Les menaces qui pèsent sur l'eau

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Doctissimo.fr Avril 2012 Page 1 sur 24 Les menaces qui pèsent sur l’eau Recueil de Maryam RAHOU

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L’eau est l’une des ressources naturelles les plus menacées aujourd’hui. Pollution, gaspillage... Comment protéger les ressources naturelles ? Peut-on agir au quotidien pour économiser ce bien rare ? Peut-on améliorer la qualité de l’eau du robinet ? Tout ce qu’il faut savoir pour préserver un élément indispensable à la vie sur Terre.

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Les menaces

qui pèsent

sur l’eau

Recueil de

Maryam RAHOU

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I. Préserver les ressources en eau

I.1. L’accès à l’eau potable pour tous, une urgence !

Quelle eau boire ?

I.2. Peut-on encore boire l'eau du robinet ?

I.3. Qualité de l'eau : peut mieux faire !

Economiser les ressources en eau

I.4. Dessaler l’eau de mer

I.5. Comment lutter contre la pollution de l'eau par les nitrates ? Interview de Claire Grisez du

ministère de l'Ecologie

I.6. Réserves en eau : attention rare !

I.7. Récupérer l'eau de pluie

Dans quelle eau se baigner sans risque ?

I.8. Comment choisir le meilleur lieu de baignade ?

I.9. Qualité des plages : labels et repères

I.10. Algues vertes en Bretagne : il est temps d'agir !

II. Economiser l’eau

II.1. Les gestes quotidiens pour économiser l'eau de boisson

II.2. Préserver l'eau : les gestes pour ne pas la polluer

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L’eau est l’une des ressources naturelles les plus menacées aujourd’hui. Pollution, gaspillage...

Comment protéger les ressources naturelles ? Peut-on agir au quotidien pour économiser ce bien rare

? Peut-on améliorer la qualité de l’eau du robinet ? Tout ce qu’il faut savoir pour préserver un

élément indispensable à la vie sur Terre.

I. Préserver les ressources en eau

Ce n’est pas pour rien si l’eau est surnommée l’or bleu. Car des milliards de personnes n’ont pas accès

à des ressources d’eau potable. Pourtant, les gaspillages sont nombreux, et mettent en péril les réserves

de plus en plus rares. De l’eau de boisson aux plages, découvrez les menaces qui pèsent sur ce bien

précieux.

I.1. L’accès à l’eau potable pour tous, une urgence !

La demande en eau n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui et elle ne fera qu'augmenter au

cours des prochaines années, comme le confirment les experts lors du 5ème

forum de l'eau qui a débuté

le 16 mars à Istanbul. Cette ressource indispensable vient à manquer et inquiète les autorités

nationales et internationales, qui se concertent lors de différentes manifestations afin de palier au

mieux et le plus rapidement à cette pénurie.

Au moins 900 millions de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et 2,5 milliards n'ont pas ou peu d'accès à

l'assainissement. 5 000 enfants meurent par jour de diarrhée, soit un enfant toutes les 17 secondes, du fait

d'une eau insalubre ! La quantité limitée des ressources ainsi que l'insalubrité persistante inquiètent les

autorités et font l'objet d'événements à l'échelle internationale, tout au long du mois de mars.

La demande d'eau en augmentation incessante

L'état des ressources mondiales d'eau fait l'objet tous les trois ans, d'un rapport des Nations Unies. Cette

année, le rapport intitulé "L'eau dans un monde changeant" souligne la nécessité d'adapter les systèmes

d'assainissement aux ressources d'eau et à la demande mondiale.

En effet la demande en eau n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui. Cette pénurie augmentera au fil

des années, avec la croissance de la population et l'urbanisation : la production alimentaire et d'énergie

devront être accrues, ce qui impliquera une augmentation de la consommation d'eau.

De plus avec le réchauffement climatique, la situation ne peut qu'empirer : l'augmentation des températures

accentuera les variations de précipitations et augmentera le risque d'inondations ou de sécheresse. Les

calottes polaires ainsi que les glaciers commencent déjà à fondre, réduisant ainsi les réserves d'eau douce.

Depuis 1900, la moitié des zones humides du monde ont disparues.

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L'insalubrité, un fléau supplémentaire

En sus du manque de ressources en eau, il reste un problème majeur, l'insalubrité. Par exemple, chaque jour,

2 millions de tonnes d'eaux usagées sont déversés et 70% des résidus industriels sont déversés sans

traitement préalable dans les cours d'eau des pays industrialisés !

Conséquence du manque de ressources et d'assainissement : un enfant meurt toutes les 17 secondes de

diarrhée, soit 5 000 enfants par jour. Ces décès pourraient être évités si des systèmes d'accès à l'eau potable

étaient mis en place. Une maladie sur 10 est due à l'approvisionnement, à l'insalubrité, à l'hygiène ou à la

gestion des ressources d'eau.

La pauvreté et la guerre majorent la pénurie

Il existe un lien très clair entre la pauvreté et les ressources en eau : le nombre de personnes vivant avec

moins d' 1,25 dollar/jour coïncide approximativement au nombre de celles qui n'ont pas accès à l'eau potable.

Par ailleurs, comme le souligne Robert Mardini, chef de l'Unité "eau et habitat" au Comité International de la

Croix Rouge (CICR), « Les systèmes d'adduction d'eau, d'égouts et d'alimentation en électricité, ainsi que

les structures médicales, sont généralement les premiers services atteints lors de l'éclatement d'un conflit

(...). Ils peuvent être endommagés ou détruits par les bombardements et les explosions, ou être totalement

débordés par l'afflux de personnes déplacées. De telles perturbations sont souvent suivies de graves pénuries

et de la propagation rapide de maladies qui peuvent être mortelles ».

Selon le CICR, un quart des personnes privées d'eau potable et 15% de ceux qui n'ont pas accès à des

services d'assainissement adéquats se trouvent dans des pays déchirés par la guerre. Des systèmes

d'approvisionnement et d'assainissement doivent donc être mis en place en priorité dans les lieux de vie des

personnes les plus défavorisées, ayant le moins accès à l'eau.

« Maintenant, la priorité est à l'action. Nous devons mobiliser l'engagement, la volonté et les moyens

humains pour s'assurer que les prévisions faites concernant la crise en eau ne deviennent pas réelles. L'eau

a été, peut être et doit être un rassembleur, pas un diviseur » confirme Koïchiro Matsuura, directeur général

de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) dans un message

élaboré à l'occasion de la journée mondiale de l'eau 2009.

22 mars 2009, la Journée Mondiale de l'Eau en faveur du partage

La Journée Mondiale de l'Eau a été créée en 1992, par l'Assemblée Générale des Nations Unies, suite à une

recommandation faite lors de la Conférence sur l'Environnement et le Développement. Cette journée a pour

but de célébrer l'eau douce et la première édition eut lieu le 22 mars 1993.

Durant plus de 15 ans, cette journée fut l'occasion pour les grandes institutions ainsi que pour les associations

de mettre en lumière certaines problématiques liées à l'eau. Les précédentes années, la thématique de cette

journée avait concerné la pénurie, les problèmes sanitaires ou encore l'importance de l'eau dans la plupart des

cultures.

La Journée Mondiale de l'Eau 2009, intitulée "Eaux partagées, opportunités partagées" mettra en avant les

sources d'eau douce transfrontalières. Il existe 263 lacs et bassins fluviaux transfrontaliers et 145 pays en

possèdent. 45% des terres sont couvertes de bassins ou de fleuves passant dans plus d'un pays. De même, on

dénombre 273 aquifères souterrains.

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Ces sources d'eau seraient suffisantes pour tous, mais leur mauvaise gestion place certains pays en réelle

pénurie. De nombreux conflits sont à prévoir, c'est pourquoi les NU ainsi que la Food and Agriculture

Organization (FAO) préconisent la coopération transfrontalière. Plus de 200 accords internationaux ont été

signés, les 60 dernières années et seulement 37 cas de violence entre états pour l'eau ont été rapportés.

Augmenter les opportunités de coopération dans la gestion de ces eaux pourraient impacter sur la

compréhension, le respect et la confiance mutuels entre les pays. Cela favoriserait la paix, la sécurité et une

croissance économique stable. C'est du moins ce que souhaite l'UNESCO avec l'aide de la Commission

Economique des Nations Unies pour l'Europe (UNECE) et la FAO.

Valérie Chau, 19 mars 2009

Sources

L'eau qui tue, l'eau qui sauve : une urgence humanitaire, dossier de presse 2009 de Solidarités, association d'aide

humanitaire d'urgence

Site officiel de la Journée Mondiale de l'Eau

Cinquième Forum mondial de l'eau : meilleur accès à l'eau et à l'assainissement pour les victimes de la guerre,

communiqué de presse du Comité International de la Croix Rouge, 16 mars 2009

Des sites pour en savoir plus

http://www.unesco.org/water

Le calendrier des évènements associés à la Journée Mondiale de l'eau du 22 mars (en anglais)

Quelle eau boire ?

