Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

24
Collection «Aliments dans les villes» Les marchés de gros dans les grandes villes africaines Diagnostic, rôle, avantages, éléments d’étude et de développement Eric Tollens Programme «Approvisionnement et distribution alimentaires des villes» AC/05-97F - 1997 Communication présentée au séminaire sous-régional FAO-ISRA «Approvisionnement et distribution alimentaires des villes de l’Afrique francophone» Dakar, 14 • 17 avril 1997

Transcript of Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

Page 1: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

Collection «Aliments dans les villes»

Les marchés de grosdans les grandes villes africaines

Diagnostic, rôle, avantages,éléments d’étude et de développement

Eric Tollens

Programme

«Approvisionnement et distribution alimentaires des villes»

AC/05-97F - 1997

Communication présentée au séminaire sous-régional FAO-ISRA«Approvisionnement et distribution alimentaires

des villes de l’Afrique francophone»Dakar, 14 • 17 avril 1997

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page i (1,1)

Page 2: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

ii

Résumé

Cet article démontre l’importance, les potentialités etles contraintes des marchés de gros dans l’approvi-sonnement et la distribution alimentaires des villesafricaines. Les marchés de gros sont des emplace-ments et infrastructures physiques et des règles defonctionnement du système de commercialisation degros. Il faut faire une distinction entre la distributiondes produits alimentaires périssables et des produitsnon périssables. Le besoin d’un marché de gros sefait sentir le plus clairement pour les produits péris-sables, dès le moment où la population est impor-tante. Les marchés de gros existent aussi pour desproduits comme les céréales mais, dans ce cas, onparle habituellement d’une bourse de céréales.

Une description générale succinte des systèmes decommercialisation des produits alimentaires dans lesgrandes villes en Afrique est faite, ainsi qu’un dia-gnostic général de ces systèmes. Il ressort de cetteanalyse que la fonction de vente en gros est un élé-ment critique pour la bonne performance de tout sys-tème de commercialisation de vivres. La plupart desgrandes villes africaines ne possède pas un réel mar-ché de gros. La fonction «gros» existe mais elle estsouvent confondue avec celle de détail. Elle estgénéralement diffuse et rarement spécialisée. Et lesinstallations utilisées pour la vente en gros de vivressont souvent disséminées à travers la ville.

Plusieurs études de cas sont présentées: les mar-chés de gros pour les fruits et légumes au Maroc etau Kenya; la démonstration de la nécessité des mar-chés de gros pour le manioc à Kinshasa et la cons-truction du plus grand marché de gros d’Afrique, celuide Bouaké en Côte d’Ivoire.

En général, l’absence d’un système de commerciali-sation dynamique et ordonné a comme effet de main-tenir un statu quo de la production à petite échelle,une compétition déséquilibrée, dominée par le pou-voir monopsone dans les relations entre acheteurs etproducteurs, et des niveaux bas de productivité. Lesinsuffisances fondamentales de la commercialisation,telles que les méthodes inefficaces de manutention,une congestion excessive, des gaspillages excessifs,la vente par dénombrement, l’emballage dans derares contenants, le manque d’information fiable surles prix au marché, ainsi que l’instabilité et les incer-titudes, ajoutent aux coûts de distribution. Ces coûtsajoutés se reflètent dans les prix élevés des alimentset/ou la basse qualité des produits, ajoutant ainsi descharges additionnelles aux budgets alimentaires qui,pour la plupart des consommateurs urbains, sontdéjà à la limite du possible.

Le rôle et les avantages d’un marché de gros sontanalysés. Le grand avantage d’un marché de gros estqu’il rassemble dans un lieu déterminé toute l’offre etla demande d’un produit donné, permettant ainsid’obtenir un prix unique d’équilibre. La formation desprix devient ainsi transparente et les coûts de tran-saction sont grandement réduits. Ainsi, un marché degros est un important lieu de coordination verticaledans la chaîne de commercialisation, contribuantainsi à une meilleure efficacité-prix et à une plusgrande productivité de la filière de distribution desvivres.

Les principales critiques à la création d’un marché degros qui peuvent être soulevées sont qu’un marchéde gros ne sera pas pratique vu qu’il entraînera l’aug-mentation des coûts de transport pour les détaillants,que les grossistes ne se rendront pas au nouveaumarché de gros et que sa création ou son extensioncréera du chômage. Ces critiques ne sont pas tou-jours justifiées et des mesures peuvent être prisespour résoudre ou contourner les problèmes soulevés.

Ensuite, les insuffisances constatées dans les mar-chés de gros existant dans les grandes villes enAfrique sont abordées. Ces insuffisances sont, à desdegrés divers, spécifiques au climat, aux produitstraités, à la technicité des opérateurs et aux condi-tions matérielles de distribution. Elles sont liées àl’implantation des marchés de gros, aux caractéris-tiques techniques du marché, aux opérateurs du mar-ché et à l’organisation de la distribution. Ce sont cesinsuffisances que tout projet de modernisation ou decréation de marché de gros devra s’attacher à fairedisparaître.

Ce papier se termine en précisant la place du marchéde gros dans le développement économique, le rôledu gouvernement dans l’établissement, la gestion etle fonctionnement des marchés de gros et les fac-teurs dont on doit tenir compte pour l’établissementéventuel d’un marché de gros. Le rôle d’un marchéde gros change selon les produits et le niveau dedéveloppement économique. D’un côté, il y a la com-plète autoconsommation, et de l’autre, la productionentièrement sous contrat avec les clients. C’est entreces deux extrêmités qu’un mécanisme de coordina-tion, le marché, doit nécessairement intervenir. Enl’absence d’initiatives privées, et c’est le cas dans laplupart des pays en développement, le gouverne-ment a un rôle décisif à jouer dans l’entreprise et laplanification des projets de marchés, aussi bien quedans le financement des infrastructures que dans lagestion.

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page ii (1,1)

Page 3: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

iii

Présentation de l’auteur

Eric Tollens est ingénieur agronome et économisteagricole depuis 1967, et professeur d’économie agri-cole à l’Université Catholique de Louvain (K. U.Leuven) depuis 1983. En 1975 il obtient un PhD enéconomie agricole à la Michigan State University(USA). De 1971 à 1977, il a été chef de travaux etchargé de cours à l’Université Lovanium à Kinshasa,devenue l’Université Nationale du Zaïre. De 1973 à1977, il dirige à Yangambi le départementd’Economie Rurale. Il réintègre l’UniversitéCatholique de Louvain de 1977 à 1979, puis il devientadministrateur à la Commission des CommunautésEuropéennes à Luxembourg jusqu’en 1983. Il porteun intérêt particulier à l’agriculture, au développe-ment rural et à l’approvisionnement vivrier des villesen Afrique Centrale et Afrique Occidentale. En 1990et 1991, il a contribué à la rédaction du plan directeuret des plans d’action du développement agricole etrural au Zaïre. En 1992, il a publié avec D. Shapiro«The Agricultural Development of Zaïre» (Avebury) eten 1994, avec F. Goossens et B. Minten, «NourrirKinshasa: l’approvisionnement local d’une métropoleafricaine» (L’Harmattan).

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page iii (1,1)

Page 4: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

Table des matières

Résumé exécutif Présentation de l’auteur Liste des encadrés

Introduction

1: Les systèmes de commercialisation des produits alimentaires dans les grandes villes en Afrique 1.1 - Aliments locaux de base 1.2 - Aliments importés 1.3 - Marchés de gros 1.4 - Supermarchés, superettes et magasins 1.5 - Marchés de détail

2: Diagnostic général des systèmes de commercialisation des produits vivriers dans les grandes villes

3: Rôle et avantages d’un marché de gros 3.1 - Le marché de gros, outil physique 3.2 - Le marché de gros, outil économique

4: Les principales critiques à la création d’un marché de gros

5: Insuffisances des marchés de gros dans les grandes villes en Afrique 5.1 - Insuffisances liées à l’implantation du ou des marchés de gros 5.2 - Insuffisances liées aux caractéristiques techniques 5.3 - Insuffisances constatées au niveau des opérateurs 5.4 - Insuffisances liées à l’organisation de la distribution

6: La place du marché de gros lors du développement économique

7: Le rôle du gouvernement dans l’établissement, la gestion et le fonctionnement des marchés degros

8: Les éléments de l’étude et de développement concernant l’établissement d’un marché de gros 8.1 - Etudes économiques 8.2 - Etudes techniques 8.3 - Etudes administratives et légales

9: Conclusions

Notes de bas de pages

Bibliographie

Liste des encadrés

1 Les marchés de gros pour les fruits et légumes au Maroc2 Les marchés de gros pour les fruits et légumes au Kenya3 La nécessité d’un système d’information sur un marché de gros4 Les marchés de gros pour le manioc à Kinshasa, au Zaïre5 La construction du marché de gros de Bouaké, en Côte d’Ivoire

iv

iiiiiiv

1

222233

4

799

11

1414151515

16

17

18181819

19

19

20

58

101118

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page iv (1,1)

Page 5: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

Introduction

Le but de ce document est de démontrer l’importan-ce et les potentialités des marchés de gros dans l’ap-provisionnement et la distribution alimentaires desvilles africaines. Après une description succincte dessystèmes de commercialisation des produits alimen-taires des grandes villes, un diagnostic général deces systèmes est proposé. Les insuffisances consta-tées dans les marchés de gros sont relevées. Lesavantages d’un marché de gros sont ensuite décritset les principales critiques qui peuvent être soulevéesà leur création sont examinées. Ensuite, la place dumarché de gros lors du développement économiqueest déterminée. Finalement, les éléments néces-saires à l’étude de l’établissement éventuel et dudéveloppement d’un marché de gros sont étudiés.Cette étude doit permettre aux autorités municipalesdes grandes villes de faire les choix qui s’imposentpour améliorer la performance des systèmes d’ap-provisionnement et de distribution alimentaires desvilles.

