Les mots … de l’Espace - INSEEC Business School · • susciter une première rencontre entre...

Les mots …de l’Espacepar Eric Cobast

C O L L E C T I O N L E S L E X I Q U E S D E L’ I N S E E C

L E S L E X I Q U E SD E L’ I N S E E C

C O L L E C T I O N D I R I G É E PA R E R I C C O B A S T

CAHIERS MÉTHODOLOGIQUES POUR LES CLASSES PRÉPARATOIRES AUX GRANDES ÉCOLES DE COMMERCE

Les « Lexiques de l’INSEEC » viennent compléter le dispositif conçu au service des étudiants initié par « Les Mémentos ». Ils ont été rédigés par une équipe de professeurs des Classes Préparatoires et des Grandes Écoles, particulièrement sensibles aux diffi cultés rencontrées par les candidats.L’ambition de ces « Lexiques » n’est pas évidemment de se substituer d’une manière ou d’une autre aux cours annuels mais de proposer tout simplement des instruments effi caces pour réussir les concours.

Collection Les Lexiques de l’INSEEC

N° 15 : Lexique de Géopolitique

N° 16 : Lexique d’Anglais

N° 17 : Formulaire de Mathématique (voie S)

N° 18 : Les mots... du Plaisir

N° 19 : Les mots... de l’Espace

INSEECSecrétariat de la Collection Les LexiquesH16 – quai de Bacalan – CS 910433 300 BordeauxTél. : 05 56 01 77 26

LEXIQUE N° 19COLLECTION DIRIGÉE PARERIC COBAST

BCE - CONCOURS 2014Les épreuves écritesL’INSEEC utilise les épreuves de la BCE selon la grille ci-dessous.

Les Lexiques de l’INSEECAvant-Propos

Par Catherine Lespine, Directrice Générale du Groupe INSEEC

Il y a désormais plus de dix ans, l’INSEEC proposait aux élèves des classes préparatoires des conférences à travers la France sur les sujets d’Histoire et de Culture Générale qu’appellent les programmes des concours d’entrée aux Ecoles de Commerce. Confortés par les nombreux témoignages enthousiastes que ces manifestations suscitaient chaque année, nous avions pris alors la décision d’aller plus loin dans cette aide offerte aux étudiants pour compléter leur préparation.

Il s’agissait de confi er à Eric Cobast le soin d’animer une collection de petits ouvrages pratiques destinés aux étudiants de première et de seconde année.

Les « Lexiques de l’INSEEC » furent ainsi conçus et rédigés par des profes-seurs des Classes Préparatoires particulièrement sensibilisés aux diffi cultés que rencontrent régulièrement leurs étudiants. C’est au service de tous qu’ils apportèrent leur expérience.

Une véritable petite bibliothèque dans laquelle toutes les disciplines sont représentées est ainsi accessible à partir du site de l’INSEEC Grande Ecole. L’ambition des « Lexiques » ou des « Mémentos » que nous avons publiés ne fut évidemment pas de se substituer d’une manière ou d’une autre aux cours annuels mais bien de proposer des outils susceptibles d’accompagner la pré-paration des concours.

Le souci fut toujours d’effi cacité et d’utilité ; quant au choix du format, il nous avait été dicté par l’intention de publier des textes maniables, d’un accès aisé et vers lesquels il est commode de revenir souvent.

Depuis, nous poursuivons l’entreprise par la publication du lexique des termes associés au thème de l’année.

En vous souhaitant donc bonne réception et bon usage de ce nouveau lexique, et avec l’assurance que cette année d’efforts trouvera sa juste récompense…

Les épreuves oralesLes épreuves orales se déroulent sur une journée, à Paris, à Bordeaux ou à Chambéry. Les jurys sont composés de manière équilibrée de professeurs de classes préparatoires, de cadres d’entreprises, d’enseignants ou d’Anciens Élèves de l’INSEEC.Les épreuves orales de l’INSEEC ont un double objectif :• discerner l’aptitude du candidat à réussir et bénéfi cier pleinement des projets et programmes qui lui seront proposés :

ouverture internationale, goût pour la communication et l’argumentaire, esprit d’entreprendre, sens de l’équipe…• susciter une première rencontre entre le candidat et l’École.

Entretien

individuel

Entretien

collectif

Langues

Vivantes 1

Langues

Vivantes 2TOTAL

Coefficients INSEEC - Paris - Bordeaux - Chambéry 12 6 7 5 30

L’admission et l’inscriptionL’inscription se fait par la procédure centralisée SIGEM 2014.Quel que soit votre rang de classement (liste principale + liste complémentaire),c’est vous qui déciderez d’intégrer Paris, Bordeaux ou Chambéry.

Choix desépreuves écrites

Option

Scientifique Coef. Option Économique

Coef. Option

Technologique Coef.

Contraction de texte Épreuve HEC 3 Épreuve HEC 3 Épreuve ESC 3

Première langue IENA 6 IENA 7 IENA 4

Deuxième langue IENA 5 IENA 5 IENA 2

Dissertation de culture générale Épreuve EM-Lyon 5 Épreuve EM-Lyon 5 Épreuve EM-Lyon 4

Mathématiques Épreuve EM-Lyon 5 Épreuve EM-Lyon 4 Épreuve ESC 4

Histoire, Géographieet Géopolitique

Épreuve ESCP Europe 6 - -

Analyse économiqueet historique

- Épreuve ESCP Europe 6 -

Économie-Droit - - Épreuve ESC 5

Gestion-Management - - Épreuve ESC 8

Total coefficients 30 30 30

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Les mots…de l’Espace

Par Eric CobastProfesseur agrégé de l’UniversitéProfesseur associé à l’École Nationale de la MagistratureProfesseur à l’INSEEC Grande ÉcoleConseiller spécial à la recherche et aux contributions académiques du Groupe INSEEC

L E S L E X I Q U E S D E L’ I N S E E C

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Sommaire

Avant-propos Du bon usage d’un lexique ....................................................... 4

Lexique commentéL’Espace… d’un mot ................................................................. 5

Première partie : La mesure de l’Espace ............................................................. 7

Deuxième partie : La conquête de l’Espace ......................................................... 15

Annexes. .................................................................................. 24


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Avant-propos :Du bon usage d’un lexique« Défi nir », c’est toujours ce par quoi commence le Socrate que Platon met en scène dans ses dialogues.

Sans délimiter avec précision le sens des mots, comment s’entendre ? Sans débuter par cet accord contractuel sur le langage, comment parvenir à penser ensemble ? A dialoguer enfi n ?