L’eau est la seule boisson indispensable à la vie. C’est pourquoi il faut préserver sa qualité de tous les

contaminants et autres polluants. Pourtant, les consommateurs font de moins en moins confiance en l’eau qui

vient du robinet ; fontaine, je ne boirais pas de ton eau ! C’est ce que disent la moitié des Français, qui

préfèrent consommer de l’eau en bouteille. Certes, les dernières études ne sont pas très rassurantes… Peut-on

la boire sans risque ?

I.2. Peut-on encore boire l'eau du robinet ?

L’eau qui sert à alimenter nos robinets est polluée ! C’est ce que souligne un rapport du Muséum

National d’histoire naturelle. Votre région est-elle à risque ? Pouvez-vous boire l’eau qui sort de vos

canalisations ? Faut-il acheter un filtre ? Les réponses à toutes vos questions.

De nombreux polluants

Le Pr. Jean-Claude Lefeuvre, du Muséum d’histoire naturelle s’est penché sur les constats des six agences de

l’eau de France. Résultat : les eaux de l’hexagone sont en mauvais état ! Les trois quarts des eaux seraient

ainsi dans un état écologique inacceptable, car polluées.

Or ces analyses sont peut-être en deçà de la réalité : en effet, elles ne sont basées "que" sur les teneurs en

pesticides et nitrates. Or il existe de nombreux autres polluants : médicaments et autres produits

pharmaceutiques (rejetés par les gens ou les animaux d’élevages), polluants chimiques tels que phtalates et

autres métaux lourds…

En fait, tous les pays de l’UE doivent arriver à une bonne qualité écologique des eaux d’ici 2015. Seulement

½ des eaux françaises atteindront les objectifs dans le meilleur des cas ! Il est donc urgent de réagir !

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Votre eau est-elle à risque ?

Comment savoir si l’eau qui alimente votre robinet provient d’une source très polluée ? D’abord cela dépend

bien sur des activités agricoles et industrielles qui existent dans la région. Pour les connaître, vous pouvez

consulter le registre français des émissions polluantes, mis en place par le gouvernement. Très bien fait, il

vous permet de connaître les principales sources de polluant de l’air, de l’eau, et des sols par région.

Mais attention, il faut savoir que même si votre région est fortement polluée, l’eau utilisée pour la

distribution ne l’est pas forcément. En effet, les communes utilisent deux sources en fonction de la

disponibilité : les captages d’eaux superficielles ou les eaux souterraines. Or les premières, si elles sont plus

faciles à exploiter, sont généralement plus polluées. Elles nécessitent donc des traitements plus poussés pour

être potables. Les trois quarts des communes utilisent l’eau souterraine. Mais certaines régions, comme l’Ile

de France, la Bretagne ou la Provence-Alpes Côte d’Azur s’approvisionnent avec les eaux superficielles.

Agir maintenant

Comment réduire la pollution de l’eau ? D’abord, bien sûr, il faut qu’industriels et agriculteurs réduisent les

rejets de pesticides et autres substances chimiques. Mais la qualité de l’eau est l’affaire de tous. Aussi il faut

veiller à limiter ses rejets ménagers :

Si vous avez une canalisation bouchée, prenez une ventouse au lieu d’un produit corrosif ;

Ne jetez pas vos médicaments périmés dans les toilettes, ramenez-les à votre pharmacien ;

Tous les déchets ménagers spéciaux (solvants, peintures, produits de développement photos, huile de

vidange…) ne doivent pas être jetés à la poubelle. Il faut les ramener au point de collecte

(déchetterie ou camions de ramassage) le plus proche de chez vous ;

Ne jetez pas les piles usagées dans la poubelle, ramenez-les dans les points de collecte (les magasins

et supermarchés qui vendent les piles sont tenus de reprendre les accus usagés).

Faut-il prendre un filtre ?

Rassurez-vous, si les eaux françaises sont polluées, cela ne veut pas dire que l’eau du robinet est impropre à

la consommation (lire à ce propos notre article Faut-il avoir peur de l'eau du robinet ?), mais cela signifie

qu’elle nécessite beaucoup plus de traitements pour être potable. Et cela multiplie les risques d’incidents.

Lorsque les stations sont débordées, elles sont obligées de couper l’approvisionnement ou de déconseiller la

consommation d’eau du robinet. Sans parler des sécheresses qui exacerbent le phénomène : il y a moins

d’eau dans les nappes pour "diluer" les pesticides et autres polluants.

Pour être totalement sûr de son eau, faut-il alors opter pour un filtre que l’on trouve dans le commerce ? En

théorie, non, puisque justement la teneur en microorganismes et polluants est contrôlée. Vous n’éliminerez

pas plus de substances que ne l’a déjà fait le distributeur d’eau.

Le principal avantage du filtre est d’améliorer le goût de et de diminuer la dureté (teneur en calcaire). Il peut

permettre aussi d’arrêter certains métaux lourds, si votre immeuble à de vieilles canalisations.

N’oubliez pas dans tous les cas de changer régulièrement le filtre ou la cartouche. Et attention, un filtre ne

"désinfecte" pas l’eau : ne l’utilisez pas avec de l’eau qui vient d’un puits ou d’une source privée.

Alain Sousa, le 15 avril 2008

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I.3. Qualité de l'eau : peut mieux faire !

Pesticides, nitrates, plomb… La qualité de l’eau est au cœur des préoccupations des consommateurs.

Spécialiste des politiques publiques de gestion de l’environnement, de l’eau et du bruit, Bernard

Barraqué est directeur de recherche au CNRS. Interrogé par Doctissimo, il remet en cause nombre

d’idées reçues sur la pollution de l’eau.

Doctissimo : Les valeurs réglementaires de concentration de pesticides dans les eaux ne reposent pas sur

des analyses de risque, mais plutôt sur des décisions de nature politique lit-on dans le rapport du Comité

de la Prévention et de la Précaution…

Bernard Barraqué : Dans nos sociétés technico-démocratiques, il est tentant d’utiliser une approche

technique pour asseoir le principe de précaution. Alors on fixe des seuils supposés rassurer tout le monde,

mais comme les connaissances sont insuffisantes, c’est l’inverse qui se produit. Face au problème des

pesticides, la directive européenne du 15 juillet 1980 relative à la qualité des eaux destinées à la

consommation humaine a donc établi un seuil de 0,1µg/litre.

A l’époque, les polluants ne pouvaient être détectés en deçà de ce niveau. Mais depuis, les capacités

d’analyse se sont affinées, ce qui a conduit à un débat assez vif lors de la révision de la directive entre les

partisans de l’abaissement du seuil et ceux d’une certaine relaxation. Mais n’aurait-il pas mieux fallu en

interdire tout simplement l’emploi de certains d’entre eux ? C’est parce que l’on n’a pas voulu prendre cette

décision politique que l’on recourt à des normes techniques qui obscurcissent le problème.

Doctissimo : Vous exprimez aussi des réserves quant à la dangerosité des nitrates présents dans l’eau

potable…

Bernard Barraqué : A 200-300 mg/litre les nitrates ne sont pas dangereux sauf pour les femmes enceintes

et les nourrissons, d’où la norme de 50 mg/litre. Mais le rapport du commissariat au plan sur l’évaluation de

la protection des ressources en eau destinées à la consommation humaine l’affirme clairement : le comité

scientifique de ce rapport a considéré que les nitrates sont des traceurs de tous les autres polluants. Là où les

nitrates augmentent, le reste augmente. Comme il ne nous est pas possible aujourd’hui de combattre les

méfaits de l’agriculture intensive en tant que telle, nous n’avons pas souhaité remettre en cause cette norme

qui constitue un butoir.

Nous avons souhaité traiter ainsi le véritable problème qui consiste à diminuer la pollution agricole des

ressources en eaux plutôt que de pousser les distributeurs d’eau à toujours plus de traitements sophistiqués. Il

me semble même que la meilleure voie politiquement possible consiste à faire payer par les citadins la perte

de revenu des agriculteurs qui repasseront à une agriculture respectueuse de l’environnement. Beaucoup

d’écologistes et de consommateurs d’eau refusent cette solution du pollué-payeur mais c’est celle qui a été

adoptée en Allemagne et aux Pays-Bas, pays qui connaissent moins de conflits en général sur l’eau.

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Doctissimo : La qualité de l’eau distribuée est globalement correcte, mais celle des réserves et des

ressources, à savoir les nappes phréatiques, se dégrade. N’est-ce pas inquiétant ?

