Les investissements étrangers et partenariats d’affaires ...

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ANIMA Briefing - Avril 2015 Edition spéciale Les investissements étrangers et partenariats d’affaires en Afrique du Nord (2003-2013) Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Tunisie Tendances, impacts et propositions pour une meilleure intégration régionale Emmanuel Noutary, Zoé Luçon, Naufal Al Mukhtar ANIMA Investment Network

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ANIMA Briefing - Avril 2015 Edition spéciale

Les investissements étrangers et partenariats d’affaires en Afrique du Nord (2003-2013)

Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Tunisie Tendances, impacts et propositions pour une meilleure intégration régionale Emmanuel Noutary, Zoé Luçon, Naufal Al Mukhtar ANIMA Investment Network

ANIMA Investment Network est un réseau d’acteurs souhaitant œuvrer ensemble au développement économique

de la Méditerranée. Le réseau ANIMA réunit 75 membres présents dans 22 pays de la zone euro-méditerranéenne et fédère les agences gouvernementales et régionales de promotion des territoires, des fédérations d’entrepreneurs,

des pôles d’innovation, des investisseurs et des instituts de recherche.

L'objectif d'ANIMA est de contribuer à une amélioration continue du climat des affaires et de l’investissement et à

un développement économique durable et partagé en Méditerranée.

Ce briefing a été préparé par Emmanuel Noutary, Délégué Général d’ANIMA, et Zoé Luçon, Coordinatrice scientifi-que, avec la contribution de Naufal Al Mukhtar.

La veille économique a été coordonnée par Zoé Luçon et Manal Tabet (gestion de l’observatoire ANIMA-MIPO) et

assurée par Kheireddine Batache, Lorris Desquest, George-William Galega, Jeanne Lapujade, Jean-Fabien Morin,

Khadra Naili, Manon Spina, Amina Ziane-Cherif, tous employés d’ANIMA.

Sont vivement remerciés : les diverses Agences de Promotion de l’Investissement d’Afrique du Nord et les mem-bres d'ANIMA pour la fourniture de certaines informations, l’équipe de veille économique de l’Agence Française

pour les Investissements Internationaux (Business France), pour la détection de certains projets.

L’intelligence économique d’ANIMA est produite avec le soutien de la Ville de Marseille, de la Région Provence-

Alpes-Côte d’Azur et de la Commission européenne.

ANIMA et ses partenaires ne peuvent être tenus responsables des données fournies. Toute erreur ou imprécision doit être signalée à [email protected]. ANIMA est intéressé par vos commentaires et compléments d’information.

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Observatoire des Investissements et Partenariats en Méditerranée : ANIMA - MIPO

Information en temps réel : www.anima.coop/mipo

+6 000 IDEenregistrés

+2 000

partenariatsd’entreprises

11 paysobservés : MED-11

Analysesdes tendances

Utile pour le benchmarking des pays, monitoring économique, prospection des entreprises, communication / attractivité, analysemedia et recherche

Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie, Turquie

Projets annoncés depuis 2003

25 critères de qualification : secteur, type de société, pays d'origine et de destination, montants annoncés, emplois créés, etc.

1 rapport

annuel

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Les pays d’Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Libye, Maroc et Tunisie) attirent la moitié des projets annoncés d’investissement direct étranger (IDE)

