LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE PAR Frangois DÉROCHE C'est somme toute à une époque asseztardive, le IIIe/IXe s., qu'appartiennent les plus anciens manuscrits arabes datés connus à ce jour. Il est hautement vraisemblable que nouspossédons deslivres - ou plus exacte- ment des fragments - qui ont été copiés au siècle précédent, voire à I'extrême fin du IerAy'IJe s.t : mais dans tous les cas,leur datation repose soit sur des arguments de critiquetextuelle, soit sur la paléographie, jamais sur une indication directe comme peut l'être un colophon ou un certificat d'audition.La situationchange avec le JJIe/IXe s. : les manuscrits datés corïrmencent à se faire suffisamment nombreux pour qu'un bilan puisse être dressé. Cette abondance estcertes touterelative et suppose qu'onne se can- tonnepasdans une attitude trop exclusive en ce qui concerne les éléments de datation pris en compte : se limiter aux seuls manuscrits pourvus d'un colo- phon aurait singulièrement réduit la liste qui est proposée ci-dessous et li- mité en conséquence les conclusions qu'il était possible d'attendre. 1 Voir par exemple N. ABBOTT, Studiesin Arabic líterary papyrí, l-lll, Oriental Institute Publications, LXXV-LXXVII, Chicago, 1957-1972. En revanche, nous ne tenons pascompte de manuscrits du IIe s. signalés par K.'AwwÀo (Aqdam al-mal14atal-'arabiylafi maktabdt al-'alam al-maktííba mun/u sadral-islàm faua sana 500 h. (110ó m.),Bagdád,1982) et qui nous sontdemeurés inaccessibles : I'un date de 200 (no543 de A) et l'auÍe de 155(no 425et 560de A). Le manuscrit chrétien de 182(M. D. GIBSoN, Apocryphasinaitica, [Studia SinaiticaV], Londres, 1896, p.XIII-Xry) est un faux que signale déjà N. ABBOTT (op. cit.,I, p. a9). Il en va de même pourle manuscrit de la Bibliothèque Nationale, kabe276, dont le colophon porte une datede 1901 de l'ère d'Alexandrell62-163 h. qui recouvre la dateinitialement indiquée ; G. TROUPEAU atribue la copie au XIe s. (cf. Catalogue des manuscrits arabes, Première partie, Monuscritschrétiens, I, Paris, 1972, p.244).

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LES MANUSCRITS ARABESDATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

PAR

Frangois DÉROCHE

C'est somme toute à une époque assez tardive, le II Ie/IXe s.,qu'appartiennent les plus anciens manuscrits arabes datés connus à ce jour. Ilest hautement vraisemblable que nous possédons des livres - ou plus exacte-ment des fragments - qui ont été copiés au siècle précédent, voire àI'extrême fin du IerAy'IJe s.t : mais dans tous les cas, leur datation repose soitsur des arguments de critique textuelle, soit sur la paléographie, jamais surune indication directe comme peut l'être un colophon ou un certificatd'audition. La situation change avec le JJIe/IXe s. : les manuscrits datéscorïrmencent à se faire suffisamment nombreux pour qu'un bilan puisse êtredressé. Cette abondance est certes toute relative et suppose qu'on ne se can-tonne pas dans une attitude trop exclusive en ce qui concerne les éléments dedatation pris en compte : se limiter aux seuls manuscrits pourvus d'un colo-phon aurait singulièrement réduit la liste qui est proposée ci-dessous et li-mité en conséquence les conclusions qu'il était possible d'attendre.

1 Voir par exemple N. ABBOTT, Studies in Arabic líterary papyrí, l-lll, Oriental InstitutePublications, LXXV-LXXVII, Chicago, 1957-1972. En revanche, nous ne tenons pas compte de manuscritsdu IIe s. signalés par K.'AwwÀo (Aqdam al-mal14at al-'arabiylafi maktabdt al-'alam al-maktííba mun/usadr al-islàm faua sana 500 h. (110ó m.),Bagdád,1982) et qui nous sont demeurés inaccessibles : I'un datede 200 (no 543 de A) et l'auÍe de 155 (no 425 et 560 de A). Le manuscrit chrétien de 182 (M. D. GIBSoN,Apocrypha sinaitica, [Studia SinaiticaV], Londres, 1896, p.XIII-Xry) est un faux que signale déjàN. ABBOTT (op. cit.,I, p. a9). Il en va de même pour le manuscrit de la Bibliothèque Nationale, kabe276,dont le colophon porte une date de 1901 de l'ère d'Alexandrell62-163 h. qui recouvre la date initialementindiquée ; G. TROUPEAU atribue la copie au XIe s. (cf. Catalogue des manuscrits arabes, Premièrepartie, Monuscrits chrétiens, I, Paris, 1972, p.244).

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344 FRANCOTS DÉROCHE

Établir une liste de ces manuscrits n'était pas en soi une entreprise ori-ginale : avec des buts différents, K. 'Awwàdi et G. Endress: avaient déjà

réalisé des recensements qui nous ont servi de point de départ et que nousavons complétés le cas échéant. L'idéal aurait été de pouuoi. examiner tousles manuscrits afin de contróler leur authenticité et deïisposer pour tous desmêmes informations ; comme cela n'a pas été possible, Àu, uuor* tenté devérifier les données disponibles, mais ihacun iait que, dans le domaine desmanuscrits du Moyen orient, les catalogues peuvent parfois être fort lacu-nairesa. Aussi, dans plusieurs cas, cette approche n'ipas pu être menée àbien et il nous a fallu renoncer à étendre h áémarche "ó-pá.utiue à tous lesmanuscrits. Malgré les problèmes rencontrés, nous uuo.r, écarté certainsmanuscrits dont I'authenticité nous paraissait pouvoir être mise en cause.Nous ne nous attarderons pas en revanche à étuAier le cas de ces corans qui,à en croire leur coloptron-,

_sont d0s aux premiers caliphes - principalement à'u1mán et à 'Ahs : s. al-Munajjid a montré qu'il s^'agissait de manuscritspostérieurs, ce que confirme pleinement la paléàgraphiée.

La fragmentation de la production de manuscrits arabes datés en caté_gories préétablies nous paraissait peu satisfaisante; aussi avons_nous énu_méré cóte à cóte textes arabes musulmans et chrétiens, corans et manuscritsnon-coraniques, en suivant I'ordre chronologique. cependant, afin de facili_ter I'identification, le contenu est indiquá dàns tous les cas, d'après lessources consultées ; en outre, les manuscrits arabes chrétiens sont reconnais-sables à la présence d'un astérisque qui précède I'indication de la date. Lesréférences bibliographiques ont voloniairement été réduites : nous ren_voyons prioritairement aux publications oÈ I'on pourra trouver une repro-duction de l'écriture ou des indications codicologiques precises, et aux deuxlistes de K. 'Awwàd et G. Endress qui peuvent complétór ces donnéesz.

2 K.'AwwÁD,op. ci t . [voirn. l ] .3 G' ENDRESS' "Handschriftenkunde",

Handbuch der arabíschen philotogie,w. Fischer éd., I,Wiesbaden, 1982, p. 281.4 on relira les remaÍques de J. J.-wmKAM ("Aims and methods of cataloguing manuscrip6 of theMiddle Easr", Izs manuscrits àu Moyen-orienr, Essars ie codícorogie ,í d, ;rrt;:s;;fuje, F. Déroche éd.,Istanbul/Paris, 1989, p. 4) ou encore celles de I\i. r. wariv, ("problems and possibilities in dating persianmanuscriprs", ibid., p. M).5 Sans teniÍ compte des nombreux manuscÍits attríbués à l'un ou l,autre de ces personnagesprestigieux, on trouve des Corans pourv_u-s^d'un colophon ajouté à une date indéterminée, voir par ex. lesmss. Istanbul,_Topkapr Sarayr, A2; EH29 : y 745 i frlurei des ans turc er lrfÁiq* , 457, 45g.ó s. MUNAJilD' Dirasat fr ta'rib ar-barÍ ar-'arabï munlu bid.ayatihiií;;;j;y,. ar-,asr ar-IJmawr,B^eyrouth, [1971],.p. 50{0, aq-le , l. cnóHrtaii'iN ("ïhe probtem of dating earry eur,ans,,, D er Isram,33,

l?j,S, p. 216, n. l7) signale un Coran du 1"r 1y11è s. et deux du IIe/VIIIe s. ; mais dans ces trois cas,l'élément sur_requer repose la datation n'a pas fair l'objet d'une reproduction.

. -7 Nou-s abrégeons les. renv.ois áux deux oirvrages mentionnés plus haut de la manière suivante :A. = K. AWWÀD, op. cit. [voir n. l] ; E. = G. eUnnpis, op. cjr. lvoir n. 3].

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIC/IXE SÈCLE

LISTE DES MANUSCRITS DU trIC/IXC SIECLE

Abréviations

F. DÉnocga, Rapport préliminaire = F. DÉRoCue, "Collections demanuscrits anciens du Coran à Istanbul: rapport préliminaire", Études mé-diévales et patrimoine turc, J. SOURDEL-THOMINE éd., Cultures et civilisa-tions médiévales,I, Paris, 1983, p. 145-165.

I. E. MsïN4 ARr, Katalogos : I. E. MnïuAnI, Katalogos tón neón arabi-kón cheirographón tês leras Monês Agias Aikaterinês tou Orou Sina,Athènes, 1985.

S. AL-MUNAJJID, Manuscrit arabe: S. aI-MUNAJJID, Le manuscritarabe jusqu'auXe s. de I'H.,I,Ir Caire, 1960.

M. AL-NIyyÁL, al-maktaba=M. AL-BUHLI AL-NryyÀL, al-maktaba al-alariyy a b i - l- Qay raw an, Twis, 1963.

J. SCHACHT, Kairouan = J. SCHACHT, "On some manuscripts in the li-braries of Kairouan and Tunis", Arabica, 14, 1967 , p.225-258.

N. ZAYNADDIN, Mugawwar : N. ZeyNaopIN, Musawwar al-ftatt al-'arabi, Bagdád, 1968.

Deuxième quart du IIIe/IXe siècle

1) Avant 22 <9>: Istanbul, Musée des arts turc et islamique, $E 40198.Fragment du Coran (fig. 1) ; cf. F. DÉRoCris, "A propos d'une série demanuscrits coraniques anciens", Les manuscrits du Moyen-Orient,F. Déroche éd., Istanbul/Paris, 1989, p. 102, n. 8.

2) 229: Heidelberg, Papyrus Schott-Reinhardt Arab. 23. WaHs s.MUNABBIH, Hístoire de Davíd (t19. 2) ; cf. R. G. KHouRY, Wahb b.Munabbih, Teil I, Der Heidelberger Papyrus PSR Heid. Arab. 23. Lebenund Werk des Dichters ; Teil II, Faksimiletafelz, Wiesbaden, 1972 (CodicesArabici Antiqui I) [E., p.281].

3) Avant 232: Istanbul, Musée des arts turc et islamique, inédit.Fragment du Coran.

8 La cote $E ($am Evrakr) du Musée des aÍts tuÍc et islamique désigne I'ensemble des "Papiers deDamas", des fragments - essentiellement coraniques - qui ont été ransférés de la grande mosquee deDamas à Istanbul à la suite de I'incendie de 1893.

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*4> 245: Monastère Ste Catherine du Mt Sinaï, Meimari parch. 16.Fragment de JgnN, Évangile; cf.I. E. Mgïunn\ Katalogos, p.27lar. p.24-25, pl.19-21et pl. couleur 5-6.

5) Avant 249: Istanbul, Musée des arts turc et islamique, $E 10229.Fragment du Coran, cf. F. DÉnocHE, "A propos d'une série de manuscritscoraniques anciens", Les manuscrits du Moyen-Orient, F. Déroche éd.,IstanbuVParis, 1989, p.102, n.7.

Troisième quart du IIIe/IXe siècle

6) 252: Leyde, Bibliothèque de l'Université, Or.298. AnU'UsevpAL-QÀsIM B. SALLÁM, Garíb al-hadït (fig. 3) ; cf. W. WRIGHT, Facsimilesof manuscripts and inscriptions. Oriental series, Londres, 1875-1883, pl.6;P. VOORHOEVE, Handlist of Arabic manuscrípts in the Library of theUniversity of Leiden and other collectioru in the Netherlands,2e éd., Leyde,1980, pl. XXry [A., no 500; 8., p. 281].