Bernard Barraqué : Il faut bien préciser que même si 58% des Français reçoivent une fois dans l’année une

eau non conforme à tel ou tel paramètre, on ne peut pas dire pour autant que l’eau distribuée soit de mauvaise

qualité, au contraire. Il est inutile d’angoisser inutilement les consommateurs. En revanche, c’est vrai que la

qualité des eaux brutes se dégrade du fait notamment de la pollution diffuse due à l’agriculture. Si les

scientifiques tirent le signal d’alarme, c’est qu’ils savent qu’il faut 10 à 15 ans d’efforts pour inverser les

tendances.

Doctissimo : Est-ce alors la preuve de l’inefficacité des politiques suivies ?

Bernard Barraqué : Au contraire, c’est la preuve de l’efficacité des politiques suivies puisque jusqu’à

présent il s’agissait de soutenir l’agriculture intensive ! Il faut bien avouer que pendant des années nous

n’avons quasiment jamais eu de politique de réduction de la pollution agricole. Tout reste de l’ordre du

volontariat et du contractuel, sauf pour le programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole (PMPOA).

Mais celui-ci est beaucoup trop favorable aux gros éleveurs et son inefficacité a été mise en lumière par un

récent rapport du ministère de l’Agriculture.

Ceci étant dit, une fois encore comme on ne peut pas mettre un policier derrière chaque agriculteur et que par

ailleurs au niveau national l’Environnement ne pèse pas grand chose par rapport à l’Agriculture, la voie

contractuelle, soutenue par les agences de l’eau mais organisée dans des contrats de rivières et contrats de

nappes, me paraît la plus efficace.

Doctissimo : Vous ne croyez pas aux discours alarmistes sur la raréfaction des ressources en eau potable.

Cela va à l’encontre du discours dominant.

Bernard Barraqué : Le sujet de la disponibilité des quantités d’eau n’a pas grand chose à voir avec la

question de la qualité de l’eau du robinet. L’amalgame fait vendre du papier et fait de l’audimat, mais c’est

tout ! On nous dit que si on ne dispose pas de 1 500 m3 d’eau par habitant et par an dans un pays alors il est

en situation de stress hydrique. Or à bien y regarder, un homme consomme en moyenne chaque année 1 m3

d’eau pour boire et 60 m3 pour tous les usages domestiques. Alors pourquoi 1 500 m

3 ? Cela correspond à ce

qui est nécessaire pour cultiver ce qu’il faut pour se nourrir. Par exemple pour faire pousser une tonne de blé,

il faut 1 000 m3 d’eau. Mais il vaut beaucoup mieux importer le blé que l’eau quand on n’en a pas assez.

L’alarmisme repose sur un amalgame entre l’eau comme ressources dont l’humanité a besoin pour se nourrir

et l’eau comme service public, ce qui n’a rien à voir. Il parait assez clair qu’au lieu de dépenser inutilement

de l’argent à des grands programmes hydrauliques de transfert d’eau pour développer l’irrigation on ferait

mieux de financer l’extension des réseaux publics des villes du Tiers monde.

Propos recueillis par Mathieu Ozanam

Bernard Barraqué est notamment intervenu sur les problèmes de pollution de l’eau lors du salon Aqua-expo, qui s’est

déroulé en février 2002.

Economiser les ressources en eau

Non seulement il est essentiel de ne pas polluer l’eau, mais il faut aussi l’économiser. Comment préserver les

ressources, afin de ne pas épuiser les nappes phréatiques ? Petit bilan des réserves hydriques et des moyens

de mieux les gérer pour mieux les protéger.

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I.4. Dessaler l’eau de mer

La surface de la terre est recouverte aux trois quarts d’océans, c'est-à-dire d’eau salée non potable.

Compte-tenu de la diminution du niveau des nappes phréatiques et de la difficulté d’accès à l’eau

douce dans certaines zones du monde, dessaler l’eau de mer apparaît comme un enjeu de taille.

L’eau est un élément essentiel à la vie sur terre. Aujourd’hui, on estime à 2,5 milliards le nombre de

personnes vivant sans accès à une eau saine. Entre des ressources naturelles de moins en moins importantes

et des eaux de plus en plus polluées, l’accès à une eau potable pour tous est un véritable enjeu. Ainsi, l’idée

d’exploiter l’eau de mer apparaît comme une solution envisageable pour obtenir de l’eau potable.

Le manque d’eau potable

La pénurie d’eau douce touche différentes régions dans le monde, notamment les zones arides du Proche-

Orient, de l’Afrique du Nord ou de l’Asie du Nord-est, alors que la plupart de ces pays soient proches d’une

réserve d’eau salée importante (mer, océan). D’autres régions, comme aux pôles et au Groenland, ont une rés

erve d’eau douce importante, mais inexploitable.

En effet, seulement 2,5% de la totalité des réserves mondiales d’eau est de l’eau douce. Elles se répartissent

en 68,7% sous forme de glacier, 30,1% dans les nappes phréatiques difficilement exploitables et seulement

0,4% d’accès direct ou exploitable par l’homme. Ainsi, près des trois quarts des réserves mondiales en eau

douce restent difficiles d’accès.

Comment dessaler l’eau de mer ?

Dessaler l’eau de mer pour obtenir de l’eau douce et potable n’est pas une idée nouvelle, loin s’en faut. Dès

l’Antiquité, les marins utilisaient la distillation pour avoir de l’eau potable sur les navires. Dans ce procédé,

on chauffe dans un premier temps l’eau de mer. Dans un contexte de développement durable, l’énergie

solaire est privilégiée. Sous l’effet de la chaleur, l’eau s’évapore alors que le sel dissous dans l’eau reste en

dépôt. L’eau, sous forme de vapeur, est alors condensée au contact d’un système de refroidissement pour fina

lement produire de l’eau potable.

Une autre méthode existe actuellement, c’est l’osmose inverse basée sur le principe de filtration. L’eau est

traitée par des filtrations successives au travers d’une membrane. Contrairement aux molécules d’eau, les

particules polluantes ne peuvent pas traverser la membrane. L’eau filtrée obtenue est ainsi propre à la

consommation.

Et l’impact sur l’environnement ?

Dessaler l’eau n’est pas sans risque pour l’environnement. Pour la désalinisation par osmose inverse, le

concentré de sel obtenu en fin de procédé est rejeté dans le milieu marin. Le rejet de ces saumures dans l’eau

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peut bouleverser les écosystèmes qui sont sensibles à une variation de la salinité. Pour pallier ce problème,

les usines de dessalement procèdent à des aménagements en bordure de côte pour faciliter la dilution des

saumures et ainsi en réduire l’impact sur l’environnement.

La désalinisation par distillation est un procédé qui nécessite l’utilisation de produits chimiques. Le chlore

est ainsi utilisé pour maintenir les installations de l’usine stérile. Le rejet de chlore dans le milieu marin peut

menacer les espèces d’un écosystème sensible à cet agent chimique.

Pour dessaler, il faut payer !

Le désavantage majeur de la désalinisation de l’eau était jusqu’à présent le coût. En effet, pour que les usines

soient rentables, il faut qu’elles puissent concurrencer le coût de l’eau potable obtenu par l’exploitation de

l’eau de surface et souterraine, qui varie entre 0,1 et 0,5 euro par mètre cube.

Mais avec la modernisation de la technique d’osmose inverse, « le coût au mètre cube d’eau a chuté de 2

euros en 1980 à 0,4 euro aujourd’hui », indique Frédéric Lasserre, directeur de l’Observatoire de recherches

internationales sur l’eau (ORIE). C'est pourquoi de plus en plus d’usines de dessalement sont construites

dans les pays industrialisés ou riches comme en Espagne, en Grèce, en Italie, au Proche-Orient et en

Californie.

Pour dessaler l’eau par le procédé de distillation, le coût moyen est 1,2 euro par mètre cube d’eau. L’osmose

inverse est ainsi le procédé de dessalement le plus utilisé au niveau mondial. En effet, 2/3 des usines

produisent l’eau douce par cette technique et 1/3 par distillation. Cependant, malgré plus de 14 000 usines de

dessalement exploitées à travers 120 pays, moins de 1% de la consommation mondiale en eau douce en est

produite. En effet, bien que rentable pour les usages domestiques, « dessaler l’eau par osmose inverse reste

trop cher pour l’agriculture », précise professeur Lasserre.

Vers une gestion de l’eau mondialisée

La demande en eau poursuivra sa croissance dans les prochaines années, essentiellement à cause de

l’augmentation de la population mondiale. De plus, l’usage de l’eau n’est pas limité aux besoins

domestiques, bien au contraire. Le domaine industriel et surtout l’agriculture sont de gros consommateurs en

eau, soit 69% de la consommation totale en eau douce. Cette forte demande est responsable de la

modification des ressources en eau dans le milieu naturel.

