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LES ORIGINAUX SLAVO-RUSSES DES PLUS ANCIENNES COLLECTIONS D’ HOMÉLIES ROUMAINES PANDELE OLTEANU Dans le cadre des différentes idéologies et cultures, la chrétienne y com pris, se sont développées très tôt différentes productions de caractère didac tique et éducatif. Par les érudits, les évêques, « les pères de l’église » s’est créée une riche littérature d’homélies en langue grecque et latine. Cette litté rature a été transposée ensuite en langue slave ancienne 1 et en d’autres langues. La littérature d’homélies apparaît dans la langue de Cyrille et de Méthode dius dès la fin du IX e siècle et surtout au siècle suivant en Bulgarie. Cette époque est dénommée « l’époque d’or » de la littérature bulgare 2. Cette litté rature tellement riche, variée et abondante s’est répandue ensuite en Russie, en Serbie et en Roumanie3. Il s’agit de l’héritage littéraire de Clément de Ohrid et d’autres auteurs. Une partie des plus anciennes homélies, qui ont circulé dans le monde slave sont conservées dans le Codex Clozianus 4, d’autres dans les feuillets de Freising 5. 1 A. I. SOBOLEVSKI, Ü3 oôjiacmu dpeeneü ijepKoeno-cMenHCKoü nponoeedu, dans Il3eecmua omdejieHua pyccnozo H3bina u cAoeecnocmu Anad. Hayn, V III, 4, p. 66— 71 ; X, 1905, 2, p. 137— 139; X I, 2, p. 152— 153. 2 ÉMILE GEORGIEV, Pasiteem-bm na 6-bJizapcKama Aumepamypa e I X X e., Sofia, 1962, p. 7— 14. 3 É . G E O R G I E V , op. cit., p. 280, 283, où il montre que même le manuscrit de 1073, connu sous le nom du prince russe Sviatoslav est en réalité le manuscrit du tsar bulgare Siméon. Le nom de Siméon a été changé en celui du prince Sviatoslav lorsqu’on a copié le manuscrit. 4 Codex Clozianus palaeoslovenicus glagoliticus, Edité par A. Dostal, Prague, 1959, p. 401. 6 É. Georgiev a démontré que le sermon des feuillets de Freising appartient égale ment a Clément de Ohrid (op. cit., p. 115— 117). 11* 163

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LES ORIGINAUX SLAVO-RUSSES DES PLUS ANCIENNES COLLECTIONS D’HOMÉLIES ROUMAINES

P A N D E L E O L T E A N U

Dans le cadre des différentes idéologies et cultures, la chrétienne y com­pris, se sont développées très tôt différentes productions de caractère didac­tique et éducatif. Par les érudits, les évêques, « les pères de l ’église » s’est créée une riche littérature d’homélies en langue grecque et latine. Cette litté­rature a été transposée ensuite en langue slave ancienne 1 et en d ’autres langues.

La littérature d ’homélies apparaît dans la langue de Cyrille et de Méthode dius dès la fin du IX e siècle et surtout au siècle suivant en Bulgarie. Cette époque est dénommée « l ’époque d ’or » de la littérature bulgare 2. Cette litté­rature tellement riche, variée et abondante s’est répandue ensuite en Russie, en Serbie et en Roumanie3. Il s’agit de l ’héritage littéraire de Clément de Ohrid et d ’autres auteurs. Une partie des plus anciennes homélies, qui ont circulé dans le monde slave sont conservées dans le Codex Clozianus 4, d ’autres dans les feuillets de Freising 5.

1 A . I . S O B O L E V S K I , Ü3 oôjiacmu dpeeneü ijepKoeno-cMenHCKoü nponoeedu, d an s Il3eecmua omdejieHua pyccnozo H3bina u cAoeecnocmu Anad. Hayn, V I I I , 4, p . 66— 71 ; X , 19 0 5 , 2, p . 1 3 7 — 1 3 9 ; X I , 2, p . 1 5 2 — 1 5 3 .

2 É M I L E G E O R G I E V , Pasiteem-bm na 6-bJizapcKama Aumepamypa e IX — X e., S o fia , 19 6 2 , p . 7— 14 .

3 É . G E O R G I E V , op. cit., p . 280, 283, où il m o n tr e q u e m ê m e le m a n u s c r it d e 10 7 3 , c o n n u s o u s le n o m d u p r in c e ru s s e S v i a t o s la v e s t en r é a lité le m a n u s c r it d u t s a r b u lg a r e S im é o n . L e n o m d e S im é o n a é té c h a n g é e n c e lu i d u p r in c e S v i a t o s la v lo r s q u ’ o n a c o p ié le m a n u s c r it .

4 Codex Clozianus palaeoslovenicus glagoliticus, E d it é p a r A . D o s t a l , P r a g u e , 1 9 5 9 ,p . 4 0 1.

6 É . G e o r g ie v a d é m o n tr é q u e le s e r m o n d es fe u ille ts d e F r e is in g a p p a r t ie n t é g a le ­m e n t a C lé m e n t d e O h r id (op. cit., p. 1 1 5 — 1 1 7 ) .

11* 163

Une bonne partie d’entre elles sont attribuées à Clément d’Ochrid, dont l ’œuvre comprenant des homélies est beaucoup plus vaste. Ses sermons sont répandus également par d ’autres œuvres se rattachant au culte. Les homélies de Constantin de Preslav sont rassemblées dans un manuscrit sous le titre: (ÏKanreAne oyiMTeaNCi, que l ’auteur avait commencé à écrire avant l ’année 893 x.

Les collections d ’homélies qui ont paru plus tard dans la littérature byzantine se traduisaient également en slavon, parfois même immédiatement, et se diffusaient avec une rapidité étonnante, parce qu’elles étaient de véri­tables livres de lecture.

Un exemple éloquent et concret en est la célèbre collection d’homélies du patriarche JeanKaleka (1334—1347) qui est traduite en slavon du temps même où l ’auteur était en vie, à savoir en l ’an 1343, sous le titre &Kaiimïf «yMHTiAHOi. Ce livre a circulé chez les Slaves du sud, chez les Russes, les Ukrainiens et les Roumains en plusieurs manuscrits et versions imprimées. Les traducteurs de l ’ école du faubourg Skei de Brasov l ’ interpretent en roumain, en l ’ imprimant à Rrasov en 1581, sous le titre Carte eu invâtâturâ. L ’impression a été faite par les soins du diacre Coresi.

Chez les Roumains une grande partie de la littérature d’homélies a circulé tout d ’abord en slavon. On sait par exemple, qu’en Moldavie, à la cour d ’Alexandre le Bon à Suceava, l ’érudit bulgare Grégoire Tzamblak, venu chez nous de l ’école du patriarche Euthyme de Târnovo, y a travaillé pendant un certain temps. C’est de lui que nous sont restées une série de sermons, qu’il a probablement prononcés devant le public de Suceava (1401 — 1403) et celui du monastère de Neamtz (1403—1406) 2.

Les uns ont un caractère hagiographique, par exemple ceux qui se rappor­tent au martyre de Jean le Nouveau de Cetatea Albâ ou au grand martyr Georges le Nouveau de Sofia. Dans d ’autres oraisons Grégoire Tzamblak parle du jeûne, de la fête des Rameaux etc. 3.

Les oraisons de Grégoire Tzamblak sont écrites en slavon moyen-bulgare, langue habituelle à l ’école du patriarche Euthyme de Târnovo. Dans la struc­ture et surtout dans les formes du style, Grégoire Tzamblak imite des modèles de la littérature byzantine d ’homélies. Ceci a été prouvé par le savant russeA. I. Iatzimirski, qui nous montre aussi la diffusion des oraisons de Grégoire Tzamblak chez nous au moyen de différentes copies, remaniements, comme ceux du moine Gavriil de Neamtz.

Les nombreux manuscrits slaves conservés, prouvent qu’ il a circulé chez nous différentes collections de sermons écrits dans les trois rédactions

1 E . G e o r g ie v so u lig n e q u e c e lu i-c i e s t le p r e m ie r m a n u s c r it s y s té m a t iq u e d e l ’é lo ­q u e n c e r e lig ie u s e c h e z le s S la v e s e t le s R o u m a in s (op. cit., p . 1 5 3 ; 168 e t 200): «HeroBOTO VMHTejmo eB aH reJine onjioRH Ba 6 o raT aT a n p o n o B e ju iq e cK a JiH T epaT ypa b P y c c i in , C tp C n n , P yiv rb H iiH ...» (p . 2 0 0 ); «TOBa H a cjiea cT B o 6 iiB a ycB 0 eH 0 h p a 3BHBaH0 n o HaTan>K o t HauiHTe n p a s e flH h b P y c ir a , G b p ô n H n PyMtHHH» (p . 15 3 ) .

2 A . I . I A T Z I M I R S K I , rpmopuü IjaMÔjiaK. Onepu ezo jku3Hu, adMUHucmpamueHOÙ u khumhoü deamejibHocmu, S t . P é te r s b o u r g , 19 0 4 , p. 8 7, 13 9 .

3 A . I. I A T Z I M I R S K I , Ü3 ucmopuu cjiaesmcnoü nponoeedueMo.tdaeu.il. Heu3eecmHbie npou3eedeHun Fpuzopun IfaMÔJiaKa, noOpancanun e.ny u nepeeodu MOHaxa FaepuuAa, M o sco u , 190 6.

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du slavon: bulgare, serbe et surtout dans la rédaction russe et ukrainienne. Ces sermons étaient lus dans les églises en langue slave, non seulement en Valachie et en Moldavie, mais même dans les églises orthodoxes de Transyl­vanie, où circulait également une riche littérature en langue latine.

Une bonne partie de l ’ancienne littérature religieuse était formée par les oeuvres d ’homélies 1, qui ont été beaucoup traduites du slavon-russe 2. De telles œuvres existent également parmi les plus anciens livres imprimés en langue roumaine.

La langue roumaine commence à être employée par écrit dans des textes entiers vers la fin du X V e et au début du X V Ie siècle. A l ’utilisation de la langue roumaine écrite ont contribué certaines impulsions, certains exemples et secours venus du dehors, de la part des mouvements anti-féodaux: le hussisme 3 et la Réforme 4. Ce qui a le plus contribué au triomphe de la langue roumaine ce sont les nécessités créées par les transformations de la société roumaine en plein développement. Il s’agit de l ’ élévation de la petite noblesse et des citadins roumains, qui ne savaient pas bien le slavon. L ’extension des marchés, l ’apparition de nouvelles relations marchandes, ont demandé l ’utilisation de la langue roumaine dans toutes les régions et non seulement dans celles, où les nouveaux courants de réforme se sont manifestés. Ainsi le fait que le roumain s’est imposé est dû au processus historique du développement graduel de la société roumaine. Dans le Maramures et le nord de la Transylvanie la traduction des livres religieux en langue roumaine s’effectue en même temps que la victoire de la petite noblesse roumaine sur la hiérarchie religieuse de Mukaeevo et Ujgorod. Grâce à ces trois facteurs, les plus anciens textes roumains ont paru dans le nord de la Transylvanie et le Maramures.

La première collection d’ homélies du diacre Coresi (1564). Parmi les livres parus sous l ’impulsion de la Réforme il y a, après Cate- chismul luteran, aussi Tîlcul Evangheliilor ou Evanghelia invâ\âtoare tra­duit dans le nord de la Transylvanie ou dans le Maramures. L ’ouvrage, accompagné d’un livre de prières, a circulé d’abord comme manuscrit et a

1 Istoria Rominiei, I I , B u c a r e s t , 1 9 6 1 , p . 462— 480.2 A . I . I A T Z I M I R S K I , ifa ucmopuu cAaesmcnoü nucbMetiHocmu e MoAdaeuu u

BaAaxuu X V — X V II eenoe, M o sc o u , 19 0 6 , p . C X V I .3 T h é o r ie so u te n u e p a r N . Io r g a , I . A . C a n d r e a , e tc . V o ir s p é c ia le m e n t le s o u ­

v r a g e s d u p r o f. I O Z E F M A C I I R E K , Husitstvi v rumunskich zemich, d a n s Ùasopis Malice Moravské, L I , ü r n o , 1 9 2 7 ; G. G. G I U R E S C U , Utociste Husitù a jeiich strediska v Moldavsku, d a n s « S b o r n ik p r a c i f ilo s . f a k u l t y B r n e n s k i U n iv e r z i t y , — R a d a h is t o r ic k a — B r n o , 1 9 6 1 , p . 10 4 — 1 2 0 ; L . D E M E N Y e t I . P A T A K f , Husitské revolucni hnuti na uzemi Rumunskè lidové republiky, P r a g a , 19 5 8 , p . 1 8 5 — 2 2 1.

4 T h é o r ie s o u te n u e p a r O . D e n s u s ia n u , A l. R o s e t t i e tc . V o ir s p é c ia le m e n tA L . R O S E T T I , Limba romînâ în secolele al X lII -lea — al XVI-lea, B u e . , 19 5 6 , p . 604 e t Despre data primelor traduceri de cârti romîneçti religioase çi despre curentele culturale din sec. XVI-lea , d an s « L im b a r o m în â » , 1 9 6 1 , p . 245 sq .

6 T h é o r ie s o u te n u e p a r t ic u liè r e m e n t p a r S t . C io b a n u e t p lu s r é c e m m e n t, a v e c d e n o u v e lle s in te r p r é ta t io n s p a r P . P . P A N A I T E S C U , începuturïle scrisului in limba romînâ, d a n s « S tu d ii çi m a te r ia le d e is to r ie m edie», I V , 19 6 0 , p . 1 6 3 s q . ; Noi contribuai, d a n s « S tu d ii §i c e r c e tâ r i d e b ib lio lo g ie» , v o l. V , B u e . , 19 6 3 ; P . O L T E A N U , Contribuai la studiul elementelor slave din cele mai vechi traduceri romineçti, d an s « L im b a si l i t e r a t u r â », V I , 19 6 2 , p . 69— 99.

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été imprimé en 1564 à Brasov, où le diacre Coresi, aidé par la vieille école de traducteurs de l ’église Saint Nicolas du faubourg Skei de Brasov a tout d ’abord ciselé la langue, en aplanissant les particularités locales, puis l ’a imprimé. Il a procédé de même avec les autres textes du Maramures, qui unifiés de cette façon et imprimés, se sont répandus dans toutes les régions roumaines, conduisant dès la seconde moitié du X V Ie siècle à la victoire de la langue roumaine 1.

Tilcul Evangheliilor a été imprimé avec le concours matériel du noble hongrois Forro Miklos de Haporton, qui connaissait le roumain et avait même une imprimerie où il imprimait des livres à idées de réforme, comme nous le constatons aussi dans cette homélie 2.

La majorité des premiers textes et livres parus en langue roumaine ont été traduits du slavon. Dans des cas plus rares certains ouvrages comme Fiore di Virlù ont été traduits de l ’ italien en roumain, et du roumain en russe, etc.

Pour ce qui est des livres aux idées réformées certains érudits ont sou­tenu qu’ils ont été traduits de l ’allemand, comme le serait Catehismul, ou du hongrois, comme le serait Tilcul Evangheliilor de 1564 ainsi que le livre de prières qui se trouve à la fin de celui-ci. On a montré que l ’original du livre de prières sérait l ’oeuvre de Heltai Gaspar, prêtre des réformés de Gluj 3. On a montré également que l ’original du Tilcul Evangheliilor de 1564 est le livre de Petru Méliusz Iuhasz, Valogatot predikd cioc a prophetdc és apostoloc i rassahol, paru en 1563 4.