*7) 253: Monastère Ste Catherine du Mt Sinaï, Sinaiticus Arab. 151.Épïtres etActes des Apótres; cf.'A. S.'A1IYA, al-faharis al-tafutïtiyya lí-mafuAfit lfrr Sïró al-'arabiyyc, I, Alexandrie, 1970, p.284-287 ; H. Sreer-,Mt. Sinai Arabic Codex 151, Louvain, 1985 [A., no 140; E., p.281].

*8) 255: Monastère Ste Catherine du Mt Sinaï, Meïmariparch. l.Viedes martyrs ; cf. I. E. Meïuenl, Katalogos, p.2l-22lar. 17-18 et pl. 3.

9) Avant 262:. pnncipalement Istanbul, Musee des arts turc et isla-mique, $E, +s. Fragment du Coran (fig. a) ; cf. B. MORITZ, E/l, s.v."Arabie", p.394 et pl.IY 12 ; F. DÉnocHE, Rapport préliminaire, p. l5l-152 et pl. IIb et p. 164-165 ; F. DÉRocHE, "The

Qur'án of Amá[[r",Manuscripts of the Middle East, sous presse.

*I0) 264 : londres, British Library, Or. 4950. TAwDURUS AB UQURRR, Traités de théologíe (fig.5) ; cf. A. S. LswIS et M. D. GIBsoN,Forty-one facsimiles of dated Christian Arabic manuscripts, Cambridge,1907, pl.II [A., no 663 & 673 ; E., p. 275, n. I0].

11) Avant 265: I-e Caire, Dár al-kutub, ugiil al-fiqh 41 m. AL-SÀFI'I,al-risala; cf. B. MORITZ, Arabic palaeography,l-e Caire, 1905, pl. 117-118[A., no 382 = 383 ; E., p. 281].

12) 266: Damas, al-Tahinyya, had-r! 334. AHUnD B. HANB AL, Masa'il(fig.6); cf. S. AL-MuNAJIID,Manuscrít arabe, pl. XIV; N. ZevNRDDiN.Mu;awwar, p .38, p l . 119 [A. , no 617;8. , p .281] .

9 Cece cote correspond au numéro attribué après remembrement aux fragments du Coran d'AmáguÍdu Musée des arts turc et islamique. Des fragments se Eouvent au Caire (Dar al-kutub, no 40160), àCambridge (Add. I I . I I 6) et dans la collection du Centre Roi Faygal de Riyá{.

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIEAXC SÈCLE 347

13) Avant 267 : Le Caire, Dár al-kutubrO. Fragment (?) du Coran; cf '

B. MoRITZ, Arabic palaeography,l-e Caire, 1905, pl. 41.

14) Avant 168 : k Caire, Dár al-kutub, ma$áhif 3871r. Fragment (?)

duCoran (fig.7) :cf.Arabic palaeography,l-e Caire, 1905, pl' 18'

15) 270: Fès, Bibliorhèque de la mosquée Qarawiyy-rn, sans cote. AL-

FaZÀRi, Siyar al-Fazàrï ; cf. M. MURANYI, "Das Kitab al-siyar von Ab[

Isfráq al-Fazarí. Das Manuskript der Qarawiyyïn-Bibliothek zu Fas",

Jeruialem studies in Arabic and Islam,6, 1985, p. 63-91 [A'no 423]'

16) Avant 270: Le Caire, Dár al-kutub, masáLrif 188. Fragment du

Coran (fig. 8) ; cf. B. MORITZ, Arabic palaeography, Le Caire, 1905,

p l . 42b; T. W. ARNOLD and A. GROHMANN, The Is lamic book '

iFlo.enc" ?1, 1929, p.45-46 et pl. 22a; G. MARQAIS et L. PoINSSor,

Objets kairouanais, IXe au XIIIe s.,I, Paris, 1948, p. 46-48 et frg' L4'

17) Avant 270 : Istanbul, Musée des arts turc et islamique, inédit.

Fragment du Coran.

18) Avant 27I : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, no 2I9-

1-1288 (-13t0)rz. YeHvÁ B.'UMAR, al-kuÈÈa f i al-radd 'ala al-Safí ' í ;

cf. J. ScgeCHl, Kairouan, p.249, no 26.

19) Avant 272 : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, no 214-

1-1058 (-1082;T:. ABU ZAYD .ABD AL-RAHMÀN B. ABi AL-GAMR,4/-

ma{alis; cf. J. SCnRCHI, Kairouan,p.240-241, no 14.

*20\ 272: localisation non déterminéela. Fragment de Légendes chré-

t iennes ( f ig . 9) ; c f . H. L . FLEISCHER, "Beschre ibung der von

Prof. Dr. Tischendorf im J. 1853 aus dem Morgenlande zuri'ickgebrachtenchristlich-arabischen Handschriften", ZDMG, 8, 1854, p. 587 et pl'

*21\ 272: Vatican, cod. Arab' 71. Vies de saints (f ig' 10) ; cf '

10 l,a cote actuelle de ce manuscrit nous est restée inconnue. A. GROHMANN ne I'indique pas- dans

son article sugul la datation des Corans anciens (op. cil. [voir n.6)p'216, n. 16) ; il y signale en revanche un

Coran de la Bibliothèque Nationale du Caire daÉ de277 , avec une cote (n" 339 10) qui se trouve être la même

que celle qu'il indique au même endroit pour le no 16 de notre liste. N'ayant pas pu éciaircir ce mystère et ne

ósposant pas ae repÍoduction, nous anoni donc écané le manuscrit de 277. Nous avons di faire de même pour

les deux autres manuscrits qu'il mentionne au même endroit, l'un de 260, l'aune de 265-27 | ; le premier' vu

par E. Herzfeld, se trouvait ón Perse, le second serait à Damas. Signalons 9nf1n q9^r1-m-e^moire qle la date de

229 que donne ie catalogue de SLANn (Catalogue des manuscriÍs arabes,PaÁs,1883-1895' p. 95 pour I'acte

de wàqf du manuscrir ÈN AraUe 336 a été coirrigée en 329 (voir n. SI-RCI#'RE,lntroduction au Coran,

2e éd., Paris, 1959, p. 93, n.125)'1l Inirialement. B. MORITZ avait lu 168 (E11, s.v. Arabie, p. 394):L vON KARABACEK avait

rectifié la lectue en 268 (WZKM,20, 1906' p. 135-136).12 Cene cote, indiquée par J. Schaiht et M. al-Niyyal, correspond en fait à un microfilm du

manuscrit lui-même. Après^avoii été un temps Eansportés à Tunis, ces manuscrits semblent avoir été

t -.t re. à Raqqàda; .i. M. MuneNyt,Ein àlrcs Frágment medinensischer Jurisprudenz aus Qairawón,Abhandlungen ftit die Kunde des Morgenlandes, XLVII' 3, Stuttgart' 1985' p' 1'

13 Voirnoteprécédente.14 Nous ignórons si ce fragment a également été acquis par la bibliothèque de St Petersbourg,

comme le no 2ó.

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348 FRANCOIS DÉROCHE

w. wnrcnr, Facsimiles of manuscripts and inscriptions. oriental series,Londres, 1875-1883, pl.2O [E., p.275,n.10].

22) Avant 274 : rstanbul, Musée des arts furc et islamique. Fragment duCoran, inedit.

Dernier quart du IIIe/IXe siècle

23) Avant 276: Le caire, Dár al-kurub, had-r! 2123.'AIIALLÁH B.IAHB, al-ldmi' fi al-hndït (fig. 11) ; cf. J. DAVrD_WE1LL, Le pjami, d,tbnWahb, IFAO, Textes arabes, III, Le Caire, lg3g_Ig4| [A., no 306 ; E.,p . 2 8 1 1 .

24) Avant 276 : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, n" 2lz-1-1083 (- l tZ4)rs. ASHes B. .ABD AL_, AzÍ2, Kutub it_haÈS : ct.J. SCHACH'I, Kairouan, p.233-235, tro g.

25) Avant 278 : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, no zr4-i-1035 (-1056;t0. AsAD B. AL-FuRÀr, fràgments de|Asadiyyà: cf .M. AL-NryyÀL, al-maktaba, p.32-33; J. Scrncnr , Kairouan, p. Zá1_ZZO, n" 12.

26) 279: Dublin, chester Beaty Library,3494. IsN eureynR, Gartbal-kadï! (fig.12); cf. A. J. ARBERRy,The chester BeattyLibrory, A hand-list of the Arabic manuscripts. II, Dublin, 1956, p. 10ó et pt. os: s. el-MUNAJJID, Manuscrit arabe, pl. XV ; N. ZRvNeóoIN, Mu;awwar, p.39,pL.122 [A. , no 507 ;8 . , p . 281] .

*27) 279: st Petersbourg ?r7 Fragment final de paur, Épïtre auxHébreux (fig. 13); cf. H. L. FLEISCHER, "Vermischtes", ZDMG,15, 1g61,p. 385-387 et pl.

28) 280: Isranbul, BeyazÍ, velitiddin Ef. 313918. ABo AL-.AMAyrAL,Kltdb al-ma'lur fr-ma ittafaqd rafTuhL wa-ifttarafa ma'ndhu ttg. i+l ;cf. N. ZnyNaoplN, Mu;awwar, p.39, pl. 123; R. $E$sN,

',Les caractéris_tiques de l'écriture de quatre manuscrits du IVe s. H./xe s.A.D.". Les ma-nuscrits du Moyen-Orient, F. Déroche éd., Istanbul/paris, 19g9, p.45,f ig. 1, A et pl. IVa [A, no 584; E., p. 281].

, *29) 284 : Monastère Ste catherine du Mt sinaï, sinaiticus Arab.12.

Evangiles: cf. 'A. s. 'ATIyA, al-faharis al-tafttïliyya li-mafitutat !frr sïnàal-'arabiyya, I, Alexandrie, 1920, p.142-1441A., nó 1241.

15 Voir note 12.16 Voir note 12.

, 17 . lr^!1sme11en qu_estion avait auparavant fait I'objet d'une notice par H. L. FLEISCHER (op. cit.,à propos du no 19, p. 58a-585). La cote actullle nous est demeurée inconnuó- si ËÀagmenr est toujoursconservé à la Bibliotheque pubtique de St petersbouÍs.18 La cote est diversement indiquée par leJ auteurs qui mentionnent ce manuscrit ; nous donnonscelle qui figure dans l'anicle de R. $egen.

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIICAXE SÈCLE 349

30) Avant 288 : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, n" 217-1-858 (-876;tr. ffiL16 B. ANAS, al-Muwattra'; cf. J. ScHRCHI, Kairouan,p.227-228, n" 2.

*31) 288 : Strasbourg, Bibliothèque Nationale et Universitaire, 4225.Anthologie monastique (fig. 15) ; cf. I. A. KHALIFÉ, "Les traductions arabesde Marc l'Ermite", Mélanges de l'Université Saint-Joseph,28, 1949-1950,p.218-219 et pl. XVIII ; N. KussAYBI, Catalogue critique des manuscritsarabes de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Koweït,1985, p. 144-145, no 189.

*32) 289: Monastère Ste Catherine du Mt. Sinaï, Meimari parch. 7.Évangíles; cf. I . E. MEÏMARr,Katalogos, p.23-24lar. p.20, pl.9 et pl.couleur l.

33) Avant 290 : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, no 218-1-1601 (-1652)20.'Aeo ALLÀH B. WAHB, Gami' f i al- l . tadït; cf. M. Rt--NtvvÀL, al-mnktaba, p. 34-35 ; J. Scrncgr, Kairouan, p. 23I, no 5.

*34) 290: Monastère Ste Catherine du Mt Sinaï, Meïmari parch. 66.Vie de Saint Etíenne de Mar Sabd; cf. I . E. MnÏrranrr, Katalogos,p.35lar. p. 36, pl. 64 et pl. couleur 15.

