Les Musiques du Monde en question : Entre enjeux actuels et ...

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A toi cher Papa«La musique comme la lumière ou la souffrance n’a pas de patrie. Depuis desmillénaires on entend dire qu’elle est la mère de tous les arts (…) Elle est plusforte que les écluses que nous avons construites par ignorance et aveuglémentpour séparer Bach de Fats Waller, Yehudi Menuhin de Ravi Shankar, le prince dulaboureur. C’est la meilleure boussole de nos vies transitoires et c’est aussi lemeilleur apprentissage de la mort. » Nicolas Bouvier dans Le hibou et la baleine

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Avec tout mon respect et du fond du cœur, je tiens à remercier toutes les personnes qui ontpermis l’aboutissement de ce travail :

# A Monsieur ROCHER, directeur de mon mémoire, pour le grand intérêt qu’il a porté àmes recherches, pour ses conseils, pour son accueil et sa disponibilité. Pour la confiance qu’ilm’a accordée, pour son soutien, et pour sa patience à mon égard

# A Monsieur ROCHE, directeur du Master professionnel Stratégies des Échanges CulturelsInternationaux à Sciences Politiques Lyon; A Monsieur BLANCHARD, directeur du Centre desMusiques Traditionnelles et du monde en Rhône-Alpes (CMTRA), pour avoir bien accepté defaire partie de mon jury et de me consacrer de leur temps, pour les séminaires que j’ai suivis aveceux sur le thème des musiques du monde

# A toutes les personnes qui m’ont enrichie du temps qu’elles ont passé avec moi pourrépondre à mes questions (nombreuses… !) et me guider dans mes réflexions :

Monsieur Jean-Pierre SEVIGNY : Musicothécaire, disquaire, libraire, spécialiste demusique populaire et classique à Montréal

Madame Monique DESROCHES : Ethnomusicologue, professeure à la faculté de musiquede l’Université de Montréal, directrice dans cette faculté du laboratoire de recherche sur lesmusiques du monde et responsable de la collection d’instruments s’y rapportant

Annick BEAUVAIS : Musicienne et étudiante en anthropologie, chanteuse, joueuse dehautbois dans deux groupes québécois très appréciés : Syncop et Perdu l’nord

Monsieur Jean BLANCHARD : Musicien (instrumentiste et chanteur), spécialiste desmusiques traditionnelles du centre de la France, directeur du CMTRA

# A Monsieur Bob W.WHITE, pour son séminaire Musique, Monde, Mondialisation que j’aieu le plaisir de suivre à l’Université de Montréal en 2004, pour sa passion si communicative etl’ambiance exceptionnelle de travail, pour son projet internet Critical World ; A mes compèresde classe pour nos débats si animés et si fructueux, pour nos travaux communs ; Auxintervenants extérieurs de ce séminaire autant passionnés que passionnants

# A Maman, mon frère Adrien, Mémène, les membres de ma famille qui me sont proches,qui m’ont aidée comme ils ont pu ; A Jamel ; A mes amis qui se reconnaîtront pour leur soutienet leur présence, qu’elle soit physique ou morale

# Aux musiciens que j’apprécie tant, connus et inconnus, et qui me sont des amis malgréeux, pour l’inspiration que je puise dans leur musique ; A ma harpe celtique Anne que j’ai un peudélaissée ces derniers temps

# A toutes les personnes qui ont croisé mon chemin et qui ne m’ont pas laissée indifférentede par leurs engagements et leurs convictions…

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Jamais l’on ne peut s’avérer entièrement neutre ou totalement objectif dans un écrit, et ce malgrénos efforts. Il apparaît alors essentiel de replacer toute démarche analytique que réalise lerédacteur dans ce qui le lie historiquement ou quotidiennement avec le sujet de mémoire qu’ildécide de traiter. Pour plus de clarté pour mes lecteurs, mais aussi dans un souci d’équilibre entreobjectivité et subjectivité, voici les raisons qui m’ont amenée à m’intéresser de plus près à cesecteur des musiques du monde, que ce soit à propos des enjeux actuels les concernant, ou deleurs perspectives d’avenir.

Cela pourrait sembler assez surprenant, mais j’ai découvert les musiques du monde et lanotion de tradition dans la musique par le biais de l’instrument que je joue : la harpe celtique. Depremier abord, rien ne me prédestinait à me pencher de façon approfondie et passionnée sur cesmusiques. Contrairement à toutes les personnes que j’ai pu interroger dans mes entrevues, je n’aiévolué ni dans un environnement familial de musiciens, ni dans un environnement social ou localqui m’ont marquée de par une quelconque transmission d’un héritage musical. J’ai donc suiviune formation très classique au conservatoire national de musique et de danse de Mâcon (71),dans lequel le passage de la harpe dite celtique à la harpe dite classique est finalement le passageobligé dans une vie normale de l’enfance à l’âge adulte. Par bonheur, je suis restée au stade del’enfance avec ma harpe celtique…

C’est donc par un coup de cœur inexpliqué et inexplicable, en somme, que j’ai persisté àpasser mon Certificat de Fin d’Etudes Musicales sur « petite harpe ». Et ce fut une première,devant un jury quelque peu désemparé, dont les critères de notation ne correspondaient plusexactement à leur grille d’analyse habituelle. La harpe que l’on appelle celtique est en effet uninstrument porté beaucoup plus que la harpe classique sur des répertoires traditionnels ounouvellement traditionnels bretons, irlandais, écossais etc., et sud-américains. Et qui dit tradition,dit aussi improvisation, et apprentissage par l’oralité, ce qui est nettement différencié de laformation appelée classique, qui a ses propres atouts par ailleurs. Par conséquent, c’est commecela que j’ai été particulièrement attentive à tout ce qui se passait musicalement en Bretagne,étant même obligée à un certain niveau de ma formation de me trouver moi-même mon proprerépertoire musical. Je suis partie alors deux étés de suite en Bretagne à Dinan pour participer aufestival international de rencontre des harpes celtiques et aux concours de composition etd’improvisation s’y déroulant.

Il est un harpeur célèbre auquel personne ne peut échapper, il s’agit d’Alan Stivell. Grâce àlui et à d’autres harpeurs innovants comme Myrdhin et Zil, j’ai ouvert mon univers musical des« musiques celtiques » à d’autres horizons. Ainsi, c’est par le biais des musiques celtiques et dece que l’on appelle aujourd’hui de leurs fusions ou métissages, dans le secteur des musiques dumonde, que je me suis penchée sur les musiques berbères, arabes, africaines… Sans oublier lestentatives réussies de métissages à couleur musicale électronique, rock, new age, et mêmetechno ! Depuis, les découvertes sont toujours aussi agréables, parfois surprenantes, dansd’autres traditions musicales. Le monde est, évidemment, vaste et long à découvrirmusicalement.

Mais la découverte du monde m’intéresse aussi dans ses autres dimensions, qu’elles soientéconomiques, politiques, sociales, historiques, juridiques etc. Mes études en classe préparatoireHEC et à Sciences Politiques Lyon en section internationale ont permis de répondre à bonnombre de mes questionnements, et dès que j’ai pu, j’ai participé à des séminaires en rapport

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avec le domaine culturel et musical. Engagée en parallèle dans tout ce qui touche à uneconsommation responsable par le biais de Coméqui, association étudiante pour la promotion ducommerce équitable, j’ai réfléchi à l’industrie musicale et ai rapproché les deux problématiques.Ainsi, je me suis questionnée sur « l’éthique musicale » à travers la coopération culturelle. Petit àpetit, le sujet de travail à propos des musiques du monde, de ses enjeux actuels et de sesperspectives d’avenir, m’est apparu comme un sujet de réflexion essentiel à traiter, et MonsieurJean ROCHER, professeur en économie, a bien voulu me soutenir en acceptant d’être mondirecteur de mémoire.

Pour l’année universitaire 2003-2004, j’ai choisi de la passer en programme d’échangesavec l’Université de Montréal au Canada, afin d’avoir une autre vision à propos de mesréflexions en sciences politiques et à propos du sujet des musiques du monde à l’heure actuelle.Ville nord-américaine particulièrement dynamique et multi ethnique de par les populationsimmigrées qui s’y trouvent, je me suis donc inspirée des enseignements que j’ai pu suivre ensession d’anthropologie, et de par les entrevues et rencontres que j’ai pu y effectuer. Cette annéem’a permis de prendre beaucoup de recul par rapport à mes analyses.

