Les Matinées symphoniques de lOrchestre symphonique de Trois-Rivières 1 er, 2 et 3 novembre 2011.

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Les Matinées symphoniques de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières 1 er , 2 et 3 novembre 2011

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Les Matinées symphoniques

de l’Orchestre symphonique

de Trois-Rivières1er, 2 et 3 novembre 2011

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Pour la 23e édition de ses Matinées symphoniques, l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières propose le conte musical Les quatre saisons de Piquot de Gilles Vigneault.

Ce trésor d’émerveillement tout en finesse et en drôlerie relate les aventures rocambolesques du jeune Piquot et de son oncle Tobie et il révèle l’importance de l’amitié et de l’amour de la nature. L’enregistrement de ce conte a d’ailleurs remporté le prestigieux prix In Honorem de l'Académie Charles-Cros de France et le Félix Album jeunesse de l’année à sa sortie. Ce récit universel sera interprété par 48 musiciens ainsi que le narrateur Martin Francœur, sous la direction du chef d’orchestre Louis Lavigueur.

Mardi 1er novembre 2011 à 13 h 30 au Centre des arts de Shawinigan

Mercredi 2 novembre 2011 à 9 h 30 et à 13 h 30 à la salle J.-Antonio-Thompson

Jeudi 3 novembre 2011 à 9 h 30 à la salle J.-Antonio-Thompson

Réservations : 819 373-5340 poste 0Billets : 8 $ (gratuit pour les accompagnateurs)

www.ostr.ca

Rendez-vous en novembre!

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4 ………. Il était une fois… Les héros!

7 ………. Les quatre saisons de Piquot

27 ………. À vos crayons!

30 ………. À vous la parole!

36 ………. Pistes à explorer

37 ………. Les quatre saisons et la science

38 ………. Les quatre saisons et les arts visuels

39 ………. Au jeu!

40 ………. Retour sur le concert

Table des matières

Rédaction : Claire-Émilie Calvert© OSTR 2011

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Louis Lavigueur, chef d’orchestreLouis Lavigueur est né à Québec et à sept ans, il chantait déjà dans une chorale. C’est comme ça qu’il a eu la piqûre de la musique! Aujourd’hui, il porte souvent le costume du chef d’orchestre (une redingote et un nœud papillon), mais aussi, plusieurs « chapeaux » : chef de chœur, professeur, juge d’auditions, conférencier, etc.

Dans ses loisirs, il aime porter le tablier du cuisinier et la valise du voyageur. Et pour couronner le tout, Louis Lavigueur est aussi un chevalier! En effet, le printemps dernier, il a été fait Chevalier de l’Ordre national du Québec, la plus haute récompense offerte par le gouvernement provincial! Et en le regardant diriger l’OSTR, vous penserez peut-être qu’il pourrait aussi être un très bon danseur...

Il était une fois… les héros!

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Gilles Vigneault, auteur Il est né à Natashquan, « là où l’on chasse l’ours » en innu. Mais Gilles Vigneault est plutôt un grand chasseur de mots... Artiste incontournable de la francophonie, il est surtout connu pour ses chansons. Poète, auteur et, bien sûr, conteur, il inspire les artistes de toutes les disciplines; il existe même un ballet tiré d’une de ses chansons les plus connues « Tam ti delam »!

Il était une fois… les héros!

Marc Bélanger, compositeurMarc Bélanger possède plusieurs talents : il est compositeur,

violoniste, altiste, professeur et chef d’orchestre! Il s’intéresse à tous les styles de musique et il a même accompagné Gilles

Vigneault lors de ses tournées de concerts dans les années 1960 et 1970. Sur YouTube, tu peux entendre un groupe de jazz-funk

créé par Marc Bélanger. Il y joue du « Vi-tar », un violon électrique en forme de guitare!!!

http://www.youtube.com/watch?v=H0DXJv5UuO4

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Piquot et TobieLisez le conte « Les quatre saisons de Piquot » et écrivez à votre tour une courte biographie pour les héros de l’histoire :

Il était une fois… les héros!

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Les quatre saisons de Piquot

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Quand le soleil amorça l'allongement des ombres, Piquot s'arrêta net, et, s'asseyant sur un gros boulot mort émergeant de la neige profonde, admit qu'il était perdu. Il lui restait sa pomme et trois biscuits gardés pour l'en-cas du retour. Et puis on ne meurt pas de soif en forêt, surtout dans une saison où toute l'eau du monde a neigé sur les choses en posant un tapis sous les pas des humains et un toit sur le monde des mulots.

Ses pas de cinq ans ne pouvaient pas l'avoir mené plus loin que la Rivière-au-Chien dont son père disait souvent : « À pas mille pas d'ici. ... ». Mais, il avait tourné en rond et il était fatigué, et l'air avait des fraîcheurs

Le pont

Le printemps

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soudaines qui laissaient penser gel pour la nuit. « Et puis ils vont bien me chercher. »

Un angélus au loin le rassura soudain, puis laissa le silence qui suivit plus vaste et plus désert. La nuit vint sans prévenir. En mars, même si les jours reprennent du terrain sur les calendriers, quand il a fait grisaille depuis le matin, la nuit ne se désiste pas de la journée et, vers six heures, elle n'a plus qu'un petit coup d'épaule à donner pour basculer le jour dans le passé. Debout sur la pointe de son bouleau mort, il força ses yeux à forer dans le gris fer des alentours des tunnels anxieux. Il ne vit pas la lueur tout de suite. Il était déjà occupé à scruter à l'opposé quand ses yeux clos de fatigue pour quelques secondes s'en souvinrent. Il la retrouva après une lutte féroce avec la forêt qui d'une feuille de hêtre, d'une branche, peut cacher toutes les lampes du monde. Il partit si vite vers cette fragile balise qu'il en oublia sa pomme et ses biscuits aux mulots attentifs.