Les marchés de gros sont des emplacements et infra-structures physiques et sont soumis aux règles defonctionnement du système de commercialisation degros. Ils rassemblent des opérateurs (grossistes) quisont en liaison, d’une part avec l’amont du circuit,c’est-à-dire la production, d’autre part, avec l’aval, lesacheteurs (détaillants), eux-mêmes en rapport avecle consommateur final du produit.

On peut faire une distinction entre les marchés degros secondaires, dans les villes régionales, et lesmarchés de gros terminaux situés dans les grandesvilles. Cette distinction doit être faite entre la distribu-tion alimentaire des produits alimentaires péris-sables, principalement les fruits et légumes, maisaussi la viande, le poisson, les produits laitiers, et lesproduits non périssables, principalement lescéréales. La difficulté de distribution d’un produit estd’autant plus grande que ce produit est périssable.Bien que le besoin d’un marché de gros se fasse res-sentir plus clairement pour les produits périssables,et ce à partir d’une population d’au moins un milliond’habitants selon Mittendorf (1976), ils peuvent aussiêtre indiqués pour les produits non périssables. Dansce cas, ils portent souvent alors un autre nom (bour-se de céréales, marché de céréales, marché agricoleetc.). En général, pour les produits non périssables,les produits ne passent pas physiquement par le mar-ché de gros parce que les temps d’opération sontmoins critiques et le triage et le classement selon laqualité peuvent se faire plus facilement chez le pro-ducteur sur une base objective (M I T T E N D O R F,1986). Ce n’est pas le cas pour les produits péris-sables qui passent obligatoirement à travers le mar-

ché de gros car le temps de passage entre le pro-ducteur et le consommateur final est d’une importan-ce capitale pour le maintien de la qualité des produits.

1

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 1 (1,1)

Page 6: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

1Les systèmes de commercialisation des produits alimentaires dans les grandes villes en Afrique

1.1Aliments locaux de base

Une bonne partie de la production alimentaire descentres urbains de l’Afrique provient d’un grandnombre de petites fermes familiales. Le manioc, lemaïs, le riz, le mil, les bananes, la viande, le lait, lesfruits et légumes, etc. sont principalement produitespour l’autoconsommation, mais le surplus est mis surle marché lorsqu’il y a des acheteurs. De toutesmanières, il existe des producteurs des cultures etdes produits destinés au marché.

Des marchés ruraux ont lieu dans plusieurs villageset sont organisés deux ou trois fois par semaine.Plusieurs commerçants-camionneurs-collecteursachètent dans ces marchés; ils peuvent égalementrendre visite aux cultivateurs individuellement quandle marché ne se tient pas le jour prévu.

La plupart des aliments de première nécessité ven-dus en ville, sont achetés par des commerçants-camionneurs-collecteurs dans des marchés rurauxou des fermes. Ces camionneurs transportent ainsiles produits jusqu’à la ville où la revente est souventfaite aux semi-grossistes, aux détaillants et mêmeaux consommateurs, au marché central ou dans lesdifférents marchés de la ville. Certains produits étantpérissables, les commerçants cherchent à s’endébarrasser aussi vite que possible.

En l’absence d’un marché de gros, les camionneursont rarement une place ou une installation fixe devente; leur camion sert souvent au classement, àl’emballage et au stockage. Ces camionneurs accom-plissent encore (souvent d’une manière inefficace)les fonctions importantes de commercialisation quesont la collecte des produits vivriers d’un grandnombre de petits producteurs, le transport de cesproduits vers les zones urbaines et leur distributionaux autres intermédiaires ou aux consommateurs. Ilsassurent le lien nécessaire entre les petites unités deproduction géographiquement éparpillées et lespetites unités de vente au détail, en gros ou deconsommation. Seule une petite quantité, principale-ment de riz, sucre et légumes, passe par les super-marchés ou les magasins libre-service.

Les vivres ainsi assemblés et transportés sont peuprotégés contre la chaleur tropicale. Les produits sontordinairement transportés en vrac ou en sacs. Il n’y apas de classement standard pour promouvoir la

confiance de l’acheteur et ainsi, chaque article reçuest contrôlé et compté. De la sorte, le mouvementdes produits des fermes vers les points de commer-cialisation en ville est un processus coûteux en raisonde la manutention inefficace, de la détérioration et dugaspillage, surtout pour les produits périssables. Unpourcentage élevé d’aliments de première nécessitéest vendu sur de petits marchés de détail municipaux,que l’on peut retrouver dans chaque zone de la ville.L’intervention de l’Etat dans la collecte et la distribu-tion d’aliments de base est le plus souvent très limi-tée et se borne au maintien et à l’extension des infra-structures de transport et de distribution en ville.

1.2Aliments importés

Les aliments importés sont canalisés à travers desmaisons de distribution en gros, qui les vendent dansleurs propres supermarchés et aussi en gros oudemi-gros, aux détaillants. A travers ces semi-gros-sistes et détaillants, ces produits trouvent leur voievers les différents marchés de détail.

L’intervention du gouvernement est très marquée ence qui concerne les biens alimentaires importés. Lesimportateurs ont besoin d’une licence d’importation etd’un accès correspondant aux changes.

1.3Marché de gros

La fonction de vente en gros est un élément critiquepour la bonne performance de tout système de com-mercialisation de vivres. La plupart des grandes villesafricaines ne possèdent pas un réel marché de gros.La fonction de vente en gros existe pour certains pro-duits tels que la viande, le poisson sec, les céréalesimportées ou le riz et le maïs produits localement.Souvent, il est difficile de distinguer les opérations devente en gros de celles au détail. Beaucoup d’opéra-tions de vente qui sont considérées comme étant dedétail sont en fait de demi-gros, par exemple, lessacs de sucre, de riz ou d’arachides de 1 à 5 kg, quisont en fait vendus au détail par tasse ou verre.

La distribution au niveau du gros concerne tout ce quin’est pas distribué au niveau du détail. Les activitésde détail sont celles qui apportent directement le pro-duit à l’utilisateur final, le consommateur. La fonctionde vente en gros est généralement diffuse et rare-ment spécialisée. Un même opérateur peut combinerla fonction de vente en gros et celle au détail.

Actuellement, les installations utilisées pour la venteen gros de vivres sont souvent disséminées à traversla ville. Les grands grossistes approvisionnent lespetits grossistes qui ne pourraient pas tirer avantage

2

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 2 (1,1)

Page 7: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

de l’achat d’un volume important ou qui ne pourraientpas importer ou acheter directement.

La fonction de vente en gros présente plusieursaspects. Pour les produits alimentaires locaux, lesgrossistes peuvent les acheter aux camionneurs quiles ont collectés. Ces derniers agissent comme inter-médiaires entre le cultivateur et le grossiste et ils peu-vent également opérer pour le compte d’un grossiste.Il semble que les achats soient souvent basés surune commission fixe. Les ventes aux enchères desproduits alimentaires n’existent pas en Afrique maisils existent bel et bien pour le café (Kenya et Burundi)et le tabac (Zimbabwe).

Les obstacles aux changements dans le système devente en gros semblent être ou avoir été les règle-ments exclusifs du marché, tant pour les importationsdes articles en boîte que pour les aliments locaux etparticulièrement ceux traités et transformés.

1.4Supermarchés, superettes et magasins

Les grandes villes disposent d’un assez grandnombre de supermarchés, superettes, mini-alimenta-tions et magasins de quartier et de détaillants spécia-lisés qui convoitent les groupes de revenus aisés,aussi bien des expatriés que des nationaux. Ils stoc-kent principalement des aliments importés et desfruits et légumes frais, locaux ou importés.

Ces supermarchés et épiceries libre-service nejouent pas un rôle important dans la distribution desprincipaux produits tels que la farine et les feuilles demanioc, la farine de maïs, le mil et le sorgho, et le riz,bien qu’en ce qui concerne ce dernier produit, ils lestockent occasionnellement dans des sacs en plas-tique de 5 à 10 kg.

Finalement, il existe beaucoup de petits magasins quivendent à la fois des aliments non périssables locauxet importés ainsi que des biens de consommationmanufacturés.

1.5Marchés de détail

Le principal marché de détail des produits vivriers esttoujours le grand Marché Central, qui dépend direc-tement de l’autorité municipale. Chaque zone de laville a normalement son propre marché de détail et, ilexiste de plus plusieurs petits marchés dans les quar-tiers. Ces marchés constituent pour les municipalitésune source de recettes importantes.

Le Marché Central de détail de la ville est souventbien construit, avec des planchers cimentés et cou-

verts par un toit, avec des tables pour exposer lesproduits et des plaques inoxydables pour étaler laviande, le poisson, les fruits et les légumes. Il peutaussi exister une possibilité de stockage d’alimentsavec des installations frigorifiques de conservation.De toutes manières, le Marché Central est le plussouvent terriblement congestionné et trop petit pourremplir adéquatement son rôle.

Les autres marchés de détail consistent en desespaces, non couverts, en général sans réel plancherni canaux de drainage et où les boutiques indivi-duelles permettent aux détaillants d’exposer leursproduits. Dans ces marchés, il n’existe pas d’installa-tions pour classer, conserver, peser ou manipuler effi-cacement les produits. Le parking est habituellementtrès limité autour des marchés et bien congestionné.

Les opérations de vente en gros et au détail sont réa-lisés à la fois dans les marchés de détail, et souventpar les mêmes individus. Le type le plus fréquent d’in-formation sur l’offre et sur les prix de marché est l’ob-servation du marché et le rapport verbal.

3

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 3 (1,1)

Page 8: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

2Diagnostic général des systèmes de commercialisation des produits vivriersdans les grandes villes

Généralement, les plus grands centres urbains enAfrique croissent très rapidement, doublant leur taillesur une période de neuf à quinze ans, selon les villes.