Or rien n’est moins simple. Circonscrire la surface sémantique d’une notion réclame souvent bien davantage qu’un simple dictionnaire. Il faut aller certes à l’usage mais aussi à la source même de la formation du terme. Or si l’étymo-logie ne dit pas nécessairement – et contrairement à ce qu’elle annonce – la vérité d’un mot, elle en indique la pente, elle en découvre « l’arrière-goût » souvent indispensable à l’appréciation connotative.

Bref, il est utile de maîtriser le sens des mots du champ notionnel dans lequel on travaille, ne serait-ce que pour analyser correctement les énoncés des sujets proposés, cerner avec justesse les enjeux des textes dont la lecture et l’étude sont conseillées, pour argumenter enfi n sans craindre l’imprécision. Cela passe nécessairement par une étude lexicale et notionnelle à l’occasion de laquelle on peut déjà suggérer une mise-en-problème, un début de ques-tionnement, un commencement de réfl exion.

C’est dire que chacune des entrées proposées est conçue à la fois comme une défi nition précise de la notion citée et comme un premier exercice de problé-matisation. On trouvera souvent également en appui une citation qui amorce une première argumentation.

L’ambition de ce petit lexique est donc de fournir des informations nécessaires mais aussi d’inciter déjà à la réfl exion, d’apporter les défi nitions attendues mais également de surprendre parfois à l’occasion d’une entrée plus originale.

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Lexique commentéL’Espace… d’un motAprès le « Temps », choisi pour être le thème de réfl exion des concours, en 1996, voici presque sans surprise… l’Espace.

Sans surprise ? Pas si sûr, tant cette notion paraît d’une simplicité « mathé-matique », d’une « évidence » (c’est ce qui se voit…) telle qu’elle pourrait ne pas sembler pouvoir alimenter la réfl exion d’une année en classe préparatoire. Car si le Temps nous interpelait par ses dérobades – perdu dans le passé, incertain au futur et surtout fascinant dans son impossible présent – l’Espace nous donne l’impression de « tomber sous le sens » et partant de manquer d’intérêt.

Pourtant dès que l’on prête attention à l’origine même du mot, spatium, et aux termes grecs dont il a été la traduction latine, la notion s’enrichit de nuances et révèle une histoire. Le spatium des Romains dérive du stadion des Grecs, mot qui renvoie à une longueur de 600 pieds, celle d’un « stade » précisément. L’espace est d’abord une distance, voire une distance à parcourir, à courir. Ils auront aussi recours au mot extentio, l’étendue, ce qui désigne le fait d’être dans l’espace.

Les Grecs dans leur langue emploie le mot Khora pour dire l’espace de terre situé entre deux objets. C’est un emplacement, un lieu marqué qui peut être occupé ou non par un corps. Le lieu du corps, de l’objet, de la réalité dont on parle, c’est le topos. C’est un espace situable, déterminé, délimité.

Les défi nitions de l’Espace vont se multiplier, la notion se donnant à penser sous des angles divers. Le premier philosophe de l’Espace, c’est Aristote qui en donne une première approche dans la Physique. Il commence par signaler une diffi culté à penser ce qu’il appelle le lieu :

Il semble que ce soit une grande et diffi cile question de comprendre le lieu parce

qu’il donne l’illusion d’être la matière et la forme… Mais c’est pour le défi nir comme la limite immobile immédiate de l’enveloppe. C’est résumer alors d’une formule étonnante l’idée que le lieu est bien la limite de ce qui enveloppe un corps, mais une limite immobile puisque ce même corps peut changer de lieu alors que ce dernier est nécessairement immobile. Le lieu est avec le corps qui l’occupe mais sans être ce corps, il « fait corps avec lui », rendant celui-ci per-ceptible et situable. Bref le lieu, confondu alors avec l’Espace, est une réalité objective.


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L’Espace est un préalable à toute observation empirique, montre au contraire Emmanuel Kant, refusant d’en faire alors tant une réalité objective qu’une propriété essentielle des choses. Quant à Bergson, il va lier la notion à la pra-tique même de la pensée : Penser, c’est spatialiser, la formule extraite de l’Essai

sur les données immédiates de la conscience est devenue célèbre.

L’invitation ne sera donc pas seulement à « travailler » une notion, à la frotter aux « pierres de touche » que sont les notions voisines et/ou opposées mais aussi à la traversée de l’Histoire de la philosophie et de la pensée, depuis Zénon (accompagné d’Achille et de sa tortue) jusqu’à Martin Heidegger qui redéfi nit l’espace comme ce que l’homme aménage.

Le risque auquel s’exposent peut-être alors les étudiants, c’est l’éparpillement, voire une sorte d’atomisation de la réfl exion sous l’effet de la multiplication des doctrines.

Pour s’en défendre, il faut sans doute toujours prendre l’habitude, cha-pitre après chapitre, de revenir à la richesse, à la densité sémantique du mot « Espace ». L’usage révèle souvent des nuances peu explicites qui n’en demeurent pas moins très éclairantes. Ainsi l’Espace est-il presque sponta-nément associé à l’idée de grandeur. Une chambre « spacieuse », c’est une grande chambre ; si je déclare qu’il y a « de l’espace », cela signifi e qu’il y a de la place. L’Espace annonce l’aisance, le confort, le volume (une marque auto-mobile a choisi d’appeler l’un de ses modèles « Espace »). Mais il est aussi lié à la liberté : lorsqu’un diplomate affi rme qu’il y a entre des belligérants un « espace » de négociation possible, il signale une liberté qu’il est possible de saisir, une opportunité. On l’a compris : notre notion d’espace s’enrichit considérablement de ces deux apports, la grandeur et la liberté, ouvrant aussi l’éventail des métaphores mais aussi des rêves, des images que génère dans notre culture la notion-même d’Espace.

On a donc choisi d’organiser ce lexique de plus d’une cinquantaine de termes en deux parties. La première consacrée à l’aspect mathématique, géométrique, scientifi que de l’Espace. La seconde s’attache à l’espace politique et social, ter-ritoire à conquérir, à investir, à aménager.

