Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

102
Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe Formation Attac Bruxelles 1 présentée par Henri Houben 22 mars 2007

description

Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe. Formation Attac Bruxelles 1 présentée par Henri Houben 22 mars 2007. Introduction à l’économie. Plus de 3.000 groupes d’intérêt dans l’UE et 500 fédérations internationales. 15.000 personnes travaillent pour des lobbies à Bruxelles. - PowerPoint PPT Presentation

Transcript of Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Page 1: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies et think tanks

à l’assaut de l’EuropeFormation Attac Bruxelles 1

présentée par Henri Houben22 mars 2007

Page 2: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Introduction à l’économie

Plus de 3.000 groupes d’intérêt dans l’UE et 500 fédérations internationales.

15.000 personnes travaillent pour des lobbies à Bruxelles.

Plus de 70% pour les intérêts patronaux, 20% pour les ONG (syndicats, santé, environnement…) et 10% les Etats.

L’activité représente environ 90 millions d’euros.

Plus de 50 think tanks à Bruxelles.

Page 3: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 4: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 5: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Qu’est-ce qu’un lobby?

Lobby est un mot anglo-saxon, désignant les couloirs du Congrès.

Il est né en 1870, lorsqu’un incendie a ravagé la Maison Blanche.

Ceux qui attendaient réparations pourchassaient le président Grant et se trouvaient dans le « lobby » (hall) d’un hôtel voisin.

Lobby a la même racine étymologique que loge.

Donc idée d’un pouvoir assiégé de courtisans.

Page 6: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Qu’est-ce qu’un lobby?

Le lobbying, « c’est l’activité qui consiste à chercher à influencer les pouvoirs publics, c’est-à-dire l’administration, les élus locaux, les parlementaires, le gouvernement et les instances communautaires dans toutes leurs décisions, le plus en amont possible et par les moyens les plus divers, de l’entregent amical à la démonstration de force dans la rue ou aux polémiques dans les médias ».

Thierry Coste, Le vrai pouvoir d’un lobby, éditions Bourin, Paris, 2006, p.14-15.

Page 7: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Qu’est-ce qu’un lobby?

Notons:

• Il s’agit d’influer sur une décision.

• Cela pose la question de l’intérêt particulier par rapport à l’intérêt général.

• Il y a une relation de pouvoir: celui qui prend une décision que l’on influence. Mais cette relation s’inverse dans le lobbying.

• La question des moyens se pose. Tous les moyens sont-ils bons?

Page 8: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Qu’est-ce qu’un lobby?Tous les groupes de pression sont mis sur pied

d’égalité.Or, il y a des grosses différences:- de moyens: finance, effectifs…;- d’objectifs: intérêts particuliers ou intérêt

général (lobbying correspond à l’idée anglo-saxonne); avec la défense d’une minorité;

- culture du secret ou transparence;- convaincre en débat public ou mettre dans sa

poche le décideur;- similitude d’intérêts avec le pouvoir législatif

(d’où connivence) ou divergence.

Page 9: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Qu’est-ce qu’un lobby?

Distinction entre quatre groupes:

- les lobbies proprement dits, défendant des intérêts particuliers (surtout patronaux);

- les lobbies patronaux d’orientation, agissant sur les orientations de la politique;

- les think tanks, littéralement « boîte à idées »;

- les autres groupes de pression, souvent poussés par la défense d’intérêts généraux.

Les trois premiers concernent l’élite.

Page 10: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 11: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Le lobbying est d’abord influer sur les décisions concrètes.

Il est favorisé par le processus de décision des instances européennes:

- compliqué (deux ans pour une décision);

- opaque (peu transparent);

- secret (des organismes non publics);

- technique (privilégiant les experts).

Page 12: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Commission

DG

Parlementeuropéen

Conseil desministres

Coreper

Comités

Lobbies

→ Processus de décision

→ Jeux d’influence

Page 13: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Les avantages des lobbies:- on ne sait pas où ils interviennent

concrètement;- ils sont avantagés par le secret dans

l’élaboration des textes;- ils offrent une expertise;- ils connaissent les personnes influentes;- ils savent quand et où une décision sera

prise;- ils partagent les idées et les intérêts des

gens qu’ils influencent.

Page 14: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Cela est facilité par les faits suivants:- 60% des lobbyistes sont des juristes

comme les hauts fonctionnaires (collège de Bruges);

- les assistants parlementaires deviendront lobbyistes dans la plupart des cas;

- les commissaires entrent dans les conseils d’administration ou des think tanks;

- les lobbyistes ciblent les personnes influentes et les travaillent « au corps ».

Page 15: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

En 1996, on a relevé que seulement 3% des propositions législatives soumises par la Commission au Conseil des ministres et au parlement européen correspondaient à des initiatives spontanées des DG.

Soit 15 sur 507.Source: Bernard Lecherbonnier,

Les lobbies à l’assaut de l’Europe, éditions Albin Michel, Paris, 2007, p.38.