La congestion des marchés de détail empêche uneopération efficace et entraîne la hausse des coûts dedistribution des vivres. Les marchés sont devenustrop petits. Les conditions et installations dont ils dis-posent, même ceux d’entre eux qui sont assezgrands, sont loin d’être satisfaisantes. Les marchéssont congestionnés, ils n’ont pas de docks de déchar-gement, pas de zones de tri, d’installations de net-toyage, de parking pour les camions, de réels plan-chers; ils n’ont pas d’espaces de vente couverts (oualors ils sont mal couverts), pas d’installation de stoc-kage, et les conditions hygiéniques et sanitaires lais-sent beaucoup à désirer, particulièrement pour lesproduits périssables. Presque tout ce qu’ils présen-tent sont de petits stands pour des opérations devente de détail. En conséquence, il existe une proli-fération de points de vente (kiosques) à travers lesvilles et de nombreux colporteurs itinérants. Il existeun très grand nombre de détaillants, leurs ventes parindividu sont très minimes et les consommateurs àfaible revenu leur achètent plusieurs fois par jour.

Les fonctions de vente en gros se font à une échellerelativement réduite et spécialisée par produit11. Iln’existe pas ou peu de marchés de gros en tant quetels. Chaque jour, les détaillants passent beaucoupde temps à assembler de petits lots de marchandiseset à les revendre dans leurs petits magasins ou dansles marchés de détail.

Les centres urbains étant devenus de grandes villes,la petite échelle traditionnelle et les systèmes malcoordonnés de ventes de vivres en gros et au détailsont par conséquent devenus insatisfaisants. Lesmoyens de transport sont devenus plus chers, lesconsommateurs reçoivent souvent des produits dequalité médiocre et ils doivent passer un temps fou àl’achat des provisions alimentaires pour la famille.

Les signaux des prix et une information concernant lemarché n’atteignent pas les cultivateurs à travers lesystème urbain de vente au détail et en gros.

Ainsi, la production de la ferme ne suit pas convena-blement la demande des consommateurs, quantitati-vement et qualitativement. Les producteurs sont fré-quemment confrontés à des prix incertains des pro-

duits, l’échelle réduite et le pouvoir oligopolistiquedes marchés de collecte des produits. Ceci se reflètedans la variation des prix et la fixation des marges decommercialisation, l’intervention directe de l’Etatdans divers aspects de la commercialisation desvivres, y compris la collecte et la distribution, etdiverses inspections et pratiques régulatrices.L’accent à été très peu mis sur les voies et moyensde créer un secteur privé progressif, compétitif et effi-cace dans la commercialisation des vivres.

Les efforts du secteur public pour améliorer la com-mercialisation des vivres ont souvent gêné des opé-rations efficaces de commercialisation et n’ont pas sufournir des conditions facilitant une coordination effi-cace des marchés. Les coûts inutiles résultant d’unecoordination défaillante des marchés sont rendus évi-dents par la fermeture régulière de supermarchés,dûe au manque de produits, aux pénuries chroniquesde biens alimentaires de base et à une tendancegénérale vers la monopolisation des circuits de distri-bution (le système de quota) par des sociétés privéespour des aliments importés, mais aussi pour descéréales produites localement telles que le riz et lemaïs.

Les marchands-camionneurs obtiennent l’informationrelative aux prix par une observation directe dans lesdivers marchés qu’ils visitent. Etant donné que lagrande partie des achats faits par les camionneurss’effectuent dans de petites concentrations de mar-chés où les cultivateurs consignent le plus souventdirectement les produits, transportés sur le dos ou latête, les acheteurs-camionneurs se trouvent dansune position favorable de marchandage. Le cultiva-teur, insuffisamment formé, qui a de petites quantitésde produits, une information pauvre concernant lemarché et peu ou pas du tout de choix d’acheteurs,est incapable de marchander pour des prix «justes».Seuls les cultivateurs réunis en associations ou encoopératives et qui louent un camion pour transporterleurs produits vers le marché urbain, ainsi que celaarrive dans certaines parties de l’Afrique, reçoiventles prix des vivres prévalant sur le marché urbain.

Les collecteurs, en faisant la demande, exercent unpouvoir monopsone qui tend à réduire les prix desproduits agricoles qu’offrent les cultivateurs. Un telpouvoir monopsone existe parce que dans beaucoupde zones de production de vivres, il y a peu de mar-chands-camionneurs en rapport avec des cultiva-teurs individuels ou parce qu’il existe une compétitionlimitée entre les marchands-camionneurs.

Les producteurs sont peu stimulés à investir plus d’in-trants (travail, capital ou terre) pour essayer d’ac-croître la production ou améliorer la qualité. Ainsi, lescultivateurs continuent à pratiquer l’agriculture exten-

4

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 4 (1,1)

Page 9: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

5

L’agglomération de Rabat-Salé comprend deuxmarchés de gros, l’un à Rabat, l’autre à Salé. Cedernier joue un rôle purement local. Le marché deRabat est en réalité le véritable marché de gros del’agglomération. Il jouit d’un véritable monopolepour l’approvisionnement de la ville: toute mar-chandise vendue au détail dans la ville doit, selonla loi de 1962, impérativement passer par le mar-ché de gros, essentiellement pour des raisons fis-cales. Une taxe de 7 pour cent ad valorem est per-çue sur le marché de gros, pour le compte des col-lectivités locales.

Le marché de gros a été construit en 1974 surune superficie totale de 5 ha dans la périphérie deRabat. I l comporte trois carreaux couverts,chacun doté d’une extension en plein air. Lemarché apparaît actuellement saturé et il existeun projet de création de trois carreauxsupplémentaires. En bordure du marché sontsitués quatorze magasins, actuellementinoccupés. Le marché est dépourvu de moyensde stockage frigorifique et la manutention estentièrement manuelle.

D’après la Direction du marché, l’activité auraitporté sur 104000 tonnes en 1994, tandis que laconsommation de la capitale est estimée à200000 tonnes. Ainsi, les quantités traitées sontsous-estimées, ou bien un détournementimportant du monopole du marché existe. Ilsemble que ce dernier cas se confirme, surtoutpour les légumes.

La qualité et le conditionnement des produitsprésentés à la vente sont très hétérogènes. Lefardage est une pratique courante.

Le marché est dirigé par un directeur et comptesix mandataires, deux par carreau. Le rôle dumandataire se borne a un rôle de caissier-p e r c e p t e u r. L’ a c h e t e u r, après s’être mis d’accordavec le vendeur, se fait remettre un ticket de

pesée, puis va payer au quittancier, employé dumandataire responsable du carreau; ce dernier luiremet une facture, contrôlée à la sort ie dumarché. Le mandataire reverse la somme,déduction faite de la taxe, au vendeur. Outre lepersonnel des mandataires, le marché emploie 60agents.

On distingue deux types d’opérateurs sur lemarché: les vendeurs et les acheteurs. Lesgrossistes-vendeurs au nombre de 300 à 400 ontun approvisionnement en moyenne tous les troisjours. Ils louent un camion pour le transport car ilssont démunis de transport propre. Les ventesmoyennes des grossistes sont de 1,5 tonnes parj o u r. Il y a des vendeurs-commissionnaires quitravaillent en particulier pour de gros producteursde fruits.

Les acheteurs professionnels sont de l’ordre de100 à 1500; un nombre difficile à estimer deconsommateurs achète directement en fin demarché. Les acheteurs professionnels sont engrande majorité des détaillants de Rabat ou deSalé. Ils s’approvisionnent en moyenne trois àquatre fois par semaine, pour une quantitémoyenne de 350 kg.

L’Administration du marché de gros relève lesquantités et les prix d’après les factures émises.Ces données sont communiquées au Ministère del’intérieur et au Ministère de l’agriculture et nesont en aucun cas destinées au public. Elles nesont donc pas accessibles aux producteurs ouaux commerçants. Le marché de gros deCasablanca est le seul marché d’importancenationale.

Les coûts moyens de commercialisation au stadede gros, du producteur au marché de gros deRabat varient selon les produits entre 27 et 64pour cent (marge brute, avant déduction descoûts) et sont presque nuls pour les produits

Encadré 1

Les marchés de gros pour les fruits et légumes

au Maroc

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 5 (1,1)

Page 10: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

6

sive tandis que toute l’agriculture autour des villes, enraison de la proximité et de la taille du marché urbain,pourrait devenir intensive.

L’absence d’un système de commercialisation dyna-mique et ordonné a comme effet de maintenir unstatu quo de la production à petite échelle, une com-pétition déséquilibrée, dominée par le pouvoirmonopsone dans les relations entre acheteurs et pro-ducteurs et des niveaux bas de productivité. Lesinsuffisances fondamentales de la commercialisation,telles que les méthodes inefficaces de manutention,une congestion excessive, des gaspillages excessifs,la vente par dénombrement, l’emballage dans derares conteneurs, le manque d’information fiable surles prix au marché ainsi que l’instabilité et les incerti-tudes s’ajoutent aux coûts de distribution. Tout cecifait qu’il devient difficile pour beaucoup d’opérateursde rester dans les affaires tout en étant compétitifs.Ces coûts ajoutés se reflètent dans les prix élevés

des aliments et/ou la basse qualité des produits, ajou-tant ainsi des charges additionnelles aux budgets ali-mentaires, qui, pour la plupart des consommateursurbains, sont déjà à la limite du possible.

Une formation professionnelle et une assistance auxcommerçants et aux propriétaires des magasinsparaissent nécessaires, particulièrement en compta-bilité, techniques de gestion des entreprises et atti-tudes à l’égard de la compétition. Il est importantqu’aussi bien les femmes que les hommes aientaccès à cette formation professionnelle, vu que cesont les femmes qui s’occupent de la plupart des acti-vités de vente au détail.

En particulier, lorsque des crédits à court ou à moyenterme sont accordés aux commerçants ou aux pro-priétaires des magasins, la formation professionnelleet la vulgarisation pourraient être incluses dans lestermes d’octroi de crédit.

commercialisés en période d’abondance, tout desuite après la récolte. En situation de rareté, lesmarges nettes sont élevées.

