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LES MOTEURS DE DÉCOUVERTE : LA RÉVOLUTION DU 21ÈME SIÈCLELE PLAN À LONG TERME POUR LE CALCUL DE HAUTE PERFORMANCE AU CANADA
août 2005
LES MOTEURS DE DÉCOUVERTE : La révolution du 21ème siècle
Les avantages du plan à long terme
Les avantages pour les chercheurs
• Accès : de véritables possibilités d’obtenir l’accès à desressources puissantes de calcul sur les plans nationalet régional
- processus d’application des ressources simplifié
- occasions continues et compétitives d’allocation des ressources
• Possibilité : appui à des projets de rechercheambitieux et à durée critique (ce qui atténue les délaiset les incertitudes quant au cycle de financement)
• Durabilité : accès à des projets ambitieux à long terme(ce qui permet la planification pour la recherche et ledéveloppement personnel)
• Coordination:
- accès rapide aux infrastructures appropriées sur lesplans régional et national
- programmes d’aide salariale à frais partagés pour lepersonnel technique local compétent
- croissance d’un bassin d’employés qualifiés en sou-tien technique au Canada
- établissement d’un réseau national de soutien tech-nique pour tous les utilisateurs
• Autonomie : contrôle local pour les stations de travailpuissantes et infrastructure informatique de supportaux groupes de recherche
Les avantages pour les organismes sub-ventionnaires fédéraux et provinciaux
• Transparence : planification et mise en œuvre limpides
• Cohérence : détermination nette des besoins enmatière de ressources et de la qualité des propositions
• Efficacité : utilisation coordonnée du matériel et dupersonnel informatiques
• Compétitivité : maintien d’un milieu de recherchecompétitif à l’échelle internationale
• Cohérence : diffusion coordonnée des techniques etdes résultats dans l’ensemble du Canada
• Transparence : injection appropriée et bien gérée des ressources
• Rentabilité : plan national coordonné qui empêche ledédoublement des efforts locaux indépendants
• Responsabilité financière : reddition de comptes enmatière de finances et de gestion
Les avantages pour l’industrie
• Guichet unique :
- accès à d’importantes ressources informatiques pourla recherche
- solutions scientifiques rapides pour résoudre lesproblèmes et pour le développement de produits
- une approche à peu de frais d’essai avant achat pour les PME
- une base de connaissance bien entretenue pour les chercheurs
- un service de surveillance technologique comprenantdes alertes opportunes
- PHQ : accès à une main-d’oeuvre qualifiée pourl’économie du savoir
- Applications formidables : l’industrie de pointe de demain repose sur la recherche de pointe d’aujourd’hui
Le conseil de direction d’AssociationC3.ca Inc. a amorcé et appuyé l’élabo-ration de ce plan à long terme
« Parce que je n’effectue pas
des calculs de hauts niveaux,
je me suis demandé ce que le
plan peut m’apporter. D’autres
chercheurs de par le Canada
se posent peut-être la même
question. J’ai commencé à
rédiger ces points et ça m’a
rapidement convaincu. »
Dr Andrew RutenbergFaculté de la physique et des sciences atmosphériques
Université Dalhousie
Table des matières
Préface 4
Avant-propos 6
Un jour 8
Sommaire 18
Impacts, résultats, possibilités et avantages des recommandations 19
Concurrencer sur le marché numérique 20
Besoins en matière de CHP 22
Organisation actuelle pour réaliser le CHP 24
Initiative nationale proposée : IMPACT Canada 25
Financement 27
Conclusion 30
Chapitre 1 : Introduction 33
Qu’est-ce que le calcul de haute performance? 35
Le Canada et le CHP 37
Personnes, applications, communications et technologie (PACT) 40
IMPACT Canada 41
Recommandations obligatoires 43
Chapitre 2 : Technologie et communications 47
Introduction 47
La technologie 48
Anneaux de capacité des calculs 50
Données et visualisation : Interpréter les données 58
Les réseaux et la grille 59
Table des matières
Table des matières
Chapitre 3 : Infrastructure humaine 65
Équipes de recherche 65
Programmes de recherche 67
Personnel de soutien 68
Formation des chercheurs 71
Financement pour le personnel de soutien du CHP 73
Chapitre 4 : IMPACT CANADA : Un organisme national pour le CHP 79
Chapitre 5 : Financement 91
Investissements dans le CHP au Canada jusqu’à présent 92
Penser stratégie 92
Choix averti : Exigences en matière d’investissements dans le CHP 93
Recommandation pour le financement 102
Mécanismes proposés pour diffuser l’information sur le financement 102
Résumé 104
Foire aux questions 111
Références 113
Table des matières
Études de casNeurochem et un traitement contre la maladie d’Alzheimer 31
Conserver la beauté de l’environnement au Canada 32
Comprendre la puissance du soleil 44
Comprendre notre univers 45
Des superordinateurs aux superstimulateurs : Garder le cap de l’industrie aérospatiale au Canada 62
Au cœur du sujet : Modeler l’arythmie chez les humains 63
La prévision des éléments météorologiques : En pleine croissance au Canada 64
Simuler la vie 75
Observer le monde dans un grain de sable 76
La modélisation de maladies infectieuses chez les animaux 77
La simulation qui offre une stimulation aux cardiaques 78
Fouiller la mémoire et redresser les esprits 86
Des économies de haute performance grâce à la conception de médicaments assistée par ordinateur 87
Le CHP contribue à définir la structure des protéines 88
Vrai ou faux? La validation dynamique de la fiabilité et de l’authenticité des dossiers numériques 89
Le CHP aide à combattre des épidémies parmi les populations humaines 105
Aider les Canadiens à mieux respirer à l’aide du CHP 106
Révéler le langage de la vie 107
La surfusion des liquides à l’aide du supercalcul 108
Repousser les limites du CHP pour comprendre l’univers 109
Le CHP dans l’industrie de la création de contenu numérique 110
Préface
Le calcul de haute performance (CHP) transforme la recherche au sein des
universités, des hôpitaux et des industries du Canada. Les simulations et
modèles informatiques complètent, et même supplantent, les expériences
traditionnelles sur le terrain ou en laboratoire dans de nombreuses disciplines.
En outre, d’importants ensembles de données provenant d’expériences à
grande échelle sur le terrain sont traitées, stockées et partagées. Des labora-
toires numériques permettent d’accéder à des domaines autrement inacces-
sibles et donnent des aperçus qui étaient inconcevables il y a quelques années.
La recherche mondiale a connu une hausse importante de la demande pour le
CHP dans les domaines traditionnels des sciences et de l’ingénierie, de même
que dans les sciences sociales et humaines. En 1999, le Canada occupait une
place minime dans la recherche axée sur le CHP mais cette année, le premier
financement pour le CHP a été octroyé par la Fondation canadienne pour l’in-
novation. La combinaison subséquente du financement fédéral, provincial et
industriel permet au Canada d’attirer des experts internationaux, d’établir une
base solide pour la recherche en matière de CHP et de former un personnel
hautement qualifié. Le nombre de chercheurs qui utilisent le CHP est passé de
quelques centaines en 2000 à plusieurs milliers en 2004 (et ce nombre connaît
une croissance rapide).
De nos jours, le CHP est omniprésent. Il a une incidence sur notre vie de tous les
jours à un point tel que la plupart des gens ne peuvent l’imaginer. Le présent
document fait ressortir cela de deux façons : en premier lieu par le biais d’un
récit qui montre les nombreux impacts du CHP dans la vie quotidienne d’un sim-
ple citoyen; et en deuxième lieu par le biais d’études de cas qui montrent com-
ment la recherche axée sur le CHP façonne l’avenir. Ces illustrations mettent en
évidence la nécessité d’un soutien si le Canada veut faire partie des concurrents
de « l’économie du savoir ».
Malgré les progrès réalisés au cours des cinq dernières années, il n’y a présente-
ment aucun plan clair pour soutenir la recherche qui fait appel au CHP. Nos
antécédents indiquent clairement que les initiatives sporadiques de CHP ne sont
ni rentables ni compétitives et qu’elles n’ont pas d’effet durable. C3.ca – l’orga-
nisation qui coordonne le CHP au Canada – reconnaissant le besoin pour une
vision à long terme et un financement stable, a réuni un groupe d’experts en
vue d’élaborer un plan à long terme (PLT) pour le CHP. En voici le résultat. Les
travaux de ce groupe ont obtenu l’appui du Conseil national de recherches du
Canada, de la Fondation canadienne pour l’innovation, des Instituts de
recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie, du Conseil de recherches en sciences humaines et de CANARIE Inc.
Le groupe a commencé ses travaux en décembre 2002. Depuis, il a tenu des séances
régionales (Calgary, Toronto, Ottawa, Montréal et Halifax) et des assemblées
publiques locales de par le Canada. Il a largement diffusé un rapport sommaire et
a demandé la participation des collectivités pendant l’élaboration du plan.
Préparer un plan à long terme pour le CHP est particulièrement exigeant car il
s’agit d’une technologie habilitante pour un éventail très varié de chercheurs et
parce qu’il a une plus grande incidence sur les chercheurs que toute autre infra-
structure importante de recherche au Canada. Les impacts industriels sont
également assez répandus, des secteurs du commerce et des ressources
naturelles aux domaines de très haute technologie tels que l’aérospatiale et la
biotechnologie. Nous ne pouvons représenter tous les domaines touchés par le
CHP dans le présent document. Nous présentons plutôt un échantillon représen-
tatif des applications sous la forme d’études de cas : ces études représentent la
Préface
4
Préparer un plan à long terme pour le CHP est particulièrementexigeant car il s’agit d’une technologie habilitante pour un éventailtrès varié de chercheurs et parce qu’il a une plus grande incidence surles chercheurs que toute autre infrastructure importante de rechercheau Canada.
justification scientifique (dans son sens large) du financement soutenu du CHP
canadien. Les cinq chapitres décrivent la technologie, les ressources humaines,
la gestion proposée, la structure de sensibilisation et le financement nécessaire
pour le plan. Les encadrés latéraux qui se trouvent tout au long du document
donnent des renseignements à l’appui de l’information principale. Le rapport a
été rédigé en tenant compte que de nombreuses personnes liront les sections
qui les intéressent particulièrement plutôt que le rapport en entier. Par con-
séquent, le rapport comprend certaines répétitions des points et exemples clés.
Il faut souligner que ce plan à long terme met l’accent sur une vision et des recom-
mandations générales. Le CHP évolue rapidement et le détail des besoins à un
moment précis doit être établi dans le contexte de pointe de ce moment particulier.
Alors que le PLT terminait sa dernière ronde d’examens, deux annonces
majeures illustrant l’importance qu’accordent les autres pays au CHP ont fait
ressortir la nécessité d’une stratégie canadienne. Premièrement, le Congrès
américain a récemment adopté la loi H.R. 4516, the Department of Energy High-
End Computing Revitalization Act of 2004 (loi de 2004 sur la revitalisation du
calcul de pointe du ministère de l’Énergie), qui renforcera les efforts déployés
par les États-Unis en matière de supercalcul en mettant sur pied un programme
de recherche et développement (R.et D.) au sein du ministère de l’Énergie (DOE)
pour développer de nouvelles capacités de calcul inégalées. Le projet de loi
autorise également le DOE à établir des installations de superordinateurs qui
donneront l’accès aux chercheurs américains à certains des ordinateurs les plus
avancés au monde. Deuxièmement, le Conseil allemand des sciences a récem-
ment recommandé que trois ordinateurs de haute performance de premier plan
soient mis sur pied en Europe et que l’un d’eux se situe en Allemagne. Ils ont
observé que sur le palmarès des 500 premiers CHP, il y a 128 superordinateurs
en Europe [par opposition à 7 au Canada]. Le Conseil des sciences a indiqué que
les tentatives d’établir un tel superordinateur européen en Allemagne
coûteraient au gouvernement allemand de 30 à 50 millions d’euros.
Le groupe de rédacteurs du plan à long terme a tiré profit des commentaires
qu’ont donné de bonne grâce un large éventail de chercheurs à la fois au
Canada et à l’étranger, notamment ceux qui ont contribué à la préparation des
études de cas, le comité consultatif du PLT et le conseil d’administration de
C3.ca. Nous apprécions énormément le temps qu’ils y ont consacré ainsi que
leurs commentaires. Nous sommes également reconnaissant de l’appui enthou-
siaste des collectivités lors de la mise au point du PLT. Les rétroactions des mem-
bres des collectivités ont grandement influencé la forme du présent document
et nous leur sommes redevables. Parmi les autres intervenants qui ont large-
ment contribué au projet se trouvent le Dr Andrew Pollard, Cathy King,
Leontien Storrier, le Dr Paul Lu et Claudette Tourigny.
En dernier lieu, je suis redevable aux membres du groupe qui ont consacré beau-
coup de leur temps, énergie, sagesse et connaissances scientifiques à la prépara-
tion de ce document. J’apprécie énormément leur travail, leur bonne humeur et
leur amitié dans le cadre de ce processus exigeant, éducatif et plaisant.
R. Kerry Rowe, ing., MSRC, FCAE
Président, groupe de rédacteurs du plan à long terme
Université Queen’s, janvier 2005
Au nom de :
Jonathan Borwein, Université Simon Fraser et Université Dalhousie
Russell Boyd, Université Dalhousie
Gilbert Brunet, Environnement Canada
Hugh Couchman, Université McMaster
Alan Evans, Université McGill
Martyn Guest, Daresbury Laboratory, Angleterre
Ian Lancashire, Université de Toronto
Jonathan Schaeffer, Université de l’Alberta
Préface
5
Avant-propos
De par le monde, la mise en application des technologies de l’informa-
tion et des communications toujours plus évoluées a révolutionné pra-
tiquement tous les types de demandes de renseignements, de l’étude
des climats et des courants océaniques à l’élaboration de théories sur les inter-
actions des structures de cristallisation des protéines et des particules sub-
atomiques. De tels travaux sont dorénavant fondamentalement quantitatifs et
computationnels : ils requièrent à la fois des ordinateurs de haute performance
pour effectuer les analyses mathématiques et des réseaux de pointe pour
recueillir et partager les ensembles de données dont l’envergure ne fait que
croître. L’enjeu n’est rien de moins que l’utilisation de ces nouvelles technolo-
gies pour l’invention de meilleures méthodes de recherche.
Au cours de la dernière décennie, une nouvelle infrastructure a été mise sur
pied au Canada pour appuyer cette transformation essentielle des travaux de
recherche. Grâce à un financement stratégique obtenu auprès de la Fondation
canadienne pour l’innovation (FCI) et Industrie Canada, de même qu’auprès de
sources provinciales et institutionnelles, les chercheurs canadiens ont main-
tenant accès à une variété de ressources régionales en matière de calcul de
haute performance (CHP) qui était de l’ordre du fantasme il y a à peine dix ans,
ainsi qu’à une série de réseaux de pointe pancanadiens pour établir la connex-
ion entre eux. Les installations de CHP régionales et les réseaux se comparent
aux meilleurs dans le monde, une réalisation qui vaut la peine d’être soulignée.
Ce sont les pierres angulaires sur lesquelles nous allons supporter la révolution
sur la manière d’effectuer la recherche – c'est-à-dire comment les avantages
économiques et sociaux découlent de cette recherche – ne fait que commencer.
Le plan à long terme pour le CHP décrit dans ce rapport offre une plateforme
magnifique sur laquelle poursuivre cette révolution au Canada. Les prochaines
étapes sont sans conteste le financement soutenu dans l’infrastructure de CHP
pour faire avancer les réalisations des derniers investissements et le développe-
ment organisationnel continu pour faciliter et être à l’avant-garde de ces efforts
collectifs. Les membres de la communauté du CHP méritent nos félicitations
pour avoir pris l’initiative d’élaborer ce plan et d’avoir mis l’accent sur des
recommandations aussi bien défendues.
À vrai dire, un investissement continu dans l’innovation technologique, illustré
par les installations informatiques et les réseaux déployés au Canada,
représente la première phase essentielle d’une stratégie globale pour maintenir
la compétitivité du Canada dans les domaines du CHP. Bien entendu, il s’agit
d’une phase dispendieuse, puisque cette infrastructure devient vite désuète et
doit être constamment modernisée. Toutefois, au fil du temps de tels investisse-
ments continus se traduiront par une infrastructure intégrée « intelligente » ou
« cybernétique » qui procurera à la communauté de chercheurs les outils essen-
tiels nécessaires à des travaux de niveau mondial.
La deuxième phase de la stratégie est tout aussi essentielle. Il s’agit d’un investisse-
ment continu dans la manière dont les communautés de recherche canadiennes et
internationales s’organisent pour effectuer leurs travaux. Au Canada, nous avons
favorisé un consortium pour relever ce défi, comme le démontrent les consortiums
régionaux de CHP, C3.ca, Grid Canada et même de CANARIE.
Avant-propos
6
CANARIE, quant à elle, fournit l’ossature nationale, CA*net 4, qui est sifondamentale pour la recherche axée sur le CHP, et appuie le dévelop-pement parallèle dans des domaines tels que l’apprentissage en ligne,les affaires électroniques et d’autres recherches réseaucentriques. Nous simplifions aussi les processus et l’innovation organisationnelle. Pour renforcer notre rôle de facilitateur de l’innovation, nous conti-nuerons à collaborer avec la communauté du CHP et d’autres pourassurer l’émergence de l’infrastructure intelligente du Canada.
Cela s’est soldé par une série de collaborations solides, multidisciplinaires et multi-
sectorielles bâties autour d’éléments constitutifs institutionnels.
La relation entre ces deux aspects d’une stratégie canadienne globale pour orienter
et renforcer notre compétitivité en matière de recherche – innovation techno-
logique et organisationnelle – est particulièrement étroite puisque l’établissement
et l’utilisation d’une infrastructure intelligente nécessitent de nouvelles méthodes
de collaboration. De nouvelles ententes doivent être conclues et de nouvelles archi-
tectures conçues pour régir la manière dont les données, les logiciels, les réseaux, les
capteurs et autres instruments, de même que les installations telles que les téle-
scopes et les synchrotrons, sont partagés et contrôlés conjointement.
CANARIE, quant à elle, fournit l’ossature nationale, CA*net 4, qui est si fondamen-
tale pour la recherche axée sur le CHP, et appuie le développement parallèle dans
des domaines tels que l’apprentissage en ligne, les affaires électroniques et d’autres
recherches réseaucentriques. Nous simplifions aussi les processus et l’innovation
organisationnelle. Pour renforcer notre rôle de facilitateur de l’innovation, nous
continuerons à collaborer avec la communauté du CHP et d’autres pour assurer
l’émergence de l’infrastructure intelligente du Canada. En réalité, CANARIE et la
communauté du CHP partagent un objectif crucial : assurer que le Canada a l’infra-
structure et les dispositions organisationnelles pour permettre à nos chercheurs non
seulement d’être des collaborateurs efficaces avec le reste du monde, mais aussi
d’être des compétiteurs de premier plan.
Andrew K. Bjerring
Président et chef de la direction
CANARIE Inc.
Avant-propos
7
Un jour
8
Un jour
Un jour
Le calcul de haute performance (CHP) a une
incidence sur la vie des Canadiens au jour le
jour. La meilleure façon d’illustrer cela est de
vous raconter une histoire simple. Il s’agit d’un jour
ordinaire dans la vie d’une famille ordinaire : Russ,
Susan et Ceri Sheppard. Ils vivent sur une ferme à
15 kilomètres de Wyoming, Ontario. La terre pro-
duisait tout d’abord du pétrole et maintenant
donne du lait; ce qui est très bien sur le plan local.
Leur journée – le jeudi 29 mai 2003 – commence à 4 h
30 lorsque le réveil sonne. Une journée chargée. Susan
Zhong-Sheppard prendra un vol pour Toronto afin de
visiter son père, Wu Zhong, au Toronto General
Hospital; il est très malade suite à un accident cérébral
vasculaire. Elle prend une douche rapide et prépare
son sac pour être prête pour le vol qui part à 6 h de
l'aéroport Chris Hadfield de Sarnia. Russ Sheppard
restera à la maison et s’occupera de leur ferme laitière
mais sa journée commence toujours tôt. Leur fille Ceri
peut dormir encore trois heures avant d’aller à l’école.
En attendant, Russ regarde dehors et se fait la réflex-
ion suivante : Ça a été un été sec. Où est la pluie?
Sur la table familiale de la cuisine se trouve un ordi-
nateur personnel muni d’une connexion Internet
haute vitesse. Russ ouvre une session et va sur le site
Farmer Daily. Il clique ensuite sur le lien pour
Environnement Canada, puis sur Ontario et il sélec-
tionne Sarnia-Lambton. Bien, comme il espérait :
Pluie passagère en matinée. Risque d’orages. Vents
du sud à 30 km/h pouvant atteindre 50 km/h et
diminuant à 20 km/h dans l’après-midi. Périodes
ensoleillés. Maximum de 14o
Comptant parmi le million de personnes qui visitent
le site chaque semaine, Russ utilise le CHP, bien qu’il
ne le sache pas. Il y vingt ans, Russ trouvait les prévi-
sions d’Environnement Canada fiables uniquement
deux jours à l’avance. De nos jours, les prévisions
sont plutôt fiables pour une semaine.
Russ pense, Notre Service météorologique comptedes gens très intelligents.
Mais cela ne l’empêche pas de s’inquiéter. Les
Sheppards sont agriculteurs depuis quatre générations,
depuis les années trente où la faim était courante. Une
photo dans le couloir lui rappelle « cette époque ».
Il reste assis un instant, fixant l’écran. Il y a dix jours, le
monde de Russ a été ébranlé. L’encéphalopathie bovine
spongiforme (EBS) est apparue chez une vache de
Wanham, en Alberta, et maintenant sept pays ont
interdit le bœuf canadien. Penser à cette situation le
fatigue car il n’y peut rien.
Qu’est-ce que Susan et lui feraient s’ils devaient abattre
leurs vaches? À cause de la maladie du père de Susan, il
ne peut lui imposer le fardeau de ses réflexions.
Prévision météorologique
Le degré d’exactitude d’une prévision sur cinq
jours en 2003 équivalait à celle d’une prévision sur
36 heures en 1963 [REF 1]. La qualité des prévisions
quotidiennes a augmenté d’environ un jour par
décennie de recherches et de progrès dans le matériel
et les logiciels de CHP. Des prévisions exactes se
traduisent en milliards de dollars épargnés annuelle-
ment dans le domaine de l’agriculture et en ce qui
concerne les frais associés aux catastrophes
naturelles. À l’aide d’un modèle élaboré par le
Dr Keith Thompson de l’Université Dalhousie,
le Service météorologique du Canada a récemment
pu prévoir l’inondation des côtes des provinces de
l’Atlantique suffisamment tôt pour que les habitants
puissent prendre des actions préventives.
La figure illustre la qualité toujours croissante des prévisions
météorologiques
9
Un jour
Recherches sur le Web
Google [REF 2] est alimenté par plus de 30 000 PC
et il effectue des mathématiques informatiques
intelligentes. Il est constitué de trois composants de
CHP distincts qui lui permettent de trouver et d’or-
ganiser les nouvelles, les sciences et bien plus :
• Googlebot, un moteur de recherche Web qui
trouve et récupère les pages Web.
• Un indexeur qui trie chaque mot de chaque page Web
qui se trouve dans une immense base de données.
• Un processus d’interrogation qui compare votre
requête avec l’index et extrait les documents pertinents.
Vingt-quatre heures par jour, Google répond
généralement à une requête en moins d’une seconde
– grâce au CHP.
10
Un jour
Russ demande la page www.google.ca et inscrit
« ebs alberta ». Les nouvelles décrivent l’abattage
d’un millier de bétail suspect en Alberta. Un article
du dernier mois de mars décrit les tests d’EBS effec-
tués dans le laboratoire de santé animale de
l’Université de Guelph : aucun cas positif en 2002.
Quelques échantillons de tissus sont allés à un labo-
ratoire de l’Agence canadienne d’inspection des ali-
ments à Winnipeg. Il trouve le site de l’ACIA et con-
sulte les communiqués émis la veille. L’Agence
recueille actuellement des échantillons pour
effectuer des tests d’EBS en Saskatchewan et un
laboratoire de l’ACIA à Lethbridge réalise l’analyse
de l’ADN pour repérer la vache infectée. Ces spécia-
listes des biorisques appuient leurs recherches sur le
CHP, comme vient de le faire inconsciemment Russ
en utilisant Google.
Russ se dit, D’accord, il se passe quelque chose! Puis il
demande, « Susan, prête à partir? » Russ clique sur le
système programmable sans clé de son nouveau
véhicule utilitaire sport.
Le trajet pour se rendre à l’aéroport Chris Hadfield de
Sarnia prend vingt minutes et un EDR (enregistreur
de données de conduite) situé dans le coussin gon-
flable du chauffeur trace la vitesse du VUS, le régime
du moteur et l’état des freins. Russ tapote la boussole
électronique du véhicule. Susan sort son téléphone
cellulaire et vérifie l’heure de départ. Après les saluta-
tions de Russ à son beau-père, un bisou, un câlin et la
demande de Susan de venir la chercher à 13 h et de
ne pas laisser Ceri dormir tard de nouveau, Susan sort
de l’auto et passe la porte d’embarquement.
En attachant sa ceinture dans l’avion à 18 places Air
Georgian Beech 1900H, elle pense, Ouf! La vie de fille
unique, d’épouse et de mère! Par le hublot elle peut
voir la pluie. Susan regarde la tour de contrôle de la
circulation aérienne tandis que l’avion se prépare au
décollage. Elle se croise les doigts. Depuis qu’elle et
son mari se sont levés, dans leur milieu rural, ils ont
utilisé trois importants systèmes fondés sur le CHP.
Elle place maintenant sa vie dans les mains de
quelqu’un d’autre. La même société qui a construit
l’avion Beech 1900H, Raytheon, a aussi mis sur pied
le CAATS, le Système canadien automatisé de con-
trôle de la circulation aérienne, dont le siège social
se situe à Moncton. Aucun des compagnons de vo-
yage de Susan ne sait que le système de traitement
de données de vol de NavCanada se classe parmi les
meilleurs au monde. Si quelqu’un leur disait, la plu-
part ne seraient pas surpris.
Un moteur à propulsion fabriqué au Canada élève
Susan à plus de 6000 mètres dans les airs. Ce moteur
PT6A de Pratt & Whitney connaît une demande et
un développement continus depuis plus de qua-
rante ans. Si vous avez pris un ascenseur Otis, un
autre produit de Pratt & Whitney vous a permis de
vous élever. Tandis que l’avion s’approche de l’aéro-
port Pearson de Toronto, Susan survole les bureaux
de la société de CHP qui lui permet d’être en vol.
Le CATTS permet un atterrissage en douceur dans la
ville que les amis de Susan nomment ces jours-ci
d’un ton lugubre « la cité de la peste » (plague city).
Susan, qui est née dans la ville de Calgary riche en
pétrole, a déjà entendu son père se plaindre de l’Est
du Canada dans les années 1970 mais il habite
maintenant l’Est et elle se dit, Ainsi va la vie, elle
prend toutes sortes de tangentes. Comme Russ, elle
s’inquiète. Non pas à propos d’une vache de
l’Alberta mais plutôt à cause d’un nouveau virus qui
a voyagé de la Chine jusqu’à l’aéroport Pearson il y
a deux mois. Wu Zhong est une victime de la tour-
mente du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).
Lundi dernier, l’Organisation mondiale de la santé a
classé Toronto parmi les villes où le SRAS s’est trans-
mis récemment à l’échelle locale, un coup de poing
pour une grande ville déjà isolée. Susan vient
quand même, elle souhaite parler au médecin.
L’avion roule jusqu’à l’aérogare 2. Susan en descend
puis traverse l’aire de trafic sous la pluie. Les 905
(code régional) circulent déjà en masse vers le cen-
tre-ville sur les deux immenses autoroutes, 401 et
427, qui longent l’aéroport Pearson. En cette fin de
printemps, les nuages sont gorgés de pollution et
Susan tousse. Asthmatique de naissance, elle sort
son inhalateur. C’est la première bouffée de la
journée et il est à peine 6 h 55.
Les choses se corsent lorsque Susan prend place au
Tim Horton du niveau des départs à l’aérogare 2.
Elle prend un café, va s’asseoir et lit les journaux qui
jonchent sa table. Hier, la ville de Toronto a mis en
quarantaine 1 700 étudiants et employés de l’école
secondaire Father Michael McGivney Catholic
Academy de Markham jusqu’au 3 juin parce qu’un
seul étudiant présentant des symptômes du SRAS
est allé à l’école la semaine précédente. Sa mère
travaille au North York General Hospital, un des
hôpitaux touchés. Pire, les journaux décrivent com-
ment les Canadiens d’origine chinoise, étiquetés
comme porteurs du SRAS, ainsi que leurs entrepri-
ses et leurs enfants, sont victimes de racisme, de
boycottage et que les gens les évitent. « C’est
ridicule. Qu’est-ce que je fais ici? », se dit Susan. Et
d’une autre table, quelqu’un lui répond, «
Exactement ce à quoi je pensais ma chère. Personne
ne veut qu’une personne comme vous ne descende
d’avion en provenance du siège social du SRAS ces
jours-ci, n’est-ce pas? » Et Susan de répondre, « Que
voulez-vous dire? Je suis de Sarnia et non pas de
Toronto ou de la Chine! » Mais l’autre persiste, «
Oh, vraiment? ... Si j’étais vous ma chère, je ferais
attention où je mets les pieds aujourd’hui. »
Avec autant de dignité que possible, Susan se lève et
marche rapidement dans le hall de l’aérogare, cher-
chant les autobus de la ville pour aller au centre-ville.
C’est vrai, se dit-elle, où sont les voyageurs habituels
aujourd’hui? Quelques personnes à l’expression
sévère la dépassent vivement, se tenant loin d’elle.
Passé les portes automatiques, un autobus de
Toronto Transit est en attente. Susan monte à l’in-
térieur, paye et va directement s’asseoir à l’arrière.
Concevoir un avion
Depuis que Pratt & Whitney a ajouté le CHP à ses
outils – une grille unique d’ordinateurs qui
dirige 15 000 ordinateurs en Amérique du Nord – ses
produits sont mis au point pour la moitié du temps et
du prix. Le siège social de Plateform Computing, la
firme de CHP que Pratt & Whitney a embauché, se
situe à Markham et elle a des bureaux dans 15 villes,
de Boston à Beijing. La recherche sur la dynamique
numérique des fluides prévoit la manière dont les tur-
bines à gaz de Pratt & Whitney brûlent du com-
bustible et permet ainsi des améliorations dans sa
conception. [REF 3]
« Wingmating » – fabriquant d’ailes du Bombardier CRJ900
11
Un jour
De temps à autres, comme à 7 h 25, lorsque l’auto-
bus rejoint l’autoroute 427 vers le Sud, les routes de
Toronto sont figées comme du beurre d’arachide
réfrigéré. En d’autres temps, elles sont des circuits
de vitesse. Les conducteurs savent habituellement à
quoi s’attendre lorsqu’ils conduisent et cette notion,
une fonction du système de contrôle de la circula-
tion de Toronto, les calme. À la mi-juillet de 1999,
lorsqu’un panneau de mutation a éclaté dans un
édifice de Bell Canada, les feux de circulation des
intersections de la route 550 à Toronto ne fonction-
naient plus… C’était une indication de ce qui
arriverait dans la ville le 14 août 2003, lorsque l’ali-
mentation serait interrompue sur la côte est. Mais
ce matin tout va bien; un système de CHP, dont l’in-
formation est transmise par des capteurs magné-
tiques et des câbles à fibres optiques, contrôle les
feux de circulation de la ville.
Susan observe la ville pendant que l’autobus tourne
vers l’Est sur l’autoroute Gardiner et sort à Bay
Street. Un grand tableau d’affichage jaune sur
lequel se trouve une grande flèche rouge pointant
vers le haut et qui fait la publicité de MétéoMédia
présente comme sous-titre, « (Nous vous l’avions
dit.) » C’était encore vrai. L’autobus se range au
Royal York Hotel sous la pluie. « C’est bon pour les
agriculteurs », fait remarqué sur un ton égal le con-
ducteur de l’autobus tandis que Susan descend. Elle
entre dans l’hôtel et se dirige rapidement vers le
couloir souterrain. Il est 8 h et dans 75 minutes elle
rencontrera le médecin de son père. Susan souhaite
Un jour
Un des grands auteurs de
fiction du Canada, William
Gibson, a inventé le terme
« cyberspace » dans son
roman « Neuromancien »,
qui a remporté le prix Hugo,
Nebula et Philip K. Dick en
1984–85. « Une complexité
impensable. Des traits de
lumière disposés dans le
non-espace de l’esprit, des
amas et des constellations
de données. Comme les
lumières de villes… » [REF 4]
William Reeves, directeur technique de PixarAnimation Studios, a étudié à Waterloo et
Toronto, obtenant un baccalauréat en mathématiqueainsi qu’une maîtrise et un doctorat en informatique. En1980, il s’est joint à Lucasfilm et a inventé une techniquede synthèse de l’image appelée Particle Systems. Cettetechnique produit des images complexes et détailléespar le biais de nombreuses (généralement) particulesgéométriques simples qui évoluent stochastiquement aufil du temps. Après avoir travaillé sur des films tels queL’Empire contre-attaque, monsieur Reeves et deux parte-naires ont créé Pixar. De nos jours, sa technique, qui estenseigné dans tous les cours sur la réalisation des films,est la pierre angulaire de nombreux films d’animationde Pixar qui font figure de pionniers. À titre de directeurtechnique en chef pour Histoire de jouets, le premierlong métrage réalisé entièrement par animation infor-matique, Reeves a gagné quatre Academy Awards dansla catégorie technique. Un autre Canadien, DarwynPeachey (baccalauréat et maîtrise de la Saskatchewan), ajoué un rôle technique important auprès de Pixarpuisqu’il a reçu un Oscar dans la catégorie technique en1995 pour son travail dans l’élaboration de RenderMan.Patrick Coleman et Karan Singh, du Dynamic Graphics
Project, le groupe de recherche de l’Université deToronto dont monsieur Reeves est un ancien élève, a misau point un logiciel de projection non linéaire pour lefilm « Ryan » de Chris Landreth, qui a remporté unAcademy Award pour le meilleur court-métrage d’ani-mation en 2004. Le Conseil des Arts du Canada a par-ticipé à l’élaboration de « Ryan ». [REF 5]
Ryan, victime de la drogue et de l'alcool, connaît des épisodes
qui perturbent dans son cerveau sa perception spatiale. Un logi-
ciel d'animation informatique exploite généralement les règles
de la perspective linéaire pour montrer comment des person-
nages comme Ryan voient le monde. Le système de projection
non linéaire qui crée Ryan permet aux animateurs de combiner
plusieurs points de vue de diverses manières pour obtenir des
effets qui perturbent la perspective linéaire.
Pixlet (Pixar + wavelet, ondelette en français) est le premier
algorithme professionnel pour les cinéastes. Pixlet procure une
compression de 20 – 25 : 1, permettant une série d’images de
75 mégaoctets/sec. dans un film de 3 mégaoctets/sec., ce qui
ressemble aux données DV.
12
offrir un cadeau à Ceri et elle fait donc du lèche-vit-
rines dans ce que la ville de Toronto appelle le com-
plexe souterrain urbain le plus grand du monde,
avec 27 kilomètres de couloirs et un millier de com-
merces. Dans un magasin de musique qui ouvre tôt
elle achète le film Trouver Nemo parce que Ceri a
aimé Histoire de jouets, un autre film d’animation de
Pixar. Un Canadien a gagné un Oscar pour ce film,
non? Susan ne se souvient pas du nom de Bill Reeves
et ne sait pas que Pixar utilise huit grappes de super-
calculateurs et soixante téraoctets d’espace disque
intitulés « RenderFarm » pour réaliser des produits
de divertissement pour des agriculteurs comme elle.
Il n’y a pas de raison qu’elle s’en souvienne. Si les
processeurs numériques étaient des pixels sur un
écran nord-américain, la ville souterraine de Toronto
et le marché de Bay Street au-dessus se réverbè-
reraient comme une balise. Mais comme pour la
majorité de la population canadienne, Susan ne voit
jamais le cyberespace qui l’entoure.
À 9 h, Susan sort de la ville souterraine à l’hôtel de
ville, se dirige vers l’Ouest sur University Avenue et
peut voir le Toronto General Hospital. Dix minutes
plus tard, elle est à l’entrée du Peter Munk Cardiac
Centre sur Gerrard Street.
Elle voit une affiche : « Centre de triage des
patients pour les maladies infectieuses. » Deux infir-
mières en chemise d’hôpital et portant un masque
bloquent le passage. Elles donnent un masque à
Susan et mettent un peu de savon antibactérien sur
ses mains, lui disant de bien les frotter. Puis une des
infirmières lui demande, « Qui êtes-vous et que
faites-vous ici? » « Je m’appelle Susan Zhong-
Sheppard et je viens de Wyoming près de Sarnia. Le
Dr Christopher Andres m’a donné rendez-vous au
service de neurochirurgie pour discuter du cas de
mon père. C’est un patient de l’hôpital. »
L’infirmière réplique de façon énergique, « N’avez-
vous pas lu cette affiche? Nous vivons une situation
d’urgence ici! Vous ne pouvez visiter votre père.
Vous ne savez rien au sujet du SRAS? » Susan de
répondre faiblement… « J’avais espéré… » L’autre
infirmière consulte le carnet de rendez-vous et lui
dit, « Vous n’êtes pas sur la liste. Asseyez-vous là et
nous verrons. »
Susan se joint à d’autres personnes silencieuses qui
portent un masque et qui sont assises près de la
porte. Les préposés renvoient la plupart. Susan
attend depuis quarante-cinq minutes. Le départ de
son vol de retour est prévu pour midi et elle se fait
du mauvais sang. À 10 h, une infirmière l’invite à la
suivre. Elle s’assoit à côté d’un ordinateur et une
autre infirmière lui demande gentiment, « Est-ce
que vous toussez, souffrez-vous de fièvre, de maux
de tête, de douleurs musculaires ou d’essouffle-
ments? » En même temps, l’asthme de Susan se
manifeste et l’infirmière devient silencieuse. « Non?
Madame Zhong-Sheppard, veuillez entrer dans
cette salle pour que nous vous examinions. » Des
chercheurs plus à l’est de l’autoroute 401, à
l’Université Queen’s, font appel au CHP afin de
Imagerie médicale
Les techniques modernes d’imagerie de CHP
(notamment la TEP à l’aide de « positons » et la
TEM à l’aide de « photons ») procurent des images
dynamiques en temps réel à deux ou trois dimensions
non invasives du cerveau, du cœur, des reins et
d’autres organes. Elles sont en train de révolutionner
la recherche, la chirurgie et la gestion des maladies.
Une reconstruction à trois dimensions d’une minute
nécessite une puissance informatique énorme pour
produire ces images. [REF 6]
13
Un jour
simuler le fonctionnement des inhalateurs pour que
les personnes comme Susan bénéficient d’un
soulagement plus efficace. Elle en aurait bien
besoin aujourd’hui.
Susan montre son inhalateur à l’interne. Il prend sa
température et lui pose d’autres questions. Vingt
minutes plus tard, Susan, secouée, est renvoyée.
L’infirmière au poste de travail informatique lui dit,
« Je suis désolée mais c’est la nouvelle procédure.
Nous avons fait les vérifications nécessaires et le Dr
Andres vous recevra maintenant. Prenez ce papier
et faites-le signer par toutes les personnes que vous
rencontrerez. Lorsque vous partirez, vous devrez
nous le rendre. Est-ce que vous comprenez? »
Susan se rend à une salle d’attente au quatrième
étage située dans l’aile ouest. Une infirmière silen-
cieuse arborant un masque signe sa feuille. Dix mi-
nutes plus tard, l’infirmière l’accompagne vers une
petite salle de consultation. Le Dr Andres fait son
entrée, portant un masque lui aussi. « Je suis désolé
de la manière dont on vous a reçu Susan mais je suis
heureux que vous soyez là. Aviez-vous pris un ren-
dez-vous? » Susan répond, « En vérité, oui. » Et le
médecin de répondre, « Bien, ce qui compte c’est
que vous soyez ici. L’état de votre père est stable
mais il ne peut toujours pas parler. Susan, j’ai besoin
que vous m’autorisiez à réaliser des images
dynamiques de l’hémisphère gauche de son
cerveau, ce qu’on appelle l’imagerie par résonance
magnétique fonctionnelle. Nous sommes bien
installés pour les analyser… avez-vous entendu par-
ler du réseau de recherche sur l’imagerie fonction-
nelle (Functional Imaging Research Network)? »
« Le Dr Miner a envoyé mon père ici. Je vous en prie
Dr Andres, faites ce qui est le mieux pour mon père.
» Et le Dr de répondre, « Susan, nous travaillons de
concert avec la Fondation des maladies du coeur ainsi
qu’avec les universités d’Ottawa et de Toronto. Nous
pouvons établir une bonne stratégie thérapeutique
pour monsieur Zhong. » Susan ne sait quoi répondre.
Elle veut ramener son père à la maison maintenant.
Il comprend. « Nous ne pouvons déplacer les
patients présentement. Nous sommes en état de
siège ici. Je vous tiendrai au courant le plus tôt pos-
sible, d’accord? Mais je dois vraiment y aller main-
tenant Susan. Est-ce que ça va? » Elle prend l’inhala-
teur dans son sac mais elle acquiesce. « Bien. Je vous
appelle la semaine prochaine, d’accord? Je suis
désolé… C’est tout le temps que j’ai! » Dr Andres
signe la feuille de Susan et la laisse seule.
Lorsque Susan arrive à la sortie de Gerrard Street, il
est 11 h 20. Une préposée aux soins lui met du
savon désinfectant sur les mains, lui dit de jeter son
masque dans la corbeille et prend sa feuille qui
présente deux signatures. Puis on la conduit vers la
sortie. Elle s’arrête un moment. Son visage est
mouillé mais pas en raison de la pluie.
Séquençage du SRAS
« La diffusion rapide de la séquence du génome
du SRAS sur Internet a permis à des groupes de
par le monde de participer à l’analyse compu-
tationnelle du génome et à la modélisation 3D
des séquences protéiques. Cela s’est traduit par
un nombre inégalé de publications scientifiques
et d’initiatives pour trouver un vaccin seulement
un an après la découverte de cette nouvelle
maladie. D’ordinaire, de telles initiatives pre-
naient de nombreuses années.”
Dr Steven Jones
Chef de la bioinformatique
Genome Sciences Centre, C.-B.
L’image montre une analyse génomique (BLASTX) du com-
plément protéique de l’ordre des Nidovirales par rapport à la
version 7.4 du virus présumé du SRAS séquencée au Michael
Smith Genome Sciences Centre. [REF 7]
14
Un jour
Elle ne comprend pas pourquoi personne n’était au
courant de son rendez-vous (n’y a-t-il pas des ordi-
nateurs?), pourquoi tout le monde la regardait de
la sorte (je ne viens que de Sarnia, non?) et
pourquoi elle a dû attendre aussi longtemps. Ce
matin là, le CHP et le cyberespace ont négligé
Susan. Mais ils aideront son père, maintenant elle
en est convaincue et elle pense, Papa se rétablira.
Susan utilise son cellulaire pour appeler Air Canada.
Ils ne tiendront pas compte du vol manqué mais
tous les vols ultérieurs pour Sarnia ont été annulés.
C’est la nouvelle réalité. Elle marche vers le Sud sous
un ciel partiellement dégagé sur University Avenue
pour se rendre à Union Station. Le seul train de VIA
Rail part à 17 h 40 et arrive à Sarnia à 21 h 40. Susan
retire un peu d’argent à un des 4 400 guichets de sa
banque, achète le billet de train et appelle Russ.
Les voix de Susan et de Russ sont converties en
impulsions puis sont transmises, grâce à une infra-
structure CHP cachée, à 250 km en moins de temps
qu’un battement de cœur. « Je t’accueillerai à la sta-
tion Green Street, » dit Russ. Sans le savoir, elle a
acheté son voyage de retour sur un réseau bancaire
qui fonctionne grâce au CHP. Malgré la nouvelle
réalité occasionnée par le SRAS, la banque reconnaît
Susan Zhong-Sheppard, même sans rendez-vous.
Six semaines plus tôt, le 12 avril, la séquence d’ADN
du nouveau coronavirus du SRAS a été publiée par
le Genome Sciences Centre en collaboration avec le
Centre d’épidémiologie de la Colombie-Britannique
et le Laboratoire national de microbiologie à
Winnipeg. Deux jours avant, des scientifiques du
Hospital for Sick Children de Toronto ont publié la
séquence complète du chromosome humain 7, y
compris des points de repère pour des maladies
comme la fibrose kystique, la leucémie et l’autisme.
Les deux projets ont eu largement recours aux
ressources du CHP.
L’après-midi du 29 mai au centre-ville de Toronto,
personne ne porte de masque et les Torontois vont
pratiquement où ils veulent. Plusieurs ont de petits
sacs comme celui de Susan. Elle entre dans une
grande librairie et fait du lèche-vitrines au Eaton
Centre. Personne ne lui demande ce qu’elle fait là.
Nous sommes au Canada et c’est la Journée interna-
tionale des casques bleus. Pourtant, sur le plan élec-
tronique, chaque fois que Susan entre dans le
cyberespace pour effectuer des transactions ban-
caires ou des achats, son avatar prend de l’ampleur,
marquant la date des événements. Dans deux cents
ans, des archivistes sauront qu’elle a visité Toronto,
acheté un CD dans la ville souterraine, qu’elle a
consulté le Dr Andres, appelé à la maison et acheté
un billet de train de VIA Rail. Ils sauront également
qu’elle s’est arrêtée dans un café Internet à 15 h 45
et qu’elle a écrit à Ceri la note suivante :
je ne pourrai venir te border ce soir Ceri mais demainj’ai quelque chose pour toi alors FAIS tes devoirs. est-ceque tout va bien à l’école? bisous et câlins xxx maman
Projet Cybercell
Le Projet Cybercell [REF 8] vise à modéliser « les
structures de presque toutes les 4 000 protéines
de la bactérie E. Coli puis de simuler leurs interactions
et fonctions dans un ordinateur, » déclare le
Dr Michael James, membre de l’équipe de recherche.
Le Dr James dit que dès que les protéines de la bac-
térie E.coli seront « déterminées » et stockées
numériquement, les chercheurs pourront interagir
virtuellement avec leurs versions numériques et
observer les interactions possibles avec des molécules
antibiotiques. CyberCell, un projet pancanadien de
grande envergure, « prendra du temps à réaliser –
peut-être 20 ans – mais avec plus de ressources de
CHP, ça pourrait prendre beaucoup moins de temps. »
Simulation de l’action dynamique réciproque entre l’intérieur
d’une cellule et son environnement par le biais de la mem-
brane cellulaire.
15
Un jour
Vingt minutes plus tard, Ceri consulte ses courriels et
lit la note. Sur le plan numérique du moins, l’avatar
« Susan » pourrait être n’importe qui puisque n’im-
porte qui peut envoyer un courriel qui semble
provenir de son adresse. Alors oui, peut-être qu’un
système de sécurité à CHP est à l’écoute. Mais
pourquoi écouter des messages non chiffrés ne con-
tenant aucune image comme ceux que reçoit Ceri?
Des sociétés canadiennes telles que Entrust à Ottawa
et Certicom à Waterloo vendent des outils de chiffre-
ment qui sont maintenant essentiels pour sécuriser les
transactions bancaires et bien plus.
Ceri arrive à la maison de l’école en autobus à 16 h 15.
Son professeur de santé publique lui a demandé d’ex-
pliquer à la classe demain pourquoi son père ne la
laisse pas boire du lait de vache cru. Ceri pose donc la
question à son père. Russ explique que jusqu’à ce que
le lait soit pasteurisé, ou rapidement chauffé puis
refroidi, il peut être contaminé d’une bactérie
provenant de la traite. Ils envoient leur lait à une usine
qui le pasteurise. Ceri demande, « Quelle bactérie » et
Russ répond, « Elle s’appelle E. Coli. Consulte la pile de
revues Scientific American ou Internet. »
Ceri s’assoit à la grande table de la cuisine et cherche
le Web pour y trouver de l’information sur la bactérie
E. Coli. Sur le site Web de l’Université de l’Alberta, elle
trouve le Project CyberCell, qui simule une bactérie E.
Coli comme cellule virtuelle. En utilisant le CHP pour
découvrir comment les protéines interagissent dans
une cellule virtuelle, les scientifiques peuvent aider
les compagnies biopharmaceutiques à faire des
médicaments personnalisés pour les patients.
Ceri interpelle son père et lui dit, « Papa, ils ressem-
blent à des hot dogs! » Ceri regarde les cellules
simulées grâce au CHP, torsadées dans leur monde
étrange. En dix minutes, elle apprend que de vraies
cellules E. Coli vivent dans ses propres intestins.
Elle interpelle de nouveau son père, « Papa, pourquoi
est-ce qu’on ne peut pas boire le lait si nous avons
déjà des cellules E. Coli en nous? » Russ lui répond
patiemment. « Ceri, ce qui est nuisible est une muta-
tion des bactéries normales. Continue de chercher de
l’information. » Elle trouve ensuite une image sur un
site Web Nature de l’E. coli 0157:H7 et de ses sinistres
flagelles, ainsi que des descriptions sur la diarrhée
sanglante et l’insuffisance rénale. Elle se lève, con-
tente de ne pas boire de lait cru.