Page 16: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Face au problème, la Commission a lancé un livre vert, le 3 mai 2006 (suite à un débat inauguré officiellement en novembre 2005):

« Initiative européenne en matière de transparence ».

Qu’en ressort-il?

Page 17: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

D’abord, tous les groupes de pression sont présentés de façon identique:

- ONG,- cabinets d’avocat,- fédérations professionnelles,- groupes financés par des entreprises,- think tanks…Tous sont mis officiellement sur le même

pied.Dans la réalité, c’est très différent.

Page 18: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Le lobby est justifié:

« Le lobbying est une activité légitime dans le cadre d’un système démocratique…

Les lobbyistes peuvent contribuer à attirer l’attention des institutions européennes sur des questions importantes ».

Commission européenne, Initiative européenne en matière de transparence, Bruxelles, 3 mai 2006, p.5.

Page 19: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les activités de lobbying

Ce qui pose problème: la fraude et la corruption. Donc les « excès ».

Propositions?1. Renseignements sur le financement des

lobbies (contrôle externe).2. Accréditation obligatoire pour le parlement

(mais pas pour la Commission).3. Un code facultatif de déontologie rédigé par

les lobbyistes eux-mêmes.4. Un système de suivi et de sanctions si non-

respect.

Page 20: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 21: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Ce sont les organes relevant des milieux d’affaires et qui s’occupent d’influer non sur les décisions concrètes, mais sur les orientations (le plus en amont possible).

C’est l’ERT, l’UNICE (devenue Business Europe), l’AmCham, le TABD…

Ce sont les fédérations patronales (ACEA, CEFIC, ESF, Europabio…).

Une activité hyper-importante cachée sous le terme « lobbying ».

Page 22: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

1. L’ERT

2. L’UNICE

3. L’AmCham

4. Le TABD

Page 23: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

1. L’ERT

2. L’UNICE

3. L’AmCham

4. Le TABD

Page 24: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ERT ou Table ronde des industriels européens est née en avril 1983.

Elle est poussée par le vicomte Davignon, alors vice-président de la Commission et chargé de l’Industrie, et par François-Xavier Ortoli, commissaire aux Finances.

Il y a alors 17 patrons.

Aujourd’hui, ils sont environ 45.

Ils représentent les multinationales strictement européennes non financières.

Page 25: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

  Fait partie ERT 2007 A fait partie ERT N'a pas fait partie d'ERT

Aéronautique Rolls-Royce Airbus (EADS) BAe Systems

Agro-alimentaire Nestlé Danone  

  Unilever  

Automobile Fiat DaimlerChrysler BMW

  Renault Volkswagen Peugeot

Chimie Bayer Aventis BASF

  Solvay    

Electronique Philips Thomson Electrolux

  Siemens  

Energie EON Enel EDF

  Suez    

Ind. pharma. Roche Astrazeneca Glaxosmithkline

Pétrole BP Total Statoil  

  Royal Dutch/Shell    

Sidérurgie ThyssenKrupp Corus Arcelor

Télécoms (matériel) Nokia Ericsson Alcatel

Télécoms BT Deustsche Telekom France Télécom

  Telefonica Telecom Italia Belgacom

Transport British Airways Lufthansa Air France

Page 26: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Keith Richardson, secrétaire général de l’ERT (1988 -1998):« Ici réside l’opportunité et même la nécessité de

créer l’ERT. Celle-ci traiterait uniquement les grandes orientations politiques, celles qui sont d’une importance écrasante pour l’économie européenne entière. Elle surmonterait le problème de communications en ne réglant les affaires qu’à un niveau très élevé (…). En ce sens, il devient possible de reprendre les raisons pour lesquelles les membres ont rejoint et supporté l’ERT : parce qu’ils identifiaient les matières qui les intéressaient tous à un niveau européen ; ils y voyaient leurs intérêts communs  ». 

Keith Richardson, « Big Business and the European Agenda », Sussex European Institute, Working Papers, n°35, septembre 2000, p.13.

Page 27: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Il ajoute:« Durant la décennie, l’ERT a été invitée à rencontrer

cinq Premiers ministres français successifs et deux présidents. Mais la plupart des pays étaient assez ouverts, et les chefs de gouvernement qui présidaient l’Union européenne habituellement accessibles. Seuls les Britanniques étaient étrangement réticents. En dépit de plusieurs requêtes des membres britanniques (de l’ERT) et des lettres amicales insistant sur l’accord large qui existait sur les priorités politiques, les portes du 10 Downing Street ne se sont jamais ouvertes pour l’ERT  ». 

Keith Richardson, « Big Business and the European Agenda », Sussex European Institute, Working Papers, n°35, septembre 2000, p.19.

Page 28: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ERT a été déterminant pour:

- le grand marché intérieur;

- la monnaie unique;

- le traité de Maastricht et le pacte de convergence;

- le processus de Lisbonne.

