Les maisons de notre enfance

8
LES MAISONS DE NOTRE ENFANCE Les lieux qui nous ont faits Ewa Struzynska Érès | « Enfances & Psy » 2006/4 n o 33 | pages 8 à 14 ISSN 1286-5559 ISBN 2749206288 DOI 10.3917/ep.033.0008 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2006-4-page-8.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Érès. © Érès. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © Érès | Téléchargé le 16/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167) © Érès | Téléchargé le 16/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Transcript of Les maisons de notre enfance

Page 1: Les maisons de notre enfance

LES MAISONS DE NOTRE ENFANCE

Les lieux qui nous ont faits

Ewa Struzynska

Érès | « Enfances & Psy »

2006/4 no 33 | pages 8 à 14 ISSN 1286-5559ISBN 2749206288DOI 10.3917/ep.033.0008

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2006-4-page-8.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Érès.© Érès. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans leslimites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de lalicence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit del'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockagedans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 2: Les maisons de notre enfance

Ewa Struzynska est architecte.

Installée en libéral, elle est aussi

directrice du programme de

travail « Architecture et Enfant »

au Conseil international des

architectes français (CIAF),

membre de l’Union internationale

des architectes (UIA) et vice-

présidente de la commission

culture et actions éducatives à

l’UNSFA. Elle intervient en tant

qu’architecte dans les écoles,

pour la « Sensibilisation des

enfants à l’environnement bâti 1».

Ewa Struzynska

Les maisons de notre enfanceLes lieux qui nous ont faits

LA CONQUÊTE

DE L’ESPACE

La maison occupe une position unique à la fois dansl’histoire de l’architecture et dans l’histoire de chacun.

La maison, le domus, le foyer, c’est le lieu du repos,du sommeil, des repas, du séjour, du travail, des loisirs.

La maison est, pour chacun, le reflet de sa culture, desa philosophie de vie, de l’expression de sa foi, de lamanière de communiquer avec ses compatriotes et de seprotéger du climat et de ses ennemis.

C’est le lieu de transmission des valeurs familiales,symboliques, religieuses, culturelles.

C’est à la fois un domaine très privé et public.

Notre maison : c’est là où sont inscrits les rêveries, lessensations, mais aussi les scènes et les évènements quifont notre histoire. « On tient toujours du lieu dont onvient », disait Jean de La Fontaine. Adultes, nous cher-chons à déchiffrer le palimpseste de notre histoire, àressusciter notre mémoire, à réinterpréter nos souvenirs.La maison de notre enfance, de nos vacances, est peupléede lieux vivants : « La maison vécue n’est pas une boîteinerte. L’espace habité transcende l’espace géomé-trique 2. »

La maison peut libérer ou enfermer, exposer ou proté-ger, orienter ou perdre, relier ou isoler, ménager oumaltraiter.

Examinons ensemble, de plus près, les maisons dupassé, « les maisons où nous allons retrouver, en nos rêve-ries, l’intimité du passé… la forme qu’elle avait quand elleenfermait une chaleur première 3. »

8 33

1. Contact : [email protected]. G. Bachelard, Poétique de l’espace,1957.3. Ibid.

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 8

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 3: Les maisons de notre enfance

LIEU D’ATTACHE, LIEU D’ÉTERNITÉ

Je me rappelle la maison de ma grand-mère (mon grand-pèreétait presque rendu inexistant par l’omniprésence des femmesdirigeantes) : la cuisine était le royaume de toutes les décisions,de toutes les confidences, des odeurs alléchantes et des surprises.Cette cuisine m’attirait comme un aimant ; elle était un port d’at-tache, me tenait par une sorte de cordon ombilical donnant lapossibilité de toutes sortes d’évolutions d’autant plus libres,dehors, que je savais l’existence de ce lieu placentaire, lieu dubonheur qu’enfant on croit éternel.

Mais il y avait surtout le principal acteur de « ce sanctuaire dela volupté mais aussi atelier et forge » : ma grand-mère. « Avantde la connaître, j’avais comme sommeillé dans les ténèbres ; maiselle parut, me réveilla et me guida vers la lumière. Elle lia d’unfil continu tout ce qui m’entourait, en fit une broderie multicoloreet tout de suite devint mon amie à jamais, l’être le plus proche demon cœur, le plus compréhensible et le plus cher 4. » L’évolutiondes rythmes de travail, l’absence des ascendants au sein desfamilles font que, aujourd’hui, la cuisine devient une annexe, unehalte vitale laborieuse, dépouillée de son caractère familial,souvent un self-service.