recensés par l’observatoire ANIMA-MIPO au sud et à l’est de la Méditerranée. Si l’on exclut Israël et la Turquie, qui absorbent quasiment l’autre moi-tié en raison de contextes très particuliers qui diffèrent de ceux des autres pays méditerranéens, il apparaît que les pays d’Afrique du Nord sont les principaux récipiendaires de l’IDE en Méditerranée. Selon les chiffres présentés dans ce Briefing, les récentes tendances de l’investissement dans cette sous-région sont mitigées. 2013 aura été la qua-trième meilleure année de la décennie passée en montants d’investissements étrangers annoncés. Mais dans le même temps, c’est également l’avant-dernière année sur les dix dernières, en nombre de projets annoncés. Ainsi l’Afrique du Nord redevient ces dernières années un marché de grands projets d’investissements, comme cela avait pu être le cas en 2006 et 2007 lors des vagues de privatisation, déjà beaucoup tirées à l’époque par les investisseurs du Golfe. A une réserve près : les projets de PME/PMI qui accompagnaient les grands investissements à cette époque ne sont pas là aujourd’hui. Or ces grands investissements, s’ils sont essentiels pour développer les infrastructures nécessaires au développement économi-que futur, n’aideront pas les gouvernements à satisfaire les revendications sociales de leurs populations. En effet ils se concentrent sur des secteurs très capitalistiques (télécom, énergie, BTP) qui sont parmi les moins efficaces pour la création d’emplois directs à court terme.

C’est donc d’autres projets, d’autres méthodes d’accompagnement de l’investissement et d’autres relais de promotion qu’il va falloir mobiliser au cours des prochains mois pour que les investissements étrangers génèrent davantage d’emplois. Et l’Afrique du Nord dispose d’atouts certains pour y parvenir. Ces pays connaissent en effet un formidable dynamisme de leurs écosystèmes entrepreneuriaux. Une nouvelle génération d’accélérateurs privés ou mixtes émerge en effet, et avec elle, l’ambition de développer des entreprises de croissance, capables de s’internationaliser, d’acquérir des technolo-gies et de créer des emplois rapidement. L’existence de cet écosystème et de ces nouvelles entreprises sera essentielle pour attirer des PME étran-gères dans des secteurs à valeur ajoutée, pour l’emploi et pour la montée en gamme de l’industrie d’Afrique du Nord. Les pays d’Afrique du Nord présentent aussi une situation géographique stratégique, au cœur du triangle Golfe, Europe, Afrique. A l’heure où l’Afri-que est appelée à devenir le réservoir de croissance du futur et où l’Europe se lance dans une politique sans précédent de relance de la croissance qui devrait améliorer considérablement son attractivité, l’Afrique du Nord a la possibilité de bénéficier ou d’émettre des flux d’investissement et d’af-faires dans les trois directions. Le mouvement est déjà engagé, par certains fonds d’investissements et de nombreux industriels maghrébins qui sont implantés au sud du Sahara. Il pourra encore s’accélérer grâce à la mobilisation des talents d’Afrique du Nord basés à l’étranger dans ces trois régions voisines.

Golfe - Afrique - Europe : le triangle créateur de valeur

Tendances Algérie Egypte Libye Maroc Tunisie

2013 représente une année médiane de la période 2003-2013 en matière d’attraction d’IDE : les flux d’investissement entrants (CNUCED) sont supérieurs à leurs

niveaux avant 2006 et à celui de 2011, année des soulèvements démocratiques, mais inférieurs à ceux des années récentes, et en recul net par rapport à 2012.

La tendance de diminution des investissements par rapport à 2012 est malheureusement également vraie pour les annonces d’IDE (ANIMA-MIPO), qui atteignent leur plus bas niveau depuis 2004 en nombre de projets mais résistent toutefois en montants annoncés grâce à quelques mégaprojets, en provenance du Golfe

pour la plupart.

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Evolution des investissements étrangers en Afrique du Nord

15,9 Md€ annoncés en 2013 : +17% en comparaison avec 2010

226 projets d’IDE détectés : -38% en comparaison avec 2010

7 3618 125

11 756

23 468

29 083

12 862

13 37013 571

9 454

16 23515 873

3 462 3 963

8 034

15 929 15 78014 046

11 800

10 328

4 174

10 9999 340

159

195

360

428452 408

307

363

303318

226

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5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Nom

bre

de p

roje

ts

Flu

x d

'ID

E (

mill

ions

€)

Flux d'IDE ANIMA (M€) Flux CNUCED (M€) Nombre de projets

Les partenariats sont définis comme des projets permettant à une entreprise de se rapprocher d’un marché domestique MED, à travers un partenaire identifié, ou

en ouvrant une représentation locale (agence, réseau, etc.) ou encore en autorisant une franchise locale.

