Les Leçons Marie

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GASTON RACINE Les Leçons de Marie Mère de Jésus MAHANAÏM/PAROLE 25ème mille

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GASTON RACINE

Les Leçons deMarie

Mère de Jésus

MAHANAÏM/PAROLE

25ème mille

Page 2: Les Leçons Marie

Tous droits réservés pour tous pays.© G. Racine, 1979

Dépôt légal: 2 ème trimestre 1979

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A ma Mère.

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LES LEÇONS DE MARIE

MÈRE DE JÉSUS

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DU MÊME AUTEUR

Un Message de Dieu aux Veuves, 2e édition 1938

Opinions ou Convictions?. La Foi, épuisé 1943

Révolté? ... Résigné? ... Vainqueur? ... 3e édition 1946

L'Unité du Corps de Christ, 2e édition 1948

Le Vrai Visage de l'Affliction 1951

Textes abrégés de Conférences 1956

Être Chrétien, 2e édition 1957

Le Christ Inconnu 1958

Donnez Gloire à Notre Dieu 1961

Médiocrité ou Sainteté 1971

Jésus revient! . . . es-tu prêt? 3e édition 1972

A PARAÎTRE PROCHAINEMENT

Peut-on connaître la Volonté de Dieu?

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TABLE DES MATIÈRES

Pages

Au lecteur ................................................................9

Introduction ...........................................................11

CHAPITRE PREMIER

L'Annonciation ..........................................17

CHAPITRE II

De l'Annonciation au Magnificat ..............39

1. La Visitation ........................................49

2. Le Magnificat ......................................55

CHAPITRE III

La servante du Seigneur ............................65

1. La Fiancée de Joseph ..........................74

2. La Naissance de Jésus .........................80

3. Les Bergers de Bethléem ....................84

4. Les Mages d'Orient .............................875. La Fuite en Égypte ..............................88

6. Le Retour en Israël ..............................90

7. L'Enfant perdu et retrouvé ...................91

8. La Prophétie de Siméon et son accomplis-sement ...................................................94

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GASTON RACINE

Les Leçons deMarie

Mère de Jésus

Editions MAHANAÏM/PAROLEPAROLE

1025, rue St-JeanQuébec, Québec

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Au Lecteur

Les leçons de Marie, mère de Jésus », ont étéprésentées une première fois sous forme d'étudesbibliques, à la Convention Chrétienne de Morges(Suisse), en 1955.

L'année suivante, elles furent données à Nice, en troisConférences, à un public très différent.

L'intérêt suscité par ces messages nous a conduit àpublier dans cet opuscule l'essentiel de nos méditationssur celle que le Christ mourant donnait pour mère audisciple qu'Il aimait.

A une heure où notre jeunesse se passionne de plus enplus pour des vedettes qui, trop souvent, hélas ! trouventleur gloire dans ce qui devrait faire leur honte, il nous aparu utile d'évoquer pour nos lecteurs, le vrai visage decelle qui, sans cesse, nous conduit plus haut qu'elle :

A Celui qui fut dans la joie et la souffrance, sa raisonde vivre, de croire, d'espérer et d'aimer, Jésus-Christ,son Sauveur, notre seul Seigneur !

G. R.

Nice, juin 1957.

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Introduction

Il n'est pas dans notre intention, au cours de ces exposés,de détourner vos regards de la personne bénie de Jésus-Christ, notre seul Sauveur, pour les fixer sur Marie, la mèrebienheureuse de notre Seigneur.

Agir ainsi serait faire un affront à la plus humble de toutesles femmes et renier sa mémoire.

En nous penchant sur la vie de Marie, notre dessein est, aucontraire, de trouver une occasion d'être occupés de Jésus,afin de mieux comprendre la volonté de Dieu à l'égard dechacune de nos vies.

Ceux qui pensent que la polémique ne sera pas étrangère ànos études et que nous chercherons, avant tout, à réfuter lesdogmes de l'Église romaine pour démontrer le bien fondé descroyances protestantes au sujet de Marie, seront déçus.

Nous désirons plutôt considérer avec tous, d'une manièresereine, sans préjugé, mais avec une honnêteté et unesincérité absolues, ce que les Évan-

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giles nous disent de Marie, et quelles leçons nouspouvons tirer de sa vie, pour notre plus grand profit.

Toute vie porte en elle un message et nouscroyons que celle de la mère de notre Seigneur estd'un enseignement et d'une richesse incomparables.

Cependant, tout en désirant passionnément édifiertoutes les âmes, nous ne chercherons ni à biaiser, nià dissimuler les difficultés que nous pourronsrencontrer sur notre route. Nous nous souviendronstoujours, et avant tout, que les exigences de la véritépriment toutes les autres et ainsi nous chercherons,dans ces pages, à être aussi loin que possible d'uncertain climat de prétendue tolérance qui prête auxconfusions. Nous nous garderons de cette tendance àun vague syncrétisme qui, sous prétexte d'aplanir lesdifficultés et de permettre la réconciliation, trahit cequi, en définitive, demeure l'essentiel de la vérité etde la foi.

De ce fait, nous savons d'avance que nousmécontenterons certains catholiques de naissance etde tradition, ceux pour qui Marie semble être tout,alors qu'en réalité son exemple influence si peu leurvie.

Nous étonnerons également les protestantsd'origine, ceux qui croient surtout devoir défendre ladoctrine de leurs pères, alors qu'en réalité, ils imitentsi peu leur foi.

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Par contre, nous croyons fermement que les âmes unies auChrist, et réellement attachées à la Bible — quelle que soitleur dénomination — trouveront dans cette étude un alimentpour leur coeur et une occasion de méditation profonde.

Nous n'irons donc pas chercher le portrait de Marie àRome ou à Genève, mais nous le considérerons là même oùl'Esprit Saint nous l'a brossé, c'est-à-dire dans les SaintesÉcritures, seule autorité en matière de foi.

Ce n'est pas nous qui donnerons à Marie sa place, maisnous verrons la position que Dieu lui assigne dans sa Parole,place qu'elle a accepté d'occuper et qu'elle n'a jamais quittée.

Ainsi, tout personnage qu'on nous présenterait ou qui semanifesterait à nous sous le nom de Marie sans avoir lescaractères de Marie de Nazareth, sera rejeté commeimposture ou comme apparition du démon. Car, avant deprésenter son faux Christ, le diable voudrait imposer safausse Marie au monde, pour faire tomber des multitudesd'âmes dans l'idolâtrie.

Ce n'est pas simplement en nous élevant contre desdogmes nouveaux ou anciens que nous serons dans la vérité.Ce n'est pas non plus en gardant le silence sur Marie, ou enayant l'air de l'ignorer, que nous combattrons l'erreur.

Or, nous croyons qu'il existe dans les milieux issus de laRéforme, une lacune au sujet de Marie.

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Dans nos études bibliques, nous parlons facilementd'Abraham, d'Isaac et de Jacob. L'histoire, despatriarches et des prophètes d'Israël fait l'objet de nosméditations. Nous tirons toutes sortes de leçons de leurvie. Nous nous penchons sur celle des apôtres, d'uneMarie-Madeleine, voire d'un Judas ! Mais quand doncparle-t-on de Marie, la mère de Jésus ? A Noël, avecquelques trémolos dans la voix, ou en passant, lorsquenous prêchons sur les Noces de Cana, ou encore,accidentellement, en parlant de la Croix.

Ce silence ne risque-t-il pas d'être pris pour du mépris?

Nous voudrions donc par ces lignes faire humble-ment connaître ce que Marie est pour nous et les leçonsque nous tirons de sa vie.

Cela vous scandalise-t-il si nous affirmons qu'enJésus-Christ nous vivons avec Marie, la mère de notreSeigneur ?

Serez-vous rassurés, ou plus étonnés encore, si nousvous disons que — sans évoquer les morts — noussommes souvent en compagnie d'Abraham, de Joseph,de Moïse, de Samuel, de David, d'Elie et de tant d'autres?

Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu deMarie, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ,notre Dieu et Père, n'est pas le Dieu des morts, mais desvivants ; car pour lui, tous vivent ! Le chrétien se saitainsi environné d'une nuée de

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témoins dont plusieurs noms figurent dans le chapitre onzede l'Epître aux Hébreux. Éntouré par eux, le fidèle, où qu'ilsoit, n'est jamais isolé et trouve une inspiration dans leurexemple car, dit l'Écriture, « quoique morts ils parlent encoreD, et « s'ils se reposent de leurs travaux, leurs oeuvres lessuivent ».

Marie aussi est près de nous ! C'est la mère de notreSeigneur, et nous nous souvenons d'elle pour imiter sa foi,car l'issue de sa conduite a été de donner au monde le Filsde Dieu, notre Sauveur et notre Maître, l'unique salut pourl'humanité !

Le chrétien n'est donc pas un spirite. Il n'évoque pas lesesprits des morts, ni n'invoque leur secours, mais demeuredans la communion des vivants de l'au-delà, de tous les_saints qui sont en Christ dans le repos, alors qu'ici-bas, il estaussi en Christ, mais dans le combat.

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CHAPITRE PREMIER

L'Annonciation

Depuis des siècles, la voix des prophètes s'était tue.

Après avoir tout abattu, brisé et dévoré, la bête annoncéepar Daniel se reposait. Autour d'elle, les nations nonsoumises se taisaient. Pour un temps, les épéessommeillaient, et l'univers semblait dormir sous l'ombre desaigles romaines.

Dans cette tranquillité insolite, asservi par Rome, dégradéet désespéré par les fausses religions, demandant vainementaux philosophes le secret de la vie et de la vertu, le mondepourtant se mourait...

Et en Palestine, le judaïsme lui-même agonisait, infidèle àsa destinée.

Cependant si, vassaux de l'Empire romain, des Juifs enmasse avaient trahi leur vocation, du sein du peuple éluquelques « vrais Israélites sans fraude » imploraient à grandscris la miséricorde de Dieu et la venue du véritableLibérateur. Parmi

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eux, d'humbles femmes animées d'une réelle piété croyaient,priaient et espéraient !

Les temps s'accomplissaient ! Jésus allait paraître.

Un jour, au temple de Jérusalem, alors qu'il remplissaitdevant Dieu ses fonctions sacerdotales, Zacharie lesacrificateur vit soudain un ange du Seigneur se tenantdebout à droite de l'autel des parfums. C'était l'heure del'encens, le moment où le prêtre désigné par le sort offraitle parfum dans le sanctuaire, tandis que l'assemblée dupeuple se tenait dehors en prière.

Bouleversé et plein de crainte, Zacharie apprenait deslèvres de l'ange que sa prière était exaucée ! A l'heure oùil n'attendait plus une réponse de Dieu, le ciel sortait deson silence et ce vieillard sans enfant était averti qu'ildeviendrait père, qu'Élisabeth sa femme lui enfanterait unfils dont le nom serait Jean ! En dépit de l'incrédulité duprêtre et de l'âge avancé d'Élisabeth, le précurseur duMessie allait naître. Rien désormais ne pourrait arrêter ledéroule-ment du plan de Dieu !

Et, tandis que la parole de l'ange s'accomplissait pourÉlisabeth et qu'elle était au sixième mois de sa grossesse,Gabriel, l'ange qui se tient devant Dieu, toujours prêt àexécuter ses ordres, fut envoyé une nouvelle fois sur laterre.

L'Évangile selon Luc nous rapporte cette visite en cestermes :

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Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieudans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprèsd'une vierge fiancée à un homme de la maison deDavid, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, toi à qui unegrâce a été faite ; le Seigneur est avec toi ». Troubléepar cette parole, Marie se demandait ce que pouvaitsignifier une telle salutation. L'ange lui dit : « Ne crainspoint, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Etvoici, tu deviendras enceinte et tu enfanteras un fils, ettu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et seraappelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu luidonnera le trône de David, son père. Il régnera sur lamaison de Jacob éternellement et son règne n'aura pointde fin ». Marie dit à l'ange : « Comment cela se fera-t-il,puisque je ne connais point d'homme? » L'ange luirépondit : « Le Saint-Esprit viendra sur toi et lapuissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'estpourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appeléFils de Dieu. Voici, Élisabeth, ta parente, a conçu, elleaussi, un fils en sa vieillesse, et celle qui était appeléestérile est dans son sixième mois. Car rien n'estimpossible à Dieu ». Marie dit : « Je suis la servante duSeigneur ; qu'il me soit fait selon ta parole ! » Et l'angela quitta.

( Luc 1 v. 26 à 38).

Examinons de plus près cette portion de l'Écriture où,pour la première fois dans l'Évangile, nous découvronsMarie.

V. 26. — Au sixième mois...

Il y a un temps pour tout. Les interventions de Dieu sousles cieux ont lieu à l'heure, au jour, au mois et en l'annéequ'Il s'est fixé.

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C'est Lui qui fait vivre et qui fait mourir. C'est Lui quipréside à la mystérieuse formation de l'enfant dans le seinmaternel et c'est Lui qui le fait naître en son jour.

Dieu a son heure. Le jour J, l'heure H de Dieuapprochent. Les promesses divines concernant le Messieet contenues dans la Loi, les Psaumes et les Prophètes,vont enfin s'accomplir. Le ciel va s'ouvrir. Mystère depiété aux dimensions infinies, abîme d'amour, révélationde justice, surabondance de grâce, le Dieu Très-Haut vas'incarner, s'unir personnellement à son oeuvre. La terredonnera son fruit, l'humanité verra « germer le Sauveur,le Saint, le Fils de Dieu. »

...l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu...

Oui, Dieu règne au-dessus de tous les Césars, comme ilsiégeait jadis sur son trône lors du déluge. N'étantdominé par aucun événement, Il les fait tous servir à sesdesseins immuables. Et, pour exécuter ses ordres, enjugement ou en grâce, « Il fait de ses anges des vents etde ses serviteurs une flamme de feu ». Selon l'Écriture,Dieu a auprès de Lui des esprits supérieurs chargés d'unministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut.

C'est ainsi que Gabriel, le héraut de Dieu, bien connude Daniel et de Zacharie, l'ange des bonnes nouvelles, «fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appeléeNazareth, auprès d'une vierge

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fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph.Le nom de la vierge était Marie. »

Il y a quelque chose d'impressionnant dans cetteaccumulation de noms propres : Dieu, Gabriel, la Galilée,Nazareth, David, Joseph, Marie !