Page 29: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

En 1984, Wisse Dekker, président de Philips, lance l’idée d’achèvement du marché intérieur.

Elle est reprise par Jacques Delors qui arrive à la présidence de la Commission début 1985.

Un livre blanc est rédigé par Lord Cockfield qui reprend tel quel les idées de Wisse Dekker… sauf la date butoir pour le marché: 1992 au lieu de 1990.

Cela débouche sur l’Acte unique de 1986.

Page 30: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Bino Olivi ex-porte-parole de la Commission:« Quelques jours avant le discours de Delors au

parlement européen, Wisse Dekker, président de Philips, prononçait le 11 janvier 1985 un discours important appelé « Europe 90 ». Même s’il ne le faisait pas à titre officiel, Dekker parlait au nom de la grande industrie (…). Le plan Dekker, très structuré, faisait preuve d’une abondance de détails. Le « programme 90 » préfigurait, en quelque sorte, le prochain livre blanc de la Commission, en mettant un accent particulier sur les secteurs qui présentaient un intérêt majeur pour l’industrie. Un marché commun « véritablement homogène » devait être réalisé dans les cinq ans…

Page 31: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

… Pour ce faire la Communauté devait reconnaître quatre priorités à savoir la libéralisation des échanges commerciaux, l’harmonisation fiscale, la standardisation des normes techniques européennes, et l’ouverture des marchés publics avec une attention particulière pour l’informatique. La proposition ne négligeait aucun aspect politique de l’initiative, tels que la nécessité d’introduire le vote à la majorité qualifiée et d’amorcer l’union monétaire ».

Bino Olivi, L’Europe difficile. Histoire politique de la Communauté européenne, éditions Seuil, Paris, 1998, p.343-344.

Page 32: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Cette longue citation montre que l’ERT obtient gain de cause:

- un grand marché intégré qui prélude une unification monétaire;

- une extension des votes à la majorité qualifiée;

- une échéance qui devient 1992;

- une libéralisation accrue tout azimut.

Cela devient l’Acte unique.

Page 33: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« La Communauté arrête les mesures destinées à établir progressivement le marché intérieur au cours d’une période expirant le 31 décembre 1992…

Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée selon les dispositions du présent traité ».

Acte unique européen, article 13.

Page 34: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

En 1987, l’ERT crée l’AUME:

Association pour l’Union monétaire européenne.

Le but: poursuivre le marché intégré par une monnaie commune.

Président: Davignon, devenu président de la SGB et membre de l’ERT.

Vice-président: Ortoli, devenu président de Total et membre de l’ERT.

Page 35: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

La création d’une monnaie qui deviendra l’euro nécessite un pacte de stabilité et convergence:

- marges étroites de fluctuation des monnaies;

- abaissement des taux d’intérêt vers les niveaux les plus bas;

- dette publique ramenée à 60% du PIB;

- déficit budgétaire ne dépassant pas 3% du PIB.

Ces mesures sont décidées dans le traité de Maastricht. Elles impliquent des coupes sombres dans les dépenses publiques.

Page 36: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Wisse Dekker ajoute:« Beaucoup de dirigeants de firmes européennes

s’accordent pour dire que, sans une union monétaire qui fonctionne avec un seul système bancaire et une seule devise, les gains économiques réels (du grand marché - ndlr) vont s’évaporer. Ces matières sont, toutefois, chargées de dangers politiques. La coordination des politiques économiques exige une structure monétaire centralisée, impliquant l’abandon d’une position de souveraineté nationale absolue au profit d’une structure fédérale ».

Wisse Dekker, « The American Responses to Europe 1992 », European Affairs, n°2, 1989, p.106.

Page 37: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ERT en septembre 1991:

« là réside le paradoxe de l’Europe, géant économique mais nain politique. L’absence de procédures, d’institutions et de principes directeurs lui a ôté toute efficacité. L’Europe avait des intérêts en jeu dans le Golfe, et des idées sur ce qu’il convenait de faire. Il suffit de voir la rapidité de riposte de la Communauté sur des aspects strictement économiques, comme les sanctions commerciales. Mais lorsque la question du recours à la force s’est posée, l’Europe ne disposait ni des mécanismes décisionnels, ni des moyens qui lui auraient permis d’intervenir…

Page 38: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

…C’est une illusion de croire qu’une telle inefficacité politique n’est pas préjudiciable à nos autres réalisations. Il est aujourd’hui anachronique de prétendre que la Communauté peut régler les questions économiques de façon satisfaisante tout en laissant à d’autres la gestion de sa politique étrangère. Les industriels n’ont certainement pas vocation à tirer des plans dans ce domaine, mais ils sont tout à fait habilités à souligner les besoins et à attirer l’attention sur les dangers ».

ERT, Remodeler l’Europe, Bruxelles, septembre 1991, p.58.