Dans le train, Susan s’endort et rêve de pâturages balayés
par le vent au printemps et qui ne rendent aucun asthma-
tique malade, de champs où des gens au visage joyeux qui
ressemblent beaucoup à celui de Ceri lancent leur inhala-
teur sous la pluie riche en antigène du Canada.
Lorsque Susan débarque du train à Sarnia, Russ l’at-
tend en souriant. À l’extérieur de la station, ils con-
templent la nouvelle lune et un ciel particulièrement
étoilé. Loin au sud se trouve Mars, de couleur orange
vif. Elle se demande si Chris Hadfield, qui a donné son
nom à l’aéroport duquel elle a décollé il y a 16 heures,
OECD/OCDE
Le 30 janvier 2004 à Paris, 34 gouvernements (dont
le Canada, la Chine, l’Union européenne, la Russie
et les États-Unis) de l’Organisation de coopération et
de développement économiques (OCDE) ont convenu
d’établir des moyens pour offrir un libre-accès à
toutes les recherches numériques financées par les
fonds publics. [REF 9]
16
Un jour
regarde le ciel aussi. Il a grandi à Sarnia et a été le pre-
mier Canadien à flotter librement dans l’espace. Il fai-
sait aussi partie de l’équipage de la navette spatiale
Endeavour qui a installé le Bras canadien 2 il y a deux
ans. Susan dit à Russ, « Est-ce que nous verrons un
jour des familles comme la nôtre sur Mars à ton avis?
Peut-être les enfants de Ceri? »
Et y aura-t-il des vaches aussi sur Mars? En observant
le ciel, Russ se demande, Sommes-nous seuls del’univers à être conscients de notre existence? « Et
bien, mon amour, s’ils peuvent simuler les premières
minutes de vie de l’univers, il ne devrait pas être trop
difficile d’aller sur Mars, non? »
Silencieusement, Russ et Susan se rendent à la maison
en voiture. Ceri n’est pas encore couchée et elle
attend à la fenêtre en chantant :
(Étoile lumineuse, étoile brillante,
Première étoile que je vois ce soir,
Je souhaite qu’il soit possible,
De réaliser mon vœu ce soir.)
… et quel est le vœu de Ceri ce soir?
Susan et Russ le savent. Mais bien plus tard, après qu’un
biographe ait compilé leurs documents personnels,
d’autres sauront aussi… d’autres comme une mère plus
jeune que Susan et une fille plus grande que Ceri, qui
poseront un jour la même question.
« Selay, » dit la mère qui n’est pas encore née à son
enfant de dix ans, « L’as-tu enfin trouvée? Tu dois ren-
dre ton devoir demain n’est-ce pas? »
« La bibliothèque fait des recherches, maman, »
répond la fille, debout devant une image plasma sta-
tique. Son professeur lui a posé une étrange question
à laquelle elle doit répondre : « Qu’est-ce qui a incité
une femme célèbre de l’Ontario au 21ème siècle nom-
mée Ceri Zhong-Sheppard à devenir scientifique? »
Selay consulte son amie de toujours, la bibliothèque
en ligne.
La bibliothèque lui montre la biographie de Ceri ainsi
que quelques photos et un registre de l’archive scien-
tifique en ligne. L’écran présente l’information suivante
2020.05.06:12:06 K.Z-S@IntSpaceStation2 à zhong-
Papa!... tu peux voir notre satellite dans le ciel au
nord-ouest à environ 23 h 30. Nous sommes dans l’es-
pace en train de surveiller l’absorption du gaz car-
bonique et la distribution du phytoplancton dans le
Pacifique maintenant que le capteur à distance des
grands fonds est en place— ces derniers nous ali-
mentent à un quart de pétaoctet par minute! Rien à
voir avec notre vieux PC dans la cuisine! bisous Ceri
« Est-ce que tu comprends, Selay? Ceri contribuait à
sauver nos océans. » Mais Selay demande, « Qu’est-ce
qu’un vieux PC dans la cuisine, maman? »
Sa mère répond, « Je pense… hum… qu’il s’agit d’un
petit ordinateur. Il ne pouvait pas écouter, comme la
Bibliothèque, mais il savait des choses. » Le plasma
présente ensuite l’image d’un facsimilé antique d’une
impression papier.
2003.05.29:15.51 [email protected] à
maman, es-tu là?
J’ai des photos de l’ordinateur qui m’expliquent
pourquoi nous ne pouvons boire de lait cru! Est-ce que je
pourrai prendre de telles photos quand je serai grande?
xxx Ceri
Selay reste silencieuse un moment avant de compren-
dre ce qu’avait secrètement compris la mère de Ceri il
y a longtemps.
« Maman, le PC à la maison… Ça a incité Ceri à
devenir scientifique! »
« Ma fille, les vœux peuvent se réaliser. »
17
Un jour
Sommaire
18
Sommaire
Sommaire
Le calcul du 21ème siècle tient compte d’un
monde numérique bien connecté où le calcul
de pointe permet d’effectuer des recherches
dans tous les domaines scientifiques, notamment
en santé, en environnement, en sciences
appliquées, en physique, en sciences de la vie, en
sciences sociales et humaines. Le Canada a besoin
d’un financement soutenu dans l’infrastructure
computationnelle pour mettre à profit les
investissements déjà alloués qui ont remporté un
succès indéniable, pour capitaliser sur la capacité
reconnue des chercheurs canadiens à réaliser des
recherches de niveau mondial et tirer profit de l’in-
frastructure d’avant-garde de réseaux et de télé-
communications du Canada.
Notre vision consiste à mettre sur pied une infra-
structure humaine et physique permanente, pluri-
institutionnelle, compétitive et d’impact important
à l’échelle internationale pour la recherche compu-
tationnelle, tout en répondant aux besoins de l’in-
dustrie et de la société en matière d’innovation, de
formation et de sensibilisation.
Cette vision sera réalisée par le biais du finance-
ment soutenu dans l’infrastructure du calcul de
haute performance (CHP) qui tire profit de plus de
250 millions $ investis ou engagés depuis les cinq
dernières années par le gouvernement fédéral, les
provinces, les universités et l’industrie. En vue d’ac-
croître la compétitivité du Canada et d’obtenir de
nouvelles possibilités de recherche et de développe-
ment à l’appui de notre économie et de notre qua-
lité de vie sur le plan national, le groupe d’experts
de la planification à long terme fait les recomman-
dations obligatoires suivantes (toutes les recom-
mandations sont énumérées selon le chapitre dans
lequel elles sont présentées et examinées. Ainsi, les
recommandations suivantes se trouvent dans le
chapitre 1) :
1.1 Qu’un budget à long terme soit élaboré (a)
pour fournir un appui soutenu aux installa-
tions informatiques avancées de milieu de
gamme tels des consortiums régionaux de
CHP et (b) pour établir une installation de cal-
cul pancanadienne haut de gamme qui figu-
rerait parmi les 30 meilleures installations de
calcul au monde.
1.2 Qu’une initiative nationale soit établie pour
traiter de la sensibilisation, du leadership, de
la coordination et de la surveillance en
matière de CHP au Canada.
Impacts, résultats, possibilités et avantages des recommandations
La recherche a connu un changement de paradigme
au sein duquel les méthodes computationnelles ont
joué un rôle charnière dans l’orientation des mis-
sions en sciences de la santé, de l’environnement,
en sciences appliquées, physiques, de la vie et
humaines. Dans de nombreux domaines, le calcul est
présentement le principal catalyseur d’innovation.
Nos recommandations permettront d’assurer que la
recherche, l’industrie, les activités économiques et la
société du Canada seront, dans 15 ans, en mesure de
tirer profit des avantages du CHP dans un monde
très compétitif, avantages qui sont essentiels à notre
réussite économique et sociale.
Il n’existe aucun prix ou brevet octroyé lorsqu’on
arrive second dans la résolution d’un problème de
recherche. Notre plan aura des impacts importants :
il établira une feuille de route technologique pour
la recherche axée sur le calcul au Canada, il offrira
l’environnement nécessaire pour faire d’impor-
tantes nouvelles découvertes, et il entraînera l’al-
phabétisation technologique du 21ème siècle par le
bais de nouveaux programmes de recherche et de
formation. Avoir les meilleures installations de cal-
cul possible et un personnel hautement qualifié
permettra d’accroître de façon importante la pro-
ductivité en recherche, de réduire le temps de fa-
brication et de commercialisation ainsi que de
faciliter les découvertes et d’accélérer l’innovation.
L’accès aux meilleures installations de calcul possi-
ble permet d’obtenir et de maintenir une réserve
d’employés spécialisés. L’expertise n’est pas un
avantage supplémentaire. Ce personnel hautement
qualifié est une ressource essentielle pour rehausser
la productivité en matière de recherche et de fabri-
Sommaire
19
cation, d’accélérer les découvertes et l’innovation
industrielle. Les futures possibilités du Canada sont
dans les mains de ces experts. Notre pays héberge
de nombreux chercheurs de renommée interna-
tionale qui dépendent dorénavant sur le CHP pour
faire des découvertes innovatrices sur le plan inter-
national. Un investissement soutenu par les fonds
publics et qui a connu une croissance de 76 millions
$ par année en 2006 à 97 millions $ par année en
2012 et au-delà, permettra au Canada de rester
compétitif dans cet avenir technologique en con-
stante évolution.
Concurrencer sur le marchénumérique
De récents progrès réalisés dans la technologie du
calcul, de l’information et des communications ont
occasionné une révolution dans la recherche compu-
tationnelle. Grâce à cette technologie, nous pou-
vons dorénavant effectuer des recherches sur des
questions d’importance nationale et internationale
de façon novatrice et avec une plus grande effica-
cité. À titre d’exemple d’applications, on peut men-
tionner la compréhension et la protection de notre
environnement naturel, l’utilisation de l’imagerie
génomique, protéomique et médicale pour la santé
humaine, l’étude des changements climatiques à
l’échelle du globe, le développement de la nano-
technologie, le maintien de la sécurité nationale,
trouver des manières rentables pour traiter les infra-
structures vieillissantes des villes et améliorer l’effi-
cacité des services essentiels, de même que prévoir,
se prémunir contre et se rétablir des catastrophes
naturelles et humaines. Nous pouvons également
formuler des façons novatrices de répondre à des
questions fondamentales telles que comment l’uni-
vers s’est formé et ce qui constitue la matière.
Des chercheurs et techniciens cana-diens compétents ont pu rapidementcomprendre le virus du SRAS parcequ’ils avaient accès à une infrastruc-ture computationnelle de pointe.
(Pour plus de détails, consultez l’encadré à la page 14)
Au 21ème siècle, le Canada peut être un chef de file
dans la recherche axée sur le calcul, mais cela néces-
sitera des investissements soutenus et à long terme
pour lui permettre d’être compétitif sur le plan
international. Aux États-Unis, en Europe et en Asie,
les investissements annuels sont d’un ordre de
grandeur supérieure à ceux du Canada. Par exem-
ple, les États-Unis dépense déjà environ 2 milliards
$US par année à l’appui du CHP, et l’adoption
récente de la loi H.R. 4516, the Department of
Energy High-End Computing Revitalization Act of
2004 (loi de 2004 sur la revitalisation du calcul de
pointe du ministère de l’Énergie), établira des
Sommaire
20
L’observation de neutrinosde Sudbury
Différentes projections d’un réseau de photomultiplicateurs
avec deux anneaux bien visible de l’Observatoire de neutrinos
de Sudbury (ONS). C’est le résultat d’un neutrino de haute
énergie produit à partir d’une interaction de rayons cosmiques
dans l’atmosphère à l’opposé de la terre. Après avoir traverse
la terre, le neutrino a interagi avec l’ONS, diffusé un électron
qui se reconnaît au deuxième anneau moins intense. La couleur
et la densité sont proportionnelles à l’énergie de l’événement.
Où sont les neutrinos manquants? Cette question a
longtemps rendu perplexes les scientifiques qui
essaient de comprendre l’univers. Le Canada a obtenu
une reconnaissance internationale considérable pour
avoir mener l’équipe qui a répondu à la question et ainsi
permis de mieux comprendre le monde qui nous
entoure. Sans l’accessibilité aux installations de calcul
avancé pour interpréter les données recueillies dans les
profondeurs d’une mine de Sudbury, d’importants
aspects de la production solaire de neutrinos seraient
demeurer une énigme. Ces études et d’autres études
visionnaires n’auraient pu être réalisées sans investisse-
ments directs et indirects dans le CHP. (Pour plus de
détails, consultez l’étude de cas à la page 41)
« Le Canada s’est avéré être un chef de filedans le domaine de l’astrophysique des parti-cules. Quelques nouveaux projets interna-tionaux très stimulants qui sondent la structurede l’univers et les propriétés des particules quile constituent sont sur leur lancée. La caracté-risation et l’analyse des données qui provien-nent de ces très gros détecteurs complexesnécessitent des ressources computationnellesimmenses. Une installation calcul de haute performance est essentielle pour que le Canadareste au premier plan de ce domaine enévolution rapide. »
Dr Tony Noble
Directeur, Institut de l’Observatoire
de neutrinos de Sudbury
Chaire de recherche du Canada
en astrophysique des particules
Université Queen’s
installations de supercalcul à l’intention des utilisa-
teurs qui permettront aux chercheurs américains
d’accéder à certains des ordinateurs les plus évolués
du monde. En outre, le Blue Ribbon Advisory Panel
a dernièrement recommandé que la Fondation
nationale des sciences des États-Unis (NSF) investisse
un montant annuel semblable dans la cyberinfra-
structure avancée, à savoir l’informatique répartie,
la technologie de l’information et la technologie
des communications. Le Canada possède un réseau
informatique enviable (mis sur pied par les gou-
vernements fédéral et provinciaux par le biais de
CANARIE Inc. et les réseaux régionaux associés),
mais il n’a pas de stratégie à long terme pour
soutenir ces réseaux et les ressources de CHP qu’ils
abritent. Sans un tel plan, les initiatives connues en
matière de CHP dans d’autres pays représentent
une menace importante quant à la future compéti-
tivité économique du Canada.
Il y a de plus en plus de partenariats entre l’industrie,
les universités et les établissements de recherche au
Canada et ils se poursuivront tant que l’investisse-
ment en matériel et expertise (ressources humaines)
en CHP continuera. L’industrie doit avoir l’assurance
qu’elle peut embaucher le personnel qualifié dont
elle a besoin pour le développement de produits à
court et à long terme et qu’elle continuera de béné-
ficier d’un bassin de recherches et de chercheurs
innovateurs. En vue de former et de conserver ces
experts, le Canada a besoin d’une infrastructure de
CHP évoluée.
Sommaire
21
Besoins en matière de CHP
Les simulations automatisées de notre monde
physique entraînent de nouveaux points de vue.
L’expérience traditionnelle en laboratoire et
l’analyse théorique de nombreux problèmes com-
plexes en isolation ne sont plus appropriées. La mo-
délisation computationnelle de phénomènes très
complexes et à échelles multiples devient un outil
principal dans la résolution de questions difficiles.
Par exemple, le cycle de conception et par con-
séquent le temps d’accès au marché d’un moteur
d’aéronef ou même d’un avion complet peut être
réduit grâce au CHP (consultez l’encadré à la page
11). La conception assistée par ordinateur est doré-
navant considérée comme essentielle au développe-
ment des produits de demain.
Dans notre plan à long terme (PLT), nous présen-
tons l’éventail des capacités de calcul comme une
série d’anneaux concentriques. L’anneau le plus à
l’extérieur représente l’énorme capacité globale
des machines de table et des postes de travail qui
sont chacun capable de milliards de calcul par se-
conde. Ils fournissent des outils de calcul et de
visualisations « généraux » essentiels. Les deux
anneaux intérieurs représentent des ordinateurs
progressivement plus puissants mais en plus petit
nombre : il s’agit de systèmes capables d’exploiter
des applications sur un bien plus grand nombre de
processeurs. L’anneau intermédiaire - les installa-
tions informatiques de milieu de gamme – sont les
ordinateurs qui ont la puissance de plusieurs cen-
taines ou milliers de postes de travail. Au centre se
trouvent les ordinateurs haut de gamme ou les
hyperordinateurs qui présentent des capacités équiv-
alentes à des dizaines de milliers de postes de travail.
De nombreux problèmes de recherche généraux
peuvent être résolus avec des ordinateurs de
bureau. Ce plan recommande que les conseils sub-
ventionnaires (le CRSNG, le CRSH et l’IRSC) conti-
nuent de fournir un financement complet pour cet
anneau extérieur. Cependant, l’accès aux installa-
tions informatiques de milieu de gamme est essen-
tiel pour un nombre croissant de domaines de
recherche clés tels qu’illustrés par la majorité des
études de cas énumérées dans le présent plan à
long terme. Ces installations permettent également
une recherche multidisciplinaire, telle que l’associa-
tion entre la nanotechnologie et la biologie,
l’ingénierie et la médicine, ainsi que la science des
matériaux et la chimie. Au centre du plan, l’accès à
des ordinateurs de pointe permettra aux scien-
tifiques canadiens de s’attaquer à des problèmes
qui représentent de grands défis et dont les solu-
tions auront une incidence fondamentale sur l’évo-
lution de la haute technologie et, par conséquent,
sur la position du Canada comme leader mondial
dans les soins de santé, les sciences et la culture.
Nous constatons deux besoins essentiels. Le premier
et le plus important concerne le soutien soutenu et
générationnel pour les installations de milieu de
gamme et ce, afin que le Canada tire profit au maxi-
mum des fonds déjà investis. Cela répondra aux
besoins de la majorité des recherches axées sur le CHP.
Pour soutenir une capacité convaincante en
matière de CHP de milieu et haut de gamme, il nous
faut mettre sur pied et conserver un bassin d’em-
ployés de soutien affectés au CHP. Les chercheurs
qui utilisent le CHP se fondent sur l’expertise d’indi-
vidus compétents qui exploitent les systèmes et
fournissent un soutien computationnel. Il n’y a
présentement ni mécanisme de financement
soutenu, ni processus établi pour l’élaboration de
cette infrastructure humaine. Nous conservons
notre effectif de chercheurs qui ont été attirés par
les campus universitaires et hospitaliers canadiens
en grande partie grâce à la capacité du personnel
de soutien au CHP. La pratique internationale
actuelle – que ne suit pas encore le Canada – est
d’allouer environ 25 % de la totalité des dépenses
au personnel de soutien au CHP. Le Canada doit se
diriger vers ce niveau d’investissement afin de maxi-
miser les capacités ou le potentiel de ses scien-
tifiques computationnels, de son infrastructure de
CHP et de sa capacité globale de recherche.
Le deuxième besoin essentiel consiste en une instal-
lation computationnelle de pointe pancanadienne
qui a une présence soutenue parmi les 30 installa-
tions computationnelles les plus puissantes. Cette
installation doit aussi comprendre le personnel de
Sommaire
22
Bombardier
« Les ingénieurs qui conçoivent et mettent au point un aéronef de haute performance font face à diffé-rents enjeux concurrents, tels la manière d’obtenir une performance de croisière optimale, de concevoirles volets et les becs pour un rendementmaximum au décollage et à l’atterris-sage, d’optimiser l’intégrité structuraledes ailes et d’installer au mieux lesmoteurs pour une interférence mini-male. Chez Bombardier, les calculs aéro-dynamiques de DNF sont grandementaméliorés grâce à l’accès au CHP et ilsdonnent des réponses fiables à bonnombre de ces questions. L’utilisationjudicieuse des méthodes de DNF, desméthodes de la plaque plane aurésolveur Navier-Stokes 3D pour desconfigurations complètes de l’aéronef,permettent à l’aérodynamicien d’obtenirles configurations optimales de la plushaute sécurité de façon rentable.Cette optimisation plus approfondie de la conception des aéronefsmet l’accent sur l’essai en soufflerie et réduit le nombre d’itérations expérimentales dispendieuses etchronophage. Chez Bombardier, nous croyons fortement que notre avantage concurrentiel reposeessentiellement sur l’utilisation du CHP et l’accès au CHP. Le CHP a été fondamental dans la conceptionde notre premier jet régional et il continuera à nous permettre de voler. »
Fassi Kafyeke
Chef du Service de l’aérodynamique avancée
Bombardier Aéronautique, Montréal
soutien essentiel correspondant afin de maximiser
le potentiel de recherche du matériel computation-
nel. Nous prévoyons qu’un groupe d’experts
d’approvisionnement national, qui représente les
besoins des différentes communautés scientifiques,
déterminera l’acquisition, l’évolution, l’emplace-
ment (qui pourra changer au fil du temps) et la
forme précise que prendra cette installation de
pointe. Ce groupe se composerait selon toute
probabilité de membres d’organismes de finance-
ment clés et de groupes de clients.
Ces besoins se traduisent par les recommandations
suivantes (aux chapitres 2 et 5) :
2.1 Outre le financement continu dans l’infra-
structure informatique pour la recherche
fondamentale (bureau, poste de travail et
petit système) de la part des conseils subven-
tionnaires, nous recommandons fortement
que l’infrastructure informatique pour la
recherche au Canada inclut un modèle qui
soutient les installations informatiques
régionales de milieu de gamme et une instal-
lation haut de gamme de rang mondial. D’ici
2012, cela nécessitera les fonds suivants (en
ordre de priorité et comprenant pour chaque
cas les immobilisations, l’infrastructure
humaine et les coûts opérationnels) :
a. 76 millions $/année en financement
soutenu et en soutien continu pour les
Sommaire
23
Simulation de la dynamique numérique des fluides (DNF) utilisée dans la concep-
tion du Bombardier Challenger 300, mach 0,70 [REF 10]
installations informatique de milieu de
gamme. Ce soutien (i) fera fond sur
l’actuel modèle de consortiums
régionaux de CHP (où les universités
d’une région collaborent pour fournir
des ressources multifonctionnelles
partagées de CHP, de même que l’infra-
structure humaine pour exploiter le sys-
tème ainsi que former et soutenir les
chercheurs), (ii) permettra d’appuyer des
installations computationnelles internes
spécialisées pour les cas exceptionnels
où il est impossible ou inefficace d’utili-
ser une installation multifonctionnelle
partagée, et (iii) fera la promotion de la
collaboration et créera des synergies qui
vont au-delà du calcul.
b. 19 millions $/année pour établir et
soutenir une installation informatique
haut de gamme multifonctionnelle pan-
canadienne et pour financer le person-
nel de soutien approprié. Nous
prévoyons une seule de ces installations
au Canada.
De plus, 2 millions $ par année seront nécessaires
pour financer IMPACT Canada, ce dont nous dis-
cuterons plus bas.
Nous reconnaissons que cette recherche et cette
formation computationelles constituent des élé-
ments essentiels et implicites des plans de recherche
stratégique à long terme de la plupart des univer-
sités du Canada. Voici donc quelques recommanda-
tions importantes relativement à l’infrastructure
humaine (au chapitre 3) :
3.1 Que les conseils subventionnaires, en consulta-
tion avec les universités, établissent des
possibilités de financement pour renforcer les
programmes de recherche à la fois en ce qui
touche aux technologies fondamentales du CHP
et au développement des applications du CHP;
3.2 Que les universités établissent des possibilités
de formation de base et avancées pour
accroître les compétences quant au CHP dans
le milieu de la recherche et du développement;
3.3 Qu’un montant équivalent à au moins 25 %
des dépenses annuelles dans le matériel de
CHP soit alloué pour financer le personnel de
soutien au CHP (adopté lors de l’établisse-
ment des fonds requis pour les recommanda-
tions 2.1 et 5.1).
Organisation actuelle pour réaliser le CHP
Il n’y a pour l’instant aucune organisation chargée
de la réalisation du CHP, bien que de nombreux
organismes investissent dans son développement, le
recrutement de chercheurs et la formation du per-
sonnel. Il est essentiel d’identifier un mécanisme de
coordination : les dépenses relatives au CHP sont
considérables et son développement rentable néces-
sitera l’élaboration de stratégies nationales efficaces.
Le résultat des investissements existants s’illustre par
six consortiums de CHP répartis régionalement
(WestGrid dans l’ouest du Canada, SHARCNET et
HPCVL en Ontario, CLUMEQ et RQCHP au Québec et
ACEnet dans les provinces de l’Atlantique). Ces
installations regroupent des chercheurs, des ana-
lystes techniques et une infrastructure computation-
nelle dans plus de trente universités. En plus de ces
consortiums, certains campus universitaires et hospi-
taliers (comme l’Université de Toronto et ses hôpi-
taux associés) ainsi que de simples universités
(comme l’Université de Victoria) ont mis sur pied
d’importantes installations internes de CHP.
Des ressources centralisées de CHP, sous forme de
consortiums polyvalents ou d’installations de CHP
particulières au domaine, se sont développées au
Canada et ce, parce que les avantages tirés des
grandes ressources partagées surpassent ceux de
plusieurs systèmes plus petits à l’intention d’utilisa-
teurs uniques. Les installations de consortiums
offrent un large éventail de chercheurs de l’ensem-
ble du Canada qui ont accès à une grande variété de
plateformes informatiques différentes, puisque
chaque installation réserve en moyenne jusqu’à
20 % de ses ressources aux projets de recherche per-
tinents de scientifiques d’autres régions. Les installa-
tions spécifiques au domaine sont appropriées là où
Sommaire
24
une grande communauté de scientifiques d’une dis-
cipline particulière nécessite un soutien prolongé en
matière de CHP pour les problèmes computationnels
communs. Peu importe la façon choisie, l’utilisation
d’une installation partagée permet une production
globale accrue et peut satisfaire une plus grande
communauté d’utilisateurs, tout en répondant tou-
jours aux besoins des individus. Le modèle de
partage procure des économies d’échelle claires en
ce qui touche au personnel, à l’utilisation des locaux,
à la consommation d’énergie, au soutien auxiliaire,
à l’administration du système, au soutien technique,
au temps réel de fonctionnement du système, à l’oc-
troi de licences de logiciels et au soutien pour le
matériel informatique. Cela se traduit par les recom-
mandations suivantes (au chapitre 5) :
5.2 Nous recommandons que les demandes de
financement pour les ressources informa-
tiques de CHP soient évaluées dans le contexte
de ce qui peut être fourni par les installations
de CHP existantes, qu’il s’agisse d’installations
de consortiums polyvalents ou spécifiques au
domaine, de façon à assurer l’utilisation la
plus rentable des investissements en CHP. Les
demandes qu’on ne peut raisonnablement
satisfaire à l’aide de l’infrastructure existante
devraient faire valoir leur bien-fondé pour des
sources existantes de fonds, tels que les
enveloppes conventionnelles de la FCI ou
les fonds alloués à l’équipement de la part des
conseils subventionnaires.
Le réseau physique pour une organisation-cadre du
CHP existe déjà. La réseautique haute vitesse et à
largeur de bande élevée permet aux chercheurs de
partager de grands volumes de données, créant des
« communautés de pratique » parmi des experts qui
vivent dans différentes villes. Ils peuvent accéder
aux ressources et aux données à des kilomètres de
distance comme s’ils étaient à côté. C’est là l’élé-
ment clé de ce qu’on appelle le « calcul distribué
basé sur les technologies de grille ». Son incidence
sur la communauté scientifique se compare à celle
d’Internet sur l’ensemble de la société. GRID
Canada, qui est un partenariat entre CANARIE Inc.,
le Conseil national de recherches du Canada et
l’Association C3.ca Inc., dirige les efforts déployés
pour que le Canada suive cette orientation. Ces
réseaux de pointe procurent la connectivité essen-
tielle entre les anneaux de calcul de CHP mais ils ne
bénéficient pas d’un financement à long terme (par
exemple, le financement de CANARIE est prévu
uniquement jusqu’en 2007).
Voici donc nos recommandations à ce sujet (au
chapitre 2) :
2.2 Nous recommandons un soutien continu
envers CANARIE Inc., les réseaux optiques de
pointe régionaux et les initiatives cana-
diennes de grille informatique, et que ces
réseaux soient maintenus et améliorés grâce
à de nouveaux investissements en CHP.
Initiative nationale proposée : IMPACT Canada
Reconnaissant la nécessité de coordonner les instal-
lations de CHP dans l’ensemble du Canada, de con-
seiller les organismes canadiens de financement en
matière de recherche sur les questions de CHP, et
d’élaborer et mettre en œuvre des programmes de
sensibilisation et de formation, nous formulons les
recommandations suivantes (au chapitre 4) :
4.1 Nous recommandons fortement l’établisse-
ment d’un organisme, IMPACT Canada, qui
sera chargé du leadership, de la coordination
et de la surveillance du CHP au Canada.
Le nom IMPACT Canada regroupe les éléments
essentiels d’un monde numérique hautement com-
pétitif et branché : Innovation, Management,
Personnes, Applications, Communications et
Technologies. IMPACT Canada favorisera l’innova-
tion. En offrant gestion et coordination, il permet-
tra aux personnes d’atteindre leur plein potentiel
de recherche. Il contribuera également au
développement d’applications informatiques qui
mèneront à des percées scientifiques; il favorisera le
déplacement des idées et l’interaction par le biais
de vastes stratégies de communication, et il super-
visera et coordonnera l’acquisition et l’exploitation
de technologies habilitantes.
Sommaire
25
Cette initiative offrira une évolution continue du
domaine en rapide évolution qu’est le CHP en vue
d’identifier de nouveaux secteurs d’importance
stratégique pour le Canada. Il élaborera des straté-
gies pour rehausser la recherche axée sur le CHP en
sciences de la santé, de l’environnement, en scien-
ces appliquées, physiques, de la vie et humaines. Il
coordonnera en outre les ressources de CHP d’un
bout à l’autre du pays et contribuera à l’allocation
de nouvelles ressources de CHP pour maximiser la
compétitivité de la recherche canadienne. Il béné-
ficiera d’un personnel à plein temps pour faciliter
l’élaboration du programme, la formation et la
coordination de colloques. Cette équipe donnera
aussi des conseils et fournira une aide spécialisée
aux centres de CHP de par le pays.
On prévoit qu’IMPACT Canada jouera un rôle clé
dans la sensibilisation et la formation. À titre
d’exemple, il collaborera étroitement avec les uni-
versités, les hôpitaux, les collèges et les consortiums
pour offrir une introduction rapide aux sciences
computationnelles aux jeunes canadiens via le Web.
Ce support est maintenant reconnu comme un outil
vital de sensibilisation aux sciences. Les pro-
grammes de sensibilisation innovateurs d’IMPACT
Canada seront conçus pour montrer à la prochaine
génération de jeunes chercheurs le rôle central que
le calcul de haute performance peut jouer à la fois
sur le plan de l’apprentissage et de la recherche.
La société de biotechnologie
Neurochem Inc. est un parfait exem-
ple des retombées qui auraient été
impossibles sans le CHP. Elle est située
à Montréal et elle a été formée suite à
des recherches effectuées à
l’Université Queen’s. La société est
inscrite en bourse (TSX : NRM) et sa
capitalisation boursière représente
plus de 1 milliard $.
(Consultez l’étude de cas à la page 31).
IMPACT Canada élaborera également des stratégies
de formation dans des technologies fondamentales
de CHP (notamment les outils d’exploration de don-
nées, le méta-calcul, les outils d’évaluation de la
performance, la visualisation avancée et la paralléli-
sation automatique) pour contribuer à l’équilibre
des forces reconnues du Canada quant à la
recherche axée sur le calcul.
La réponse du Premier ministre au Discours du Trône
de 2004 exigeait un Canada à l’avant-garde de l’éco-
nomie du 21ème siècle. Nous offrons une stratégie de
CHP qui peut faire du Canada le pays qui réalise au
mieux le potentiel du CHP. Les investissements ini-
tiaux effectués dans nos universités et hôpitaux ont
pavé la voie vers de nouveaux gains économiques
stimulants pour le Canada. L’élan a été donné au
cours des quelques dernières années grâce à l’éta-
blissement d’une excellente infrastructure informa-
tique de milieu de gamme. Davantage de mesures
suivront dès que les petites et moyennes entreprises
(PME) canadiennes obtiendront l’accès aux res-
sources disponibles par le biais d’IMPACT Canada.
Bien que les PME soient reconnues comme le moteur
économique du Canada, elles n’ont pas les ressources
pour investir dans des recherches précompétitives
axées sur le CHP. Le financement d’IMPACT Canada
contribuera à combler cet écart.
Nous prévoyons qu’IMPACT Canada collaborera avec
des groupes tels que le Conseil national de recher-
ches du Canada (CNRC)/Programme d’aide à la
recherche industrielle (PARI) pour faciliter l’accès des
PME canadiennes au CHP, au personnel hautement
qualifié ainsi qu’aux résultats et à l’équipement
avancés de recherche. Il faut aussi réunir les PME, les
chercheurs et les possibilités de recherche.
Sommaire
26
Financement
Le financement soutenu sera une condition préa-
lable pour répondre aux besoins grandissants de la
recherche computationnelle actuelle et à venir, et
pour assurer que l’investissement actuel du Canada
est exploité selon son plein potentiel. Suite aux
quatre derniers concours de la FCI (1999, 2000, 2002
et 2004), le public (la FCI et les provinces) ont investi
plus de 250 millions $ dans une infrastructure com-
putationnelle, ce qui s’ajoute au financement de
l’industrie et des universités. Les dépenses totales
en capital représentent actuellement en moyenne
plus de 40 millions $ par année. Le CRSNG fournit
maintenant plus de 1 million $ annuellement en
fonds d’exploitation pour ces installations. La FCI
fournit présentement une portion des fonds d’ex-
ploitation pour certains de ces systèmes (environ
6 millions $ par année), mais ce financement ne sera
peut-être pas disponible pour les concours de la FCI
après 2004. Il n’y a aucun autre système en place
pour maintenir le financement de l’infrastructure
existante quand le soutien d’exploitation de la FCI
se terminera.
Contrairement à la plupart des autres types d’infra-
structures, le CHP devient désuet très rapidement.
La loi de Moore (consultez l’encadré à la page 34)
impose la mise à niveau de l’équipement de CHP
environ aux trois ans si on veut conserver les instal-
lations et la recherche canadiennes à un niveau de
compétitivité international. Pour soutenir l’infra-
structure actuelle, notre communauté doit soumet-
tre de multiples applications à de multiples orga-
nismes qui possèdent de multiples mécanismes
d’établissement de rapports et d’évaluation (et des
calendriers très variables). Ces incertitudes provo-
quées par le contexte actuel de financement au
Canada - à l’opposé des engagements solides envers
le CHP de nos principaux compétiteurs interna-
tionaux - se traduisent par un désavantage com-
pétitif important pour la recherche et le développe-
ment au Canada; cela entraîne des échecs dans la
capitalisation de nombreuses possibilités.
Pourtant, la FCI a fait d’importants investissements
dans le CHP en 2004, qui seront mis en œuvre en
2005. Un soutien est également en place pour une
certaine période de temps par le truchement de la
FCI. Par conséquent, nous pensons qu’un renforce-
ment échelonné du financement est nécessaire
pour maintenir les consortiums et amorcer la mise
en place d’une installation computationnelle de
pointe qui aura une présence soutenue parmi les
trente installations computationnelles les plus puis-
santes au monde. Nous reconnaissons un besoin ini-
tial de 76 millions $ par année par le biais d’un
financement public en 2006 qui sera accru à 97 mil-
lions $ en 2012. Nous prévoyons une contribution
supplémentaire de l’industrie de l’ordre de 20 mil-
lions $ en 2006 à 25 millions $ en 2012. Le budget
annuel total (2012) nécessaire pour offrir et main-
Sommaire
27
Année 2006 2009 2012
(Financement en millions $1)
Immobilisations du CHP : 44+13* 49+14.5* 54+16*ConsortiumsInstallation de pointe (téra-ordinateurs) 10+3* 12+3.5* 14+4*
Opérations du CHP :Infrastructure humaine 13+4* 15+4.5* 17+5*Installations 8 9 10IMPACT Canada 1 2 2
Total de la contribution publique : 76 87 97Total de la contribution industrielle* 20 22.5 25
1 En 2004 $ * Contribution industrielle
tenir une infrastructure de CHP nationale de rang
mondial sera de 97 millions $, en provenance de
sources publiques.
Ce qui nous mène à formuler la recommandation
suivante pour le financement (au chapitre 5) :
5.1 Nous recommandons fortement l’établisse-
ment d’une enveloppe de financement à
l’appui du CHP au Canada. Nous prévoyons
que ce financement pourrait s’échelonner sur
une période de six ans de la façon suivante :
Le financement au-delà de 2012 reposera sur la
future planification. Les chiffres sont difficiles à
prévoir étant donné les changements dans les coûts
en matière de technologie, dans les hausses des
coûts en matière de ressources humaines et
d’autres facteurs hors de notre contrôle ou encore
inconnus.
Selon ce budget annuel établi qui demande un
financement public d’ici 2012, les 97 millions $ se
répartissent comme suit :
• 76 millions $ par année pour le soutien
soutenu du CHP avancé de milieu de gamme,
y compris les immobilisations (54 millions $),
l’infrastructure humaine (14 millions $), et
dans les coûts relatifs aux installations (8 mil-
lions $);
• 19 millions $ par année pour l’installation de
pointe (14 millions $ pour le capital, 3 mil-
lions $ pour les ressources humaines et 2 mil-
lions $ pour les coûts relatifs à l’installation);
• 2 millions $ par année pour IMPACT Canada
(y compris les coûts en matière de personnel
et d’exploitation).
Cela présuppose que les conseils subventionnaires
continuent de financer les projets de recherche ren-
dus possibles grâce à l’accès à l’infrastructure
de CHP.
Cette initiative de financement à long terme devra
être réévaluée aux cinq ans, possiblement dans le
cadre d’un examen national sur la compétitivité
internationale du Canada en matière de recherche.
Nous suggérons l’examen des critères suivants pour
l’évaluation du rendement :
• L’excellence académique (les publications, les
prix, le maintien et le recrutement du per-
sonnel de faculté);
• L’établissement de personnel qualifié (étudiants
des cycles supérieurs, boursiers postdoctoraux,
techniciens et attachés de recherche);
• Impacts sociaux et économiques (brevets,
essaimages, partenariats industriels, trans-
ferts technologiques, infrastructure amélio-
rée, résultats en matière de santé, activités
de sensibilisation);
• L’effet des investissements en CHP sur la com-
pétitivité internationale du Canada.
Pour que le Canada demeure compétitif sur le plan
international, le CHP doit obtenir des investisse-
ments continus. De nos jours, l’infrastructure com-
putationnelle soutient un nombre croissant de
chercheurs (près de 2000 en 2004) qui pavent la voie
à une croissance formidable dans les besoins futurs
en matière de calcul. Un milieu stable de CHP appuie
les activités de nombreuses grappes de technologies
de même que tous les Réseaux de centres d’excel-
lence (RCE). Ces activités continueront d’évoluer.
Par ailleurs, la prochaine génération importante de
scientifiques versés en calcul se compose d’étu-
diants dans leur deuxième ou troisième année au
premier cycle. Leurs aspirations commerciales et
intellectuelles se forgent dans un milieu où l’infra-
structure est en pleine expansion et leurs éventuels
besoins en matière d’infrastructure de recherche
surpasseront de beaucoup le milieu actuel de CHP.
En moyenne, il faudra attendre 15 ans pour qu’un
étudiant actuellement à un programme de premier
cycle soit établi dans une des nombreuses profes-
sions de recherche. Ces étudiants s’attendent à ce
que l’infrastructure requise leur soit accessible tan-
dis qu’ils poursuivent leurs études et qu’ils s’établis-
sent dans leur carrière d’ici 2020.
Sommaire
28
Il n’est pas rare qu’il faille dix ans ou plus pour met-
tre sur pied de bonnes équipes de recherche et que
leur technologie passe des idées aux produits com-
merciaux. Il faut au moins autant de temps pour
former la prochaine génération à avoir des capa-
cités de recherche avancée. Les étincelles créatives
qui ont enflammé les étudiants diplômés d’aujour-
d’hui grâce à l’infrastructure financée par la FCI ne
pourront atteindre leur plein potentiel à moins
qu’ils n’aient accès aux ressources appropriées au
long de leurs études et dans leur carrière universi-
taire, des secteurs public ou industriel. Si nous n’in-
vestissons pas maintenant, nous porterons un
sérieux préjudice au programme d’innovation du
Canada. Un soutien à long terme du CHP permettra
au Canada de profiter pleinement de ses initiatives
de financement actuelles.
Présentement, la FCI est structurée de manière à
financer de nouvelles infrastructures pour la
recherche innovatrice. La FCI a joué un rôle de pre-
mier plan dans l’établissement de la position solide
du Canada en matière de CHP. Toutefois, le présent
mandat de la FCI et son futur financement jusqu’à
2010 ne sont pas bien adaptés pour assurer une
viabilité à long terme d’infrastructures pluri-insti-
tutionelles d’importance telles que les consortiums
régionaux de CHP. Dès que l’infrastructure sera
établie cependant, il est fondamental qu’elle soit
maintenue à jour, que les chercheurs qui l’utilisent
obtiennent un soutien prévisible à long terme et
que tout cela fasse l’objet d’un examen.
Il y a de nombreuses façons de mettre en oeuvre
ce nouveau programme à l’aide de mécanismes
existants, y compris de nouveaux fonds affectés à
des fins particulières au sein de la FCI ou par le
biais d’une initiative spéciale de trois conseils
(comme pour la direction des chaires de
recherche du Canada). Sinon, il pourrait être mis
en oeuvre par le biais d’un mécanisme de
financement distinct qui utilise les critères d’exa-
men énumérés plus haut. La mise en œuvre du
plan à long terme nécessitera le leadership du
gouvernement fédéral et un financement impor-
tant de sa part. Néanmoins, il serait souhaitable
que les gouvernements provinciaux participent
également à cette stratégie. Cela leur permet-
trait de rehausser leur infrastructure régionale de
CHP de manière à traiter des priorités provin-
ciales particulières à ce sujet. Aborder ces per-
spectives individuelles allait au-delà de la portée
de ce plan. Les deux ordres de gouvernement
devront en discuter.
Sommaire
29
Conclusion
Au cours des 5 dernières années, le Canada s’est
forgé une solide réputation internationale quant
aux installations de CHP de milieu de gamme. Cela
a permis d’attirer de nombreux chercheurs remar-
quables dans les universités canadiennes et a con-
tribué à la croissance de l’industrie canadienne. En
revanche, si nous souhaitons garder ces gens et tirer
pleinement profit de cet investissement, il faut
maintenir l’infrastructure de CHP à un niveau com-
pétitif. Si nous souhaitons aussi relever de grands
défis, il faudra établir une installation de calcul de
pointe. Présentement, le Canada se classe 14ème au
monde pour ses capacités de CHP par rapport au PIB
(chapitre 5); c’est-à-dire en dessous des pays avec
lesquels nous établissons habituellement des com-
paraisons. L’adoption des recommandations de ce
plan nous permettrait de monter au 6ème rang (entre
l’Allemagne et le Mexique). Grâce à cet investisse-
ment et à ces installations, les chercheurs canadiens
pourraient faire figure de chefs de file en matière
de découvertes et d’innovation, et l’industrie cana-
dienne pourrait être compétitive dans de nouveaux
domaines lucratifs.
Sommaire
30
Neurochem et un traitement contre la maladie d’Alzheimer
En appuyant les sociétés essaimées, le Canada
appuie non seulement la durabilité et l’auto-
nomie de la recherche de pointe au pays, il
investit dans le succès économique qui prend racines ici.
Neurochem a grandement participé aux développe-
ments du CHP et elle s’est forgée depuis l’Université
Queen’s. Elle représente maintenant un modèle de
réussite canadien puisqu’elle est devenue une société
pharmaceutique canadienne moyenne comptant
environ 100 employés. Le CHP a joué un rôle de pre-
mier plan dans cette réussite comme outil principal
durant la commercialisation des technologies éla-
borées à l’université.
Le secteur pharmaceutique constitue un élément
important de l’économie des pays développés. Tandis
que la population mondiale augmente et qu’elle fait
face aux problèmes de santé en pleine croissance du
monde moderne, la découverte de substances chi-
miques nouvelles (SCN) comme thérapeutique pour
les maladies humaines deviendra l’une des plus
grandes réalisations du 21ème siècle.
La capacité des ressources de CHP à fournir et
analyser des données de manière opportune con-
tribue à faire avancer la recherche. Il existe de nom-
breux exemples de l’importance du CHP quant aux
découvertes de médicaments. On s’est servi de calculs
au sein d’un milieu de CHP dans le cadre d’une décou-
verte cruciale. Il s’agissait de permettre la conception
de molécules nouvelles pour établir la liaison à la
bêta-amyloïde, un peptide intervenant dans la mala-
die d’Alzheimer. Les scientifiques estiment que
jusqu’à quatre millions et demi de personnes en
Amérique du Nord souffrent présentement de la
maladie d’Alzheimer. Cette découverte canadienne
pourrait paver la voie dans la prévention de la mala-
die, dont le taux d’incidence est d’environ 360 000
nouveaux cas chaque année. Les composés qui en
découlent sont maintenant en phase III des essais
cliniques chez les humains au Canada et un traitement
potentiel pourrait voir le jour dans quelques années.
« Le Canada a besoin d’autres modèles deréussite comme Neurochem. L’accès auCHP sera important pour atteindre cetobjectif. En outre, les retombées seronttout aussi formidables : un médicamentefficace pour lutter contre la maladied’Alzheimer ou un nouvel antibiotiqued’une utilité générale représentera une“molécule à un milliard de dollars” ».
Dr Donald Weaver
Président de la recherche au Canada
en neurosciences cliniques
Professeur de chimie
Université Dalhousie
ÉTUDE DE CAS
L’une des principales approches dans la conception de
médicaments pour lutter contre la maladie d’Alzheimer est de
mettre au point des molécules qui peuvent se lier au peptide
bêta-amyloïde (illustré ici). Puisqu’on n’a jamais réussi à
cristalliser ce peptide de manière efficace, de telles études
structurales dépendent totalement de la modélisation
moléculaire et des études de simulation dans un milieu de cal-
cul de haute performance. Ces études assistées par ordina-
teur sont essentielles dans la conception de molécules de
médicament qui interagissent de façon sélective avec des
molécules discrètes qui causent la maladie.
31
Conserver la beauté de l’environnement au Canada
Le Canada possède plus de 418 millions d’hectares de
forêts, ce qui représente 10 % des terres forestières
au monde! Pour cette raison, le Canada est un chef
de file mondial dans certains des domaines associés à la
recherche forestière telles la recherche en télédétection,
la surveillance des forêts et la comptabilisation du carbone.
Le Service canadien des forêts (SCF), une division de
Ressources naturelles Canada (RNCan), est un leader
dans la recherche en télédétection relative à la
foresterie et à la surveillance des forêts. Le SCF se sert de
grands volumes de données télédétectées pour créer
des produits à l’usage de l’inventaire forestier, de la
comptabilisation du carbone forestier, de la surveillance
du développement durable et de l’aménagement des
paysages. Grâce à une bibliothèque de télédétection
qui compte plus de 2 200 images, l’envergure des don-
nées de télédétection est de plus en plus grande. Afin
d’offrir une imagerie à haute résolution spectrale et
spatiale aux fins d’analyse précise, le CHP est essentiel
au traitement et à la transmission de ces images depuis
des sites éloignés nationalement pour qu’elles puissent
être stockées dans un dépôt entièrement accessible. Par
exemple, une image AVIRIS représentative peut être
d’environ 4 gigaoctets. Il n’y a qu’à multiplier cela par
2 200 pour comprendre l’impact important qu’ont le
CHP et les réseaux haute vitesse sur le traitement de ces
images télédétectées de grande qualité.
Le SCF ne se fie pas uniquement sur le calcul de haute per-
formance pour recueillir, traiter et stocker des images
télédétectées; il recourt au CHP pour faciliter la recherche
et la distribution collaboratives de produits dans l’ensemble
du Canada et il permet au public d’accéder aux résultats de
recherche de manière opportune. Sans le CHP, le réseau
pancanadien de centres de recherche forestière ne pourrait
pas traiter les données télédétectées recueillies sur le terrain
quotidiennement. Le CHP réduit aussi considérablement le
temps de calcul requis pour les applications et la modélisa-
tion chronophages.
Les répercussions de cette recherche jouent un rôle central
dans l’analyse en temps opportun des résultats pour l’amé-
nagement forestier, l’inventaire forestier, l’industrie
forestière et l’information du public. Elles procurent en
outre des systèmes de mesure et de surveillance de
prochaine génération qui répondent aux questions clés
relativement aux changements climatiques et rendent
compte du développement forestier durable du Canada à
la fois sur les plans national et international.
« Sur le plan économique, le CHP non seulement facilitecette nouvelle méthode de recherche en télédétection eten foresterie, mais il procure un rendement des investisse-ments pouvant entraîner une hausse de 1 % dans la ventede produits forestiers, ce qui se traduirait par un profit de700 millions $ par année au Canada uniquement. »
Dr David Goodenough
Chercheur principal
Ressources naturelles Canada
Service canadien des forêts
Centre de foresterie du Pacifique
Le cube de données ci-dessus a été créé à partir d’une image
hyperspectrale prise par AVIRIS (spectromètre imageur aéro-
porté opérant dans le visible et l’infrarouge) en 2002 au-dessus du
bassin hydrographique du Grand Victoria. L’image compte 1988
pixels de long sur 1331 pixels de large, chaque pixel couvrant
4 mètres de terrain.