Le Créateur, les anges et les hommes sont associés pourl'accomplissement de l'oeuvre merveilleuse de laRédemption. Le ciel s'unit à la terre. Les choses visibles etinvisibles communient soudainement.

...dans une ville de Galilée...

Dieu et ses serviteurs célestes connaissent toutes lesprovinces du monde. Sur la Galilée, pays obscur, va soudainse lever une grande lumière, car le ciel a choisi cette contréeoù régnait l'ombre de la mort pour y faire luire la vie !

...appelée Nazareth...

Ce n'est pas au temple de Jérusalem que Dieu envoie sonange, mais dans la simple maison d'une ville peu estimée.Une ère nouvelle commence. Dieu cherche des adorateursqui L'adorent en esprit et en vérité ; aussi parle-t-Il auxhommes indépendamment des lieux saints. Dieu sait le nomde chaque ville. Comme aux jours d'Abraham Il prenaitconnaissance de ce qui se passait dans Sodome et Gomorrhe,Dieu savait au temps d'Auguste ce qui pourrait sortir de bonde Nazareth, « la fleur méprisée de Galilée ». De mêmeaujourd'hui, « les yeux

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de l'Éternel sont en tout lieu, observant les méchants etles bons ». Il n'ignore rien de l'état de nos cités.

V. 27 .........Auprès d'une vierge, fiancéeà un homme de la maison de David...

Dieu s'occupe de la jeunesse et s'intéresse à son avenir.Auteur du mariage, Il connaît celui à qui une jeune filleest destinée, car c'est de Lui que tire son nom toutefamille dans les cieux et sur la terre. Notre origine, notrerace, nos ancêtres, notre tempérament, notre hérédité, toutest devant Lui.

...nommé Joseph.

Dieu connaît non seulement les peuples, mais lesindividus, leur état civil, leur situation, leur occupation. Ilsait si nous sommes riches ou pauvres, ouvriers ou patrons,manuels ou intellectuels. Devant Lui, ii n'y a pointd'acception de personnes et le Seigneur se plaît à visiter lafiancée d'un charpentier, honneur que ne connaîtra point lafille sans vertu d'une Hérodiade...

Le nom de la vierge était Marie.

Dieu connaît nos noms, notre âge, notre demeure. Il saitsi une jeune fille est encore vierge, si une fiancée estrestée chaste pour le jour du mariage, ou si elle a cédé auxsollicitations de la chair !

Marie ! Voilà enfin connu le nom de celle qu'Esaïe leprophète annonçait en ces termes :

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« Voici, la vierge concevra et elle enfantera un fils,et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. »

Ce texte établit d'une manière lumineuse la toute-science du Seigneur, dont le psalmiste parlait en cestermes :

Éternel ! Tu me sondes et tu me connais ;Tu sais quand je m'assieds et quand je me lève,Tu pénètres de loin ma pensée ;Tu sais quand je marche et quand je me couche, Ettu pénètres toutes mes voies......Une science aussi merveilleuse est au-dessus dema portée,Elle est trop élevée pour que je puisse la saisir.

(Ps 139)

V. 28. — L'ange entra chez elle, et dit...

Les envoyés célestes ne se font pas annoncer. Ilsn'ont pas besoin non plus de demander notreadresse. Dieu connaît notre demeure, la dispositionde nos chambres. Il sait à toute heure où Il pourranous trouver : à la cuisine, à la cave ou dans notrechambre à coucher.

Là où nous sommes, Il peut à tout instant noussurprendre, ce qui faisait dire à David, dans lepsaume déjà cité : « Où irais-je loin de ton esprit, oùfuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tuy es ; si je me couche au séjour des morts, t'y voilà.Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille

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habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main meconduira et ta droite me saisira. »

Dans le livre des Actes des Apôtres, nous voyons leSeigneur donner Lui-même à des hommes l'adresseprécise de ceux qu'ils devront rencontrer.

A Damas, parlant à Ananias, le Seigneur dira : « Lève-toi, va dans la rue qu'on appelle la droite, et cherche, dansla maison de Judas, un nommé Saul de Tarse. Car il prie...»

A Corneille en prière, l'ange de Dieu dira : « Envoiemaintenant des hommes à Joppé, et fais venir Simon,surnommé Pierre ; il est logé chez un certain Simon,corroyeur, dont la maison est près de la mer. »

Ainsi, « les voies de l'homme sont devant les yeux del'Éternel, qui observe tous ses sentiers ». « Nos actes etnos pensées sont devant Lui ».

...Je te salue...

Quelle éducation, quelle politesse que celle des anges !En mission sur la terre, ces êtres excellents saluent leshommes ! Et même, nous dit l'Épître de Jude, alors queles hommes méprisent l'autorité et injurient les gloires,l'archange Michel, lorsqu'il contestait avec le diable et luidisputait le corps de Moïse, n'osa pas porter contre lui unjugement injurieux, mais il dit : Que le Seigneur tecondamne.

Serviteurs de Dieu, compagnons de service des saints,les anges savent que les hommes sont pré-

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destinés à être un jour semblables à l'image du Fils deDieu.

Si les anges saluent les hommes et s'ils se gardentd'injurier Satan, à combien plus forte raison devrions-nous saluer nos frères, les estimant supérieurs à nous-mêmes !...

...toi que Dieu fait jouir de sa faveur(ou: toi que Dieu comble de grâce)...

Le verset trente ne laisse aucun doute sur le sensexact de ces paroles. Marie est graciée, elle est l'objetde la grâce, de la faveur divine.

Certes, une grâce a été faite à Marie car cette jeunevierge fait partie de l'humanité pécheresse qui séparéede Dieu souffre des conséquences du péché. Oui, êtrevisitée par Dieu est une grâce.

Mais pourquoi cette grâce est-elle faite à Marieplutôt qu'à une autre fille d'Eve ?

L'ange ajoute :

...Le Seigneur est avec toi ».

Cette parole est capitale et nous révèle le véritableétat d'âme de Marie.

A qui donc le Seigneur a-t-Il promis sa présence ?

L'Écriture nous le révèle :

« Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure estéternelle et dont le nom est Saint : J'habite dans les

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lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avecl'homme contrit et humilié... », et encore :

Voici sur qui je porterai mes regards : sur celui quisouffre et qui a l'esprit abattu, sur celui qui craint maparole. »

Aucun doute ne peut subsister sur la piété de Marie— qui a attiré sur elle les regards de son Créateur — car« le plaisir de l'Éternel est en ceux qui Le craignent etqui s'attendent à sa bonté. »

Il est toujours facile de proclamer : « Le Seigneur estavec moi ! » Mais quelle chose de s'entendre dire par unmessager des cieux : « Le Seigneur est avec toi ! » Cen'est pas un sentiment plus ou moins vague de saprésence, mais une glorieuse réalité.

Pourtant, un tel message ne peut que confondre l'âmevraiment pieuse.

V. 29. — Troublée par cette parole,Marie se demandait ce que pouvaitsignifier une telle salutation.

Ceux qui vivent en contact avec Dieu connais-sent cetrouble, ce tremblement, cette perplexité.

Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Job, Ésaïe, Ézéchiel,Daniel et plus tard Pierre, Jacques et Jean, éprouvèrentces frayeurs divines.

Devant son Dieu, Marie ne connaît que sa misère etson indignité. Voilà tout ce qu'elle sait d'elle, commeelle le dira dans le Magnificat. Seul le Seigneur connaîtet apprécie la piété de Marie.

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Mais déjà l'ange ajoute :

V. 30. — Ne crains pas, Marie...

Pour la première fois, le visiteur céleste a prononcé sonnom. Marie sait maintenant qu'il n'y a pas d'erreur. Plus dedoute possible, l'ange ne s'est pas trompé d'adresse, c'est biend'elle qu'il s'agit.

Chose merveilleuse, bien digne de dissiper ses craintes,son nom est connu dans les cieux, comme l'étaient :

celui d'Abraham que Dieu distingua du milieu des païenspour en faire le père de tous les croyants,

celui de David que Dieu prit d'entre les parcs pour en faireun roi selon son coeur, en Israël,

celui de Noé, celui de Job et de tant d'autres encore,

comme le sont aujourd'hui tous les noms des pécheursdont la repentance et la foi réjouissent les anges de Dieu.

Votre nom est-il connu dans les cieux ?

...tu as trouvé grâce devant Dieu.

Si Marie a trouvé grâce devant Dieu, c'est qu'elle n'étaitpas une amie du monde ; comme Noé aux jours du Déluge,comme Job en son temps, Marie était juste, intègre, parfaite,craignant Dieu et se

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détournant du mal. Si Dieu disperse les hommes au coeursuperbe, s'Il résiste aux orgueilleux, Il donne la grâce auxhumbles.

Comme le Magnificat nous le révèle, la foi de Marie étaitvivante et personnelle.

Soumise à la loi de son Dieu, cette jeune fille juive allaitépouser un fils de David.

Ne cherchant pas les choses élevées, mais s'associant auxchoses humbles, elle allait devenir la femme d'uncharpentier.

Fiancée, elle restait pure et chaste.

Compatissante, pensant aux affamés, aux petits de la terre,Marie se nourrissait de la Parole de Dieu et vivait dans laprière. Son cantique n'est qu'une succession de citationsbibliques qui jaillissent de son coeur comme l'eau d'unesource limpide.

V. 31. — Et voici, tu deviendras enceinteet tu enfanteras un fils, et tu lui donneras lenom de Jésus.

Marie apprend maintenant ce que veut dire « trouver grâcedevant Dieu » ! Le sens de la salutation qui la troublaits'éclaire soudain d'une manière fulgurante. Marie deviendramère du grand libérateur annoncé par les prophètes, et dontle nom sera Jésus, le seul nom qui ait été donné parmi leshommes, par lequel nous devions être sauvés.

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Et l'ange poursuit en décrivant ce que sera ce fils :V. 32 et 33. — II sera grand et sera appelé

Fils du Dieu Très-Haut et le Seigneur Dieului donnera le trône de David, son père. Ilrégnera sur la maison de Jacobéternellement et son règne n'aura point de fin.

Toutes ces paroles ne sont pas étrangères à Marie. Elle lesconnaît : ce sont des textes de l'Écriture dont elle a fait sanourriture.

Mais sur les lèvres de l'ange ces paroles s'éclairent d'unjour nouveau. Marie apprend que pour accomplir ses grandespromesses, Dieu va se servir d'elle. C'est là la grâce qui luiest faite, « la plus grande grâce » qui la distingue parmitoutes les femmes.

Toutes les déclarations de l'ange concernant le Messieattendu, Marie peut les contrôler sans peine. Son coeurrempli de l'Écriture répond déjà comme un écho à chaquetexte cité.

Sa foi qui croyait la lettre de la Parole doit croiremaintenant que c'est en elle et par elle que l'Écritures'accomplira.

C'est donc elle, la femme dont la postérité devait écraserla tête du serpent ! C'est donc elle la vierge sans nom d'Ésaïe,qui doit donner le jour à Emmanuel !

V. 34. — Marie dit à l'ange : Commentcela se fera-t-il puisque je ne connais pointd'homme ?

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Marie croit ! Elle ne met pas en doute les paroles del'ange, mais a besoin d'une explication.

On a voulu voir dans cette question de Marie la preuvemanifeste de sa volonté de demeurer perpétuellementvierge. Marie aurait donc fait le voeu de ne pas connaîtred'homme, c'est-à-dire de ne pas consommer son mariage,car, dit-on, il serait absurde qu'une jeune fille ayantl'intention d'appartenir un jour à son mari, demandâtcomment elle pourrait avoir un enfant.

Mais pourquoi vouloir forcer les textes et leur faire dire cequ'ils n'enseignent pas clairement ?

Marie comprend que les paroles de l'ange doivent avoirun accomplissement immédiat. Au moment del'Annonciation, fiancée à Joseph, Marie n'habite pas encoreavec lui. Vierge, elle se trouve bien dans la conditionannoncée par Ésaïe — la seule qui puisse entrer en ligne decompte pour devenir mère du Sauveur. Car la conception etla venue dans le monde d'Emmanuel doivent être un signe,c'est-à-dire un prodige de la part du Seigneur. Il est doncclair que la Vierge annoncée par le prophète ne devait pasconcevoir comme le reste des femmes. Cependant, l'Écrituren'avait pas révélé le mystère d'une telle conception.

Comment devenir mère sans le secours de l'homme ?Telle est, semble-t-il, la question qui préoccupe Marie et àlaquelle l'ange va répondre.

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V. 35. — Le Saint-Esprit viendra sur toi,et la puissance du Très-Haut te couvrira deson ombre. C'est pourquoi le saint enfant quinaîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.

Un coin du voile se lève devant les yeux éblouis de Marie.Elle comprend que la promesse qui lui est faite vas'accomplir en elle par une création étrangère à l'ordre de lanature. Son enfant ne naîtra pas comme nous du mélange dessangs, ni d'un instinct charnel, ni de la volonté de l'homme,mais de Dieu.

Dans son être offert en sacrifice vivant et saint, Dieu allaitpar l'opération de son Esprit façonner un corps pour son Fils.

Rien dans les Écritures ne nous laisse supposer que Dieuserait intervenu miraculeusement pour exempter Marie de lamacule héréditaire du péché originel commune à toute lapostérité d'Adam. Ce n'est pas pour Marie que Dieudéploya sa force et sa puissance, mais c'est en elle qu'ilopéra pour préserver son Fils de toute atteinte du péché.L'immaculée conception concerne le Fils et non la mère.

Nous voici sur un terrain sacré, où il est plus sage de setaire et d'adorer que de vouloir donner des explications ; ellesne feraient qu'entacher la pureté de l'incarnation, du grandmystère de la piété, « Dieu manifesté en chair.

Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie,

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Jésus sera sans péché, mais participera cependant à notrenature qui depuis la chute subit les conséquences du péché.Ainsi, il aura faim et soif, con-naîtra la fatigue, la souffranceet la mort. Il sera un homme parmi nous, mais Il sera saint. «Dieu, dira l'apôtre, envoya son propre Fils avec une chairsemblable à celle du péché, et à cause du péché. »

Il n'est peut-être pas inutile d'établir ici un parallèle entreMarie et Eve — la première jeune fille, la première vierge.

Créée par Dieu pour être une aide pour l'homme, lapremière femme fut tirée de l'homme.

Placée dans un lieu de délices et de charmes, Eve estfiancée par Dieu au premier roi de la création, pour être unjour une seule chair avec lui.

Pendant ses fiançailles, Eve fut visitée par l'Ange-serpent.Si Gabriel prit une forme humaine pour apparaître à Marie,le diable prit une forme animale. L'un venait d'En haut,l'autre d'en bas.

Sans salutation, le séducteur s'adresse à la femme, et alorsqu'il se trouve devant celle qui jouit de la faveur de Dieu,devant l'Immaculée comblée de grâce, devant la reine de lacréation, médiatrice avec Adam de toutes les grâces surtoutes choses, le Serpent fait croire à Eve que Dieu la prived'une grâce.

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Semant le doute dans la pensée d'Eve, il fait naître dansson coeur le trouble qui provoque la convoitise.

Et tandis que Satan calomnie le Dieu vivant Eve necontrôle déjà plus les paroles du Serpent : Elle croit ce quiest opposé à la Parole qu'elle connaît de Dieu. Sa volontécède ; Eve consomme l'acte qui va la perdre et plonger tousceux qui sortiront d'elle dans la misère et le péché.

Pour faire entrer le péché dans le monde, Satan Eve illala convoitise de la première femme. Pour s'être laisséenvelopper de l'ombre du démon, Eve a conçu de Satan,enfantant le péché qui conduit à la mort.

Elle entraîne son mari dans la désobéissance, et le fruitde ses entrailles sera Caïn, le meurtrier, l'homme qui ôte lavie, qui introduit la mort dans ce monde.

Désormais, hors d'Éden, les descendants du premiercouple pécheur naîtront dans une création assujettie à lavanité, dans une sphère où domineront la révolte, ledésordre, la souffrance, les peines, le deuil, la mort et lacorruption.

C'est dans un tel monde que naîtra Marie, la fiancée dejoseph, fils de David, dont l'arbre généalogique contient lesnoms de quatre pécheresses :

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Thamar l'incestueuse, Rahab la courtisane, Ruth l'étrangère,et Bathschéba l'adultère.

Née de la chair, la nature de Marie n'est pas différente decelle des autres filles d'Eve. Toute-fois, le péché n'est pasessentiellement dans la nature physique que Dieu nous adonnée, mais dans notre libre volonté qui résiste à Dieu etcorrompt notre être tout entier. Ainsi, sans l'intervention deDieu, nous sommes tous perdus.

Mieux que tout autre, la pieuse Marie sait cela. Aussirecherche-t-elle le Seigneur de tout son coeur, de toute sonâme, de toute sa force et de toute sa pensée.

Née, comme elle le reconnaît elle-même, dans l'infirmitéd'une nature déchue, Marie s'attendait à Dieu, se confiait ensa miséricorde et vivait dans sa crainte, croyant à sespromesses.

Et ce corps que sa volonté aurait pu employer poursatisfaire ses convoitises, elle le conservait pur par la grâcede Dieu en vue de son mariage avec un homme qui craignaitDieu.

Ainsi, pendant le temps de ses fiançailles, Marie futvisitée. Comme un lis entre les épines qui crois-sent hors duparadis, Dieu distingua à Nazareth une fleur qui se nommaitMarie.

Cette fleur-là donnerait un fruit, alors qu'Eve vola unfruit. Et le fruit de Marie n'entraînerait pas la mort, maiscommuniquerait la vie.

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Marie en offrirait à manger à Joseph et une multituded'autres après lui jouiraient de sa saveur. Mieux qu'Eve,Marie pourrait porter le nom de mère de tous les vivants, carEve est mère de ceux qui meurent, tandis qu'en un sensMarie est mère de tous ceux qui vivent, comme Abraham estpère de tous ceux qui croient.

.'.

Après avoir révélé à Marie le secret de Dieu au sujet de laconception du Fils promis, l'ange donne un signe à celle quin'en demande pas :

v. 36. — Voici, Élisabeth, ta parente,a conçu elle aussi un fils en sa vieillesse,et celle qui était appelée stérile est dansson sixième mois.

C'est ainsi que Dieu se plaît à fortifier la foi de ceux quiLe croient. La fécondité d'Élisabeth, « celle qui était appeléestérile », rappellera à Marie laissée seule, qu'elle n'a pas étéle jouet d'un rêve. Oui, sa parente va connaître elle-même ensa vieillesse la joie de devenir mère, car, ajoute l'ange :

V. 37— Rien n'est impossible à Dieu.

Ces dernières paroles tombent dans le coeur de Mariecomme des ondées sur l'herbe verdoyante.

Dieu toujours le même dans son amour et sa puissance arenouvelé pour Zacharie et sa femme ce

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qu'il fit autrefois pour Abraham et Sara. « Y a-t-il rien quisoit étonnant de la part de l'Éternel ? »

Comme job, Marie sait maintenant que Dieu peut tout, etque rien ne s'oppose à ses pensées.

La foi a pénétré ses connaissances de raison. Tout devientplus clair et plus harmonieux.

Avec Jérémie elle comprend que rien n'est étonnant de lapart de Dieu.

Les certitudes de la Parole envahissent son coeur et ferontmonter sur ses lèvres la réponse qu'attend le ciel entier.

« Fais-moi voir ton visage, fais-moi entendre ta voix, carta voix est douce et ton visage est agréable D, répète le Bien-Aimé du Cantique des Cantiques.

Que va faire Marie? Quelle sera sa réponse ?

V. 38. — Marie dit : Je suis laservante du Seigneur, qu'il me soit faitselon ta parole. Et l'ange la quitta.

Dans ces paroles, Marie révèle toute son âme. Ni écrasée,ni exaltée par sa mission surhumaine. elle s'inclinesimplement et adore. Sans réserve elle se soumet à la volontéde son Dieu, croyant que ce qu'Il a promis, Il est puissantpour l'accomplir. Déjà, elle ne s'appartient plus.

Sur la servante du Seigneur, jardin clos, source fermée,fontaine scellée, les cieux se sont inclinés.

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L'ange s'est retiré d'auprès de Marie, mais dans son jardin,le Bien-Aimé est entré ! Le Verbe s'est incarné. Bientôt Ilnaîtra, grandira, enseignera, puis mourra pour nous.

Déjà dans l'Annonciation qui nous permet de découvrir lapureté, l'humilité et la soumission de Marie, la servante duSeigneur est là pour nous faire constater qu'il y a ici plusgrand qu'elle : le Fils de Dieu qui, par miséricorde, se faitchair afin de sauver nos âmes.

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CHAPITRE II

De l'Annonciation au Magnificat

Notre première étude nous a permis de faire plusintimement connaissance avec Marie, la mère bien-heureuse de notre Seigneur.

Que de leçons de pureté, d'humilité, de confiance, defoi, d'obéissance, de renoncement et d'amour absolus,n'avons-nous pas déjà trouvées en celle que le Saint-Espritproclame par la bouche d'Élisabeth : « bénie entre toutesles femmes » !

Comment ne pas penser à « la femme vertueuse » desProverbes, ou au « lis au milieu des épines » du Cantiquedes Cantiques ?

Une jeune fille de Nazareth a reçu la visite d'un ange.Il est entré chez elle, s'est entretenu avec elle, puis l'aquittée. Marie n'a pas seulement vu un être céleste, maisdans son humble demeure elle a

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écouté son message et accepté la vie nouvelle qu'il luiproposait.

Aujourd'hui, bien des personnes voudraient voir un angeet seraient très honorées si un messager des cieux venait lestrouver.

Hélas ! elles oublient trop peut-être que les âmes quiconnaissent les prémices d'une vie céleste dans ce monde,sont celles qui cherchent avant tout les choses d'En Hautpour en faire l'objet de leurs affections. Dieu s'approche engrâce de ceux qui, humblement, viennent à Lui, et répondentà ses compassions infinies en offrant leur corps « comme unsacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ». L'âme qui refusede se conformer aux moeurs du présent siècle et qui trouveses possibilités, non dans les moyens et les méthodes dumonde, mais dans les ressources qu'offre la vie de l'Esprit,peut toujours s'attendre à connaître des touches particulièresde la grâce divine.

Les interventions surnaturelles sont réservées à celui ou àcelle dont l'envoyé céleste peut dire : « Le Seigneur est avectoi ». Là où un coeur est réellement désireux de plaire àDieu, le Seigneur est tout prêt à manifester sa présence.

Pour ceux qui lui appartiennent vraiment et qui Le serventen vérité, il est toujours possible d'être visité ou secouru parun ange de Dieu.

Toutefois, il faut se rappeler que Satan lui-même sedéguise en ange de lumière, et que des esprits

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méchants régnant encore dans les lieux célestes cherchent àséduire même des élus.

Nous avons vu en effet dans notre précédent chapitrequ'Eve, la première femme, la première vierge immaculée etpleine de grâces, fut visitée au temps de ses fiançailles par unêtre surnaturel.

Séduite par la ruse du Serpent, Eve eut le tort d'écouterdes propos qui jetaient du discrédit sur son Créateur.

Satan n'insinuait-il pas que Dieu privait sa créature dequelque chose, qu'il lui manquait une grâce ? Ne lui suggéra-t-il pas qu'il suffisait de s'affranchir du commandement divinpour être comme des dieux, connaissant le bien et le mal ?

Les affirmations du Serpent étaient en opposition avec laParole qu'Adam avait entendue de Dieu — constatation quiaurait dû suffire pour détourner sa femme du séducteur, et luidémasquer son diabolique dessein.

Hélas ! Eve écouta cette voix étrangère qui, en tout temps,cherche à saper l'autorité de la Parole de Dieu, à mettrel'homme en avant, à lui donner de l'importance en vue de luifaire oublier Dieu.

L'ange déchu, le Serpent ancien, voulait donner sonhomme à la terre. Déjà Eve se laissait couvrir par l'ombre deSatan. Eveillée à la convoitise, cette convoitise allaitconcevoir et enfanter le péché dans la chair qui, elle-même,donnerait naissance à cette « vaine manière de vivre » à ce «vieil homme»

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incapable de plaire à Dieu, et qui ne meurt en nous qu'enla mort du Christ à la Croix.

Marie, au contraire d'Eve, contrôlait dans son coeur ceque l'ange Gabriel lui disait.

Rien dans ce qu'il lui annonçait n'était en oppositionavec ses connaissances des Écritures.

L'ange ne lui révélait aucune vérité nouvelle. Il sebornait à lui rappeler les textes de la Parole de Dieu,annonçant la venue du Messie.

Qu'une vierge concevrait, Marie pouvait le savoir parla lecture du prophète Esaïe.

Ce libérateur qui devait naître, ne l'attendait-elle pas ?

Ce Fils du Très-Haut qui serait grand et s'assiérait surle trône de David son père — ce roi dont le règne n'auraitpoint de fin, n'était-Il pas l'objet de son espérance ?

Toutes ces vérités étaient connues de Marie. Ellesfaisaient partie des promesses de Dieu conte-nues danscette parole qu'à l'instar du psalmiste la jeune fille serraitdans son coeur, afin de ne pas pécher contre Dieu.

Cependant, ce qui était nouveau et bouleversant pourMarie, ce qui provoquait ce trouble profond en elle,c'était d'apprendre de la bouche de l'ange que toutes cesmerveilles la concernaient personnellement et allaients'accomplir en elle : que la lettre à laquelle elle croyaitallait s'imprimer,

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s'incarner dans sa chair mortelle, devenir réalité dans sa vie,dans son corps, dans sa sensibilité.

Avant de poursuivre notre étude et de considérerl'enseignement donné par la rencontre de Marie etd'Élisabeth, puis par le Magnificat, arrêtons-nous quelquesinstants encore pour mieux comprendre les sentiments quiagitèrent le coeur de Marie après la visite de l'ange. Avecelle, repassons dans nos coeurs toutes les choses que lemessager céleste vient de lui annoncer.

Il y a des silences, dans l'Écriture Sainte, qui parlent avecautant d'éloquence que la lettre écrite. Cet enseignementcaché est révélé à celui qui médite et laisse Dieu prolongerpar son Esprit les lignes de sa Parole dans son coeur. Toutattache-ment à la lettre doit être accompagné et suivi d'uneillumination de l'Esprit.

Marie vient d'apprendre qu'elle est choisie par Dieu.

La Parole devient pour elle vivante et opérante, pluspénétrante qu'une épée à deux tranchants. Sa foi en l'Écritureva être récompensée. Ce que dit la lettre au sujet del'Invisible, est une réalité. Jusqu'ici, Marie a cru sans voir.Maintenant, elle verra l'accomplissement des choses ditespar le Seigneur.

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Marie accepte de servir les desseins bienveillants de Dieuen vue du salut du monde. Mais cette acceptation ne la laissepas intacte. L'enfant qu'elle espère va devenir présent en elle.Que dira Joseph, que pensera le monde, quand le corps deMarie trahira son secret ?

Craignant Dieu, se retirant du mal, observant la loi, Mariea conservé son corps dans la chasteté.

Fiancée à Joseph, un homme juste et pieux, Marie, commetoute jeune fille, avait des projets, des plans chéris pour laterre, et, soudain, le ciel lui révèle les desseins de Dieu à sonégard. Dieu a besoin d'elle. Marie doit lui appartenir avantd'être à elle-même ou à Joseph.

II en est de même de tous ceux que Dieu appelle à Lui.L'âme qui aujourd'hui voudrait être visitée par un ange, doitsavoir qu'il y a un prix à payer, et qu'une telle apparition nenous est pas accordée pour satisfaire notre curiosité ou nousdonner de l'importance.

Quelle que soit sa manifestation, la grâce de Dieu ne nousvisite jamais pour combler nos désirs égoïstes, mais toujoursen vue de glorifier Dieu, de nous rendre utiles aux autres, etd'opérer notre sanctification personnelle.

