Les notes à l'école

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Maquette de couverture : Gérard Lo Monaco Collection « Ecole des parents » dirigée par Michelle de Wilde et Philippe Lane

Fédération nationale des Ecoles des parents et des éducateurs, 5, impasse Bon Secours, 75543 Paris Cedex 11, tél. 43.48.00.16

Monique L'Hôte est psychologue, chargée de formation à l'Ecole des parents et des éducateurs et spécialisée dans la relation entre les parents et l'école.

@ Syros 1987 6, rue Montmartre, 75001 Paris

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Monique L'Hôte

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Dans la même collection : Les petits à la maternelle (Bernadette Céleste) Les devoirs à la maison (Philippe Meirieu) Être apprenti (Monique Albert, Gilles de Meyer)

Je remercie bien vivement les personnes qui m'ont aimablement fourni des documents et prodigué leur aide : Mme Denoun, Mme Haritchelhar, Mme Tissier, M. Lebreton, M. Payraud, Aline, Clément, Dominique Baril, Roger Leblanc et les stagiaires de la CDC d'Angers, Bernard Desclaux, Denise Bénaquin, Michel Pin, Françoise Coutou, Sylvaine Roux, Michelle de Wilde

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Sommaire

Introduction 9

Chapitre 1 : Note ou évaluation ? 11 Enoncé du code ; annotations, commentaires, appréciations; bulletins trimestriels; un langage convenu

Chapitre 2 : La docimologie 37 Situations réelles; situations provoquées; les conditions de la correction; la personne du correcteur; l'effet Pygmalion; la personne de l'élève; les « chouchous » à l'école; pourquoi des « chouchous »?

Chapitre 3 : La sélection 53

Chapitre 4 : Les tentatives pour corriger l'arbitraire de la notation 61 La multicorrection et l'ajustement des moyennes; les questionnaires à choix multiples; la concertation entre correcteurs; la consultation du livret scolaire; améliorer la notation quotidienne; le conseil de classe; les parents délégués; les élèves délégués; les professeurs

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Chapitre 5 : L'évaluation formative 73

Chapitre 6 : La pédagogie par objectifs 77 Test de mathématiques; fiche d'auto-contrôle en biologie Bulletin trimestriel amélioré

Chapitre 7 : Les examens 91 Le brevet; le baccalauréat; le CAP et le BEP; résultats du BAC en 1986

Chapitre 8 : Les enseignants aussi sont notés 97 Notation des instituteurs; notation des professeurs

Chapitre 9 : Comment les notes sont-elles reçues ? 103 Par les élèves; par les parents

Chapitre 10 : Conseils aux parents 115

Conclusion 121

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Introduction

16 h 30. De ce grand lycée et collège urbain s'échappe un flot continu d'élèves de tous âges. L'on saisit au passage des bribes de conversation. « Je m'en moque, j'ai ma moyenne, ce trimestre-ci », dit un garçon à la mine réjouie. « Quand ma mère verra mes notes, elle me tue... » C'est une petite blonde, le front barré d'une ride inquiète.

Les professeurs sortent aussi, leur journée de cours finie mais une lourde serviette au bout du bras, gonflée de paquets de copies à corriger. « Quand doit- on rendre les bulletins trimestriels? » demande l'une. « Je n'ai pas fini la 4e 3, je te les passerai lundi. Il faut les remettre jeudi », répond sa collègue.

Quelques parents attendent sur le trottoir car c'est vendredi soir. « Je ne sais pas s'il montera de classe, dit une mère, il n'a pas sa moyenne en maths et ça, ça ne pardonne pas. » La fillette de l'autre mère arrive et l'embrasse. « Combien as-tu eu à ton contrôle? » Première expression, teintée d'un peu d'angoisse, de l'affection maternelle, à la sortie de l'école...

Ainsi, quelques millions d'individus en France, élèves, enseignants, parents d'élèves, vivent sous la

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dictature de la note : la note qu'on reçoit, celle qu'on donne, celle qu'on anticipe, celle qu'on espère, celle qu'on regrette d'avoir méritée ou d'avoir attribuée, celle qu'on veut faire changer parce qu'on la trouve injuste, celle qu'on n'a pas volée, celle qui encourage et celle qui désespère, celle qui suscite la perplexité, celle pour qui on travaille (« Ils ne travaillent que pour la note »), celle qui permettra de dormir sur ses lauriers une semaine ou deux (mais attention! « ce trimestre est fini, mais les prochaines notes compteront pour le sui- vant »...)