Le problème qui consiste à prouver quel est l ’ original de cette collection d ’homélies est, à notre avis, plus compliqué et jusqu’à présent non résolu. On n’a pas démontré jusqu’ici d’une façon concrète la filiation présumée en mettant l ’un à côté de l ’autre le texte original hongrois et la traduction ou « l ’adaptation» en roumain. Les différentes expressions empruntées du hongrois dans le lexique et dans la construction de la phrase ne prouvent pas d ’une façon exclusive et directe un original hongrois. Les expressions empruntées au hongrois peuvent s’expliquer dans la version roumaine par l ’emploi de la langue courante. Bien au contraire, tout investigateur attentif de la langue des homélies de 1564 est surpris par le nombre de slavonismes du lexique, dans la construction de la phrase et dans l ’ordre des mots, ainsi que par le

1 N . S U L I C Â , Cea mai veche scoalâ din cuprinsul Rominiei, d a n s « O m a g iu iu i C . Iv ir ite s c u », B u e ., 1 9 5 7 , p . 1 4 — 1 5 ; P . P . P a n a it e s c u , începuturile scrisului in limba rominâ, p . 1 7 3 ; Istoria literaturii romine, I , M a e h e tâ , B u e ., 1 9 6 2 , p . 2 3 1 , 235 ; A L . R O S E T T I ,B . C A Z A C U , Istoria limbii romine literare, B u e . , 1 9 6 1 , p . 4 4 5 ; G H . I V À N E S C U , Elemente maramuresene in limba lui Coresi, d a n s « S t u d i i §i c e rc e t& ri s t i in t if ic e », i s t .- f i l . , X , 1 — 2, Ia ç i, 19 5 9 , p . 19 sq .

2 N . C A R T O J A N , Istoria literaturii romine vechi, I B u c u r e s t i , 194 0 , p . 58.3 E . D À I A N U , Un molitvenic calvinesc pentru romini, d a n s « R â v a s u l », C lu j, V I ,

190 8 , p . 16 8 — 1 8 3 ; N E R V A H O D O S , Un fragment din Molitvenicul Diaconului Coresi, d an s « P r in o s lu i D . A . S t u r z a » B u c a r e s t , 190 3, p. 2 3 5 — 2 7 6 ; V L A D I M I R D R I M B A ,O copie dm sec. al XVII-lea a Tilcului Evangheliilor si Molitvenicului diaconului Coresi, d a n s « S tu d ii s i c e r c e tâ r i d e is to r ie l i te r a r â si fo lc lo r », I V , 1 9 5 5 , p . 535 sq .

4 N . D R A G A N U , Histoire de la littérature roumaine de la Transylvanie, B u c u r e s t i , 19 3 8 , p . 2 1 , V I . D r im b a , op. cit., p . 538.

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fait que toutes les notes rituelles et tous les titres sont en slavon 1. Ceci indique, à notre avis, un original ou un intermédiaire slave.

Ainsi, non seulement les indications rituelles du début et de la fin de chaque oraison sont en slavon, mais aussi tous les renvois aux différents livres de l ’Evangile ou des pères de l ’église. Par exemple au début du sermon du IV e Dimanche, 0 pdCAdKAtH’fcAih Iiv ,\ï « Despre slâbânog »; 0 cA'kno.wk i’aak a,\ « Despre orb. cap. 34 ». Ou: «fi iii,\lvA-k- ï ÉKdiireAÏe wr Ao\*kki rAaiid » .. . «în duminica a X-a Evanghelie de la Luca cap...)), ch ¡ni d eï ékaih’éaïé MapK 2 « Duminica brînzei, X IX , Evanghelia de la Marcu »; Ha cpÉTÉHÏÉ me ma AHTcyprït e\'dHr. iloyKKi ta. 3 « La întimpinare, la liturghie, Evanghelia de la Luca cap. V II » 3. Dans le slavon il y a aussi d’autres indications : w r ckitïé m-ktînïé « De la Facere citire »4.

À la fin du sermon apparaît, toujours en slavon, entre autres indications, Kc»mi,k iieA'lïA-k « fin du dimanche » 5.

Ces indications ont pu être conservées en vertu de la tradition du slavon et pour les nécessités du culte. On pourrait objecter qu’elles ne constituent pas une preuve que l ’original de l ’homélie ait été slave. On ne peut toutefois dire la même chose des différents titres de prières ou des renvois aux livres et aux ouvrages de patrologie, qui se trouvent dans le texte du sermon et sont également en slavon. Par ex.: « Cum zioe Hristosu, învâtînd oce nasele» (Notre Père) 6 ; « Aça zice în deianie (Actes des Apôtres) ; « în cartea ce se spune / ^ ¿ » ( l ’Exode)8; Poslanie « Épître » 9 ; ftorozakon (Deuteronome)10. Certains renvois sont reproduits même au datif par la préposition ht* comme dans le slavon. E x.: « asa porunceste Pavel Apostol k-k B^ccewm cak » ; « asijderea grâeste kk KoAdcafAVk, kk Phamahoaui, k k KopHiiroArh». Il s’agit donc des épîtres aux Ephésiens, Colosiens, Romains et Corinthiens.

Certains mots des titres slaves ont la forme caractéristique des langues slaves orientales, par exemple le génitif pluriel des substantifs tels que crpdCTK «passion»: CTpdCTeii11 « des passions ». Particulièrement demonstrative c’est la présence des mots comme: «Au aràtat leage obrëzanie12 » (circoncision —

1 N o u s a v o n s a tt ir é l ’ a t t e n t io n s u r ce f a i t , m a is c e r ta in s in v e s t ig a t e u r s se s o n t m o n tr é s s c e p t iq u e s e t n ’ o n t r e te n u d e n o tr e p h r a s e q u e la p a r t ie q u i se r a p p o r te a u x n o te s r itu e lle s , m a is n o n a u s s i c e lle r e la t iv e a u x s la v o n is m e s d a n s le t e x t e d e s o ra iso n s d e 1 5 6 4 . V o ir P . O L T E A N U , Cursuri universitare : « A l . P ir u , Istoria literaturii romlne vechi », « L u c e a fà r u l », 1 3 .X I . 1 9 6 2 , p . 8, e t A L . P I R U , Literatura romînâ veche, « G a z e ta l i t e r a r â », 3 0 .X I . 19 6 2 .

2 C o re s i, Tilcul Evangheliilor, 1 5 6 4 , B ib l . A c a d . R . P . R . , Cârti vechi rominesti, n r. 1 3 , p h o to c o p ie , p . 258 p a s s im .

3 C o re s i, op. cit., p . 405.4 C o re s i, op. cit., p . 80— 81 ; 388.5 C o re s i, op. cit., p . 260.6 C o re s i, op. cit., p . 13 2 e t 3 9 1 , 3 9 4 , 4 1 1 .7 C o re s i, op. cit., p . 425 .8 C o re s i, op. cit., p . 4 1 1 s i 8 4 ; 364.9 C o re s i, op. cit., p . 73 .

10 C o re s i, op. cit., p . 322.11 C o re s i, op. cit., p . 3 7 5 .12 C o re s i, op. cit., p . 3 9 1 .

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tâierea împrejur). Ou: « Sa càutâm ispâsenie» (mîntuire— cherchons le salut)*. «Voinic, al lui Hristosü»2. Il s’agit du slav. kohmhku «soldat— soldat, ostas». Ou: « câ sînteti blestema|,i si procleti » 3. En slavon c’est npoKAATW « damnés— afurisiti, blestemati ». Ou: « Isuse nâstâvnitoarc 4... » (si. HdCTdKNHK'h» «maître— îndrumâtor, învâtâtor»); « In toatâ dihania lui»5 (si. ,\WXÎ' HIÉ « être— fiintâ, fire») ; « Si vâzurâ toti râpstirâ graindu »6 (si. pmitath « quereller— a cîrti, a se certa»);Ou: «sa faca pametb mortilor»7 (si. iuiautk -— souvenir— pomenire, amintire). « Fariseii morcotirâ8 câ era sîmbâtà ». (slav. a\opk©tath — murmu­rer — a cîrti, a murmura). « Ce iaste hrâboarâ si marturisire fârâ fricâ »9 (slav. yptiKp'k — brave — viteaz, curajos). Ou: « Cu ce prilàstescu miselamea, eu sâricuste §i cu alte multe » 10 (si. iiphakcthth — tromper — a amàgi) ; «Sezînd dedereapta silelor»11 (si. c h a a — la puissance). Ou: «Pâtru sâde afarâ si postîmpi câtrâ-nsul o roabâ» (p. 374) (si. riecT/TuuiTM — avancer, a înainta, a veni).

La forme phonétique de certains éléments du texte roumain confirme l ’hypothèse que Tîlcul Evangheliilor de 1564 dépend étroitement d ’un original ou intermédiaire slave. Par exemple: « în vrâhul muntelui de Sinaia >>12 (si. Kp'KjfK). Ou: « Sâ nu mergemla crâcime si sa ne îmbâtâm ca niste porci »13 (si. Kp-kMAu). « Intru ad de nâprasnâ»14. L ’adjectif est placé devant le sub­stantif comme en slavon: « Smeriti-vâ sub tare mîna lui. . . » 15.

Certains mots roumains prouvent également, par leur sens direct, un modèle slave, et pas hongrois. Par ex.: «Hristosü a fost im(b)lâtoriu între noi si Dumnezeu ». Il s’agit ici du slave x\\\aTAH « mijlocitor », dérivé du verbe \'cv\hth «marcher», « a rnerge, a umbla ». Ce mot était fréquent en slave de rédaction morave et russe carpathique. C’est toujours vers un original écrit en ce slave oriental du nord de la Transylvanie et du Maramures que nous conduisent des expressions empruntées au hongrois comme chip, hasnâ « profit, folos», hâsnui «profiter, a folosi», marha « fo rtu n e»16, qui sont cou­rantes dans les parlers ukrainiens du Maramures et de la Russie sous-carpa- thique. Par ex.: km, yochokath, Aupra. Par ex.: « N-am hâsnuit nemica omului » 17. «Fiind c>âtah pe o sutâ de voinici (soldats) cu marhâ cu ban i»18. Intru un chip ». « In ce chip vâm darà noi sârba dumineca »?

1 C o re s , o p . Cl > p- 6 9 ; 442.2 C o res , o p . Cl . p- 423.3 C o re s , o p . Cl . p- 3 2 , 7 2 , 3224 C o re s , o p . Cl > p- 2 7 7 .6 C o re s , o p . Cl . p- 285.6 C o res , o p . Ci » p- 288.7 C o re s , o p . , p- 56.8 C o re s , o p . Cl . p- 16 4 .9 C o re s , o p . c . p - 1 3 1 .

10 C o res , op . Cl . p- 72.11 C o res , o p . Cl . p- 3 7 3 .12 C o re s » °P- c . p- 3 73 .13 C o res , op . c . p- 260.14 C o res , op . . p- 362.15 C o res , o p . c . p- 3 1 .16 C o re s , op . c > p- 92.17 C o re s , o p . c » p - 404.18 C o res , o p . c , p- 10 4 e t 1 6 1 .

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Donc Voriginal ou Vintermédiaire slave de cette Collection d'homélies de 1564 a été écrit en slavon carpathique, dans lequel on rencontrait des expressions empruntées au hongrois et au russe.

La deuxième collection d’homélies du diacre Coresi, imprimée à Brasov en 1581 sous le titre traduit du slavon Evanghelie eu învâtâturâ, est un livre d ’une grande importance pour l ’histoire de la langue et de l ’ancienne culture roumaine. Ecrit dans une langue roumaine belle et correcte, il a joui d’une large diffusion et est considéré comme le plus imposant de tous les livres de Coresi1. Il représente un moment décisif aussi bien pour la formation de la langue roumaine littéraire, que pour l ’affirmation de la position roumaine vis à vis des courants de réforme, appuyés par la domination luthérienne 2.

La deuxième collection d’homélies comprend, en traduction, la collection d’homélies écrites en grec par le patriarche de Constantinople, Jean Kaleka (1334—1347) 3. Mais dans le texte du livre de Coresi nous constatons la pré­sence de nombreux slavonismes lexicaux et phonétiques, des constructions de syntaxe slave, l ’ordre des mots slave ainsi que des titres entiers et des indications rituelles en slavon. Ceci prouve qu’elle ne représente pas une traduction directe du grec des homélies de Jean Kaleka, mais d’une version slave. D ’ailleurs, même dans la préface il est dit que le diacre Coresi « o scoase din carte sîrheascâ (c’est a dire slavon) pre limba rumîneascâ » 4. La préface du livre est toutefois considérée jusqu’à présent comme originale et comme la plus importante. En réalité, elle est presque entièrement une traduction, ce que nous montrerons plus loin.

On a affirmé récemment que l ’original d’après lequel a été traduite la deuxième collection d’homélies du diacre Coresi c ’était une version sud-slave, à savoir en moyen-bulgare. Cette opinion est soutenue par Maria Râdulescu, dans son ouvrage Originalul slav al Evangheliei eu învâtâturâ a diaconului Coresi (Bucarest, Ed. Acad. R .P.R., 1959), dans lequel on attire l ’atten­tion sur trois versions slaves de la collection d’homélies de Jean Kaleka, con­servées en manuscrit à la Bibliothèque Nationale « V. Kolarov » de Sofia. Aucun ne représente l ’original dont s’est servi Coresi, ainsi que l ’affirme l ’auteur (op. cit., p. 9 et ailleurs). Les manuscrits discutés sont des copies éxecutées après l ’apparition de la deuxième collection d’homélies de Coresi. La plus ancienne est celle du manuscrit 304 (incomplet) datant de 16268. Ni l ’original supposé, ni une autre version plus ancienne de ce manuscrit bulgare n ’ont pu servir à Coresi, parce’que, en jugeant d ’après la copie, même cet original diffère par la langue, la préface et l ’orthographe, de certaines parties du texte de Coresi.

1 N . I O R G A , Istoria. literaturii romineçti, B u c a r e s t , 1 9 2 9 , p . 18 3 .2 A L . R O S E T T I — B . C A Z A C U , Istoria limbii literare romîne, B u c a r e s t , 1 9 6 1 , p . 42 s.3 C e c i a é té a ff ir m é p a r N . I O R G A d a n s Istoria literaturii romîneçti. Introducere

sinteticâ, B u c a r e s t , 1 9 2 9 , p . 19 8 , 19 9 e t a é t é p r o u v é p a r V . G R E C U , d a n s Izvorul prin­cipal bizantin pentru Cartea eu învâtâturâ. a diaconului Coresi, din 1581. Omiliile patriar- hului Ioan Caleca (1334— 1347), B u c a r e s t , 19 3 9 .

4 C O R E S I , Èvanghelie eu învâtâturâ, B r a s o v , 1 5 8 1 . P u b lié en t r a n s c r ip t io np a r S . P u ç c a r i u e t A . P r o c o p o v i c i , Carte eu învâ\âturâ, B u c a r e s t , 1 9 1 4 , p . 6. P lu s lo in o n c ite C C 2.

6 M A R I A R Â D U L E S C U , Originalul slav al Evangheliei eu învâtâturâ a diaconuluiCoresi, p . 3 1 , 3 9 , 52.

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Maria Râdulescu a le mérite d’avoir attiré, chez nous aussi, l ’attention— par la citation de textes — sur cette version slave du sud du manuscrit 304 de la collection d’ homélies du patriarche Jean Kaleka. Ce manuscrit, transcrit par Daniil en 1626 était déjà connu chez les Bulgares, car il l'igurait dès 1910 dans le catalogue du prof. B. Tzonev (vol. I, p. 241, No. 304), dans lequel il décrit tous les manuscrits slaves de la Bibliothèque NationaleV. Kolarov de Sofia.