*35) 290: Paris, Bibliothèque Nationale, Arabe 6725132r. Fragment dePAUL, Epïtres à Timothée, à Tite et à Philémon (fig.16); cf. G. vAlDA,Album de paléographie arabe, Paris, 1958, pl.4; G. TnoupgAtJ, Cataloguedes manuscrits arabes, Première partíe, Manuscrits chrétiens,II, Paris,1974, p.107.

36) Avant 292 : Dtblin, Chester Beatty Library, I4l7 . Partie du Coran(fig. 17) ; cf. D. JAMES, Qur'ans and bindings from the Chester BeaítyLibrary, Londres, 1980, p.26.

37) Avant 295 : Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée, sanscote ? Fragment du Coran; cf. I. SassUH, "SiÉill qadrm li-maktaba [ámi'al-Qayrawán", RIMA, luz, 1956, p. 339 et pl. I (bas) ; M. AL-NIYY ̂L, al-maktaba, p. 14 et pl. p. 17 lA.,n" 271.

38) Avant 298 : Dublin, Chester Beatty Library, 142lllstanbul,Topkapr Sarayt Miizesi, EH 16[stanbul, Musée des arts turc et islamique,55622. Fragments du Coran (fig. 18) ; cf. F. R. MARTIN, Miniature pain-tings and painters of Persia, Indía and Turkey from the \th n the

19 Voir note 12.20 Voir note 12.2l Peut4re identique au ms. Sinaï, Arabe 73 : on se reportera à I'anicle de G. TROUPEAU, "Une

ancienne version arabe de l'Épitre à Philémon", Mélanges de I'Université Saint-Joseph, XLVI, 1970,p.343.1a copie est datée de Kdniln I 6410 de l'ère du monde.

22 Il s'agit des principaux fragments du Coran de 'Abd al-Mun'im ; d'autres feuillets de ce manuscritfont panie d'autres collections.

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ISth centuries, Londres, 1912, pL.233: D. JAMES,eur'dns and bindingsfrom the Chester Beatty Library, Londres, 1980, p. 20; F. DÉRoCnp,Rapport prélíminaire, p. 147-I49 et pl. I, p. 161 er fig. 3.

39) Avant 299 : Istanbul, Topkapr Sarayr Miizesi, A 1. Fragments du{uz'X du Coran (fig. 19) ; cf. S. AL-MUNAJJID, Manuscrít arabe, pl. Va ;F. DÉROCHE, Rapport préliminaire, p. 153-154.

40) Avant 300 : Paris, Bibliothèque nationale, Arabe 358 b. Fragmentdt coran (fig. 20) ; cf. F. DÉRocHs, catalogue des manuscrits arabes,Deuxième partíe, Manuscrits musulmans, Les manuscrits du coran, Auxorigines de la calligraphie coranique, Paris, 1983, p.91, no 85.

L'examen des manuscrits nous a donc conduit à écarter les volumes sui-vants, signalés par K.'Awwád ou G. Endress2: :

1) Paris, Bibliothèque Nationale, Arabe 2859 (A., no 493 + 512): tra-duction de deux textes de Galien, Firaq al-yíbb li-l-muta'allimln et al-'ilalwa-l-a'rdd. Comme le signalait déjà W. de Slane, la date des deux colophons(232, aux ff 11ro et 86vo) a été retouchée par graÍtagez4.

2) Paris, Bibliothèque Nationale, Arabe 6726 (A., no 2021F,., p.281) :AL-ASMA'I,Ta'rífi muluk al-'Arab al-awwalïn; I'authenticité du texte avaitété mise en question par F. Rosenthal, dont les réserves sont confirmées parl'étude paléographique et codicologiquezs.

3) Téhéran, Bibliothèque de I'Université, 2165 (A., no 619 + 7061F,.,p.283): HuNeyN B. ISHÀe, Adab al-falísifa; à I'opinion réservée deM. Danesh-Pajouh est venu s'ajouter ie scepticisme radical d'A. R. BadawI,une opinion que l'étude de l'écriture peut conforter26.

4) Médine, Bibliothèque 'Arif Hikmat, tafsïr 9 (A., no 639) : rBNQureveR, Kifib muskil al-Qur'án; 1l semble s'agir d'une simple erreurdans la lecture du colophon : 266 au lieu de 6662t.

5) Dublin, Chester Beatty Library, 3001 (A., no 69llB., p.281) :MÀLIK B. ANAS, al-Muwatta'; l'écriture maghrébine et le support iont prusrécents que la date indiquée par un colophon (277) partiellement endóm-masé28.

23 Ces manuscrits s'ajoutent à ceux que nous avons déjà &anés (voir ci-dessus, p. 344 et n. I et 5).24 W.DE SLANE, op. ci t . fvon n. 101, p. 515.25 Ct. F. ROSENTI{AL, "From Arabic books and manuscripts I : Pseudo-Asma'r on the he-Islamic

Arab Kings", JAos,69,1949,p.90-91 ; F. DÉRocIE, "A propos du ms. Arabe 6726 de la BibtiothèqueNationale @aris)", RE1, à paraitre.

26 M. DANESH-PAJOUH, Catalogue méthodique, descriptíf et raisonné de Ia BíbtiothèqueCentrale de I'université de Téhér9y, Téhéran, 1961, p.859-862 et pl. ; A. R. Baoewl (ed. flunayn b.Isháq, Adàb al-filasifa, Kuwart, 1985) n'utilise même pas le manuscrit.

21 F. SEZGTN, GÁS VIII, p. 163.28 A.J. ARBERRY,Ilandlist of the arabic manuscripts in the Chester Beatty Library,I, Dublin,

1955, p. I ; I'absence de reproduction de ce manuscrit, pounant le plus ancien dans la colleition, traduit

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIE/IXE SIECLE 351

6) Londres, The Nasser D. Khalili Collection of Islamic Art. ms. 361(4., no 374): Imám ZAYN AL- 'ABIDIN, Dïwdn manTi lmdt al-SaÈÈAd:l'écriture est analogue à celle du ms. Téhéran, université 2165 (voir ci-des-sus no 3).

Pour des raisons différentes, il a fallu également écarter le fragmentChicago, Oriental Institute 17618: une datation dans le courant duIIIe/IXe s. n'est nullement exclue, mais les raisons développées parN" Abbott pour dater la copie du llte/tf,e s. - er plus précisément du pre-mier quart de ce siecle - ne paraissent pas suffisamment contraignantes2e.

Le problème se posait alors de savoir s'il était envisageable de sou-mettre à une même approche les manuscrits que nous avions rassemblés. onne peut en effet négliger les questions d'ordre méthodologique qui seprésentent et qui tiennent en premier lieu à la disparité même de la docu-mentation. La plupart de nos manuscrits sont ainsi dépourvus de toute indi-cation d'origine ; seul le groupe des manuscrits arabes chrétiens pourraitprésenter une relative homogénéité, dans la mesure oÈ I'aire géographique àI'intérieur de laquelle ils ont été produits est relativement bien circonscrite -ce que confirment les colophons de plusieurs de ces manuscritsro. En règlegénérale, on doit cependant reconnaïtre qu'il est impossible de faire la partdans cet echantillon de ce qui pourrait relever d'habitudes ou d'écoles régio-nales : point n'est besoin de souligner combien il est fallacieux de tenir pouridentique le lieu de conservation d'un manuscrit et I'endroit oÈ il a été co-piért. Le type même de datation - à I'exception des colophons - introduitune marge d'incertitude : actes de waqf, certificat d'audition, etc. donnentun terminus ante quem; il reste à apprécier I'importance du laps de tempsécoulé entre la copie et la date indiquée...:2 Enfin, différents types de ma-nuscrits coexistent: on,trouve cóte à cóte des copies calligraphiées du Coran

peutétre les réticences d'A. J. Arberry. Voir également les réserves de P. Sj. van Koningsveld (The l-atin-Arabic glossary of the lziden Universíty Library,L.eiden, 1976, p. 29).

29 N. ABBOTT, "A ninth-century ftagment of the 'Thousand nighs', New light on the early historyof the Arabian nights" , JNES, 8, 1949, p. 129-149 ; il est difficile de ne pas être intrigué par la répétition àquinze repnses de la même formule de témoignage. Il nous semble que N. Abbott n'a pas suffisammentexaminé la possibilité d'expliquer différemment ces répétitions; on pourrair ainsi envisager I'hypothèse,peut€tre un peu Íomanesque, de la préparation d'un faux qui nécessitait une sorte d'entrainement de la pan dufausaire.

30 Voir,parexemple,lesnuméros20(copiépuAnbaAntoinedeBaldádaumonastèredeSrSába),31 (copié paÍ T[ma al-Fusgilr, moine au couvent du Mt Sinai), ou 35 (copié par Dàw[d alJAsqalànr àJérusalem).

3 I Cela vaut principalement pour les grosses collections comme celle de Kairouan. Ce point de vue aété critiqué paÍ A. GROHMANN, Arabic papyri from $irbet el-Mird, Bibliothèque du Muséon, 52, Louvain,1963, p. XV ; F. DËROCÍG, Catalogue des manuscrits arabes, 2e partie, Manuscrits musulmans, I, Lesmanwcríts du Coran, I : Aux origines de la calligraphie coranique, Paris, 1983, p. l5-16.

32 C'est I'un des problèmes majeurs que celui d'évaluer le laps de temps écoulé entre la copie d'unmanuscrit et le moment oÈ il est constitué waqf, ou encore celui oÈ I'on y inscrit un cenificat d'audition.

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352 FRANCOTS DÉROCHE

(par ex. les no 9 ou 38) ou d'autres textes (par ex. le no 6) et des notes decours - c'est ainsi que J. David-Weill définit la copie d'Ibn Wahb (n" 23722.Il serait cependant erroné d'établir une équivalence entre les manuscrits co-raniques et la pratique calligraphique : même si les copies soignées du Coransont proportionnellement plus fréquentes, il existe également des exem-plaires de facture très médiocre.

Aux problèmes posés par cette relative disparité du matériel lui-mêmes'ajoutent ceux qui proviennent de causes modernes, la principale étant lecaractère lacunaire de nos informations. Dans les catalogues ou dans lespublications consultées, la codicologie (par ex. la composition des cahiers,les reliures ou les encres) est généralement méconnue, voire inconnue3a ;aussi n'avons-nous pratiquement disposé de renseignements que lorsqu'ilnous a été possible d'examiner les manuscrits. L'étude paléographique estplus favorisée : elle peut en effet s'appuyer sur une reproduction pour avan-cer quelques remarques sur l'écriture ; notons toutefois que les indicationsprécises de dimension (surface d'écriture, module) font défaut. Rappelonsenfin la déficience de la terminologie en vigueur: depuis longtemps, elle afait la preuve de son inadequation à la réalité historique de l'écriture arabeet I'emploi du terme de coufique a contribué à obscurcir le débat et fausserles analyses3s.

Malgré les lacunes et cette hétérogénéité, on peut tenter de définir desorientations générales, principalement en ce qui concerne la paléographie.Au IIIeAXe s., la production manuscrite se range schématiquement selondeux grandes catégories qu'il est possible de caractériser d'après le contenutextuel des manuscrits : d'un cóté les textes non-coraniques - manuscritsarabes chrétiens compris -, de I'autre les copies du Coran. Il existe naturel-lement des exceptions, sur lesquelles on reviendra. Si I'on s'arrête à leur ap-parence, les écritures employées à cette époque pour le Coran frappent enrègle générale par la constance et la régularité du trait rectiligne employépour tracer les lettres, qu'il s'agisse des verticales ou des horizontales : siI'on observe la haste de la lettre ldm, on ne constate pas de variationd'épaisseur ni de déviation par rapport à la verticale ; pour le alif, ce n'est

33 J. DAvD-WEILL, Le Djàmi' d'lbnWahb,lFAO, Textes arabes, trI, l-e Caire, I, 1939, p. VIII.34 Trop souvent, on ne dispose en fait que de listes très sommaires; il n'en faut que plus admirer

\il. WRIGHT (Facsimiles of rnanwcripts and ínscriptions, Oriental,Series, l,ondres, 1875-1883) qui donnesouvent une description précise du manuscrit reproduit. En l'état actuel, il est difficile de présenter cesmanuscrits d'un point de vue codicologique; tout au plus peut-on noter que le IIIe/Xe s. voit coexister Eoistypes de support (Eapyrus, parchemin et papier) et deux formats (oblong et venical) ; dans Ie cas du papyrus,le format venical tend vers le carré. k rappon entre la largeur et la hauteur de plusieurs manuscrits arabeschrétiens - sur parchemin - est compris entre 0,65 et 0,69 ; ceue homogénéité est peut-être à rapprocherde ce qui est observable dans le domaine de la paléographie. Les manuscrits en papier paraissent en revanchefavoriser un format très haut (le même rapport oscille enre 0,54 et 0,60).