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Première partie : La mesure de l’Espace

Nul n’entre ici s’il n’est géomètre

Architecture :Vitruve, le grand architecte romain du premier siècle avant Jésus-Christ, défi nit dans les Dix livres de l’architecture son art comme l’art « d’édifi er ». L’étymologie grecque révèle qu’il s’agit là d’un art de « couvrir » (Tekton, que l’on retrouve dans le mot toiture). L’architecture est donc l’art de clore, de recouvrir, de circonscrire l’Espace, d’en faire l’espace limité, protégé, intime, l’espace du dedans. Dans Notre-Dame de Paris, Hugo a cette très belle formule pour exprimer ce qui unit Quasimodo à la Cathédrale :

(elle avait été pour lui successivement) l’œuf, le nid, la maison, la patrie, l’uni-

vers (…) On pourrait presque dire qu’il en avait pris la forme comme le colima-

çon prend la forme de sa coquille. C’était sa demeure, son trou, son enveloppe…

Il y adhérait en quelque sorte comme la tortue en son écaille. La rugueuse

cathédrale était sa carapace. Cité par Bachelard dans La poétique de l’Espace.

Astronomie :Il s’agit probablement de la plus ancienne des sciences, celle de l’observation des corps célestes, plus simplement nommés « astres ». Ce sont ces corps qui révèlent à l’observateur l’Espace, milieu infi ni dans lequel se meuvent ou dansent ensemble lentement des météorites, des engins spatiaux comme le fi lme poétiquement Kubrick dans L’Odyssée de l’Espace.

Continuité :Propriété de ce qui est continu… C’est-à-dire propriété d’une réalité sans par-ties distinctes, ce qui peut être par ailleurs une défi nition de l’Espace.


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Corps :Le corps, c’est toujours dans l’espace qu’on le perçoit mais c’est aussi, pour Descartes, par exemple, de l’espace en lui-même en tant que « chose étendue » (res extensa). La conséquence : le corps est nécessairement « situé » comme l’explicite Merleau-Ponty : Le corps phénoménal est spatial, non au sens où le

corps objectif est « dans » l’espace mais au sens où notre rencontre primordiale

avec l’être est d’emblée « située » et « orientée ».

Cyberespace :Le mot est un néologisme anglais forgé par William Gibson dans une nouvelle intitulée Gravé sur Chrome (1982), à partir des mots cybernétique et espace.

Le mot désigne une réalité qui ne relève plus aujourd’hui de la science-fi c-tion mais bien d’une technologie devenue familière, c’est l'univers des réseaux

numériques comme lieu de rencontres et d'aventures, enjeu de confl its mon-

diaux, nouvelles frontières économique et culturelle. (…) Le cyberspace désigne

moins les nouveaux supports de l'information que les modes originaux de créa-

tion, de navigation dans la connaissance (Pierre Lévy).

Le paradoxe du cyberespace, c’est qu’il s’agit d’un espace sans véritable lieu et où le temps est du même coup aboli. De fait, la « galaxie internet » nous fait vivre l’instant n’importe où dans le monde. C’est l’ubiquité instantanée. Et dans cet espace dont la virtualité apparaît en fi n de compte bien réelle, notre rapport au monde et à la réalité se dilue de telle sorte qu’il devient désor-mais diffi cile de nommer l’expérience qui s’y trouve vécue. Ainsi l’usager du cyberespace passe-t-il nécessairement par des métaphores pour dire son quo-tidien : « navigation », « toile », « site », « hébergement » sont alors employés dans une acception autre que celle que l’usage ordinaire assigne et par un « effet retour » fi nissent par être complètement « dé-sémantisés ».

Dimension :Par dimension, il faut entendre une composante particulière de la réalité. De fait, dire d’une œuvre qu’elle revêt une dimension politique c’est dire que l’as-pect politique est un élément constitutif de l’œuvre. Ainsi l’espace est-il pareil-lement pourvu de dimensions multiples. La deuxième dimension de l’espace fait de celui-ci un plan, la troisième un volume et la quatrième l’inscrit dans la temporalité.

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Durée :La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de

conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s’abstient d’établir une

séparation entre l’état présent et les états antérieurs. C’est ainsi que Bergson défi nit la durée dans Essai sur les données immédiates de la conscience. Plus tard dans L’évolution créatrice, il ajoutera : La durée est le progrès continu du

présent qui ronge l’avenir et qui gonfl e en avançant.

Si cette entrée, « durée », trouve ici sa place, c’est qu’elle désigne le « temps vécu » par opposition au « temps mesuré », c’est-à-dire au temps « quanti-fi é », au temps « spatialisé », celui que l’on compte et décompte et qui n’est pas superposable au précédent. Qu’est-ce qu’une heure qui passe « vite » par comparaison avec une heure qui passe « lentement » et au cours de laquelle on s’ennuie ?

Essarter :C’est un mot rarement utilisé aujourd’hui et qui précisément signifi e : défri-

cher en ôtant toutes les broussailles. Le terme appartient au registre spécialisé des forestiers et apparaît, sous le mode de la métaphore, dans la traduction française d’une conférence de Martin Heidegger, prononcée en 1964, à l’occa-sion de l’exposition des œuvres de Bernhard Heiliger.

A cette occasion, Heidegger rappelle que la pensée occidentale a toujours défi ni l’espace par rapport au corps, en relation avec le corps, depuis Aristote jusqu’à Kant.

Tout commence avec Aristote et comme souvent, Heidegger revient aux mots grecs, ceux à travers lesquels la philosophie s’est pensée :

TOPOS est l’espace qu’un corps occupe immédiatement. Cet espace a d’abord

été confi guré par le corps (…) Par contraste avec TOPOS, KORA désigne l’es-

pace pour autant qu’il peut accueillir un tel corps (…) au sens grec, l’espace est

vu à partir du corps, comme son lieu comme le contenant de son lieu.

Un lieu pour Aristote, une étendue selon Descartes. La véritable rupture intervient avec Kant :

L’espace devient pure forme de l’intuition qui précède toute représentation d’ob-

jets donnés de manière sensible. L’espace n’existe pas en soi, il est une forme

subjective de l’intuition de la subjectivité humaine.

Mais pour autant la question de l’essence de l’espace n’a pas été clairement posée :


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Qu’est-ce que l’espace en tant qu’espace – pensé indépendamment du corps ?

Heidegger ne fuit jamais la tautologie, car celle-ci est productive :

Réponse : l’espace espace. Espacer signifi e « essarter », dégager, donner le

champ-libre de l’ouverture. Dans la mesure où, l’espace espace, il libère le champ

libre et avec lui celui-ci offre la possibilité des alentours, du proche et du lointain,

des directions et des frontières, la possibilité des distances et des grandeurs.