Les images hyperspectrales contiennent des centaines de bandes
spectrales étroites, tandis que les images des caméras numériques
n’en contiennent que trois : rouge, vert et bleu. Chaque bande
couvre 10 nanomètres du spectre électromagnétique. Cette image
contient 204 bandes spectrales dans les longueurs d’onde du vi-
sible et de l’infrarouge. Chaque couche de la coupe du cube
représente une bande.
La couche supérieure présente un composite de fausse couleur,
qui consiste en deux bandes des longueurs d’onde de l’infrarouge
et une bande des longueurs d’onde du visible. Le rose représente
les zones sans végétation, le vert pale les jeunes peuplements, le
vert foncé les zones présentant des forêts plus matures et le noir
des zones qui contiennent de l’eau.
La partie en niveau de gris du cube présente l’image selon une
seule bande, 2 400 nm, la plus grande longueur d’onde détectée
par AVIRIS.
ÉTUDE DE CAS
32
Chapitre 1 : Introduction
L a vitesse des avancées scientifiques ne fait
qu’accélérer. Au cours de la dernière décen-
nie, des domaines de recherche tels que la
nanotechnologie, la bioinformatique et le
« googlage » se sont taillés une place de premier
plan. Ces termes en soi sont des néologismes qui
font fureur. Ces domaines, ainsi que d’autres nou-
velles frontières scientifiques, représentent la voie
vers de nouvelles connaissances et percées tech-
nologiques à l’appui de notre bien-être économique
et social. Lorsqu’on associe cela aux nouvelles pers-
pectives en matière de sciences fondamentales — y
compris changer les idées sur les origines de l’uni-
vers, les secrets de l’ADN et les fondements des réac-
tions chimiques — nous avons une révolution scien-
tifique sans précédent qui est plus importante que
les changements qui ont entraîné la première révo-
lution industrielle. L’innovation est de plus en plus
rapide et la course s’intensifie quant à savoir qui
sera le premier à en tirer profit.
La pierre angulaire de cette révolution est l’ordina-
teur. L’ordinateur représente essentiellement un
laboratoire de recherche rentable et partagé. Il peut
être utilisé pour simuler le début des temps, pour
calculer les réactions prévues de l’aile d’un nouvel
avion, pour filtrer des milliards de pièces de données
biologiques et pour contribuer à la conception
d’une machine qui mesure un millionième de mètre
en diagonale. Les ressources informatiques ont eu
un effet important sur chaque domaine de
recherche, y compris les sciences, l’ingénierie, la
médecine, les sciences sociales et humaines. Alors
que les capacités de calcul augmentent — les ordina-
teurs sont plus rapides, la mémoire et les disques
plus vastes et la capacité des réseaux augmentent —
nous nous attaquons à des problèmes qui sem-
blaient impossibles il y a de ça quelques années
seulement. Notre curiosité intellectuelle pousse
constamment les limites et nous pouvons véritable-
ment dire que :
« … une nouvelle ère a vu le jour dans le domainede la recherche scientifique, médicale et en génie,poussée par les progrès continus réalisés dans lestechnologies du calcul, de l’information et des com-munications et entraînée par la complexité, la portéeet l’étendue accrues des défis actuels. » [REF 11]
Bien que la puissance de calcul d’un ordinateur de
bureau de pointe continue d’augmenter rapidement
(consultez l’encadré à la page 34), pour certaines
applications ces avancées ne sont pas suffisantes pour
réaliser une recherche de pointe. Afin que la British
Columbia Cancer Agency soit la première à séquencer
le virus du SRAS, 400 ordinateurs ont fonctionné sans
arrêt pour analyser les données biologiques. Encore
là, la première place a été remportée grâce à une
photo de fin de course (et il n’y a eu aucun prix pour
la seconde place) [REF 12]. Bombardier Inc. du Canada
et l’industrie aérospatiale canadienne en général
regorgent de modèles de réussite importants. Des
ressources de calcul massives servent à simuler la
prochaine génération d’avions. Ces travaux ont
nécessité au préalable la construction et l’essai d’une
infrastructure physique dispendieuse, notamment
des tunnels aérodynamiques massifs, mais ils peuvent
maintenant s’effectuer en grande partie dans les con-
fins d’un ordinateur. Pour qu’Environnement Canada
puisse présenter des prévisions météorologiques en
temps réel, il lui faut un ordinateur qui possède des
capacités des centaines de fois supérieures à celles
d’une machine de table (un ordinateur composé de
960 processeurs IBM pSeries 690 qui figurait au 74ème
rang de la liste des 500 meilleurs au monde en novem-
bre 2004). Le Hospital for Sick Children de Toronto
utilise un ordinateur muni de plus de 200 processeurs
pour analyser des centaines de milliards de pièces de
données génomiques dans ses recherches pour trou-
ver les causes génétiques des maladies. Des investisse-
ments scientifiques importants du Canada, tels que
l’Observatoire de neutrinos de Sudbury, le Centre
canadien de rayonnement synchrotron et TRIUMF ont
tous d’immenses besoins en matière de calcul de
haute performance (CHP), des besoins qui vont bien
au-delà de l’ordinateur de bureau ordinaire. Tandis
que nous sortons des cadres familiers de méthodolo-
gies de recherche théoriques et expérimentales et que
nous approfondissons le sujet de la recherche axée sur
le calcul – où nous traitons de problèmes trop impor-
tants, dispendieux et dangereux, ou simplement
impossibles à résoudre en utilisant d’autres technolo-
gies – le CHP devient la pierre angulaire du progrès.
Chapitre 1
33
L’avènement de l’informatique et particulièrement
du CHP, a changé de façon fondamentale la
manière d’effectuer des recherches. Pour être com-
pétitifs au 21ème siècle, les chercheurs ainsi que leurs
partenaires de recherche et de développement
doivent utiliser les outils du 21ème siècle. Par con-
séquent, des ressources de calcul haute perfor-
mance de pointe sont maintenant indispensables
aux progrès de recherche dans les sciences
appliquées, physiques et humaines. Les entreprises
et les gouvernements
doivent également avoir
accès à cette infrastruc-
ture pour mettre en
œuvre de nouvelles con-
naissances de recherche
et pour tirer profit de
nouvelles possibilités
dans des secteurs aussi
diversifiés que la santé,
l’environnement, l’én-
ergie, les transports, le tourisme et la fabrication.
Sobeys Inc. utilise un ordinateur composé de 512
processeurs pour satisfaire ses besoins commerci-
aux. Les sociétés pétrolières de Calgary utilisent des
grappes de calcul, certaines composées de dizaines
de milliers de processeurs, pour réaliser des analyses
sismiques visant à trouver les meilleurs endroits
pour chercher du pétrole. De nombreuses autres
entreprises comptent sur des ressources informa-
tiques à grande échelle pour assurer des opérations
quotidiennes fiables dans des industries telles que
les activités bancaires, les télécommunications, la
sécurité et la recherche sur Internet. Ces ressources
informatiques sont invisibles, un partenaire
économique silencieux, et peu de clients sont cons-
cients de l’énorme infrastructure informatique qui
supporte les opérations continues de tous les jours.
L’infrastructure du calcul de haute performance
représente des ressources qui surpassent grande-
ment celles d’une machine de table ordinaire, tout
en étant la technologie principale qui catalyse la
révolution des connaissances que nous vivons. Cette
infrastructure de recherche sera essentielle si le
Canada fait des découvertes scientifiques clés et tire
profit des avantages économiques et sociaux
provenant des innovations. L’accès à cette technolo-
gie et aux avantages qui en découlent sera crucial
pour notre compétitivité comme pays. C’est un
point tournant de l’histoire, un moment où nous
pouvons créer et vendre les outils, les services et les
avantages qui découlent des efforts déployés à
l’aide des ressources de CHP, ou les acheter.
L’Association C3.ca (www.c3.ca) est la voix nationale
du Canada pour le calcul de haute performance.
Notre vision est de bâtir une plateforme pluri-institu-
tionnelle, compétitive et d’impact important à
l’échelle internationale pour la recherche computa-
tionnelle, tout en répondant aux besoins de l’ensem-
ble de l’industrie et de la société en matière d’inno-
vation, d’éducation, de formation et de sensibilisa-
tion. Suite à ses travaux qui ont duré deux ans,
La loi de Moore : la vitesse desordinateurs double aux 18 mois
En 1965, Gordon Moore (un des co-fondateurs d’Intel)
a remarqué que le nombre de transistors (commuta-
teurs) qu’on pouvait installer sur une puce d’ordinateur
augmentait de façon constante. Puisqu’il existe une
corrélation entre le nombre de transistors sur une puce
et les besoins du processeur, la « loi » de Moore a été
extrapolée pour suggérer la performance des ordina-
teurs. La version moderne de la loi
de Moore est que la vitesse d’un
ordinateur double tous les
18 mois. Étonnamment, la prévi-
sion de Moore est fiable depuis
près de 40 ans, et la vitesse de l’in-
novation technologique ne sem-
ble pas vouloir diminuer. Par
exemple, les calculs d’une année
complète d’un ordinateur person-
nel de 1980 prendraient environ 5
secondes à effectuer sur un poste
de travail de 2004!
Les répercussions de la loi de Moore en matière de
recherche computationnelle représentent un défi. Un
ordinateur acheté aujourd’hui sera deux fois moins vite
qu’un ordinateur acheté seulement dans 18 mois. Pour
de nombreux domaines de recherche, négliger un fac-
teur de deux pour la puissance computationelle par rap-
port à la compétition représente un sérieux désavantage.
Peu de prix sont accordés à la deuxième place. Par con-
séquent, il est nécessaire de se procurer la technologie la
plus récente de façon constante — une situation iné-
galée dans l’histoire de la recherche scientifique. [REF 13]
34
Chapitre 1
l’Association a formulé une stratégie nationale pour
créer un milieu de calcul soutenu et durable pour la
recherche au Canada. Dans ce contexte, le groupe de
rédacteurs du plan à long terme a tenu des assem-
blées publiques dans l’ensemble du Canada et a
obtenu des commentaires de la part de tous les
secteurs clés d’utilisateurs du CHP (y compris des utili-
sateurs industriels pertinents), en plus d’examiner les
tendances internationales. Ce rapport est le point
culminant de ces efforts et présente nos conclusions
et recommandations.
Qu’est-ce que le calcul de haute performance?
Comme outil fondamental de la science moderne,
la médecine, l’ingénierie et les affaires, l’ordinateur
est sans égal. Un microscope physique présente une
gamme finie de grossissement mais un ordinateur
peut grossir mathématiquement un problème à
une échelle presque arbitraire. Les machines et les
instruments doivent être réoutillés ou reconfigurés
pour différents motifs mais on peut rapidement
charger un nouveau logiciel dans un ordinateur
pour effectuer de nouveaux calculs. Les humains
peuvent évaluer de nombreux scénarios
économiques différents avec compétence mais un
ordinateur peut dresser la liste complète de tous les
scénarios intéressants, pour ensuite produire un
graphique qui résume les résultats. L’ordinateur
élargit les sens, l’esprit et les modèles du scien-
tifique pour envisager des problèmes qui sont
autrement peu pratiques à résoudre. Une des carac-
téristiques remarquables des ordinateurs est leur
capacité à servir dans l’étude de problèmes selon
une grande variété d’échelles : le temps peut varier
d’un milliardième de seconde à un éon, et la dimen-
sion peut être celle d’un atome ou d’un système
solaire. Un modèle informatique est un outil puis-
sant et souple qui peut simuler des phénomènes
physiques, réduire ou éliminer la nécessité de cons-
truire des modèles physiques dispendieux comme
des tunnels aérodynamiques. L’ordinateur est aussi
important pour les biologistes que pour les
ingénieurs en géotechnique, les physiciens et les
chercheurs du domaine médical; il s’agit d’un outil
de recherche partagé rentable qui peut servir de
laboratoire virtuel pour presque tous les domaines
d’exploration scientifique.
« Le corps humain est sans aucun doute lamachine la plus complexe jamais créée. Les chercheurs en génomique ont entrepris la tâche difficile de découvrir comment il s’organise et fonctionne. Le calcul de hauteperformance joue un rôle de premier plandans cette recherche. Sans une infrastructureinformatique extrêmement sophistiquée, la recherche génomique serait impossible. »
Christoph Sensen
Directeur, Visual Genomics Institute
Université de Calgary
Christoph Sensen interagit avec une molécule de misopros-
tol tridimensionnelle au système de visualisation CAVE du
Visual Genomics Center de l’Université de Calgary.
35
Chapitre 1
Les chercheurs et les développeurs, que ce soit au sein des universités ou de l’industrie, fonthabituellement l’essai de leurs théories à l’aide dedifférents ensembles de paramètres d’entrée, ycompris ceux créés suite à des calculs précédents.Plus le scientifique attend un résultat, plus leprocessus de travail est ralenti par les incerti-tudes—et par conséquent, plus l’attente estlongue avant d’obtenir de nouvelles connais-sances. La productivité de la recherche, le tempsd’accès à la fabrication puis au marché, l’acquisi-tion d’informations, la découverte et l’innovationdes connaissances peuvent tous être grandementaméliorés par le biais du CHP.
Grosso modo, on peut définir le CHP comme une
infrastructure informatique qui est au moins 100 fois
plus puissante qu’une machine de table de pointe et
qui peut être, selon les normes actuelles, des dizaines
de milliers de fois plus puissante. Le mot puissance est
de rigueur. Un calcul qui pourrait prendre un an sur
une machine de table est réduit à un calcul d’une
heure sur une machine de CHP de rang mondial. Le
temps requis pour obtenir une réponse est souvent
crucial : il est tout aussi important de faire l’essai d’une
théorie sous toutes ses coutures que d’introduire de
nouveaux produits sur les marchés mondiaux. Ainsi, le
CHP a un rôle important à jouer quant à la réalisation
scientifique et la compétitivité économique.
Bien que l’on assimile généralement le CHP à de sim-
ples ordinateurs puissants, en réalité le « supercalcul
» n’est qu’une pièce du casse-tête. Le CHP comprend
le continuum complet, de l’acquisition à la manipula-
tion, au stockage, à l’analyse et à la sortie des don-
nées. D’un côté du canal de recherche, des dispositifs
de collecte de données recueillent l’information qui
sera traitée. Ces données peuvent provenir de dif-
férentes sources tels des capteurs sismiques, des bal-
lons-sondes météorologiques, des observations par
télescope, des bases de données de transactions
financières et des registres des activités sur le Web.
Les données sont préparées, stockées puis alimentées
dans les ordinateurs de CHP pour analyse. Les sorties
qui en découlent peuvent être un simple verdict
booléen (une réponse vraie ou fausse) ou aussi com-
plexes qu’une image multidimensionnelle de haute
précision. La productivité est considérablement
accrue par l’accès à une variété de formes de sorties
pour aider les utilisateurs à interpréter et présenter
davantage leurs données, comme les bases de don-
nées, les affichages à l’écran, les environnements
d’immersion tridimensionnelle (CAVE : consultez
l’encadré à la page 35) et les imprimantes 3D.
Bien que les ordinateurs puissent répondre à des ques-
tions provenant d’un large éventail de problèmes, c’est
dans le domaine de la simulation que le calcul de haute
performance prend le plus d’importance. En réalité, de
nombreuses questions de recherche d’avant-garde ne
peuvent être résolues qu’en utilisant une technologie de
calcul tout aussi avant-gardiste pour simuler les relations
entre les phénomènes, à l’aide de modèles mathéma-
tiques complexes qui donnent les moyens de découvrir
de nouveaux renseignements. Par exemple, l’élaboration
d’un modèle réaliste de l’impact du réchauffement de la
planète devrait selon toute probabilité intégrer une
grande variété d’interactions entre l’atmosphère, la terre
et l’océan. Des groupes d’experts au sein de disciplines
d’appui peuvent travailler de concert pour élaborer ce
modèle puis, à l’aide des ressources de CHP, commencer
à répondre aux questions telles que « Quels sont les
impacts potentiels sur les rives du globe si la fonte de la
calotte polaire augmente? » ou « Quelles seront les con-
séquences si les mesures convenues dans le cadre de
l’Accord de Kyoto ne sont pas mises en œuvre? » Les
réponses s’avèreront cruciales dans l’évaluation de l’im-
pact qu’auront les changements climatiques sur les
humains, la faune les propriétés et l’activité économique.
Nanotechnologie
La manipulation de matières à des niveaux
nanométriques (un millionième de mètre) promet
d’entraîner une nouvelle révolution industrielle. Le
Canada vise à devenir un leader en nanotechnologie
grâce à des initiatives comme l’Institut national de
nanotechnologie (INN), fondé récemment.
Les scientifiques réorganisent les atomes individuels
pour construire de nouveaux matériaux, dispositifs et
structures qui possèdent des qualités inégalées,
uniques et d’une valeur inestimable, telles une résis-
tance et une durabilité élevées.
Les expériences physiques à ce degré de précision sont
difficiles et dispendieuses. Les scientifiques étudient
l’aspect physique des interactions des particules à
l’aide de modèles informatiques pouvant identifier
quelles expériences de laboratoire seraient une perte
de temps et de ressources et lesquelles seraient selon
toute probabilité réussies. On adopte cette nouvelle
stratégie au sein de nombreux domaines de recherche.
Les armoiries de l’Université de l’Alberta sur la tête
d’une aiguille (grossissement X 10 000). L’image a été
réalisée à l’aide de la lithographie à faisceau d’électrons.
36
Chapitre 1
Un cycle de progrès scientifiques et technologiques
sert de catalyseur au potentiel et aux besoins en
matière de ressources de CHP. Des processeurs plus
rapides requièrent des ordinateurs plus puissants, ce
qui permet la résolution de problèmes plus impor-
tants et complexes, donnant de l’allant à la curiosité
intellectuelle et se traduisant par des processeurs
encore plus puissants. Les simulations de CHP de
notre monde physique nous ouvrent de nouveaux
horizons et les approches traditionnelles d’expé-
riences en laboratoire et d’analyses théoriques sont
souvent rendues inappropriées dans l’atteinte des
connaissances que nous cherchons. La capacité de
stockage (à la fois mémoire et sur disque) ainsi que
l’accessibilité aux réseaux et à des largeurs de bande
haute vitesse doivent être accrues tandis que les
scientifiques repoussent leurs limites et s’attaquent
à plus de questions de recherche au sein d’équipes
multidisciplinaires. À vrai dire, la modélisation com-
putationnelle de phénomènes à échelles multiples
est en voie de devenir la technique principale pour
donner des réponses aux questions difficiles en ce
qui touche la nanotechnologie, les changements cli-
matiques, les analyses financières, les sciences de
l’environnement et les transports.
Le Canada et le CHP
Le Canada a de longs antécédents dans la recherche
en CHP et dans le développement d’applications de
CHP (consultez l’encadré à la page 38). Le premier
site de CHP du Canada pendant de nombreuses
décennies a été celui d’Environnement Canada, où
la technologie sert aux prévisions météorologiques
nationales. Toutefois, il y avait une forte demande
pour une ressource de calcul universitaire et on a
tenté d’en établir dans les années 1980 et au début
des années 1990. Les trois installations ont survécu
pendant une courte période mais ont dû finale-
ment fermer leurs portes en raison d’un manque de
financement soutenu. En conséquence, le Canada
occupait une place sans importance dans la commu-
nauté internationale de recherche axée sur le CHP
jusqu’à la fin des années 1990.
En 1997, le gouvernement du Canada a créé la
Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) en
vue de financer l’infrastructure de recherche. De
concert, la FCI et ses partenaires provinciaux, indus-
triels et universitaires ont investi plus de 250 mil-
De kilo à méga à giga et au-delas
Il n’y a pas si longtemps, le matériel informatique était
mesuré en méga-machin : mégahertz de performance
de l’unité centrale et mégaoctets de mémoire. Les
temps ont changé. Les ordinateurs à 800 mégahertzs
d’hier sont les machines à quatre gigahertz d’aujour-
d’hui. Les mémoires à gigaoctets sont monnaie courante
et les machines de pointe supportent maintenant des
téraoctets de mémoire. La capacité du disque a connu
une croissance incroyable, de quelques gigaoctets il y a
quelques années à la capacité de stockage de pointe en
téraoctets, sans compter les systèmes pétaoctets qui fe-
ront leur entrée bientôt. Alors que la technologie évolue,
nous avons besoin de nouveaux termes pour illustrer les
capacités grandissantes. Voici un tableau de référence
pour les unités communes de mesure : [REF 14]
37
Chapitre 1
Préfix Origine Nombre d’unités
Kilo Grec khilioi (1 000) 103 210 = 1 024
Méga Grec megas (« grand ») 106 220 = 1 048 576
Giga Latin gigas (« géant ») 109 230 = 1 073 741 824
Téra Grec teras (« monstre ») 1012 240 = 1 099 511 627 776
Péta Grec pente (« cinquième ») 1015 250 = 1 125 899 906 842 624
Exa Grec hex (« sixième ») 1018 260 = 1 152 921 504 606 846 976
Zetta Latin septo (« septième ») 1021 270 = 1 180 591 620 717 411 303 424
Yotta Latin octo (« huitième ») 1024 280 = 1 208 925 819 614 629 174 706 176
lions $ dans les infrastructures computationelles
depuis 1999. Cela a donné un nouvel essor à la
recherche computationnelle dans l’ensemble du
pays et a permis d’endiguer les départs de pro-
fesseurs, d’étudiants diplômés et de personnel tech-
nique qualifié du Canada dans les domaines d’étude
relatifs au CHP.
Avec l’avènement de la FCI, les universités de par le
pays étaient incitées à collaborer à la création de la
masse critique nécessaire aux investissements impor-
tants dans le CHP. Le résultat a été la création de con-
sortiums régionaux visant à acquérir, gérer et pro-
mouvoir la recherche computationelle. Ce modèle de
partage canadien unique s’est traduit par une
collaboration sans précédent entre les institutions,
des installations de CHP plus puissantes et de plus
grands taux d’utilisation et d’expertise partagée. Le
résultat est supérieur à la somme des parties que les
universités à elles seules auraient pu obtenir. Il s’agit
d’une réussite importante du Canada reconnue sur le
plan international.
Les consortiums d’importance sont WestGrid (ouest
canadien), SHARCNET (sud ouest Ontarien), HPCVL
(est Ontarien), CLUMEQ et RQCHP (Québec) et
ACEnet (Canada Atlantique). Il y a en outre d’impor-
tantes installations de CHP à l’Université de Toronto et
l’Université de Victoria, de même que de plus petites
installations de par le pays. Chaque université impor-
tante du pays possède ses facilités de CHP ou fait par-
tie d’un consortium de CHP.
Chapitre 1
Un bref historique du calcul de haute performance au Canada
1952 Premier ordinateur de recherche installé au Canada.
1958 Le Service météorologique du Canada commence les prévisions météorologiques numériques.
1964 Le premier département de science informatique du Canada est mis sur pied.
1985–1991 Le superordinateur Cyber 205 est rendu accessible aux chercheurs (Calgary).
1988–1992 Le superordinateur Cray XMP-4 est rendu accessible aux chercheurs (Toronto).
1993–1996 Le superordinateur Fujitsu VPX240 est rendu accessible aux chercheurs (Calgary).
1993 Le Service de l’environnement atmosphérique (SEA), Environnement Canada, atteint lesixième rang sur la liste des 500 meilleurs avec un tiers de la capacité du premier rang.
1993 Création de CANARIE Inc. avec comme mandat de fournir aux chercheurs canadiensune infrastructure nationale de réseautique de pointe.
1995 Les chercheurs de CHP de l’ensemble du Canada se rencontrent pour discuter de leursbesoins communs en matière de calcul. De cette rencontre, découle la formation en1997 de C3.ca, une organisation nationale qui vise à promouvoir les intérêts de la com-munauté du CHP.
1997 Annonce de la création de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI).
1998 Walter Kohn (baccalauréat et maîtrise de l’Université de Toronto) et John Pople (ancienemployé du Conseil national de recherches) reçoivent le Prix Nobel de chimie. MonsieurKohn a inventé la théorie fonctionnelle de densité, une application qui nécessite degrandes ressources de CHP. La contribution de monsieur Pople était le programmeGAUSSIAN, un ensemble de simulation qui selon toute probabilité utilise plus de cyclesde calcul de recherche autour du monde que toute autre application de recherche.
1999 L’octroi des premières subventions de la FCI en matière de calcul haute performance.
2003 Cinq installations de recherche financées par la FCI se trouvent sur la liste des 500 meilleures.
38
Il faudra néanmoins d’autres investissements pour que
nous soyons compétitifs à l’échelle internationale. Une
mesure souvent citée en ce qui concerne l’engage-
ment national des activités relatives au CHP est la liste
connue sous le nom des 500 meilleurs sites de super-
ordinateurs (consultez l’encadré à la page 39). Comme
pour d’autres mesures uniques tel « le financement
global de la recherche », il n’y a pas consensus en ce
qui touche à la méthodologie et l’interprétation des
classements. Cependant, il ne fait pas de doute que de
nombreux gouvernements de par le monde, parti-
culièrement ceux du G7, ont fait des investissements
importants et soutenus dans le CHP et cela se voit sur
la liste. Le Canada apparaît occasionnellement sur la
liste mais n’y a jamais été de façon continue, à part
Environnement Canada. Alors que les États-Unis et le
Japon ont contribué beaucoup de fierté et de
ressources pour obtenir et recouvrir la première place
sur la liste (consultez l’encadré à la page 40), le
meilleur système canadien durant les 11 années d’exis-
tence de la liste présentait en moyenne moins de 10 %
de la puissance informatique du meilleur système (sur
la liste de novembre 2004, il s’agissait de 5,4 %).
D’autres régions du monde ont également alloué
davantage de ressources que le Canada pour le CHP,
même lorsqu’on tient compte de la taille relative des
pays et de leur économie. Nos concurrents mondiaux
ont fait du CHP une priorité en créant au moins un
centre de CHP de rang mondial chacun, en plus d’un
certain nombre de plus petits centres. Les sites de CHP
canadiens représentent plus ou moins que 1,4 % de la
puissance de calcul sur la liste – une baisse par rapport
au 2,2 % en 1993. De 1993 à 2004, la puissance de cal-
cul du meilleur système de la liste s’est accrue selon un
facteur de 700, tandis que celle du meilleur système
canadien s’est accrue selon un facteur de 226 seule-
ment. Le Canada traîne davantage de la patte en
matière de capacités de CHP malgré d’importants
investissements dans ce domaine.
Le Canada doit occuper une place soutenue sur la liste
des 500 meilleurs pour appuyer un milieu de recherche
compétitif. L’infrastructure servira à résoudre certains
des problèmes computationnels les plus exigeants au
sein des universités et de l’industrie. Une présence
soutenue du Canada sur la liste des 500 meilleurs con-
tribuera également à attirer et conserver l’expertise en
CHP, par conséquent à
rehausser le potentiel et
l’utilité de cette technologie
pour le pays. Comme on a pu
le constater sur de nom-
breux sites dans l’ensemble
du Canada, il n’est pas facile
de trouver des program-
meurs de CHP compétents et
des administrateurs de sys-
tèmes qualifiés. Ces experts
sont souvent des travailleurs
itinérants qui cherchent à
s’attaquer à des problèmes importants reconnus
mondialement et on doit leur offrir un milieu de travail
stimulant et les installations nécessaires si on veut qu’ils
restent au Canada.
Top 500
Au fil des ans, de nombreuses institutions canadi-
ennes non universitaires sont apparues sur la
liste des 500 meilleurs.
• Entreprises : AMOCO, BC Tel, Bell Canada, C.O.R.E.
Digital Pictures, DST Canada, Ernst & Young, IBM
Canada, Hydro-Québec, Pétro-Canada, Pratt &
Whitney, Sears, Silicon Graphics Canada, Sobeys,
Telus et la Bourse de Toronto
• Organismes gouvernementaux : Défense nationale
canadienne, Recherche et Développement pour la
défense et Environnement Canada
• Instituts de recherche : Centre de recherche en cal-
cul appliqué, Hospital for Sick Children et le Conseil
national de recherches
Au cours des 20 dernières années, les
tendances des ordinateurs de haute
performance ont été évaluées par le
biais de la liste des « 500 meilleurs »
ordinateurs les plus puissants au
monde (http://www.top500.org). La
figure illustre les tendances en
matière de calcul de haute perform-
ance. La ligne verte montre l’ordina-
teur le plus puissant de la liste, la ligne
mauve l’entrée inférieure et
la ligne rouge indique la moyenne
(notez que l’axe vertical est logarith-
mique). Durant cette période, les meilleures machines sont
devenues près de 500 fois plus puissantes, alors que la norme
pour faire partie de la liste s’est accrue selon un facteur de
plus de 1000. [REF 15]
39
Chapitre 1
Personnes, applications, communica-tions et technologie (PACT)
Un monde numérique bien branché et compétitif
sera un élément important dans les vies des
Canadiens au cours du 21ème siècle. Pour cette raison,
il sera essentiel d’avoir (a) des personnes bien
instruites et versées en calcul dans les universités et
les instituts de recherche; (b) une économie féconde
et un milieu innovateur pour favoriser le développe-
ment de nouvelles applications numériques; et (c)
une stratégie nationale de communications qui
comprend l’accès à des réseaux à large bande et à
une technologie computationnelle de pointe qui en
sera le moteur. Un programme de CHP réussi est un
programme multidimensionnel et nous devons
traiter de tous les aspects de façon appropriée :
Personnes. L’usage efficace des installations de CHP ne
peut s’accomplir que lorsque de solides équipes de
recherche (le corps professoral, les boursiers postdocto-
raux et les étudiants diplômés) sont appuyées par une
équipe de techniciens hautement qualifiés (program-
meurs-analystes et administrateurs de système). Le
Canada manque actuellement de personnel hautement
qualifié (PHQ) possédant les compétences requises. Il s’a-
git d’une conséquence, en partie, du manque historique
d’infrastructures de CHP au pays.
Applications. Une recherche et un développement à
grande échelle sont nécessaires au développement
d’applications pouvant utiliser efficacement les
Chapitre 1
La dimension compte
En 1997, une équipe d’ingénieurs japonais a eu l’au-
dace d’imaginer un ordinateur tellement puissant
qu’il pourrait suivre tout dans le monde en même temps
— de la vapeur des forêts vierges de Bolivie à la fumée
des usines du Mexique, le courant-jet, le Gulf Stream, les
travaux. Qui plus est, ils ont eu l’audace de le construire.
Le 11 mars 2002, lorsqu’ils ont allumé l’ordinateur, les
ingénieurs ont accompli ce qu’aucun autre mortel n’avait
réussi auparavant : ils ont créé la Terre. Ou à tout le
moins, ce qui s’en rapproche le plus.
Le Simulateur de la Terre, le superordinateur le plus puis-
sant jamais construit, a été conçu avec comme unique
objectif de créer un jumeau de notre planète. Avant
l’avènement du Simulateur de la Terre, l’ordinateur le
plus rapide au monde était une machine militaire améri-
caine pouvant réaliser 7,2 billions de calculs par seconde.
Le simulateur de la Terre réalise plus de 35 billions de cal-
culs par seconde, presque cinq fois plus vite. En réalité, il
est aussi puissant que les 12 autres superordinateurs les
plus rapides du monde mis ensemble. Situé dans de
vastes nouvelles installations à Yokohama, la dimension
du Simulateur de la Terre représente quatre courts de
tennis. Le prix? Environ 500 millions $.
Il en valait bien la peine. En intégrant des données réelles
sur le climat à partir de satellites et de balises océaniques
dans le Simulateur de la Terre, les chercheurs peuvent
créer un modèle informatique de la planète entière, puis
le faire avancer dans le temps pour voir ce qui arrivera à
notre environnement. Les scientifiques ont déjà réalisé
les prévisions des températures mondiales des océans
pour les 50 prochaines années, ainsi qu’un ensemble
complet de prévisions sur le climat qui sera prêt d’ici la fin
de l’année. Bientôt, plutôt que de spéculer sur l’impact
environnemental possible de l’Accord de Kyoto par
exemple, les décideurs pourront intégrer les paramètres
dans la Terre virtuelle puis avancer de 1000 ans pour avoir
une idée de l’effet qu’auront ces politiques. Ce type de
données concrètes pourrait révolutionner la science de
l’environnement. En clonant numériquement la Terre,
nous pourrons peut-être la sauver. [REF 16]
40
41
Chapitre 1
installations de CHP. Écrire un programme de
grande envergure qui fonctionne correctement sur
un seul ordinateur (programme séquentiel) est tou-
jours une tâche difficile. L’ajout du parallélisme à
une application peut compliquer énormément le
défi que représente le développement de logiciels.
La conception d’un programme qui fonctionne bien
sur un ordinateur muni de 10 processeurs sera de
toute évidence très différente de celle d’un pro-
gramme qui est efficace avec 1 000 processeurs.
Communications. Les ressources – à la fois les personnes
et les ordinateurs – doivent être capables de communi-
quer efficacement. La situation géographique ne
représente plus un obstacle à la collaboration. À l’aide
de l’infrastructure et des outils de communications
appropriés, des communautés virtuelles de chercheurs
peuvent collaborer entre elles, des ordinateurs d’un
bout à l’autre du pays peuvent être mobilisés pour
œuvrer sur un problème computationnel et des entre-
pôts de données peuvent assurer que tous les
chercheurs ont accès aux plus récents résultats mis à jour.
Technologie. Pour obtenir les résultats de recherche
le plus rapidement possible, les chercheurs ont
besoin de la technologie de CHP. Ils ont besoin non
seulement de processeurs multiples mais aussi d’un
accès à de larges mémoires, de large stockage de
disque et de capacité réseau suffisante (largeur de
bande). Pour obtenir une haute performance, les
applications de CHP utilisent les installations qui
offrent une capacité (des milliers de processeurs
n’est pas rare de nos jours) et/ou une faisabilité (de
nouvelles machines avec un téraoctet de mémoire
ou un pétaoctet d’espace disque font leur appari-
tion) qui vont bien au-delà que ce qu’on trouve
dans une machine de bureau de pointe. En outre,
obtenir les résultats des calculs ne représente
qu’une étape du processus de recherche de CHP; il
faut également interpréter les données. La tech-
nologie de visualisation est cruciale dans la traduc-
tion des sorties computationnelles brutes
(éventuellement des ensembles de données très
importants) vers quelque chose qu’il est possible de
voir et de mener vers une analyse perspicace.
Les personnes, les applications, les communications
et la technologie - PACT – sont chacune essentielle
à toute initiative de CHP. Il s’agit qu’une d’elles soit
plus faible et cela minera gravement l’efficacité de
l’ensemble du plan.
IMPACT Canada
Le CHP est fondamental pour la recherche au 21ème siè-
cle. Les antécédents du Canada en matière de CHP
montrent clairement que des initiatives de CHP spo-
radiques ne sont ni rentables, ni compétitives, ni utiles
à long terme. Nous avons besoin d’un plan soutenu à
long terme pour acquérir l’infrastructure, pour
soutenir les personnes et les applications, tout en allant
de l’avant dans ce domaine en pleine évolution. Par
conséquent, le Canada a besoin d’une initiative,
appelée IMPACT Canada, pour construire et coordon-
Étude du conseil sur la compétitivité
L e Conseil sur la compétitivité des États-Unis a effectué une
étude sur l’utilisation industrielle du CHP aux États-Unis. Le
rapport a été financé par la Defense Advanced Research
Projects Agency (DARPA). Il a été publié en juillet 2004 et a
sondé 33 entreprises dont la moitié présentait des recettes de
plus de 1 milliard $. Voici certaines citations tirées du
rapport : [REF 17]
« Le calcul de haute performance n’est pas seulement un outil
clé pour accroître la compétitivité, il s’agit aussi d’un outil
essentiel à la survie des entreprises. Presque 100 % des répon-
dants ont indiqué que les outils de CHP sont indispensables,
déclarant qu’ils ne pourraient être une entreprise viable sans
eux et qu’ils ne pourraient concurrencer efficacement. »
« Les entreprises ont décrit un éventail impressionnant d’a-
vantages de compétitivité obtenus à l’aide du calcul de
haute performance… Parmi les avantages stratégiques se
trouvent des gains tels des cycles raccourcis de développe-
ment de produits et des temps d’accès au marché plus ra-
pides (50 % plus rapides dans certains cas), sans compter les
coûts réduits qui en découlent. Tous ces éléments peuvent
améliorer le résultat net d’une entreprise. »
« Les répondants ont mentionné une variété de raisons pour
lesquelles le CHP n’est pas utilisé plus intensivement. Le fac-
teur le plus important est le manque de scientifiques compu-
tationnels - des experts (à l’interne ou à l’externe) qui peu-
vent utiliser les outils de CHP pour résoudre les problèmes en
question – ainsi que le budget pour les embaucher. »
« Les répondants, malgré les retours qu’ils reconnaissent
souvent avoir obtenus grâce à l’utilisation du calcul de
haute performance, signalent que la haute direction
n’apprécie souvent pas le matériel et les logiciels de CHP à
leur juste valeur. En conséquence, le CHP est souvent con-
sidéré comme un coût plutôt que comme un investisse-
ment… »
Chapitre 1
42
ner des installations de CHP, faire de la planification à
court et à long terme, initier une sensibilisation tech-
nologique, éduquer et former, ainsi que gérer les
ressources financières, humaines et technologiques re-
latives au CHP au pays. Cette initiative offrirait égale-
ment une évaluation continue du domaine en cons-
tante évolution qu’est le CHP pour identifier de nou-
veaux domaines d’importance stratégique pour le
Canada. Cela permettrait de créer des stratégies en vue
(i) de rehausser l’utilisation du CHP dans l’éducation et
la recherche pour les sciences de la santé, environ-
nementales, appliquées, physiques, de la vie et
humaines; (ii) de coordonner des ressources existantes
d’un bout à l’autre du pays, et (iii) d’allouer de nou-
velles ressources pour maximiser la compétitivité de la
recherche canadienne. Cette initiative bénéficierait
d’un personnel à plein temps pour collaborer au
développement des programmes, de la formation et
pour coordonner des colloques et offrir des conseils
ainsi qu’une assistance spécialisée aux centres de CHP
de par le pays. Elle servirait également d’interface avec
les utilisateurs de CHP au sein du gouvernement du
Canada et de l’industrie. L’initiative serait chargée de
conseiller les organismes canadiens de financement de
la recherche sur les questions relatives au CHP.
IMPACT Canada jouera un rôle clé dans l’éducation, la
sensibilisation et la formation. Il travaillera de concert
avec les universités, les hôpitaux, les collèges et les
consortiums pour offrir aux jeunes canadiens une
introduction à la science computationnelle, qui est
maintenant reconnue comme élément crucial dans
Le Conseil national de recherches du Canada
Le CNRC est la ressource principale du gouvernement
du Canada pour le développement et la commer-
cialisation des sciences et de la technologie. Il œuvre au
sein du domaine de l’innovation, allant des découvertes
scientifiques aux frontières mêmes du savoir, au
développement et à la commercialisation de produits
destinés aux marchés mondiaux.
Le CHP constitue un élément fondamental des pro-
grammes d’innovation du CNRC. Il est utilisé pour
résoudre des problèmes du domaine diversifié de
recherche computationnelle : de grands ensembles de
données et des travaux d’analyse de données en bioin-
formatique et en astronomie, de la visualisation tridi-
mensionnelle en temps réel, des éléments finis et de la
dynamique numérique des fluides (DNF) pour
l’ingénierie et la mécanique quantique ab initio.
La biologie connaît une véritable explosion de décou-
vertes et d’outils et il y a plusieurs nouvelles applica-
tions pour le CHP. Le CNRC gère des dépôts de données
bioinformatiques pour les clients à l’interne et à l’ex-
terne, élabore des algorithmes d’analyse des données et
s’intéresse à la biologie computationnelle.
En ce qui concerne la DNF, le développement à long
terme du CNRC est axé sur la simulation de conceptions
intégrées et multidisciplinaires ainsi que sur des mo-
dèles qui reposent sur la physique pour les phénomènes
complexes de cheminement. Le CNRC doit constamment
élargir ses ressources pour répondre aux besoins des
clients alors que ces entreprises se déplacent vers des
grappes plus puissantes et abordables.
Pour la recherche sur les matériaux et la nanotechnolo-
gie, le défi est de comprendre les nouveaux matériaux
et leurs propriétés. Un des premiers succès a été un
algorithme sur l’affinité des interactions protéine-
ligand, ce qui représente d’importants progrès vers une
conception moléculaire assistée par ordinateur.
Le CNRC effectue la plupart de ses recherches sur des sys-
tèmes internes de CHP à l’échelle des ministères, bien que
certains travaux soient réalisés sur les systèmes externes
des universités. Puisque les besoins sont grandissants, il
faudra avoir accès à des systèmes de CHP à l’échelle
nationale. Le CNRC a
étendu ses recherches
pour explorer com-
ment les outils de
grille et d’intergiciels
peuvent mieux servir
les différents emplace-
ments et utilisateurs.
Simulation computationnelle de dynamique des fluides d’un
assemblage de piles à oxyde solide. (Institut de technologies
des procédés chimiques et de l’environnement, Conseil national
de recherches)
l’éducation des sciences. Les programmes de sensibili-
sation innovateurs d’IMPACT Canada permettront
une prise de conscience de la part de la prochaine
génération de chercheurs et de travailleurs sur le rôle
central que joue le calcul à la fois en ce qui touche
l’apprentissage et la recherche.
« Pour la prochaine décennie, l’intention stratégiquedu Service météorologique du Canada en matière deR. et D. est d’offrir une capacité scientifique à l’appuide la prise de décisions fondée sur le risque en ce quiconcerne les changements et la variabilité atmos-phériques et environnementaux qui ont une incidencesur la sécurité et la santé de la population canadienne,ainsi que sur l’économie et l’environnement pendantquelques heures ou quelques siècles. Des investisse-ments importants et soutenus dans les ressourceshumaines et une infrastructure informatique de hauteperformance représenteront un point tournant dansl’atteinte de notre objectif stratégique. »
Dr Michel Béland
Directeur général
Direction générale des sciences atmosphériques
et climatiques
Environnement Canada
Le nom IMPACT regroupe les éléments essentiels
d’un monde numérique hautement compétitif et
branché : innovation, management, personnes,
applications, communications et technologies.
IMPACT Canada favorisera l’innovation, permettra
aux personnes d’atteindre leur plein potentiel de
recherche, contribuera au développement d’appli-
cations informatiques qui mèneront à des percées
scientifiques, favorisera le déplacement des idées et
l’interaction par le biais de vastes stratégies de com-
munication, et il supervisera et coordonnera l’ac-
quisition et l’exploitation de technologies habili-
tantes. IMPACT aura un rôle clé à jouer dans le rap-
prochement des aspects techniques et relatifs aux
applications du CHP, et accroîtra ainsi la compétiti-
vité globale du Canada.
Recommandations obligatoires
Une évaluation des besoins scientifiques (illustrée par les
nombreuses études de cas réparties dans l’ensemble du
document) et l’état actuel du CHP au Canada et dans le
monde (consultez les chapitres 2 - 4) nous mènent à for-
muler les recommandations obligatoires suivantes :
1.1 Qu’un budget à long terme soit élaboré (a) pour
fournir un appui soutenu aux installations infor-
matiques avancées de milieu de gamme tels des
consortiums régionaux de CHP et (b) pour établir
une installation de calcul pancanadienne haut de
gamme qui figurerait parmi les 30 meilleures
installations de calcul au monde.
1.2 Qu’une initiative nationale soit établie pour
traiter de la sensibilisation, du leadership, de la
coordination et de la surveillance en matière de
CHP au Canada.
Chapitre 1
43
44
Étude de cas
Le détecteur de neutrinos de Sudbury sonde les activités
internes du Soleil pour mieux le comprendre comme source
d’énergie. Les 10 000 tubes photomultiplicateurs, qui obser-
vant la lumière produite par les interactions des neutrinos
dans l’ONS, sont maintenus en place à l’aide d’une sphère de
18 mètres qui entoure 1 000 tonnes d’eau lourde.
Comprendre la puissance du soleil :l’Observatoire de neutrinos de Sudbury
Avez-vous déjà réfléchi à la manière dont le
Soleil produit de l’énergie? Comment l’éner-
gie solaire fonctionne véritablement? Les
physiciens y ont pensé et depuis plus de 30 ans, ils s’at-
taquent à une question fondamentale de la physique
connue sous « le problème de neutrinos solaires ». Le
nombre de neutrinos observés était bien moins élevé
que ce que prévoyaient les grandes théories sur la
physique du Soleil; qu’est-ce qui n’allait donc pas?
Pour répondre à ces questions, le Canada, les États-Unis et le
Royaume-Uni ont établi l’Observatoire de neutrinos de
Sudbury (ONS), qui a la capacité unique de détecter et de
mesurer les interactions parmi toutes les saveurs de neutri-
nos. Dirigée par le Dr Art McDonald de l’Université Queen’s,
cette équipe internationale de chercheurs a mesuré les
vitesses de réaction des trois saveurs de neutrinos. En juin
2002, les physiciens des particules qui travaillaient à l’ONS ont
annoncé une incroyable découverte – ils avaient résolu le
problème de neutrinos solaires et ils ont révélé de nouvelles
propriétés des neutrinos. L’ONS a découvert que les neutri-
nos oscillent lorsqu’ils se déplacent depuis le centre du Soleil
jusqu’à la Terre et qu’ils ont par conséquent une masse!
Bien entendu, une telle découverte nécessitait l’utilisa-
tion d’importantes ressources de CHP pour : le stock-
age de données, le retraitement des données à grande
échelle, une analyse multidimensionnelle complexe,
des calculs stochastiques avancés et des simulations de
Monte-Carlo exigeantes pour l’unité centrale.
Afin de continuer sur cette voie d’importantes décou-
vertes mondiales, nous devons soutenir une infrastruc-
ture de CHP. Les progrès techniques réalisés à l’ONS dans
l’établissement de milieux très profonds ont ouvert la
voie à de nouvelles mesures stimulantes en astro-
physique des particules et ont mené à la création d’un
nouveau laboratoire souterrain international (SNOLAB)
financé par la Fondation canadienne pour l’innovation
(FCI). Les scientifiques de SNOLAB se pencheront sur
trois importantes possibilités de recherche :
• Utiliser les neutrinos pour sonder les activités
internes de notre Soleil et ainsi déterminer la
nature de notre principale source d’énergie.
• Comprendre la matière noire, qui se manifeste
dans les champs gravitationnels de l’univers mais
vraisemblablement sous une forme de matière
non identifiée jusqu’à présent.
• Étudier les caractéristiques de base des neutrinos
par le biais d’un mode de désintégration nucléaire
très rare connu sous le nom de double désintégra-
tion bêta.
« Le calcul de haute performance est nécessaire à l’appui de la
collaboration du Canada dans la recherche mondiale pour une
compréhenson des propriétés fondamentales de l’espace, du
temps et de la matière. Des installations computationnelles
avancées sont nécessaires pour que le Canada continue d’être
au premier plan de l’astrophysique des particules. »
Alain Bellerive
Chaire de recherche du Canada en physique des particules
Université Carleton
« Simuler la croissance de la structure cosmique, des amas d’étoile et des gaz au sein des galaxies aux superamas qui contiennent des dizaines de milliers de gala-xies et davantage, est un défi computationnelimmense (en fait, on l’a appelé l’un des"grands défis computationnels” avec la modélisation environnementale et lerepliement des protéines par exemple) et leleadership continu du Canada dans ce domainerepose sur l’accès à des ressources computa-tionnelles à grande échelle appropriées. »
Dr Hugh Couchman
Professeur de physique et d’astronomie
Université McMaster
Des amas galactiques massifs contiennent plusieurs centaines
de galaxies, dont nombreuses sont plus grandes que notre
Galaxie. Le panneau inférieur droit illustre une simulation
d’un amas galactique. Les panneaux restants sont un zoom
arrière selon des facteurs de deux pour illustrer le milieu cos-
mique de l’amas. Le panneau supérieur gauche représente
500 000 000 années-lumière en diagonale. [REF 18]
45
Étude de cas
Comprendre notre univers
L’astrophysique cherche à répondre aux ques-
tions les plus fondamentales de l’existence :
Quelle est la nature de notre univers, qu’est-
ce qui le constitue, comment cela s’est produit et
quel est son avenir? C’est un domaine qui étude à la
fois l’infiniment grand (le cosmique) et l’infiniment
petit (le quantum). Les découvertes importantes des
quelques dernières années nous ont permis d’en-
trevoir l’incroyable complexité du processus et de la
structure qui constitue notre univers.
Ces dernières années, l’astrophysique a connu une
transition, passant d’un domaine où il y avait
une relative pénurie de données à un domaine où il
y a maintenant un large éventail de données. Cette
hausse considérable découle de réalisations rapides
dans les technologies de détection, des missions
satellitaires fournissant des images haute résolution
du système solaire aux télescopes surveillant des mil-
lions de galaxies, des détecteurs de neutrinos enfouis
profondément dans le substratum du nord de
l’Ontario ou sous la glace de l’Antarctique qui étu-
dient les signatures fantomatiques de ces particules,
et des immenses interféromètres qui balaient le tissu
spatio-temporel à la recherche de rides qui pour-
raient révéler l’existence d’ondes de gravité.
Nous devons relever le défi de construire, gérer et
exploiter scientifiquement ces énormes bases de don-
nées (des dizaines de milliers de téraoctets de
données), et de créer des modèles théoriques sur
lesquels se fonder pour réaliser des prévisions qui
mettront à l’essai, amélioreront ou rejetteront les
modèles décrivant les populations cosmiques et l’uni-
vers. En raison de la complexité physique de ces sys-
tèmes, une modélisation numérique détaillée est cru-
ciale. Les simulations, qui produisent des quantités
considérables de données, sont complètement tribu-
taires d’un calcul de haute performance sophistiqué.
