LES NOTES 02 DE L’AdCF · naux dans la définition d’une stratégie d’animation économique...

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Concentration de l’emploi dans les établissements à l’échelle des intercommunalités La présente publication constitue la deuxième note d’une série de dix visant à apporter des éléments d’éclairage sur le profil et le dynamisme des tissus productifs des communautés et métropoles françaises. Après l’analyse du degré de concentra- tion/fragmentation du tissu d’entreprises à l’échelle des inter- communalités françaises, cette nouvelle note porte sur le degré de polarisation de l’emploi dans les différentes strates d’entre- prises. Pourquoi analyser le degré de concentration de l’emploi dans les entreprises ? Parce que cette approche, complémentaire de celle déployée dans la première note à l’échelle des établissements, permet d’appréhender plus finement les forces de concentration de l’emploi dans le tissu économique des intercommu- nalités et de mieux apprécier les risques qui pèsent sur celles-ci en cas de défaillance ou de départ de leurs plus grandes unités productives. Cette analyse offre des clés de lecture utiles pour les décideurs intercommu- naux dans la définition d’une stratégie d’animation économique locale. En fonction du niveau de concentration et/ou d’atomisation de l’emploi au sein des établissements, les modes de dialogue avec le monde économique seront extrêmement variables. Tout comme l’enjeu d’une mise en réseau des entreprises dans différents contextes (clusters, clubs, groupements d’employeurs) ne se posera pas dans les mêmes termes. En fonction des seuils sociaux, des consi- dérations sur le lien fiscal entreprise-territoire pourront aussi entrer en ligne de compte : participation des employeurs à l’effort de construction (ou « 1 % logement » destiné aux salariés) pour les entreprises de 20 salariés et plus, appartenant au secteur privé non agricole ; versement transport pour les employeurs de plus 11 salariés… À RETENIR Une très forte fragmentation des tissus productifs (en moyenne, 71,1 % des établissements sont des établissements sans salarié). Une France du sud (en dessous d’un axe Bordeaux – Genève) marquée par une forte dispersion de l’emploi dans des petites unités productives. Si le degré de concentration de l’emploi tend à croître en moyenne avec la population des intercommunalités, il n’existe pas de relation absolue entre les deux. Des communautés faiblement peuplées peuvent très bien être marquées par un très haut niveau de concentration de l’emploi comme des grandes peuvent être plutôt frappées d’une forte dispersion de celui-ci. L’Île-de-France, l’Alsace, les Pays de la Loire, la Vallée de la Seine et l’axe Compiègne-Amiens-Abbeville disposent d’une forte densité d’intercommunalités marquées par une concentration élevée de leurs emplois dans des établissements de plus de 500 salariés. Avec le soutien de ÉCONOMIES LOCALES NUMÉRO 02 DE L’AdCF LES NOTES AVRIL 2019

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Concentration de l’emploi dans les établissements à l’échelle des intercommunalitésLa présente publication constitue la deuxième note d’une série de dix visant à apporter des éléments d’éclairage sur le profil et le dynamisme des tissus productifs des communautés et métropoles françaises. Après l’analyse du degré de concentra-tion/fragmentation du tissu d’entreprises à l’échelle des inter-communalités françaises, cette nouvelle note porte sur le degré de polarisation de l’emploi dans les différentes strates d’entre-prises.

Pourquoi analyser le degré de concentration de l’emploi dans les entreprises ? Parce que cette approche, complémentaire de celle déployée dans la première note à l’échelle des établissements, permet d’appréhender plus finement les forces de concentration de l’emploi dans le tissu économique des intercommu-nalités et de mieux apprécier les risques qui pèsent sur celles-ci en cas de défaillance ou de départ de leurs plus grandes unités productives.

Cette analyse offre des clés de lecture utiles pour les décideurs intercommu-naux dans la définition d’une stratégie d’animation économique locale. En fonction du niveau de concentration et/ou d’atomisation de l’emploi au sein des établissements, les modes de dialogue avec le monde économique seront extrêmement variables. Tout comme l’enjeu d’une mise en réseau des entreprises dans différents contextes (clusters, clubs, groupements d’employeurs) ne se posera pas dans les mêmes termes. En fonction des seuils sociaux, des consi-dérations sur le lien fiscal entreprise-territoire pourront aussi entrer en ligne de compte : participation des employeurs à l’effort de construction (ou « 1 % logement » destiné aux salariés) pour les entreprises de 20 salariés et plus, appartenant au secteur privé non agricole ; versement transport pour les employeurs de plus 11 salariés…

À RETENIRUne très forte fragmentation des

tissus productifs (en moyenne, 71,1 % des établissements sont des

établissements sans salarié).