De fait, l’espace est la condition même de la perception distincte des choses qui « espacées » se révèlent discernables, y compris les unes par rapport aux autres, dans leur relation, leur disposition. L’espace, c’est donc ce qui donne du jeu, de la « perspective », parce qu’il libère les choses de leur promiscuité initiale, cette promiscuité qui les maintenait dans un chaos indéfi nissable. L’espace est la condition nécessaire du développement du vivant, libre désor-mais d’aller à sa guise dans cet espace qu’il nomme « milieu » mais surtout « territoire » !

Étendue :Descartes fait de l’étendue le synonyme de l’espace, ce qu’il nomme par ail-leurs la quantité continue. Il y voit l’essence-même des corps. De fait, l’étendue en longueur, largeur et profondeur est l’attribut principal de la substance cor-porelle et constitue sa nature et son essence.

Euclide :De ce mathématicien grec dont nul collégien n’ignore pourtant le nom nous ne savons pas grand-chose. Il vécut peut-être vers les années 300 avant Jésus-Christ, il vient peut-être de la ville de Tyr… On lui doit toutefois les bases de nos mathématiques et de notre géométrie, posées dans un ouvrage-phare de l’Antiquité, les Eléments.

Géométrie :Le mot signifi e « science de la mesure de la terre ». C’est à cette science qu’il incombe de défi nir initialement l’Espace.

Selon Henri Poincaré, l’espace géométrique se caractérise par cinq propriétés : il est continu, infi ni, il a trois dimensions, il est homogène (tous ses points sont identiques entre eux) et isotrope (toutes les droites qui passent par un même point sont identiques entre elles.)

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Cela correspond à la conception euclidienne de la géométrie. Celle-ci s’appuie sur la défi nition et le maniement de quatre objets : le point, la droite, le plan et l’espace. Le cinquième postulat d’Euclide réclame ainsi que par un point extérieur à une droite passe toujours une parallèle à cette droite et une seule. Sauf qu’il s’agit là d’une simple requête et que certains peuvent décider de ne pas lui obéir. Deux géométries se constituent ainsi dans la réfutation de ce cinquième postulat : la géométrie hyperbolique de Gauss et Lobatchevski et la géométrie elliptique de Riemann.

La géométrie par métonymie représente la raison et si Pascal oppose bien « l’esprit de géométrie » à « l’esprit de fi nesse », il avoue :

Ce qui passe la géométrie nous surpasse.

Mais si la géométrie exerce précisément cette faculté de raisonner, elle ne permet pas de fonder une connaissance, pas même en dehors d’elle-même celle des objets qu’elle aurait façonnés :

Elle ne jette pas plus de lumière sur la nature de l’espace que l’arithmétique sur

la population des Etats-Unis. B. Russell

Horizon :C’est littéralement la « borne ». De fait, l’horizon est bien une ligne qui « borne » ma perception mais c’est une limite au sens où l’atteindre serait impossible. L’horizon sert ainsi à m’orienter dans l’espace, il délivre une véri-table perspective et donne à mon rapport à l’espace une « profondeur ».

Penser :L’enjeu critique de cette conception de l’espace est décisif : il s’agit du rapport

entre notre pensée, dont il est la forme même, et la réalité, dont il déforme la

nature temporelle. Loin de constituer l’essence de la matière (comme chez Des-

cartes), ou de constituer une structure de notre intuition sensible (…) l’espace

n’est donc chez Bergson que le résultat d’un acte de conception propre à notre

esprit, indexé qui plus est sur les besoins de notre action ou de notre espèce.

C’est ainsi que Frédéric Worms commente le statut de l’espace dans la philo-sophie de Bergson. De ce dernier on connaît la formule énigmatique : Penser,

c’est spatialiser. Qu’est-ce à dire ?

Le raisonnement que développe Bergson au début de l’Essai sur les données

immédiates de la conscience est particulièrement complexe, c’est par ail-leurs ce qui rend sibylline la formule en question à laquelle il aboutit. Pen-


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ser consiste en effet à unifi er la diversité des intuitions sous des concepts (le mot concept, lui-même exprime l’action de saisir, capere, ensemble, cum), une opération qui n’est possible qu’à la condition d’identifi er l’idée-même de diversité, de multiplicité, ce qui suppose la conscience du nombre, de la quan-tité ; laquelle implique l’expérience de la numération, celle des points dans un espace qui permet de les saisir. Ce lien avec le quantitatif habite encore le mot « penser » en ce qu’il dérive du mot « peser », en latin.

Qualité-quantité :Conséquence de ce qui vient d’être précisé : l’espace se saisit aussi dans une relation qui n’est plus seulement formulable sur le mode intérieur-extérieur (héritage de Kant : le sens interne versus le sens externe) mais aussi à travers le couple qualité-quantité. L’expérience de la durée est qualitative, celle de l’espace quantitative. La pensée fi xe dans un cadre, fi ge et projette en quelque sorte sur un espace mental des intuitions, des impressions. Voilà au fond pour-quoi l’espace est absolument du côté de la raison et que « l’esprit de géomé-trie » est devenu synonyme de rationalité. L’espace est en quelque sorte la condition de la pensée et d’une saisie quantitative de la réalité. Cela ne va pas sans conséquence :

Car il n’y a guère d’autre défi nition possible de l’espace : c’est ce qui nous permet

de distinguer l’une de l’autre plusieurs sensations identiques et simultanées :

c’est donc un principe de différenciation autre que celui de la différenciation

qualitative, et, par suite une réalité sans qualité.

Bergson Essai sur les données immédiates de la conscience.

Remplacement :L’expérience de l’espace se dévoile dans le remplacement et la mobilité des choses : une chose en remplace une autre, c’est dire qu’elle « prend sa place » et cette place à prendre, distincte de la chose qui l’occupait antérieurement comme de celle qui l’occupe actuellement, cette place c’est l’espace, du moins tel que l’identifi e le philosophe Aristote :

Que le lieu existe, on le connaît clairement, semble-t-il, au remplacement : là où

maintenant il y a de l’eau, là même, quand elle en part comme d’un vase, voici

de l’air qui s’y trouve et, à tel moment une autre espèce de corps occupe le même

lieu (…) il est clair que le lieu est quelque chose d’autre que les deux corps qui y

entrent et en sortent en se remplaçant. Physique Livre IV Aristote.