LIEU ÉTAPE, LIEU COCON

« La maison est une étape. On s’y pose et repose pour enrepartir. Elle est aussi cette lumière qui sourit au loin, comme lephare ou l’amer signalent la terre, ou l’accotement prochain… Lamaison est une géographie intérieure greffée sur une topologiebien réelle sans laquelle il n’est rien 5. »

Avant de s’élancer vers l’extérieur, l’inconnu, l’étranger, ilfaut avoir maîtrisé, dompté, habité cet espace fonctionnel etaffectif : il faut se sentir protégé dans le périmètre de sa maison,rendre familiers les volumes, les murs, les recoins, les bruits,les odeurs. « Plus qu’un toit et des murs, plus que des portes quise ferment sur l’agressivité possible du dehors, c’était cela lamaison : un treillis d’odeurs et de bruits familiers, une qualitéde lumière propre à chaque pièce, toutes choses qui m’enrobaient douillettement, me garantissaient la protectiondont j’avais besoin. […] Quand notre père rentrait le soir, fati-gué, la salle à manger avait repris son aspect accueillant denourrice 6. »

« Une maison comme un petit cosmos ou un corps élargi, àmi-chemin des étoiles, et du berceau. Crécher… dans un dedansde pailles, d’astres et de brebis, à l’intime de Noël. Le premier

La maison : construction,logement où on habite.L’enfance : période de la viehumaine de la naissancejusqu’à la puberté.Le lieu : partie déterminéede l’espace.

9

Les maisons de notre enfance

4. M. Gorki, Enfance,1913.5. G. Lamarche-Vadel,1990.6. G. Prassinos, 1990.

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 9

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 4: Les maisons de notre enfance

luxe est là, dans le duvet du nid. Coquille, cocon. Habiter contrela peur, le vide 7. »

C’est de ce nid qu’on part.

LIEU PRIVÉ, LIEU PUBLIC

La maison, matière de l’intimité et de l’inachevé, imprime ennous les notions de limites entre privé et public, entre ce qu’onveut garder et ce qu’on veut montrer.

« Cette maison ne s’accorde à moi que si, à l’instar de monmoi corporel qui est aussi de même nature que toutes les autreschoses, elle est en rapport constant avec ce qui est autre, elle sedéploie parmi les autres maisons, elle est quelque chose pourelles 8. »

À dix ans, Marie Jaoul s’installe dans la maison que sesparents ont fait construire par Le Corbusier, ses petits camaradesd’école demandent à Marie : « Mais pourquoi tu habites dans uneusine, tes parents sont pauvres ? » « En réalité, je n’étais pas fièred’habiter là, disait Marie… Moi ce que j’aimais… c’étaient desmaisons cachées sous la glycine et la vigne vierge à l’abri au fondde jardins touffus plus ou moins abandonnés… ça oui, j’aimaisça. J’avais l’impression qu’il y avait des gens mystérieux quivivaient secrètement depuis des siècles. J’aurais voulu unemaison comme cela ; une petite maison campagnarde pleine detendresse. »

On voit, dans ce que relate Marie, que l’image que projetaitcette maison n’était pas conforme à son idéal de maison ni àl’image qu’elle souhaitait montrer à ses petits camarades d’école.Elle dit encore : « Dans la maison de Corbu, je ne pouvais pasvivre secrètement… Là, dans cette maison, on voyait tout…J’entendais tout. Il y a des cloisons de bois, ou de briques, maisj’entendais tout ce que faisaient mes parents parce que je n’étaisséparée d’eux que par un placard… J’entendais la chasse d’eaude la salle de bain de mes parents… Je détestais cette intimité…Chez moi, je n’avais pas de coins secrets. Une histoire d’amoury était inimaginable tant tout y était surveillé. Chacun vivaitconstamment sous le regard des autres dans cet espace où toutcommuniquait 9. »

D’autres lieux, plus prosaïquement, ne se visitent pas : la sallede bain est le lieu le plus secret : « On a honte d’ouvrir sa sallede bains si elle n’est pas immaculée, de laisser à voir le linge sale,les traces de l’intime, les humidités. » C’est « le lieu de la nudité,de l’envers qui n’est pas offert à n’importe quel regard 10 ».

La conquête de l’espace

7. P. Grainville, 1990.8. H. Gaudin, 1990.9. Interview de MarieJaoul sur la maison Jaoul,à Neuilly, publié dansArchitecture d’aujour-d’hui, septembre 1979.10. I . Ferré-Lemaire,1990.

