Les jeunes dans la vie active manual : se reparten entre las diversas profesiones a medida del...

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C Delcourt Les jeunes dans la vie active In: Economie et statistique, N°18, Décembre 1970. pp. 3-15. Citer ce document / Cite this document : Delcourt C. Les jeunes dans la vie active. In: Economie et statistique, N°18, Décembre 1970. pp. 3-15. doi : 10.3406/estat.1970.2012 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1970_num_18_1_2012

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C Delcourt

Les jeunes dans la vie activeIn: Economie et statistique, N°18, Décembre 1970. pp. 3-15.

Citer ce document / Cite this document :

Delcourt C. Les jeunes dans la vie active. In: Economie et statistique, N°18, Décembre 1970. pp. 3-15.

doi : 10.3406/estat.1970.2012

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1970_num_18_1_2012

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AbstractYoung people and employment : by Claude DELCOURTFor some years now, young people have been coming on to the labour market in large numbers andwith better training than their seniors. Largely employed in the expanding sectors, they represent animportant progressive potential for the French economy, but their gradual integration into working life isnot without problems. Their employment is particularly sensitive to cyclical fluctuations and structuralchanges. While they have little difficulty in finding employment in periods of vigorous expansion, theyare in great danger of forming the bulk of unemployed in time of recession.There are many young people who, from necessity or inclination, occupy manual jobs : the facts do notconfirm the theory of a possible general dislike for manual jobs; they are divided among the differentoccupations in line with the development of each occupation.

RésuméDepuis plusieurs années déjà les jeunes entrent, nombreux et mieux formés que leurs aînés, sur lemarché du Travail. S'employant pour une grande part dans les secteurs en expansion, ils représententun potentiel de progrès important pour l'économie française, mais leur intégration progressive à la vieactive n'est pas sans problème : leur emploi est particulièrement sensible aux fluctuationsconjoncturelles et aux transformations structurelles. S'ils ne rencontrent que peu de difficultés à trouverun emploi en période de forte expansion, ils risquent fort lors d'une récession de former la plus grandepartie des chômeurs.Nombreux sont les jeunes qui, par nécessité ou par goût, occupent des emplois manuels; les faits neviennent pas confirmer l'hypothèse d'une éventuelle désaffection générale pour les emplois manuels :les jeunes se répartissent entre les différentes professions au fur et à mesure du développement dechacune d'entre elles.

ResumenLos jovenes y el empleo por Claude DELCOURT.De unos cuantos anos acá, los jovenes entran, numerosos y provistos de mejor formacion que sushermanos mayores, en el mercado del Trabajo. Consiguiendo mayormente ocupaciones en lossectores que están en expansion, representan un potencial de adelanto importante para la economiafrancesa, pero su integración progresiva en la vida activa plantea problemas : su empleo se resienteparticularmente de las fluctuaciones coyunturales y de las transformaciones estructurales. Si tropiezancon pocos impedimentos para conseguir una ocupación durante un perîodo de fuerte expansion, correnel peligro, durante una recesión, de constituir la mayor parte de los desocupados.Son numerosos los jovenes que, bien sea por necesidad o por afición ocupan puestos manuales : loshechos no vienen a concretizar la hipôtesis de un eventual desafecto general para los empleos detrabajo manual : se reparten entre las diversas profesiones a medida del desarrollo de cada una deellas.

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Les jeunes dans la vie active

par Claude DELCOURT

Les générations nombreuses nées à partir de 1946, après avoir suscité des problèmes d'adaptation à l'enseignement primaire, secondaire* puis supérieur, ont abordé depuis 1962 la vie professionnelle. Donnant à l'économie française une chance remarquable de renouvellement, elles lui ont aussi posé un redoutable défi, celui de créer non seulement le nombre adéquat d'emplois, mais aussi de les créer dans des activités correspondant à la fois aux besoins d'une nation moderne et aux aspirations personnelles de ces nouveaux travailleurs. Sans permettre évidemment de savoir si cette exigence a été satisfaite — ce qui supposerait qu'on se donne un idéal de référence — l'examen des statistiques disponibles sur l'emploi des jeunes et notamment de celles résultant du recensement de 1968, permet de juger le bien-fondé d'opinions communément répandues. Selon celles-ci, les jeunes~seraient les premières victimes du chômage; ils, seraient moins fréquemment attirés par les métiers manuels que leurs aînés; plus souvent diplômés, ils accéderaient plus aisément aux emplois qualifiés. Mais, comme on le verra, ces idées ne sont pas toutes confirmées par les faits.

1 Afflux des jeunes sur le marché du travail

L'afflux des jeunes sur le marché du travail constitue une des caractéristiques essentielles de l'évolution récente. En 1968, sur 6 210 000 actifs de moins de 30 ans, environ 3 600 000 1 sont entrés en activité entre 1962 et ,1968 soit

près de 600 000 par an. Les entrées n'étaient que de 400 000 par an entre 1954 et 1962.

Plus d'une personne sur six travaille donc depuis moins de 6 ans, si l'on ne tient pas compte des éventuelles entrées en activité de femmes de plusde 30 ans, n'ayant jamais travaillé auparavant. ,

Ce phénomène, dû à la très forte natalité d'après guerre entraîne un net rajeunissement de. la population < active : en 1968, 31,2% des actifs (y compris les militaires du contingent) ont moins de 30 ans. Cette proportion n'était que de 28,8 % en 1962.

Essentiellement dans les activités en expansion

L'appel à la main-d'œuvre est évidemment important, en dehors des besoins à satisfaire pour remplacer les personnes partant à la retraite, là où des emplois sont offerts,

dans les entreprises qui se développent et se créent. La répartition des effectifs de moins de 30 ans entre les grands secteurs de l'économie est donc différente de celle de l'ensemble de la population (tableau 1): ils se partagent à peu près également entre l'industrie (45,3 %) et les services (45,9 %) un faible pourcentage d'entre eux (8,8 %) travaillant dans l'agriculture, alors que la répartition de l'ensemble de la population dans ces secteurs est 39,5 %, 44,8 % et 15,7 %. La proportion de jeunes est donc particulièrement forte dans l'industrie : formant 30 % de l'ensemble des actifs, ils représentent 34,4 % de l'effectif industriel.

On ne s'étonnera pas non plus de constater que ce sont les activités dont les effectifs augmentent, qui, à l'intérieur de ces grands secteurs, emploient la plus forte proportion de jeunes : 35 à 40 % des effectifs ont moins de 30 ans dans la construction électrique, le bâtiment et les travaux publics, les banques et les assurances; 30 à 35 % dans les industries mécaniques, les matériaux de construction, les industries polygraphiques et la presse, les commerces et les administrations.

A l'inverse 'ils ne constituent qu'une faible partie des travailleurs>des activités dont les effectifs globaux sont en régression, comme l'agriculture et les industries extractives (environ 15%). Quelques secteurs vont- pourtant à l'en- contre de cette règle : le textile, l'habillement et les industries des cuirs et des peaux emploient une forte propor-

1. Ce chiffre correspond à des entrées nettes en activité, c'est-à-dire qu'il tient compte des éventuels décès, départs vers l'inactivité ou émigration. De même ces nouveaux actifs peuvent provenir du système scolaire, reprendre une activité ou être des immigrants. Pour calculer ce chiffre on a comparé les actifs de 21 à 29 ans en 1968, qui avaient donc de 15 à 23 ans en 1962, avec les actifs de cette tranche d'âge effectivement recensés en 1962. Le solde donne les entrées en activité auxquelles on a ajouté tous les actifs de 15 à 20 ans en 1968, qui étaient par définition inactifs en 1962.