Page 39: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Le traité de Maastricht inaugure l’Union européenne, fondée sur trois piliers:

- la communauté économique européenne, déjà existante;

- la politique étrangère et de sécurité commune (PESC);

- la coopération dans les domaines de justice et affaires intérieures (JAI).

Page 40: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ERT convainc Delors de se braquer sur la compétitivité et d’utiliser l’emploi comme argument idéologique pour imposer ce thème.

Cela donne en 1993 le livre blanc sur la croissance, la compétitivté et l’emploi.

L’inspiration: Vaincre la crise, publié quelques temps auparavant par l’ERT.

Page 41: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ERT écrit dès 1991 :

« Les industriels considèrent le chômage comme l’un des pires fléaux de notre société, préjudiciable aussi bien à l’individu et à sa famille qu’à la collectivité et à l’économie ; ils estiment que sa résorption doit être un objectif majeur de la société moderne  »

ERT, Remodeler l’Europe, Bruxelles, septembre 1991, p.25.

Page 42: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« L’Europe est devenue une économie à coûts élevés et à croissance faible qui s’adapte trop lentement et, de ce fait, perd son avantage concurrentiel au profit d’autres régions du monde plus dynamiques. Le résultat est un nombre trop élevé de sans-emploi. (…) Les coûts de main-d’œuvre sont la cause première du recul de la compétitivité et de la montée du chômage. Il y a du travail, mais pas à n’importe quel prix. Il faut réduire l’écart entre ce que paie l’employeur et ce qui reste au travailleur après déduction des impôts et des cotisations sociales ».

ERT, Vaincre la crise. Charte pour l’avenir industriel de l’Europe, décembre 1993, p.5.

Page 43: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ERT suggère à Delors la création d’un groupe traitant de la compétitivité.

Ce sera le groupe consultatif sur la compétitivité, adopté lors du sommet de décembre 1994.

Il est créé en 1995 pour deux ans et renouvelé en 1997.

Il remet deux rapports par an juste avant le sommet européen.

Page 44: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Composition du GCC

GCC 95-96 GCC 97-99ERT 4 2Industriels 3 5Universitaires 2 1Politiques 3 2Syndicalistes 4 3Total 16 13

Page 45: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Keith Richardson : « Le groupe a été mis sur pied, dirigé par le futur

président italien Carlo Ciampi, avec une forte présence des membres de l’ERT. Et personne ne pourrait remettre en question que la notion de compétitivité européenne sur laquelle Delors et l’ERT ont tous deux insisté tellement est devenue depuis lors un point de référence pour les dirigeants de l’Union européenne ». Keith Richardson, Big Business

and the European Agenda, Sussex European Institute, Working Papers, n°35, septembre 2000, p.20.

Page 46: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Il ajoute sur la participation des dirigeants syndicaux:

« le fait qu’ils aient signé les rapports du CAG (le groupe consultatif sur la compétitivité - ndlr) donne (aux rapports) un supplément de poids ».

Observatoire de l’Europe industrielle, Europe Inc. Liaisons dangereuses

entre institutions et milieux d’affaires européens, Agone éditeur, Marseille, 2000, p.60.

Page 47: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« LE GCC considère que le rôle de l’Etat, que ce soit au niveau européen ou national, devrait être de veiller à ce que l’environnement et les infrastructures soient propices à la création et à l’essor des petites entreprises ».

Premier rapport

« Ce qui importe le plus, ce n’est pas tant que la propriété - et la gestion - des services publics soit transférée du public au privé, que le fait d’ouvrir ces services à la concurrence et de les libérer au maximum ».

Second rapport

Page 48: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« Les partenaires sociaux devraient agir de concert afin de faciliter le recours à des emplois à temps partiel... »

Troisième rapport

« Le GCC considère qu’il n’est pas, pour les pays de l’Union européenne, de priorité plus élevée que la création d’emplois et la réduction du chômage. Il est convaincu que la seule voie qui permette d’atteindre effectivement et durablement cet objectif est celle de la compétitivité ».

Cinquième rapport

Page 49: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« Ce sont les marchés boursiers qui, par leur dynamisme, amorcent la création d’emplois, en alimentant l’expansion et soutenant la croissance des économies. »

Huitième rapport

« La réforme des systèmes de protection sociale doit mettre l’accent sur la nécessité de limiter les effets restrictifs sur l’offre de main-d’oeuvre que produisent certains mécanismes de protection sociale, et sur celle de stimuler la demande de travail par une baisse des coûts du travail autres que salariaux. »

Huitième rapport

Page 50: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Les avis du GCC inspire la politique de l’emploi mise en place au niveau européen.

Ils déterminent les décisions prises au sommet de mars 2000, celles qui seront appelées processus de Lisbonne.

Celui est braqué sur la compétitivité avec un indicateur central: le taux d’emploi.

Page 51: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« L'Union s'est aujourd'hui fixé un nouvel objectif stratégique pour la décennie à venir : devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale ».

Conseil européen, « Conclusions de la présidence », Lisbonne, 23 et 24

mars 2000, point 5.