D. Petkanova montre, basée sur des textes parallèles, qu’un grand nombre de sermons du livre d ’homélies pour le dimanche ( Kiriacodromion) de Sophronie Vracanski se trouvent également dans le manuscrit de Daniil, (Nr. 304), ce qui conduit à une source commune byzantine: la collection d’ho­mélies du patriarche Jean Kaleka1. Dans le résumé de cette étude D. Petka- nova-Toteva considère toutefois d’une façon erronée que la découverte de l ’original byzantin de Cartea eu Invâtâturâ (1581) du diacre Coresi a été « démontrée et avancée » par Maria Râdulescu. Le mérite en revient au pro­fesseur V. Grecu, et Maria Râdulescu elle-même mentionne ce fait.

Maria Râdulescu, constatant l ’ identité du contenu du texte des homélies du manuscrit de Daniil avec celui des mêmes homélies de Coresi, en a déduit qu’elle a découvert l ’original de la deuxième collection d’homélies du diacre Coresi, qui serait une copie plus ancienne ou l’original de cette version de 1626 de Daniil. Nous constatons dans le livre de Maria Râdulescu, à côté d ’une série de considérations et de déduction justes, également une série de lacunes sérieuses. Elle ne connaît par exemple même pas la bibliographie élémentaire nécessaire pour résoudre d ’une façon scientifique le problème de l ’original de la deuxième collection d ’homélies de Coresi. L ’auteur n’a consulté ni les catalogues, ni les bibliographies de manuscrits et livres slaves anciens, dans lesquels sont enregistrés dès le courant du X IX e siècle de nom­breuses versions slaves de la collection d’homélies de Jean Kaleka, qui ont circulé chez les peuples slaves de l ’orient et du sud, en commençant dès l ’an 1343, quand a été faite la première traduction d’après l ’original grec de Kaleka. Beaucoup de ces versions ont circulé même dans les pays roumains et en Transylvanie et on en est arrivé même à des rédactions en slavon de chez nous. Les unes sont conservées dans les dépôts de manuscrits et livres anciens des monastères de la R.P.R. et spécialement à l ’Académie de la R.P.R. Les sermons de Jean Kaleka se trouvent répandus également dans d’autres collec­tions, certains sous le nom de Kalist, par exemple dans les manuscrits Nr. 73, 148, 300, etc. de la bibliothèque de l ’Académie de la R.P.R. La collection entière conservée en manuscrits est plus rare. La version du manuscrit de Daniil, conservée à la Bibliothèque Nationale « V. Kolarov » de Sofia, n’est pas complète. Il y manque des sermons entiers, et d ’autres sont conservés partiellement. Maria Râdulescu n’a donc pu faire un collationnement inté­gral de l ’Homéliaire de Coresi à l ’aide de cette version slave. Les lacunes du No. 304 devaient donc être vérifiées d ’après d’autres versions. En ce qui concerne l ’introduction ou la préface de la deuxième collection d ’homélies, Maria Râdulescu soutient qu’elle serait l ’œuvre de Coresi.

1 D . P E T K A N O V A - T O T E V A , HedejinuK'bm na CorfipoHuü Bp/mancnu. Pi3/10pu u udeu, d a n s ,,H .3BecTHH Ha H H CiirryT 3a SuirapcKa J im e p a T y p a ” , I X , S o fia , 196 0 , p. 206.

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Se rapportant seulement à son unique version — copie post-coré- sienne de 1626 — Maria Râdulescu n’a pas envisagé le problème dans toute son ampleur et dans toute sa complexité. Non seulement elle n’a pas analysé du point de vue linguistique, les textes qu’elle a reproduits du No. 304 mais elle ne les a même pas traduits. La transcription présente des omissions, elle est parfois erronée et modifie le sens. Par exemple ktk «à , vers» au lieu de k’k « d a n s », (p. 36) ; iidAOKAiiïf «la j o i e » a u l i e u d e a^P^hTé « l a d o n a t i o n » (p. 46). L ’auteur ne s’est pas du tout préoccupé de l ’aspect linguistique tellement complexe des slavonismes de la Cartea eu Invâtâturâ du diacre Coresi. Parmi ceux-ci les uns ont des formes russes, qui indiquent un original slavo-russe. Or, ce sont justement la préface et Vaspect linguistique qui sont décisifs dans l'identification du véritable origi­nal de la deuxième collection d'homélies de Coresi, car le texte des sermons est le même dans toutes les versions.

Cet original a été, en réalité, indiqué dans la littérature russe et sovié­tique, que Maria Râdulescu n’a toutefois pas connue. Ainsi, dès le début du X I X e siècle le savant slaviste russe A. I. Iatsimirski croyait qu’à la base de la deuxième collection d’homélies de Coresi se trouvait un manuscrit russe. Iatsimirski en est toutefois resté à une simple hypothèse, qui a été confirmée en 1958 par le chercheur soviétique K. I. Koliada, qui a constaté une ressem­blance frappante entre la miniature et la graphie delà deuxième collection d ’homélies de Coresi et la collection d’homélies imprimée à Zabludov en Lithuanie en 15691 par iA an Feodorov, le premier typographe des slaves orientaux, aidé par T. M. Mstislavetz et aux frais du prince de Lithuanie G. A. Khodkiévitch. Le livre a été publié toujours sous le titre de 6k<ihrfAÏf oyMHTiAHOÉ, mentionné également dans les titres slaves de l ’homéliaire de Coresi2. K. I. Koliada remarque la ressemblance entre les vignettes des deux livres. Le type des lettres majuscules est le même, ainsi que la disposition de la matière. En tête du texte est imprimée une vignette avec des feuilles dentelées et sinueuses, dessinée comme dans le livre de Coresi. Au verso de la page du titre on trouve le blason du hetman Khodkiévitch, et des deux côtés d e là vignette se trouvent les initiales latines: GAC c ’est à dire Grigori Alexandrovitch Khodkiévitch. Sous le blason on trouve les titres complets de l ’hetman, reproduits également dans le texte du titre du livre 3. Dans la vignette de la deuxième collection d’homélies de Coresi, nous trouvons les initiales latines: L.H., c ’est à dire Lukas Hierschel. Mais le texte de sous la vignette, ainsi que le titre, sont identiques dans les deux collections.

Les recherches du spécialiste K. I. Koliada conduisent à la conclusion que le diacre Coresi et ses traducteurs ont eu entre leurs mains la

1 K . I . K O L I A D A , Hean 0eodopoe u KHueonenamaHue Henomopbix empan eocmoiHoü Eeporibi, d an s Becmnutt ucmopuu Mupoeoü nyAbmypu, M o sco u , 1 9 5 8 , N r . 1 . L ’ é tu d e a é té t r a d u it e d a n s « P r o b lè m e d e is to r ie » n r. 3, B u c a r e s t , 19 5 8 , p . 32— 54.

2 6BaiiriAî« »pHTfrtNoi, Z a b lu d o v , 15 6 9 .3 A . S . Z E R N O V A , Hanajio Kumonenam. e Mocnee u na ynpaune, M o sco u ,

1 9 4 7 , p . 79.K . 1. K O L I A D A , Ha ucmopuu KHuzonenamHux cenaeü Poccuu, ynpauHbi u Py.vu-

huu e X V — X V II I . sa, d a n s le v o l. « y uemonozo pyeenozo KHuzonetamamia », M o sco u , 1 9 5 9 , p . 81 — 100.

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Collection d’homélies de Zabludov, imprimée 12 ans avant, et s’en sont inspirés pour l ’ornementation graphique de Cartea eu învâtàturâ. Je me suis personnellement convaincu de ce fait surtout en ce qui concerne le type des lettres majuscules spécialement M, S, B, etc. Toutefois Coresi a conservé dans la graphie et dans la miniature une ligne propre. En outre, beaucoup de chercheurs ne considèrent pas que la ressemblance entre la graphie et les miniatures de deux livres constituent une preuve certaine qu’ils dépendent directement l ’un de l ’autre. Les modèles de vignettes et les matrices des lettres créées par Ivan Feodorov, de même que les livres imprimés par lui étaient très répandus chez les Slaves du sud et chez les Roumains. Les modèles des vignettes, qui étaient largement répandus, avaient été empruntés par lui aux italiens et aux grecs.

Les slaves orientaux ont employé pendant deux siècles les plaques gravées par Ivan Feodorov. Nous trouvons ses modèles dans certains livres roumains, mais la filiation entre elles n’est pas encore étudiée.

Nous devons tenir compte du fait que ni la ressemblance graphique — quelque frappante qu’elle soit — ni l ’ identité de l ’ornementation, ne prouve d’une façon certaine qu’un livre est l ’original de l ’autre. Ce sont des formes extérieures qui circulaient largement. Elles n’impliquent pas l'identité du contenu. Une preuve certaine pour la découverte de l ’original d’un livre est constituée par l ’identité du contenu et du texte, ainsi que par l ’ identité des éléments linguistiques entre les deux livres. Mais ni Vérudit slaviste russe A. I. Iatsimirski, ni le chercheur soviétique K. 1. Koliada tie sont allés à la confrontation des textes et à Vétude de la langue des deux collections d'homélies.

En suivant les indications précieuses données par ces deux chercheurs, j ’ai approfondi les recherches dans cette direction, en effectuant aussi une confrontation intégrale des textes. J’ai constaté une série de termes empruntés à la langue russe dans certaines des plus anciennes traductions roumaines, lorsque j ’ai examiné les slavonismes dans la langue de ces textes et le slavon de Transylvanie1. A cette occasion j ’ai montré que beaucoup des vieux livres et manuscrits roumains ont été traduits du slavon russo-carpathique 2.

Jusqu’à l ’obtention du microfilm du texte integral de la collection de Zabludov j ’ai confronté la préface des deux livres d’après les biblio­graphies de I. Karataev, Gorski et Nevostruev, L. Stoianovic, etc. et d ’après le texte publié par A. A. Sidorov dans le précieux volume y ucmoKoe pyecKoeo KiiuzonenamaHusi, Moscou, 1959. J’ai constaté ainsi que la préface est presque entièrement traduite mot à mot d ’après la collection d’homélies de Zabludov, que les titres et l ’ ordre des sermons sont les mêmes.

J’ai essayé d ’expliquer comment l ’ Homéliaire de Zabludov est parvenu entre les mains de Coresi et de ses traducteurs les popes Iane et Mihai. Dans sa préface même, Coresi nous relate que l ’original dont il s’est servi

1 P . O L T E A N U , Contributii la studiul slavonismelor lexicale din textele rotacizante. I. Substantívele, d a n s « S tu d ii s i c e r c e tá r i lin g v is t ic e » , X I , 19 6 0 . I I . Contributii la studiul slavonismelor din cele mai vechi texte romine$ti, d a n s « L im b á si l i t e r a t u r a » , V I 19 6 3 p . 69— 99.

2 P . O L T E A N U , Henomopue o co 6 e iu io c m u cjia ea n cK oeo nauna e Tpancujieanun, d a n s « R o m a n o s la v ic a », I I , 19 5 8 , p . 7 7 — 1 1 4 .

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a été un livre imprimé, obtenu par le juge de Braçov, Lukas Hirschel, après de nombreuses insistances, de chez le métropolitain Seraphim de Tîrgoviste. C ’etait un livre précieux et rare «serbe», c ’est à dire «slavonne», que le juge de Brasov cherchait depuis longtemps.

En examinant la diffusion et l ’ impression des plus anciennes collections d ’homélies chez les peuples slaves, j ’ai constaté que chez les slaves orientaux c ’est justement le recueil d’homélies, comprenant les homélies du patriarche Jean Kaleka, qui a bénéficié d’une large diffusion. De l ’examen des biblio­graphies et des catalogues dans lesquels sont décrits les anciens manuscrits et livres slaves, il résulte que les homélies de Kaleka se trouvent maintenant en 16 manuscrits environ.

Dans le titre même on mentionne que la traduction de huit manuscrits a été faite « de la langue grecque dans des livres russes en l ’an 6851 (1343) index 11»: nptAOJKfHa wttv rpgMiCKar© raswKa h a p y c Kw kmiiiki K'k a-kro ^swha HHAHKTa a ï 1.

Dans d ’autres manuscrits on indique d’autres dates pour les anciennes traductions, à savoir: l ’an 1392, 1407 ou 1621, etc. Les versions qui portent la mention des années de traduction 1392 et 1621 ont circulé le plus chez les serbo-croates. Dans le titre de ces versions on mentionne qu’elles ont été traduites en des livres en «slavon» et non en «russe»: npeaoîKeHki H3 rpKM KCKaro

»6 3 HKa Ha CACKÉHhCKklÉ KHHTKI K A'kr'O ^ S ll , 2.Dans d ’autres versions serbes, plus tardives, on mentionne que la traduc­

tion a été faite « en langue serbe, pour être comprise par les gens simples »: 3AkîKi [IpÉKfAiHÏi EklCTh U\U[ Ha CpECKkl l€3klK'k pa H pa3\,'A\(HÏa npOCThJAt MiACskKOAl 3 .

En Bulgarie on connaît le manuscrit 304, conservé à la Bibliothèque Nationale de Sofia, dans la copie faite par Daniil en 1626. Cette version contient dans la langue certaines expressions empruntées à la langue serbe et elle est écrite avec l ’ orthographe resavienne. On connaît encore quelques versions des X V IIIe et X I X e siècles. L ’une d ’elles a été rédigée par Sophronie Vracanski et imprimée en 1806, à Rîmnicul Vîlcii sous le titre de Nedelnik ou Kiriacodromion. La slaviste bulgare Donka Petkanova-Toteva a fait des recherches approfondies concernant les sources et les idées de cette version.

Dans les pays roumains et en Transylvanie la collection des homélies de Kaleka a circulé en beaucoup des versions slaves manuscrites et impri­mées. D ’après nos constatations, on est même arrivé à une rédaction « valaho- bogdâneascâ », c ’est à dire roumaine de cette collection d’homélies. Un

1 I . K A R A T A E V , Onucanue cJiaeanop-yccKux nnue, naneKamannux KupujioecKUMU ôyneaMu 1491— 1730, P e t e r s b o u r g , 18 9 3 , p . 1 4 2 — 1 4 5 .

A . G O R S K I e t K . N E V O S T R U E V , Onucanue cjiaeimop-yccnux pyKonuceü MocnoecKoii cunodajibHoü 6u6AuomeKu, o tacji I I , M o s c o u , 18 5 9 , p . 658.

2 L . S T O J A N O V I C , Cmapu cpncnu 3anucu u namnucu, Kinira I , B e lg r a d , 19 0 3 , p . 3 0 1, n r. 1 1 0 7 .

3 II s ’a g i t d e la v e r s io n d e la f in d u X V I l e s iè c le (169 3) e t d u X V I I I e s iè c le : 1 7 4 5 , 1 7 5 6 , e tc . d ’ a p rè s d es é d it io n s im p r im é e s à M o sc o u . L J U B O M I R S T O J A N O V I C , KamaAoe pynonuca u cmapux uimaMnanux KHuea. 36upna cpncne npajbeecne Anad., B e lg r a d , 1 9 0 1 , p . 14 6 , n r. 99.

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exemplaire manuscrit, comprenant la collection entière d ’homélies (350 pages) écrite dans le slavon de chez nous au X V Ie siècle, est conservé encore aujour­d’hui au monastère Krk du nord de la Dalmatie. De nombreuses notes, en commençant par celle de 1556 et jusqu’en 1768 prouvent la large circu­lation du manuscrit à travers la Dalmatie du Nord, la Bosnie et la Serbie 1. Un autre exemplaire est conservé au monastère Lepavina.

Le centre de diffusion a été chez les slaves de l'est. C'est ici qu'a circulé le plus grand nombre de manuscrits et c'est aussi ici qu'on est arrivé aux plus nombreuses éditions imprimées. Ainsi, la plus ancienne édition imprimée de cette collection d’homélies est êuaHrmïe ©yuMTÉANoe, publiée à Zab- ludov en 1569 par Ivan Feodorov, aidé par Petr Timofeevic Mstislavetz. L ’édition a été faite d ’après des manuscrits russes plus anciens, plus la préface rédigée de la part du prince Gr. A. Khodkiévitch, qui à supporté les frais d’impression.