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tion de jeunes, bien que leurs effectifs globaux diminuent : c'est que la main-d'œuvre est essentiellement constituée de jeunes filles (les femmes représentent 83 %'des effectifs de, moins de 30 ans dans l'habillement, 70%' dans le textile, 63 % dans les cuirs). Elles travaillent en effet pour la plupart dans les quelques années qui séparent la fin de leur scolarité de leur mariage, ou de la naissance de leur premier enfant.

Embauche dépendante des évolutions d'effectifs

Plus remarquable est l'amplification des mouvements de l'emploi que les jeunes subissent : .dans* les activités en croissance entre A 962 et 1968, le pourcentage d'accroissement des effectifs jeunes est en général supérieur à l'augmentation globale. C'est l'inverse dans le cas des activités en perte de vitesse1: la diminution de la main-d'œuvre jeune employée est plus rapide que celle de l'ensemble (graphique I).

Ce phénomène s'explique aisément : l'entreprise (ou l'activité en expansion) embauche du personnel, et plus particulièrement des jeunes qu'elle» pourra facilement former. En revanche dans les entreprises dont les effectifs diminuent, l'embauche est stoppée; ceci affecte surtout les jeunes arrivant sur le marché du travail et se traduit par un vieillissement de la main-d'œuvre employée.

Les industries de l'habillement, des cuirs et peaux font là encore exception à la règle 2 : la proportion de jeunes dans les effectifs, continue à croître alors que l'effectif total diminue.

2 Emploi manuel ou non manuel

On a coutume de, dire que les jeunes répugnent de plus en plus à accepter des emplois manuels; cette désaffection progressive est même considérée comme un des problèmes importants de l'heure.

Les recensements n'ont pour objet que de mesurer des faits et non de vérifier si les situations sont conformes ou non aux aspirations des individus. On ne peut donc savoir si les jeunes préféreraient exercer un métier manuel ou non manuel — ce problème d'ordre psychologique pourrait faire l'objet d'études d'autre nature — on ne peut. que constater si cette éventuelle désaffection se traduit ou non dans les faits et si elle est perçue à ce titre par les statistiques.

DÉFINITIONS On peut définir le jeune actif : — soit d'après son ancienneté au travail; — soit d'après son âge. La premier» définition permettrait de tenir compte de ses premières années d'activité, et donc des problèmes qui se posent lorsqu'il envisage une carrière (choix du premier emploi, adaptation et perfectionnement): Malheureusement l'état ' actuel des statistiques disponibles ne permet pas d'aborder l'étude sous cet angle. Les jeunes actifs ont • donc été définis comme l'ensemble de la population active de 15 à 29 ans. On prend ainsi en considération le fait que certains ne rentrent que tard en activité. Pour certains cas, cependant, les statistiques disponibles ne permettent d'appréhender, que des populations plus restreintes : les jeunes actifs de 15 à 24 ans par exemple. , II faut toutefois garder à l'esprit que les statistiques ainsi pré~ sentées recouvrent des réalités parfois différentes selon l'âge d'entrée en activité.

Forte proportion de jeunes dans les métiers manuels

Les jeunes en 1968 — sans qu'on puisse dire si c'est par nécessité ou par goût — sont aussi nombreux à occuper des emplois manuels que les générations précédentes. On ne considère plus ici les grands secteurs d'activité économique mais les professions individuelles. Est appelé métier tertiaire tout métier non. manuel quel que soit le secteur d'activité dans lequel il s'exerce. Les métiers manuels sont ceux que l'on considère en général comme les « métiers industriels ». Les métiers agricoles, bien que manuels, ont été classés à part pour isoler l'incidence de la régression des effectifs de l'agriculture et pour pouvoir saisir une éventuelle désaffection pour les métiers industriels 3.

Les métiers manuels -sont plutôt tenus par des jeunes et ceci s'observe sur une: longue période : on trouve une plus forte proportion de travailleurs manuels parmi les moins de 30 ans (43,6 %) que dans l'ensemble de la population active (37 %). C'était déjà le cas en 1962. En 1954 — si l'on assimile les métiers manuels à la catégorie socioprofessionnelle « ouvriers » pour pouvoir établir une comparaison — un même écart se retrouve (36,4 % des actifs de moins de 30 ans étaient classés dans la catégorie « ouvriers » et seulement 31,7 % de l'ensemble des actifs). Les femmes exercent moins souvent des métiers manuels

2. Les points du graphique I correspondant à ces secteurs ont été maintenus pour procéder à une estimation globale de l'élasticité de l'emploi des jeunes par rapport à l'emploi de l'ensemble des actifs. 3. Compte tenu des données existantes on a regroupé les différents métiers en trois groupes a partir de la nomenclature des professions : code du recensement C.D.P.R. 1 : — les métiers agricoles (agriculteurs, marins, pêcheurs, bûcherons) code 00; — les métiers manuels qui regroupent l'ensemble des personnes ayant déclaré une profession ouvrière y compris les contremaîtres et les artisans. Cette catégorie (code 01 à 17) recouvre assez bien ce que l'on considère en général comme « métiers industriels »; — les métiers non manuels qui vont de l'employé au cadre supérieur en passant par le technicien et le commerçant (code 41 à 99). Dans certains cas ces regroupements peuvent comporter certains chevauchements tenant aux déclarations; ainsi les contremaîtres sont classés comme manuels alors que les chefs d'ateliers sont considérés comme non-manuels.

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TABLEAU 1. Répartition des effectifs employés selon les catégories d'activité économique au recensement de la population de 1968 - sondage 1J20 .

Pêche, agriculture, forêts Industries * Services 2 ;

Total

Effectifs . de moins de

30 ans

527 760 2 718 000 2 760 080

6 005 840

o/ /o

3,8 45,3 45,9

100,0

Effectifs totaux

3 133 400 7 903 000 8 965 840

20 002 240

/o

15,7 39,5 44,8

100,0

Nombre de jeunes

pour 100 actifs dans la

catégorie

16,8 34,4 30,8

30,0

1. Industries : industries extractives, bâtiment, travaux publics, autres industries de transformation. 2. Services : Transports et auxiliaires des transports, commerces, assurances, banques, spectacles, services, services publics, administrations et armée.