Il arriva essoufflé. À un endroit où la forêt s'arrêtait devant une espèce de grande clairière blanche, au-delà de laquelle un camp de bois rond avait l'airvivant comme un traîneau.

Mais devant lui une grande tache d'eau noire disait qu'il était bien devant la Rivière-au-Chien et que la traverser était une autre histoire. Il se mit à crier.— Aie! Un vieil homme sortit vivement et lui répondit aussitôt.— Attends. Le courant est trop fort ici. Et la glace est pourrie. Il faut aller prendre le pont.

Et ils marchèrent tous les deux, chacun de son côté de la rivière. Jusqu’à un rétrécissement par-dessus lequel un chêne énorme s'était abattu, formant un pont fort praticable.

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— Tu es chez mon oncle Tobie. Comment t'appelles-tu?— Piquot. Je me suis perdu. Est-ce que c'est loin de chez nous?— Non. Et je connais ton père. Je l'ai souvent entendu bûcher de l'autre côté. Viens te chauffer, puis on avisera.— On quoi… ?— On avisera. On verra quoi faire. On avisa. Et l'on devisa. Piquot, remis de cette mésaventure, bavarda volontiers et répondit à toutes les questions, en posa quelques-unes. Apprit que mon oncle Tobie vivait seul et ne put savoir de son âge que ceci : «Les Iroquois pensent que j'ai huit cents lunes et moi je dis souvent : Au moins quelques-unes ». Piquot ne se fit pas prier pour dire :— Moi, j'ai six ans cet été.

On calcula tout cela à l'indienne façon.— J'aurai bientôt, Piquot, autant d'années que toi de lunes...

Puis l'heure passa.

— « Ta mère va s'inquiéter. Je vais aller te reconduire.» Il faisait nuit et froid.

On repassa sur le pont du chêne mort.— Aimes-tu mon pont, Piquot?— Ou…i.— Pas l’air sûr...?— Bien c'est que… ça n'est pas un vrai pont.— Comment?— C'est un arbre tombé. Faudrait couper les branches. Faire tomber encore un arbre... et puis... — Je ne suis pas de ton avis, Piquot. Quand celui-ci suffit à passer la rivière, je ne vois pas pourquoi on irait couper un arbre pour rien. Surtout de cet âge-là. Le vent nous a construit un pont, il faut l’en remercier. Le printemps s'occupera du reste. Piquot écoutait. En silence. Et marchait à côté. Et commençait déjà d'apprendre mille choses. Et d'apprendre surtout comme c'est rassurant de marcher la nuit avec un ami sûr. On fut bientôt à la maison.— Tu peux remercier monsieur Tobie.— C'est mon oncle Tobie, dit Piquot, établissant par là une parenté nouvelle que d'un commun accord chacun prit pour acquise.

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— Tu peux le remercier. Il a de la patience.Le papa de Piquot se retenait de le gronder, mais on voyait par le ton ce qu'il pensait de l'escapade.

Sa maman qui était d'une grande douceur revenait sur son inquiétude :— En hiver. Mon Piquot. Tu pouvais te perdre. Quand on y pense... Je trouvais qu'il était tard pour sortir... Restez donc à souper... monsieur Tobie.

L’oncle Tobie résista. Il faut comprendre ici la tentation d'une pareille invitation pour un homme habitué à se faire la cuisine...— Ce sera pour une autre fois, madame, merci beaucoup. Quand on se connaîtra mieux, Piquot et moi.

Mais Piquot, lui, trouvait que les présentations étaient plus que faites. Et il n'avait pas tort.

On promit de se revoir. Puis, l'oncle Tobie repartit vers sa maison d'ermite, mais il n'était plus seul. Les questions de Piquot dansaient dans sa tête, plus nettes que les traces qu'il avait laissées sur la neige et que le pas plus vif d'un vieil homme rajeuni de cent lunes refaisait à l'envers.

Vint le temps des sucres et de la tire sur la neige et la terre bientôt ressembla à une grande peau de vache blanche avec des plaques brunes, puis, bientôt, une vache brune avec ici et là une tache de neige que le soleil le plus haut et le vent le plus vivant allaient boire dans la nuit. Et la Rivière-au-Chien qui charriait les radeaux de l'hiver cassé dans un avril chantant de hâte et de projets.

Piquot savait par coeur le chemin qui mène chez « Mon oncle », et si un jour passait sans qu'il y vint , l'oncle Tobie était d'humeur maussade jusqu'au soir. Le lendemain, c'était :— Qu'est-ce que tu faisais hier. Je croyais que tu viendrais...— Hier? Oh... hier, je me suis fait un radeau.— Quoi? un radeau. Pourquoi?— Mais pour flotter, mon oncle, tiens!— Un radeau. Il s'est fait un radeau.L'oncle avait peine à croire qu'on puisse faire démarrer un projet d'une pareille envergure sans lui.— Il est où, ton... radeau ?

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— Dans le Petit-Haut de la rivière où papa coupe du bois. Je suis allé en couper avec lui.— Ah! Ça, c'est bien. Puis comme ça on va te voir passer... sur ton radeau.— Demain. Je descends.— En as-tu parlé à ton père?— Oui. Il m'a un peu aidé. Mais seulement pour attacher les morceaux que j'avais choisis.

Voilà l'oncle rassuré. Mais qui se promet bien d'être là et de veiller au grain. En se plaçant de l'autre côté de la rivière, Tobie aurait vue sur toute l’aventure, depuis l'embarquement jusqu’à l’accostage dans l'anse, à deux pas de la maison. Le papa de Piquot n'en savait pas moins, et serait là, surveillant la rive.