Quand l'appel de Dieu retentit, il doit nous trouver prêts àtout perdre : aimables projets, désirs personnels, réputation,estime de nos amis, con-fiance de nos proches. Souvent nousfaisons des

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plans pour notre avertir en demandant à Dieu de faire luire salumière sur nos voies et de bénir nos efforts. Cependant,sommes-nous sûrs d'être dans le chemin du Seigneur ? Luiavons-nous laissé l'occasion de nous révéler sa volonté ànotre égard ?

Marie était fiancée à joseph et c'était très bien ; mais, dansle conseil de Dieu, Marie était choisie pour donner leSauveur au monde.

Saul de Tarse persécutait les chrétiens et croyait servirDieu, jusqu'au jour où il apprit que Dieu l'avait mis à partdès le sein de sa mère, pour porter le nom de Jésus devant lesnations, devant les rois et devant les fils d'Israël.

Qu'en est-il de nous ?

Un grand lot de souffrances accompagnera toujours ceuxque Dieu choisit ainsi et auxquels Il accorde une si grandefaveur.

Un tel appel dépasse l'entendement humain. Aussi Mariepouvait-elle bien demander à l'ange : « Comment cela sefera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? »

Plus tard, Nicodème posera à Jésus une questionsemblable au sujet de la nouvelle naissance : « Commentcela peut-il se faire ? »

Pas plus que l'incarnation, la nouvelle naissance ne peutêtre l'oeuvre du sang, ni de la volonté de la chair, ni de lavolonté de l'homme. C'est l'oeuvre de Dieu opérée par sonEsprit.

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L'enfant qui naîtrait de Marie serait donc saint, alors quetous ceux qui naissent de femmes sont pécheurs. De même,seul ce qui est né de l'Esprit est esprit.

Oui ! Marie croit que rien n'est impossible à Dieu. DepuisAbraham, toute l'histoire de son peuple est là pour luiconfirmer que le Dieu d'Israël est le Dieu des miracles et querien ne s'oppose à ses pensées.

L'impossibilité n'est jamais du côté de Dieu. Du côté deDieu, la voie est toujours ouverte. L'impossibilité, lesobstacles ne sont que du côté de l'homme.

Si Marie regarde à Dieu, tout ira bien, mais si elle regardeà elle-même ou aux hommes, tout l'amènera à douter et àreculer.

Elle se jugera tout d'abord indigne de l'honneur que Dieului fait. La visite de l'ange ne lui a pas fait oublier soninsuffisance et son humble état. Sa pauvreté, sa conditionmodeste, sa jeunesse, son inexpérience de la vie et tantd'autres considérations raisonnables pourraient l'arrêter.

Son engagement avec Joseph sera-t-il un obstacle majeur ?

En effet, que va dire le fiancé de Marie ?

L'angoisse peut bien étreindre son coeur, car la visite del'ange ne lui a pas seulement apporté une promesse de vie,mais aussi un arrêt de mort.

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Chaste et pure, Marie a pourtant les deux pieds sur la terre.L'ange lui a dit : « Tu deviendras enceinte ! » Marie sait doncqu'elle ne pourra pas toujours garder son secret.

Si elle ne parle pas, on la questionnera.

Qui croira alors qu'elle est enceinte du Saint-Esprit ?

Marie n'ignore pas la loi : une fiancée qui se trouveraenceinte des oeuvres d'un autre sera lapidée.

Si on ne la croit pas, si la loi lui est appliquée, Mariemourra dans la honte et le déshonneur.

Marie connaît joseph. C'est un homme juste et craignantDieu. S'il est convaincu de la culpabilité de sa fiancée, il nel'épargnera pas.

Ainsi, c'est bien à la mort que l'a conduite son acceptation.

Sa réputation sera à jamais entachée. Elle qui s'estconservée pure en vue du mariage, c'est elle qui sera appelée: une fille-mère, c'est elle que l'on soupçonnera. A quoi sertdonc la piété ?

Qui donc voudra la croire ? Si Marie raisonne sur le planhumain, elle est perdue.

Il faut qu'une foi immense s'empare de son coeur, afinqu'elle puisse renoncer à la réputation que lui donnent savertu, son humilité, sa grâce, sa fidélité. Il faut qu'elleaccepte de perdre l'estime de ses frères et la confiance de sesamis. Il faut que tous ces avantages en la chair, la fille deDavid

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les estime comme des ordures, afin de gagner Christ etd'être trouvée en Lui, non avec sa justice « qui vient de laLoi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, lajustice qui vient de Dieu par la foi. »

Marie a cru, et a serré par devers elle, les paroles de sonDieu, plus que les propos de son propre coeur.

Marie a accepté le risque de la foi. En elle, le sacrifice estdéjà consommé. Pour Celui qu'elle aime, Marie est prête àmourir.

Alors, l'oeuvre de Dieu commence en la Vierge. Dansl'étreinte d'un ineffable amour, Marie conçoit du Saint-Esprit, et son être qu'elle a conservé pur devient le vase queDieu emploie pour y former le corps de son Fils, le Saint deDieu. Il sera en elle, il s'y d Eve loppera, et au temps fixé,Marie donnera le jour au Sauveur, au Fils de Dieu.

Pour que l'oeuvre de Dieu se réalise en Marie, il fallaitson consentement.

Il en est ainsi de toute âme que Dieu sollicite aujourd'huiencore à la vie éternelle. Pour que le Christ soit reçu etformé en nous, pour que la vie éternelle nous habite, il fautune décision de notre part, une acceptation, une réponsenette et précise à l'appel de Dieu.

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LA VISITATION

Dans ce même temps, Marie se leva et s'en allaen hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda.Elle entra dans la maison de Zacharie et saluaÉlisabeth. Dès qu'Élisabeth entendit la salutationde Marie, son enfant tressaillit dans son sein, etelle fut remplie du Saint-Esprit. Elle s'écria, d'unevoix forte : Tu es bénie entre les femmes, et le fruitde ton sein est béni. Comment m'est-il accordé quela mère de mon Seigneur vienne auprès de moi ?Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation afrappé mon oreille, l'enfant a tressailli d'allégressedans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce queles choses qui lui ont été dites de la part duSeigneur auront leur accomplissement.

(Luc 1 v. 39.45).

Dès que Marie eut accepté que s'accomplisse en ellel'oeuvre merveilleuse de Dieu, elle s'engagea dans le cheminqui devait la conduire vers celle que Dieu avait visitée danssa vieillesse. Marie ne reste pas seule mais éprouve lebesoin de se rendre sans retard auprès du seul être quipourra vraiment la comprendre, Élisabeth, sa parente.

Il en est de même chaque fois qu'une âme naît à la vienouvelle. Elle ne peut rester repliée sur elle-même, maisrecherche une maison, un foyer spirituel où elle seraaccueillie et comprise, où elle pourra faire ses premiers paset accomplir un premier service, loin des regards du monde.

V. 39. — Dans ce même temps, Marie seleva et s'en alla en hâte vers les montagnes,dans une ville de Juda.

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La voyez-vous, cette jeune fille de Nazareth, portant sonsecret dans son coeur, marchant hâtivement vers lesmontagnes où un vieux couple attend la réalisation d'unepromesse ? L'incrédulité de Zacharie, qui n'a pas cru lesparoles de l'ange, n'empêchera pas leur accomplissement,mais Zacharie ne pourra pas louer Dieu dans son attente. Ilrestera muet jusqu'à la naissance de son enfant.

Aujourd'hui encore, l'incrédulité des fidèles les empêchede louer Dieu, mais ne pourrait entraver la réalisation de sesdesseins. Notre manque de foi ne saurait détourner Dieu deses plans, mais nous prive de Le glorifier et de manifesternotre joie en attendant la délivrance.

V. 40. — Elle entra dans la maison deZacharie et salua Élisabeth.

Dans la maison du sacrificateur silencieux, deux femmesse rencontrent. L'une est à l'aurore de la vie, l'autre au soir del'existence. Ce n'est pas parce qu'elles sont parentes selon lachair qu'Élisabeth et Marie se retrouvent, mais parce quel'une et l'autre ont été visitées par Dieu. Le mobile de leurrencontre, c'est le grand événement qu'elles attendent. Etparce que Marie a cru la promesse, Jésus qu'elle espère estdéjà présent en elle.

Là où des âmes rachetées par le Seigneur éprouvent lebesoin de se retrouver parce qu'elles appar-

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tiennent à Christ, là aussi apparaît l'Église. Dans cerassemblement des deux ou trois qui croient la promesse etqui espèrent en son Nom, la présence invisible de Jésusdevient sensible au coeur.

V. 41. — Dès qu'Élisabeth entendit lasalutation de Marie, son enfant tressaillitdans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit.

La simple salutation de Marie suffit pour qu'Élisabethéprouve en son être intime, la présence du Seigneur.

Il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont Élisabethreçut Marie. Elle ne la reçut pas comme une intruse, commeune étrangère suspecte qu'il faut d'abord examiner, ni mêmeen parente selon la chair. Cette femme âgée et respectableaccueille la jeune et insignifiante Marie comme la mère deson Seigneur, comme celle qui porte en son sein, la vie deDieu.

Voilà le lien qui unit Élisabeth à Marie. Ni l'âge, ni lesgoûts, ni les paroles, ni les pensées, ni les actes de Marien'influencent l'accueil que lui réserve sa parente.

Remplie du Saint-Esprit, Élisabeth s'écria d'une voix forte:

V. 42-44. — Tu es bénie entre les femmeset le fruit de ton sein est béni. Commentm'est-il accordé que la mère de monSeigneur vienne auprès de moi? Car voici,aussitôt

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que la voix de ta salutation a frappé monoreille, l'enfant a tressailli d'allégresse dansmon sein.

Marie est bénie aux yeux d'Élisabeth, non parce qu'elle estune femme extraordinaire, mais parce que le fruit de soncorps est béni. Élisabeth possède un discernement spirituel.Le Saint-Esprit la remplit et l'éclaire: Elle a reconnu lessignes de la divine présence en Marie. Ce n'est pas Mariequi a fait tressaillir l'enfant d'Élisabeth. C'est Jésus enMarie, car depuis que Marie a accepté de voir s'accompliren elle le bon plaisir de Dieu, l'identification avec le Christ acommencé. Ce n'est plus elle qui vit, mais Lui qui vit enelle.

C'est un accueil semblable à celui que reçut Marie dans lamaison de Zacharie, que les âmes nouvellement nées à la viedivine devraient recevoir dans nos communautés, au sein deceux qui ont été visités avant elles. Elles devraient trouverdans nos milieux des personnes remplies du Saint-Esprit etparlant par l'Esprit. Le contact de Marie et d'Élisabeth, c'estle vrai contact chrétien, le contact des entrailles, le contactde la vie.

Aujourd'hui, on parle beaucoup de la nécessité d'établirdes contacts entre chrétiens.

Ainsi, on cherche à créer des liens entre hommes qui seréclament du même Seigneur, par des contacts théologiquesoù chacun expose le fruit de ses recher-

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ches et de sa science religieuse, mais demeure fermementattaché à ses positions.

Il y a aussi les contacts ecclésiastiques, où par des cultesen commun on cherche à faire naître dans les coeurs lesmêmes émotions, les mêmes sentiments, les mêmes goûts,pensant ainsi rapprocher les âmes vraiment pieuses.

Il y a encore les contacts créés en vue de l'évangélisationdes masses, rencontres où les chrétiens ne sont passeulement appelés à écouter la même liturgie ou à chanterles mêmes cantiques, mais à confesser ensemble — et pardes actes — leur foi aux yeux du monde.

Tout cela est utile et nécessaire. Mais il faut se souvenirque ce n'est pas parce que nous avons sur toutes choses lesmêmes vues que nous sommes unis en Christ. De même, cen'est pas parce que nous partageons les mêmes goûts ausujet d'une forme de culte ou que nous vibrons de la mêmemanière à l'ouïe des mêmes paroles, que nous sommes unisen Jésus. Enfin, ce n'est pas parce que nous travaillonsensemble au service du même Maître que nous sommesunis en Dieu, mais bien parce que nous avons en nous lamême vie, la vie du Père et du Fils.

C'est cette vie qui a fait tressaillir Jean-Baptiste dans lesein de sa mère, cette vie que le précurseur allait annoncerpour qu'elle croisse en tous, tandis que lui diminuerait.

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Notre lien avec les âmes ne vient donc pas d'un contactintellectuel, sentimental ou pratique, mais de Jésus-Christ,présent dans nos vies par sa Parole et son Esprit.

Si, tous, nous traitons saintement le Christ dans nos coeur,nous n'aurons pas de peine à entrer en contact avec nosfrères, et nos rencontres deviendront pour nous un privilègedivin, une occasion d'édification profonde et unencouragement pour notre foi.

V. 45. — Heureuse celle qui a cru, parceque les choses qui lui ont été dites de la partdu Seigneur auront leur accomplissement.

C'est par un témoignage rendu à la foi de Mariequ'Élisabeth termine ses paroles de bienvenue. Marie estrendue bienheureuse par sa foi en la promesse de Dieu, etnon par des grâces surnaturelles qu'elle aurait reçues dèsavant sa naissance. Celle qui a vu la puissance et la grâce deDieu se manifester dans la stérilité de sa nature, et lamiséricorde du Seigneur éclater dans son âge avancé, estrendue capable de fortifier la foi de sa jeune parente.

Aussi, dans la communion de celle qui espère en Dieu —et qui lui confirme par le Saint-Esprit que les grandes chosespromises par l'ange sont en voie d'accomplissement — Marievoit son coeur déborder, et éclate en louanges.

Aujourd'hui encore la communion des saints, la

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rencontre des âmes en qui habite l'espérance de la gloire,fait jaillir du plus profond de notre être un chant d'amour quiexalte la Source de tout bonheur, le Tout-Puissant qui fitpour nous de grandes choses.

LE MAGNIFICAT

Et Marie dit : Mon âme exalte le Seigneur. Etmon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur.

Parce, qu'il a jeté les yeux sur la bassessede sa servante.

Car voici, désormais, toutes les générationsme diront bienheureuse.