Une France du sud (en dessous d’un axe Bordeaux – Genève)

marquée par une forte dispersion de l’emploi dans des petites unités

productives.

Si le degré de concentration de l’emploi tend à croître en

moyenne avec la population des intercommunalités, il n’existe pas de

relation absolue entre les deux. Des communautés faiblement

peuplées peuvent très bien être marquées par un très haut niveau

de concentration de l’emploi comme des grandes peuvent être

plutôt frappées d’une forte dispersion de celui-ci.

L’Île-de-France, l’Alsace, les Pays de la Loire, la Vallée de la Seine et

l’axe Compiègne-Amiens-Abbeville disposent d’une forte densité

d’intercommunalités marquées par une concentration élevée de

leurs emplois dans des établissements de plus de 500 salariés.

Avec le soutien de

ÉCONOMIES LOCALES

NUMÉRO

02DE L’AdCFLES NOTES

AVRIL 2019

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LES NOTES DE L’AdCF — ÉCONOMIES LOCALES — NUMÉRO 02 — PAGE 02

Un tissu d’entreprises fragmenté, une concentration de l’emploi élevée

Le graphique ci-dessous corrobore et complète les éléments d’analyse produits à partir de l’analyse de la seule structure du tissu d’établissements (cf. Note 1).

Si le tissu d’entreprises français apparaît extrêmement frag-menté (71,1 % de ses établisse-ments sont des établissements sans salarié), le degré de concentration de l’emploi demeure en revanche particu-lièrement élevé : alors qu’ils ne représentent que 1,1 % et 0,05 % du stock des établissements français, les établissements de 50 à 499 salariés et de plus de 500 salariés concentrent res-pectivement 36,4 % et 16,8 % de l’emploi total !

Bien sûr, ce niveau de concen-tration de l’emploi dans les tissus productifs varie sensi-blement d’une strate d’inter-communalité à l’autre. Si la proportion d’établissements de grande taille a plutôt tendance à croître au fur et à mesure que l’on s’élève dans les strates démographiques d’intercom-munalités (cf. également note 1), le degré de concentration de l’emploi tend lui aussi à sen-siblement augmenter avec la population. Alors qu’un peu moins d’un tiers des emplois des communautés de moins de 20 000 habitants est concen-tré dans des établissements de petite taille (moins de 10 sala-riés), seulement 3,2 % de leurs emplois y sont concentrés dans

des établissements de plus de 500 salariés. A contrario, dans les métropoles de plus de 500 000 habitants, seulement 16,2 % de l’emploi sont concen-trés dans des établissements de petite taille (moins de 10 salariés) et plus d’un quart dans

les établissements de plus de 500 salariés. Seules les strates d’intercommunalités de plus de 200 000 habitants disposent d’une proportion d’emplois relevant d’établissements de plus de 500 salariés supérieure à la moyenne française.

CONCENTRATION DES EMPLOIS DANS LES INTERCOMMUNALITÉS PAR STRATES D’ÉTABLISSEMENTS EN 2015 (EN % DE L’EMPLOI ET DES ÉTABLISSEMENTS)

Établisse- ments sans

salariésMoins de 10 salariés De 10 à 49 salariés De 50 à 499 salariés De 500 salariés ou plus

Étab. Étab. Emp. Étab. Emp. Étab. Emp. Étab. Emp.

Moins de 20 000 habitants

73,6 % 22,5 % 31,5 % 3,4 % 34,2 % 0,6 % 31,0 % 0,01 % 3,2 %

De 20 000 à 50 000 habitants

71,2 % 23,6 % 25,1 % 4,3 % 31,3 % 0,9 % 35,9 % 0,02 % 7,6 %

De 50 000 à 100 000 habitants

69,7 % 24,3 % 22,7 % 4,9 % 30,2 % 1,1 % 36,9 % 0,03 % 10,3 %

De 100 000 à 200 000 habitants

70,3 % 23,4 % 19,7 % 5,1 % 27,9 % 1,2 % 37,3 % 0,04 % 15,1 %

De 200 000 à 500 000 habitants

69,4 % 23,4 % 16,4 % 5,6 % 25,4 % 1,4 % 38,5 % 0,07 % 19,7 %

Plus de 500 000 habitants

72,3 % 22,0 % 16,2 % 4,5 % 22,9 % 1,1 % 35,5 % 0,08 % 25,3 %

France 71,1 % 23,1 % 19,8 % 4,7 % 27,0 % 1,1 % 36,4 % 0,0 % 16,8 %

Source : Insee - CLAP Lecture : En moyenne, 22,5 % de l’emploi des communautés de moins de 20 000 habitants est concentré dans des établissements de moins de 10 salariés alors que ces derniers représentent 31,5 % de leur stock d’établissements…

Le degré de concentration de l’emploi tend à augmenter avec la population.