35 A. GROHMANN (Arabische Paldographíe,l, Graz, 1967, p.32-65) fair I'historique desrecherches menées en Occident sur l'écriture arabe: on y trouveÍa des références précieuses pour suivre lamise au point des catégories utilisées par la paléographie arabe; on peut également se reporter àF. DÉROCIIE, "l,es écritures coraniques anciennes : bilan et perspectives", REI, 48, 1980, p.207-224.

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIE/IXC SECLE

qu'au moment oÈ s'amorce vers la droite le retour inférieur que l'épaisseurdu trait se modifie pour s'achever par un effilement ; dans le Cas dt nfrn, onnote la présence d'un étranglement à la jonction entre le corps (plus oumoins vertical) de la lettre et le retour inférieur. Pour simplifier, le traitrectiligne - dont l'épaisseur, constante, correspond à la largeur du qalam -occupe une place privilégiée ; les formes circulaires de la tête du fa' ou duqdf ou encore celles du mïm reposent en définitive sur I'emploi de cettemême largeur de qalam. L'effilement ou l'étranglement entre deux partiesde largeur normale n'interviennent que de manière secondaire ; la même ob-servation peut être étendue aux courbes développees (par ex.le 'ayn final).

Traditionnellement, ces graphies sont définies par le norn coufique.Nous avons déjà eu I'occasion de rappeler que, dès le début du XIXe s.,A. Silvestre de Sacy avait attiré I'attention des orientalistes sur I'inadaptationde ce terme à la réalité de la documentation, tant sur le plan paléographiqueque sur celui de la terminologie transmise par les sources arabes36. Aussipréférons-nous employer, pour les styles graphiques que I'on retrouve surces manuscrits, I'appellation d'écritures abbassides anciennes3T. Certes, cer-tains de ces styles sont sans doute légèrement antérieurs à la chute de la dy-nastie omeyyade:a ; il n'en reste pas moins que, globalement, c'est au coursde la période abbasside que ces écritures ont été perfectionnées et quel'écrasante majorité des Corans qui nous sont parvenus a été copiée. Enoutre ce nom, loin d'introduire de manière fallacieuse I'idée d'une identitéglobale, permet de tenir compte de la variété de ces graphies et fait avanttout référence à une donnee chronologique; de ce fait, les implications géo-graphiques à notre avis trop restrictives que comportait le terme coufiquesont ecartées en même temps que I'impression trompeuse de disposer d'unepaléographie, si rudimentaire qu'elle soit. On laisse ainsi le champ libre àdes études typologiques qui permettront de mettre en place une véritablepaléographie des ecritures anciennes. La plupart des styles d'écriture qui ap-partiennent à cet ensemble sont attestés au trIeAXe s., à en juger du moinspar l'étude de la collection provenant de Damas3e ; mais sans doute leur éla-boration avait-elle débuté dans le courant du siècle precédent. Ces graphies

36 "Mémoire sur l'origine et les anciens monuments de la littérature parmi les Arabes", Mémoiresde littérature tirés des registres de I'Académie royale des Irucriptions et Belles-lzttres, 50, 1808, p.309.L'étude des publications des XVIIIe et XD(e siècles consacrées à l'hisoire de l'écriture arabe révèle une anitudede confiance otale dans la possibilié de mettre en Íapport les écritures, telles qu'elles sont connues, et lesnoms qui figurent dans les sources orientales relatives à l'écriture. Il n'y a pas d'intenogation sur lesproblèmes de transmission de la terminologie, sauf pour le coufíque dont on subodore qu'il occupe uneposition indue. .

37 F. DEROCI#, Catalogue of the Nour collection,I (en préparuion).38 Il existe un problème de chronologie en ce qui conceme les écritures liwesques ; en I'absence de

témoignage diÍect, on procède par comparaison avec le domaine des papyrus et celui des inscriptions.G. ENDRESS pÍopose quant à lui une date de la fin du Ier s. ("Die arabische Schriff', Handbuch derarabischen Philologie, W. Fischer éd., I, Wiesbaden, 1982, p. 173).

39 Voir cidessus, note 8. Certaines indications sont données dans F. DÊROCÍJF.,, op. cit. [voirn. 371 ; le catalogue de I'ensemble de la collection est en cours de préparation.

3s3

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3s4 FRANCOTS DÉROCHE

laissent le sentiment d'une grande diversité : celle-ci se manifeste en premierlieu dans la multiplicité des répertoires différents qui correspondent auxfamilles graphiques - ici B, C et Dqo. Elle apparait ensuite dans la mise encuvre de ces demiers par les calligraphes qui, parfois, semblent combinerdes éléments divers. Malgré cette relative liberté créatrice dont jouit le co-piste, les règles de fonctionnement paraissent dans I'ensemble assez étroite-ment codifiées ; c'est du moins ce que suggèrent certaines constatations : onsignalera par exemple les étroites relations entre un module déterminé et unrépertoire+t, ou encore la forte cohérence inteme de ces demiers, cohérencemanifeste dans I'emploi d'une seule forme de lettre dans chaque position -ce qui ne sera pas toujours le cas. Pour définir sommairement et globale-ment ces styles graphiquesa2, on retiendra les lettres suivantes : le alif isolévertical, pourvu d'un retour inférieur plus ou moins développé ; le dal a:uxdeux branches horizontales parallèles ; le 'ayn médial dont la tête est forméede deux antennes : le mïm final à queue horizontale : le níin final dont lecorps, vertical, s'achève par un retour inférieur qui lui est approximative-ment perpendiculaire ; le hó ' initial ou médial, enfin, dont la barre d'appuiest bien verticale.

Dans le domaine des manuscrits, les écritures abbassides anciennes ontété également employées pour des textes autres que celui du Coran : commeon I'a vu, il faut écarter certains manuscrits que I'on donnait pour desexemples de I'emploi de ces graphies pour des cuvres profanes - comme lesms. Paris, Bibliotheque Nationale, Arabe 6726 ol Téhéran, Université 2165.En revanche, les fragments Paris, Bibliothèque Nationale'Arabe 2047 =Berlin, Staatsbibliothek 379 (fig.2l)+z apportent la preuve de cet emploi.Mais il s'agit pour le moment d'ur hapax non daté : est-il le vestige d'uneproduction restreinte, ou peut-on penser qu'un nombre substantiel de ma-nuscrits analogues fut copié ? La question doit rester sans réponse pour lemoment, d'autant que la situation dans le domaine chrétien ne permet guèredavantage de trancher: on pouÍrait en effet penser à introduire dans cettecatégorie paléographique le manuscrit du monastère de Ste Catherine duMont Sinaï, Sinaïticus Arab. 154 (fig.22), jadis publié par M. D. Gibson++et dont un fragment est conservé à la Bibliothèque Nationale (Arabe

40 F. DÉROCÍIE, op. cir. [voir n.31), p.3745.41 F. DEROCFIE, "A propos d'une série de manuscrits coraniques anciens", Les manuscrits du

Moyen-Orient, F. Déroche éd., IstanbuVParis, 1989, p. 102-107 ; "The Qw'án of Amá!iir", Manuscripts

of the Middle Ëasl (sous presse).42 F. DEROCHE, op. cit. lvoir n.311, p. 16-18; Catalogue of the Nour collection, I [en

préparationl.43 Cf. C. VAJDA, Album de paléographie arabe,Pais, 1958, pl. 1; E. RÓDIcER, "Uber zwei

Pergamentblàtter mit altarabischer Sckift", Abhandlungen der kóniglichen Akademie der Wíssenschaftenzu Berl in, Phí|.-hístor. K/asse, Berl in, 1875, p. 135-143;G.ENDRESS, op. ci t . fvokn.3),p.282.

44 An Arabíc version of the Acts of the Apostles and thc Seven Catholic Epístles, from an eighth ornínth century nanuscript in the Convent of St Catharine on Mount Sínaï, wíth a treatise on the tríunenature of God, with translatíon, from the same codex, [Studia Sinaitica VII], London, 1899.

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672516)4s. Celui-ci est composé de huit feuillets de 175 x 115 mm+0, maisseul un diplóme - celui du milieu (ff" 4 et 5) - est intact ; la disposition descótés du parchemin suit I'habituelle séquence "f" I : ro = cóté fleur : f 2:ro = cóté fleur, etc.". Les cahiers sont numérotés par une lettre de I'alphabetgrec en leur début et à leur fin. L'écriture, tracée à I'encre noire, a été gui-dée par une réglure à la pointe sèche - mais la première ligne n'est pas utili-sée et sert en quelque sorte de liníeauq7. L'étude paléographique met en évi-dence la similitude entre le trait employé dans cette copie des Actes desApótres et les habitudes que nous avons signalées en ce domaine pour lesécritures abbassides anciennes. La forme des lettres en revanche ne coïncidepas strictement avec I'un ou I'autre groupe : alors que le alif isolé ott le mímfinal évoquent les ecritures abbassides anciennes, le alif final,le 1a-

' ou le hd'initial ou médial ressemblent à des formes rencontrées dans les manuscritsnon-coraniques du IIIe[Xe s. Ces convergences avec des formes qui serontévoquées par la suite posent la question de savoir s'il s'agit vraiment d'untémoin d'un état ancien ou si nous nous trouvons en présence d'un habillagearchaïsant d'une graphie plus récente.

Comme on le voit, rien de bien décisif ne vient étayer I'hypothèse d'unemploi des ecritures abbassides anciennes plus large que ne le laissent suppo-ser les maigres vestiges d'un ouvrage généalogique ; d'un autre cóté, leurexistence même interdit de conclure que I'emploi de ces écritures était res-treint dans les domaines non-coraniques. Bien qu'on ne puisse exclure quenotre échantillon ait été faussé pour une raison ou une autre, il n'en reste pasmoins que, dans l'état actuel de nos connaissances, ces styles sont étroitementassociés à la copie du Coran ; à un moment de I'histoire qu'il faudrait préci-ser, ils sont sortis de I'usage si bien que les manuscrits qui les portaient sontdevenus "inutilisables" et ont été mis de cóté - et peut-être est-ce alors queles Corans ont été entourés de soins particuliers qui nous les ont préservésalors que d'autres textes étaient traités avec moins d'égards.

Cette conjecture amène à évoquer les raisons de la mise à l'écart de cesmanuscrits et de I'abandon de ces écritures : sans doute la coexistence dedeux styles bien différents (la cursive d'une part, les écritures abbassidesanciennes de I'autre) devait-elle inéluctablement amener le plus diffusé àsupplanter I'autre et à le róduire à un róle ornemental. Cette explication quimet I'accent sur un problème de lisibilité fait des lecteurs la cause de la dé-saffection croissante des ecritures abbassides anciennes. Mais il nous fautpeut-être rechercher d'autres raisons qui ont pu contribuer à cet abandon;

45 G. TROUPEAU,Catalogue des manuscrits arabes, lre partie, Manuscrits clvétiens,II, Paris,1974, p. 107 ; le texte est un ftagment des AcÍes des Apótres (VII, 37 à IX, 4 1).

46 180 x 125 selon M. D. GIBSON, cf. op. cit.fvotr n. 441, p. VI ; l'auteur note que les cahierssont des quaternions (ràrrl.).

47 J. LEMAIRE donne la définition suivante : "la droite supérieure de la réglure... peut ne pas sewirde guide à un texte et ne pas êre surmontée par des éléments textuels ; en ce cas, elle tient en quelque sonelieu de linteau" (lntroduction à la codicologie, LouvainJa-Neuve, 1989, p. 109).