Il n'y avait rien là de risqué. Vraiment. Cependant, l’oncle Tobie éprouva comme l'ombre d'une inquiétude lorsque Piquot monta et que le radeau, qui pouvait bien porter dix Piquot, s'engagea entre les deux cailloux et piqua. Oh! à peine! dans le courant glacé. Piquot s'y tenait bien, mais bientôt l'appareil prit de la vitesse et quand il passa devant la petite crique, on ne sut rien faire qui puisse le retenir. Piquot criait :

« Mon oncle, attrape-moi! Ça va trop vite! » Papa n'était pas loin, mais comptait sur Tobie qui s'en allait vivement vers le pont du vieux chêne et se hâtait vraiment cette fois. Anxieux. Même en sachant qu'il ne pouvait pas le dépasser... que la rivière ne creuse nulle part avant le Rapide des Cinq Pas... même si...

Le radeau se redressa, arrêté par les branches du chêne jamais émondé encore, et renversa complètement sous la force du courant.

Il attrapa Piquot trempé par un bras et en riant (de soulagement aussi... ) le hissa sur le pont qu'une tempête d'automne avait construit pour ce jour-là. On en parla beaucoup. Un petit peu moins peut-être à la maman de Piquot, pour que papa et l'oncle Tobie ne soient pas trop grondés. À quelques jours de là, quand l'histoire fût toute sèche, Piquot vint voir son oncle et, entre le verre de lait et la tasse de thé de quatre heures, il dit soudain, comme pour lui même, comme celui qui parle ayant bien réfléchi :— Mon oncle, pour les branches de votre pont, j'y ai pensé, j'ai eu de la chance hein! que personne ne les ait coupées.

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Le cerf-volantPar un midi chargé de soleil et zébré de cigales, Piquot sortit de chez lui bien décidé, comme sont parfois les enfants, à posséder un cerf-volant avant quatre heures, heure où le petit vent se lève sur la rivière et vient balayer un peu de la lourdeur du jour. Descendre la butte, lancer sur l'eau quelques cailloux, faire s'envoler le vieux héron pour respecter les usages, puis filer le long de la rivière, jusqu'au pont du grand chêne, par le petit chemin bien battu, mais presque invisible entre les herbes hautes et les fougères, d'où les lobélies pointent leurs têtes vermillon, et nous voici en face de chez l'oncle Tobie.

L’été

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— Qui est-ce? (Comme s'il ne le savait pas depuis le passage du héron...)— C'est moi— Qui...? Toi...— Piquot... Bon— Ah! Piquot! Ah... de la visite! Oui. Et de s'extraire de son hamac un oncle Tobie de toute évidence ravi, quoique dérangé, il faut le dire, dans sa rêverie philosophique préférée : comment laisser tourner la terre avec un minimum d'effort tout en restant un bon voisin. — Quel bon vent t’amène aujourd'hui?L'occasion était trop belle.— Justement, mon oncle, c'est à propos du vent.— Tu m'intrigues, Piquot. Tu m'intrigues. Explique-toi.— C’est que, après Pâques, mon oncle, tu m'avais parlé d'un cerf-volant, d'une sorte que tu savais faire en une heure, peut-être, tu dois te souvenir...— Le cerf-volant... Ouais... Oui, oui, ça me revient.Le cerf-volant...T’as une mémoire, Piquot... Comme quelqu'un qui s'éveille. Et qui s'extrait lentement du hamac de son rêve. Et qui rentre dans

la maison. Et qui sort les outils. Et qui trouve du papier, de la colle, de la corde et les baguettes fines et longues, coupées au printemps et gardées à sécher trois mois derrière le poêle, sans en parler à personne.

Et Piquot, étonné, qui venait plein de doutes rappeler à ce vieil oublieux d'oncle Tobie la promesse alors faite, comme ils regardaient tous les deux un cerf-volant anonyme tenu de l'autre côté de la rivière : « Je t'en ferai un cet été ». Mais, les enfants n'oublient pas ce genre de propos, tenus parfois à la légère.

Après deux heures peut-être, ou plus ou moins, de « Tiens ça Piquot », « Bouge plus, je colle ». Et de « Est-ce qu'il va pouvoir aller plus haut que le grand hêtre? », de « J'ai hâte » et de « Attends, le vent meurt pas ce soir », il y eut suspendu à une poutre d'une vieille maison bourrée de bonheur un cerf-volant! Quatre triangles de papier jaune, tendus sur deux baguettes coupées de bonne longueur, une queue faite de deux longues bandes étroites de papier rouge... Tout. Un cerf-volant.

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— Je vais faire du thé. Tu as bien travaillé toi aussi. Tu prendras bien un verre de lait et un biscuit avec mon oncle?— Toujours faire du thé! Moi qui croyais qu'on allait essayer le cerf-volant. Toi, tu fais du thé!— Piquot, dit l'oncle en soupirant. Ah...! Regarde dehors. C’était sans réplique. Dehors, pas une feuille, pas une herbe ne bouge. La rivière est sans rides. Le miroir. Piquot se tait. Puis se remet à l'étude de l'appareil. Dans un silence de belle eau, le thé se fait et les biscuits et le lait sont déjà sur la table. Piquot s'en sert, mais grignote du bout des dents.