En prenant l’exemple de la France, le professeur Lasserre explique que, paradoxalement, c’est l’Ouest de la

France qui connaît les plus gros problèmes de gestion de l’eau. En effet, bien que les précipitations y soient

plus importantes, le niveau de la nappe phréatique y baisse constamment, les cours d’eau s’assèchent et

certains marais disparaissent. Une agriculture intensive et une mauvaise gestion de l’eau en sont les principa

ux responsables.

Chacun doit alors se responsabiliser pour gérer sa propre consommation en eau. Une gestion qui passe

également par une prise en compte de notre nourriture, certains aliments nécessitent en effet un volume d’eau

considérable. Et si repenser sa consommation alimentaire était un autre moyen vers une gestion de l’eau resp

onsable ?

Stéphanie Toetsch, le 23 février 2010

Sources

1er

rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau : L'eau pour les hommes, l'eau pour

la vie

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2ème

Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau : L'eau, une responsabilité

partagée

Le dessalement est-il écologique ? La recherche

Entretien avec Fréderic Lasserre, Professeur au Département de géographie de l’Université Laval à Québec et Directeur

de l'Observatoire de recherches internationales sur l'eau (ORIE)

L'Espagne mise sur le dessalement d'eau de mer pour produire son eau potable, Actu-environnement, 04/09/09

I.5. Comment lutter contre la pollution de l'eau par les nitrates ? Interview de Claire Grisez du

ministère de l'Ecologie

Malaise d'un cavalier, décès suspects… La pollution aux algues vertes inquiète et les autorités

sanitaires semblent enfin se pencher sur ce problème. En charge des questions de l'eau au sein du

ministère de l'Ecologie, Claire Grisez nous détaille les mesures visant à lutter contre ce fléau.

Doctissimo : Comment lutter contre la pollution aux nitrates en Bretagne ?

Claire Grisez, sous-directrice à la Sous-direction de la protection et de la gestion des ressources en eau

et minérale : Il faut bien avoir en tête que ce problème de contamination par les nitrates touche uniquement

les eaux brutes. En ce qui concerne l'eau potable, il y a eu des traitements mis en place et l'eau du robinet ne

présente donc aucun danger.

Des plans d'action sont régulièrement mis en œuvre, notamment au titre de la directive européenne sur les

nitrates de 1991. Elle stipule que dans chaque département, où on a des niveaux de contamination par les

nitrates supérieure à 40 mg/L (la norme pour l'eau potable, étant de 50 mg/L), des actions doivent être

définies au niveau préfectoral pour réduire l'utilisation des nitrates ou réduire les transferts vers les nappes.

Parmi les mesures mises en place, il y a la couverture des sols, l'implantation de bornes enherbées le long des

cours d'eau pour limiter les transferts vers les cours d'eau, etc.

Doctissimo : Mais ces mesures ne suffisent pas toujours...

Claire Grisez : Nous avons néanmoins un problème majeur sur certains bassins versants bretons

(notamment avec le problème des algues vertes). En particulier, neuf de ces bassins versants sont encore

dans un contentieux européen, où on a des risques assez lourds d'astreintes et d'amendes que la Commission

risque de nous réclamer.

Ainsi, pour revenir à une situation plus satisfaisante en termes de qualité des eaux, les actions sont

renforcées, notamment par la limitation de l'installation et du développement des effectifs animaux d'un

territoire donné. Mais tout cela prend du temps. Et même s'il y a un véritable enjeu environnemental, il ne

faut pas oublier que derrière, il y a des hommes qui travaillent sur ces territoires-là. Il s'agit donc de trouver

un équilibre entre les mesures environnementales et les conséquences économiques de ces mesures.

Doctissimo : Comment impliquer les agriculteurs dans cette lutte contre la pollution par les nitrates ?

Claire Grisez : Il y a tout un programme à destination des agriculteurs. D'une part, il y a des actions

d'information, de sensibilisation, de conseils agricoles pour leur expliquer qu'en conduisant leurs cultures

différemment, ils pourraient utiliser moins d'engrais et moins de produits phytosanitaires. Et puis, il y a des

aides financières : soit pour ceux qui s'engagent volontairement, soit, lorsqu'il y a de nouvelles obligations

mises en place.

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Doctissimo : La France a été condamnée à de multiples reprises par la Commission européenne qui a même

saisie la Cour de justice pour non-respect de la directive n° 75/440/CEE du 16 juin 1975 concernant la

qualité requise des eaux superficielles destinées à la production d'eau alimentaire dans les Etats membres.

L'association eau et rivières de Bretagne, lasse de ne voir aucune action engagée, avait pris le parti d'alerter

elle-même les instances européennes.

Après plusieurs avis et avertissement envoyés à la France et restés sans effet, en juin 2007, la Commission

décide de mettre à exécution sa décision et décide de saisir la Cour Européenne de Justice afin de voir

condamner la France à une amende de 28 millions d'euros ainsi qu'à une astreinte journalière de

117 882 euros.

En septembre, suite aux différents contacts que le gouvernement français a pris avec la Commission,

Bruxelles décide finalement de ne pas traîner Paris en justice. La peine n'est donc pas appliquée. Néanmoins,

la France s'est engagée à ce que la concentration en nitrates dans les bassins concernés ne dépasse pas les

normes d'ici 2009. Plus que jamais, le dossier des nitrates est toujours d'actualité et l'affaire des algues vertes

est là pour le rappeler.

Réalisation Florence Lemaire, Yamina Saïdj, le 29 Septembre 2009

Source : Directive nitrate européenne 91/676/CEE de 1991

Des sites pour aller plus loin

Le plan écophyto

Association Eaux et Rivières de Bretagne

Association Halte aux marées vertes

Fédération Côtes d'Armor environnement

Le Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer

I.6. Réserves en eau : attention rare !

Gaspiller l'eau, un droit humain ? Depuis cinquante ans, agriculture, villes et industries épuisent l'eau

disponible sur la planète bleue. Répartie inégalement, cette ressource vitale viendra à manquer pour la

moitié de l'humanité à mesure que le réchauffement climatique se fait plus pressant. Sans l'application

de mesures concrètes, qui garantiraient le droit à l'accès à l'eau, c'est une crise internationale qui se

prépare.

Alors que 0,001% des ressources en eau de la planète sont utilisables, sa consommation a plus que triplé

depuis 1950. Conséquence : l'eau se raréfie. Les besoins agricoles, industriels et domestiques ont fait de

l'accès à l'eau potable un privilège injuste. Car l'eau est aussi inégalement répartie, sachant que douze pays se

partagent 75% des ressources. Aujourd'hui, 1,2 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, et 2,5

millions d'hommes et de femmes meurent chaque année à cause de l'eau contaminée. Une situation de stress

hydrique qui devrait, à l'avenir, être empirée par le réchauffement climatique.

Une ressource gaspillée

Depuis plusieurs années, la France comme l'Europe connaît des épisodes de sécheresse grave doublés de

canicules qui augmentent l'évaporation. Les campagnes de sensibilisation et les arrêtés préfectoraux ont

permis de diminuer globalement la consommation d'eau, mais sans pratiques alternatives (comme la

récupération d'eau de pluie ou la réutilisation d'eaux usées), certaines régions devraient pallier des manques r

éguliers de ressources hydrauliques.

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Car l'eau est encore beaucoup trop gaspillée. Dans certaines régions, comme au Moyen-Orient, elle est

toujours considérée renouvelable et illimitée. Résultat : la gestion se base plus souvent sur la distribution que

sur l'économie et la conservation. Et sans une information juste sur les ressources disponibles et les

capacités, les abus sont plus courants et l'accès est de plus en plus inéquitable. C'est ainsi qu'Israël consomme

90% des eaux disponibles dans sa région et que les Palestiniens doivent se contenter d'un maigre 10%.

« L'or bleu »

Avec 135 000 km² de ressources, les besoins de toute la population mondiale devraient pourtant être

satisfaits. Mais, inégalement répartie, l'eau n'est pas accessible partout. Un Américain consomme 600 litres

d'eau par jour, un Européen 200 à 400 litres, contre dix litres pour un Africain. L'ONU considère qu'une

région est en stress hydrique lorsque ses ressources en eau sont inférieures à 1700 mètres cube par an et par

personne, alors que le Koweït dispose de 10 m³/an/personne.

Le monde occidental participe donc largement à ce gaspillage, en premier lieu les agriculteurs. Ils sont

également les premières victimes de la raréfaction de l'eau. Alors que les rivières s'assèchent ou sont trop

polluées, les Etats doivent utiliser les eaux souterraines des nappes phréatiques pour répondre à la demande.

Elles s'épuisent très vite, et chaque ville ou région doit toujours chercher plus loin. A Amman, en Jordanie,

l'eau est pompée dans une nappe à 1 200 mètres de profondeur.

