. Ils ont obtenu des domma-ges et intérêts pour les "abus" commis par le régime du Maréchal Antonescu. Le tri-bunal de Galati a condamné l'Etatroumain à leur verser 360 000 lei, soit180 000 € chacun. Le verdict a étéprononcé en juin dernier, mais lesdeux frères n'ont toujours rien perçu.L'Etat roumain condamné pour saparticipation à l'Holocauste. DevyAbraham avait 8 ans en 1941 lorsqu'ila été déporté avec son frère et sesparents, après que son père, Isac, aitété arrêté à Galati. Dans une interviewaccordée la semaine dernière au jour-nal Evenimentul Zilei, il raconte ce voyage vers les camps, le bateau jusqu'à l'Ukraine,les trains jusqu'à Chisinau, où ils rejoignent les dizaines de milliers de juifs déportéset deviennent des numéros parmi d'autres. "Nous avons marché des centaines de kilo-mètres. On s'est arrêté après neuf mois seulement, pas loin de Bug, dans le camp deHalcinet", se souvient Devy Abraham. Il restera jusqu'en 1945 dans ce camp deconcentration, où le travail forcé, la famine et la violence étaient la règle.

En 2005, Devy et son frère ont décidé de demander officiellement la condamna-tion des responsables de leurs souffrances. Après quatre longues années de procédure,ils viennent d'obtenir gain de cause et sont les premiers juifs à obtenir ainsi des répa-rations financières et la condamnation des actions du Maréchal Antonescu et du régi-me légionnaire.

Cent lei par an pour les survivants

Une première qui pourrait obliger la Roumanie à regarder enfin en face cettepériode de son histoire et prendre des mesures, voire une loi spécifiquement dédiéeaux victimes de l'Holocauste. "Cette sentence devrait donner l'impulsion au législa-teur pour évaluer et réfléchir à des mesures de réparation d'ordre général", expliqueMihai Ionescu, le directeur de l'Institut pour l'étude de l'Holocauste en Roumanie. Carjusqu'à présent, les survivants de l'Holocauste en Roumanie - qui sont encore plus de300 aujourd'hui - reçoivent l'équivalent de 100 lei par année de déportation et par mois.Cette décision de justice risque en tout cas de pousser les autres survivants des campsde Transnistrie à entamer à leur tour des actions judiciaires. "La décision est plus quejustifiée et il est très probable qu'elle va déterminer de nombreuses autres personnesà demander des dommages et intérêts devant les tribunaux", explique Liviu Beris, lui-même survivant du camp de Moghilev et président de l'association des juifs roumainsvictimes de l'Holocauste.

Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com / Bucarest)

pour sa participation à l'Holocauste

Un médecin de Bucarest avait ét abli et révélé la culp abilité desSoviétiques dans le massacre des 14 000 officiers polonais à KatynEvénements

Le drame de Rodica Marta et de sa mère a com-mencé en 1952 quand Alexandru Birkle, réfugié àWashington, a révélé dans une interview, pour la

première fois à la face du monde, que les Soviétiques étaientles auteurs du massacre de Katyn. Jusque là, Moscou et sesrelais dans les pays occidentaux tentaient d'accréditer la thèseselon laquelle la responsabilité en revenait à Hitler.

Médecin légiste, parlant parfaitement l'allemand et lepolonais, la langue de ses parents, Alexandru Birkle avait étédésigné par le maréchal Antonescu pour faire partie de la com-mission d'enquête internationale sur le massacre, comprenantdes représentants de la Belgique, Hollande, Italie, Suisse,Bohême, Moravie, Bulgarie, Croatie, Danemark, Finlande,Slovaquie et Hongrie, tous pays (sauf la Suisse) sous la bottede Hitler, ce qui, évidemment, à l'époque, entachait leur crédi-bilité. La commission s'était vite fait une religion sur le com-manditaire de la tuerie, identifiant la main de Staline (ce queMoscou a reconnu en 1990), et rendait son rapport en 1943.

"Coïncidence malheureuse", la quasi-totalité de ses mem-bres disparaissait opportunément peu après sa publicationdans un accident d'avion en Norvège. La commission ne com-prenait plus que deux survivants : Alexandru Birkle et son amiFrançois Neuville, représentant de la Suisse et membre de la

Croix Rouge Internationale, quiavaient pris un autre avion.

A cette époque, RodicaMarta était étudiante en 3èmeannée de médecine à Bucarest.Elle se montrait très fière de la

mission de son père dont un compte-rendu avait paru dans lesjournaux roumains de l'époque. Les choses se gâtèrent aprèsl'entrée de l'Armée Rouge dans la capitale roumaine, en sep-tembre 1944. Les Soviétiques se mirent alors en chasse de l'undes deux derniers témoins de leur forfait. Alexandru Birkleavait réussi à se cacher chez des amis, mais sa femme et safille furent arrêtées et interrogées pendant trois semaines.

S'enfuyant en Suisse

Grâce à un faux passeport, Alexandru Birkle réussit à fuiren Suisse pour y rejoindre François Neuville qui lui fournit del'argent, l'hébergea et l'aida à passer en Argentine d'où, en1952, il gagnera les USA. A Washington, il sera auditionné parla Commission du Congrès américain qui conclura à la culpa-bilité des Soviétiques, demandant que les responsables soienttraduits devant la Cour Internationale de Justice.

N'ayant pu valider ses études par un diplôme à Bucarest,Alexandru Birkle ne pourra pas exercer la médecine aux USAet vivra d'expédients, faisant du commerce, jusqu'à sa mort enen 1987, sans jamais avoir revu ni sa famille, retenue enRoumanie, ni sa patrie.

Après plus d'un demi-siècle et l'entrée en vigueur récentede la loi accordant des indemnités compensatoires aux person-nes victimes de condamnations à caractère politique, sa filleréclame aujourd'hui 3 millions d'euros de réparation à l'Etatroumain. A la suite des révélations de son père, en 1952, elleet sa mère avaient été emprisonnées et brutalisées pendantdeux ans, deux mois et huit jours.

l

l

Sur le nombre des victimes de laShoah en Roumanie, les estimationsdes historiens varient aujourd'huientre 280 000 et 380 000 morts,sans compter les quelques 25 000Tsiganes déportés et massacrés enTransnistrie par les troupes roumai-nes. Ces chiffres n'incluent pas les130 000 Juifs de Transylvanie dunord (Maramures, etc.), une provinceplacée alors sous administration desHongrois qui les déporteront vers lescamps de la mort, dont il ne réchap-peront pas non plus.

Le terrible livre-témoignage etdocumentaire Cartea neagra deMatatias Carp (édition françaiseparue chez Denoël, 2009) rendcompte de l'effroyable pogrom deBucarest, en janvier 1941, nuit decristal à la roumaine, mais aussi del'extermination sauvage des juifs deRoumanie et d'Ukraine sous laconduite de la gendarmerie et l'ar-mée roumaine.

Au fil du récit, on découvre unvéritable enfer, marqué par la diversi-té insoupçonnée des méthodes detuerie : pogroms sanglants dont celuide Iasi (13 323 morts recensés),Odessa (25 000 morts) région deGolta (entre 75 000 et 80 000 morts),Berezovka (plus de 30 000 morts)exécutions sommaires massives enbordures des routes et des villages,Juifs brûlés vifs dans d'immensesporcheries, enfants jetés vivantsdans des puits, marches de la mortdantesques, abattage et vente desdéportés aux paysans les plusoffrants…

(suite page 22)

Entre 280 000 et 380 000 victimesroumaines de la Shoah

Les déportations vers les camps de Transnistrien'avaient rien à envier à celles vers Auschwitz.

Un beau matin, quelques joursaprès la fuite de mon père, laSecuritate a débarqué à la

maison, hurlant, nous brutalisant, mamère et moi, mettant tout sans dessus des-sous, pour finalement nous menotter etnous embarquer dans leur voiture" sesouvient Rodica Marta, la filled'Alexandru Birkle. A l'époque, en 1952,elle avait 24 ans, terminait ses études demédecine, se destinant à être pédiatre et

avait une petite fille de deux ans.Condamnée sans aucune preuve, les

deux femmes effectueront deux ans, deuxmois et huit jours de détention, humiliées,violentées, mourrant parfois de faim,baladées de prison en prison ou en campsde travail: Ghencea, Târgsor, Bragadiru,Domnesti, Milsea, Jilava. A Milsea, ellesseront emprisonnées avec les femmes dedignitaires ou de membres de l'élite del'ancien régime: les épouses de l'historienGeorge Bratianu, du maréchal Antonescuqui avait été fusillé en juin 1946, deCodreanu, le leader des Légionnaires, de

différents ministres ou autres personnali-tés. "La seule chose que j'ai apprise enprison, c'est à voler en utilisant mes lon-gues mains" se souvient Rodica Marta,blaguant à moitié, rajoutant tout de suite"mais je n'ai expérimenté cette techniquequ'une fois… pour subtiliser des docu-ments au procureur qui m'interrogeait".

L'unique bon souvenir qui lui reste,c'est quant un gardien est venu et lui àlancé "Allez docteur, fais tes bagages,demain tu vas revoir ta petiote". Elle n'enavait aucune nouvelle depuis plus dedeux ans.

“Un beau matin, la Securitate a débarqué à la maison”Rodica Marta demande

3 millions d'euros de dédommagement pour

les souffrances endurées.

Alexandru Birkle : la traque du dernier témoinEn 1942, une commission internationale partait enquêter sur le massacre de Katyn, perpétré par l'armée soviétique.

Deux ans plus tôt, 14 000 officiers polonais y avaient été exécutés dans une forêt proche de Smolensk (aujourd'hui en

Biélorussie), sur l'ordre de Staline qui voulait éliminer l'intelligentsia polonaise, prévoyant d'installer un régime à sa dévo-

tion à Varsovie plus tard. Un médecin roumain, Alexandru Birkle, en faisait partie. Menacé après la guerre par les autori-

tés communistes roumaines qui voulaient le faire taire, il s'enfuira, mais son épouse et sa fille, restées sur place, seront per-

sécutées et emprisonnées. Aujourd'hui, cette dernière, Rodica Marta, 83 ans, demande trois millions d'euros de réparation

à l'Etat roumain.

Page 12: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Société

Numéroun dutennis

mondial en 1972 et1973, Ilie Nastase,63 ans, n'est passeulement unchampion de laraquette comme l'a

rappelé récemment la revue américaine "Maxim"… il se clas-se aussi n° 6 des séducteurs des temps modernes, avec 2500conquêtes, devançant Hugh Hefner, le fondateur de"Playboy", et l'acteur Jack Nicholson. A son palmarès, notam-ment la chanteuse Diana Ross. Modeste, le tennisman contes-te cependant quelques dizaines de victoires qui lui sont attri-buées, indiquant que dans ces cas-là, il s'était contenté de pren-dre une douche bienfaitrice avec sa partenaire.

Fidèle à sa réputation, le vainqueur de Rolland Garos a

commis un impair à l'automne dernier, surpris dans ses ébatsavec une admiratrice de 19 ans. Amalia, sa ravissante troisiè-me femme, de 30 ans sa cadette, rencontrée en 1996 à Parislors d'un concert de Sting, alors qu'elle n'avait que 20 ans, nel'a pas supporté et a demandé le divorce. Officiellement le cou-ple, qui a deux enfants, se sépare bons amis. Il est vrai que lajeune femme a eu la bonne idée de récupérer la gestion desaffaires de son volage de mari et devrait se voir attribuer unegrosse part des 7 millions d'euros qu'il avait mis de côté.

L'ancien tennisman a investi dans des terrains, des entre-prises de boisson, gère le tournoi de Rolland Garros et détient90 % des actions de la chaîne Mc'Donald de Moldavie. Outredes propriétés en Roumanie, il possède un château à 200 kmde Paris et un appartement de 3 M€ avenue Foch, acheté voici2 ans, avant que la crise ne réduise d'un tiers sa fortune. Habi-tué à être "plumé" par ses anciennes épouses, le champion aux2500 sets gagnants, a-t-il perdu la balle de match ? Jusqu'ici, ila toujours su monter au filet pour se remettre dans le jeu.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2322

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Herta Müller, la lauréate du prix Nobel de littérature 2009 qui avait quitté la

Roumanie pour l'Allemagne en 1987, n'en a pas fini avec la Securitate. Dans un

entretien accordé à la chaîne de télévision allemande ARD, elle témoigne du choc

qu'elle a ressenti en découvrant dans les archives de l'ancienne police politique l'i-

dentité de l'homme qui l'avait dénoncée et espionnée dans les années 1980.

L'espion s'appelle Franz Thomas Schleich. Celui-ci aimait se présenter, luiaussi, comme écrivain. Au début des années 1980, il quitta Timisoara pourl'Allemagne. Il se disait alors victime du régime communiste, mais son lien

avec la Securitate était sans doute resté encore opérationnel. Après avoir espionné sonamie Herta Müller en Roumanie, il aurait continué à la surveiller en Allemagne. Dansles dossiers de la Securitate, il apparaît sous le nom de code "Voïcu", véritable cerbè-re de l'écrivaine qui dérangeait le régime de Ceausescu. Il nota que le premier livre decelle-ci, Niederungen ("Bas-fond"), présentait des "orientations antiétatiques". Avissuffisant pour mettre en action l'appareil de la police politique. Aujourd'hui, résidant àLudwigshafen, Franz Thomas Schleich estdevenu porte-parole d'un fabricant de lino-léum. Il se refuse à tout commentaire.

Née en 1953 dans le village deNitzkidorf, proche de Timisoara, HertaMüller (notre photo) appartient à la mino-rité allemande installée en Transylvanie auXIIIe siècle. Son grand-père, riche fermieret homme d'affaires, fût exproprié par lerégime après la seconde guerre mondiale.Sa mère sera déportée en URSS, où elle passera cinq ans dans un goulag. Le futur prixNobel de littérature se retrouvera traductrice dans une usine de Timisoara, où laSecuritate lui proposa de collaborer. Son refus lui vaudra d'être licenciée.

"Plus de 40 % de ceux qui sont aujourd'hui

au pouvoir viennent de la Securitate"

Aujourd'hui, à 56 ans, Herta Müller appelle à l'ouverture d'enquêtes officiellescontre les anciens informateurs de la Securitate qui habitent en Allemagne. "Si lesRoumains sont fiers de son prix Nobel, souligne Marius Oprea, directeur de l'Institutd'investigation des crimes du communisme, on devrait aussi assumer ce qu'elle nousdit sur notre passé." "Plus de 40 % de ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir enRoumanie viennent de l'ancienne Securitate et se protègent entre eux, affirme HertaMüller. La Roumanie postcommuniste ne s'est pas débarrassée des horreurs commu-nistes, dont la délation et l'anéantissement de l'intimité étaient les mécanismes les plusperfides. Les services secrets de Ceausescu n'ont pas été dissous, ils ont simplementété rebaptisés Service roumain de renseignement". Mirel Bran (Le Monde)

La Roumanie avait son Himmler àl'époque, il s'appelait GheorgheAlexianu. Mais elle avait aussi son

Schindler,TraianPopovici, lemaire extra-ordinaire decourage deCernauti,ville alorsroumaine,qui lutta detoutes ses

forces pour éviter la constitution d'unghetto et la déportation à ses habi-tants. Cet épisode horrible a étégommé de la mémoire desRoumains, même sous le communis-me, qui s'en sont remis à l'histoireofficielle: nombre de Juifs ont étésauvés grâce à l'intervention dumaréchal Antonescu qui a facilité leurémigration vers Israël. La réalité esttoute autre. Le dictateur, à l'originedes lois anti-juives de son pays, aépargné les Juifs du Banat, dont l'éli-mination était programmée après1942, parce qu'il était mécontent dela politique d'Hitler qu'il jugeait favo-rable aux Hongrois, n'ayant pas resti-tué la Transylvanie à la Roumanie,mais aussi parce qu'il a senti le venttourné avec la défaite de Stalingradet qu'il voulait ménager ses arrières.D'où le mythe du rôle protecteur qu'ilaurait joué. Cela n'empêchera pasAntonescu d'être fusillé par les com-munistes en juin 1946 en compagnied'Alexianu (on peut voir l'étonnantevidéo de leur exécution sur Googleen tapant sur Internet ExecutiaMaresalului Ion Antonescu ).

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

BUZAU

SLOBOZIA

Evénements "Voïcu", l'espion

Gheorghe Alexianu le Himmler roumain

roumain qui traquait Herta Müller2500 sets gagnants pour Ilie Nastase…

qui perd cependant la balle de match

l

l

Le gouvernement Boc a adoptéune ordonnance d'urgenceclassant 27 substances et 9

plantes ethnobotaniques provoquant deseffets hallucinogènes dans la catégoriedes drogues, interdisant de les posséder etde les vendre. Depuis plusieurs mois, des"magasins de rêve" vendaient en toutelégalité des substances (chimiques ou

naturelles) provoquant des effets similai-res à ceux des drogues, et qui rencon-traient un succès croissant auprès des jeu-nes Roumains. Mais la consommation deces produits était loin d'être inoffensive:quelques décès - dont celui d'un jeuneBucarestois début février - ont été enre-gistrés et de nombreux consommateursavaient dû être hospitalisés.

Marchands de rêves interdit s

Evénements

Nicolae Ceausescu n'est pas venu chercher son titre de Docteur HonorisCausa attribué par l'université de Nice en 1975. Pourtant, post-mortem,ce titre continue de l'honorer. Joint au téléphone par L'Express, la porte-

parole de la présidence de la faculté a admis que la faculté ne l'a toujours pas desti-tué. Le campus était d'ailleurs bien embarrassé lorsque, en octobre 2008, le députéUMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, a soulevé le lièvre.

Convié par l'Université à une autre cérémonie de remise de Doctora honoriscausa, il refusa alors d'y participer, au motif que si l'ancien dictateur avait été hono-ré par la même distinction, celle-ci perdait de sa signification. Né d'un père roumainqui a fui le nazisme puis le communisme de son pays, Lionnel Luca n'apprécie vrai-ment pas "le silence qui pèse sur cette affaire". La lettre que le président de l'univer-sité lui a adressé, le 5 novembre dernier indique que Nicolae Ceausescu conserveson titre honorifique "la réglementation ne permettant pas de revenir sur cette déci-sion". Son nom figure donc toujours sur la liste des Docteurs de l'Université, auxcôtés de l'économiste Oliver Williamson, récemment nobélisé, ou de l'ancien secré-taire général de l'ONU, Boutros Boutros Ghali. Ils apprécieront.

Les bottes du Père Noël

l

ALBA IULIA

(suite de la page 20)

Bien décidée à nettoyer sa mai-son de fond en comble pourNoël, une Roumaine a jeté

une paire de vieilles bottes où son mariavait caché 40 000 €, faisant le bonheur- de courte durée - d'une famille pauvrede la ville d'Alba Iulia. Le couple proprié-taire des "bottes tirelire" s'est aperçu de laméprise lors de la fête du nouvel an, par-tant immédiatement sur les traces desbottes, a raconté à l'AFP une porte-parolede la police locale.

Le mari avait caché les économies du

couple dans les bottes car il se méfiait desbanques après avoir perdu de l'argent lorsde la faillite de caritas, un fonds d'inves-tissement pyramidal. Après quelquesjours de vaines recherches, le couple aappelé les autorités roumaines à l'aide.

La police a récupéré très rapidement30 000 des 40 000 €. Les bottes avaientété en effet trouvées par une femme quigagne sa vie en faisant les poubelles.Cette dernière, qui habite avec son mariet leurs dix enfants dans une baraque d'unquartier pauvre de la ville, avait profité de

l'argent miraculeux pour acheter une mai-son valant environ 20 000 €.

La vente a été annulée. Les proprié-taires des bottes ont ainsi récupéré lestrois quarts de la somme. Le reste,10 000 €, avait déjà été dépensé par lafamille pauvre.

La femme, qui avait trouvé les bottescontenant ce cadeau de Noël inespéré, estdésormais sous le coup d'une enquêtepour "appropriation de biens trouvés" etrisque trois mois à un an de prison ou uneamende.

Ceausescu toujours docteur Honoris Causa de l'université de Nice !...

Le fils aîné du dictateur,Valentin Ceausescu, a deman-dé sans succès l'interdiction de

la pièce Les dernières heures de Nicolae

et Elena Ceausescu qui reconstitue leprocès de ses parents, et un leu de dom-mages et intérêt au théâtre de l'Odéon deBucarest qui la présente.

Avec son beau-frère - le mari de sasœur, Zoia, décédée, comme le troisièmeenfant du couple Ceausescu, Nicu - il adéposé voici deux ans le label"Ceausescu" auprès de l'OSIM (Officed'Etat pour la protection de Inventions etdes Marques), afin que ce nom ne puissepas être utilisé à des fins commerciales,sans l'accord de ses propriétaires.

… Et marque déposée

Page 13: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Société

La Roumanie devra verser 10 000 euros d'indemnitéà un détenu privé de prothèse dentaire et victime,de surcroît, d'un procès inéquitable après le viol de

sa grand-mère âgée de 83 ans, a décidé la Cour européenne desdroits de l'Homme.

Edenté, le plaignant, 41 ans, purge une peine de 10 ans deprison à Giurgiu (sud de la Roumanie) pour le viol en 2001 desa grand-mère sénile qui l'hébergeait et qui est morte quelquesmois plus tard, ainsi que pour le vol à main armée d'un kilo deviande chez sa voisine, alors qu'il était en état d'ébriété.

Souffrant de graves problèmes de santé chroniques -digestifs, hépatiques, psychiatriques et cardiaques -, le détenua perdu ses dernières dents en prison et il avait besoin d'uneprothèse dentaire, ce qui fut médicalement constaté en prison.Mais il ne pouvait pas la payer et son assurance maladie refu-sait de prendre cette dépense en charge.

Pour la Cour européenne, qui observe qu'à ce jour, le déte-nu n'a toujours pas obtenu de prothèse dentaire, cette situationconstitue un traitement inhumain et dégradant.

En ce qui concerne son procès, les juges européens relè-vent que sa condamnation repose essentiellement sur unedéclaration de la victime et qu'aucune autre mesure n'a étéprise pour vérifier les déclarations et la crédibilité de cettevieille dame, en dépit des dénégations du requérant.En parti-culier, aucun prélèvement ADN n'a été effectué sur la victimeaprès le viol et aucune trace de l'agression n'a été recherchéepar les policiers lors de l'enquête.

Pour la Cour Européenne, l'équilibre entre les droits de lavictime et les droits de la défense n'ont pas été respectés, car ledétenu n'a pas eu la possibilité de se défendre des accusationsportées contre lui. Les juges européens ont accordé 10 000euros au requérant au titre du dommage moral.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2524

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

A61 ans, la princesse Lia, d'origine américaine, a donné naissance début jan-vier à un garçon de 2,2 kg à la maternité Regina Maria de Bucarest. Lebébé a été baptisé dans le rite orthodoxe. Son père, Paul de Roumanie, 62

ans, né à Paris, est le petit-fils du Roi Carol II, et le fils de Carol-Mircea, légitimé parson père en 1955. Ce dernier était issu du premier mariage de Carol II, avec ZiziLambrino, en 1918. Cette union avait été dissoute sur ordre du Roi Ferdinand. Il s'ensuit depuis une querelle de succession entre Paul qui revendique le titre de prince héri-tier et le Roi Michel. Celui-ci n'a en effet pas de descendant mâle qui pourrait être appe-lé à lui succéder, selon les règles en cours.

La naissance du fils de Paul deRoumanie pourrait relancer ses prétentions.Ce dernier ne s'en cache d'ailleurs pas: il aprénommé son descendant Carol-Ferdinandde Roumanie, du nom de son grand-père etarrière grand-père, souverains de Roumanie.

La presse roumaine n'a pas tardé à segausser de cette naissance tardive, devenueune spécialité du pays. En 2005, AdrianaIliescu une Roumanie de 67 ans avait donnéle jour à une fillette, devenant la plus vieille maman du monde. Depuis elle a été dépas-sée par une Espagnole, puis une Indienne, âgée de 72 ans. De nombreuses mères sur letard viennent toujours lui demander conseil. A noter qu'Adriana Iliescu n'a aucun liende parenté avec Ion Iliescu. L'ancien président ne souhaite pas agrandir sa descendan-ce. Régler ses problèmes de succession au PSD lui suffit…

Depuis cinq ans, l'ancien tenis-man, devenu milliardaire, Ion Tiriac ,invite en janvier ses partenaires d'af-faires roumains et étrangers - ban-quiers allemands et autrichiens, diri-geants de Mercedes, etc. - à partici-per pendant un week-end à unegrande partie de chasse dans l'im-mense propriété de Balc, proched'Oradea, qu'il a obtenue en jouis-sance de l'Etat pour une demi-bou-chée de pain. Traditionnellement labattue tourne au massacre, comme àl'époque de Ceausescu, et les hom-mes politiques s'y font plus discrets,de peur d'être épinglés par la presse.Les invités, venus en jets privés,sont conduits sur les lieux en limou-sines de luxe.

Cette année, la trentaine de per-sonnalités invitées n'ont cependantpas pu se régaler de leur tableau dechasse. Cinq des 160 sangliers abat-tus se sont révèlés être touchés parla trichinellose, selon la Directionsanitaire et vétérinaire (DSVSA) dudépartement de Bihor, qui avaiteffectué des analyses préalablementau festin. Tout le complexe de chas-se de Balc est donc considérécomme une zone infestée de trichi-nes, ces petits vers qui se dévelop-pent dans les intestins de plusieursmammifères, notamment l'homme, etqui se transmettent par la viande deporc crue ou insuffisamment cuite.Les cinq spécimens infestés ont été"détruits" par une société spécialiséeet le reste des sangliers "sains" ame-nés dans un abattoir, leur viandeétant ensuite distribuée gratuitementdans des foyers d'enfants et de per-sonnes âgées.

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIUl

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

SF. GHEORGHEl

l

CLUJ

l

“Massacre” de Balc:bien mal acquis...

CHISINAUl

La Roumanie devra verser 10 000 €

au détenu privé de prothèse dentaire

Les habitants de SfântuGheorghe (Covasna), n'au-raient jamais cru que Zsolt (30

ans) et Stefan (29 ans), les garçons quiont réalisé le spectacle de lasers pour lafête du saint patron de la ville, seraient lesmaîtres d'œuvre de la cérémonie d'ouver-ture des Jeux olympiques de Vancouver,

écrit le quotidien roumain Gandul. Pour ces deux-là, les choses avaient

pourtant commencé dans la douleur.Programmeurs informatiques de profes-sion, ils ont perdu leurs emplois et ontalors choisi de créer leur propre société,SC Savvy SRL. Ils ont ensuite conclu unpartenariat avec une société allemande

qui propose une technologie permettantla réalisation de grands spectacles commecelui de l'inauguration des Jeux deVancouver. Aujourd'hui, cette petitesociété dirigée par les deux Roumainsappartenant à la minorité hongroise deTransylvanie est le numéro deux mondialdans ce domaine.

Deux jeunes de Covasna au firmament...

l

l

La princesse Lia Evénements

donne naissance à un héritier à 61 ans

Le "roi" autoproclamé des Roms, leRoumain Florin Cioaba, a annoncé qu'iloffrirait une plaque en or à la star américai-

ne Madonna pour la remercier de son message contreles discriminations envers les Roms adressé l'été der-nier à l'occasion d'un concert à Bucarest. "Madonna aun très grand mérite. Elle a pu sensibiliser le mondeentier aux discriminations" dont sont victimes les Roms, a déclaré le roi au coursd'une conférence de presse à Sibiu, où il réside. La plaque a été commandée à unbijoutier d'Italie et sera fabriquée en or de 24 carats. En août, Madonna s'était décla-rée "attristée" par les "discriminations envers les Roms et les Tziganes, très présen-tes en Europe de l'Est". Plusieurs milliers de spectateurs sur les quelque 60 000 pré-sents au concert avaient hué la chanteuse américaine après son discours.

Madonna récompensée

Avec l'affluence des pèlerinsliée à la fête Notre-Dame deLourdes, en particulier début

février, les mendiants originaires des paysde l'Est, essentiellement des tsiganes deRoumanie, sont de retour, à tous les coinsde rue. Ce sont souvent des femmes avecdes enfants dans les bras, exploités par desréseaux, soumis au grand froid de cethiver glacial, que l'on croise sur les trot-toirs et qui font la mendicité devant lescommerces d'objets de piété.