Ivan Feodorov était un artiste et un typographe enthousiaste. L ’impres­sion du livre, qu’il avait commencée à Moscou, a été continuée par lui à Zabludov, à Vilno à Lvov et à Ostrog, où il a imprimé en 1580—1581 la première Bible des slaves orientaux2. Dans ce but il a voyagé dans beaucoup de pays étrangers à la recherche de vignettes, de matrices de lettres, de gravures et surtout de textes bibliques en slavon et en grec. Le prince d’Ostrog l ’a aussi envoyé en Moldavie, en Yalachie et en Turquie à la recherche de pareils textes et de matériaux nécessaires à l ’impression de la Bible. Ivan Feodorov est parti d ’Ostrog en Juin 1577 et son voyage a duré trois mois 3.

En Valachie, Ivan Feodorov a visité, à Tîrgoviste, l ’archimandrite Serafim, auquel il a apporté comme cadoau certains livres imprimés par lui antérieurement. Parmi ceux-ci il y avait, probablement, aussi reaiie oyMHTMHOi, qu’ il avait imprimé à Zabludov en 1569. Ce livre, ainsi que d ’autres, a pu parvenir chez nous également par la Moldavie, qui avait des relations étroites avec les villes de Halic, Lvov et avec les centres de culture slave de Volhynie, comme Ostrog, le monastère Pocaev et d ’autres.

Le typographe russe Ivan Feodorov a eu des relations de collaboration avec un certain Ioan de Suceava 4. Même la ville de Brasov avait des rela­tions directes avec la Russie. Il y a donc eu de suffisantes possibilités pour que la première collection d’homélies imprimée en slavon à Zabludov, en 1569, soit arrivée entre les mains du métropolitain Seraphim, à Tîrgoviste, capitale de la Yalachie. Nous avons montré que dès avant la version imprimée, cette collections d’homélies a circulé chez nous sous forme de manuscrits. Le diacre Coresi et les lettrés de l ’ école du faubourg Skei de Brasov ont pu les connaître d ’autant plus que certains d ’entre eux se rendaient en

1 D r . V L A D . M O S IN e t M . R A D E K A , Cirilski rukopisi u sjevernoj Dalmaciji. Ruko- pisi manastira Krke, d à n s « S ta r in e » B e lg r a d , Iv n ig a 48, 1 9 5 8 , p . 18 9 s q . e t 200.

2 P . P O L E V O I , Hcmopua pyccnoü c A o e e c n o c m u , I , P é te r s b o u r g , 190 0 , p. 201 s q . ; P . B E R E Z O V , ITepeonenamHUK H ean &eodopoe, M o sco u , 19 5 2 , p . 18 8 — 19 3 .

3 P . B E R E Z O V , op. cit., p . 1 7 5 ; G . B E Z V I C O N I , Contributii la istoria rela{iilor romino-ruse, B u c a r e s t , 19 5 8 , p . 53.

4 K . I. K O L I A D A , Hs ucmopuu KHueoneuamHbix cea3eü Pocuu, ynpaunbi u PyMbwuu e X V I-X V II ee., d a n s le v o lu m e : A . A . S I D O R O V , y ucmonoe pyccnozo KHuzoneuamaHua, M o sc o u , 1 9 5 9 , p . 8 1— 10 6. G . B e z v ic o n i, op. cit., I l - e e d ., 19 6 2 , p . 50— 62.

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Serbie où s'instruisaient en serbe, c ’est à dire en slavon. Mais pour l’ impression de la Cartea eu învâtâturâ, le diacre Coresi et ses traducteurs se sont servis «d’ un livre» imprimé, qui possédait une préface et une orne­mentation graphique à part, que nous retrouvons pareilles dans la Il-e collec­tion d’ homélies de Coresi.

Ivan Feodorov a placé l ’avertissement aux lecteurs au début du livre, d’après une habitude considérée par beaucoup de bibliographes comme occi- dentelle. Dans la préface on parle tout d’abord de l ’enseignement juste de l ’ église orthodoxe, s’opposant aux hérésies et ensuite on montre les circonstan­ces de l ’ impression. Coresi a suivi de près son modèle. Il est possible que la partie générale de la préface ait existé aussi dans l ’original byzantin. Nous retrouvons certaines idées de cette préface dans celle de Sophronie Vracanski dans son Kiriacodromion. Celui-ci est imprimé seulement en 1806 x. Jusqu’à présent je n'ai découvert aucune version manuscrite, parmi celles qui ont circulé avant l'impression de l'homélie de Zabludov, qui possède une préface. Toutes continuent — immédiatement après le titre — par l ’homélie pour le Dimanche du publicain et cehii du phariséen. Dans la collection d ’homélies de Zablu­dov et dans celle de Brasov de 1581 le texte de cette homélie vient à peine après la préface. Bien plus: n’importe quel lecteur constate par la confron­tation des textes que la préface de la collection d’homélies roumaines est traduite presque intégralement d ’après celle de Zabludov 2.

Ce fait est très important, car l ’ introduction d ’un livre représente une légitimation, une sorte de carte de visite de l ’ éditeur. Son imitation ou sa traduction est une preuve certaine de l ’utilisation par le diacre Coresi et ses traducteurs de l ’original russe de Zabludov. Jusqu’à nos jours on consi­dère que cette préface est originale 3.

La première partie de la préface du livre roumaine diffère de celle de Zabludov par l ’omission d’une proposition et par un développement en 12 lignes de l ’idée que la croyance doit être accompagnée par des faits, car autrement on ne peut obtenir le salut. Ce développement a été nécessaire pour combattre les réformés de Transylvanie, qui soutenaient que pour obtenir le salut, la croyance suffisait. La seconde partie de la préface de Coresi diffère de celle de Zabludov uniquement par le nom et les dates d’adoptation se rapportant aux circonstances de l’ impression. A part cela, l ’ordre du matériel, les idées et même le reste du texte sont identiques. La reproduction parallèle du titre et de quelques passages de la préface, suivis de notre traduction en convaincra n’importe qui.

Le texte de l ’ inscription qui se trouve sous la vignette, n’est évidemment pas identique, car le prince Khodkiévitch avait plus de titres que Lukas Hier- schel, le juge de Brasov. Mais le modèle et l ’arrangement des titres prouvent la

1 D . P B T K A N O Y A - T O T E V A , op. cit., p . 201 s q . a n a ty s e c e s id é e s , m a is n e m o n tr e p a s q u e le u r s o u rc e se t r o u v e e n p a r t ie d a n s la p r é fa c e d e s h o m é lie s d e Z a b lu d o v .

2 J ’a i f a i t la v é r if ic a t io n in té g r a le d ’ a p rè s le t e x t e d u m ic ro film d e l ’ o r ig in a l d e la B ib lio th è q u e V . I. L e n in e d e M o sc o u , c o lle c t io n 1 . l a . K o t e ln ik o v . L e m ic ro film n u m é r o té 7299 se t r o u v e à la B ib lio th è q u e C e n tr a le d ’ E t a t d e B u c a r e s t . N o u s e x p r im o n s n o s r e m e r ­c ie m e n ts à la d ir e c t io n d e la B ib lio th è q u e e t a u S e r v ic e d e s r e la t io n s a v e c l ’é tr a n g e r p o u r la s o ll ic itu d e q u ’ ils n o u s o n t a c c o r d é e p o u r l ’ o b te n t io n d e c e m ic ro film .

3 I O R G U I O R D A N a v e c u n c o lle c t if , Crestomatie romanicâ, B u c a r e s t , 19 6 2 , p . 164 sq . e t 18 4 — 186 .

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dépendance de la deuxième collection d ’homélies de Coresi de celle de Zabludov.

Cet arrangement des titres apparaît également au verso avec la teneur du titre du livre. Coresi traduit très exactement ce texte, et dans la partie finale il reproduit même le texte original en slavon. Les différances résident uniquement dans l ’orthographe, et la traduction roumaine diffère seulement par des localisations de noms 1. Pour les textes des homélies, les traducteurs ont eu probablement aussi un autre exemplaire.

LA COLLECTION D’HOMÉLIES DE ZABLUDOV

K h h im s o k o a u a í K A N r a íf y u trríA iio e

t v n * K C -k ^ K MÉTklpÉJf IK d H riA H C T O K k

H3 EpAHHA H U 'T A U lO rH Jfk EO>KÉCTBf-

llkl\~k I1HCANÏH II H piA d H d HHpKKH

KOJKÏÉH KO KCAKSiO Hi,\irtlO MHTATHC/SN.

T akojki h na rocnoA K C K Ï/ft iipa3 ^ H H K nH npOMH\* Il AU H IITk lA A AK>,i,ÎA\k KO

HClipAKAiHÏIO ASIHéKHOAVS H TîA IC H O A \8 KOÎKÏÉIO nOA\OI|IÏIO K klApSK O K dlIA 3d IH d C TA H K d rO ndNOKdHÏitt IIAHiaCH’kH- uiaro rocS^ap/ft iiauiero îKhki’ Ha\oh- T ÏIO KOpOA/ft IlOAkCKdrO II K ÍA H K drO

KH/A3 /SV A H TO K K C K A rO , pgCCKdrO, llpS C -

CKarO, >KOTOA\OHHKdrO, A\a30KfTCKar0, KH0 A/ftUkCKiU’O H II H llkl\"K 2.

ñ npï dpYHÉIIHCKOnf Hoilf, EO/KÏÉIO A\H- AOCTÏK* A U lTp O IlO A H TI KÏfK'kCKOAX H

IMAHII,KOAVk H KCf/ft P \ 'C ÏH . 11 K k lrV,iUIA

ÉCTk KO IV TM H 3 H0 AH HA\-feHÏIO nAHd KH- AÉHkCKATO r iT A tA H A N d H K k lIIM rO KÉ- AIIKdl’O K IJA S k C T K A A IITO K C K A TO C TA - pOCTkl rO p O A fH k C K d rO H A\OI’ H AfK kC KdrO

{ rO M H A O C TH ÍIAHA l 'p H r O p ÏA ilA e8 A H -

CORESI, « CARTEA CU iN V. »

Cartea ce se cheamâ Evanghelie eu invâtâturâ den tuspatru evanghelistii aleasâ si den multe dumnezeesti scrip- turi si data besearecei lui Dumnezeu în toate dumineci a se eeti, asijderea si la dumnezeestile praznice si la aie altor sfinti spre Invâtâturâ crestini- lorû oameni eâtre dereptarea sufle- tului si trupului. Si eu ajutorul lui Dumnezeu tipâritâ aeeastâ sfintâ carte Evanghelie eu Invâtâturâ în anii si în zilele Mâriei lui Batarü Cristovü eu mila lui Dumnezeu voe- vodù în toatâ Tara Ungureascâ si în Ardealù si în zilele marelui de Dum­nezeu luminatù arhiepiseopul Ghe- nadie, ce au fost spre tôt depusulü Domniei lui.

Cu mila lui Dumnezeu cîrmuitoriu legiei crestineascâ : Atunce era despui- toriu în toatâ tara romlneascâ bunulû crestinû si dulce Mihnea Voevoda si spre despusulü domniei lui cîrmui­toriu legiei crestinesti marele Sera- fimû arhiepiscopulü. E cu ajutorulu lui Dumnezeu si cu voia acestorû

1 N o u s d o n n o n s le s c ita t io n s d ’ a p rè s le t e x t e o r ig in a l : 6s<wmHi o^hhtcakho£ Z a b lu d o v , 1 5 6 9 . N o u s m e n tio n n o n s q u e le s t i t r e s e t le s p r é fa c e s o n t é té r e p r o d u ite s p a r I. K a r a t a e v , o p . c i t . , 18 9 3 , p . 1 4 2 — 1 4 5 . P lu s r é c e m m e n t la p r é fa c e a é té r e p r o d u ite é g a le m e n t a u m o y e n d e p h o to c o p ie s e t a c c o m p a g n é e d e la t r a d u c t io n en la n g u e ru s s e : M . V . S C E P K I N A , nepeeodu npeducjioeuü u nocjiecjioeuü n e p e o n e H a r tm a x khuz, p la n c h e s 6 — 1 3 e t p . 232 — 234 ( e x tr a it ) . T . N . P R O T A S J E V A , Onucanue n e p e o n e u a m H b ix p y c c K u x khuz, d a n s le v o lu m e A . A . S I D O R O V , y u e m o n o e p y c c i t o z o K H u eo n eH a m a H u a , M o sc o u , 19 5 9 , p . 1 8 5 s q .

2 « L e l iv r e in t it u lé ¡ ’ E v a n g i le a u x p r é c e p te s r e l ig ie u x , c h o is is p a r m i c e u x d es q u a tr e é v a n g é lis te s e t p a r m i b e a u c o u p d ’é c r its d iv in s e t d o n n é à l ’é g lis e d e D ie u s e r a lu c h a q u e d im a n c h e ; d e m ê m e a u x g r a n d fê te s im p é r ia le s e t à c e lle s d e s s a in ts p o u r l ’ e n s e ig n e m e n t

176

AiWKHMd XOAKÉKHMa, KiWfecTf 3v'K0A\«>A\ 3 aGASA®KKK>, KAdCTHOA\ NdKAa,4,OAt *r© MHAOCTH.i l H d iaC M CÌ'/ft KHHTil AP^KCKATH 110

KOriAOUliHÏK» Ckllia CAOKa EO>KÏ,« _^a<|rêH

A\ÉC/iMI,d lOA/ft, H H C'KKCPUIMC/» pOKS 30

AtfC/«ll,a AAApTd 3 Ï .

AdKUIÉAtS >Kf KOI’ S lU ld T I I II C k K ip -

1IIHTH EAarOM3KOAHKIUOM$ CAdKd MfCTk

Il IIOKAONMHÏÉ K KéCKOIIé'IHKI/A K'bKH -

ilA\HNk 1.

tuturorü si a sfatului mieu si al altorü, eu jupinulü Hîrjilü Lucaciu judetului Brasovului si a tot tinutulù Barsei jeluii si dedu de le tiparii in laudd tdtàlui si fiului si duhului sfintu in cetdted tinutului domniei medie in Brasovü si se-du inceputü aceastâ carte a se tipâri dupâ intru- pdred fiului si cuvîntului lu Dum- nezeu ld o mie 580 si ot bitid 7088 In luna lui decembrie 14 den si se-au sâvirsitü lucrulü ld o mie 581 a ot bitid 7089 ìn luna lu iunie 28.^AKUJfAtS >Kf KOrS NdMdTH II CkKpk- IU H TH KAdrOH3KOAHKIIIgAt8 CAAKd MÉCTk H I10KA0N/ÏUIU K EiCKOHÉ<lllkl,ft K’feKH. il AMI II.

Au début du texte de la première homélie nous avons dans les deux collections le titre suivant traduit du grec en slavon. Entre les deux textes il n’existe que des petites différence dans l ’orthographe. Chez Coresi le titre est traduit aussi en lague roumaine.

CZ

IIoS’IÉNÏa H3KpdtlHA W T CK/î\TdrO 6 \ M I'- PÉAÏra II W T AUlOrHX’ KO>KiCTKfHk]\' flHCJHÏII rA A rO A iM A A W T ap\'H(pk/î\ H3'k 0\'CT'k KO KCMKSlO llf^ C A » lia HOOyMfHÏÎ ypHCTOHA\fNHTkl AVk AIO,\i M'khaii npo>iHTatA\a t a k o >k e h Ha roc- n O A k C K ÏA Ilpd3,i,NHKH . . .

Des enseignements sélectionés de l ’Evangile et de nombreux écrits divins, exprimés par le haut prélat pour l ’enseignement des hommes nommés de chrestiens—ou bien lus chaque dimanche et au grandes fêtes de l ’ église.