En Inde, un million de puits supplémentaires sont creusés chaque année, alors que le niveau des

nappes phréatiques ne cessent de baisser. Face à ce grand gaspillage mondial, les scientifiques s'inquiètent

surtout de voir le climat se réchauffer. 2°C en plus sur la planète, et les ressources diminueront, alors que les

besoins d'irrigation augmenteront. Les sécheresses seront plus fréquentes, touchant d'abord les régions semi-

arides. Une hausse globale de la température qui pourrait concerner deux milliards de personnes, la majorité

en Afrique et en Asie.

L'accès à l'eau deviendra plus problématique que l'accès à la santé ou à l'éducation. Ce qui ne pourrait

qu'occasionner de nouveaux conflits, puisque « l'or bleu » sera rare dans les régions où il provoque déjà des

conflits. Exemple : entre la Syrie et la Turquie, où la gestion de l'Euphrate peut, dès 2010, faire naître une

crise diplomatique. Une dizaine de barrages construits par la Turquie, c'est beaucoup moins d'eau disponible

dans le désert syrien.

Un droit fondamental

C'est pourquoi les ONG et certains élus, réunis régulièrement au Forum mondial de l'eau, en appellent à un «

droit à l'eau » fondamental et exigent que la gestion de ce bien commun soit réservée aux entreprises

publiques. Mais surtout, ils demandent que cette ressource soit désormais ménagée.

Réduire les polluants et la consommation permettrait de sauvegarder les réserves. Pour cela, des techniques

d'irrigation plus économes doivent être mises en place, certaines cultures moins consommatrices doivent être

développées, d'autre part réparer ou entretenir les systèmes hydrauliques réduirait le gaspillage. Mais avant

tout, la recherche de nouvelles techniques d'exploitation de l'eau doit être la priorité.

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Recycler les eaux usées serait une meilleure solution que l'épuisement des nappes phréatiques. Dessaler l'eau

de mer, une technique en développement rapide, demande encore trop d'investissements pour un faible

rendement. Enfin, l'humanité ne pourrait pas supporter la situation critique créée par une raréfaction de l'eau.

La communauté internationale doit se montrer solidaire. Pour garantir le droit à l'eau, une gestion

internationale des ressources est la seule réponse à apporter.

I.7. Récupérer l'eau de pluie

Le prix de l’eau ne cesse d’augmenter, tandis que les réserves se raréfient. Pour y remédier,

l’installation d’un système de récupération de l’eau de pluie à la maison permet de combiner plusieurs

avantages : une eau de meilleure qualité, moins chère, et qui ne puise pas dans les nappes phréatiques.

En France, le prix de l’eau au robinet est de 3,01 € par m3 en moyenne, avec de fortes disparités puisqu’il

peut varier du simple au double selon les communes. En termes de consommation annuelle, cela représente

une somme non négligeable : entre 350 et 550 € par foyer. Une facture qui devrait encore s’alourdir dans les

années à venir, du fait de l’augmentation régulière des besoins (la consommation d’eau par habitant ne cesse

de croître) et de la raréfaction des ressources (les nappes phréatiques donnent des signes d’épuisement).

Réduire sa consommation d’eau représente donc une nécessité pour l’environnement, en même temps qu’une

économie intéressante. Certes, on peut agir à la marge de façon non négligeable : lutter contre les fuites,

prendre des douches plutôt que des bains, fermer le robinet quand on se lave les dents… Mais on ne va pas

changer de mode de vie du jour au lendemain, ni se priver de tous les avantages qu’apporte l’eau courante.

Installer un système de récupération de l’eau de pluie permet donc d’allier l’utile à l’agréable…

Choisir un modèle adapté

Le principe général est le suivant : des gouttières installées sur la toiture permettent de récupérer les

précipitations pour les acheminer vers une cuve ou un réservoir sous terre. De là, une pompe alimente en eau

la maison/jardin, avec un système de filtration en cas d’usage domestique. Il existe différents modèles de

cuves, selon le volume dont vous souhaitez disposer qui dépend de l’utilisation que vous comptez en faire :

Petites citernes hors-sol de 200 à 800 litres pour arroser le jardin ou divers usages occasionnels

(laver la voiture…) ;

Cuves de 1000 à 2000 litres pour un usage plus régulier, le remplissage d’un bassin, etc. ;

Réservoirs souterrains pouvant contenir jusqu’à 10 000 litres pour réduire de façon importante la

consommation domestique sous tous ses aspects.

Si les cuves hors-sol peuvent être installées par des particuliers, en revanche, les citernes souterraines

requièrent l’intervention d’un professionnel. Par ailleurs, le choix du système de filtration dépend de l’usage

précis qui sera fait de l’eau ainsi récupérée :

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Filtre en céramique et charbon actif pour une utilisation domestique (lessives, chasse d’eau,

hygiène…) ;

Filtre à osmose inverse ou microfiltration pour l’eau potable.

Enfin, l’installation doit être complétée de diverses adjonctions, telles qu’une grille et un bac de décantation

pour se débarrasser des feuilles ou purifier l’eau des particules de bois qui peuvent s’y être introduites.

Economies et qualité de l’eau

L’investissement total, et les économies réalisées, varient donc considérablement selon le type d’installation

que vous aurez choisi de mettre en place. Le prix des cuves hors-sol démarre aux alentours de 50 €, celui des

citernes enterrées se situe aux alentours de 3000 €, installation comprise. A noter, certaines communes

fournissent une aide aux propriétaires qui choisissent d’installer un tel système. Sans oublier que celui-ci

augmente la valeur de votre habitation à la revente…

Selon la superficie de votre toit et le modèle choisi, il vous sera ainsi possible d’économiser jusqu’à 40-50%

de votre consommation d’eau. Même en comptant les diverses dépenses annuelles (filtres, entretien…), votre

investissement devrait être amorti en moins d’une dizaine d’années.

L’intérêt de l’eau de pluie ne s’arrête pas là : moins calcaire, elle donne des lessives de meilleure qualité,

nécessitant 40-60% de lessive en moins tout en permettant de conserver plus longtemps votre

électroménager. Enfin, le système de récupération contribue à diminuer le ruissellement, cause de

nombreuses inondations récentes. Et soulage les installations de traitement des eaux usées de votre commune

: un vrai geste éco-citoyen, qui fait du bien aussi au portefeuille !

Bertrand Mauvy

Dans quelle eau se baigner sans risque ?

La qualité des eaux de baignades dépend de nombreux facteurs. Sur certaines plages, les risques de

contamination ou de pollution sont parfois bien réels. Comment choisir les lieux les plus adaptés ? Quels

sont les labels fiables ? A lire avant de choisir son lieu de villégiature.

I.8. Comment choisir le meilleur lieu de baignade ?

Avec ces températures estivales, vous mourrez d'envie de vous jeter à l'eau. Mais pour ne pas regretter

ce plongeon, assurez-vous de ne pas atterrir en eaux troubles... Pour vous y aider, découvrez les

meilleurs indices, des Pavillons bleus aux contrôles des eaux de baignade en temps réel.

Envie d'exploits aquatiques ou de barbotages relaxants ? Quelques conseils devraient vous permettre de ne

pas atterrir dans quelques golfes pas très clairs...

Les Pavillons Bleus : cru 2007

L'édition du palmarès Pavillon Bleu 2011 témoigne de la volonté des communes littorales et intérieures

françaises de promouvoir un développement touristique durable de leur territoire, qui soit raisonné, attentif

aux besoins des vacanciers et respectueux de l’environnement. Cette année, les jurys français et international

du Pavillon Bleu ont retenu 20 communes lauréates en France représentant au total 358 plages.

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Les communes continentales manifestent un intérêt croissant pour le label depuis 2002 et l’ouverture du

Pavillon Bleu aux sites continentaux. En 2011, 19 communes continentales sont labellisées. Le palmarès des

ports de plaisance totalise cette année 84 ports de plaisance labellisés en métropole et en outre mer. Ce chiffr

e est en nette augmentation par rapport à l’année 2010 qui réunissait 77 labellisés. Pour découvrir le palmarè

s complet, ainsi qu’une recherche par département sur le site des Pavillons bleus.