Parce que le Tout-Puissant a fait pour moide grandes choses.Son nom est saint.Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge Surceux qui Le craignent.Il a déployé la force de son bras ;

Il a dispersé ceux qui avaient dans le coeurdes pensées orgueilleuses.Il a renversé les puissants de leurs trônes. Etil a élevé les humbles.Il a rassasié de biens les affamés,Et il a renvoyé les riches à vide.

Il a secouru Israël, son serviteur, et il s'estsouvenu de sa miséricorde,— Comme il l'avait dit à nos pères — Envers

Abraham et sa postérité pour toujours.(Luc 1, v. 46-55).

Nous ne nous arrêterons pas longuement sur les parolesmerveilleuses du Magnificat, sur la réponse de Marie àÉlisabeth.

Toute âme en qui Dieu a commencé son oeuvre,

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toute personne à laquelle il a été gratuitement donné, parrapport à Christ, non seulement de croire en Lui, mais ausside souffrir pour Lui, peut dire pour sa personne et sa proprevie ce que proclame le cantique de Marie.

Mais, pour que la créature soit amenée à donner gloire àDieu et à se réjouir en Lui, il faut qu'elle ait été l'objet d'uneintervention de Dieu.

Livré à ses propres ressources, l'homme ne saurait donnergloire à un autre que lui-même.

Seules la révélation de la grandeur de Dieu d'une part, etla connaissance de notre propre misère d'autre part, peuventnous amener à l'adoration libératrice.

Pour magnifier le Seigneur, se réjouir en Dieu et l'appeler« son Sauveur », il ne suffit pas de croire simplement enl'existence de Dieu. Il faut connaître le coeur du Père etaimer Dieu par-dessus toute autre chose. Il faut avoirreconnu sa souveraineté absolue et ses droits sur notre vie. Ilfaut avoir sondé l'abîme de notre déchéance et connu l'amourde Dieu que rien ne conditionne, sa bonté qui se manifestedans l'état où nous sommes, quels que soient notre passé,notre présent, notre avenir. Seule la connaissance d'un Dieude grâce est une source de joie constante pour l'esprit duchrétien.

Le cantique de Marie est donc le cantique du racheté, decelui qui appartient maintenant tout

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entier, esprit, âme et corps, au Dieu tout entier, Père, Filset Saint-Esprit.

Marie ayant livré son corps au Saint-Esprit, abandonneson âme au règne du Seigneur, tandis que son esprit netrouve plus de joie qu'en Dieu son Sauveur.

Depuis que la puissance du Très-Haut l'a couverte de sonombre, Marie est absorbée en Dieu.

Le Dieu qu'elle connaît n'est pas une force anonyme, uneIdée vague, ou un impitoyable Destin, mais le Dieupersonnel et vivant qui a un coeur, des yeux, un bras fort,tout-puissant.

Et si Marie parle d'elle un instant, c'est pour s'humilier etreconnaître son bas état afin de mieux parler de Lui, derendre plus tangible la grâce dont elle est l'objet.

Elle sait que Dieu ne repousse pas sa faiblesse, qu'Ils'apprête au contraire à manifester sa puissance dans soninfirmité de telle manière que toutes les générations la dirontbienheureuse, parce qu'elle a trouvé pleinement suffisante lagrâce de son Dieu. Ainsi, au cours des âges, tous pourrontconnaître la source de sa joie, le secret de sa béatitude quipourra devenir la béatitude de quiconque croit à « l'Évangilede la gloire du Dieu bienheureux ».

S'oubliant elle-même, Marie s'élève sur les plus purssommets et peut célébrer Dieu pour tout ce qu'Il est, pourtout ce qu'Il a fait, pour ce qu'II fait et fera encore.

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Marie a quelque chose à dire sur la sainteté du Norm deDieu, sur sa miséricorde infinie envers ceux qui Lecraignent. Elle peut parler de la force de son bras, du secoursqu'Il donne aux humbles, des biens dont Il rassasie lesaffamés et les nécessiteux, tandis que dans sa justice, Ilrenvoie les riches à vide et disperse ceux qui gardent dansleur coeur des pensées orgueilleuses.

Enfin, elle peut rappeler l'aide efficace dont Israël futl'objet de la part de Dieu, et proclamer que les promessesfaites aux pères envers Abraham et sa postérité seront unjour pleinement réalisées.

Dans le Magnificat, Marie, l'esclave du Seigneur, qui,,d'avance, a espéré en Christ, sert tout entière « à la louangede la gloire de sa grâce ».

Au terme de cette seconde étude, comprendrons-nous lesens profond de l'histoire authentique et merveilleuse de laVierge-mère ?

A côté d'autres applications, la grande vérité qui illustred'une façon admirable la vie de Marie est celle-ci :

Quand Dieu voulut se manifester aux hommes et serendre visible au monde pour lui apporter le salut, Il dutrevêtir un corps de chair afin d'approcher ces êtres de chair.

Ce corps, Il le forma en Marie qui se livra à Lui

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sans réserve. Par elle, Dieu put s'incarner en Christ et semanifester aux hommes, « réconciliant le monde avec lui-même ».

Des yeux purent Le voir, des oreilles L'entendre et desmains Le toucher.

Aujourd'hui, Dieu a toujours besoin des hommes. Ce n'estpas seulement sur la partie invisible de leur être qu'Il désirerégner. Il aspire à la domination de l'homme tout entier,c'est-à-dire à soumettre à son pouvoir notre corps — partievisible et sensible de notre être — pour faire de nosmembres des « instruments de justice ».

Marie est un tableau vivant éclairant d'un pur reflet toutl'enseignement du Christ et des apôtres sur le miracle de lanouvelle naissance, sans laquelle nul ne peut voir leroyaume de Dieu.

En effet, toute nouvelle naissance est un miracle aussigrand que la conception miraculeuse, de sorte que tous ceuxqui nient la naissance virginale ne peuvent croire non plus àune naissance d'En haut pour l'homme de chair.

Or, Jésus a affirmé clairement que l'homme devaitrenaître pour entrer dans Son royaume.

De même, Paul nous montre comment Christ doit êtreformé en nous, comment Il doit croître, grandir etmanifester sa vie dans notre chair mortelle.

Christ en nous est tout d'abord enfant, adolescent, puishomme fait.

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Ce qui s'est passé un jour en Marie doit se refléterspirituellement dans notre propre vie.

Marie, appelée par Dieu, ne s'est pas refusée et n'a rienrefusé à son Dieu Sauveur. Se livrant à Lui sans réserve, ellevit le Dieu tout-puissant prendre possession de son être toutentier.

Il en sera de même aujourd'hui où la grâce de Dieu, sourcede salut pour tous les hommes, a été manifestée. Quiconqueaccepte cette grâce et répond à l'amour de Dieu en gardantses commandements, verra s'accomplir la merveilleusepromesse du Seigneur : « Nous viendrons à lui, et nousferons notre demeure chez lui ».

Par Marie, le salut qui est Jésus, allait entrer dans lemonde. Mais, avant, il devait être formé en elle.

« Tu concevras D, c'est l'oeuvre de Dieu en Marie. Tuenfanteras », c'est l'oeuvre de Dieu par Marie, pour lemonde.

Quand la parole de Dieu est reçue, le Saint-Esprit fécondedans notre coeur cette semence incorruptible, et celle-cidonne naissance à « Christ en nous, l'espérance de la gloire».

La chair mortelle du chrétien devient dès lors le terrain dela manifestation de la vie de Jésus, de la puissance du Saint-Esprit dans un vase de terre.

Désormais, le croyant est appelé à « revêtir l'hommenouveau » qui n'est pas le fruit des efforts

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de la chair — d'une chair qui tendrait à s'améliorer — maisune création nouvelle « qui se renouvelle dans laconnaissance selon l'image de Celui qui l'a créé ».L'homme nouveau est manifesté par le Saint-Esprit dans unechair qui a été crucifiée avec ses passions et ses convoitises.

Si j'ai établi plus haut un parallèle entre Eve et Marie,nous pouvons, en terminant ce chapitre, faire unrapprochement entre Marie et nous, entre la Vierge-mère etl'âme rachetée.

Dieu, qui a voulu sauver l'humanité par l'envoi de son filsau temps de Marie, veut aujourd'hui encore faire proclamerson salut aux âmes perdues.

Sur la terre, Il a son heure, ses moyens et ses mes sagerspour annoncer la bonne nouvelle.

L'âme qui entend la Parole du Seigneur, l'âme quicherche Dieu, l'âme dont la conscience est réveil lée par laconnaissance de la loi, l'âme qui veut plaire à Dieu et quis'efforce de Lui être agréable est tout d'abord troublée par lemessage de l'Évangile — car il la prend personnellement àpartie. Elle réalise soudain que c'est bien d'elle qu'il s'agit.Une question précise lui est posée .Une réponse personnelledoit être donnée. Un engagement lui est demandé.

Quel effet la prédication de l'Évangile a-t-elle eu dansnos coeurs ?

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Avons-nous connu le trouble, la crainte qu'un hommepécheur éprouve en présence d'un Dieu saint ?

Il n'y a de salut en aucun autre qu'en Jésus-Christ, mais cesalut gratuit est bien autre chose qu'une bonne nouvelleseulement, ou que le seul pardon de nos péchés.

Le salut de Dieu, c'est quelqu'un qui va naître en nous,grandir, occuper toute la place dans la mesure où nousdiminuerons.

Voilà la grâce qui nous est offerte : être habité par Dieu.Avoir un Salut qui procure le salut.

Si la vie de Jésus ne se manifeste pas dans notre chairmortelle, nous sommes encore sans Christ et étrangers à lavie de Dieu.

La seule vie chrétienne, c'est celle de Christ en nous. Iln'y a pas une vie chrétienne pour les catholiques, une autrepour les orthodoxes et plusieurs autres pour les multiplesdivisions du protestantisme.

C'est à une participation à sa propre nature que Dieu nousappelle ; c'est à une union intime avec Lui que nous sommesconviés.

Dieu attend notre réponse !

Ne regardons pas à nous-mêmes, mais à Celui qui a jetéles yeux sur nous, nous appelant à son royaume et à sagloire.

Comme Marie, soumettons-Lui notre coeur et

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laissons-Le agir : « Je suis la servante du Seigneur ; qu'il mesoit fait selon ta parole ».

Marie a accepté que le Christ soit formé en elle, afin qu'Ilsoit donné au monde.

C'est ainsi que Marie fut sauvée et qu'elle participa au salutdes autres. Il peut en être de même pour nous aujourd'hui.

Dieu nous sauve pour nous associer à son oeuvre de salut.

Ainsi, ceux qui honorent Marie ne sont pas toue jours ceuxqui parlent d'elle, mais ceux qui imitent son exemple et safoi.

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CHAPITRE III

La Servante du Seigneur

Dieu ne donne pas sa gloire à un autre, ni son honneur auxidoles.

S'il a besoin des hommes, s'Il les emploie pour exécuterses desseins, c'est une faveur qu'Il leur accorde.

Ainsi, dans sa grâce, Dieu sait à son heure susciter unhomme, une femme, qui seront pour Lui des vases d'électionpar lesquels Il fera connaître les richesses de sa gloire aumilieu des hommes.

La gloire éternelle de Marie, comme celle d'Israël, c'estJésus, le Fils Bien-Aimé du Père.

En effet, la vie même de Marie nous interdit de nousarrêter à elle. Toutes les leçons qu'elle nous donne nousramènent à Christ, « l'Image du Dieu invisible, le premier-néde toute la création ».

On ne peut penser à Marie sans songer au Fils de Dieu.Marie existe par Lui, pour Lui, et en Lui.

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De même on ne devrait pas pouvoir penser à un chrétiensans penser au Christ.

Ce qui est intéressant et utile pour nous dans la vie d'unhomme ou d'une femme, c'est la mesure de Christ en eux.Tout le reste, origine, naissance, beauté, richesse, position,est secondaire dans un monde où tout est vanité et tourmentd'esprit.

Celui en qui habite l'amour de Dieu ne tire pas sa gloiredes hommes, mais cherche la gloire qui vient de Dieu seul.

Dans ces dispositions, il ne cherche pas sa volonté mais lavolonté de Celui qui, par grâce, nous fait sortir de l'ombre etqui, à toute heure, peut nous y faire rentrer.

Si notre consécration est réelle, la fidélité au Seigneurreste totale, l'attachement et le dévouement au Christdemeurent complets, lors même qu'on ne parle plus de nous.

Les êtres qui sont jaloux de la gloire de Dieu, au lieu derechercher leur propre gloire, savent qu'ils sont suscités pourservir au conseil de Dieu. Ils n'ignorent pas que leur coursepeut s'achever aussi bien à trente qu'à soixante-dix ans.L'essentiel pour eux n'est pas une longue vie, maisl'accomplissement humble, fidèle et joyeux, du service reçudu Seigneur.

Ce fut le cas pour Jean-Baptiste qui avait pu dire -de Jésus: « Il faut qu'Il croisse, et que moi je diminue ». Cette paroleétait son programme. Il l'a incarnée et non seulementprêchée.

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Dès qu'il eut préparé le chemin du Seigneur, dès que leChrist fut sorti de l'ombre pour commencer son ministère,Dieu retira le Baptiste par une mort violente.

Du roi David lui-même, l'Écriture dira qu'après avoir, enson temps, servi au dessein de Dieu, il s'endormit et futréuni à ses pères.

Ce n'est donc pas nous qui choisissons l'heure, le jour, lelieu et les circonstances qui nous effaceront de l'horizon deshommes.

De cette manière, Dieu prouve que la vie de sesserviteurs n'a de sens qu'en Christ, d'autre raison d'être queChrist.

L'apôtre Paul avait tellement bien compris cette vérité qu'il pouvait dire : « Christ sera glorifié dans mon corps avecune pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort ; carChrist est ma vie et la mort m'est un gain ». Ailleurs, il diraencore : « Nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurtpour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour leSeigneur ; et si nous mourons, nous mourons pour leSeigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nousmourions, nous sommes au Seigneur ».

Ce que je viens de dire au sujet des serviteurs de Dieu engénéral, s'applique également à Marie, la servante duSeigneur.