Les compétences de pointe acquises par les astro-
physiciens numériques canadiens, à la fois au sein de
notre solide communauté de recherche au pays et à
l’étranger, ont permis d’avoir un personnel souple
capable d’apports importants dans un certain nom-
bre de domaines, notamment en télédétection, en
modélisation environnementale, en étiologie,
en conception des médicaments, en signalisation et
autres systèmes intracellulaires, en imagerie médi-
cale, de même que dans les domaines financiers et
bancaires. Dans la plupart de ces cas, la valeur
apportée par les astrophysiciens est leur capacité à
entreprendre des calculs à grande échelle et de
repousser les limites computationnelles lorsqu’ils
relèvent des défis contemporains importants.
La vitesse des changements en matière de calcul est
maintenant si rapide que les calculs avant-gardistes
deviennent vite routiniers. Pour rester compétitifs, les
Canadiens doivent investir dans des ordinateurs de
pointe, des experts de calcul hautement qualifiés
capables de mener une recherche innovatrice et d’agir
à titre de mentor dans des domaines très diversifiés.
46
Chapitre 2 : Technologie et communications
Introduction
I l y a moins de 30 ans, le calcul de haute perfor-
mance (CHP) était utilisé par des personnes qui
interagissaient avec un ordinateur central par le
biais d’un terminal de texte simple directement
branché – très semblable à une connexion commu-
tée lente – ou même à l’aide d’assemblages de
cartes perforées.
De nos jours, résoudre des problèmes à l’aide du cal-
cul de haute performance plonge les utilisateurs
dans un environnement réseauté riche en technolo-
gies puissantes et interconnectées. Les entrées de
CHP peuvent être des données financières stockées
dans de multiples dépôts de données répartis sur
l’ensemble des continents. Elles peuvent provenir
directement d’expériences en physique des parti-
cules, d’observatoires astronomiques ou encore de
systèmes d’imagerie médicale. Elles peuvent être
entièrement virtuelles, comme un modèle de pro-
téines créé dans l’ordinateur ou un modèle de trous
noirs de collision qui obéissent aux calculs d’Einstein.
Ces données ou modèles sont traités ou ils évoluent
sur des systèmes informatiques puissants qui peuvent
se composer de plusieurs centaines ou milliers de
processeurs dans un système unique, ou faire partie
d’une grande variété d’ordinateurs qui fournissent
l’énergie nécessaire à la résolution du problème sans
que l’utilisateur sache où le travail a été accompli.
Les sorties de ces puissants systèmes peuvent, dans
de nombreux cas, seulement entre comprises ou
représentées en ayant recours à des techniques
sophistiquées capables de traiter des ensembles de
données d’une taille inimaginable. Par exemple, les
techniques de visualisation permettent aux utilisa-
teurs d’observer le site actif d’enzymes en trois
dimensions à l’aide de lunettes stéréo. Des disposi-
tifs « haptiques » spéciaux dans des environne-
ments de réalité virtuelle leur permettent de se
déplacer à l’intérieur, de manipuler et même de
toucher les images 3D.
Ces environnements permettent aux chercheurs de
comprendre des processus complexes rapidement
et ainsi préciser leurs modèles et contrôler leurs cal-
culs en temps réel. De tels systèmes peuvent égale-
ment permettre aux médecins d’examiner la struc-
Chapitre 2
47
ture des organes des patients en 3D, aux forestiers
et géologues de visualiser les paysages comme s’ils
y étaient, aux ingénieurs d’observer et d’améliorer
leurs conceptions avant de procéder à leur fabrica-
tion et aux acheteurs de propriétés de choisir le
design de leur maison avant la construction.
Dans le contexte de la recherche, les utilisateurs de
différents continents peuvent collaborer de façon
interactive, discuter et modifier les mêmes calculs
répartis à l’aide d’un réseau de postes de travail (cer-
tains sans fil). Ces technologies de collaboration
offrent une infrastructure sous-jacente qui supporte
une manière complètement différente et beaucoup
plus rapide de faire la recherche – une manière qui
rehausse notre compréhension du monde qui nous
entoure et nous permet d’atteindre et de soutenir
un leadership international en matière de recherche.
Les prochaines sections donnent un aperçu des
technologies modernes de CHP, de leurs capacités
et des défis que représente leur utilisation efficace.
Ce chapitre inclut des informations un peu plus
techniques que le reste du rapport. Le corps du
chapitre se compose de l’exposé principal, tandis
que les encadrés donnent de l’information aux
lecteurs intéressés par un examen technique plus
approfondi. (Les encadrés marqués d’un ◆ contien-
nent les renseignements les plus techniques.)
La technologie
L’éventail de matériel utilisé pour la recherche com-
putationnelle est impressionnant : de simples PC sur
les bureaux des chercheurs à des systèmes
prodigieux comptant des milliers de processeurs
branchés, des dispositifs de stockage massif et la
visualisation avancée. La technologie informatique
est un outil habilitant pour la plupart des recher-
ches et les chercheurs peuvent choisir le genre qui
leur convient le mieux (et qui est le plus rentable)
pour leurs projets. On réalise actuellement une
recherche innovatrice et compétitive à l’échelle
internationale sur un large éventail de systèmes.
L’évolution spectaculaire de la technologie du cal-
cul de haute performance permet aux chercheurs
de s’attaquer à des problèmes computationnels de
plus en plus sophistiqués. La conséquence de la loi
de Moore (qui indique que la vitesse de l’ordinateur
double tous les 18 mois) est de rapidement réduire
les temps de calcul pour des problèmes de
recherche particuliers, tout en simultanément met-
tant de l’avant des problèmes plus complexes à
résoudre. Un changement tout aussi spectaculaire
depuis le début des années 1990 est l’utilisation
grandissante du traitement parallèle. Cette techno-
logie offre une stratégie puissante conforme à
l’adage « diviser pour régner » afin de réduire le
temps de calcul de nombreux problèmes. Il s’agit
aussi parfois du seul moyen de s’attaquer à d’im-
portants problèmes computationnels. En ce qui
concerne les applications de recherche individuel-
les, la meilleure technologie à utiliser repose sur
une variété de facteurs.
Applications et architectures informatiques : le bon outil pour faire le travail
Décrire les ordinateurs de haute performance néces-
siterait un graphique aux axes multiples : il faudrait
représenter la vitesse du processeur, le nombre de
processeurs, la quantité de mémoire, les différentes
caractéristiques du matériel qui raccorde la mémoire
et le processeur, ainsi que les différentes caractéris-
tiques du matériel raccordant les processeurs indi-
viduels. La recherche computationnelle recoupe cet
éventail de caractéristiques informatiques avec les
besoins spécifiques d’une application de recherche en
particulier. De la même manière qu’une paille est
utile pour boire une boisson gazeuse mais inutile
pour vider une piscine, un PC est idéal pour le calcul
des dépenses d’un ménage mais inutile pour prévoir
la météo de demain. Dans cette section, nous présen-
tons un simple modèle visant à comprendre le cou-
plage des ordinateurs avec les applications.
Pour une grande partie des applications, peut-être la
majorité, une contrainte technique de taille constitue
la capacité de transmettre l’information à un débit à
l’intérieur, ou entre, des processeurs contemporains
haute vitesse. À vrai dire, il y a une hiérarchie de « con-
duits de données » au-dessus desquels la transmission
Chapitre 2
48
49
Chapitre 2
◆ Calcul de « faisabilité » versus calcul de « capacité »
Les processeurs modernes que l’on retrouve dans un PC de 1 500 $ sont à bien des égards
à la fine pointe de la performance. Il s’agit d’un changement radical par rapport à la situ-
ation à la fin des années 1990, lorsque le processeur d’avant-garde était habituellement
disponible seulement sur des systèmes qui coûtaient dix fois plus cher. De nos jours, seuls des
processeurs vectoriels présentent toujours une performance avant-gardiste et même, les
instructions vectorielles qui se trouvent dans de nombreuses puces utilitaires conçues pour
supporter les jeux vidéo offrent souvent une performance compétitive.
La remarquable performance des processeurs modernes, alliée au débit auquel l’informa-
tion se déplace sur les réseaux, a entraîné une simplification spectaculaire de la caractéri-
sation des systèmes informatiques. Pour de nombreuses applications exploitées sur des
ordinateurs parallèles à processeurs multiples, l’élément clé qui distingue la performance
sont les propriétés du réseau qui connecte les processeurs. Un réseau haute performance
(largeur de bande élevée et temps d’attente faible) est nécessaire pour supporter les
applications parallèles « à grain fin »; à savoir les applications qui effectuent uniquement
des quantités modestes de calculs avant qu’un processeur doive communiquer avec les
autres processeurs, peut-être pour obtenir plus de données. Il s’agit du calcul de faisabi-
lité. Un exemple d’une application à grain fin qui nécessite un ordinateur à couplage
étroit, ou de faisabilité, est la simulation des fluides qui circulent sur l’aile d’un aéronef.
Dans ce cas-ci, le changement dans le débit des fluides sur une partie de l’aile peut avoir
une incidence sur les parties avoisinantes de l’aile.
Réciproquement, un réseau de performance inférieure peut supporter des applications
hautement parallèles « à grain grossier »; à savoir les applications qui ont des exigences de
communications très modestes par rapport à la quantité de calculs effectués. Il s’agit du cal-
cul de capacité. À l’extrême, le parallélisme à grain grossier peut se réaliser par le biais d’un
laboratoire réseauté de postes de travail, ou même par des ordinateurs réseautés dans des
régions ou des pays. L’analyse de profils lumineux dans une étude sur des millions de ga-
laxies est un exemple de ce type de calcul. La tâche computationnelle pour chaque galaxie
est indépendante et seule la capacité globale de tous les processeurs est requise.
La caractéristique pratique et souvent dominante qui permet de distinguer un système
parallèle à grain fin de grande envergure d’un ensemble de postes de travail à 1 500 $ est
par conséquent la performance et le coût du réseau qui connecte les processeurs.
de l’information devra peut-être se faire. Le processus
peut commencer avec des données circulant sur un
réseau géographique depuis des dépôts répartis sur
Internet, puis elles peuvent se déplacer vers un disque
local et ensuite à travers différents niveaux de
mémoire locale ou de réseau à l’intérieur de l’ordina-
teur avant de se rendre finalement au processeur (ou
aux processeurs). Cette hiérarchie offre généralement
une performance très inégale, à la fois en ce qui
touche le temps d’attente (le temps que prennent les
données avant de commencer à circuler) et la largeur
de bande (le volume du flux de données). Des goulots
d’étranglement importants « privent » souvent le
processeur de données et réduit de façon spectacu-
laire l’efficacité de certaines applications.
On peut décrire des ordinateurs parallèles selon les
capacités du réseau qui connectent les processeurs, à
savoir en décrivant à quel point les processeurs ont un
« couplage étroit ». Un couplage plus étroit signifie
une performance supérieure (un temps d’attente
inférieur et une largeur de bande plus élevée) du
réseau qui connecte les processeurs, de même que
des coûts supérieurs pour le système. Les systèmes
informatiques parallèles sont fabriqués selon un
large éventail de performances réseau, variant d’ordi-
nateurs à faisabilité de couplage étroit aux ordina-
teurs à capacité de couplage lâche. (consultez l’en-
cadré à la page 49).
Les applications parallèles peuvent varier grande-
ment selon leurs besoins en matière de communica-
tions interprocesseur. Certaines applications sont
désignées à grain fin, c’est-à-dire qu’elles nécessitent
une communication importante parmi les processeurs
pour une quantité déterminée de calculs, tandis que
d’autres sont à grain grossier (hautement parallèle),
et ne requièrent que très peu de communication rela-
tivement à la quantité de calculs entrepris. Un ordina-
teur parallèle de couplage étroit idéal pourrait
exploiter n’importe quelle application, qu’elle soit à
grain fin ou grossier. Dans ce dernier cas cependant,
le réseau dispendieux qui connecte les processeurs
serait sous-utilisé : il est donc plus logique d’utiliser
des systèmes de couplage étroit pour les applications
CHP qui nécessitent cette faisabilité. Étant donné le
vaste éventail d’applications de recherche qui deman-
dent l’accès au CHP au Canada, nous devons établir le
spectre entier des faisabilités de calcul.
Anneaux de faisabilité des calculs
Nous avons choisi de représenter l’éventail de « faisa-
bilités » de calcul que nous proposons d’établir par une
série d’anneaux concentriques.1 Les anneaux les plus à
l’extérieur représentent l’énorme capacité globale des
machines de bureau ou des systèmes à couplage lâche.
Les anneaux intérieurs représentent de petites quan-
tités de machines parallèles progressivement plus per-
formantes - à savoir des systèmes pourvus d’un plus
grand nombre de processeurs étroitement connectés.
Des systèmes de milieu de gamme peuvent compter de
nos jours2 de 64 à 512 processeurs; ils se composeraient
soit de (i) processeurs connectés par une interconnex-
ion de haute performance, (ii) des systèmes « à multi-
processeurs symétriques » (SMP) dont les processeurs
partagent directement la même mémoire, ou (iii) une
combinaison des deux concepts avec des systèmes SMP
de couplage étroit à l’aide d’une interconnexion per-
formante. Les anneaux progressivement plus petits
vers le centre représentent le plus petit nombre de
machines parallèles des plus performantes qui sont de
nos jours habituellement pourvues de plusieurs cen-
taines à plusieurs milliers de processeurs. La tendance
manifeste, telle qu’illustrée dans la liste des 500 meilleurs
(consultez l’encadré à la page 51), est que ces systèmes
soient construits à partir de petits systèmes SMP connec-
Chapitre 2
50
tés à l’aide d’une interconnexion de haute performance.
Cette approche pour le développement de systèmes
s’avère à bien des égards la plus simple et la plus rentable
pour de très grands nombres de processeurs.
Les propriétés d’application du CHP dictent où se trou-
vera la ressource computationnelle appropriée dans le
diagramme d’anneaux. Des applications hautement
parallèles à grain grossier avec une faible demande de
communication seront exploitées sur des systèmes des
anneaux extérieurs. En principe, ces systèmes pour-
raient être les ordinateurs de bureau comme on en
trouve dans un laboratoire de postes de travail réaffec-
tés aux recherches la nuit ou une « exploitation » de
processeurs à couplage lâche. Des configurations de
milieu de gamme serviront aux applications uniques
qui peuvent utiliser de façon efficace 32, 64 ou
128 processeurs, ou aux applications qui nécessitent la
mémoire totale offerte par ces systèmes (souvent bien
plus que n’offrent les systèmes de bureau standard).
Les applications à grain fin les plus complexes et les
plus exigeantes en matière de calculs nécessitent la
Tendences des 500 meilleurs
Nous avons présenté la liste des 500 meilleurs au chapitre1 (voir l’encadré page 39). Les tendances historiques
présentes dans ces listes illustrent les défis à relever en vuede maintenir une infrastructure computationnelle parallèlecompétitive. Voici quelques tendances intéressantes :
• Le temps de doublement de la performance des sys-tèmes sur la liste des 500 meilleurs est presque d’unan (ce qui est plus rapide que la loi de Moore parceque le nombre de processeurs dans des systèmes pa-rallèles augmentent également).
• Il y a plus ou moins une différence constante de per-formance de 100 fois (au fil du temps) entre le 1er etle 500ème rang. Un système qui s’inscrit sur la liste au1er rang descendrait au bas de la liste plus ou moinsaprès 6 ou 7 ans (ses rangs approximatifs par annéeseraient les suivants : 1, 2, 5, 12, 30, 80, 200, 500).
• Pour rester sur la liste pendant 3 ans (la durée de vieutile approximative de nombreux systèmes actuels),un système doit s’inscrire sur la liste autour du 20ème
rang. C’est le point d’entrée standard des installa-tions nationales de nombreux pays.
• Un système qui s’inscrit sur la liste au 200ème y resteraau plus une année. Il s’agit du point d’entrée de laplupart des installations universitaires canadiennes(les triangles rouges sur la figure).
Ces tendances indiquent très clairement la nécessité decontinuer à injecter des fonds selon de brèves échellesde temps si nous souhaitons maintenir la capacité del’infrastructure informatique parallèle du Canada àl’échelle nationale ou régionale, ainsi que la sciencecompétitive qu’elle appuie.
La figure montre la progression de tous les systèmescanadiens sur la liste des 500 meilleurs depuis 1993. Unsystème qui se situe plus ou moins au 30ème rang de laliste sera dans l’anneau central de faisabilité et le restesera dans l’anneau intermédiaire de faisabilité. Le sys-
tème canadien le plus haut dans l’histoire de la liste, au6ème rang en 1993, était le Service de l’environnementatmosphérique à Dorval, Québec.
La liste des 500 meilleurs illustre aussi des tendancesintéressantes dans les types de systèmes qui se situentaux 40 premiers rangs. La grande majorité de ces sys-tèmes sont maintenant des grappes (qui se composentde nœuds à 2, 4 ou jusqu’à 32 processeurs). Bien quecela représente certains défis pour le programmeurd’applications, l’ubiquité de ce type de système est dic-tée par les difficultés pratiques et les coûts élevés de laconstruction de systèmes parallèles efficaces pourvus demilliers de processeurs. Une tendance très récente estl’apparence des véritables grappes de base : des PCabordables connectés par un réseau abordable.L’incroyable avantage de ces systèmes à l’égard desfrais, jumelé à la disponibilité d’interconnexions de plusen plus puissantes et rentables, a des répercussionsimportantes. Il n’y avait aucun de ces systèmes dans les40 premiers rangs de la liste de juin 2002, un an plustard il y en avait 11 et la liste de novembre 2004 enrépertoriait 18. Pour qu’un tel système soit utile commeordinateur de faisabilité, il faut utiliser un réseau hauteperformance spécialisé. Les coûts relatifs au réseau detels systèmes se comparent souvent aux coûts associésaux noeuds de traitement.
51
Chapitre 2
1 Une catégorisation semblable utilise le concept de « pyra-mide de faisabilité de calcul. »
2 Au moment de la mise sous presse, la liste Top500 de juin2005 était communiquée. Cela confirme la tendance évoquéedans ce rapport.
3 La liste des 500 meilleurs est devenue la norme de facto pourclasser les grands systèmes de CHP, mais l’indice de référencepour l’essai de la faisabilité des ordinateurs prête à controverse.
4 Des systèmes à double unité sont communs pour les ordina-teurs de bureaux et on constate actuellement des progrèsvers des puces d’unités centrales multiples.
Chapitre 2
52
◆ Application parallèles : cadrage fort et faible
L’approche « diviser pour régner » est probablement cequi promet le plus pour les ordinateurs parallèles
présentement, il s’agit d’une tâche répartie parmiplusieurs processeurs en vue de réduire le temps d’exécu-tion global. Si l’application consiste en un certain nombrede tâches très indépendantes, ce type d’approche peutapporter d’importantes améliorations en matière de per-formance. Lorsque le travail s’effectue sur 100 processeurset qu’il s’accomplit en 1/100ème du temps que celaprendrait sur un seul processeur, l’application a accompliun « cadrage » parfait; si le travail s’effectue seulement en1/70ème du temps, il a atteint un cadrage de 70 %. Detemps en temps, la chance est au rendez-vous et l’applica-tion atteint un cadre super linéaire, accomplissant le tra-vail peut-être en 1/120ème du temps!
De nombreuses applications comptent des sections qui nepeuvent être réparties efficacement parmi un nombreimportant de processeurs et à un certain point, utiliserplus de processeurs ne permettra pas d’accélérer l’applica-tion; cela peut même ralentir les calculs. Le cadrageaccompli en exécutant un problème de taille fixe sur unnombre croissant de processeurs est connu sous le nom decadrage fort. La réussite du cadrage fort repose en grandepartie sur l’application et l’ordinateur; toutefois, une sim-ple règle est que si l’application est bien conditionnée,qu’elle s’incorpore à la mémoire principale et qu’elle estexploitée sur un système à processeur unique dans untemps convenable, elle peut se cadrer raisonnablement à8 ou 16 processeurs et peut toujours accélérer à 32 oumême 64 processeurs. Il y a bien sûr de nombreuses appli-cations hautement parallèles qui présenteront un cadragebien supérieur mais à un certain point, répartir un pro-blème donné en parties de plus en plus petites mèneinévitablement à des processeurs qui n’ont pas assez dedonnées chacun pour être exploités efficacement. Quelleest alors l’utilité de systèmes qui comptent plusieurs cen-taines ou milliers de processeurs? Une « exploitation » deprocesseurs à couplage lâche peut traiter plusieurs mil-liers, centaines de milliers ou millions de tâches d’analyseindépendantes telles que celles qu’on rencontre lorsqu’on
analyse des événements à partir de détecteurs de parti-cules dans la physique de haute énergie. L’avantageprincipal de tels systèmes en comparaison avec une sérierépartie de systèmes plus petits est la simplicité de leurgestion et utilisation. En revanche, des systèmes à cou-plage étroit comptant des centaines ou des milliers deprocesseurs, bien qu’ils ne peuvent exécuter un problèmeparticulier rapidement, permettent des progrès extraordi-naires pour des applications clés en faisant appel aucadrage faible. Le concept derrière le cadrage faible estque si un problème de taille fixe ne peut continuer à ca-drer au-delà de 32 processeurs par exemple, alors lacapacité de traitement supplémentaire de plusieurs cen-taines de processeurs peut servir à exploiter une versionplus importante — ou de plus haute résolution — dumême problème dans les mêmes temps. Cela représentetoutefois davantage qu’une façon d’occuper lesprocesseurs en attente : c’est le catalyseur d’une révolu-tion dans la modélisation des systèmes physiques.
Le modèle du climat mondial dans l’illustration est un bonexemple du concept de cadrage faible. Si l’applicationmodélise l’atmosphère à l’aide d’une grille de cellules de500 km carré et est exploitée sur un seul processeur en unmois, alors la même application qui utilise 100 fois lemême nombre de cellules avec des côtés de 50 km devrait,si elle est bien cadrée dans le sens faible, être exploitée sur100 processeurs en un mois. Exécuter une application avecdes cellules de 10 km de côtés nécessiterait 2 500processeurs à accomplir en un mois. Bien entendu, mêmele cadrage faible n’est pas parfait pour les applicationsréelles mais la capacité de même tenter des calculs d’unetelle envergure signifie que nous pouvons élaborer desmodèles d’une plus haute résolution qui sont plus préciset ont une plus grande efficacité prédictive dans un largeéventail de domaines, des sciences environnementales età l’ingénierie à la biologie moléculaire et à l’astro-physique. Les caractéristiques communes de ces applica-tions sont un couplage fort entre les différentes partiesd’un problème et la nécessité d’énormes quantités demémoire — des centaines ou des milliers de fois plus quesur un PC de pointe. Ces calculs à grain fin qui représententde grands défis ne peuvent être tentés que sur des systèmesà couplage étroit vers le centre des anneaux de faisabilité.
Lower Mainland, British Columbia
plus grande faisabilité de CHP : les systèmes les plus
imposants au couplage le plus étroit offerts. Ce sont
les ressources que représentent les anneaux du centre.
Un élément de taille qui ne fait pas partie de notre illus-
tration est la rapide évolution qui a cours, à la fois en ce
qui touche la faisabilité des systèmes parallèles et la
sophistication des utilisateurs. Les systèmes énumérés
sur la liste des 500 meilleurs occupent la gamme de faisa-
bilité intermédiaire à centrale du diagramme.3 Plutôt
que de compter le nombre de processeurs, qui change
rapidement selon chaque anneau, il est plus utile de
classifier un système qui fait partie des
30 meilleurs comme étant dans l’anneau central et le
reste comme étant de milieu de gamme (consultez l’en-
cadré à la page 53). Dans la liste de novembre 2004, le
système classé au 30ème rang est pourvu de
1 312 processeurs et offre une performance de
5,6 téraflops (Tflops); le système classé au 500ème rang est
pourvu de 416 processeurs et il présente une perfor-
mance de 850 gigaflops (Gflops). Chaque année, la per-
formance de ces systèmes double en moyenne (les
chiffres correspondants de la période antérieure de la
liste de novembre 2003 pour le 30ème rang étaient de
1024 processeurs et 2,2 Tflops, et pour le 500ème rang, ils
étaient de 128 processeurs et 400 Gflops). Cette progres-
sion entraîne un nouvel ensemble de systèmes centraux,
la migration vers l’extérieur des systèmes centraux vers
le milieu de gamme et la migration des systèmes de
milieu de gamme vers les machines de bureau.4 De nos
jours, un superordinateur fait en réalité partie des sys-
tèmes de milieu de gamme après deux ou trois ans.
Les utilisateurs de CHP présentent une tendance
opposée. Alors que la sophistication des utilisateurs
s’accroît, un plus grand nombre des utilisateurs
développera et utilisera des applications qui tirent
profit de systèmes parallèles plus performants. Au fil
du temps, nous prévoyons par conséquent qu’un plus
grand nombre d’applications de recherche se
dirigeront davantage vers les anneaux centraux avec
l’évolution de l’expertise. En outre, la mise en pra-
tique du CHP par des disciplines non traditionnelles
telles les sciences sociales et humaines est en pleine
croissance. Ces deux tendances – la sophistication
accrue des utilisateurs actuels et le nombre grandis-
sant des utilisateurs – exercent une très grande pres-
sion sur notre infrastructure de CHP. Des mesures
énergiques pour appuyer une infrastructure moderne
sont nécessaires pour satisfaire aux besoins du milieu
de la recherche.
Cette illustration des anneaux de faisabilité, quoique
grandement idéalisée, montre tout de même qu’un
éventail de systèmes doit être offert pour satisfaire les
utilisateurs de CHP. Une des forces particulières du
paysage de CHP canadien est que l’éventail de faisa-
bilité est bien représenté à la fois dans les couches
extérieures et le milieu de gamme, et que ces
couches sont bien supportées par un personnel quali-
fié. L’anneau central n’est pas représenté actuelle-
ment au Canada. Les anneaux extérieurs, intermé-
diaires et intérieurs de faisabilité du CHP seront plus
détaillés dans les prochaines sections.
Des installations de milieu de gamme au Canada
Depuis 1999, la FCI a fait d’importants investisse-
ments dans l’infrastructure de CHP dans l’ensem-
ble du Canada. Le modèle de financement utilisé par la
FCI et la reconnaissance que le CHP de milieu de
gamme appuie une communauté de recherche variée
ont eu comme conséquence une croissance du nombre
de consortiums régionaux et de centres de ressources.
53
Chapitre 2
Les couches extérieures : le calcul de capacité
Des recherches computationnelles de pointe ont cours à
tous les niveaux de faisabilité et sur tous les types de
matériel informatique, y compris les systèmes de bureau
et les petites grappes qui existent dans des groupes de
recherche uniques. La distinction de ce qui était et ce qui
n’était pas du CHP sur ces systèmes n’était pas considérée
comme étant une manière efficace de déterminer si les
anneaux extérieurs devraient être examinés dans le
présent rapport. Dans le cadre de ce plan, nous avons
choisi de ne pas tenir compte des systèmes qui peuvent
être raisonnablement obtenus par un individu ou un petit
groupe de recherche. Notre définition du CHP repose
donc sur les coûts et la coordination. Des installations de
milieu de gamme nécessitent la coordination parmi dif-
férents chercheurs, peut-être à l’échelle régionale (par ex.
les présents consortiums) et exigent des sommes qui ne
sont souvent pas accessibles même aux institutions indi-
viduelles. L’anneau central requiert une coordination
nationale et un engagement financier important à
l’échelle nationale.
Bien entendu, les anneaux extérieurs revêtent une
importance cruciale pour une grande variété de
recherche computationnelle, tout en procurant d’im-
portantes connexions aux anneaux intérieurs. Les
anneaux extérieurs représentent aussi le regroupe-
ment de nombreux systèmes à couplage lâche, notam-
ment les systèmes de laboratoire auxquels on peut
accéder hors des heures de travail, des complexes
séquentiels spécialisés et même des grilles informa-
tiques étendues. Ils apportent tous des contributions
précieuses à la recherche axée sur le calcul.
Les anneaux intermédiaires : Le calcul de milieu de gamme
La capacité du calcul de milieu de gamme est à bien des
points de vue la fondation du CHP. Ici, les premières
incursions de nombreux chercheurs dans le calcul paral-
lèle à grande échelle sont favorisées et facilitées grâce
à la disponibilité de matériel et d’expertise appropriés.
Le CHP de milieu de gamme appuie un large éventail
de recherches d’avant-garde – tels que la chimie
computationnelle, l’analyse des fonctions cérébrales, la
modélisation de la pollution, la dynamique numérique
des fluides et les mathématiques financières – qui sont
essentielles au bien-être de la société et de l’économie.
De plus, les connaissances acquises à ce niveau intermé-
diaire nous permettent de développer l’expertise et la
vision nécessaires pour bien résoudre les problèmes de
CHP à l’aide de l’anneau central et pour former la
communauté à utiliser cette capacité haut de gamme.
L’investissement du Canada dans des installations de
milieu de gamme, principalement par le biais de la
FCI, a permis une recherche computationnelle dans
la plupart des instituts de recherche importants du
Canada (près de deux mille personnes du corps pro-
fessoral, des étudiants diplômés et d’associés de
recherche). Le modèle de coopération géographique
qui s’est développé au fil des quatre dernières années
s’est avéré être une façon très rentable et efficace de
stimuler l’expertise dans le calcul de haute perfor-
mance. La réussite dans le développement d’un CHP
largement accessible s’est traduite, à bien des égards,
par une visibilité pour le calcul canadien de milieu de
gamme semblable à celle dont jouissent les réseaux
canadiens. En conséquence, l’avenir de ces deux com-
posantes essentielles de la révolution de l’informa-
tion est étroitement aligné, et le défi dans les deux
cas est toujours de maintenir l’infrastructure malgré
les progrès technologiques rapides.
Une conséquence indispensable de l’émergence du cal-
cul de milieu de gamme a été la création d’un milieu
très coopératif, rassemblant des chercheurs provenant
d’instituts de recherche de par le pays. Cela s’est traduit
par un chassé-croisé d’installations de CHP et d’ana-
lystes techniques, ce qui a entraîné la création d’un
réseau de soutien efficace et essentiel. De nouveaux
consortiums régionaux de CHP capitalisent sur les
forces et les besoins locaux. Tous ses consortiums visent
à soutenir des milieux de recherche féconds qui sont
de plus en plus tributaires du CHP sur tous les aspects.
Ces efforts ont eu comme conséquence l’organisation
de trente universités canadiennes en huit centres de
ressources et consortiums de CHP d’importance, qui
chacun optimise la valeur de la coopération régionale
(consultez l’encadré à la page 53).
Ces consortiums ont des répercussions importantes sur
de nombreuses disciplines, favorisant la recherche
innovatrice et la croissance de nouveaux milieux de
Chapitre 2
54
recherche. Ces installations de CHP permettent aux
universités d’offrir de nouveaux programmes en
médecine, en arts, en génie et en sciences computa-
tionnels qui sont souvent inter et multidisciplinaires.
Parmi ces programmes se trouvent la santé et
la télérobotique computationnelles, la biologie et la
conception de médicaments computationnelles,
la nanotechnologie computationnelle, la dynamique
numérique des fluides, les prévisions computation-
nelles de la météo et de l’environnement, la modélisa-
tion computationnelle des gisements de pétrole et de
gaz, ainsi que le rétablissement après sinistre. Les
installations de milieu de gamme partagées servent
d’aimants au sein de leurs collectivités, attirant de
jeunes universitaires et étudiants brillants dans les uni-
versités participantes et créant un milieu favorable au
développement professionnel qui est indispensable
pour la capacité continue du Canada en matière de
recherche. En outre, la réussite à ce niveau est une
condition préalable à l’utilisation et la mise en œuvre
efficace d’une faisabilité de calcul haute de gamme.
Les anneaux centraux : Le calcul à l’échelle téra
Au centre de la vision de faisabilité se situent ce qu’on
appelle les systèmes « à l’échelle téra ». Ces systèmes sont
(présentement) à couplage étroit et pourvus d’un millier
ou plus de processeurs et de stockage associé. De plus, ils
peuvent soutenir une performance téraflops (Tflops) sur
des applications à utilisateur unique. La définition la plus
utile (présentée précédemment) d’un système à l’échelle
téra qui reconnaît l’augmentation inexorable de la per-
formance des ordinateurs inscrits sur la liste des
500 meilleurs, est un système qui se classe parmi les 30 pre-
miers de la liste. De tels systèmes se trouvent actuellement
dans les centres de recherche nationaux de nombreux
pays, mais pas encore au Canada.
Les systèmes à échelle téra se concentrent sur des pro-
blèmes qui ne peuvent pas être abordés autrement.
Souvent, ces problèmes de « grands défis » exigent des
quantités substantielles de temps dédié sur des systèmes
pourvus de nombreuses unités centrales et d’une
mémoire globale très élevée, en plus du soutien de pro-
grammation d’un spécialiste. Ces installations, plutôt que
d’offrir un accès général, sont axées sur des projets essen-
tiels évalués par des pairs et présentant une qualité et une
importance scientifiques exceptionnelles. À bien des
égards, les installations à échelle téra sont apparen-
tées à d’autres instruments scientifiques importants
tels les accélérateurs de particules et les observa-
toires astronomiques.
La modélisation et la simulation informatiques de sys-
tèmes physiques ont permis l’établissement d’une
« troisième voie » entre la théorie et les expériences
traditionnelles : dans de nombreux cas, le calcul est la
seule façon crédible d’aborder des questions scien-
tifiques clés et d’établir le lien théorique entre la com-
préhension théorique et les phénomènes observés.
Cependant, l’éventail d’échelles présentes dans de
nombreux systèmes naturels est considérablement
supérieur qu’il est possible de modeler sur tout ordina-
teur actuel. À titre d’exemple, on prévoit que selon
l’augmentation annuelle actuelle de la vitesse des cal-
culs, la modélisation détaillée du débit d’air de
l’ensemble d’un aéronef sera possible seulement en
2020. Ce futur système de calcul nécessitera une per-
formance 30 000 fois supérieure à celle de l’ordinateur
actuellement le plus rapide au monde! Les différences
entre la réalité et nos modèles approximatifs incitent
de nombreux chercheurs computationnels à utiliser les
plus gros ordinateurs disponibles, s’efforçant à modé-
liser la nature plus intimement et précisément.
L’encadré à la page 52 examine plus en détails ce
mode d’opération des systèmes à échelle téra.
La plupart des disciplines qui doivent accéder à des sys-
tèmes à échelle téra comptent aussi des utilisateurs
assidus des systèmes de milieu de gamme. À vrai dire, on
perfectionne souvent ses compétences sur des systèmes
de milieu de gamme et on effectue les travaux prépara-
toires pour les calculs de grande envergure à l’échelle
téra sur des systèmes de milieu de gamme. Toutefois, au
sein de chacune de ces disciplines se trouvent des pro-
blèmes de grands défis de choix pour lesquels la com-
préhension et les progrès scientifiques sont fondamen-
talement assujettis à l’existence de systèmes à l’échelle
téra. Nous abordons des exemples spécifiques de tels
problèmes essentiels dans l’encadré à la page 60, notam-
Chapitre 2
55
5 À disons 1 $ par heure CPU, une simulation de grande envergurede 200 000 heures coûterait 200 000 $. Une année sur un systèmede 1024 processeurs représente près de 9 000 000 heures CPU.
ment la modélisation de la turbulence et de la combus-
tion, des systèmes climatiques océaniques et atmos-
phériques couplés, les supernovae d’astrophysique et la
formation des structures, le repliement des protéines, les
systèmes de transmission des signaux extracellulaires et
intracellulaires ainsi que la structure électronique des
matériaux. Ne pas avoir accès à des capacités de calcul à
l’échelle téra a des conséquences importantes sur la com-
pétitivité internationale des disciplines qui ont besoin de
systèmes surpassant ceux du milieu de gamme. Cela a des
conséquences sur la capacité du Canada à attirer et garder
les scientifiques, professionnels et étudiants qui travaillent
dans ces domaines. Bien qu’il soit certainement possible
aux chercheurs d’utiliser des ressources computationnelles
étrangères de grande échelle, elles sont extrêmement dis-
pendieuses5 et cette pratique restreint inévitablement la
croissance de l’expertise canadienne. Elle limite également
la vigueur et la vivacité des différents milieux de recherche
et dégrade de façon importante la qualité de la formation
en CHP au sein de ces disciplines. Plusieurs des techniques
acquises en utilisant des systèmes actuels à l’échelle téra
entraînent des connaissances et des compétences d’une
pertinence directe en ce qui concerne l’avenir compétitif
du CHP de milieu de gamme.
La décision fondamentale à prendre consiste à déter-
miner si le Canada souhaite réaliser et soutenir une
recherche compétitive sur le plan international dans
des domaines clés qui nécessitent des calculs à l’échelle
téra. Un objectif crédible pour le Canada est de main-
tenir un système dont la performance se situe parmi les
20 ou 30 meilleurs afin d’appuyer des applications à
Chapitre 2
Météorologie
Les scientifiques météorologues canadiens qui
doivent réaliser des simulations de très haute résolu-
tion de systèmes de précipitations violentes font appel
à des ressources informatiques de haute performance à
l’étranger. Pour effectuer une simulation complète de
l’ouragan Earl (1998), qui s’est transformé en un sys-
tème de fortes précipitations qui a frappé les provinces
Maritimes, une équipe canadienne a utilisé l’ordinateur
le plus rapide au monde : le Simulateur de la Terre (ST)
au Japon. Ce système, qui a occupé le premier rang sur
la liste des 500 meilleurs pendant deux ans se situe
maintenant au troisième rang.
L’équipe se composait des Dr Brunet et Desgagné
(Service météorologique du Canada—SMC), des pro-
fesseurs Yau et Gyakum (Université McGill) et du
Dr Ohfuchi (Centre du ST). Le modèle canadien MC2 a
atteint 10 Tflops sur un domaine de 11 000 x 8 640 km
avec 50 niveaux verticaux qui couvrent l’Amérique du
Nord et l’Atlantique nord. Cette performance remar-
quable a été réalisée à l’aide d’environ 4 000
processeurs vectoriels sur 500 nœuds. C’est 25 fois plus
que ce que peut accomplir actuellement la nouvelle
grappe MSC IBM qui occupe présentement le 74ème rang
sur la liste des 500 meilleurs.
L’image illustre l’humidité spécifique simulée (à une
altitude de 325 m) le 1er septembre 1998, pour un sous-
domaine de 1000 x 1000 km au-dessus du golfe du
Mexique. Elle montre 1 % de la surface total
du domaine de calcul! Les pixels suivent le modèle de
résolution horizontale de 1 km. La simulation montre
de petites perturbations météorologiques réalistes qui
évoluent autour de l’ouragan.
56
l’échelle téra compétitives. Il est essentiel d’atteindre
cet objectif pour obtenir du succès dans nos recherches
actuelles et futures.
L’importance fondamentale de maintenir une infrastruc-
ture de CHP complète qui s’étend des anneaux de faisa-
bilité intermédiaires et centraux motive une recomman-
dation centrale de notre rapport, que voici :
2.1 Outre le financement continu dans l’infra-
structure informatique pour la recherche
fondamentale (bureau, poste de travail et
petit système) de la part des conseils subven-
tionnaires, nous recommandons fortement
que l’infrastructure informatique pour la
recherche au Canada inclut un modèle qui
soutient les installations informatiques
régionales de milieu de gamme et une instal-
lation haut de gamme de rang mondial. D’ici
2012, cela nécessitera les fonds suivants (en
ordre de priorité et comprenant pour chaque
cas les immobilisations, l’infrastructure
humaine et les coûts opérationnels) :
a. 76 millions $/année en financement soutenu
et en soutien continu pour les installations
informatique de milieu de gamme. Ce soutien
(i) fera fond sur l’actuel modèle de consortiums
régionaux de CHP (où les universités d’une
région collaborent pour fournir des ressources
multifonctionnelles partagées de CHP, de
même que l’infrastructure humaine pour
Données, données, données……
Partout il y a des données et le volume va s’accroître
tandis que nous nous fions de plus en plus sur les
documents électroniques plutôt que papier. Ces données
requièrent une administration et plusieurs doivent être
organisées. On peut obtenir des données de recherches
scientifiques à partir d’expériences comprenant d’im-
menses quantités d’informations provenant d’un site, tel
l’Observatoire de neutrinos de Sudbury (ONS); les don-
nées peuvent aussi provenir de différents endroits,
comme celles recueillies par un large éventail de capteurs
associés au projet NEPTUNE dans le nord-est du Pacifique.
De prodigieuses quantités de données sont aussi pro-
duites à partir de simulations de phénomènes physiques
et chimiques complexes. Des données provenant d’orga-
nismes subventionnés par l’État sont essentielles à de
nombreux domaines de recherche. Toutes ces données
doivent être tamisées en vue de choisir celles qui méritent
d’être retenues, et on doit les sécuriser.
À titre d’exemple, examinons l’ONS reconnu interna-
tionalement : ses 9 600 tubes photomultiplicateurs
recueillent des données continuellement et produisent
environ un téraoctet de données brutes par année. Ces
données sont uniques et par conséquent elles doivent
être préservées pour les futures générations de scien-
tifiques pour être retraitées lorsque de nouvelles
théories verront le jour. Le laboratoire de l’ONS est
établi pour élargir la portée des expériences afin de
répondre à des questions sur des sujets tels que la
« matière noire. » Ces données supplémentaires
exerceront une plus grande pression pour obtenir des
installations de stockage de données.
La confiance accordée au CHP pour produire ou traiter
des données brutes augmentera. On évalue que, grâce à
la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), il y
a environ 100 téraoctets de stockage sur disque dur
installés dans des établissements d’enseignement
supérieur, et de nombreuses fois ce chiffre dans la sauve-
garde sur bande. Les chercheurs continuent de se débat-
tre pour gérer les demandes continues pour l’archivage
et l’administration des données.
« Comme pays qui a beaucoup investi dans lescommunications haute vitesse, le calcul dehaute performance et qui évolue vers un gou-vernement électronique, le commerce électro-nique et le tout-électronique, la fragilité desdonnées produites suggèrent que si nous neplaçons pas ces données dans des archives etque nous ne les organisons pas, nous pourrionsnous retrouver avec une génération d’effortsscientifiques perdus. »
Dr David Strong
Président
Consultation nationale
sur l’accès aux données de la recherche scientifique
57
Chapitre 2
Visualisation : Pour donner un sens aux donnéesDans de nombreux domaines, la capacité de visualiserdes données de plus en plus complexes générées pardes systèmes de calcul de haute performance est unaspect crucial de la mise en lumière de la significationscientifique des données.
exploiter le système ainsi que former et
soutenir les chercheurs), (ii) permettra d’appu-
yer des installations computationnelles
internes spécialisées pour les cas exceptionnels
où il est impossible ou inefficace d’utiliser une
installation multifonctionnelle partagée, et (iii)
fera la promotion de la collaboration et créera
des synergies qui vont au-delà du calcul.
b. 19 millions $/année pour établir et soutenir
une installation informatique haut de
gamme multifonctionnelle pancanadienne
et pour financer le personnel de soutien
approprié. Nous prévoyons une seule de ces
installations au Canada.
Données et visualisation : Interpréter les données
De grands systèmes parallèles capables d’effectuer
des calculs à 100 Gflops ou plusieurs Tflops, peuvent
traiter ou produire un nombre prodigieux de don-
nées. Un système standard qui se situe dans les
30 premiers de la liste des 500 meilleurs peuvent
avoir un téraoctet (To) de mémoire principale ou
davantage; si on utilisait cet ordinateur pour exé-
cuter un grand modèle climatique par exemple, il
pourrait produire 40 To de données durant une sim-
ulation. C’est plus de 1 000 fois le nombre de don-
nées qu’un ordinateur de bureau pourvu d’un
lecteur de disque dur de 40 Go pourrait stocker!
Plusieurs domaines de CHP sont maintenant dom-
Chapitre 2
58
CANARIE Inc
CANARIE Inc. est l’organisation de réseautique de
pointe du Canada. Elle a été fondée par le gouverne-
ment du Canada en 1993 pour mettre sur pied et exploiter
le réseau de recherche et d’éducation du pays, actuelle-
ment le CA*net 4, et pour faciliter le développement
d’applications et de technologies avancées de réseautique.
CA*net 4 incorpore une conception innovatrice qui per-
met aux chercheurs de se brancher à de très hautes
vitesses à des sites de CHP répartis de même qu’à des
capteurs à distance, des installations expérimentales et à
des dépôts de données. Puisque de telles applications de
recherche occasionnent des demandes considérables sur
le réseau, il faut allouer des portions de largeur de
bande à celles-ci, autrement elles nuiront à toutes les
autres transmissions. Créer une manière automatisée
pour permettre aux chercheurs d’établir et de gérer de
tels parcours spécialisés sur l’ensemble du réseau
représente l’un des objectifs clés de CA*net 4. Cela se
réalise grâce à un logiciel semblable à ceux utilisés pour
fournir l’accès aux systèmes répartis de CHP. La similitude
dans l’approche des deux applications mène au concept
d’une architecture et d’une infrastructure intégrées
pour un large éventail d’applications connexions, qu’on
appelle soit une infrastructure « intelligente » ou
encore, une « cyberinfrastructure ».
À l’intérieur du Canada, le CA*net 4 se compose actuelle-
ment de trois longueurs d’onde de 10 Gbps et de treize
points de présence, dont au moins un dans chaque
province ainsi qu’au Yukon et dans les Territoires du Nord-
Ouest. Il s’agit des points où sont effectuées les intercon-
nexions à l’aide des réseaux optiques de pointe régionaux
(ROPR). Chaque ROPR est chargé de l’interconnexion des
établissements et autres sites de recherche et d’enseigne-
ment au sein de sa province ou de son territoire respectif.
À l’échelle internationale, le CA*net 4 s’interconnecte
avec tous les réseaux de recherche de pointe au monde.
Grâce à l’innovation de sa largeur de bande spécialisée,
CANARIE fait figure de chef de file dans le développe-
ment des réseaux de recherche sur le plan international :
des réseaux de recherche de par le monde mettent à l’es-
sai le logiciel d’automatisation pour l’éventuel établisse-
ment d’une norme mondiale. CA*net 4 offre également
des services de transit dans l’ensemble de l’Amérique du
Nord pour les pairs et est en train de devenir un hub
international pour les réseaux de recherche.
inés par les données, une tendance qui ne fera que
s’accroître au fil du temps. Ces données doivent être
stockées et doivent en plus souvent être accessibles
aux chercheurs de par le monde.
De la taille grandissante des ensembles de données
découle le défi de les interpréter. Dans de nom-
breux domaines, la capacité de visualiser les don-
nées est un élément essentiel pour retirer la valeur
scientifique globale du calcul. Le calcul parallèle a
encore amené un défi de taille : la capacité de pro-
duire des données a surpassé de loin notre capacité
à les visualiser et interpréter facilement, parti-
culièrement en ce qui touche la visualisation inter-
active. Cette situation commence à changer grâce à
l’émergence de moteurs de visualisation parallèle
rentables qui peuvent traiter ces très grands ensem-
bles de données. Obtenir le plein potentiel scien-
tifique de ces ensembles de données requiert des
programmeurs graphiques, des experts d’explo-
ration de données, des spécialistes de l’apprentis-
sage machine et même des visualistes.
Les réseaux et la grille
Pour la plupart des utilisateurs du CHP, les réseaux ont
toujours fourni les services nécessaires pour accéder à
des systèmes de CHP à distance et pour transférer des
données depuis ou vers ces systèmes. La vision
actuelle est que les réseaux à large bande permet-
tront une « grille informatique » en soutenant et
intégrant un riche éventail de services et en
hébergeant différentes ressources réparties. Cette
grille supporte – dans un environnement sécurisé – de
nombreuses tâches associées à l’utilisation du CHP,
notamment l’entrée des travaux, la gestion des don-
nées et la visualisation des résultats. Comme pour les
réseaux électriques qui fournissent une alimentation
simplement en branchant la prise dans le mur, les
grilles informatiques offrent des ressources utilitaires
de CHP simplement en ouvrant une session. Bien qu’il
soit difficile d’intégrer toutes les utilisations de CHP
dans la grille, il est évident qu’un large éventail de
services de CHP peut être disponible à des utilisateurs
de lieux différents, simplifiant ainsi de beaucoup l’uti-
lisation et augmentant la productivité. Le Canada
occupe une place de choix pour atteindre cet objectif
et pour renforcer son leadership en matière de tech-
nologie des réseaux et son réseau national d’avant-
garde déjà établi par CANARIE (consultez l’encadré à
la page 58). Ce réseau national, ainsi que les consor-
tiums comme éléments régionaux naturels de la grille
nationale, offre un cadre de travail idéal au sein
duquel nous pouvons mettre ces possibilités à profit.
La poursuite de cet objectif par le Canada se
traduira par des avantages compétitifs évidents.
Néanmoins, le succès d’une infrastructure réseau
intégrée de CHP sera profondément assujetti au
maintien de nos réseaux à large bande de premier
plan. Cette exigence fondamentale motive la
recommandation suivante :
2.2 Nous recommandons un soutien continu
envers CANARIE Inc., les réseaux optiques de
pointe régionaux et les initiatives cana-
diennes de grille informatique, et que ces
réseaux soient maintenus et améliorés grâce
à de nouveaux investissements en CHP.