L’analyse du système d’approvisionnementmontre que les marchés de gros sont régis parune réglementation dépassée, qui freine leurévolution et les empêchent de remplir pleinementleurs fonctions. Le rôle fiscal des marchés de grosest dominant, négligeant les fonctions essentiellesd’un marché de gros. L’insuffisance d’équipementapparaît évidente; il y a absence d’homogénéitédes qualités et les prix perdent alors leur signi-fication de qualité, d’où mauvaise transparence.La fonction d’information des marchés de gros estentravée. Il en résulte une mauvaise transmissiondes signaux du marché aux producteurs, et defortes fluctuations de prix selon les saisons etmême dans la même saison. Le système ne peutguère évoluer favorablement, étant donné lemonopole des marchés de gros, l’archaïsme deleur fonctionnement et leur manque detransparence.

Pour résoudre ces contraintes, il convient d’agiraux niveaux suivants en:

• dotant les marchés de statuts leur permettantune plus grande autonomie et un dynamisme

accru de gestion, afin qu’ils évoluent vers devéritables centres de services à lacommercialisation (informations commerciales,prestation de services techniques, etc.);

• adaptant leurs règles de fonctionnement auxréalités commerciales actuelles, et en revoyantnotamment le rôle des mandataires, qui necorrespond plus à un besoin fonctionnel desmarchés;

• assouplissant les règles du monopole qui,appliquées strictement, gènent consi-dérablement le développement de la distributionmoderne, et empêchent tout circuit decommercialisation intégrée;

• revoyant le principe et les modalités d’assiette etde recouvrement de la taxe sur les marchés, qui,dans la structure actuelle, est dif f i c i l e m e n tcompatible avec un assouplissement de la règledu monopole.

Cette adaptation des marchés de gros auxexigences de la distribution moderne permettraitd’améliorer la commercialisation des fruits etlégumes.

Source: GERGELY, 1996

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 6 (1,1)

Page 11: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

Ainsi, il existe un potentiel considérable pour la vul-garisation de l’utilisation des poids et mesures stan-dardisés dans les opérations de détail. Plusieurs pro-duits alimentaires sont encore vendus par sacs, partasse ou par paquet.

Le plus souvent, il n’existe pas de mercuriale officiel-le disponible qui pourrait recueillir des informationsquotidiennes sur les prix dans les marchés munici-paux et les diffuser grâce aux programmes de radiopar exemple. De toutes manières, la combinaisondes opérations de détail et de gros dans les mêmesmarchés peut réduire sérieusement la valeur de l’in-formation gouvernementale sur les prix, informationdestinée aux producteurs et aux distributeurs.

3Rôle et avantages d’un marché de gros

Un marché de gros peut accroître l’efficacité de la dis-tribution en gros et au détail en encourageant la com-pétition et en induisant l’efficacité. Le grand avantaged’un marché de gros est qu’il rassemble dans un lieudéterminé toute l’offre et la demande d’un produitdonné, permettant ainsi d’obtenir un prix uniqued’équilibre. La formation des prix devient ainsi trans-parente et les coûts de transaction sont fortementréduits. La vente de gros permet à la loi de l’offre etde la demande de converger pour établir le prixunique d’un produit. Ainsi, un marché de gros est unlieu de rencontre entre l’offre et la demande et de for-mation de prix. Dès qu’un prix unique d’équilibres’installe automatiquement par les forces du marchédans une situation de concurrence (pure), l’efficiencedes prix devient plus grande et tous les participantsau marché de gros ont facilement accès à l’informa-tion sur les prix. En effet, il est très difficile d’arriver àun prix d’équilibre unique sans le mécanisme d’unmarché de gros. En l’absence de celui-ci, plusieursprix s’établissent sur les différents marchés, la trans-parence des prix est mauvaise et les coûts de tran-saction (les coûts encourus par les opérateurs pourobtenir les différentes informations sur les prix desmarchés) sont élevés. Sans les grossistes, ledétaillant devrait acheter directement aux agricul-teurs, recourant à des nombreuses petites transac-tions. Avec les marchés ruraux de groupage et lesmarchés de gros, le nombre de transactions estréduit et le processus de commercialisation simplifié(TRACEY-WHITE, 1994).

Un marché de gros est donc un important lieu decoordination verticale dans la chaîne de commerciali-sation. L’offre et la demande y trouvent leur équilibreet la formation d’un prix d’équilibre y est grandementfacilitée. La vitesse de rotation des produits y estgrande, d’où des coûts unitaires de commercialisa-tion réduits. C’est grâce à l’efficience-prix qu’offre unmarché de gros que les producteurs sont encouragésdans leur production et que les marchés deviennentplus stables. Les marchés de gros sont égalementd’importants centres de communication où l’informa-tion est échangée entre les participants et où une cer-taine transparence règne.

Les problèmes généraux à résoudre par un marchéde gros sont de garantir l’approvisionnement urbainen vivres à faible coût. Un approvisionnement de pro-duits nationaux assurerait des débouchés pour laproduction agricole: la culture vivrière serait une res-source alternative aux cultures de rente pour les pay-sans; le recours aux importations serait limité. Les

7

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 7 (1,1)

Page 12: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

problèmes spécifiques de la filière vivrière tiennent àla faible productivité des opérateurs et au niveau trèsélevé des pertes lors de la distribution. Ces deux fac-teurs renchérissent le coût des produits, ce qui limitela consommation. Les circuits sont opaques: le prixfinal est l’accumulation de coûts et de marges, sansque l’offre et la demande ne soient confrontées lorsd’un regroupement au stade de gros. Les opérateurstravaillent dans des conditions préjudiciables à leurproductivité et à la conservation des produits. La mar-chandise est surmanipulée, exposée aux intempé-ries, au soleil et mal aérée dans des installationsinadaptées ou inexistantes. Ceci est néfaste à la qua-lité, surtout pour les produits périssables.

Un marché de gros est organisé pour effectuer cinqopérations à moindre coût:

• l’échange physique des produits;

• le classement des produits selon une classificationstandardisée, qui facilite la réalisation des ventes; lefonctionnement d’un marché de gros est grande-ment facilité par la standardisation des produits et lecontrôle de la qualité des produits;

• la découverte d’un prix des produits;

• l’échange d’informations entre offreurs et deman-deurs;

• la gestion du transfert des risques (risques de fluc-tuation des prix).

L’objectif spécifique d’un marché de gros est d’aug-menter la productivité de la filière de distribution desvivres. L’organisation du stade de gros permettrad’améliorer les conditions de conservation et demanutention des produits, donc de réduire les pertes(environ 30 pour cent selon les expériences euro-péennes) par rapport à leur niveau actuel, surtoutpour les produits périssables. Le regroupement destransactions sur une place unique, la réduction de lapériode ouverte pour les transactions et la distinctiondes stades de gros et de détail réduiront l’opacité descircuits et amélioreront la formation du prix par unemeilleure confrontation de l’offre et de la demande.

Le rôle d’un marché de gros peut être défini commesuit:

8

Les fruits et légumes frais ont toujours moins subid’interventions gouvernementales que lescéréales et autres produits non périssables. Ilexiste plusieurs marchés de gros publics pour lesfruits et légumes à Nairobi. Le plus ancien et leplus connu est le marché de Wakulima à l’est duquartier commercial de Nairobi. Ce marché a étéconstruit dans les années soixante par le «NairobiCity Council». Sa capacité d’approvisionner laville en fruits et légumes est devenue insuffisanteen raison de la croissance démographique rapide.Ceci a donné lieu à l’émergence d’autres marchésde gros plus proches des quartiers peuplés de laville. La plupart de ces marchés de gros sont àcôté des marchés de détail et la distinction entreles deux est floue. Les plus importants marchés

de gros de création récente sont Kawangware etNgong pour la partie ouest de la ville, Korogochoet Githurai pour la partie est. Le dernier venu estle «City Park Market» qui sert l’urbanisationrécente dans les «Parklands, Westlands» etenvirons.

Il y a peu de régulations officielles concernant cesmarchés de gros pour les fruits et légumes. Lesparticipants au marché paient une redevance quicouvre les services de nettoyage et paient aussipour l’eau, l ’électricité et la voirie. Mais lesinfrastructures physiques sur les marchés sontlargement insuffisantes.

Source: NGAGI, 1996

Encadré 2

Les marchés de gros pour les fruits et légumes

au Kenya

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 8 (1,1)

Page 13: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

9

3.1Le marché de gros, outil physique

Le marché de gros, par ses caractéristiques phy-siques, intervient sur la réduction des pertes et surl’accroissement de productivité des opérateurs:

• la protection des produits: les marchandises sontprotégées de la pluie, du vent et du soleil et sontdans de meilleures conditions d’hygiène générale,permettant la réduction des pertes;

• l’amélioration des opérations de manutention: lemarché réduit considérablement les temps de char-gement/déchargement ainsi que les reprises fré-quentes de marchandises entre le moment dudéchargement et le moment de l’exposition. Lesvéhicules sont moins longtemps immobilisés;

• la facilité d’introduction de techniques nouvelles: leregroupement physique des opérateurs facilite l’in-troduction et le développement de techniques plusmodernes de stockage, de manutention et de ges-tion.

3.2Le marché de gros, outil économique

Les rapports indirects du marché sont multiples:

• plus grande sécurité d’approvisionnement etd’écoulement: l’existence d’une localisation phy-sique connue des opérateurs et facilement acces-sible limite le nombre des intermédiaires dans lafilière de distribution. En effet, l’existence de nom-breux opérateurs est actuellement justifiée par uneinformation très parcellisée: les opérateurs enamont (producteurs, collecteurs) n’ont pas facile-ment accès aux opérateurs en aval (grossistes,destinataires, détaillants);

• meilleure connaissance des prix de vente: l’existen-ce d’un marché de gros moderne permet, parce queles transactions sont localisées physiquement, demieux connaître les cours et d’en assurer la publici-té. La bonne formation des prix d’une part et saconnaissance effective par les opérateurs d’autrepart, permet d’améliorer la rentabilité des entre-prises et, au plan macroéconomique, de mieuxajuster l’offre et la demande en évitant les excé-dents ou les déficits localisés, fréquents dans lesecteur des produits périssables;

• spécialisation des opérateurs: la séparation du groset du détail amène les opérateurs à se spécialiserdans une fonction de grossiste ou de détaillant et àrenoncer aux cumuls. Ils peuvent alors mettre en

place les outils et les procédures pour remplir plusefficacement et donc à plus faible coût leur fonction;

• l’augmentation de la taille des lots et la vente sépa-rée des différentes qualités: la disparition probablede certains intermédiaires et l’augmentation conco-mitante des tonnages induisent une augmentationde la taille des lots et la vente séparée des diffé-rentes qualités. En conséquence, le passage à desunités de transport de taille supérieure est facilité.Le coût de la tonne kilométrique diminue.