Le bilan 2013 des partenariats est décevant : les pays d’Afrique du Nord n’attirent pas plus d’entreprises étrangères à travers ces modes d’implantation qu’en 2011. Ce recul est net par rapport à 2012, année au cours de laquelle un nombre record d’entreprises étrangères ont choisi ces modalités d’implantation pour tester les

marchés arabes, au lendemain des mouvements démocratiques de 2011. Ce repli doit néanmoins être relativisé : 2013 occupe malgré tout une place honorable au

sein de la décennie écoulée, et confirme l’appétence des entreprises étrangères pour prospecter les pays d’Afrique du Nord à travers ces modes d’entrées mobili-sant moins de capital.

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Evolution des partenariats d’entreprises

Partenariats (ANIMA-MIPO) : cf. « modes de production internationale et de développement sans participation au capital » (CNUCED)

226 projets détectés en 2013 : niveau comparable à ceux de 2009 et 2011

16

60 69 7493

120

183

250

187

288

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250

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2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Nom

bre

de p

art

enariats Partenariat technologique

Partenariat commercial

Enseignes, magasins, franchises

Contrat de gestion

Bureau de représentation

Accord de développement

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Tendances par pays : des situations contrastées Le Maroc tire son épingle du jeu en 2013

Algérie, Egypte et Libye : pas de progression notable depuis 2011

Tunisie : l’attentisme des investisseurs perdure

1 519

4 840

1 300

7 577

637

0

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

14 000

16 000

18 000

Algérie Egypte Libye Maroc Tunisie

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Montants d’IDE annoncés (millions d’euros - M€, source : ANIMA-MIPO)

Plus de 50% des montants annoncés en 2013 proviennent toujours du secteur énergétique. La nouvelle loi sur les hydrocarbures modifie la méthodologie utilisée

pour déterminer le taux d’imposition sur les revenus pétroliers : celui-ci sera désormais calculé sur la base de la rentabilité du projet plutôt que le chiffre d’affaires, permettant ainsi de rééquilibrer les pertes potentiellement causées par des problèmes opérationnels. La loi ouvre également la voie à l’exploitation des hydrocarbu-

res non-conventionnels et à l’utilisation de la fracturation hydraulique pour le gaz de schiste. Les projets métallurgiques occupent également une place importante dans les annonces d’IDE en 2013.

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Algérie Annonces des projets d’IDE en légère baisse en 2013, chute importante en montants

Top 5 secteurs : Energie ; Télécoms & internet ; Métallurgie ; Verre, ciment & matériaux ; BTP & infrastructures

Pas de modification majeure du Code de l’investissement mais une série de mesures visant à améliorer les conditions générales d’accueil des IDE

Etats-Unis

EAUThaïlande

Royaume-Uni

Algérie

Norvège 88

Turquie195

98

40

Espagne

France

Allemagne

In-donésie

453

Italie320

141

Inde

41

5491

123

85

Qatar527 M€

0

10

20

30

40

50

60

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

2008 2009 2010 2011 2012 2013

Montants annoncés

Nombre de projets d'IDE

Nombre de partenariats

Origine des principaux flux entrants, moyenne 2011-2013 (M€, ANIMA-MIPO) Montants annoncés (en M€), nombre de projets d’IDE et de partenariats

Les pays du Golfe restent les premiers investisseurs dans le pays. Les investisseurs américains et britanniques ont également fait leur retour sur la scène égyptien-

ne. Le secteur de l’énergie est le plus dynamique avec une vingtaine d’annonces pour un montant total annualisé de 3,2 Md€. Au niveau des types de projets, les concessions et PPP ont enregistré une forte hausse, liée aux modalités d’investissement dans le secteur des hydrocarbures. Les partenariats internationaux ont

observé une forte contraction : les enseignes, magasins et franchises sont restés le type de partenariat privilégié. De grands projets ont été lancés en 2013, no-tamment le développement du Canal de Suez, des gouvernorats de Haute Egypte et de la ville verte d’El Alamein.