Taux de croissance des effectifs de moins de 30 ans 1962 • 1968 par activité économique

Ay

• 54 0,30 -0,20 -0,10 0 «52 •

//

/ «49 / • 21

0,70 -

0,60'

0,50-

0,40 -

0,30-

0.Z0-

0,10' •53

/

• 82 141

• 61

• 45

0,10

■ -0,10

- -0,20

• -0,30

-0.40

70 „ / / * " .•93

48/

,'V .«/ •91

• 80/

• 83 /

/

/ >7 / • 58-59 ' /

. Ax 0.20 0,30. 0,40 x

Taux de croissance des effectifs totaux 1962 • 1968 par activité économique

GRAPHIQUE I. Croissance des effectifs de moins de 30 ans par rapport à celle des effectifs totaux par C.A.E. 01. Pêche. 11. Agriculture, forêts. 21. Combustibles minéraux solides. 22. Autres industries extractives. 31. Bâtiment, travaux publics. 41. Produits et première transformation des métaux. 42. Industries mécaniques,-, 43. Articles métalliques divers. 44. Constructions électriques. 45. Réparations électriques et mécaniques. 46. Verre, céramique, matériaux de construction. 47. Pétrole et carburants. 48. Industries chimiques. 49. Tabacs et allumettes. 51. Industries alimentaires et assimilées. 52. Industries textiles et annexes. 53. Habillement et travail des étoffes. 54. Industries des cuirs et peaux. 55. Industries du bois et ameublement. 56. Industries du papier carton. 57^ Industries poly 'graphiques, presse, édition. 58. Autres industries." 59. ~ Industries mal désignées. 61. Transports. - 70. . Commerces. 80: Intermédiaires et auxiliaires du commerce et de l'industrie,

banques, assurances. 82.' Services domestiques. 83. Services rendus aux particuliers. 91. Eau, gaz, électricité. 92. Transmissions et radio. 93. Administrations publiques, défense nationale.

Équation de la droite : ^L = 1,58 —+O.O5 R2 y x

(0,13) (0,02)

La droite en pointillé est à a première bissectrice des axes.

LES JEUNES ET VEMPLOJ 5

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HOMMES FEMMES

GRAPHIQUE II. Métiers de la mécanique générale

110 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 (en milliers)

(23,2 % en 1968) que les hommes, (57,4%) mais la différence entre la proportion de jeunes et la proportion d'actifs exerçant des métiers manuels se retrouve aussi bien pour les hommes que pour les femmes (graphiques IV et V) 4. Ces résultats se retrouveraient également en 1954.

Les immigrants sont loin de pourvoir aux emplois manuels

On prétend quelquefois que les emplois manuels, que les jeunes Français délaisseraient, seraient pourvus par des étrangers. Même si cette affirmation est vraie pour certains emplois, le phénomène ne joue qu'un rôle marginal.

D'après les recensements, entre 1962 et 1968 il est entré et resté-en France 273 000 5 hommes actifs de moins de 30 ans en 1968, y compris les jeunes rapatriés d'Algérie. En supposant même que tous ces jeunes aient occupé un emploi manuel, ils ne représenteraient qu'un faible pourcentage des manuels.

En fait, sur cette population, 200 000 au maximum occupent un emploi manuel (on connaît en effet au recensement de 1968 la répartition par profession des personnes de plus de 21 ans entrées en France depuis 1962; on a d'autre part supposé que tous les immigrants de moins de 21 ans en 1968 étaient des manuels). Les rapatriés représentant plus du tiers des immigrants, on a appliqué ce ratio aux manuels de moins de 30 ans. On trouve 134 000 manuels immigrants depuis 1962 non compris les rapatriés. On peut donc considérer que 150 000 hommes, manuels, de

moins de 30 ans en 1968, étrangers, immigrés depuis 1962, est le chiffre maximum. Dans ce cas la proportion de Français, hommes, de moins de 30 ans, passerait pour les manuels de 57,4 % à 56 %, différence qui est négligeable.

Métiers tremplins et métiers- déclinants

Cette vue d'ensemble — forte proportion de jeunes occupant des emplois manuels — peut recouvrir des réalités différentes selon les emplois : ainsi, les métiers de la mécanique générale et de la précision occupent beaucoup de jeunes hommes et semblent représentatifs de ce que l'on pourrait appeler des « métiers tremplins » 6 (graphique II). Après quelques années d'acquisition du métier, les jeunes le quittent pour devenir techniciens : en effet les effectifs de travailleurs manuels de 20 à 24 ans sont plus nombreux que ceux de 25-30 ans dans ce secteur. Le même phénomène se reproduirait dans le secteur du bâtiment, et même pour certains métiers non manuels comme celui de dessinateur.

Les jeunes hommes sont peu nombreux en revanche dans les métiers du cuir : on peut parler de désaffection de la

4. La somme des effectifs par âge, des graphiques IV et V donne un total différent de celui présenté dans le tableau 1. Cela tient à ce que l'on ne considère que les actifs ayant un emploi, dans le tableau 1 alors que les graphiques IV et V corn- portent également les personnes disponibles à la recherche d'un emploi. 5. Ce chiffre, tiré du recensement de 1968 est peut-être sous-est imé, comme l'est celui concernant l'ensemble des immigrés. On l'a cependant conservé par souci de cohérence evec les autres données. 6. Cf. Jean Bégué: Collections de J'/NSEE, vol. D 8, p. 32 : « Projections tendan- tielles des besoins français en main-d'œuvre par professions 1968-1975-1980 ».

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HOMMES

1 1 1 8 7 6 5 4

1 1 1

75 70 65 60 55 50

40 35 30

70

. FEMMES

J

GRAPHIQUE III. Métiers du cuir

1 I 1 t f II I I I r 3 2 I 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 N 11 -'•

(en milliers) ■

main-d'œuvre masculine dans ces métiers; en effet, si l'on considère l'ensemble des actifs, les effectifs de la classe d'âge 25-29 ans sont supérieurs aux effectifs de la classe 20-24 ans, eux-mêmes supérieurs à ceux des 15-19 ans. Dans les métiers du cuir par contre (graphique III) les classes d'âge 25-29 ans sont moins nombreuses que les 20-24 ans, elles mêmes inférieures aux 15-19 ans. Le phénomène est différent pour les femmes, très nombreuses dans ces métiers aux âges jeunes. Cette désaffection se retrouverait pour certains métiers, particulièrement pour des métiers pénibles, exercés souvent par des étrangers.

De 1962 à 1968: pas de désaffection générale pour les métiers manuels,

Toutes ces données, qui permettent d'avoir des images instantanées de l'emploi, n'indiquent aucune désaffection générale des jeunes pour les activités manuelles.

En 1954, 34,1 % des métiers manuels sont occupés par des moins de 30 ans, 31,9% en 1962 et 35,8% en 1968. Les différentes répartitions s'expliquent en partie par un effet de génération: les jeunes sont en effet proportionnellement plus nombreux en 1954 et 1968 qu'en 1962. Mais la part des emplois manuels tenus par les jeunes augmente plus vite que leur poids respectif dans la population. Ceci tient, il est vrai, en partie au fait qu'ils sont de moins en moins nombreux dans les métiers agricoles (non comptés, rappelons-le, dans les métiers manuels).

Par ailleurs, l'accès direct à certains métiers, réservés aux personnes ayant déjà acquis une certaine expert"" professionnelle, ne leur est pas possible.