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I'examen des manuscrits non-coraniques du IIIe/IXe s. devrait foumir de cepoint de vue des indications intéressantes.

Il était permis d'attendre, dans le domaine des écritures livresques non-coraniques, une variété comparable à celle des écritures abbassides an-ciennes. Qu'en est-il réellement ? L'étude des ductus rencontrós (cf. les fi-gures et les Tables I et II) permet de dégager pour quelques lettres signifi-catives les orientations suivantes qui peuvent être à leur tour rapprochéesd'exemples antérieurs au IIIeAXe s.48 :

- Alif : la forme isolée de la lettre oscille entre deux formes extrêmes ;d'une part un tracé en S inversé (par ex. Table I, no 6 ; Table II, no 2Q)+r,dont ne subsiste parfois que le crochet supérieur, et de I'autre une forme "en

bàton" (par ex. Table I, no 28). Des solutions intermédiaires estompent plusou moins ies incurvations du S. Même le papyrus de Heidelberg (Table I,n" ZIPB), plutót conservateur, offre des exemples qui vont dans ce sens.Dans la presque totalité des cas, I'extrémité sommitale est soulignée par unépaississement du trait, qui finit par constituer la caracténstique de cettelettre - voire des hampes en généralso. Dans certains cas, un crochet situésur la gauche rnarque le sommet de la lettre (par ex. Table l, no 23ll :Table II, no 2I1sr. En position finale, une pointe dópasse sous la ligne demanière plus ou moins marquées2; la lettre elle-même est occasionnellementtracée comme une boucle écrasée, un procédé qui est également employépour réaliser le ldm (Table II, no 32)s:.

- Le trait supérieur 6t !ïast décrit volontiers une oblique convexe (par

48 La méthode suivie est exposée dans F. DÉROCL#,, op. cit. [voir n. 3l], p. 16-18 ; elle estadaptée sur certains points aux panicularités de ce matériel. Pour plusieurs des formes décrites, on trouve desparallèles dans des documents des siècles précédents; pour simplifier les renvois à ces antécédents, nousfaisons référence de manière abrégee à quatre publications ; - Qurra: N. ABBOTT, The Qurra papyri fromAphrodito, Studies in ancient Oriental civilization, no 15, Chicago, 1938; SALP : N. ABBOïT, Studies inArabic literary papyri, I-lU, Oriental Institute Publications, LXXV-LXXVII, Chicago, 1957-19'12;flirbet : A. GRoHMANN, Arabic papyri from Sirbet el-Mird, Bibliothèque du Muséon, 52, Louvain,1963; AP; A.GROHMANN,Áraáische Papyruskunde, Handbuch der Oriental ist ik, Abt. I ,Ergiirzungsband IVl, l,eidenÊ(óln, 196ó.

49 $irbet, f ig. 6, no 5 ICPRIII, I i3, pI.5, no 62:911709-710]; SALP II , no I [OrientalInstitute, no 1762O; vers le milieu du IIelVIIIe s.l, p.2, 1.5 (les références faites à Sál,P le sont à tifieindicatif car les documents sont datés par estimation).

50 AP, pl. X, col.2 [P. Berol. l50f2i 221643] et col.8 [PER Inv. Ar. Pap. n' 1003 ; secondemoitié du JerlVIIe s.l ;SÁZP II, no I [Oriental Institute, no 17620; vers le milieu du IIe/VIIIe s.].

5l On peut tenir ce nait paniculier pour un précurseur du tarwís.52 Dejà dans les documents AP, pl. X, col. I [PERF no 558;221643]; Qurra noI, I I I , IV

fOriental Institute no 13757, 13756, 13758: 90-9l|109�-710), Uirbet, fig. ó, no 17 ICPR III, I/3, pl. 28b,no 140 ; n0n86-'787); SALP I, no 2 [Oriental Inst i tute, no 17624; vers 800 de N.E.], passim ;SALPil, no 1, p. 1, 1.5 [Oriental Institute, no 17620; vers le milieu du IIe/VIIIe s.].

53 Déjà Qurra, no IV, l. 3l [Oriental Institute, no 13758 ; 90t709 ?).54 Ces remarques s'appliquent également aux deux leures de même forme, le lzá' etle fa

'. Il en ira demême par la suite pour le dàI etle dà|, le Íd' et le ?d',le

'ayn etle gayn.

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIC/IXC SÈCLE

ex. Table I, n" $;ss - à I'inverse de l'usage des écritures abbassides an-cienness6. Dans quelques cas, qui correspondent peut-être aux manuscrits lesplus soignés, I'extrémité de ce trait outrepasse le point de jonction avec laligne de base57 : cela ne se produit nettement qu'en position médiale et,semble-t-il, dans ceux des manuscrits (Table I, no 6, 25 ou même 26 ;Table tr, no 10) oÈ n'est pas systématiquement pratiquée la superposition -qui consiste à disposer la partie de mot précédant le !ïm légèrement au-des-sus de la ligne, lorsqu'elle est en situation d'être liée au !ím. Dans les ma-nuscrits arabes chrétiens, la lettre en position finale s'achève parfois par unecourb peu développée, qui semble même s'orienter verticalement (Table II,no 8, 21, 31,34 et peut-être 32)58.

- Le ductus abbasside ancien du dal - aux deux branches horizontalesparallèles - est présent dans les manuscrits arabes chrétiens (Table II, avecune exception pour les manuscrits no 7 et 34)st. Dans les autres cas, uneforme anguleuse et fermée (qui rappelle confusémentle !tm) obtient la pré-férenceó0, bien que I'on doive noter la concurrence d'un tracé largement ou-vert, en arc de cercle, proche de la forme moderne (voir Table I, les no 11et 26)6r; le premier de ces deux ductus se distingue par l'épaississementmarqué de la branche inférieure.

-I-e ld 'présente des formes très cohérentes entre elles, malgréla pré-

sence de variantes qui affectent le traitement sommital de la hampe.Globalement, la lettre est caractérisée par sa haste inclinée vers la droiteoz.Son sommet est fréquemment marqué par une incurvation vers la gauche,parfois simplement traduite par un renflement. Il semble qu'on rencontreplus souvent dans les manuscrits arabes chrétiens un tracé qui fait contrasterfortement le corps de la hampe eÍ son extrémité supérieure (voir Table II,

55 flirbet, fig. 6, no 3 ICPR III, l[2, n" 35 : 8817M-707) et 10 ICPR III, I/3, pl. 29e, no 201 i247-2891862-9021 ; pap. no 20 (137 ot 1391754-755 ou 756-757); SALP ll, no l, p.3, 1.7 [OrientalInstitute, no 17620; vers le milieu du IIelVIIIe s.l.

56 Mais dans le ms no 7, le vacé ressemble à celui qui prévaut dans les écritures abbassidesanciennes.

57 Cf. Sirbet, fig. 6, no 3 [CPR III, lD, no 35 ; 8817M-707]; pap. no 20 (137 ou 1391754-755oa 756-757) et 43 Ío 027n44-745); SALP II, no 1, p.4, 1.4 [Oriental Institute, no 17620; vers lemilieu du Ue/VJIIe s.l. On le note en position médiale dans ÁP, pl. X, col. I IPERF no 558 ; 221643).

58 Cf. Qurra IV, 1.20 [Oriental Inst i tute no 13758:901709 ?] ; mais celui de la 1.27 serapproche de pratiques plus "normales".

59 On le rencon&e dans les papyrus les plus anciens (cf. ÁP, pl. X, col. I et 2), dans ceux de Qurraet dans les protocoles (cf. Sirbet, frg. 6).

ó0 Une forme voisine semble présente dans ÁP, pl.X, col. 6 [PERF no582;65-86/685-?05],col.7 [P.Edfu 15002:84-94n03-7121 et col.8 [PER Inv. Ar. Pap.1003; seconde moit ié du Ier/VIIes.l ; plus tard, cf. SALP l, no 2, p.3, l. 10 [Oriental Institute, no 17624; vers 800 de N.E.] ; II, no 1,p.2,1.4 [Oriental Institute, no 17620; vers le milieu du IIe/VIIIe s.].

6l Cf , SALP l, no 2, p.2, l. 3 [Oriental Institute, n" 17624; vers 800 de N.E.].62 Cf. A.P., pl. X, col. I [PERF n'558; 2216431, col.6 IPERF no 582; 65-86/685-705] ;

Qurral, 1.6 lOriental Inst i tute no 13'757;94fl09); IV, l . 19 [Oriental Inst i tute n'13758:901709?),etc. Uirbet, pap. no 20 (137 ou 139n54-755 ou 756-757); SALP l, n" 2, p.2, l. l1 et 16 [OrientalInstitute. no 17624: vers 800 de N.E.l.

357

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358 FRANQOIS DEROCHE

no 4, lO, etc.). En position finale, un petit appendice inférieur, horizontal ouincurvé vers le bas, apparait dans certains manuscrits63.

- La situation est en revanche moins nette pour Le 'ayn. La forme mé-diale ancienne64, aux deux antennes séparées, ne semble présente que dans ununique manuscrit (TableI, no 11), encore qu'une forme "en ccur", peut-être apparentée, soit signalée (Table I, no 23); le tracé moderne, qui aI'apparence d'un triangle inégulier dont l'angle supérieur gauche est parfoisamputé6s, domine et impose dans plus d'un manuscrit une ligature "en dentsde scie" qui plonge sous la ligne avant de remonter vers la tête de la lettreee.En initiale, comme dans les écritures abbassides anciennes, les copistes res-tent attachés à une forme qui se développe largement au-dessus du niveauqu'atteint le'ayn médialoz ; dans certains cas, on disceme même le ductus enboucle volontiers adopté par les copistes (voir Table I, no Z3ll)sa qui a déjàété signalé pour le alif final et que I'on retrouve pour le lam. En positionisolée, le ductus modeme avec sa boucle inférieure bien ouverte paraït avoirdétróné le ductus archar,que dont il ne conserve que I'amorce horizontale unpeu soulignee.

- De manière caractéristique, le lam présente deux versions qui se dis-tinguent I'une de I'autre par la position du retour inférieur : en position fi-nale, celui-ci est situé en contrebas de la ligne d'ecriture ; quand la lettre estisolée, il corncide avec cette même ligne0r. Seuls deux manuscrits s'écartentde cette pratique (Table I, no 23; Table II, no 7). Le lam présente certainsdes traits déjà signalés à propos fu alif : conlme pour les autres hampes, onremarque le renflement sommitalzo, qui évolue parfois jusqu'à dessiner uncrochet à gauche - particulièrement accusé dans les manuscrits arabes chré-tiens ; on retrouve aussi un tracé en boucle écrasée.

- k corps du mïm, pour autant qu'il soit d'une taille suffisante pourque le qalam puisse lui donner une forme nette, est le plus souvent anguleux,

63 Cf . AP , pl. X, col. 5 [PERF no 573 i 571677) on il est très marqué ; SALP I, no 2, p. 2, l. 9[Oriental Institute, no l'7624; vers 800 de N.E.].

64 La forme aux antennes indépendantes apparait dans les papyrus AP,pl. X, col. l IPERFn' 558 ; 221643) et col. 3 [PER Inv. Ar. Pap. 94 ; vers 2216431, mais elle est absente dans ceux de Qurra.Une forme en cceur figure dans SALP I, no 2, p. 1, l. 16 [Oriental Institute, no 17624, vers 800 de N.E.].

65 Cf. Qurra, I, l. 6 [Oriental Institute no 13757 i 901709): SALP Il, n" l, p.2, 1. 5 [OrientalInstitute, no 17620; vers le milieu du IIe/VlIe s.l.

66 Cf. Qurra IV, l . 18 [Oriental Inst i tute no 13758 i 90í09?]: SALP I, no6, verso, l . 1[Oriental Institute, no 17636; vers 150-175í67-791].

67 FiguredéjàdansQurral, I I , l i l [OrientalInst i tuteno13757,13755,13756;90-91t709-710);$irbet, pap. n" 2O (137 ou 139[754-755 ou'] 56-757), 43 r" (127 [144-i 45), 52 Q26n4-744).