Les technologies de grille sont largement utilisées
dans des domaines tels que les finances, la
recherche de défense, la médecine, la prise de déci-
sions et la conception collaborative. Une grille per-
met aux gens d’organisations et de lieux divers de
collaborer à la résolution de problèmes précis. Les
États-Unis et l’Europe accélèrent le financement de
projets qui élaborent et utilisent les architectures
de grille et on prévoit que ces paradigmes joueront
un rôle central dans les futures recherches et infra-
structures de haute performance. L’élaboration de
plateformes de calcul canadiennes en vue de per-
mettre la collaboration parmi différentes organisa-
tions et des membres de communautés de pratique
répartis se traduira par (i) une plus grande capacité
du Canada à élaborer des solutions uniques à des
problèmes complexes, (ii) la capacité des chercheurs
à capitaliser sur notre expertise actuelle et les infra-
structures réseau existantes, et (iii) la maximisation
des avantages, à la fois sociaux et économiques, qui
découleront de recherches innovatrices et avancées
qui auront été appuyées.
Chapitre 2
59
5 Tflop (2004) 20 Tflop (2006) 80 Tflop (2008)
Combustion Modélisation des Flammes réalistes : à turbulence flammes produites en simulations de combustion
laboratoire environnementale et industrielle; intégrité des structures
Modélisation Résolution atmos- Comprend la chimie Couplage complet de du climat phérique à 100 km; de l’atmosphère et le l’atmosphère (50 km)
résolution océanique cycle du carbone et de l’océan (15 km); à 50 km; résolution résolution sur sur plusieurs siècles plusieurs décennies
Astrophysique Structure cosmique Formation de galaxies en volumes cosmiques; précise à large simulation de supernovae; analyse complète échelle du rayonnement cosmique fossile à micro-ondes
Repliement Le repliement de 50 Le repliement des des protéines acides aminés selon protéines selon des
des intervalles de intervalles de micro-secondes milli-secondes
Biologie structurale Simulation de systèmes Simulation de complexessous-cellulaires bio-moléculaires au niveau atomique entiers pour des
micro-secondes
Nanoscience : Calculs des principes de base de la structure Structure électronique électronique d’un système à 10 000 atomes (interactiondes matériaux d’une petite grappe de nano-particules)
Modélisation économique à l’échellenationale
Réalité virtuelleimmersivemulti-utilisateur
[REF 19]
Chapitre 2
60
Les grands défis computationnels
Un élément commun de nombreux problèmes relatifs
au calcul à l’échelle téra est la très grande variété
d’échelles présentes au sein des problèmes – un éventail
d’échelles qui est généralement bien plus important qu’il
est possible de traiter sur les plus gros systèmes actuels. Le
tableau suivant identifie un certain nombre de défis com-
putationnels et la faisabilité dans le maintien des Tflops
soutenus pour une seule application que l’on prévoit sera
nécessaire pour trouver une solution. Dans de nombreux
domaines, l’avantage concurrentiel est établi selon la
capacité de modéliser des systèmes à une résolution et une
précision plus élevées ainsi que plus détaillés. La capacité
des chercheurs canadiens à faire concurrence à leurs pairs
sur le plan international dans la résolution de ces pro-
blèmes importants nécessite l’accès à une infrastructure
soutenue qui offre des capacités de calcul de pointe.
Un système à couplage étroit qui se situe au 10ème rang de la
liste des 500 meilleurs peut réaliser près de 5 Tflops soutenus
sur une application à grain fin hautement optimisée de nos
jours (une évaluation un peu plus conservative que les
10 Tflops du système qui occupe le dixième rang sur la liste
actuelle tel que mesuré par le ban d’essai Linpak). Selon les
présents taux de doublement de la performance annuelle
des systèmes de la liste des 500 meilleurs, nous atteindrons
les deux futurs jalons de performance à 20 et 80 Tflops dans
2 et 4 ans respectivement. Calcul Pflop (1000 Tflops) :en 2009 sur les systèmesles plus puissants, en2012 pour le 10ème rang
61
Chapitre 2
Projets de grille
Un certain nombre d’applications hautement pa-
rallèles se prêtent au calcul distribué. L’exemple
le mieux connu est probablement le logiciel
SETI@Home, dans lequel les cycles de réserve des
bureaux en attente étaient utilisés par le biais d’un
économiseur d’écran pour chercher des signaux
extra-terrestres intelligents en données radio. Un
autre exemple est climateprediction.net, sur lequel
des milliers de modèles climatiques sur des PC privés
seront coordonnés pour réaliser la plus importante
expérience de prévisions climatiques au monde.
Le Canada possède ses propres capacités de grille, le
superordinateur scientifique canadien interréseau
(SSCI), qui est exploité dans nos installations puis-
santes de milieu de gamme. Le SSCI est utilisé pour
des applications computationnelles de chimie, accu-
mulant l’équivalent de plusieurs années de temps de
calcul au cours d’une seule fin de semaine.
En Europe et aux États-Unis, des centaines de millions
de dollars sont investis dans le calcul distribué. Le
« TeraGrid » aux États-Unis réunis neuf des principaux
sites de supercalcul, présentant une capacité globale
de calcul de 20 Tflops, près de 1 PB de stockage, des
capacités de visualisation et les logiciels capables de
permettre le calcul distribué. Tous les composants
sont reliés par un réseau spécialisé à 40 Gb/s.
◆ Calcul distribué
Le calcul distribué est un domaine extrêmement vivant
de la recherche informatique en ce moment. La plu-
part des recherches portent sur le développement de pro-
tocoles sécurisés pour accéder aux ressources et aux don-
nées, sur des politiques de répartition des ressources et sur
les logiciels servant à les gérer. D’un point de vue très
général, il s’agit de permettre aux « organisations
virtuelles » de rassembler des groupes de personnes et des
ressources variées pour résoudre des problèmes communs.
Du point de vue des utilisateurs du CHP, il faut atteindre
trois importants objectifs en matière de grille :
Le calcul distribué. Faciliter la transmission transparente
de travaux de calcul vers les ressources appropriées et
disponibles est un aspect clé du calcul distribué. Cette
capacité est déjà offerte, quoique de façon limitée. Les
logiciels existants peuvent identifier les ressources appro-
priées et transmettre les travaux dans le cadre de poli-
tiques de répartition prédéfinies qui tiennent compte des
contraintes telles que la propriété des ressources et les
besoins relatifs aux travaux. Un deuxième aspect est la
possibilité d’exécuter des calculs uniques parmi des
grappes réparties géographiquement. Cependant, il existe
des limites fondamentales associées aux temps d’attente
lors de la transmission de données sur de grandes dis-
tances. (Le temps d’attente entre deux centres à 150 km
de distance, pour permettre à une demande de sortir et
aux données de revenir, est de 1 milliseconde ou 1 million
de cycles d’horloge sur un processeur à 1 GHz.) Seuls cer-
tains algorithmes à grain grossier soigneusement conçus
éviteront de priver les processeurs de données dans de
telles conditions. En ce sens, la grille représente un gigan-
tesque ordinateur de capacité qui couvre les anneaux
extérieurs du diagramme de faisabilité.
Le partage des données. Cela comprend la transmission et
l’accès automatiques des données parmi des sites de stock-
age répartis ainsi que la préparation automatique des don-
nées pour le traitement par différentes ressources informa-
tiques. Les technologies de partage de données sont déjà
utilisées par la communauté de physique des particules
pour traiter les données des accélérateurs et par la commu-
nauté des astronomes pour créer des observatoires virtuels
qui réunissent des ensembles de données répartis.
La collaboration à distance. Un attrait central des réseaux
à large bande est la capacité de réduire les distances géo-
graphiques entre les chercheurs. La capacité de réunir les
chercheurs à l’aide de liaisons de grande qualité audio et
vidéo et d’incorporer l’interaction en temps réel par le
biais de cartes électroniques intelligentes dans un environ-
nement multipoint représentera un tournant important
pour favoriser la recherche canadienne, la formation de
nouveaux chercheurs et la mise sur pied d’un bassin essen-
tiel à partir d’un milieu de recherche réparti.
62
Étude de cas
Des superordinateurs aux superstimulateurs : Garder le cap del’industrie aérospatiale au Canada
L’industrie aérospatiale est l’une des plus com-pétitives et elle subit une pression mondialeconstante pour produire des aéronefs, des
réacteurs, des simulateurs avioniques et de vol. Ledéfi de l’industrie est de concevoir le produit tech-nique le plus efficace et le plus sûr et ce, dans lestemps, selon le budget et en se conformant à des exi-gences réglementaires. Pour ce faire, la simulation,l’analyse et la conception à grande échelle sont uti-lisées pour améliorer le rendement, accroître la qua-lité et diminuer les coûts de production. Le meilleurexemple pour illustrer cette situation est la nouvellemenace inattendue en provenance de Chine, qui faitson entrée sur le marché des jets régionaux avec leARJ21 qui présente un prix dérisoire et une technolo-gie très moderne. Les nouvelles installations derecherche et de conception du AVIC1 à Shanghai,Xi’an et Beijing sont impressionnantes, comme lesuperordinateur qui est mis à leur disposition àShanghai. Cela montre que même dans uneéconomie qui repose sur une main-d’oeuvre bonmarché, la sagesse impose l’emploi de CHP de pointepour simuler autant de processus possible commeseul moyen d’atteindre la qualité et le temps d’accèsau marché requis dans l’industrie aérospatiale.
L’industrie aérospatiale canadienne, qui se situe auquatrième rang dans le monde, doit suivre lacadence de l’accélération rapide des nouveauxdéveloppements et élargir ses ressources computa-tionnelles pour maintenir sa position. Une simulationqui prenait 365 jours complets à réaliser il y a vingt
ans peut maintenant se faire en seulement 10 secon-des grâce au CHP. Ce facteur d’accélération de 2 mil-lions s’accompagne également d’une baisse sub-stantielle des prix qui n’a pas été suivie encore,même de loin, par une baisse des coûts de main-d’oeuvre et de matériaux, ce qui fait de la simulationle moyen à long terme principal d’économiser tempset argent. Cette accélération phénoménale a changéle paradigme de la conception virtuelle : plutôt qued’évaluer plusieurs prototypes virtuels à l’aide de lasimulation, qui s’apparente à l’exécution d’un tunnelaérodynamique numérique, des sociétés importantesprévoient maintenant directement, par le biais d’uneconception optimale multidisciplinaire, la formed’une aile, d’un compresseur ou d’une aube de tur-bine, qui donne la meilleure performance en ce quitouche au carburant, à la résistance, la fiabilité, lepoids, le bruit, les conditions givrantes, etc., simul-tanément. Dans le cas des simulateurs de vol, alorsqu’il a été long avant de bâtir des bases de donnéesde formation plus complète pour la dynamiquenumérique des fluides (DNF), la tendance actuelle està la hausse, avec des plans ambitieux d’utiliser la DNFen temps réel. Les répercussions du CHP s’illustrentnon seulement par l’utilisation réduite des cellulesd’essai expérimentales et des tunnels aérodynamiques,mais également par la diminution importante du per-sonnel des services d’ingénierie en raison de nouvellesméthodes de conception multidisciplinaire.
Si on demandait aux principaux fabricants canadiens
d’aéronefs quel avantage majeur ils aimeraient avoir
sur leurs concurrents, une partie de la réponse consis-
terait en une mise en oeuvre de la simulation et de
la conception de CHP plus rapide et complète.
Bombardier fait figure de chef
de file en présentant le nou-
veau jet d’affaires Global 5000 :
il établit une nouvelle norme
pour les voyages par jet d’af-
faires transcontinentaux, vo-
lant à 4816 milles nautiques
(8920 km) sans arrêt avec 8 pas-
sagers à bord à Mach 0,85 (562 mph ou 904 km/h). Conçu spé-
cifiquement pour effectuer des vols transcontinentaux à Mach
0,89 (590 mph ou 950 km/h), le Bombardier Global 5000 établit
la norme de vitesse et de portée pour sa catégorie. La concep-
tion de cet aéronef aurait été impossible sans les installations
de simulation de CHP de Bombardier. [REF 10]
« De nos jours, arriver second dans le créneau del’aérospatiale ne permettra pas à une société cana-dienne de survivre. Un aéronef ou un réacteur quiest un tant soit peu plus dispendieux, lourd,bruyant, qui consomme un peu plus de carburant,qui est davantage sujet aux révisions ou aux acci-dents, ou dont la durée de vie est plus courte,entraîneront l’effondrement d’une entreprise etpeut-être même celui de l’industrie de l’aérospa-tiale au Canada. Ainsi, il ne suffit plus que nos pro-duits soient “bons”, ils se doivent d’être “opti-maux”, c’est-à-dire les meilleurs. Seule la simula-tion peut nous permettre d’y arriver. Nous devonscontinuellement investir dans la puissance compu-tationnelle afin de soutenir et d’assurer la crois-sance de l’industrie aérospatiale au Canada! »
Fred Habashi
Chaire de recherche industrielle CRSNG -
J. Armand Bombardier
de recherche pluridisciplinaire en dynamique
informatisée des fluides
Université McGill
63
Étude de cas
Au cœur du sujet : Modeler l’arythmie chez les humains
Les maladies cardiovasculaires reculent depuis
quelques années mais elles représentent tou-
jours la principale cause de mortalité en
Amérique du Nord. La fibrillation auriculaire touche
environ 10 pour cent des personnes âgées de plus de
70 ans et peut entraîner des complications consti-
tuant un danger de mort, telles qu’un accident
cérébral vasculaire ou une insuffisance cardiaque. En
raison de la population canadienne vieillissante, ce
pourcentage augmentera dans les prochaines années
à moins qu’on trouve de meilleurs moyens de sur-
veiller et traiter la fibrillation auriculaire.
Le cœur se compose de quatre cavités – deux oreil-
lettes et deux ventricules – et est contrôlé par un
réseau très sophistiqué de parcours électriques. Il
fonctionne comme une pompe, les cavités réagissant
aux signaux électriques et nécessitant une synchroni-
sation étroite. L’oreillette droite reçoit le sang qui
arrive des veines; le ventricule droit transmet ce sang
aux poumons. Le sang revient des poumons par
l’oreillette gauche et est pompé vers les artères. Une
bonne coordination de ces activités est essentielle
pour que le cœur fonctionne bien. Néanmoins, il arrive
parfois que l’activité électrique soit désynchronisée,
créant des arythmies dont les causes peuvent varier.
L’arythmie la plus fréquente et la plus difficile à
traiter est la fibrillation auriculaire (FA), qui perturbe
complètement le rythme auriculaire. Nous en con-
naissons beaucoup sur les différents types d’arythmie
cardiaque et sur leur origine en ce qui concerne le
cœur. La fibrillation auriculaire occasionne un batte-
ment irrégulier dans les cavités supérieures du cœur,
ce qui nuit à la circulation du sang.
Les mécanismes cellulaires et moléculaires qui
interviennent rendent les chercheurs perplexes, ce
qui rend difficile la conception de traitements origi-
naux. Pour en apprendre davantage sur les méca-
nismes qui causent cet état, les chercheurs ont
élaboré des modèles informatiques de l’activité élec-
trique dans les cavités supérieures du cœur et ont
réalisé des simulations pour voir si des médicaments
nouveaux ou existants pourraient fonctionner.
Ces simulations permettent aux chercheurs de vérifier
les rôles des différents aspects de la géométrie du
cœur en tenant compte de la physiopathologie de la
fibrillation auriculaire. Il aurait fallu de nombreuses
semaines pour effectuer les simulations sur des ordi-
nateurs personnels mais grâce à la puissance du calcul
de haute performance, les essais ont été accomplis en
quelques heures et les chercheurs ont pu réaliser des
centaines de simulations. Les connaissances acquises
par le biais de ces études accroissent la capacité de
traiter la fibrillation auriculaire et mènent au
développement de nouveaux médicaments ou à des
procédures chirurgicales et à des « procédures d’abla-
tion » visant à modifier la géométrie fonctionnelle et
à supprimer l’arythmie.
« Ces modèles virtuels nécessitent des calculs à trèsgrande échelle. La modélisation actuelle comprend720 000 cellules, avec l’activité de chaque celluledéterminée par 24 équations qui doivent êtrerésolues de 80 à 200 fois par seconde, selon lesconditions. Nous travaillons avec des modèles trèscomplexes et les rendons encore plus complexes àchaque étape pour illustrer toujours mieux le cœur.À l’aide de 12 processeurs, cela prend maintenantquatre jours pour modéliser une activité cardiaquede 20 secondes. Le calcul de haute performance estun impératif absolu et l’utilisation d’ordinateursencore plus puissants sera certainement appréciée.
Dr Stanley Nattel
Chaire Paul-David et professeur de médecine
Université de Montréal et Institut
de cardiologie de Montréal
Gauche: Un instantané représentant une courte période d’ac-
tivité (1/1000 seconde) durant la fibrillation auriculaire dans
une oreillette simulée contenant 720 000 cellules modelées en
vue de représenter exactement l’activité électrique cardiaque
exacte. Les zones rouges illustrent le devant de l’onde élec-
trique et le jaune, le vert et le bleu pâle représentent progres-
sivement des tissus moins activés; le bleu fondé indique les tis-
sus au repos. Les flèches blanches indiquent les directions de la
propagation d’ondes électriques auriculaires apparemment
aléatoires. Droite: Une analyse quantitative de l’organisation
qui supporte l’activité apparemment totalement aléatoire. Les
zones vertes indiquent des sources d’activation de longue
durée, qui maintiennent l’activité ailleurs dans le système.
64
Étude de cas
La prévision des élémentsmétéorologiques : En pleine croissance au Canada
Les prévisions météorologiques sont la principaleraison qu’invoquent les gens pour écouter ouregarder les nouvelles. Des prévisions
météorologiques exactes ont une incidence sur lesdécisions que nous prenons tous les jours, et biendavantage. Le Canada fait figure de chef de file enmatière de prévisions météorologiques, de modélisa-tion et de prévision environnementales. Étant donnénotre climat, il n’est peut-être pas surprenant que larecherche météorologique au Canada constitue untel modèle de réussite dans le monde. Les prévisionsmétéorologiques et environnementales au Canadas’inscrivent dans un programme coopératif interna-tional qui surveille, étudie et prévoit les changementsdans l’atmosphère mondiale (la météo, le climat et lachimie atmosphérique), l’hydrosphère (les rivières, leslacs, les océans) et la cryosphère (la neige et la glace).
Au centre de tous ces domaines se trouve le calcul dehaute performance. Les prévisions météorologiquesnumériques furent l’une des plus importantes moti-vations derrières les premières applications informa-tiques il y a cinquante ans et elles représentent tou-jours un utilisateur de taille du CHP. La puissance com-putationnelle est nécessaire pour améliorer l’exacti-tude des modèles météorologiques et climatiques enaugmentant la résolution spatio-temporelle, lareprésentation des processus physiques de modèles eten quantifiant mieux les incertitudes relatives à lamodélisation et aux prévisions. Nos prévisions sur cinqjours sont maintenant aussi exactes qu’une prévision
d’une journée il y a 40 ans. Chaque hausse de l’ordrede grandeur dans la puissance de calcul rehaussecette précision d’une autre journée, ce qui se traduitpar des répercussions considérables sur l’économiedes villes qui déblaient la neige ou pour les cultiva-teurs de pêches qui emballent les fruits.
L’objectif toutefois n’est pas seulement d’obtenir unemétéo prévisible pour la gestion des risques et pourintervenir en cas d’urgence, ou encore pour décidercomment se vêtir, il s’agit d’une approche systéma-tique globale pour prévoir les altérations continuesde l’environnement. Les futurs changements clima-tiques causés par les activités humaines représententun enjeu de taille sur le plan social et politique. Lamodélisation du climat mondial est essentielle à lafois pour des politiques publiques et pour des straté-gies commerciales visant à lutter contre le réchauffe-ment du globe, la fonte de la glace polaire et les ten-dances à long terme en matière de pollution. Lesmêmes méthodes de modélisation peuvent égale-ment servir à mieux comprendre de questions envi-ronnementales importantes telles que la pénuried’eau, la gestion des bassins hydrographiques, lesincendies de forêts, les courants océaniques et leschangements de température qui ont une incidencesur le climat et les pêches à l’échelle locale ainsi quela tendance à long terme de la couche d’ozone.
Les débats d’orientation de politique sur certaines deces questions sont intenses – exigeant des modèles etsimulations scientifiques supérieurs. La valeur de cesmodèles dépend bien entendu de leur qualité et leurprécision, et donc de l’augmentation de la perfor-mance du CHP. À ce sujet, les antécédents de cettediscipline au 20ème siècle inspirent confiance.
« Des prévisions météorologiques plus exactesproduisent des avantages économiques impor-tants – dans les domaines du transport, de l’agri-culture, du tourisme et de la gestion de l’eau.Dans le secteur public, des prévisions plus pré-cises et opportunes d’événements météorolo-giques qui ont une incidence considérable – les tempêtes hivernales, les tornades estivales, leslignes de grains, les crues soudaines, les ondesde tempête – sont essentielles à des interven-tions efficaces en cas d’urgence. »
Gilbert Brunet
Directeur de recherche
Environnement Canada
L’image illustre l’humidité spécifique simulée (à une altitude
de 325 m) le 1er septembre 1998, pour un sous-domaine de
1000 x 1000 km au-dessus du golfe du Mexique et de la
Floride. Elle montre 1 % de la surface total du domaine de
calcul! Les pixels suivent le modèle de résolution horizontale
de 1 km. La simulation montre de petites perturbations
météorologiques réalistes qui évoluent autour de l’ouragan.
Chapitre 3 : Infrastructure humaine
Depuis 1999, les investissements dans le calcul de
haute performance (CHP) en provenance de la
Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) et de
ses partenaires provinciaux et industriels ont permis
d’augmenter le nombre de chercheurs qui travaillent
sur des projets axés sur le CHP de quelques centaines
en 2000 à près de deux milles en 2004. Si on peut
maintenir cette lancée – et même l’accélérer – ces
investissements auront joué un rôle primordial dans
l’accroissement de la compétitivité du Canada sur les
plans commercial, de la recherche et du développe-
ment. Ils auront également permis la création d’une
base fondamentale de ressources humaines capables
de tirer profit des capacités du CHP à l’avantage
économique et social du Canada : une autre exigence
clé de l’économie mondiale. [REF 20, 21]
Dans l’ensemble du Canada, des équipes de
recherche de renommée internationale utilisent les
ressources de CHP pour faire des découvertes.
L’étendue des applications de recherche est renver-
sante; elle comprend pratiquement tous les
domaines des sciences, de l’ingénierie et de la
médicine et il y a une croissance des applications au
sein des sciences sociales et humaines. Le calcul de
haute performance change la manière d’aborder
certaines questions, permettant aux personnes de
résoudre des problèmes dont la portée était tout en
fait impossible il n’y a que quelques années. C’est
une période stimulante et les résultats de recherche
s’avèrent souvent fondamentaux tout en étant per-
tinents sur le plan commercial. Cela inspire une
nouvelle génération de chercheurs.
Bien que ce soit les chercheurs principaux qui assu-
ment les rôles importants dans le processus de
recherche, en ce qui concerne les applications de
CHP, il faut qu’il y ait une grande équipe de soutien
oeuvrant à l’arrière scène. Une installation de CHP
efficace représente bien plus que du matériel; l’ex-
ploitation sans heurt de l’installation nécessite
d’autres personnes hautement qualifiées (PHQ) en
vue de gérer, exploiter et maintenir l’installation. Il
est tout aussi important que ce personnel profes-
sionnel de soutien technique puisse former et aider
les chercheurs afin qu’ils utilisent au mieux cette
infrastructure dispendieuse.
Investir dans le personnel aujourd’hui et à l’avenir
est un élément fondamental de la présente proposi-
tion. À bien des égards, l’infrastructure informatique
peut s’acquérir plus facilement que l’infrastructure
humaine. À l’aide d’un financement adéquat, la mise
à niveau des biens d’équipement est directe : nous
n’avons qu’à acheter le nécessaire. Par contre, l’infra-
structure humaine est beaucoup plus difficile à
obtenir. Former des personnes pour qu’elles aient les
compétences requises peut prendre des années. Ces
personnes peuvent en outre être facilement tentées
de quitter le Canada pour de meilleures possibilités
et des salaires plus élevés. Si le Canada décide
d’investir dans le personnel et les compétences, il se
doit aussi d’investir dans la création d’un milieu qui
saura attirer et garder ces personnes.
Équipes de recherche
Au cours de la dernière décennie, on a connu un
changement prononcé quant à l’embauche de
chercheurs utilisant le calcul dans leur recherche au
sein des universités canadiennes, particulièrement
en sciences et en ingénierie. La nouvelle génération
de titulaires d’un doctorat est versée en informa-
tique, et plusieurs se concentrent sur la recherche
computationnelle. Par exemple, la bioinformatique,
la finance computationnelle, la nanotechnologie et
la photonique représentent certains des domaines
de recherche les plus recherchés de nos jours et dans
un avenir assez rapproché. Les PHQ dans ces
domaines sont rares et elles répondent au plus
offrant. Pour compliquer davantage les choses, les
instituts de recherche font face à une compétition
féroce avec l’industrie dans le recrutement de ces
professionnels. Les universités reconnaissent pour-
tant que les compétences de calcul sont essentielles
aux futures réussites en recherche et développe-
ment et qu’elles contribuent à établir les pro-
grammes de recherche axés sur le calcul indispen-
sables à la compétitivité du Canada au 21ème siècle.
À la tête de cette renaissance en matière de
recherche et de formation au Canada se trouve un
bassin de professeurs qualifiés, qu’il s’agisse de titu-
Chapitre 3
65
laires principaux de chaires de recherche du Canada
qui possèdent d’excellentes réputations interna-
tionales ou de professeurs adjoints subalternes au
potentiel de recherche considérable. Ils ont accepté
des postes dans les universités canadiennes avec con-
fiance, en partie en raison des excellents antécédents
du Canada quant aux investissements pour des infra-
structures de pointe (par le biais de la FCI et de pro-
grammes de soutien provinciaux) et pour les milieux
de recherche favorables que ces investissements pro-
curent.6 Ces professeurs sont essentiels pour la forma-
tion de la nouvelle génération de professionnels et
de chercheurs qualifiés, de même que pour la recon-
naissance de l’industrie canadienne relativement aux
applications axées sur le calcul. Ils sont manifeste-
ment importants pour la recherche de pointe axée
sur le CHP au Canada et pour le rehaussement des
capacités du Canada en matière de recherche et de
développement et de sa réputation.
La recherche computationnelle, qui est réalisée par
des étudiants diplômés et des boursiers postdocto-
raux (BPD) qui travaillent sous la supervision de leurs
professeurs, est un outil important dans la forma-
tion de personnes hautement qualifiées. Suite à
l’achèvement de leurs études, ces personnes sont
très en demande dans l’industrie, au gouvernement
et dans les universités. La création de PHQ et leur
déplacement qui s’ensuit au sein d’organisations et
de secteurs constituent la forme la plus efficace du
transfert technologique. Un nombre insuffisant de
PHQ, qui repose dans bien des cas sur des ressources
de formation inadéquates, a été identifié comme
goulot d’étranglement important dans l’élaboration
de systèmes de CHP locaux, régionaux et nationaux.
Ces personnes énergiques doivent, pour obtenir la
formation nécessaire, avoir accès à des installations
de CHP de classe internationale, obtenir de l’aide
auprès d’experts hautement qualifiés dans les tech-
niques computationnelles, et acquérir de l’expéri-
ence dans l’application de ces techniques pour des
problèmes concrets à l’appui d’activités de
recherche et de développement. L’expertise ne cons-
titue pas un avantage supplémentaire. Ces hommes
et femmes hautement qualifiés constitueront une
ressource nécessaire pour accroître la productivité
de la recherche et de la fabrication, de même que
pour accélérer la découverte et l’innovation. Les
possibilités futures du Canada reposent entre les
mains de ces experts.
Notre pays compte de nombreux chercheurs de
renommée mondiale qui se fient désormais au CHP
pour faire des découvertes innovatrices sur le plan
international. Il n’est pas rare qu’il faille dix ans ou
plus pour mettre sur pied de bonnes équipes de
recherche et que leur technologie passe des idées
aux produits commerciaux. Il faut au moins autant
de temps pour former la prochaine génération à
avoir des capacités de recherche avancée. Les étin-
celles créatives qui ont enflammé les étudiants
diplômés d’aujourd’hui grâce à l’infrastructure
financée par la FCI ne pourront atteindre leur plein
potentiel à moins qu’ils n’aient accès aux ressources
appropriées au long de leurs études et dans leur car-
rière universitaire, des secteurs public ou industriel.
Un soutien à long terme de l’infrastructure et des
ressources humaines de CHP permettra au Canada
Chapitre 3
66
6 Bien qu’il soit difficile de quantifier l’effet, il y a une forteindication que dans les domaines associés au CHP, une combi-naison d’initiatives – notamment les subventions d’infrastruc-ture du Programme des chaires de recherche du Canada etde la Fondation canadienne pour l’innovation – a réussi àralentir et dans bien des cas à renverser ce qu’on appellecommunément « l’exode des cerveaux ».
« Le monde connaît une explosion de données quidécoule de la résolution grandissante des données,des réseaux qui procurent l’accès aux données surle plan international et de la croissance exponen-tielle de la quantité de données produites. Desentreprises telles que YottaYotta développent destechnologies qui doivent s’adapter à des débitsconformes à cette croissance hyper-exponentielle.L’embauche de personnel de perfectionnementauprès de la communauté du CHP assure unfondement en matière de calcul parallèle, detransmission efficace des données et d’informa-tique autonome de gestion des données à nœudsmultiples. Établir des partenariats avec la commu-nauté du CHP permet aux entreprises commeYottaYotta de faire l’essai aujourd’hui d’unetechnologie qui sera dominante demain. »
Wayne Karpoff
Co-fondateur et directeur de la technologie
YottaYotta, Edmonton
de profiter pleinement de ses initiatives de finance-
ment passées et actuelles. Les universités jouent un
rôle important dans la recherche et la formation
computationnelles et il s’agit d’un élément essentiel
de leurs plans de recherche à long terme.
Programmes de recherche
On peut classer la recherche relative au CHP en
deux domaines :
(i) Le développement d’applications. Les projets
dans ce domaine se composent d’applications parti-
culières au domaine qui utilisent les résultats de
performance réalisables à l’aide de ressources infor-
matiques plus puissantes pour créer de nouvelles
connaissances. Ce type de recherche se distingue
généralement comme étant une recherche qui
utilise le CHP.
(ii) Le développement d’outils. Dans ce domaine, de
nouveaux outils et de nouvelles technologies sont
créés en vue de faciliter l’utilisation des ressources
de CHP. Ce type de recherche se distingue générale-
ment comme étant une recherche au sein du CHP.
Le Canada est déjà un leader reconnu dans le
développement d’applications computationnelles – la
recherche qui utilise le CHP – grâce à de solides pro-
grammes de recherche dans de nombreuses disci-
plines. Cependant, ces forces ne sont pas équilibrées
par une recherche de développement d’outils de CHP
aussi solide (des technologies essentielles telles que
des outils d’exploration de données, le méta-calcul,
des outils d’évaluation de la performance, la visualisa-
tion avancée, des systèmes d’exploitation et la paral-
lélisation automatique). Il nous faut développer et
élargir ces connaissances fondamentales pour assurer
la pleine capitalisation des investissements physiques
et humains dans l’infrastructure informatique. Nous
devons renforcer notre capacité à la fois dans la
recherche qui utilise le CHP et dans la recherche au
sein du CHP, solidifier les domaines existants et
faciliter l’émergence de nouveaux domaines si nous
souhaitons être compétitifs dans le milieu interna-
tional de la recherche.
Le mandat du plan à long terme pour le CHP cana-
dien est d’appuyer l’infrastructure de recherche et
non pas les programmes de recherche directement.
Bien que nous reconnaissions que financer des
équipes de recherche est indispensable pour tirer
pleinement profit de l’infrastructure, aucun
financement n’est proposé pour répondre à ce
besoin. Les conseils subventionnaires (le CRSNG, le
CRSH et l’IRSC) sont mieux à même de traiter cette
question par le biais de leurs systèmes d’évaluation
par les pairs bien établis et respectés. Ce qui nous
mène à la recommandation suivante :
3.1 Nous recommandons fortement que les con-
seils subventionnaires, en consultation avec
les universités, établissent des possibilités de
financement pour renforcer les programmes
Productivité scientifique
De nombreuses études ont démontré de façon
constante que les chercheurs du Canada
comptent parmi les meilleurs au monde. Une récente
étude publiée dans le journal Nature a évalué la pro-
ductivité de recherche (la production et les résultats
scientifiques) des pays du G8 (à l’exception de la
Russie) comme fonction de la quantité d’argent investi
dans la recherche (apports financiers). Pour les six
paramètres mesurés, les données ont été normalisées à
la moyenne des sept pays. L’abréviation HERD signifie
le financement de l’enseignement supérieur de re-
cherche et développement. Les données montrent que
les chercheurs canadiens arrivent au deuxième rang
quant à la productivité individuelle (citations par
chercheur et publications par chercheur). D’autres
données montrent que la productivité d’un chercheur
américain moyen ne représente que 75 % de la pro-
ductivité d’un chercheur canadien. Du point de vue fi-
nancier, le Canada fait des investissements importants
dans la recherche, plus particulièrement compte tenu
du pourcentage du PIB alloué au HERD. [REF 22]
67
Chapitre 3
de recherche à la fois dans les technologies
fondamentales de CHP et dans le développe-
ment d’applications de CHP.
Personnel de soutien
Acquérir un ordinateur – peu importe sa taille – n’est
que le commencement de l’engagement de l’utilisa-
teur envers la ressource. Les utilisateurs sont bien
conscients qu’il faut aussi entretenir les ordinateurs :
à savoir corriger des défaillances de matériel, installer
de nouvelles versions du système d’exploitation et de
logiciels, effectuer des sauvegardes de données, s’oc-
cuper de réseaux, de sécurité, etc. L’entretien des
ordinateurs et des systèmes représente beaucoup de
temps et de ressources, d’autant plus si ces systèmes
gagnent en envergure et en complexité. Il est donc
indispensable de pouvoir se fier à une variété d’em-
ployés qualifiés et de personnel de soutien pour
assurer l’exploitation efficace et optimale de toute
installation de CHP. Les compétences et l’expérience
nécessaires sont considérables, notamment (i) gérer,
exploiter et maintenir une installation, (ii) former et
aider les chercheurs pour qu’ils utilisent au mieux les
ressources et les capacités, (iii) assurer la productivité
maximale des sites de CHP en vérifiant par exemple
que le logiciel est exécuté sur la plateforme informa-
tique selon le code de réfection qui convient le mieux
pour obtenir la meilleure performance, et (iv) con-
tribuer à la création de nouvelles applications à l’ap-
pui d’initiatives de recherche innovatrices.
Chapitre 3
Programme de soutien des analystes techniques (PSAT)
Les gens du PSAT exploitent plusieurs des salles Access Grid
au Canada, permettant aux chercheurs de l’ensemble du pays
de communiquer visuellement et de « partager » les applica-
tions en temps réel.
Le PSAT fournit aux chercheurs canadiens l’aide cruciale
dont ils ont besoin pour exploiter des systèmes avancés
de calcul de haute performance, pour développer des appli-
cations de CHP, analyser et optimiser les codes, concevoir des
codes parallèles et obtenir une expertise de visualisation. Ce
programme est dirigé par C3.ca et est financé par une sub-
vention d’accès aux installations majeures du CRSNG. Le
financement offre 19 employés de soutien technique et un
gestionnaire. Le personnel de soutien est réparti dans
l’ensemble du pays dans différentes universités, assurant
une proximité physique avec la communauté des utilisa-
teurs. Le personnel du PSAT dirige le plus grand laboratoire
virtuel du Canada et l’un des plus grands dans le monde!
Le PSAT a su relever les nombreux défis de taille associés au
soutien d’une communauté d’utilisateurs grande et diversi-
fiée, répartie géographiquement sur plusieurs milliers de kilo-
mètres. Le programme a connu un succès considérable en :
• offrant un soutien de CHP limité à de nombreux
chercheurs au Canada;
• offrant un soutien technique de pointe, d’un océan à
l’autre, dans un milieu de CHP hétérogène avec diffé-
rents fournisseurs de matériel, exploitant des systèmes et
des applications de systèmes;
• organisant de nombreux ateliers de travail associés au
CHP chaque année;
• mettant en œuvre des programmes de sensibilisation
pour les milieux de recherche universitaires et industriels;
• travaillant en équipe en vue de réaliser les initiatives du
SSCI (consultez l’encadré sur le SSCI à la page 69).
Malgré son succès et ses répercussions sur le milieu de la
recherche au Canada, le PSAT est incapable de répondre
aux demandes actuelles et perd continuellement du per-
sonnel qualifié et chevronné. Cette situation découle prin-
cipalement d’un manque de financement soutenu à long
terme. Alors que les fonds sont assujettis aux applications
annuelles pour le renouvellement, tous les contrats du per-
sonnel du PSAT ne sont que de 12 mois et n’offrent aucune
sécurité d’emploi à long terme. En outre, le financement du
programme est demeuré le même depuis presque dix ans
malgré la prodigieuse croissance des activités de CHP au
Canada depuis 1999, se traduisant par une augmentation
pénible de la charge de travail de l’équipe du PSAT.
68
Administration et opérations des systèmes
L’administration et les opérations des systèmes sont
particulièrement touchées par le soin quotidien
apporté à l’infrastructure matérielle et logicielle de
CHP. Le personnel de soutien assure le bon fonction-
nement des installations de CHP, en offrant du sou-
tien pour la gestion et les opérations des systèmes.
Parmi les tâches spécifiques se trouvent l’installation
et le maintien de système(s) d’exploitation,
effectuer des mises à jour et des versions provisoires,
gérer des systèmes et des sauvegardes de fichiers,
tout en assurant l’intégrité et la sécurité des don-
nées des utilisateurs. Ces activités sont essentielles
pour garantir que le système est entièrement fonc-
tionnel et accessible à la communauté.
Programmeurs-analystes
Le rôle des programmeurs-analystes est d’offrir une
assistance technique spécialisée aux chercheurs, de
diriger des groupes de travail et de la formation
ainsi que d’évaluer et de mettre en oeuvre des
outils logiciels pour faire un usage efficace des
ressources disponibles. Le matériel de CHP est
généralement exploité à un niveau soutenu bien
inférieur au rendement maximum théorique du sys-
tème; cela est généralement dû à un manque de
parallélisme dans certaines parties d’une applica-
tion. Une équipe créative de programmeurs-ana-
lystes peut doubler ce niveau par le biais d’optimisa-
Superordinateur scientifiquecanadien interréseau (SSCI)
Les investissements effectués par la Fondation cana-
dienne pour l’innovation se sont traduits par plus de
250 millions $ d’équipement en calcul de haute perfor-
mance installé au Canada. Cet équipement est réparti
dans tout le pays sur plus de 20 sites. Cependant, cer-
tains problèmes de recherche nécessitent l’accès à des
ressources computationnelles qui surpassent celles de
n’importe quel site du Canada. Le projet du superordi-
nateur scientifique canadien interréseau (SSCI) [REF 23]
tente de pallier cette lacune en connectant ensemble
une grande partie de ces capacités de calcul en un
superordinateur géant virtuel.
L’infrastructure du SSCI est construite à l’aide de logi-
ciels élaborés dans le cadre du projet Trellis [REF 24] à
l’Université de l’Alberta. Le projet Trellis offre une sim-
ple interface qui permet d’exécuter une application sur
une série de types différents d’ordinateurs, et possible-
ment sur différents systèmes d’exploitation, à n’importe
quel site de CHP au Canada.
Jusqu’à présent, il y a eu trois séries d’expérience avec le
SSCI en biologie, chimie et physique computationnelles.
Le SSCI permet à ces applications d’accomplir l’équivalent
de plusieurs années de calcul en une seule journée, ce qui
accélère considérablement le processus de découverte. À
titre d’exemple, l’expérience du SSCI-3, qui a eu lien en
septembre 2004, comptait plus de 4 000 processeurs dans
l’ensemble du Canada, se soldant par l’équivalent de
22 ans de calculs effectués en deux jours! Le SSCI permet
au milieu de la recherche de s’attaquer à des problèmes
de recherche qui sont beaucoup trop importants pour
qu’un seul site de CHP du Canada puisse les résoudre.
Pour les humains, une poignée de main est possible entre deux
mains gauches ou droites, mais pas entre la main gauche et la
main droite. Au niveau moléculaire, il existe une différence
d’énergie entre les interactions des formes droitières ou
gauchères d’une molécule. Le SSCI-1 a analysé ce phénomène.
69
Chapitre 3
tions des codes, de reconception des algorithmes, de
l’utilisation accrue de mémoire cache et de la local-
isation améliorée des données. La valeur ajoutée de
telles activités peut être considérable et peut corres-
pondre au double de la science fournie pour le
même matériel. Ces compétences peuvent donc se
traduire par une hausse spectaculaire de la producti-
vité scientifique du milieu de la recherche. Une
récente étude du programme de soutien des ana-
lystes techniques (PSAT) de C3.ca (consultez l’en-
cadré à la page 68) cite un exemple des avantages
ainsi obtenus : « … les efforts déployés par le mem-
bre du PSAT équivalaient à l’achat de dix fois plus de
ressources informatiques. » En permettant aux
chercheurs d’exécuter leurs applications plus rapide-
ment, les analystes appuient les chercheurs et leurs
étudiants afin qu’ils tirent pleinement profit de
leurs recherches.
Dans des cas extrêmes, l’équipe de soutien peut per-
mettre d’effectuer des recherches qui n’auraient pu
être possibles sans son travail. Il est donc très impor-
tant d’apparier les chercheurs et leur science aux
installations et aux ressources humaines de CHP
appropriées au sein d’un modèle national de sou-
tien. À titre d’exemple, on trouve le très visible pro-
jet de superordinateur scientifique canadien inter-
réseau (SSCI), où les ressources informatiques de par
le pays sont réunies pour offrir un accès important à
des propositions de recherche sélectives de grande
qualité (consultez l’encadré à la page 69).
Chapitre 3
Étude de cas du PSAT
Voici deux exemples qui illustrent comment les analystes
du PSAT peuvent améliorer de façon spectaculaire la pro-
ductivité de la recherche et accroître la valeur des
investissements dans le matériel de calcul.
Exemple 1 : Le consortium de CHP de SHARCNET dans le
sud de l’Ontario possède un environnement de calcul
hétérogène pour répondre aux besoins variés de ses
différents utilisateurs. Un analyste du PSAT a contribué à
la migration des utilisateurs du système idra, le principal
système pour les applications parallèles à grande échelle,
vers le système cat, une grappe Xeon/GigE pourvu d’uni-
tés centrales plus rapides. Un utilisateur s’est plaint qu’à
sa surprise, leur logiciel s’exécutait beaucoup plus lente-
ment sur cat (pourvu de processeurs à 2,4 GHz Xeon) que
sur idra (pourvu de processeurs à 0,67 GHz Alpha). Un
analyste du PSAT a été appelé et a découvert qu’en plus
de la vitesse de l’unité centrale, il y avait une autre diffé-
rence pouvant nuire à la performance : la taille de la
mémoire cache. L’analyste a pu identifier où la taille de
la mémoire cache influençait le rendement du pro-
gramme et a réécrit le code irrégulier. Suite au travail de
l’analyste, le programme s’exécutait 10 fois plus vite!
Exemple 2 : Un physicien de l’Université du Manitoba
connaissait des problèmes sérieux quant à la perfor-
mance des applications et il a demandé l’aide du PSAT. Le
programme séquentiel du physicien prenait trop de
temps à exécuter, même pour de petits tests. Cela signi-
fiait que le chercheur ne pouvait exécuter une série de
paramètres assez importante pour obtenir des résultats
dignes d’être publiés. L’analyste du PSAT a parallélisé et
ajusté le programme. Quelques jours plus tard, le physi-
cien a envoyé le courriel suivant :
J’ai exécuté le programme pour certaines de mes don-
nées d’entrée et j’ai comparé le temps computationnel
comme suit : Avant : temps écoulé d’environ 7 jours
Maintenant : temps écoulé d’environ 9 minutes
Il s’agit d’une amélioration considérable. Je suis main-
tenant en train d’exécuter ce programme pour de
nouvelles données d’entrée et j’attends les résultats.
Merci infiniment pour votre aide.
Une performance 1 000 fois supérieure! Le chercheur a
ensuite soumis ses travaux de plus grande envergure, qui
ont été exécutés pendant six jours. Avant la collaboration
de l’analyste du PSAT, ce programme aurait pris grosso
modo 15 ans à compléter.
Ces deux exemples illustrent bien le travail important
accompli par les analystes du PSAT. Un chercheur ne peut
attendre 15 ans pour obtenir des résultats. Un consor-
tium peut obtenir davantage de ses investissements en
matériel grâce à un investissement soutenu dans un per-
sonnel qualifié qui comprend les problèmes relatifs au
matériel et aux logiciels qu’il faut résoudre pour amélio-
rer la performance des applications. La contribution du
PSAT au milieu de la recherche peut se mesurer par des
hausses substantielles de la productivité de recherche,
par une plus grande capacité de concurrence et par les
économies réalisées.
70
Programmeurs d’applications
La science de pointe exige des applications logi-
cielles de classe mondiale. Bien que la plupart du
développement d’une nouvelle fonctionnalité
scientifique s’effectue généralement dans le labora-
toire d’un chercheur, les programmeurs d’applica-
tions de CHP apportent souvent des contributions
importantes à ces travaux grâce à leur propre
expérience scientifique, numérique ou de visualisa-
tion. Les compétences supplémentaires du person-
nel de soutien, lorsqu’elles s’allient aux besoins des
chercheurs, jouent souvent un rôle crucial pour
faciliter les idées, les concepts et les conseils afin
qu’ils conviennent davantage au domaine en ques-
tion. Ce soutien offre de plus l’avantage de réduire
considérablement ce qui constitue habituellement
une période de démarrage pour les chercheurs qui
apprennent à travailler avec le CHP. Ces compé-
tences sont également transmises aux étudiants et
aux boursiers postdoctoraux, ce qui leur confère les
connaissances scientifiques et l’expérience de pro-
grammation nécessaires pour élaborer de nouvelles
méthodes et applications computationnelles dans
leurs différents domaines et éventuellement, mener
vers de nouvelles idées spectaculaires.
Personnel de gestion et de visualisation de données
L’importance de techniques polyvalentes d’analyse
et de visualisation pour les travaux de simulation
est désormais manifeste. Les activités de calcul et de
visualisation sont de plus en plus dictées par une
« lancée scientifique » plutôt que par une « poussée
technologique ».7 L’aspect le plus compliqué de la
gestion et de la visualisation de données est de
faire face aux énormes ensembles de données pro-
duits. Les simulations en climatologie, en bioinfor-
matique et en astrophysique par exemple, pro-
duisent régulièrement des ensembles de données
dont la taille équivaut à des centaines de téraoctets
ou même à des pétaoctets. Des techniques et des
ressources informatiques entièrement nouvelles
seront nécessaires pour y faire face : dans la plupart
des cas, la visualisation interactive est le seul moyen
pratique de glaner des idées dans ces ensembles de
données. De plus, l’exploitation efficace de tels vo-
lumes de données nécessitera le déploiement d’ef-
forts importants dans l’informatique répartie sur
l’ensemble des réseaux haute vitesse (calcul dis-
tribué). Pour ce faire, il faut former et garder le per-
sonnel capable de gérer les ressources de données
et d’élaborer les nouveaux outils et techniques
nécessaires pour les visualiser.
Gestion et administration
Des administrateurs et du personnel sont nécessaires
pour prendre des décisions visant à allouer des
ressources, gérer les ressources humaines, élaborer et
mettre en œuvre des programmes de formation et de
sensibilisation, traiter avec les médias, appuyer des
projets coordonnés sur le plan national comme le SSCI,
et réaliser des processus commerciaux quotidiens. Un
gestionnaire technique, tel un directeur de la tech-
nologie, serait chargé de la gestion des program-
meurs-analystes. L’équipe de gestion serait respon-
sable de prioriser les tâches, en faisant face à la grande
envergure des installations et en favorisant un esprit
d’équipe et d’objectif commun. Son mandat serait de
mettre de l’avant des personnes et des compétences
géographiquement réparties en une ressource
nationale coordonnée qui est disponible et efficace
pour les chercheurs, peu importe leur emplacement
ou discipline. L’équipe serait aussi chargée de la plani-
fication et de la mise en œuvre de la formation et du
perfectionnement professionnel des analystes en soi—
ce qui est fondamental pour attirer et garder du PHQ.
Formation des chercheurs
Le but général du soutien au CHP est d’appuyer de
façon proactive les besoins d’une grande variété
de chercheurs en les retenant durant tout leur
processus de CHP. Dans ce contexte, le personnel de
soutien doit (i) faire connaître les ressources
disponibles et le potentiel de ces ressources en vue
d’accélérer la productivité de la recherche; (ii)
fournir des directives et des cours sur l’utilisation
(sur des sujets tels que le parallélisme, les outils de
programmation et l’analyse de la performance); (iii)
Chapitre 3
71
7 La science dicte de plus en plus la vitesse du développe-ment technologique plutôt que de simplement la suivre.
Chapitre 3
72
aider les utilisateurs à bien apparier leur application
aux technologies disponibles; (iv) maintenir l’installa-
tion de CHP; et (v) élaborer de nouveaux outils ou
ajuster les outils existants (matériel et logiciels) afin
d’optimiser l’utilisation des ressources de CHP et les
applications qu’elles servent à exécuter. Ce genre de
soutien permettra aux chercheurs d’obtenir plus de
résultats dans le même temps ou les mêmes résultats
en moins de temps, permettant ainsi à d’autres d’u-
tiliser les installations grâce au temps économisé
(consultez l’encadré à la page 70).