La note est là, encouragement, menace, juge- ment, couperet, accompagnée de son avatar perni- cieux, la moyenne, la note qui jalonne l'existence de tout individu de plus de 6 ans absorbé par le système scolaire, et celle de sa famille.

Ce phénomène omniprésent méritait bien que l'on y consacrât un livre, point trop savant, point trop technique, mais assez proche des préoccupations quotidiennes des uns et des autres pour qu'on puisse y trouver informations, réflexions, idées nouvelles, etc.

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Chapitre 1

Note ou évaluation?

L'utilisation la plus courante de la note est celle qui est donnée... et reçue à un devoir, à une production de l'élève.

Prenons l'exemple le plus simple, celui de la dictée. Un élève a obtenu 9/10 à sa dictée. Pour connaître la signification de sa note, il doit se référer à un code, énoncé clairement par le maître et supposé connu de tous : par exemple, chaque erreur d'ortho- graphe enlève 1 point au maximum à la note idéale qui représente le travail parfait.

Notre élève a donc commis une erreur ; si on l'appelle faute, cela veut dire qu'il a été fautif, c'est-à- dire coupable, et l'on voit poindre l'ombre d'une réprobation morale. Mais cette erreur qui lui coûte un point, à quoi est-elle due ? Est-ce une erreur d'accord, de conjugaison, de vocabulaire ? Signifie-t-elle qu'il n'a pas bien écouté la leçon du maître sur le pluriel des noms ou des verbes ? Ou qu'il l'a écoutée mais a négligé de revoir la leçon la veille à la maison ? Ou encore que cette leçon est très ancienne, constituant un sédiment de connaissances, auquel on fait appel par à-coups, que l'on applique ou non selon les

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circonstances ? Car il est évident qu'il ne suffit pas de connaître une règle de grammaire même par cœur pour l'appliquer à bon escient : il faut se la remémorer au bon moment et décider s'il convient de l'appliquer dans une circonstance donnée.

S'il s'agit d'une erreur concernant l'orthographe d'usage, l'élève a pu voir précédemment le mot écrit mais n'en a pas « photographié » l'orthographe ou alors il ne l'a jamais vu. Le point en moins sanctionne- t-il l'oubli, la négligence ou l'ignorance? Si la dictée a été préparée, il s'agit d'un oubli, sinon... qui sait ?... Mais tout de même, 9 sur 10 est une « bonne » note.

Au-delà de la sanction d'un travail fourni par l'élève, la note signifiera, pour celui qui l'attribue comme pour celui qui la lit, élève ou parent, une satisfaction, le signe que le professeur est content de cet élève, voire qu'il l'aime bien et le lui manifeste. Ainsi la notation banale et quasi automatique d'un exercice banal prend quantité de significations qu'on ne s'expli- que pas clairement. S'il s'agit d'une rédaction, elles seront encore bien plus nombreuses et complexes. C'est pourquoi l'on devrait parler d'« évaluation » plutôt que de « notation ». Il est vrai que leurs définitions dans le Larousse ne sont pas très différentes. Mais le terme d'évaluation s'est répandu depuis quelques années dans les milieux enseignants et, bien au-delà, dans tous ceux que concerne la formation. Il ne s'agit pas seulement d'une mode mais d'un changement de conception de l'acte d'enseigner ou de former, comme nous le verrons par la suite. L'évaluation laisse apparaître tout ce qu'il y a de complexe autour et derrière l'acte de noter, elle se propose de l'analyser et de l'expliciter en essayant d'éliminer l'arbitraire. Enfin elle fait intervenir la communication entre enseignant et enseigné, qui devrait se substituer au jugement unilatéral de l'enseignant sur l'enseigné.