CC2

IIoSmîhïé H 3Epaiia w m c i t o G \ * a r-

r/Aïe ii w t A U io r i iy k EOJKfCTKeiiiijfk

iiH c a H ïii rAaroAÉAvaa w t apjfHÉp-k/ft

H 3k O y e T k K k KkrfeKSlO lle,\t'AK’ lia

nOOyiÉHÏÉ JfpHCTOH AM H H TH Atk AW ^ÉAtk

hah npoM H Taiiw a, t a k o îk ( h lia r o c -

IIOAkCKÏ/ft n p a 3 A H H K H . . .

învâtâturi alese din sfinta evan- ghelie si din multe scrieri dumne- zeesti, care se spunü din gurâ sau se citesc de arhiereu spre învâtâturâ odmenilorü purtâtori ai numelui lui Hristosü in fiecare Duminecâ si la sârbâtorile domnesti ».

d e s h o m m e s d it s c h r é t ie n s p o u r l ’ a m é lio r a t io n d e le u r â m e e t d e le u r co rp s. A v e c l ’a id e d e D ie u il a é té im p rim é p e n d a n t la d u r é e d u te m p s h e u r e u x d u r e g n e d e n o tr e i llu s tr e s o u v e r a in S ig is m u n d A u g u s t e , p a r la g r â c e d e D ie u ro i d e P o lo g n e e t g r a n d p r in c e d e L i th u a n ie , d e la P r u s s e , d e la J a m o it ie , d e Y i l n a e t a u tr e s te r r ito ir e s » .

1 « É t d u te m p s d e l ’a r c h e v ê q u e Io n a , p a r la g r â c e d e D ie u , m é tr o p o lita in d e K ie v , d e H a l ic e t d e t o u t e la R u s s ie .

A é té é d ité d a n s le d o m a in e d e la fa m ille d u p a n d e V i ln a , d u p lu s h a u t h e tm a n d e la g r a n d e p r in c ip a u té d e L ith u a n ie , d u c h e f d e la c o r p o r a t io n d e G o r o d e t d e M o g h ile v ,

1 2 — 0 . 6 50177

Dans ce titre de l ’original grec on mentionne dans certains manuscrits aussi le nom de l ’auteur, l ’archevêque Jean Kaleka1. Le titre existe dans toutes les versions slaves, qui ont été conservées au complet. L ’original de Cartea eu învâ\âturâ a toutefois été slavo-russe. La preuve en est dans la forme russe TdKCiKe conservée dans le titre slave, de même que dans le recueil d’homélies de Zabludov. Si l ’original avait été bulgare nous aurions dû trouver dans le text de Coresi TJKCîKAf et au cas où la rédaction aurait été serbe, nous aurions dû trouver raKOWf. 2

Presque toute la première partie de la préface est traduite mot à mot d’après la préface de Zabludov. On a conservé dans le texte roumain certains slavonismcs, en gardant même l’ordre des mots de la proposition slave. Voici, par exemple, le début de la préface, dans lequel nous trou­vons le slavonisme « oteti » (pères de l ’ église), et certains noms propres comme Marcu ont conservé la forme slave: Marco. Coresi reproduit aussi le titre slave de la préface, en changeant simplement la forme du pronom démonstratif cura:

CZ

IIpÎAHCACKHÉ KliUTH Cf<Âr e c n c v v k K o r n K C fA tp îK H TfA k ,\\H0-rHA\H II pa3AHMNKIAUI ÛKklMJH llH C d -

HÏfiW'k o y if lIÏÉ AKv M ‘" 'H CKOHAVk ,V 'A ’k.

üfpK O f /UC'IICiC'.W lipcpCKOAVk K iT Jf ÏH

S a K C H k H KW fcO iW k A ‘>A'k. IIdA\ÎKf

JfpHCTÎ/ftHOAÎ X p H C T O C 'k CndCTi liaill

HOKOï CKCf E A a rC 'B 'b C TK C K d H Ïi CK/ÄTOf

Gyari’ faïe npe.vaAk MtTkipAui tKarre-AHCTkl : dlaTO-kiAX k, A\apKOA\, dSKOW h Iivaniioa\. Q t iih’o >Kf ncoY'ieiiïA H3KpaHlia CK/ÄTkliWH VV T II, kl 3.

CC2

npÉAHCACKIIÉ KHHTH CHIC«Domnuïü Dumnezeu, totü tiitoriulü in multe chipuri de scripturi si de invätäturi dat-au oamenilorü sâi: întii lui Moisi prooroeü leagea veche iudeilorü dat-au; iarà noao, cresti- nilorü Hristosü, Mîntuitoriulü nostru pentru a sa bunàvestire sfînta Evan- ghelie datu-o-au a patru evanghelisti : lu Matthei, lu Marco si Lucâei si lu Ioannü. Dentr-lnsa aleaserâ învâtâ- turâ sfintii oteti. . . »

p a r la c o n d e s c e n d a n c e d u p a n G r ig o ir e A le x a n d r o v ic K h o d k ié v ic d a n s la v i l le d e Z a b lu d o v e t à s e s p r o p re s fr a is .

E t c e l iv r e a c o m m e n c é a ê tre im p rim é a p rè s l ’in c a r n a t io n d u f ils , e t v e r b e d e D ie u 15 6 8 , m o is d e J u il le t 8 e t a é té te rm in é en l ’a n 69 m o is d e M a rs 1 7 , e t à D ie u q u i a p e r m is q u ’ i l s o it c o m m e n c é e t q u i a b ie n v o u lu q u ’ il s o it a c h e v é , re n d o n s g r â c e , h o n o ro n s - le e t p r o s te r n o n s -n o u s d e v a n t lu i a u c o u rs d es s iè c le sa n s fin . A m e n ».

1 V o ir le m a n u s c r it g r e c 500 d e la B ib lio th è q u e d e l ’A c a d é m ie d e la R .P .R . e t V . G R E C U , Izvorul principal bizantin pentru cartea eu învâtâturâ a Diaconului Coresi din 1581. Omiliile patriarhului Ioan Caleca (1334— 1347), B u c u r e s t i , 19 3 9 , p . 1 5 — 1 6 .

2 L J U B O M I R S T O J A N O V l C , Cmapu cpncnu aanucu u namnucu, I , B e lg r a d , 19 0 2 , p . 3 0 1, N r . 1 1 0 7 .

3 L a p r é fa c e d e ce l iv r e :„ D i e u q u i s a i t t o u t a d o n n é d e l ’ in s tr u c t io n à se s fid è le s , d e n o m b re u s e s e t d i f fé ­

re n te s m a n iè re s , p a r l ’é c r itu r e s a in te . E t le C h r is t n o tr e r é d e m p te u r n o u s a d o n n é à n o u s c h r é t ie n s s a n o u v e lle p a r o le l ’ E v a n g ile s a c r é p a r l ’ in te r m é d ia ir e d es q u a tr e é v a n ­g é lis te s : p a r M a th ie u , M a rc , L u c e t J e a n . D e c e lu i- c i a é té e x t r a it e la d o c tr in e p a r le s p è re s d e l ’é g lis e ” .

178

La Collection d ’ Ivan Feodorov devait fortifier et aider la population orthodoxe de l ’Ukraine et de la Lithuanie, qui était en lutte avec le catho­licisme. En l ’an 1569 même on préparait l ’union d ’une partie de la popu­lation orthodoxe avec l ’ église de Rome et de la Lithuanie avec la Pologne. Le prince Khodkiévitch était adversaire de cette union de Lublin. La situation était pareille pour les Roumains orthodoxes de Transylvanie, qui étaient agités par les courants de la Réforme. C’est pourquoi, dans la préface on montrait aussi l ’utilité de ce livre intitulé: tsKaiirrfAïf «ymmAkiiof (Evan- ghelie cil invâtâturâ).

Dans la seconde partie de la préface on indique les circonstances, ceux qui patronnaient, ainsi que la justification de l ’impression. Il apparaît, donc, des éléments locaux différents, et c’est pourquoi les textes sont plus éloignés. Mais Coresi a suivi ici aussi de près le modèle de l ’homélie de Zabludov, en conservant le même plan et les mêmes idées, quoique pas toujours dans le même ordre. Quelquefois il résume, il paraphrase, d’autres fois il ajoute quelque chose par rapport au texte slavo-russe. Le début est identique: «ciro pa,v,H A3-k rpHropfH ilAfKCdiiApOKHM Xoakékhi» (C’est pour cela, moi Grégoire Alexandre K h od k iév itch ...» ; Coresi: « Dereptü aceaia eu jupînulü Hîrjilü Lucaci, judetulü den cetatea Brasovului. . . ».

L ’hetman G. A. Khodkiévitch dit qu’il a donné le livre, pour être imprimé, à Ivan Feodorovic le moscovite e t ,à Petr Timofeevic Mstislavets, qui «K-K TOiUTv A'bAe APilVK‘'PKeK0A''K ''K>Afn NaoyifHkijfk». Lucaci Hierschel, le juge de Brasov, dit également qu’il a confié le livre à Coresi pour qu’il l ’ imprime avec l ’aide du pope Ioan et Mihai: «noi o deademü lui Coresi diaconulü ce era mesterü învâtatü într-acestü lucru de o scoase den carte sîrbeascâ pre limba romîneascâ împreunâ si eu. . . ».

L ’exposé de motifs est le même dans les deux livres.

CZ CC2. . . K<'C\-«'T,k-\"k ejKf km CAOKO ewkïé . . . Derept ce câ vremu sa se înmul- p«3Aui<»KiiAC'C/A h HaoyMiHÏi /\iorv,fAVk teascâ in multe parti si chipuri 34kohS rpiMfciîarc* inïpuacc/ft. . .* cuvîntulu lu Dumnezeu si sa se

adauge spre invâtâturâ crestineascâ. . .

L ’exposé des circonstances de l ’impression était très sembable dans les deux livres, l ’ordre seul différait.

. . . h ne iioin,a,vfcX"K w t EoroA^P®- • • • iarâ eu nu mai crutai den avere Kamiki\-k 2 aui eoKpCKHiHk lia cïe ,v,kAo ce-mi era dâruitâ de Dumnezeu a da A*ith . . . KkiAPÜKOKaTH cïw Kinroy la acest lucru, ce dedu lui §i uceni-

1 « N o u s d é s ir io n s q u e la p a r o le d e D ie u s o it m u lt ip lié e e t q u e l ’ in s tr u c t io n d es f id è le s d e la lo i g r e c q u e (o rth o d o x e s ) s o it é la r g ie . . . »

2 D a n s T o r ig in a l : Gr«A<iP»8<>HHux « d o n n é s p a r D ie u », m a is c e r ta in e s b ib lio g r a p h ie s o n t t r a n s c r i t d ’u n e fa ç o n e rro n é e l ’ a b r é g é BiUro^dfioKdNHMx « b ie n d o n n é s » en p la c e d e n»ro- Adp«BdHHki)(Ti. M . V . S c e p k in a t r a d u it c o r r e c te m e n t c e t a b r é g é « o t ^ a p o B a m itix MHe 6oroM co K p o m im » (o p . c i t . , p . 233).

12’179

ê \ * d r r ir t ï i S iH TfrtK H O f. ÜÉpKoe Hd n o -

*IÎCTK H IlOX'KdrtOy rO C IIO A ^V B4,|' s K K Tp O H U K I fAHHOAVOy H K HdS<miÏK> A » -

AÉdi-H X'pHCTHtdHCKHAVK Sd K O H » H d lllfro

l’ ,lÉ>IÉCKdl'C.

IIOAXhICAHA H ÎKé KKIA’K ÉCAtH H Cf H>Ké

Khi CÏIO K IIH l'O r Khipd30\'AUHÏ/A p d ^ H

lipO CTKIJfK AK>,\ÉÎI llp iA O JK H TH Hd n p o -

CtSK> AWAKOtf H HAV’kA'K ÉCAWI 0 TOAVK

IICIIfMÉHÏÉ KfAHKOÎ II COKÉlUTdlll/A A\H

dK 'A H M ^ 'A P W i • • • K h lA p Ü K O K d TIl K O - TOpd/ft AWAOAVK Hé ÉCTK 3 d K pK ITd H K

Kklpd3 &UfHÏK> Hf TpSAH<> H K M H TdH ÏK1 n .'A Î3 Hd X.

cilorù lui de sa tipàreascà aceastà carte Evanghelie cu invàtàturà Intli spre cinstirea si lauda sfintei Troità unu Dumnezeu si spre invàtàturà legiei oamenilorù crestini.

C'amù fostu cugetatu si aceasta ca sa fie mai lesne si mai iusorù a ceti si a Intelege pentru oamenii ceia prostii. Si amu avutu foarte grijà mare de aceasta ca sa se tipàreascà cum amu sfàtuitu ca nemunui sa fie aeoperità, ce sà fie mai lesne spre intelesu si càtre cetitu cu folosù si cu indemnàturà.

L ’affirmation du début de ce fragment selon laquelle l ’impression de la Collection de Zabludov a été exécutée aux frais du prince G. A. Khodkiévitch est répétée également à la fin de la préface de ce livre. Il s’agit cette fois de l ’ impression, à la hâte, de plusieurs livres religieux nécessaires au peuple:«H NdKAdAS A m r o Hd TO HdAO/KHTH HeJKdAÜN'III B’KCKCpf H\'K AP$KOBdTH A a‘H h)>-(Et sans regretter ma dépense, je les ferai imprimer rapidement). La répétition de cette idée n’existe pas dans la préface de Coresi, qui renonce aux dernières six lignes de l ’original slavon, parce qu’elles se rapportent à l ’impression d ’autres livres, mais il continue par la formule finale. La préface du livre de Coresi continue immédiatement par l ’appel aux fidèles, qui dans l ’original de Zabludov est imprimé séparément sur une autre page.

Dans Istoria literaturii romîne, 1, Machetâ (Bucarest, 1962 p. 251) on affirme que les attaques contre l ’hérésie dont il est parlé dans la préface sont dirigées exclusivement contre l ’enseignement luthérien et calviniste. Ce fait est valable uniquement pour la situation de chez nous en Transylvanie. Par « hérésie » dans la préface de Zabludov il faut entendre le catholicisme et différents groupements de libre-penseurs, contre lesquels on a mené une lutte acharnée dans l ’ensemble des écrits russes au X V Ie siècle2. Donc les mêmes passages des deux collections doivent être comprises dans le cadre de ces réalités différentes, en ce qui concerne le temps et le

1 ” . . . E t je n ’a i r ie n é p a r g n é d es tré s o rs à m o i p r o d ig u é s p a r D ie u p o u r les d o n n e r p o u r c e t t e c h o se q u i e s t d ’ im p r im e r ce l iv r e (îiurriAïf üihtîakhoi t o u t d ’ a b o r d en l ’h o n n e u r e t à la lo u a n g e d u S e ig n e u r , u n iq u e d a n s la T r in ité e t p o u r l ’ e n s e ig n e m e n t d es h o m m e s c h r é t ie n s d e n o tr e lo i g r e c q u e .

. . . E t n o u s a v o n s m é d ité é g a le m e n t d e re n d re ce l iv r e d a n s u n e la n g u e fa c i le p o u r ê tre c o m p ris d es h o m m e s s im p le s e t j ’a i e û g r a n d s o u c i e t j ’ a i c o n s u lté d e s h o m m e s s a g e s . . . p o u r l ’ im p rim e r, e t p o u r q u e c e liv r e ne s o it o b s c u r p o u r p e rs o n n e e t fa c ile à c o m p re n d r e , e t q u e s a le c t u r e s o it u t i le .”