Pour donner quelques indications sur une éventuelle désaffection des jeunes envers les métiers manuels on a étudié comment a évolué la répartition des jeunes dans les différents emplois par rapport à celle de l'ensemble des actifs. -

II est incontestable que l'on assiste de 1962 à 1968 et que l'on devrait continuer à assister ultérieurement7 à une déformation , progressive de la structure des emplois au profit des métiers non manuels et au détriment des métiers agricoles. Pour l'ensemble des actifs la part des métiers agricoles passe de 21 ià 16% pour les hommes et de 19 à 14% pour Jes femmes entre 1962 et 1968. Cette diminution tient pour une grande part à des départs à la retraite non compensés par des entrées de jeunes.

Parallèlement on observe une augmentation de la part des métiers non manuels, la part des emplois manuels augmentant légèrement pour les hommes et diminuant pour les femmes (graphiques IV et V). Ces mouvements se retrouvent très légèrement accentués pour Jes jeunes de 15 à 29 ans : diminution plus rapide des emplois agricoles, augmentation légèrement plus forte des emplois s : non manuels, croissance moins rapide, des emplois, manuels pour les hommes et décroissance pour les- femmes. i Les différences d'évolutions de ces deux populations — jeunes et

7. Voir note 6. LESMJEUNES ET L'EMPLOI 7

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ensemble des actifs — sont cependant assez peu significatives.

On a d'autre part étudié la variation entre 1962 et 1968 de la part des jeunes, en fonction du taux de croissance des effectifs de la profession (graphique VI p. 13). Il existe une assez bonne corrélation entre ces données, l'entrée des jeunes est nettement liée aux besoins de renouvellement et d'expansion de chaque profession, sans qu'il apparaisse dans cette liaison de différence significative entre les métiers manuels et non manuels.

L'orientation des jeunes est largement liée à l'offre

Aucune désaffection générale pour les métiers manuels ne paraît ressortir de toutes ces données. Au vu des statistiques disponibles, il semble que les jeunes se répartissent entre les différentes professions selon le développement de chacune d'entre elles, cet élément étant le facteur essentiel qu'il s'agisse de profession manuelle ou non manuelle.

GRAPHIQUE IV. Répartition des actifs par profession, (hommes, non compris militaires du contingent)

Emplois non

manuels

Autres emplois manuels'

Emplois agricoles

1962 (3.036.480)

ACTIFS 15

1968 (3.705.260)

-29 ANS

1962 (12S79.200)

1968 (13.315.640)

ENSEMBLE DES ACTIFS

GRAPHIQUE V. Répartition des actifs par profession (femmes)

ÉËi Emplois non ■ 1 manuels*

. Autres 1 emplois ; manuels ;

• Emplois "agricoles

3 Une population plus scolarisée

1962 (2.076.840)

ACTIVES

1968 (2.504.680)

15-29 ANS

1962 (6.585.260) ENSEMBLE DES

1968 (7.123.520) ACTIVES

La progression des taux de scolarisation entre 15 et 29 ans a été très rapide entre 1954 et 1968. Les 15-19 ans sont scolarisés à 25,3 % en 1954 et 49,3 % en 1968. Le taux de scolarisation des 20-24 ans a doublé pendant cette période, celui des 25-29 ans est passé de 0,9 % à 1,4%. 9,8% de la classe d'âge 15-29 ans poursuit des études (scolaires ou universitaires) en 1954; 21,5% en 1962 et 27,6% en 1968.

Les jeunes ont une plus grande formation.

Le développement de la scolarisation entraîne un accroissement de la formation (tableaux 2 et 3). La comparaison avec le recensement de 1962 oblige ici à ne considérer que la classe d'âge 15-24 ans.

De 1962 à 1968, la proportion d'actifs de moins de 25 ans ayant le B.E.P.C., un certificat d'aptitude professionnelle ou un brevet de technicien ou de technicien supérieur a fortement augmenté. Il y a proportionnellement moins de jeunes travailleurs à n'avoir aucun diplôme. On peut donc considérer qu'il y a une certaine amélioration de la formation des jeunes actifs bien qu'ils soient encore nombreux à ne déclarer aucun diplôme d'enseignement général (33 %) ou professionnel (69,7 %). Ils sont bien entendu plus qualifiés que l'ensemble des actifs. Cependant pour les niveaux plus élevés (baccalauréat, diplômes supérieurs au baccalauréat, brevet' de technicien) les chiffres présentés indiquent qu'il y a plus de diplômés dans la population active totale que chez les jeunes. Cette différence tient uniquement à ce que l'on n'étudie ici que les actifs de moins de 25 ans. Or, à cet âge un nombre important de bacheliers par exemple poursuivent encore des études ou font leur service militaire, et l'on ne connaît pas la qualification déjà acquise par cette population.

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TABLEAU 2. Diplômes de formation professionnelle - Population active, militaires du contingent exclus, y compris population disponible à la recherche d'un emploi

Examen de fin d'apprentissage artisanal.. . . Examen de fin de stage F.P.A C.A.P Brevet professionnel. Brevet de maîtrise.. B.E.C, B.E.I., B.E.H.. B.E.S Brevet de technicien. Technicien supé-

Autres diplômes professionnels Aucun diplôme déclaré

Total

1962

15 - 24 ans

i 21 840 12160

350 620 27 360 56180

6 800 63 020

2 450 920

2 988 900

/o

0,7 0,4

11,8 0,9 1,9

0,2 2,1.

82,0

100,0

Total actifs

i 102 760 51760

1196 260 229 020 191 420

62 200 472100

16 858 940

19164 460

o/ /o

0,5 0.3 6,2 1.2 1.0

0.3 2,5

88,0

100,0

1968

15 - 24 ans

53 620 47 300 36 800

780 980 34 680

127 480

24 060 140 620

2 859 420

4104 960

o/ /o

1.3 1.1 0.9

19,0 0,8 3,1

0,6 3,5

69,7

100,0

Total actifs

81 080 162 420 124 080

2 354 720 252 360 450 140

149 840 822.260

16 042 260

20 439160

/o

0,4 0,8 0,6

11,5 1,2 2,2

0,7 4,0

78,0

100,0

1. En 1962 les actifs n'a/ant pas terminé leurs études sont ventilés selon le niveau de diplôme atteint à la date du recensement.

TABLEAU 3. Diplômes d* enseignement général 1 — Population active, militaires du contingent exclus, y compris population disponible à la recherche d'un emploi

Études non terminées Certificat d'études primaires B.E.P.C, B.E. ou B.E.P.S Baccalauréat Diplôme supérieur au baccalauréat Aucun diplôme déclaré

Total

1962

Actifs de 15-24 ans

2 1 375 320

206 380 87 620 23 020

1 296 560

2 988 900

o/ /o

46,0 6,9 2.9 0,8

43,4

100,0

Total des actifs

2 6 920 200 1 058 200 652160 509 660

10 024 240

19164 460

o/ /o

36,1 5.5 3,4 2,6

52,4

100,0

1968

Actifs de 15-24 ans

53 620 2 083 060

444 700 136 280 34 060

1 353 240

4 104 960

0/ 10

1,3 50,8 10,8 3.3 0.8

33,0

100,0

Total des actifs

81 080 8 836 060 1 635 920

832 240 769 920

8 283 940

20 439160

%

0.4 43,2 8,0 4.1 3,8

40,5

100,0

1. En cas de déclarations multiples on ne retient que le plus haut niveau de diplôme. 2. En 1962 les actifs n'ayant pas terminé leurs études sont ventilés selon le niveau de diplôme atteint à la date du recensement.