68 Cf . Qurra I, 1. 14 [Orienal Institute no 13757 ; 90fi49] ; on trouve un ductus analogue pour lejÍn initial sur les papy'rus : cf. AP, pl. X, col. 1 IPERF no 558 ; 221643): Qurral, 1. 12 [OrientalInstitute n" 13757 ;90n09); Sirbet, no 43 ro (1271744-745) ou 52 026n$-744). On a I'impression quece qui était initialement une solution de facilité devient dans certains cas un élóment calligraphique.

69 Cf. SALP II , no l , p.2, 1.7 et p.3, 1.6 lOriental Inst i tute n" 17620; vers le mil ieu duIIe/VIIle s.l.

70 Cf. QurraII, l. 2 [Oriental Institute no 13755 ; 911709).

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LES MANUSCRIT'S ARABES DU IIIC/IXE SÈCLE 3s9

avec un saillant supérieur appuyé71 ; cette angulosité semble transformée enarrondis dans certains manuscrits arabes chrétiens (TableII, no 8 et 21).Ceux-ci (même numéros et no 10) donnent une incurvation plus prononcée àla queue de cette lettre en position finale, alors qu'elle se dégage générale-ment en biais léger vers le bas, avec une imperceptible courbure. Il arrivequ'un copiste développe de manière fantaisiste cette terminaison, coÍunedans les no 10 et 34; les copistes chrétiens paraissent d'ailleurs avoir assezvolontiers recours à ce genre d'artifice en dernière ligne d'une page,lorsqu'il s'y trouve une lettre dont la terminaison peut se prêter à ces jeuxgraphiques.

- Une relative diversité prévaut dans la fagon de tracer le nfrn final oules lettres dont la terminaison est analogue (sïnlíín,;adldAd). Une solutionconservatrice apparaït clairement dans le no 2 (Table I), oÈ la cassure -

I'angle - entre les deux éléments est clairement marquée ; faut-il rapprocherde cela les copies oÈ la courbe est modestement retenue (Table lI, n" 4,20 eÍ21) ? Dans les autres manuscrits, I'incurvation est à la fois plus développéeet plus contrastée : souvent, le nun est largement ouvert et le trait consiste enune succession de pleins et de déliés. On observera dans plusieurs manuscritsarabes chrétiens un nfrn sensiblement refermé.

- En dépit d'une apparente diversité,le hd ' présente une relative homo-généité dans la mesure oÈ le ductus fondamental est constant en position ini-tiale. La lettre est congue comme une boucle qui est amorcée par le som-met ; le qalam glisse en biais vers la droite, en bas, puis amorce une courbequi le ramène en contact avec le trait initial avant de s'orienter vers le bas àgauche pour se relier à la lettre suivanteT2. La variation tient principalementà I'emplacement des "yeux" de la lettre - superposés, décalés en oblique oucóte à cóte. En position médiale, le ductus est le plus souyent analogue ; onrencontre cependant une autre forme qui superpose de part et d'autre de laligne les deux boucles du fta' (Table l, no 12 et 26) et que I'on retrouve ex-ceptionnellement en tête de mot dans le no 23ll (Table 1)z:. Quant au papy-rus de Heidelberg, il est difficile de dire - en I'absence d'un examen direct -

7l Cf. AP, pl. X, col.4 [P. Mich. ó714; première moit ié du Ier s.] , col.8 [PER Inv. Ar.Pap. 1003; seconde moitié du Iers.l et col.9 [P. Berol. 7901 ; seconde moitié du ler s.]i QurraII, ll[Oriental Institute no 13755, 13756; 911709-710): Uirbet, n' 52 (126ï743-744) : SALP I, n" 2 [OrientalInstitute no 17624; vers 800 de N.E.l, 4 [PERF no 6ó5 ; première moitié du IIIe s.] et 6 lOriental Institute,no 17636; vers 150-175Í67-'19l\: SALP il, no 1, p. 3, l. 6 [Oriental Institute n" 17620; vers le milieudu IIelVIIe s.l. La tête dult', ainsi que celle du qff, se remarque également par une angulosiÉ soulignée.

72 Cf . SALP II, no 1, p. 2, l. 4; p. 3, l. 6 [Oriental Institute no 17620; vers le milieu duIIe/VIIe s.l. Sur des papyrus du IeÍlVIIe s., le ductus Íepose suÍ les mêmes principes, mais lepositionnement de la lettÍe est dilférent par rappon à la ligne de base : cf. AP , pl. X, col. I [PERF no 558 ;221643) et col.6 [PERF no 582; 65-86/685-705].

73 Cf. Qurra I, 1.6 lOriental Institute no 13757 ; 901709); il, 1.4,7 et 14 lOriental Instituteno13755;9l l7o9l; I I I , 1.7 et 17 [Oriental Inst i tute no13756;911709-710); N, l . 17 [OrientalInstitute no 13758 ; 901709 ?l; Uirbet, pap. no 20 (137 ou 89n54-755 ou 756-757); SALP l, no 6[Oriental Institute no 17636 ; ven 150-175Í67-791].

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360 FRANQOIS DÉROCHE

s'il obéit à la règle ou si le ductus est, en quelque sorte, inversé (Table I,no 2).

- Lam-alif : deux types principaux coexistent. Dans le premier, les deuxbranches de la lettre sont incurvées vers la gauche : l'écartement entre lesdeux branches et leur inclinaison varient sensiblement, y compris àI'intérieur d'un même manuscrit ; la base est - schématiquement - de formetriangulaire. L'autre type est reconnaissable au fait que les branchess'orientent à I'opposé I'une de I'autre (voir Table I, no 11 ; Table II, no 7);dans ce cas, la base est constituée d'une boucleTa.

Au terme de cette présentation des caractéristiques de I'ecriture des ma-nuscrits non-coraniques, plusieurs remarques peuvent être faites. La pre-mière conceme I'ancienneté des ductus : en analysant les formes utiliséesdans les manuscrits du IIIeAXe s., il nous a été possible, dans la majorité descas, de renvoyer à des antécódents datés - ou datables - de la seconde moitiédu Ier /VIIe s. et du IIe/VIIIe s. ; nos ductus s'enracinent donc dans unelongue pratique. D'un autre cÓté, une confrontation d'ensemble entre lesécritures des manuscrits non-coraniques et celles des Corans permet deconstater que les premières offrent entre elles une plus grande homogénéitéque les secondes : en dépit de légers flottements - dans le cas du 'ayn oudans celui du hd'-, oil retrouve globalement les mêmes tracés fondamen-taux. Le particularisme des manuscrits arabes chrétiens mérite toutefoisd'être signalé : si, la plupart du temps, la convergence est totale avec la pa-léographie des manuscrits musulmans, quelques exceptions attirentI'attention; la plus frappante est sans aucun doute constituée par le dal atxbranches parallèles (voir Table II, no 4, 8, 10, 20,2I et 31), mais on peutégalement signaler la prédilection plus grande pour un 1c-' dont la hampes'incurve en son extrémité sommitale (Table II, no 4, 8, 20, 21,31 et dansune certaine mesure 34), quelques {tm finaux pourvus d'une queue tombante(Table I[, no 8, 2l et3l; moins nettement les no 32 et34) ou encore des nilntrès incurvés. Comment comprendre cette specificité ? l,e plus simple, étantdonné le caractère très circonscrit de cet ensemble de manuscrits, serait d'yreconnaïtre la marque d'une école, d'une région ; mais peut-on totalementexclure qu'il ne faille rechercher I'explication de ces particularités gra-phiques dans les origines mêmes de l'écriture qu'employaient les copisteschrétiens75 ? Il est malheureusement impossible de dépasser le stade des in-terrogations tant que notre matériel demeurera aussi indigent en repères

74 Cf. Qurral, l. 12 lOriental lnstitute no 13757 ; 90fl09]; II, 1.8 [Oriental Instituten'13?55 i 9W09); III, 1.4 [Oriental Institute no 13756;911709-7l}]l; IV, 1.31 lOriental Instituteno 13758 : 90t709 ?l: Uirbet, 43 r ' (1271744-745): SALP II , no l , p. 3' l . 6 [Oriental Inst i tuteno 17620 : vers le milieu du JIe/VIIIe s.l.

75 N. ABBOTT (The rise of the North-Arabic script and its l1.ur'ànic development, Oriental Institutepubl., L, 1939, p. 20) décèle dans l'écriture des manuscrits arabes chrétiens la trace de I'influence deI'esrangelo ou du serto ; cette explication revient à considérer que cette influence s'est exercée sur l'écriturearabe pleinement constituee.

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIC/XE SIECLE 361

sffrs et que I'histoire des origines de l'écriture arabe ne sera pas davantageeclaircie.

Par delà les tracés considérés individuellement, il existe un accord, plusfondamental peut-être, et qui nous semble constituer au moins en partie uneréponse aux questions que I'on est en droit de se poser à propos de la repré-sentativité de notre échantillon. Cette écriture livresque repose en effet surce que I'on pourrait appeler une esthétique commune ; abstraction faite de cequi constitue en quelque sorte la touche spécifique à chaque copiste, on re-marque certaines constantes dans l'exécution des tracés. Le trait le plus évi-dent réside dans le contraste appuyé entre pleins et déliés : I'examen des alifsuffit à s'en convaincre. Si I'on écarte ceux du papyrus de Heidelberg(Table l, no 2) puisque le copiste ne semble pas recourir à cette technique,on pergoit clairement les oppositions entre les moments oÈ la main presse leqalam et ceux oÈ elle se fait à peine sentir; cette observation peut être éten-due à d'autres lettres. A I'occasion, le copiste exploite le ductus pour obtenirun effet analogue en tragant une boucle allongée verticale (lam, alif finaux)ou horizontale ('ayn initial). Cette fagon de faire nous semble liée à uneautre tendance, plus ou moins clairement présente : la sinuosité des hastes ;les alif en donnent les meilleurs exemples, mais on la retrouvera occasion-nellement pour le ldm oule yd'. L'angulosité accusée des ligatures, de la têtedesfa',qdf, ou du corps du mím, est un autre trait remarquable de la gra-phie de ce groupe, par delà les formes particulières que chaque copiste a pudonner à ses lettres.

La comparaison avec les manuscrits copiés en écriture abbasside an-cienne fait ressortir les orientations fort différentes de ces deux grandsgroupes paléographiques. Il ne fait cependant pas de doute que les copistesappartenaient, sinon au même milieu, du moins à des groupes relativementproches les uns des autres, conscients en tout cas de I'existence d'un art deI'ecriture tel qu'il était constitué au IIIeAXe s. ; malgré la commune apparte-nance des scribes à un milieu lettré, un contraste frappant se manifeste entreles ecritures abbassides anciennes d'une part oÈ, comme nous I'avons vu, rè-gnent la rectilinéarité et la constance dans l'épaisseur du trait, et les écritureslivresques de I'autre : nonobstant I'homogénéité comparativement moinsforte des premières, chaque groupe possède une réelle cohérence interneface à I'autre. Cette différence peut s'expliquer par des choix esthétiques ouencore idéologiques : le lien est à cette époque manifeste entre la copie duCoran et les ecritures abbassides anciennes, sans qu'il soit possible d'enrendre compte avec une complète certitude. Mais on ne peut exclure quecette différenciation soit fondée sur I'utilisation d'ustensiles spécifiques.Ainsi, selon qu'ils pratiquaient I'un ou I'autre style, les copistes avaient peut-être une manière différente de tailler leur calameT6 : le recours à des tech-

76 On sait, par les sources orientales, I'importance que donnent les calligraphes à la fagon de tailler le

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362 FRANQOIS DEROCHE

niques de taille bien déterminées avait déià été invoqué dans le passé, en

particulier pour expliquer le mot {,a2m77. un deuxième facteur, qui n'est pas

àxclusif de celui qu" nor6 venons d'énoncer, peut également avoir joué un

róle : les copistes àdoptaient peut-être des positions différentes pour écrire,

par exempl" d*r la fagon de tenir leur calame. Dans certains manuscrits en^""rit

rr" óbasside ancienne, on remarque que les traits verticaux - hastes ou

indentations - s'achèvent en un biseau concaveTs ; P.T. Daniels a relevé une

pu.iirufu.ité similaire dans l'écriture de Haggar bar Shema'yah, un scribe

àont I'activité se situe entre 437 et 402 avant N.E. : cette fagon de faire con-

duit P. T. Daniels à penser que le calame était tenu de telle manière que la

partie de I'instrum".tt oppoiee au scribe était inclinée vers le papyrus, à

I'inverse de ce qui se passe ordinairementTe'