Page 52: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Quelles sont les propositions pratiques?

• 1. abaisser les coûts salariaux ;

• 2. davantage d’emplois flexibles ;

• 3. relèvement de l’âge de la pension ;

• 4. politique d’activation des chômeurs ;

• 5. libéralisation des services ;

• 6. développement de pensions privées ;

• 7. marchandisation de l’enseignement.

Page 53: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Keith Richardson en conclut:

« Le Conseil européen de Lisbonne de mars 2000 a représenté un point crucial de ce processus, avec ce « nouvel objectif stratégique » pour l’Union européenne durant la prochaine décennie « de devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Lisbonne a tracé le lien direct entre la globalisation et la création d’emplois à travers la poursuite de la compétitivité aussi clairement que l’ERT l’a fait (…) dans tant de rapports publiés au cours de cette décennie...

Page 54: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

« ... La longue liste de points précis de politique décidés à Lisbonne a reflété les priorités habituelles de l’ERT complètement, de l’établissement de points de repères pour l’évaluation des performances à l’apprentissage la vie durant ».

Keith Richardson, “ Big Business and the European Agenda ”, Sussex

European Institute, Working Papers,

n°35, septembre 2000, p.25.

Page 55: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Daniel Janssen, président de Solvay et membre de l’ERT :

« Depuis les tout débuts, l’ERT a soutenu les dirigeants de l’Union européenne dans leurs efforts à promouvoir la croissance et l’emploi en rendant l’Europe un endroit attractif pour faire des affaires. C’est pourquoi l’ERT a accueilli très favorablement l’agenda de Lisbonne, qui établit les conditions cadres pour construire la compétitivité robuste de l’Union européenne dans une économie globale ».

ERT, Lettre à Bertie Ahern, dirigeant le Conseil européen, Bruxelles, 17 février 2004.

Page 56: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Conclusion: Jacques Santer, président de la Commission de 1995 à 1999, déclare en avril 1998 au 15ème anniversaire de l’ERT :

L’ERT « a sans aucun doute joué un rôle majeur dans le développement de l’Union européenne. (...) Ses messages sont importants. L’ERT a quelque chose à dire. Les hommes politiques européens le reconnaissent. Et écoutent. »

Keith Richardson, « Big Business and the European Agenda », Sussex European

Institute, Working Papers, n°35, septembre 2000, p. 24.

Page 57: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

1. L’ERT

2. L’UNICE

3. L’AmCham

4. Le TABD

Page 58: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Créée en 1958, l’UNICE est l’Union des Confédérations de l’Industrie et des Employeurs d’Europe.

Elle regroupe 39 fédérations patronales de 33 pays européens.

Elle se présente comme la voie du monde des affaires en Europe, soit 20 millions d’entreprises.

Le 23 janvier 2007, elle a changé son nom en Business Europe.

Page 59: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Au départ, les fédérations nationales ne croient pas à l’Europe. Elles privilégient l’influence sur les gouvernements.

C’est en 1987 que la stratégie change.

Avec l’Acte unique, avec l’apparition de l’ERT.

Il y a un partage de rôle entre l’UNICE et l’ERT:

- l’ERT s’occupe des orientations;

- l’UNICE influe sur les décisions concrètes.

Page 60: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

En 1997, apparition de la stratégie européenne pour l’emploi.

Nouveau changement: l’UNICE intervient aussi sur les orientations.

L’UNICE appuie l’ERT et l’AmCham.

Elle crée en 2000 l’European Business Summit (EBS).

Elle impulse la création de l’European Service Forum (ESF).

Page 61: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’EBS se veut être le Davos européen:

Regrouper les personnalités les plus influentes du continent.

Il s’agit surtout d’une rencontre entre les multinationales, les responsables européens et ceux des Etats.

Il se tient un week-end, tous les deux ans (2000, 2002, 2004, 2006), juste avant le sommet de printemps qui réévalue le processus de Lisbonne.

Page 62: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

En 2007, l’EBS passe sur un mode annuel.

Les 15-16 mars 2007, il se réunit pour célébrer le 50ème anniversaire du traité de Rome.

Cela se déroule sur le patronage de José Manuel Barroso, président de la Commission (et aussi de Verhofstadt).

Il y a toujours un représentant syndical: Emilio Gabaglio, puis John Monks, cette année Reiner Hoffmann (tous CES).

Page 63: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

En 2007, sont présents (comme orateurs):- José Manuel Barroso,- Günter Verheugen, vice-président Commission,- Peter Mandelson, commissaire Commerce,- Vladimir Spidla, commissaire Emploi,- Jan Figel, commissaire Education,- Leonard Orban, commissaire Multilinguisme,- Andris Piebalgs, commissaire Energie,- Janez Potocnik, commissaire Recherche,- Guy Verhofstadt,- Maria Joao Rodrigues, conseillère Barroso.