En Afrique subsaharienne, on constate souvent queles grossistes des marchés constituent des commu-nautés dont l’accès est relativement fermé, soudéespar de forts liens sociaux et ethniques et où laconcurrence joue peu (Wilhelm, 1994). Les marchésde gros ne sont souvent, en effet, rien d’autre quedes espaces urbains pas spécialement aménagés àcet effet, sans équipement et installations spéciali-sées. Ensuite, on observe plusieurs de ces espacesurbains dans la même ville, souvent en proximitéimmédiate des marché de détail, dispersés dans letissu urbain. Il n’existe donc pas de centre de redis-tribution unique pour tous les produits vivriers degrande consommation et pour toute la ville entière.En l’absence de vrais marchés de gros, les prix sefixent en amont par le jeu des rapports de force et denégociation entre le producteur et le commerçant, eten aval entre les détaillants et les acheteurs, suivantles relations de crédit et de confiance qu’ils ontnouées et en dernier ressort suivant le pouvoird’achat des consommateurs urbains. Il n’existe doncpas de prix unique d’équilibre, les marchés sont peutransparents et caractérisés par des ententes sur lesprix, la collusion et d’autres tactiques de prédation etd’exploitation.

Les avantages d’un marché de gros sont les suivants:

• vu que l’offre et la demande sont concentrées en unmême point, la compétition peut être encouragée, leprocessus d’échange est plus efficace (efficacitéd’allocation de ressources et de prix) et la formationd’un prix unique d’équilibre est favorisée et facilitée;

• l’inspection, le contrôle de qualité, le triage et le cali-brage en classes de qualité devient plus facile etplus objectif. De plus, l’utilisation de poids et demesures standards est favorisée ainsi que la venteséparée de différentes qualités. Ainsi, les produitssont bien nettoyés avant d’être apportés au marché;

• les détaillants sont capables de se procurer tousleurs produits en une place centrale, réduisant ainsiconsidérablement les coûts de transport vu quesans un marché de gros les détaillants doivent visi-

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 9 (1,1)

Page 14: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

10

L’efficacité d’un système compétitif sera amoindriesi les vendeurs et les acheteurs ne sont pas bieninformés. Le marché idéal est celu i où lademande et l’offre totales et les prix destransactions sont connus partout. Un marché degros important et bien organisé peut aider àatteindre cette situation idéale par le biais d’unservice d’information sur les prix, les quantitéscommercialisées et les tendances. Le serviced’information n’est pas seulement valable pour lefonctionnement effectif du marché de gros, mais ilpeut également servir de base pour la vente deproduits similaires en dehors du marché.L’importance des renseignements sur les marchéset les prix est reconnue dans tous les paysdisposant d’un système de commercialisation biendéveloppé.

L’établissement d’un nouveau marché de grosfournirait une occasion spéciale afin d’établir untel service. L’accent doit être mis sur l’informationcomplète, rapide et fiable. L’information complètecomprend le volume commercialisé, stocké ettransporté, l’assortiment des produits, les stocks,les origines et les destinations, les variétés, lesqualités et le conditionnement, et la tendance dumarché et des prix. Là où l’on retrouve cetteinformation, le marché devient vraiment«transparent». La fiabilité dépend de la formation,de la capacité personnelle, de l’honnêteté et del’expérience du rapporteur. Il ne faut pas accorderla responsabilité de la collecte de l’information àdes personnes non qualifiées, effectuant un travailsecondaire. Même le personnel qualifié et formédoit être contrôlé fréquemment. Des informationsmalhonnêtes peuvent également nuire auxintérêts des producteurs et des consommateurs.La rapidité de la collecte, de la saisie et de lacommunication de l’information est d’une grandeimportance dans une économie compétitive.

Un marché vraiment compétitif implique donc quetous les commerçants aient accès à la mêmeinformation. La libéralisation du marché impliquequ’un grand nombre de vendeurs et d’acheteursprennent ensemble des décisions basées surl’information disponible. En général, les plusgrands opérateurs ont un réseau de contactsprivés qui leur fournissent l ’ informationnécessaire, mais les plus petits opérateursdoivent s’informer tout seuls et ils prennentsouvent des décisions basées sur desinformations incomplètes ou même fausses. Unmarché compétitif doit avoir une bonnecoordination verticale dans la chaîne decommercialisation, ce qui signifie une bonneefficacité des prix.

Cette information de base est un bien public.Aucun opérateur privé n’a intérêt à collecter cetteinformation qui profite à tout le monde.L’information publique sur les marchés n’est pasun résultat de la libéralisation des marchés. Il fautque les autorités des marchés ou lesgouvernements développent le système etfournissent cette information à tout le monde. Deplus, la création et la maintenance d’un systèmed’information sur le marché est un processus etnon pas une intervention ponctuelle. C’est une ffort volontaire des autorités publiques de créerdes marchés plus efficaces et équitables et pouren maintenir le caractère compétit i f . A i n s i ,l ’établissement d’un système d’informationpublique sur les marchés, exige une décisionpublique du gouvernement afin de libéraliser lesmarchés, d’accroître l’importance du secteur privéet de maintenir la compétitivité.

Source: Goossens, F., Minten, B. et Tollens, E., 1994

Encadré 3

La nécessité d’un système d’information sur un marché de gros

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 10 (1,1)

Page 15: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

11

ter plusieurs magasins de grossistes éparpillés àtravers toute la ville pour réunir les articles qu’ilsdésirent stocker. Les services de transport se déve-loppent entre le marché central de gros et les diffé-rents marchés de détail étant donné que la plupartdes déplacements d’affaires des détaillants se fontde ce marché de gros;

• la manutention des produits devient plus efficace vuque le marché de gros dispose d’assez d’espacepour le parking, le tri, le classement et le décharge-ment au dock d’élévation destiné au matériel d’élé-vation, tapis roulants, etc.;

• vu que la conservation des produits périssables etnon périssables est centralisée dans des magasins,il y a une économie d’échelle en entrepôt et il y arelativement moins de pertes et de détérioration;

• une meilleure information relative au marché, surles conditions de l’offre et de la demande, ainsi quela formation des prix et les marges de commerciali-sation, revêt une importance particulière. Une mer-curiale (liste des prix du marché) pourrait être éta-blie, mise en circulation et diffusée à la radio. Ceciréduit le risque dans la commercialisation;

• les aliments périssables pourraient être vendusdans de bonnes conditions hygiéniques et sani-taires, en emballage spécifique, d’où maintien de laqualité des produits;

• la distribution de l’aide alimentaire pourrait êtrecanalisée à travers le marché de gros, facilitantainsi sa répartition. Vu qu’une meilleure informationrelative au marché pourrait être disponible, la miseen vente de l’aide alimentaire pourrait être pro-grammée de façon à éviter les prix exagérés desaliments locaux.

Il existe une raison plus importante pour laquellel’établissement d’un grand marché central de grospourrait avoir un effet important de réduction descoûts et conduire à une meilleure performance dumarché. Les principaux supermarchés existants nesont généralement pas intéressés par l’extension deleurs opérations dans les zones pauvres où ils pour-raient éventuellement se spécialiser dans les princi-paux produits alimentaires de base (manioc, maïs,sorgho, mil, riz, plantain, sucre, huile de palme, pois-son sec, etc.).

La principale raison avancée est que cette extensionpourrait impliquer une capacité additionnelle d’orga-nisation, du reste déjà rare, pour se procurer ces pro-duits alimentaires. Tout simplement, ils ne savent pascomment ils pourraient approvisionner leurs maga-sins étant donné qu’ils ne peuvent pas acheter ces

denrées en grandes quantités et aussi parce qu’ils nesont pas intéressés à «monter» dans le circuit decommercialisation, par exemple, organiser la collecteet l’assemblage des vivres locaux dans les princi-pales zones de production et les transporter vers laville.

En d’autres termes, les principaux supermarchésexistants s’occupent de l’approvisionnement en nour-riture des classes riches, non seulement parce quec’est plus rentable, mais aussi parce qu’ils ne peu-vent pas acheter de produits alimentaires de base engrandes quantités tant qu’il n’existe pas de marchéde gros bien organisé.

Ainsi, l’existence d’un grand moyen de vente en grosde produits alimentaires de base pourrait inciter lesopérateurs de grands supermarchés existants àétendre leurs opérations dans des zones à bas reve-nu. De tels supermarchés se spécialisant dans unsystème de distribution efficace des produits alimen-taires de base, pondéreux et pas chers, pourraientavoir un effet important de réduction des coûts. Ilspourraient également décongestionner les marchésde détail.

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 11 (1,1)

Page 16: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

12

4Les principales critiques à la création d’un marché de gros

Trois principales critiques à la création d’un marchéde gros peuvent être soulevées:

Un grand marché de gros entraîne l’augmentation

des coûts de transports pour les détaillants.

Un grand moyen de vente en gros peut réduire lescoûts totaux de transport s’il est judicieusement loca-lisé, de façon à éviter de visiter plusieurs grossistesspécialisés qui sont actuellement éparpillés dans laville. Une sorte de système de transport à l’intérieurde la ville pourrait être envisagé, avec des véhicules

légers de moins d’une tonne, pour assurer le trans-port régulier, du marché de gros aux différents mar-chés de détail. Un tel système de «véhicules detransport à utilité intra-ville», instauré par la ville elle-même, existe à Abidjan où plusieurs centaines decamions légers Renault de 1000 kg, marqués «ravi-taillement des marchés», assurent le transport desbiens entre les différents marchés.

Les principaux grossistes ne se rendront pas

au nouveau marché de gros.