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Sens externe :Les phénomènes ne nous apparaissent que dans l’espace et selon une cer-taine temporalité. C’est ce que commence par établir Emmanuel Kant dans la Critique de la Raison pure. C’est dire que l’espace n’est pas une réalité en soi, ni un objet dont on pourrait avoir la perception. De fait, on ne contemple pas l’Espace ; l’espace en tant que tel, sans aucun élément qu’il contiendrait et rendrait sensible, n’a pas de réalité, ce n’est pas un objet perceptible mais la condition de perception de tout objet :

L’espace n’est autre chose que la forme de tous les phénomènes des sens exté-

rieurs, c’est-à-dire la condition subjective de la sensibilité sous laquelle soit

possible pour nous une intuition extérieure. Kant

Surface :Etendue plane, aire, superfi cie. La surface est l’extérieur du corps. Le mot ren-voie aussi à l’idée d’apparence, de contingence. Le glissement qui s’opère avec l’usage du mot « superfi cie » est subtil, on passe insensiblement au jugement de valeur. Ce qui est surface devient alors « superfi ciel », c’est-à-dire futile et inessentiel.

Temps :Le temps ne nous intéresse ici, dans ce lexique, qu’en tant qu’il se mesure. Et si l’on réactive l’opposition bergsonienne entre le temps « vécu » et le temps « mesuré », c’est pour rappeler que ce dernier ne trouve précisément sa mesure qu’à travers une conversion spatiale. En effet, que mesure-t-on au cadran de la montre sinon une distance parcourue par une aiguille !

Revanche de la modernité et inversion des référents : à présent la distance s’évalue à travers le temps passé à la parcourir plus ou moins rapidement : on ne vit désormais plus à 100 km de Paris mais à une heure, une demi-heure, un quart d’heure…


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Univers :Ce qui est tourné tout entier, d’un seul élan vers : unus vertere… Les Grecs disaient to holon, le Tout. Au sens propre, c’est l’ensemble de tout ce qui existe et par analogie un ensemble formant un tout. L’Univers suppose ainsi une unité mais aussi une certaine uniformité. En revanche, le « monde », qui est aussi un tout et affi rme son unité se caractérise néanmoins par sa diversité et sa richesse.

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Deuxième partie : La conquête de l’Espace

La géographie ne sert pas seulement à faire de la géopolitique. Cela sert aussi

pour tout un chacun, à admirer davantage de beaux paysages en comprenant mieux comment ils sont construits.

Yves Lacoste.

Aménagement :Disposer, préparer méthodiquement en vue d’un usage déterminé.

L’aménagement d’un territoire, c’est l’organisation de l’espace en vue de répondre aux besoins de la population qui vit sur ce territoire. Les notions d’agencement et de disposition sont associées à cette idée.

En France, la première mesure d’aménagement offi ciel du territoire fut l’endi-guement de la Loire qui débute sous Louis XI et s’achève sous Henri IV.

Borne :Pierre servant à marquer la limite d’un champ. La borne est davantage qu’une limite, c’est la limite permise, licite. Pourtant le mot est entaché de connota-tions péjoratives. Etre « borné », c’est être étriqué, étroit, rigide, etc.

Cartographie :La carte est une représentation de l’espace. Elle est nécessaire au conquérant, à l’explorateur, au marchand, plus largement elle est indispensable au voya-geur. Elle réclame une posture « réaliste » et doit évidemment se débarrasser des croyances et des superstitions.


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Les premières cartes réalistes, ce sont les « portulans », cartes où fi gurent le dessin des côtes, le nom des ports et qui sont destinées au navigateur. Le plus souvent, ces premières cartes sont perturbées par des préjugés qui conduisent à faire fi gurer des îles imaginaires (par exemple sur la carte dite de Chris-tophe Colomb on trouve le Paradis Terrestre !).

Mercator au XVIe siècle a l’idée de projeter les déformations sphériques sur un cylindre afi n de trouver le rapport constant entre la latitude et la longi-tude.

La première carte de France a été réalisée par César François Cassini au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle : 180 feuilles publiées de 1744 à 1793 et qui donnaient une première représentation fi dèle du pays.

La carte offre donc une connaissance et une reconnaissance symbolique de l’espace. Plus simplement, le « plan », voire le « schéma » sont là pour rendre intelligible. Il dessine dans un espace de quoi donner à penser… et l’on retrouve toujours cette même idée qui associe la « spatialisation », la « mise-en-espace » avec l’exercice de la pensée.

Climat :L’empire du climat est le premier de tous les empires, cette déclaration de matérialisme que profère Montesquieu dans De l’Esprit des Lois ne trouve vraiment sa signifi cation qu’en rappelant l’acception première du mot « cli-mat », perdue depuis longtemps. A l’origine, en grec, le mot renvoie à l’incli-naison d’un point de la terre par rapport au soleil. C’est dire au fond que le climat est un lieu. « Vivre sous des climats favorables », ce n’est donc pas nécessairement partir au soleil !

Ce qu’affi rme ici Montesquieu, c’est bien le primat du lieu : une île, un terri-toire immense et désertique conditionnent de leur réalité physique l’organisa-tion sociale et politique.

Conquête (de l’espace) :L’idée d’une « odyssée » de l’Espace en fi t rêver plus d’un avant Stanley Kubrick ! Ne serait-ce que Cyrano de Bergerac qui imagine dès 1657 deux voyages, l’un sur la lune, l’autre sur le soleil : L’Autre monde ou les Etats et

Empires de la Lune et du Soleil ou bien encore, plus proche de nous : Jules Verne qui publie en 1865 De la Terre à la Lune. Mais ce qui était fantaisie et fi ction, devient une réalité économique, scientifi que et politique dès la fi n de

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la seconde guerre mondiale. L’épopée a eu ses héros, soviétiques et américains (Iouri Gagarine, Neil Amstrong et Buzz Aldrin), ses « machines de guerre » (Spoutnik, Explorer, Apollo), son jour de gloire, en 1969…

Contrée :C’est l’étendue de terre qui est « contre », c’est-à-dire en ancien français « devant ». C’est une étendue de terre qui dépend d’un empire ou d’une quel-conque juridiction, qui est donc administrée mais qui ne dispose pas de consti-tution.

Domaine :C’est à l’origine un bien foncier. Le mot vient du latin qui signifi e la propriété du « maître ». En son domaine, en effet on est bien maître ! Le terme renvoie donc à la possession, à la puissance, à l’autorité et à la souveraineté.

Frontière :C’est une limite entre deux états. Elle peut être ethnique, sociale, politique, religieuse.

