Les maladies inflammatoires du système nerveux · Influx d’une réponse inflammatoire...

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Les maladies inflammatoires du système nerveux Dominique Paquette, DMV Dipl. ACVIM (Neurologie) Dans le cadre des Formations Royal Canin 8-9 Décembre 2015

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Les maladies inflammatoires du système nerveux

Dominique Paquette, DMV

Dipl. ACVIM (Neurologie)

Dans le cadre des Formations Royal Canin

8-9 Décembre 2015

Les maladies inflammatoires du système nerveux

Le système nerveux est comme n’importe quel organe: il peut être malade et peut aussi potentiellement récupérer

VITAMIN D

Inflammation=25% des affections du SNC

De l’inflammation à différents niveaux du système nerveux

Encéphalite: cerveau

Myélite: moelle épinière

Méningite: méninges

Névrite: nerfs

Myosite: muscles

Inflammation au SNC Accumulation de cellules inflammatoires au niveau de l’espace Virchow-Robin (espaces péri-vasculaires) autour des vaisseaux qui pénètrent le cerveau

Parenchyme→

Vaisseau→

Dure-mère→

Espace sous arachnoidien→

Pie-mère→

Espace Virchow-Robin→

Barrières… Le SNC est protégé du système sanguin par:

Barrière hémato-méningée (BBB): – Cellules endothéliales des micro-vaisseaux du SNC

– Jonctions serrées

– Transport actif de nutriments au SNC

Barrière hémato-LCR (BCSFB): cellules épithéliales des plexus choroidiens

– Jonctions serrées

– Fonction sécrétrice (LCR)

Barrières: BBB et BCSFB Lors de pathologie….

Les propriétés des barrière sont altérées

Perméabilité augmentée

Influx d’une réponse inflammatoire systémique au SNC

Formation d’œdème

Encéphalite

Définition: inflammation de l’encéphale (cerveau) Signes cliniques dépendent de la région atteinte

Thalamo-cortex

Tronc cérébral

Cervelet

Rôles de chaque région anatomique Thalamo-cortex:

– Intelligence, personnalité

– Initiation fonction motrice (lobe frontal)

– Aire visuelle (lobe occipital), auditive (lobe temporal), somatosensorielle (lobe pariétal)

– …

Lissencéphalie vs Gyrencéphalie

Espèces avec lissencéphalie Rats, souris

Lapin

Oiseaux

Rôles de chaque région anatomique Tronc cérébral:

– État d’éveil

– Équilibre

– Régulation respiration et rythme cardiaque

– Origine des nerfs crâniens

– …

Rôles de chaque région anatomique Cervelet

– Coordination

– Précision des mouvements

– Vision

– …

Encéphalite Signes cliniques associés:

Thalamo-cortex: – Crises épileptiformes

– Changement de comportement

– Tournis compulsif, déficits de menace, sensation nasale,…

Tronc cérébral: – Altération de l’état mental, ataxie, tête penchée, nystagmus

pathologique,…

Cervelet – Ataxie, tremblements d’intention, hypermétrie, déficit de

menace,…

Encéphalite Signes cliniques souvent multifocaux: donc plusieurs régions du système nerveux atteintes simultanément

Signes aigus, sub-aigus, progressifs…

Signalement: – Petites races (˂10kg), toy, terriers

– Jeune âge (6 mois-5ans)

– Femelle>Mâle

Encéphalite Diagnostic

Signes systémiques: PEU

Fièvre: NON

Hémato-biochimie: Souvent R.A.S.

IRM du cerveau: hyperintensités multifocales assymétriques en pondération T2, +/-rehaussement post-contraste

Encéphalite-Diagnostic IRM du cerveau:

Encéphalite-Diagnostic IRM du cerveau:

Encéphalite-Diagnostic Analyse du LCR: Pléocytose Type d’inflammation selon la lignée cellulaire

Normal 0-4cellules/uL

Pléocytose mononucléaire: Encéphalite auto-immunitaire

Encéphalite éosinophilique >10-20% éosinophiles

Encéphalite neutrophilique >50% neutrophiles

Augmentation des protéines Normal ˂25-35mg/dL

Protéinorachie

Dissociation albumino-cytologique

Encéphalite-Diagnostic Analyse du LCR Risques associés au prélèvement du LCR

Risques d’atteinte directe aux structures neurales

Risques d’herniation cérébral

Risques de détérioration de l’état clinique

Si signes d’augmentation de la PIC

Changements au niveau de la pression de perfusion cérébrale liés au prélèvement, à l’anesthésie, au manque d’auto-régulation

Encéphalite

Exemples de conditions spécifiques Encéphalite non infectieuse ou auto-immune:

– Encéphalite granulomateuse (MEG)

– Encéphalite nécrosante (NME, NLE)

Encéphalite éosinophilique

Cérébellite (aka white shaker syndrome)

Encéphalites infectieuses

Encéphalite granulomateuse 3 formes

Forme oculaire

Forme focale

Forme généralisée/disséminée**

Encéphalite granulomateuse CAUSES

Inconnue

Génétique?