Leurs emplois sont-ils pour autant plus qualifiés ?

Cet accroissement de formation a-t-il pour autant amélioré les chances des jeunes d'accéder à des emplois plus qualifiés ? L'évolution entre 1962 et 1968 du niveau de qualification (mesuré par la catégorie socio-professionnelle, ce qui peut dans bien des cas paraître contestable) atteint par les moins de 25 ans en liaison avec leur niveau de formation apporte quelques renseignements (tableau 4). On retrouvera d'ailleurs certains résultats déjà rencontrés lors de l'étude par profession.

Entre 1962 et 1968, certaines catégories socio-professionnelles ont pris plus d'importance que d'autres : la part

des jeunes de moins de 25 ans dans les catégories socioprofessionnelles agricoles diminue, leur part augmente principalement, pour les employés et les cadres moyens, alors que la proportion d'ouvriers n'est qu'en légère croissance.

Cependant cette évolution s'observe également sur l'ensemble de la population. Il semble donc que ce ne soit pas tant l'amélioration de leur qualification que la déformation structurelle de l'économie qui permette aux jeunes d'obtenir un emploi plus qualifié.

Dans certains cas pourtant l'amélioration de qualification est plus nette chez les jeunes que pour l'ensemble des actifs : ainsi la part des ouvriers qualifiés passe de 13 à 15 % des actifs de moins de 25 ans alors qu'elle demeure à

LES JEUNES ET L'EMPLOI 9

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peu près constante pour l'ensemble des actifs. Ceci correspond bien à une amélioration des formations : 36 % des ouvriers qualifiés de moins de 25 ans ont un certificat d'aptitude professionnelle, pour 28,1 % en 1962.

Pour un même emploi faut-il plus de qualification en 1968 qu'en 1962?

Bien que les jeunes soient plus qualifiés, ce qui semble leur être favorable, à niveau de diplôme égal, leur chance d'appartenir à une catégorie socio-professionnelle n'est pas la même en 1968 qu'en 1962 (tableau 5) : — avec le baccalauréat, le jeune a moins de chance en 1968 d'être cadre moyen qu'en 1962. Par contre il sera plus souvent employé; — avec un diplôme supérieur au baccalauréat dans 52% des cas il est cadre moyen, dans 30 % cadre supérieur. En 1962 il avait 38 chances sur 100 d'être cadre supérieur; — un certificat d'aptitude professionnelle permet à 60 ouvriers sur 100 d'être ouvriers qualifiés en 1968 et à 69 sur 100 en 1962; — par contre s'il possède un brevet de technicien ou de technicien supérieur il aura, en 1968, plus de chances d'être cadre moyen qu'en 1962 J et sera moins souvent employé ou ouvrier.

il semble donc qu'actuellement, pour un même emploi l'on demande souvent un diplôme plus élevé qu'en 1962. Cependant cette analyse est trop peu précise pour avoir une signification absolue. Seule une étude des « postes de travail » et de leur qualification en 1962 et 1968, permettrait de résoudre le problème. Il est en effet possible que du fait du progrès technique un même c< poste de travail » requiert une plus grande qualification en 1968 qu'en 1962. Ceci expliquerait en partie la dérive apparente entre niveau de formation et emploi occupé.

4 Une main-d'œuvre vulnérable, très sensible à la conjoncture

La main-d'œuvre jeune se révèle très sensible au chômage dans les périodes de dépression : elle est particulièrement soumise à l'évolution de la conjoncture. On ne s'étonnera d'ailleurs pas de retrouver ici, dans l'étude des phases conjoncturelles, des phénomènes analogues à ceux déjà

rencontrés dans l'analyse des tendances à long terme. Là encore l'étude se limitera à la population de moins de 25 ans.

Un chômage conjoncturel...

Les recensements de 1962 et 1968 se situent dans des phases conjoncturelles différentes : le premier a lieu en période d'expansion, tandis que le second s'est effectué lors d'une conjoncture difficile. On a donc profité de ces différences pour étudier les impacts de la conjoncture sur le chômage : entre ces deux périodes le chômage a augmenté plus pour les jeunes que pour l'ensemble des actifs; en 1968 il y avait deux fois plus de personnes à la recherche d'un emploi qu'en 1962, et près de trois fois plus parmi les moins de 25 ans.

Le chômage des jeunes semble donc lié à l'état général du marché du travail: il existe une bonne corrélation entre les variations du niveau global des demandes d'emploi non satisfaites et celles des demandes d'emploi des jeunes (graphique VII) : lorsque le volume des demandes d'emploi non satisfaites augmente, celui des demandes d'emploi des moins de 25 ans augmente plus que proportionnellement.

Les phases conjoncturelles du cycle de l'emploi déterminent en effet en grande partie l'occupation des jeunes: on observe une diminution de la proportion des jeunes demandeurs d'emploi en période de haute conjoncture et une augmentation immédiate dès qu'apparaît un mouvement de retournement de l'emploi. Ainsi, en mars 1969, période de très forte reprise de l'activité et en mars 1970, période de ralentissement de l'embauche, le niveau des demandes d'emploi non satisfaites est sensiblement le même pour l'ensemble des actifs. Par contre la part des moins de 25 ans passe de 19,5 % fin mars 1969 à 23 % fin mars 1970. Cette augmentation peut en partie s'expliquer par une amélioration des services rendus aux jeunes par les bureaux de main-d'œuvre8, mais elle est largement liée aux phénomènes conjoncturels : lorsque des entreprises subissent une conjoncture peu favorable, elles cessent d'abord d'embaucher, ce qui touchera particulièrement les jeunes qui arrivent sur le marché du travail; si d'autre part il y a licenciement de personnel, les jeunes seront sans doute les premiers touchés ayant peu d'ancienneté. Par contre en période de reprise d'activité ce sont également eux qui seront les premiers recrutés, car leur formation est souvent plus complète, leurs salaires moins élevés, leur mobilité géographique ou professionnelle plus grande. D'autre part les entreprises préfèrent souvent engager des jeunes qu'elles formeront elles-mêmes, ce qui est difficilement réalisable avec des personnes plus âgées.