CONCENTRATION DE L’EMPLOI DANS LE TISSU PRODUCTIF FRANÇAIS PAR STRATES D’ÉTABLISSEMENTS EN 2015 (EN % DU STOCK D’ÉTABLISSEMENTS ET DE L’EMPLOI TOTAL)

Source : Insee – Clap Lecture : 71,1 % des établissements français sont sans salariés, 23,1 % des établissements ont moins de 10 salariés et concentrent 19,8 % de l’emploi…

100 %

0 %

20 %

40 %

60 %

80 %

Entreprises sans salariés

Moins de 10 salariés

De 10 à 49 salariés

DE 50 à 499 salariés

Plus de 500 salariés

71,1 %

23,1 %19,8 %

27 %

36,4 %

16,8 %

4,7 %1,1 % 0,05 %

Entreprises Emplois

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Une faible concentration de l’emploi dans les intercommunalités de la partie méridionale de la France

L’approche par strate démographique masque de très fortes disparités entre territoires intercommu-naux que permet de beaucoup mieux révéler l’approche cartographique.

La cartographie du degré de concentration de l’emploi révèle sensiblement la même géographie que celle observée à la lecture de la structure du tissu d’établissements (cf. Note 1). Au nord d’un axe Bordeaux-Genève, se situent de nombreuses intercommu-nalités marquées par un niveau élevé de concentration de l’emploi dans de grandes unités productives, particuliè-

rement dans les Pays de la Loire, en Bretagne, en Île-de-France ou dans les départe-ments de l’Oise, l’Aisne et du Nord et le long du sillon rho-danien (on relèvera cependant que la partie nord de la dia-gonale aride sort du lot avec des communautés plutôt mar-quées par une faible concen-tration de leurs emplois). Au sud de cet axe, des commu-nautés plutôt marquées par

une forte dispersion de leurs emplois dans des établisse-ments de petites tailles.

À titre complémentaire, il est possible d’identifier les com-munautés et les métropoles marquées par les plus forts taux de fragmentation et de concentration de leurs emplois au sein de leur tissu productif. →

L’emploi est davantage dispersé au sud d’un axe Bordeaux-Genève.

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Pour ce qui est de la concen-tration, on relèvera avec intérêt que ce ne sont pas nécessai-rement les territoires urbains qui affichent les plus hauts niveaux de polarisation de l’emploi. On retrouve massive-ment, dans la liste des inter-communalités dont la part de l’emploi concentré dans des établissements de plus 500 salariés est la plus élevée, des communautés de communes au profil plutôt rural et des communautés d’agglomération exclusivement franciliennes. On relèvera que le niveau de concentration de l’emploi peut apparaître extrêmement élevé dans la communauté de com-munes Tille et Venelle (68 %) et la communauté d’agglomé-ration Val d’Europe.

À l’opposé, on remarquera que les communautés qui affichent les plus hauts niveaux d’ato-misation de l’emploi (évaluée ici à la lecture de la part des emplois des établissements de moins de 10 salariés dans l’emploi total), demeurent exclusivement des commu-nautés de communes plutôt peu peuplées et au profil très rural.

Les plus fortes polarisations de l’emploi ne se trouvent pas systématiquement dans l’urbain.

LISTE DES 15 COMMUNAUTÉS DONT LA PART DE L’EMPLOI CONCENTRÉ DANS DES ÉTABLISSEMENTS DE MOINS DE 10 SALARIÉS EST LA PLUS ÉLEVÉE (2015)