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Egypte Annonces d’IDE en baisse en 2013, après une nouvelle année d’incertitudes politiques

Top 5 secteurs : Energie ; Télécommunications ; Banque & assurance ; BTP & infra- structures ; Chimie

Nouveau code unifié de l'investissement : démarches administratives simplifiées, protection des investisseurs renforcée et nouvelles incitations fiscales et non fiscales

Egypte

ArabieSaoudite

Inde

KoweïtChine

Canada

205 Suède

166

77

Coréedu Sud

Italie442 M€

EAU1477 M€

USA669 M€

Qatar581 M€

127

9374

42

56

Grèce

Roy.-Uni770 M€

France 835 M€

0

20

40

60

80

100

120

0

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

9 000

10 000

2008 2009 2010 2011 2012 2013

Montants annoncés

Nombre de projets d'IDE

Nombre de partenariats

Origine des principaux flux entrants, moyenne 2011-2013 (M€, ANIMA-MIPO) Montants annoncés (en M€), nombre de projets d’IDE et de partenariats

Une des plus grosses annonces de 2013 concerne le britannique IHG, qui a signé un accord avec le ministère de la santé pour la conception, la construction et la

gestion de neuf hôpitaux à travers le pays. Les partenariats conclus en 2013 portent quant à eux majoritairement sur des ouvertures de liaisons aériennes et, dans une moindre mesure, l’ouverture en franchise d’enseignes (textile, ameublement) et d’un centre commercial. Le projet de nouvelle loi sur les sociétés et celui de

zone de libre-échange avec la Turquie n’ont pas pu aboutir.

Page 13 IDE en Afrique du Nord - Tendances, Impacts, Propositions © ANIMA 2015

Libye Une situation toujours volatile: intentions d’IDE détectées en 2013 augmentent en montant, même si le nombre de projets d’IDE et de partenariats diminue

Top 5 secteurs : Energie ; BTP& infrastructures ; Autres (en particulier santé) ; Banque & assurance ; Chimie

Les investisseurs ont continué à parier sur une évolution positive d’un pays offrant d’immenses potentialités économiques malgré les problèmes sécuritaires

0

5

10

15

20

25

30

35

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500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

4 500

5 000

2008 2009 2010 2011 2012 2013

Montants annoncés

Nombre de projets d'IDE

Nombre de partenariats

Allemagne

France

Qatar

Indonésie

Libye 129

4

207

Italie

33

Roy.Uni400 M€

57

Origine des principaux flux entrants, moyenne 2011-2013 (M€, ANIMA-MIPO) Montants annoncés (en M€), nombre de projets d’IDE et de partenariats

Des annonces record en provenance du Golfe et tout particulièrement des Emirats sont intervenues dans les secteurs traditionnels comme le tourisme et le BTP,

mais également dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée comme les médicaments et l’énergie. Les télécoms attirent une méga annonce avec le rachat de Ma-roc Telecom au français Vivendi par Etisalat. Plusieurs initiatives sont venues conforter la stratégie marocaine d’ouverture vers de nouveaux marchés, dont la

conclusion d’un nombre substantiel d’accords relatifs à l’encouragement et la protection réciproques des investissements et des réformes visant à améliorer le cli-mat des affaires et l’attractivité du pays (procédures de création d’entreprises, d’enregistrement des propriétés et de paiement des impôts).