En espérant que ces éclaircissements préalables sur mon parcours musical, mes études, etquelques uns de mes centres d’intérêts auront été utiles et justifieront certains des exemples surlesquels je m’appuie, je vous souhaite une bonne lecture !

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« Ce moyen formidable, cette merveilleuse excuse pour mieux connaître cet« autre » et la société dans laquelle il évolue ».

«Un fait musical ne se définit en effet pas seulement par ses composantesacoustiques et les moyens techniques mis en œuvre dans leur réalisation, maistout autant par sa substance et par ce qu’elle implique, à savoir notamment unensemble cohérent de critères, une fonction sociale et spirituelle, une efficacitépsychologique et éventuellement rituelle attestée, un rôle traditionnellementassigné à ses producteurs et à ses récepteurs, et enfin des modesd’apprentissages et de diffusion adéquats. »

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« Comment définir les musiques du monde ? Elles ne sont ni classiques, nibaroques, pas plus que jazz, rock, R&B ou hip-hop, et ne relèvent d’aucunenomenclature académique créée par la musicologie occidentale. Dire ce qu’ellesne sont pas est autrement pratique, et les tenir à distance permet de ne pas avoirà définir ce qu’elles sont. Elles proviennent « du monde », « d’ailleurs », uneextériorité aux contours imprécis. Elles ne sont pas de « chez nous »,quoique…Certains s’empressent de renforcer l’altérité en les considérant commemusiques du tiers-monde. Mais la notion paraît datée, étroite, et pas assezpolitiquement correcte. Certes ces musiques résonnent de la diversité dessociétés humaines qui ont patiemment élaboré leurs cultures originales, leursexpressions artistiques distinctes. Mais ces cultures, ces identités musicalesvivantes, non reconnues par la « norme » existent aussi « chez nous », avec leurslangues (barbares ?), leurs instruments (exotiques ?), leurs gammes (nontempérées ?). Comment s’y retrouver ? D’autant qu’au-dessus de tout cela planela « world music », évanescent concept formulé par les Anglo-saxons, que la loides marchés pose en prescripteurs uniques de la commercialisation de lamusique. […] »

« …La terminologie des musiques traditionnelles est toujours d’actualité en 2004sauf qu’elle désigne maintenant quelque chose de beaucoup plus précis, ce sontles musiques traditionnelles des cultures minoritaires du territoire françaishexagonal avec la Corse, par différentiation avec les musiques du monde quisont toutes les autres musiques, sauf les musiques savantes et les musiquesindustrielles d’essence européenne. »

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« Musiques du monde, world music, world beat… Tout ça, c’est très complexe !Et musiques traditionnelles également, c’est autre chose… On a souventtendance en français à confondre musiques de monde peut-être plus avecmusiques traditionnelles, alors que world beat et world music en anglaisrenvoient davantage à des musiques à caractère plus populaire. On retrouvemoins des musiques à caractère sacré dans le world music par exemple, on varencontrer des gens comme Manu Dibango dans les musiques du monde. Alorsque dans les musiques traditionnelles, on va rencontrer les tambours sacrés duBénin par exemple, la musique de l’Inde à la Martinique. »

« … Elles sont d’origine ancienne et fidèles à leurs sources dans leurs principes,sinon toujours nécessairement dans leurs formes et leurs occasions de jeu ;Elles sont basées sur une transmission orale de leurs règles, de leurs

techniques et de leurs répertoires ; Elles sont liées à un contexte culturel, dansle cadre duquel elles ont une place et, la plupart du temps, une fonction précise ;Elles sont porteuses d’un ensemble de valeurs et de vertus qui leur confèrent

leur sens et leur efficacité au sein de ce contexte ; Elles sont liées à un réseau decroyances et de pratiques, parfois rituelles, dont elles tirent leur substance et leurraison d’être. … »

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« ... Toutes ces appellations correspondent à des courants de pensées, à desprojets par rapport à des musiques d’héritage. En fait c’est le même matériau. Lemême matériau musical j’entends, la même mémoire musicale, sur laquellesuivant les époques on construit des choses différentes. »

« Le jazz est l’aboutissement (inachevé) d’un long processus d’évolution et detransformation des musiques afro-américaines aux Etats-Unis, sur fondd’antimétissage. Apparu dans les premières décennies du 20ème siècle, ilémerge progressivement depuis la fin du 19ème siècle dans le contexte de

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formation de la société nord-américaine, érigée sur le mode double etcontradictoire du creuset et de l’exclusion. […] Son métissage se poursuitencore, incessant et irréductible à un genre. Il compose avec la samba pour créerla bossa-nova brésilienne, rencontre le calypso et le flamenco, pénètre la salsa etdevient latin-jazz. Il se mêle aussi avec la musique classique : Fats Waller reprendBach et Liszt. Le rock and roll naîtra du mariage de ses sonorités, ses rythmes etses harmonies avec celles du blues et de la country music. De Fats Domino àJimi Hendrix, il inspire ce nouveau genre (dont le rythme écrasant rappelle celuides chaînes industrielles) et le replace dans le jazz-rock. Le jazz s’impose commel’un des axes créateurs de la musiques du 20ème siècle, évoluant d’une positionmarginale à ses débuts jusqu’à sa confirmation comme une des musiques lesplus savantes. » […]

« On ne peut pas dire que les métissages sont nouveaux, mais tout n’est pasmétissé ! Moi je trouve que c’est ça qui est intriguant avec les musiques rituelles,parce que ce sont les espaces musicaux actuellement qui résistent le plus à lafusion et aux métissages. Parce que là on est dans une autre logique, on est dansune logique de communication, on est plus dans une logique horizontale,transversale, de fusion ou de métissage, on est dans une logique verticale demembres aux divinités, et ça se fait à l’intérieur d’un langage d’esprit. Et chaquegroupe a sa verticalité, et là le mélange se fait beaucoup moins. Donc toutes lesmusiques ne sont pas métissées. Il y a de fortes tendances, c’est sûr, mais lesmusiques rituelles, certaines musiques savantes indiennes, chinoises ou autressont des espaces musicaux qui résistent assez bien à cette tendance. »

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« …La musique cubaine, la musique brésilienne vendent encore beaucoup. Lamusique celtique, un petit peu moins au Québec que dans le reste de l’Amérique.Mais dans le reste de l’Amérique comme aux États-Unis, c’est la musique celtiquequi est le plus gros vendeur dans les musiques du monde dans le billboard que jet’ai montré. Il y a aussi les musiques arabes. Montréal comme Paris est quandmême un centre de la diaspora. Rachid Taha quand il vient ici ça marche toujoursbien pour lui! »

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« Je finirais par dire que la musique est un art mais c’est aussi une industrie. Ona souvent tendance à l’occulter mais il ne faut pas perdre ça de vue. »

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Guadeloupe, à la Réunion et à Maurice pour prendre la relève de la main d’œuvrenoire quand l’abolition de l’esclavage a été votée en 1848 aux Antilles françaises.On a fait venir ces immigrants, qu’on appelait à l’époque des engagés du sud-estde l’Inde, parce que la France avait des comptoirs d’échange dans le sud-est del’Inde. Les maîtres planteurs se sont retournés vers la métropole pour lesautoriser à recruter une main-d’œuvre cheap labour, à bon marché, qui venaitsous contrat de trois à cinq ans pour travailler dans les plantations sucrières del’île. Et c’est comme ça qu’à la Martinique entre 1853 et 1883, cette courte périodede trente ans qu’on appelle l’immigration réglementée, sont venus s’installer à laMartinique vingt cinq mille Indiens. Et ils étaient cinq fois plus nombreux à laGuadeloupe. Mais de ce nombre, il n’en reste plus que cinq mille à la Martinique.Pourquoi cette chute drastique au plan démographique ? C’est que beaucoupd’Indiens sont décédés pendant même le parcours de l’Inde à la Martinique.C’étaient des conditions épouvantables, c’étaient des gens qui partaient déjàsouvent affamés, malades, qui en fait désertaient l’Inde avec de sérieuxproblèmes économiques et humains. Et rendus ici, certains sont morts aussi surplace, et d’autres se sont mixés avec les Créoles. Si bien que aujourd’hui, enprenant en compte les retours, mais quand même très peu, en Inde, la populationde descendance indienne aujourd’hui est évaluée à environ cinq mille à laMartinique et vingt cinq mille à la Guadeloupe. »