Rappelons que ces pavillons sont attribués sur la base du volontariat : seules les communes demandant à

participer peuvent recevoir cette distinction. Enfin, l’attribution de ce pavillon bleu n’est pas uniquement

basée sur la qualité des eaux de baignade, mais également sur d’autres critères comme l’éducation à

l’environnement, la gestion des déchets, des eaux usées, les équipements pour les personnes handicapées, la

gestion du tri… Mais tous ne voient pas ces distinctions d’un bon œil…

La fronde de certains maires

En 2007, certains élus locaux contestent l’attribution du Pavillon Bleu, notamment parce que cette distinction

est accordée en fonction de la qualité de l'eau l'année précédente... L’Association Nationale des Maires des

Stations Classées et Communes Touristiques (ANMSCCT) critique à la fois les Pavillons bleus de l’Office

français de la Fondation pour l’Education à l’Environnement et les pavillons noirs de l’association Surfrider

Foundation, identifiant les zones nautiques polluées (pavillons qui ne sont plus délivrés depuis 2004). Des

initiatives locales d’information en "temps réel" du grand public sur la qualité sont également mises en

œuvre, comme les résultats des derniers prélèvements sur le site http://baignades.sante.gouv.fr/

Qualité de l’eau en France et en Europe

L’évaluation des eaux de baignade est réalisée sur la base des règles fixées par la directive européenne de

1976 sur les eaux de baignade. Durant la saison balnéaire 2009, ce sont au total 3 348 points de contrôle (2

005 en eau de mer et 1 343 en eau douce) répartis sur 1 771 communes, de 95 départements de la métropole

et d’outre-mer, qui ont fait l’objet de 34 550 prélèvements d’eau représentant plus de 103 000 analyses

microbiologiques. Pour les 3348 sites contrôlés :

65,7% ont été classés en catégorie A ;

29,9% en catégorie B ;

3,6% en catégorie C ;

0,3% en catégorie D ;

0,5% n’ont pas été classés en raison d’un nombre insuffisant de résultats d’analyses, lié à des

impossibilités de prélèvements.

Le pourcentage de plages conformes à la réglementation européenne en 2009 est de 95,7% (96,4% pour les

eaux de mer et 94,6% pour les eaux douces). Ces chiffres témoignent d’une légère dégradation de la qualité

de l’eau par rapport à 2008, année où le pourcentage de plages conformes à la réglementation européenne

était de 96,4% (97,2% pour les eaux de mer et 95,1% pour les eaux douces).

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Si vous voyagez en Europe sachez que la commission européenne propose également un site Internet

consacré aux eaux de baignade. Vous y trouverez des cartes et des listes de zones de baignade. Selon le

rapport 2011 de la commission, 92,1% des zones côtières respectent les normes européennes, mais la qualité

des zones de baignade intérieures est légèrement inférieure avec 90,2% de ces eaux conformes aux critères

européens.

Avec tous ces conseils, vous n’avez plus aucune raison de ne pas vous jeter à l’eau. Bonnes vacances !

Luc Blanchot

Des sites pour aller plus loin : avant d’aller tremper un orteil dans l’eau, renseignez-vous sur les sites suivants :

En France

Site Internet de la qualité des eaux de baignade

Résultats en temps réel de la qualité des eaux de baignade

Le site des pavillons bleus

En Europe

La qualité des eaux de baignade en Europe

Rapport 2011 sur les eaux de baignade en Europe (disponible en français)

Le site des blue flag (pavillons bleus international)

I.9. Qualité des plages : labels et repères

Pour tous ceux qui souhaitent partir à la mer, la qualité des plages va être au centre des

préoccupations. Il existe plusieurs organismes chargés de contrôler cette qualité et plusieurs labels

sont ainsi décernés, tels les pavillons bleus, les pavillons noirs et les contrôles officiels.

Afin de bien choisir votre lieu de baignade, Doctissimo vous présente les différents labels et contrôles

sanitaires effectués chaque année sur les plages.

Les pavillons bleus

Depuis 1987, l’European Blue Flag décerne chaque année les Pavillons Bleus, que les communes lauréates

des 2 400 plages et ports des 21 pays concernés ont le droit d’arborer jusqu’à la saison suivante.

En France, c’est l’Office français de la fondation pour l’éducation à l’environnement en Europe (OFFEEE)

qui juge les 2 000 km de côtes et délivre le précieux label. Gestion de l’eau, gestion des déchets,

environnement général et éducation à l’environnement… rien n’échappe à ce jury inflexible. Cette année, 95

communes et 86 ports ont décroché le précieux label. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site des

pavillons bleus. Notons que la qualité des plages et du sable n’est pas prise en compte pour l’attribution des

Pavillons Bleus. Ainsi, les principaux critères d'attribution des pavillons bleus :

Respect des lois d'urbanisme ;

Absence de décharge sauvage ;

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Accueil, information, sensibilisation envers les résidents permanents et les estivants ;

Assainissement ;

Qualité des eaux de baignade ;

Gestion des déchets (collecte sélective, recyclage…) ;

Protection des sites naturels à respecter et des espèces animales et végétales protégées.

Contrôles officiels de la DDASS

En France, la qualité des eaux de baignade est déterminée grâce aux analyses des DDASS (Direction

départementale de l’action sanitaire et sociale) et doit, évidemment, respecter la directive européenne de

1976. Ainsi, les DDASS effectuent des mesures régulières que les communes doivent mettre à disposition du

public par affichage ou publication dans les médias par exemple.

Toutes les plages répertoriées et mesurées doivent afficher les résultats des contrôles sanitaires effectués

durant la saison balnéaire. Le contrôle sanitaire des eaux de baignades en mer et en eaux douces vient de

rendre son verdict.

Bonne surprise : le pourcentage de plages conformes à la réglementation (respect des limites de qualité et de

la fréquence de prélèvement) est passé de moins de 70% en 1976 à 96,5% pour la saison 2005. Ces résultats

traduisent une amélioration sensible de la qualité des eaux de baignade mais également une nette

augmentation de la fréquence des contrôles permettant d’améliorer la surveillance des sites.

Pour les 3,5% des sites non conforme en 2005, les collectivités locales concernées vont renforcer la

prévention et la maîtrise des causes de pollution. Les résultats des derniers contrôles sont disponibles sur le

site Internet du ministère de la santé, tout comme les résultats, en temps réel, des contrôles sanitaires

effectués pour la saison 2005.

Plus de Pavillons noirs depuis 2004

S’il y a un groupe particulièrement touché par la pollution des eaux c’est bien celui des surfeurs. Otites,

gastro-entérites et infections cutanées, ils sont sujets, plus encore que le baigneur occasionnel, aux

conséquences de la mauvaise qualité des eaux. C’est pourquoi Surfrider Foundation Europe a décidé en

1993 de créer les Pavillons noirs, mettant à contribution ses adhérents. C’est ainsi que la carte des mauvaises

gestions littorales naissait en 1997.

Mais en 2004, un dernier pavillon noir posthume a été attribué à la directive de 1976 régissant la qualité des

eaux de baignade à cause d’importantes lacunes (information peu claire pour le grand public...) auxquelles

Surfrider a essayé de remédier, notamment avec la parution des Pavillons Noirs depuis 7 ans. Depuis,

l’action de Surfrider Foundation Europe se focalise sur la prochaine directive européenne en mettant en

œuvre des actions de lobbying au niveau national mais également européen. Par ailleurs, un projet baptisé les

"Gardiens de la côte" devrait prochainement voir le jour afin de prévenir (plus que constater) les risques de

pollution et d’en informer le grand public.

Quoi qu’il en soit, le problème est à prendre au plus haut niveau et à sa source. Il est impératif de développer

l’assainissement des communes de France, et notamment celles situées dans les zones de baignade. De plus,

il ne faut pas se limiter à l’échelle de la commune mais à celle de tout un bassin versant. C’est à ce prix que

les eaux polluées redeviendront acceptables !

Perline et Luc Blanchot

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I.10. Algues vertes en Bretagne : il est temps d'agir !

Depuis des années, la Bretagne voit son littoral pollué par des marées vertes. Le 28 juillet sur une

plage des Côtes d'Armor, la mort d'un cheval et le malaise de son cavalier probablement liés à la

décomposition de ces algues relancent le débat sur le danger sanitaire de cette pollution.

Depuis une trentaine d'années, les algues vertes envahissent le littoral breton entre les mois de mai et octobre.

Pour faire face à ce désastre, leur ramassage, leur stockage et leur élimination ont coûté près un milliard

d'euros en 30 ans. Suite à l'incident qui a failli coûter la vie à un cavalier, Doctissimo fait le point sur cette

pollution verte.

Les algues vertes, la plaie de la Bretagne

Pour se développer, les algues ont besoin de soleil et principalement de deux nutriments : le phosphore et

l'azote. Si le premier est naturellement présent en abondance dans l'océan, le second provient principalement

de l'agriculture. Et en la matière, la Bretagne cultive plusieurs particularités parmi lesquels une agriculture

intensive productiviste et de nombreux élevages de porcs et de volailles…Si les excréments des animaux

contiennent beaucoup d'azote, les engrais en contiennent encore plus ! Ramené par les pluies vers les cours

d'eau, l'azote atterrit au final sur le littoral, sur lequel prolifèrent les algues vertes.