Retour de nombreux mendiant s à Lourdes

Une femme de 240 kg met au monde un bébé de 2,9 kg

Une Roumaine de 240 kg a accouchéà l'hôpital universitaire d'urgence deBucarest d'une petite fille de 2,9 kg.L'accouchement s'est fait par césarienne.L'enfant est sain et la mère se trouve dansun état stable, même si les médecins ontfait savoir qu'il la garderait en observa-tion. La mère, âgée de 25 ans, et originai-re de la commune de Draghiceni (sud-est), a d'abord été amenée à l'hôpitaldépartemental de Craiova. Les tablesd'opération ne pouvant supporter plus de170 kg, elle a été transportée à Bucarest.

Adoption plus rapide ?

L'office National de l'Adoption sou-tient un projet de loi qui permettrait auxbébés abandonnés à la maternité d'êtreadoptables 30 jours après la délivrance ducertificat de naissance. Ceux dont lesparents sont inconnus pourraient êtreadoptés un an et deux mois après leur arri-vée à l'orphelinat. A l'heure actuelle, on

compte environ 4000 orphelins enRoumanie et seuls 800 sont adoptables.

Chiens errant s de Bucarest et Chisinau

Chisinau et Bucarest partagent lemême fléau: les chiens errants. Alors quedans la capitale roumaine, 10 000 person-nes auraient été mordues au cours destrois derniers mois de 2009, soit une cen-taine par jour (chiffre qui paraît invrai-semblable par son énormité), sa consoeurmoldave compte 20 000 de ses animauxsans maîtres, 2138 ayant été capturés aucours du mois de janvier.

La mairie de Chisinau envisage dés-ormais de faire euthanasier ceux qui neseraient pas réclamés dans les dix jours,de même que celle de Bucarest quireviendrait à cette pratique, instituée parTraian Basescu lorsqu'il était maire, puisabandonnée après une visite de BrigitteBardot sur place, où 100 000 chienserrants sont dénombrés pour moins de3000 places dans les refuges. L’actrice ad’ailleurs vigoureusement protesté.

Evénements

A savoir

Les Islandais n'ont pas fini de payer l'addition de lacrise financière. Leur niveau de vie devrait encorereculer de 16,5 % en 2010. Les ventes d'automobi-

les ont baissé de 85 % en un an, celles d'électroménager de60 % et McDonald's a fermé. Du jour au lendemain, en octob-re 2008, lors de l'implosion de son système bancaire, l'Islande,l'un des pays les plus riches de la Terre, en tête du palmarès dudéveloppement humain, est devenue une nation en déroute

découvrant qu'elle avait cédé à la folie des grandeurs, illustréedans le centre de Reykjavik par la construction d'un immensepalais de la musique et des congrès. La ville et l'Etat ont déci-dé de finir le gros oeuvre, après avoir hésité à en faire unmonument souvenir de l'effondrement. Ramené à la popula-tion, c'est un chantier qui dépasse en coût et en dimensions lepalais de Ceausescu à Bucarest, relève la presse, à ceci prèsque, gagné sur la mer, il ne se substitue pas à un habitat ancien.

Quand l'Islande imite Ceausescu

GIURGIU l

Page 14: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2726

Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

Faits divers

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

ll

l

l

l

TULCEA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

HUNEDOARA

PLOIESTIl

Trois habitants du judet d'Hunedoara ont étéinculpés pour avoir vendu au marché noirdes ossements de dinosaures provenant d'un

site archéologique situé près de la commune GénéralBerthelot. Lors de la perquisition effectuée à leurdomicile, les policiers ont trouvé 115 objets qu'ils ten-taient d'écouler par Internet, notamment auprès de col-

lectionneurs autrichiens. Une démarche qui les a perdus, car sur leur catalogue figu-rait une photo d'une receleuse présentant deux fragments d'os, ce qui a permis auxenquêteurs de remonter jusqu'à eux. La région d'Hunedoara est très riche en vestigesarchéologiques, paléontologiques dont le géoparc de dinosaures du Pays d'Hateg, oude l'époque romaine comme Ulpia Traiana Sarmizegetusa, et les trafics et braconniersy sont nombreux. Le plus célèbre vol remonte à 2007. Il concerne les bracelets dacesen or qui ont valu aux 11 habitants de la région impliqués dans l'affaire et qui tentaientde les revendre à l'étranger d'être condamnés à un total de 104 années de prison.

Les trafiquants de

VASLUIl

l

Les procureurs de la Direction desinvestigations sur le crime organiséde Iasi ont démantelé à la mi-janvierun réseau criminel dirigé par le clandes Corduneanu et leur leader,Bogdan Const antin . Ce réseau étaitspécialisé dans le trafic de person-nes - prostitution, mendicité ou vol -et la fraude financière. Il a opérédans toute la Roumanie de 2006 à2009. 457 perquisitions ont été effec-tuées en une journée à Iasi etBrasov et 30 personnes, dontBogdan Constantin, ont été mises enexamen.

Coup de filet à Iasi

La magistrature est noyautée p ar d'anciens agent s de la Securit ate

La juge Florica Bejinaru (tribunal de Mehedinti,Turnu Severin) a été élue présidente du Conseilsupérieur de la magistrature (CSM). Elle a été pré-

férée aux deux autres candidats en lice, la juge Ana Labus(Iasi) et Liviu Dascalescu, procureur général adjoint auParquet de la cour d'appel de Bucarest. Elle succède à VirgilAndreies à la tête de l'institution pour un mandat d'un an.

Derrière son regard sévère et sa présence distante, la jugeFlorica Bejinariu, 48 ans, cache un passé trouble qui éclabous-se une institution judiciaire roumaine, déjà l'objet de bien descontroverses. Le CNSAS affirme qu'elle a été sollicitée par laSecuritate en mai 1987. Sous le pseudonyme d'"AlexandraStefanescu", celle qui était alors une jeune juriste de 26 ansavait pour mission de surveiller les employés de la société detextile où elle travaillait. Une mission "inoffensive", s'est-elledéfendue. En 2006, la justice l'avait blanchie des accusationsde collaboration avec la Securitate, mais pour vice de forme.

L'Union nationale des juges de Roumanie, affiliée auMedel (Magistrats européens pour la démocratie et les liber-tés), considère au contraire que c'est "un coup dur pour la jus-tice roumaine (que d'être) représentée par une personne dontle passé est entaché par la collaboration avec la Securitate,l'organe de répression du régime communiste". "D'un point devue moral, Florica Bejinariu n'a pas le droit de diriger l'insti-tution qui est garante de l'indépendance de la justice", ajoutele communiqué de l'Union des juges.

Des experts en violation

des droits de l'Homme devenus juges

20 ans après la chute d’une des dictatures communistes lesplus dures d'Europe, le malaise provoqué par la présence avé-rée de l'ancienne Securitate dans le camp des magistrats tombemal. Bucarest est constamment critiquée par la Commissioneuropéenne concernant le retard pris par la réforme de la justi-ce et la lutte contre la corruption. Coïncidence, FloricaBejinariu a été élue au moment où des experts de l'UnionEuropéenne (UE) - dont la Roumanie est membre depuis 2007- arrivaient à Bucarest pour évaluer la justice roumaine. Leurrapport devait être publié prochainement. Or, la présence d'an-ciens membres de la Securitate dans l'appareil judiciaireexplique probablement en partie la lenteur des réformes.

Et cette présence estsemble-t-il massive. Aprèsavoir fait tomber NicolaeCeausescu en décembre1989, Ion Iliescu - apparat-chik communiste en dis-grâce pendant les dernièresannées de la dictature - etson équipe ont ménagé lesanciens officiers de laSecuritate. Mieux, les nou-velles autorités ont offertaux agents de la policepolitique de devenir magis-trats sur la base de diplô-mes obtenus sur les bancs de l'école de la Securitate.

"A l'époque de la dictature, le travail de ces gens consis-tait à violer les droits de l'homme, affirme Germina Nagatz,chargée du département d'investigation du CNSAS. Commentont-ils pu, du jour au lendemain, devenir des représentants dela loi? Sur la base de quelles compétences leurs diplômes dela Securitate leur ont-ils assuré une place dans le système juri-dique ? S'ils étaient si bons, pourquoi ne sont-ils pas allésdans le privé, comme avocats ? Pourquoi voulaient-ils à tousprix être fonctionnaires en tant que juges ou procureurs ?"

Des magistrats décrédibilisés

Ces questions décrédibilisent les 6 000 magistrats rou-mains. Si la Pologne a découvert ces trois dernières années 19collaborateurs de l'ancienne police politique dans son systèmejudiciaire, le CNSAS, lui, en a dépisté 29 en huit mois. Le pré-sident Traian Basescu a aussi admis qu'un quart des magistratsroumains auraient collaboré avec l'ancienne Securitate.

"La candidature de Florica Bejinariu à la tête du CSM nem'a pas étonnée, déclare Germina Nagatz. Mais je trouvescandaleux qu'elle ait été élue par la majorité de ses collègues.Cela veut dire que les magistrats se sont solidarisés pourdéfendre l'ancienne Securitate." Et les Roumains ne sont pasdupes. Les enquêtes montrent qu'ils font plus confiance auxinstances européennes qu'à la justice de leur pays.

Mirel Bran (Le Monde)

L'honneur perdu de Florica Bejinariu

l

l

Les dix-sept automobilistes quiavaient entamé ces trois der-nières années des procès cont-

re la mairie de Sibiu parce que leurs voi-

tures avaient été endommagées par lestrous parsemant les rues de la ville ont étésystématiquement déboutés par les juges.Raison invoquée et ressortie d'un alinéa

du code de la route: le conducteur doitrester maître de sa vitesse en toutes cir-constances et l'adapter aux conditions decirculation.

Les juges au secours des trous... contre leurs victimes

Les voleurs de voitures préfèrent V olkswagen

Le service des voieries de Ploiesti a comptabilisé le nombre de trous quecomptaient les chaussées de la ville ainsi que leur profondeur. Il est arrivéà un total de 2755 m2, certains atteignant 20 cm de hauteur. Les travaux de

réparation, qui devaient commencer au printemps, ont été estimés à 55 000 €.

Justice

Depuis son élection, le 11 janvier, à la tête de la plus haute instance judiciaire roumaine, le Conseil supérieur de la

magistrature (CSM), Florica Bejinariu pose un problème aux représentants de la loi en Roumanie. La magistrate aurait

collaboré dans les années 1980 avec la police politique communiste, selon des documents révélés par le Conseil national d'é-

tudes des archives de la Securitate (CNSAS), une institution publique.

Voleurs… de pont !La police a surpris une équipe de

malfaiteurs en train de démonter unpont ferroviaire désaffecté et laissé àl'abandon dans les environs deVoluntari, à Bucarest, et s'apprêtant àembarqué les matériaux récupérés,dont la ferraille, particulièrement pri-sée, à bord de trois camions à desti-nation de Constantsa. Deux deschauffeurs ont réussi à s'enfuir, letroisième étant intercepté. Une pre-mière tentative avait déjà eu lieu etéchoué voici deux ans

Jean-Paul Gaultier copié à Sibiu

Le créateur de mode Jean-PaulGaultier a porté plainte contre unesociété de Sibiu qui a écoulé 19 000flacons de parfum contrefait à sonnom, portant sa griffe et celle d'HugoBoss, à la suite de la saisie d'uncamion, qui en était rempli et dont lavaleur dépasse 2 M€. Jean-PaulGaultier a demandé 760 000 € dedommages et intérêts ainsi que ladestruction du stock saisi.

Tous les faits de roumains doi-vent être signalés", dixit uneaffichette "Info Sûreté", siglée

SNCF, trouvée dans un TER Midi-Pyrénées fin janvier. L'écrivain-riverainMouloud Akkouche effectue le trajetFoix-Toulouse, à bord d'un TER Midi-Pyrénées. Il découvre, placardée dans leswagons, l'affichette suivante:

"Ces dernières semaines des soucisont été rencontrés avec des Roumains. Eneffet de nombreux vols de bagages ont étéconstatés. Nous vous demandons deredoubler de vigilance.

Par ailleurs tous les faits de rou-mains doivent être signalés au PCNS"(PC national sûreté de la SNCF, ndlr).

Il arrache alors ce qu'il pense être uncanular. Pris d'un doute, il compose le

numéro inscrit et tombe… sur la SNCF. Ilscanne alors l'affiche et l'envoie à Rue89.Contacté par le site média, le service decommunication de la SNCF en Midi-Pyrénées reconnaît que "cette note a bienexisté. Elle a été affichée dans certainsTER de la région. Début février, desagents SNCF nous ont alertés. Les affi-chettes ont immédiatement été retirées.C'est un responsable de l'entité contrô-leurs à la SNCF Midi-Pyrénées qui a eucette initiative malheureuse. Une enquêteest en cours en interne, pour déterminercomment cela a pu se produire".

La SNCF s'est excusée. Selon elle,aucun passager ne s'est plaint de la note,qui serait restée affichée plus d'unesemaine, et aucun "fait de Roumains" n'aété signalé.

Dans le TER, une scandaleuse affiche SNCF qui stigmatise les Roumains

dinosaures piégés par Internet

D'après les statistiques de lapolice roumaine, environ5000 véhicules ont été déro-

bés l'an passé, les marques préférées desvoleurs étant, dans l'ordre, Volkswagen,Mercedes, Audi, BMW et Dacia. La moi-

tié seulement ont été retrouvés. La policea dénombré 3876 voitures de tourismequi ont été volées, 724 motos et cyclomo-teurs, 125 camions, bus, autocars,y com-pris des tracteurs ou engins de travauxpublics.

2755 m2 de trous dans les rues de Ploiesti

Page 15: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Société

La revue Capital vient de révéler les résultats de sondeuxième classement des villes les plus agréables àvivre de Roumanie, et encore une fois, la capitale

roumaine, Bucarest, l'emporte haut la main. Malgré le trafic,le bruit… Ce classement a été établi à partir de douze critères:le marché du travail, l'infrastructure des transports, le systèmesanitaire, l'enseignement supérieur, le coût de la vie, l'offre dedistractions, les commerces, la qualité del'environnement, le climat, la sécurité et leniveau des taxes locales. Et la capitale arri-ve en tête sur cinq de ces critères (santé,éducation, développement économique,loisirs, transports). Malgré la pollution oula cherté de la vie, elle reste la destinationprivilégiée pour de nombreux Roumains.Un choix qui s'explique par la situation dumarché du travail: à Bucarest, les salairespeuvent avoisiner ceux d'Europe occiden-tale, et surtout, malgré la crise, le taux dechômage reste stable et faible. Résultat,chaque année la capitale voit grossir lesrangs de ses habitants de plusieurs dizai-nes de milliers de nouveaux venus.

Suivent Timisoara, dont les princi-paux attraits sont son dynamisme écono-mique et l'offre généreuse de loisirs, puisCluj dont la vitalité économique, le systè-me universitaire et celui de santé compensent les désagrémentsliés au coût de la vie. En quatrième position Constanta, quibénéficie surtout de la proximité de la Mer noire. Les villes deIasi, Sibiu, Brasov, Oradea, Târgu-Mures et Arad complè-tent le top 10.

A l'autre extrêmité du classement, d'autres villes sont bienmoins “bonnes élèves”: Baia Mare, trop polluée, Drobeta-

Turnu Severin, où les possibilités de distraction sont rares,Botosani et Focsani, considérées sous-développées sur le planéconomique, viennent fermer la marche.

Le premier critère est économique

Au-delà des résultats, ce second clas-sement Capital montre que la situation apeu évolué depuis la première édition en2006. Les villes de Transylvanie et duBanat l'emportent au chapitre de la quali-té de vie. Surtout, il ressort de cette étudeque c'est encore le facteur économiquequi compte plus que la qualité de vie enRoumanie, en raison de l'inégal dévelop-pement du pays. “En Roumanie aujourd'-hui, il est dur de contester ce classe-ment”, estime Catalin Zamfir, chercheur àl'Académie roumaine, dans les colonnesde Capital. “Du fait de la situation écono-mique, il existe des petites villes, agréa-bles, où il serait possible de vivre une viebien plus relaxée que dans une métropole,mais dans lesquelles, pour parler fran-chement, on “meurt de faim”.

“Du coup, les gens choisissent des villes où les problèmeséconomiques, (niveau de salaire, sécurité de l'emploi…) sontmoins importants”, conclut le chercheur.

Marion Guyonvarch

(www.lepetitjournal.com / Bucarest)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2928

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Vie quotidienne

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

l

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEA

PLOIESTI

SUCEAVA

l

lPITESTI

l

DEVA

L'ouverture en 2007 à Bucarest du premier magasin Ikea de Roumanie a été

un évènement. L'enseigne annonce chaque année des promotions de plus en plus

alléchantes aux Bucarestois… cependant, comme le démontre la revue Capital,

ses prix ne cessent d'augmenter !

En janvier, Ikea Bucarest a lancé à grand renfort de publicité ses soldes dedébut d'année, avec des remises atteignant 70 %. "On liquide nos stocks eton continue notre lutte pour réduire les coûts" se vantait l'enseigne…

comme en août dernier, lors de la sortie de son nouveau catalogue… comme chaqueannée, donnant le sentiment que chez le fabricant de meubles suédois, les prix n'arrê-tent pas de baisser à l'inverse de ce qui se passe en général en Roumanie.

Ces annonces choc ont conduit la rédaction du magazine Capital à vouloir ensavoir plus. Et là, sa surprise a été grande: au rayon ameublement - le plus importantde la chaîne et qui fait sa réputation - en dehors de quelques rares produits cibles, misen valeur par la publicité, les prix n'ont cessé de grimper depuis l'ouverture du maga-sin, faisant de celui-ci un des plus chers du réseau Ikea à travers le monde, alors quele niveau de vie des Roumains est le plus faible de l'UE ! Même en Norvège, paysconsidéré comme le plus riche de la planète,on y trouve parfois le même produit meilleurmarché. Capital a poursuivi son enquête encomparant également l'Ikea de Bucarest avecceux de France, de Hongrie, d'Allemagne etdes USA.

Exemple de "baisse" relevé: le lit Mandal,vendu 825 lei en 2007 et 1450 aujourd'hui…soit + 75 %. Dans les autres pays étudiés, son prix varie de 1012 (USA) à 1168 lei(France), soit entre - 24 % et - 43 %. Idem pour le canapé Lovas qui a augmenté de100 lei en 3 ans et coûte 32 % plus cher qu'en France. Capital cite d'autres exemples,dont des produits dits "phare". Les Bucarestois sont aussi invités à payer un supplé-ment s'ils veulent un coloris différent, alors que les tarifs sont en général identiquesdans les autres pays. Toutefois, ils peuvent se consoler en faisant des emplettes aurayon accessoires où les prix sont en général moins chers que dans le reste du réseau.

Interrogé, le directeur du magasin a plaidé la dévaluation du cours du leu qui aentraîné la valse des étiquettes, les produits étant, pour la plus grande part, importés.Une justification qui ne tient guère, car le comparatif a été fait en lei pour les paysenquêtés. Situé à la sortie nord de Bucarest, sur la Nationale 1 à destination de Ploiesti,Ikea se trouve dans le centre commercial Baneasa (Carrefour, Bricostore, etc.), fonc-tionne en système de franchise, appartient à la firme Moaro Trading et est contrôléindirectement par Gabriel Popoviciu, 4ème fortune du pays (entre 600 et 650 M€) quia également introduit en Roumanie les fast food Pizza Hut, KFC. L'homme d'affairesest enquêté par la DNA (Direction nationale Anti-corruption), a été arrêté et libéré.Ikea-Baneasa a réalisé 82 M€ de chiffre d'affaires en 2009, en baisse de 9 % par rap-port à l'année précédente, à cause de la crise…. A moins que les Bucarestois neveuillent plus être pris pour des poires.

Les "drôles" de promotion

du magasin Ikea-Bucarest

Bucarest, T imisoara, Cluj et Const anta, villes préférées des Roumains

Une quarantaine d'amendes etde contraventions pour unevaleur totale de 210 200 lei

(environ 50 000 euros) ont été dresséeslors de contrôles sanitaires effectués dansplusieurs grandes surfaces de Bucarest.

Plus de 110 kg d'aliments périmés ont étéretirés des rayons et 511 kg d'autres pro-duits alimentaires ont été interdits tempo-rairement à la vente jusqu'à la rectifica-tion des erreurs constatées (étiquetage,emballage, promotion…).

Alors que, pour la 5ème annéeconsécutive, la revue américaineLiving classe la France au premierrang des pays où il fait bon vivredans le monde - elle arrive en têtedans chaque catégorie - laRoumanie figure au 53ème rang, àégalité avec la Moldavie, les îlesCaïman et la Dominique, se classantderrière la Hongrie, 20ème et laBulgarie, 44ème.

La Roumanie obtient ses plusmauvaises notes dans les domainesde la santé (93ème rang sur 200,derrière le Nicaragua, l'Ukraine,l'Albanie, à égalité avec leGuatemala), de la sécurité (à égalitéavec le Botswana, l'Egypte, leMexique et le Sénégal), de la liberté(à égalité avec le Brésil, la Mongolie,le Botswana, Trinidad-Tobago, laNamibie et l'Afrique du Sud), et desinfra-structures (derrière laMoldavie).

La France a obtenu le maximumde points dans pratiquement toutesles catégories, en dépit des impôts ettaxes qui y sont considérés élevés etdu niveau abusif de sa bureaucra-tie… handicaps que la revue estimelargement compensés par sa qualitéde vie et son système de santé etprotection sociale, jugé parmi lesmeilleurs du monde. Elle est suiviede l'Australie, qui fait un bond detrois places, de la Suisse, del'Allemagne, de la Nouvelle Zélande,du Luxembourg, des USA (qui recu-lent de trois places), de la Belgique,du Canada et de l'Italie.

Aux derniers rangs figurentl'Afghanistan, le Tchad, le Soudan, leYémen et la Somalie.

La Roumanie 53èmepour la qualité de la vie

Un “guide d'information pour les citoyens de pays tiers” qui viennentséjourner ou s'installer en Roumanie invite les immigrés à prendre unton "poli, ni provocateur, ni agressif" dans leur interaction avec les

fonctionnaires publics. Ce document, disponible sur le site Internet du ministère duTravail et dont une partie est consacrée aux principales conventions sociales prati-quées en Roumanie, ajoute que la "ponctualité" est une qualité "très appréciée" etque toute interaction doit être "civilisée". Le ministère du Travail va même jusqu'àconseiller, pour une meilleure intégration, de ne pas interrompre son interlocuteur,quel qu'il soit, avant qu'il ait terminé de parler et de dire "bon appétit" au momentde passer à table.

Parmi les "différences culturelles" qui peut exister entre pays, le guide souligneégalement que la consommation d'alcool représente en Roumanie un "mode desocialisation". Mais son abus ne doit pas faire oublier aux étrangers qu'ils doiventdire "Bonjour", "Merci Monsieur", "Merci Madame", "Merci Mademoiselle". On nesait jamais...

Où fait-il bon vivre en Roumanie ?

Les conventions sociales à la roumaine .... selon un document du ministère du T ravail

Produit s périmés dans les hypermarchés bucarestois

Vie quotidienne

Selon un classement établi par la revue Capital, Bucarest, Timisoara, Cluj et Constanta, à savoir les principales villes

du pays, sont les endroits préférés des Roumains, malgré un rythme de vie bien plus stressant. Explications.

La durée des soldes enRoumanie est relativementlongue par rapport aux autres

pays européens. Les deux périodes autori-sées sont:

- du 15 janvier au 15 avril inclus,pour les produits automne-hiver ;

- du 1er août au 31 octobre inclus,pour les produits printemps-été.

Durant ces périodes, le commerçantest libre de choisir la date de début et defin de ses propres soldes, sachant quecette période ne peut dépasser 45 jours. Anoter qu'il est obligatoire de notifier à lamairie compétente la période choisie pourles soldes (15 jours avant leur début).

Soldes

Les terrasses flottantes sur le canal Begasont très appréciées à Timisoara.

l

FOCSANI

l

BOTOSANI

l

T. SEVERIN

Page 16: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

3130

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Vie quotidienne

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARADSIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l BUZAU

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

La Saint Ignat ne connaît p as la réglement ation européenne

D'après l'Institut National de la Statistique roumain, 2 182 000 porcs, pesant

en moyenne 121 kg, ont été tués dans tout le pays à l'occasion de la Saint Ignat,

quelques jours avant Noël. Cette tradition, très ancrée dans les campagnes, est

normalement encadrée depuis 2007 au niveau des conditions d'abattage des ani-

maux, par la réglementation européenne. Dans les faits, il en va tout autrement,

comme nous le rapporte un de nos lecteurs de Constantsa, Roger Cordier.

La méthode qui consiste à sacrifier des animaux domestiques avec des pisto-lets assommoirs ou des arcs électriques, comme le veut l'UE, afin que leursystème nerveux ne sente plus la douleur, n'est pas encore très appliquée

dans ma région, d'après la constatation de la DSVSA (Direction Sanitaire Vétérinairepour la Sécurité des Aliments), malgré ses tentatives dans ce sens. Un fonds avait étéprévu pour doter les vétérinaires de ces instruments, mais n'a pas été engagé car ons'est rendu compte qu'ils allaient être stockés sans être utilisés. De l'argent avait été misà disposition des mairies pour en acheter, mais aucune ne s’est intéressée à la question.

Personnel insuffisant (quelques vétérinaires répartis en dix arrondissements dansle judet pour au moins 50 000 porcs abattus en quelques jours au niveau de chaquedépartement du pays), ignorance des paysans, prix du pistolet qu'il faut acheter (envi-ron 200 €), nécessitant une autorisation de la police… pour "port d'arme prohibée",rendent inopérante la réglementation. Les propriétaires d'animaux domestiques pour-raient se rendre chez les vétérinaires en disposant, mais cela a un coût dissuasif. Lesmairies ou administrations locales sont normalement obligées de mettre à dispositiondes espaces appropriés pour respecter lesnormes et les conditions d'abattage, maiscette décision est restée lettre morte. Dansces conditions, les paysans s'en tiennentaux méthodes traditionnelles et le direc-teur de la DSVSA en est réduit à se bornerà rappeler la réglementation aux vétérinai-res, à l'approche de Noël".

Permis de port d'armes exigé !

Profondément choqué, après avoirassisté à des tueries de porcs dans des conditions barbares, Roger Cordier avait profi-té d'un de ses retours dans sa Lorraine natale, l'été dernier, pour acquérir un pistoletd'abattage non électrique, par percussion, moins cher (116 € hors taxes) mais toutaussi efficace. Il l'a présenté pour démonstration à son retour au directeur de la DSVSAdu judet de Constantsa, afin que son usage soit éventuellement encouragé. Après l'a-voir fait testé, celui-ci l'a trouvé en effet valable, mais lui a conseillé de le présenter àla police. Le Lorrain s'est entendu répondre qu'il lui fallait une autorisation de port d'ar-mes… alors qu'il n'y avait pas de projectiles !

Les grillades (gratar) et les pique-nique font partie des bonheurs queles Roumains aiment s'offrir enfamille ou entre amis,notamment auxbeaux jours. Malheureusement, ilslaissent derière eux des traces -déchets, feux mal éteints - qui défigu-rent les lieux ou menacent l'environ-nement. Toutefois, une prise deconscience s'effectue. Des voix s'élè-vent pour y mettre bon ordre.

L'association "Révolution verte" ,en concertation avec des spécialistesdu ministère de l'Environnement etun cabinet d'avocat, a proposé lamise en place d'un code de bonneconduite, facile à comprendre et àappliquer, afin que pique-niqueurs etcampeurs sachent quels sont leursdroits et devoirs.

Elle suggère également qu'une loidéfinise les obligations des collectivi-tés locales qui gèrent les espacesverts, leur demandant d'aménagerdes zones spécifiques pour pique-niquer, clôturées, avec des points decollecte d'ordures sélectives, des toi-lettes écologiques, des endroits équi-pés pour faire des grillades, pourgarer sa voiture, avec un système degardiennage. Par ailleurs, les per-sonnes ne respectant pas l'environ-nement pourraient faire l'objet depoursuites.

Ces propositions ont toutefois étérejetées, Elena Udrea, la ministreayant en charge ce domaine, indi-quant qu'il suffisait d'appliquer laréglementation existante. Encorefaut-il en avoir la réelle volonté... cedont on peut douter quant on par-court le pays en long et en large !