«Ce sont des poèmes chantés, pour la plupart écrits par des soufis, suscités parce qu’on appelle ilhâm, c’est-à-dire une inspiration soudaine de Dieu. L’ilahija estun hymne, un chant glorifiant Dieu et incitant à l’obéissance et à l’abandon à Savolonté. Thématiquement, il exprime les qualités divines et parle d’une façon devivre qui soit aussi parfait que possible. »

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« …Là où certains redoutent l’uniformisation, je vois au contraire vibrer unmonde plus divers, plus ouvert, plus tolérant. Je vois esquisser une société nonpas monocorde, monoculturelle, mais plurielle, colorée, métissée. Une société oùles cultures apprennent à se rencontrer et à se mélanger avec le bonheur. Partout

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dans le monde on voit croître la demande de productions locales. Le cas de lamusique, pour cela, est exemplaire : pour l’année 2000, les plus gros succèsaméricains sont aux États-Unis, anglais en Angleterre, sud-américains enAmérique du Sud. Le disque français a, l’an dernier, occupé 60% du marchéhexagonal, alors même que la musique française ne représente que 40% despassages radio. […] Défendre la diversité culturelle, c’est permettre à chacun dejouir de sa propre culture et de s’ouvrir à celle des autres. La diversité culturellen’est pas la juxtaposition hermétique de revendications identitaires plus oumoins nationalistes. Elle reflète la vitalité de sociétés de plus en plus métissées,de patrimoines revisités, de créations à racines multiples. Ce métissage, on leconstate déjà dans les faits. Que Faudel, Khaled et bien d’autres soient devenusdes vedettes extraordinairement populaires n’est pas un épiphénomène. C’est lesigne d’une mixité croissante des cultures, un pont lancé entre la France et leMaghreb (et pas le moins solide), un facteur d’intégration plus signifiant qu’il n’yparaît. A l’intérieur même de nos frontières, les frontières s’estompent. Et cemétissage prend, partout dans le monde, des visages multiples. Le Sénégal,après avoir importé le rap, l’a totalement « sénégalisé » et en a fait l’une desformes les plus actives et contestataires de l’expression politique locale. Dans unautre genre, la musique de Youssou N’Dour, fruit d’influences croisées, débordetrès largement des frontières de l’Afrique, et même de l’Europe. Quant à lamusique électronique née à Détroit, elle a donné naissance, grâce aux DJfrançais, à la « French touch » sur laquelle on danse maintenant… à Détroit. […]L’horizon pour les générations à venir ne sera ni celui de l’hyper-dominationaméricaine ni celui de l’exception culturelle à la française, mais celui de ladifférence acceptée et respectée des cultures. […] Et pour notre part, l’ambitionque nous nous sommes fixée tient dans un critère simple : j’estime que VivendiUniversal aura réussi si, dans les années qui viennent, nous sommes identifiés,parmi tous les groupes concurrents, comme celui qui incarne et symbolise lemieux cette diversité culturelle, née en Europe, et à laquelle le monde aspire. »

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« Selon une vision simpliste, l’Africain joue ainsi du tambour –il a ça dans lesang- ; l’Indien des Andes affectionne les mélopées éoliennes et sentimentalesde la flûte de roseau ; le Tsigane, lui, sait nous émouvoir avec les mélismes deson trop-plein d’âme ; et l’Oriental se plaît, pour sa part, à manifester sonpenchant mystique en d’interminables improvisations aux propriétéshypnotiques. Indépendamment de leur talent, qui n’est pas à mettre en doute, lesuccès qu’ont connu des artistes comme les Tambours de Guinée, LosCalchakis, Gheorghe Zamfir, ou Ravi Shankar, pour ne citer qu’eux, ne s’expliquequ’à partir de ces clichés. Certaines musiques s’exportent ainsi mieux que

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d’autres car elles correspondent aux attentes de leurs nouvelles audiences. Aurisque de fournir une idée partiale ou partielle, voire franchement fausse, d’uneculture, d’un peuple ou d’une civilisation entière, elles contribuent du moins àconforter l’image rassurante que d’aucuns se sont créée –et qu’ils désirentconserver- d’une région du monde et de ses habitants. »

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« Le niveau de PIB par tête est fortement corrélé à d’autres indicateurs dedéveloppement, accès à l’eau, à l’éducation, à la santé ou encore auxtechnologies de l’information et de la communication. […] Diverses fractures,numérique, sanitaire, éducative, suivent donc la fracture du revenu. »

« Un autre truc qu’on sait faire à merveille, c’est piller la culture des Noirs. On larécupère, on la passe au mixeur et, hop!, nous en voilà propriétaires. Il n’y a qu’àvoir ce qu’ont fait Benny Goodman, Elvis Presley, Lenny Bruce, etc. A Détroit,Tamla Motown a réinventé le rythm and blues avant d’être appâté par les lumièresde Los Angeles et passé à la blanchisseuse. Le rappeur blanc Eminem avouelui-même tout ce qu’il doit à Doctor Dre. Les Backstreet Boys et les N’Sync nesont que de pâles copies (c’est le cas de le dire) de Smokey Robinson and theMiracles, des Temptations et des Jackson Five. Ce sont les Noirs qui créent, etc’est nous qui empochons les royalties… »

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« Très souvent on a besoin de l’autre pour se faire valoir. Regarde, nous on aconnu ça dans les années 60 au Québec. Ce qu’on appelait les chansonniers, desgens qui composaient leurs chansons et qui s’accompagnaient à la guitare, cesont des gens qui étaient plus ou moins connus et méprisés ici. On préférait lerock dans les années 50. Et ces gens-là sont allés en France, comme FélixLeclerc, Claude Léveillée, Gilles Vigneault, et ont fait un tabac comme on ditlà-bas, et quand ils sont revenus ici chez nous, ils étaient nouveaux, ils étaientforts et fiers de cette reconnaissance à l’extérieur, pour se faire intégrer au milieulocal. Mais là cet extérieur pour moi c’est le milieu touristique, c’est ce quej’appelle le milieu neutre. C’est à la fois du local et du neutre, c’est de l’extérieuren tous cas. »

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« Mais lui s’inscrit dans une logique commerciale, comme d’autres vont venir surle terrain pour enrichir les musées. Moi c’est pas du tout dans cet esprit-là. C’estpour ça que je te disais tout à l’heure que j’ai pas une étiquette commerciale. Ontravaille aussi sur une base locale. On veut diffuser, savoir, mais en travaillantavec les partenaires locaux. Bon, l’autre soir tu parlais d’une musique équitable.Et ça m’a beaucoup fait réfléchir ce que tu as dit, parce que finalement, je me dis,est-ce que c’est pas ça sans qu’on ait mis, nous, l’étiquette équitable. Est-cequ’on cherche pas à faire ça, nous ? Par exemple moi je paye les musiciens quej’ai enregistrés à Madagascar. Je les ai payés. Par contre, j’aurais pas fait ça pourdes musiciens que je connais depuis quinze ans, qui ne m’ont jamais demandéun travail, mais s’ils ont besoin d’un transport, que j’héberge la famille, ou que jedonne des sous à l’enfant pour aller à l’école, je vais le faire comme ça. Donc il ya du troc qui se fait. Mais c’est pas dans une optique marchande, moi j’ai jamaistravaillé dans cet esprit-là. Peut-être qu’un jour j’aurai à le faire, mais ça signifieque autour des musiques du monde, tout n’est pas que dans les mains descommerces, et des grandes industries culturelles etc. Il y a des petits laboscomme le nôtre qui fonctionnent bien, mais dont la diffusion est limitée, maisc’est un choix que nous avons fait. C’est ce qui nous guide dans notredémarche. »