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Les Évangiles nous montrent d'une manière frappante lavraie place qu Dieu a donnée à Marie, mère de Jésus.

Dans l'Écriture Sainte, il est surtout question de Marieavant la naissance du Christ, dans l'enfance et l'adolescencede Jésus.

Dès que Jésus est homme fait, et tout au long de sonministère, Marie n'apparaît plus qu'occasionnellement. Et,sans cesse, par les paroles qu'Il prononce dans cescirconstances, Jésus semble vouloir rappeler le rôle exact desa mère et sa place dans sa vie.

Voyons plutôt :

1. Aux noces de Cana, quand Marie communique à sonfils l'embarras de leurs hôtes au sujet du vin, Jésus répond àsa mère : « Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? Mon heuren'est pas encore venue ».

Marie doit comprendre qu'elle a devant elle son Seigneur,seul juge de ce qu'Il sera conduit à faire.

2. Quand de la foule assise autour de lui on vient lui dire: « Voici, ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent tevoir », Jésus répond : « Ma mère et mes frères, ce sont ceuxqui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans lescieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère ».

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C'est ainsi que Marie est sa mère, parce que Dieu l'achoisie, parce qu'elle n'a pas refusé la grâce qui lui a étéfaite, parce qu'elle a obéi, parce qu'elle a fait la volonté deDieu.

3. Alors qu'une femme, élevant la voix du milieu de lafoule, s'écrie, tandis qu'Il parlait : « Heureuses les entraillesqui t'ont porté, heureux les seins qui t’ont allaité ! » Jésus ditaussitôt : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole deDieu, et qui la garde ».

Jésus ne laisse donc pas l'attention des foules se détournerde Lui pour se porter sur sa mère, pas plus qu'Il ne laissa samère Lui dire ce qu'Il avait à faire au début de son ministère,Cependant, Jésus n'a pas abandonné Marie.

4, Quand, de la croix, Il voit sa mère se tenir avec Jean aupied de son gibet, Il s'écrie : « Femme, voilà ton fils », puis Ildit au disciple : « Voilà ta mère ! » Et dès ce moment ledisciple la prit chez lui.

Là encore, dans cette heure suprême, Jésus donne à samère sa vraie place. Jésus s'en va au Père... Il va retourner aulieu d'où Il était venu. Son commencement n'était pas à lacrèche et sa fin ne serait pas à la Croix.

Quant à Marie, sa place est sur la terre dans la compagniedes hommes, du disciple qu'Il aimait.

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5. Et lorsque, ressuscité, Jésus se montre à ses disciplespendant quarante jours, ni les Évangiles, ni les Actes desApôtres ne nous parlent d'une visite spéciale de Jésus à samère ou d'un message particulier du Ressuscité pour Marie.

Il apparaîtra à Marie de Magdala, puis aux saintes femmes,dont sa mère fait partie.

Il aura un message pour Pierre qui L'a renié, mais rien despécial pour sa mère, fidèle parmi les fidèles.

Et c'est ainsi qu'après l'Ascension de Jésus, on retrouveMarie dans la chambre où se réunissent les apôtres, dansl'attente de la Pentecôte.

Que fait-elle ? La servante du Seigneur persévère dans laprière avec ses frères et soeurs.

Nul ne s'adresse à elle. Marie, avec ses frères, invoque leSeigneur.

Marie prie avec les vivants, au milieu des vivants et pourles vivants.

Marie ne prie pas pour les morts, et surtout, personne ne laprie.

En dehors des citations que je viens de faire et de quelquesautres sur lesquelles je reviendrai plus tard, il n'est plusquestion de Marie ou de son nom dans le NouveauTestament.

Ni Paul, ni Jacques, ni Pierre, ni Jean, ni Jude ne lamentionnent.

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Écoutez plutôt leurs déclarations :

1. Paul, parlant de la médiation : « Dieu est unique,unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, leChrist Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançonpour tous » (I Timothée 2 v. 5).

2. Jacques, parlant de la dévotion : « La dévotion pure etsans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiterles orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder detoute souillure du monde » (Jacques, 1 v. 27).

3. Pierre, parlant de la rédemption : « Si vous appelezPère celui qui, sans acception de personnes, juge chacunselon ses oeuvres, conduisez-vous avec crainte pendant letemps de votre exil. Sachez que ce n'est par rien decorruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de lavaine conduite héritée de vos pères, mais par un sangprécieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, leChrist, discerné avant la fondation du monde et manifestédans les derniers temps à cause de vous. Par lui, vouscroyez en Dieu, qui l'a fait ressusciter d'entre les morts et luia donné la gloire, si bien que votre foi soit en Dieu commevotre espérance » (I Pierre 1 v. 17-21).

4. Jean, parlant de l'intercession : « Petits enfants, jevous écris ceci pour que vous ne péchiez pas.

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Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocatauprès du Père, Jésus-Christ, le juste. C'est lui qui estvictime de propitiation pour nos péchés, non seulement pourles nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (I Jean 2v. 1-2).

5. Jude, parlant de la foi transmise aux saints : g Trèschers, j'avais un grand désir de vous écrire au sujet de notresalut commun ; et j'ai été contraint de le faire, afin de vousexhorter à combattre pour la foi transmise aux saints unefois pour toutes. Car il s'est glissé parmi vous certainshommes qui, depuis longtemps ont été marqués d'avancepour cette sentence : ces impies travestissent en débauche lagrâce de notre Dieu et renient notre seul Maître et SeigneurJésus-Christ... Mais vous, très chers, rappelez-vous ce qui aété prédit par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ilsvous disaient : A la fin du temps, il y aura des moqueurs,marchant selon leurs convoitises impies. Ce sont eux quicréent des divisions, ces êtres psychiques qui n'ont pasl'Esprit.

« Mais vous, très chers, vous édifiant sur votre foi trèssainte, priant dans l'Esprit Saint, gardez-vous dans la charitéde Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre SeigneurJésus-Christ pour la vie éternelle. Les uns, ceux qui hésitent,cherchez à les convaincre ; les autres, sauvez-les en lesarrachant au feu ; les autres, enfin, portez-leur une pitiécrain-

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tive, en haïssant jusqu'à la tunique contaminée par la chair.

« Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute etvous présenter devant sa gloire, irrépréhensibles et dansl'allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christnotre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dèsavant tous les temps, et main-tenant, et dans tous les siècles !Amen ! » (Jude v. 3-4, 17-24).

Tous ces textes fixent la doctrine chrétienne et excluentnettement la possibilité d'une évolution du dogme.

Il est frappant aussi de constater que jean lui-même, ledisciple qui prit Marie chez lui, garde le silence sur la mèrede notre Seigneur. Je sais bien qu'on a voulu voir Marie dansla femme qu'il nous présente au chapitre douze del'Apocalypse, enveloppée du soleil, ayant la lune sous sespieds, et une couronne de douze étoiles. Pourtant, une étudeattentive de ce chapitre examiné à la lumière de l'analogie dela foi, nous prouverait bien vite que cette femme nepersonnifie ni Marie, ni même l'Église, mais le peupled'Israël.

Comme nous l'avons vu plus haut, l'Écriture nous parle deMarie avant la naissance de Jésus, pendant son enfance etson adolescence. Puis Marie s'efface.

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Elle ne vit plus que cachée en Lui, pour Le montrer, Lui.C'est Lui qu'elle met en avant. Marie reste dans l'ombre etsurtout dans l'ombre de la Croix, qui plane sur toute la vie deson fils.

C'est là pour nous, parmi tant d'autres, une des grandesleçons que nous donne Marie.

Et si maintenant nous continuons à établir un parallèleentre la mère du Seigneur et l'âme sauvée par la grâce deDieu — l'âme qui accepte par la foi le salut, pour l'apporterensuite à d'autres — nous retirerons encore d'autres utilesinstructions de la vie de Marie.

LA FIANCÉE DÉ JOSEPH

J'ai déjà souligné, en commentant l'Annonciation, laVisitation et le Magnificat, comment Dieu veut reproduirespirituellement en chacun de nous I'ceuvre qu'Il fit en Marie.

Il reste donc à considérer pour notre édification ce quiarriva à Marie lorsqu'elle retourna chez elle après avoir passétrois mois auprès d'Élisabeth.

L'âme qui a accepté et cru la Parole du Seigneur, l'âmequi a connu la joie de la communion fraternelle et lestransports de l'adoration, dans la communauté que crée leChrist, ne peut pas toujours rester auprès de ceux que lagrâce a visités.

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Il faut quitter « le pays des montagnes », descendre despurs sommets pour retourner chez soi, dans sa maison, oùles difficultés vont commencer, où la foi va être éprouvée.

Les liens célestes ne brisent pas les liens terrestres. Lavie de Dieu en nous ne fait que les épurer et les sanctifier.

L'appel de Dieu à la sanctification ne conduit pas lesâmes à se séparer du monde pour vivre en vase clos, mais àdevenir la possession de Dieu dans le monde, « son trésorparticulier ».

Il n'est pas question pour Marie de ne pas retourner versJoseph ou de lui cacher son état.

De même, l'âme qui a reçu la vie de Dieu ne peut pas fuirses responsabilités, et ne pas confesser le nom de Jésusparmi les siens.

Que va faire Joseph, lorsqu'il apprendra que Marie estenceinte ?

Écoutons comment Matthieu nous décrit ces événementsqui, humainement, auraient pu avoir de tragiquesconséquences pour Marie :

Voici de quelle manière arriva lanaissance de Jésus-Christ.

Marie, sa mère, ayant été fiancée àJoseph, se trouva enceinte par la vertu duSaint-Esprit, avant qu'ils eussent habitéensemble. Joseph, son époux, qui était unhomme de bien et qui ne voulait pas ladiffamer, se proposa de rompre secrètementavec elle. Comme il y pensait, voici, un angedu

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Seigneur lui apparut en songe, et dit : Joseph, filsde David, ne crains pas de prendre avec toi Marie,ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient duSaint-Esprit ; elle enfantera un fils, et tu luidonneras le nom de Jésus ; c'est lui qui sauvera sonpeuple de ses péchés.

Tout cela arriva afin que s'accomplit ce que leSeigneur avait annoncé par le prophète :

Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera unfils.

Et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce quisignifie Dieu avec nous.

Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange duSeigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme aveclui.

(Matthieu 1, v. 18-24).

Constatant l'état de sa fiancée, Joseph avait, à premièrevue, deux possibilités devant lui :

1. S'il croyait le témoignage de Marie et sa version surle mystère de sa grossesse, il pouvait garder sa femme auprèsde lui et honorer en elle, l'élue du Seigneur.

2. Par contre, s'il conservait un doute sur une situationaussi extraordinaire, étant un homme juste, il ne pouvaitépouser Marie — la fiancée enceinte tombant alors sous lecoup de la loi qui prononçait la peine de mort pour un tel cas.(Deutéronome, ch. 22, v. 23 et ss.)

Que se passe-t-il donc en Joseph pour qu'il s'oriente versune troisième solution, celle qui le conduisait à vouloirrompre secrètement avec Marie,

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afin de ne pas l'exposer publiquement à l'ignominie et moinsencore aux rigueurs de la loi ?

Ou le témoignage de Marie n'a pas suffi pour leconvaincre et l'amener à croire, et, dans le doute, il préfères'abstenir, étant un homme de bien.

Ou, s'il a cru sa fiancée, une crainte respectueuse s'emparede son coeur. Joseph ne se sent plus capable de vivre aveccet être dans lequel Dieu accomplit un si grand mystère.

Qu'en sera-t-il de Marie, humblement résignée à toute lavolonté de Dieu ? La servante du Seigneur sera-t-elleabandonnée dans cette épreuve ?

Quand Dieu a commencé un travail dans un coeur, Il lepoursuit et l'amène à son achèvement. Il ne permet pas quel'incrédulité, le doute ou la crainte, détruise son oeuvre ounuise à son épanouissement. Dieu lui-même intervient : unange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, dissipe sesdoutes ou ses craintes, lui révélant personnellement la véritéau sujet de « l'enfant » et lui communiquant ce que Dieuattend de lui. Dès son r Eve il, sans tergiversation, Josephobéit à l'ordre d'En Haut et prend sa femme auprès de lui, lamettant ainsi à l'abri des soupçons injurieux.

Joseph partage dès lors l'espérance de Marie.

Le salut est entré dans sa maison. La Vierge n'est plusseule maintenant pour attendre les choses merveilleuses deDieu.

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Une telle délivrance est l'image de tout ce que Dieu peutfaire, aujourd'hui encore, pour les âmes de nos familles, quine croient pas à notre témoignage. Ce n'est plus à nous decombattre. Attendons-nous au Seigneur qui, à son heure,saura révéler lui-même sa grâce et amener à l'obéissance dela foi ceux qui dans nos demeures ne connais-sent pas lavérité.

Mais il ne la connut point, jusqu'à cequ'elle eût enfanté son fils premier-né,auquel il donna le nom de Jésus.

(Matthieu 1, v. 25).

Par ce texte, que la version de Jérusalem traduit ainsi : « Etsans qu'il l'eût connue, elle enfanta un fils... », l'Évangileveut établir comme un fait historique, l'origine divine deJésus-Christ.

C'est là le véritable intérêt que ce passage a pour nous.Joseph trouva Marie enceinte avant qu'ils eussent mené viecommune, et c'est sans qu'il l'eût connue qu'elle mit aumonde Jésus.

Ainsi, si l'on ne peut prouver par l'Écriture la virginitéperpétuelle de Marie, on ne saurait mettre en doute qu'elleétait vierge à la naissance du Sauveur.

Cela seul est important.

Que se passa-t-il ensuite entre Joseph et Marie ?

Il me paraît sans intérêt de discuter à perte de vue poursavoir si, après la naissance de Jésus,

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Joseph connut sa femme et lui donna d'autres enfants, ceuxque l'Évangile appelle « les frères » du Seigneur.

S'il est vrai que le terme « frère » est employé quelquefoisdans la Bible pour désigner un proche degré de parenté etnon nécessairement les enfants du même père et de la mêmemère, nul ne peut certifier cependant que les « frères » deJésus dont nous parle le Nouveau Testament n'étaient que sescousins.