Ces marées vertes sont le casse-tête permanent des maires des communes littorales et des conseils généraux,

qui doivent périodiquement mettre la main à la poche pour ramasser les tonnes de cette "laitue" peu

appétissante. Mais aujourd'hui, le décès d'un cheval et le sauvetage in extremis de son cavalier victimes

d'émanations gazeuses liées à ces algues transforment le problème environnemental et économique en

problème de santé publique.

Les algues vertes peuvent-elles tuer ?

Echouées, ces algues dégagent une odeur nauséabonde qui s'apparente à l'œuf pourri. A l'origine de ce

parfum capable de refroidir le plus téméraire des promeneurs, l'hydrogène sulfuré résulte de la

décomposition de ces végétaux marins. Lorsqu'elles sont remuées, ces algues peuvent alors dégager ce gaz

en quantité importante, au point de pouvoir occasionner des vertiges, des intoxications respiratoires aigues,

des œdèmes pulmonaires, des problèmes cardiaques…

Bien connu au niveau des risques professionnels (dans les cuves à lisier ou les fosses à vidanges),

l'hydrogène sulfuré est généralement craint dans les lieux confinés où il peut s'accumuler. Pour être

dangereux à l'air libre, ses concentrations doivent être particulièrement importantes.

C'est pourtant ce qui semble s'être produit le 28 juillet : un cheval est mort après s'être enlisé dans une zone

mouvante proche de la plage de Saint-Michel-en Grève, fortement touchée par cette pollution biologique.

Son cavalier qui avait perdu connaissance ne doit sa survie qu'à la présence sur les lieux d'un conducteur de

tractopelle témoin de la scène.

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Suite à cet incident, d'anciens cas suspects ressortent des placards : un employé de ramassage des algues il y

a 10 ans tombé dans un coma brutal, la mort de deux chiens l'an passé sur une en baie de Saint-Brieuc…

Dangers des marées vertes : qui est responsable ?

Juridiquement, ce sont les maires des communes qui sont responsables de la sécurité du littoral. Maire de

Saint-Michel en Grève Ainsi, René Ropartz est ainsi accusé en tant qu'officier d'état civil, d'être responsable

de la mort d'un cheval et de l'intoxication de son cavalier, alors que le problème dépasse largement son

champs d'action.

Face à ces accusations, une manifestation rassemblant 400 personnes a eu lieu le 10 août. Des associations,

des riverains et des maires des communes littorales étaient venus soutenir cet élu sur la plage, lieu du drame.

D'une seule et même voix, les associations et les maires ont accusé l'Etat d'avoir négligé l'importance de ce

dossier, pourtant vieux de plus de 40 ans.

L'Etat qui justifie son action

Suite à ces incidents, l'Etat a rappelé les actions qu'il a menées contre cette pollution verte. En juillet 2009, le

Grenelle de l'environnement a décidé d'accélérer la réduction voire de réduire leur usage des phosphates et

nitrates de 40% d'ici 2012-2014 sur certaines zones fragiles. Parallèlement, le Ministère de l'écologie, de

l'énergie, du développement durable et de la mer a publié un communiqué sur les algues vertes sur son site.

On y découvre l'action des services de l'état contre les algues vertes depuis 10 ans : les programmes d'action

Directive Nitrates, les programmes d'action Bassins Versants contentieux, la mise en place de moyens

incitatifs, des contrôles des exploitations agricoles, des actions d'accompagnement et de soutien des

collectivités et l'accompagnement financier des communes… Tous les détails sont dans le dossier

disponible en ligne.

Le 4ème

plan d'actions signé par le Préfet le 29 juillet 2009 prévoyait ainsi la mise en place de bandes

enherbées ou boisées le long des cours d'eau, une couverture hivernal des sols en zone vulnérable, le report

d'un mois des dates d'autorisation d'épandage sur des terres destinées à la culture du maïs (15 février au lieu

du 15 janvier)… Des mesures que l'incident survenu le 28 juillet ne remettent pas en cause selon la

Préfecture. Seule nouveauté : la nomination d'un chargé de mission "Algues vertes".

Des associations dénoncent l'indifférence de l'Etat

"Des mesures insuffisantes !" dénonce l'association Eaux et Rivières de Bretagne qui rappelle dans un

communiqué : « 100 sites bretons touchés chaque année par les marées vertes ! Un milliard d'euros

dépensés en pure perte depuis 30 ans par les communes pour ramasser ces algues, les stocker, les éliminer.

Des accidents sanitaires à répétition du fait des dégagements d'hydrogène sulfuré provoqués par la

putréfaction des algues. Seule réponse de l'Etat à ce cancer environnemental qui ronge le littoral breton : la

nomination d'un "monsieur algues vertes" ! On pourrait en rire, mais c'est à pleurer ».

L'association dénonce ainsi le laxisme dont fait preuve l'Etat depuis de nombreuses années : l'Etat a déjà été

condamné pour sa non-application des règlementations européennes. Avec le Grenelle de l'environnement,

cette tendance pourrait-elle s'inverser ? Rien n'est moins sûr.

L'agriculture reste le premier employeur de Bretagne avec près de 7% des emplois et les lobbies disposent de

relais qui jusqu'à aujourd'hui leur ont permis de se faire entendre plus sûrement que les associations de

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défense de l'environnement. Elles ne désarment pas pour autant : le 27 septembre prochain, de nombreuses

associations bretonnes de défense de l'environnement appellent à une grande manifestation sur la plage de

Grandville à Hillion en Bretagne.

David Bême et Pierre-Yves Castagnac, le 11 août 2009

Sources

Risques d'intoxication présentés par l'hydrogène sulfuré - Recommandations R420 (disponible en ligne)

Mobilisation des pouvoirs publics contre les algues vertes - Dossier du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du

développement durable et de la mer- le 10 août 2009

Dossier de presse du 7 août 2009 concernant le phénomène algues vertes dans le département de Côtes d'Armor

"Algues vertes : l'Etat indifférent" - Communiqué de l'association Eaux et Rivières - le 10 août 2009 (disponible en

ligne)

Des sites pour aller plus loin

Association Eaux et Rivières de Bretagne

Association Halte aux marées vertes

Fédération Côtes d'Armor environnement

Le Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer

II. Economiser l’eau

L’eau est une richesse naturelle rare et précieuse. Il est essentiel de savoir la gérer et la préserver pour

ne gaspiller cette ressource. Comment économiser l’or bleu au quotidien ? Quels sont les moyens de ne

pas polluer les sources et les nappes phréatiques ? Tous nos conseils.

II.1. Les gestes quotidiens pour économiser l'eau de boisson

Economiser l'eau, c'est atteindre deux objectifs : préserver les ressources naturelles et réduire sa

facture. Les gestes simples comptent, aussi bien pour son intérêt personnel que pour l'intérêt de

l'environnement. Voici donc comment, dans la vie quotidienne, faire du gaspillage de l'eau une histoire

ancienne.

Economiser l'eau, c'est atteindre deux objectifs : préserver les ressources naturelles et réduire sa facture. Les

gestes simples comptent, aussi bien pour son intérêt personnel que pour l'intérêt de l'environnement. Voici

donc comment, dans la vie quotidienne, faire du gaspillage de l'eau une histoire ancienne.

Gaspiller l'eau, c'est payer pour ce que l'on n'a pas consommé. La facture chaque année est salée car elle

représente 700 euros en moyenne par foyer. Or, les quelques réflexes présentés ici peuvent réduire cette

facture de l'ordre de 30%.

Dans la maison

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L'eau nécessite un système complexe de tuyauteries qui ne remplit pas toujours ses objectifs. Le premier

geste à faire est donc de vérifier que l'ensemble fonctionne bien et ne fuit pas. Une astuce : vérifier le

compteur le matin avant de partir et le contrôler le soir. Si la consommation a augmenté, c'est qu'il y a

quelque part une fuite et que la réparation d'un plombier est nécessaire. Cela permet déjà d'éviter que l'eau

coule dans la nature et rende la maison humide.

Dans la salle de bains

La chasse d'eau, c'est dix litres d'eau utilisés à chaque passage aux toilettes. Une fuite, c'est

1000 litres par jour perdus, soit 20% de la consommation. Il existe donc plusieurs solutions, en

dehors de la réparation. Un système de double chasse ou coupe-volume permet de stopper la chasse

en fonction des besoins. En attendant de s'équiper, on peut disposer une brique ou des bouteilles rem

plies d'eau dans le réservoir pour éviter une trop grande consommation ;

Un robinet qui fuit, c'est 100 litres d'eau perdus chaque jour. Réparer ses robinets pour éviter

qu'ils ne laissent échapper de l'eau n'est pas un effort surhumain. Egalement, éviter de laisser couler

l'eau lorsqu'on se rase, brosse les dents ou lave les mains. Enfin, placer un économiseur d'eau sur tou

s les robinets permet de réaliser une économie de 30% ;

Prendre une douche au lieu d'un bain permet d'économiser cent litres d'eau. L'électricité

statique générée par l'écoulement des gouttes d'eau sur le corps a des vertus plus relaxantes qu'un

bain. Si l'on souhaite vraiment utiliser la baignoire, mieux vaut d'abord la remplir d'eau chaude puis

ajuster avec de l'eau froide, afin de ne pas rajouter d'eau chaude ensuite. Enfin, si l'on souhaite

baigner les enfants, quelques dizaines de litres sont suffisants.