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« La fabrication et la vente des instruments servant à reproduire mécaniquementdes airs de musique qui sont du domaine privé ne constituent pas le fait decontrefaçon musicale […]. N’estredevable de droits d’auteur que la seulereprésentation publique d’automates, pas leurs représentations privées. »

« Considérant que les disques ou cylindres sont impressionnés par un style souslequel ils passent; qu’ils reçoivent une notation graphique des parolesprononcées; que la pensée de l’auteur interprétée y est comme matérialisée en demultiples sillons, puis reproduite par milliers d’exemplaires de chaque disque oucylindre, et répandue au-dehors avec une écriture spéciale, sans doute lisibledemain pour les yeux, et dès aujourd’hui mise à la portée de tous par les sons;que, grâce à cette répétition des paroles empreintes, l’intelligence de l’auditeurest pénétrée de l’œuvre musicale comme elle l’eût été avec un livre par la vue, ouavec la méthode Braille par le toucher. »

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« […] Until recently, perhaps the last ten or fifteen years, Irish traditionalmusicians did not need to worry about where a tune came from. Both the 'ancient'tunes handed down for generations and the new one composed last week wereavailable for the creative pursuit of interpretation. Tunes learned directly fromindividuals, from recordings or from tune books were treated in the same way.Copyrighting tunes may not change this. Jazz musicians re-create "I Got Rhythm"in performance despite its copyrighted status. My discussions with Jazzmusicians indicate that the fact that a tune is copyrighted doesn't stop it frombeing re-invented in a jam session. The difference in Ireland is that IMRO iscollecting fees from bar owners for traditional sessions and sending out spies tosee if they are playing copyrighted tunes. This has created the atmosphere of fear[…] »

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« La marché français du Cd audio a connu un net repli en 2003. La France a subi,à son tour, les effets d’une récession qui affecte l’industrie mondiale du disque.Les producteurs phonographiques ont largement fait état du délitement de leursituation économique à l’issue d’un processus récent de transfert des industriesde contenus vers les industries de réseaux. Cette évasion financière s’est opéréepar le truchement d’un redoutable détournement des contenus musicaux mis enplace par la vulgarisation des systèmes de téléchargement. De nombreusesétudes ont montré que la décroissance du marché de la musique et le nombred’utilisateurs de réseaux P2P sont corrélés d’autant plus que le marché du cdaudio est porté majoritairement par les variétés et les nouveautés et qu’il y aidentification des classes d’âge entre les différents modes de consommation :nouvelles technologies et musiques de variété. Ce n’est pas un des moindresparadoxes de relever l’asymétrie d’utilité du développement du haut débit auregard, d’une part, du taux de pénétration et d’équipement des ménages, et,

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d’autre part, des modes de consommation générés. La gratuité d’accès auxœuvres est d’ailleurs présentée, fort habilement, comme une évolution naturelled’un mouvement consumériste, libéré des carcans industriels et commerciaux,alors qu’il s’agit d’une consommation d’un bien collectif sans contribution à sonfinancement. »

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« …Les secteurs du vêtement, de la santé, de l’alimentation, des loisirs, del’habitat et des transports sont tout aussi « culturels » que les secteurs del’édition ou du film. Ils font tous l’objet d’une industrialisation et d’uneglobalisation des marchés. Ils doivent être pris en compte dans une analyse de lamondialisation du marché de la culture »

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« ``Cultural `` commodities are different from other commodities (a bale of cottonor a sack of rice, for example) because at some level they embody the culturalidentity of the producer and it is often on this basis that they are sold. Products inthis category contain more than just the results of human labor; they alsoembody individual human ideas, insights, and creativity. » […] « Music, unlikeother commodities, constantly reminds us of who made it. When we listen, weimagine not only the singer’ worlds, but also the singer. »

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« How Musical is Man? made bold and sweeping assertions on sometimes ratherslender evidence, and occasionally none at all, about the innate musicalcapacities of humankind, which reflected Blacking's belief that inherent musicalability is a defining characteristic of being human. This fundamental quality ofbeing human, he argued, is systematically stifled in the West by elitistconceptions of music, which arbitrarily set standards of musical competence thatinhibit the general participation in artistic creativity of which we are all capable.The world would be a better place, he thought, if like the Venda we were all ableto communicate unself-consciously through music. »

« L’expression musicale n’est pas un mode d’expression auquel manquerait laparole ou l’écriture, mais un effort d’anticipation du vécu sur le non-encore vécu,une virée hors de soi »

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« La musique a le pouvoir de modifier profondément et selon plusieursdimensions la conscience qu’on a de soi-même par rapport à soi-même et desoi-même par rapport au monde »

« Donne-moi la flûte et chante, La musique est le secret de la vie Et le murmurede la flûte restera après la disparition de l’existence… »

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« …Les caïds des bidonvilles et leurs bandes se font une joie de détruire tout cequi peut représenter une alternative, voire un contre-pouvoir face à leurorganisation mafieuse… »

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« Les marchés d’exportation sont détenus à 82% par les 20% les plus richescontre 1% pour les 20% les plus pauvres, les investissements directs étrangers à68%, les dépenses de recherche à 95%, et les lignes téléphoniques à 74% par les20% les plus riches, contre 1% pour chacune de ces catégories par les 20% lesplus pauvres » « De plus, ces différences s’accentuent : l’écart entre les 20% lesplus riches et les 20% les plus pauvres était de 3 contre 1 en 1960 et de 74 contre

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1 en 1997 »

« Nous ne demandons pas de charité. Nous ne sommes pas des mendiants.Payez-nous un prix juste et nous n’aurons plus besoin de votre aide » 94

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« Encourager la production et le développement des produits fondés sur lerespect des traditions culturelles des producteurs et l’utilisation de ressourcesnaturelles. » « Promouvoir les connaissances artistiques, l’utilisation detechnologies et les schémas d’organisation des producteurs afin de conserver etdévelopper leur identité culturelle. »

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« Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante luiassurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine »

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« …Bon, l’autre soir tu parlais d’une musique équitable. Et ça m’a beaucoup faitréfléchir ce que tu as dit, parce que finalement, je me dis, est-ce que c’est pas çasans qu’on ait mis, nous, l’étiquette équitable. Est-ce qu’on cherche pas à faireça, nous ?... »

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made and when and how it can be sold. If artists are willing to act together thereare extraordinary opportunities both creatively and commercially. Therelationship of artist to the business has most been one of contract andservitude. We believe the way forward must be a partnership in which the artistcan take a much bigger role in how their creations are sold, but also have thechance to stand at the front of the queue when payments are made instead of thetraditional position of being paid long after everyone else. Four years ago Ico-founded (and am now a shareholder in) a digital downloading service withCharles Grimsdale, called 0D2. I got involved because I thought there wereinteresting opportunities and I wanted to have access to digital delivery both formy work and for all the artists on Real World Records. Although 0D2’s initialfocus was the Independents, we are now Europe’s number one digital distributorfor music working with all five majors and are about to launch in Australia andAsia this year. We are determined that we should try and take advantage of thissituation and help transform the music business in such a way that artists are onlevel terms with record companies, receive fair payments and have newopportunities to be their own retailer when they choose. »

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« Nous continuons de parler de la mondialisation en des termes vagues et

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dualistes, comme une série de mauvaises choses arrivant à des gens bien.Comment peut-on raconter l’histoire de la mondialisation sans invoquer lesformules fatiguées de l’angoisse ni se livrer à la négligence de la célébration?(Feld 2000). Quelle est la couleur de cette mondialisation? Quel son produit-elle?Une manière de répondre à ces questions est de les observer par le prisme duphénomène mondial de la world music. »

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«… Au 15ème siècle, par exemple, les nomades qui transportent avec eux, depuisl’Inde, une très forte tradition musicale, deviennent les musiciens traditionnels del’Europe centrale. Leur rencontre avec la musique populaire hongroise, donneranaissance au genre tzigane. C’est du même type de jeux d’influences mutuellesentre traditions musicales gitanes et musique populaire andalouse que vient leflamenco. On peut aussi rappeler brièvement l’extraordinaire foisonnement denouveaux styles musicaux issus des croisements entre les musiques des