Auto-immune** (hypersensibilité retardée)

Infectieuse: – Virale: borna, WNV,…

– Bactérienne (Bartonella)

– Mycoplasma

Multifactoriel

Autres

Encéphalite granulomateuse (MEG)

Inflammation granulomateuse avec infiltration péri-vasculaire

Races à risque: petites races (poodle, terriers,…)

Jeune âge: 3-5 ans

Signes cliniques: variables, souvent tronc cérébral (ex. vestibulaire,…)

Encéphalite granulomateuse (MEG)

Encéphalite granulomateuse (MEG)

Encéphalite granulomateuse Pronostic (Vet Rec 2013)

Réservé, traitement à long terme

Environ 60% des cas vont initialement répondre aux corticoides

Médiane de survie: 26 jours

Décès ˂72h: 1/3 cas

Tous les décès ˂52 jours Résultat bon à excellent: 12/17 survivants, soit 12/39 cas

Récidive: 65% des cas (médiane 210 jours)

Encéphalites non-infectieuses Pronostic Différence de survie

Focal vs Multifocal

Neurolocalisation: mieux avec thalamo-cortex

Facteur pronostic négatif: crises épileptiformes

Pronostic pas relié – à la sévérité des signes cliniques

– à la sévérité de la pléocytose

– à la sévérité des changements vus à l’IRM

Encéphalite nécrosante

Cause: idem, forme plus agressive de MEG ou 2 entités complètement différentes?

Races à risque: – Typiques: pug, yorkshire, maltais, chihuahua, – Atypiques: bulldog français, papillon, shih tzu, coton de Tulear,

brussel griffon

Jeune âge: ˂4ans

Diagnostic: lésions cavitaires à l’IRM, nécrose, liquéfaction

Pronostic: sombre, fatal…

Encéphalite nécrosante

NME: méningo-encéphalite nécrosante – Races: pug, maltais, chihuahua, shih tzu, boston terrier, pékinois,

papillon, poméranien

– Affecte: méninges, thalamo-cortex

– Signes cliniques: crises épileptiformes, tournis, dépression mentale,…

NLE: leuco-encéphalite nécrosante – Races: yorkshire, bulldog français

– Affecte: matière blanche principalement, tronc cérébral, cortex

– Signes cliniques: vestibulaire, dépression mentale,…

Encéphalites non-infectieuses Traitement

Prednisone à dose immuno-suppressive

Autres agents immuno-suppresseurs: – Réponse insuffisante

– Effets secondaires inacceptables

– Récidive

Encéphalites non-infectieuses Traitement- Médiane de survie

Corticostéroïdes: 28-357 jours

Cyclosporine: 240-930 jours

Lomustine: 287-335 jours

Cytarabine: 384-519 jours

Procarbazine: 425 jours

Mycophénolate: 118 jours

Leflunomide: 14 jours

Radiothérapie

Encéphalite éosinophilique

Causes: – idiopathique (auto-immune)** – infectieuse (fongique: Cryptococcus, protozoaire: Neospora,

Baylisascaris)

Races à risque: grandes races (golden retriever, rottweiler)

Âge moyen: 3.5 ans

Signes cliniques: progressifs, thalamo-cortex ou multifocal – Crises épileptiformes

– Ataxie

– Douleur

– Changement état mental

– Boiterie/faiblesse,…

Encéphalite éosinophilique

Diagnostic: – Hémato-biochimie: R.A.S., pas d’éosinophilie sanguine

– IRM du cerveau: IRM normal dans 50% des cas

Traitement: Prednisone

Pronostic: BON, 75% résolution des signes cliniques sous traitement (JVIM 2009)

Cérébellite (tremblements généralisés idiopathiques aka white shaker syndrome)

Cause: auto-immune

Races à risque: jeunes petits chiens

50% seulement sont blancs!

Signes cliniques: – tremblements généralisés constants

» Pire lorsqu’excité

» Mieux au repos

– +/- ataxie, tête penchée,…

Diagnostic: Analyse du LCR (pléocytose mononucléaire)

Cérébellite (tremblements généralisés idiopathiques aka white shaker syndrome)

Traitement: – Prednisone

– Relaxant musculaire

Pronostic: – BON

– Récurrence possible

Encéphalite infectieuse Diagnostic

Signes systémiques: PROBABLE Fièvre: PROBABLE Hémato-biochimie: Possible changements IRM du cerveau: hyperintensités multifocales assymétriques en pondération T2, +/-rehaussement post-contraste (IDEM, similaire) Analyse du LCR: Pléocytose

– mononucléaire (viral) – éosinophilique (fongique) – neutrophilique avec neutrophiles dégénérés (bactérien) – mixte

Encéphalites infectieuses-CHIEN CAUSES

Viral (distemper, rage, pseudorage, WNV)

Fongique (Cryptococcus, Aspergillus, Coccidioides, Blastomyces, Histoplasma) Protozoaire:

– Toxoplasma: muscle (myosite), SNC (encéphalomyélite), foie, poumon (pneumonie), yeux (uvéite, rétinite)