Au cours du IIIe/IXe s., la reconnaissance des possibilités calligra-

phiques des écritures livresques se pefgoit très directement par leur intro-

àu"iion pour la copie du C-oran. A ce jour, seul un manuscrit coranique

daté- ms. Dublin, chester Beatty Library l4l7 (fig.17;so- nous foumit

une pÍeuve directe de cette évolution, mais il est peÍmis d'attribuer au

JIJeAXe s. finissant d'autres copies qui, tout en faisant appel à ces graphies,

demeurent fort conservatrices èn ce-qui conceme le support (le parchemin)

et le format(oblong)sr .Enl 'é tatactueldenosconnaissances, i lnesemblepas aventureux de considérer que la deuxième moitié du siècle a vu

i'apparition de ces graphies dans le domaine de la calligraphie coranique ;

nous avions precédémment suggéré de leur appliquer le 'om de Nouveau

Sryle dans là mesure oi, dans le cas bien précis de la calligraphie, il

s'ágissait véritablement d'une innovation par rapport à la pratique bien

étaÍUerr. On a pu voir en revanche qu'en ce qui concerne les manuscrits

non-coraniques, I'emploi de ces écritures remonte à une période antérieure

au IIIe/IXe s. Aussi àoit-on poser la question de I'appellation qu'il faut ré-

server à ces écritures ; une première possibilité serait de reprendre un des

calame.--- 71 Voir par ex. o. HouDAS ("Essai sur l'écriture maghrébine",?{oweaux mélanges orientaux'

paris, tbSO, p. S6i; ruir N. ABBoT-l adop6 une position moins tranchée (The rke of the North-Arabic

,-iii àiá ilri rrr:dnk deuebpmenr, orienàl Institute publications, L, chicago, 1939, p. 7-8).

78 Des terminaisons en biseau concave apparalssent clairement sur le ms Paris, Bibliothèque

Nation'ate, Arabe 349e (cf. F. DÉROCFIE, op cit' [voir n' 31]' pl' XV b)'

TgP.T.DANIEI-S, ' 'ecarugrapt 'rcapp,oa.hoAramaicpaleography. ' ,JI/ES' '43,|984:-HaggarbarSh"ra;yahi'hetd tthe reedl l" t p"rïó" weïould consider uPside do*n -,*:

:: 9: outside of the shaft

;;;; iËpóyd. ini. i, o"ooi"a from rhe concaviry of rhe ends of the strokes" (p. 6l).

80Noreno36: l 'é lémentdedata t ion ,unenoteenpeÍsandeía .ban292| j l in905,suggèreuneprovenance de Ia partie orientale du monde islamique'

8l On trouve dans ta.oU""tion A" h Bibiiothèque Nationale des fragments oblongs de W9h99-t1 99enous avons clasÉs dans r" gtá"p. NS ii if. oenOCrrg , op. ci1. lvoir n. 31], p' l4O-142 et pl' XXII b) ;

;;;À;p*d;ier se mainËeni'Juratlement, puisqle I'on cónnait un Coran de ce type copié sur parchemin

à Paterme en 3721982-983 trst-u"r, Bibliotheque Nuruosmaniye 23 ; un fragment à londres, N' D' Khalili

collection of Islamic art, QUR 2ól).**-ï;'ï. óEióóÉe-, "p. Lir. [voir n. 31], p. a5 ; Catalosue of the Nour collection' | (en

préparation).

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LES MANUSCRITS ARABES DU IIIEIXE SIECLE 363

noms qui nous ont été conservés par les sources orientales. Cette démarcheest cependant périlleuse, d'une part en raison de la possibilité d'une fautedans la transmission - G. Endress a récemment évoqué ce problème à pro-pos du md'ils3 - et de I'autre à cause de I'arbitraire inévitable qu'imposeI'absence de description ou d'illustration, surtout quand le paléographe doitfaire son choix parmi une variété relativement grande de dénominations audemeurant fort vaguesaa. Aussi préférons-nous adopter un nom qui, frt-il unpeu long, ne sera pas empreint d'ambiguïté : nous suggérons cellui d'écriturelivresque abbasside.

Le développement des écritures de ce type reste encore en partie obs-cur; en I'absence de témoignages précis, le IIe/VIIIe s. constitue une zoned'ombre : en effet, ainsi que le laissent voir nos manuscrits, l'écriture appa-raït constituee au IIIe/IXe s. alors qu'elle ne I'est sans doute pas encore auIer^y'Ile - du moins pas sous la version que nous avons présentée. Une chosecependant nous paraït établie : ces écritures livresques s'enracinent dans unepratique dont les papyrus de la seconde moitié O" "" lerTVIIe s. nous ont par-tiellement conservé I'image. Certes, il s'agit là de documents - lettres, requs,etc. - et non de manuscrits, ce qui peut impliquer que l'écriture n'y est pastoujours très soignée ; mais certains des tracés que nous avons décrits pourle JIIe/IXe s. y figurent bien. On peut supposer qu'à partir de ces formess'est opéré un travail d'élaboration qui se traduit, dans notre hypothèse, parI'introduction ou tout au moins par I'accentuation d'éléments comme lespleins et les déliés ; il n'est pas inconcevable que cette évolution ait été ac-compagnée (ou provoquee ?) par un changement technique affectant le ca-lame. Quelques documents nous invitent à aller plus loin et à placer au coursde cette même période I'amorce d'une recherche proprement calligra-phique ; nous possédons en effet quelques vestiges d'une écriture de chancel-lerie en usage au IIe/VIIIe s. et qui présente à la fois des affinités avecl'écriture livresque et de fortes analogies avec la version calligraphiquementla plus perfectionnee du Nouveau Style : NS I85. A. Grohmann I'avait bapti-seÊ Èalí186. Son appartenance à la même tradition graphique que l'écriturelivresque abbasside ou que celle des papyrus ne nous semble pas faire dedoute, bien que les rapports chronologiques et paléographiques de ces di-

83 G. ENDRESs (op. cit. [votr n. 38], p. 173, n.66) fait observer que l'édition du texte dt Fihristpar T. Taladdud (Téhéran, 1971), qui repose sur des manuscris plus anciens, donne al-mundóll là oÈl'édition Fliigel (,eipzig, l87l) proposait nz'il.

84 N. ABBoTr, "Arabic paleography", Á rs islarnica, S, 1941, p. 65-104.85 Voir une définition plus précise dans F. DÉROCI#4 op. cit. lvoir n. 3l], p.4546 et pl. XXI ;

cene graphie est, en ce qui conceme les tracés fondamentaux des lettres, en accord complet avec l'écriturelivresque abbasside, telle qu'elle vient d'être succinctement présentée. La différence tient dans un équilibredifférént enre pleins et déliés. On peut noter que, en règle générale, on retrouve pour les hastes larectilinéarité dei écritures abbassides anciennes, à l'exception du crochet sommital - qui regoit diverstraitements. En revanche, lorsque I'on sort de la venicalité ou, dans une moindre mesure, de l'horizontalitó,des traits plus fins interviennenL

86 A. GRoHMANN, op. cit. lvoir n. 31], p. XV-XXX'

Page 22: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

3& FRANCOTS DÉROCHE

verses graphies entre elles ne soient pas clairs ; d'un autre cóté, l'élaborationdu lalïl a pu être marquée par les écritures abbassides anciennes. En toutétat de cause, si cette reconstitution correspond à la réalité, on aurait là unenouvelle démonstration du róle des scribes des chancelleries dans l'évolutionde la calligraphie8T. Au IIIe/IXes., les traits paraissent stabilisés pourI'essentiel ; les listes de noms d'écritures qui nous ont été conservées reflè-tent sans doute I'existence d'une classification plus fine que celle qu'il nousest permis de proposer actuellement. Il est dès lors tentant d'essayer d'allerplus loin et d'isoler dans I'ensemble que nous avons défini des graphies par-ticulières. Mais, comme nous I'avons dit précédemment, cette démarchenous semble dangereuse à plus d'un titre : un nombre plus important de do-cuments devrait être dépouillé de manière à donner quelque consistance àces suMivisions ; d'un autre cóté, si I'on utilise les noms qui nous ont ététransmis sans attendre la constitution d'un corpus de manuscrits datés oÈ ap-paraissent ces écritures, l'absence de toute description laissera en définitive àl'arbitraire du paléographe le choix du nom à donner. Faute de mieux, nousnous contenterons donc pour le moment de suggérer de distinguer dans unpremier temps d'une part notre écriture livresque et de I'autre une versionplus apprêtée, N,S I ; cette demière, qui est utilisée principalement - maisnon exclusiyement - pour des copies du Coran, n'est pour le moment attes-tée dans cet emploi qu'à partir du IVe/Xes., bien que, cornme on I'a vu, onpuisse lui trouver un précurseur dans le {alïl du IIe/VIIIes.

Par bien des aspects, l'écriture livresque abbasside évoque les écrituresdu Maghreb : cette parenté a d'ailleurs été remarquée très tót puisque dès lesiècle demier, O. Houdas avait reconnu I'origine du magribí dans ce ductusqu'il qualifiait de coufíquett.Un demi-siècle plus tard, J. David-Weill parled"'écriture maghrébine ancienne" à propos du Óami'd'Ibn Wahbsr, tandisqu'4. Grohmann suggère le terme de "Protoma$rabI" pour des graphies despapyrus littérairesso. La vérité est bien dans cette direction, mais il seraitcependant erroné de réduire l'écriture livresque abbasside à ce seul róled'ancêtre. Il est vrai qu'elle est à I'origine du magribí, mais sa diffusion alargement dépassé le cadre de I'Egypte et de I'Afrique du Nord : sans doutedès le IIe/V[Ies., elle a été largement diffusée dans tout le monde musul-man, tant en Occident qu'en Orient oÈ elle a été employee par des copisteschrétiens et musulÍnans. Après avoir atteint son apogée au JIIeAXe s., son

87 L'influence des scribes des chancelleries islamiques sur la pratique calligraphique est biendémonnée ; à époque ancienne, les textes le suggèrent (voir par exemple le róle reconnu à des personnagescomme Isïáq b. Hammád al-Bagdád ou lbn Muqla). A tire de comparaison, on se ÍepoÍtera à l'étude parF. RICHARD d'un cas plus récent ('Divánï ou Ta'lÍq : un calligraphe au service de Mehmet II, SayyidiMuhammad MonSÍ', lzs manuscrits du Moyen-Orient [voir n. a], p. 89-93) ; des indications allant dans lemême sens peuvent êre glanées dans les notices biographiques des calligraphes otlomans.

88 O. HouDAS, lvoir n. 77j, p.65-112.89 J. DAVID WÊ:ILL, op. cÍ1. [voir n. 33], p. IV.90 A. GROHMANN, c.Í. de N. ABBOT'I , Studíes in Arabíc literary papyri I [voir n. 1], WZKM ,

58, 1962, p.244.

Page 23: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

LES MANUSCRITS ARABES DU IIIC/IXE SÈCIE 365

róle s'est progressivement réduit en Orient au seul domaine calligraphiqueet à la copie du Coran en particulier : si I'on s'en tient à son emploi pour le

texte lui-même, cette survie s'est prolongée jusqu'au Vtre/XIIIe 5.rt, mais lesutilisations omementales vont bien au-delà de cette date. Quelles raisons ontconduit à cet abandon ? La concuÍrence victorieuse de l'écriture cursive nepeut être sérieusement retenue dans la mesure oÈ l'érriture livresque abbas-side est une cursive au même titre que le nas[.|. On peut penser à un phéno-mène de mode, peut-être sous I'impulsion des chancelleries. I-e nom d'IbnMuqla vient alors à I'esprit puisque les histoires de la calligraphie attribuent

au vizir ou à son frère le mérite d'avoir introduit au cours du IVe/Xe s. le

système graphique appelé : al-f;att al-mansilb; mais le type d'écriture dont il

fut le promoteur reste pour nous un mystère - de même que Son rapport

avec lés ecritures antérieurement en usage. Quoi qu'il en soit, tandis que lapartie orientale du monde islamique devenait I'espace da n.asftí,I'Occident,demeuré à l'écart de cette évolution, voyait au cours du IVe/Xe s. Ia trans-

formation de l'écriture livresque abbasside en un style particulier qui devaitlui survivre longuement tout en maintenant vivants des ductus qui remontentau premier siecle de I'hégire.