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Maroc Intentions d’IDE en très forte augmentation pour atteindre plus de 7,5 Md€, un record

Top 5 secteurs : Télécommunications ; Energie ; Banque & assurance ; BTP & infra- structures ; Tourisme

Diminution du nombre de projets annoncés due à une moindre activité des investisseurs européens, même s’ils sont toujours majoritaires

0

20

40

60

80

100

120

140

160

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2 000

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5 000

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8 000

2008 2009 2010 2011 2012 2013

Montants annoncés

Nombre de projets d'IDE

Nombre de partenariats

Espagne

Roy.-Uni

Koweït

Arabie Saoudite

IndeMaroc

26Canada

France774 M€

181

69

37

Italie

23Allemagne

Japon

EAU1911 M€

USA216

125

53Irlande

23

30

Chine

133

3332

Singapour

Qatar

Jordanie37

46

Origine des principaux flux entrants, moyenne 2011-2013 (M€, ANIMA-MIPO) Montants annoncés (en M€), nombre de projets d’IDE et de partenariats

Les télécoms et Internet, très dynamiques ces dernières années, n’ont attiré aucun investissement majeur en 2013. Les compétences de la Tunisie en matière d’in-

génierie et d’équipements pour les secteurs automobiles, ferroviaires et aéronautiques ont en revanche attiré de nouveaux investissements d’entreprises alleman-des, françaises et belges. Deux mégaprojets immobiliers et touristiques ont été annoncés : la construction par le libyen Lafico d’une à deux tours de plus de 30

étages aux Berges du Lac ainsi que la relance du Tozeur Desert Resort par Diar, une filiale de la Qatar Investment Authority (QIA).

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Tunisie Forte baisse en montant et en nombre de projets annoncés en 2013 : frilosité des investisseurs et mise en attente de certains IDE annoncés en 2012

Top 5 secteurs : Energie ; Télécommunications ; Banque & assurance ; Verre, ciment & matériaux ; Tourisme

Les Européens restent les premiers investisseurs et les premiers partenaires

0

20

40

60

80

100

120

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

2008 2009 2010 2011 2012 2013

Montants annoncés

Nombre de projets d'IDE

Nombre de partenariats

Allem.

France

Espagne

Royaume-Uni

Suisse

Italie

Tunisie

216 Autriche8614

Canada

183

179

82 33

26Libye

18

EAU

Qatar211

10

Etats-Unis

16

Origine des principaux flux entrants, moyenne 2011-2013 (M€, ANIMA-MIPO) Montants annoncés (en M€), nombre de projets d’IDE et de partenariats

Origine des projets L’intégration sud-sud est à la traîne

Les intentions d’investissement refluent en 2013 et sont inférieures à celles de 2010 et 2011 quelle que soit la région d’origine des entreprises.

En nombre de projets annoncés, l’Europe est à son plus bas depuis 2004, malgré les efforts de promotion des pays nord africains.

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Origine des investissements en nombre de projets Europe : 53% des projets IDE annoncés en 2013 en nombre de projets, mais le leadership européen a tendance à s’éroder

Autres régions d’origine :

Golfe = 16% Amérique du Nord = 13% Autres pays (dont BRIC) = 9%

MED-11 = 8% : intégration sud-sud encore très faible L’Afrique du Nord fait toutefois mieux que l’ensemble MED-11 (IDE intra MED-11 = 5%)

Intentions d’investissement en baisse quelle que soit l’origine : crise de confiance ?

114127

217 215

261

211

180

200

181 180

120

1321

35

8371

86

4150

32

5037

0

25

50

75

100

125

150

175

200

225

250

275

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Europe

Gulf

USA-Canada

Othercountries

MED-11

Les montants d’IDE annoncés par des investisseurs européens en 2013 se situent dans la fourchette basse des niveaux enregistrés par l’observatoire ANIMA-MIPO

depuis sa création. Les pays du Golfe enregistrent en revanche une excellente performance - la deuxième de la décennie écoulée, si bien qu’ils apportent pour la première fois plus de la moitié des montants d’IDE annoncés dans les pays d’Afrique du Nord. L’Europe, traditionnellement très présente dans les pays du Magh-

reb, voit sa position très bousculée au Maroc : les 1,2 Md€ annoncés par les entreprises européennes ne font pas le poids face aux 6 Md€ investis par le Golfe, Emirats et Qatar en tête. En Egypte, les annonces européennes, nord américaines et des « autres pays », notamment émergents, sont en recul assez net, laissant

là aussi le Golfe et tout particulièrement les EAU se tailler la part du lion avec des annonces totales de 3 Md€.