Il guette par la fenêtre le moindre signe d'un souffle, d'une émotion de l'air. Soudain...— Mon oncle, ça bouge! Il vente. J'ai vu une feuille...— Piquot, notre cerf-volant n'est pas une feuille. Ça prend du vrai vent pour le faire s'enlever, pas un pet de fourmi.— Je le sais, dit Piquot en riant, mais c'est bien long, attendre.— Ah... ce n'est pas seulement long, Piquot. C'est bien agréable aussi. Oui. C'est plein d'agrément des

fois attendre. Tiens! Regarde ton cerf-volant. Crois-tu qu'il n'a pas hâte lui aussi. Il attend.

Tiens, ferme les yeux. Bon. Tu vas le voir en l'air. Tu le vois. II monte. Le voilà au-dessus de la maison. Oh…! Au-dessus du grand hêtre. Tiens, le voilà qui traverse la rivière. C’est le bout du fil, ramène un peu. Oh...! Le vent est plus fort, il pique. Il tombe. Non. Non. Il se reprend. Il remonte. Le voilà rendu au-dessus du petit garçon de ce printemps.

Piquot, selon le jeu qu'il connaissait, avait fermé les yeux et suivait dans sa tête un cerf-volant aventureux, plus beau que le sien encore, en train de faire le tour du monde. Et il disait : « Continue, mon oncle». Et : « Qu'est-ce qu'il fait maintenant? » L’oncle Tobie prenait son temps. Inventait des bourrasques, des sorcières de vent, des arbres, des nuages et faisait accomplir au cerf-volant de l'attente, des loupes, des boucles, des huit et des pirouettes, à se demander s'il n'était pas lui-même en train d'y croire.

Et monte encore un coup et déroule du fil jusqu'à perte de vue. On ne voyait plus qu'un point jaune avec deux traînées rouges...

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Après la demi-heure peut-être de ce jeu, Piquot ouvre les yeux comme quand on s'éveille,

redescendu sur terre et ne pense même pas de regarder dehors où le

vent de quatre heures s'est levé doucement et remue la lumière. Il est encore là-haut.

Au secret du plaisir.

— Aimerais-tu l'essayer?Quelle question et quelle hâte en celui qui la pose...

— Aie! mon oncle, il y a du vent!

Il venta, je crois, tous les jours.

Ce fut l'été du cerf-volant.

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Je vais aller demander à mon oncle Tobie.Et avant que sa mère n'ait eu le temps de protester, de faire un commentaire ou d'émettre un soupçon (on ne sait jamais...), d'envoyer un message, Piquot était déjà sorti et courait sur le petit chemin qui longe la rivière. Il pensait : les parents n'ont jamais le temps de chercher. Ils sont toujours trop occupés. Tandis que mon oncle... lui… Il arriva à bout de souffle. Il reste des jours chauds en septembre. Et qui surprennent les habitudes déjà prises depuis la fin d'août. Ajouter un chandail à la tombée du jour. « Mets ta casquette, c'est frais dehors… », etc.

Le trésor

L’automne

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Il faut dire qu'on avait cette fois un septembre doré de fruits mûrs et chargé d'odeurs rares, comme l'arrière-boutique d'un vrai magasin général. Un septembre, on eut dit, déjà prêt à cueillir. Un septembre de terre et bourré de secrets.

— Qu'est-ce donc qui presse de même, Piquot?La question tombait du plafond et d'un oncle juché sur la table, en train de mettre sa belle lampe à l'abat-jour bleuté un crochet neuf.— Assieds-toi. Je descends.

Piquot n'avait pas encore répondu, constatant que parfois, les oncles eux-mêmes peuvent être occupés. Et l'oncle Tobie continuait de visser de ses mains un énorme crochet, capable de porter dix lampes comme la sienne, mais qui, une fois posé, le serait pour longtemps.

— Allons! Qu'est-ce donc qui t'amène, Piquot?— Je vais attendre.— Bon. J'achève. La lampe suspendue, la table remise à sa place, on put enfin parler.— Est-ce que c'est vrai, mon onde, les trésors?Tobie prit quand même un moment avant de se lancer sur un pareil sujet.

— Euh... bien sûr, Piquot bien sûr. Mais d'où est-ce que tu me sors ça, là, les trésors.— C’est que j'ai lu dans mon livre que les pirates autrefois, ils cachaient...— Oh! Oh! les pirates, les corsaires, la flibuste...— La quoi?— La... la... c'est loin tout ça. Pas besoin d'aller chercher si loin, les trésors sont partout. Ce sont les chercheurs qui manquent.

— Justement, dit Piquot, d'attaque, moi je suis un chercheur.— Ah oui... ? Alors il y a sûrement un trésor qui t'attend, mon garçon.— Oui... Vous croyez?— Rien de plus sûr.— Mais, où ça mon oncle?— Ah... justement, c'est là qu'on va voir si t'es un chercheur.

— D'abord, dit Piquot d'un ton décidé, il faut un plan. Il avait des lettres sur la question. — Pas forcément, dit l'oncle, mais c'est mieux.— Mon oncle, est-ce qu'on pourrait trouver des trésors n’importe où?— Oui. C’est mon avis. (Sans trop s'avancer, non plus, mais cela venait).

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— Ici aussi, mon oncle?— Oui, par ici…? Ah! Sûrement. On doit pouvoir trouver... en cherchant bien, parce que...

Parce qu'à ce moment précis venait de germer dans la tête de Tobie un plan moitié malice et moitié nostalgie... Il ajouta, pour lui-même :— Je vais fouiller dans mon grenier ce soir et demain, si je l'ai trouvé, on cherchera ensemble.— Trouvé quoi?— Ah! Oh!... je ne t'en ai jamais parlé? Un plan. De mon arrière-grand-oncle... qu'était revenu de la ruée vers l'or au Klondike vers 19... C’est bien avant nous autres, certain. Je l'ai revu il y a deux ans. Mais tu sais, quand on est tout seul pour chercher. Sur le chemin du retour, au souper, Piquot regardait déjà les sous-bois et les cailloux et le moindre accident de terrain avec un oeil de boucanier. Et, cette nuit-là, le sable du sommeil, remué par la hâte, révéla des coffres merveilleux. Pendant que dans un autre rêve, de veille celui-là, un oncle Tobie fébrile préparait l'aventure, ajustait des pièces, vérifiait les détails et faisait le réel épouser la chimère.