Le personnel de soutien du CHP est essentiel pour la
formation de la nouvelle génération de scien-
tifiques et d’ingénieurs au Canada dans l’utilisation
et l’amélioration des ressources de CHP. Les interac-
tions entre le personnel de soutien du CHP et les
étudiants diplômés et boursiers postdoctoraux pro-
cureront un champ d’action fertile à la création de
la nouvelle génération de chercheurs, fournissant
une base en CHP comme partie intégrante de leur
formation dans leur disciple. De la même manière
que les chercheurs actuels utilisent des ordinateurs
personnels pour appuyer leurs travaux, la prochaine
génération de chercheurs se fondera sur les
ressources de CHP pour améliorer ses résultats de
recherche. Les chercheurs nécessiteront une forma-
tion appropriée pour ce faire. Ce qui abouti à la
recommandation suivante :
3.2 Nous recommandons fortement que les uni-
versités élaborent des possibilités de forma-
Finacement du personnel de soutien : le Canada versus le monde
Le tableau ci-dessous illustre le niveau de finance-
ment pour le personnel de soutien de cinq installa-
tions majeures de CHP. Le National Energy Research
Scientific Computing Center (NERSC, États-Unis), le
Pittsburgh Supercomputing Center (PSC, États-Unis) et
le HPCx (Grande-Bretagne) illustrent le niveau de
financement typique pour les 50 meilleures installations
au monde. Toutes trois sont des installations nationales
accessibles au milieu général de la recherche.
Environnement Canada (Dorval) offre une perspective
canadienne sur une installation de CHP de production
incluant une base d’applications ciblées. L’installation
WestGrid (Vancouver) montre le niveau de soutien ty-
pique d’une installation financée par la FCI, où les fonds
d’exploitation sont rares. En comparaison avec des
installations de CHP de pointe comparables dans le
monde, les installations canadiennes connaissent une
importante pénurie de personnel de soutien.
Le changement important au centre se situe entre juin
2004 et novembre 2004, illustrant à quel point le monde
du CHP est compétitif et en évolution rapide.
L’installation de recherche de CHP WestGrid du Canada
est restreinte dans sa capacité à suivre cette tendance
avec son petit nombre d’employés de soutien. Le per-
sonnel travaille généralement de façon réactive, répon-
dant aux besoins au jour le jour. Cela représente une
occasion manquée : un investissement dans une infra-
structure de CHP de plusieurs millions nécessite un
investissement important dans le personnel de soutien
pour obtenir le plein potentiel des avantages de
recherche. Pour récolter un rendement maximal de l’ini-
tiative dans un environnement de calcul qui évolue rapi-
dement, le personnel de soutien doit être assez nom-
breux pour travailler de façon proactive. Pour ce faire, il
faut s’assurer de la participation du milieu de la
recherche pour les aider à exécuter les applications effi-
cacement dès que du nouveau matériel de calcul est
rendu disponible. Ce principe fondamental est reconnu
par toutes les organisations énumérées dans le tableau.
Catégorie NERSC PSC HPCx Environnement WestGrid*(É.-U.) (É.-U.) (R.-U.) Canada (Canada)
Classées parmi les 500 meilleures (juin 2004) 14 25 18 54 38Classées parmi les 500 meilleures (novembre 2004) 21 34 27 74 54Disponibilité (heures/jours) 24/7 24/7 24/7 24/7 10/5
Employés chargés des opérations 9 6 4 12 2Soutien aux systèmes 11 10 2 7 1Réseaux et sécurité 6 3 1 5 0Soutien aux utilisateurs 15 11 13 15 0Total des employés 41 30 20 39 3
* Données pour le site de l’Université de la Colombie-Britannique.
Chapitre 3
73
tion de base et avancées pour accroître les
compétences du milieu de la recherche et du
développement en matière de CHP.
La mise en application de cette recommandation se
traduira par une plus grande polyvalence des étu-
diants et chercheurs au Canada et par conséquent,
par une compétitivité accrue de nos universités et
industries à l’échelle internationale.
Financement pour le personnel de soutien du CHP
Le financement actuel pour le personnel de soutien
de CHP est très bas au Canada. Dans les deux pre-
mières séries d’appel d’offres, la FCI n’a alloué
aucun fonds pour l’exploitation des installations de
CHP qu’elle avait approuvées. Dans les deux séries
suivantes (2002 et 2004), un montant équivalant à
environ 30 % du capital alloué par la FCI a été
rendu disponible pour contribuer à l’exploitation
des installations. La plupart des provinces présen-
tent des programmes qui verseront des sommes
égales à celles allouées par la FCI mais peu ont des
programmes qui octroient des fonds d’exploitation.
La plupart des nouvelles installations de CHP ont dû
jongler avec un budget restreint. Il est malheureux
que le Canada investisse par exemple 10 millions $
en matériel de calcul pour avoir ensuite de la diffi-
culté à allouer 100 000 $ pour exploiter ses installa-
tions. Les liens entre le capital et les fonds d’ex-
ploitation doivent être plus étroits et réalistes.
En revanche, les installations majeures de CHP de
par le monde ont choisi d’investir de façon impor-
tante dans le personnel de soutien du CHP (consul-
tez l’encadré à la page 72). Leurs investissements
dans les ressources humaines se situent habituelle-
ment entre 20 % et 50 % des dépenses en capital.
Les membres du personnel sont généralement tous
situés au même endroit et travaillent sur un petit
nombre de systèmes de calcul. Ces organisations
voient l’investissement dans le personnel comme
une façon de maximiser le rendement de leurs
investissements dans le matériel.
Au Canada, on a investi plus de 250 millions $ dans
l’infrastructure de CHP. Le milieu de recherche qui
utilise ces ressources se compose de plus de 2 000
professeurs, étudiants diplômés et associés de
recherche. En 2004, le personnel affecté au soutien
des installations de CHP totalisait 43 personnes -
réparties dans plus de 30 établissements et des
douzaines d’installations informatiques. Omettre de
fournir un niveau approprié de financement de sou-
tien nuira fortement aux recherches réalisées dans
les installations de CHP du Canada aujourd’hui et à
l’avenir. Non seulement nous connaîtrons une baisse
de diffusion (et par conséquent des utilisateurs) par
rapport au CHP, mais les coûts élevés de démarrage
associés à l’utilisation des installations de CHP qui ne
comptent pas suffisamment de personnel de soutien
(comme la formation et la conversion de logiciel)
pourrait empêcher de nombreux chercheurs à
établir des activités de recherche dans ce domaine.
Le programme de soutien des analystes techniques
(PSAT) montrent ce qu’on peut accomplir grâce au
personnel de soutien (consultez l’encadré à la page
70). Les statistiques montrent que le PSAT a agi de
catalyseur dans une croissance importante du nom-
bre de chercheurs qui participent au CHP : un con-
sortium a rapporté une hausse de 40 utilisateurs à
200 utilisateurs suite aux initiatives du PSAT.
En outre, les questions qui sont présentement
traitées par le personnel de soutien existant (comme
les défaillances du matériel et des logiciels dans
l’équipement des fournisseurs) seront mises de côté
tandis qu’on priorise d’autres activités en réaction
aux coupures de personnel ou à l’augmentation de la
charge de travail. Cela aura un effet important sur
la façon d’envisager la science au Canada, tout en
amoindrissant les incidences positives que pourraient
avoir les installations de CHP nouvelles et existantes.
Nous tenons à mentionner qu’il y a présentement
une pénurie importante de personnes qualifiées
pour résoudre les problèmes liés à l’infrastructure
de CHP. Attirer et garder du personnel hautement
qualifié qui sait comment utiliser et maintenir les
installations de CHP, et par conséquent faire
avancer le CHP comme discipline, nécessitera un
appui financier stable. Ces personnes seront cru-
ciales dans le développement d’applications de
classe mondiale et pour aider les chercheurs dans la
mise en œuvre, l’analyse et la visualisation de leurs
expériences computationnelles.
Alors qu’il existe un besoin appréciable pour que de
telles personnes travaillent dans des installations
de CHP situées dans les universités, l’industrie a aussi
de plus en plus besoin d’elles. Tandis que le CHP
occupera une place encore plus importante dans le
transfert de la recherche et de la technologie, l’indus-
trie devra continuellement adopter et soutenir de
nouveaux outils et applications de CHP pour rester
compétitive à l’échelle internationale. Il faudra un
bassin de personnes compétentes et qualifiées capa-
bles de passer de la recherche à la commercialisation.
Le modèle du PSAT montre que la création d’un
groupe organisé de spécialistes du CHP sur le plan
national répartis sur l’ensemble du pays offre une
base d’expertise bien plus approfondie et efficace
que si tous les différents techniciens travaillaient
séparément. La rentabilité de ce modèle de soutien
est également attrayante. Ce modèle appuie un
rapport de chercheurs/analystes de soutien bien
supérieur à celui qui existe aux États-Unis par exem-
ple. Cependant, il faut davantage de soutien qu’il y
en a présentement. Ce qui abouti à la recommanda-
tion suivante :
3.3 Nous recommandons fortement qu’un mon-
tant équivalent à au moins 25 % des dépenses
annualisées en matériel de CHP soient
allouées annuellement au financement du
personnel de soutien du CHP (adopté lors de
l’établissement des fonds requis pour les
recommandations 2.1 et 5.1).
Alors qu’il existe un besoin
appréciable pour que de telles
personnes travaillent dans des
installations de CHP situées dans les
universités, l’industrie a aussi de plus
en plus besoin d’elles. Tandis que le
CHP occupera une place encore plus
importante dans le transfert de la
recherche et de la technologie,
l’industrie devra continuellement
adopter et soutenir de nouveaux
outils et applications de CHP
pour rester compétitive
à l’échelle internationale.
Chapitre 3
74
75
Étude de cas
Simuler la vie
Imaginez pouvoir faire l’essai de médicaments
sur ordonnance sur vos propres cellules sans
subir des effets secondaires douloureux. Et si
votre médecin pouvait prescrire de façon plus pré-
cise des médicaments qui conviennent à votre phy-
siologie sans avoir à recourir aux essais et erreurs?
Grâce à de récents progrès de recherche dans le calcul
de haute performance, les chercheurs du Canada sont
capables de simuler une cellule vivante au sein d’un
environnement informatique virtuel. Cette cellule
vivante peut être manipulée à différents degrés de
résolution moléculaire et elle peut réagir, s’adapter et
évoluer pour tirer parti de cet environnement virtuel.
La perspective de simuler la vie a d’importantes con-
séquences sur la recherche des sciences de la vie. Les
découvertes pourraient se réaliser avec davantage
de connaissances prédictives, plus rapidement et de
façon plus rentable. Les produits pharmaceutiques
et autres composés biologiques actifs pourraient
subir un triage et des essais non seulement sur leurs
effets ciblés mais également sur leurs effets se-
condaires physiologiques. Tôt ou tard, on pourrait
faire l’essai de régimes posologiques complexes et
les optimiser pour les patients à l’aide de simulations
physiologiques personnalisées. Des organismes
pourraient être génétiquement modifiés pour une
performance optimale de la biofabrication.
Les applications potentielles sont dispendieuses et
leurs répercussions profondes.
Grâce à de récents progrès de recherche dans lecalcul de haute performance, les chercheurs duCanada sont capables de simuler une cellulevivante au sein d’un environnement informatiquevirtuel. Cette cellule vivante peut être manipuléeà différents degrés de résolution moléculaire etelle peut réagir, s’adapter et évoluer pour tirerparti de cet environnement virtuel.
Pour la mise en œuvre efficace d’un modèle cellu-
laire virtuel, il faut donner l’accès à de meilleures
ressources informatiques aux équipes de recherche
d’un bout à l’autre du Canada. Présentent, les mo-
dèles cellulaires virtuels s’effectuent à 1/100ème de
l’échelle requise. Pour commencer à modéliser plus
qu’une milliseconde de vie cellulaire simulée, les
exigences de calcul sont considérables et nécessi-
tent au moins 8 téraoctets de mémoire!
Une plus grande puissance de traitement et davan-
tage de nœuds de calcul réseautés seront essentiels à
la réussite de cette recherche. La complexité des
simulations est grandissante. Les techniques de visu-
alisation de données complexes sont en voie de
devenir rapidement plus qu’un simple moyen de
communiquer les résultats. Ces outils sont devenus
indispensables à l’évaluation continue de la concep-
tion des modèles et cruciales au diagnostic et à l’éva-
luation rapides des comportements de ces modèles.
Une section en coupe d’une
simulation cellulaire
virtuelle et dynamique
représentant deux millions
de biomolécules.
« En ce moment, il existe d’importants défis àrelever dans l’exécution synchrone d’une appli-cation à couplage étroit pour les simulationsde la vie des cellules. Des pertes de haute per-formance inacceptables découlent des débitsde communication et des ressources computa-tionnelles limités. Notre recherche actuellenécessite une semaine de calculs informa-tiques pour produire 2 millisecondes de simu-lation de vie cellulaire. Le modèle repose forte-ment sur un grand nombre de processuscomputationnels à couplage étroit, exploitésen parallèle et maintenant un haut niveau decommunication étroite. Cela se réalise à uneéchelle réduite de 1/100ème en utilisant 100 %de notre puissance de calcul actuelle. De nou-velles ressources informatiques sont essen-tielles en vue d’optimiser l’efficacité et d’occa-sionner des impacts importants sur la résolu-tion réalisable par la simulation cellulaire. »
Dr Mike Ellison
Professeur de biochimie, Université de l’Alberta
Directeur général, Projet Cybercell
76
Étude de cas
Nanotechnologie : observer le mondedans un grain de sable
Imaginez des robots environnementaux qui net-toient nos décharges et dépotoirs toxiques,assainissant nos paysages. Imaginez une pièce
manquante d’ADN insérée dans vos gênes pourprévenir le cancer. Imaginez des robots miniaturescapables de travailler dans votre corps pour net-toyer votre sang. Imaginez que votre voiture nerouillera plus jamais.
Ce n’est pas de la science fiction. Il s’agit du poten-tiel de la recherche en nanotechnologie. Cettedernière représente la recherche et le développe-ment de la médecine, de la biotechnologie, de lagénomique, de la fabrication, du calcul, de la tech-nologie de l’information, des communications etautres domaines à des niveaux atomiques oumoléculaires. Il s’agit de manipuler la matière et decréer des dispositifs à l’échelle nanométrique—unmilliardième de mètre.
La capacité du calcul de haute performance est unfacteur limitatif important sur les progrès pratiquesde la nanotechnologie. À l’échelle nanométrique, lacomplexité des problèmes connaît une hausse expo-nentielle au nombre d’atomes compris. Lorsque lenombre d’atomes simulés augmente selon un facteurde dix, le nombre d’interactions dont il faut tenircompte augmente selon un facteur de 100 ou plus. Lapériode de temps durant laquelle on peut observerune interaction à l’échelle nanométrique est aussi trèsrestreinte par les limites computationnelles actuelles.
Ces questions font des remous au sein de l’industriedes semi-conducteurs. Par le passé, l’industrie fonc-tionnait en tenant pour acquis qu’il y avait une li-mite bien précise au nombre de composants pou-vant être placés sur un semi-conducteur étagé. Lananotechnologie démantèle ces absolus. La diminu-tion de la taille fait partie de l’équation; et uneaccélération de la vitesse en est l’autre partie. Nouspourrons envisager ce plein potentiel uniquement àl’aide d’une infrastructure de CHP correspondante.
La nanotechnologie exige des améliorations sansprécèdent dans les capacités de CHP pour appuyercette échelle et cette portée nouvelles de larecherche. Il y a un très grande demande pour unepuissance de calcul considérable : des capacités detraitement en téraflops ou pétaflops. Cela permet-tra aux chercheurs d’explorer des simulations quicomprennent un nombre réaliste d’atomes qui interagissent plus longtemps qu’une secondeou deux. C’est tout à fait crucial si on veut construi-re des nano-dispositifs et en bout de ligne créer desprocessus de fabrication nouveaux et améliorer, des systèmes de sécurité intérieure, des biomaté-riaux, des outils de diagnostic des maladies et desagents de dépollution environnementale, quinécessitent tous une puissance de calcul qui sur-passe les capacités de traitement téraflops etpétaflops. Les coûts de mise au point sont subs-tantiels mais les retombées encore plus-réduisanten définitive les frais tout en offrant davantage depuissance, de capacité, de flexibilité et de fiabilité.
« À long terme la nanotechnologie con-cerne aussi le calcul. C’est le seul outil à notre disposition pour combler le gouffre entre la théorie et les expériences pour des problèmes diffi-ciles qui résistent au traitement analy-tique. Ce qui, bien entendu, signifiepresque tous les problèmes… »
Dr Mark Freeman
Chaire de recherche du Canada
en physique de la matière condensée
Professeur de physique, Université de l’Alberta
La recherche effectuée à l’Institut nationale de nanotechnologie
par le groupe des appareils à l’échelle nanométrique dirigé par
Dr. Robert Wolkow fait voir la correspondance entre des orbites
moléculaires calculées (gauche), la densité de la charge totale
calculée (centre) et l'effet de « pente » des lignes moléculaires
observées par la microscopie à effet tunnel (droite). La pente
prévue par la mécanique quantique disparaît à mesure qu'aug-
mente la polarisation de l'intensité de l'imagerie, en accord avec
l'expérience. Ce phénomène illustre comment la conduction
d'un courant électrique à travers des molécules est modulée par
des charges négatives localisées, ce qui donne une connais-
sance unique de l'électronique moléculaire.
77
Étude de cas
La modélisation de maladies infectieuses chez les animaux
La fièvre aphteuse est une maladie très con-tagieuse et aux répercussions économiquesimportantes qui touche les bovins, les porcs, les
moutons et autres ruminants à onglons. De nom-breux animaux infectés se rétablissent mais la mala-die peut entraîner des pertes importantes dans laproduction de la viande et du lait. La fièvre aph-teuse se propage largement et rapidement. Ce fait,associé aux répercussions économiques et physiquessérieuses, fait de la fièvre aphteuse une des maladiesque craignent le plus les propriétaires d’élevage.
On comprend en grande partie la maladie de lafièvre aphteuse chez des populations sensibles enidentifiant les facteurs qui influencent la fréquenceà laquelle elle survient. Parmi ces facteurs se trou-vent : le virus, l’hôte, les interactions entre l’hôte etle virus, ainsi que le milieu. Cependant, chacun deces facteurs compte tellement de permutations etde combinaisons qu’il faut recourir à des ordina-teurs de haute performance en vue d’évaluer lamanière dont la maladie se propage et ainsi permet-tre la mise en œuvre de stratégies de confinement.
La modélisation n’est pas un nouvel outil enépidémiologie. Toutefois, le CHP a relevé la barre dela recherche sur la modélisation des animaux et faitmaintenant partie intégrante de la science. Il a servide catalyseur, incitant les scientifiques à poser denouvelles questions plus sophistiquées pour aider àfournir à l’industrie et au gouvernement les outilsdont ils ont besoin pour contenir la propagation desmaladies animales.
« Grâce au calcul de haute performance, leschercheurs pourront faire l’essai de modèles beau-coup plus complexes, tout en bénéficiant d’unevitesse et de capacités supérieures pour mieuxcomprendre la manière dont fonctionnent lesmodèles de propagation des maladies et en quoiils s’associent. Ces résultats jouent un rôle crucialpour aider les professionnels en santé animale àmettre sur pied des stratégies de maîtrise desépidémies. La possibilité de collaborer avec deschercheurs en santé animale du Canada et desÉtats-Unis, et de les familiariser au potentiel ducalcul par grappe, est très stimulante. »
Dr Deborah Stacey
Professeur de calcul et de science de l’information
Université de Guelph
La recherche sur la modélisation des animaux viseun avenir où l’éclosion de maladies animales peutêtre mieux gérée et contenue et où les décideurspeuvent prendre des décisions plus éclairées quantà la mise en application de stratégies de vaccinationpour minimiser la propagation des maladies. Il nes’agit pas de savoir si une éclosion surviendra maisplutôt quand. La recherche sur la modélisation ani-male peut offrir aux scientifiques et gouvernementsles outils dont ils ont besoin pour réagir rapidementet de façon appropriée, en limitant les dommagesphysiques et économiques. Il s’agit aussi d’un outilessentiel pour l’établissement de politiques rela-tives à l’agriculture et à la santé publique, de mêmeque pour l’analyse et la planification de stratégiespour surveiller et combattre le bioterrorisme. LeCHP est essentiel pour réaliser ces études etaccroître notre capacité à minimiser et contenir leséclosions qui pourraient avoir un impact dévasta-teur sur l’économie canadienne.
Le processus de simulation pour la modélisation des maladies
animales. De l’utilisateur qui se sert de l’ordinateur de bureau
aux algorithmes exécutés sur les grappes informatiques de CHP.
Les permutations de la modélisation représentent une équation
complexe et nécessitent une puissance de calcul considérable.
78
Étude de cas
La simulation qui offre une stimulation aux cardiaques
Le calcul de haute performance permet aux
ingénieurs biomédicaux de réduire les coûts et
le temps associés à la conception de nouveaux
dispositifs d’importance vitale, tels les défibrillateurs
internes.
On élabore des modèles informatiques complexes
du cœur pour établir une étape initiale d’essai des
nouvelles idées et innovations médicales permettant
d’économiser temps et argent. Le milieu médical
possède des modèles heuristiques de fonction-
nement. Les modèles informatiques sont plus
rigoureux. Les expériences de simulation permet-
tent aux chercheurs de vérifier leur hypothèse de
façon quantitative. Si les idées sont logiques dans les
modèles informatiques, c’est une bonne raison de
passer aux expériences médicales.
Il faut une journée pour exécuter une simulation
standard du cœur sur des ordinateurs de haute per-
formance. Le même essai pourrait prendre un an ou
plus à réaliser sur un ordinateur de bureau.
Néanmoins, il est loin d’être certain qu’un tel ordi-
nateur pourrait composer avec la programmation
informatique complexe qu’exigent les modèles car-
diaques. Ces derniers sont très complexes. Ils sont
construits à partir de la sous-cellule jusqu’à l’ensem-
ble. Pour ce faire, il faut créer des millions de cel-
lules « virtuelles », les rassembler pour créer des tis-
sus puis chevaucher les tissus pour former des par-
ties du cœur ou un cœur complet. Cette capacité
d’effectuer des simulations du cœur à l’aide du CHP
permettra des simulations puissantes pour amélio-
rer les défibrillateurs internes. Un défibrillateur
interne est un petit appareil implanté sous la peau
et contenant un microprocesseur sophistiqué et une
pile. Des électrodes à petits fils vont du défibrilla-
teur au cœur. L’appareil surveille continuellement le
rythme du cœur de façon à fournir un choc élec-
trique puissant pour que le cœur recommence à
pomper advenant un épisode de mort cardiaque
soudaine chez un cardiaque.
C’est un pas important dans le soin et la surveillance
des cardiaques. Ces appareils sauveront véritablement
la vie des patients. Par conséquent, le calcul de haute
performance joue un rôle essentiel dans la recherche
cardiaque qui vise à sauver la vie des Canadiens.
« Nous avons une hypothèse de base, qui repose sur la dynamique de la fibrillation sur la manièred’améliorer l’alimentation de l’appareil. Il s’agirad’une amélioration importante en ce qui touche lasûreté des appareils et la santé globale du cœur descardiaques. Les simulations qui nous ont permis d’enarriver à cette hypothèse auraient été impossiblessans les ressources du calcul de haute performance. »
Dr Josh Leon
Directeur du département de génie électrique
et informatique
Université de Calgary
Un modèle de cœur virtuel contenant des millions de « cel-
lules virtuelles ». Les chercheurs peuvent étudier le cœur
virtuel à l’aide d’une cave 3D tel qu’illustré. Cela permet
d’examiner le cœur tout en observant ses cellules de surface
jusqu’à tous les niveaux cellulaires et tissulaires lorsqu’on
surveille l’activité cardiaque.
Chapitre 4 : IMPACT Canada :Un organisme national pour le CHP
La coordination efficace des personnes et des
ressources est la pierre angulaire du succès de la
communauté de CHP au Canada. Les consor-
tiums universitaires de CHP actuels procurent un mo-
dèle très efficace de coordination et de partage
régionaux. L’association C3.ca a offert un forum essen-
tiel pour l’organisation et l’élaboration d’une
stratégie nationale sur le CHP, mais n’est pas faite pour
offrir le leadership nécessaire. Alors que le CHP prend
plus d’importance et que les systèmes sont de plus en
plus disponibles sur nos réseaux haute vitesse
nationaux et provinciaux, l’importance d’une coordi-
nation nationale occupe une place centrale8. Ce
niveau de coordination et de partage du personnel et
de l’infrastructure informatique est probablement
unique au Canada à l’heure actuelle – grâce surtout à
la FCI. Le Canada tirera davantage profit d’une plus
grande coordination de ses investissements nationaux
dans le CHP que s’ils sont gérés séparément. Le
Canada deviendra aussi beaucoup plus compétitif en
vertu de ce modèle et paradigme qu’adopte par
exemple l’Union européenne9, et pourrait occuper
une place de leader en innovant dans le développe-
ment et la coordination d’une infrastructure nationale
de recherche de CHP répartie géographiquement.
Pour assurer cette direction et coordination nationales
essentielles, nous proposons l’établissement immédiat
d’un nouvel organisme : IMPACT Canada.
4.1 Nous recommandons fortement l’établisse-
ment d’un organisme, IMPACT Canada, qui
sera chargé du leadership, de la coordination
et de la surveillance du CHP au Canada.
Le mandat principal de cet organisme sera d’offrir
une direction et une coordination nationales par le
biais d’activités telles que : (a) défendre les intérêts
relatifs au financement, particulièrement au
fédéral, (b) représenter les communautés cana-
diennes de CHP à l’échelle nationale et interna-
tionale, (c) définir les services, la fonctionnalité, les
faisabilités et capacités requis en matière de CHP, (d)
assurer la coordination et l’interopérabilité parmi
les principaux fournisseurs de ressources, (e) coor-
donner et faciliter la formation et l’éducation perti-
nentes à la recherche et aux utilisateurs de CHP au
Canada, (f) mener des activités de sensibilisation du
public et de publicité au nom des communautés de
CHP et (e) la conférence annuelle sur le CHP. Selon le
point de vue développé dans les autres parties de ce
rapport, cela se traduira par les priorités suivantes :
• élaborer des stratégies visant à rehausser le
CHP dans l’éducation et la recherche pour les
sciences de la santé, de l’environnement,
appliquées, physiques, de la vie et humaines
telles qu’identifiées dans la recommandation
3.2 en sensibilisant l’ensemble des secteurs
privé et public sur les ressources de CHP;
• contribuer à l’élaboration de l’expertise iden-
tifiée dans la recommandation 1.2, notam-
ment en collaborant avec des établissements
postsecondaires pour créer un bassin impor-
tant de personnel qualifié et favoriser la
recherche axée sur les calculs au Canada;
• recommander l’allocation et la distribution
des ressources nécessaires pour maximiser la
compétitivité des recherches canadiennes qui
se fondent sur le CHP;
• évaluer les futurs besoins de développement
pour s’assurer que les investissements du
Canada en matière de CHP restent compéti-
tifs pour l’avenir;
• faciliter la sélection et l’exploitation de l’ins-
tallation à échelle téra du Canada;
• rehausser l’interface entre l’industrie et les
ressources de CHP et établir les relations entre
Chapitre 4
79
8 Déjà le programme de soutien aux infrastructures derecherche de l’Union européenne a lancé HPC-Europa, uneinitiative qui appuie les scientifiques européens en intégrantles réseaux, les recherches conjointes et l’accès commanditéà six infrastructures importantes de CHP (CEPBA, CINECA,EPCC, HLRS, IDRIS et SARA). [REF 25]
9 Le 6ème programme-cadre de l’Union européenne, d’une valeurde 16,27 milliards € (FP6) (2002-2006), conçu pour concur-rencer les efforts de recherche déployés par les États-Unis et leJapon, a un budget de 3,6 milliards € pour appuyer sonthème de « Technologies de la société de l’information (IST) ».Une des priorités stratégiques de ce thème est de fournir unecapacité et des intergiciels de calcul distribué pour la résolu-tion de problèmes complexes et pour appuyer les occasionscollaboratives de recherche et développement en Europe. Lecadre comprend aussi un autre 655 millions € pour l’élabora-tion d’un tissu de grilles paneuropéen de réseaux de commu-nications et de calcul haute vitesse. [REF 26]
l’industrie et les chercheurs et les possibilités
de recherche;
• offrir une grande obligation de rendre
compte sur les dépenses liées au CHP.
Dans ce contexte, IMPACT Canada favorisera
l’Innovation, facilitera le Management de res-
sources informatiques de pointe, permettra aux
Personnes d’atteindre leur plein potentiel de
recherche, contribuera au développement d’Appli-
cations informatiques qui mèneront à des percées
scientifiques, favorisera le déplacement des idées et
l’interaction par le biais de vastes stratégies de
Communications, et supervisera et coordonnera
l’acquisition et l’exploitation de technologies habi-
litantes. IMPACT Canada regroupera ainsi les élé-
ments essentiels d’un monde numérique haute-
ment compétitif et branché qui dominera le 21ème
siècle au Canada. Les sections suivantes tracent les
grandes lignes de stratégies et fonctions spécifiques
que doit entreprendre IMPACT Canada pour accom-
plir chaque aspect majeur de son mandat et
apporter des recommandations complémentaires
relativement à ces activités.
Élaborer des stratégies visant àrehausser le CHP dans l’éducation et la recherche pour les sciences de la santé, de l’environnement,appliquées, physiques, de la vie ethumaines telles qu’identifiées dans larecommandation 3.2 en sensibilisant
l’ensemble des secteurs privé et publicsur les ressources de CHP.
IMPACT Canada appuiera des efforts coordonnés
de recherche parmi les disciplines. Dans ce rôle, l’or-
ganisme œuvrera à l’établissement et au renforce-
ment des relations entre les initiatives scientifiques
nationales, ainsi que leurs expériences, qui voient le
jour au sein des consortiums de CHP au Canada. À
titre d’exemple, le projet de superordinateur scien-
tifique canadien interréseau (SSCI) [REF 23] rassem-
ble des ordinateurs sur le plan national pour répon-
dre à des besoins ciblés. IMPACT Canada fournira
également de l’information aux chercheurs sur la
manière d’utiliser les ressources de CHP et comment
y accéder par le biais de son site.
IMPACT Canada assurera aussi une sensibilisation
technologique, de la formation et de l’éducation
pour les chercheurs et le personnel, aidera les écoles
dans l’élaboration de programme. IMPACT Canada
collaborera avec d’autres organisations et tous les
ordres de gouvernement pour favoriser les pro-
grammes de perfectionnement professionnel à l’in-
tention des professeurs, du préscolaire à l’école se-
condaire, afin de les aider à mieux enseigner la
manière dont la science computationnelle modélise
et résout des problèmes du monde réel. Ces pro-
grammes initieront les enseignants à la modélisa-
tion et à la simulation informatiques, en plus d’ac-
croître leurs connaissances sur l’utilisation de la
technologie de l’information dans leurs classes. Les
enseignants pourront ensuite utiliser leurs nouvelles
compétences pour inspirer leurs élèves à trouver les
mathématiques et la résolution de problèmes sti-
mulantes dans les matières principales de leur pro-
gramme. De plus, les enseignants pourront tirer
profit des problèmes d’intérêt local ou régional
pour susciter l’intérêt de leurs élèves. Cet objectif
sera un complément à l’initiative de CREAS (Centres
de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage
des sciences) du Conseil de recherches en sciences
naturelles et en génie du Canada. La réussite de cet
objectif clé est vitale pour la santé économique à
long terme du Canada.
IMPACT Canada œuvrera aussi à l’élaboration d’un
réseau de partenaires des secteurs de l’industrie et
du public intéressés à participer aux initiatives de
CHP et à optimiser les ressources du Canada en
matière de CHP. IMPACT Canada, par le biais de ses
propres initiatives et en collaboration avec d’autres
organisations, élaborera des programmes de sensi-
bilisation pour compléter les programmes officiels
d’éducation et de formation au sein des écoles et
universités canadiennes. Par exemple, on pourrait
promouvoir les avantages potentiels des outils de
visualisation et de collaboration, comme Access
Grid (une série de protocoles pour la collaboration
avancée), à l’intention du personnel scolaire et des
petites et moyennes entreprises (PME) du Canada,
de concert avec le Conseil national de recherches du
Canada. En outre, IMPACT Canada collaborera avec
les médias pour s’assurer que la population canadi-
Chapitre 4
80
enne est bien au fait des nouvelles technologies.
Contribuer à l’élaboration de l’expertiseidentifiée dans la recommandation 1.2,notamment en collaborant avec desétablissements postsecondaires pourcréer un bassin important de personnelqualifié et favoriser la recherche axée surles calculs au Canada.
Sans un bassin important de personnel qualifié, le
Canada sera incapable d’utiliser, élaborer et
soutenir efficacement des activités de CHP d’enver-
gure internationale. Par conséquent, nous appuy-
ons vigoureusement les mesures suivantes en ce qui
touche à l’éducation, la sensibilisation et la forma-
tion : (i) que les universités, les consortiums et
IMPACT Canada travaillent de concert pour mettre
sur pied et offrir des programmes d’éducation, de
sensibilisation et de formation qui contribueront à
l’exploitation efficace de toutes les installations de
CHP; (ii) qu’IMPACT Canada encourage et contribue
à l’élaboration de programmes d’apprentissage en
vue d’offrir aux étudiants de valeur l’occasion d’ac-
quérir une expérience pratique des applications et
opérations de CHP, avec comme vision de former la
prochaine génération de chercheurs et de person-
nel de soutien en CHP; (iii) qu’Access Grid, ou toute
technologie similaire, serve de moyen pour favori-
ser activement les visées d’IMPACT Canada quant à
la collaboration et l’éducation; et (iv) qu’IMPACT
Canada entreprenne des programmes de sensibili-
sation avec les universités pour promouvoir la com-
préhension du rôle que joue la recherche axée sur
le calcul à tous les niveaux de scolarité.
IMPACT Canada jouera un rôle de premier plan dans
l’éducation, la sensibilisation et la formation. Il tra-
vaillera étroitement avec les universités, les hôpitaux,
les collèges et les consortiums afin d’offrir aux jeunes
canadiens, par le biais d’Internet, une présentation
initiale des sciences computationnelles. Il est large-
ment reconnu qu’il s’agit d’un élément vital dans l’é-
ducation des sciences en général, et la diffusion d’un
tel contenu est très bien financée aux États-Unis.
IMPACT Canada élaborera des programmes de sensi-
bilisation innovateurs pour renforcer la prise de cons-
cience de la prochaine génération de jeunes
chercheurs sur le rôle central que peut jouer le calcul
à la fois dans l’apprentissage et la recherche.
IMPACT sera l’instrument principal du Canada pour
faciliter le développement des ressources humaines
dans toutes les facettes du CHP par le biais de l’édu-
cation, la formation et la sensibilisation. Tel que
mentionné précédemment, une cohorte solide de
chercheurs de CHP compétents existe au sein des
universités canadiennes, dont plusieurs sont titu-
laires d’une chaire de recherche du Canada et sont
des chefs de fil mondiaux dans un large éventail de
domaines. Nos chercheurs de pointe attirent d’ex-
cellents étudiants et forment des diplômés qui
seront à leur tour les leaders de demain. Malgré les
avantages tangibles découlant du financement et
de l’infrastructure par le biais des conseils subven-
tionnaires et de nouvelles initiatives comme la FCI
et du Programme des chaires de recherche du
Canada, le statu quo ne permettra pas au Canada
de conserver son rang parmi les grandes nations du
monde. À vrai dire, pour se classer parmi les pays les
plus innovateurs, nous devrons en faire bien davan-
tage pour préparer les Canadiens à vivre et à cal-
culer dans un monde numérique bien branché.
Au sein des universités canadiennes, il y a un besoin
pressant de créer des programmes en sciences et
génie computationnels (SGC). Alors que des univer-
sités bien établies offrent de solides programmes
dans des disciplines fondamentales telles que les
sciences et le génie depuis plusieurs décennies,
l’élaboration de programmes en informatique est
relativement nouvelle. Malgré le potentiel grandis-
sant du Canada en matière de science informatique,
il est urgent d’élaborer des programmes en SGC qui
permettront de combler l’écart avec les programmes
de sciences conventionnels. Ces derniers ont ten-
dance à être très spécifiques tandis que les pro-
grammes en informatique ne s’orientent générale-
ment pas sur l’application de méthodes computa-
tionnelles pour résoudre des problèmes.
IMPACT Canada collaborera avec les universités cana-
diennes et d’autres organisations pour favoriser
l’élaboration de programmes en SGC pour les étu-
diants de premier cycle et de cycles supérieurs. Ces
programmes sont fondamentalement interdisci-
Chapitre 4
81
plinaires et ils exigent des diplômés qu’ils dévelop-
pent une expertise dans une technologie de calcul de
pointe et dans une ou plusieurs disciplines. Au pre-
mier cycle, ces programmes comprennent un tronc
commun sur des aspects choisis de la technologie de
calcul, du calcul numérique et de l’utilisation pratique
d’architectures informatiques avancées. En plus de
respecter les exigences du tronc commun, les étudiants
peuvent choisir un volet qui les mènera à l’obtention
d’un baccalauréat en sciences computationnelles, avec
spécialisation dans une variété de disciplines comme
les mathématiques appliquées, les sciences de l’atmo-
sphère, la biologie, la biophysique, la chimie, la géo-
physique, les sciences des matériaux, etc. Les titulaires
d’un baccalauréat ès sciences en SGC constituent un
bassin important de compétences pour les programmes
de maîtrise et de doctorat ès sciences dans tous les
domaines scientifiques et technologiques modernes.
IMPACT Canada collaborera aussi avec les universités
et industries canadiennes pour faciliter la participa-
tion des étudiants à l’enseignement coopératif
(CO-OP) et autres programmes de stages qui offrent
une bonne formation pour les carrières dans les
domaines computationnels avancés. En outre, pour
favoriser la compétitivité à l’interne et pour sensibili-
ser les Canadiens aux meilleures pratiques interna-
tionales, IMPACT Canada travaillera de concert avec
les universités pour mettre à contribution les pro-
grammes d’échange à l’étranger.
Une exigence correspondante pour les équipes de
scientifiques et de mathématiciens computationnels
est qu’ils doivent être capables de concevoir, de modi-
fier et d’optimiser les applications pour les futurs sys-
tèmes. Idéalement, ces équipes devraient se compo-
ser de scientifiques informatiques chargés de
l’analyse et du dépouillement des exigences relatives
aux applications scientifiques ainsi que de l’élabora-
tion d’environnements logiciels appropriés pour per-
mettre aux scientifiques d’obtenir la performance et
les capacités optimales du matériel. Avec IMPACT
Canada qui coordonne une telle approche, nous
sommes optimistes quant à l’augmentation de l’ex-
tensibilité des codes existants pour un grand nombre
de processeurs et, tout aussi important, quant au
pourcentage de performance supérieure obtenu.
Il nous faut également développer l’expertise dans la
conception d’outils logiciels de CHP. Les compétences
du Canada en matière de recherche axée sur le calcul
et d’exploitation du CHP sont reconnues. Ces compé-
tences ne s’accompagnent pas de technologies de
CHP aussi solides (par ex. les outils d’exploration
de données, le méta-calcul, les outils d’évaluation de
la performance, la visualisation avancée et la paral-
lélisation automatique). Il est important de rétablir
l’équilibre en développant cette expertise, puisque
ces compétences et technologies sont essentielles si
nous souhaitons tirer pleinement profit des
investissements physiques et humains que nous effec-
tuons dans l’infrastructure informatique.
Coordonner et normaliser la mise enœuvre et l’utilisation des ressourcesde CHP en matière d’infrastructure etde personnel dans l’ensemble du pays
Tandis que l’accès au CHP et la demande aug-
mentent dans tous les domaines et au sein de l’in-
dustrie 10, IMPACT Canada dirigera et coordonnera
l’adoption de normes communes pour le matériel,
les logiciels, les données et les communications – un
aspect essentiel pour assurer l’utilisation efficace à
long terme des ressources de CHP. IMPACT Canada
coordonnera aussi des initiatives qui permettent un
accès transparent aux ressources de CHP réparties
géographiquement : processeurs, stockage, capa-
cités de visualisation et installations de collabora-
tion. Cela nécessitera la coordination attentive des
fournisseurs de ressources ainsi que la réalisation
d’activités de planification stratégiques pour éla-
borer des normes sur les technologies et la forma-
tion. IMPACT Canada pourra offrir conseils et assis-
tance spécialisée aux centres de CHP d’un bout à
l’autre du pays, et relèvera activement les défis
posés par le transfert de technologie.
Chapitre 4
82
10 Un nouveau rapport du CDI suggère que le calcul distribué(CHP) est sur le point de connaître une croissance majeure,tandis que les utilisateurs cherchent à optimiser leurs capa-cités d’utilisation des ressources. On prévoit que « lesrecettes surpasseront 12 milliards $ d’ici 2007 dans l’en-semble des marchés techniques et des entreprises commer-ciales de calcul de haute performance (CHP) ». [REF 27]
Un calcul distribué réussi se doit non seulement de
franchir les obstacles technologiques inévitables
mais surmontables, il se doit aussi, de façon plus
cruciale, de favoriser une culture organisationnelle
de CHP hautement coordonnée et efficace dans
l’ensemble du Canada. Le Programme de soutien
des analystes techniques (PSAT), fondé par le
CRSNG, procure un cadre de travail clé innovateur
qui permet aux différents fournisseurs de
ressources de collaborer dans le cadre d’initiatives
complexes. Nous proposons qu’IMPACT Canada
remplace le PSAT dans la coordination du personnel
réparti de par le pays auprès de différents four-
nisseurs de ressources. Étant donné la grande
envergure des activités de CHP, IMPACT Canada
devra favoriser un grand esprit d’équipe et d’objec-
tif commun. IMPACT Canada sera également chargé
d’interagir avec les fournisseurs de réseaux à
l’échelle nationale et régionale, de même que de la
formation et du perfectionnement professionnel
du personnel de soutien. Cette dernière tâche est
cruciale pour développer, attirer et garder du PHQ
au sein des industries technologiques.
Afin de bien remplir le mandat d’IMPACT Canada, il
faudra un personnel spécialisé à plein temps, y com-
pris un directeur, un directeur technique, des coor-
donnateurs de l’extension des services et des
experts techniques. Cette équipe de soutien de
qualité servira de ressource nationale à l’appui des
initiatives nationales et des collaborations à grande
échelle. L’émergence d’outils de collaboration de
pointe, tels que Access Grid, permettra aux
chercheurs et à l’équipe de soutien d’interagir et de
partager des applications à l’aide de « la voie et
l’image sur IP », une capacité qui rend cette initia-
tive pancanadienne à la fois stimulante et réaliste.
Habiliter et assurer que le Canadajoue un rôle de premier plan dans les initiatives computationnelles internationales
CANARIE a fait un excellent travail pour renforcer la
position internationale du Canada en matière de
réseaux de pointe. En réalité, on nous perçoit
comme un chef de file dans de telles activités. Nous
suggérons qu’IMPACT Canada joue un rôle sem-
blable dans le cadre d’importantes initiatives com-
putationnelles de pointe tel PRAGMA (Pacific Rim
Applications and Grid Middleware Assembly). Cela
favorisera l’accès à des ressources intellectuelles et
techniques d’autres pays tout en facilitant significa-
tivement la recherche internationale.
Recommander l’allocation et la distribution des ressources nécessairespour maximiser la compétitivité desrecherches canadiennes qui se fondent sur le CHP
Une condition clé de ce plan est que l’utilisation effi-
cace des ressources de CHP maximise le rendement
scientifique. Il faut élaborer une stratégie qui iden-
tifie les applications scientifiques et les lie à l’archi-
tecture informatique appropriée, pavant ainsi une
voie durable vers de hauts niveaux de performance
informatique. Le rôle de l’organisation à ce sujet
sera de conseiller les organismes de financement sur
les questions, les tendances, les exigences tech-
niques et les priorités en ce qui touche au CHP.
IMPACT Canada sera tenu de rendre compte aux
organismes de financement et aux consortiums de
CHP pour les décisions prises. De plus, une exigence
claire des organismes de financement est de mesurer
adéquatement les résultats et valeurs scientifiques
sollicités par les investissements proposés en matière
de CHP. Alors que les titulaires de subvention indi-
viduelle et les consortiums fournissent ce type d’in-
formation, cela est fait de façon fragmentaire et con-
tribue peu à une représentation nationale de l’évo-
lution des exigences de CHP. Il n’y a pas non plus
actuellement d’efforts coordonnés déployés pour
évaluer la situation du Canada quant aux investisse-
ments et à la production de CHP à l’échelle interna-
tionale. Par conséquent, IMPACT Canada examinera
et signalera les activités et investissements de CHP
d’un point de vue national. Une telle représentation
serait très précieuse pour les organismes nationaux
et provinciaux, ainsi que pour le milieu de la
recherche pour les futures prises de décisions et pour
prévoir les besoins et les tendances.
Chapitre 4
83
Évaluer les futurs besoins dedéveloppement pour s’assurer que lesinvestissements du Canada en matièrede CHP restent compétitifs pour l’avenir
IMPACT Canada entreprendra une « veille tech-
nologique ». Les changements rapides qui ont cours
dans la technologie de CHP nécessitent l’évaluation
constante de la technologie durant son évolution et
son adoption internationale. D’un point de vue
idéal, IMPACT Canada jouera un rôle de premier
plan dans ces efforts, assurant la sensibilisation de
la communauté du CHP et prévenant la duplication
des efforts et des investissements. Les activités de
veille technologique comprennent la collecte et la
diffusion de l’information technique, la coordina-
tion de présentations de fournisseurs, l’évaluation
des performances et des conseils sur les architec-
tures logicielles appropriées à l’intention des utili-
sateurs. Ces activités appuieront également des
efforts de diffusion et feront la promotion de la
sensibilisation du public.
Faciliter la sélection et l’exploitation del’installation à échelle téra du Canada
IMPACT Canada mettra sur pied un comité scien-
tifique qui recommandera l’emplacement, la
composition et l’utilisation d’une installation à
échelle téra. En consultation avec des partenaires
tels que les consortiums et les organismes de
financement, IMPACT Canada supervisera toutes les
facettes de ce processus, tout en fournissant le sou-
tien en matière de leadership, de gestion et de for-
mation requis pour s’assurer que les chercheurs
choisissent et exploitent les ressources les mieux
adaptées à leur recherche. L’une des tâches les plus
importantes d’IMPACT Canada sera en conséquence
d’encadrer l’accès à cette installation nationale
unique de calcul de faisabilité. Ainsi, IMPACT
Canada aura besoin d’un personnel à plein temps
spécialisé pour cette installation – qui se fondera
possiblement sur le modèle du PARI (Programme
d’aide à la recherche industrielle) du CNRC. Ce per-
sonnel aidera les utilisateurs à déplacer leurs appli-
cations depuis des installations de milieu de gamme
et leur permettra de réaliser le plein potentiel
scientifique de l’anneau central de CHP. Compte
tenu de la stratégie globale du CHP, le calcul à
échelle téra représente un élément considéré
comme essentiel par les pays qui nous font concur-
rence et qui manque visiblement au Canada.
Rehausser l’interface entre l’industrie et les ressources de CHP et établir les relations entre l’industrie et leschercheurs et les possibilités de recherche
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont
reconnues comme le moteur de notre économie.
Contrairement à de nombreuses grandes sociétés,
ces entreprises n’ont généralement pas accès aux
ressources de CHP et ne peuvent donc pas tirer
profit des innovations de recherche du CHP. Ainsi,
nous recommandons avec insistance que le
Programme d’aide à la recherche industrielle
(PARI)-Conseil national de recherches du Canada
(CNRC) et IMPACT Canada établissent des méca-
nismes visant à faciliter l’accès au CHP, au personnel
hautement qualifié et aux résultats et à
l’équipement de recherche de pointe aux PME du
Canada. Cela comprend réunir les PME avec les
chercheurs et les possibilités de recherche.
Le Canada pourrait être à la fine pointe de l’éco-
nomie du 21ème siècle : Nous avons une stratégie de
CHP pour faire du Canada le pays qui réalise le plus
pleinement le potentiel du CHP. Les frais d’éta-
blissement au sein de nos universités et hôpitaux
ont pavé la voie à de nouveaux gains économiques
stimulants pour le Canada. Neurochem Inc., une
entreprise de biotechnologie de Montréal en est un
parfait exemple puisqu’elle a été formée à la suite
de recherches effectuées à l’Université Queen’s. La
société est inscrite en bourse (TSX : NRM) et sa ca-
pitalisation boursière représente plus de 1 milliard $
Les entreprises en démarrage et celles qui sont plus
établies, qu’elles participent ou non à des activités
de recherche et développement à l’appui de la
fabrication, de la biotechnologie, des sciences de
la vie, des communications, des finances, du com-
merce économique et autres, nécessiteront l’accès
au CHP pour demeurer compétitives et continuer
de croître. En fait, elles devront « se brancher sur »
la capacité de CHP du Canada si on réalise les
Chapitre 4
84
retombées de productivité en R.-et D. de 47 %
grâce à l’utilisation de la technologie de grille
(comme le suggère le rapport de 2002 sur le calcul
distribué mondial, une évaluation de la technologie
et du marché intitulé The Global Grid Computing
Report 2002 - Technology and Market Assessment
[REF 28]) En comblant ce retard sur l’accès, IMPACT
Canada catalysera la capacité des PME à trans-
former des possibilités de recherche et les capacités
de CHP en avantages sociaux et économiques pour
les Canadiens.