2 L e s p é c ia lis te s o v ié t iq u e J a . S . L u r ie d e 1’ U n iv e r s it é d e L e n in g r a d , m o n tr e d an s u n e é tu d e a p p r o fo n d ie d u p r o b lè m e c o m b ie n r ic h e a é té c e t t e l i t t é r a t u r e d e la r g e p u b li­c ité c o n tr e le s h é r é tiq u e s d e N o v g o r o d e t d e M o sco u à la fin d u X V e e t a u d é b u t d u X V I e s iè c le . V o ir J A . S . L U R I E , HdeoAOiwecKaa 6opb6a e pyccKoü nyÔAuiiucmuKe KOHiia X V — Hanajia X V I eena, M o s c o u -L e n in g r a d , 19 6 0 , p . 3 9 5 — 402.

180

lieu, mais sembables comme circonstances et tendances. La version roumaine de 1581 traduit fidèlement l ’original slave de Zabludov, de l ’année 1569:

Dans la préface on montre encore que par la lecture et l ’étude de ce livre, les croyants seront dirigés et fortifiés dans la véritable croyance.

Il est intéressant de remarquer que l ’on parle aussi de « l’hérésie » et des « fausses croyances » dans la préface de « Kiriacodromion » de Sophronie Vracanski (Rîmnic, 1806). C’est également ici que nous trouvons une autre idée empruntée à la préface de la collection de Zabludov et de celle de Coresi. Il s’agit du grand soin de traduire le livre « en une langue facile, pour être compris des hommes simples ». Chaque traducteur a pensé à son peuple. La traduction des livres dans la langue du peuple était un principe de base de la Réforme. C’est une idée progressiste, que souligne aussi le nom-eau traité <fHistoire delà littérature roumaine3, dans lequel on ne montre toutefois pas que cette idée de la préface du diacre Coresi coïncide elle aussi avec le texte de la préface de l ’original en slavon-russe de Zabludov. Le prince Khodkiévitch a imprimé ce livre dans la langue du peuple 4, afin de le cultiver et de le protéger contre le catholicisme et la domination polonaise. C’est pour cela qu’il a été adversaire de l ’union de la Lithuanie avec la Pologne, effectuée à Lublin dans cette même année 1569, quand il a imprimé VHomè- liaire de Zabludov. Environ deux siècles et demi plus tard les damascienes et Sophronie en Bulgarie reprennent la même idée, qui est à la base du réveil national des Bulgares. Sophronie de Yratza la continue, l ’amplifie et du même recueil de Coresi il traduit 56 homélies dominicales dans « la langue simple

1 « . . . e t s u r t o u t d a n s le tr o u b le a c tu e l d e ce m o n d e , c a r b e a u c o u p d e c h ré tie n s o n t é té é b ro n lé s d a n s le u r fo i à c a u s e d es e n s e ig n e m e n ts d iffé r e n ts e t ils s o n t re d e v e n u s s a u v a g e s d a n s le u rs o p in io n s e t ils s o n t r e v e n u s d e la c o m p ré h e n s io n u n ita ir e de la c r o y a n c e d a n s la q u e lle ils v i v a i e n t ».

2 L e l iv r e « fo r t i f ie d a n s la c r o y a n c e p o u r q u ’ e lle s o it d ’u n e p e n sé e u n iq u e e t ne la la is s e p a s s ’e ffo n d r e r d a n s le s f lo ts d e c e t te v ie e t n i p é r ir d a n s les fa u sse s c ro y a n c e s q u i p o u r r o n t s u r g ir ».

3 Istoria literaturii romîne, I (M a c h e tâ ), B u c a r e s t , 19 6 2 , p . 2 5 1 .1 P . B E R E Z O Y , ibid., p . 1 5 2 — 1 5 3 e t M . V . L E V C E N K O , Onepnu n o u c m o p u u

p y c c K 0 -e u 3 a H m u ü c K u x o m H o u ie H u ü , ré d . a c a d . M . N . T ih o m ir o v , M o s c o u , 1 9 5 6 , p . 530, 5 5 1 .

i l NAHIIAMÉ K HklHÉIIIHÏH A\/ATÉ/K AUI(U C fro , HOHÉ>KÎ A\H03H K p H C TÏM H C TÏH AlOAÏf H OK Kl AMI II pd3AH'IHklA\H CVIfUÏH K K 'kpt nOKOAiKdllia CM II A U r k n ïf A\

CKOHAVk paCKfpflI-blUA II W T'H trVIUMrO COrAACÏ/ft K K'fc/IÉ >KHKS|||H\‘ IVTK pd- THIliaC/ft X.

« Insâ mai virtosü într-acestü greu ce e tn lume acumü : derep^ce câ multi oameni crestinesti, întru multe chipuri de credinte si de invâtaturi noaâ pleacâ-se si intru pârerile lorusü sâl- bâtâcescu-se si dentru o impreunare a credinteii iar ei se striineazâ »•

o y K p k iu iT 'k k K-kpe e,ynioA\kicAe!iki\- E k ITH H lie A ‘'C T k CA\ÉTdTHC/A KOAHd.WH Cil'O /KHTÏ/ft H epSCÉAVk EklKdWlJIHAVk K CC*E-k KA\kl|IATHC/î\ 2.

« . . . întâreste in credintâ si-ntr-un cugetü a fi si nu las a nice a se turbura eu valurile lumii acestia finie lorü, nice a se mistui intru ei varece eresure sa vorü fi. . . ».

181

bulgare, pour que tout le peuple bulgare simple comprenne ce qui est dit»: ( lia GOArapcKÏH n p o c ro H h K p d T K ÏH la .-iK crt;. . . P a r\ n i i .w c t h am ,\î M pa:i8A\eic>T k )Sophronie développe dans la préface la même idée que dans la préface de Zabludov. De même que Coresi, il n’omet rien de ce qui est important. Entre les textes il existe des identités d ’expressions et de lexique. Donc sa préface n’est pas intégralement originale, comme le considère Donka Petkanova-Toteva, qui souligne d’une façon juste l ’importance des nouvelles idées de Sophronie 2.

Dans la préface encore, le prince Khodkiévitch montre aussi l’ancienneté du livre qu’il imprimait dans la langue simple du peuple. Il a donné le livre « pour être traduit en une langue simple » et « pour qu’on l ’imprime, car c’est un livre écrit depuis longtemps i> (hîké kki cïic knhtS KKipasSAvkNÏA pa,v,H npocTbJY awAeH upÉrtO/KHTH lia npoc TSi c m o a k S . . . tcto par\,n cïk> kiiiitS iaKO 3A*>üHa niicaiiS» KiA'kAK îcavh ee kmapSkomtH 3). A l ’occasion de la tra­duction et de la transposition d’après les anciennes façons d’exposer, il dit qu’on commet de grandes erreurs: h>kî npeKrt4A‘JH,É‘u'1' 3,\,AKHM\-h iiocaouhh'' ua tiOKkie, noAiKiAKa mhhhtca himaaaa . . . Cette idée est développée plus librement chez Coresi dans la conclusion. La préoccupation de montrer aux lecteurs l ’ancienneté et l ’importance du livre traduit est assez développée. L ’exposition de cette partie de la préface est entercalée de citations de PEvangile et contient les idées de l ’avertissement aux lecteurs et copistes:

CZ CC2

kki jké, ak>kha\ïh npÏHAWTi chio Kiiiii'ov' « Dereptü aceea vol, iubitïlorù. cres-c aic'eokhk’ . . , 4 tinii lu Dumnezeu eu dragoste si eu

inimâ bunâ sa priimiti aceastâ carte. . . »

L ’avertissement aux lecteurs se trouve, dans la collection de Zablu­dov, en bas de la page Y , après la préface. Le reste de la page de l ’ori­ginal est vide, car il avait été réservé pour l ’impression d’une gravure. Coresi a encadré cet avertissement dans la conclusion de la préface, en le paraphra­sant et le compilant avec d’autres idées extraites également de l ’original slavo-russe, de la préface. Cette partie est un remaniement assez habile, mais de son contenu et de certains slavonismes on entrevoit aisément la source slavo-russe.

XoT/fti|iïn jké npoMHTATH h iipinHco- « Dereptü aceaia si noi grcsitii siKaTH cïto KHHroy a\haocthkii H Hi3a- nedestoinicii si ticâlosii, earii ne-amü 30pAHKH a\oaiia\c<i\ A\ki TpSAHKinïnc/ft truditü acicea, noi ne rugâm si ne

1 S O F R O N I E V R A C â N S K I , K u p u a n o d p o M u o H c u p e n H e d e j iH 'i n . . . , R îm n ic , 1806 (p ré fa c e ) .

2 D o n k a P e tk a n o v a -T o te v a , ib id ., p . 243 8 2., où e lle a ffirm e que ce q u ’ il y a de p lus im p o r ta n t du p o in t d e v u e orig in a l d an s le , ,K iria cod rom ion ” c ’ est la p ré fa ce de S op h ron ie : ,,H HecbMHeHO Han-Bamna nacT b TOBa OTHomeHne ce HBHBa IIpeHHCJiOBHeTO Ha Co(|)poHHH. B Hero npo.rin>ianaT iipocBeTiiTi.e.’i c k irre . . ”

3 (i«anrfrtîi oyiHTf/iHui, Z a b lu d o v , 15 6 9 , p r é fa c e , p l. 12 .4 « E t v o u s tr è s ch e rs , r e c e v e z ce l iv r e a v e c a m o u r . . . ».

lli,V,®CTC>HHÏII H HdlUirOSiMA HÉAMMJIH H HéAOCTîITKH nOHÉlKÉ H H Kl CdMH 'l6i\CKeil,H H MfACWIKKH A\'k IICA^eîKanii I3K0 T p iK S iT i AtHAOCTH W TBora h npo ip iiiÏM o r iié a o k s k . Ilpoipe- HÏW KdlIlÉAtOlf H HdC CnOA^BA/ftHTf X.

milcuimù fìecàrora carei veti ceti acicea sau veti serie, dentru ea ceva si unde sa veti afla ceva neispràvitu bine sau gresitù, iarà voi sa derep- tati sa nu blasfemati. Cà ne-amu nevoitù si am truditu iarà mintea mastra si firea doarà nu se-au de toate domiritu■ C-amu avutu si m i minte nedestulà si intunecatà, cumù doarà si pre voi puteti socoti derepee cà si voi insivà slnteti oameni cu inimà de tàrinà, ca §i noi si cu fire neprecepàtoare de toate ».

L ’expression « eu itiima de târîna » existe dans la première partie de la préface sous la forme « S a w a k 'ih tî ssaxa/a cépau«» K duuro », traduite correctement dans la IIe homélie (înmuiati pâmîntulü inimii voastre — trempez la terre de votre cœur).

L ’appel aux lecteurs d ’excuser les fautes et les lacunes du livre se trouve également à la fin de la préface écrite par Sophronie de Vratza dans son « Kiriacodromion ».

La préface de Coresi se termine avec cet appel à l ’ indulgence pour les erreurs. L ’appel est tiré également du modèle en slavo-russe paru à Zabludov, 1569.

L ’utilisation de ce modèle par Coresi et ses traducteurs se confirme aussi par le contenu de sa collection, par V organisation de la matière, parles notes et indications rituelles, ainsi que par Vanalyse de la langue des deux collections d ’homélies.

Ainsi en ce qui concerne le contenu et l ’organisation de la matière, nous observons que dans les deux collections d’homélies, après la préface suit le sermon pour le dimanche du publicain et du phariséen, ensuite vient le sermon pour le dimanches du fils prodigue, pour continuer avec les autres sermons pour les autres dimanches du grand jeûne et du courant de l ’année. Dans la seconde partie se trouvent les homélies pour les grandes fêtes de l ’année religieuse, c ’est à dire du premier Septembre au 29 Août.

Dans la deuxième collection d’homélies viennent ensuite les prières Notre Père, le Credo et les D ix commandements, qui ne se trouvent pas dans la collection d ’homélis de Zabludov, ni dans le « choix de la vie des saints » de Daniile, de la Bibliothèque « V. Kolarov » de Sofia.

Dans le recueil de Zabludov il y a en tout 79 homélies, et même 80 si nous comptons le sermon du 29 Juin, qui en réalité est le même que celui

1 « E t v o u s q u i v o u le z lir e e t tra n s c r ire ce l iv r e , n o u s q u i s o m m e s fa t ig u é in d ig n e s e t p a u v r e s p ê c h e u r s , n o u s v o u s p r io n s d ’ a v o ir p it ié e t d e n e p a s ê tr e s è v e r e s p o u r n o tr e im p u is s a n c e e t le s d é f ic ie n c e s d e n o tre in te llig e n c e , c a r v o u s -m ê m e s ê te s d e s h o m m e s e t s o u m is a u x e rre u rs h u m a in e s , d o n c v o u s a v e z b e s o in d e l a p it ié d e D ie u e t d u p a rd o n d es h o m m e s , a c c o r d e z -n o u s à n o u s a u ss i v o t r e p a r d o n ».

*

183

du X V IIIe dimanche. Dans la table des matières on n’a numéroté que 77 sermons. On n’a pas numéroté les sermons pour le Jeudi de l ’Ascension et deux des trois sermons existants pour le 1er Septembre, qui est le Nouvel An religieux.

Dans le deuxième recueil de Goresi il n ’y a que 65 sermons ou 66, si nous comptons aussi le sermon du 29 Juin qui est, en fait, celui pour le X V IIIe dimanche, répété comme dans le recueil de Zabludov. Coresi a renoncé à 14 sermons pour les fêtes impériales. Sur trois homélies pour la journée du premier Septembre, Coresi a choisi seulement la première. Coresi a nota- ment renoncé aux homélies du cycle pour les fêtes. Pour les circonstances dans lesquelles on a imprimé la deuxième collection d’homélies, l ’exclusion du sermon pour le premier dimanche du jeûne est à notre avis significative. Ce dimanche est appelé de l ’orthodoxie et du culte des icônes et dans le sermon on parle justement de cela: o npaKOCAdBÏH h o H K O H o n o K A C H fH ÏH x.

Dans la première partie l ’auteur expose clairement, à l ’aide de données précises l ’histoire des luttes meneés par l ’église en faveur du culte des icônes, des reliques, contre les iconoclastes et incroyants dénommés « hérétiques, impurs, calomniateurs, maudits et anathèmes » 2. Dans la deuxième partie du sermon on parle d ’autres enseignements fondamentaux de l ’ église orthodoxe au sujet de la Trinité, du respect des traditions, etc. Ces idées et enseignements anticalvinistes ne convenaient pas au juge de Brasov Lukas Hierschel, le patron de l ’ouvrage, car il était luthérien. C’est pourquoi il n ’a pas admis qu’on répande des idées pareilles, opposées à sa croyance luthérienne, dans un livre publié à ses frais. Voici comment il se fait que ce sermon manque de la version roumaine, en opposition avec l ’ori­ginal byzantin et avec la version slave où il existe.

Le recueil de Coresi de 1581 contient toutefois beaucoup d ’autres idées opposées à l ’enseignement réformé, parce qu’il est un livre orthodoxe et son impression avait été approuvée par les autorités religieuses et laïques de Transylvanie et de Valachie. Lukas Hierschel a soutenu sa publication, parce que sa vente lui assurait un avantage pécuniaire. Mais, en tout que réformé, il a été sans doute trop impressioné par la critique sévère apportée aux iconoclastes et à ceux qui ne respectaient pas la tradition religieuse. Cette critique s’appliquait aussi aux réformés. C’est pourquoi il a disposé que les traducteurs l ’ôtent du livre. Nous voyons d ’ici que le patron de l ’ou­vrage n ’avait pas non plus entièrement renoncé à la lutte contre la commu­nauté du fauborg Skei de Brasov.

Cette communauté à son tour, avec les traducteurs et le diacre Coresi à sa tête a introduit en revanche dans Cartea eu învâtâturâ d ’autres homé­lies, qui n ’existent pas dans l ’original de Zabludov, ni dans le text byzantin et ni dans d ’autres versions slaves. C’est l ’homélie pour le jeudi saint de la semaine sainte, dans laquelle on parle du mystère, du pain et du vin consi­dérés comme étant le corps et le sang du Christ.