Page 64: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’ESF est fondé en septembre 1998 à l’initiative d’Andrew Buxton, président de Barclays Bank.

Avec l’appui de l’UNICE.Objectif: le GATS (accord général sur le

commerce des services).L’ESF regroupe 36 fédérations européennes

de commerce et 50 firmes internationales.Les orientations de la Commission en la

matière sont élaborées avec l’ESF: ouverture des marchés étrangers.

Page 65: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

1. L’ERT

2. L’UNICE

3. L’AmCham

4. Le TABD

Page 66: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’AmCham naît en 1948 comme chambre de commerce en Belgique.

En 1979, Vredeling, commissaire européen, veut imposer un système de cogestion à l’allemande pour toutes les firmes européennes.

Le projet sera bloqué.

Mais panique dans les entreprises.

La chambre américaine en Belgique constitue un comité européen pour traiter des questions européennes.

Page 67: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

L’AmCham (EU Committee) rassemble plus de 135 firmes américaines.

Elle collabore activement avec l’UNICE et l’ERT pour faire passer le point de vue patronal:

- création d’un grand marché intégré;- soutien au processus de Lisbonne; donc

flexibilité des salariés et baisse des coûts salariaux;

- moins de réglementation; baisse des taxes sur les firmes…

Page 68: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

John Russell, ex-responsable de l’AmCham:

« L’approche chorale » (UNICE – ERT - AmCham) renforce et améliore les positions de chacun.

« Normalement, il est plus efficace de ne pas tout dire ensemble mais plutôt de faire dire plus ou moins la même chose par différentes personnes aux institutions ».

Observatoire de l’Europe industrielle, Europe Inc., éditions Agone, Marseille, 2000, p.74.

Page 69: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Maja Wessels (AmCham EU Committee):

« Nous avons toujours été de fervents défenseurs du marché intérieur. Et aussi de l’élargissement. De ce fait nous avons toujours travaillé dans la même direction que la Commission, au projet d’une Europe plus forte, plus large, plus intégrée ».

Florence Autret, L’Amérique à Bruxelles, éditions Seuil,

Paris, 2007, p.19-20.

Page 70: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Elle ajoute:

« Nous sommes les vraies entreprises européennes. Les entreprises européennes ont généralement un lien étroit avec un pays en particulier. Tandis que nous avons une approche plus paneuropéenne, en tant que société américaine ».

Florence Autret, L’Amérique à Bruxelles, éditions Seuil,

Paris, 2007, p.16.

Page 71: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

1. L’ERT

2. L’UNICE

3. L’AmCham

4. Le TABD

Page 72: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

En 1995, le Département américain du Commerce lance l’idée d’un nouveau projet transatlantique: un grand marché libre.

Il reçoit l’appui de la DG Commerce.

On doit fonder des organismes transatlantiques dans tous les domaines: économique, social, écologique…

Le Transatlantic Business Dialogue (TABD) est créé. Mais les autres groupes non.

Et le projet est mis sous l’éteignoir.

Page 73: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Le TABD regroupe les patrons d’une centaine de firmes d’Europe et d’Amérique.

Il y a deux présidents pour un an (maintenant deux ans).

Il s’occupe des négociations de l’OMC.Ses activités?- un rapport annuel de recommandations pour

les négociations commerciales;- une conférence annuelle avec les responsables

du Commerce;- du lobbying actif.

Page 74: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Ses recommandations principales:

- Reprendre les négociations dans le cadre du processus de Doha (Qatar en 2003);

- Défendre la propriété intellectuelle;

- Parvenir au GATS;

- Réaliser un accord entre Etats-Unis et Union européenne sur l’agriculture;

- Ouvrir les marchés des pays émergents.

Page 75: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les lobbies patronaux d’orientation

Avec succès.Jérôme Monod, président du TABD en 1999 et

de Suez-Lyonnaise des Eaux, affirme que:90% de toutes les propositions faites par le

TABD sont reprises par les administrations respectives (Etats-Unis et Union Européenne).

Source: Corporate Europe Observatory - Observatoire de l’Europe industrielle, « Transatlantic Business Dialogue. Putting the Business Horse Before the Government Cart », 25 octobre 1999.

Page 76: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 77: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Le développement européen des think tanks démarre vraiment avec le Philip Morris Institute for Public Policy Research (PMI), dans la seconde moitié des années 90.

Philip Morris est pénalisée par les campagnes anti-tabac.

Elle ne peut faire du lobbying classique.

Elle se lance dans les grands débats: marché intérieur, élargissement, réforme institutionnelle…

Dirigée par Gilles Merrit, elle publie de 1993 à 2001 des notes de Michel Rocard, de Lord Cockfield…

Page 78: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Le PMI montre l’intérêt du think tank pour les multinationales:

exercer un lobbying détourné, nouer des contacts avec les responsables, débattre des orientations en amont, en

l’absence de l’opinion publique, acquérir une réputation de crédibilité dans

l’expertise et de foi dans la construction européenne.