8. La création en 1967 de l'Agence nationale pour l'emploi a été suivie de l'implantation et de la rénovation d'un nombre important de bureaux de main- d'œuvre dans différentes régions, ceci devant se poursuivre jusqu'en 1972. Il en est sans doute résulté un plus grand nombre d'inscriptions comme demandeurs d'emploi, principalement pour les jeunes : il faut en effet constater que la prospection s'est voulue particulièrement active sur cette population, peu incitée à s'inscrire dans un bureau de main-d'œuvre, n'ayant droit en général, ni à la sécurité sociale, ni aux indemnités de chômage lorsqu'ils n'ont pas encore commencé à travailler. 10

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TABLEAU 4. Répartition de la population active par catégorie socio-professionnelle non compris militaires du contingent*

Agriculteurs Salariés agricoles Patrons de l'industrie et du commerce Professions libérales et cadres supérieurs Cadres moyens Employés

dont : Employés de bureau Employés de commerce

Ouvriers dont :

Contremaîtres Ouvriers qualifiés Ouviers spécialisés Mineurs Marins et pêcheurs Apprentis ouvriers Manœuvres

Personnels de service Autres catégories

Total Effectifs totaux

Actifs de moins de 25 ans

1962

9,7 4,5 2,4 0,6 6,7

19,4

14,3 5,1

45,7

0,1 13,0 14,5 0,5 0,4 8,8 8,4 8,5 2,5

100,0 2 988 900

1968

5,8 2,8 2,4 0,8 8,2

22,8

17,2 5,6

47,4

0,2 15,0 15,9 0,3 0,2 6,3 9,5 7,8 2,0

100,0 4104 960

Ensemble des actifs

1962

15,7 4,3

10,4 4,0 7,8

12,6

10,0 2,6

36,7

1,6 12,2 12,9

1,0 0,3 1,4 7,3 5,4 3,1

100,0 19164 460

1968

12,0 2,9 9,6 4,9 9,8

14,8

11,8 3,0

37,7

1,8 12,8 13,2 0,7 0,2 1,3 7,7 5,7 2,6

100,0. 20 439160

Nombre de moins de 25 ans pour 1 000 actifs

1962

96 164 36 25

133 240

223 301 194

12 166 176 87

214 993 177 244 128

156

/

1968

96 193 50 38

166 309

292 374 253

26 237 239 77

214 991 248 248 160

201

/

1. L'étude de la répartition par catégorie socio-professionnelle limitée aux moins de 25 ans entraîne une surestimation de la catégorie « ouvriers » et une sous-estimation des catégories de cadres par rapport à celle qui serait faite sur les moins de 30 ans.

TABLEAU 5. Répartition des diplômes des actifs de moins de 25 ans par catégorie socio-professionnelle en 1962 et 1968

Agriculteurs exploitants Salariés agricoles Patrons de l'industrie et du commerce Professions libérales et cadres supérieurs Cadres moyens Employés Ouvriers Personnels de service Autres catégories

Total

Baccalauréat

1962

0,3 0,2 0,7 4,3

74,0 10,5 3,5 1,2 5,3

100,0

1968

0,5, 0,2 « 1.6 3,3

60,5 21,6 6,2 1,9 4,2

100,0

Diplôme supérieur au baccalauréat

1962

0,1

0,5 38,3 46,4 4,8 2,5 0,6 6,8

100,0

1968

0,2, 0,3 1,3

29,9 51,9 81 4,0 1,1 3,2

100,0

Brevet de technicien supérieur ■

1962

0,9 0,3 1,5 7,3

47,4 16,7 18,8 0.9 6,2

100,0

1968

1,2 0,6 1,0 6,8

56,2 14,0 16,3 1,2 2,7

100,0

Certificat d'aptitude professionnelle

1962

2,6 0,7 2,8 0,3 9,5

28,3 47,4 4,8 3,6

100,0

1968

2,8 0,8 2,6 0,3 8,3

29,5 47,9 5,5 2,3

100,0

LES JEUNES ET L'EMPLOI 11

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...mais pour de faibles durées

Bien qu'étant plus souvent, que ses aînés à la recherche d'un emploi, le jeune ne reste que peu de temps, dans l'ensemble, au chômage: 47,8% de la population disponible de moins de 25 ans à la recherche d'un emploi et ayant déjà travaillé, a moins de 3 mois de chômage au recensement de 1968; ce pourcentage passe à 32,1,% pour les plus de 25 ans. Plus de 67 % des moins de 25 ans recherchent un emploi depuis moins de 6 mois alors que 51 % des plus de 25 ans sont dans ce cas. Cependant le chômage conjoncturel des jeunes, de par son ampleur, alors même qu'il ne pose pas toujours de problèmes individuels, est un élément sensible de l'équilibre social:

Un chômage sélectif

Le chômage des jeunes risque d'autre part de se transformer en phénomène structurel à long terme si la formation des jeunes ne correspond pas aux besoins du marché.

Le chômage touche en effet, essentiellement des personnes non qualifiées. 71,5% de la population disponible à la recherche d'un emploi de moins de 25 ans en 1968, n'a aucun diplôme de formation professionnelle, et parmi eux 83 % n'ont aucun diplôme d'enseignement général ou uniquement un certificat d'études primaires (voir tableau 6). Le chômage atteint sélectivement les jeunes sans diplôme : les non-diplômés sont proportionnellement plus nombreux parmi les chômeurs que parmi les actifs. Ce phénomène est d'autant plus remarquable qu'il ne se reproduit pas pour l'ensemble de la population active: en effet 79% des personnes disponibles à la recherche d'un emploi n'ont pas de diplôme de formation professionnelle; ce pourcentage est de 78,5% pour l'ensemble des actifs. Lorsqu'ils n'ont pas de diplômes de formation professionnelle ou d'enseignement général, les jeunes risquent donc plus que l'ensemble de la population de ne pas trouver d'emploi, mais les périodes de chômage seront, pour eux, probablement de courte durée. Ceci est vrai en 1968, période de basse conjoncture et de haut niveau de chômage, mais également au début de 1962 où le niveau moyen des demandes d'emploi non satisfaites est peu élevé. Lors des deux derniers recensements on a pu observer le phénomène inverse pour les niveaux de formation plus élevés : dans la population disponible à la recherche d'un emploi de moins de 25 ans on rencontre moins de personnes pourvues d'un certificat d'aptitude professionnelle que dans l'ensemble des actifs de ces classes d'âge. La formation professionnelle détermine donc dans une large mesure les conditions d'activité des jeunes.

Une instabilité certaine

Le jeune travailleur profite des premières années de sa vie active pour rechercher un emploi correspondant à ses aspirations et à sa formation, mais l'adaptation semble 12

particulièrement difficile pour certains. On explique ainsi en partie le nombre important de jeunes demandeurs sur le marché du travail.

Il est incontestable que pendant plusieurs années le jeune sera dans une situation d'instabilité beaucoup plus grande que l'ensemble de la population active. Les enquêtes sur l'emploi donnent à ce sujet quelques informations '.

On peut définir comme « mal adaptées » certaines catégories de population (tableau 7): — la population disponible à la recherche d'un emploi, c'est-à-dire les personnes qui se déclarent spontanément chômeurs aux enquêtes et aux recensements; — la population marginale à la recherche d'un emploi : personnes qui ne se déclarent pas spontanément chômeur, mais qui, n'ayant pas travaillé pendant la semaine de référence, déclarent au cours de l'interview rechercher un emploi; — les personnes ayant un emploi et recherchant un autre emploi salarié. La proportion d'actifs « mal adaptés » (telle qu'elle a été définie ci-dessus) est nettement plus importante pour les moins de 25 ans (7,4%) que pour l'ensemble des actifs (3,9%) sur la période 1962-1967.

Sur une période de cinq ans, de 1962 à 1967, les moins de 25 ans représentent en moyenne 47% de la population disponible à la recherche d'un emploi alors qu'ils ne forment que 19,8% des actifs (non compris les militaires du contingent) et environ 37% des chômeurs marginaux.