10

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 10

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 5: Les maisons de notre enfance

Il y a aussi les recoins, les dessous des escaliers ou encore lesplacards qui, pour des enfants de familles nombreuses, sont desrefuges, des lieux de cachette, des havres de paix, des lieux d’in-timité où on peut feuilleter des livres interdits…

« Autour de certains souvenirs de notre être, nous avons lasécurité d’un coffret absolu 11. »

LIEU DE VIDE, LIEU DE PEUR, LIEU DE LA DÉCHIRURE

Pour prendre son envol, pour affronter l’autre, l’étranger, pourexplorer le monde, il reste à maîtriser ses peurs.

La maison peut également devenir étouffante, angois-sante parce qu’elle est trop fermée sur l’extérieur avec la peur del’ « autre suspecté », sécurisée, elle se transforme en citadelle.Que de maisons pleines de codes, d’alarmes, de vidéos desurveillance, voire de véritables cités sécuritaires, fleurissentaujourd’hui un peu partout ! Offriront-elles, ces maisons, uneouverture confiante sur l’extérieur, permettront-elles au visiteurvenu à l’improviste de rapporter, dans notre coquille, desnouvelles du « grand monde », ces histoires qui nous donnèrentenvie de sortir, de nous ouvrir ?

Parfois, l’espace est sourd et hermétique : « Une maisoncommuniquera d’autant plus des sensations de quiétude, dechaleur, de protection, que le vent s’engouffrera dans la cheminée,que les fenêtres mal jointes grinceront sous la pression des rafalesou que la pluie, par saccades, frappera les volets 12. » C’est ainsique « la maison qui aujourd’hui s’isole du bruit, du froid, du chaud,de l’air, des insectes, des voisins, de tout autre y compris deshommes, suspectés d’être tous des voleurs, est assurée de conser-ver plus sûrement silence, propreté, tiédeur, patrimoine, mais ausside connaître une solitude vide ; vide d’êtres et d’événement, deceux qui laissent des traces et font croire aux maisons hantées ».

Mon rapport avec la maison est aussi celui de l’image del’abandon : cette petite torture quotidienne quand mon père, dansl’entrée, selon un rituel immuable, cirait ses chaussures, signe deson départ imminent, laissant derrière lui la maison pleine de sonabsence, du silence et de la réprobation de ma mère. Elle ne trou-vait jamais que mon père rentrait à temps, ce faisant, exacerbaitencore plus mon sentiment d’abandon. D’ailleurs, les seulesimages que je garde de mon père, c’est quand il partait, jamaisquand il rentrait.

Et le petit Marcel Proust, qui en « demandait trop » à sa mèrequi sentait bien que cet enfant était trop sensible, trop dépendant.Un jour, il appelle sa mère qui ne vient pas. Le baiser maternel il

11. G. Bachelard, op. cit.12. G. Lamarche-Vadel,op. cit.

11

Les maisons de notre enfance

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 11

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 6: Les maisons de notre enfance

l’aura finalement, mais devenu adulte, il entend encore sespropres sanglots.

Dans la maison, maison silence, maison où je me sens aban-donné par les grands, livré aux créatures inanimées, auxfantômes, aux ancêtres, les armoires craquent, les voletsclaquent, les peurs irraisonnées s’installent, peur de la nuit, peurde la mort, peur de moi face au vide que l’on devine, face au pleinde l’histoire.

Nous allons voir la belle chambre de l’enfance ; làLa profondeur du silenceEst la voix des portraits obscurs.Ramassé sur ma couche la nuit,J’entendais comme au creux d’une armure,Dans le bruit de dégel derrière le mur,Battre le cœur.

C’est ainsi que le poète Milosz exprime « ses sentiments d’en-fant solitaire et presque orphelin ».

Il y a aussi la maison menace réelle, celle dans laquelle on estenfant en danger : « J’ai de plus en plus peur de mon père. Il lesait, il le sent », écrit Barbara dans un récit autobiographique 13,et plus loin : « Un soir, à Tarbes, mon univers bascule dans l’hor-reur. J’ai dix ans et demi. »

LIEU DE JEU, LIEU DE RÊVE

Qui n’a pas suivi des yeux les jeux de lumière filtrés par unrideau, un volet, une porte entrouverte, pour imaginer des spec-tacles merveilleux ? Qui n’a pas contemplé la courbe d’unemoulure au plafond, un dessin de tapisserie ou de tapis pourentreprendre des voyages ou s’en servir de décors, pour fairevivre des jouets dans des mises en scènes infinies ?