Cinq pas du gros caillou à trente pas à l'ouest del'ombre portée par le Grand arbre à cinq heures dusoir... Il avait trouvé un papier jauni par les années parfaitement plausible, de l’encre un peu pâlie, puistracé de sa main un plan digne de Barbe-Noire. Le tout, déchiré en trois morceaux qui ne demandaient pas mieux que d'être recollés.

Dans ce qu'il appelait sa vieille banque, une tirelire en fer âgée d'un demi-siècle, il mit un cinq pesos rapporté du Mexique en 1937, le deux dollars et demi en or de sa grand-mère, un dollar en argent 1948, trois cinq sous à gros cinq et une pièce d'Angleterre, dont il n'avait jamais pu lire si c'était des shillings ou des pence...

Dérogeant à ses habitudes les plus chères, il se coucha fort tard ce soir-là. Il ne resterait plus le lendemain qu'à enfouir la tirelire avant la venue de Piquot, puis à creuser selon le plan. Le lendemain matin, Piquot est à la porte.— Mon oncle, l'avez-vous trouvé?— Qui? Quoi? Trouvé quoi…? Le plan? Bien sûr, mais c'est bien trop de bonne heure pour chercher les trésors. Il n'est pas sept heures, Piquot.

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Les enfants déjà se lèvent tôt. Mais, quand ils ont en plus dormi sur de pareils projets...

— Bon. Bon. Je me lève. Je déjeune.

L’oncle Tobie prenait un temps démesuré pour poser le moindre geste et mit à prendre un petit déjeuner de dix minutes une bonne heure. Mais, sous le feu nourri de

toutes les questions que Piquot avait eu le temps d'amasser depuis la veille.

— Bon. Là, il est fini, votre déjeuner?Silence

L’œil au très loin de la fenêtre, l'oncle volontiers bavard, avec Piquot surtout, l'oncle a l'air d'un sphinx. Piquot se

tait aussi, au bord de l'inquiétude. Puis, lentement, le sphinx tourne la tête vers Piquot et, pointant du doigt la

table, laisse tomber cinq mots:— Avant tout, voyons le plan.

Bon. Voilà qui augure mieux. L’aventure montre un peu le bout du nez. Piquot n'eut pas la permission de suivre l'oncle Tobie, mais l'entendit ouvrir et refermer comme

une malle au grenier. 20

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On fut rapidement sur place. Et le plan concordait. Le Grand Hêtre avec ses trente mètres de feuilles éternelles était complice du soleil et vous projetait une ombre sans équivoque. Le Gros Caillou tenait sa place avec la discrétion des gens qui savent et qui se taisent.

Soudain, Piquot s'arrête, frappé de réflexion.— Mon oncle…— Oui…? Comptant déjà les pas, mais il s'arrêta net.— Mon oncle, votre plan, est-ce qu'il est... vieux?— Oh... (en regardant ailleurs quand même) oh! dans les… ah oui... dans les cinquante ans au moins. Pourquoi?— Mais... parce que...— Parce que quoi? Parle, Piquot!Ça sentait l'anicroche à trente pas.

— Parce que, mon oncle Tobie (chaque mot tombait comme une mauvaise note dans l'examen raté…), parce que le Grand Hêtre, dans ce temps-là, il n'était pas aussi grand que...— Oui oui oui, tu as raison, mon Piquot!Puis, sur un ton décisif :— Piquot, ton oncle est un vieil imbécile. Il faut que tu l’excuses. (Mais c'est à lui-même qu'il s'adressait). Et c'est de lui-même qu'il riait.

Puis, le vieux parchemin étalé sur la table, les voici chercheurs d'or. Cinq pas du Gros Caillou. Trente pas à l'ouest de l'ombre portée par le Grand Arbre...— À cinq heures…?— À cinq heures, Piquot.

C’était inexorable. Attendre. Attendre encore. Piquot eut beau tourner la question, tous les angles disaient : Cinq heures... Attendre. Toujours.

Et de cerf-volant qui ne veut pas voler cet après-midi, en jardin qu'il faudrait nettoyer parce que le temps a des airs à la pluie, la journée infinie finit par se finir et, vers quatre heures, Piquot dit à sa mère, souriante comme lorsque l'on comprend :— Mon oncle Tobie m'attend. Il faut être là-bas avant cinq heures...Et partit, vêtu d'un regard. Et d'un tricorne.

— Il ne faudrait pas surtout pas qu'on soit en retard, mon oncle.— C'est vrai, Piquot. T’es pas mal chercheur, sais-tu? T’es pas mal chercheur.

Ils partaient enfin. Le soleil versait de l'or sur toutes choses et il eût fallu garder les yeux fermés pour ne pas penser trésor.

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une toupie de bois qui avait été rouge et, surtout, un vieux sac de toile élimé, bourré de treize merveilles de marbres de trois grosseurs. Vous savez les billes qu'on faisait avant 1940 avec, dedans, les bigarrures irisantes comme font les framboises dans la crème fraîche.

Tout le monde entendit l’histoire du trésor. Maman, papa, le grand-père, la grand-mère et tous les invités, pendant trois mois.