Pour que le marché de gros connaisse un succès, ilfaut que les grossistes et les détaillants y recourent.De nouvelles installations, bien planifiées et bienconçues, offrent sûrement une certaine satisfaction.Mais il n’est pas certain que les grossistes déjà éta-

La plupart des marchés de gros du monde ont étéconstruits pour les produits périssables et surtoutpour les fruits et les légumes, puisqu’i l estnécessaire que ces produits s’échangent d’unemanière rapide et efficace. Les cossettes demanioc, principale source de nourriture àKinshasa, sont un produit semi-périssable, parcequ’elles ne peuvent pas être conservées pendantplus d’un mois. Ce produit se rapproche d’un fruitdur dans ce sens qu’il peut être conservé pendantquelques temps sans pertes excessives.

Kinshasa est unique par l’échelle de lacommercialisation du manioc et par la nécessitéévidente de marchés de gros. La consommationannuelle totale était estimée, pour la période 1987- 1989, à 1 132000 tonnes de tubercules frais demanioc, soit 275000 tonnes de farine ou 7,1 kg defarine par personne par mois.

Actuellement, il y a 55 parkings (marchés dedemi-gros) et plus de 100 marchés de détail àKinshasa; il n’y a aucun marché de gros. Souvent,une partie du marché de détail est utilisée commeparking où les semi-grossistes vendent auxdétaillants. Les fonctions de vente en demi-gros etau détail sont souvent combinées et difficiles à

d i s t i n g u e r. Un tel arrangement fonctionne bien sitout se fait à une échelle modeste. Mais Kinshasaest passée de 400000 habitants à 4 millions et lesarrangements actuels sont devenus trèsi n e fficaces et donc chers. Les quantitésimpliquées sont devenues si importantes que lanécessité de marchés de gros est évidente.

Depuis 1984, le prix déflaté de demi-gros dumanioc s’est stabilisé ou a même diminué, tandisque le prix de détail a sensiblement augmenté.Cette hausse s’explique en premier lieu parl’augmentation de la marge de distribution àKinshasa. Celle-ci est principalement due au plusgrand nombre de détai l lants, et, dans unemoindre mesure, à l’augmentation des coûts detransport à Kinshasa, causée par la hausse duprix réel du gasoil et de l’essence. Beaucoup defemmes ont commencé un commerce de détailafin d’augmenter leur revenu, ce qui implique unvolume de vente moins élevé par détaillant. A umême moment, la demande des services decommercialisation a diminué en raison de ladégradation des revenus réels. Beaucoup deconsommateurs se groupent pour acheterensemble un sac au niveau du demi-gros. Lenettoyage et le triage des cossettes se font à la

Encadré 4

Les marchés de gros pour le manioc à Kisnhasa, au Zaïre

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 12 (1,1)

Page 17: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

13

maison et non plus au niveau du détail. Les pluspauvres sont obligés d’acheter des quantités trèspetites près de chez eux, parce qu’ils n’ont pasd’argent pour se déplacer ou pour acheter un sacentier.

Le volume vendu par détaillant était de 1,07 sacsde cossettes de manioc par jour en 1991. Enmoyenne, il/elle achetait 2,9 sacs au niveau dudemi-gros et employait 2,7 jours pour les vendre.Les coûts fixes, comme la location d’une table, lestaxes, les coûts de crédit ( la carte), etc. ,augmentent le coût par unité vendue. Ce n’estque lorsque l’économie générale s’améliore etque les coûts d’opportunité des gens augmententque le nombre de détaillants diminue, que lademande pour les services de commercialisationaugmente et que le volume vendu par détaillantcroît, et qu’ainsi le coût par unité est réduit. Il n’ypas de solution évidente à la réduction directe dela marge de distribution à Kinshasa.L’amélioration de l’efficience de la vente au détaildes produits vivr iers n’est pas faci le. Uneopération eff icace au niveau du demi-grosdiminue les coûts des vendeurs (transporteurs-commerçants) et des acheteurs (détaillants etparfois des consommateurs qui achètent un sac àla fois). Les moindres coûts réalisés de cettemanière diminuent le prix moyen au niveau dudemi-gros, et ainsi, au niveau du détail, si onadmet que la marge de distribution reste stable.

Les marchés de gros peuvent aider à réduire lamarge de distribution, s’il y a un transport efficacedu marché de gros vers les différents marchés dedétail. Quant à ce point, il ne faut pas planifierd’interventions publiques autres que l’entretiendes routes et le soin de l’infrastructure, parce qu’ils’agit clairement d’une responsabilité du secteurprivé. Si le marché de gros atteint des volumeslarges, l ’économie d’échel le est grande etbeaucoup de véhicules font la navette entre lemarché de gros et les marchés de détail. Une foisencore, la concurrence plus intensive (le nombrede vendeurs et d’acheteurs des services detransport), la meilleure utilisation de la capacité, letemps d’attente moins élevé, etc., réduisent lecoût de transport par unité.

Le fait que l’établissement d’un marché de grospour le manioc à Kinshasa soit tout nouveau auZaïre, et qu’il n’ait pas de précédent en A f r i q u esubsaharienne, implique des risques. Le risque leplus important est que les commerçants neviennent pas au marché de gros et qu’ i ls

continuent leur commerce comme auparavant. Ilest clair que le marché ne fonctionne que si lesacheteurs comme les vendeurs ont desavantages. Est-ce qu’un aller-retour plus rapide etde meilleurs services de marché représententassez de stimulants pour les commerçants-transporteurs et les par-colis pour venir aumarché? Les coûts de commercialisationdiminuent-i ls assez pour leur permettre dediminuer le prix? L’expérience d’autres paysmontre qu’il faut beaucoup de temps et d’eff o r t safin de convaincre les commerçants d’utiliser desfacilités nouvelles.

Il est donc nécessaire qu’un effort spécial soit faitpour le démarrage d’un marché de gros avec desstimulants spéciaux et l’appui des autoritéspubliques et du secteur privé. Une fois le marchéopérationnel, ces stimulants spéciaux peuventêtre supprimés au fur et à mesure que l’habitudes’installe. L’économie d’échelle et le taux derotation plus rapide ont des effets bénéfiques surles vendeurs et les acheteurs, le volumecommercialisé augmente sérieusement et il estimpensable pour les vendeurs et les acheteurs defaire leur commerce hors du marché de gros.

Les avantages que le marché de gros peut offriraux commerçants-transporteurs et aux par-colissont les suivants:

• une réduction des coûts d’opération: gain detemps, moins de pertes, moins de contrôles etde taxes illicites;

• un marché libre et assuré: beaucoup de clients,le prix est celui du marché, c’est-à-dire un priximpersonnel et équitable reflétant l’équilibre del’offre et de la demande; ce prix constitue le prixde référence pour le manioc;

• une meilleure salubrité, la disponibilité deservices connexes (banques, réparations,carburant, etc.);

• l’utilisation du poids comme unité de mesure;

• une meilleure transparence des prix et unemeilleure coordination verticale dans le systèmede commercialisation;

• une réduction du risque associé à l’échange desproduits.

Source: Goossens, F., Minten, B. et Tollens, E., 1994.

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 13 (1,1)

Page 18: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

14

blis abandonnent leurs propres installations pour allers’installer au marché de gros. On doit leur offrir suffi-samment de stimulants, par exemple, avantages fis-caux, avantages de crédits, etc. Si les principauxgrossistes peuvent être persuadés d’investir dans lenouveau marché, par exemple dans la constructionde magasins, bureaux, etc. leur participation seraainsi assurée. Il faut surtout éviter que les municipali-tés utilisent les marchés de gros comme des lieux pri-vilégiés de taxation des produits. Il faut égalementprivilégier la réorganisation des activités de gros surle site existant. Si une délocalisation s’avère néces-saire, des sites d’implantation potentielle doivent êtrerecherchés à distance raisonnable des lieux d’activi-tés des grossistes existants.

La création ou l’extension d’un marché de gros

créera du chômage.

Il est vrai qu’un marché de gros performant réduit lescoûts de transaction et amène une plus grande pro-ductivité de travail. Du point de vue statique, un mar-ché de gros peut pousser des intervenants au chô-mage, car les transactions et manipulations augmen-tent et le personnel diminue. Mais en réduisant lescoûts de transactions, et en présence d’une concur-rence effective, les prix des produits aux producteursvont augmenter et les prix aux consommateurs vontdiminuer, résultant en un volume commercialisé bienplus élevé. L’augmentation des quantités de produitscommercialisés compensera en total ou au moins enpartie la perte d’emplois. Toute augmentation de pro-ductivité dans une économie crée du chômage si lademande de produits reste figée. L’essentiel d’undéveloppement économique réside exactement dansla création de gains de productivité, conduisant à desrevenus plus élevés, et une demande accrue pourdes biens et des services. C’est ainsi que la créationd’un marché de gros a plus de chances de réussirdans un contexte de croissance économique avec lacréation de nouveaux emplois dans l’économie.

5Insuffisances des marchés de gros dans les grandes villes en Afrique

Ces insuffisances sont, à des degrés divers, spéci-fiques au climat, aux produits traités, à la technicitédes opérateurs et aux conditions matérielles de dis-tribution.

Les insuffisances propres aux marchés de gros, peu-vent être classées en quatre catégories:

• celles liées à l’implantation du ou des marchés degros;

• celles liées aux caractéristiques techniques du mar-ché lui même;

• celles liées aux opérateurs du marché;

• celles liées à l’organisation de la distribution.

Ce sont ces insuffisances que tout projet de moderni-sation ou de création de marché de gros devra s’at-tacher à faire disparaître.