Une main-d'œuvre mobile

Cette difficulté d'adaptation des jeunes va donc les inciter à changer d'emploi et cette main-d'œuvre se révélera particulièrement mobile.

• La mobilité est le fait des jeunes les moins qualifiés

La mobilité dans le travail est essentiellement un phénomène de jeunes. L'étude faite par PI.N.S.E.E. sur la mobilité professionnelle à partir de l'enquête «formation et qualification professionnelle » de 1964 permet de faire quelques constatations à ce sujet, bien que les informations soient un peu anciennes pour juger de la situation actuelle. Il ressort que (les chômeurs étant exclus) 55 % environ des hommes de 20 à 29 ans et 47 % des femmes ont connu une modification quelconque de leur situation professionnelle entre 1959 et 1964 10 (les pourcentages correspondent à des soldes nets entre les deux dates et ne représentent donc pas absolument tous les changements intervenus). Il

9. Cf. Collections de l'I.N.S.E.E., vol. D 7, François Michon : « Structure de la population active — résultats des enquêtes sur l'emploi 1962-1967 ». 10. Études et conjoncture, n° 10, octobre 1966, M. Praderie : « La mobilité professionnelle en France entre 1959 et 1964 », p. 9, tableau 2.

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GRAPHIQUE VI. Évolution de la part des jeunes par profession

AE E

0,40 y

0,30 ■ ■

0,20- •

- 0,20 J-

0,20 O^ff 0,40 0,50 0,60

• emplois nanwls O emplois non «niais

le point correspondant aux femmes i autres techniciens et agents techniques i (1,34 ; 0,65) sortant de l'épure n'a pas été reporté sur le graphique 1,20 j (Moins de 25 ans) * ""

Ay y 1,10-

1,00

0,90

0,80

0.70

0,60

0,50

0,40

0,30

" 69

-o.

-0,4

0,20 0,30 0,40 0,50 0,60 0,70 Ax x

(Ensemble)

GRAPHIQUE VII. Élasticité des demandes d'emploi de moins de 25 ans par rapport au D.E.N.S. globales

On a fait l'hypothèse que les jeunes entraient dans une profession soit pour pourvoir à une création nette d'emplois, soit pour permettre le renouvellement des effectifs. On a d'autre part supposé l'effet du renouvellement proportionnel à l'effectif global. En appelant Et l'effectif de la profession à l'instant t, E]t l'effectif correspondant de jeunes de moins de 30 ans, on est amené à estimer la relation suivante, en utilisant la nomenclature des professions PRt regroupée selon la nomenclature pf. ' :

E - E It Jt-1 bE t-1

On a estimé les coefficients a et b dans 3 cas, en distinguant les hommes des femmes : 1° Uniquement sur les professions manuelles (n, = 30 données) y, = 0,33 X, + 0,04 R) = 0,70

(0,04) (0,003) 2° Uniquement sur les professions non manuelles (n2 = 46 données) : y2 - 0,43 X2 + 0,02 R* = 0,78

(0,03) (0,07) 3" Sur l'ensemble des professions non agricoles (n3 = 76 données) : y3 = 0,39 Xj + 0,03 R* = 0,80

(0,02) (0,006) // semblerait donc que la part des jeunes augmente légèrement plus vite dans les professions non manuelles que dans les professions manuelles. Cependant étant donné la faible différence des pentes des ~ deux- droites, on a testé les deux premières équations pour voir si elles étaient significativement différentes de la troisième d'après le test de Fischer-Snedecor. D'après ce test il n'y a ■ pas de raison de repoueser l'hypothèse • selon laquelle les deux droites yt et yi sont confondues. On ne peut donc pas affirmer que les jeunes entrent significativement plus dans les métiers manuels que non manuels.

On voit ici la relation qui existe entre le taux de variation des demandes d'emploi non satisfaites de l'ensemble de la population et celui des moins de 25 ans. Le calcul est fait plusieurs fois par an en mars et septembre de 1959 à 1966 puis trimestriellement de 1967 à mars 1970, en prenant pour base le mois correspondant de l'année précédente. L'élasticité de cette droite, nettement supérieure à 1 (1,40) montre qu'une hausse ou une baisse de chômage affecte les jeunes plus que l'ensemble de la population. Ainsi lorsaue le chômage global augmente de 10 % celui des moins de 25 ans croit de 14 %. On peut considérer que cette droite passe par l'origine, le terme constant étant négligeable b = 0,008, ak = 0,025. La corrélation entre ces données est d'autre part très acceptable : R2 = 0,90. Un calcul identique a été fait sur la seule population masculine. La pente de la droite est alors de 1,60 (a, = 0,11) elle passe également par l'origine (b = 0,007); (ab = 0,038) R2 = 0,88. Pour les femmes, l'élasticité est de 1,28 (a, = 0,093) là encore le terme constant - est négligeable (b = 0,0089 ; ob = 0,027. R2 = 0,88),

1. Voir Jean Bégué, op. cit., p. 44.

LES JEUNES ET L'EMPLOI 13

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Examen de fin d'apprentissage Certificat de fin de stage F.P.A Certificat d'aptitude professionnelle Brevet professionnel. Brevet de maîtrise B.E.C, B.E.I., B.E.H.. B.E.S...1 Diplôme de technicien. Techniciens supérieurs Autres diplômes professionnels Aucun diplôme professionnel déclaré

dont : AvecC.E.P Avec B.E.P.C Avec baccalauréat Avec diplôme supérieur Sans aucun diplôme général déclaré

Total

Moins de 25 ans

1400 2 840

28140 780

3 500 1 360 7 500

114 020

43 680 13 000 4 880

920 51 540

159 540

0,9 1,8

17,6 0,5 2,2 0,8 4,7

71,5

27,4 8,2 3,0 0,6

32,3

100,0

Total P.D.R.E.

3 420 5440

48 580 3120 7 380 3120

20140 345 720

116 640 25 840 11260 8 760

183 220

436 920

0,8 1,3

11.1 0.7 1.7 0,7 4,6

79,1

26,7 5,9 2,6 2,0

41,9

100,0

TABLEAU 6. Population disponible à la recherche d'un emploi (P.D.R.E.) selon le diplôme de formation professionnelle et d'enseignement général - Recensement de la population 1968

apparaît d'autre part que les individus ayant terminé leurs études à 15 ans sont les plus mobiles, et que la mobilité diminue assez fortement pour ceux qui ont été scolarisés plus longtemps. On pourrait donc supposer que la poursuite d'études, sanctionnée ou non par un diplôme permet d'obtenir un emploi plus satisfaisant et donc plus stable.

TABLEAU 7. Répartition moyenne des actifs sur la période 1962-1967 (enquêtes sur l'emploi)

Population disponible à la recherche d'un emploi

Population marginale disponible à la recherche d'un emploi

Actifs ayant un emploi et recherchant un autre emploi salarié

Autres actifs Ensemble des actifs y compris po

pulation marginale disponible à la recherche d'un emploi

Population de 15

à 24 ans

3.2

1,2

3.0 92,6

100,0

Ensemble de la

population active

1,3

0,7

1,9 96,1

100,0

Source: François Michon : «Structure de la population active 1962-1967» Collections de l'LN.S.E.E., vol. D 7.