De moins en moins

de Roumains prennent le train

l

l

Vie quotidienne

Ces dernières années, le nombre de Roumains utilisant le train n'a cessé de baisser.Eurostat relève qu'il était encore de 98 millions par an en 2004, était tombé à 75millions en 2008 et avait sans doute reculé de 10 % cette année. Parallèlement, à

l'exception de quatre pays, son nombre d'utilisateurs ne cesse de croître dans le reste de l'UE,passant de 7 à 8 milliards de passagers en quatre ans. Il a augmenté de 24 % en Grande Bretagne,de 13 % en France et de 12 % en Allemagne, ces trois pays assurant 58 % du total du trafic del'UE. L'évolution roumaine semble étonnante alors que le train devrait profiter de l'état déplora-ble dans lequel se trouve une bonne partie du réseau routier du pays. Il semble que les usagerssoient rebutés par les conditions de voyages offertes par la CFR: gares encombrées d'aurolacs(jeunes SDF), de personnes douteuses, chauffeurs de taxis qui sautent sur les passagers pour ten-ter de les arnaquer. Les omnibus (trains "personal") sont trop souvent dans un état misérable,banquettes défoncées, fenètres qui ne ferment pas, odeurs insupportables, manele (airs disco tsi-ganes) à tue-tête, compartiments non fumeurs remplis de fumée... Nombre de voyageur préfè-rent encore mille fois "se payer" les trous qu'ils ne manqueront pas de trouver sur les routes !

Environ 80 000 habitants du judet de Dolj (Craiova) sont affectés par desmaladies chroniques des reins, à la suite de la consommation d'eaux àtrop forte teneur de nitrates et nitrites, et leur nombre est en augmenta-

tion. "Trop de malades viennent quand leur maladie, silencieuse jusque là, est arri-vée au stade 4 ou 5, le dernier" constate le docteur Eugen Mota, chef de la cliniquede néphrologie de l'hôpital d'urgence de Craiova où il traite 80 patients en hémodia-lyse et 55 en dialyse péritonéale, soignés à domicile, alors que la liste d'attente com-prend des dizaines de noms.

D'après les estimations, 2 millions de Roumains, soit 10 % de la population,souffriraient de maladies rénales chroniques, 8000 d'entre eux faisant des dialyses.

La clinique de néphrologie de Craiova débordée

Selon l'Organisation Mondiale dela Santé, 20 % des enfants rou-mains souffrent de troubles psy-

chiques, soit au total près de 880 000enfants. 572 000, soit 13 %, souffrent d'an-xiété, allant de l'angoisse généralisée auxphobies et jusqu'aux attaques de panique.220 000 enfants souffrent, eux, de déficitd'attention et d'hyper activité. Enfin, plusde 150 000 sont dépressifs.

Troubles p sychologiques chez les enfant s

l

CHISINAU

TÂRGOVISTEl

T. SEVERINl

TG. JIUl

Pas de loi pour règlementer les pique-niques

Le massacre des porcs continue

Dans le dernier rapport duForum économique mondialsur la place des femmes dans

la société, la Roumanie occupe la 70eplace sur un total de 134 pays, la 30e pourleur participation à la vie économique, la70e concernant leur accès à l'éducation,la 41e dans le domaine de la santé et del'espérance de vie, et seulement la 126e

- la dernière en Europe - au niveau del'engagement dans la vie politique, bienaprès la Turquie (107e), la Syrie (116e)ou l'Algérie (120e)… Un comble: derriè-re les pays musulmans !

De la transition post-1989 à l'intégra-tion européenne, la présence desRoumaines sur la scène politique a forte-ment évolué. Des 30% de femmes à

l'Assemblée nationale imposés par lesquotas communistes à la fin des années1980, leur part au Parlement a chuté àmoins de 4% au cours des deux premièreslégislatures d'après 1989, pour montertimidement vers les 11-12% dans lesannées 2000-2004, puis redescendre à9% après les élections uninominales de2008 et se maintenir à ce taux.

Les Roumaines ét aient mieux considérées sous le communisme

Le ministre roumain de la Santé, Attila Cseke, aannoncé vouloir taxer la "malbouffe" -hamburgers,boissons gazeuses et autres sucreries- afin de finan-

cer un système de santé en crise et de lutter contre l'obésité ."Nous avons l'intention d'introduire une taxe fast-food,

sucreries, boissons gazeuses afin de soutenir des programmesnationaux de santé", a-t-il déclaré lors d'une conférence depresse. Cette taxe pourrait rapporter près d'un milliard d'euros

au budget de la Santé, a estimé le ministre. Elle s'appliqueraità chacun des produits considérés comme de la "malbouffe".

Le ministre a demandé à la commission de nutrition duministère d'oeuvrer à la mise en application de ce projet. Ilaura aussi des rencontres avec les producteurs et les distribu-teurs de ce type de produits. Selon la Fédération roumaine denutrition et de lutte contre le diabète et les maladies du méta-bolisme, un Roumain sur quatre souffre d'obésité.

D'ici 2012, chaque Roumaindevrait disposer d'une cartepersonnelle de santé, indi-

quant sa situation d'assuré social. Jusqu'àprésent, les assurés devaient se déplacerrégulièrement à la caisse d'assurancemaladie pour obtenir une attestationprouvant qu'ils étaient à jour de leurs

cotisations. Par ailleurs, le ministre de lasanté a déclaré qu'il fallait trouver unesolution pour que chaque citoyen rou-main ait accès au système de santé: àl'heure actuelle, six millions de personnescotisent, dix millions ne cotisent pas maissont prises en charge (retraités), les autresne bénéficient pas d'assurance de santé.

Une carte pour la santé

La Roumanie veut t axer la "malbouf fe"

Un habit ant sur quatre souffrirait d’obésitéSanté

Page 17: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

3332

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Santé

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

l

TIMISOARA

ARAD

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lURZICENI

l

Mort à 36 ans en se vidant de son sangpour une fracture non opérée à temp s

Cinq ans après son succès à Cannes, "La mort de M. Lazarescu" reste d'ac-

tualité en Roumanie, comme l'illustrent deux malheureuses histoires survenues

en janvier et début février en Moldavie, qui ne sont pas, hélas, isolées. A Pascani

comme à Vaslui, il s'agit d'horreur et non d'erreur médicale.

Le 15 janvier au soir, un agriculteur de 36 ans de Vanatori, petite communedu judet de Iasi, est conduit en urgence par sa femme à l'hôpital de Pascaniavec des plaies et fractures de la jambe à la suite de la charge d'un taureau.

Le médecin de garde lui fait un pansement et le renvoie en salle d'attente, lui disant depatienter. Sa femme revient le lendemain… Son mari n'a pas bougé, sa jambe est san-guinolente et il souffre le martyr. Elle se précipite chez le médecin de service, chef dela clinique de chirurgie, qui lui répond qu'il ne peut pas s'occuper de lui parce qu'iln'est pas assuré. Elle l'implore de le faire transporter à l'hôpital d'urgence de Iasi, seheurtant à la même réponse et au même refus.

Le surlendemain, alors que sa situation et les douleurs ont empiré, et que toute lafamille est venue la soutenir, elle supplie le même médecin de la laisser au moinstransférer son mari s'il ne veut pas s'en occuper. La réponse est invariable : il n'a pasd'assurance et ne peut donc pas bénéficier d'un transport en ambulance.

Le troisième jour, sur l'insistance de tous les proches du blessé, le médecin sedécide enfin à l'opérer. Le malheureux est mis dans une chaise ambulante, la jambeenveloppée dans une serviette pour que le sang ne tâche pas le sol, et conduit dans lasalle d'opération. Quelques minutes plus tard, le médecin en sort pour indiquer que l'o-péré a fait un stop cardio-respiratoire grave. Il revient quelques instants plus tard pourannoncer qu'il est mort.

La famille a porté plainte.L'hôpital de Pascani a décidé dese séparer du médecin de garde,qui était un retraité, et de suspen-dre de ses fonctions de chef de laclinique de chirurgie pour unepériode de deux mois, le méde-cin de service. L'assistante médi-cale qui s'était occupée de ce casla première nuit a été égalementsanctionnée, son salaire étantdiminué de 10 % pendant troismois, deux infirmières étantmutées disciplinairement. Parailleurs, une enquête a été ouverte par le collège des médecins de Iasi.

Onze heures d'attente pour l'ambulance

Toujours en Moldavie, à Vaslui, un homme de 74 ans est mort après avoir atten-du pendant onze heures une ambulance. Hospitalisé dans un premier temps dans unhôpital de Negresti, les médecins avaient décidé de son transfert à Vaslui devant l'ag-gravation de son état de santé. La direction départementale du service des ambulancesa rejeté la faute sur l'hôpital de Negresti qui ne lui aurait pas signalé qu'il s'agissaitd'une urgence. Là aussi, une enquête est ouverte par le services départementaux desanté. Face à ces cas, toujours fréquents dans le pays, les Roumains sont de plus enplus nombreux à réagir et à porter plainte. Les pouvoirs publics et les autorités médi-cales, prenant conscience de la gravité de la situation, rechignent moins à ouvrir desenquêtes. Cela ne ramène pas cependant les victimes à la vie. Le triste état du systè-me de santé reste toujours le problème n°1 de la Roumanie.

Sur la base d'un accord qui vientd'être signé entre le départementfrontalier de Bekes en Hongrie et laville d'Arad, celle-ci va approvisionnerses voisins magyars, soit 300 000personnes, en eau potable, pour les50 prochaines années. Arad leurfournira quotidiennement 30 000 m3afin de diluer la concentration enarsenic, nitrates et bore contenus enproportion trop élevés dans les eauxlocales. Le département hongrois estconfronté depuis longtemps à cegrave problème et tente d'y remédierdepuis 1980, mais il n'a réussi à fairetomber le niveau du taux d'arsenicqu'à 30 microgrammes par litre, lalimite maximum admise par l'UEétant de 10 microgrammes. Les auto-rités du département de Bekes ontcalculé que pour y parvenir, cela leurcoûterait moins cher de construireune conduite d'eau de 30 km de longet de s'approvisionner chez leur voi-sine plutôt que de s'échiner à traiterleur eau chimiquement.

De l'eau d'Arad pour ses 300 000 voisins Hongrois

"Les universités son devenues des usines à chômeurs" s'insurge le quotidien Adevarul

l

l

Avec latransi t ionde l'écono-

mie roumaine du socia-lisme au capitalisme,métallurgie, sidérurgieet pétrochimie ont tourà tour disparu. Leseffectifs salariés dansces secteurs ont subi descoupes répétées, mais

les facultés ont pourtant continué à produire à la chaîne desdiplômés. Ce sont ainsi 350 jeunes qui sont entrés en 2009, sursimple dossier d'admission, à la faculté de métallurgie deBucarest, rebaptisée faculté des sciences et du génie desmétaux.

Lorsque Narcisa Mina et son amie se sont inscrites à la facvoici plusieurs années, les grands complexes ALRO et MitallGalati (conglomérats sidérurgiques) embauchaient encore.Entre-temps, ALRO a procédé à des dégraissages dans sonpersonnel, et Galati ne propose plus de postes non plus. Sur lesite de recrutement MyJob, la métallurgie n'existe même plusen tant que critère de recherche. Les seules demandes d'ingé-nieurs métallurgistes émanent de l'étranger (Canada etAustralie), et encore sont-elles rares.

Des dizaines de milliers d'étudiants

pour une poignée d’emplois disponibles

Une situation tout aussi préoccupante prédomine à lafaculté de droit, qui délivre chaque année des milliers de diplô-mes. Une faculté certes utile, mais dont les débouchés, sur unmarché du travail saturé, sont problématiques. Les établisse-ments publics d'enseignement du droit ont admis en 2009 plusde 9 000 étudiants, auxquels s'ajoutent ceux de 22 facultés pri-vées. Mais les diplômés de ces dernières années n'ont pu dépo-ser leur candidature que pour 720 places d'avocats stagiaires,136 postes de notaires débutants et 130 places au concours dela magistrature. Iuliana Badea, une experte en recrutement,constate que la plupart des diplômés en droit s'orientent désor-mais vers le marketing et la vente…

L'emploi n'est guère plus au rendez-vous dans d'autresdomaines. Ainsi, malgré les problèmes environnementaux queconnaît la Roumanie, le métier de "spécialiste de l'environne-ment" n'offre pas de débouchés sur le marché. Et pourtant, lesfacultés continuent de former chaque année des milliers d'in-génieurs des eaux et forêts, sous le prétexte que l'écologiereprésente l'avenir. C'est ainsi que les mêmes offres de forma-

tion se retrouvent dans les programmes de tous les établisse-ments d'enseignement supérieur du pays.

Il en va de même pour le cursus d'agronomie: bien que l'a-griculture en Roumanie soit gérée très approximativement etque des spécialistes s'avèrent plus que nécessaires, les jeunesdiplômés ne trouvent pas de travail. Les fermes d'élevageindustriel n'existent plus, et dans la sylviculture, on licencie.La seule spécialité qui offre des débouchés est celle de "pay-sagiste".

Préserver les emplois

des professeurs universitaires

Malheureusement, bien qu'ils n'offrent pratiquement aucu-ne perspective d'emploi aux étudiants, les enseignants s'accro-chent à leurs chaires. Anca Opris, de la Société académiqueroumaine, confie que le nombre de places proposées par lesuniversités est établi selon des critères pour le moins particu-liers. "Elles s'efforcent d'attirer le plus grand nombre d'étu-diants afin de préserver l'emploi des professeurs. Elles vontmême jusqu'à abaisser les standards académiques, de peurque les étudiants n'aillent voir ailleurs", explique-t-elle.

L'absence d'un plan économique de développement à longterme complique encore davantage la situation. L'ancienministre de l'Education, le professeur Mircea Miclea, aujourd'-hui chef de la Commission présidentielle pour l'éducation,assure avoir essayé de faire des prévisions à long terme sur l'é-volution industrielle pour orienter les universités. Mais "lesinvestisseurs n'ont pas été capables de me donner des perspec-tives sur plus de deux à trois ans au maximum", plaide-t-il.

Sous le régime communiste, rappelle M. Miclea, les auto-rités étaient obligées d'élaborer une stratégie de développe-ment économique et social sur dix à vingt ans, indiquant si laRoumanie devait parier sur l'informatique, sur l'agriculture, surle tourisme ou sur d'autres secteurs porteurs d'emploi.Aujourd'hui, un tel schéma aiderait grandement les jeunes àchoisir leur filière. "Les universités en sont arrivées à vendredes illusions au lieu de métiers", déplore-t-il.

Quelque 3 millions de Roumains, sur 21 millions d'habi-tants, sont partis à l'étranger pour trouver du travail ou étudier.Mais la majorité de ces migrants ne trouvent pas d'emploi à lahauteur de leurs diplômes: ils deviennent le plus souventfemme de ménage, chauffeur de taxi ou caissière. Pourtant,15 % de la population adulte du pays souhaite encore émigrer,dont 50 000 jeunes diplômés de l'université ou étudiants de 3ecycle. Malgré une directive européenne qui l'impose, la Francene reconnaît toujours pas les diplômes roumains.

Mariana Bechir et Daniela Serb (Adevarul)

l

l

VASLUI

SF. GHEORGHE

A Pascani, l'horreur médicale Un bout de papier qui ne vaut plus rien

La Roumanie entreprend de réin-troduire les castors. 650 d'entre eux,parfois dotés de colliers GPS, peu-plent déjà les vallées de l'Olt, leMures et la Ialomita. Des précautionsont été prises pour les empêcher dedévaster les cultures de pommes deterre et de choux, dont ils sontfriands, en les protégeant par desclôtures électriques, ou en les dissua-dant de faire leurs dents sur lestroncs des arbres fruitiers qui ont étéenduits d'un produit répulsif, à basede chaux et de sable.

Repeuplement des castors

Enseignement

"L'université roumaine est devenue une usine à chômeurs. Faute de revoir des filiè-

res et des programmes figés depuis l'ère communiste, elle forme des diplômés qui restent

sur le carreau", s'insurge le quotidien "Adevarul", dans un article repris par "Le

Courrier international".

L'hôpital de Pascani a été durement mis en cause.

9000 étudiants en droit dans les seules universités publiques

sans compter 22 facultés privées… pour à peine 1000 emplois à pourvoir.

Page 18: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Société

Réunis à Vienne, les représentants des pays riverains du Danube(Allemagne, Autriche, Hongrie, Croatie, Bosnie, Bulgarie, Roumanie,République tchèque, Slovaquie, Serbie, Slovénie, Ukraine, Monténégro et

Moldavie) ainsi que des responsables de la Commission européenne ont adopté unplan de gestion à mettre en oeuvre d'ici 2015 afin "d'améliorer la situation environ-nementale du fleuve et de ses affluents". Il s'agit notamment de réduire la pollutiond'origine humaine de cette importante voie fluviale, par une série de mesures allantde la construction de nouvelles centrales hydro-électriques à l'interdiction des déter-gents contenant des phosphates en passant par une gestion des risques de pollutionaccidentelle et l'entretien des marais et digues longeant le fleuve. Des plans de pré-vention des inondations avec l'instauration de barrières naturelles et l'améliorationdes systèmes d'alerte et prévisions sont également prévus.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

3534

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Environnement

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

lBRAILA

SUCEAVA

FOCSANIl

lPITESTI

l

Un oligarque russe veut relancer l'exploit ation de la mine d'or fermée

Le magnat russe Mihail Prokhorov s'apprête à relancer l'exploitation de la

mine d'or de Baia Mare dans le Maramures dont il est devenu récemment le pro-

priétaire et qui avait été fermée après avoir provoqué la plus importante pollution

que la Roumanie ait connu, en 2000.

Al'époque, un bassin de décantation au cyanure avait rejeté ses déchets dansla rivière Tisza, affluent du Danube, causant d'importants dégâts jusqu'enHongrie et entraînant la fermeture du site ainsi qu'une crise dans les rela-

tions avec Budapest. L'histoire va-t-elle se répéter ? Mihail Prokhorov a déjà déposéune demande d'exploitation qu'il compte calquer sur celle de Rosia Montana, utilisant ànouveau le cyanure, et a indiqué qu'il comptait investir 100 M€. Mais alors que dansles Apuseni, ce sont une vallée et un site archéologique qui risquent de disparaître, dansle Marmures c'est la ville de Baia Mare, déjà l'une des cités les plus polluées du paysqui sera directement menacée. Le magnat russe apromis la création de 500 emplois, recevant l'ap-pui de syndicats ainsi que celui asez étonnant duresponsable de l'environnement du judet qui adéclaré que les normes européennes de protec-tion de l'environnement seraient respectées,"l'eau arrivant à une concentration de 10 mg decyanure par litre à la sortie de la mine, cette sub-stance étant décomposée ensuite naturellementpar les rayons ultra-violets du soleil dans lesbassins de décantation, le reliquat de cyanureétant traité dans la station d'épuration que lenouveau propriétaire projette de construire".

Cadeau empoisonné

Plus grosse fortune de Russie, (8 milliards d'euros, mais 18 milliards avant la crise)Mikhaïl Prokhorov est un proche de Poutine et de sa sphère KGB-mafia d'oligarques.Ce magnat de 45 ans a été déstabilisé après son arrestation médiatisée et pour le moinsinattendue ainsi que 25 autres personnes dans la station huppée de Courchevel en jan-vier 2007 dans le cadre d'une enquête sur un réseau présumé de prostitution. Courchevelest le repaire des jeunes golden-boys bling-bling de l'Est dont Prokhorov fait partie.L'enquête judiciaire n'a jamais abouti.

Mikhaïl Prokhorov a fait à nouveau beaucoup parler de lui lors de l'été 2008 lorsquela presse a prétendu que c'était lui qui voudrait racheter pour la somme incroyable de496 millions d'euros la villa Léopolda à Villefranche-sur-mer, appartenant à Lily Safra,veuve du milliardaire suisse d'origine libanaise Edmond Safra (mort en 1999 dans l'in-cendie d'un immeuble monégasque). Ces rumeurs ont été aussitôt démenties parProkhorov qui a nié être l'acheteur secret de la villa Leopolda. Et l'oligarque russe d'af-firmer qu'il ne ferait plus jamais d'affaires en France tant que les autorités françaises nelui auraient pas présenté les excuses officielles pour la fâcheuse histoire de Courchevel.C'est donc la Roumanie qui risque d'hériter de ce cadeau empoisonné.

Le ministère roumain del'Economie a été condamné par laJustice roumaine à payer un leu dedommages et intérêts à l'organisa-tions Greenpeace Romania pouravoir refusé de diffuser des informa-tions relatives à l'emplacement de lafuture centrale nucléaire que l'Etatprévoit de construire. Les juges ontestimé qu'il s'agissait d'une violationde la constitution roumaine et de laconvention internationale d'Aarhus surl'accès à l'information. Le ministèreest obligé maintenant de mettre cesinformations à la disposition du public.

Quatre emplacements auraient étéretenus le long de la rivière Somes,en Transylvanie pour la réalisation decette centrale dont la puissance totaleserait comprise entre 2000 et3000 MW. Actuellement, la Roumaniedispose d'une seule centrale, àCernavoda, avec deux groupes de700 MW chacun qui produisent 18 %de la consommation nationale d'élec-tricité. Deux autres réacteurs doiventêtre achevés en 2015 pour un coûttotal de 4 milliards d'euros.

Le nettoyage du Danube mis en œuvre d'ici 2015

Un Rosia Montana bis à Baia Mare ?

Greenpeace fait condamner l'Etat roumain

l

l

Environnement

Première fortune de Russie, proche de Poutine, Mihail Prokhorov a fait parler de lui dans les colonnes

faits divers des journaux.

Le site de Rosia Mont ana proposé au p atrimoine de l'Unesco

Afin de protéger le site archéologique de Rosia Montana, dont la vallée, contenant des gisements aurifères, est menacéede destruction par une exploitation utilisant le cyanure, le ministre de la Culture et du Patrimoine national, KelemenHunor, a demandé qu'il soit classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Jusqu'ici, le ministre, d'origine magyare, s'é-

tait fait discret sur la question, mais peu de jours avant sa prise de position Budapest avait tapé du point sur la table, réclamant l'a-bandon du projet, à la fois proche de son territoire et situé dans une zone où vivent des Hongrois.

Dans un rapport l'association de défense des droitsde l'Homme Amnesty International appelle lesautorités roumaines à "arrêter les expulsions for-

cées de Roms et à reloger sans délai" ceux qui vivent dans desendroits insalubres, notamment à proximité de déchargespubliques. Selon cette étude d'Amnesty International, "à tra-vers le pays, des familles roms sont expulsées de leurs maisonscontre leur volonté", perdant "leurs biens, leurs contacts

sociaux, ainsi que leur accès au travail et aux servicessociaux. Ces expulsions sans annonce préalable, sans consul-tation et en l'absence d'un logement alternatif perpétuent laségrégation raciale et représentent une violation des engage-ments internationaux de la Roumanie", note Amnesty. Plus dedeux millions de Roms vivent en Roumanie. Cette communau-té connaît un taux de pauvreté, de chômage et d'illettrismedeux à trois fois plus élevé que la moyenne nationale.

Le secrétaire d'État français auxAffaires européennes, Pierre

Lellouche, en visite àBucarest le 11 férvrier, a obtenu du gou-vernement roumain qu'il nomme unresponsable de la réinsertion des Roms,chargé de veiller à ce qu'ils nereviennent pas en Franceaprès avoir été expulsés.Pierre Lellouche, qui étaitaccompagné de deux députésde l'UMP (Union pour unmouvement populaire, majo-rité présidentielle), LionnelLuca et Jean-Marc Roubaud,ainsi que du député socialisteDominique Raimbourg, a étéreçu peu après son arrivée par le Premierministre roumain Emil Boc.

A l'issue de leur entretien, les deuxhommes ont annoncé trois décisions. Lapremière est la nomination d'un secrétai-re d'État chargé de la réinsertion desRoms auprès du ministère du Travail etdu Premier ministre, "ce qui va permett-

re", a expliqué Pierre Lellouche, "à nousFrançais et Européens, d'accompagnerla réinsertion des Roms en Roumanie".Ce "suivi" nécessaire, a-t-il dit, était le"chaînon manquant" dans la surveillanceet la réinsertion. La deuxième décision

est l'envoi de policiers et de magistratsroumains en France "pour nous aider àdémanteler les trafics d'êtres humains",a-t-il poursuivi. La troisième est une"politique de coopération" pour "mobili-ser des fonds européens au service de laréinsertion de la communauté rom".Cette politique, a précisé le responsable

français, "va s'appuyer sur la conférenceeuropéenne de Cordoue (Espagne), enavril, sur les Roms".

Emil Boc a qualifié de "très directes"les discussions et évoqué une "tolérancezéro" à l'égard des réseaux criminels qui

encouragent les Roms à se ren-dre clandestinement en France.Huit mille Roms ont été recon-duits de France vers laRoumanie en 2009 avec enpoche 300 € par adulte et 100€ par enfant, mais près de deuxtiers d'entre eux reviendraientclandestinement en France."Nous voulons traiter cetteaffaire de façon humaine et

intelligente", avait dit Pierre Lelloucheavant d'arriver à Bucarest, en soulignantle caractère délicat de la visite, dont l'ob-jet "ne divise pas la droite et la gauchefrançaises", comme en témoigne la pré-sence d'un député socialiste. Entre 20 000et 30 000 Roms d'origine roumaine rési-dent actuellement en France.

Amnesty International dénonce les expulsions de T siganes de leurs logement s

Près des deux tiers des T siganes renvoyés en Roumanie reviendraient clandestinement en France

Paris encourage Bucarest dans la voie de la résinsertion

Un squat tsigane dans la région de Nice.

Minorités

Une petite fille se baigne dans le Danube devant une usine

pesticide à Turnu Magurele, en août 2003.

T. MAGURELEl

ROSIA M.l

CERNAVODAl

Page 19: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Société

Le 3 mars 1990, le grutier Gheorghe Gavrilescu venait de sa propreinitiative avec un engin de levage, enlever de son socle la statue en bron-ze de 7 mètres de haut de Lénine, qui trônait devant la Casa Scinteii, le

grand bâtiment de style stalinien de Bucarest, abritant la presse communiste. Le 26janvier dernier, jour de l'anniversaire de Ceausescu, Ioana Ciocan, artiste plasti-cienne, l'a remplacée par une autre statue du dirigeant de la Révolution d'octobre,mais de dimension plus modeste - 3 mètres de haut - de couleur rose, faite en poly-ester… et recouverte de bonbons et de chocolat.

Le but de l'artiste était de provoquer une réaction afin que des pans entiers del'histoire du pays ne soient pas gommés des mémoires. Ioana Ciocan milite pourque soit ouvert un musée de l'Art sous l'époque communiste, comme il en existe enPologne, ex-Allemagne de l'Est, Hongrie, République Tchèque et que l'on n'effacepas purement et simplement une époque de 50 ans. Sa statue n'était pas mangeableet pas plus digérable que le communisme, a-t-elle précisé.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

3736

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Religion

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

l

TIMISOARA

ARADSIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Le métropolite de Cluj a-t-il collaboré avec la Securit ate ?

Souvent mis en cause pour ses compromissions avec l'ancien régime commu-

niste, l'Eglise orthodoxe roumain (BOR) reproche au Conseil national d'étude des

archives de la Securitate (CNSAS) de mener des campagnes de dénigrement à son

encontre. Celui-ci se défend et rappelle la loi sur le droit d'accès aux archives.

Le métropolite de Cluj, "martyr ou tortion-naire de la prison d'Aiud" sous le régimecommuniste? Cette question, c'est un jour-

naliste du quotidien Evenimentul Zilei qui se la posedans un article paru le 12 janvier. Témoignages d'an-ciens détenus à l'appui, ce dernier entend démontrerle rôle de collaborateur qu'a eu Valeriu Anania à l'é-poque des faits. Arrêté par la Securitate et enfermépendant six ans dans la prison d'Aiud entre 1958 et1964, le jeune prêtre aurait choisi de collaborer avecles tortionnaires pour jouer "un rôle important dans

le processus de rééducation des détenus", peut-on lire. Cet article se base notamment sur une note du CNSAS, rendue publique le 22 jan-

vier 2008, qui affirme que Valeriu Anania a collaboré avec la Securitate sous le nom decode "Apostol" ("Apôtre"). Ces accusations ont suscité la colère des autorités religieu-ses. Le bureau de presse de la Métropolie de Cluj a remis au journal Evenimentul Zilei

un droit de réplique, dans lequel elle insiste sur le manque de preuves "concluantes etindubitables" du journaliste dans les accusations qu'il porte.