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esclaves africains déplacés vers le Nouveau Monde et celles de leurs maîtrescolons : blues, jazz, tango, biguine, mambo, chacha, samba… »

« On ne peut pas dire que les métissages sont nouveaux, mais tout n’est pasmétissé ! Moi je trouve que c’est ça qui est intriguant avec les musiques rituelles,parce que ce sont les espaces musicaux actuellement qui résistent le plus à lafusion et aux métissages. Parce que là on est dans une autre logique, on est dansune logique de communication, on est plus dans une logique horizontale,transversale, de fusion ou de métissage, on est dans une logique verticale demembres aux divinités, et ça se fait à l’intérieur d’un langage d’esprit. Et chaquegroupe a sa verticalité, et là le mélange se fait beaucoup moins. Donc toutes lesmusiques ne sont pas métissées. Il y a de fortes tendances, c’est sûr, mais lesmusiques rituelles, certaines musiques savantes indiennes, chinoises ou autressont des espaces musicaux qui résistent assez bien à cette tendance. »

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« …Par exemple pour le flamenco aujourd’hui, tu peux avoir duflamenco-celtique, du flamenco-indou, du flamenco-rap, du flamenco-techno…Tupeux avoir n’importe quoi!... »

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«… La sociologie des villes opère les premiers métissages. Les cultures secôtoient, s’entrecroisent dans ce terrain privilégié de leurs relations, de leursconnivences. Loin du village, la ville impose la pluralité des traditions. Si lesracines gardent leur charge symbolique, la réalité culturelle au quotidien desvilles n’est faite que de confrontations. Les médias en sont les premiers vecteurs.Grâce à leur médiation, la ville devient le module interface permettant d’accéder àla dimension internationale. Sorte de monstre communiquant avec ses strates etses réseaux, elle est nourrie d’utopie planétaire et donne à vivre au créateurl’illusion d’un temps universel qui réglerait la marche du monde. La ville est tourà tour le lieu du rêve d’ailleurs, celui de l’évocation nostalgique d’une « pureténaturelle perdue », et l’espace où se digèrent, se concentrent les impressions, lescarnets de voyages ».

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« Je pense d’abord que Youssou n’Dour est quelqu’un d’intelligent (rires) ! Enfait, chacune de ces versions correspond à des habitudes d’écoute différentes.La version internationale, c’est comme la version doublée d’un film ; elle est plusadaptée au public concerné. La question de la diffusion entre aussi en jeu. Unesuperproduction faite pour le Cd ne passe pas bien en cassette. Dans cesconditions, il est préférable d’enregistrer quelque chose qui passera mieux sur cesupport, lequel est majoritaire en Afrique. »

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« Il y en a encore qui se déplacent. Mais je dis que le tourisme joue le même rôleque ce que joue l’international, pour certains genres en tous cas. Pour expliquerla renaissance qui passe parfois par le tourisme. On a souvent tendance àregarder de haut ces musiques-là, à les mépriser. Je suis d’accord que beaucoupde musiques touristiques sont doudoumisantes, folklorisées, inintéressantes,redondantes etc. Mais il y a le marché mondial de la musique touristique. Maisd’un autre côté ça met aussi en valeur du patrimoine local. Là on est dans dulocalisme culturel et dans sa mise en valeur. On choisit l’espace touristique parceque l’espace vivant n’en veut plus, le milieu d’accueil souvent a rejeté cetteforme-là. Donc on passe par le tourisme, et une fois qu’on est reconnu dans letourisme, peut-être que là dans le milieu local, ou on continue à les mépriser, àles rejeter, ou alors on les accepte, comme on a accepté certains genres qui sont

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passés par l’international. »

« Et bien là c’est intéressant parce que l’espace touristique justement sert à uneforme de revalorisation du groupe tamoul qui était méprisé par la populationlocale. Parce qu’on les a vus pendant longtemps comme des voleurs de jobs,c’est-à-dire c’est eux qui permit la survie d’un système de plantation dont lesnoirs essayaient de se débarrasser en refusant de travailler dans la plantation, lamonoculture, le système de transplantation. Or les tamouls en venant prendre larelève de la main d’œuvre permettaient le maintien de ce système-là. Et leurvenue aux îles, autant elle était la bienvenue pour les maîtres planteurs, autantelle posait des problèmes avec la base, avec les créoles qui étaient là, lesdescendants d’esclaves africains. Donc leur situation était difficile au plan social.Et là où se pose la question touristique, c’est de mettre en valeur des éléments deleur patrimoine. Mais comme leur patrimoine était très restreint, c’étaient souventdes tambours cycliques pour appeler les esprits, à base de sacrifices d’animaux,et c’était souvent une musique redondante parce qu’elle menait à l’univers de latranse. Donc ils veulent maintenant redorer leur image au sein du groupe créole,ils ont choisi entre autres l’espace touristique mais en offrant aussi au touristel’équivalent d’une musique qui restait peut-être plus de leur ascension sociale.Car depuis qu’ils sont entrés aux îles, ils ont travaillé très fort, et maintenant ilsont grimpé dans l’échelle sociale si bien qu’aujourd’hui ils sont devenus desmaîtres d’écoles, des avocats, des hommes d’affaire... Et comme tu sais, en Indeselon ton statut social, tu appartiens à telle caste, tu dois prier tel Dieu, tu doistoucher à tel instrument etc. Donc eux ils ont grimpé dans l’échelle sociale où n’ya plus de systèmes de caste comme en Inde. Certains Martiniquais d’origineindienne sont retournés en Inde, d’autres sont allés à Trinidad, d’autres sont allésà la Réunion. Et là ils sont revenus avec des tamlas, avec des cithares, avec desbajams qui sont des chants dévotionnels, avec des petits harmoniums, et ilscommencent à jouer là-dessus. Pour eux, c’est tout un nouveau répertoire,souvent associé à des castes supérieures à leur caste d’origine. Et là ilscommencent à porter le sari qu’on ne voyait jamais il y a dix ans, donc des saristrès somptueux avec des couleurs extraordinaires. Et comme la femme indiennedemeure toujours une très belle femme avec les cheveux lisses, alors que lescréoles les ont souvent crépus, on joue beaucoup sur la beauté de la femmeindienne, on joue sur la beauté de la musique indienne, sur la diversité récente deson répertoire, et à travers les musiques touristiques, qui est un milieu que moi jeconsidère neutre. C’est toujours plus facile pour un groupe qui avait pas ledessus d’une société, qui était au contraire méprisée, de passer par cette filièrede musique-là pour se faire valoir. En fait les musiques touristiques sont unfaire-valoir pour ce groupe-là. Et là les créoles les regardent et finalement sedisent « C’est pas si mauvais ce qu’ils font ! ». Je suis allée à un festival créole enjuillet et on a intégré les hindous à leur festival. Tu vois que le passage destouristes permet souvent des perméabilités au plan social qui auraient étéautrement difficiles. »

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« C’est évident que le spectacle touristique vaudou ne sera pas le même que leurcérémonie qui va durer huit heures, alors que leur spectacle va durer de, disons,de neuf à dix heures le soir. C’est déjà des espaces limités, on ne peut pas sepermettre vraiment de rentrer en transe, alors c’est sûr qu’il y a du reformatage,mais nous on va parler quelle authenticité ? L’authenticité du spectacletouristique, tel que le tourisme l’exige ? Ou alors est-ce qu’on sort du vaudou, onsait bien qu’on est plus dans le vaudou, on fait une allusion à. Alors c’est sûr quepar rapport aux cérémonies religieuses, c’est inauthentique ! Mais c’est comme sion disait on va acheter, moi près de chez moi, il y a des meubles qui sont descopies d’antiquité. On dit « Ce sont des vraies copies ! ». J’aime beaucoup leterme de « Vraies copies ». On sait qu’on va acheter des copies, mais il faut quela copie soit fidèle. Alors tu vois déjà on est dans une autre authenticité, on estdans l’authenticité du copiste. On est dans l’image du vrai. Mais par contrequelqu’un qui ne respecte plus ce qui était l’original, il est aussi copiste quel’autre, mais on va dire « C’est un faux copiste ! ». L’autre, c’est un « vraicopiste ! ». On est dans la copie, mais on est pas dans la même authenticité. »

« Là ça va être la recherche qui va le démontrer. Comment il arrive à désacraliserun espace qui était autrefois sacralisé ? Mais de la même manière, on peutchanter une berceuse sans avoir un enfant dans ses bras ! Ou de même pour leshymnes nationaux, sans que ça soit le jour de l’anniversaire du pays. Là c’est unefolklorisation, c’est-à-dire qu’on a détaché une expression musicale de safonction première. Mais le reformatage touristique répond à une autre logique,donc il faut plus fonctionner avec la même logique. Alors à mon avis, le problèmequ’on peut poser, c’est est-ce que l’authenticité de l’objet musical doit plusrépondre à la musique elle-même, ou à son lieu d’accueil, touristique oucérémoniel par exemple ? Mais je trouve que le spectacle touristique est dans lamême logique que l’artisanat. On est pas dans l’art, on est dans de l’artisanat ».