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Origine des investissements en montants investis 2013 est une très bonne année pour les investissements du Golfe : +9 Md€ annoncés

3 projets émiratis > 1 Md€ : télécommunications (Etisalat au Maroc), énergie (Dana Gas en Egypte et Taqa au Maroc) et BTP (Al Futtaim en Egypte)

Tassement des montants annoncés pour les autres régions d’origine, particulièrement l’Amérique du Nord et les pays émergents

3 9066 250

5 1896 834

14 365

5 817 6 7274 261

5 744 6 265 5 412

919

1 2182 286

11 208

8 338

4 597 3 743

2 8201 103

6 1259 226

1 169

1 596

1 483

2 593

698

1 696

1 575

5 357

2 050

928

1 868

2 247

2 212

1 161 1 417 998

1 681

1 644

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

USA-Canada

Othercountries

MED-11

Gulf

Europe

Impact Des effets d’entraînement limités

Page 22 IDE en Afrique du Nord - Tendances, Impacts, Propositions © ANIMA 2015

Des approches plus prudentes (joint-ventures) et moins engageantes (partenariats)

46,341,7

32,7

54,8

64,3

31,5

43,637,4

31,2

51,1

70,2

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Impact financier et partage de valeur des projets d’IDE 2013 : année record pour le montant moyen des annonces d’IDE en Afrique du Nord

77%63%

46%60% 58% 54% 53% 58% 58% 58% 49%

23%37%

54%40% 42% 46% 47% 42% 42% 42% 51%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Investissement "partiel"(extension, JV, acquisitionpartielle, concession)

Investissement "global"(création, filiale, acquisitiontotale)

159 195

360428 452 408

307 363 303 318226

1660

6974

93120

183

250

187288

184

0

100

200

300

400

500

600

700

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Partenariat

IDE

Le ratio efficacité-emploi des IDE (emplois créés par million d’euros investis - voir tableau ci-dessous par secteur d’activité) a été développé par ANIMA en 2011

pour la Banque mondiale. Il est assez illustratif du contexte qui a conduit aux récents événements politiques. En effet, en dehors du secteur bancaire, tous les secteurs majeurs fournisseurs d’investissements directs en Afrique du Nord sont parmi les moins efficaces en matière de création d’emplois.

Certes, le développement de ces secteurs d’infrastructures est nécessaire pour créer les conditions d’un développement futur de l’emploi. Mais cette situation plaide pour focaliser les efforts de promotion vers des secteurs d’investissement capables de créer de l’emploi dans un horizon court, afin de faire face à la

demande sociale.

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Efficacité pour la création d’emplois Les secteurs leaders pour l’investissement dans la région restent inchangés

Energie, Banque, Télécoms, BTP & Infrastructures, Tourisme, Ciments, Chimie

Hormis le secteur bancaire, ces secteurs sont parmi les moins efficaces pour créer de l’emploi direct

Propositions Pour une meilleure intégration régionale

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Développer l’intégration industrielle nord-africaine Les chiffres mis en valeur dans ce document montrent une très faible intégration régionale sud-sud en matière d’investissements directs étrangers, et une dynami-

que plutôt à la baisse. ANIMA a réuni des chefs d’entreprise maghrébins en novembre 2014 à Tunis pour réfléchir aux moyens à la portée du secteur privé pour renforcer cette intégration. Les propositions reprises ici émanent de ces échanges.