Personne ne vit l'oncle Tobie, hésitant entre la gêne et la simplicité, entre la pelle et la honte; entre le ridicule et la philosophie, se demander que faire d'un trésor véritable et connu de lui seul; puis, se dire à la fin que, de six à huit ans, les enfants ont besoin de plus d'un automne au trésor. Le faux trésor de cette histoire dort donc sous trois mètres d’ombre plus ou moins, dans un petit bois fort réél et n’allez pas compter sur quelque oncle Tobie pour l’aller déterrer.

Mais, Piquot sur sa lancée, balaya ce détail en disant : « Il faut refaire les calculs ». Et, penaud, l’oncle emboîta le pas à la suite d'un pirate obstiné.— À bien réfléchir, Piquot, ça pourrait être plus difficile que prévu. — Suivez-moi. Je crois que j'ai compris le plan.

Tobie mesura les cinq pas, puis les trente selon l'estimation fort approximative de la hauteur possible de ce bel arbre-là un demi-siècle plus tôt. Et l'on creusa fort sérieusement à l'endroit le plus plausible selon le plan, interprété par Piquot. Et l'on trouva.

— Mon oncle! Mon oncle!

Éberlué, l'oncle dut se rendre à l’invraisemblable évidence : sous un caillou non indiqué, sous des feuilles pareilles aux autres, dans un sable imprévu, Piquot venait de cogner la pelle sur une boîte de métal.

— Regardez! Il triomphait.

II y avait bien là cinq ou six pièces de vieille monnaie du pays. Pas d'or. Peu d'argent. Rien n'est parfait. Seulement, côté trésor, ça vous renvoyait surtout à l'école, dans le temps de fermer l'œil :

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Noël passé, il ne reste plus que l'hiver. Il faut le prendre comme un chemin vers le printemps, autrement le mois de janvier s'allonge des fois jusqu'à Pâques.

Après avoir vérifié au calendrier de l'année neuve combien il lui restait de jours exactement avant les prochaines vacances et, décidé à prendre le meilleur du samedi qui lui restait, Piquot mit ses bottes et son anorak, un foulard et des mitaines, et, dès passé la porte, se chaussa de raquettes neuves et se dirigea vers le petit bois. Il connaissait bien le chemin, depuis mars passé qu'il allait chez l'oncle Tobie presque tous les jours.

Le renard

L’hiver

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— Entendu. J'ai vu un renard dans le bois. Juste à côté du Gros Caillou. Il s’est sauvé sous l’abatis.

L’oncle Tobie resta bouche bée une bonne minute. Verser dans l'émotion, « s'exciter » comme il aimait dire, était contraire à sa philosophie.

— T’es sûr?— Sûr. J'ai suivi sa trace après.— Tu l'as effacée...— Non. J'ai marché à côté. Venez voir!

Ils prirent le thé et le chocolat. Un petit peu plus vite que d'habitude. Tobie se l'admettait, mais il se répétait tout haut pour s'excuser à lui-même : « Il ne faut pas se laisser mettre en émoi pour un chien ».— Un renard. Je l'ai vu!— C'est bon. Un renard. La trace était toujours là. Fraîche. Nette. Reconnaissable. Évidente. On ne pouvait pas s'y tromper.— Ton renard, Piquot, c'est un chien.

Mais l'entêtement et l'assurance de Piquot étaient si résistants... ou sa déception était si grande, que

Au début, sa mère était inquiète : « Un demi-mille à faire, presque, pour un enfant de six ans, quand même… » Mais, son père avait dit : « C’est bon. Il saura marcher. Puis, ça donne le temps de penser ».

Piquot pensait aussi, faut dire. En passant près du Gros Caillou, il s'arrêta même pour penser : « Ah! Si j'étais à la chasse, je construirais ma cabane ici, près de la source. Toujours près de l’eau courante. Et le soir, quand je rentr... »

Un éclair roux venait de vivre dans les aulnes et cela disparaissait dans l'abatis. Une piste. Il y a sûrement... Il venait tout juste de la traverser. Il suivit la piste jusque dans le fouillis des racines, sous l'abatis... Et se dit : « C’est un renard. Je suis vraiment à la chasse .» Et se dépêcha d'arriver chez mon oncle.

Le poêle à bois se battait avec l'hiver. De l'eau bouillait.— Je me fais un thé. Veux-tu un chocolat?— Oui. Mais...— Oui ou non?— Oui. Mais mon oncle... C'est que... le renard…— D'abord, calme-toi. Dégreye-toi. Mets un morceau de bois dans mon poêle, puis conte-moi ça tranquillement.

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— S’il repasse ici, on peut pas le manquer.

Puis, chacun rentra chez soi, Piquot, chasseur comme jamais, l'oncle Tobie inquiet, et pour cause. Si jamais on découvrait au village qu'il avait tendu ce piège, il faudrait long pour expliquer... Au souper, le papa de Piquot demanda :— Qu'est-ce que tu as fait de toi aujourd'hui, Piquot?— La chasse.— Tiens. Tu es chasseur maintenant?— Oui. On a tendu un piège. — Ah? ... On en resta là.

Piquot finit par se coucher, tard, et rêva qu'il se battait avec un renard qui avait une crinière de lion et la queue d'un tigre, et s'éveilla au moment où, avec des hurlements à faire frémir un Iroquois, la bête s'échappait le piège à la patte, en laissant comme une piste une traînée de sang. Ça hurlait dans le petit bois. Il s'habilla donc sans faire de bruit et partit vers la Passe du Caillou. L’oncle Tobie, qui avait de bonnes raisons d'avoir l'œil sur les événements, y était déjà.

l'oncle Tobie émit malgré lui un doute : « Ça ressemble bien à une trace de petit chien ». Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Ça peut... mais...