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« Pour les musiques que je défends, je ne demanderais rien en particulier. Mais leproblème fondamental, et grave, c’est le problème du statut des artistes.Globalement, le statut des artistes dont l’histoire a voulu qu’ils aient un statutspécifique d’allocations chômages, toutes formes artistiques de spectaclesdisons confondues, et dont on sait bien que ce dispositif est destiné àdisparaître, on sait bien que les forces politiques actuelles proches dugouvernement veulent, malgré les belles paroles, que ce système disparaisse. Etlà ça ne sera pas seulement les musiques traditionnelles ou du monde qui sontdéjà touchées, mais ça sera toutes formes d’expression de spectacle vivant. Eton en arrivera à des situations telles qu’on peut les connaître en GrandeBretagne, pour lesquelles on est à des degrés ultimes du libéralisme où il y a trèspeu de gens qui sont des musiciens et très peu qui sont professionnels parcequ’il n’y a aucun moyen sauf pour ceux qui ont atteint un certain stade denotoriété, car il y a aucun moyen de vivre de ça, surtout dans l’expressionculturelle minoritaire. Donc il faut concilier le métier de musicien, et un autre.C’est ce qui va arriver en France. En fait à ta question posée, je n’attends aucunemesure de ce gouvernement qui jusqu’au bout n’aura de cesse de démolir lesystème, bon qui certainement est perfectible comme tout le monde le sait depuislongtemps, mais ce gouvernement ne veut le voir que disparaître. Bien sûr endisant le contraire, comme tout gouvernement. »

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« On retourne à la question de l’identité. L’identité d’un groupe humain est unenjeu pour un pouvoir politique, toujours. Soit à l’intérieur d’un état où il y aplusieurs identités donc c’est toujours des conflits, donc très peu de pays quiarrivent à faire en sorte que des minorités fortes trouvent leur place au bonendroit. En général il y a toujours un conflit d’expression culturelle qui traduitl’expression d’un conflit politique entre une minorité forte et la culture globaledans un état. C’est comme ça. Il y a très très peu d’exemples où ça se passe bien.Je crois que le mot conciliable n’est pas approprié. Ce qu’on sait, c’est que cesont les pouvoirs politiques qui secrètent leur rapport aux expressionsculturelles et qui les utilisent, qui en jouent. On a bien vu, prenons un exempletragique, dans les années 90 dans l’ex-Yougoslavie on a bien vu l’utilisation descultures musicales comme arme de guerre, donc avec les serbes qui ont inventéle turbo folk qui était la version moderne des répertoires, prétendus serbes, avecdes paroles d’une violence totale à l’encontre des bosniaques et des croates etdes kosovars. Donc c’est le stade ultime de la manipulation identitaire par unpouvoir politique très vilain en l’occurrence. Mais il y a toutes les nuances. Cecidit, les formes d’expression de musiques du monde ou populaires sont trèssouvent dans les mains de communautés culturelles, à l’intérieur d’un état, quitrouvent le moyen pour faire passer leur musique hors des cadres étatiques, engénéral. »

« Alors attention. Il y a une petite erreur. Le fado au Portugal oui ça a étél’instrument identitaire du régime précédent, du régime de Salazar, avec AmaliaRodrigues comme outil représentatif dans sa perfection du Portugal éternel engros. Mais par contre le flamenco n’a pas été approprié de manière étatique,absolument pas! C’est je dirais même à contrario un objet de profonde fureur dela part des espagnols d’Espagne quand tu enlèves les identités des régionsautonomes, l’Andalousie en est une d’ailleurs. Pour les espagnols castillans le

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fait que l’Espagne soit de manière internationale assimilée à la culture flamenco,c’est la honte! La culture flamenca c’est la culture d’une minorité qui souffre deségrégation de la part des espagnols. Je parle en termes généraux. Il fautconnaître l’histoire, ce sont des siècles et des siècles de xénophobie espagnole àl’encontre des gitans qui sont passés par des périodes de très grande dureté. Ilsn’avaient pas le statut d’êtres humains. Donc ce n’est pas la société espagnoledans son ensemble qui défend le flamenco, ce sont des intellectuels, ce n’est pasdu tout le commun des mortels. En tous les cas le flamenco c’est une musique degitans. On peut quand même faire l’effort en France, on a des communautéstziganes depuis le 15ème siècle, comme en Espagne, des Tziganes qui sontvenus à différentes époques, qui ont suivi des circuits très différents. Mais uneseule forme d’expression musicale tzigane est reconnue en France, enfin deuxsont reconnues maintenant historiquement, mais toutes les autres sont rejetées,le swing de culture manouche, et la rumba catalane, et elles ont été connues pardes biais différents. Le premier par les milieux du jazz d’après-guerre, et puis lesecond par la machine musiques du monde des années 80-90 en France. Ettoutes les autres expressions sont rejetées en France. Et je dirais pour lamusique swing, donc guitare swing manouche c’est « Ce fabuleux joueur deguitare jazz », c’est pas le tzigane. Et pour les joueurs de rumba, c’est « Cefabuleux joueur de flamenco ». C’est drôle, parce que ce qu’ils jouent ce n’est pasdu tout du flamenco, c’est de la rumba. Chacun se débrouille avec ses racismeset ses xénophobies. C’est quelque chose de très complexe. M’enfin ceci dit,comme on a expliqué la réappropriation étatique des musiques populaires etnomades, tout gouvernement dictatorial impose une culture populaire commeétant l’expression du génie du peuple uni, unique, évidemment. »

« Les premiers musiciens sud-américains qui ont marqué la scène ici sont venusdans les années soixante dix. C’est en lien avec les vagues d’immigration. Il y abeaucoup de musique haïtienne, des caraïbes… La vague d’immigrationmagrébine est plus récente elle, dans les années quatre vingt dix. Mais il y a unpan de la musique du monde qui se joue au sein des communautés : musiqueindienne, musique haïtienne… Puis il y a un autre plan qui est plus commercialisé

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qui rejoint un public très québécois qui s’intéresse aux autres cultures là : Nuitsd’Afrique, festivals de jazz… Mais est-ce que la musique du monde ne reste-ellepas ghettorisée? A moins de t’intéresser parfois à une communauté enparticulier, de connaître parfois quelqu’un qui va te parler d’un événement ett’inviter. J’étais allée il y a peu de temps à un concert de musique berbère, mais sij’avais pas connu un berbère qui m’en avait parlé, je ne saurais pas où j’aurais pule savoir, même dans les médias alternatifs. Pour revenir à Syncop, il y a le côtéraï d’essence marocaine, un peu reggae, les paroles sont en français, il y abeaucoup de thèmes de musiques berbères. Il y aussi un côté plus popoccidental. En tous cas, c’est le côté arabisant, à la mode, qui vend! Mais on estencore underground par rapport aux médias de masse. On est autoproduits etaidés par des subventions, on s’arrange à l’amiable, mais on veut pasnécessairement faire partie d’une grande compagnie de disques. C’est un choix.»