Quelques jours plus tard, c'est la Patriarchie roumaine elle-même qui, par le biaisd'un communiqué de presse, accuse une campagne de "dénigrement" du clergé ortho-doxe par des fuites d'informations "douteuses" vers des "mercenaires médiatiques" etd'autres personnes qui cherchent "à humilier et à frapper" les serviteurs de l'Eglise avantl'avis des instances civiles.

"Obstination"… ou droit à la vérité ?

"Le CNSAS continue de montrer son incapacité à évaluer de façon objective l'atti-tude du clergé orthodoxe devant le régime communiste", peut-on encore lire dans cecommuniqué. Les accusations proférées par la Patriarchie roumaine ont été repousséesimmédiatement par les représentants du CNSAS. "Nous ne dirigeons aucune campagnecontre aucune institution en général, encore moins contre un culte entier. S'il est ques-tion de documents apparus dans la presse ces dernières semaines, ceux-ci n'ont pas étédonnés par le CNSAS mais par des personnes qui les ont obtenus en vertu du droit d'ac-cès aux dossiers", a répondu Claudiu Secasiu, l'un des membres du collège du CNSAS,cité par l'agence de presse NewsIn. Une explication qui est loin de satisfaire les prélats.Contacté par Lepetitjournal.com, le prêtre Constantin Necula, de l'archiépiscopat deSibiu accuse "l'obstination" avec laquelle le CNSAS s'applique à décrédibiliser l'Egliseorthodoxe. Pour lui, les "campagnes" menées par le CNSAS à l'encontre de l'Eglise ser-vent des "intérêts politiques" et en aucun cas la "vérité historique" .

"L'Eglise est dépassée par toutes ces accusa-tions. C'est certain qu'aujourd'hui, elle doitreconnaître ses fautes", admet-il, mais sans queles collaborateurs soient faits "criminels"... "Lesvrais criminels promènent aujourd'hui leursenfants dans les parcs et vont tous les dimanchesà l'Eglise", conclut-il avec colère.

Jonas Mercier

(www.lepetitjournal.com / Bucarest)

Ion Tiriac , ancien champion detennis et, aujourd'hui, 3ème plus richeRoumain avec une fortune estiméeentre 850 et 900 M€, avait signé unengagement comme informateur de laSecuritate en 1963, a révélé leCNSAS, organisme chargé de faire lepoint sur les collaborateurs de l'ancien-ne police politique. Son nom de codeétait "Titi Ionescu" . Le CNSAS acependant indiqué qu'à cause de lamauvaise volonté du sportif, la Securi-tate avait mis un terme à cette collobo-ration, 3 ans plus tard. Tiriac, 24 ans àl'époque, s'était marié la même annéeavec la handaballeuse est-allemandeErika Braed. Son rôle était de rappor-ter les discussions qu'il avait avec lessportifs et délégations étrangères cata-logués comme suspects, venant enRoumanie. La CNSAS n'a retrouvéque deux traces écrites de ses rap-ports, dont l'un concernant les rencont-res de coupe Davis opposant son paysà l'Afrique du Sud. Tiriac avait rempor-té le double avec son co-équipierAlexandru Bardan, qui est aujourd'huivice-président de la FédérationRoumaine de Tennis.

Tiriac ét ait "Titi Ionescu"

Une statue de Lénine rose et en chocolat

Nom de code "Apostol"

Le record n'est pas homologué et les édiles locauxn'y tiennent sans doute pas… La rue qui mène àla gare de Galati, empruntée quotidiennement

par des voitures, contient pas moins de 323 trous en 500mètres, soit plus d'un tous les deux mètres ! Les chauffeursde taxis qui conduisent leurs clients pour prendre le bus oule train sont les plus touchés et les plus en colère. Ils doi-vent faire procéder à une révision générale de leur véhiculeau moins tous les six mois, changer la suspension, les biel-les, la direction, les jantes, sans compter le nombre de foisoù ils doivent se rendre chez le "vulcanizator" pour lespneus abîmés ou crevés.

l

l

TG. JIUl

TÂRGOVISTEl

Insolite

L'administration pénitentiaire roumaine vaconfier à un de ses protégés la conception de lapremière prison privée du pays. Nicolae

Popescu, ancien architecte en chef du secteur Voluntari deBucarest est en effet derrière les barreaux depuis septemb-re dernier, après sa condamnation pour avoir exigé et reçudes pots de vin de ses commanditaires. S'ennuyant dans sacellule, il s'est mis au travail, faisant venir une planche àdessins. La société chargée du projet a été heureuse detrouver un professionnel expérimenté, l'administration,quelqu'un qui connaissait désormais bien le milieu. Le seulengagement qu'ait pris l'architecte est de ne pas utiliser lesplans qu'il va dessiner pour faciliter son éventuelle éva-sion, s'il était transféré dans l'établissement qu'il conçoit.

A pied d'œuvre

La vallée de Jiu est actuelle-ment inondée par des stocksde cigarettes de contrebande,

venant de Moldavie et d'Ukraine, enempruntant un circuit passant par leMaramures ou Satu Mare. Ce marchénoir, qui concerne aussi d'autres pays

d'Europe centrale et de l'Est, est d'autantplus intéressant que le prix des cigarettesde fabrication locale a bondi avec l'aug-mentation des taxes, le paquet frisantdorénavant les 2 €, soit un cinquième dusalaire quotidien moyen. L'ennui, c'estqu'elles sont fabriquées avec du tabac

cultivé aux alentours de Tchernobyl,planté dans des terrains pourtant improp-res à toute culture pour des décennies.Des doutes sérieux pour la santé desfumeurs se font jour, même si aucunepreuve de leur nocivité n'a pu encore êtreétablie.

Cigarettes radioactives

Galati mérite le livre des records

Débarqué depuis moins de 24 heures à Londres et nesachant où loger, un jeune Roumain à sauter le murd'une caserne, trouvant un refuge pour la nuit dans un

local souterrain de Buckingham Palace où il a été trouvé profondé-ment endormi par une police sur les dents. Sans être aperçu dans unpremier temps, il avait été finalement signalé pour avoir franchicette enceinte du régiment des gardes chargés de la sécurité de Sagracieuse Majesté.

Suspecté d'être un terroriste d'Al Quaïda, il a été finalementrelâché après plusieurs heures d'interrogatoire, un officier enquê-teur reconnaissant que cette histoire était "assez gênante", relevantque la sécurité des lieux "laissait à désirer".

Hôte royal indésirableLongtemps repoussée, la construc-

tion de la controversée grande cathé-drale de Bucarest "La repentance dupeuple" va débuter au mois d'août, aannoncé le Patriarche Daniel. Ellesera édifiée à proximité du palais duParlement et affichera des mensura-tions impressionnantes: 120 mètres delong, 70 de large, une surface de 38000 mètres carrés et une capacité de5000 personnes. Coût : 200 millionsd'euros (maquette ci-contre) .

La grande cathédralebientôt en chantier

Page 20: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

3938

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Sports

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

SINAIA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Décrocher une médaille aurait été un vérit able exploit

Aux J.O. d'hiver de Vancouver, la Roumanie était représentée par une déléga-

tion de 29 sportifs, dont trois pour le ski alpin, autant pour le ski de fond, un pati-

neur, le reste étant constitué par les équipages de bobsleigh, de traîneaux et les

compétiteurs de biathlon. Comme prévu, dans un sport qui a toujours été laissé en

déshérence, les Roumains n'ont ramené aucune médaille au pays.

La Roumanie a des montagnes et de la neige, mais les disciplines sportiveshivernales n'y ont jamais trouvé grâce. Il n'y existe aucune patinoire, pistesde ski ou tremplins pour les sauts, homologués, alors que le nombre de sta-

tions de sports d'hiver et de patinoires pour le public ne cesse d'augmenter. Les rareschampions sont obligés de partir six ou sept mois à l'étranger chaque année pour s'en-traîner. Edit Miklos, la seule skieuse de l'équipe roumaine prend régulièrement le che-min de l'Autriche… Elle a même pris le tic de dire "je retourne chez moi".

Paul Pepene qui vient de donner à la Roumanie son premier titre, devenant champ-ion du monde junior de ski de fond sur 30 km, avoue passer 70 % de sa vie loin du pays,en Autriche l'hiver, et en Bulgarie l'été où il peut s'entraîner et entretenir son souffle etsa musculation car il y existe des pistes de rollers spécialement conçus pour sa discipli-ne. "Quand je suis en Roumanie, je m'entraîne dans la rue, entre les voitures" déplore-t-il, rajoutant qu'il a de la chance car il a trouvé des sponsors qui paient ses séjours àl'étranger. Le jeune champion confie qu'il s'en sort surtout grâce à l'aide ses parents, sonclub, le Dinamo Bucarest l'indemnisant à hauteur de 170 € par mois. La situation estidentique pour Zoltan Kelemen, champion de Roumanie de patinage artistique. Sonclub Miercurea Ciuc, l'a gratifié de 120 € mensuels pour les deux mois précédents lesJ.O.. Toutefois sa Fédération prend en charge son hébergement à l'étranger. Pour lereste, il s'en remet à sa mère… "J'aime trop le patinage pour renoncer" affirme lechampion qui a 23 ans et a tout de même terminé 19ème au championnat d'Europe.

Championnats de Roumanie… en Pologne

Sans moyens, les fédérations ne sont pas à incriminer. D'ailleurs, faute de structu-res adéquates, elles en sont réduites à faire disputer certains championnats nationaux àl'étranger. Le titre de champion de saut est attribué en Pologne ou en Autriche. Lesvoleurs de ferraille ont désossé le seul tremplin du pays, à Sacele, près de Brasov. Sielles arrivent à fournir en matériel leurs champions de ski ou de patinage, l'équipementn'étant pas trop coûteux, il en va tout autrement en ce qui concerne le bobsleigh et lestraîneaux où il peut atteindre des milliers d'euros. C'est ainsi qu'Emanoil Savin, le mairede Busteni, station de la vallée de Prahova, près de Sinaia, a lancé une quête publiquepour acheter deux traîneaux de dernière génération aux sœurs Raluca et Violeta

Stramaturaru, originaires de l'endroit, sélectionnées pour représenter la Roumanie àVancouver. Il a collecté 15 000 € dont 1000 € remis par Lucian Bute, champion dumonde de boxe.

Paul Const antin Pepene , 22 ans,est devenu champion du monde

junior(moins de23 ans) deski defond, dansla catégo-rie 30 kmauxchampion-nats qui sesontdéroulésfin janvier

à Hinterzaten en Allemagne. Deuxjours plus tôt, son compatriotePetrica Hogiu avait terminé 2ème du20 km. Jusqu'ici, La Roumanie n'a-vait remporté qu'une seule médailleen sports d'hiver, le bronze, en bobs-leigh, grâce à Ion Pantaru, en 1968,aux J.O. de Grenoble. Cette 3èmeplace lui avait valu la remise parCeausescu d'un "diplôme de recon-naissance éternelle"... ce qui ne l'a-vait pas empêché, quelques annéesplus tard, d'être à deux doigts de sonexclusion du Parti communiste pourn'avoir terminé que 5ème.

Ski de fond: enfin un titre roumain

l

l

Mission impossible à Vancouver

Jamais l'équipe nationale de foot-ball roumaine n'avait été classéeaussi bas dans la hiérarchie mondia-le par la Fédération Internationale deFootball, dont le classement existedepuis 1992. Avec 745 points, lessuccesseurs de Hagi figurent à la38ème place, reculant de deux pla-ces par rapport au classement précé-dent. L'Espagne est en tête, suivie duBrésil. La France est 7ème.

Descente aux enfers

M. CIUC

l

IARNA

2009

2010

Décidément le sort s'acharne àse faire affronter France etRoumanie. Les deux équipes

font partie du même groupe de qualifica-tion de l'Euro 2012 qui se déroulera enPologne et Ukraine. Comme en 2008... etcomme pour les poules de qualification àla coupe du Monde en Afrique du Sud dejuillet prochain. Elles se rencontreront enmatchs aller-retour et auront comme

adversaires la Bosnie-Herzégovine, laBiélorussie, l'Albanie et le Luxembourg.Les premiers matchs auront lieu dès l'au-tomne prochain, la France recevant laRoumanie le 9 octobre et lui rendant visi-te le 6 septembre 2011. La France et laRoumanie se sont déjà rencontrées à 13reprises, la première s'imposant six fois, laseconde trois fois. Les trois dernières ren-contres se sont terminées sur un score nul.

Euro 2012: France et Roumanie ne se quittent plus

Page 21: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Connaissance et découverte

800 écrans à 80 et l'affluence à chuté de 20-30 millions à 2-3millions. La piraterie prolifère et seul le cinéma très grandpublic, style comédie romantique américaine, tire son épingledu jeu. Les gens réclament des histoires simples, basiques, quirépondent à leur attente. Ils perdent aussi l'habitude de sortir,et récolter des fonds pour tourner le moindre film est toujoursune âpre bataille. D'ailleurs, avec Contes..., j'ai aussi envisagéla comédie comme moyen d'attirer le public en salles; bienqu'en définitive, il ait semble-t-il eu du mal à imaginer qu'onpuisse faire un film drôle sur une telle période. Ça a été le filmroumain qui a le mieux marché cette année, mais très loin der-rière le cinéma américain, type l'Age de glace 3.

"Le mensonge et la manipulation

ont fini par reprendre le dessus"

G.R. : Où étiez-vous pendant l'âge d'or ?

C.M. : J'étudiais les langues àIasi, une ville au nord du pays. Jecollaborais aussi au journal Opinia

Studenteasca, qu'on citait commeun exemple de presse libre car il n'a-vait pas l'obligation de mettreCeausescu en couverture. Aumoment de sa chute, il y a eu une

formidable effervescence. Tout le monde passait à la rédaction,les gens nous remerciaient de dire enfin la vérité. De mensuel,on est passé quotidien, travaillant jour et nuit. On nous appor-tait de la nourriture, des cigarettes. Nous vendions le journal àla criée. Tout était à réinventer, avec une dimension roman-tique. Bien sûr, ça n'a pas duré: le mensonge et la manipulationont fini par reprendre le dessus.

G.R.: Au vu des récentes élections présidentielles rou-

maines, on sent l'opinion publique désabusée…

C.M.: Effectivement. On y a cru. Mais ces dernièresannées, ça a basculé, avec l'impression que tous les politiquesse valent, uniquement soucieux de leurs intérêts personnels;qu'il n'y a plus de débat idéologique; et que seule la démago-gie prévaut. La campagne électorale a été désastreuse.

G.R. : Si vous deviez imaginer un "conte" dont l'action

se situerait en 2009 ?

C.M. : On m'a raconté que certaines visites de candidats,pendant la campagne, rappelaient étrangement la première his-toire du film (où des villageois reçoivent tout un tas de consi-gnes abracadabrantes pour enjoliver leur bourg à l'occasion dupassage attendu de Ceausescu). Sinon, j'aime bien le pont édi-fié pour relier Bucarest à Constantsa. Une fortune engloutiejusqu'au moment où on s'est aperçu que les fils électriques dela voie ferrée, située en contrebas, empêchaient d'achever laconstruction. Propos recueillis par Gilles Renault

Les NOUVELLES de ROUMANIE

4140

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

CInéma

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SLATINA

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

l

PITESTI

l

Malgré ses succès internationaux

Palme d'or 2007 avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu est

devenu le plus éminent ambassadeur d'un cinéma roumain. Transfuge de l'uni-

versité de théâtre et de cinéma de Bucarest, le cinéaste, âgé de 41 ans s'évertue à

travailler dans son pays, en dépit des vicissitudes et malgré les nombreuses pro-

positions venues de l'étranger. A l'occasion de la sortie des "Contes de l'âge d'or"

dont il est le scénariste, le réalisateur revient sur son parcours.

Gilles Renault: Qu'est ce qui a changé dans votre vie depuis "4 mois, 3 semai-

nes et 2 jours"?

Cristian Mungiu: Le fait d'être plus connu multiplie le nombre de choses qu'onvous propose... et me conforte dans l'idée de privilégier mes propres sujets. J'ai dûrecevoir une centaine de scénarios qui auraient pu me faire prendre la direction desEtats-Unis, ainsi qu'une opportunité de tournage de pub pour une marque allemandede camions. Mais rien ne vaut pour moi la réaction des gens que je croise dans unaéroport ou dans la rue et me disent à quel point les thèmes que j'aborde les touchent.Alors, j'ai renforcé mon implication en Roumanie, où je passe beaucoup de temps àdiscuter avec les autorités, chercher de meilleures conditions pour le financement et ladistribution de nos films. A titre privé, j'ai toujours le même bureau, la même voiture.On m'a aussi suggéré de m'impliquer sur le plan politique et de briguer une place au

Parlement européen. Ce qui n'estévidemment pas ma place.

G.R.: Peut-on éprouver une

forme de nostalgie pour la vie à

l'époque de l'ancien bloc commu-

niste ?

C.M.: La nostalgie n'opère paspar rapport au contexte social etpolitique, elle renvoie simplementà notre jeunesse et aux change-ments qu'a subis le monde. Dansles années 80, nous n'avions pasInternet, ni les téléphones porta-

bles, les gens passaient bien plus de temps ensemble à se parler, échanger des idées.Paradoxalement, malgré les difficultés que nous rencontrions au quotidien, il y avaitsans doute un aspect plus humain. Contes de l'âge d'or correspond ainsi à une façonde retrouver le goût de choses perdues.

La vie sentimentale sous Ceausescu

prochain épisode des "Contes de l'âge d'or"

G.R.: Comme beaucoup de films roumains actuels, "Contes de l'âge d'or" pos-

sède une forte tonalité ironique…

C.M.: L'aspect comédie correspond à cet humour dont les gens avaient besoinpour vivre au quotidien. Le système était coercitif, mais personne ne pouvait réelle-ment croire à cette propagande qui vantait une existence où l'on manquait de chauffa-ge, de nourriture, d'essence. En tant que cinéaste, j'ai voulu traiter ce contexte sousforme de trilogie. Dans 4 mois..., je privilégiais une forte dimension dramatique.Après Contes de l'âge d'or, la troisième partie, déjà tournée, relatera trois épisodesamoureux, ou comment le système interférait aussi avec la vie sentimentale de lapopulation.

G.R.: Peut-on parler d'un âge d'or actuel du cinéma roumain ?

C.M.: Du point de vue de la reconnaissance internationale, sans doute. Mais celacontraste singulièrement avec la réalité du pays: sous le communisme, 30 ou 40 filmsroumains sortaient chaque année, contre 5 à 10 aujourd'hui; nous sommes passés de

Il ne se passe plus de festivals in-ternationaux sans qu'un film roumainne soit primé et un nouveau réalisa-teur découvert. Le festival de Berlin,le plus prestigieux en Europe aprèsCannes vient de décerner un oursd'argent à "Eu cand vreau sa fluier ,fluier" , ("Si je veux siffler, je siffle")qui fait le portrait d'un jeune délin-quant en maison de correction, et lePrix Alfred Bauer pour cette œuvre,qui ouvre des perspectives nouvellesdans l'art cinématographique, à sonjeune réalisateur Florin Serban .

Le trophée lui a été remis par l'ac-trice Renée Zellweger. Le Turc SemihKaplanoglu a reçu l'Ours d'or pour"Bal"/"Honey" , et le franco-Polonais(et Suisse "malgré lui") RomanPolanski un ours d'argent commemeilleur metteur en scène.

Ours d'argent à Berlinpour Florin Serban

le scénariste des “Contes de l’âge d’or” a décidé de rester au p ays

l

l

Le cinéma roumain concrétise ausssi son âge d’or... avec l’Ours d’argent de Florin Serban obtenu à Berlin.

"La nostalgie renvoie simplement à notre jeunesse"Cristian Mungiu:

Eclaircie annonciatrice de joursmeilleurs pour les salles decinéma roumaines. Alors que

la crise a sévi durement l'an passé enRoumanie, le cinéma roumain a connuparadoxalement une embellie spectacu-laire, ce qui a amené les exploitants dessalles à renouer avec les bénéfices.

Avec un quart de siècle de retard, lecinéma roumain a emprunté les méthodesd'Hollywood des années 80 pour fairerevenir le public dans ses salles. Asavoir… lui donner le sentiment qu'allerau cinéma, c'est sortir en ville, voir dumonde, faire ses courses ou du lèchevitrine, en installant des complexesoffrant un grand choix de films dans les"malls", immenses galeries commercia-les, des grandes villes. Et çà a marché,notamment auprès de jeunes ! D'autantplus que l'avènement de la 3 D ne permetpas de bénéficier de ses effets spectacu-laires en piratant ses longs métrages surInternet, une spécialité dans laquelle lesRoumains excellent.

Le résultat est là: les salles roumai-nes ont vendu 4,6 millions de billets en2009 pour les 182 films présentés en pre-mière, contre 3,5 millions deux ans aupa-ravant, soit une augmentation de 40 %.Les chiffres sont encore plus probantspour les recettes: 19 millions d'euros aulieu de 11 millions. Les propriétaires desalles espèrent redresser la situation dansles dix ans qui viennent et retrouver lamoitié du nombre d'entrées enregistréesencore en 1990, 130 millions à l'époque !Le cinéma roumain reviendrait alors deloin. Après une dégringolade quasimentininterrompue depuis la "Révolution",hormis en 2001, 2002 et 2008, il avaittouché le fond en 2007, avec 2,8 millionsde billets vendus… soit environ 2 % del'époque d'or !

Cette éclaircie annonciatrice de joursmeilleurs est donc une première récom-pense pour les efforts de modernisationdu cinéma roumain. Il ne comptait que 75cinémas et 136 salles offrant au total47 000 places en 2008. Ces chiffres ont

dépassé aujourd'hui 150 salles, 21 ayantouvert à Bucarest en 2009, dans le com-plexe AFI Cotroceni. Cette année,Cinema City, le plus grand opérateur decinéma en Europe Centrale et de l'Est,compte inaugurer 15 salles dans le com-plexe Sun Plaza de la capitale et dix aut-res à Arad. Il était temps. RADEF, leprincipal réseau de salles dans le paysn'en comptait plus que 38, de moins enmoins fréquentées à cause de leur équipe-ment vétuste, mais aussi parce qu'elles nesont pas bien chauffées.

Toutefois, le cinéma roumain doitfaire face à un autre problème. Ses films,si appréciés à l'étranger, n'ont réalisé que1,9 % de l'ensemble de ses recettes en2009, soit 380 000 €, dont 85 000 € pour"Les Contes de l'âge d'or", arrivés entête de la production locale. Le 3ème épi-sode hollywoodien de "L'âge de glace",a engrangé 1,6 M€… Apparemment, l'é-popée communiste, pourtant récente, pas-sionne nettement moins les Roumainsque celle des dinosaures.

Le nombre d'entrées dans les salles de cinéma a augmenté de 40 % en 2009 et les recettes de 60 %

Boris Focsa, ministre de la cultureMoldave a décidé que les films étran-gers projetés dans le pays, soit leurquasi-totalité, devraient être doublésou sous-titrés en roumain. Jusqu'ici,ils l'étaient en russe. Cette mesure amécontenté le co-propriétaire du prin-cipal réseau de cinémas de la petiteRépublique, Victor Selin, pro-russe,qui a prédit qu'elle ferait fuir 90 % desspectateurs et a indiqué que son coûtaggraverait encore la crise du septiè-me art dans le pays, alors que 40cinémas ont dû déjà y fermer leursportes. Le ministre a répliqué qu'ainsi"les Moldaves ne pratiquant que lerusse auraient dorénavant l'occasionde se familiariser avec la languematernelle de la terre où ils habitent".

Sous-titrage en roumain dans les cinémas moldaves

Page 22: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Connaissance et découverte

Au printemps 1977, Goma réussit par le même biais àenvoyer une Lettre ouverte au gouvernement roumain à laradio américaine "Free Europe", exigeant le respect des droitsde l'homme en Roumanie. Cette lettre y est lue au micro.

Victime de tentatives d'assassinat à Paris

Paul Goma est aussi l'un des signataires de la "Charte 77".Exclu de l'Union des écrivains, puis arrêté et torturé par laSecuritate, il est détenu plusieurs mois à la prison de Rahova.Mais, étant déjà connu en Occident et répertorié par l'ONGAmnesty International, il ne peut plus être jugé et condamnésans provoquer des protestations internationales, alors mêmeque le régime communiste tente de donner à l'étranger l'imaged'une "démocratie populaire indépendante".

Le 20 novembre 1977, Paul Goma, son épouse et son filssont privés de la nationalité roumaine et expulsés vers laFrance. À Paris, ils demandent et obtiennent l'asile politique.Goma y continue son combat contre le système communiste,la dénonciation de ses crimes (en 2005, le gouvernement rou-main a chiffré le nombre de victimes en Roumanie à deuxmillions entre 1945 et 1989) et de la politique de Ceausescu.

La Securitate réagit par un colis piégé (désamorcé par lapolice française, qui protège alors Goma) puis par plusieurstentatives d'empoisonnement contre Goma et son fils, ce quiprovoquera une grave crise diplomatique entre les deux pays.

Refus de devenir Français

À partir de 1980 sa lutte contre le communisme prend unton de plus en plus nationaliste et même anti-occidental. PaulGoma refuse la nationalité française, offerte au bout de seule-ment trois ans de séjour, en même temps qu'au dissidenttchèque Milan Kundera (qui l'accepte), et se rapproche despositions d'inspiration fascistes défendues avant-guerre enRoumanie par Nae Ionescu, Octavian Goga et NichiforCrainic. Après la chute de Ceausescu, une partie de ses livresest publiée en Roumanie. Il écrit des articles dans les revues"Vatra", "Familia", "Timpul" et "Jurnalul Literar".

Paul Goma a fait partie durant 8 jours de la Commissionprésidentielle pour l'analyse de la dictature communiste enRoumanie, dont il a été révoqué par son coordonnateurVladimir Tismaneanu, suite à ses prises de position radicales.

Politiquement incorrect après

le scandale de la "Semaine rouge"

Après 1989, Paul Goma se montre très irrité par la relati-ve indifférence que les régimes communistes est-européens etleurs crimes suscitent en Occident, en comparaison avec lamémoire de la Shoah qui, elle, est bien mieux entretenue parles historiens, les écrivains et les cinéastes.

Au lieu de suivre l'exemple de ceux-ci, Paul Goma placéson témoignage littéraire dans l'engrenage de la concurrence

de la mémoire. Il exige des auteurs juifs qu'ils "assument lesresponsabilités pour les crimes commis contre les Roumains,et cessent de monopoliser l'histoire avec le mythe du génocideunique, celui dont ils ont été victimes, de culpabiliser toutesles autres nations, dans le but politique et économique de lesdominer et de leur extorquer des fonds, sans aucune analysecritique de leurs propres agissements criminels anti-roumains(et en général contre les non-juifs), avec le soutien et l'appro-bation de la quasi-totalité des cercles israélites".

Ce propos provoque un immense scandale et lui aliène laplupart des anciens dissidents tels Doina Cornea, RomulusRusan, Ana Blandiana, Gabriel Liiceanu, Andrei Plesu ouMihai Stanescu, qui se désolidarisent publiquement de lui. En2002, devenu politiquement "infréquentable" Paul Goma n'ar-range rien en publiant son essai: La semaine rouge 28 juin - 3juillet 1940 ou la Bessarabie et les Juifs, y relatant son trau-matisme de jeunesse, lorsqu'il fut témoin de la réaction d'unepartie de la population non-roumanophone de Bessarabie lorsde l'ultimatum de Staline à la Roumanie et de l'évacuation dece territoire par les autorités roumaines fin juin 1940.

La Roumanie ne veut plus entendre parler de lui

Paul Goma attribue spécifiquement aux Juifs des pillageset atrocités commises alors contre la majorité moldave, puisenchaîne en tentant de "légitimer" les crimes contre l'humani-té du régime fasciste roumain contre les Juifs après le 22 juin1941 (attaque de l'Axe contre l'URSS), par "la vengeancecontre les actes commis l'année précédente".

Les historiens roumains ont qualifié la Semaine rouge de"manifeste politique qui réinterprète l'histoire, utilise dessources tendancieuses, et n'en choisit que celles qui peuventservir son propos, rendant une population tout entière(250 000 juifs moldaves) responsable de l'action des comman-dos communistes, dont les membres n'étaient pas majoritaire-ment juifs". "La Semaine rouge ne sert pas la dénonciation descrimes du communisme, mais des thèses antisémites et néga-tionniste" concluent-ils. Goma réplique en affirmant que "Lessources primaires concernant les évènements décrits dans LaSemaine rouge se trouvent dans les Archives militaires rou-maines et sont citées par des historiens de renom”.