Obligation de rendre compte sur les dépenses liées au CHP
Étant donné l’important mandat d’IMPACT Canada
et l’investissement nécessaire pour exploiter l’or-
ganisme, nous recommandons la révision régulière
de ses opérations et de son rôle dans le cadre d’un
examen complet des investissements canadiens en
matière de CHP. Cela permettra d’évaluer son succès
de même que tous les besoins et priorités de
financement pour l’avenir. Cela permettra égale-
ment d’assurer l’élaboration et la mise en œuvre
d’une feuille de route logique qui suit l’évolution
des changements rapides que connaît le milieu de
la technologie, au sein duquel se trouve le CHP.
Nous recommandons la réévaluation d’IMPACT
Canada tous les cinq ans dans le cadre d’un examen
national sur la compétitivité internationale du
Canada relativement aux recherches axées sur le
CHP. Cet examen intégrera comme il convient les
indicateurs de performance suivants : l’excellence
académique (publications revues par un comité de
lecture, prix nationaux et internationaux, recrute-
ment et maintien du corps professoral); la produc-
tion d’un personnel hautement qualifié (étudi-
ants diplômés, boursiers postdoctoraux, techniciens
et associés de recherche); les répercussions scien-
tifiques; à savoir les répercussions sociétales
et économiques (de meilleurs résultats sur la
santé, une infrastructure publique améliorée, des
brevets, des essaimages, des collaborations et parte-
nariats industriels, le transfert de technologie).
Résumé
IMPACT Canada coordonnera les installations de
CHP et permettra une sensibilisation et une éduca-
tion technologiques. Il élaborera des stratégies
visant à rehausser et à mettre en application le CHP
en éducation et en recherche dans les sciences de la
santé, environnementales, appliquées, physiques,
de la vie et humaines, en vue de coordonner des
ressources existantes de par le pays et d’allouer de
nouvelles ressources de façon à maximiser la com-
pétitivité de la recherche au Canada. Il bénéficiera
d’un personnel suffisant pour aider à l’élaboration
des programmes, à la formation, à la coordination
de colloques et pour fournir conseils et assistance
spécialisée aux centres de CHP de l’ensemble du
pays. L’organisation sera également toujours prête
à conseiller les organismes de financement de la
recherche canadienne relativement aux questions
de CHP et à rendre des comptes concernant les
activités nationales de CHP.
Chapitre 4
85
86
Étude de cas
Fouiller la mémoire et redresser les esprits
Les traitements cérébraux ont toujours fait partied’une pratique médicale fragile et complexe.Poser des diagnostics sur les anomalies et troubles
du cerveau s’est avéré une procédure douloureusepour le patient et le médecin. Les risques associés àtout examen crânien sont considérables.
Jusqu’à présent, il était pratiquement impossible d’ob-server l’intérieur du crâne sans recourir à des technolo-gies d’imagerie hasardeuses et non invasives. De nosjours, nous pouvons le faire à l’aide de nouveaux outilset techniques. Ce n’est pas trop tôt. En raison d’unepopulation vieillissante et de plus en plus sujette à destroubles cérébraux dégénératifs et des maladiespsychiatriques, ces approches sont terriblement néces-saires. Santé Canada a estimé le fardeau économiquecausé par les maladies mentales à plus de 14 milliards $par année, bien qu’une estimation plus réaliste pourraittotaliser plus de 35 milliards $.
Le Canada peut être le leader mondial de la recherchesur l’imagerie cérébrale. Nous possédons de grandsantécédents en matière de recherche sur le cerveau,alors que les progrès actuels en neurologie, en psy-chologie et dans des domaines connexes sont stupé-fiants. Mais le calcul de haute performance est crucialpour sécuriser la place occupée par le Canada. La puis-sance des outils computationnels, qui a été essentielleau triomphe du projet de génome humain, se rap-porte maintenant à la recherche sur le cerveau et il esttemps pour le Canada d’agir. Il est aussi important dese rappeler que chaque étape d’une scintigraphiecérébrale repose sur un calcul rapide et efficace quiproduit des images tridimensionnelles qui peuventensuite être exploitées.
Les conséquences pour les programmes de santé duCanada sont considérables. Une scintigraphiecérébrale est utile, particulièrement s’il s’agit devotre propre cerveau qui a un comportement inac-ceptable, mais il faudra peut-être effectuer des mil-liers de scintigraphies cérébrales pour déterminer lebon traitement. Lorsqu’elles sont bien archivées, lesscintigraphies cérébrales deviennent une mine derenseignements que les docteurs et chercheurs peu-vent consulter en vue d’analyser et comprendre lesfonctions et maladies cérébrales. Les scientifiquesdoivent développer des moteurs de recherche, dessystèmes experts et des outils d’analyse des imagestrès sophistiqués pour permettre aux chercheursd’utiliser au moins ces données brutes. Il sera ainsipossible d’offrir de meilleurs diagnostics aux patientssans recourir à des procédures hasardeuses et inva-sives, réduisant le risque de complications neuronaleset la possibilité d’infections crâniennes. Des outilsd’imagerie cérébrale permettront également d’ef-fectuer de nouvelles analyses aux répercussions exci-tantes pour les patients qui, par exemple, sont sur lepoint de subir une chirurgie visant à remplacer dutissu cérébral et rétablir des capacités perdues.
La recherche sur le cerveau au Canada fait de plus enplus appel à de grandes bases de données d’imageriecérébrale qui sont souvent construites à partir desites de recherche de par le monde, en vue de com-prendre les maladies et les traitements relatifs aucerveau. Ces stratégies servent également à l’évalua-tion de nouveaux produits pharmaceutiques pourtraiter les troubles cérébraux, nécessitant des capa-cités computationnelles et de largeur de bande deréseau phénoménales. Par conséquent, un appuicontinu envers l’infrastructure du calcul de hauteperformance est impératif pour permettre ces per-cées remarquables dans la recherche. Les répercus-sions sociétales justifient à elles seules l’octroi descapacités de calcul requises pour des efforts médi-caux si exceptionnels.
« Grâce à des ressources de CHP compétitives, leCanada pourra concurrencer, et possiblement diriger,l’application de la technologie de l’information dans larecherche sur le cerveau. On ne peut calculer les avan-tages tirés d’une telle force de recherche en ce quitouche au traitement des maladies cérébrales. En rai-son d’une population vieillissante qui est de plus enplus sujette aux troubles cérébraux dégénératifs et auxmaladies psychiatriques, il est essentiel que nous ayonsaccès à la recherche de pointe en neurosciences pourdévelopper des thérapeutiques efficaces. »
Dr Alan EvansCoordonnateur, McConnell Brain Imaging CentreInstitut neurologique de Montréal et professeur deneurologie et de neurochirurgieUniversité McGill
Trois différents types d’imagespar résonance magnétiquedu même cerveau (en gris)illustrant des lésions de lasclérose en plaques (SEP).Elles sont identifiées (enrouge sur le 4ème échantillon)à l’aide du traitementautomatique des images envue d’identifier les différentstissus normaux et les lésionsde SEP (en rouge).
Rassemblant des donnéesprovenant de centaines decas de SEP, nous avons crééune « carte » tridimension-nelle de la répartition deslésions de SEP. La carte des lésions (désormais envert) entoure le fluide au cen-tre du cerveau (en rouge). Denouveaux traitements pharmaceutiques peuvent être évaluésen mesurant les modifications dans la répartition des lésionsen vert avec et sans traitement. Cela résume une base de don-nées à 500 gigaoctets de 460 patients individuels et plus de 1800 études d’IRM distinctes. [REF 29]
87
Étude de cas
Des économies de haute performancegrâce à la conception demédicaments assistée par ordinateur
Sûr et efficace. Produit économiquement.
Thérapeutiques utiles. Ensemble, ces termes
ont une incidence majeure sur le secteur
pharmaceutique du Canada. Comment? Par le biais
de la recherche en bioinformatique et en chimie
computationnelle, les experts ont maintenant la
capacité de développer et de découvrir des subst-
ances chimiques nouvelles (SCN), qui sont main-
tenant les composantes de base des médicaments
bien conçus et testés.
Le calcul de haute performance sera central dans la
création de cette capacité pour la découverte de
SCN. Le CHP fait dorénavant partie du processus de
découverte des médicaments, il est crucial quant
aux questions de traitement de données massives
associées à la conception moderne de médicaments
et est essentiel pour visualiser le processus par
lequel un médicament se lie au site récepteur. Le
CHP est absolument essentiel pour habiliter les
différents calculs qui permettent de calculer la
forme et la géométrie d’une molécule pharmaceu-
tique (mécanique moléculaire, dynamique molécu-
laire, graphiques moléculaires, calculs orbitaux
moléculaires semi-empiriques, calculs mécaniques
ab initio quantum. Quelles seront les répercussions
sur l’économie canadienne?
Le secteur pharmaceutique est une composante impor-
tante des économies des pays développés. Les SCN
comme thérapeutiques pour les maladies humaines
seront le « pétrole et le gaz naturel » du 21ème siècle.
Alors que la population mondiale augmente et fait
face aux problèmes de santé grandissants du monde
moderne, la nécessité de découvrir des SCN dans la pre-
mière moitié du 21ème siècle sera aussi importante que
la nécessité de découvrir du pétrole au début du 20ème
siècle. En outre, les retombées seront tout aussi formi-
dables : un médicament efficace pour lutter
contre la maladie d’Alzheimer ou un nouvel antibio-
tique d’une utilité générale représentera une
« molécule à un milliard de dollars ».
C’est le moment d’appuyer la bioinformatique et la
chimioinformatique comme domaines qui connais-
sent la croissance la plus rapide de la biotechnolo-
gie au Canada. Ces domaines de recherche sont
essentiels au développement de thérapeutiques
utiles (à savoir les médicaments utiles), de
molécules qui sont non seulement efficaces et sûres,
mais qui peuvent être facilement et économique-
ment produites, brevetées, qui peuvent subir avec
succès des essais cliniques complets et finalement
être commercialisées. Ces processus informatiques
gérés par ordinateur sont essentiels à la santé et au
bien-être du secteur pharmaceutique et de notre
société canadienne.
« À travers l’histoire, le Canada n’a pas eu desociétés pharmaceutiques locales ayant uneprésence multinationale pour contribuer à laprospérité de la nation. Certains pays bien pluspetits que le Canada profitent depuis longtemps desavantages économiques découlant de sociétés phar-maceutiques fécondes : le Danemark (Lunbeck), laSuède (Astra), la Suisse (Ciba-Geigy, maintenantNovartis). Une évaluation de tous les médicamentsdécouverts à l’échelle mondiale (selon le pays d’ori-gine) de 1982-2002 révèle une relation linéaireétablissant une corrélation du nombre moyen demédicaments découverts avec l’importance du pro-duit intérieur brut (PIB) des dix premiers pays producteurs de médicaments : nombre de médica-ments = -1,7 + 36,9 PIB (PIB exprimé en billions de$US). Le Canada devrait découvrir 16 médicamentspar décennie. Nous n’atteignons même pas unefraction de ce chiffre et ne faisons donc pas partiedes 20 plus importants pays en matière de décou-vertes de SCN. Par conséquent, il nous faut ren-forcer les capacités dans les découvertes de SCN etseul le CHP peut nous permettre de le faire. »
Dr Donald Weaver
Professeur à l’Université Dalhousie
Chaire de recherche du Canada en neuroscience clinique
Des scans par TEP illustrent une plus faible activité (les
régions bleues et noires) du cerveau d’un patient atteint de la
maladie d’Alzheimer (à droite) par rapport à un cerveau sain.
88
Étude de cas
Le CHP contribue à définir la structuredes protéines
Il est impossible de surestimer l’importance des pro-téines pour les plantes et la vie animale. La plupartdu tissu humain est fait de protéines ainsi que
toutes les enzymes qui catalysent les réactions ducorps, les globines qui transportent et stockentl’oxygène, les anticorps responsables des réactionsimmunitaires et les hormones sécrétées par le corpstelle l’insuline. En comprenant les processusbiologiques selon la teneur en protéines, il sera possi-ble d’améliorer la pharmacothérapie, d’obtenir demeilleurs biomarqueurs pour la santé et les maladies,ainsi que de rehausser l’application des protéines dansles plantes, les animaux, les aliments et la nutrition.
De nos jours, nous savons que les humains ne possè-dent pas beaucoup plus de gènes que des organismesinférieurs et que le secret réside dans les protéines quechaque gène code. Pour replacer ce défi dans son con-texte, il y a environ 100 000 protéines dans le génomehumain et l’information structurale au sujet de cesprotéines est essentielle pour comprendre la manièredont les protéines fonctionnent pour le développe-ment de médicaments, la différenciation cellulaire, laproduction et la régulation des protéines.
Afin d’étudier les 100 000 protéines et leurs diffé-rentes structures cristallines, les chercheurs doiventpouvoir résoudre les structures de ces protéines àl’aide d’une source de rayonnement qui produitbeaucoup de téraoctets de données.
Des installations comme le Centre canadien derayonnement synchrotron simplifient l’obtentiond’images par diffraction de rayons X des cristaux deprotéines, ce qui serait impossible dans des labora-toires de radiologie standard. Présentement, il fautmoins d’une journée de temps de faisceau au Centrecanadien de rayonnement synchrotron pour pro-duire suffisamment de rayonnement synchrotron envue d’obtenir les données par diffraction d’une seulestructure protéique.
Afin de déterminer toute la structure protéique dugénome humain, l’appui au calcul de haute perfor-mance du Centre canadien de rayonnement synchro-tron est crucial. Dès que les temps de faisceau sontutilisés pour déterminer la structure d’une protéine,ils peuvent servir à établir à quel point des centainesde candidats-médicaments synthétisés par larecherche pharmaceutique peuvent s’adapter auxsites actifs de protéines cibles. Ces développementsont des répercussions considérables sur la vitesse desynthèse des médicaments et peuvent répondre à desquestions telles que pourquoi certaines personnesarrivent à combattre le virus du SIDA tandis qued’autres n’y arrivent pas. Cela se traduira par unemeilleure compréhension des interactions entre pro-téines et médicaments, contribuant ainsi à créer desmédicaments meilleurs et plus efficaces.
Le potentiel de ce domaine est illimité et le Canada
peut faire figure de leader mondial s’il donne accès à
une meilleure infrastructure et s’il forge de meilleures
équipes de recherche que ses concurrents.
« La cristallographie des protéines seraitimpossible à réaliser sans l’accès à une grandepuissance de calcul. La capacité de produireune image de la structure d’une protéine etd’effectuer une analyse comparative nouspermet de comprendre de mieux en mieuxpourquoi les protéines évoluent, subissent desmutations et fonctionnent anormalementdans certains milieux. Cela aide non seule-ment les chercheurs canadiens à comprendreles troubles et maladies génétiques mais per-met également une meilleure compréhensiondes interactions entre les protéines et lesmédicaments. Toutefois, une croissancedurable repose sur l’assurance d’un accèscontinu aux systèmes de calcul de haute per-formance. Sans eux, le Canada sera incapablede continuer d’être en concurrence sur lemarché international. »
Mark De Jong
Chef de projet
Centre canadien de rayonnement synchrotron
La représentation graphique
en ruban de l’agencement
trimérique d’une KDPG aldo-
lase. Chaque monomère est
illustré selon une représenta-
tion en ruban et présente une
différente couleur. La KDPG
aldolase est une enzyme qui
procure un mécanisme de for-
mation de liaisons carbone-
carbone dans les organismes
vivants. [REF 30]
89
Étude de cas
Vrai ou faux? La validation dynamiquede la fiabilité et de l’authenticité desdossiers numériques
Une lettre en version papier seulement estrelativement sûre. Son en-tête, la signaturede son auteur et peut-être son filigrane
inspirent confiance quant à son authenticité. Unebonne pagination et une liste des pièces jointesnous indiquent si la lettre a été modifiée en coursde transmission. Nous accepterons le documentcomme authentique s’il ne semble pas manquer depages et avoir subi des dommages.
En revanche, peu de gens font confiance aux docu-ments numériques. Les courriels ou les documentsélectroniques possèdent rarement une signaturenumérique ou une preuve de leur provenance. Il esttrès facile de contrefaire l’adresse d’un expéditeur etautomatiquement toute tentative de répondre sesolde par une mauvaise adresse. Le contenunumérique est également simple à plagier de façonà dissimuler l’identité du véritable créateur. Lesdossiers numériques sont aussi sensibles aux pro-blèmes d’authenticité en raison de la transmission oude l’utilisation puisque les affichages d’un ordinateurpeuvent échouer à reproduire ce qui a été envoyé.Dès que les dossiers numériques sont stockés,d’autres problèmes potentiels peuvent survenir. Lesdossiers peuvent être endommagés durant un traite-ment ordinaire, et bien malin celui qui peut l’éviter.
Alors comment pouvons-nous créer un niveau d’au-thenticité et de sécurité qui inspirera confiancedans la création, la gestion et la récupération dedossiers numériques? Uniquement en travaillantavec des technologies de calcul de haute perfor-
mance distribué pourrons-nous résoudredynamiquement les problèmes pour déterminer, entemps réel, la fiabilité et l’authenticité des dossiersnumériques lorsqu’ils sont créés et transmis chaquejour. En se servant des ressources de calcul de hauteperformance, chaque dossier reçoit une identitéglobale, qui demeure au fil du temps, au sein d’unespace de nom soi-disant logique. Cet espace denom reçoit de l’information sur les conditions d’undossier lors de la reproduction. Il stocke aussi desmétadonnées descriptives, dont certaines pourraientcaractériser la fiabilité et l’authenticité du dossier.
L’importance de ce niveau d’authencité et de sécu-rité est considérable. Les organismes gouvernemen-taux se fient de plus en plus à l’Internet pourenquêter sur le terrorisme et la criminalité. Desindustries multinationales et pancanadiennes ainsique des institutions financières utilisent des dossiersnumériques quotidiennement. Une perte ou unecorruption accidentelle de ces dossiers peut entraî-ner des problèmes importants quant à l’économie,la sécurité ou la confidentialité. Les études se-condaires et postsecondaires peuvent désormais sefaire par le biais de bases de données sur le Webcomme medium de l’enseignement à « distance » -pour lequel la demande augmente, rejoignant desdizaines de milliers d’utilisateurs. Les scienceshumaines et sociales sont parties prenantes dans lestockage de tous les dossiers historiques, artistiques etlittéraires canadiens des cinquante dernières annéeset d’un avenir indéfini.
Grâce à une architecture de calcul de haute perfor-mance, nous pouvons lutter contre ces menaces etcréer d’excellents systèmes de dossiers numériquesqui sont fiables, sûrs et que nous pourrons conserverà l’intention de nos enfants et petits-enfants.
« Le CHP constitue une infrastructure de rechercheessentielle pour ces solutions. Sans lui, les assisesde notre société du savoir sont faibles. »
Dr Ian Lancashire
Professeur d’anglais
Université de Toronto
« Les chiffres ne sont pas la
seule chose que les ordina-
teurs traitent bien. À vrai dire,
seule une familiarité superfi-
cielle de la géométrie fractale
est nécessaire pour constater
que les ordinateurs sont bons
pour créer et manipuler des
représentations visuelles des
données. Voici une anecdote à propos du mathématicien
Claude Chevalley qui, en véritable Bourbaki, était tout à fait
opposé à l’utilisation des images dans le raisonnement
géométrique. On dit qu’au cours d’un cours très abstrait et
algébrique, il ne savait plus comment continuer. Après un
temps de réflexion, il s’est tourné vers le tableau et, tout en
essayant de cacher ce qu’il faisait, il a dessiné un petit dia-
gramme, l’a étudié un moment puis l’a rapidement effacé. Il
s’est ensuite tourné vers l’auditoire et a poursuivi le cours.
Il s’agit peut-être d’une anecdote apocryphe mais elle illustre
bien le rôle nécessaire des images et diagrammes dans le
raisonnement mathématique – même pour les plus fervents
opposants aux images. L’ordinateur donne aux personnes
moins expertes et têtues que monsieur Chevalley l’accès aux
types d’images que seuls les mathématiciens les plus ta-
lentueux pourraient imaginer. Des images qui peuvent être
colorées, déplacées et manipulées de toutes sortes de façon. »
(Nathalie Sinclair, 2004) [REF 31]
90
Chapitre 5 : Financement
« Les outils des découvertes scientifiques ontchangé. Auparavant, la science se limitait à l’ex-périence et la théorie comme les deux piliers del’enquête sur les lois de la nature. Avec l’avène-ment de ce que plusieurs qualifient de calcul “àéchelle ultra”, un troisième pilier, la simulation,s’est ajouté au fondement des découvertes scien-tifiques. Les méthodes computationnelles mo-dernes évoluent si rapidement que la simulationcomputationnelle est possible à une échelle dontl’importance se compare à l’expérience et lathéorie. La puissance remarquable de ces installa-tions ouvre de nouveaux horizons pour la scienceet la technologie. Jadis, nous utilisions les ordina-teurs pour résoudre des ensembles d’équationsreprésentant des lois physiques trop complexespour les résoudre de façon analytique. De nosjours, nous pouvons simuler des systèmes en vuede découvrir les lois physiques pour lesquelles iln’existe pas d’équations prédictives connues. »
Témoignage de Raymond L. Orbach, directeur,
Office of Science, U.S. Department of Energy,
devant le comité sur les sciences de la Chambre
des représentants des États-Unis, le 16 juillet 2003
Introduction
Le calcul moderne transforme la recherche au
sein des universités, des hôpitaux de recherche
et des industries de haute technologie au
Canada. La « science humide » traditionnelle qui se
réalise sur le terrain ou en laboratoire est souvent
complétée par la « science sèche » qui utilise les si-
mulations et modèles informatiques pour étudier les
mêmes phénomènes. La science sèche permet d’ex-
plorer des sphères auparavant inaccessibles et s’est
traduite par des visions scientifiques inconcevables il
y a quelques années. En retour, cela a augmenté
considérablement la demande pour le calcul de
haute performance (CHP), non seulement de la part
de chercheurs traditionnels en sciences et génie mais
de plus en plus par des chercheurs en sciences
sociales et humaines. Nous présentons de nombreux
exemples de l’importance du CHP dans ces domaines
dans les chapitres précédents.
En ce début de 21ème siècle, l’utilisation des
ressources de CHP continuera de croître et par con-
séquent, il est nécessaire d’établir une approche
coordonnée et efficace pour les rendre accessibles
d’un bout à l’autre du Canada. L’approche actuelle
quant au financement du CHP n’est pas durable :
elle est fragmentée, ne permet pas une planifica-
tion au-delà du court terme immédiat et ne peut
concurrencer avec les efforts coordonnés déployés
par d’autres pays qui investissent dans le CHP. Afin
d’être compétitif, le Canada doit également investir
dans la main-d’œuvre, les ressources d’infrastruc-
tures opérationnelles et computationnelles néces-
saires à l’appui des chercheurs canadiens. L’effet
multiplicateur de cet investissement aura des réper-
cussions directes sur nos capacités de recherche et
notre profil de recherche à l’échelle internationale.
Il procure également des avantages d’aval impor-
tants relativement à l’économie et à la qualité de
vie par le biais de nouvelles connaissances, d’inno-
vations technologiques et d’un bassin critique de
personnel hautement qualifié.
L’investissement dans un CHP compétitif n’est pas
bon marché mais il est visiblement crucial. Il faut un
investissement continu dans les systèmes de calcul
de milieu de gamme, l’ajout d’une ressource de cal-
cul haut de gamme, le personnel requis pour
exploiter et influencer la valeur de ces ressources
grâce à la coordination, la gestion, le développe-
ment et l’appui d’extension (IMPACT Canada) de
même que l’expansion des installations existantes.
Les investissements en matière de CHP doivent aussi
tenir compte de la réalité géographique du Canada,
qui nécessite la répartition mais non la dilution des
capacités de CHP de par le pays. Ces facteurs nous
mènent à proposer la croissance de l’investissement
annuel de plus de 40 millions $ de nos jours (pour les
6 principaux et 2 universités – Victoria et Toronto –
fournisseurs de ressources de CHP) à 76 millions $ en
2006 et à 97 millions $ en 2012 (en dollars de 2004).
Chapitre 5
91
Le présent chapitre explique les investissements
actuels en matière de CHP au Canada, présente un
certain nombre de dimensions principales de
financement qui soutiennent une stratégie de CHP
efficace et trace les grandes lignes de notre propo-
sition de financement pour l’avenir. La position du
Canada par rapport à ses investissements de CHP en
comparaison avec ceux d’autres pays sert de con-
texte à nos recommandations de financement. Il
convient de remarquer que nous avons rédigé ce
chapitre de façon à ce qu’il puisse être lu indépen-
damment des autres chapitres. En conséquence, il y
a certaines répétitions de l’information provenant
des chapitres précédents.
Investissements dans le CHP au Canada jusqu’à présent
Entre 1980 et 1998, il n’y avait aucune stratégie
canadienne pour le financement de l’infrastructure
de CHP. L’Alberta et l’Ontario ont tenté de mettre
sur pied des centres de CHP mais leurs efforts ont
été vains surtout en raison d’un manque de finance-
ment soutenu. Toutefois, ces incursions initiales
dans la création d’une ressource de CHP partagée
ont servi de bases pour la présente communauté du
CHP, et ont eu comme conséquence que, pour la
première fois, les milieux de recherche ont officielle-
ment défini leurs besoins en matière de ressources
de CHP et de financement, tout en établissant leurs
visions pour l’avenir. Cela s’est traduit par l’établisse-
ment en 1997 de C3.ca, la voix nationale pour le cal-
cul de haute performance au Canada qui représente
de nos jours plus de 50 organisations universitaires
et industrielles.
Ce n’est que lorsque le gouvernement canadien a
créé une entité pour poursuivre cette vision, la
Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), que le
Canada a pu devenir compétitif sur le plan interna-
tional dans la recherche associée au CHP. Suite aux
concours de 1998, 1999, 2001 et 2003, la FCI et ses
partenaires provinciaux et industriels ont investi en-
viron 250 millions $ pour établir, exploiter et main-
tenir des installations de CHP avancées de milieu de
gamme au service des chercheurs canadiens.
Cet investissement a permis la création d’un milieu
de recherche fécond et productif, d’attirer et de
garder des chercheurs de grande qualité, de créer la
technologie nécessaire pour maximiser les avantages
des ressources de CHP, et la formation de personnes
hautement qualifiées qui sont essentielles au main-
tien de la compétitivité du Canada au 21ème siècle. Six
fournisseurs de ressources de CHP régionaux, et deux
particuliers aux universités, sont maintenant en place
pour renforcer la position du Canada. Cependant, les
fonds d’investissement sont toujours sporadiques et
non coordonnées et de futurs investissements,
quoique essentiels, sont incertains.
Penser stratégie
Une stratégie de financement stable à long terme
est nécessaire pour créer et maintenir une vision du
CHP qui garantit la meilleure valeur au public cana-
dien et assure les avantages à long terme de la
ressource pour les milieux de l’innovation et de
la recherche au Canada. Pour être efficace, cette
stratégie doit illustrer les dimensions suivantes en
matière de fonds d’investissement :
1. Continuité : Offrir un financement continu
et stable pour assurer que le Canada tire
pleinement profit d’initiatives stratégiques
de recherche et de développement à plus
long terme et exploite toute possibilité à
court terme qui se présente. Il est essentiel
qu’il n’y ait aucun écart de financement
puisque cela entraîne la perte de possibilités,
d’expertise et de ressources humaines pré-
cieuses, de même que d’avantages compéti-
tifs. Cela est spécialement important quand
on considère qu’il faut jusqu’à trois ans pour
mettre en œuvre un nouveau système.
2. Croissance : Reconnaître l’évolution des
besoins en matière de CHP alors que davan-
tage de chercheurs, provenant de différentes
disciplines, intègrent l’utilisation du CHP dans
leurs plans de recherche. Il doit y avoir une
croissance correspondante des ressources
pour appuyer un accès continu raisonnable.
3. Infrastructure de recherche compétitive :
Être conscient que la compétitivité interna-
Chapitre 5
92
tionale du Canada dans de nombreux
domaines de recherche dépend des forces
en matière de recherche de développement
et de formation sur les plans local, régional
et national. Il faut donc que les utilisateurs
de CHP aient accès à des immobilisations de
rang mondial.
4. Investissements en capital et d’exploitation :
Appuyer une solution complète (ressources
humaines, soutien opérationnel, infrastruc-
ture et installations) afin de bien exploiter les
capacités que représente le CHP. Une pénurie
de n’importe quelle de ces ressources
entachera sérieusement la valeur obtenue
des autres.
5. Planifier pour l’avenir : Reconnaître qu’un
financement de même qu’une coordination
et une gestion des ressources efficaces sont
essentiels pour renforcer stratégiquement
et exploiter les investissements existants et
futurs en matière de CHP. IMPACT Canada a
pour objet d’offrir une planification à long
terme et une exploitation efficace du CHP.
Le Canada ne peut compter sur les autres pour
répondre à ses besoins en matière de CHP. Nous ne
pouvons devenir des utilisateurs de CHP de deux-
ième catégorie, nous ne pouvons nous permettre
de perdre notre expertise et nos stagiaires à l’avan-
tage d’autres pays ou d’éroder nos capacités de
recherche. En outre, nos partenaires de l’industrie
ne peuvent perdre leur capacité à développer et à
exporter des « innovations fabriquées au Canada »,
ou l’accès à une main-d’œuvre bien formée qui
rend cela possible. Les Canadiens doivent avoir un
accès direct aux outils de CHP. Le Canada doit
croître et conserver sa propre main-d’oeuvre quali-
fiée. Notre pays doit pouvoir être compétitif dans le
monde. Nous devons investir maintenant.
Choix averti : exigences en matièred’investissements dans le CHP
Les trois domaines qui requièrent des investisse-
ments sont i) le soutien de l’infrastructure de CHP
de milieu de gamme et de pointe, ii) la main-d’œvre
et les opérations, et iii) l’établissement d’IMPACT
Canada11. Ces investissements doivent être faits
dans le contexte des cinq dimensions de finance-
ment examinées précédemment pour être efficaces.
De plus, il est crucial de comprendre que bien qu’il
soit relativement rapide d’effectuer un investisse-
ment dans le matériel, il peut être beaucoup plus
lent de produire des ressources humaines qualifiées
et compétitives, particulièrement s’il faut renouvel-
er le personnel ou s’il décide de quitter en raison
d’un financement inadéquat et irrégulier.
La proposition de financement suivante respecte un
calendrier de six ans (2006 - 2012) comme fonde-
ment pour la planification du CHP. Le financement
après 2012 est sujet à examen et à une planification
future puisqu’il est difficile de prévoir les montants
après ce temps en raison des frais associés à l’évolu-
tion des technologies, à la hausse des coûts en
matière de ressources humaines et d’autres facteurs
que nous ne pouvons contrôler ou qui sont encore
inconnus. Il est néanmoins essentiel qu’une base de
financement soit établie à ce moment pour soutenir
la valeur des investissements du Canada en matière
de CHP. Une planification stratégique coordonnée
nationalement, que nous proposons soit entreprise
par IMPACT Canada, évaluera les besoins spéci-
fiques sur une base annuelle. Cela permettra d’as-
surer une approche optimale et coordonnée de l’u-
tilisation et du développement du CHP et aidera les
organismes de financement à planifier les inves-
tissements prévus.
Exigences de financement pour l’infra-structure de milieu de gamme et de pointe
Nous devons mettre à niveau les ressources de CHP plus
souvent que d’autres types d’infrastructures. La loi de
Moore dicte le besoin de moderniser l’équipement de
CHP environ tous les trois ans en vue de maintenir les
installations de recherche à un niveau concurrentiel
Chapitre 5
93
11 Il convient de remarquer que ce financement ne comprendpas un soutien continu envers l’infrastructure informatiquepour la recherche fondamentale (les ordinateurs de bureau,les postes de travail et la machinerie spécialisée nécessaires àcertaines applications particulières aux projets) de la partdes conseils subventionnaires.
mondial. La fréquence et l’omniprésence de cette
régénération technologique est sans précèdent dans
l’histoire de la recherche scientifique.
Le financement des infrastructures
informatiques de milieu de gamme
Les installations de calcul de milieu de gamme, telles
qu’étudiées au chapitre 2, représentent le substratum
de notre modèle de CHP. Les installations de CHP de
ce niveau permettent un large éventail d’initiatives
de recherche de pointe et soutiennent présentement,
par le biais de huit fournisseurs de ressources de CHP,
près de deux milles professeurs, étudiants diplômés et
associés de recherche. Les installations de calcul de
milieu de gamme comprennent présentement des
systèmes qui, dans un environnement multi-utilisteur,
peuvent fournir une moyenne d’environ 32 à 128
processeurs spécialisés par application de recherche
(l’ordinateur de bureau ordinaire en fournit 1), dont
certaines applications nécessitent beaucoup plus de
processeurs pour de courtes périodes de temps. Une
installation de milieu de gamme se classera entre les
30ème et 500ème rangs de la liste des 500 meilleures
installations de CHP au monde. Au Canada, tous les
fournisseurs de ressources de CHP ne peuvent offrir
aux utilisateurs actuels que les ressources à ce niveau.
Le plus récent concours de la FCI s’est soldé par le
financement de quatre sites majeurs de CHP (SHAR-
CNET, HPCVL, ACEnet et l’Université de Victoria), de
l’ordre de 88 millions $ de fonds publics sur une
moyenne de quatre ans (grosso modo 22 millions $
d’immobilisations par année pour les quatre années
qui représentent une demande typique à la FCI). Le
prochain concours verra les autres sites majeurs
(WestGrid, CLUMEQ, RQCHP et l’Université de
Toronto) chercher à obtenir des niveaux de finance-
ment semblables ou supérieurs (bien qu’il ne soit
pas encore clair si la FCI et les provinces auront
suffisamment d’argent pour honorer ces demandes
et la multitude d’autres demandes de finance-
ment). Le soutien public actuel pour l’infrastructure
de CHP totalise plus de 40 millions $ par année pour
ces installations (consultez aussi le tableau 5.1)12. Si
lors de la prochaine série de concours de la FCI les
demandes pour le CHP suivent la même cadence
que pour le concours de 2003, on prévoit que les
dépenses annuelles moyennes dans l’infrastructure
connaîtront une hausse pour atteindre au moins
44 millions $ en 2006. Cependant, il reste des fonds
limités à la FCI. En fait, la FCI elle-même n’a pas de
viabilité à long terme à moins qu’elle ne reçoive
une aide financière importante de la part du gou-
vernement pour satisfaire aux besoins du pays en
matière d’infrastructures de recherche pour 2006-
2010 et au-delà.
Dans la section suivante, nous traçons les grandes
lignes de notre proposition pour le financement du
calcul de milieu de gamme au Canada. Les princi-
pales incidences potentielles (les avantages) et les
risques les plus substantiels associés au non finance-
ment en matière de CHP sont énumérés pour réaf-
firmer l’importance du financement pour la
recherche et les chercheurs canadiens. La proposition
tient compte des hypothèses de base suivantes :
• On prévoit que les coûts technologiques res-
teront les mêmes au fils du temps. Cette
hypothèse est exprimée en tenant pour
acquis qu’avec la baisse des coûts tech-
nologiques, il sera possible d’acheter une plus
grande performance pour le même montant.
• La durée de vie prévue pour un système princi-
pal de CHP est de trois à quatre ans13. Cette
durée de vie rejoint les taux d’amortissement
fédéraux en matière de technologie informa-
tique (45 % par année dès 2004), qui reconnaît
Chapitre 5
94
12 Les fonds publics proviennent de sources multiples, notam-ment les gouvernements fédéral et provinciaux, les conseils derecherche et les fondations. La plupart des applications néces-sitent l’établissement de partenariats entre de telles sources.
13 L’expérience montre que plusieurs de ces systèmes serontréorientés après cette période, selon les possibilités enmatière d’espace et de frais, mais ils ne sont plus appropriéspour soutenir une recherche compétitive axée sur le CHP.
14 Selon la présentation du budget de 2004 du gouvernementfédéral, la déduction pour amortissement de l’équipementinformatique a connu une hausse de 30 % à 45 % par annéeet pour l’Internet, les réseaux à large bande et autres réseauxde données sont passés de 20 % à 30 % par année afin demieux refléter la dépréciation de ces biens. « Ces change-ments permettront d’aligner les taux d’amortissement pourles investissements des entreprises sur la vie utile de leursbiens ». [REF 32]
la rapide dépréciation et la durabilité limitée
de ses biens14 . Selon ces taux, un investisse-
ment informatique vaudra moins que 10 % de
sa valeur initiale en quatre ans.
• Toutes les installations majeures de CHP rap-
portent présentement qu’elles fonctionnent
à capacité ou près de leur capacité. Des rajeu-
nissements des infrastructures actuelles,
telles que soutenues par le concours de 2003
de la FCI, offrent de nouvelles capacités mais
il n’y a aucun garantie qu’il y aura du
financement à l’avenir ou que ce sera suffi-
sant. Si le financement de soutien n’est pas
associé aux dépenses en immobilisations, il
sera encore plus difficile de soutenir le CHP
au Canada.
• Tandis que les utilisateurs deviennent plus
sophistiqués et que leurs modèles computa-
tionnels deviennent plus complexes, il y aura
une croissance stable dans la demande de
traitement d’une application unique. Cela
tiendra compte de la volonté d’obtenir une
plus grande vision des problèmes de recherche
soutenus par le CHP et de la capacité des utili-
sateurs à obtenir davantage des ressources.
• Les fonds demandés n’incluent pas les contri-
butions pour les immobilisations de la part de
l’industrie, seulement la part requise de la
part des sources publiques. Nous prévoyons
que les contributions industrielles seront de
13 millions $ en 2006 (environ 30 % des
dépenses publiques) et de 16 millions $ en
2012. Ces chiffres sont moins élevés que les
contributions appariées de l’industrie réalisées
jusqu’à présent dans le cadre du programme
de la FCI et ils expriment une plus grande util-
isation de composants primaires pour lesquels
les marges des fournisseurs sont bien
inférieures. La capacité des fournisseurs à con-
tribuer est donc considérablement réduite.
• Cette demande des utilisateurs supérieure à la
plus grande capacité des processeurs en raison
de leur rajeunissement représentera 3,5 % par
année. Par conséquent, le temps nécessaire
pour effectuer une simulation reste constant.
Notre proposition de financement tient compte
d’une hausse de 3,5 % par année dans les coûts
associés au CHP selon les hypothèses énumérées
plus haut. En se fondant sur l’investissement annuel
de 41 millions $, nous prévoyons que le calcul de
milieu de gamme au Canada nécessitera les dépen-
ses en immobilisations illustrées au tableau 5.1 :
Nous prévoyons que les incidences (avantages) dufinancement seront comme suit :
• Il permettra au Canada d’être en position
pour soutenir les investissements existants en
matière de CHP à l’avantage de la recherche
et des chercheurs canadiens.
• Il permettra une croissance coordonnée des
ressources. Cette coordination contribuera à
empêcher la fragmentation du financement
en biens de CHP hétéroclites, alors que de
petits groupes ne devront pas reproduire les
ressources procurées par le fournisseur de
ressources de CHP.
• Notre capacité à soutenir et à collaborer avec
l’industrie, de même que notre capacité à
participer à des initiatives internationales de
recherche, sera grandement améliorée et se
traduira par davantage de possibilités de
Chapitre 5
95
Tableau 5.1 : Dépenses en immobilisations proposées pour les installations de CHP de milieu de gamme
Type de coût 2004 2006 2009 2012
Dépenses en immobilisations 41 millions $ 44 millions $ 49 millions $ 54 millions $
Notes: 1. Tous les chiffres reposent sur les dollars de 2004 et ne tiennent pas compte de l’inflation. 2. Les dépenses en immobilisations seulement; des fonds supplémentaires seront nécessaires pour les ressources humaines et
l’exploitation, ce qui sera examiné plus loin.
transfert de technologie et de partenariats
de recherche.
Les risques associés à l’inaction sont élevés. Le
risque le plus préoccupant est que la recherche
canadienne ne progresse pas par rapport à celle des
autres pays. À titre d’exemple, nous ne pourrons
résoudre des problèmes complexes dans des
secteurs tels que les sciences de la vie, la fabrication,
la technologie de l’information et l’énergie. Voici
également d’autres risques préoccupants :
• Une incapacité à appuyer, et ainsi recruter et
garder, des chercheurs exceptionnels tels les
titulaires de chaires de recherche du Canada
qui ont besoin des ressources de CHP pour
réaliser leur recherche.
• Nos diplômés chercheront des emplois à l’é-
tranger pour accéder à des ressources de CHP.
• La capacité canadienne en matière d’innova-
tion est réduite tandis que la recherche cana-
dienne se laisse distancer. De plus, le Canada
perd l’expertise pour innover à l’aide du CHP
comme plateforme technologique.
• La probabilité d’acquisitions fragmentaires
augmentera tandis que les chercheurs se font
concurrence pour obtenir les ressources dont ils
ont besoin. Cela augmentera la valeur par dol-
lar réalisée par les organismes de financement
et contribuera à diminuer davantage l’accès.
• Que la communauté actuelle d’utilisateurs
soit restreinte quant aux ressources de CHP
par rapport aux rajeunissements de proces-
seurs qu’elle peut soutenir. Cela réduit con-
sidérablement la capacité d’inventer et limite
l’étendue des problèmes de recherche qu’on
tente de résoudre au Canada.
• Moins de partenariats de l’industrie et de
possibilités de recherche, de financement
de soutien et d’alignement des capacités que
représentent ces partenariats.
• L’érosion éventuelle des possibilités locales
alors que les industries canadiennes achètent
les produits et services associés à l’étranger.
Cela affaiblit les capacités et la compétitivité
de nos propres industries, et de surcroît, dimi-
nue la compétitivité des entreprises de pro-
duits et services de soutien à valeur ajoutée.
Financement de l’infrastructure informatique
de pointe – Une installation haut de gamme
Conformément au chapitre 2 du présent document,
une installation haut de gamme de CHP possède
des milliers de processeurs et est capable de
soutenir une performance de l’ordre de téraflops
(Tflop) sur les applications individuelles des utilisa-
teurs dans un environnement multi-utilisateur. Il
s’agit des systèmes qui occupent les 30 premiers
rangs de la liste des 500 meilleurs au monde et qui
supportent la recherche la plus intensive du point
Chapitre 5
96
Tableau 5.2 : Dépenses en immobilisations proposées pour une installation haut de gamme de CHP de premier plan pancanadienne
Type de coût 2004 2006 2009 2012
Dépenses en immobilisations 0 million $ 10 million $ 12 million $ 14 million $
Notes : 1. Tous les chiffres reposent sur les dollars de 2004 et ne tiennent pas compte de l’inflation. 2. Les dépenses en immobilisations seulement; des fonds supplémentaires seront nécessaires pour les ressources humaines et
l’exploitation, ce qui sera examiné plus loin.
« Pour permettre à l’Europe de concurrencer scientifiquement à l’avenir avec les États-Unis et le Japon, ainsi qu’avec la Chine en tenant compte de ses récentsdéveloppements, il était essentiel d’étendre l’offre des ressources de calcul de façoncontinue à la fois du point de vue quantitatif et qualitatif. »
Au sujet de la recommandation du conseil allemand visant la création de trois superordinateurs
de la plus haute performance en Europe.
de vue du calcul, à savoir les problèmes présentant
de grands défis. Les installations de calcul haut de
gamme sont accessibles uniquement aux projets clés
évalués par les pairs et présentent une qualité et une
importance scientifiques exceptionnelles. Selon cette
perspective, ces installations sont semblables de par
leur nature à d’autres instruments scientifiques de
grande envergure tels que les accélérateurs de par-
ticules et les observatoires astronomiques.
Le Canada ne possède actuellement pas d’installa-
tion haut de gamme et n’est donc pas compétitif
par rapport à d’autres pays en matière de recherche
à ces niveaux. Pour combler cet important écart, il
faudrait des dépenses en immobilisations telles
qu’énumérées au tableau 5.2 :
Investir dans une installation haut de gamme pro-
cure au Canada des avantages stratégiques en ce
qui touche à sa capacité de recherche et d’innova-
tion. Par exemple, consultez les encadrés au
chapitre 2 sur la modélisation climatique et
météorologique (la météo), la gestion des données,
les besoins d’analyse et de visualisation ainsi que les
capacités et les applications du calcul distribué.
Consultez également les études de cas sur l’impor-
tance du CHP pour l’industrie aérospatiale du
Canada (chapitre 2) de même que pour la modélisa-
tion des cellules virtuelles et la nanotechnologie
(chapitre 3). C’est aussi un facteur attirant pour des
chercheurs exceptionnels, par exemple ceux qui
pourraient devenir titulaire d’une chaire de
recherche du Canada. De nombreuses industries du
Canada (par ex. la biotechnologie, la fabrication et
la sécurité de l’information) tireraient profit de
cette ressource par le biais de leurs collaborations
avec les universités. Voici certaines des incidences
(avantages) importantes du financement :
• Cela permettra aux chercheurs canadiens
d’accéder à un calcul haut de gamme com-
pétitif sur le plan international, faisant pro-
gresser leurs recherches dans des domaines
compétitifs clés.
• Cela fournit aux chercheurs canadiens les
outils nécessaires pour résoudre des pro-
blèmes de recherche complexes et permet à
leurs partenaires d’utiliser ces connaissances
essentielles à l’emploi pour innover.
Voici certains des risques de pertes associés au non
financement d’une installation haut de gamme :
• Perdre notre compétitivité internationale et
ne plus être capable d’aborder les domaines
de recherche les plus intenses en ce qui
touche au calcul et à la résolution de pro-
blèmes qui présentent de grands défis.
• Ne pas avoir de parcours pour l’avancement des
problèmes de recherche de milieu de gamme
vers un niveau supérieur. Cela se traduira par
l’exode de nos chercheurs vers des pays qui
offrent de meilleures installations et qui leur
permettent d’effectuer leurs recherches et/ou
de maintenir leur compétitivité personnelle.
• Renoncer aux collaborations et partenariats
dans de nombreux domaines de recherche de
haute technologie qui nécessitent des instal-
lations de calcul de grande capacité.
Chapitre 5
97
« Les découvertes par le biais de la simulation
nécessitent des vitesses soutenues, de 50 à
100 téraflops, en vue d’examiner les prob-
lèmes dans les sciences et la technologie des
accélérateurs, en astrophysique, en biologie,
en chimie et catalyse, en prévisions clima-
tiques, en combustion, en dynamiques des
fluides numériques, en biologie computation-
nelle structurale et des systèmes, en science
moléculaire environnementale, en science de
l’énergie de fusion, en géosciences, dans la
protection hydrogéologique, en physique de
haute énergie, en science des matériaux et en
nanoscience, en physique nucléaire, en for-
mation et croissance de la suie et davantage »
Témoignage de Raymond L. Orbach
Directeur, Office of science,
U.S. Department of Energy
devant le comité sur les sciences de la Chambre des
représentants des Etats-Unis, le 16 juillet 2003
On peut constater l’importance de ces risques dans le
contexte des problèmes de recherche mentionnés dans
les chapitres précédents.
À quoi nous mesurons-nous de nosjours? Pourquoi nous DEVONS investirdans des installations de CHP de milieu et haut de gamme.
Voici certains exemples d’investissements effectués
par d’autres pays en matière de ressources de CHP.
Bien que chacun présente une stratégie de finance-
ment et de mise en œuvre distincte, ces exemples
visent à illustrer l’importance accordée aux
investissements dans le CHP par ces pays qui prio-
risent la compétitivité de la recherche.
• Le Canada représente actuellement 1,4 % des
sites de superordinateurs de la liste des
500 meilleurs au monde (novembre 2004), qui
compte 7 de nos systèmes de CHP. Le plus haut
rang que nous occupons est le 54ème sur cette
liste des 500 meilleurs – qui est l’indice de
référence du supercalcul de par le monde.
• Nous nous situons derrière tous les pays du
G8 à l’exception de la Russie et nos meilleurs
systèmes se situent derrière ceux de pays tels
que l’Arabie saoudite, le Brésil et Israël.
• Des pays tels que l’Inde et la Corée possèdent
plus de systèmes de CHP sur la liste des
500 meilleurs - 17 et 11 respectivement. Ces
deux pays n’atteignent pas 40 % du PIB par
capita du Canada. Il vaut la peine de noter que
les gigaflops (GFlops) par PIB (par capita)
représentent la mesure par défaut pour éva-
luer l’investissement de chaque pays en
matière de supercalcul. La figure 5.1 illustre
l’investissement relatif en CHP des 14 pays au
sommet de la liste. Le Canada, en 14ème place,
accuse un retard important par rapport à ces
pays avec lesquels il se compare généralement.