« Que de fois n’a-t-on pas rappelé que Léonard de Vinciconseillait aux peintres en déficit d’inspiration devant la nature,de regarder d’un œil rêveur les fissures d’un vieux mur ! 14 »

Et voici Michèle Manceaux, qui parle de ses cinq ans, de « ceslits pour deux personnes, immenses comme une prairie, mysté-rieux comme une église… J’adore surtout les deux oreillers, côteà côte, bien gonflés. On dirait les ailes d’un oiseau blanc, l’aiglede Nils Holgersson qui pourrait m’emporter au loin. Avec des litsde cette envergure, on pourrait atteindre l’Amérique… Litièresvolantes où l’on s’embarque depuis l’aéroport des plafonds… »Et encore : « Dans n’importe quel WC, c’est pareil, je suis attiréepar les plafonds rectangulaires où j’installe ma chambre imagi-

La conquête de l’espace

13. Il était un pianonoir…14. G. Bachelard, op. cit.

12

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 12

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 7: Les maisons de notre enfance

naire… Au début, j’hésite à placer tout le mobilier, mais très vitej’oublie les proportions, le plafond pourrait contenir un palais. »

Le jeune Marcel Proust ouvre un monde fantastique en décou-vrant qu’en coiffant sa lampe de la lanterne magique, il peut fairesurgir sur les murs, des mondes inouïs. « Et, à l’instar despremiers architectes et maîtres verriers de l’âge gothique, ellesubstituait à l’opacité des murs d’impalpables irisations, desurnaturelles apparitions multicolores, où les légendes étaientdépeintes comme un vitrail vacillant et momentané. »

Quant à Gide : « J’ai dénoncé cet enfantin besoin de monesprit de combler avec du mystère tout l’espace et le temps qui nem’étaient pas familiers ; ce qui se passait derrière mon dos mepréoccupait fort, et parfois même il me semblait que, si je meretournais assez vite, j’allais voir du je-ne-sais-quoi. »

La maison attache ce qui fuit.

Les lieux disent souvent plus que les faits. Tout récit esttravesti, tout souvenir est accommodé, peu importe l’exactitudedes faits, des dates ou même des personnages. L’objectif est dedégager les éléments qui font sens et permettent de lire sa proprehistoire.

Dis-moi quel enfant tu abrites, je te dirai qui tu es.

Bachelard nous prévient : « L’enfance ne quitte jamais sesgîtes nocturnes. En nous, un enfant veut parfois veiller dans notresommeil. » Soyons attentifs.

Et moi je dirai : « Dis-moi comment tu habites, je te dirai l’en-fant que tu étais. »

BIBLIOGRAPHIE

BACHELARD, G. 1957. Poétique de l’espace, Paris, PUF.BARBARA. 1998. Il était un piano noir…, Paris, Fayard.FERRÉ-LEMAIRE, I. 1990. « Entrez sans frapper », Autrement, sept.GAUDIN, H. 1990. « L’hospitalité a une forme », Autrement, sept.GIDE, A. 1954. Si le grain ne meurt, Paris, Gallimard, Folio.GORKI, M. 1913. Enfance, rééd. 1999, Paris, Gallimard, Folio.GRAINVILLE, P. 1990. « Luxe, horreur du vide », Autrement, sept.LAMARCHE-VADEL, G. 1990. « Entre les pierres du mur », Autrement, sept.MANCEAUX, M. 1990. « Plafonds », Autrement, sept.MILOSZ, O.V. de L. 1999. La berline arrêtée dans la nuit, Paris, Gallimard, coll.« Poésie »PRASSINOS, G. 1990. « Intérieur-femmes », Autrement, sept.PROUST, M. 1992. « Du côté de chez Swann », Paris, Hachette, Livre de Poche.

13

Les maisons de notre enfance

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 13

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

Page 8: Les maisons de notre enfance

La conquête de l’espace

14

Mots-clés :Architecture,maison,lieu, espace habité,enfance.

RÉSUMÉL’architecture est étroitement liée à la vie des hommes : lesmaisons qui nous ont abrités dans notre enfance ont joué un rôleessentiel dans les choix de notre vie, parfois même elles ont inflé-chi notre destin. Nous sommes attachés à leurs murs, auxpersonnes que nous y avons rencontrées car ces lieux parlent… denous.

Key words :Architecture,house,place,dwelling,childhood.

SUMMARYArchitecture is closely related to human life : houses where wehave lived during our childhood played a prominent role in thechoices we had to make during our lifetime ; sometimes, they eveninflected our destiny. We are linked to these walls and to thepeople we met in these places… because they keep talking aboutus.

00 Enf&Psy n°33 15/12/06 8:55 Page 14

© É

rès

| Tél

écha

rgé

le 1

6/06

/202

2 su

r w

ww

.cai

rn.in

fo (

IP: 6

5.21

.228

.167

)© É

rès | Téléchargé le 16/06/2022 sur w

ww

.cairn.info (IP: 65.21.228.167)