La frontière (border) peut être aussi fermeture : rideau de fer ou ligne d’ar-mistice entre les deux Corée, ouverture : Union européenne, interpénétration : espace frontalier héritant des deux Etats : frontière Mexique/Etats-Unis. Elle assure aux citoyens et aux entreprises d’un Etat un territoire d’abri avec ses lois, son marché, sa culture. Les Etats collaborent pour organiser les échanges, mais des activités de contrebande peuvent aussi enrichir les populations voi-sines.

Elle offre aux entreprises des opportunités : différences de législation fi scale, économique ou sociale (les maquiladoras au Mexique). Les frontières sont donc essentielles pour la mondialisation, même si l’on voit apparaître des zones de libre-échange, en assurant aux FTN des territoires différenciés qu’elles pour-ront utiliser pour leur stratégie.

Quand on l’appelle frontier, elle est alors liée à la mise en valeur d’un ter-ritoire comme aux Etats-Unis où elle est devenue un mythe, et aux fronts pionniers comme au Brésil.

En français, « confi ns » désigne la frontière, quand elle est une marge et une périphérie, généralement à l’écart du reste du pays.


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Le XXe siècle a vu se multiplier les frontières internationales, avec la chute des Empires, et dans le même temps de nombreux Etats sont entrés dans des processus d’intégration, de la zone de libre échange (ALENA) à l’Union européenne. Il n’y a là aucun paradoxe, la mondialisation interconnectant les territoires pour leur diversité.

Géoéconomie :Souvent confondue avec géopolitique, cette notion a été forgée par E. Luttwak.

Pour lui, la fi n de la guerre froide a transporté la confl ictualité sur d’autres terrains que les territoires, à savoir le commerce et l’économie. Il ne s’agit plus de contrôler des territoires, mais des espaces virtuels pour les entreprises et s’approprier ainsi la technologie et les marchés. Là résiderait la puissance. L’utilisation du $ (notre monnaie, votre problème) relève de la géoéconomie.

Cette thèse date de la fi n des années 90, et on a pu penser à ce moment (hyper puissance des EUA) qu’elle allait se substituer à la géopolitique.

Or les confl its récents ont montré la pertinence de la géopolitique, étude des problèmes à partir des territoires, et de tous les acteurs : Etats, entreprises, acteurs multiples ; alors que la géoéconomie ne fait intervenir que les Etats et les entreprises dans le virtuel : interventions des chefs d’Etat pour appuyer leurs entreprises dans la conquête des marchés par exemple. La géoéconomie peut cependant s’appliquer aux relations entre les PDEM depuis les années 90, mais elle doit être toujours complétée par la géopolitique.

Géographie :Le géographe, au sens grec, « décrit la terre » et le premier d’entre tous fut Hérodote (484-420 avant Jésus-Christ). Cette discipline, aussi ancienne que l’Histoire (dont le même Hérodote fut d’ailleurs l’inventeur) occupe un champ très ouvert et très large : analyse spatiale des phénomènes naturels et humains, études territoriales, étude des relations entre l’homme et son milieu, recherche en sciences de la terre… La géographie mord sur la géologie, la biologie, la sociologie, la politique, quasi toutes les sciences humaines… Le développement de cette science accompagne l’emprise des hommes sur leur espace. La géographie sert sûrement à faire la guerre, pour reprendre une expression dont Lacoste a fait le titre fameux de l’un de ses ouvrages, mais elle sert surtout à assurer aux hommes la maîtrise de leur environnement.

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Géopolitique :C’est le suédois Rudolf Kjellen qui forge ce néologisme en 1889 :

La géopolitique est la science de l'État comme organisme géographique ou

comme entité dans l'espace (…) Comme science politique, elle observe ferme-

ment l'unité étatique et veut contribuer à la compréhension de la nature de

l'État.

Friedrich Ratzel (à qui l’on doit aussi la notion de « lebensraum », voir plus bas) met, un peu plus tard, la notion au service de l’expansionnisme alle-mand. On sait quel usage en fera le nazisme.

Aujourd’hui Alexandre Defay, professeur au centre de géostratégie de l’ENS, spécialiste du Moyen-Orient :

La géopolitique a pour objet l'étude des interactions entre l'espace géogra-

phique et les rivalités de pouvoirs qui en découlent.

Il faut alors rappeler le mot célèbre de Napoléon :

Toute la politique des Etats est dans leur géographie. Ce qui ramène évidem-ment à Montesquieu et à cette théorie des climats.

La géopolitique est à présent à la « mode ». Ou plutôt le mot s’est lexicalisé, il est entré dans la vocabulaire des étudiants des Classes préparatoires aux concours d’entrée dans les Ecoles de Commerce, il s’est banalisé. La pratique de cette discipline qui rappelle au fond que l’histoire ne va pas sans la géo-graphie est réglée en France par le travail du géographe Yves Lacoste et celui de la revue « Hérodote » qu’il anime. Pour Lacoste, la géopolitique se défi nit simplement comme l’étude des interactions entre le politique et le territoire,

les rivalités ou les tensions qui trouvent leur origine ou leur développement

sur le territoire.

Habitat :Ce que l’on nomme l’habitat en géographie humaine, c’est le mode d’occupa-tion de l’espace par l’homme pour s’y loger. C’est un espace aménagé. Plus largement, dans une perspective écologique, l’habitat c’est le milieu dans lequel une population d’individus d’une même espèce peut vivre. On y vit pour les ressources qu’on y trouve et la sécurité qu’il offre.

Les dérivés du verbe habiter sont formés à partir du latin habere qui signifi e « se tenir ». L’habitat, c’est là où l’on « se tient », là où la vie nous tient. Il n’est pas toujours donné, il faut parfois le transformer… c’est la notion d’amé-


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nagement. On rappellera à cette occasion le vers d’Hölderlin que commente Heidegger : L’Homme habite la Nature en poète.

Impérialisme :Le mot est forgé en 1902 par John Atkinson Hobson pour désigner une doc-trine fondée sur la conquête. De fait, pas d’Empire sans impérialisme, c’est-à-dire sans la nécessité d’une expansion des ressources qui passe évidemment par l’extension territoriale et la soumission des peuples qui y vivent. Voilà pourquoi l’Empire est un mode d’organisation politique qui repose sur la force et non sur le droit (comme dans une République). En 1951, dans Les origines

du Totalitarisme, H. Arendt fait de l’impérialisme une des conséquences de la création des « Etats-nations » inadaptés au développement de l’économie capitaliste et donc poussés à la conquête (coloniale, notamment).