— Quand je l'aurai pris, vous verrez bien que c'est un renard.— Tiens. Je ne te savais pas chasseur. C’est nouveau! Ça.— Oui. Je vais chasser, moi. Puis quand j'aurai pris...— Bon. Bon. Si c'est comme ça, on va retourner chez mon oncle et mon oncle va te prêter un beau piège et on va venir le tendre. Ensemble. D'accord?— D'accord.

Ils repartirent vers la maison de l'oncle. Tobie prit son piège le moins puissant, un numéro cinq, un morceau de lard rance comme un appât et ils tendirent juste à l'entrée de l'abatis.

Pendant toute l'opération, Piquot parlait, mais comme pour lui-même : « Ils vont voir si je suis chasseur. Je vais porter la queue sur mon chapeau. Ils vont voir... » — Sans fin.

Tobie, sans rire, attachait la chaîne du piège à une grosse racine, disposait des feuilles, ouvrait et tendait le piège, posait l'appât avec le geste sûr de celui qui a déjà fait la chasse.

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— Viens voir ton renard, Piquot (sans ironie blessante, mais sans complaisance non plus).— Mais non! C’est le chien de monsieur Carrière.— Penses-tu? Jaune de même. On dirait bien un renard.— Non, il n'y a rien de drôle. C’est le chien de monsieur Carrière. Je le reconnais.

Il n'y avait plus à rire. Le pauvre Tit-Lou hurlait à faire pleurer le Gros Caillou. L’oncle Tobie insista pourtant, en faisant taire le chien avec des caresses :— T’es sûr que tu veux pas le tuer puis porter sa queue à ton chapeau? Il a une belle fourrure. C'est comme du renard.— Sûr.— Qu'est-ce qu'on fait?

Piquot était furieux maintenant. Il pleurait à demi.— Qu'est-ce qu'on fait Piquot?— Il faut déprendre Tit-Lou. P’is soigner sa patte, puis tout de suite. Ce à quoi l'oncle Tobie d'ailleurs voyait déjà. Ils emmenèrent le chien chez lui. Après l’avoir soigné, nourri de viande, de lait, dorloté comme il n'avait jamais été, peut-être, le pauvre Tit-Lou posait encore un oeil inquiet sur la bizarrerie des humains. Il en boitait par politesse.

— Bon. On va se coucher, hein? Piquot!— Oui.— Es-tu toujours chasseur ?Mais l'oncle Tobie regretta celle dernière taquinerie. Sans le regarder, Piquot répondit, la tête basse : — Non. La chasse c'est fini. Le lendemain, sans en avoir le premier mot, le papa de Piquot lui demanda avant son départ pour l'école :— Puis la chasse? Piquot. Toujours... ça va?— Non. Je ne serai pas chasseur.— Tiens...! Explique-moi ça.— Tu demanderas à mon oncle Tobie. Et il s'en fut à l'école. Piquot fut une semaine avant de retourner chez l’oncle. Il ne fut plus jamais question de renard entre eux.

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À vos crayons!

En équipes de trois ou quatre, divisez le texte en courtes sections etrecensez les mots et les expressions que vous ne connaissez pas. Essayez d’en deviner le sens, puis cherchez les définitions dans le dictionnaire ou sur la Toile. Faites un exposé de vos trouvailles au reste de la classe.

La langue française comporte plusieurs niveaux de langage. Dans son

conte, Gilles Vigneault emploie plusieurs de ces niveaux : langage familier, soutenu, poétique. Trouvez des expressions ou des mots pour chaque catégorie.

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À vos crayons!

Sur une carte, trouvez la ville où est né Gilles Vigneault et évaluez à quelle distance elle se trouve de votre ville.

De quelle région du Québec fait partie Natashquan?

Pensez-vous que Gilles Vigneault retourne à Natashquan après ses concerts?

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À vos crayons! Gilles Vigneault a dit : « Une chanson est un petit pont entre les rives d'une

rivière, entre deux peuples ou deux cultures ». Sur le même modèle de phrase, peux-tu trouver une métaphore pour le conte?

Innu ou Inuit? Et les Esquimaux dans tout ça? Faites une petite recherche pourdifférencier les trois désignations.

Pour en savoir plus sur la langue innue, visitez le site http://www.innu-aimun.ca/

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À vous la parole!« Les quatre saisons de Piquot » est ce qu’on appelle un récit initiatique. Le héros vit plusieurs aventures et en ressort grandi, avec une nouvelle compréhension de la vie et de soi-même. Le conte se divise en 4 chapitres intitulés :

Le printemps : le pont L’été : le cerf-volant L’automne : le trésor L’hiver : le renard

À chacun des chapitres peut aussi correspondre un thème philosophique. Par exemple : la communication, l’attente, le rêve, le pardon. Gilles Vigneault illustre ces thèmes dans un conte « de l’ancien temps », mais ils sont toujours d’actualité. Discutez de ces thèmes en lien avec votre quotidien.

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À vous de jouer!

« La danse à St-Dilon », chanson la plus connue de Gilles Vigneault, a été chantée par plusieurs interprètes différents depuis sa création, il y a presque 50 ans.

Martin Léon en a même fait une version qui rappelle le « slam »! Comme quoi les plus grandes œuvres vieillissent bien...

Comparez les deux versions et commentez les différences (rythme, mélodie, accompagnement, etc.) :

Version originale : http://www.youtube.com/watch?v=fI4LeP2_UMY&feature=related

Version « slam » (extrait):http://www.lamontagnesecrete.com/node/223

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Les quatre saisons n’ont pas qu’influencé Gilles Vigneault... Plusieurs grands compositeurs aussi se sont laissé charmer par la beauté de la nature qui se transforme au gré des saisons.