Face à ces critiques, Paul Goma a tenté de crédibiliser sonessai en multipliant les références et en renonçant à certainesapproximations, généralisations et amalgames: il publia plu-sieurs variantes entre 2002 et 2005. La première mouture estparue chez l'éditeur moldave "Museum" de Chisinau en 2003,la deuxième chez "Criterion Publishing House" à Bucarest(2003), la troisième chez "Vremea", également à Bucarest(2004). Le résultat fut l'inverse de ce qu'il espérait: son isole-ment s'accentua tant en Roumanie qu'en France. La Roumanierefuse de lui rendre sa nationalité d'origine, et il est toujoursapatride. En 2006, une pétition en faveur de Goma, signée par300 personnes, s'est heurtée aux fins de non-recevoir duPrésident Traian Basescu.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

4342

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Littérature

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

l

PITESTI

l

Une ONG de Chisinau demande

Une ONG moldave, Asociatia Civica Hyde Park, a

demandé aux nouvelles autorités du pays d'accorder la

citoyenneté moldave à l'écrivain apatride et dissident

Paul Goma, 74 ans (notre photo), né en 1935 dans la loca-

lité de Mana (judet d'Orhei), alors Bessarabie roumaine,

ainsi que de lui décerner le titre de citoyen d'honneur de

la ville de Chisinau, pour le récompenser de son oeuvre

littéraire, dans laquelle il évoque ses origines moldaves, et

du courage dont il a fait preuve tout au long de sa vie.

L'ONG Asociatia Civica Hyde Park, a suggéré également que le gouverne-ment moldave attribue à Paul Goma un appartement à Chisinau ou unemaison dans son village natal, ainsi qu'une pension décente ou une bourse

de création et qu'il examine aussi la possibilité de diffuser son œuvre à travers lesbibliothèques du pays et de Roumanie, tout en faisant traduire ses publications françai-ses. L'écrivain, déjà citoyen d'honneur de Timisoara, est réfugié à Paris depuis 1977 oùla Securitate a essayé à plusieurs reprises de l'assassiner.

Lycéen, interrogé huit jours d'affilée par la Securitate

Fils d'instituteurs roumanophones, Paul Goma a cinq ans lorsque sa famille doitfuir devant l'Armée rouge, alors qu'en application du protocole secret du pacte Hitler-Staline, l'URSS annexe son pays natal. La famille s'installe à Sibiu, où le communisme(roumain cette fois) la rattrapera cinq ans plus tard, alors que le petit Paul a dix ans.

Paul Goma a montré dès sa jeunesse un esprit contestataire et provocateur, décla-rant que "la persécution ou la disparition d'un citoyen n'est rentable pour un pouvoir,que si ce citoyen reste anonyme". En mai 1952, alors qu'il était élève en seconde aulycée Gheorghe Lazar de Sibiu, il défend des camarades accusés de "menées subversi-ves" et, amené à la Securitate, il y est interrogé durant huit jours, après quoi il est excludu lycée. Il réussit à poursuivre sa scolarité à 100 km de là, au lycée Radu Negru deFagaras, passant son bac en 1953.

En 1954, le jeune homme réussit les examens d'admission en philologie àl'Université de Bucarest et en littérature à l' Institut de littérature Mihai Eminescu, choi-sissant ce dernier. Il a comme professeurs Radu Florian, Tamara Gane, Mihai Gafita etT.G. Maiorescu et adhère à l'Union des jeunesses communistes, pensant que la rénova-tion intérieure peut être plus efficace que la contestation extérieure.

Exclu de l'université et emprisonné trois ans

Mais, suite à ses nombreuses provocations et disputes (entre autres, il manifesteson soutien à la révolution hongroise de Budapest), Paul Goma en est exclu en novem-bre 1956 et aussitôt arrêté, puis jugé pour "tentative d'organiser une manifestation hos-tile au socialisme"; en mars 1957 il est condamné à deux ans de correctionnelle, et enfera trois (il fut insoumis en prison aussi) à Jilava et à Gherla. En 1960, il est envoyéen résidence forcée et sous contrôle judiciaire dans le village de Latesti, dans la plainevalaque du Baragan (la Sibérie roumaine), où il est assigné jusqu'en 1964.

Ne pouvant pas reprendre ses études là où elles avaient été interrompues, il se réin-scrit en première année en philologie, à Bucarest, en 1965. Pensant toujours à la "résis-tance intérieure", il s'inscrit au P.C. roumain. En 1968 il adhère aux positions défen-dues à Prague par Alexandre Dubcek ("le Socialisme à visage humain"), et commeCeausescu soutient lui aussi le Tchécoslovaque au début, Goma n'est pas inquiété. Ilachève ses études en 1970. En 1971, alors que son roman Ostinato (L'obstiné), cen-suré en Roumanie, paraît en version intégrale en R.F.A. (des amis dissidents ont sortile manuscrit), il est exclu du P.C.

Amateurs de beaux films de capeet d'épée, les téléspectateurs françaisont été bien déçus, à la veille de Noël,par le téléfilm de France 2 présentantles exploits de Cartouche , bandit augrand cœur Cartouche, mort à 29 ans,en 1721, en subissant le supplice dela roue.

On leur a servi un récit consternantd'ennui, avec des personnages incar-nés par des acteurs médiocres, parti-culièrement le principal, jouant sansconviction, des combats sans âmes,des décors répétitifs, des situationsconvenues, réglées par une mise enscène insipide et une direction d'ac-teurs en dessous de tout. Le clou dece naufrage était d'entendre les prota-gonistes s'invectiver en français d'au-jourd'hui: "Fous le camp", " Tire-toi ","dégage"… Et pourquoi pas "Casse-toi, pov'con" tant qu’on y est…

On peut légitimement penser quele cinéma roumain aurait réservé unbien meilleur traitement à ce hérospopulaire ! D'autant plus que ce"redresseur de torts" aurait du travailà faire dans la Roumanie d'aujourd'-hui, et que les metteurs en scène rou-mains ont déjà excellé dans le genreen racontant la vie de "haiduci" qui ontjalonné son histoire, comme Pintea ,Baba Novac , Iancu Jianu , AndriiPopa, etc…, magistralement incarnésà l'écran par des grands acteurscomme Florin Piersic et TomaCaragiu! Dans les années 60, lepublic roumain avait beaucoup appré-cié la version du "Cartouche" dePhilipe de Broca, interprété par Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale.Au point que des parents avaient bap-tisé leur enfant "Cartouche" !

que l'écrivain ap atride, réfugié en France, soit fait citoyen moldave

l

l

l

CHISINAU

Paul Goma esprit contestataire et provocateur né"L'infréquentable"

CLUJ

l

Ah si Cartouche avait été Roumain !

GHERLAl

Page 23: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Connaissance et découverte

sations est "Mafia", et où le contraste entre le luxe et la viemisérable est de plus en plus évident. La droite est la mêmeque partout ailleurs: autoritaire, néolibérale, et bien entenduamie des “graaaaaandes” libertés, mais aussi orthodoxe,nationaliste, brutale.On trouve même à l'Université des étu-diants qui se présentent ainsi: Roumain orthodoxe, pour qu'iln'y ait pas le moindre doute sur leur identité.

Comment on décrète qu'une maison

est insalubre et doit être détruite

Une curieuse droite et une toute aussi curieuse classe dedirigeants politiques dont il ne faudrait pas trop fouiller le

passé et leurs implications, au moins comme informateurs,dans l'ancien appareil d'État policier, la Securitate. A Bucarest,les usines du régime communiste ont fermé et ont laissé laplace à d'immenses terrains vagues qui excitent la spéculation.Partout on démolit et on reconstruit.

Comment décrète-t-on qu'une maison est devenue insalu-bre et qu'elle doit être détruite ? C'est très simple. On laisse desTsiganes s'y installer ou même on les incite à prendre posses-sion du bâtiment. Et quand ils ont fini de brûler, de jeter ou devendre tout ce qu'on peut brûler, jeter ou vendre, il ne resteplus qu'à les expulser". Un regard extérieur vaut parfois mieuxqu'un long discours.

Publié dans La Lettre du Moldave

Les NOUVELLES de ROUMANIE

4544

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

TÂRGOVISTE

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Au cours des deux derniers siècles, plusieurs écrivains étrangers, français ou

de langue française ont évoqué la capitale roumaine dans leurs écrits, à l'instar de

Paul Morand et de son ouvrage "Bucarest", publié en 1934 chez Plon et réédité en

1990 (voir par ailleurs).

En 2006, paraît Bucarest, le dégel (éd. Autrement), un livre de Mirel Bran,correspondant du Monde illustré par des photographies de Franck Hamel.Ce sont des entretiens captivants avec 24 personnalités, qui vivent dans la

capitale roumaine. Mirel Bran y rappelle que Paul Morand écrivait en 1935: "C'est avecdes cités rasées, des églises détruites, des archives étouffées, que la Roumanie se pré-sente devant l'histoire. La leçon que nous offre Bucarest n'est pas une leçon d'art, maisune leçon de vie; il enseigne à s'adapter à tout, même à l'impossible".

Les conseils diététiques du "Lumineux guide"

En effet, il est toujours instructif de lire ce que les écrivains pensent de nos villes.Ulysse de Marcillac, auteur français bien oublié, fait paraître en 1869 La peste à

Bucarest, tout un programme; mais la plus violente image l'auteur la réserve à la der-nière page de son livre. Il y dit son souhait de parler des cimetières. Et de commencerpar confier qu'il ne connaît pas "un autre pays où la mort serait traitée avec autant d'at-tention qu'à Bucarest". Puis l’auteur en vient à cette observation: "Il existe des centai-nes de vieux cimetières, autant que d'églises. Ce sont comme de petites cours ouvertesà tous les passants et parfois entourées de petites maisons, logements habituels des pro-stituées. La mort et la volupté sont deux sœurs proches chez les roumains".

Michel del Castillo dans le roman Mort d'un poète (1989) fait parler son hérosIgor Vedoz: "La capitale de notre radieuse République offrait déjà l'aspect désolé d'uneville sinistrée. Éclairage anémique qui laissait des rues entières, remplies de ténèbresinquiétantes. Les passants couraient, courbés, emmitouflés dans des vêtements usés etrapiécés, amas de loques enfilées les unes sur les autres, tournaient en rond, évoquaientdes meutes de chiens affamés.

Difformes, les silhouettes avaient perdu jusqu'à l'apparence de l'humanité. Un peu-ple de fantômes. Chaussées défoncées, creusées d'ornières où l'eau de pluie stagnait.Aucune enseigne ou presque. Les devantures des boutiques, vides, renvoyaient desreflets bleuâtres. Dans les cités ouvrières, on apercevait les écrans de télévision où leLumineux Guide prodiguait, comme chaque soir à la même heure, ses conseils diété-tiques. Moins de viande et de matières grasses, aucun sucre"...

"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité de Bucarest ?"

Miguel Sanchez-Ostiz (notre photo), auteur espagnol,tient un blog et dans un de ses derniers articles en 2008, il écrit:

"Que se passe-t-il dans la très chaotique cité deBucarest? Il y en a beaucoup qui donneraient tout pour êtreaméricain avec toutes les conséquences que cela implique.

Il n'y a qu'à voir le nombre de personnes qui font la queuedevant le Consulat américain pour obtenir visas et permisdivers. Le Roumain peut apporter au style de vie américain sa

légendaire débrouillardise, je ne le conteste pas, mais aussi son goût pour la police etles compagnies de sécurité renforcées par des gros durs qui n'ont aucune considérationpour leurs concitoyens.

A Bucarest, les écoles de bodyguards sont florissantes. C'est l'industrie de notreépoque. Nous ne sommes plus loin des polices privées et des corps armés au service duparticulier. L'Autorité commande, mais l'arbitraire aussi. La droite roumaine monte etmarque des points dans un pays où le mot qui revient le plus souvent dans les conver-

L'écrivain et critique littéraireNicolae Manolescu , 70 ans, membrede l'Académie roumaine et ambassa-deur de la Roumanie auprès del'UNESCO, a été réélu pour unsecond mandat à la présidence del'Union des Ecrivains de Roumanie,

fonctionqu'iloccupedepuis2005.L'uniondesEcrivainscompte2400

membres répartis dans 12 sections,dont une à Chisinau, en Républiquede Moldavie.

Deuxième mandat pourNicolae Manulescu

l

CHISINAU

l

l

Littérature La capit ale roumaine d'hier

Bucarest enseigne

et aujourd'hui vue p ar les écrivains français et étrangers

L'écrivain et diplomate commémoré à Bucarest

à s'adapter à tout… même à l'impossibleCERNAUTI

l

La Ligue des écrivains deRoumanie, dont le siège est à Cluj, aenvoyé une lettre au PatriarcheDaniel lui demandant que MihaiEminescu soit canonisé et que sonnom figure dans le calendrier ortho-doxe roumain. Elle motive sa deman-de, en s'appuyant sur les pages écri-tes par le poète "glorifiant l'âme rou-maine profondément empreinte dusouffle de l'Eglise orthodoxe dupoète". L'Eglise a répondu, dans uncommuniqué, que la proposition de laLSR était appréciée et qu'elle seraitsoumise aux mêmes critères quen'importe quelle demande de canoni-sation. La BOR a toutefois préciséque les critères et les procéduresnécessaires à la canonisation ne sebasaient pas "seulement" sur l'en-thousiasme et la volonté publique.

Saint Eminescu ?

Cette manifestation présente leséjour de Paul Morand enRoumanie, mais aussi le reste

de sa carrière - littéraire et diplomatique,apportant des éclairages nouveaux, assezétonnants", a déclaré à l'AFP l'un descommissaires de l'événement, le profes-seur Michel Collomb. Un colloqueréunissant des historiens, écrivains et cri-tiques littéraires roumains et français,complété par une exposition recueillantdes documents inédits et des dessinssignés par Morand "permet de corrigerun peu l'image très négative qui étaitdonnée de son séjour ici", a-t-il ajouté.

L'inimitié profonde et le mépris

de De Gaulle qui le révoquera

Proche du régime de Vichy, PaulMorand (1888-1976) fut nommé en 1943ambassadeur de France en Roumanie,pays allié d'Hitler et menacé par l'avancéedes troupes soviétiques. "On voit que samission à Bucarest n'était pas facile,alors que Morand a rencontré une oppo-sition au sein même de son ambassade,dont une partie était conquise aux thèsesde la France libre, sans parler de lasituation militaire difficile sur le front", asouligné Michel Collomb.

Son attitude durant la guerre lui valut

l'inimitié profonde et le mépris du généralDe Gaulle, qui le fera révoquer à laLibération et empêchera longtemps sonentrée à l'Académie française, laquellen'interviendra qu'en 1968. Contrairementà la tradition, De Gaulle nele recevra d'ailleurs pas etMorand l'appellera toujours"Gaulle".

Dans son intervention,l'historien roumain CarolIancu a notamment regrettéque Morand lorsqu'il était àBucarest "ne se soit pas faitconnaître par une quel-conque action en faveur desJuifs" déportés en Transnistrie par le régi-me du maréchal pro-nazi Ion Antonescu.

Le critique littéraire Ion Pop a poursa part épluché la presse roumaine de l'é-poque pour analyser l'accueil réservé audiplomate et à son oeuvre, allant de l'ad-miration totale - "l'un des écrivains lesplus illustres du globe" - à des critiquesvirulentes, déplorant l'image "caricatura-le" qu'il a donnée de la Roumanie dansson livre Bucarest, publié en 1934, à lasuite d'un séjour qu'il y avait effectué.

Michel Collomb a souligné néan-moins que Morand était "associé à l'ima-ge d'une Roumanie très libérale, avec unearistocratie empreinte de culture françai-

se, une Roumanie intégrée dans l'Europeintellectuelle".

Epousant une richissime

princesse roumaine

Un des faits marquants dela vie de Paul Morand fut doncson attitude durant la SecondeGuerre mondiale, sa proximitéavec le régime de Vichy et sonambassade à Bucarest.

Après avoir été mis à laretraite d'office en 1940 pouravoir déserté l'ambassade deLondres où il était chargé

d'une mission économique, et ce contrai-rement aux consignes de Vichy qui sou-hait garder un contact avec l'Angleterre,l'écrivain fut nommé, lors du retour dePierre Laval au gouvernement en 1943,ambassadeur de France en Roumanie.

Il retrouvait ainsi le pays de safemme qu'il épousa en 1927, la richissi-me Hélène Soutzo (photo), fille d'unbanquier grec de Trieste, née en Moldavieet devenue princesse roumaine en épou-sant le prince Dumitru Soutzo, un attachémilitaire roumain dont elle divorcera en1924. Une princesse détestée par ses"consoeurs" franco-roumaines, Anna deNoailles et Marthe Bibesco. (suite p. 46)

Paul Morand : un ambassadeur en Roumanie très controversé

L'écrivain et diplomate français Paul Morand, ambassadeur en Roumanie en 1943 et 1944, a

été célébré à Bucarest dans le cadre d'une manifestation visant à restituer au public l'image de cet

"Européen", avec ses lueurs et ses zones d'ombre.

Page 24: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

4746

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

C'est l'histoire d'un long voyage, né dans un poste de radio à Tulcea,Roumanie. "Ce son chaud du violon, ça te prenait comme une vague et tetransportait loin", se souvient Iacob Maciuca. Si loin que l'instrument

découvert enfant le fera tanguer des rives du Danube où il est né, aux bords de Loire.C'était en 1992, aux prémices de l'été. Alors que la Roumanie se réveille sur les décom-bres de la dictature communiste, le jeune violoniste se fait repérer par un restaurateurnazairien, soucieux d'animer son commerce. Une aubaine. "C'était le rêve de tous lesjeunes, se rappelle Iacob Maciuca. Je n'étais pas un battant désireux de reconstruirele pays. J'avais trop entendu cette langue de bois des politiques, ces discours qui don-

naient envie de vomir". Ebloui par les magasins, par ce

contraste saisissant avec les rayons videsde son pays, Iacob Maciuca rêved'Amérique. Il s'imagine à Paris et, "parcequ'il n'y avait pas de train direct pour lacapitale", pose ses valises à Nantes. Sonescale dans la cité des Ducs de Bretagnesera la bonne. Il y fait des rencontres déci-sives, notamment avec Gerardo Jerez LeCam. Le pianiste argentin avait débarqué àNantes cette même année alors que le fes-

tival Les Allumées consacrait son édition à Buenos Aires. Ensemble, ils vont mêler letango et la musique tzigane dans des projets étonnants de créativité.

Agé de 43 ans, Iacob Maciuca est un violoniste atypique dans le monde exigeantde la musique classique. Après avoir fait ses classes à Bucarest, il s'est passionné lorsde son service militaire pour les musiques traditionnelles de l'Est. "Je préférais çà auxtirs des fusils dans les champs". C'est le guitariste Michel Grizard, avec qui il a inter-prété Paganini, qui lui a proposé de jouer pour la première fois aux Folles Journées

de Nantes, devenues le plus grand concert du monde, les musiciens s'y produisant jouret nuit pendant près d'une semaine devant des dizaines de milliers de spectateurs, etdont le modèle s'est exporté sur tous les continent, de Tokyo au Brésil. Un autre décor.

A Nantes, ce père de deux enfants a longtemps joué dans un restaurant russe, l'ex-Petrusca, près de la place République. "Après minuit, le patron sortait la vodka, onsympathisait avec les clients et la soirée se terminait souvent au vieux quartier duBouffay entre musiciens". Avec parfois la police aux trousses, qui goûtait peu sesconcerts nocturnes. Et s'il s'est depuis installé à La Chapelle-des-Marais, en Brière,près de Saint Nazaire et de l'océan, Nantes demeure la ville où Iacob Maciuca est "néune deuxième fois". David Prochasson (20 Minutes)

Maurice Rheims, ami de l'écrivaindepuis 1959, a évoqué plus tard “cethomme délicieux, amateur raffiné" etson épouse roumaine, "vieille impéra-trice asiatique, savourant son thédans une tasse en céramique bleued'époque Ming, assise au centre d'untrône moghol du XVIIIe siècle marquéd'un M majuscule, acquis par Morandlors d'un voyage". Cocteau prendramoins de gants, la comparant à“Minerve ayant avalé sa chouette”.

Ambassadeur pour récupérer la fortune de sa femme

Jean Jardin, éminence grise dePierre Laval, favorisa le départ deMorand de Bucarest en 1944, lors del'avancée des troupes russes, et le fitnommer ambassadeur en Suisse.

" [...] En 1940, Laval ne lui deman-dait même pas de rentrer de Londresoù il était alors chargé d'une missionéconomique, mais il est parti par lemême bateau que l'ambassade" rap-pela cruellement De Gaulle en 1962,dans une confidence que rapporteAlain Peyrefitte dans C'était deGaulle, le Général enchaînant: "Onne voulait pas de lui à Vichy et on luia tenu rigueur de son abandon deposte à Londres. Il était victime desrichesses de sa femme. Pour lesrécupérer, il s'est fait nommer ministrede Vichy à Bucarest. Puis, quand lestroupes russes se sont approchées, ila chargé un train entier de tableaux etd'objets d'art et l'a envoyé en Suisse.Il s'est fait ensuite nommer à Berne,pour s'occuper du déchargement".

Paul Morand n’a survécu qu’ un anet demi à son épouse et mourut àl'hôpital Laennec à Paris; il fit mêlerses cendres aux siennes à Trieste, saville natale.

(suite de la page 45)

Des rives du Danube aux bords de la Loire.

l

CHISINAU

l

l

Iacob Maciuca et son violon tsigane ont lancé

les “Folles journées de Nantes”

Musique L'ancienne nomenklatura, reconvertie en nouvelle élite, a réussi à se défaire de son p assé encombrant

Vingt ans sans avoir à rendre de comptes !

Vingt ans après, il est difficile d'expliquer l'ampleurdu mal, des ravages qu'ont causés les années de feret de plomb subies pendant un demi-siècle par les

Roumains. De restituer avec fidélité l'usage de la surveillance,de la peur, de l'intimidation et de la répression par la policepolitique roumaine, grâce à une toile mise en place avant l'ar-rivée de Nicolae Ceausescu au pouvoir, en 1965.

Le "Conducator" a poli les méthodes de son prédécesseurau poste de secrétaire général du Parti, Gheorghe Gheorghiu-Dej, qui s'était appuyé sur les assassinats et un système péni-tentiaire dense pour instaurer une terreur ouverte. Avec legénie autoproclamé des Carpates, cette terreur devient sourde,préventive, invisible; elle nourrit la paranoïa et les angoisses.Au total, pendant la période communiste, plus de 10 000 per-sonnes ont été exécutées sans aucune forme de procès, mais lenombre total des victimes, directes ou indirectes, est estiméentre un à deux millions.

Les métastases du régime avaient une envergure incompa-rable en Europe, en dehors de la Stasi.La Securitate pénétrait dans chaquecorps social. S'appuyant sur une toile deplusieurs centaines de milliers d'infor-mateurs zélés ou contraints, elle traquaitles ennemis de la cause socialiste.

Brevets de "Révolutionnaires"

pour les tortionnaires

"C'était une expérience totalitaireassez unique, explique l'historienTismaneanu, qui a dirigé la commissionprésidentielle pour l'étude de la dictaturecommuniste, en 2006. Ceausescu aconçu la Securitate comme sa garde pré-torienne, sa police secrète non inféodée à Moscou".

Il y avait entre 10 000 et 15 000 officiers de la Securitateà la fin des années 1980. Beaucoup ont obtenu des certificatsde révolutionnaires, qui leur ont donné des privilèges en plusde leur retraite, comme des terrains gratuits, des maisons, desexemptions fiscales. "Ils sont au Parlement, dans les médiasou dans les administrations. Ils ont informé, rédigé des rap-ports, ou même pire, intégré l'appareil de répression. On aidentifié plus de 400 suspects pour des tortures ou des assas-sinats" explique l'historien Marius Oprea, poursuivant "Pasun n'a été poursuivi. La condamnation du communisme n'a étéutilisée que de façon politique".

Marius Oprea dirige l'Institut de recherche des crimes ducommunisme. Pendant trois semaines, en septembre dernier, il

a parcouru les montagnes pour identifier les partisans fusilléssans procès, au début des années 1950. "Parmi eux, il y avaitbeaucoup de paysans qui refusaient de céder leurs terres auxkolkhozes". Faisant autorité dans son domaine, l'historien nebaisse jamais les bras mais reconnaît: "Le communisme n'a pasdisparu, il a été privatisé. Les enfants, les filles, les neveux desofficiers sont au sommet des administrations, des entreprises.C'est un système difficile à quantifier, du genre mafieux."

"Le passé n'est pas notre souci"

Cette vision pessimiste de la transition est largement par-tagée. Un des personnages les plus controversés actuellement,à la lisière des affaires et de la politique qu'il sait habilementmêlées, est Dan Voïculescu.

Propriétaire de plusieurs chaînes de télévision, hommetrès riche et influent, il a créé un parti à son usage, le PartiConservateur qui lui offre comme première facilité de bénéfi-

cier de l'immunité parlementaire.Voiculescu a fait l'objet d'une enquête duCNSAS (Conseil National pour l'Etudedes Archives de la Securitate), qui adémontré ses liens avec la police poli-tique ou son nom de code était "Felix".Le milliardaire a contesté la légitimité duconseil devant la justice, faisant mêmevaciller l'existence de l'institution, grâceaux complicités qu'il entretient auParlement.

Au cours de son enquête à Bucarest,l'envoyé spécial du Monde à chercher àle rencontrer. Dans un langage qui n'aplus rien à envier à celui des directeurs decommunication des multinationales, l'at-

taché de presse de celui qui était déjà nomenklaturiste sousCeausescu été clair. "Le sujet ne nous intéresse pas, il ne cor-respond pas à notre stratégie. Le passé n'est pas notre souci ".

Le retard énorme et le manque de volonté dans l'ouvertu-re des archives de la Securitate expliquent la continuité du per-sonnel au pouvoir, après la révolution de 1989. Depuis vingtans, les élites ont su se protéger. Leur alliée a été la justice, fai-ble et souvent corrompue. Ceux qui étaient compromis ontcontesté les résultats devant les tribunaux, tout en continuant àexercer leurs fonctions. Les très rares procès peuvent durer desannées. D'où une frustration générale des enquêteurs duCNSAS, mais aussi du grand public, éprouvé par la rudesse dela transition, qui gronde devant l'impunité des puissants.

Piotr Smolar (Le Monde)

Après Sibiu, en 2007, la ville hon-groise de Pecs assume le rôle decapitale européenne de la culture

pour l'année 2010, en compagnie d'Essen

(Allemagne) et Istanbul (Turquie), représen-tant l'Europe centrale. Elle a prévu d'organi-ser quelques 350 concerts, spectacles, confé-rences, expositions, festivals, tout au long del'année. Une occasion rêvée pour faire étapesur le chemin de la Roumanie dans cette très belle cité fondée par les Romains, situéeà 250 km d'Arad et Timisoara. Pecs est jumelée avec Grenoble, Dijon et Lyon.

Pecs, capit ale culturelle européenne 2010

Révolution an XX

Envoyé par Le Monde à Bucarest à l'occasion des vingt ans de l'effondrement du Bloc de l'Est, Piotr Smolar évoque les

difficultés que les Roumains éprouvent à se défaire de leur passé récent et les efforts, couronnés de succès, de l'ancienne

nomenklatura, devenue la nouvelle élite, pour y échapper sans avoir à rendre de comptes. Dans deux autres articles, il décrit

les dégâts irréparables que le régime communiste a causé parmi les Roumains.

Aujourd'hui magnat de la presse et milliardaire, Dan Voiculescu,

alias "Felix", laissait traîner autrefois ses oreilles au service de la Securitate.

Page 25: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Connaissance et découverte

En 2000, lorsque les anciens communistes sont revenus aupouvoir, il est redevenu impossible de penser à un procès ducommunisme.

Pendant toute cette période je n'ai pas cessé d'écrire desarticles et des livres pour maintenir éveillée l'attention dupublic sur les crimes du communisme. J'ai subi durant cesannées une centaine d'actions en justice destinées à m'intimi-der. Elles étaient souvent initiées par des informateurs de laSecuritate que j'avais démasqués.

Les manœuvres d'Iliescu

et Nastase revenus au pouvoir

Fin 2000, lorsque Ion Iliescu est redevenu Président de laRépublique et qu'Adrian Nastase a été nommé Premier minis-tre, les menaces sur ceux qui voulaient faire sortir la vérité surle régime communiste se sont aggravées.