– Neospora: muscle (myosite), SNC (encéphalomyélite), polyradiculonévrite

Rickettsies (RMSF, Ehrlichia): vasculite: douleur cervicale, fièvre, douleur articulaire, thrombocytopénie

Parasitaire (Cuterebra-chat)

Bactérien (Strept, Staph, Borrelia, Bartonella,Leptospira,…)

Encéphalites infectieuses-CHAT

Causes: – PIF (péritonite infectieuse féline) forme sèche

– non lié à la PIF (FeLV, borna virus, autres)

Races à risque: chats de race

Antibiotiques pour le SNC

Qui passe la barrière hémato-méningée

Enrofloxacin Métronidazole TMS Chloramphenicol Doxycycline Clindamycine* Ampicilline haute dose* Céphalosporine 3e génération*

Myélite

Définition: inflammation de la moelle épinière Signes cliniques dépendent du segment spinal affecté

Ataxie

Parésie

Déficits de proprioception

+/- déficits de réflexes

+/- douleur

Myélite

Diagnostic Signes systémiques: PEU

Fièvre: NON

Hémato-biochimie: R.A.S.

IRM colonne: hyperintensités en pondération T2-WI, +/-rehaussement post contraste

Analyse du LCR: Pléocytose mononucléaire

Myélite

Exemples de conditions spécifiques Myélite non infectieuse ou auto-immune

Combo de méningo-encéphalo-myélite

Myélite

Traitement Prednisone à dose immuno-suppressive

+/-autres agents immuno-suppresseurs

Méningite

Définition: inflammation des méninges Signes cliniques (FORME TYPIQUE):

DOULEUR cervicale +/- thoraco-lombaire

SANS déficit neurologique

Méningite

Diagnostic Signes systémiques: OUI; léthargie, anorexie, fièvre,…

Analyses sanguines: Leucocytose neutrophilique,+/-VAG

IRM colonne: +/-normal ou rehaussement méningé

Analyse du LCR: Pléocytose neutrophilique, les neutrophiles sont matures et non dégénérés

Culture du LCR: Négative

Pléocytose neutrophilique

Méningite

Signes cliniques (FORME ATYPIQUE)

Rare

Forme chronique

Douleur + déficits neurologiques (parésie, ataxie)

Pléocytose mononucléaire

Pronostic moins bon

Méningite

Exemples de conditions spécifiques Méningite stérile* ou méningite répondant aux stéroïdes ou syndrome de méningite-artérite, méningite supppurative aseptique, beagle pain syndrome, SRMA Combo de méningo-encéphalite ou méningo-myélite non infectieuse ou auto-immune

Méningite stérile

Pathologie: Méningite et vasculite des artères méningées Cause: auto-immune Races à risque: Grandes races: bouvier bernois, boxer, labrador, Weimaraner, Beagle Âge: Jeune (6-18 mois) Traitement: Prednisone, +/-AZT, anti-douleur Pronostic:

– Excellent si traité tôt (20/20, JVIM 2009) – Récidive possible (bouvier)

Névrite

Définition: inflammation des nerfs Signes cliniques dépendent du nerf affecté

Atteinte neuro-musculaire (SNP): Faiblesse musculaire

Déficits de réflexes

PAS d’ataxie

Névrite

Diagnostic

Électrodiagnostic (étude de conduction nerveuse)

Biopsie de nerfs

Névrite

Exemples de conditions spécifiques

Polynévrite auto-immunitaire

Polyradiculonévrite (paralysie du Coonhound)

Névrite du nerf trijumeau (dropped jaw)

Névrite optique

Myosite

Définition: inflammation des muscles Signes cliniques dépendent des muscles affectés

Atteinte neuro-musculaire (SNP): Faiblesse musculaire

Réflexes normaux

+/-myalgie

PAS d’ataxie

Myosite

Diagnostic

Dosage de la CK

Électrodiagnostic (EMG)

Biopsie de muscles

Myosite

Exemples de conditions spécifiques

Polymyosite auto-immunitaire

Polymyosite infectieuse (Toxoplasma, Neospora, Leptospira, Rickettsia, Dirofilaria, Clostridia) Myosite des muscles masticateurs

Myosite des muscles masticateurs

Muscles impliqués

Muscles temporaux, masséter, ptérygoid, digastrique rostral

Muscles appendiculaires sont épargnés

Myosite des muscles masticateurs Signes cliniques (forme aigue)

Douleur à la mâchoire

Incapacité à ouvrir la bouche (trismus)

Enflure des muscles masticateurs (tête)

Hypersalivation

Atrophie musculaire (forme chronique)

Myosite des muscles masticateurs

Signalement Âge moyen: 3 ans

Grandes races: Berger allemand, Labrador, Golden retriever, Doberman, Cavalier King Charles

Myosite des muscles masticateurs

Diagnostic Dosage des anticorps pour les fibres 2M

Biopsie des muscle masticateurs

CK +/-augmenté

Cause Auto-immune

Myosite des muscles masticateurs

Traitement Prednisone

+/-AZT

Pronostic Bon si traité tôt

Les maladies inflammatoires du système nerveux sont:

Partout

Fréquentes

Potentiellement traitables

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