Dans le cadre de cette lutte contre les idées, l ’enseignement et la domi­nation luthérienne, s’explique aussi l ’introduction du passage en 12 lignes

1 ©RaHrfAlf oyiHTiAiiof, Z a b lu d o v , 1 5 6 9 , p . 10 7 sq .2 Ibidem, p . 29 sq .

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de la préface, dans lequel on soutient que pour la rédemption, la croyance doit être accompagnée de faits.

Cette lutte entre les traducteurs roumains du faubourg Skei et les autorités luthériennes a existé aussi à l ’occasion de l ’impression de Tilcul evangheliilor en 1564, alors que les traducteurs ont enlevé quelques passages et en ont introduit d ’autres 1.

De cette façon s’expliquent donc, certaines différences de contenu entre Cartea eu învâtâturâ du diacre Coresi et l’original en slavon-russe. La grande majorité des notes et indications rituelles sont identiques dans les deux collections d ’homélies, souvent même comme ordre des mots. Certaines n’existent même pas dans le manuscrit 304 copié par Daniil en 1626 et conservé à la Bibliothèque Nationale de Sofia. Nous donnerons comme exemple une seule indication, qui est également en liaison avec le contenu. Ainsi dans le recueil d’homélies de Zabludov nous trouvons pour la fête de Pierre et Paul du 29 Juin, après le titre de la fête, l ’ indication qu’on lit le sermon pour le X V IIIe dimanche dont on donne même le début. Nous cons­tatons le même titre en slavon également chez Coresi, où il ne diffère que par l ’orthographe de celui de l ’homélie de Zabludov.

CZ CC2p. 376 sq.

<11É C 11, a HlCN/ft K'K K0 CKMTKIAVK anCCTOACA\T\ IIiTpS H IldKAS CAOKO n«>JfKdAN«>.

HlJIH HiA'feAH Hl W T'K d S K II. „ÜO KpfA\A OHO CTO A ICSCK llpï f3{p-b r iH H C d p iTC K O A V h ...“

« Le 29 du mois de Juin,L ’eloge des Saints apôtres Pierre et Paul.Cherchez le X V IIIe dimanche de Lucas: « A cette epoque, Jésus séjournant auprès du lac de Geni- zareth. . . »

Nous observons que dans Cartea eu învâtâturâ, lorsqu’on a traduit le début du sermon on a respecté l ’ordre des mots de l ’original, laissant le mot non traduit « ezer »—‘lac’ à la même place qu’il occupait dans la propo­sition en slavon. Cette indication rituelle et de contenu n ’existe pas dans la version originale byzantine de manuscrit 500 de la Bibliothèque de l ’Aca- démie de la R .P.R., ni dans la version slave conservée dans le manuscrit 304 de la Bibliothèque Nationale de Sofia. De pareilles différences constituent encore une preuve que la source de la deuxième collection d ’homélies de Coresi n ’a pu être une copie plus ancienne, ou bien l ’original du manuscrit

1 O n m o n tr e c e la d a n s Istoria literaturii romlne, I , M a c h e tâ , B u c a r e s t , 19 6 2 , p . 2 46.

Ælcua WHÏÉ K'K KB CTKIAVK AI10CTCA0M IllTpS H JJaKAS CAOKO IK>\'KdAHO.Hqin HfA’bAH Hl IVT llcyKKi.

Luna iunie, în douâzeci si nouât. Encomeonulü sfintilorü apostoli Petru §i Pavelù.Cautâ Dumineca a optsprezaeea de la Luca: « In vreamea aceaia sta Isusü lîngâ ezerulü Ghenizaretului... »

185

slave du sud 304, mais bien la version en slavon-russe, comme l’est celle imprimée à Zabludov, de 1569.

Il s’est produit beaucoup de changements dans la collection originale des homélies du patriarche JeanKaleka. La collection entière n’a pas trop circulé sous son nom, mais anonyme ou sous le nom de Calist. Ceci parce qu’ il a été un rationaliste religieux à tendances philosophiques platoniennes et occidentales. Son exposition est claire, quoique parfois assez abstraite. 11 fait ses applications au moyen de paraboles ou d’exemples plastiques. Ces qualités ont assuré une large diffusion à son livre, mais pas sous son nom car il a été vaincu et condamné par le courant hésychaste ayant à sa tête Gré­goire Palamas. Le mouvement hésychaste s’est affirmé plus fortement vers la moitié du X V e siècle, lorsque ses représentants ont occupé les postes clé de l ’église byzantine. C’était un mouvement à contenu mystique, qui étouffait les tendances progressistes de lutte sociale et incitait à une existence passive. Caleca était un rationnaliste et un homme actif, dynamique. Ses sermons ont beaucoup de naturel étant assortis à sa propre nature. C’est pourquoi certains ont été enlevés d’une collection et introduits dans d ’autres. A l ’occasion d ’une transcription ou d’une traduction, d ’autres sermons apparajssaient dans la collection. Au Moyen Age et surtout dans la littérature des homélies on ne respectait guère la paternité de l ’auteur.

Ainsi, même le premier traducteur en slavon a introduit pour le jeudi de l ’Ascension le sermon du moine Kiril de Tour. Ce sermon est resté dans les plus anciennes versions en slavon de cette collection d ’homélies. Ainsi, dans 0K<VHriAÏc oymmaHce de Zabludov nous lisons le titre suivant: Gaoko Ht\ KCSHÎCÉHÏf roc II C'A WT"h HpC«pC*MeCK H\"K OyKaSaNÏH H 0 KOCKpiCillÏH KCÉp$A,N4il,s,aAu h3'k il^a x. Ceci a été traduit exactement dans Cartea eu învâtâturâ de 1581: « Cuvîntü la înâltarea Domnului din arâtârile proorocilorü si despre învierea lui Adainü a-toti-roditorulii din iadü » 2. On trouve aussi le titre en slavon, qui diffère de celui de l ’homélie de Zabludov uniquement par l ’orthographe 3. Dans les deux recueils le sermon de Kiril de Tour est in­troduit entre les sermons pour le V Ie dimanche de l ’aveugle et le V IIe dimanche de tous les saints, mais il n’est pas numéroté dans l ’ ordre des autres sermons. Ceci indique qu il n’a pas existé dans l ’ original byzantin mais qu’il a été introduit par le traducteur.

Le titre du sermon dans le recueil de Zabludov (p. 107 r) mentionne seulement le nom de « l ’ indigne moine russe Kiril de Tour»: KHpnaa HÉAOCTOHHarc' auinp. Gaoko Ha k«>3Nîcénïî rociioA,,É mîtképtokti s héa^ ah iic nacn,-k4. Le contenu du sermon est traduit fidèlement. Dans le texte roumain nous constatons une série de slavonismes. Ainsi au lieu de « stramos » on dit « preaoteti » comme dans l ’original en slavon iipawTÉmCTÏH ccKopn 5 « sâboruri de preaoteti » 6. Au lieu de « înàltare » nous avons

1 tÎKdHriAîi «yiHT<AHO£, Z a b lu d o v , 15 6 9 : C.ta.saHîi.2 C o re s i, p . 5 5 3 / 19 — 2 1.3 êBam'irtii p . 1 0 7 — 10 8. C o re s i, p . 553/30 — 3 1 .4 GuaHriAif o^hiitiahsi, p . 10 7 r . V o ir a u s s i su r la v ie d a K ir i l d e T o u r , q u i a v é c u

a u X lI-e m e s iè c le , yKpaÏHcbrti nucbMenuKU, 6io-6i6Aioipa(puHHuu caobhuk, K ie v , 19 6 0 , p . 76— 7 7 .

5 SKdHmîe OyiINTiAHOÎ, p . 10 8.6 C o re s i, p . 176 /3 3 .

186

« vâznesenie »: Ho ch octakakuié, o k03hécîhïh HOKeckASiAXk1 «Ce acelea sa lâsâmü, ce de vâznesenie sa grâimü » 2. (Laissons nous cela et parlons de l ’Ascension).

L ’introduction du sermon du moine russe Kiril de Tour pour le jeudi de l ’Ascension dans la version slave de la collection byzantine de Jean Kaleka constitue encore une preuve que le traducteur de la première version « de la langue grecque en lettres russes » a été un Ukrainien ou un Russe.

Coresi et les traducteurs du faubourg Skei n ’ont pas reproduit servile­ment l ’original en slavon, mais se sont imposé une ligne propre non seulement pour ce qui est de la graphie et du contenu, mais même pour l ’arrangement du matériel et pour l ’orthographe. Cette dernière est de rédaction serbe comme dans les autres livres imprimés par Coresi. A en juger d’après l ’ortho­graphe et d ’après certaines différences entre la collection d’homélis de Zabludov et celle de Coresi de 1581, on peut déduire que les traducteurs se sont servis pour le texte des homélies d’un exemplaire de cette collection d’homélies écrit en slavon serbe ou en slavon de chez nous avec l ’orthographe serbe. De même dans l ’arrangement du matériel, Coresi a introduit avant le texte du sermon proprement dit le texte de l ’Evangile se rapportant au jour respectif. Il a procédé de la même façon dans le Tîleul Evangheliilor imprimé en 1564.Il a reproduit ce texte d ’après son Evangheliarul imprimé en 1561. Le même texte revient d ’une façon partielle ou intégrale dans le corps du sermon où il est commenté. Les citations de l ’Evangile du contenu du sermon sont traduites d ’après le texte de Zabludov, c ’est pourquoi elles diffèrent parfois de celles qui se trouvent au début du sermon. En partant de ces dernières on peut faire des observations intéréssantes sur le développement de notre langue au X V Ie siècle. Ni l ’original byzantin, ni les versions slaves de la collection d ’homélies de Jean Kaleka ne présentent le chapitre quotidien de l ’Evangile placé avant le texte de chaque homélie dominicale. Il y a aussi dans la Cartea eu învâtâturâ certains sermons, qui n’ont pas le texte de l ’évangile, séparé, en tête. Par exemple le sermon de jeudi de la Passion, du jeudi de l ’Ascension, du dimanche de Pâques, du samedi de Lazare, etc.

Le lecteur attentif et au courant des rédactions du slavon constate que (iKiiHi'ÉAÏÉ oyMHTÉANCÉ imprimé à Zabludov en 1569 est écrit en slavon russe. La forme spécifique aux langues slaves de l ’est se rencontre dans la phonétique, la morphologie et le lexique. L ’ancienne version dont s’est servi Ivan Feodorov et Mstislavetz a été écrite également en slavon russe. En vue de l ’impression les auteurs ont revu et ciselé la langue, en l ’adaptant encore plus à la langue parlée, pour être plus facilement comprise par le peuple, ainsi qu’on le mentionne dans la préface. On ne doit donc pas comprendre cette adaptation comme une traduction. En général, la langue du recueil de Zabludov est restée toujours le slavon avec des constructions synthétiques, des éléments empruntés au grec et de éléments du slave ancien, qui donnaient au livre un prestige particulier. Par l ’adaptation à la langue parlée on a accentué son caractère russo-ukrainien et il est devenu ainsi accesible aux larges masses du peuple.

1 6iuHreAïi oyMHTMN»!, Z a b lu d o v , 1 5 6 9 , p . 108.2 C o re s i, p . 1 7 7 / 7 .

187

La langue de la préface a même un caractère de dialecte local. Ainsi dans la morphologie nous avons certaines formes casuelles des substantifs caractéristiques des langues slaves de l ’est. Par exemple gen. pl. en -ei dans les substantifs à thème -i: k iiSth 3dnoK-feAfH — «dans la voie des comman­dements»1. De même: w tk HdiiiHjpi ii,<ipfii — «de nos tsars »2. Dans les sub­stantifs masculins à thème - 0, -jo nous constatons souvent la désinence -ovi, -evi au datif sing. : r<?cnoA*KH _ au seigneur3 ; koitc>kh — au Seigneur4. La générali­sation de cette désinence dans les substantifs masculins au datif et au singulier est considéré comme un ukrainisme 5.

Le génitif singulier des adjectifs masculins et neutres présente souvent la désinence russe -ogo : w t k ahua KorjToro — de la face du riche.

La même désinence est aussi fréquente dans le pronom: w tk fAHHoro cdAtere OTii,d 6—du Père unique lui même.

D’autres formes de pronom kwkao « chacun » sont caractéristiques de la langue russe ancienne, de même que TOE'fc, toeok>, cc'K'fe, cokow qui différent des formes livresques t *k1î ctK-b7. Un autre russisme est la post-position du pronom réfléchi et son union avec le verbe etc.

Certaines formes verbales sont caractéristiques de la langue ukrainienne ancienne, par exemple la forme de l’imparfait IIIe personne pl. à-\-STK : HA\-b)fSTK 8 «ils avaient», KonpaïudjfSTK9 «ils interogeaient ». D’autres formes verbales sont caractéristiques de la langue employée à la chancellerie du grand duché de Lithuanie et de la langue polonaise. Par exemple Iere personne pl. de l ’indicatif présent en -a\ki : haua\ki 10 «nous avons».

Dans le lexique nous constatons certains moravismes comme r c A H iu dans le sens de « l ’heure », pas dans le sens de « année » comme dans le slave du sud: ro,A,HHA npHpAHTH noKdanïd 11 « ceasul pocaaniei venit-au » 12. De même p A ‘'TaH «intermédiaire, le protecteur», héa t'h 13 «la maladie, l ’im­puissance».

"Certains slavonismes, reproduits également dans la version roumaine, existent aujourd’hui encore dans la langue russe courante, par exemple KAdro8x'dHïf ‘parfum, arôme’.

D’autres mots et formes grammaticales dénotent un caractère dialectal du parler de la population slave de l ’est. Dans la région de Zabludov on atteste

1 SüflNrtAie oyMHTiAHoi, Z a b lu d o v , 1 5 6 9 , p . 57 v ; 58 r, 3 41 r e tc .2 Ibid., p . 10 5 v .3 Ibid., p . 10 4 v , 10 5 r.4 Ibid., p . 27 v , 10 5 r.5 L . A . B U L A H O V S K I , IIumaHHÏsi noxodotcennn yKpaïncbKol mobu, K ie v , 1 9 5 6 ,

p . 44.6 GedHrfiUt oyiHTiAHOi p . 10 5 r.7 Ibid., p . 63 v , 399 r.8 Ibid., p . 10 9 v , 304 v , 3 55 v , P . S . K U Z N E C O V , Hcmopunecnaa epaMM. pyccnozo

sisbiKa, M o sco u , 1 9 5 3 , p . 12 8 e t 1 2 3 — 1 3 3 . S . B . B E R N S T E I N , Ouepn cpaeHUmejibHoü spaMM. cAaa. H3., M o sc o u , 1 9 6 1 , p . 7.

9 ©KdNrirtis oymrriAH«!, p 55 v , L . A . B u la h o v s k i , ib id ., p . 7 1 .10 Ibid., p . 10 9 v , 304 v , 3 55 v .11 Ibid., p . 57 v , 62 v .12 Ibid., p . 58 r e t m a n u s c r it d e la B ib . A c a d . R . P . R . , 14 8 , p . 95 v .13 C o re s i, ibid., p . 88 r / 4— 5. L a t r a d u c t io n e x a c t e e s t : L ’ h e u r e d e r e p e n tir v ie n d r a .14 ©RdHrirtif OyMHTIAHOÏ, p . 53.

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assez fréquemment le c > c : oh,kihiîhïé au lieu de omm 141*uïe ‘purification’ ; «KAÉUfiWC/a1 au lieu de OGAiifAtcA ‘habillons-nous’ .