Pendant ces années, sans le soutien de la presse et d'intel-lectuels importants, notre démarche serait restée isolée. En2002, on a introduit trois actions en justice contre moi: on vou-lait m'obliger à verser 2 millions d'euros.

Toujours en 2002, le Premier ministre Adrian Nastase avoulu me faire condamner comme auteur du dossier publiédans la presse au sujet de sa fortune, signée sous le pseudony-me d'Armaguedon.

Les problèmes devenaient de plus en plus graves parceque je ne me contentais pas d'études historiques, mais cher-chais à suivre la carrière post-1989 de ceux que j'étudiais.J'ai découvert que leConseiller pour la Sécuriténationale du Premier ministreA. Nastase avaient été l'undes enquêteurs les plus bru-taux de la Securitate. Sonnom est Ristea Priboi. J'aiaussi mis à jour que le chefd'un des services secrets deRoumanie, Marin Ureche,avait été impliqué dans desactions très graves de policepolitique. J'ai encore décou-vert que des personnes quioccupaient des fonctions de directeurs dans certains ministèresen avaient précédemment occupé d'autres importantes dans lesstructures de la Securitate. J'ai mis en évidence qu'en 1993seize des attachés commerciaux envoyés dans les ambassadesroumaines à l'étranger provenaient de la Securitate.

Des biographies qui commencent

bizarrement seulement en 1990

Petit à petit, j'ai constaté que peu de choses avaient chan-gé par rapport à l'avant 1989, mis à part que ceux qui gouver-

naient le faisaient nonplus au nom du commu-nisme mais de la démo-cratie. 60% des person-nes mentionnées sur lesite du Premier ministreA. Nastase faisaientdébuter leur biographieen 1990… Ce qui m'afait dire que nousétions dirigés par desadolescents… Bien sûrj'aurais préféré, mais ce n'était pas le cas, nous étions gouver-nés par des personnes qui avaient des éléments biographiquesimportants à cacher.

La dénonciation des actions de la Securitate reste doncd'actualité en ce début du XXIe siècle. Pratiquement, en étu-diant le parcours des anciens activistes communistes ou de laSecuritate, nous pouvons suivre leur trace et savoir où ils setrouvent aujourd'hui".

…Dans son texte, publié un an avant l'entrée de laRoumanie, Marius Oprea lançait aussi cet avertissement pré-monitoire: "Si l'Union Européenne ne veut pas avoir à faire àdes responsables roumains corrompus et issus de laSecuritate, elle a tout intérêt à nous soutenir. En effet, si cetteoligarchie communiste et de la Securitate continue à agir enRoumanie, la corruption de haut niveau sera bientôt le princi-

pal produit d'exportation de la Roumanie. Nos bureau-crates, issus des structures communistes peuvent trèsbien enseigner à ceux de Bruxelles comment on vole".

Marius Oprea

(Traduit du roumain par Radu Portocala)

*Historien, né en 1964 à Târgoviste. Directeur de

l'Institut pour l'investigation des crimes du régime

communiste roumain.

Au moment de sa nomination, Marius Oprea a étédirectement menacé par des membres importants desservices secrets roumains, anciens de la Securitate. Il aété notamment abordé dans la rue et on lui a fait com-prendre que son petit garçon pourrait être enlevé. Depuiscette époque, et toujours aujourd'hui, sa femme et sonenfant vivent en Allemagne, où il leur rend fréquemment

visite. "J'ai compris que ces menaces venaient d'un grouped'officiers qui craignaient que je dirige cet Institut" indique-t-il, enchaînant: "Leur crainte était justifiée parce que je dispo-sais déjà d'informations sur la corruption dans les servicessecrets roumains et j'en avais également rendu publiques cer-taines concernant leur collusion avec la mafia arabe".

Marius Oprea confie également: "Çà m'a déterminé à agir.Peut-être autrement me serais-je contenté d'écrire des articleset des livres sans aller jusqu'à m'impliquer dans une structurequi ressemble à celle de Simon Wiesenthal (le chasseur denazis) à Vienne".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

4948

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

En décembre 2005, le nouveau gouvernement roumain, sous la direction de

Calin Popescu Tariceanu a décidé la création d'un Institut pour l'investigation des

crimes du régime communiste, malgré l'opposition du Président Basescu, fraîche-

ment élu. Marius Oprea*, son directeur se proposait alors de faire cohabiter dans

la même maison morale et politique. Il partait du constat que dans tous les partis

politiques roumains, ce sont les anciens activistes du Parti communiste et de la

Securitate qui occupent les postes clé. Force est de constater que peu de choses ont

changé depuis.

Dans un texte publié au momentde la prise de ses fonctions,Marius Oprea donnait son sen-

timent, évoquant les difficultés rencontrées,son courageux projet faisant déjà penser auvain combat de Don Quichotte, la nomenkla-tura remplaçant les moulins :

"L'Institut pour l'investigation des crimesdu communisme en Roumanie a été créé le21 décembre 2005 par une décision du gou-vernement roumain. Cette institution nedépend donc ni de l'Académie ni del'Université. Elle matérialise une idée que jedéfends depuis le milieu des années 1990.

Après les évènements de décembre1989, le sentiment anti-communiste était

extrêmement fort dans la population. La classe politique a promis d'organiser un procèsdu communisme, ce qu'elle n'a pas fait. Peu à peu, il est devenu visible que ceux qui sesont installés au pouvoir en Roumanie en 1990 ont, en fait, organisé un coup d'Etatcontre la révolution anti-communiste. Nous avons assisté à la création d'une nouvelleSecuritate, l'ancienne police politique, à travers les services secrets créés en 1990 et viale levier économique des individus issus de l'ancienne nomenklatura. Ainsi, une nou-velle et très puissante oligarchie s'est installée au pouvoir, à travers un processus quej'ai appelé la "privatisation du communisme".

Après 1989, les anciens de la Securitate et du Parti communiste gardent des postesclé. Dans ce contexte, il n'était évidemment plus question d'organiser un procès du com-munisme. Bien que diplômé d'archéologie, j'ai décidé de me spécialiser en histoirecontemporaine et de préparer une thèse de doctorat sur le rôle de la police politiquedurant la période de Gheorghe Gheorghiu-Dej, c'est à dire avant 1965. Paradoxalement,même cette voie n'était pas la bonne puisque les portes des instituts de recherche et del'Université me sont restées fermées. J'ai ainsi découvert que les anciens de la Securitateet du Parti communiste étaient restés aux commandes de l'Université roumaine.

Les excuses du Président Constantinescu n'ont servi à rien

Les structures de cette oligarchie ont même créé un institut censé étudier le totali-tarisme, dirigé par un représentant du Parti de la Grande Roumanie (le parti de VadimTudor), un parti extrémiste qui a des origines communistes. Il est devenu évident queseule l'installation d'un nouveau pouvoir était en mesure de donner une chance à l'idéede commencer un procès du communisme.

Un tel changement a eu lieu en 1996, quand la Convention démocratique a gagnéles élections. Les choses semblaient avoir pris une bonne direction, surtout après l'été1997, lorsque le Président Emil Constantinescu a présenté des excuses au peuple pourles crimes du régime communiste. Malheureusement, on en est resté au niveau déclara-tif. Il n'y a eu aucune condamnation de la Securitate et des dirigeants communistes.

Dans son texte, Marius Opreaévoque les mesures qu'il compteprendre pour démasquer les commu-nistes et membres de la Securitatetoujours au pouvoir… Non sans unecertaine naïveté en oubliant que lePrésident qui vient d'être élu, TraianBasescu, est lui-même issu de cettenomenklatura qu'il essaie de déman-teler. Il justifie son action en rappelantque "Le communisme est non seule-ment un régime criminel mais un régi-me qui a pratiqué le terrorisme d'Etat.Le crime peut être accidentel, mais lerégime communiste l'a organisé ensystème. Il a organisé les abus et laviolence de manière scientifique".

Marius Oprea prévient aussi :"Selon nos calculs, il n'y a aujourd'huipas plus de 10 000 anciens activistesdu Parti communiste et de laSecuritate. Nous allons nous occuperde ceux qui étaient membres de lanomenklatura et pas faire l'erreur decommencer par les informateurs pournous intéresser plus tard aux cadres.Nous visons les membres du Comitécentral, les officiers de Securitate, lescadres régionaux, les cadres supé-rieurs de la milice et les magistratsqui ont participé à des procès poli-tiques. Mais nous n'allons pas fairede dossier pénal, sauf en cas de per-sécution d'une personne".

L'Institut présidé par Marius Opreaétait censé fonctionner pour unepériode de six ans, soit jusqu'en 2011et publier des rapports trimestriels etannuels, son directeur estimant quece délai devait être suffisant pourtrouver ce qu'il cherchait, à conditiond'avoir un accès libre aux archives.En fait, il n'a jamais pu fonctionnernormalement.

Une nomenklaturatoujours puissante

Marius Oprea brise ses lances contre lesanciens nomenklaturistes et la Securitate.

l

CHISINAU

l

l

régime revient au vain combat de Don Quichotte

on a seulement privatisé le communisme"

Ristea Priboi, conseiller pour la sécuriténationale d'Adrian Nastase, alors Premier

ministre, était l'un des interrogateursles plus brutaux de la Securitate.

Révolution an XX Condamner les crimes de l'ancien

Marius Oprea: "Après 1989

Curieusement, l’ancien Premier ministre Adrian Nastase fait démarrer

sa biographie après 1990.

Page 26: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

5150

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Révolution an XX

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

TÂRGOVISTE

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Vasile et Aurora s'aimaient depuis

Depuis le début des années 2000, les Roumains ont, en théorie, la possibilité de

consulter les archives de la Securitate les concernant, en se rendant au CNSAS, à

Bucarest. En théorie seulement: le peu d'empressement des autorités qui se sont

succédées depuis pour en faciliter l'accès, les entraves suscitées délibérément par

les héritiers de l'ancienne police politique rendent pratiquement inopérante cette

opportunité. A la découverte de ces documents, les rares "privilégiés" font souvent

"un retour vers l'Enfer", comme le conte Piotr Smolar, évoquant la tragique his-

toire de l'écrivain Vasile Gavrilescu et de son amour de jeunesse, Aurora.

Un jour, un ours a pénétrédans le jardin de Vasile

Gavrilescu. Les aboie-ments hystériques de ses huit chiens,impuissants derrière le grillage de leurenclos, réveillèrent la campagne. Les 7500 habitants d'Horezu, village situé àenviron 250 km de Bucarest, avaientl'habitude des visites impromptues d'a-nimaux. Chaussons à la main, VasileGavrilescu a fait fuir le grand ours,sans doute surpris par tant de témérité.Il est comme ça, l'écrivain: buté jus-qu'à l'inconscience, tanné comme le cuir d'un tambour qui aurait rythmé mille batailles.

A l'époque communiste, Vasile Gavrilescu a écopé de deux peines de prison etrendu blêmes de rage des dizaines d'officiers de la police politique. C'est un survivant,une sorte de baobab, qui résiste aux chaleurs éreintantes. En 1948, lorsque le roi MichelIer est contraint à l'exil, Vasile, 10 ans, se tire une balle dans la poitrine. Il rate son coup.Inutile de chercher des antécédents monarchistes dans la famille: une mère ouvrière, unpère pharmacien qui les abandonne à la naissance.

A 18 et 16 ans, les deux amoureux prennent le maquis

Au lycée, dans la ville de Craiova, il rencontre Aurora, belle adolescente, de deuxans sa cadette. L'amour de jeunesse se conjugue avec un engagement commun. Inspirépar l'insurrection en Hongrie de 1956, Vasile crée un réseau clandestin. Si la révolutionvient, il faudra être prêt. "Avec mes dix-huit camarades, on avait un plan pour s'empa-rer des lieux stratégiques de la ville et prendre les armes". Mais un mouchard parle.Vasile et Aurora rejoignent le maquis. Ils sont arrêtés deux ans plus tard.

Elle est condamnée à douze ans; lui à vingt-deux ans. Cette séparation forcée vachanger leur histoire. "J'ai eu la possibilité de bénéficier d'une belle éducation en pri-son, auprès de ministres, d'aristocrates, d'intellectuels, de gens venant de la Sorbonneet d'Oxford", explique-t-il dans un français châtié, parfois ponctué de "merrrde" et de"connarrrds" sonores et espiègles.

Sorti de prison en 1964, en même temps que sa femme, Vasile Gavrilescu la retro-uve marquée, plus distante. Il devient électricien. Mais les officiers de la Securitate luirendent la vie impossible. Il tente de fuir, seul, en franchissant le Danube. Il atteint lacôte yougoslave, mais est interpellé et rendu aux autorités roumaines, contre un wagonde sel. Deuxième condamnation, cette fois à sept ans. Il sort au bout de trois ans etdemi, fait enfin la connaissance de sa fille, née pendant sa détention. Il commence alorsà écrire, pour se libérer de sa détestation envers le régime.

Le 23 novembre 1972, la Securitate perquisitionnent l'appartement familial, bran-dissant une lettre anonyme factice qui accuse Vasile de trafic de pierres précieuses. Lesofficiers trouvent ses manuscrits dans le double fond d'un tiroir. Mais il ne retourne pasen prison, ses écrits n'ayant pas été diffusés.

Les médias jouent un rôle majeurdans les règlements de comptes d'a-près-révolution. En mars 2002, l'écri-vain et animateur de télévisionStelian T anase , dont deux ouvragesavaient été interdits à l'époque com-muniste, va jusqu'à organiser uneconfrontation, devant les caméras,avec l'homme qui l'avait trahi pen-dant des années: son meilleur ami,Dan Oprescu .

Quelques mois plus tôt, il avait euenfin accès à son dossier - dumoins, à la seule partie disponible -au CNSAS. " Ma première réaction,en lisant, a été de dire : tout cela estdérisoire! Une vraie comédie macab-re. Ces vauriens d'agents étaientpréoccupés par la couleur de meschemises, le tramway que je pre-nais". Certains, contraints de collabo-rer, s'en tiraient rapportant des cho-ses anodines.

C'est dans ce même dossier qu'ildécouvre le rôle d'informateur jouépar son ami. "On s'est connuslorsque nous étudiions la philoso-phie. Il était très bien éduqué, avaitdes connaissances littéraires colos-sales. De mes amis, il était celui enqui j'avais le plus confiance. Je luilivrais tous mes secrets, mes projetsde livre, mes rencontres avec desambassadeurs et des journalistes".

Stelian Tanase finit par lui propo-ser une explication publique, à l'an-tenne. Dan Oprescu accepte. "Il a ditqu'il avait été volontaire pour collabo-rer. Que son but était de me proté-ger, en donnant une meilleure imagede moi à la Securitate", expliqueStelian Tanase, qui ne sait toujourspas quel crédit accorder aux justifica-tions de son ancien ami.

51

l

l

"L'ami en qui j'avais confiance "…

Retour vers l’Enfer

l'enfance: les archives de la Securit ate ont irrémédiablement terni leur histoire d'amour

En 1985, déchu de la nationalité roumaine, il s'installe àParis, avec Aurora et leurs deux enfants. Il espère ranimer leuramour, affaibli par les épreuves. Gavrilescu suit à distance lachute du régime Ceaucescu. Gravement malade, Aurora meurten 1991. Elle est enterrée à Amiens. Deux ans plus tard,Gavrilescu retourne en Roumanie.

"Sa femme, son amour, sa confidente,

la mère de ses deux enfants, l'espionnait"

Comme des milliers d'autres victimes de la répression, l'é-crivain souhaite consulter son dossier personnel, constitué parla police. Plusieurs années de démarches sont nécessaires.Enfin, un jour de novembre 2001, il pénètre dans la salle delectures du Centre national pour l'étude des archives de laSecuritate (CNSAS). Un homme pousse un chariot jusqu'à lui."Je m'attendais à deux ou trois volumes. Il en a apporté 22, etce n'était pas l'intégralité."

Aucun adjectif, aucune métaphore, ne pourrait transcrireavec précision ce que Vasile Gavrilescu a ressenti ce jour-là.Disons que la vie s'est dérobée sous ses pieds. Après une demi-heure de lecture du dossier "chauve-souris", surnom que lapolice lui avait donné, l'écrivain a pris la vérité en pleine figu-re: Aurora, sa femme, son amour, sa confidente, la mère de sesdeux enfants, sa raison de vivre, collaborait, l'espionnait.

En 1961, pendant sa détention, Aurora a signé un formu-

laire d'engagement. Après sa libération, elle a renseigné laSecuritate sur les déplacements, les propos et les écrits deVasile Gavrilescu. La perquisition de l'appartement, la décou-verte de sa cache: c'était elle. La rage lui noue encore le vent-re. "Je ne pardonne pas et je n'oublie pas. Heureusement quema femme était déjà morte quand j'ai appris cela. Je suisbélier. Le bélier cogne avec la tête sans se poser de questions,et après se demande pourquoi il a mal".

Quarante trois autres "mouchards":

amis, connaissances, collègues, voisins

Le dossier contenait également une liste de 43 personnes -amis, connaissances, collègues, voisins - qui avaient apportéleur contribution à l'étau invisible qui l'enserrait. "Tous autourde moi collaboraient. Et moi, j'étais comme un poisson dansun aquarium". L'année suivante, Gavrilescu fut gravementmalade. Puis il s'efforça de reprendre pied, par l'écriture.

Depuis, il a publié dix-sept livres, de l'autobiographie à lapoésie, pour décrire la nature maléfique de l'ancien "systèmetortionnaire". Malgré l'éloignement du milieu littéraire dont ilse sent banni, la vie à la campagne lui fait du bien.Aujourd'hui, il va vers ses 72 ans. "Ici, le temps se dilate", ditjoliment en français sa seconde compagne, peintre et profes-seur d'arts plastiques.

Piotr Smolar (Le Monde)

pour ceux qui veulent savoir

Les dossiers sont de quatretypes: les rapports de sur-veillance, les dossiers des

informateurs, les affaires judiciaires, etenfin les analyses générales. Sur un coinde table, on trouve aussi des sacs plas-tique transparents, avec des bouts defeuilles mangés par les flammes. Il s'agitde dossiers brûlés à la révolution de 1989par des responsables paniqués.

Il faut renoncer à chercher l'entièrevérité de l'époque communiste dans lesarchives. D'abord, en raison de leur

caractère très incomplet.Les destructions avaientcommencé bien avant1989. "Dans les années

1970, des ordres sont tombés du sommetdu pouvoir pour se débarrasser d'environ200 000 dossiers de membres du Parti",rappelle Dorin Dobrincu, directeur desarchives nationales. Ensuite, parce qu'ilfaut se méfier des écrits de la police poli-tique. Exemple: dans les 500 000 dossiersd'informateurs ne figurent pas ceux duParti; en revanche, on y trouve ceux quiavaient refusé de collaborer avec laSecuritate, enregistrés malgré tout.

Dans les cartons des informateurs,tous dotés d'un pseudonyme, on trouve

l'ensemble de leur parcours: leur accordécrit, leur profil psychologique avantrecrutement, les informations pouvantservir pour un chantage en cas de néces-sité, leurs dénonciations manuscrites, etenfin les traces de leurs rémunérations.Des sommes souvent dérisoires, parfoissubstantielles.

Les "informateurs"

avaient tous un pseudonyme

Créé en 1999, le CNSAS s'est long-temps heurté au manque de coopérationdu service roumain de renseignement(SRI, le successeur de la Securitate).

(suite page 52)

L'intérêt national brandi pour refuser l'accès aux archives

La quête impossible de la véritéL'odeur du papier jauni et humide, ajoutée à la poussière,

vous saisit à la gorge lorsque vous pénétrez dans l'un des trois han-

gars contenant les archives de la Securitate. Nous sommes à une

vingtaine de kilomètres de Bucarest. C'est ici, en zone militaire,

que le Conseil national pour l'étude des archives de la Securitate

(CNSAS) entrepose et gère près de 20 km de documents.

Vasile Gavrilescu, amer après avoir découvert la trahison de sa femme :

"J'ai couché avec la Securitate".

Des archives difficiles à consulter.

Page 27: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

5352

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Révolution an XX

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Pour Luciana Jinga, les Roumains

“Nous n'avons pu utiliser quemoins d'1 % des archives entre 1999et 2006, souligne Germina Nagat,chef de l'unité d'enquête au Conseil,qui compte cinquante-cinq employés.En réalité, le Conseil n'a commencéà fonctionner de façon efficace qu'àpartir de 2007”.

Comme le rappelle DorinDobrincu, aux archives nationales,"le SRI a constamment brandi, dansles années 1990, la notion d'intérêtnational pour refuser l'accès auxdossiers. Cette tactique a beaucoupretardé l'ouverture des archives".L'obscurité n'a pas été totalementlevée. Personne ne sait quelle est lapart réelle des dossiers transmis."On dit que le SRI ne nous a donnéque 85 % des dossiers", souligneGerminaNagat.

Le directeurdu SRI,George Cristi-an Maior, nousa fait savoirpar écrit queson service "agardé seule-ment les dos-siers prévuspar la loi,concernant lasûreté nationale actuelle de laRoumanie, surtout la protection cont-re-terroriste". Cela représenterait 3 %de toutes les archives.Le serviceaffirme que la rupture avec les tempsanciens, en termes de méthodes etde personnel, est "totale et irréversi-ble". "L'âge moyen de notre institu-tion est de 36 ans, et plus de 60 %de ceux-ci avaient 18 ans environlors des événements de 1989".

P. S (Le Monde)

l

l

(suite de la page 51)

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

SIRETl

ont peur d'affronter le p assé… qui est en fait le présent

Luciana Jinga est historienne à l'Institut de recherches et d'investigation des

crimes du communisme, organe fondé en 2005, financé par l'Etat et dirigé par

Marius Oprea. L'Institut tente de faire la lumière sur les crimes commis pendant

la période communiste entre 1947 et 1989, notamment par les officiers de la

Securitate, et de faire juger les personnes impliquées... Sans résultat, jusqu'à pré-

sent, comme elle l'explique.

Ala différence d'autres pays ex-com-munistes en Europe, commel'Allemagne ou la République

tchèque, il n'y a pas eu, en Roumanie, de loi de"lustration" destinée à protéger les institutionsdémocratiques du nouvel Etat en excluant lesanciens agents de la police communiste de lafonction publique. Pourquoi?

Toujours les mêmes aux mêmes places

C'est simple. Ici, tous ceux qui étaient dansles rouages de l'ancien système sont restés enplace. Comment Ion Iliescu, par exemple, qui aété le premier président roumain après 1989,aurait-il pu adopter une telle loi, alors qu'il étaitlui-même un cadre du régime communiste?L'actuel président, Traian Basescu, ancien offi-cier de la marine roumaine, a été le responsabled'une agence dans le port d'Anvers.

Or pour être envoyé avec de telles responsa-bilités à l'étranger, il fallaitfaire partie du système ou au moins lui être dévoué. En clair, lespoliticiens roumains n'allaient pas faire une loi dont les consé-quences auraient été fatales pour eux...

Aujourd'hui encore, ce sont ces mêmes personnes qui sonten place dans l'administration, la politique, la justice ou les affai-res. Les mêmes ou leurs enfants, leurs proches, le népotismefonctionnant toujours très bien chez nous. Même la loi "partiel-le" de lustration qui a été adoptée (en 2005), qui concerne la jus-tice et l'administration, a ses limites; elle s'est très vite transfor-mée en instrument politique, certains passant entre les mailles dufilet, d'autres pas. Si des procès sont en cours pour des crimescommis à l'époque, il n'y a encore eu aucune condamnation pro-noncée...

"Il n'y a pas crimes sans cadavres… alors il faut les trouver”

Le maintien en place des anciens communistes l'explique, encore une fois. Tantque le premier ex-officier de Securitate ne sera pas condamné, on ne pourra pas avan-cer. Notre Institut intente des actions en justice, dépose des plaintes contre des tortion-naires, mais rien n'aboutit, le principal problème étant la prescription...

Récemment, nous avons demandé l'ouverture de poursuites pénales contre unancien milicien qui, à la fin des années 1980, aurait arrêté sans mandat une vingtained'étudiants qui écoutaient de la musique rock, qu'il aurait ensuite battus et torturés. Lechef d'accusation retenu a été celui d' "abus dans le cadre du travail"! Il risquait deuxà six mois de prison; surtout, le délai de prescription est de deux ans...

faute n'est pas une spécialité roumaine""La reconnaissance de sa La plainte a donc été rejetée. C'est un exemple parmi d'au-

tres... Ici, on a un peu un sentiment d'inutilité. Nous passonsdes mois à rassembler les pièces du puzzle pour chaque cas,afin de présenter les preuves d'un crime, en vain.

Cet été, Marius Oprea, notre directeur, a lancé une grandecampagne d'exhumation de corps, car un jour, un procureur luiavait dit: "Il n'y a pas de crime sans cadavres". Alors il a com-mencé à chercher les cadavres des crimes du régime commu-niste, en retrouvant certains endroits où les corps des person-nes fusillées par la Securitate dans les années 1950 avaient étécachés. Même avec ces "cadavres", cependant, les crimes onttrès peu de chances d'être condamnés.

La crainte de découvrir

que votre meilleur ami vous a mouchardé

Les mêmes raisons expliquent-elles l'ouverture tardive desarchives de la Securitate?

Oui, d'autant qu'elles ont été ouvertes sans être ouvertes.Au début, en 1999, le Conseil national des archives de laSecuritate (CNSAS) n'avait aucun dossier sous la main, pourtravailler. Aujourd'hui, il en a beaucoup plus mais on ne saitpas exactement de quoi ils disposent: l'inventaire détaillé n'estpas public et l'accès est difficile.

Pour les citoyens - certaines personnes viennent nous voirparce qu'elles n'ont pas pu avoir accès à leur dossier auCNSAS - mais aussi pour les chercheurs. Les conditions àremplir pour être accrédité sont compliquées.

On a le sentiment que le passé est encore tabou pour lasociété roumaine... Mais, c'est bien plus. On en parle, celaintéresse les gens, comme le montre le succès des émissions oudes livres que notre Institut publie sur le sujet. Mais ce n'estpas forcément suivi d'actions concrètes, comme aller voir sondossier personnel par exemple.

Il y a une forme de crainte, d'abord... Dans la majorité descas, les informateurs étaient des personnes proches, des collè-gues, des amis, des membres de la famille. Après la révolution,le communisme est tombé, mais le cercle de relations socialesest resté le même. D'où une peur d'affronter le passé, qui est enfait le présent.

Dans ma famille par exemple, mon grand-père a été ren-voyé de l'armée lors de la seconde épuration, en 1958, carquelqu'un l'a accusé d'être un "bourgeois". A présent, il refused'aller consulter son dossier: il craint que ce soit son meilleurami qui ait écrit cette déclaration mensongère. De nombreusespersonnes sont dans son cas. Et veulent tourner la page...

“Avec les difficultés de la vie, le travail

de mémoire était le dernier souci”

Oui, beaucoup ne veulent plus penser à une période sidouloureuse... Ils ont déjà perdu une partie de leur vie à cetteépoque, ce n'est pas la peine de rouvrir la plaie. Dans lesannées 1990, de plus, la Roumanie a connu une période éco-

nomique trèsdure. Le travailde mémoire étaitle dernier soucides gens. Lesvictimes, biensûr, s'en sontp r é o c c u p é e s ,mais pas les aut-res. Quelquesvoix éparses évoquaient ces problèmes d'ouverture des archi-ves, mais elles n'étaient pas portées par un vrai mouvementdans la société civile.

“Il y avait par nature

une tendance au dédoublement”

Enfin, nous subissions le contrecoup du mécanisme per-vers subi sous le régime communiste, lorsque les gens vivaientdans deux mondes parallèles: le monde extérieur où ils obéis-saient au régime, et le monde de la maison, très différent.

Par exemple, chez moi, nous faisions des prières, nouschantions des chants monarchistes, et sitôt quitté la maison, jechantais des chants communistes. Donc il y a, par nature, unetendance au dédoublement. En 1989, l'une de ces réalitésparallèles s'est écroulée. Beaucoup de gens ont tendance àcroire que tout ce qu'elle contenait s'est écroulé avec elle. Ycompris leurs éventuelles compromissions...

“Ici on se considère tous victimes”

Mais le vrai problème, dites-vous, c'est que l'Etat ne mon-tre pas l'exemple. Certes, il y a eu cette condamnation deTraian Basescu devant le Parlement, en 2006, et le rapport dela commission de l'historien Tismaneanu. Mais un discours etun livre ne suffisent pas pour condamner cinquante ans d'unrégime extrêmement dur, durant lesquels des hommes ont ététorturés et des crimes atroces ont été commis.