Les géopolitologues d’aujourd’hui, à l’instar de François Thual, Directeur d’Etudes au Collège Interarmées de Défense, donnent de l’impérialisme la défi nition suivante :

Une dynamique de contrôle territorial de vaste envergure complétée par un

contrôle politique plus ou moins direct ; le contrôle territorial pouvant aller de

l'annexion pure à une tutelle plus indirecte.

Lebensraum :Ce néologisme a été imaginé par Friedrich Ratzel, l’inventeur de la géopo-litique, pour justifi er l’expansionnisme allemand. On peut le traduire par l’expression « Espace vital ». Le mot devient le slogan des pangermanistes, tant il est vrai que les Allemands se vivent dès le début du XIXe siècle comme le Peuple sans Territoire, sans Espace. Hans Grimm, en 1926, publie avec succès le pamphlet Volk ohne Raum. Le titre de l’ouvrage deviendra un slo-gan du NSDAP. A l’expansion coloniale (limitée puisque la France et l’Angle-terre ont su développer depuis longtemps leurs empires), les nazis préfèrent la conquête « continentale » et la notion de lebensraum trouve dans celle de Herrenvolk (la « race des maîtres ») un sombre écho.

Lieu :Du latin locus qui se trouve être l’exacte traduction du mot topos (l’Introduc-tion, « L’Espace… d’un mot »)

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Mondialisation :Apparu pour la première fois en français dans les années trente, le mot désigne une réalité historique, celle du développement à l’échelle du monde des échanges entre les hommes. Ainsi pour Daniel Cohen dans La mondiali-

sation et ses ennemis, il s’agit là d’un processus commencé au XVIe siècle et dont nous vivons le troisième temps. Les Anglo-Saxons vont parler de « globa-lization », terme qu’emploie l’économiste Théodore Levitt dans les années 80 pour dire une nouvelle étape du capitalisme que caractérisent l’émergence de multinationales globales et la libéralisation du commerce.

S’ensuit dans la langue française une concurrence entre les deux mots. Quelle différence entre « mondialisation » et « globalisation » ? Cette dernière est de portée plus restreinte, elle concerne l’expansion économique. La mondialisa-tion en revanche saisit le phénomène de plus haut : c’est l’extension plané-taire de toutes les échanges qu’ils soient économiques mais aussi culturels, politiques, etc.

Öffentlichtkeit :On a pris l’habitude de conserver le mot allemand qui signifi e « l’espace public » parce que Jurgen Habermas lui a donné ses lettres de noblesse. Dans une véritable démocratie, tout ce qui a trait aux activités collectives doit faire

l’objet d’un débat public, écrit-il. C’est « l’espace public » qui permet ce débat, il en est la véritable condition. Voilà comment, par ailleurs, se retrouve l’idée de liberté liée à cette notion d’espace. L’espace permet la circulation des idées, il est la condition même de la fl uidité de cette circulation. Il offre à chacun la liberté de dire en lui offrant une place et un lieu de parole. L’espace public est ouvert (même si on a coutume de le protéger de l’extérieur par un rempart) alors que les espaces privés sont fermés jalousement.

Paysage :C’est une portion d’espace terrestre représentée par un observateur, selon un point de vue. Le paysage est donc avant tout une chose vue. Tant pour le géo-graphe que pour le peintre. C’est donc dire que le paysage « fait sensation », c’est un espace où s’exerce et se réalise la sensibilité des hommes. Il fait ainsi l’objet d’une appréciation esthétique. Il est aussi le résultat de l’action des hommes sur leur environnement naturel au fi l de l’Histoire. Selon la nature


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des aménagements que les hommes réalisent sur le lieu de leur existence, on aura affaire à un simple écosystème, à un territoire, ou enfi n à un paysage.

La Convention européenne du Paysage établit en 2000 que le paysage défi nit

une partie du territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère

résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations.

Réseau :Il s’agit d’un ensemble de liens linéaires, permanents ou temporaires, et d’élé-ments nodaux (villes satellites, individus) nécessaires à l’organisation des fl ux de personnes, d’objets, d’idées. Le réseau a pour objectif d’abolir autant qu’il est possible espace et temps. L’accès au réseau donne ce privilège. Ainsi en est-il de l’accès au réseau autoroutier qui permet de traverser facilement et rapidement le territoire, de l’accès au Web qui, pour le coup, anéantit le temps et l’espace. Si l’effacement apparent des frontières a pu laisser croire à l’avè-nement d’un vaste espace vacant, ouvert à tous, la distinction par les réseaux opère discrètement des discriminations beaucoup plus effi caces que toutes les anciennes frontières qu’il était plus ou moins diffi cile de franchir.

Territoire :Le mot est riche de connotations très diverses, selon que l’on adopte le point de vue du géographe, du juriste, du politologue… Mais dans tous les cas, le ter-ritoire est borné, limité par des frontières artifi cielles ou naturelles, marqué (comme on dit d’un fauve qu’il marque son territoire).

Le mot territoire fait aujourd’hui concurrence, pour les géographes, au mot espace. Il fut employé dans cette acception moderne pour la première fois par Claude Raffestin en 1980 dans Pour une géographie du pouvoir. Le territoire est un espace protégé, contrôlé, administré, un espace où d’une manière ou d’une autre le pouvoir s’exerce. Il est plus généralement l’interface entre la Nature et la Culture.

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Ubiquité :Je suis partout, titre de sinistre mémoire mais qui fait peser immédiatement une terrible menace !

Le don d’ubiquité donne un pouvoir sans limite, il hisse celui qui le détiendrait à la démesure d’un Dieu.

Caractère d’un être qui est en tout lieu.

Ville :Synonyme de progrès civilisateur – « civil », « urbain », disent aussi une édu-cation et un art de vivre – la ville s’est construite d’abord comme un espace clos et protecteur, destiné à contrarier la précarité qu’impose la Nature aux hommes. Peu à peu, la solution est devenue problème, les villes en grandis-sant se sont révélées être des lieux également dangereux d’où la précarité n’avait pas été bannie. Comment vivre ensemble dans des villes qui dévorent l’espace moderne ? Dans la promiscuité que ces mégapoles infl igent à tous leurs habitants ? L’essor en quelques années, à la fi n du XIXe siècle, de la ville de Chicago, avait ainsi révélé la constitution de « gangs », des phénomènes parallèlement d’exclusion, étudiés alors par le premier département univer-sitaire de sociologie, créé spécialement pour étudier ces mécanismes liés au développement des villes.