Les enquêtes sur l'emploi donnent également de précieux résultats sur la mobilité des jeunes, en particulier sur les changements de catégorie socio-professionnelle.

Les phénomènes sont extrêmement différents chez les hommes et chez les femmes (tableau 8) :

— pour les femmes les changements retracés par l'enquête correspondent souvent au passage d'une activité vers l'inactivité (au sens statistique du terme). Mais ces départs sont eux-mêmes significatifs. Entre 1963 et 1965, 13,6% des femmes de 18 à 22 ans (âge en 1965) sont retournées vers l'inactivité et 20,5 % des ouvrières. Pour celles de 23 à 27 ans, la moyenne des départs vers l'inactivité est de 19% par contre elle est de 27,4% pour le personnel de service, 24% pour les ouvrières et seulement 12% pour les cadres moyens. Les départs des femmes, qui ont la plupart du temps lieu à l'occasion de mariages ou de naissances semblent donc dépendre de leur qualification, l'incitation au travail étant souvent directement proportionnelle au salaire perçu et à l'intérêt de l'emploi :

— pour les hommes les passages d'une catégorie socioprofessionnelle à une autre se font essentiellement entre

14

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TABLEAU 8. Taux de mobilité socio-professionnelle et taux de départ des femmes vers l'inactivité entre 1963 et 1965 (Enquêtes sur l'emploi)

Agriculteurs exploitants Salariés agricoles Patrons de l'industrie et du com

merce Professions libérales Cadres moyens Employés Ouvriers Personnel de service

HOMMES 16-1 7 ans 18-22 ans 23-27 ans 28-32 ans

Taux de mobilité

30,3 40,0

25,0

7,7 6,1

33,4

Taux de mobilité

42,7 44,9

37,8

44,2 47,6 34,5 50,0

Taux de mobilité

24,9 37,8

14,3 15,8 15,7 22,2 9,7

33,3

Taux de mobilité

9,6 38.4

12,8 5.0 4,8

15,5 7,3

41,4

FEMMES 16-17 ans

Taux de mobilité

23,6 50,0

30,0 12,5 36,3

Vers inactivité

17,6 25,0

5,0 5,0

13,6

18-22 ans

32,3

28,2 20,3 23,1 37,8

Vers] inactivité

27,7

12,9

18,7 8,6

20,5 17,8

23-27 ans Taux de 'mobilité

30,8 80,0

21,6 30,8 15,0 21,4 33,4 39,7

Vers inactivité

25,6 60,0

17,6 15,3 12,4 13,3 23,8 27,4

28-32 ans Taux de mobilité

28,5 66,7

25,3 20,0 7,7

22,2 27,8 39,8

Vers inactivité

26,2 41,7

15,2 20,0 1.8

14,4 20,8 23,6

Le taux de mobilité correspond à des départs d'une catégorie socio-professionnelle vers une autre, ou vers l'inactivité, ainsi 30,3% des hommes de 16 à 17 ans ont changé de catégorie socio-professionnelle entre 1963 et 1965. Pour les femmes on a donné séparément le «taux de mobilité» d'une catégorie socio-professionnelle vers une autre, et le taux de départ «vers l'inactivité».

certaines catégories : 69 % des agriculteurs de 23 à 27 ans ayant quitté la terre deviennent ouvriers; 80 % des salariés agricoles ayant changé de catégorie socio-professionnelle sont également dans ce cas. Par contre les anciens cadres supérieurs ou membres des professions libérales se retrouvent chez les cadres moyens et les employés. Les ouvriers se répartissent à concurrence de 29% en patrons de l'industrie et du commerce, 22 % en cadres moyens et 23 % en employés.

• Les promotions seraient le fait des plus qualifiés Dans la mesure où les possibilités de mobilité socio

professionnelle sont liées à l'obtention de nouvelles qualifications, on peut avoir une idée approximative des chances de mobilité des jeunes en regardant les études poursuivies par les actifs : environ 7 % des actifs de 15 à 24 ans cadres moyens continuent des études tout en travaillant, 0,5% des employés et 0,5 % des ouvriers sont également dans cette situation en 1968. Ce sont donc les jeunes au départ les plus qualifiés qui ont le plus de chances de pouvoir améliorer leurs connaissances. Une enquête de l'I.N.E.D., faite auprès des jeunes travailleurs 11 confirme d'ailleurs que le désir de poursuivre des études est lié à la qualification obtenue lors de l'entrée dans la vie active.

Par ailleurs la mobilité socio-professionnelle est extrêmement liée à la conjoncture. En effet en période de ralentissement de l'activité économique les créations d'emplois sont plus rares ainsi que les changements de poste. Les possibilités pour les jeunes de changer de catégorie socioprofessionnelle se trouvent alors réduites. Ce phénomène apparaît très clairement à travers l'enquête sur l'emploi de 1967, qui permet d'étudier la mobilité entre 1965 et 1967.

Les taux de mobilité socio-professionnelle sont extrêmement faibles sur cette période quel que soit l'âge et varient aux environs de 10% pour les jeunes. Si ce phénomène semble effectivement lié à la conjoncture incertaine qui sévissait entre 1965 et 1967, il n'en apparaît pas moins que là encore les jeunes, alors même qu'ils seraient les premiers

bénéficiaires d'une reprise, subissent en premier les conséquences de la crise.

Des trois opinions que nous citions en commençant : lesjeunes victimes premières du chômage, moins fréquemment attirés par les métiers manuels, accédant plus facilement aux emplois qualifiés, nous n'avons vérifié que la première. Les jeunes sont en effet particulièrement sensibles non seulement aux fluctuations conjoncturelles de l'emploi, mais aussi aux tendances à long terme, progressives ou régressives, des différentes branches. Ils peuplent en priorité les activités en expansion, et se détournent de celles où l'emploi global diminue, d'où des pyramides des âges tout à fait déséquilibrées dans un sens ou dans l'autre.

Il semble d'autre part probable — nous en venons à la troisième opinion — que les diplômes, effectivement plus fréquents, ouvrent, précisément de par leur moindre rareté, moins de portes que pour les générations précédentes. Si, à catégorie socio-professionnelle donnée, le nombre de diplômés est plus grand, cela veut dire aussi qu'à diplôme donné, la proportion présente dans les catégories subalternes s'accroît. Les problèmes qu'entraîne une « société de bacheliers », depuis longtemps entrevus, ne se situent plus dansun avenir lointain.

La seconde opinion au contraire, n'a pas du tout reçu le moindre; commencement de preuve : aucune constatation statistique ne permet de dire que les jeunes entrent moins fréquemment que leurs aînés dans les métiers manuels. Il est vrai que ce n'est pas parce qu'on les y trouve qu'ils voulaient forcément y entrer. C'est à des investigations sociologiques et psychologiques qu'il faudrait se livrer pour étudier ce dernier point. Claude DELCOURT appartient à la division « Emploi » , de VI.N.S.E.E. (département « Population et ménages »).

11. Travaux et documents de l'I.N.E.D., cahier n° 50 d'emploi des jeunes travailleurs », p. 16. « Condition de vie et

LES JEUNES ET L'EMPLOI 15