A Nazareth, où Jésus avait été élevé, ne disait-on pas delui : « Celui-ci n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie, etle frère de Jacques et de Joses et de Jude et de Simon ; et sessoeurs ne sont-elles pas ici auprès de nous ? »

Et jean l'apôtre, ne nous signale-t-il pas que « ses frèresnon plus ne croyaient pas en lui » ?

Serait-ce pour cette raison-là qu'au moment de mourir,Jésus confie sa mère à Jean plutôt qu'à ses proches demeurésencore dans l'incrédulité ?

On pourrait facilement le soutenir en s'appuyant sur cetteparole du psaume messianique : « Je suis devenu un étrangerpour mes frères, un inconnu pour les fils de ma mère ! »

Pour moi, je le répète, quelle que soit l'opinion que l'onpartage au sujet des frères ou des soeurs de Jésus, je ne voispas ce que le fait d'être restée vierge, ou d'avoir eu desenfants après la naissance

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du Christ, pourrait ajouter ou ôter à la vertu de la mère parexcellence.

Toutefois, si rien ne s'oppose formellement à ce queJoseph ait connu sa femme après la naissance de Jésus, jepourrais très bien comprendre aussi que l'époux de Marie aitarrêté dans son coeur de respecter celle dont le corps avaitété le théâtre mystérieux d'une telle opération de l'EspritSaint !

De toute manière, Joseph et Marie restent pour les fiancésde tous les temps, des modèles de foi, d'amour et de pureté.

LA NAISSANCE DE JÉSUS

La lecture du deuxième chapitre des Évangiles de Luc etde Matthieu, nous renseigne parfaitement sur lescirconstances que connut Marie, avant, pendant et après lanaissance de son fils.

En ce temps-là parut un édit de CésarAuguste, ordonnant un recensement de toutela t'erre. Ce premier recensement eut lieupendant que Quirinius était gouverneur deSyrie. Tous allaient se faire inscrire, chacundans sa ville. Joseph aussi monta de laGalilée, de la ville de Nazareth, pour serendre en Judée, dans la ville de David,appelée Bethléem, parce qu'il était de la mai-son et de la famille de David, afin de se faireinscrire avec Marie, sa fiancée, qui étaitenceinte.

(Luc 2, v. 1.5).

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Les choses merveilleuses que l'on attend de Dieu ne sepassent pas toujours selon nos prévisions.

Marie et Joseph habitent à Nazareth de Galilée, etpourtant, selon les Écritures, c'est à Bethléem de Judée que leMessie doit naître.

Écoutons plutôt :

« Et toi, Bethléem Ephrata,

« Petite entre les milliers de Juda,

« De toi sortira pour moi

« Celui qui dominera sur Israël

« Et dont l'origine remonte aux temps anciens, a Auxjours de l'éternité.

(Michée, ch. 5, v. 1)

Si Marie avait connaissance de ce texte de Michée, ellepouvait être en souci. Devrait-elle, afin d'accomplir cetteprophétie, se rendre d'elle-même à Bethléem pour accoucherdans cette ville, ou rester à Nazareth, ce qui pour ellesimplifierait tellement les choses ?

Ce n'est pas à nous de réaliser les prophéties. Il nousappartient seulement d'être fidèles là où Dieu nous visite, etde savoir attendre de Lui, dans la soumission,l'accomplissement de ses desseins.

Malgré les apparences, Dieu gouverne le monde et règneau-dessus de tous les Césars.

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Aussi, est-ce par un édit d'Auguste, ordonnant unrecensement de toute la terre que joseph et Marie setrouveront au jour et à l'heure de l'accouchement, au lieuannoncé par les prophètes.

La volonté de Dieu s'accomplit toujours par la puissancede Dieu et est toujours conforme à la lettre de l'Écriture.

Dieu ne nous demande pas de réaliser aujourd'hui, d'unemanière charnelle, ou parce que nous en aurions le loisir, cequ'Il attend que nous accomplissions demain, avec la forcequ'Il communiquera.

Mais demain, à l'heure qu'Il voudra, Il réclamera de nousune obéissance totale à sa volonté clairement révélée.Aucune circonstance, aucun travail, aucune fatigue ne devranous arrêter.

Soumis aux autorités et malgré l'état de Marie, Joseph s'enira comme tout le monde en sa propre ville, afin de se faireinscrire avec la femme qui lui était fiancée.

Pendant qu'ils étaient là, le temps où Mariedevait accoucher arriva, et elle enfanta son filspremier-né. Elle l'emmaillota. et le coucha dansune crèche, parce qu'il n'y avait pas de placepour eux dans l'hôtellerie.

(Luc 2, v. 6.7).

Nous voici donc à Bethléem.

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Mais, là encore, les choses ne vont pas se passer commenous pourrions le désirer, ou comme notre imaginationpieuse pourrait prévoir l'accomplissement d'un événementdivin.

Tout est fait pour nous déconcerter ou nous scandaliser.Ni le cadre de la naissance du Christ, ni les acteurs quiévoluent autour de Jésus, ne semblent correspondre à ladignité qui revient au Fils de Dieu.

Ce n'est pas dans l'hôtellerie que va naître le Sauveur,mais dans une grotte obscure servant d'étable aux animaux.

C'est dans une crèche que Marie déposera son enfant etc'est là que de pauvres bergers viendront pour le trouver.

Sur la terre, la présence de Jésus en nous n'ouvre pasnécessairement toutes les portes.

Au contraire, en certains lieux, il n'y aura point de placepour nous ici-bas. « Si le monde ne nous connaît pas, c'estparce qu'il ne L'a pas connu. » Cependant, « toutes chosesconcourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, deceux qui sont appelés selon son dessein. »

Dieu veut apprendre à ceux qu'Il a choisis pour accomplirsa volonté, que son salut gratuit doit être annoncé d'abordaux pauvres et aux ignorants.

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LES BERGERS DE BETHLÉEM

Il y avait, dans cette même contrée, des bergersqui passaient dans les champs les veilles de la nuitpour garder leurs trou-peaux. Et voici, un ange duSeigneur leur apparut, et la gloire du Seigneurresplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'unegrande frayeur. Mais l'ange leur dit : Ne craignezpoint ; car je vous annonce une bonne nouvelle,qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grandejoie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David,il vous est né un Sauveur. qui est le Christ, leSeigneur. Et voici à quel signe vous lereconnaîtrez : vous trouverez un enfant emmaillotéet couché dans une crèche.

Et soudain il se joignit à l'ange une multitudede l'armée céleste, louant Dieu et disant :

Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix surla terre parmi les hommes qu'il agrée (Luc 2,v. 8.14).

Si le monde ne nous reçoit pas, Dieu va nous rendrecapables de recevoir ceux que le monde méprise, mais queLui aime et veut sauver.

Aujourd'hui on consacre des millions pour se faire ouvrirla porte d'une « hôtellerie » qui n'est pas pour nous, et pourfinancer une publicité tapageuse destinée à faire accepterJésus-Christ aux foules.

Autrefois, Joseph et Marie acceptaient l'obscurité d'uneétable pour y déposer le trésor de leur coeur.

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Alors le ciel s'ouvrait et, sans aucun frais pour joseph etMarie, une publicité merveilleuse digne du Fils de Dieu sefaisait par un ange environné d'un choeur céleste.

Rien ne manquait à l'annonce ! Le sujet, la date, le lieu,tout était indiqué. Enfin, le signe qui les conduirait à croirecette bonne nouvelle, et à reconnaître pour Sauveur l'enfantde la crèche, leur était révélé.

Lorsque les anges les eurent quittés pourretourner au ciel, les bergers se dirent les uns auxautres : Allons jusqu'à Bethléem et voyons ce quiest arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie etJoseph, et le petit enfant couché dans la crèche.Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avaitété dit au sujet de ce petit enfant. Tous ceux qui lesentendirent furent dans l'étonnement de ce queleur disaient les bergers. Marie gardait toutes ceschoses, et les repassait dans son coeur.

Et les bergers s'en retournèrent, glorifiant etlouant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu etvu, et qui était conforme à ce qui leur avait étéannoncé.

(Luc 2, v. 15.20).

Irrésistiblement attirés par la propagande céleste aurendez-vous des méprisés, les bergers vont en hâte àBethléem et trouvent tout conforme à ce qui leur avait étéannoncé I Alors, ils s'en retournent glorifiant et louant Dieupour tout ce qu'ils avaient entendu et vu.

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Que celui qui lit comprenne, et qu'avec Marie gardetoutes ces choses et les repasse dans son coeur, trouvant soninspiration dans les choses faites r le ciel pour évangéliser laterre.

Si nous possédons aujourd'hui la vie de Jésus, si e semanifeste dans notre chair mortelle, notre témoignagecommencera parmi les pauvres, au n des humbles de cemonde.

Seulement, ne laissons pas nu le Sauveur dans crèche.Comme Marie, enveloppons-Le des langes notre amour.Alors, si nous ne pouvons pas encore montrer le Christailleurs que dans une étable, nous ferons l'expérience que siJésus est tout pour notre cœur, ceux que Dieu enverra versnous par sa divine puissance, ne verront plus le boeuf l'âneou l'endroit misérable, mais uniquement Personne du divinenfant.

Dans l'étable de Bethléem, ce que les bergers virent, cefut le petit enfant. Alors, aussi, ils racontent ce qui leur avaitété dit au sujet de ce petit faut.

De même aujourd'hui, si Christ est réellement né ennous, les humbles de ce monde sauront voir « le petit enfant», même si nous n'avons pas de grands moyens pour lemontrer, ni de belles chapelles où présenter.

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LES MAGES D'ORIENT

Jésus étant né à Bethléem en Judée, au temps duroi Hérode, voici, des mages d'Orient arrivèrent àJérusalem, et dirent : Où est le roi des Juifs quivient de naître? Car nous avons vu son étoile enOrient, et nous sommes venus pour l'adorer.

Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, ettout Jérusalem avec lui. Il assembla tous lesprincipaux sacrificateurs et les scribes du peuple, etil s'informa d'eux où devait naître le Christ. Ils luidirent : A Bethléem en Judée ; car voici ce qui a étéécrit par le prophète :

Et toi, Bethléem, terre de Juda,Tu n'es certes pas la moindre entre les villes de

Juda,Car de toi sortira un chef, qui paîtra Israël, mon

peuple.Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et

s'enquit soigneusement auprès d'eux depuis combiende temps l'étoile brillait. Puis il les envoya àBethléem, en disant : Allez, et prenez desinformations exactes, sur le petit enfant ; quandvous l'aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin quej'aille aussi moi-même l'adorer.

Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici,l'étoile qu'ils avaient vue en Orient marchait devanteux jusqu'à ce qu'étant arrivée au-dessus du lieu oùétait le petit enfant, elle s'arrêta. Quand ilsaperçurent l'étoile, ils furent saisis d'une trèsgrande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent lepetit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent etl'adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et luioffrirent en présent de l'or, de l'encens et de lamyrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pasretourner vers Hérode, ils regagnèrent leur payspar un autre chemin.

(Matthieu 2, v. 1-12).

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Si la bonne nouvelle doit être annoncée aux pauvres et auxignorants, souvenons-nous que Dieu aime aussi les riches etles savants.

Pour eux aussi l'heure viendra où, comme les Mages del'Orient, ils pourront voir « le petit enfant » avec Marie samère et se prosterner devant lui pour lui rendre hommage, endéposant à ses pieds leurs trésors.

Pour trouver Christ, leur voyage sera plus long que celuides bergers, et leurs difficultés plus grandes. Leur recherchedu Sauveur ne se fera pas sans trouble. Mais, partis un jourdans la bonne direction, et malgré les obstacles, ilsretrouveront toujours l'étoile qui les conduira dans leur nuitvers le meilleur trésor et vers la plus grande joie.

Eux aussi seront divinement avertis de ne pas retournervers certaines gens qui leur seraient un piège et ils saurontdans quel chemin Dieu veut les voir marcher pour retournerà leurs occupations.

LA FUITE EN ÉGYPTE

Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange duSeigneur apparut en songe à Joseph, et dit :Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère,fuis en Égypte, et restes-y jusqu'à ce que je teparle ; Car Hérode cherchera le petit enfantpour le faire périr. Joseph se leva, prit denuit le petit enfant et sa mère, et se retira enÉgypte. Il y resta jusqu'à la mort

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d'Hérode, afin que s'accomplît ce que leSeigneur avait annoncé par le prophète : J'aiappelé mon fils hors d'Égypte.

Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué parles mages, se mit dans une grande colère, et ilenvoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout sonterritoire, selon la date donc il s'étaitsoigneusement enquis auprès des mages. Alorss'accomplit ce qui avait été annoncé parJérémie, le prophète :

On a entendu des cris à Rama,

Des pleurs et de grandes lamentations :Rachel pleure ses enfants,

Et n'a pas voulu être consolée,

Parce qu'ils ne sont plus.

(Matthieu 2, v. 13.18).

Aujourd'hui, comme aux jours d'Hérode, Dieu ne se laissepas devancer par les plans criminels de nos adversaires. Dieuconnaît les pensées et les intentions des coeurs et sait avertirses enfants.

Que fera le jeune chrétien devant l'opposition, la menace etla rage de Satan ?

Il se laissera guider par Celui qui, des cieux, veille sur lavie du tout petit enfant. Il se retirera où Dieu le conduira.

A cause de Jésus, Joseph et Marie durent descendre enÉgypte. A cause de la vie de Christ en nous, Dieu peutencore nous conduire à l'écart, mais c'est Lui aussi, qui, à sonheure, nous ramènera de l'exil.

La haine, la persécution, la souffrance, tout cela est dans leprogramme du chrétien, et doit arriver afin que l'Écriture soitaccomplie.

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Page 85: Les Leçons Marie

LE RETOUR EN ISRAEL

Quand Hérode fut mort, voici, un ange duSeigneur apparut en songe à Joseph, enÉgypte, et dit : Lève-toi, prends le petitenfant et sa mère, et va dans le paysd'Israël, car ceux qui en voulaient à la viedu petit enfant sont morts. Joseph se leva,prit le petit enfant et sa mère, et alla dans lepays d'Israël. Mais, ayant apprisqu'Archélaüs régnait sur la Judée à la placed'Hérode, son père, il craignit de s'y rendre: et, divinement averti en songe, il se retiradans le territoire de la Galilée, et vintdemeurer dans une ville appelée Nazareth,afin que s'accomplît ce qui avait étéannoncé par les prophètes : Il sera appeléNazaréen.