En suivant votre intuition, associez chaque nom de compositeur à la description et à son portrait. Ensemble, écoutez les extraits musicaux et discutez de différentes façons d’illustrer en musique le thème des quatre saisons.

À vous de jouer!

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C’est moi qui ai lancé la mode! Mes « Quatre saisons » sont probablement l’une des pièces de musique classique les plus connues du monde entier. Comme j’étais un violoniste italien très réputé, j’ai réuni quatre de mes concertos pour violon qui décrivent parfaitement la nature : des cris d’oiseaux à la pluie, en passant par les violents orages de l’été...

http://www.youtube.com/watch?v=u6zh-WmiMcE

Je suis un compositeur russe romantique et mes « Saisons » ont été composées pour un ballet. L’un des mouvements (l’automne) a même servi d’indicatif musical à un téléroman québécois diffusé entre 1956 et 1970, « Les belles histoires des pays d’en haut ».

http://www.youtube.com/watch?v=losXyV2lD4g

Même si je compose principalement dans le style du tango argentin, j’aime utiliser des techniques propres à la musique classique. Par exemple, dans mon « Printemps », j’utilise le style fugué, qui fait entrer les lignes mélodiques l’une après l’autre. Mais le tango n’est jamais bien loin...

http://www.youtube.com/watch?v=k0GFJOpMHd0&feature=related

« The Seasons » et a été jouée pour la première fois dans la ville de New York en 1947. Je suis un compositeur contemporain, donc ma musique ne sonne pas comme du Mozart! J’utilise peu de mélodies, mais plutôt des agrégats (des petits paquets de notes) et des sons éparpillés.

http://www.youtube.com/watch?v=wg1_s9picY0

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Antonio Vivaldi (1678-1741) John Cage (1912-1992)

Alexandre Glazounov (1865-1936) Astor Piazzolla (1921-1992)

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Même Piotr Ilyitch Tchaïkovski et Joseph Haydn ont composé des œuvres reliées aux saisons!

Faites une recherche sur ces compositeurs et découvrez :

leurs dates de naissance et de décès; des images et des extraits sonores de leurs œuvres.

Vous pouvez même placer les images des compositeurs sur une ligne du temps et discuter des différences entre les compositions. Comment pensez-vous que la nationalité des compositeurs et la période historique à laquelle ils ont vécu influencent les œuvres?

À vous de jouer!

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La nature dans la musique… Dans la liste suivante, choisissez un extrait et écoutez la musique en fermant les yeux. Essayez d’imaginer ce que les notes vous racontent... Une histoire? Un paysage? Une émotion? Racontez ensuite aux autres ce que vous avez imaginé ou dessinez votre « univers musical ».

Symphonie no 82 « L’ours », 1er mouvement de Joseph Haydn http://www.youtube.com/watch?v=G_cDHaXqLZU

La Mer de Claude Debussyhttp://www.youtube.com/watch?v=rOSGqyjCRws

Orage de Franz Liszthttp://www.youtube.com/watch?v=tBh6tHW-iJA&playnext=1&list=PL5D8A1A5C237FD01D

Oiseaux exotiques de Olivier Messiaenhttp://www.youtube.com/watch?v=ht5qqE_e1UE

À vous de jouer!

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Écoutez le film « Maq et l’esprit de la forêt », un autre récit initiatique et discutez-en en classe : http://www.onf.ca/film/maq_esprit_foret/

Quelles sont les étapes que franchit Maq et comment évolue-t-il à travers elles? Comme Maq, as-tu toi aussi un porte-bonheur? Quelle importance accordes-tu à tes racines, ton histoire?

« Maq et l’esprit de la forêt » est un court métrage d’animation racontant l’histoire d’un jeune Micmac qui apprend les secrets de la vie par de discrets mentors. En traversant la forêt pour aller chez son grand-père et lui montrer un morceau de pierre qu’un ancien lui a montré à sculpter, il croise un curieux voyageur nommé Mi’gmwesu. Celui-ci lui fait découvrir sa culture à travers les chansons, les contes et les plantes médicinales…

Pistes à explorer

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C’est la rotation de la Terre autour du Soleil qui détermine les saisons.

Saviez-vous que les saisons sont inversées dans l’hémisphère sud? Par exemple, en Australie, il fait 25o C au mois de janvier! Effectuez une recherche sur l’évolution des saisons dans les différentes régions du globe. Est-ce partout pareil?

Les quatre saisons et la science

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Giuseppe Arcimboldo est reconnu pour ses portraits où les traits du visage sont évoqués par des fruits, des légumes ou des fleurs, comme ses célèbres « Quatre saisons ».

Observez les œuvres suivantes et essayez d’identifier le plus de fruits et légumes possible. À l’aide d’illustrations de végétaux, créez votre propre portrait!

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Giuseppe_Arcimboldo_-_Winter,_1573.jpg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Giuseppe_Arcimboldo_-_Spring,_1573.jpg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Giuseppe_Arcimboldo_-_Summer,_1573.jpg

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Giuseppe_Arcimboldo_-_Autumn,_1573.jpg

Les quatre saisons et les arts visuels

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Construisez votre ville pour qu’elle se développe en harmonie avec l’environnement :

http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expo/tempo/planete/portail/labo/ademe/ECOVILLE/ademe_ecov.html

Au jeu!

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Discutez de votre expérience au retour du concert.

Quels instruments avez-vous observés?

Qu’avez-vous préféré?

Qu’avez-vous le moins aimé?

Qu’avez-vous appris et qu’est-ce qui vous a surpris?

Retour sur le concert

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Fin