Région d’appartenance CommunautésPart des emplois des

établissements de moins de 10 salariés dans l’emploi total

Corse CC du Cap Corse 69,7 %

Normandie CC de Cambremer 68,8 %

Auvergne-Rhône-Alpes CC de la Montagne d’Ardèche 66,0 %

Auvergne-Rhône-Alpes CC du Pays d’Huriel 62,8 %

Corse CC de l’Ouest Corse 62,1 %

Grand Est CC des Paysages de la Champagne 60,7 %

Occitanie CC des Cévennes Au Mont Lozère 60,4 %

Bourgogne-Franche-Comté CC du Pays de Sancey-Belleherbe 60,1 %

Occitanie CC du Pays de Lalbenque-Limogne 58,0 %

Corse CC des Quatre Territoires 57,7 %

Nouvelle-Aquitaine CC du Pays de Duras 57,2 %

Corse CC Nebbiu - Conca d’Oro 56,8 %

Grand EstCC Entre Aire et Meuse - Triaucourt-Vaubécourt

55,8 %

Centre-Val de Loire CC Berry Grand Sud 55,3 %

Nouvelle-Aquitaine CC de Portes Sud Périgord 54,6 %

Source : Insee – CLAP Note : Les communautés sont classées par ordre décroissant de la part des emplois des établissements de moins de 10 salariés dans l’emploi total.

LISTE DES 15 COMMUNAUTÉS DONT LA PART DE L’EMPLOI CONCENTRÉ DANS DES ÉTABLISSEMENTS DE PLUS DE 500 SALARIÉS EST LA PLUS ÉLEVÉE (2015)

Région d’appartenance CommunautésPart des emplois des

établissements de plus de 500 salariés dans l’emploi total

Bourgogne-Franche-Comté CC Tille et Venelle 68,0 %

Île-de-France CA Val d’Europe Agglomération 52,7 %

Grand EstCC du Pays de Rouffach, Vignobles

et Châteaux40,9 %

Grand Est CC de Cattenom et Environs 38,8 %

Bourgogne-Franche-Comté CC Entre Arroux, Loire et Somme 38,3 %

Nouvelle-Aquitaine CC Pays de Nay 38,2 %

Grand Est CC Pays Rhin - Brisach 36,5 %

Île-de-France CA Versailles Grand Parc 33,9 %

Grand Est CC du Canton d’Erstein 33,4 %

Auvergne-Rhône-Alpes CC Combrailles Sioule et Morge 33,3 %

Grand Est CC de la Brie Champenoise 31,1 %

Nouvelle-Aquitaine CC de l’Estuaire 31,0 %

Auvergne-Rhône-Alpes CC des Sources du Lac d’Annecy 30,9 %

Île-de-France CA de Saint Quentin en Yvelines 30,8 %

Île-de-France CA Melun Val de Seine 30,2 %

Source : Insee – CLAP Note : Les communautés sont classées par ordre décroissant de la part des emplois des établissements de plus de 500 salariés dans l’emploi total.

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Des forces de polarisation et de concentration de l’emploi parfois cumulatives

Il est possible (dans certains cas) que les deux forces de polarisation/concentration de l’emploi se combinent, conférant aux tissus productifs intercommunaux un profil relativement diversifié, à savoir potentiellement marqué d’un côté, par une proportion élevée d’emplois concentrés dans des petits établissements et, de l’autre, une proportion également élevée d’emplois concentrés dans des grands établissements ; attestant du fait que ces deux mouvements ne sont pas nécessairement opposés.

La carte ci-contre dresse une typologie des communautés et métropoles établie sur la base du croisement de ces deux tendances à partir d’une mise en perspective de la part des emplois concentrés dans les établissements de moins de 10 salariés et de plus de 500 salariés. De facto, cette typo-logie ne traite que des inter-communalités qui disposent d’un établissement de plus de 500 salariés en 2015, soit 494 communautés et métropoles.

Si l’on excepte les communau-tés non concernées car ne disposant d’aucun établisse-ment de plus de 500 salariés, quatre grandes catégories de territoires se dessinent :— les intercommunalités mar-

quées par une forme de « moyennisation » de leur tissu productif liée à un degré d’atomisation et de concentration de l’emploi inférieur à la moyenne. Au nombre de 82, celles-ci se localisent à peu près par-tout sur le territoire national même si très faiblement dans le grand quart sud-ouest et en revanche assez densément dans sa partie nord-ouest (Pays de Loire, Bretagne et Normandie), la partie nord de la « diago-nale aride » et le long du sillon rhodanien ;

— les intercommunalités mar-quées par une forte concen-tration de l’emploi liée à une faible proportion d’emplois concentrés dans les établis-sements de petite taille et une proportion élevée dans les grands établissements. Au nombre de 95, ces inter-communalités demeurent relativement absentes de la diagonale aride et s’ob-servent fréquemment en Île-de-France, dans les Hauts de France, en Alsace et au travers des métropoles (Rouen, Grenoble, Lyon, Paris, Aix-Marseille, Brest, Bor-deaux, Montpellier, Rennes, Nantes…) ;