5.1Insuffisances liées à l’implantation du ou des marchés de gros

• l’implantation des marchés aptes à jouer le rôle demarchés de gros qui découle souvent de cheminstraditionnels ne se trouvent plus généralement enharmonie avec les nouvelles voies routières, fer-rées, composant le plan actuel de développementde la ville. Le marché peut également se trouveréloigné des aménagements fluviaux, maritimes ouaéroportuaires, concourant à l’approvisionnementde la ville ou à son rôle de place de distribution;

• les équipements de raccordement du marché auxvoies diverses d’approvisionnement ou de désap-provisionnement du marché peuvent ne plus cor-respondre aux nécessités d’un trafic plus intense;

• la surface du marché devenant trop faible pour lapopulation à servir, les tonnages de produits crois-sant et les services plus nombreux à rendre, le ter-rain occupé peut ne pas permettre les extensionssouhaitables, notamment: création de quais dedéchargement, dégroupage, de réexpédition ou delivraison; création de parking pour les véhiculesd’approvisionnement, d’acheteurs et de désapprovi-sionnement; création d’entrepôts à températurecontrôlée ou non, de locaux de conditionnement oude reconditionnement; création d’activités complé-mentaires de celles actuellement pratiquées et

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 14 (1,1)

Page 19: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

concourant à une amélioration de la polyvalence dumarché.

5.2Insuffisances liées aux caractéristiquestechniques

En complément d’une superficie globale insuffisante,nous pouvons citer la viabilisation insuffisante, quicrée d’importantes nuisances:

• voies génératrices, selon les saisons, de poussièreou boue;

• voies de caractéristiques dimensionnelles nonadaptées aux nouveaux engins de transport:embarras de circulation, déchargements et stocka-ge des produits parfois sur la voirie même;

• réseau d’eau potable insuffisant;

• réseau d’évacuation des eaux pluviales ou sani-taires insuffisant et pouvant nuire à la qualité hygié-nique des produits;

• réseau de télécommunication (téléphone et fax)insuffisant, voire très rudimentaire;

• réseau électrique insuffisant et non adapté au déve-loppement des équipements nécessaires au condi-tionnement, à la manutention ou au stockage desproduits;

• réseau d’éclairage public non adapté à un fonction-nement nocturne, accentuant des problèmes desécurité;

• sanitaires insuffisants ou absents;

• collecte, traitement et évacuation des déchets malorganisés ou insuffisants qui créent des problèmesd’hygiène.

Ces deux derniers points revêtent une importance enAfrique.

Nous pouvons aussi citer comme compléments auxnuisances, les bâtiments mal adaptés:

• aux conditions hygiéniques requises;

• aux produits commercialisés;

• du fait de leur superficie insuffisante;

• ne correspondant pas aux méthodes de transac-tions modernes et n’assurant pas une circulationaisée des hommes et des produits;

• car réalisés en matériaux n’assurant pas la meilleu-re protection des produits et des hommes, ou demaintenance délicate;

• ou ne pouvant abriter la totalité des opérateurs ouservices devant être présents sur le marché.

5.3Insuffisances constatées au niveau des opérateurs

Elles ont trait:

• au manque de formation professionnelle des agentsassurant des transactions ou des prestations deservices;

• aux limites financières de grossistes qui leur per-mettent mal de jouer le rôle de régulateur entre pro-ducteurs et consommateurs;

• à la non différenciation des fonctions au sein du cir-cuit de distribution; en particulier la fonction de gros-siste n’est pas toujours séparée de la fonction dedétaillant, et les installations particulières des gros-sistes peuvent être disséminées autour de marchésde détail;

• à l’équipement très sommaire des détaillants durantleur passage dans le marché.

5.4Insuffisances liées à l’organisation de la distribution

On peut citer:

• l’importance des pertes pouvant intervenir entreproduction et consommation, surtout pour les pro-duits périssables. C’est ainsi qu’il a été établi danscertains pays, que la suppression des pertes pou-vait aisément assurer l’alimentation de l’accroisse-ment de la population durant plusieurs années;

• un mélange inapproprié de fonctions de gros et dedétail, qui fait que le marché de gros est surpeupléet fonctionne mal;

• le manque d’informations entre, d’une part, les pro-ductions disponibles ou à favoriser et d’autre part, lademande présente ou potentielle des consomma-teurs. Ceci rend difficile la formation des cours. Ceréseau d’informations est le complément indispen-sable de tout équipement de distribution afin demettre en oeuvre la «double liaison» production-consommation visant à assurer une meilleure valo-risation de la production au coût le plus bas possiblepour le consommateur;

15

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 15 (1,1)

Page 20: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

16

• une gestion non spécialisée et sans autonomiefinancière des marchés de gros;

• la sécurité de l’approvisionnement n’est pas tou-jours assurée pour une très longue durée; les pou-voirs publics responsables doivent s’attacher àcréer les moyens de pallier un arrêt de l’approvi-sionnement; un centre de distribution de gros doitêtre équipé et fonctionner dans cette optique.

6La place du marché de gros lors du développement économique

Le rôle d’un marché de gros change selon les pro-duits et le niveau de développement économique.Plus les producteurs agricoles sont orientés vers laproduction commerciale, plus les marchés de grosjouent un rôle crucial dans la coordination verticale dela commercialisation: mais avec le développementéconomique, les producteurs s’orientent plus vers laproduction commerciale pure, se spécialisant etconcluant des contrats de production et s’intégrantainsi dans la chaîne de commercialisation. Ils com-mencent à adapter leur production aux spécificationsde leurs clients (par exemple les supermarchés) et lemarché de gros devient de moins à moins importantcomme instrument de coordination verticale. Desliens directs sont établis entre les producteurs et leschaînes de supermarchés, généralement au moyende contrats. Même la production peut être livréedirectement du producteur au client sans être passéepar un marché quelconque. Le prix peut être conve-nu ou contracté à l’avance, soit en montant absolu,soit en se basant sur une formule de calcul. Maismême les formules de calcul retiennent souventcomme paramètre important du niveau de prix, le prix(libre) établi sur le marché de gros, même si ce mar-ché ne représente plus qu’une fraction du volumetotal échangé d’un produit donné.

A une extrémité, on a donc au stade de l’autocon-sommation, le producteur-consommateur qui assurelui-même le conditionnement de sa récolte en vue deson emploi personnel, le transport du champ à sademeure ou sa réserve, le stockage plus ou moinslong selon les produits. A l’autre extrémité, le produc-teur qui a conclu un contrat de production et de venteoù toutes les modalités de production (y compris lesquantités, les qualités et les prix) et de livraison auclient sont spécifiées. Dans ces deux cas, le marchécomme mécanisme de coordination entre la produc-tion et la consommation, est exclu parce que la coor-dination est déjà parfaitement assurée. Mais entreces deux extrêmes, un mécanisme de coordination,le marché, doit nécessairement intervenir. Les mar-chés naissent comme marchés généraux puisdeviennent plus spécialisés en traitant un assortimentlimité de produits, pour finalement disparaître. Dansles pays industrialisés, ils sont toujours d’actualitédans la commercialisation des produits horticoles.

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 16 (1,1)

Page 21: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

17

7Le rôle du gouvernement dans l’établissement, la gestion et le fonctionnement des marchés de gros

Dans certains pays, le développement des marchésde gros a été totalement réalisé par des entreprisesprivées, mais sous le contrôle et sous la régulation dugouvernement. En l’absence d’initiatives privées, etc’est le cas dans la plupart des pays en développe-ment, le gouvernement a un rôle décisif à jouer dansl’entreprise et la planification des projets de marchés,aussi bien dans le financement des infrastructuresque dans la gestion.

En effet, un marché de gros est une infrastructure etune institution publique par excellence. Il est risqué,avec une société privée, que ce bien public soit utili-sé au plus grand avantage des investisseurs privés,en réduisant l’accès au marché et en créant unesituation de rente selon la théorie économique sur lesmonopoles. Un marché de gros ne peut donc pasopérer sans une certaine régulation publique afin demaintenir le caractère de bien public de cette infra-structure. Même si le financement des composantesinfrastructurelles des principaux emplacements estassuré par le secteur privé, il est nécessaire que legouvernement guide le développement des contratset règles de gestion, ainsi que les procédures opéra-tionnelles et réglementaires. En effet, un marché degros est en fait un monopole du fait de son implanta-tion dans un lieu déterminé. Un deuxième marché degros proche du premier est un non-sens et ne peutpas se faire. Ainsi, la régulation et la gestion d’unmarché de gros se rapproche de celle des autresmonopoles naturels, comme les utilités publiques(téléphone, électricité, adduction d’eau), les sources,les puits de pétrole, etc.

Un marché de gros peut être géré par une entreprisepublique, semi-publique, une société commercialeprivée, une coopérative ou une association de com-merçants, ou encore par tout à la fois. C’est ainsiqu’une société mixte est souvent la forme la plusappropriée. Etant donné que les marchés de grosoffrent aux municipalités l’occasion de capter unerente de situation, ils sont presque toujours impliquésdans la gestion ou au moins dans la régulation desmarchés de gros. Le choix du type de propriété et degestion des marchés est déterminé par les facteurspolitiques et socio-économiques locaux (TRACEY-WHITE, 1994). Souvent, un statut spécial est accor-dé aux marchés de gros afin de s’adapter exactementaux exigences locales particulières (autorité autono-me de marché). Ceci peut favoriser une meilleureintégration des participations publiques et privées.

8Les éléments de l’étude et de développement concernant l’établissement d’un marché de gros

L’étude concernant l’établissement éventuel d’unmarché de gros doit faire partie d’une étude globaledes façons dont la performance de la commercialisa-tion des produits vivriers pourrait être améliorée.Trois types d’études sont nécessaires à ce sujet:

8.1Etudes économiques

Le principal sujet de telles études est de définir lesperspectives de développement de la commercialisa-tion des vivres du point de vue qualitatif et quantitatif.

Elles concernent les zones agricoles de productionoù seront produites des denrées alimentaires desti-nées au marché de gros; l’évolution démographiquede la ville; les circuits de distribution existants et lescaractéristiques des distributeurs, des grossistes,des détaillants, des transporteurs, des traitants; unportrait du consommateur urbain, par exemple reve-nu, modèles de dépense et de consommation ali-mentaire; le processus de formation des prix et lesystème actuel d’information concernant le marché.