(Matthieu 2, v. 19-23).

Les hommes passent, les temps changent ; seul Jésusdemeure !

A la mort d'Hérode, un ange intervient à nouveau pourrappeler Joseph, le petit enfant et sa mère, au pays d'Israël,non pas dans la ville de David son père, mais à Nazareth lacité méprisée de Galilée, d'où aucun prophète ne semblaitdevoir sortir. Élevé dans cette ville, Jésus sera appelé : «Nazaréen ».

Là où se manifeste la vie de Jésus, tout est divine-mentconduit. L'homme ne choisit pas le lieu de son témoignage.Fidèle, il obéit à la volonté que Dieu lui révèle, et il ne tardepas à voir l'Écriture s'accomplir dans sa vie.

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L'ENFANT PERDU ET RETROUVE

Les parents de Jésus allaient chaque année àJérusalem, à la fête de Pâque.

Lorsqu'il fut âgé de douze ans, ils y montèrent, selon lacoutume de la fête. Puis, quand les jours furent écoulés,et qu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus resta àJérusalem. Son père et sa mère ne s'en aperçurent pas.Croyant qu'il était avec leurs compagnons de voyage, ilsfirent une journée de chemin, et le cherchèrent parmileurs parents et leurs connaissances. Mais, ne l'ayant pastrouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le cher-cher.Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple,assis au milieu des docteurs, les écoutant et lesinterrogeant. Tous ceux qui l'entendaient étaient frappésde son intelligence et de ses réponses. Quand ses parentsle virent, ils furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ?Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse.Il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez.vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de monPère ? Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur. disait.Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth, et il leurétait soumis. Sa mère gardait toutes ces choses dans soncoeur.

Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce,devant Dieu et devant les hommes.

(Luc 2, v. 41-52).

Jésus avait douze ans quand Marie dut apprendre uneleçon importante, et, avec elle, nous devons souventrepasser son enseignement dans notre coeur.

C'est toujours un grand danger pour nous d'accomplir parcoutume des actes religieux.

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Page 87: Les Leçons Marie

Quand ils deviennent pour nous des traditions, sans nousen apercevoir nous perdons vite le contact avec Jésus.Accaparés par mille occupations, même pieuses, nous nenous rendons pas compte que Jésus n'est plus avec nous.Cependant, nous le croyons là, faisant partie du voyage ! Etc'est ainsi que l'on peut cheminer toute une journée sanssouffrir de son absence.

Mais le soir arrive et, quand soudain l'on se soucie deJésus, Il reste introuvable. Compagnons de voyage, parentset connaissances ne nous sont d'aucun secours pour nousaider à retrouver Celui que nous avons négligé, et perdu...

Où donc Le chercher ? Où donc Le trouver ?

Jésus nous a tellement habitués à sa fidélité, que nous enarrivons à croire qu'Il doit être toujours là, et que nouspouvons marcher avec qui nous voulons, bavarder avec quinous semble bon, n'avoir aucun contact avec Lui pendantune journée entière, sans cependant douter un seul instantque nous Le retrouverons le soir, quand nous aurons terminénos affaires...

Dieu veut nous apprendre que la présence de Jésus est unegrâce à chérir plus que toute autre chose, et qu'il ne va pasde soi qu'Il reste avec nous quand nos pensées ne sont pasavec Lui.

Pour une journée où nous avons négligé le Seigneur, lamarche est arrêtée... Trois jours de peine et d'angoisse...

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Cependant, Jésus n'était pas en danger. Il était resté àJérusalem et se tenait assis dans le temple, au milieu desdocteurs, les écoutant et les interrogeant.

Pour retrouver le contact avec Jésus, il faut toujoursrevenir à notre point de départ. C'est au temple de Dieu quele Sauveur est resté et c'est là seulement que nous Leretrouverons, si nous savons rentrer en nous-mêmes.

Jésus est occupé des affaires de son Père, alors que nousL'avons oublié pour nous occuper de nos propres affaires.

N'accusons pas le Seigneur d'avoir mal agi avec nous,mais rentrons en nous-mêmes. Nous comp rendrons alorsque si nous avons dû Le chercher durant trois jours, si nousavons été dans la peine et l'angoisse, c'est bien parce qu'unmatin, nous sommes partis sans Lui et que toute une journéetoujours sortis de nous-mêmes nous nous sommes éloignésde Lui.

On ne perd Jésus qu'en s'éloignant de Lui. Et ce qui nouséloigne de Lui, ce sont les affaires et les soucis de la terre.

C'est auprès de son Père que le Christ se trouve.Recherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice,et si même comme Marie et Joseph, nous ne comprenonspas toutes les paroles et les pensées du Seigneur, nous Leverrons redescendre

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avec nous à Nazareth, entrer dans nos occupations etpréoccupations pour y manifester de plus en plus sa vie, sasagesse et sa grâce devant Dieu et devant les hommes.

Après avoir bien compris cet enseignement que Mariegardait dans son coeur, il nous faut revenir à une leçonqu'elle avait apprise dans ce même temple de Jérusalem,quarante jours après la naissance de Jésus, à l'heure où, pourla première fois, elle y avait conduit son Fils.

LA PROPHÉTIE DE SIMÉONET SON ACCOMPLISSEMENT

Le huitième jour, auquel l'enfant devaitêtre circoncis, étant arrivé, on lui donna lenom de Jésus, nom qu'avait indiqué l'angeavant qu'il fût conçu dans le sein de sa mère.Et, quand les jours de leur purification furentaccomplis, selon la loi de Moise, Joseph etMarie le portèrent à Jérusalem, pour leprésenter au Seigneur — suivant ce qui estécrit dans la loi du Seigneur : Tout mâlepremier-né sera consacré au Seigneur — etpour offrir en sacrifice deux tourterelles oudeux jeunes pigeons, comme cela est prescritdans la loi du Seigneur.

Et voici, il y avait à Jérusalem un hommeappelé Siméon. Cet homme était juste etpieux, il attendait la consolation d'Israël, etl'Esprit-Saint était sur lui. Il avait étédivinement averti par le Saint-Esprit qu'il nemourrait point avant d'avoir vu le Christ duSeigneur, il vint au temple, poussé parl'Esprit. Et, comme les parents apportaient

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Page 90: Les Leçons Marie

le petit enfant Jésus pour accomplir à sonégard ce qu'ordonnait la loi, il le reçut dans sesbras, bénit Dieu et dit :Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteurS'en aller en paix, selon ta parole.Car mes yeux ont vu ton salut,Salut que tu as préparé devant tous les peuple,Lumière pour éclairer les nations,Et gloire d'Israël, ton peuple.

Son père et sa mère étaient dans l'admirationdes choses qu'on disait de lui.

(Luc 2, v. 21-33).

Lors de ce premier voyage à Jérusalem, Marie n'était pasmontée au temple « selon la coutume de la fête », mais pourprésenter son enfant au Seigneur, et pour accomplir à sonégard ce que prescrivait la loi de Moïse.

Portant son enfant dans ses bras, tout occupée de lui,Marie avait vu et entendu des choses merveilleuses.

Un pieux vieillard, divinement averti qu'il ne mourraitpoint avant d'avoir vu le Christ du Seigneur, survint autemple, poussé par l'Esprit, au moment où les parents deJésus se soumettaient aux exigences de la Parole.

De la bouche de Siméon, Marie qui venait de présenter auSeigneur l'offrande du pauvre, avait reçu la confirmation queson trésor était vraiment le Salut de Dieu, la Lumière pouréclairer les nations, et la gloire du peuple d'Israël.

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Page 91: Les Leçons Marie

Aussi, Marie et Joseph étaient-ils dans l'admiration deschoses qu'on disait de Lui.

Comme il est bon aujourd'hui encore — lors-que dansnotre faiblesse nous accomplissons la volonté du Seigneur —d'entendre des personnes pieuses, comme Siméon et Anne,rendre témoignage à la vie de Dieu que nous possédons, etaux mer-veilleuses possibilités que cette vie nous donne pournous-mêmes et pour les autres.

Mais c'est alors que Dieu, au moment même où Il nousdonne sa bénédiction, nous prépare à entendre des chosesque notre coeur charnel n'aurait pu supporter sans sa grâceprévenante :

Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère : Voici,cet enfant est destiné à amener la chute et lerelèvement de plusieurs en Israel, et à devenir unsigne qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que lespensées de beaucoup de coeurs soient dévoilées.

(Luc 2, v. 34-35).

Marie devait savoir que la vie de son enfant deviendraitun signe qui provoquerait la contra-diction parmi leshommes, et qu'elle-même connaîtrait la souffrance. Une épéetranspercerait sa propre âme, lorsque l'opposition deshommes irait jusqu'à clouer le Sauveur sur la Croix, cetteCroix où les pensées des coeurs se trouvent révélées, leCrucifié suscitant la foi ou l'incrédulité, l'amour ou la hainede plusieurs.

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C'est une vie de souffrance qui fut promise à Marie aumoment même où elle recevait la bénédiction du vieillardSiméon. La mère de l'homme de douleur sera aussi la mèredouloureuse.

La souffrance, l'épée sont dans son programme. Untranchant est pour Jésus, l'autre pour Marie et pour tousceux qui, avec elle, sont sauvés par les meurtrissures duCrucifié.

C'est à la communion de ses souffrances que le Christnous appelle, afin que nous soyons rendus conformes à Luidans sa mort pour l'être aussi dans sa glorieuse résurrection.

C'est à Le suivre dans le renoncement à tout, à Le suivrejusqu'à la mort et à la mort de la Croix que Dieu convieceux qu'Il bénit de toutes bénédictions spirituelles dans leslieux célestes en Christ.

C'est vers la Croix en effet que marchera Marie.

C'est là que nous la retrouverons debout et silencieuse,laissant parler son Fils, qui décide de son sort.

Son enseignement suprême pour toutes les générationsqui la diront « bienheureuse », Marie l'avait donné une foispour toutes à Cana, en sept mots simples et lumineux :

« Faites tout ce qu'Il vous dira. »

Ce sont ces paroles qui délivrent les hommes de leursdifficultés. Elles leur apportent ce qui leur

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manque : le vin meilleur, la joie parfaite que procurel'obéissance aux commandements du Fils de Dieu.

Marie a mis au monde son Fils, non pour que l'on parled'elle, mais toujours de Lui,

non pour qu'on regarde à elle, mais toujours à Lui,

non pour qu'on l'aime elle, mais toujours Lui, qui de saplénitude nous donne grâce sur grâce.

Voilà Marie ! Marie dans l'ombre de la Croix ! Marievraiment humaine, priant au milieu de ses frères et avec sesfrères, le seul Médiateur entre Dieu et les hommes :

Celui qui seul est assis à la droite de Dieu et intercède pournous,

Celui qui seul possède l'immortalité,

Celui qui seul a détruit la mort et a mis en évidence la vieet l'incorruptibilité par l'Évangile,

Celui qui vient bientôt, notre glorieux Sauveur et SeigneurJésus-Christ.

Il nous demande à tous qu'à l'instar de Marie, la servantedu Seigneur, nous sachions Le montrer, Lui, au monde quiL'ignore.

Alors, quand Lui qui est notre vie sera manifesté, Il nousmanifestera avec Lui en gloire.

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C'est Lui, Jésus, qui en son jour, présentera Marie glorifiéeavec tous ceux qui, comme elle, n'auront eu de regard etd'amour que pour Lui,

tous ceux qu'Il n'a pas honte d'appeler, encore aujourd'hui :« ses frères ».

FIN

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TABLE DES MATIÈRES

Pages

Au lecteur ................................................................9

Introduction ...........................................................11

CHAPITRE PREMIER

L'Annonciation ..........................................17

CHAPITRE II

De l'Annonciation au Magnificat ..............39

1. La Visitation ........................................492. Le Magnificat ......................................55

CHAPITRE III

La servante du Seigneur ............................651. La Fiancée de Joseph ...........................742. La Naissance de Jésus ..........................803. Les Bergers de Bethléem .....................844. Les Mages d'Orient ..............................875. La Fuite en Égypte ...............................886. Le Retour en Israël ...............................907. L'Enfant perdu et retrouvé ....................918. La Prophétie de Siméon et son accomplis-

sement

94

Page 96: Les Leçons Marie

GASTON RACINE

Né en Suisse en 1917. De descendance huguenote, il seconvertit au Christ à l'âge de 14 ans, où il reçut une visionparticulière de l'unité des chrétiens.

Arrêté en pleine jeunesse par la maladie, il apprit à l'Écolede la souffrance à renoncer à ses plans et projets les pluschers pour se soumettre à la volonté de Dieu.

Après plus de quarante années de ministère pastoral etd'enseignement biblique dans divers pays du monde, tout enrestant foncièrement attaché à la révélation divine tellequ'elle est attestée dans l'Écriture sainte, Gaston Racinedemeure humblement disponible pour servir son Dieu où Ilveut, comme Il veut, et quand Il veut. Pour accomplir cettevocation, depuis 1947, G.R. ne dépend d'aucune Egliseparticulière.

LES LEÇONS DE MARIE, MÈRE DE JÉSUS.

Cet ouvrage est la réimpression intégrale au Canada, dutexte original paru en France en 1957, plus de cinq annéesavant l'ouverture du Concile Vatican Il.

Comme dans ses autres écrits, l'auteur s'efforce de parler àla conscience et au coeur de ses lecteurs, en exaltant par leSaint Esprit, la Personne du Christ, le Fils unique du Père, leSauveur du monde et le seul Seigneur de tous les hommes.C'est dans ce sens qu'il faut lire ce qu'il écrit à la page 98:

"Marie a mis au monde son Fils, non pour qu'on parled'elle, mais toujours de Lui, Non pour qu'on regarde à elle,mais toujours à Lui,

Non pour qu'on l'aime elle, mais toujours Lui."