Page 79: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Quelques think tanks:

Notre Europe, créé en 1996 par Jacques Delors.

Président d’honneur: Pascal Lamy.

Président: Tommaso Padoa-Schioppa, membre du Directoire de la BCE.

Membres: Elisabeth Guigou, Karel Van Miert, Maria Joao Rodrigues, Riccardo Perissich (adm. Telecom Italia), Philippe de Schouteete…

Objet: étude, recherche et formation sur l’Europe, passé, civilisation et perspectives d’avenir.

Page 80: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

CEPS: Centre for European Policy Studies

Président: Onno Ruding, ex-vice-président Citibank.

Membres: Etienne Davignon, Philippe de Schouteete, Lord Simon of Highbury (ex-président BP, ex-ERT, ex-GCC)

Objet: institut de recherche indépendant créé en 1983 pour produire des études constructives pour faire face aux défis de l’Europe.

Page 81: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanksEPC: European Policy Centre, créé en 1997 par

Stanley CrossickPrésident: Peter Sutherland, ex-commissaire,

président BP et vice-président ERT.Directoire: Carl Bildt (ex-Premier Suède), Peter

Praet, Maria Joao Rodrigues.Conseil: Karel Van Miert, Antonio Vittorino,

Antony Burgmans (Unilever et ERT), Philippe de Schouteete, Erkki Liikanen, Tommaso Padoa-Schioppa, Maja Wessels, John Monks.

Membres: 88 multinationales, 84 fédérations patronales, 102 ambassades, 40 ONG.

Page 82: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

EPC très influent sur les questions politiques.

Il a un journal en ligne: The Challenge Europe.

Il organise fréquemment des débats avec des responsables politiques européens ou américains.

Il a créé un groupe sur l’après-Lisbonne, présidé par Maria Joao Rodrigues.

En font partie: Howard Chase (BP Europe), Hanns Glatz (DaimlerChrysler), Henk Mannekens (BT), Marie-Thérèse Huppertz (Microsoft), Eric Vaes (InBev) et John Monks.

Page 83: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Friends of Europe, créé en 1999.Président: Etienne Davignon.Praesidium: Pascal Lamy, Pat Cox, Jean-Luc

Dehaene, Antonio Vittorino, Daniel Janssen.Membres: l’establishment européen: Giulano

Amato, Carl Bildt, Paolo Cecchini, Philippe de Schouteete, Yves-Thibault de Silguy, Elisabeth Guigou, Wim Kok, Erkki Liikanen, Peter Mandelson, Mario Monti, Riccardo Perissich, Keith Richardson, Michel Rocard, Javier Solana, Karel Van Miert…et John Monks.

Secrétaire général: Giles Merritt.

Page 84: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Bruegel: Brussels European and Global Economic Laboratory, fondé en 2004.

Création conjointe de 15 pays européens et 28 multinationales.

Président: Mario Monti (Goldman-Sachs).

Directoire: Caio Koch-Weser (Deutsche Bank), Peter Praet, Laura D’Andrea Tyson.

Page 85: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

On peut établir un classement des 19 personnes les plus influentes, celles qui se retrouvent dans le plus de groupes.

Il y a les organismes internationaux (Int.): Institut Aspen, groupe de Bilderberg, Trilatérale et World Economic Forum (WEF) qui organise Davos chaque année.

Il y a les think tanks (EPC, Friends of Europe, Notre Europe, ERT et CER - voir plus loin).

Il y a les participations à des instances européennes.

Il y a l’activité privée actuelle.

Page 86: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Int. EPC Friends Not Eur ERT CER Europe Firme

Davignon Etienne x x x ex-com. Suez

de Palacio Loyola x x ex-com. BNP

de Schoutheete P x x x ex-COREPER

de Silguy Y-Tt x ex-com. Suez

FitzGerald Niall x x GHN Reuters

Janssen Daniel x x x Solvay

Kok Wim x GHN Plusieurs

Lamy Pascal x x x x ex-com. OMC

Liikanen Erkki x ex-com. Bq Fin.

Mandelson Peter x com.

Monti Mario x x ex-com. GS

Ollila Jorma x x GCC 95-96 Nokia

Padoa-Schioppa T x x x BCE

Perissich Riccardo x x x ex DG Ind. Tel. It.

Richardson Keith x x x

Rodrigues Maria x x GCC 95-97

Simon David x x GCC 95-96 BP

Sutherland Peter x x x x ex-com. BP

Van Miert Karel x x ex-com. Plusieurs

Page 87: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

A côté de cet establishment, il y a le Réseau de Stockholm, créé en septembre 1997.

Ce sont 131 organisations ultra-libérales.

La base en est les think tanks qui ont soutenu l’accession de Margaret Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne: Institute of Economic Affairs (IEA), le Centre for Policy Studies et l’Adam Smith Institute.

Liens étroits avec les think tanks néoconservateurs aux USA: The Heritage Foundation et American Enterprise Institute.