Dans la cuisine

Garder une bouteille d'eau dans le frigo, cela évite de laisser couler l'eau longuement pour qu'elle

se rafraîchisse ;

Un lave-vaisselle ou un lave-linge consomment beaucoup moins d'eau qu'il y a vingt ans, mais un

appareil plus économique (vérifier l'étiquette énergie) est plus efficace qu'un autre modèle. Après

avoir bien rempli le bac, certains appareils disposent d'une touche « éco » à utiliser dans la plupart

des cas. Certains lave-linges pèsent même la quantité de vêtements et utilisent seulement l'eau

nécessaire ;

Utiliser une bassine dans l'évier peut éviter le gaspillage de plusieurs litres si l'on fait la vaisselle à

la main. L'eau peut être d'ailleurs réutilisée pour nettoyer l'extérieur de la maison.

Dans le jardin

Investir dans un meilleur système d'arrosage permet de faire des économies. Il existe

aujourd'hui du matériel « goutte à goutte », des micro-asperseurs ou des tuyaux poreux très efficaces.

Arroser le soir permet également d'éviter l'évaporation qui a lieu dans la journée, surtout en été ;

Comme le dit le dicton, biner pour aérer la terre permet de remplacer deux arrosages en

limitant l'évaporation ;

En été, la pelouse jaunit mais ne meurt pas. Il n'est pas nécessaire de l'arroser tous les jours, ni

même de la tondre. Une pelouse plus haute garde son humidité et résiste à la sécheresse ;

Eviter de planter des fleurs exotiques, qui sont très exigeantes en eau, pour garder des espèces

végétales adaptées au climat local ;

L'idéal, également, est de pouvoir récupérer l'eau de pluie. Elle n'est pas chlorée comme l'eau du

robinet. On peut pour cela réutiliser une ancienne fosse septique en la connectant à la gouttière et en

installant une pompe. Si les besoins sont limités, un simple récupérateur d'eau peut faire l'affaire ;

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L'eau de rinçage des fruits et légumes peut servir à arroser le jardin. Et l'eau chaude est un

désherbant naturel très efficace ;

Pour nettoyer la voiture, une simple éponge et un seau sont aussi efficaces qu'un tuyau

d'arrosage et plus économes ;

Le vent participe à l'évaporation. Il est donc préférable de limiter le dessèchement par des brise-

vent naturels, comme des arbres ou des haies, autour des plantes fragiles.

II.2. Préserver l'eau : les gestes pour ne pas la polluer

Nos voitures polluent, notre évier aussi. Sans le savoir, les Français parsèment des milliers de produits

chimiques et polluants dans la nature chaque jour. Si les agriculteurs participent aussi à la pollution

de l'eau, chacun peut prévenir le danger par quelques gestes et des changements d'habitude. Pour que

l'or bleu ne devienne pas aussi rare que l'or.

Il est des pollutions que l'on ignore. La pollution automobile est régulièrement accusée de mener le climat

vers un réchauffement global, la pollution industrielle est la cible des états qui, à coups d'interdictions et de

limites d'émissions, pointent un problème capital. Mais la pollution de l'eau reste négligée. Victime des

produits chimiques contenus dans les détergents, les pesticides et engrais, l'eau usée retourne dans la nature

et pollue lacs, rivières et nappes phréatiques, qui sont nos principales sources d'approvisionnement.

Des gestes simples

Car 50% des eaux consommées en France ne sont pas épurées. Les nuisibles reconnus par l'Etat ne sont, de

plus, pas nombreux et plusieurs polluants ne sont pas nettoyés. Mais au-delà de la pollution agricole, chaque

Français peut jouer un rôle capital pour préserver la propreté de l'eau. Outre l'économie que chacun peut faire

en se souciant de son consommation, quelques gestes simples peuvent également être très utiles pour

conserver l'eau telle qu'on la reçoit :

Il est important de ne pas jeter ses détritus n'importe où. La majorité d'entre eux se retrouvent, tôt ou

tard, dans l'eau, et les poubelles publiques remplissent très bien leur fonction ;

Il est également indispensable de ne pas jeter n'importe quoi dans le réseau d'eaux usées. Les huiles

de vidange ou ménagères nuisent grandement aux bactéries qui servent à épurer l'eau ;

Les tampons, les médicaments ou tout ce que l'on jette dans les toilettes contiennent des produits

chimiques dangereux pour la santé de l'eau ;

Dans le jardin, éviter les engrais chimiques et préférer les engrais biologiques s'avère utile si l'on ne

veut pas polluer les nappes phréatiques ou les rivières voisines, même à plusieurs kilomètres.

Nettoyer sa maison sans polluer l'eau

La plupart des nettoyants ménagers sont polluants, et chaque Français en utilise 11 kg par an (et 11 kg pour

les lessives). Depuis vingt ans, leur consommation augmente constamment, mais ils sont plus polluants que

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les anciens produits nettoyants, et surtout, beaucoup moins efficaces, contrairement à ce qu'affirment les

publicités. Les produits nettoyants de substitution sont plus propres, moins dangereux et moins allergènes :

L'alcool à brûler dissout bien les graisses collantes et remplace parfaitement les produits à vitre. Le

papier journal mouillé reste aussi le meilleur moyen de nettoyer ses fenêtres. Pour l'hygiène

personnelle, le savon de Marseille est plus propre que les gels douches ;

Le détergent universel liquide et neutre nettoie bien le cambouis, le bois, le sol et la vaisselle et peut

remplacer tous les produits nettoyants habituels, dans toute la maison. Avec un tampon abrasif, il

nettoie très bien les cuisines. Et remplace parfaitement les nettoyantes vaisselles et sol, dangereux et

inefficaces ;

Le vinaigre blanc dissout le tartre et le calcaire, désinfecte et blanchit. Il est idéal pour une salle de

bain et des toilettes, et remplace efficacement l'inutile détergent toilettes ;

Le spray pour dégraisser un four est aussi inefficace, et dangereux pour notre santé. Le savon noir

liquide est plus propre et agit bien si on le laisse dix minutes, voire une nuit, dans le four ;

Un savant mélange d'1/3 de vinaigre blanc et 2/3 d'eau, avec un peu de jus de citron pour le parfum,

remplace très bien l'eau de Javel, désinfecte et blanchit ;

La soude caustique est extrêmement dangereuse et polluante. Pour les tuyaux, mieux vaut prévenir

que guérir : utiliser une spirale métallique, une cloche d'aspiration peuvent servir ;

Ne pas jeter n'importe quoi et nettoyer le siphon sont aussi efficaces, voire plus, que la soude

caustique ;

Le bicarbonate de soude est multifonctions : nettoyage de four et de tapis, blanchiment du linge,

contre les taches de graisse et pour faire briller l'évier ;

Les lingettes nettoyantes, jamais ! Elles sont plus chères, produisent plus de déchets et ne sont pas

plus efficaces ;

En général, mieux vaut éviter de laver sa voiture dans la rue, car l'eau sale peut se retrouver dans la

nature. Les stations de lavage sont tenues de traiter et de recycler leur eau, et il n'est pas utile de s'y

rendre régulièrement. Si l'argent manque, mieux vaut alors utiliser un seau et une éponge qu'un jet

d'eau.

Protéger la vie

Chaque année, la pollution de l'eau tue entre 5 et dix millions de personnes dans le monde, selon l'OMS

(Organisation Mondiale de la Santé). La dégradation de l'eau ne concerne pas uniquement les pays du Sud,

mais aussi les pays occidentaux. Depuis trente ans, la moitié des zones humides françaises ont disparu.

Malgré les actions que l'on peut entreprendre, il est certain que l'eau potable sera l'un des principaux enjeux

du 21e siècle. Changer quelques habitudes permettra de réduire les dégâts. Car la contamination des eaux

touche d'abord celles de surface avant de toucher les eaux souterraines. Et que les pesticides n'interviennent

que dans un quart des cas de non conformité des eaux d'approvisionnement des Français. Si l'Etat doit

interdire certains produits dangereux, c'est aussi à chaque Français, en consommant propre, de protéger la

première source de vie.