Il ne faut pas seulement condamner en bloc, il faut aussijuger les hommes qui étaient dans ce système. Je ne dis pasqu'il faut forcément un procès type Nuremberg, mais unereconnaissance juridique de ces crimes. On finit par croire quece n'était pas si grave, puisque il ne se passe rien...

Les Roumains auraient-ils honte, aussi, de leurs compro-missions ? Pas de honte, non, je dirais plus une incapacité à sepenser coupables. A la différence de l'Allemagne nazie parexemple, il y a un vrai problème de la Roumanie et desRoumains à reconnaître leur culpabilité.

Ici, on est tous victimes. C'est une question de mentalité etce n'est pas lié qu'au régime communiste: on observe le mêmerapport par rapport à la question de l'Holocauste et de la parti-cipation de la Roumanie. La reconnaissance de la faute n'estpas une spécialité roumaine.

Marion Guyonvarch, Delphine Saubaber (L'Express)

Le rapport Tismaneanu sur le communismesemble surtout avoir été fait pour être classé...

"Il n'y a pas de crimes sans cadavres" a-t-on lancé à Marius Oprea… Du

coup, l'historien s'est lancé dans desfouilles,à la recherche des ossements des victimes du régime communiste.

Mauvaise surprise pour l'écrivain Stelian Tanase qui a découvert dans les archives de la Securitate

la trahison de son meilleur ami.

Page 28: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

5554

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Tourisme

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

A Valea Vinului, en amoureux de

Au cours de ses pérégrinations en Roumanie, l'écrivain Noël Tamini a décou-

vert un endroit dans le sud Maramures, où il passe plusieurs mois chaque année,

"qui lui a tapé dans l'œil" et dont il entend faire profiter les amoureux de ce pays.

En 1993, quandje suis devenupropriétaire de

ces lieux", m'a confié monhôte, "il n'y avait rien icique ces trois pommiers, etce noyer". Marinel Filip

a depuis lors déployé unverger (livada), qui,comme il se doit, jouxte36 ruches. Dès l'abord, ona admiré deux lacs (autotal 2,5 ha), bordés dechalets et d'appartementsen bois (en voie d'achève-ment), si bien conçusqu'on se dirait en Suisse

ou en Autriche. Près du plus grand lac, sont déployées des tentes, et des amateurs depêche sportive y sont tout à leur passion: des poissons de 2 à 8 kilos, imaginez... Toutexprime ici une véritable harmonie entre la nature, pas trafiquée du tout, et le plaisir d'yvivre sainement quelques jours.

Ces lieux, qu'on dirait créés par l'imagination d'un internaute, existent bel et bien.Je l’ai trouvé à Valea Vinului, un village de verdure, sur la rive gauche de la rivièreSomes, a environ 50 km au sud-ouest de Baia Mare (Maramures). Explication. Car il yen a une, et même deux...

Si j'ai pu admirer ce qu'a réalisé la famille Filip, c'est à l'invitation d'une inspectri-ce du contrôle fiscal, et, soit dit en passant, la seule incorruptible que je connaisse ence pays. "Ce monsieur", m'avait-elle dit, "avait réclamé à l'Etat le remboursement dela TVA, pour divers travaux réalisés comme prévu. Et, contre l'avis de mes collègues,j'avais jugé bon d'aller le rencontrer tout d'abord afin de juger de visu la réalité de cequ'il disait. J'ai été aussitôt ébahie: ce qu'ont fait les Filip, je n'avais pas imaginé quecela soit déjà accompli dans mon pays. Evidemment, l'Etat lui a remboursé la TVA". Etles Filip lui en savent gré.

Sans attendre ma question, Marinel Filip, me guidant pour le tour du propriétaire,me dira: "A la base il y a ces sept hectares, qui me sont venus de mon grand-père. Ilavait acheté cela à des juifs, au début des années 40. Il avait eu la sagesse de les par-tager aussitôt pour les céder a ses enfants, par acte notarié. C'était peu avant la prisede pouvoir par les communistes. Ensuite, ce fut évidemment confisqué. Mais après lesévènements de 1989, mon père récupéra facilement cet héritage".

Outre les deux beaux lacs ourlés de gazon du plus bel effet et flanques de super-bes constructions en bois, ce qui frappe c'est l'exubérant verger de pommiers et unegrosse voiture renfermant 36 ruches. "J'ai une formation de zootechnicien", dit monCicérone, poursuivant "On sait à quel point les abeilles ont besoin de ces fleurs, et réci-proquement. Par chance, ces terres n'ont jamais fait l'objet d'une agriculture intensive,et le sol est demeuré sain. De même, les pesticides n'ont pas sévi ici, si bien que touts'est présenté au mieux quand je m'y suis mis, en 1993".

Profiter d’un cadre de vie paisible

Voila donc seize ans que les Filip, qui ont deux enfants, ont consacré tous leurs

L'histoire a fait le tour du monde.Un bataillon de 2000 soldats roumainset 200 tonnes de matériel envoyés enHaïti avec de l'aide humanitaire auraitatterri par erreur à Tahiti . Le soi-dis-ant article, qui était une blague, a étépublié sur un blog roumain, Times.ro ,comme s'il s'agissait d'une informationdes plus sérieuses.

Illustré par une photo présentantles soldats roumains sur une plagetahitienne, il cite le ministre roumainde la défense: "Franchement, ce n'estpas la peine d'en faire un plat, auraitaffirmé celui-ci, selon le canular. Haïti,Tahiti, Mahiti, Papiti, toutes ces îlesont des noms qui se ressemblent.Qu'elles aillent au diable."

Aussitôt, des dizaines de journauxrusses, lettons, hongrois et italiens ontpropagé la nouvelle. Celle-ci s'estégalement retrouvée sur les écransde télévision. L'édition en espagnol dela chaîne internationale d'informationsRussia T oday a présenté un longreportage sur cette affaire qualifiéed'"incroyable mais vraie". La présenta-trice résumait l'histoire à partir d'unmontage d'images d'archive qui mon-traient des soldats roumains et destouristes surfant sur les eaux de laPolynésie française.

"Je n'en revenais pas, avoue IonutFoltea, le blogueur à l'origine de cettedérive médiatique. Notre site est uneplate-forme de pamphlets, de fauxsujets et de blagues, que les genslisent pour s'amuser. Quand tu esjournaliste, la première chose que tufais c'est de vérifier tes informations.Personne ne s'est donné la peine depasser un coup de téléphone. Et voilàla télé montre des histoires qui n'ontjamais eu lieu." (suite page 56)

l

l

Haiti… Tahiti, c'est du pareil au même…

Connaissance et découverte

loisirs et leurs économies a réaliser, somme toute, le rêve d'unhomme amoureux de son pays, et donc conscient des deux plusbelles richesses de la Roumanie: le tourisme et l'agriculture,plus précisément la bioculture. Plus une certaine forme de vie,paisible, qui convient au mieux a cette région proche duMaramures historique.

"La crise a ralenti la réalisation de nos projets", poursuitle "rêveur", "et nous recherchons désormais un partenaire.J'aimerais en effet offrir aux touristes, outre des appartementsde villégiature, une petite salle pour des expositions artis-tiques et des concerts, afin de mettre en valeur au mieux cer-tains atouts culturels de cette région. De même, nous avonsprévu d'aider nos hôtes à découvrir les merveilles d'alentour.Par exemple, des visites guidées du Pays d'Oas, et duMaramures historique, mais aussi grâce a un peu d'équitation,

outre l'initiation à la pêche sportive". Sans parler du miel et defruits bio. Plus, bien sûr, du jogging, des promenades ou desrandonnées.

Cet écrin d'eau et de verdure, de verger et de forêt, sousl'oeil de bustes originaux sculptés dans le bois et la pierre, invi-te au repos, à la détente, à une vie tonique. "La nature est là,qui t'invite et qui t'aime": ce vers de Lamartine pourrait bienembellir le portail d'entrée.

Quant aux "vignes" de Valea Vinului (La vallée du vin)...il n'y en a pas. "Ce village tire son nom d'une légende. Unboyard était passé par là, avec tout un chargement de ton-neaux, fracassés dans des fondrières creusées par un orage. Etl'endroit porte ce nom par dérision". Un lieu que l'on peut dés-ormais aussi découvrir grâce au site www.profy.ro.

Noël Tamini

Les NOUVELLES de ROUMANIE

leur p ays, les Filip font tout pour ébahir le touriste intelligent

est là, qui t’invite et qui t’aime”“La nature

TÂRGOVISTE

l

Un jury de spécialistes étran-gers de dégustation de vinss'est réuni mi-novembre à

Corbeanca, près de Bucarest, afin de tes-ter quelques 168 crûs proposés habituel-lement sur les rayons des magasins etsélectionnés auparavant en fonction deleur prix, leur catégorie et leur couleur(blanc, rosé, rouge). Il s'agissait d'éviterles écueils qui ternissent trop souvent lesconcours de vins, où les producteurs pro-posent leurs meilleures bouteilles, peureprésentatives de l'ensemble de la cuvée,ou bien qui, après avoir été primées, sontpar la suite conservées dans de mauvaisesconditions, rendant impropres leurconsommation.

Par cette initiative, Ovidiu Gheorghe,directeur du Patronat Nationale de laVigne et des Vins, espère promouvoir lavente des vins roumains dans le paysmême mais aussi à l'étranger, où elle achuté de 11% au cours du premier semes-tre 2009, les principales destinations àl'exportation étant, dans l'ordre,l'Allemagne, la Bulgarie, le Danemark,l'Estonie, la Russie, le Royaume Uni,l'Italie, la Chine et les USA.

La Roumanie se place au 6ème rangeuropéen des pays producteurs de vin etau 12ème rang mondial, avec une super-ficie de 187 000 ha de vignes, une pro-duction annuelle de 1,2 à 1,5 millionsd'hectolitres, pour une valeur de 450 M€

en 2007. Bien que sur le marché local, la

vente de vin augmente de 10-13 % par an,la consommation annuelle des Roumainsse situe à 24 litres, soit la moitié de celledes Français.

Le palmarès du concours de

Corbeanca :

Vins blancs :

Blanc sec (8-15 lei, 2-4 €):Halewood Feteasca Regala SpecialReserve 2008 (Cramele Halewood)

Blanc sec (15-25 lei, 4-6 €): TeraseDanubiene Beluga Sauvignon Blanc2008 (Vinarte)

Blanc supérieur (25-42 lei, 6-11 €):La Cetate Chardonnay 2008 (Carl Reh)

Blanc demi-sec (15-25 lei, 4-6 €):Blanc Cotnari 2006

Blanc demi-doux (8-15 lei, 2-4 €):Zestrea Murfatlar Pinot Gris (Murfatlar)

Vin blanc doux (8-15 lei, 2-4 €) : 7Pacate Tamâioasa Româneasca 2006

Vins rosés :

Rosé sec et demi-sec (15-25 lei, 4-6 €): Vinul Cavalerului Merlot Roze2008 (Serve Ceptura)

Rosé (25-42 lei, 6-11 €): 3 HectareCabernet Sauvignon Roze 2008(Murfatlar)

Vins rouges :

Rouge sec (15-25 lei, 4-6 €):Maiastru Merlot 2008 (Carl Reh)

Rouge supérieur (25-42 l. , 6-11 €):La Cetate Merlot 2007 (Carl Reh)

Rouge demi-sec (15-25 lei, 4-6 €):Halewood Feteasca Neagra SpecialReserve 2007 (Cramele Halewood)

Rouge demi-doux (8-15 lei, 2-4 €):Val Duna Crama Oprisor FeteascaNeagra 2008 (Carl Reh)

Vin spécial (liquoreux) (15-25 lei, 4-6 €): Lacrima lui Ovidiu 5 (Murfatlar)

Les principaux pays producteurs :

1. France et Italie*, 3. Espagne, 4.États-Unis (dont Californie), 5.Argentine, 6. Chine, 7. Australie, 8.Afrique du Sud, 9. Allemagne, 10. Chili,11. Portugal, 12. Roumanie, 13. Russie,14. Hongrie, 15. Grèce, 16. Brésil, 17.Autriche, 18. Ukraine, 19. Moldavie, 20.Croatie, 21. Serbie, 22. Bulgarie, 23.Nouvelle-Zélande, 24. Suisse, 25.Uruguay, 26. Macédoine, 27. Mexique,28. Japon, 29. Algérie, 30. Georgie.

*Suivant les évaluations, France etItalie sont données alternativement entête du classement.

Les vins proposés dans les rayons de magasins roumains p assés à la loupe p ar un jury international

Valea Vinului, une belle région à découvrir, près de Baia Mare…mais qui, contrairement à son nom ne dispose pas de vignobles.

Page 29: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

5756

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Pour les Bucarestois, comme pour l'ensemble des Roumains, dans les années

80 on éteignait les lumières vers 22 heures, au moment où apparaissait la mire sur

les écrans de télévision. "Bonne nuit, Camarades !"… C'était l'heure daller se

coucher. La capitale s'enfonçait dans le silence, restaurants et bars fermaient

leurs portes. Dans les rues endormies, seuls les taxis circulaient, hélés par

quelques rares noctambules.

En Roumanie comme dans les pays frères, le communisme n'a pas totalementéradiqué la vie nocturne, et le plus vieux métier du monde y a trouvé saplace, bien qu'interdit. Les prostituées partaient à la recherche des clients.

De préférence les Japonais, connus pour leurs largesses, ou alors les Suisses, lesAutrichiens et les Allemands… mais pas les Français, catalogués comme pingres.

Il n'était cependant pas question de racoler dans la rue. Les filles se mettaient demèche avec des "taximetristes" qui sillonnaient lentement les rues. Quant elles repé-raient un étranger, elles baissaient la vitre pour demander "Speak english ?", tentantparfois leur chance en italien. Le chauffeur savait dans quel hôtel il pouvait emmener

le couple. En général, l'Intercontinental, l'hôtel Bucuresti,l'Athénée Palace. Lui seul était suffisamment introduitauprès du concierge pour, moyennant un pourboire, per-mettre à sa passagère de ne pas voir son nom consigné dansle registre. Rendez-vous était pris pour venir la rechercher,tout aussi discrètement, vers 4-5 h du matin. Al'Intercontinental, certaines filles rentraient cependantsans problème, car elles étaient connues de la Securitate etlui rendaient des services en la renseignant sur leurs clients.

De cent à moins d'un dollar la nuit !

On estime à une centaine les "poules de luxe" qui opé-raient dans la capitale à cette époque, le tarif étant d'envi-ron cent dollars la nuit. Mais il y avait moyen de se procu-

rer leurs faveurs à beaucoup moins cher. La légende raconte qu'il fallait se rendre aurestaurant "Ciresica", sur l'actuel boulevard Regina Elisabeta, commander un certaindessert qui servait de mot de passe… pour voir apparaître une fille peu farouche qui leservait. Certaines prostituées occasionnelles se contentaient de 25 lei de l'époque. Lecours officiel du dollar était alors de 21 lei et s'est négocié à certains moments au noirjusqu à 75 lei.

Quelques propriétaires de maisons du quartier de la gare du Nord et du boulevardGrivitei, offraient d'abriter les ébats des couples de rencontre dans une chambre qu'ilslouaient à l'heure. Il suffisait de sonner à la bonne porte et de leur verser une centainede lei. Des hommes d'affaires étrangers prenaient également une maîtresse attitrée pourla durée de leur séjour, payant le loyer de la demoiselle ou de la dame, couvrant lesfrais, versant une petite rente, assortie de cadeaux. Autre possibilité: les cités universi-taires où la prostitution pouvait être fréquente si elles abritaient des étudiants étrangers.

Peu de sanctions

Les filles qui se faisaient pincer par la police ne risquaient pas grand-chose.L'article 328 du code pénal de 1968 prévoyait que "les personnes qui se procurent desmoyens d'existence par des relations sexuelles encourent une peine de prison de 3 moisà 3 ans". Comme tout le monde avait un travail, il suffisait de montrer sa "légitima-tion" (document prouvant qu'on avait un emploi) pour éviter d'être inquiétée. Au pire,on pouvait être sanctionnée pour mener un style de vie parasitaire ce qui pouvaitconduire à un ou six mois de prison et à une amende entre 1000 et 5000 lei.

…Comme Budapest et Bucarest pour Canal + !

Lancé en 2008 par une sociétéroumaine créant des sites Internet, lesite Times.ro , qui n'a pas hésité àemprunter le nom d'un journal britan-nique sérieux, a vu le nombre de seslecteurs exploser.Depuis l'affaire Haïti-Tahiti, quelque 25000 internautes visi-tent désormais le sitechaque jour, contre 4000 précédemment.

Et l'aventure conti-nue en France. Le 18février, l'hebdomadai-re Courrier interna -tional résume un arti-cle de la presse rou-maine et révèle labourde médiatique,mais sur Canal+ on ne lit que ledébut de l'article et on tombe dans lepanneau, l'émission "L'édition spé -ciale" , présentée par BruceToussaint se gaussant de la bêtisedes Roumains à la grande joie deses invités qui se tapent sur les cuis-ses, et dont pourtant beaucoup nesavent pas faire la différence entreBudapest et Bucarest.

La chaîne consacre plusieursminutes à l'incroyable histoire rou-maine, que le site Times.ro signale àsa manière: "Canal+ a reçu l'informa-tion de son correspondant local, lepeintre Paul Gauguin, peut-on lire surle site roumain. Il vit sur cette île et aété le témoin oculaire de l'arrivée dubataillon roumain." Une affaire que cesite, dont le slogan est "Not as seenon TV" ("Pas vu à la télévision"), pro-met de suivre.

Mirel Bran

l

l

(Suite de la page 54)

Connaissance et découverte

Dans les faits, il y avait très peu de poursuites. Ainsi lesarchives indiquent-elles que le 1er octobre1987, sur les 66 346 personnes détenuesdans les pénitenciers ou centres de redresse-ment, on ne dénombrait que 75 cas de prosti-tution.

La curiosité d'Elena Ceausescu

La vie nocturne bucarestoise, pour aussipauvre qu'elle était, ne se limitait pas cepen-dant à cette activité. Encore fallait-il êtreconnaisseur des lieux où elle se déroulait.Dans certaines rues, il était possible de seprocurer des cigarettes ou de l'alcool auprèsde petits trafiquants à n'importe quelle heurede la nuit.

Si les principaux restaurants, Cina,Bulevard, Lido, Capsa, Caru' cu bere, Marulde aur, Moldova, Ambasador, Pescarus,Herastrau, Bordei, fermaient leurs portes debonne heure, il existait quelques bars de nuit,fréquentés par les étudiants étrangers et lesRoumains ayant de l'argent. Deux d'entreeux, le Melody Bar et l'Atlantic Bar (devenuultérieurement le Bucuresti) étaient célèbres.

On rapporte qu'Elena Ceausescu était intriguée par ces

lieux et les faisait surveiller, son fils Nicu y retrouvant une deses maîtresses, Janina Matei, une chanteuseconnue qui s'y produisait.

Cassettes vidéo

Des maisons clandestines, sortes de tri-pots, peu nombreuses, existaient égalementoù des patrons de bistrots et de restaurantsallaient terminer la nuit, jouant au poker jus-qu'u petit matin bien que, théoriquement, lesjeux de hasards étaient interdits. Après lesannées 84-85, une autre habitude est appa-rue chez les Bucarestois: dénicher des cas-settes vidéo avec des films, porno ou non,des reportages venus d'Occident et les regar-der chez soi ou en compagnie d'amis.

Mais une autre activité nocturne connaî-tra malheureusement un bien plus grandsuccès, que ce soit à Bucarest ou dans lereste du pays… Faire la queue pour trouverde l'essence ou bien de la viande. Nombrede retraités, chargés d'approvisionner lafamille, passeront leurs nuits, un sac à lamain, parfois dans le froid, assis sur unsiège pliant à la porte des magasins, guet-

tant l'arrivée d'éventuels livreurs.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Elena Ceausescu faisait surveiller les relations de son fils avec la

chanteuse Jeanina Matei. Ici, en 1972.

TÂRGOVISTE

l

Des chambres d'hôtel au luxe spartiate.

MémoireLa “tournée des grands ducs” sous Ceausescu n'avait vraiment rien de folichonne

"Bonne nuit, Camarades… C'est l'heure d'aller se coucher !"

Fin décembre deux quotidiensimportants ont cessé leur paru-tion: Cotidianul et Business

Standard. Cotidianul avait été le premierjournal indépendant à paraître enRoumanie, en 1991. Ion Ratiu, un millio-naire anglais d`origine roumaine, qui s'é-tait présenté en vain aux élections prési-dentielles de mai 1990 contre Ion Iliescu,en était le propriétaire. A sa mort, le titrea été racheté par Sorin Ovidiu Vantu,milliardaire, ancien repris de justice qui aacquis sa fortune en dépouillant de leurséconomies quelques 300 000 petits actio-naires du Fond National d`Investisments.S.O. Vantu, par l`intermédiaire de songroupe de presse Realitatea-Catavencu aégalement édité le quotidien économiqueBusiness Standard.

Deux semaines plus tard, deux autresquotidiens annonçaient qu`ils cessaientleur parution sur papier, Ziua etGardianul, ne conservant qu'une versionInternet, comme les précédents. Ils

appartenaient également à la zoned`influence de S.O.V.. Les deux journauxavaient été accusés à plusieurs reprises dechantage par des hommes politiques oud`affaires, y compris par Traian Basescuou l`ancien maire de Bucarest, AdrianVideanu, actuellement ministre del'Economie. Quelques jours plus tard,c'est Jurnalul National, le plus grandquotidien du pays, appartenant à un autremagnat de la presse, Dan Voiculescu,régnant également sur un empire audio-visuel, qui annonçait revoir ses ambitionà la baisse, licenciant 50 de ses 300employés.

Tous ces médias avaient un trait com-mun: ils faisaient partie de la pieuvrepolitico-économico-médiatique des oli-garques roumains qui espéraient fairetotalement main basse sur le pouvoir àl'occasion des dernières élections prési-dentielles, manipulant sans vergogne l'o-pinion et soutenant le candidat du PSD,Mircea Geoana, issu comme eux des

rangs des héritiers du régime communis-te et de la Securitate.

Leur empire a donc servi de machinede guerre contre son adversaire, TraianBasescu, jugé moins malléable quoiqueayant les même racines, et ils espéraientbien en recevoir les dividendes, une foissa défaite acquise. Leur coup ayant raté,leurs journaux ne leur servent plus à rien,et, comme ils leur coûtent cher, ils s'endébarassent aujourd'hui.

Mais les lecteurs ne les avaient pasattendus. Voici longtemps que plusieursde ces médias avaient perdu leur crédibi-lité, les autres prenant le même chemin.Le tirage de Cotidianul, l'un des journauxles plus appréciés de l'immédiat aprèsCeausescu, était passé de 50 000 exem-plaires dans les années 90 à 6000 avantles dernières élections.

Les Roumains commenceraient-ils àne plus vouloir se laisser mener par lebout du nez ?

Dodo Nita

Presse: manipulation et retour de bâton Médias

Page 30: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

5958

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Né au début de l'été, "Balkanophonie" veut être la radio francophone enligne des Balkans. Cette ramification de la version Web du Courrier des

Balkans propose à la fois musique et reportages. La bonne surprise du siteest l'éclectisme de la palette musicale, classée selon trois référencements: artistes, sty-les et pays. Même si la musique traditionnelle n'est pas ignorée, elle côtoie autant lerock psychédélique turc des années 1960-70 que le hip-hop balkanique. "Il y a unemode des Balkans qui a envahi l'Occident, depuis quelques années, notamment avecles films de Kusturica", explique le responsable du site, Simon Rico. "Toute cettemusique de fanfare et de fête, c'est quelque chose qu'on veut valoriser tout en montrantaussi qu'il y a toute une scène musicale actuelle en pleine effervescence".

En témoigne la playlist sélectionnée par un de leurs correspondants en Roumanieavec, au programme, R'n'B, rock et hip-hop version roumaine. Autre expérience musi-cale, la découverte de l'une des stars de la scène de l'ancienne Yougoslavie, RamboAmadeus, musicien inclassable flirtant avec l'électro, le hip-hop, le funk et le reggae.

Côté information, on y trouve des sujets audio d'actualité ou des magazines telsque l'interview de l'organisateur de Balkan Trafik, festival consacré aux cultures bal-kaniques. Pour l'instant, ce versant du site est encore limité, mais l'objectif est bien dele développer dans les mois à venir. Avec une cinquantaine de visites par jour,"Balkanophonie" reste encore loin cependant derrière son grand frère, le site Web du"Courrier des Balkans", qui compte entre 2 000 et 2 500 visites quotidiennes.

Antoine Bellier (La Croix)

Le groupe suisse Ringier a vendudeux titres phares de la presse rou-maine, le magazine économiqueCapital et le quotidien EvenimentulZilei , à une société dont l'actionnaireprincipal est Bobby Paunescu , déjàpropriétaire de la chaîne de télévi-sion B1. Ringier entend ainsi être"plus efficace" et se concentrer surles publications Libertatea , Unica etsur le marché de la presse en ligne;un vaste plan de restructuration aveclicenciements est en cours au seindu groupe. Le montant de la venteavoisinerait 8 millions d'euros. Cetachat accentue la concentration desprincipaux titres dans les mains desaffairistes. Classés 13ème fortune dupays avec 350 M€, les frèresPaunescu ont été impliqués dansplusieurs affaires de corruption…dénoncées notamment en leur tempspar Evenimentul Zilei.

l

l

Evenimentul Zilei et Capital vendus

En Roumanie, depuis des siè-cles, les Lautari ont perpétuéet maintenu en vie un patri-

moine musical populaire d'une granderichesse. Ces chanteurs et musiciens pro-fessionnels, Tsiganes pour la plupart, onttoujours accompagné et rythmé les

grands événements de la vie, des plusheureux aux plus douloureux: mariages,baptêmes, enterrements. On peut retrou-ver ces airs sur Balkanophonie.

Plus tard, avec l'urbanisation naissan-te, dans les tavernes des faubourgs desquartiers pauvres, et dans les vapeurs detsuica, le répertoire lautari s'enrichissaitde mélodies et de chansons nouvelles,mélancoliques, teintées de "blues",réconfortant le cœur des âmes en peine.

L'amour, la solitude, la pauvreté, lacondition carcérale, étaient alors autantde thèmes qui nourrissaient les textes deces chansons populaires. Malgré la cen-sure opérée par le pouvoir en place dansla seconde moitié du XXe siècle, au pro-fit d'un folklore d'État bien réglé, ces

chansons des faubourgsconnurent un âge d'or dans lesannées 1940-70. AndreiMihalache, Ionel Tudorache,Constantin Stanciu, GabiLunca, Romica Puceanu, ensont quelques uns de sesreprésentants.

Aujourd'hui, même si lesLautari ont été supplantés pardes formations plus modernes,notamment dans les mariages,

leur répertoire continue d'être joué parune nouvelle génération, dynamique, etnon moins virtuose et créative.

Le Raki Balkans Sound System

vous propose une sélection de morceaux,notamment de ces chansons des fau-bourgs (mahala), choisis parmi les grandsnoms de la musique Lautari.

Balkanophonie.org, cliquer surRaki Balkans Sound System: Chansons

des faubourgs de Roumanie.

Chanson des faubourgs et des laut ari

Connaissance et découverte

LMaison des savoirs de la Francophonie, ladeuxième du genre dans l'espace francophone,après Hué au Vietnam et la première en Europe

centrale et orientale, située au coeur de la ville de Chisinau enMoldavie, a été inaugurée le 29 janvier . La 3e ouvrira pro-chainement ses portes à Ouagadougou, capitale du BurkinaFaso. La 4e sera établie à Kinshasa (R.D.du Congo).

Ce projet pilote mis en place conjointement parl'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) etl'Association internationale des maires francophones

(AIMF), auxquelles s'associent TV5Monde et l'Agence uni-

versitaire de la Francophonie (AUF) aura ainsi été réaliséconformément au calendrier prévu.

A Chisinau, La Maison des savoirs est un espace publicde 585 m2, désormais ouvert à la population, en particulier auxjeunes et aux femmes qui offrira un accès facile et peu coûteuxaux savoirs et à la culture numérique et différentes activitéséducatives et pédagogiques, notamment la promotion et le per-fectionnement de la langue française, l'initiation aux logicielslibres pour les éducateurs et les étudiants pré-universitaires.