Page 88: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Le programme:• idéologie économique libérale (Hayek) ;• moins d’interventions économiques et sociales

de l’Etat ; positions antisyndicales ;• soumission des avantages sociaux aux besoins

des entreprises ;• soutien à la construction européenne actuelle,

libérale ;• liens transatlantiques privilégiés ; • rôle répressif et militaire de l’Etat, en particulier

au niveau de l’Union.

Page 89: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les think tanks

Liens avec les autorités européennes:

- Centre for European Reform (CER) avec comme membres Pascal Lamy, Carl Bildt, Antonio Vittorino, Peter Sutherland et… John Monks;

- The Lisbon Council (lié mais non membre du réseau de Stockholm), créé en 2003 pour promouvoir le processus de Lisbonne avec l’appui de Barroso, de Wim Kok et de Verhofstadt;

- Institut Montaigne, créé par Claude Bébéar (AXA).

Page 90: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 91: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les task forces

La législation impulsée par la Commission est composée au départ de livres verts et blancs.

Un livre vert est un document dont le but est de stimuler une réflexion sur un sujet particulier.

Un livre blanc est un document contenant des propositions d'action communautaire dans un domaine spécifique.

Un livre vert aboutit à un livre blanc.Mais, plus en amont, il y a les task forces ou

groupe d’experts. C’est là que les « lobbies » placent « leurs » hommes.

Page 92: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les task forces

L’exemple type est le groupe consultatif sur la compétitivité.

Il impulse le processus de Lisbonne.En 2003, puis 2004, il y aura deux nouvelles

task forces sur ce processus. Toutes deux dirigées par Wim Kok.

Wim Kok, ancien chef des syndicats néerlandais, leader du PvdA (social-démocrate), puis Premier ministre, enfin administrateur de Royal Dutch/Shell, d’ING et de TNT, membre des Friends of Europe.

Page 93: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les task forces

Quelques exemples: STAR 21Stategic Aerospace Review for the 21st Century Composé de sept présidents de firmes

aéronautiques européennesDe cinq commissaires et de Javier Solana.Objectif: définir une politique aérospatiale

indépendante, impliquant:- Une industrie compétitive (face aux USA);- Une hausse des dépenses militaires;- Un développement de la recherche en la

matière.

Page 94: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les task forces

CARS 21: Competitive Automotive Regulatory System for the 21st Century

Composé de:

• trois commissaires ;

• cinq représentants des Etats membres ;

• deux membres du parlement européen ;

• sept délégués de l’industrie ;

• trois représentants du « monde associatif ».

Page 95: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les task forces

Le projet:

« réaliser un cadre réglementaire qui augmentera la compétitivité du secteur automobile européen » (ACEA).

Donc: harmoniser les législations nationales;

adopter des mesures environnementales progressivement;

ne pas aller plus vite que les USA et le Japon;

consulter préalablement l’industrie.

Page 96: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Les task forces

Groupe sur la compétitivité, l’énergie et l’environnement.

Composé de 30 membres:

quatre commissaires;

quatre membres des Etats nationaux;

un membre du parlement européen;

douze représentants de l’industrie (minimum);

un représentant syndical (John Monks).

Page 97: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Lobbies à l’assaut de l’Europe

1. Qu’est-ce qu’un lobby ?2. Les activités de lobbying3. Les lobbies patronaux d’orientation4. Les think tanks5. Les task forces6. Conclusions

Page 98: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Présidence de l’Union européenne

Commission

Conseil des ministres

Parlement européen

Table ronde des industriels européens

UNICE(confédération

patronale)

EuropeanPolicy Centre(EPC)

Friends ofEurope

AmCham

Institutions européennes

Lobbies

Think tanks

Page 99: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Conclusions

Il y a davantage qu’un pouvoir politique « neutre » qui serait influencé abusivement par le milieu des affaires.

Il y a collusion, connivence et partage d’intérêts.

Les dirigeants économiques et politiques ont des rôles. Mais certains sont interchangeables.

Il y a constitution (ou reconstitution) d’une élite, d’une classe dominante.

Page 100: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Conclusions

C’est au sein de celle-ci que se prennent les grandes décisions de l’Union européenne.

C’est-à-dire dans la collaboration entre lobbies et instances européennes, dans les think tanks, dans les task forces.

Pas au lendemain des élections européennes ou nationales.

Page 101: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Conclusions

Serge Halimi, à propos des relations entre « grands » journalistes et hommes politiques:

« Entre eux, la connivence est de règle. Ils se rencontrent, ils se fréquentent, ils s’apprécient, ils s’entreglosent. Ils sont d’accord sur presque tout ».

Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, éditions Raisons d’agir, Paris, 2005, p.111.

On pourrait ajouter les milieux d’affaires.

Page 102: Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe

Fin

Prochaine formationLa réalité de l’économie de marché

Mardi 24 avril 2007A bientôt