8.2 Etudes techniques

La détermination de la taille optimale du marché degros ainsi que son emplacement, en concordanceavec le plan général d’urbanisation, le flux attendudes produits vers et à partir du marché et dans le butde minimiser autant que possible les distances detransport vers plusieurs marchés de détail. Un mar-ché de gros devrait être implanté au carrefour desprincipales routes menant à la ville. La superficienécessaire pourrait logiquement être de plusieurshectares et comprendre les moyens suivants:

• aire de parking pour camions et voitures;

• docks de déchargement;

• installations de stockage, y compris la conservationfrigorifique pour différents produits alimentaires;

• installations de nettoyage et de classement;

• équipement de communications (téléphone, fax,télex, sonorisation);

• facilités bancaires: agences des principalesbanques;

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 17 (1,1)

Page 22: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

• un bâtiment administratif;

• points de vente où acheteurs, vendeurs et courtierspeuvent se rencontrer.

Il est important que les plans d’urbanisation descentres urbains réservent des espaces verts pour defuturs emplacements de marchés, y compris desroutes d’accès, des voies ferrées, des parkings, etc.

Toute la superficie du marché pourrait être goudron-née, avec système de drainage, et les installationspermanentes pourraient être couvertes pour les pro-téger contre les intempéries. Une telle facilité pourraitprobablement viser à servir une population urbainede plus d’un million d’habitants. De toutes manières,sa construction devrait se faire en différentes phases,suivant l’évolution de la croissance de la population.

Les départements ou services gouvernementauxconcernés devraient être consultés ainsi que les prin-cipaux grossistes et les représentants des détaillants.

8.3Etudes administratives et légales

Le choix de l’organisation ou institution chargée de lagestion du marché de gros et les problèmes inhérentsaux divers départements gouvernementaux impli-qués sont d’une importance capitale.

Une distinction pourrait être faite entre, d’une part,l’institution qui est propriétaire du marché et détermi-ne les directives pour son fonctionnement et, d’autrepart, l’institution chargée de la gestion quotidienne dumarché et qui pourrait être une organisation indépen-dante et autonome mise sur pied à cette fin.

Les études préalables doivent être remises aux res-ponsables politiques afin de rendre effectifs les choixqui sont faits. Pour aider ce choix, le dossier déposédoit comporter une analyse coût avantage, compre-nant une estimation du coût total de la réalisationenvisagée et des bénéfices potentiels à en attendredans le temps.

En fin de compte, l’étude devrait fournir une réponseà la question de savoir si une étude de conception etde réalisation d’un marché de gros doit être entrepri-se ou non.

18

Encadré 5

La construction du marchés de gros de Bouaké, en Côte d’Ivoire

Actuellement, on construit à Bouaké, au centre dela Côte d’Ivoire, deuxième ville du pays, unnouveau marché de gros. L’investissement totalest de l’ordre de 23,5 millions USD, avec 10,5millions USD pour la construction desinfrastructures physiques. L’ensemble est financépar l’Union Européenne dans le cadre du 7eFonds Européen de Développement (FED).Bouaké est déjà la plaque tournante dans le payspour le commerce de l’igname. Le regroupage del ’ o ffre se fait à Bouaké, ensuite la distribution sefait à travers tout le pays et vers le Mali et leBurkina Faso. Le marché de gros accueillera lecommerce d’igname et celui d’autres produitsvivriers. L’igname est à considérer comme unproduit semi-périssable, car sa conservation estl imitée dans le temps, al lant de quelquessemaines à trois mois au maximum. Actuellement,ce commerce se fait au centre de la ville, dansdes infrastructures rudimentaires, et dans des

lieux insalubres et congestionnés. Quand il pleut,le commerce s’arrête. Le marché ne peut plusrecevoir de nouveaux grossistes par manque deplaces.

L’étude de faisabilité du projet, qui montre un tauxinterne de rentabilité de 28 pour cent, supposeque le nouveau marché de gros réduirait les coûtsde commercialisation de 30 pour cent, ce quiparaît beaucoup. C’est grâce à cette réductiondes coûts, qui prend également en compte ladiminution des pertes après récolte, qu’une tellerentabilité peut être obtenue.

Dans un autre grand projet du FED, celui del’aménagement des villes côtières de la Côted’Ivoire, il est prévu de construire de nouveauxmarchés de détail dans toutes les villes côtières.

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 18 (1,1)

Page 23: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

9Conclusions

Il a été estimé par Ahmed et Rustagi (1987) que plusde la moitié des coûts de commercialisation plus éle-vés en Afrique comparée à l’Asie est due à des défi-ciences en infrastructures: routes, services de trans-port, marchés de gros et de détail.

Les marchés de gros, qui font l’objet du document,peuvent jouer un rôle important dans l’améliorationde l’approvisionnement et de la distribution alimen-taires des grandes villes, surtout pour les produitspérissables, mais aussi pour les non périssables.Leurs avantages se situent au niveau de la formationdes prix qui est favorisée et facilitée, créant la trans-parence dans la chaîne de commercialisation, et auniveau de la réduction des coûts de commercialisa-tion: réduction des coûts de transport et de manuten-tion, économies d’échelle, réduction des pertes, faci-litation du triage et classement pas classes de quali-té, utilisation de poids et mesures standards favori-sée. Avec un marché de gros, le volume traité parchacun des intervenants peut augmenter et la vitessede rotation («turnaround times») devient plus grandedans la chaîne de commercialisation. Bien sûr, unmarché de gros n’a un sens qu’à partir d’un certainvolume des transactions et de niveau de développe-ment économique où la production pour la ventedevient courante. A un niveau de développementéconomique élevé, les marchés de gros perdent deleur importance à cause de la production intégréedans la commercialisation au moyen des contrats deproduction et d’autres mécanismes d’intégration ver-ticale.

La plupart des marchés des grandes villes d’Afriqueont des insuffisances qui augmentent les marges decommercialisation, qui détériorent la qualité des pro-duits et qui freinent aussi bien la production que laconsommation alimentaire. Des interventions sontnécessaires pour adapter les structures existantes àla situation actuelle et future, pour en créer de nou-velles et pour améliorer la gestion et le fonctionne-ment des marchés. Un marché de gros existe seule-ment par rapport à une série de marchés de détail etde magasins et boutiques et un marché de gros estbien plus qu’une infrastructure physique. Les modali-tés d’organisation et de fonctionnement, le cadrelégislatif et réglementaire, les services d’appui et lescomportements des intervenants sont autant d’élé-ments qui conditionnent la performance du systèmede commercialisation. Toute amélioration durable decette performance exige une concertation entre lesparticipants et les autorités publiques (municipales,régionales, nationales). La création d’un vrai marchéde gros n’entraîne pas ipso facto l’amélioration du

fonctionnement des circuits d’approvisionnement desproduits vivriers, mais peut être un outil importantdans une stratégie globale de mise en place d’unmeilleur approvisionnement et distribution alimentairedes villes.

Notes de bas de page

1. Il est intéressant de noter qu’en Afrique, les pro-duits périssables sont habituellement vendus aumarché ouvert alors que les aliments importés etles produits non périssables transitent habituelle-ment par les grossistes avant d’arriver au marchéou dans les magasins.

19

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 19 (1,1)

Page 24: Les marchés de gros dans les grandes villes africaines

Bibliographie

Abbott, J. C. 1986. Marketing Improvement in theDeveloping World, FAO, Economic and SocialDevelopment Series n° 37.

Adubi, A. A. 1996. Case Study of Food MarketingSystem in Lagos, Collection «Aliments dans lesvilles», EC/04-96E, Programme «Approvisionnementet distribution alimentaires des villes», FAO, Rome.

Ahmed, R. & Rustagi, M. 1984. Marketing and PriceIncentives in African and Asian Countries: AComparison, in Dieter, E., éd.: Agricultural MarketingStrategy and Pricing Policy, The World Bank, pp. 104-118.

FAO, 1975. Expert Consultation on the Developmentof Food Marketing Systems for Large Urban Areas inFrench-Speaking Africa, Dakar, 8-17 décembre 1975.

Gergely, N. 1996. L'approvisionnement de la ville deRabat en fruits et légumes, Collection «Aliments dansles villes», EC/05-96F, Programme «Approvisionne-ment et distribution alimentaires des villes», FAO,Rome.

Goossens, F., Minten, B. & Tollens, E. 1994. NourrirKinshasa - L’approvisonnement local d’une métropo-le africaine, K.U. Leuven et L’Harmattan, Louvain etParis, p. 397.

Mittendorf, H. J. 1976. Planning of Urban WholesaleMarkets for Perishable Food, with ParticularReference to Developing Countries, FAO, Rome,AGS: MISC, février 1976.

Mittendorf, H. J. 1986. Role of Government inImproving Food Market Centres in Less DevelopedCountries, in: World Food Marketing Systems,Erdener Kaynak (ed.), Butterworth & Co., London, pp.54-72.

Mittendorf, H. J. & Hertag, O. 1982. Marketing Costsand Margins for Major Food Items in DevelopingCountries, FAO, Food and Nutrition 8 (1): W/P 9955.

Njagi, S. 1995. A Study of Food Marketing in Nairobi,prepared for FAO, Lusen’s Consultants, Nairobi.

Thuillier-Cerdan Claire et Bricas Nicolas, 1996. Etudede cas sur l’organisation alimentaire de Cotonou.FAO/CIRAD-SAR. Collection «Aliments dans lesvilles», EC/07-96F, Programme FAO, «Approvision-nement et distribution alimentaires des villes», Rome

Tracey-White, J. D. 1994. Marchés de gros - Guidede planification et de conception, Bulletin desServices Agricoles de la FAO, n° 90, Rome, p. 236.

Weber, M. 1995. Mise en place d’un réseau nationalde marchés de gros et de bourses agricoles enPologne, Economie et Gestion Agroalimentaire, n°34, Paris, janvier, pp. 13-16.

Wilhelm, L. 1994. Les circuits d’approvisionnement etle fonctionnement des marchés en Afrique etMadagascar - Synthèse des Etudes Socio-Economiques Récentes, Caisse Française deDéveloppement, Paris, p. 85 + annexes.

20

AC0597F.QXD 25-01-1998 10:51 Page 20 (1,1)