« C’est ça que je me demande. Moi je pensais que non, mais j’ai parlé à desmusiciens qui pensent que c’est underground encore par rapport à la masse. Tuvois qu’il y a une transition, dans les médias. La musique du monde commence àêtre plus diffusée. »

« Voici venu le temps de délivrance Loin de nous toute idée de vengeance Nousgarderons notre amitié avec le peuple de France Mais nous abattrons lesmurailles honteuses qui nous empêchent de regarder la mer Les miradors quinous interdisent nos plus proches frères de Galles, d'Ecosse, d'Irlande Et nous,dont le nom est connu des goélands et des cormorans, fut banni de tous leslangages humains, de toutes les bibliothèques, de toutes les cartes terrestresNous ouvrirons nos cœurs de paysans et de marins pêcheurs à tous les peuplesde la planète Terre Et nous offrirons nos yeux au Monde Est-ce prétentieux denous croire égaux ? Est-ce trop demander que de vouloir vivre ? Nous feronstomber la pluie sur le monde meurtri Et nettoyer le sang graisseux dont senourrissent les soi-disant puissants Et donner à boire aux assoiffés de justice Et

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les feuilles repousseront de Bretagne en Espagne du Mali au Chili, d'Indochine enPalestine Bretagne, centre du monde habité, tu seras un refuge pour les oiseauxchassés pétrolés Pour les femmes torturées en prison Pour les vieillardsbombardés Celtie, au croisement des peuples du Nord Et du Sud, aux confinsdu vieux monde et du nouveau monde, aux frontières de la terre et de la mer, à lalimite du monde visible et du monde invisible... »

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« Sitôt levé, le paysan entonne un premier refrain en allant couper du seigle fraispour nourrir son cheval. Un voisin lui répond, puis un autre. A l’étable, d’autreschantent pendant la première traite. […] Les groupes de travailleurs chantent surles sentiers qui mènent aux champs. Les jeunes bergers en font de même un peu

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plus tard dans la matinée. […] Tout au long de l’année, les travauxcommunautaires offrent l’occasion de chanter. La pose d’un bouquet sur le faîted’une charpente neuve, la perce de la première barrique du nouveau cidre à laSaint-Sylvestre, les fêtes cycliques et calendaires fournissent de bons prétextes àexprimer le plaisir d’être ensemble, la satisfaction d’un labeur achevé. Un coupletchanté annonce la rupture d’un contrat d’embauche à la St Jean, l’appareillaged’un navire, ou des fiançailles que font connaître les peurioux, sur les traces del’entremetteur de mariages (baz valan en breton). … »

« Le travail final, le plus harassant, est celui du tassement de l’argile,abondamment trempée. Pour atténuer le prix de cet éprouvant tribut corporel, deschanteurs et des sonneurs de grande réputation sont embauchés, un dimancheaprès-midi, ce qui a pour effet d’attirer toute la jeunesse d’alentour. Elle dansenu-pieds des heures durant, foulant et pétrissant le sol de manière à former unemasse dense. Par la même occasion chacun montre sa résistance physique et sa

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joie de vivre. Les anciens ne perdent pas de vue cette démonstration de vaillanceet sauront donner leur avis le jour d’un projet de mariage… »

«…les points communs musicaux entre les habitants du Morbihan sont plusnombreux (Gallos et bretonnants confondus) qu’entre les Tregeriz (trégorois) etles Gwenedour (Vannetais bretonnants) »

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« De nouveaux répertoires commencèrent à apparaître avec les polkas, lesmazurkas, les scottishes… Les pianos mécaniques firent leur apparition dans lesbars. Les répertoires anciens ne faisant plus recette, les sonneurs, qui vivaient deleur musique, commencèrent à changer leur répertoire pour répondre à denouvelles demandes qui s’alignaient sur les modes de la ville. Le répertoire passade la gavotte au fox-tro, au tango, à la samba, à la rumba… De nombreuxsonneurs abandonnèrent leur instrument traditionnel au profit d’uninstrument « moderne » ou cessèrent de jouer, faute de clientèle. Les jours de lamusique traditionnelle étaient alors comptés et personne n’imaginait, à la veillede la seconde Guerre mondiale, qu’il pouvait y avoir un quelconque avenir pourl’expression traditionnelle et ses musiciens. »

« Jean-Marie (Hénaff) a dû se mettre à l’accordéon comme les autres sonneurs debiniou, tandis que les sonneurs de bombarde se mettaient à la clarinette. Audébut, chacun emportait les deux instruments, l’ancien et le nouveau. Ilssonnaient les gavottes, les jibidis, les jabadaos dans les noces pour les vieux

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avec le biniou et la bombarde. Et puis, les jeunes réclamaient l’accordéon et laclarinette. […] Et puis est apparu le jazz-band avec le saxophone. »

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« Je suis un barde de la nature et j’appartiens à Elphin. Mon pays d’origine est larégion des étoiles d’été. Jean le prophète m’appelait Mor Den, mais les rois de

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l’avenir m’appelleront Taliesin. J’ai été doué de génie par le chaudron deKeridwen. J’ai été barde avec ma harpe auprès du roi du Danemark. J’ai été enune demeure périlleuse au-dessus du cercle du Zodiaque et je continue d’évoluerentre trois éléments. » Taliesin 165

«L’authenticité est un concept relationnel qui met en relation un individu ou ungroupe d’individus avec un objet qu’on appelle la musique. Mais l’authenticitén’est pas un donné, c’est un acquis. C’est-à-dire qu’on construit son authenticité,et c’est là toute l’ambiguïté du concept. Le musicien est constamment confrontéentre l’ambiguïté du sujet, sa propre authenticité (singulière), et l’authenticitéd’une tradition musicale si l’on prend l’exemple des musiques traditionnelles.C’est à dire une musique jouée de telle manière, avec tels instruments, accordéeà telle hauteur... Donc il y a un respect des règles qui vont contrer parfoisl’authenticité du sujet, sa liberté à être lui-même. Et c’est là la difficulté. Quand on

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parle d’authenticité, il faudrait être plus précis : on parle de quelle authenticité :L’authenticité du sujet ? L’authenticité de la pièce ? L’authenticité del’interprétation telle qu’elle était faite à une certaine époque ? (authenticité àcaractère temporel). Il y a aussi l’authenticité par rapport aux conduites d’attente.Aujourd’hui, on ne va pas voir un concert rock comme on y allait en 1954. Il y ades conduites d’attente du public, par exemple un chanteur va s’habiller de tellefaçon, un autre va provoquer le public en jetant sa guitare par terre, en sebrûlant…On s’attend aujourd’hui à des éléments spectaculaires quand on va voirun tel spectacle. Donc les conduites d’attente, ce que j’appelle l’authenticité àcaractère social, vont faire qu’un vrai spectacle rock ou autre devra se passer detelle manière dans une conduite d’attente du public particulière. Donc il y aplusieurs formes d’authenticité : une authenticité singulière, une authenticitétemporelle, une authenticité à caractère social, et une authenticité purementmusicale. Par exemple une musique baroque authentique se doit d’être jouéeavec des instruments d’époque, accordés d’une certaine façon, dans unedisposition des musiciens qui renvoie à l’endroit où on jouait autrefois…et puis lafinalité de l’événement donc là on renvoie au social. Mais ce concept estconstruit, c’est comme l’identité. Ce n’est pas un ramassis d’éléments qu’oncolle, mais davantage un rapport à ces éléments-là que l’individu choisit. Moi j’aima propre authenticité, toi tu as la tienne. Mais il y a aussi une authenticité del’université de Montréal, du Québec, etc… »

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« Maintenant que la vie traditionnelle, qui avait engendré tous ces éléments deculture matérielle et immatérielle, a définitivement disparu, il ne peut êtrequestion de parler d’authenticité mais de fidélité esthétique par rapport à desmodèles qui, dans leur milieu, se suffisaient à eux-mêmes. Chanter une gwerz surla scène d’un music-hall devant un public non bretonnant, prend une toute autresignification que dans l’âtre d’une cheminée, au cours d’une veillée entre voisinsdu même village. »

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« Je peux te parler du marché nord-américain ici. C’est sûr qu’en France, je saispas. La musique cubaine, la musique brésilienne vendent encore beaucoup. Lamusique celtique, un petit peu moins au Québec que dans le reste de l’Amérique.Mais dans le reste de l’Amérique comme aux États-Unis, c’est la musique celtiquequi est le plus gros vendeur dans les musiques du monde dans le billboard que jet’ai montré. Il y a aussi les musiques arabes. Montréal comme Paris est quandmême un centre de la diaspora. Rachid Taha quand il vient ici ça marche toujoursbien pour lui! »