— les intercommunalités mar-quées par une forte atomi-sation de l’emploi liée à une forte proportion d’em-plois concentrés dans des établissements de petite taille et une faible polarisa-tion dans ceux de grande taille. Au nombre de 257, ce groupe de communautés demeure de très loin le plus important et renvoie à la structure générale extrême-ment fragmentée du tissu productif français. Très nombreuses donc, ces com-munautés se localisent à peu près partout sur le ter-ritoire national même si plus modérément dans le grand quart nord-est du pays et la Franche-Comté ;

— enfin les intercommunali-tés qui disposent d’un tissu productif affichant une certaine « mixité », c’est-à-dire cumulant à la fois une forte concentration des emplois dans des établis-sements de petite et de grande taille. C’est le groupe le moins important. Au nombre de 60, ces intercom-munalités ne dessinent aucune géographie parti-culière et se localisent un peu partout sur le territoire national. On y retrouve des territoires aussi variés que les métropoles de Nice et Toulon, les communautés d’agglomération du Grand Dole ou du Pays de Quim-perlé ou des communautés de communes comme celles du Grand Figeac, Mirecourt Dompaire, Lèze Ariège, du Grand Villefranchois…

Les intercommunalités marquées par une forte atomisation de l’emploi constituent le groupe le plus important.

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Un tissu d’entreprises très fragmentéL’analyse du degré de concentration/atomisation de l’em-ploi dans les tissus productifs intercommunaux révèle sensiblement les mêmes tendances que celles mises en évidence à partir des établissements (Note 1) en lui appor-tant des compléments.

Tout d’abord, si la lecture des données produites ici confirme bien la fragmentation du tissu d’entreprises français (71,1 % des établissements sont sans salarié), elle montre également que l’emploi demeure malgré tout fortement concentré dans un tout petit nombre de grands établis-sements. Ensuite, au-delà de ce constat général, l’approche à l’échelle des communautés montre également que si la tendance à la polarisation de l’emploi s’accroît en moyenne avec la population des intercommuna-lités (cf. l’approche par strate), il n’est pas possible d’en tirer une loi absolue : effectivement, aucune relation stricte n’a été constatée entre la strate démographique des territoires intercommunaux et le niveau de concentration de leurs emplois. Et enfin, sur le plan géographique, l’ana-lyse de la concentration de l’emploi dessine bien là encore une France coupée en deux1 avec au nord d’un axe Bordeaux-Genève des intercom-munalités plutôt marquées par une forte concentration de l’emploi et au sud sa très forte atomisation. Ce qui tend à montrer que la structure des tissus productifs exerce une influence significative sur le niveau de polarisation de l’emploi dans les territoires.

À partir d’éléments précis sur la structure des tissus d’établissements et la concentration de l’emploi dans les tissus productifs intercommunaux, la note suivante analysera l’évolution de leur orientation économique plus ou moins exposée aux aléas conjoncturels sur le long terme.

ÉLÉMENTS DE MÉTHODELes données mobilisées ici sont issues du fichier CLAP produit par l’Insee. Ce fichier ne permet malheureusement pas de définir les mêmes strates de taille d’établissements que celles établies à partir du Répertoire des entreprises et des établissements mobilisé dans la première note qui portait sur la structure et la dynamique des tissus productifs communautaires.

Nous avons procédé au découpage suivant :

— Établissements sans salariés.

— Établissements de moins de 10 salariés.

— Établissements de 10 à 49 salariés.

— Établissements de 50 à 499 salariés.

— Établissements de plus de 500 salariés.

Ce fichier n’étant publié que depuis 2012, seule l’analyse statique du degré de concentration de l’emploi pour l’année 2015, dernière année disponible, a été réalisée. Les changements intervenus entre ces deux dates n’étant que tout à fait marginaux.

CONCLUSION

1 Cf. Note 1 sur la structure et la dynamique des tissus d’établissements des communautés françaises.

L’orientation économique des intercommunalités : entre profil exposé et profil abrité

À SUIVRE 03NUMÉRO

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Pilotage : Nicolas Portier, délégué général, AdCF / Olivier Crépin, conseiller économie, mobilités, AdCF

Rédaction et cartographie : OPC

Coordination éditoriale : Maxime Goudezeune, AdCF

Création et réalisation : Luciole – Avril 2019

Crédits photo : iStock / Getty Images