91 On se reponera au coran de la Bibliothèque de Mashhad, no 84, copié en 62U7223: cf.

M. LINGS, The Qurànic art of calligraphy and illumination, londres, 1976' p.19 et pl' 21'

Page 24: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

366 FRANQOIS DÉROCHE

INDEX DES MANUSCRITS ET PAPYRUS

Berlin, StaatsbibliothekOr. fol. 379 354

Iz Caire, Ddr al-kutub3391040160 (n" 9)Aafil2lZ3 (no 23)Masàhif 188 (n" 16)Masàhif 387 (n" 14)Uqiil al-hqh 41 m (n' l1)Cote inconnue (n' 13)

C ambridge, Bibliothèque de l'U niversitéA d d . 1 1 . 1 1 6 ( n " 9 )

Damas, Bibliothequc al-TihiriyyaHad-r! 334 (n" 12)Non identifié

Dublin, Clrcster Beatry Libraryl4l7 (n'36)1421 (n" 38)300i3494(n 26)

Fès, B ibliothèque QarawiyyínSans cote (n" 15)

HeidelbergPSR Arab. 23 (n'2)

Istanbul, Bibliolhèque de BeyazttVelitiddin Ef .3139 (n' 28)

B ib lio t hè q ue N urua smaniy e23

Bibliothèque de Toplapr SaraytA 1 (n" 39)A 2EH 16 (n'38)EH29Y.745

Musée des arts turc et islamique457458556 (n'38)gE 4 (n" 9)$E4019 (n ' l )

n. 10352, n.9

348, 352, 356, 358, 359, 3&347347

346,357,358,360347

n . 9

346,359n. 10

349,362349-350,352

350348,357,359

347

345, 356, 359, 360, 36r

348,356

n. 81

350n . 5

349-350,352n . 5n . 5

n . 5n . 5

349-350,352346,352

345

Page 25: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

LES MANUSCRITS ARABES

$E 10229 (n'5)Inédirs (no 3 : ll ;22)

Kairouan, Bibliothèque de la Grande Mosquée212-l-1083 (n'Vt)214-I-1035 (n" 25)214-1-1058 (n" 19)217-1-858 (n" 30)218-1-1601 (n" 33)219-l-1288 (n" 18)Cote inconnue (n" 37)

lcyde, Bibliothcquede I'UniversitéOr. 298 (n" 6)

Londres, British LibraryOr.4950 (n' 10)

Nasser D. Kholili collection of Islamic artMs QUR 261Ms 361

DU IIIE/IXC SÈCLE

346345, 347, 348

348348,357

347349349J + t

349

346,352,356,357

346, 357, 358,359,360

367

Maihad, Bibliothèque Astan-i Quds84

Médíne, Bibliothèque'Árif HilunetTafs-r 9

M ont-Sinaï, M onastère Sainte-CatherineMe'imari parch. 1 (n" 8)Me'imari parch. 7 (n' 32)Meïmari parch. 16 (n" 4)Me'imari parch. 66 (n" 34)Sinaiticus arab. 72 (n' 29)Sinaiticus arab.73Sinaiticus arab. 151 (n'7)Sinaiticus arab. 154ms de 182

Paris, BibliothequeNatiornleArabe276Arabe 336Arabr-,349eArabe 358b (n" 40)ArabeZMTArabe 2859kab672513 (n" 35)Arabe 672516Arabe 6726

Riyad, Centre Roi FaySalSans cote (no 9)

Rome, BíbliothequcapostoliquevaticaneCod. Arab. 7l h" 2l\

n. 81351

n. 91

350

346,357, 359, 360349, 356, 357, 358, 360

346,358,359,360349,357,359,360

348n . 2 l

346,357,358, 360, n. 56354-355

n. l

n. 1n . 10n. 78

350354350

349, n.30354-355350-354

352, n.9

341-348, 3s6, 357 ,359, 360

Page 26: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

368 FRANqOIS DÉROCHE

Saint-Pétersbourg, Bibliothèque pubtiqueCore inconnue (no 27) 34g

S tr a sb our g, B ib I io t hèq ue N ati o nal e e t U niv er s i ta i r e4225(n"31) 349,357,360, n.30

Téhéran, Bibliothèque de I'Université2165 350.354

Non localisé(n'2.0) 347,356,359, 360, n. 30

CPR III I12no 35 n. 55. 57

CPR III II3p l .28b, no 140 n .52pl.29e,n'201 n. 51

Or. Inst.13755 n .67 ,70 , j t ,73 ,7413756 n. 52, 67 , 7 1,73, j413757 n. 52, 62, 65, 67, 6g,73, 74t3isg n.52, 53, 59, 62, 66,73, i4176t8 351. n.29t7620 n.49, 50, 51, 55, 57,60, 65, 69,71,72,7417624 n. 52, 60, 61,62,63, &,7117636 n .66 ,71 .73

P. Berol.79Ol n .1 l15002 n.50

P. Edfrt5A02 n. 60

P. $irbet20 n .55 , 57 , 62 ,67 ,7343f n.57,6j , 68.745 2 n . 6 7 , 6 g , j 1 , 7 3

P. Mich.6 7 1 4 n . 7 l

PER Inv. Ar. Pap.94 n .641003 n.50, 60, 7l

PERF559 n. 52, 5J, 62, 64, 69,72573 n .63582 n .60 ,62 ,726 6 5 n . 7 1

Page 27: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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##,#i}ittu^^sËiffil$i^T; w"

F ig . INo I : Istanbul, Musée des arts turc et islamique, $E 4019

F ig .2N'2 : Heidelberg, PSR Arab.23

Fig. 3N" 6 : Leyde, Bibliothèque de l'Université, Or.298

H,iU*rï .tai*:s,l is s {t ":''e'l- t l

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Page 28: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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F ig .4N" 9 : Istanbul, Musée des arts turc et islamique, $E 4

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,tÈ**.r[ ^*-,J^ JrIï f t Sv

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No I0 : Londres, British Library, Or.4950

9r,i9;1,#*4**4-' P-.ry"),!-r.-> i, -, - ( |*i,trí;^VJ,- Lt Í | ._at .ib,,' :l)L 4;fl /*, ̂ rí:b

?anrry"WNo 12 : Damas,rru,,",frJírÍ ̂ -Qhiriyya, hadï! 334

Page 29: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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-$* l í í . . . i jLt l l Ígr-*artcc

No I 4 : Le caire, fif "ï'n*ru, ma;altif 3 87

r t g 1=I 'à.1,r- 'áoid! -, t ILà,lí[ Ul r j i l L - t t Ê " l lË U _ t t . * I f . - l

_I .{ - t órafi {É{ &''n#.;i+HFí9 .8

N" I 6 : Le Caíre, Dar al-kutub, ma;ahif I 88

Page 30: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

F ig .9N" 20 : non localisé

Fíg. I0N" 2I : Vatican, Bibliotheque Apostolique, cod. Arab.Tl

Page 31: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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No 23 : r, Coirr,lÊr'"1'-O**, hadïr 2123

Fig. I2N" 26 : Dublin, Chester Beatty Library, 3494

Page 32: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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Fig. I3N" 27 : St Petersbourg, Bibliothèque publique, cote non identifíée

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No 28 : rstanbut, niwa,neljr!, jlaeyaztt,vetií)dd.in Ef.3r39

Page 33: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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-q;>>-r .-r -n i ;*t-"-i-l.Ls

No ii : parís, Bibtiothïirrr'Ít,,"*le, Arabe ó725t3

F ig . I 7N" 36 : Dublin,Chester Beatty Library, I417

Page 34: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

No .r8 .. rstanbut, u,u,,",ï!í;lÏ ropnop, sarayr, EH t 6

Fig. I9No 39 : Istanbul, Bibliothèque de Toplapt Sarayt, A. I .

Page 35: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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Fíg.20No 40 : Paris, Bibliothèque Nationale, Arabe 358b

Fig.21Berlin, Snarsbibliotlwk, Or.fol. 379 (ff 23-24)l

Paris, Bibliothèque Nationale, Arabe 2047

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cds,tr:tËËlFig.22

Mt Sinaï, Morwstère Ste Catherine, Arab. I541Paris, Bibliothèque Nationale, Arabe 672516

Page 36: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

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Page 38: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

REVT]ED E S

E,TUDES ISLAMIQUE,S

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LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER S.A.. PARIS

Page 39: LES MANUSCRITS ARABES DATÉS DU IIIe/IXe SIÈCLE

REVUE DES ÉTUDES ISLAMTQUESFondóe en 1927 pu Louis MASSIGNON

Dircctcur : Dominique SOURDELDirecreur adjoint : Janine SOURDEL-THOMINE

Sccrétaire de rédaction : Ludvik KALUScomité de ródaction : Michcl BARBor, Marianne BARRUCAND, Frangois oÉRocnE,

Anne-Marie EDDE, Hcinz HALM, George MAKDISI, Francis RICHARD,Michel TERRASSE, Jean-Claude VADET

REDAC-IION

Toutcs lcs communications relatives à ta ródaction doivent être adressóesau Sccrótariat de la Revue des Etudes Islamiques

7, rue Abel, 750i2 paris

ABONNEMENTET VENTE

LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAIJTI- GEUTHNER S.A12, ruc Vavin, 75006 paris

SOMMAIREARTTcLES pr uÉvorRes:

Jcan-Claude VADET, Les sages de raGrèce et I'isram. Les philosophes pré-aristotéricienschez al-Shalvartáni...............

Mokhtar NOUIOUAT, Le prohlème de la précellence dans les premiers temps de I'islamchez Le poète al-Sayyid al-llimyari

Luc-Willy DEHEUVELS, Tarvfiq .,Yawmiyyát ná'ib fi l-aryóJ

1- 128

129-180Tahani SABRI,

'traíté d'Avicenne sur le rlestin (al_qadnr). T'rad.ucrion et

comnlen la t re1 I I _20.í

IIakírn et le journal d'unjournal impo.ssible ;

205-231

IIERITAGFS E'r'LM?RUNIs :LTLTURELS AU MoyEN AGE : tsrÁM, ByzÁNCE lit occrDEN,t.(Colloque de Morigny, novembre 19<96) |IJg_32g

Mui:nne BARRUCAND' Í1.é-rilages et emprunls culrurels tiarus la minjature islmique du XIIIe au XVe siècleGerhud BóWERING, Sufi ilerrereutics in Merlíeval IslamRichard FRANK, Al-Ghazàtí',s {/se of Avicenm,s phil isophyHeinz HALM, Les Arabes et I'Mrítage byzantin en Afriquá au NordGeorge N{AKDISI, Ars Dictaminis ín Ciassical Ishm ànd th" Chrirtion Latin WestDominique souRDEL, Les ci.vil isations passées vues par .eu hisroriens musurmnsJanine SoURDEL-THOMINE, 'l

rarJitíctni d'emprut et'dévotions secorulaires darc l'islam du XIIe siècle

NOTES ET CHROMQUES:

Annc-Maric EDDE, Á propos du rivre de Louis pouzet "DamN au vrIeAIIIe sieclc :vie e[ structurcs rcligicuscs dans une mótropole islamique,,, Beyrouth, 19gg ................ 331-j42

Frangois DEROCHE, Les manu.scrits arabes d.atés du IIIellXe siècle 343_3g0Paulette GALAND-PERNET, Da désert-vie au clos consÍruit : espaces berbères 3gl_406Arlctte ROTH,I'arabe parlé au|'chad et au Soudan : quelques conrributions à sa

carac tér i sation 401 _420