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« The reason for this surge of interest in things “Celtics” isn’t entirely clear,though I would propose it has something to do with the increasingconsciousness of ethnicity in contemporary American life and the concomitantcommodification of ethnicity in music, even white ethnicities : EuropeanAmericans are loath to be left out. In making this point, I am rehearsing a widelymade argument in studies of ethnicity in the united States concerning somemembers of the dominant culture’s perceptions of themselves as lacking anethnic identity. […] Enter the craze for the Celtic, a word sufficiently vague thatalmost any white American could claim to have some Celtic ancestry. Also, asusual in discussions of world music, the new age isn’t far away, for Celtic beliefsform an important part of some new age beliefs and practices. »

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« …On retrouve moins des musiques à caractère sacré dans le world music parexemple, on va rencontrer des gens comme Manu Dibango dans les musiques dumonde. Alors que dans les musiques traditionnelles, on va rencontrer lestambours sacrés du Bénin par exemple, la musique de l’Inde à la Martinique. … »

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« Seigneur…Notre Seigneur est Un, Unique, sans égal… Notre Seigneur est Un,Nul maître autre que Dieu. Par Sa grâce, tu as été neuf mois durant dans leventre de ta mère. Il t’a fait ensuite naître, doté de mille bienfaits. Avec tonrepentir, il te pardonnera toutes tes fautes. Demande et il te donne, encore plus situ le remercies. Sa seule demande est de le vénérer… Ton honneur serait alors deLe vénérer, et de Le remercier. […] Dieu est meilleur que nous et ses attributsmieux que nos qualités… Car avec Ses grâces il nous arrive de L’oublier, alors ilpourrait en tout instant anéantir notre réalité. Quelles que soient tes occupations,rappelle-toi de Lui. Agis selon Ses prescriptions, évite Ses interdits, n’accepteaucun autre maître que Lui […] »

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« The generation interested in how the world sounds, trying to understand butalso to change the world to something better, are perhaps the equivalent to thewomen and men of the eighteenth century Enlightenment, who created andsupported classical music. At least I would like to believe so. The institutionalacceptance of world music is also increasing. For example, today it is part of theofficial education system in Sweden in the same way as Viennese classic musicwas accepted in the school curriculum two hundred years ago. »

« Depuis que les classes moyennes voyagent à travers le monde, avec lesdifférents moyens de communication, les transports qui se sont développés, lesgens s’intéressent à ce qui se passe dans d’autres pays, s’intéressent aux autrescultures. Et de plus en plus on a accès par l’information au regard des autres, etc’est quelque-chose qui intéresse beaucoup de gens… »

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« …Il y a beaucoup de consommateurs qui trouvent qu’on a atteint comme unplafond. Le rock c’est devenu comme une caricature, une parodie de ce quec’était, et qui cherche la nouveauté... »

«… Ce que je peux te dire c’est que ce que je n’aime pas c’est le techno, tout cequi ressemble à la musique occidentale, à ce qu’on fait mais dans une langueétrangère. Par exemple une chanteuse polonaise où c’est marqué « Nouvellemusique de la Pologne ». Ils vont t’intéresser en mettant un petit colant« Nouveau son polonais ». Et puis là tu as une petite intro qui fait y touc y touc.Pour moi, c’est ce qu’on fait partout ici. C’est simplement que c’est un chanteurpolonais. Alors moi je ne m’intéresse pas à la même musique qu’on fait chanteren d’autres langues. Moi je m’intéresse aux autres cultures musicales qui sontdifférentes de nous. J’aime mieux ce qui s’inscrit dans une certaine tradition.J’aime tout ce qui est « altérité ». Je veux pas de techno, ou du métal enarménien. »

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« Les Vivants, sous la direction de Frédéric Noël, espèrent chatouiller les sens dupublic par leur musique organique, contemporaine et citoyenne du monde. Uneorchestration osée tournant autour de l’instrument fétiche : le didgeridoo.Frédéric Noël, avec des canevas avant-gardistes, offre à tout artiste d’y tenir unrôle, d’y apporter ses propres couleurs, de les mettre en valeur et de se laisserinspirer par l’interaction des Vivants réunis : Marie Claude Lamoureux : voix,tambour et percussions; Szegény : violoncelle et rir; Luca : kaval, guitare etchants de gorge; Virgo : voix et autres bruits; Eric Thé : théramin, guitare,bérimbau; Claudanie : voix, accordéon et percussions; Suzy Tremblay : voix, taret Frédéric Noël : chef d’orchestre, didgeridoo, voix. Fermez les yeux etlaissez-vous transporter dans un univers trans-cinématographique. Reconnaîtrez-vous le trombone, le berimbau, le conserv-O-fun? D’où viennent cette guimbardeet cette flûte indienne? C’est un véritable voyage auquel le public est invité :Voyage dans le temps, Voyage dans le monde, Voyage en soi »

« Classer dans musique : du monde, urbaine, francophone, métis, de danse, decunnilingus, de digestion, Salsa, Reggae, Rigodon, Compa, Hip Hop…Encore unautre groupe fourre-tout? Pas du tout. Certains des musiciens possèdent unbackground impressionnant. A commencer par Jean Arsenault, que l’on a connuavec la Famille Botte, des Quebs hurluberlus qui martelaient les planchers enpratiquant une danse des mineurs d’Afrique du Sud. Puis il y a El Hadj Diouf, l’undes deux frères supercussionnistes qui faisaient partie des colocs avec lecompère Dédé. Sans parler du guitariste Wesley Louissaint, l’une des prochainesrévélations de la world montréalaise »

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« Eric Montel : - Mais n’as-tu pas l’impression que toutes les musiques finissentpar se valoir et n’ont plus qu’un rôle d’ornement dans une discothèque géante,qu’elles glissent doucement vers de nouvelles fonctions : télé, cinéma, etc? Je nesais s’il faut s’en réjouir ou le regretter, mais on assiste à l’apparition d’unegrande indifférenciation des genres, alors que le discours de la presse en estresté à celui des bacs de disques. Ainsi, le genre « New Age », qui confond dansson discours ethnomusicologie, exotisme et voyage, comme si les musiquespouvaient être indifféremment associées à la dernière stratégie commerciale miseen œuvre. Les critiques sont les relais obligés de ces stratégies. Aux USA, ontrouve les disques de Stivell ou de Shankar aussi bien dans les bacs « New Age »que « World Music »… Alain Swietlik : - On entretient une confusion, là-bascomme en France. Le « New Age » est un phénomène du monde contemporainqui est assez étrange. Dans notre civilisation, on a vu l’écroulement de presquetoutes nos valeurs, et beaucoup de gens sont à la recherche de nouvellesdonnées. Les valeurs du New Age sont extrêmement anciennes, elles sont liées àla religion, au mysticisme, à l’astrologie, au paranormal, etc. Je crois que lesgens qui écoutent de la musique « new age » sont mal dans leur peau, ils sont àla recherche de quelque chose qui les sorte de notre monde. C’est une fuite ducontemporain vers quelque chose d’idéal. L’idée forte, c’est la fuite del’Occident : « la sagesse se trouve en Inde, en Chine, chez les autres, puisqu’ellen’existe plus chez nous ». Nous vivons dans un monde fou, de fous, qui a crééles catastrophes que tout le monde connaît, dont tout le monde garde lesmarques, et les gens imaginent fuir tout cela en se réfugiant dans un monde idéaldont l’environnement sonore est constitué par ces disques « new age ». Alorsquand je lis sur les pochettes que ce sont des musiques pour se détendre, moi jetrouve au contraire que ce sont des musiques hyper agaçantes car il ne s’y passerien d’intéressant, et à la limite rien de musical! Donc cette musique produit surmoi l’effet contraire. Je crois pouvoir dire que je suis bien dans ma peau commedans ma civilisation, et ce genre de musique me fait piquer des crises de nerfs.Quand on prétend qu’elles font planer, moi elles m’ennuient profondément! »

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