Pour <t parler » on emploie aussi m o a k h th 2, MepTor 3 ‘repos’ . Les héré­tiques sont dénommés cTponTmn h kokajihii ‘récalcitrants et méchants’ . Ces adjectifs sont fréquents encore aujourd’hui dans la langue russe parlée et littéraire.

Le caractère local de la collection d’homélies de Zabludov est plus accen­tué dans la préface. Nous constatons quelques emprunts à la langue polonaise qui ont pénétré dans la langue ukrainienne et biélorusse, comme ap kokath ‘ imprimer’ , nakaaa'k ‘depense’ , ou certains germanismes qui ont pénétré par l ’ intermédiaire de la langue polonaise: kapctatk apSkapckh ‘presse d ’im­primerie’ .

L ’aspect russe de la langue originale, s’est transmis en partie aussi dans la version roumaine de Cartea eu invâtâturâ parue à Brasov en 1581. Cet aspect russe est plus expresif dans la phonétique. Par exemple le traite­ment r, Z syllabiques: r > or, f > er, Z > oZ 4. Nous constatons également les mêmes traitements dans la collection de Brasov, mais nous ne les constatons pas dans la version slave du sud comme le manuscrit 304 conservé à la Biblio­thèque «V . Kolarov» de Sofia ni dans les versions qui ont circulé chez les serbo- croates, où dominent les traitements slaves du sud: tort > trat, dj > zd, r > r k, Z < Zi», m > e etc.

Pour prouver le caractère slavon-russe de l ’original du deuxième recueil d ’homèlies de Coresi ces traitements phonétiques qui se trouvent dans certains slavonismes, conservés surtout dans les titres slaves, sont caté­goriques. Ainsi le passage du groupe dj > z est attesté dans des mots comme: \'okéhïé: 0 \'«KfNÏH IcScokî npn A\opH paahaîhctia\® ‘Au sujet du voyage de Jésus aux bords de la mer de Galilée’ . Si l ’original avait été slave-bulgare nous aurions eu ^okaéniî. Le même traitement se trouve dans le mot pojkénk: 0 p«K6irfeA\k cAkne « despre orbul din nastere » 6 Dans un original slave-bulgare il y aurait eu po>KAeHrfeAVh. La forme pronominale Toro>Kf ‘ de lui même’ est attestée en 5 cas dans l ’expression a\îcah,a Toro/Ke « dans la même mois »7. La forme bulgare aurait été tcto>kaé. Parfois le même mot est attesté en vertu de la tradition en slave-bulgare, mais également dans la forme russe, par exemple k-iv tohjké a ^ et k-k t-khîa« Aén ‘dans la même jour’ 8.

Nous avons un autre russisme expressif dans le traitement des liquides syllabiques r, Z et nottamment: r’ > er: a*> ctkîpîkétcm céké 9, ou bien r > or: h K-buit cKopHiHd10 ‘Elle (la femme) était tordue’ . Le traitement Z > ol: 0

1 Ibid., p . 21 , 3 56 .2 Ibid., 354 v .3 Ibid., p . 10 6 v .4 Ibid., p . 60 v .5 C o re s i, Carte eu invâtâturâ, 1 5 8 1 , p . 554/28. O u b ie n « Despre umblarea lui Isus

pe mare », p . 555/26.6 C o re s i, ibid., p . 553/29.7 C o re s i, p . 5 5 9 /2 8 ; 3 0 ; p . 560/29.8 C o re s i, p . 558/28.9 C o re s i, p . 552 /2 2.

10 C o re s i, p . 5 5 7 / 3 1 .

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AOAJHHfiHK (dans le texte il y a une erreur o a^'Whkix') 1 ‘ au sujét de celui redevable de... Si l ’original avait été slave-bulgare nous aurions eu o ,v,c'A'h}K ,!fArl' et en serbo-croate o a V -k h îa u » . Le traitement russe des liquides r, l est également fréquent dans les versions des X V IIIe et X I X e siècles, conservées en Bulgarie comme le manuscrit 760, dans le « Kiriacodromion », etc. Les russismes de ces versions s’expliquent toutefois par la grande influence de la culture et du slavon-russe, qui avait commencé à s’affirmer dès le X V Ie siècle.

Le grand lus qui caractérise le slavon-bulgare, ne se rencontre pas dans Cartea eu Invâtâturâ ; à sa place nous avons ç > u, jg > ju : ma pSuS ckcw ‘dans sa main’ 2, kk héAfAoy ‘au dimanche’ 3. Si l ’original avait été bulgare nous aurions dû trouver ha ckoi*, héaéaiav. La nasale m a lesmêmes résultats aussi en serbo-croate.

Le petit lus est employé fréquement, mais pas avec la valeur de l’an­cienne nasale, mais avec celle de ja , en russe a , o u de e comme en slave du sud: cKTOüpÏM ’octobre’ , /^HAurrpï/ft, iiaawtk ’ souvenir’ . Dans le manuscrit 304 il y ara, qui est un bulgarisme oKTCKpra.. Lepet.it ius avec la valeur ea caractérise le slavon-russe, surtout celui de l ’ouest. Dans le deuxième recueil d’homélies elle se rencontre fréquemment; dans les titres reproduits de l ’original en slavon-russe: k-k k îaîm oho ctoA ,à cette époque séjournant’ , •iamaa-k ‘nous attendons’ .

Les traducteurs du faubourg Skei de Brasov étaient toutefois habitués à l ’orthographe serbe, qu’ils ont employée dans tous les livres imprimés par le diacre Coresi. C’est pourquoi le même mot est attesté dans le deuxième recueil d’homélies tant sous la forme russe: iiaaamtk, c , que sous celle slave du sud: iiaamth. et. Les critères linguistique sont décisifs pour l’établissement de la rédaction des originaux en slavon, d’après lesquels ont été traduits nos anciens livres.

Bien que le contenu des homélies du patriarche Jean Kaleka soit le même, néanmoins entre la version du manuscrit 304 de Daniile et celle russe du recueil de Zabludov, il existe des différences non seulement dans la forme des mots, mais également des différences de lexique, dans l ’ordre des mots, de sens, certaines omissions, etc.

En collationnant d’une façon attentive le texte de la version roumaine avec celui des deux versions slaves, nous constatons que le texte roumain a été traduit d’après la source slavo-russe car elle ne contient pas les diffé­rences de la version slave (lu sud, conservées dans le manuscrit 304. Par exemple dans cette version à la page 171, nous lisons dans le texte du sermon du X I X e dimanche hé AïOK-kH >kî APSr’K APSrJ 3anoK-feAH HfC'KEAK*AA(T'h « Celui qui n ’aime l ’un à l ’autre, ne respecte pas les comman­dements ».

Cette phrase présente dans êKAHriAïi o htéamcx de Zabludov (p. 206 r.v.) de petites différences orthographiques et au lieu de AP^rt» AP*>r‘' ü y a

1 C o re s i, p . 555/30.2 C o re s i, p . 560/25 s,3 C o re s i, p . 558/32.

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KAHJKH/ftro ‘le prochain’ : iie aickaîi >ké gahjkhai'o 3ancK'brv,H IJf c'HKAK>A<»*Tk« celui qui n’aime son prochain, ne respecte pas les commandements ». Les traducteurs roumains se sont servis de la source slavo-russe, interprétant: « Câ cine nu iubeste vecinul leagea nu pâzeste » 1. S’ils avaient traduit d’après la version du manuscrit 304 ils auraient dit: « Qui n ’aime pas l ’un à l ’autre » mais ils ont dit « le voisin », c ’est à dire bahjkh/sw’c, comme il est dit dans le recueil slavo-russe de Zabludov.

La collection d’homélies de Govora (1642). On a également traduit d’une version slavo-russe un autre recueil d’homélies, Evanghelie învâtâtoare, imprimée à Govora en 1642. La langue de ce recueil est plus évoluée. Les slavonismes ne sont plus aussi nombreux que dans les textes du X V Ie siècle. Certains de ces slavonismes sont caractéristiques du slavon de rédaction russe. Ce fait résulte de la préface même du recueil, dans lequel on dit que «a primenit aceastâ carte, de în limba ruseascâ pre limba romîneascâ». (on a traduit ce livre du russe en roumain). L ’origine slavo-russe de ce recueil est prouvée par les russismes du texte. Même dans le titre du livre et dans la préface on emploie, par exemple, le mot russe « lavra », quand on parle du monastère de Govora. De plus dans les titres du prince de la Valachie, à cette époque Matei Basarab, on se sert de hamaahhk'k fréquent dans la langue russe et non de recniAHN-h, comme dans d’autres livres. Dans le titre de l ’homélie «învâtâturâ la pogorîrea sfîntului duh» nous avons un autre russisme: iioo\*<iehïe ha coiuecTKÏe C K A T a ro 1°* Ie m ° t coluéctkïî estrusse par le préfix so- (p. 52). Dans le titre slave, qui précède le contenu nous avons le pronom indéfini ktokah dans la forme caractéristique de la langue russe ancienne: k«>:kah: O rAaKA fH ïa imaé>kai|ua k tc>h KHHS-k, nooyMÉHÏa ha kojkaSio h é a ^ w ‘Les titres qui se trouvent dans cette livre, d’homélies à chaque dimanche’ .

«Cazania lui Yarlaam» (Iasi, 1643). Jusqu’ à présent on n’a pasdécouvert l ’ original en slavon du recueil d'homélies du métropolitain de Moldavie Varlaam, imprimé a Jàssy en 1643. Le plus précieux par la beauté et la plasticité de la langue, caractéristique du langage populaire, ce recueil a été aussi le plus répandu. Bien avant son impression, cette collection d ’homélies a circulé sous forme manuscrite jusque dans les régions éloignées des montagnes du Bihor.

Le recueil d’homélies de Varlaam ressemble beaucoup à celui de Govora. Il a été probablement traduit d ’après des sources en slavon de rédaction orientale 2.

Dans une lettre, Varlaam nous indique seulement qu’en 1637 il avait traduit la collection d’homélies du patriarche Calist. La collection d’homélies de Calist est probablement la principale source du recueil de Varlaam, mais pas la seule. Pour la rédaction de tout le recueil d ’homélies, Varlaam lui-

1 C o re s i, Carte eu învâtâturâ, p . 397/8— 9.2 V o ir le s in d ic a t io n s b ib lio g r a p h iq u e s c o n c e r n a n t le s d is c u ss io n s p o r té e s ju s q u ’à

n o s jo u r s d a n s : A L . R O S E T T I — B . C A Z A C U , Istoria limbii romîne literare, I , B u c a r e s t , 1 9 6 1 , p . 94— 95.

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même nous dit dans son avertissement au lecteur que: « il a rassemblé de chez tous les chantres de VEvangile, les pères de notre église » 1. Pour l ’ impres­sion du recueil le métropolitain Varlaam a demandé l’aide des Russes 2. L ’ornementation avec des miniatures du livre a été faite par un artisan de Kiev, Ilie 3.

Des recherches philologiques que nous avons entreprises jusqu’ici, en partie exposées dans la présente étude, nous détachons les conclusions sui­vantes concernant l ’importance du slavon russe pour les plus anciennes homélies roumaines:

Une riche littérature d ’homélies en slavon venue de Bulgarie, où elle s’était développée dès le X e et même dès la fin du IX e siècle, s’est répandue très tôt dans les pays roumains et en Transylvanie. Au début du X V e siècle on connaît les sermons de Grégoire Tzamblak, venu lui aussi de Bulgarie, de Ternovo de l ’ école du patriarche Euthyme, à la cour d’Alexandre le Bon à Suceava. Une bonne partie des plus anciens textes roumains ont été traduits du slavon russe carpathique dans le Maramures et le Nord de la Târnsylvanie.

C’est toujours ici qu’on a traduit sous l ’influence de la Réforme le premier recueil d ’homélies en langue roumaine, imprimé ultérieurement par le diacre Coresi en 1564, sous le titre Tîlcul Evangheliilor. Ce recueil, de même que le livre de prière de la fin, contient des slavonismes dans le texte et des notes rituelles en slavon qui nous conduisent à la conclusion que, à part la source hongroise, il a existé une source ou un intérmediaire en slavon. Parmi les slavonismes il y a aussi quelques russismes comme c r p a c T t H etc., qui nous prouvent que la source ou l ’ intérmediaire slavon était de rédaction russe.

Le deuxième recueil d ’homélies de Coresi a à son base la collection d’ho­mélies du patriarche Jean Kaleka au moyen d’un intermédiaire slavon, traduit du grec en 1343, et après en 1392 et 1407, etc. La version de 1343 est russe, car elle a été traduite t u pScKHf k h i i t h par un moine quelconque ukrainien ou russe du monastère Studion de Constantinople, ou du Mont Athos, où il existait un monastère russe dès le X Ie siècle. La langue de cette première version en slavon contient des russismes et des ukrainismes. Le traducteur étant russe, a introduit dans la collection le sermon pour le jeudi de l ’Ascension du moine russe Kiril de Tour. Les nombreux manuscrits, qui nous ont été conservés, ainsi que les remarques faites d ’après ceux-ci, prouvent que ce recueil d ’homélies se lisait comme un livre de lecture et c ’est pourquoi il a circulé pendant des siècles chez les Slaves de l ’est, du sud et chez les Roumains. Beaucoup d’homélies de cette collection ont circulé sous le nom de Calist ou bien anonymes.

1 V A R L A A M , m é tr o p o lita in d e M o ld a v ie , Cazania 1643, E d . J . B y c k , B u c a r e s t ,p . 5/22— 23.

2 B ib lio th è q u e d e l ’A c a d é m ie d e la R . P . R . M a n u s c r it r o u m a in 5 2 3 5 , p . 57 ; M a n u s c r it r o u m . 5 2 16 , p . 84.

3 G . B E Z V I C O N I , Contributii la istoria relatiilor romîno-ruse, B u c a r e s t , 19 6 2 , p . 72.

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Les homélies de Kaleka se sont répandues encore d’avantage sous forme de livre imprimé en plusieurs éditions, en commençant par êKaHrtAÏe cyMHTfAHOÉ publiée a Zabludov en 1569, accompagnée d’une préface.

L ’original du deuxième recueil d’homélies du diacre Coresi est de rédac­tion slavo-russe, parce que les différents slavonismes conservés dans la version roumaine ont une forme russe et parce que le sermon du moine russe Kiril de Tour existe aussi dans le recueil de Coresi de 1581. K. I. Koliada a montré qu’entre la graphie et la miniature du recueil d’homélies de Zabludov (1569) et celui de Coresi il existe une ressemblance frappante. De cette façon, l ’hypothèse de l ’ érudit russe A. I. Iatsimirski que l ’ori­ginal du deuxième recueil de Coresi était le recueil de Zabludov, se consoli­dait. Nous avons examiné le problème au point de vue philologique-lin- guistique et nous avons effectué une confrontation intégrale du texte du deuxième recueil d ’homélies de Coresi avec le recueil de Zabludov et d ’autres versions en slavon.

Nous avons constaté de cette façon que non seulement le contenu des homélies, mais même la préface du recueil de Zabludov, y compris les détails d’ impression ont été adaptés aux circonstances de chez nous, par le changement des noms, etc. Toutefois Coresi et ses traducteurs ont eu aussi une ligne propre. C’est ainsi que s’expliquent certaines différences de graphie, miniature, contenu, etc. entre les deux recueils d ’homélies.

Du slavon russe-ukrainien on a traduit aussi le recueil d ’homélies de Govora (1642) et même celui de Varlaam (1643).

Ainsi donc les plus anciens recueils d ’homélies roumains se situent dans le cadre des relations culturelles des Roumains avec les Ukrainiens et les Russes. Ces recueils d ’homélies se sont largement répandus comme des livres de lecture chez les Slaves de l ’est, du sud et chez les Roumains, en les unissant d ’une façon plus étroite et en les fortifiant dans les même traditions culturelles.

1 3 — c . 6 3 0