L'appui financier de l'OIF a permis de rénover l'espacehébergeant la Maison des savoirs de Chisinau, d'équiper

l'Espace numérique par la dotation d'une trentaine de postesinformatiques, de matériels de vidéo (projecteur, scanneur,télévision, visioconférence), la création d'un centre de docu-mentation et d'apprentissage de la langue française regroupant3 000 titres (livres, documents, DVD, CD et monographies)ainsi que l'aménagement et l'ameublement de salles multifonc-tionnelles et d'espaces d'animations socioculturelles.

La Ville de Chisinau prend en charge une partie des fraisde fonctionnement (salaire des animateurs, téléphone, électri-cité, entretien, gardiennage, assurances).

Pour renforcer l'apprentissage du français et l'appropria-tion des logiciels libres par environ 8 000 étudiants, La

Maison des savoirs a conclu des ententes avec l'Académied'études supérieures de Moldova (ASEM), les écoles supérieu-res des langues étrangères de l'Université de Moldova et de laFaculté de français, le Lycée professionnel N° 1 d'hôtellerie etde tourisme (accueillant une classe bilingue) ainsi que huitlycées académiques.

Les activités offertes par La Maison des savoirs deChisinau ont commencé dès son inauguration. Sa créationavait été décidée en 2006 à Bucarest (Roumanie) lors duSommet de la Francophonie.

Les NOUVELLES de ROUMA-

FrancophonieInauguration à Chisinau

de “La Maison des Savoirs de la Francophonie”

Le français demeure, à la ren-trée 2009/2010, la premièrelangue étrangère enseignée

dans les écoles, collèges et lycées deMoldavie indique le Bureaunational de la Statistique deMoldavie. Le total des "appre-nants" de français s'établit à 376027 élèves en Langue Vivante 1(52,07 % des effectifs) et à 26190 en Langue Vivante 2 (6,96%). L'anglais n'arrive qu'enseconde position avec un tauxd'apprentissage de 47,72 % enLV1 et 6,45% en LV2.L'allemand n'est, quant à lui,appris que par un peu plus de 3%des jeunes Moldaves.

Le résultat encourageant decette rentrée 2009/2010 provientdes villes où le français progres-se: + 24 % d'apprenants à Chisinau, lacapitale et + 8 % à Balti.

L'enseignement du français conserveenfin une très large avance dans les cam-pagnes et les petites villes de Moldavie :+ de 63% des jeunes y apprennent encorele français. La Moldavie conforte ainsi satradition francophone et francophile.

Le pays reste le plus francophoned'Europe centrale et orientale.

Plusieurs facteurs expliquent cettepersistance de la place de la langue fran-

çaise. L'Ambassade de France etl'Alliance française de Moldavie mènentune politique active en termes de forma-tion et de dotation en matériels pédago-giques et didactiques des professeurs defrançais du pays. Des campagnes de pro-motion du français sont conduites pourrappeler que cette langue est celle du rap-

prochement du pays à l'UE.Par ailleurs, Bruxelles, Strasbourg et

Luxembourg, les trois capitales euro-péennes sont francophones. La France est

un des piliers de la constructioneuropéenne et l'un des principauxcontributeurs financiers del'Union Européenne dont lesefforts bénéficient largement à laMoldavie.

L'apprentissage et la pratiquedu français sont aussi des atoutsen matière d'emploi et d'accom-pagnement du développementéconomique moldave.

De nombreux investisseursfrançais sont présents enMoldavie. La francophonie estune des motivations citées par lesentreprises françaises présentespour expliquer leur choix d'im-

plantation dans le pays.Enfin, la France demeure le 4ème

pays d'accueil des jeunes moldaves effec-tuant des études supérieures à l'étranger,certes derrière la Roumanie, la Russie etl'Ukraine, mais toujours devantl'Allemagne, la Grande-Bretagne, lesUSA, l’Espagne ou la Bulgarie.

Le français demeure la première langue étrangère enseignée en Moldavie

TÂRGOVISTE

l

Médias Musique de fanfares et de

fêtes sur “Balkanophonie”

Selon un rapport du Centre pour lejournalisme d'investigation en Bosnie-Herzégovine, les mafieux, politicienset hommes d'affaires véreux d'Europecentrale, dont la Roumanie, se tour-nent de plus en plus vers les tribu-naux britanniques pour attaquer lesjournalistes les mettant en cause. Ilsy ont plus de chances de gagner,leurs détracteurs devant faire la preu-ve de ce qu'ils avancent. Cette pra-tique dilatoire a eu pour effet de tarirles investigations journalistiques lesconcernant, les directions hésitant àenvoyer leurs reporters faire desenquêtes, les sites Internet prenantpeu à peu le relais.

Mafieux et véreuxcontre journalistes

CHISINAU

l

Dans les couloirs d’une école d’un petit village moldave.

Page 31: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

6160

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Itinéraires

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Daniel Tabard conte l'aventure qui l'a mené du Forez en Moldavie à pied

“L-am facut” (je l'ai fait) s'est exclamé Daniel Tabard, à son arrivée à Târgu-

Neamt, en Moldavie roumaine, après la longue traversée de l'Europe - 2300 km,

à pied - Du Forez aux Carpates. Randonneur atypique, Daniel Tabard est "heu-

reux d'aller à pied dans un monde qui marche sur la tête". Son projet, "longuement

mûri", était la réalisation "de quelque chose toujours d'exaltant, mais aussi sour-

ce d'appréhension".

Périple, voyage, quête, randonnée, errance, pèlerinage, ce sont les signes(emblèmes) qui couronnent un défi, pour une personne de soixante ans, his-torien d'art, portant son sac à dos de douze kilos, comme on pourrait le voir

sur une photo, avec cette motivation: "Jésus porte sa croix et moi mon zaino". (sac àdos). L'aventure de Daniel Tabard a commencé depuis sa "plus tendre enfance",quand il savait par cœur tous les pays de l'Europe, sur une carte accrochée dans la cui-sine. Le défi dont il est question dans les pages de son Journal d'un randonneur soli-taire, c'est de "m'approprier l'espace européen à l'aide de mes jambes", car, "à piedon a tout le temps d'observer, de détailler, de méditer".

Rédigé selon les notes prises lors du voyage, son journal n'a ni un caractère scien-tifique, ni documentaire, mais, bel et bien, ce sont les impressions, soit visuelles (il apris de belles photos), soit culturelles, comme une trace de cette aventure initiatique.Chaque fois, Daniel Tabard se rend heureux dans la profondeur de sa mémoire afind'exercer la fidélité et l'authenticité de ses lectures inoubliables.

"Avec mon sac, ma pèlerine, mes bâtons, je fais extraterrestre"

Il s'agit d'une raison moinsaventureuse que d'une raisonintime: "pour découvrir réelle-ment un territoire, il faut prend-re le temps de préparer sa visite,de vivre l'aventure, de goûter ledépaysement, de se perdre dansles profondeurs du pays. J'aitoujours aimé randonner pourune connaissance intime".

On l'imagine à la recherched'un gîte, sous le regard étonné des passants, "avec mon sac, ma pèlerine, mes bâtons,je fais un peu extraterrestre", à l'image du sculpteur Constantin Brâncusi, qui a faitle trajet en sens inverse, en 1904, à pied, de Roumanie, la besace sur l'épaule, le bâtonà la main, traversant l'Europe, pour arriver à Paris au bout de plusieurs mois d'erran-ce. Le vif regard du voyageur est attiré par les oratoires, les croix et les oies, les vaches"qui ruminent", les moutons, "mais pas de berger". "J'entre dans la Roumanie, quej'aime " confie-t-il, "celle qui me rappelle la campagne de mon enfance, qui aquelques points communs avec le Forez, même relief, petites fermes dispersées, trou-peaux dans les champs". Ici, "les âmes sont mieux traitées que les corps".

Randonneur passionné, voyageur convaincu, pèlerin respectueux, avec ses deuxbâtons, Daniel Tabard risque d'être confondu. Il a l'air d'un vacancier, d'un skieur, d'unmontagnard, d'un alpiniste, toujours dévisagé comme un Allemand, jamais, comme unFrançais, dont l'usage de la langue lui manque. Après 1600 km parcourus en deuxmois, il a le sentiment d'avoir vécu dans une bulle.

Georges Simon (Roumanie)

Journal d'un randonneur solitaire, de Daniel Tabard (Éditions Jeanne-d'Arc, 2009, 25rue de la Gazelle - BP 6, 43001 Le Puy-En-Velay Cedex, tél. 04 71 02 11 34), 250 pages, ISBN9782911794759, 22 €.

“C'est à la sortie du match que jel'ai vue la première fois: un petitpaquet de vêtements roulé dans uncoin. Du moins je le supposais mais,en m'approchant, je vis que c'étaitune femme, plutôt une jeune fille,très jeune… 15 ans peut-être 16 !

A côté d'elle, un petit landau vide!Plus près d'elle, je constatais trèsvite que l'enfant du landau était lesien et qu'elle le gardait tout contreelle, le berçant doucement en luichantant une petite rengaine.

A ses pieds, un gobelet de cartonvide destiné à attirer la générositédes passants sortants du magasin, lecaddie rempli de bonnes choses. Lajeune fille levait alors les yeux sureux et leur disait simplement :"Bonjour" !

Certains répondaient mais conti-nuaient leur chemin, d'autres lui sou-riaient aussi très gentiment maissans plus et quelques-uns, pas beau-coup, s'arrêtaient pour glisser dansson gobelet quelques cents ou euroset elle les remerciait d'un sourire.

Je m'approchais alors à mon tour,quelques piécettes à la main et jecroisai son regard: Ciel ! Je crus êtretranspercé par l'intensité de ses yeuxd'un bleu parfait qui me regardait,emplis de gentillesse et de recon-naissance.

Mon Dieu, chère petite maman tzi-gane, tu m'as interpellé de manièreincroyable lors de cette première ren-contre rien que par ce regard qui m'abouleversé”.

(lire la suite page 62)

l

l

La petite mendianteet la vieille dame

Connaissance et découverte

Quand Chiriac était jeune, à Bucarest enRoumanie, il travaillait, chez Ford. En ce temps-là, juste après la guerre, la Roumanie n'était pas

encore communiste, il y avait une usine Ford à Bucarest etnotre ami Chiriac travaillait comme mécano. Les premièresannées du communisme ont été épouvantablement dures. Et çane s'est pas vraiment arrangé avec l'arrivée de Ceausescu. Évi-demment, l'usine Ford a déménagé, Chiriac a laissé la méca-nique pour quelle chose d'absolument sans intérêt. En fait, laprincipale occupation de Chiriac, et d'ailleurs de tous les aut-res Roumains a cette époque-là, c'était de rêver.

Les Roumains, comme les Russes, les Polonais, lesHongrois, les Bulgares n'auraient jamais survécu sans le rêve.On attendait la nuit pour prolonger le rêve de la veille, le pré-ciser, ajouter un détail, une merveille au monde qu'on inventaitet qu'on quittait à regret au matin.

Le rêve de Chiriac, vous n'en serez pas surpris, c'étaitl'Amérique. Mais pas l'Amérique pour l'Amérique.L'Amérique pour acheter une voiture Ford.

Travailler comme un malade

pour se payer enfin sa Ford

Pour Chiriac, Ford incarnait la liberté bien sûr, mais aussila perfection mécanique absolue. Pour ce petit moteur dansl'âme, le vrai bonheur faisait vroum-vroum en Amérique. Ilavait 60 ans quand il est arrivé au Québec avec sa femmePetrika. Ils se sont installés dans un trois et demie du boule-vard Lévesque à Laval et... et non, Chiriac ne s'est acheté unFord. Pas tout de suite. Il n'avait pas un sou. II a travaillécomme un malade - comme un animal, dit sa femme - pendantplusieurs années. Camionneur, routier.

Il a conduit des vans à New York, à Vancouver. II ne par-lait pas un mot d'anglais, pas beaucoup français, ne comprenaitrien aux panneaux de signalisation. Pas grave. Monte des plan-ches au Tennessee. Rapporte des fruits. Repart pour Las Vegas.II avait 60 ans, puis un jour, il en a eu 65. Et un autre jour, 68.Et enfin quelques économies.

Un bon matin, il a pris l'autobus jusque chez Fortier Auto,important concessionnaire Ford a Anjou. Et il a acheté unFord. Un gros. Un long. Un Crown Victoria bleu, quatre por-tes, huit cyclindres qui consomment comme 16. Un vrai charde mononcle. Un bateau assez grand pour embarquer le rêveaméricain d'un vieux défroqué du communisme.

Un "char" attendu depuis cinquante ans

Chiriac a donné 2000 $ cash et il a fait financer le reste;36 mois à 437,90 $. Ça a été long dans le bureau de crédit.Plein de chiffres. La madame expliquait, reprenait, insistait,soulignait des trucs sur le contrat. Oui, oui, oui disait, Chiriac.

Et s'impatientait silencieusement: "Envoye, bonne femme,arrête de bretter, ça fait 50 ans que j'attends ce char-là "...

- Ça va, c'est clair, vous avez bien tout compris ? a enco-re insisté la dame du crédit.

- Oui, oui, oui, disait Chiriac qui ne comprenait rien.- Signez ici.Chiriac s'est mis au volant. Vous dire comment il se sen-

tait: le roi était son cousin. Ce qu'il ne savait pas, ce qu'il n'a-vait pas compris dans le bureau de la dame du crédit, c'est qu'ilvenait de signer un contrat de LOCATION. Il venait deLOUER sa voiture. Pas de l'acheter.

II paraît (je n'ai jamais acheté d'auto neuve, c'est pour çaque je vous dis "il paraît") que c'est devenu la pratique quandon va acheter une auto: le vendeur insiste pour vous la louer àlong terme plutôt que vous la vendre. Il parait que ça revient àpeu près au même pour l'acheteur, mais que c'est plus avanta-geux pour le locateur et surtout pour la compagnie de prêt…

C'est aussi l'histoire

de milliers d'immigrés de l'Est

Anyway, si je me résignais à acheter un char neuf et quele responsable du crédit me proposât de le louer, je tomberaisdes nues ! Dans ma culture, on loue une voiture une semaine,pas trois ans. C'est la même culture que Chiriac, S'il avait com-pris le français, il aurait dit à la bonne femme du crédit; non,mais ça va pas la tête ! Cette auto-là, il la voulait toute à lui. Ilallait se dépêcher de la payer. Il n'y aurait jamais une tache derouille dessus. Un char de curé, son premier et son dernier.

Passe un an et demi. Un jour, sur un relevé de banque, safemme qui commence à mieux comprendre le français, lit:"contrat de location"...

- Location ? Quelle location ?Chiriac ne comprend pas. Et quand il comprend, il capote.

Ben d'abord, si cette auto n'est pas à lui, il n'en veut plus.Qu'on vienne la chercher immédiatement... II pense qu'on vale rembourser. Mais c'est lui qui doit des sous. Selon la miseen demeure de la Compagnie de finances, il doit 4431 $.

Ça s'est finalement arrangé. Fortier Auto, comprenantdans quel malentendu s'était fourré le vieux Roumain, a eu l'é-légance d'arranger le coup et d'effacer la dette.

Aujourd'hui, Chiriac est trop blessé pour réaliser quellechance il a eu de s'en tirer à si bon compte. Il a racheté unevieille minoune et zigone dessus à temps perdu. Il n'est pas àpied, mais son rêve d'Amérique est foutu.

Voilà, c'était l'histoire de Chiriac… mais c'est un peu l'his-toire aussi de milliers de Russes, de Polonais, de Bulgares, deHongrois, de Tchécoslovaques qui n'avaient pas imaginé qu'àdéfaut de réaliser leur "rêve américain", ils pourraient le louer,437,90 $ par mois. Et qu'au bout de trois ans, ils devraient lerendre. Ou l'acheter. Ou le vendre. Pierre Foglia

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Bonnes feuilles Le rêve à louer de Chiriac

le Roumain, en AmériqueGrand reporter au quotidien "La Presse" de Montréal Montréal, Pierre Foglia raconte les déboires, au milieu des

années 90, d'un Roumain débarquant en Amérique du Nord, dans son style inimitable, qui fait son succès Outre-Atlantique.

l

CHISINAU

Libre propos

Comme Brancusi, autrefois …TG. NEMAT l

Page 32: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

6362

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Blagues

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

De la suite dans les idées

Le lendemain des élections, un électeur se présente au siège du PSD etdemande à parler au "Président" de la Roumanie, M. Geoana. Embarassée,la secrétaire répond :

-M. Geoana n'est pas Président.Dix minutes plus tard, le quidam revient :-Je voudrais parler avec Monsieur Mircea Geoana, Président de la Roumanie.-Je regrette, je vous assure qu'il n'est pas Président !Et de répéter à nouveau ce scénario un quart d'heure plus tard :-Est-ce que je peux voir Monsieur le Président de la Roumanie ?La secrétaire s'énerve :-Mais je vous ai dit déjà cent fois que M. Geoana n'était pas Président de la

Roumanie… Qu'est-ce qui vous prend à la fin ?!!!-Pardonnez-moi, Mademoiselle, çà me fait tellement plaisir de l'entendre dire…“Nous nous sommes revus sou-

vent car tu étais fidèle au mêmemagasin que moi mais pour d'autresraisons.

Nous avons fait connaissance, tuétais d'origine Roumaine, deTimisoara exactement, et tu avaissuivi ta famille en Belgique appâtéepar une vie plus riche et plus facileque dans ton pays. Tu me dis habiterun petit appartement de quatre piècesavec tes parents et tes trois frères.Ton papa travaille dans le bâtimentau noir, bien sûr) ta maman fait desménages (au même statut) et tes frè-res….se débrouillent !

Ben oui, la vie n'est pas tellementplus facile en Belgique qu'autre part !La confiance venant et tout en don-nant le sein à ton bébé, tu me disgagner péniblement une cinquantained'euros par jour par ta mendicité.C'est peu, en effet ! Mais je n'ai paspu m'empêcher de te dire que la peti-te dame de 68 ans, qui habite au-dessous de chez toi, touche uneindemnité de mutualité (ah la "mou-touelle"!) de 824,56 euros par moisaprès avoir travaillé pendant plus de40 ans ! Quelle différence car cela nelui fait, à elle qui vit seule, que 27,50euros par jour !

Je n'ose alors te dire que moi,retraité de l'administration, je perçoisune "belle" pension de 1240,89 €tous les mois. C'est encore moinsque ce que tu gagnes, toi !

Dis-moi alors, chère petite mamantzigane de 16 ans, tellement belleavec tes vêtements chamarrés, teslongs cheveux et tes superbes yeuxbleus, où se trouvent donc les pluspauvres dans notre pays ?”

Marcel Pohl

l

l

(suite de la page 60)

Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

CHANGE*(en nouveaux lei, RON**)

Euro =4,11 RON

(1 RON = 0,24 €)

Franc suisse = 2,81 RON

Dollar = 3,02 RON

Forint hongrois 1 = 0,02 RON

(1 € = 270 forints)

*Au 27 février 2010 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 58, mars - avril 2010

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie

44 300 Nantes, France

Tel. : 02 40 49 79 94

E-mail : [email protected]

Directeur de la publicationHenri Gillet

Rédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :

Cristophe Cornevin, Gilles Renault,Mathilde Goannec, Ianut Balan, Ramona Delcea, Laurent CourdercMarion Guyonvarch, Mirel Bran,Jonas Mercier, Mariana Bechir,Daniela Serb, Piotr Smolar, David Prochasson, Radu Portocala,Antoine Bellier, Delphine Saubaber,Noël Tamini, Georges Simon,Marcel Pohl, Vali, Dodo Nita.Autres sources: agences de presseet presse roumaines, françaises,lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, LeCourrier des Balkans, sites internet,fonds de documentation ADICA.Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:

1112 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: mai 2010

ABONNEMENT

Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,pour un an / 6 numéros, port compris

Entreprises, administrations : 100 € TTC / an

Associations et particuliers : 80 € TTC / an

Multi-abonnement

Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 %

sur le prix de l'abonnement.

Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné princi-pal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vousbénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 €

à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est

de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à

50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être sous-

crit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pasabonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).

Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule person-ne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant lescoordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.

Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 €

Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ouplusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiéedirectement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celuide votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnementnormal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €).

Nom:…………………………………………………………………………

Adresse:……………………………………………………………………..

Code postal:.......................Ville……………………....................................

Pays:.................................Tel:………………........ Fax:……………………

E-mail:……………………………………. Cachet, signature :

Paiement

France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA.Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros).Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie

44 300NANTES - France.

PrécautionsUn peu avant les élections qui s'an-

noncent mal, Basescu fait venir sonministre de la construction et lui deman-de de moderniser les prisons pour que lesdétenus puissent y vivre confortablement.Le ministre de s'étonner :

-Comment çà, chef ? Je croyais quepriorité était donnée à l'enseignement.

-Crétin… Tu crois qu'après les élec-tions, ils vont nous envoyer à l'école ?

Observation

Deux copains mangent leurs sand-wichs sur un banc, dans un parc, tout enobservant les pigeons.

-Tu sais qui ils me rappellent ?- ??????-Nos politiciens. Quand ils sont en

bas, ils te mangent dans la main et quandils sont en haut., ils te … dessus !

Solutions de crise

Discussion de couple en temps decrise, entre Ion et Maria :

-Maria, ma chérie, comme mainte-nant tu a appris à cuisiner... que dirais-tusi on renvoyait la cuisnière ?

-Bonne idée mon chéri... mais jepeux peut-être aussi renvoyer le jardiniermaintenant que tu sais faire l'amour ?

Le bon choix

Quatre copains discutent du métierqu'ils aimeraient faire plus tard.

Viorel: Je voudrais être avocat pourdéfendre mes concitoyens.

Nelu: Moi, député pour faire des loisqui servent mes concitoyens.

Adriana: J'ai envie d'être docteurpour bien soigner mes concitoyens.

Octavian est resté silencieux, sescopains le pressent de questions:

-Moi, je me vois bien concitoyen.

Travailler plus pour gagner moins

Deux ministres du nouveau gouver-nement Boc, aux poches bien remplies, serencontrent devant une bière avant le votedu budget 2010:

-Comment çà va ?-C'est dur... et toi ?-Ne m'en parle pas, j'ai pas payé mes

fonctionnaires depuis trois mois...-Moi, c'est depuis août ! Mais le plus

drôle, c'est que ces idiots ils continuent àvenir travailler !

-Chez moi, ils viennent même ledimanche !

-Alors çà, c’est génial ! C'est encoremieux que Sarkozy... Travailler plus pourgagner moins !

-Dis donc... J'y pense tout à coup... Etsi on leur demandait aussi une taxe quandils viennent pointer ?...

Pénibilité

La femme de Bula demande audien-ce au directeur de la prison où son mariest incarcéré:

-Monsieur le directeur, je vous priede donner un travail moins pénible à monmari

-Mais comment çà... Je l'ai mis à col-ler des étiquettes sur des enveloppes... çàvous semble si fatiguant ?

-Non, mais il m'a dit que, en plus, ilcreusait un tunnel...

Page 33: Les OUVELLEs OUMANIE1 NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE A la Une Flamme violette Délinquance Sauvez Bucarest Sapinta, Vague de froid Actualité Vie internationale Moldavie Politique, Equipement

64

Iana Matei, une Roumaine de 50 ans qui préside l'association

Reaching Out, a été désignée "Européenne de l'année 2009" par le maga-

zine Reader's Digest. C'est la première fois que cette distinction est

accordée à un citoyen roumain. Iana Matei a été récompensée pour sa

lutte contre la prostitution juvénile. En onze ans d'existence, son associa-

tion a sauvé 420 de ces enfants, adolescentes et jeune filles.

On a arrêté trois petites putes dégueulasses, on n'en veut pas dansnotre voiture… Vous pouvez leur apporter des vêtements propres ?". Ce coup de fil brutal dela police de Pitesti, en janvier 1999, a changé la vie de Iana Matei. "J'ai pris ce que j'avais sous la main et j'ai filé au

commissariat" se rappelle-t-elle. Trois fillettes de 14,15 et 16 ans, serrées les unes contre les autres, attendaient, apeurées. "Mais qu'est-ce que vous faites là ?"… "On a été vendues et achetées" lui confia la plus hardie. La plus jeune lui souffla

quelques mots de son histoire. Elle s'était enfuie de chez elle car son père avait tenté de la violer et rejoint une copine travaillantdans un bar qui lui avait parlé d'un boulot de femme de ménage. Après une nuit dans les lieux, elle avait été conduite dans un res-taurant et vendue au patron pour 100 dollars. Tout de suite, elle avait été enfermée à double tour dans une pièce dont la porte nes'ouvrait que pour laisser entrer les camionneurs venus abuser d'elle. Réussissant à s'échapper, elle avait couru au commissariat,où lui avait enjoint de vite retourner dans les lieux pour ne pas éveiller les soupçons. Trois jours plus tard, une descente de policela délivrait ainsi que deux de ses compagnes d'infortune.

C'est là que Iana Matei les avait prises en charge. Après une absence de huit ans, elle venait de revenir au pays et avait ouvertun foyer pour les enfants de la rue qui s'étaient enfuis des orphelinats. A la vue de ces trois fillettes, traitées comme des prostituées,

son sang ne fit qu'un tour et elle décida immédiatement de créer un refuge pourtoutes celles qui étaient dans leur cas. En quelques jours, la jeune femme mon-tait son association "Reaching out" ("La main tendue") et grâce à un don de300 dollars, louait un appartement à Pitesti pour trois mois dont ses trois proté-gées furent les premières occupantes. Aujourd'hui, elles ont retrouvé une vienormale et sont chacune mère de famille.

420 jeunes filles sorties des griffes des réseaux de proxénètes

Depuis, d'autres jeunes victimes leur ont succédé. "En onze ans, j'ai vuplein de filles défiler ici, la plus jeune avait 13 ans et la plus vieille, 29 ans.C'est à peu près toujours la même histoire, bien qu'elles se taisent, refusent dedonner des noms. Je leur dis que leur cauchemar est terminé, qu'elles doiventl'oublier. Mais je n'insiste pas… Je n'ai pas le droit de leur faire revivre leurenfer". Iana Matei a sorti des griffes des réseaux de proxénètes 420 jeunes fillesde toute la Roumanie, amenée par des policiers, dont 85 % sont suivies de façonpermanente par l'association. "On les sort de la rue pour qu'elles n'y reviennent

jamais. Elles restent chez nous pendant un an environ ou jusqu'à leur majorité. Elles sont hébergées, retournent à l'école, on prendsoin d'elles, elles reçoivent une assistance médicale, psychologique. Avant qu'elles ne repartent, on leur assure une formation pro-fessionnelle, on leur cherche un travail et si elles ont de l'argent, il est déposé sur un compte bancaire".

L'appartement d'origine est devenue une maison de deux étages accueillant actuellement dix jeunes filles, dont l'adresse esttenue secrète pour que les souteneurs ne les retrouvent pas. Elle est gardée par des agents de sécurité. Iana Matei et les membresde "Reaching out" n'ont pas froid aux yeux quant on leur signale des filles tombées dans les filets de trafiquants, dans des bars ousur la rue. Il les enlève tout simplement, suivant une méthode qu'ils ne dévoilent pas, et les embarquent directement pour le refu-ge. Au début, elles pensent être tombées aux mains de nouveaux proxénètes, sont très méfiantes, mais sont peu à peu rassurées envoyant qu'on ne les bat pas et qu'on ne les met pas "au travail", le déclic venant quant elles parlent avec les filles déjà hébergées.C'est ensuite avec leurs confidences que leurs copines en danger sont identifiées et secourues.

Rien ne destinait Iana Matei, originaire d'Orastie, près de Deva, étudiante aux beaux Arts à Bucarest à ce rôle de "bonne sama-ritaine". En 1990, elle avait fui la Roumanie à 30 ans pour la Yougoslavie et l'Australie comme réfugiée politique après avoir étévictime de la Minériade de juin et même emprisonnée. Mère célibataire d'un garçon de deux ans, elle a passé à l'autre bout dumonde une licence de psychologie, tout en faisant la cuisine aux enfants de la rue d'Australie. Effrayée par l'ampleur que ce phé-nomène avait pris dans son pays natal, elle avait décidé de rentrer en Roumanie. Iana Matei a été déclarée "Héroïne de l'année"

par le Département d'Etat américain en 2006 et reçu l'"Abolitionist Award" de la Chambre des lords britanniques un an plus tard.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Iana Matei, première Roumaine

“Européenne de l'année” en 2009