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Annexes

Une bibliographie de base :Les textes de référence qui ne manqueront pas d’être commentés :

- Aristote Physique Livre IV

- Kant « Esthétique transcendantale » in Critique de la Raison Pure

- Leibniz « Lettre sur la question si l’espace du corps consiste dans l’étendue » GF

- Heidegger Remarques sur art-sculpture-espace Rivages- poche 2009

- Bachelard Poétique de l’Espace PUF

- Pérec Espèces d’espaces

Un essai qui invite à traverser l’histoire de la philosophie :Espace et lieu dans la pensée occidentale de Platon à Nietzsche de Thierry Paquot aux éditions La Découverte.

Et les parascolaires direz-vous ?Le plus utile à mes yeux, le mieux construit :

L’Espace de J.M. Nicolle chez Bréal. De loin le plus maniable et le plus acces-sible.

Un suivi sur le site :Réussir les concours d’entrée des Ecoles de Commerce http://blog.letudiant.fr/eric-cobast/

Un compte twitter pour réagir à chaud sur l’actu des prépas :@EricCobast

BCE - CONCOURS 2014Les épreuves écritesL’INSEEC utilise les épreuves de la BCE selon la grille ci-dessous.

Les Lexiques de l’INSEECAvant-Propos

Par Catherine Lespine, Directrice Générale du Groupe INSEEC

Il y a désormais plus de dix ans, l’INSEEC proposait aux élèves des classes préparatoires des conférences à travers la France sur les sujets d’Histoire et de Culture Générale qu’appellent les programmes des concours d’entrée aux Ecoles de Commerce. Confortés par les nombreux témoignages enthousiastes que ces manifestations suscitaient chaque année, nous avions pris alors la décision d’aller plus loin dans cette aide offerte aux étudiants pour compléter leur préparation.

Il s’agissait de confi er à Eric Cobast le soin d’animer une collection de petits ouvrages pratiques destinés aux étudiants de première et de seconde année.

Les « Lexiques de l’INSEEC » furent ainsi conçus et rédigés par des profes-seurs des Classes Préparatoires particulièrement sensibilisés aux diffi cultés que rencontrent régulièrement leurs étudiants. C’est au service de tous qu’ils apportèrent leur expérience.

Une véritable petite bibliothèque dans laquelle toutes les disciplines sont représentées est ainsi accessible à partir du site de l’INSEEC Grande Ecole. L’ambition des « Lexiques » ou des « Mémentos » que nous avons publiés ne fut évidemment pas de se substituer d’une manière ou d’une autre aux cours annuels mais bien de proposer des outils susceptibles d’accompagner la pré-paration des concours.

Le souci fut toujours d’effi cacité et d’utilité ; quant au choix du format, il nous avait été dicté par l’intention de publier des textes maniables, d’un accès aisé et vers lesquels il est commode de revenir souvent.

Depuis, nous poursuivons l’entreprise par la publication du lexique des termes associés au thème de l’année.

En vous souhaitant donc bonne réception et bon usage de ce nouveau lexique, et avec l’assurance que cette année d’efforts trouvera sa juste récompense…

Les épreuves oralesLes épreuves orales se déroulent sur une journée, à Paris, à Bordeaux ou à Chambéry. Les jurys sont composés de manière équilibrée de professeurs de classes préparatoires, de cadres d’entreprises, d’enseignants ou d’Anciens Élèves de l’INSEEC.Les épreuves orales de l’INSEEC ont un double objectif :• discerner l’aptitude du candidat à réussir et bénéfi cier pleinement des projets et programmes qui lui seront proposés :

ouverture internationale, goût pour la communication et l’argumentaire, esprit d’entreprendre, sens de l’équipe…• susciter une première rencontre entre le candidat et l’École.

Entretien

individuel

Entretien

collectif

Langues

Vivantes 1

Langues

Vivantes 2TOTAL

Coefficients INSEEC - Paris - Bordeaux - Chambéry 12 6 7 5 30

L’admission et l’inscriptionL’inscription se fait par la procédure centralisée SIGEM 2014.Quel que soit votre rang de classement (liste principale + liste complémentaire),c’est vous qui déciderez d’intégrer Paris, Bordeaux ou Chambéry.

Choix desépreuves écrites

Option

Scientifique Coef. Option Économique

Coef. Option

Technologique Coef.

Contraction de texte Épreuve HEC 3 Épreuve HEC 3 Épreuve ESC 3

Première langue IENA 6 IENA 7 IENA 4

Deuxième langue IENA 5 IENA 5 IENA 2

Dissertation de culture générale Épreuve EM-Lyon 5 Épreuve EM-Lyon 5 Épreuve EM-Lyon 4

Mathématiques Épreuve EM-Lyon 5 Épreuve EM-Lyon 4 Épreuve ESC 4

Histoire, Géographieet Géopolitique

Épreuve ESCP Europe 6 - -

Analyse économiqueet historique

- Épreuve ESCP Europe 6 -

Économie-Droit - - Épreuve ESC 5

Gestion-Management - - Épreuve ESC 8

Total coefficients 30 30 30

Les mots …de l’Espacepar Eric Cobast

C O L L E C T I O N L E S L E X I Q U E S D E L’ I N S E E C

L E S L E X I Q U E SD E L’ I N S E E C

C O L L E C T I O N D I R I G É E PA R E R I C C O B A S T

CAHIERS MÉTHODOLOGIQUES POUR LES CLASSES PRÉPARATOIRES AUX GRANDES ÉCOLES DE COMMERCE

Les « Lexiques de l’INSEEC » viennent compléter le dispositif conçu au service des étudiants initié par « Les Mémentos ». Ils ont été rédigés par une équipe de professeurs des Classes Préparatoires et des Grandes Écoles, particulièrement sensibles aux diffi cultés rencontrées par les candidats.L’ambition de ces « Lexiques » n’est pas évidemment de se substituer d’une manière ou d’une autre aux cours annuels mais de proposer tout simplement des instruments effi caces pour réussir les concours.

Collection Les Lexiques de l’INSEEC

N° 15 : Lexique de Géopolitique

N° 16 : Lexique d’Anglais

N° 17 : Formulaire de Mathématique (voie S)

N° 18 : Les mots... du Plaisir

N° 19 : Les mots... de l’Espace

INSEECSecrétariat de la Collection Les LexiquesH16 – quai de Bacalan – CS 910433 300 BordeauxTél. : 05 56 01 77 26

LEXIQUE N° 19COLLECTION DIRIGÉE PARERIC COBAST

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