Poursuivre la montée en gamme de l’industrie nord-africaine

L’enjeu est de doter l’Afrique du Nord d’une offre exportable, dont l’insuffisance aujourd’hui peut expliquer en partie la faible intégration sous-régionale. Cela impli-

que une meilleure capacité à intégrer les technologies développées ailleurs et un processus de mise à niveau et d’aide à l’investissement. Des programmes allant dans ce sens pourraient comporter :

La mise à niveau individuelle des entreprises, comme actuellement menée par les programmes d’appui européens ou par la BERD notamment ;

Le développement de partenariats et de sous-traitance avec des industries technologiques basées à l’étranger pour capitaliser du transfert de savoir faire ;

L’appui au développement de réels pôles technologiques et clusters, qui impliquent la mise en place de projets collaboratifs d’innovation entre grandes en-

treprises, PME, laboratoires de recherche au sein des pôles.

Intégrer l’Afrique du Nord aux chaînes de valeur Europe-Afrique

Face au manque de connaissance des marchés voisins par les entreprises nord-africaines, il serait utile de mener un travail d’identification des complémentarités

industrielles entre les pays d’Afrique du nord. Ce travail consisterait en l’inventaire des compétences industrielles dans les pays pour identifier leurs « métiers » et

les débouchés de leur offre industrielle. Il permettrait d’identifier le potentiel d’intégration sud-sud, mais aussi celui de l’industrie nord-africaine dans les chaînes de valeur européennes et africaines, qui constituent des marchés extérieurs stratégiques pour une offre nord-africaine.

Multiplier les rencontres d’affaires

Cette intégration ne peut pas faire l’économie d’un processus volontariste de mise en relation directe entre entrepreneurs, et d’accompagnement au développe-

ment de partenariats sur les filières de complémentarité. Il est notamment proposé :

La création d’une bourse nord-africaine de la sous-traitance sur les chaînes de valeur identifiées, qui pourrait prendre la forme d’une plateforme en ligne et

associer les entreprises européennes et africaines, sur la base de la plateforme déjà développée par ANIMA : www.b2match.eu/euromed ;

La multiplication des rencontres d’affaires associant entreprises nord-africaines, mais aussi européennes et africaines, à l’image du Salon Hub Africa ou des

roadshows d’affaires mis en œuvre par ANIMA. Ces rencontres pourraient également être l’occasion pour le secteur privé d’une réflexion commune pour le développement de plaidoyers destinés aux gouvernements concernés, en faveur de l’intégration économique dans la région.

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Favoriser les effets d’entraînement économiques et sociaux Le manque d’efficacité des investissements directs étrangers en Afrique du Nord appelle de nouvelles stratégies capables de réconcilier le besoin d’investissements

des pays et les attentes sociales des populations. Les recommandations suivantes émanent du travail mené par ANIMA au cours des dernières années, qui s’est traduit notamment par le lancement de l’initiative EDILE pour maximiser les impacts locaux des investissements. www.edile-initiative.org

Diversifier la promotion des investissements vers des secteurs plus directement créateurs d’emplois

Les tendances constatées au cours des dernières années montrent que les principaux secteurs qui tirent l’investissement étranger en Afrique du nord ont finale-

ment été peu impactés par les aléas des contextes politiques locaux. Or ces secteurs, qui sont principalement portés par des multinationales, sont peu efficaces pour la création d’emplois à court terme.

Cette situation plaide pour une orientation des politiques de promotion des investissements vers les autres secteurs, qui sont eux plus volatiles en période de man-

que de visibilité politique, car souvent portés par des PME/PMI, mais qui sont créateurs d’emplois directs à court terme. Ainsi le logiciel, les industries mécaniques ainsi que l’automobile, l’aéronautique, l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, mais aussi les services, méritent des

efforts de promotion accrus ainsi que l’attribution prioritaire des incitations financières qui sont offertes aux investisseurs en Afrique du Nord.