Nous verrons qu'en effet le système de notation

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traditionnel est subjectif et arbitraire, quelle que soit la bonne volonté de celui qui note. Pour ce qui est de la communication, elle n'existe que dans un seul sens, du notant vers le noté, mais le notant sent bien, surtout s'il connaît le noté, que la note réduite à elle seule réalise un système de communication lapidaire et un peu pauvre. Pour enrichir la note il lui est loisible d'instaurer un mode de communication préalable qui serait l'énoncé du code de notation et un autre d'accompa- gnement sous forme de commentaires, annotations, appréciations. L'énoncé du code

L'enseignant annonce clairement aux élèves que chaque faute d'orthographe dans la dictée ôtera un point. Ou mieux, que les fautes d'accord ou de conjugaison ôteront un point et que celles d'usage n'en ôteront qu'un demi. Si l'enseignant ramasse les dictées et les corrige en soulignant les fautes et en indiquant leur nature, l'élève pourra vérifier que la note corres- pond au code annoncé. S'il a devant les yeux un corrigé de la dictée et les explications exactes du professeur, il pourra lui-même calculer sa note.

Il s'agit là d'un code simple, facile à saisir et à appliquer, de nature à dissiper chez l'élève le sentiment d'arbitraire, d'autant plus qu'il peut jouer un rôle actif, au moment de la correction. Mais la dictée s'y prête.

Supposons un devoir de mathématiques en quatre parties dont chacune est notée sur cinq. L'élève peut élaborer une stratégie en commençant, par exemple, par les exercices les plus faciles, pour améliorer sa note. Mais si c'est un problème dont le résultat à la première question commande les autres, l'énoncé du code ne fera que renforcer le sentiment d'impuissance de l'élève qui ne saura pas répondre à cette première question.

Si l'on aborde la rédaction ou la dissertation, le

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code est bien plus difficile à énoncer par le professeur et perd de son utilité pour l'élève. Des déclarations comme : « J'ôterai deux points pour l'orthographe » (ou pour la présentation) incitent-elles l'élève à être attentif et soigneux pour obtenir au moins 2/20 ? Attribuer un nombre de points au fait d'annoncer un plan et de s'y tenir peut donner à l'élève un moyen de participer à sa note. Mais retirer des points pour les discours hors sujet ou pour la mauvaise qualité de l'expression n'est pas d'une grande aide à l'élève. De toute façon, il sait que, quels que soient ses efforts, il n'aura jamais 20/20 à sa rédaction ! Cela fait partie d'un code tacite qui n'est jamais explicité par personne mais est admis par tout le monde. Si code il y a, il porte généralement sur le négatif : le professeur retirera des points pour tel ou tel manquement, mais de quelle note puisqu'il ne peut s'agir du maximum ?

Décidément, la rédaction, la dissertation sont rebelles à l'énoncé préalable d'un code, c'est-à-dire qu'élèves et professeur sont résignés d'avance à une notation subjective et approximative. Le professeur a sans doute dans la tête un système de critères, mais prend-il la peine de se l'énoncer à lui-même, de le clarifier, de le préciser ? Ou pratique-t-il une notation d'humeur? Il est vrai que la rédaction classique se pratique de moins en moins. D'autres exercices, résumés, explications de textes, phrases à composer sont plus à même de développer chez les élèves des classes élémentaires et des petites classes de collège l'esprit de méthode, l'esprit critique, la qualité d'expres- sion. Plus courts, ils se prêtent mieux à une notation codifiée. Mais la dissertation fait toujours partie des épreuves du baccalauréat en français et en philoso- phie. Et l'on a vu des candidats têtes de classe en dissertation tout au long de l'année de Terminale obtenir péniblement un 9/20 le jour de l'examen... A travers tous ces exemples, on peut donc voir que le

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L a note déborde la vie scolaire, elle envahit la vie familiale. Elèves, étu-

diants, enseignants, parents, nous vivons sous sa dictature. Et pourtant, cela a été prouvé depuis longtemps, la note n'est pas fiable, ne peut être « juste ». Ne lui accordons pas plus de considération qu'elle ne mérite. Un peu partout, d'autres manières d'évaluer apparaissent, qui en appellent à la progres- sion de l'enfant vers les objectifs fixés. Ainsi l'évaluation peut-elle stimuler au lieu d'acca- bler.

L'ÉCOLE DES PARENTS

Qu'est-ce que l'Ecole des parents ? Une association d'éducation permanente,

qui informe, écoute et forme les adultes — parents et éducateurs ,

qui réfléchit au rôle et à la place des parents dans notre société;

ce sont aussi des publications, des activités de formation, des animations, des services de réponses téléphoniques,

des consultations, des recherches, une documentation... et cette collection

de livres.

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