• D’ici 2006, le Royaume-Uni aura investi 50
millions £ (~ 110 millions $ CAN) sur quatre
ans pour appuyer la création d’un superordi-
nateur national (22 téraflops)
• Le Conseil allemand des sciences estime que
les gouvernements allemands (fédéral et
états) doit actuellement s’attendre à des
coûts de 30 à 50 millions d’euros pour mettre
en œuvre une machine de performance
maximale en Allemagne [REF 33]
• L’Espagne accueille le superordinateur le plus
puissant d’Europe. Ce système passera de
31 téraflops à 40 téraflops d’ici 2006 grâce à
un investissement de 70 millions €. L’Espagne
se classe au 8ème rang en Gflops par PIB (par
capita) - 6 places devant le Canada. En se fon-
dant sur les dépenses actuelles, l’adoption des
recommandations de ce plan à long terme
nous permettrait d’occuper le 6ème rang (en
tenant pour acquis que d’autres n’investiront
pas davantage).
La Department of Energy High-End
Computing Revitalization Act of 2004
(loi de 2004 sur la revitalisation du
calcul de pointe du ministère de
l’Énergie) autorise le ministère de
l’Énergie à établir des installations
de superordinateurs visant à donner
l’accès aux chercheurs américains
à certains des ordinateurs les plus
avancés au monde à partir d’une
évaluation compétitive par les pairs.
Chapitre 5
98
Ressources humaines et opéra-tionnelles (installation)
Comme pour d’autres infrastructures scientifiques
importantes, l’utilisation efficace et productive de
l’infrastructure physique nécessite des investisse-
ments substantiels continus dans la gestion tech-
nique, le soutien opérationnel et scientifique,
l’administration, la sensibilisation et la formation :
les ressources de l’infrastructure humaine. En outre,
il y a des coûts importants associés à l’alimentation
en énergie, à l’air climatisé, à la sécurité, à la sauve-
garde des données, à l’acquisition et la mainte-
nance des logiciels, à l’alimentation électrique inin-
terrompue et à une série de services de soutien : les
coûts opérationnels ou les coûts d’installation.
Soutien actuel
Avant le concours de 2002 de la FCI, il n’y avait pas
de financement de la FCI pour les opérations de
CHP — les chercheurs devaient trouver des fonds
d’exploitation auprès d’une variété de sources (cer-
taines provinces, des universités et des partenaires
de l’industrie allouaient des fonds). Les concours de
2001 et 2003 de la FCI ont complété les subventions
réussies en offrant un 30 % supplémentaire de la
somme allouée par la FCI à l’intention des coûts
opérationnels. Les provinces n’ont pas suivi le mou-
vement, ce qui signifie que le fonds d’exploitation
s’appliquait uniquement à 40 % du budget total du
projet - ou environ 10 % du budget total.
L’expérience acquise avec l’infrastructure mise en
place dans le cadre des sommes allouées par le con-
cours de 2002 de la FCI indique que les fonds de la
FCI sont suffisants mais sans plus. Cela prend pour
acquis que les frais généraux de l’installation
(comme l’électricité et l’air climatisé) sont payés par
les universités. Cela devient une situation de plus en
plus problématique puisque ce type d’installation
n’attire pas le soutien à la recherche pour les frais
indirects du fédéral. Il n’y a donc aucun fonds pour
offrir des services de soutien proactifs - des analystes
pour contribuer au développement, à l’amélioration,
à l’accès et à l’optimisation des applications de CHP -
ce qui représente une lacune sérieuse. À l’avenir,
cette question s’aggravera si la FCI ne peut fournir
un fonds d’exploitation au pourcentage actuel de
30 % de leur portion des frais d’immobilisations.
Financement proposé
Ressources humaines
En s’inspirant de l’expérience d’Environnement
Canada (Dorval) et des centres de CHP interna-
tionaux, un budget typique pour l’infrastructure
humaine pour les opérations fondamentales et les
services de soutien aux chercheurs en matière de
CHP représente grosso modo 25 % du TOTAL des
coûts d’immobilisations. Cela se traduit par un
investissement de 13 millions $ en 2006 qui passe à
15 millions $ en 2009 et à 17 millions $ en 2012 pour
exprimer l’augmentation de l’utilisation du CHP17.
Le financement requis est important et doit pren-
dre compte que tous les chercheurs et fournisseurs
de ressources doivent avoir un accès direct à une
variété de compétences spécialisées à l’interne ou à
Chapitre 5
99
Figure 5.1 : Graphique normali-
sé illustrant les GFlops par PIB
(par capita) et quelle place
nous devrions occuper en 2006
si les recommandations de ce
PLT sont adoptées15,16,
l’échelle locale. Bien entendu, un investissement de
soutien de l’installation est nécessaire pour accueil-
lir ce personnel. Cet investissement est important
compte tenu du contexte géographique et de la
répartition des compétences (par ex. dans les
domaines techniques, de gestion, de l’administra-
tion de systèmes et de programmation) nécessaires.
Le tableau 5.3 indique les ressources humaines
nécessaires pour appuyer les fournisseurs de
ressources de CHP. Nous dirigeons le lecteur vers le
chapitre 3 de ce rapport pour une analyse des types
de personnel technique nécessaires.
Le budget de l’infrastructure humaine d’Environne-
ment Canada (et d’autres sites majeurs de CHP) est tout
à fait à l’opposé des ressources très limitées (~1 000 000 $
par année) présentement offertes dans le cadre du
Programme de soutien des analystes techniques (PSAT)
et d’autres subventions d’Accès aux installations
majeures (AIM) offertes par le CRSNG à l’appui du CHP.
Ces subventions et le financement d’exploitation
soutenu par la FCI (environ 6 000 000 $ par année en
moyenne), sont les seuls mécanismes de soutien offi-
ciels pour les coûts relatifs aux ressources humaines et à
l’exploitation du CHP au Canada. Cette insuffisance de
fonds s’est traduite par un petit bassin d’expertise
disponible et représente un problème sérieux compte
tenu du temps que ça prend pour obtenir les compé-
tences requises et pour former le personnel. Le manque
de financement stable a aussi entraîné l’exode de per-
sonnel vers d’autres pays capables d’offrir un soutien
salarial soutenu et concurrentiel.
En plus des services précieux que procure le person-
nel technique (les programmeurs, les analystes,
etc.), il sera essentiel d’offrir aux chercheurs et à
leurs étudiants : 1) la formation, 2) l’information sur
les services disponibles, 3) le soutien pour la
recherche et les partenaires de l’industrie en asso-
ciant les besoins de recherche aux ressources, et 4)
l’aide dans la mise en œuvre, l’affectation des
ressources, le personnel et les activités de mainte-
nance avec chaque fournisseur. Les ressources
proposées offriront aux fournisseurs de
ressources de CHP le bassin d’expertise essentiel
pour utiliser de façon efficace les investissements
canadiens en matière de CHP.
Ressources opérationnelles (les installations)
Les coûts des installations pour le fonctionnement
d’un centre de CHP ont connu une hausse considé-
rable au cours des quelques dernières années, prin-
cipalement en raison de l’augmentation du prix de
l’électricité. Ces systèmes sont énergivores et ils
nécessitent un équipement de refroidissement
élaboré. En outre, il y a aussi les autres coûts appré-
ciables mentionnés précédemment, tels les réseaux,
l’archivage des données, la sécurité, une alimenta-
tion sans coupure et ainsi de suite. Selon la configu-
ration de matériel achetée, les dépenses totales
pour les installations peuvent varier; cependant, un
sondage auprès des fournisseurs de ressources de
CHP canadiens indique que ces coûts opérationnels
annuels représentaient plus ou moins 15 % de l’in-
vestissement annualisé en matériel.
Chapitre 5
100
« Les organismes gouvernementaux chargés du
supercalcul devraient accroître leurs niveaux
d’investissement multi-agences stable, solide et
soutenu dans la recherche fondamentale.
Davantage de recherche est nécessaire dans
toutes les technologies clés pour la conception
et l’utilisation de superordinateurs (architec-
ture, logiciels, algorithmes et applications) ».
Recommandation 6 du comité américain sur l’avenir
du supercalcul (National Research Council) dans leur
publication intitulée Getting Up to Speed: The
Future of Supercomputing
15 Les statistiques de calcul proviennent du site Top500.org, etdes chiffres de PIB de 2003 du CIA World Factbook 2004.
16 La figure illustre la position que pourrait occuper le Canadasi les investissements canadiens proposés pour l’année 2006étaient réalisés. Elle ne tient pas compte du fait que cespays continueront également d’accroître leurs investisse-ments en matière de CHP.
17 Il est important de noter que le personnel qui serait financépar cette proposition ne travaillera pas pour des chercheursindividuels. Les chercheurs canadiens seront responsables dufinancement de leurs propres programmes de recherche.Cependant, le personnel de CHP sera capable de garantirque ces chercheurs ont accès au milieu de la recherche cana-dienne axée sur le CHP et qu’ils peuvent en tirer profit.
On doit considérer ce chiffre comme spéculatif en
raison du marché instable de l’énergie. En se fon-
dant sur les tendances actuelles et la hausse des
immobilisations, nous prévoyons que les dépenses
pour les installations passeront de 7 millions $ de
nos jours (2004) à 10 millions $ par année d’ici 2012
telles qu’illustrées dans le tableau 5.4. (Ces données
tiennent compte de prix de l’énergie stables).
IMPACT Canada : Coordonner lesbesoins en matière de CHP d’un bout à l’autre du pays
Nous prévoyons qu’IMPACT Canada aura de nom-
breuses responsabilités, y compris la coordination
nationale du CHP, les relations avec les gouverne-
ments et les industries, le leadership technique en
matière de CHP, la promotion du CHP, l’établisse-
ment d’une présence nationale et internationale,
de même que l’élaboration et la diffusion de docu-
ments de sensibilisation et de formation.
L’organisme aura un mandat à trois volets pour
l’établissement de rapports (passé), l’élaboration de
plans d’affaires (court terme) et la création de plans
stratégiques (avenir). À priori, nous prévoyons dix
employés dirigés par un directeur général qui se
rapportera à un conseil d’administration. En trois
ans, nous prévoyons ajouter 9 employés, principale-
ment du personnel technique. Cela nécessite un
investissement spécialisé passant de 1 million $ par
année d’ici 2006 à 2 millions $ par année d’ici 2009.
Chapitre 5
101
Tableau 5.3 : La moyenne du personnel nécessaire à l’appui efficace d’une installation
de CHP ainsi que le coût total
Type de poste 2006 2009 2012
Direction 1 1 1
Administration 1,5 2 2
Personnel technique de CHP 14,5 16 17,5
Communications et sensibilisation 1 1 1
Formation 2 2 2
Total des postes 20 22 23,5
Nombre de fournisseurs de ressources* 8 8 8
Moyenne des salaires et avantages (augmentation de 2 % par année au-delà 80 000 $ 84 900 $ 90 000 $du coût de base de la vie)
Montant total pour les ressources humaines** 13 000 000 $ 15 000 000$ 17 000 000$
* Nous avons intégré les fournisseurs de ressources des universités uniques en une seule installation puisqu’ils sont petits par rapport aux six autres qui soutiennent chacun plusieurs universités. L’installation haut de gamme est selon toute probabil-ité incluse comme un fournisseur de ressources.
** Tous les chiffres sont en dollards de 2004
Table 5.4 : Résumé des coûts pour les installations
Année 2006 2009 2012
Coûts pour les installations* 8 000 000 $ 9 000 000 $ 10 000 000 $
* 2004 dollars
Recommandation pour le financement
La stratégie de financement du CHP que nous pro-
posons permettra aux universités canadiennes et à
leurs partenaires et collaborateurs d’obtenir l’accès
à des ressources de CHP compétitives. Ces res-
sources traiteront des besoins immédiats en
matière de CHP, tout en permettant au Canada de
maintenir sa capacité de recherche.
5.1 Nous recommandons fortement l’élaboration
d’une enveloppe de financement à long terme
à l’appui du CHP au Canada. Nous prévoyons
que ce financement pourrait s’échelonner sur
six ans comme le démontre le tableau 5.6 :
L’analyse ne tient pas compte de toutes les proposi-
tions de moins grande envergure axées sur le calcul
qui sont actuellement financées par la FCI. Si le plan
à long terme doit inclure ces coûts également, les
ressources qui leur sont allouées devront être
majorées de 10-15 %.
Mécanismes proposés pour diffuserl’information sur le financement
L’allocation de fonds de CHP devrait s’appuyer sur des
propositions périodiques qui démontrent clairement
l’excellence (la recherche internationale compétitive),
l’importance (intellectuelle, économique ou sociétale)
ainsi que la compatibilité et la coordination avec les
capacités de calcul de par le Canada. Il y a plusieurs
manières de mettre en œuvre ce nouveau programme
à l’aide de mécanismes existants, par exemple : 1)
affecter de nouveaux fonds dans le cadre du pro-
gramme de la FCI ou d’une initiative spéciale de trois
conseils tels que la direction du programme des chaires
de recherche du Canada; ou 2) établir une enveloppe
de financement distincte à IMPACT Canada.
Indépendamment du mécanisme, il est essentiel qu’il y
ait une enveloppe de financement distincte pour cou-
vrir à la fois les immobilisations et les fonds d’exploita-
tion (les coûts de l’infrastructure humaine et des instal-
lations) puisqu’ils sont intrinsèquement liés.
Nous croyons que l’initiative de financement à long
terme devrait être réévaluée aux cinq ans dans le
cadre d’un examen national sur la compétitivité de
recherche internationale du Canada. Des examens
des dépenses en matière de CHP ainsi qu’une veille
technologique seraient entrepris séparément par
IMPACT Canada de façon plus régulière. Les critères
d’évaluation de la performance suivants doivent
être pris en compte pour cet examen : l’excellence
Chapitre 5
102
Tableau 5.5 : IMPACT Canada – Nombre de postes
Type de poste 2006 2009 2012
Directeur général 1 1 1
Administration 1 2 2
Personnel technique de CHP 6 14 14
Communications et sensibilisation, personnel de formation 2 2 2
Total des postes 10 19 19
Moyenne des salaires et avantages* 80 000 $ 85 000 $ 90 000 $
Coûts opérationnels ** 200 000 $ 300 000 $ 300 000 $
Total des coûts de personnel 1 000 000 $ 1 900 000 $ 2 000 000 $
* Tous les chiffres sont en dollars de 2004. Les augmentations comprennent par exemple, les échelons selon le mérite (2 % par année au-delà du coût de base de la vie)
** Les coûts opérationnels associés aux postes. Cela comprend les déplacements, les documents de formation, les activités de sensibilisation, les mises à niveau mineures, etc. Par exemple, un atelier de formation d’une fin de semaine pour 25 à 40personnes peut être de l’ordre de 40 000 $. Toutes les activités actuelles de C3.ca sont subsumées.
académique (les publications revues par un comité de
lecture, les prix nationaux et internationaux ainsi que
le maintien et le recrutement du personnel de fac-
ulté); le nombre de personnes qualifiées produites
(étudiants diplômés, boursiers postdoctoraux, techni-
ciens et associés de recherche); ainsi que les impacts
sociaux et économiques (brevets, essaimages, collab-
orations et partenariats industriels, transferts tech-
nologiques, meilleure infrastructure publique, résul-
tats positifs sur la santé et activités de sensibilisation).
L’examen devrait également tenir compte des réper-
cussions des investissements en matière de CHP sur la
compétitivité internationale du Canada.
Nous prévoyons que ces installations obtenues par
l’adoption des recommandations de ce plan à long
terme répondront à la majorité des besoins en
matière de CHP (petits et grands), et réduiront
quelque peu la pression exercée sur la FCI et les con-
seils subventionnaires. Nous reconnaissons que
toute demande de CHP doit être évaluée en déci-
dant tout d’abord si les installations de CHP exis-
tantes pourraient déjà satisfaire le besoin.
Cependant, nous reconnaissons également que cer-
tains chercheurs demanderont de l’équipement de
calcul de haute performance spécialisé à la FCI ou
aux organismes de financement des trois conseils,
demandes qui ne s’inscrivent pas bien dans le mode
de production régulier des installations de CHP pro-
posées. Dans de telles situations, les programmes de
recherche auront besoin d’avoir leur propre
équipement. Ce qui nous mène à la recommanda-
tion suivante :
5.2 Nous recommandons que les demandes de
financement pour les ressources informa-
tiques de CHP soient évaluées dans le con-
texte de ce qui peut être fourni par les instal-
lations de CHP existantes, qu’il s’agisse d’ins-
tallations de consortiums polyvalents ou spé-
cifiques au domaine, de façon à assurer l’utili-
sation la plus rentable des investissements en
CHP. Les demandes qu’on ne peut raisonnable-
ment satisfaire à l’aide de l’infrastructure exis-
tante devraient faire valoir leur bien-fondé
Chapitre 5
103
Tableau 5.6 : Répartition du financement en matière de CHP de 2006 à 2012
Année 2006 2009 2012
(Financement en millions $1)
Immobilisation de CHP : Consortium 44+13* 49+14.5* 54+16*
Installation haut de gamme (à échelle téra) 10+3* 12+3.5* 14+4*
Opérations de CHP : Infrastructure humaine 13+4* 15+4.5* 17+5*
Installations 8 9 10
IMPACT Canada 1 2 2
Total de la contribution publique : 76 87 97
Total de la contribution industrielle* 20 22.5 25
1 En dollars de 2004 (sans tenir compte de l’inflation)
* Contribution industrielle
« Dans un pays ou une région qui ne possède pas les installations de CHPadéquates, les scientifiques et ingénieurs se démèneront pour concurrencer avec leschercheurs de pointe des autres pays etcertains d’entre eux iront vers d’autres paysqui offrent les installations à l’appui de leurs travaux. »
– Projet de calcul de haute performance australien,
étude de faisabilité et de capacité pour le nœud
régional Illawarra.
pour des sources existantes de fonds, tels que
les enveloppes conventionnelles de la FCI ou
les fonds alloués à l’équipement de la part des
conseils subventionnaires.
Nous recommandons que les demandes de finance-
ment pour les ressources informatiques de CHP
soient évaluées dans le contexte de ce qui peut être
fourni par les installations de CHP existantes, qu’il
s’agisse d’installations de consortiums polyvalents ou
spécifiques au domaine, de façon à assurer l’utilisa-
tion la plus rentable des investissements en CHP. Les
demandes qu’on ne peut raisonnablement satisfaire
à l’aide de l’infrastructure existante devraient faire
valoir leur bien-fondé pour des sources existantes de
fonds, tels que les enveloppes conventionnelles de la
FCI ou les fonds alloués à l’équipement de la part des
conseils subventionnaires.
Résumé
Le financement du CHP au Canada doit satisfaire aux
besoins pour une infrastructure de milieu de gamme
et une infrastructure avancée de CHP, pour des
investissements dans le personnel et les opérations,
de même que l’établissement d’IMPACT Canada. Le
financement doit tenir compte de la nécessité d’un
financement stable et soutenu pour permettre la
planification à long terme, l’évolution des besoins,
les demandes de la part de l’industrie et une
approche coordonnée.
Dans ce chapitre, nous avons tracé les grandes lignes
des besoins du Canada quant au financement du
CHP pour les 8 prochaines années, dans le contexte
de dimensions de financement importantes : la
continuité, la croissance, une infrastructure de
recherche compétitive, les dépenses en capital et
dans l’exploitation ainsi que la planification pour
l’avenir. Nous prévoyons que le Canada doit investir
76 millions $ par année en 2006, investissement qui
connaîtra une hausse annuelle pour atteindre
jusqu’à 97 millions d’ici 2012, dans les infrastructures,
les ressources humaines et opérationnelles. Ces
ressources procureront aux chercheurs canadiens de
par le pays les outils dont ils ont besoin pour exceller
et permettront d’assurer une continuité quant au
développement et à la mise en œuvre essentielle à
leur réussite.
Le CHP n’est pas une lubie passagère. Comme nous
l’avons montré dans les chapitres précédents, la
technologie est devenue envahissante, passant
d’une poignée de sites de CHP dans le monde en
1984 à des milliers de nos jours. De plus, dans la
dernière décennie l’industrie a adopté la technolo-
gie. Le nombre d’entreprises sur la liste des 500
meilleurs est passé de 3 % en 1994 à plus de 50 %
de nos jours. Ces entreprises couvrent toute la
gamme des produits et services, y compris les
domaines traditionnels de produits de CHP tels que
l’automobile, l’aéronautique et le pétrole, de
même que les domaines non traditionnels du diver-
tissement, des services financiers et du commerce.
Le calcul de haute performance est un outil uni-
versel, un laboratoire de recherche virtuel partagé
et rentable pour tous les domaines de la recherche
et du développement qui supportent une diversité
grandissante d’applications.
Le Canada lui-même tirera profit non seulement des
résultats de recherche obtenus grâce à cet investisse-
ment, mais aussi des emplois et de l’expertise qui en
découlent. Le Canada doit par conséquent continuer
à investir stratégiquement et efficacement en vue de
maintenir nos atouts en matière de recherche axée
sur le CHP et de maximiser les avantages des
investissements déjà effectués. Omettre d’investir
maintenant nuira à la future compétitivité écono-
mique et de recherche du Canada.
Chapitre 5
104
« Obtenir un levier financier des efforts nationaux… Le Congrès doit fournir un financement adéquat et soutenu ».
Recommandation 1 du comité américain sur l’avenir du supercalcul (National Research Council) dans sa
publication intitulée Getting Up to Speed: The Future of Supercomputing
105
Étude de cas
Le CHP aide à combattre des épidé-mies parmi les populations humaines
Alors que l’été arrive en Amérique du Nord,on prévoit que le virus du Nil occidentalcausera l’étendue de la maladie et des
problèmes neurologiques chroniques. Les moisd’été s’accompagneront aussi de problèmes accrusavec le paludisme en Amérique du Nord et d’autrespays développés tandis que le réchauffement duglobe annonce des changements fondamentauxdans les écosystèmes de notre planète. En Afrique,la méningite bactérienne atteint des proportionsépidémiques. Il est très préoccupant que les antibio-tiques (les agents miracles du 20ème siècle) perdentde plus en plus de leur efficacité contre les microor-ganismes. Le spectre du SRAS (syndrome respira-toire aigu sévère), ainsi que les quarantaines corres-pondantes des hôpitaux font ressortir l’importanceimminente des maladies infectieuses sur la santé denotre pays et de notre planète.
L’Organisation mondiale de la Santé a identifié lesmaladies infectieuses comme le plus grand défi pourla santé mondiale. Un récent rapport du NIH identifiedes résistances aux antibiotiques conventionnels et lanécessité pour de nouveaux antibiotiques. Les rap-ports To Market, To Market de la American ChemicalSociety (qui documente tous les nouveaux médica-ments introduits annuellement à l’usage deshumains) attestent de cette situation et révèlent quela majorité des « nouveaux » antibiotiques qui sontdéveloppés par les sociétés pharmaceutiques conti-nuent en grande partie d’être des dérivés de la péni-
cilline et de la céphalosporine. Une étude deKalorama Information (The Worldwide Market forAntibacterial Drugs) conclut qu’il n’y a eu qu’unenouvelle catégorie d’antibiotiques au cours des 30 dernières années (les oxazolidinones) et qu’il y aune demande considérable pour de « nouveaux »antibiotiques sur ce marché de 30 milliards $.
Le CHP permet aux scientifiques canadiens de s’atta-quer à ces enjeux cruciaux en matière de santé mon-diale. Par le biais de la modélisation et des simula-tions informatiques, les chercheurs peuvent mieuxcomprendre le séquençage génétique des humainset la manière dont ces séquences réagissent face àde dangereux pathogènes. Grâce à l’analyse de cesmodèles et séquences, les scientifiques souhaitentélaborer de meilleures stratégies de contrôle pourlutter contre les maladies infectieuses.
Le CHP doit être soutenu pour stimuler les mé-thodes de recherche en vue de contenir ou d’éradi-quer des maladies infectieuses comme le SRAS.Nous dépensons des millions de dollars pourprévenir et traiter la rougeole et autres maladiesinfectieuses mais nous avons besoin de soutien pours’assurer que les installations de recherche possè-dent les outils nécessaires au développement devaccins pour empêcher les éclosions. Le CHP joue unrôle fondamental dans la lutte contre ces maladiesredoutées. Cette recherche peut devenir une réalitéen matière de santé mondiale en appuyant lesressources de CHP au Canada pour permettre que larecherche se poursuive afin de découvrir des façonsde prévenir ou de traiter les maladies les plus préoc-cupantes du monde.
« La diffusion rapide de la séquence dugénome du SRAS sur Internet a permis à desgroupes de par le monde de participer àl’analyse computationnelle du génome et à lamodélisation 3D des séquences protéiques.Cela s’est traduit par un nombre inégalé depublications scientifiques et d’initiatives pourtrouver un vaccin seulement un an après ladécouverte de cette nouvelle maladie. »
Dr Steve Jones
Chef de la bioinformatique
Genome Sciences Centre
Directeur de la bioinformatique de Genome BC
Université de la Colombie-Britannique
Ce diagramme illustre la constitution génétique du chromo-
some humain, présentant les gènes et autres renseigne-
ments critiques. Les graphes permettent aux scientifiques
d’étudier l’information génétique à partir de chromosomes
humains dans l’espoir de mieux comprendre et de dévelop-
per des vaccins pour lutter contre les maladies infectieuses,
comme le SRAS, qui a eu une incidence considérable sur les
humains dans les deux dernières années.
106
Étude de cas
Aider les Canadiens à mieux respirer grâce au CHP
Respirer est vital pour l’humain. Au Canada,environ 11 % des enfants souffrent d’asthme etcomptent beaucoup sur l’envoi vers les
poumons de médicaments leur permettant de pour-suivre leurs activités quotidiennes. Un problème posépar ce type de dispensation des médicaments respira-toires est la perte occasionnée en raison du dépôtdans la bouche et la gorge. Si l’efficacité de l’envoivers les poumons pouvait être améliorée, il s’agiraitd’un avantage de santé majeur pour tous lesCanadiens qui souffrent d’insuffisance respiratoire.
Comment améliorer la dispensation des médicamentsen vue d’accroître l’efficacité du traitement desmédicaments respiratoires? Par le biais de la dyna-mique numérique des fluides (DNF), les chercheurs ontun meilleur aperçu des raisons pour lesquelles lesmédicaments se rendent difficilement vers lespoumons grâce aux simulations. Ces simulations four-nissent des données qui peuvent aider les médecins etles sociétés pharmaceutiques à élaborer de meilleurstraitements respiratoires. De plus, la DNF minimise lerecours à des humains pour les essais.
Une meilleure dispensation des médicaments auxpoumons ne peut s’effectuer que par l’évaluation desbonnes données produites par l’infrastructure de cal-cul de haute performance. Ces simulations doiventêtre produites de manière opportune pour êtreestimées à leur juste valeur par les médecins et l’indus-trie pharmaceutique. Pour ce faire, il faut avoir accèsaux meilleurs environnements de calcul.
La DNF est un catalyseur important pour les fabricantsde CHP et de dispositifs connexes. Le Canada doitinvestir dans des installations de calcul de classe mon-diale s’il veut continuer à être un chef de file dans latechnologie de DNF et de son utilisation accrue au seinde l’industrie. En fait, la DNF est utilisée tous les joursdans presque toutes les industries du Canada :aéronefs, moteurs d’aéronef, la production d’énergie ycompris les réservoirs de carburant, les automobiles, lesindustries pétrochimiques, de l’acier et de l’aluminium.
Le CHP permet à bon nombre de ces industries d’êtrecompétitives à l’échelle internationale. Plus importantencore, les universités continuent de servir d’incuba-teurs pour les applications d’usage commun de nosjours et elles continuent d’inventer de nouvelles appli-cations utilisées dans de nouveaux domaines tels queles technologies à l’échelle nanométrique. La de-mande pour des personnes ayant une expertise deDNF continue d’augmenter.
« À titre de fournisseur de produits de DNFet particulièrement pour les clients que nousavons de par le monde, le Canada a unbesoin important d’un plus grand bassin de personnes hautement qualifiées et deressources informatiques à la fine pointe dela technologie. »
Dr Jeff Van Doormaal
Chef d’équipe, développement de produits
ANSYS Canada Ltd
et fondateur de Advanced Scientific Computing Ltd.
Modèle de DNF de l’inhalation par le biais d’un simple
aérosol-doseur. [REF 34]
107
Étude de cas
Révéler le langage de la vie
Pouvez-vous imaginer recevoir des traitementsmédicaux personnalisés précisément selonvotre constitution génétique? Ne pas avoir à
vous inquiéter au sujet d’une mauvaise réaction àune ordonnance? Que votre taux de cholestérol soitéquilibré?
La détermination de la séquence du génome humainest considérée comme la réalisation scientifique deloin la plus importante du 20ème siècle. De nos jours, lesscientifiques prennent les mesures expérimentales,computationnelles et théoriques nécessaires pourexploiter l’information sur la séquence du génomeafin de mieux comprendre les causes des maladies etdes virus ainsi que le code génétique humain. Celadonne lieu à la prise d’informations génétiques, à ladécouverte de fragments, de même qu’à leur organi-sation et réagencement—de façon à offrir des inter-ventions médicales et de la prévention pour promou-voir le bien-être au Canada.
Une recherche si audacieuse représentera une des plusgrandes réalisations de notre siècle. Elle ne pourrait êtreentreprise sans une puissance de calcul considérable.Essayer manuellement de décoder et de comprendre lecode génétique est pratiquement impossible. Lesressources du calcul de haute performance sont essen-tielles pour les chercheurs canadiens afin qu’ils puissentélargir une base de données génétiques précieuse, enfaçonnant l’équivalent physiologique d’un alphabet, desegments de texte et de phrases. Le défi continu estd’assembler ces lettres, phrases et segments de textedans le langage de la vie.
Alors pourquoi cette percée est-elle significative?Parce que la découverte du code génétique — et la
recherche génomique qui s’ensuit — permet ledéveloppement opportun de vaccins pour combattredes virus tel le SRAS, le développement de traite-ments contre les cancers, la fibrose kystique et leVIH/sida et peut même prévenir les ACV et introduirela thérapie génique. Les avantages de ce programmesont véritablement stupéfiants pour la santé, lebien-être et la productivité des Canadiens et del’ensemble de notre société. Appuyer nos chercheurscanadiens en génomique équivaut à soutenir notrefutur bien-être ainsi que la viabilité économique denotre système de soins de santé au Canada.
La population du Canada est vieillissante et grâce àla puissance des ressources de CHP ainsi qu’à lacapacité de mettre en valeur l’information géné-tique, nous pouvons découvrir, créer et développercertaines des meilleures techniques, médications etstratégies préventives à l’appui de notre populationvieillissante. Les soins de santé font la fierté duCanada et en alliant la recherche et le développe-ment en génomique avec les ressources du calcul dehaute performance nous pouvons offrir les meil-leurs services de soins de santé possibles à tous lesCanadiens.
« Le corps humain est sans aucun doute la machine la plus complexe jamais créée. Les chercheurs engénomique relèvent le défi d’éclaircir comment celas’organise et fonctionne. Le calcul de haute perfor-mance joue un rôle de premier plan dans cetterecherche. Sans une infrastructure de calcul très sophis-tiquée, la recherche en génomique serait impossible. »
Dr Christoph Sensen
Professeur de biochimie et de biologie moléculaire
Université de Calgary
Par le biais de la visualisation de la génomique, les
chercheurs sont capables de comprendre les liens entre le
code génétique et les fonctions du corps humain. En visua-
lisant ces fonctions génomiques, les chercheurs peuvent
identifier des problèmes potentiels en génétique et leurs
impacts sur la physiologie humaine.
108
Étude de cas
La surfusion des liquides à l’aide du supercalcul
La solidification est un processus familier etimportant. L’eau refroidit pour devenir de laglace. Les silicates fondus sont mélangés dans
le four d’un souffleur de verre puis refroidis pourcréer des articles de verre. La glace et le verre sontdes solides familiers mais plutôt différents quant àleur structure moléculaire. La glace est comme uncristal, un éventail régulier de molécules; le verreest un solide amorphe, un éventail aléatoire etchaotique de molécules (consultez la figure).Pourquoi un liquide peut créer un matériau ordon-né tandis que l’autre non?
Curieusement, la réponse à cette question fonda-mentale continue d’être sujet à discussions parmi lesphysiciens, chimistes et ingénieurs en matériaux. Unmoyen général de prévoir la structure et les carac-téristiques du matériau créé en solidifiant un liquideparticulier n’existe pas encore. Pratiquement tousles liquides sont au moins momentanément « en sur-fusion » avant de se solidifier, c’est-à-dire qu’ils ontune température inférieure à la température defusion de la forme cristalline. Donc, pour compren-dre la solidification, il faut comprendre les liquidesen surfusion sur le plan moléculaire, tout en souli-gnant spécialement la manière dont la structure etles caractéristiques sont touchées par les moléculesqui s’entrechoquent et qui interagissent selon diffé-rentes conditions menant à la solidification.
Les ressources de calcul de haute performance pro-curent un laboratoire virtuel idéal pour obtenir uneimage microscopique détaillée de ces processus.
Les systèmes modèles de milliers de molécules –étudiés dans des milliers de conditions différentes –permettent l’essai de théories sur la solidification etaussi de clarifier de nouveaux résultats expérimen-taux. Essentiellement, les simulations de CHP per-mettent également l’exploration de conditionstotalement nouvelles qui n’ont pas encore étéexaminées en théorie ou explorées en pratique.
L’objectif est de prévoir et ultimement contrôler leprocessus de la solidification du cristal et du solideamorphe. Cela est essentiel pour permettre larecherche et le développement qui de nos jours estexpérimental mais qui dans cinq ans pourraaccroître la qualité de la production et la créationde nouveaux matériaux industriels.
« Les simulations informatiques qui utilisent lesinstallations de CHP sont un outil important pourles Canadiens qui cherchent à créer de nouveauxmatériaux. En ce qui concerne le problème de lasolidification, la recherche axée sur le CHPreprésente véritablement le seul moyen d’étudieren détail les mouvements moléculaires qui survien-nent durant la solidification, et d’explorer lesgammes de températures et de pressions présente-ment inaccessibles pour les expériences. Les résul-tats sont essentiels pour faire l’essai de théoriesconcurrentielles et pour nous permettre de mieuxprévoir et contrôler le processus de solidification ».
Dr Peter Poole
Canada Research Chair in Modeling
and Computer Simulation
Professor of Physics
St. Francis Xavier University
Une structure ordonnée et cristalline de la glace, telle que
modelée par les simulations informatiques. Les sphères
rouges sont des atomes d’oxygène tandis que les
sphères blanches sont des atomes d’hydrogène.
Une structure solide amorphe et chaotique de verre de silice,
telle que modelée par les simulations informatiques. Les
sphères rouges sont des atomes d’oxygène tandis que
les sphères grises sont des atomes de silicone.
109
Étude de cas
Repousser les limites du CHP pour comprendre l’univers
Les physiciens des particules cherchent la struc-
ture fondamentale de la matière depuis des
décennies. Par exemple, les physiciens
cherchent le mécanisme responsable de la produc-
tion de la masse de particules élémentaires et par
conséquent de toute matière, et cherchent à com-
prendre pourquoi il y a davantage de matière que
d’antimatière dans l’univers. Cette recherche aborde
des questions fondamentales relatives à notre
univers et permettra d’éclaircir ses origines et son
éventuel destin.
Les expériences en physique des particules utilisent
des capteurs très sophistiqués pour essentiellement
prendre une photo des résultats de collisions sub-
atomiques. La réaction de ces capteurs est enre-
gistrée pour chaque collision de façon à pouvoir
« rejouer » l’expérience encore et encore à l’aide de
techniques d’analyse toujours meilleures.
Le Canada participe activement à ce domaine dans le
cadre du projet LHC/ATLAS qui représente un
investissement de plus d’un milliard de dollars de la
part du milieu international de la recherche pour
construire le collisionneur proton-proton le plus puis-
sant au monde. Les ressources de calcul de haute per-
formance nécessaires pour analyser les collisions du
capteur ATLAS seront considérables. Nous prévoyons
que le capteur ATLAS produira plusieurs pétaoctets
de données par année. Aucun site unique de CHP de
par le monde ne peut fournir le stockage, la gestion
et l’analyse de ces données. Le projet a plutôt adop-
té la solution nouvelle de créer un collectif computa-
tionnel mondial, avec de nombreux pays qui con-
tribuent des ressources informatiques considérables.
Cette recherche donne au monde un aperçu de la
nature fondamentale de notre univers. Comme tel, il
s’agit d’un des plus grands défis intellectuels de
notre temps et le Canada peut être au premier plan
de la recherche à l’appui de ces découvertes.
En prime, cette recherche peut
mener à des développements
économiques dans les produits
technologiques. Les expériences
en physique des particules
repoussent les limites de la
technologie et se traduisent par
de nouveaux produits et de nou-
velles techniques à usage varié
dans la société. À titre d’exemple
on trouve les outils de diagnostic
médical tels que la tomographie
par émission de positons (TEP),
des traitements pour lutter con-
tre le cancer à l’aide de la radiation, l’utilisation de
techniques par radiofréquence pour sécher rapide-
ment le bois d’œuvre et peut-être l’essaimage le plus
connu de la physique des hautes énergies, le World
Wide Web.
« Le calcul de haute performance est un outilessentiel utilisé dans l’analyse de données dephysique des hautes énergies. La taille desensembles de données des expériences à venirsera sans précédent, nécessitant une grille inter-nationale d’installations de CHP. Le CHP est l’undes outils habilitants pour découvrir les secretsde la structure fondamentale de notre univers. »
Dr Mike Vetterli
Professeur de physique
Université Simon Fraser et TRIUMF
Schéma du capteur ATLAS. Ses dimensions sont les sui-
vantes : 25 mètres de diamètre, 46 m de long et un poids
de 7 000 tonnes. On peut avoir un aperçu de la taille
d’ATLAS en regardant les petites formes vertes à la base du
capteur, ces formes sont des personnes.
110
Étude de cas
Le CHP dans l’industrie de la création de contenu numérique
Le Canada est un chef de file mondial en infogra-phie et il est bien représenté par la rechercheuniversitaire et les sociétés de logiciels pour
applications industrielles. Alias, Side Effects etSoftimage sont les modèles de réussite canadiens lesplus important à l’échelle internationale sur le marchédes outils logiciels 3D, qui se complètent désormaispar une expertise artistique, technologique et de pro-duction pour la réalisation de longs métrages.
Le Canada est déjà une destination « côtière » pourles productions avec scènes réelles et en 2003, l’in-dustrie des films d’animation à imagerie générée parordinateur (IGO) a fait son entrée à Toronto avecC.O.R.E. et IDT présentant des productions à IGO. Dela même manière que le personnel technique com-pétent et le talent artistique incitent les producteursà tourner des scènes réelles au Canada, la disponibi-lité de studios de production convenables attirera lesfilms à IGO pour la production côtière.
Une grappe de calcul typique ou « complexe dereproduction » pour les films à IGO se compose deplus de 500 machines biprocesseurs. Chaque cadred’une animation à résolution du film peut prendreentre 2 à 4 heures à calculer. Si un film à IGO typiquedure 80 minutes, alors il faut calculer 115 200 cadresX 3 heures/cadre = 14 400 jours de temps de traite-ment (sur une seule unité centrale) pour une seuleitération. Chaque itération ajoute progressivement àla qualité finale de l’IGO. Bien qu’il y ait de nom-breuses autres industries qui nécessitent de grandespuissances de calcul, la taille des données est
généralement petite par rapport aux données IGOphotoréalistes de pointe. Un simple plan avec demultiples personnages et effets peut nécessiter 100 à 1 000 gigaoctets d’espace disque (comprenantles données d’entrée et les cadres de sortie repro-duits). Avec en moyenne 1 500 plans photoréalistesde pointe dans un film de 80 minutes, les besoinssont énormes en ce qui touche à l’infrastructure etla période de récupération est limitée à la durée dufilm (habituellement 2-3 ans, suite à quoi l’infra-structure sera entièrement rajeunie).
Un débit supérieur signifie que les artistes et tech-niciens peuvent exécuter plus d’itérations d’unplan donné, occasionnant ainsi un produit final demeilleure apparence. Plus un complexe peut exé-cuter d’itérations et plus la vision créative dudirecteur sera réalisée. Tandis que les audiencesdeviennent plus sophistiquées, le directeur exigeconstamment de plus en plus d’animation et dereproduction réalistes, de même que des effetsvisuels. Cela s’accomplit grâce au talent artistiquefacilement disponible (particulièrement auprès duprogramme d’animation informatique reconnumondialement du Sheridan College) et aux scien-tifiques en infographie qui doivent créer des codespersonnalisés pour les effets visuels et autres élé-ments spécialisés pouvant accroître le réalisme(par ex. des vagues et des embruns océaniquesdans le film En pleine tempête) ou la nouveauté(par ex. l’effet des balles dans La Matrice) d’uneséquence donnée. Pour être au premier rang de cemarché, nous devons offrir des solutions de calculflexibles et puissantes qui soutiennent la créationde l’imagerie la plus réaliste dans le plus court délai.
« L’accès au CHP est un prérequis pour
les films d’animation par ordinateur.
Puisque le marché des films à IGO
évolue rapidement, plus que la
moyenne de croissance annuelle de
35 % sur l’ensemble du marché du
contenu numérique, les entreprises
comme C.O.R.E. font face à un marché
très compétitif qui cherche des ressources
quelque peu difficiles à trouver. »
Tom Burns
Core Feature Animations, Toronto
Foire aux questions (FAQ)
111
Foire aux questions (FAQ)
Les enjeux soulevés par les questions suivantes sont traités en détail dans le
texte du présent rapport. Ils sont énumérés ici afin d’illustrer la raison
d’être essentielle du rapport. Nous fournissons les références aux sections
qui abordent ces questions (par ex. S2 – Section 2 du Sommaire; C2 – Chapitre 2).
Si le CHP est si avantageux, pourquoi l’industrie ne peut-elle soutenirl’infrastructure?
Les industries élaborent des applications raisonnées à partir de recherches uni-
versitaires fondamentales et dictées par la curiosité. Peu de sociétés peuvent se
permettre d’investir dans cette phase initiale critique de découverte.
De plus, bon nombre d’applications de CHP sont du domaine public : l’infra-
structure (les transports), les mégasciences (la météorologie, l’astronomie, la
physique), les compétences gouvernementales (les pêches, la santé, l’éduca-
tion). Un plus grand appui du domaine public au CHP serait principalement une
responsabilité du gouvernement.
(Sections pertinentes : Étude du cas de Neurochem, « Un jour »)
Pourquoi les chercheurs ne peuvent-ils demander du financementpour le CHP par le biais de mécanismes existants?
Il existe certains mécanismes de financement pour les infrastructures de CHP de
milieu de gamme (par ex. la FCI) mais il n’y a aucune coordination à long terme
pour une stratégie nationale de CHP qui supervise l’équipement, le personnel et
l’infrastructure, tout en établissant les liens entre les gouvernements, les univer-
sités et l’industrie. Il n’y a pas de mécanisme visant à concrétiser l’investissement
de grande envergure nécessaire pour une installation de CHP haut de gamme au
Canada. En dernier lieu, l’échelle de temps rapide requise pour rajeunir la tech-
nologie ne convient pas aux mécanismes de financement actuels.
(Sections pertinentes : S2 ; S3 ; C3-Financement pour le personnel de soutien du
CHP ; C4 au complet ; C5 Introduction)
Pourquoi ne pouvons-nous pas relier plusieurs ordinateurs de bureau bonmarché et incroyablement puissants pour résoudre les grands problèmes?
Cette solution est possible si on peut répartir le problème en de nombreuses
composantes autonomes qui peuvent chacune être traitées par un seul ordina-
teur de bureau. Cependant, de nombreuses applications importantes de
recherche ne peuvent tout simplement pas être échelonnées ainsi puisqu’elles
ont des besoins d’unité centrale, de mémoire, de données ou de communica-
tions qui surpassent de loin les capacités d’un ordinateur de bureau. De tels
problèmes ne peuvent être résolus qu’à l’aide de l’équipement de CHP.
(Sections pertinentes : S1 ; C2 – Encadrés sur la faisabilité et les applications
parallèles; C2 - Section sur les anneaux centraux)
La population du Canada n’est-elle pas trop petite pour concurrencerdans ce domaine?
Un certain nombre de plus petits pays ont investi dans des stratégies de CHP,
reconnaissant ce domaine comme un catalyseur important du futur développe-
ment économique. En outre, le Canada possède des caractéristiques uniques qui
le rendent idéal pour le leadership en matière de CHP. Le Canada n’est pas à ce
point petit qu’il manque de ressources (humaines, financières et connaissances)
pour avoir un impact important dans le monde. Il n’est pas non plus trop grand
pour que les efforts nationaux soient si importants qu’ils aient tendance à se
transformer en initiatives régionales incompatibles. Ce principe a déjà été illus-
tré par le réseau CaNet*4 de CANARIE. La grande étendue du Canada et son
nombre limité de grandes villes le rendent idéal pour une grille informatique
Foire aux questions (FAQ)
112
coordonnée qui allie la transmission de données haute vitesse de CANARIE avec
les ressources de CHP décrites dans le présent document. Comme pour les
chemins de fer du siècle dernier, une telle grille nationale réunirait la science et
la société du Canada comme peu de pays pourraient le faire.
De surcroît, les mesures extérieures montrent que le milieu de la recherche du
Canada se classe au deuxième rang parmi les pays du G8 (derrière le Royaume-
Uni) en ce qui touche la productivité de la recherche. Le Canada est bien placé
pour diriger plutôt que d’être dirigé.
(Sections pertinentes : C1-Encadré sur CANARIE; C2 Section et encadrés sur les
réseaux et les grilles; C3 Encadré sur la productivité scientifique)
Pourquoi investir dans un CHP dispendieux? Pourquoi ne pas simplement attendre que d’autres pays effectuent la recherche fondamentale tandis que nous mettons l’accent sur les phases dedéveloppement et de production?
Les principaux avantages de la technologie de l’information reviennent à ceux
qui font les découvertes. Si le Canada attend que d’autres pays réalisent des
percées, nous nous laisserons inévitablement distancer dans la course vers de
nouvelles connaissances sur le marché. Et cela est d’autant plus vrai dans ce
domaine. Imaginez si Silicon Valley été née dans une ville canadienne…
(Sections pertinentes : C1 Introduction)
Pourquoi ne pas payer l’utilisation des ordinateurs d’autres pays?
En bout de ligne, cette solution s’avère plus dispendieuse et inefficace pour le
développement du Canada comme chef de file dans la recherche et le
développement haut de gamme. Tel que mentionné au chapitre 2, le véritable
coût d’exécuter une application sur une installation à échelle téra peut varier
de 100 000 $ à des millions $. Il s’agit d’argent perdu pour le Canada. Une
stratégie de CHP à l’étranger, si elle s’étend à l’échelle nationale, coûterait
davantage que la stratégie nationale que nous proposons. L’utilisation du
Simulateur de la Terre japonais pour modéliser un système météorologique des
ouragans illustre bien les avantages et désavantages potentiels. Le véritable
coût engendrer par ce travail était de 5-10 millions $; L’équipe canadienne a pu
fournir des ressources techniques en lieu du paiement mais elle a tout de même
subi la faible priorité d’accès et l’exigeante bureaucratie internationale. Après
9 mois d’utilisation, seulement environ 40 % des travaux sont complétés en rai-
son d’une faible priorité. Acheter du temps d’unité centrale, si nous pouvions le
concrétiser, enverrait le signal que le Canada n’est pas un joueur important du
G8. Nous perdrions de nombreux jeunes scientifiques computationnels qui
choisiraient de travailler à l’étranger puisqu’ils ne pourraient être compétitifs
au Canada en raison d’une plus faible priorité par rapport à leurs pairs quant à
l’accès dans le pays qui offre l’infrastructure.
(Sections pertinentes : C2 La section sur les anneaux centraux et la note de bas
de page; C2 L’encadré sur le Simulateur de la Terre, C4)
Qu’en est-il du soutien provincial?
Il serait souhaitable que les gouvernements provinciaux participent à cette
stratégie nationale. Cela leur permettrait d’accroître l’infrastructure de CHP de
manière à traiter des priorités provinciales particulières en matière de CHP.
Aborder ces perspectives individuelles va au-delà de la portée de ce plan et
nécessitera des discussions entre les deux ordres de gouvernement.
Références
113
Références
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en prévision numérique
[2] Pour plus d’information, consultez le site www.googleguide.com
[3] Pour plus d’information, consultez le site www.aerospace-technology.com
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[6] Pour plus d’information, consultez le site www.brainrepair.ca
[7] Pour plus d’information, consultez le site www.bcgsc.ca/bioinfo/SARS/index_html/view
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[15] Pour plus d’information, consultez le site www.top500.org
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2002, www.innovationstrategy.gc.ca
[22] David A. King. « The Scientific Impact of Nations », Nature, vol. 430, 15 juillet
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[23] SSCI (CISS) : http://www.cs.ualberta.ca/~ciss/
[24] Trellis Project : http://www.cs.ualberta.ca/~paullu/Trellis/
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Support for Research Infrastructures Programme. » Par C. di Reno (28 janvier
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http://www.hoise.com/primeur/04/articles/monthly/AE-PR-03-04-27.html
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octobre 2004)
[34] Pollard et. al, Génie mécanique à l’Université Queen’s, Kingston, © 2003
Certaines des informations contenues dans ce rapport n’étaient disponibles qu’en anglais. Nous aimerions nous excuser auprès des lecteurs.