Evaluer les impacts locaux des IDE en amont, et accompagner les investisseurs vers plus d’inclusion

Il y a pourtant beaucoup à attendre des grands projets d’IDE, à commencer par des devises dont le sud a bien besoin à l’heure où le tourisme décroît, et où l’Euro-pe a réduit ses importations. Mais aussi du transfert de savoir-faire, des connexions aux marchés étrangers, des emplois, et la dynamisation de nouvelles filières

économiques. Il est néanmoins souhaitable de développer une approche plus partenariales avec les investisseurs. A l’image de l’Union européenne qui prône une politique « more for more » avec ses pays voisins, les territoires doivent développer un partenariat équilibré avec

leurs investisseurs. Réclamer plus d’intégration des projets, plus d’emplois, de sous-traitance, de transfert de valeur. Et en échange, offrir plus aux entreprises qui

jouent le jeu : un accès facilité pour les démarches administratives, un statut et une réputation d’entreprise citoyenne sur le marché domestique, et enfin une inci-tation financière - souvent déjà prévue par les pays, qui soit indexée sur l’impact inclusif du projet.

Cela implique pour les acteurs en charge de l’accueil des investisseurs de se doter de capacités d’évaluation de l’impact économique et social des projets, et de meilleures capacités de négociation avec les entreprises.

Valoriser les investisseurs qui maximisent leurs impacts locaux par un label Afin de doter les acteurs en charge de l’accueil des investisseurs d’outils appropriables et peu onéreux à mettre en œuvre, ANIMA, en association avec plusieurs

partenaires et territoires pilotes et des banques de développement, a choisi de s’orienter vers la création d’un outil de notation portant sur les impacts locaux des

projets d’investissements. Cet outil de notation, qui se destine aussi bien aux acteurs publics qu’aux banques et investisseurs qui accompagnent les entreprises, pourra donner lieu à l’octroi

d’un label aux projets soumis par les investisseurs, et ainsi offrir des avantages en termes d’image, mais aussi de services exclusifs réservés aux entreprises labellisées.

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Miser sur les communautés de talents expatriés La relance des investissements et des flux d’affaires entre l’Afrique du Nord et les régions frontalières (Golfe, Europe, Afrique) s’accompagne nécessairement d’une

évolution du travail de promotion. Dans un contexte sécuritaire incertain, où les différences culturelles ont tendance à être mises en exergue dans la couverture médiatique donnée aux pays d’Afrique du Nord, il apparaît utile de miser sur les talents biculturels, en tant que relais d’opinion capables de mettre en lumière les

véritables enjeux, facilitateurs et relais d’affaires, mais aussi parfois investisseurs ou entrepreneurs. Les propositions suivantes émanent du travail mené par ANIMA sur ce sujet au cours des dernières années, et sont actuellement mises en œuvre dans d’autres pays de Méditerranée dans le cadre du projet MedGeneration.

www.medgeneration.eu

Etablir un dialogue continu avec les talents économiques biculturels à l’étranger

Un préalable est l’identification de ces talents, qu’il faut considérer comme des ambassadeurs économiques de leur pays de résidence (dont ils ont la plupart du

temps la nationalité) autant que de leur pays d’origine. Le champ des possibles est large ensuite pour nourrir un dialogue avec ces individus aux profils de haut niveau : outils d’information, missions de dialogue avec les autorités et les communautés d’affaires des pays d’origine, rencontres dans leur pays de résidence,

mise en réseau entre talents et avec les élites dans les pays d’origine, etc. Les objectifs de ce dialogue peuvent être la promotion d’un discours de vérité sur le pays, la formulation de recommandations sur les stratégies publiques mises en

œuvre en matière économique, la diffusion des opportunités économiques offertes par les territoires d’Afrique du Nord et l’identification de compétences utiles à la stratégie de développement de ces territoires.

Créer les instruments pour mobiliser les investissements de ces talents

Les talents biculturels de l’étranger disposent souvent d’une capacité d’investissement, et sont parfois très conscients des opportunités offertes par les pays d’Afri-

que du Nord, en particulier pour accompagner des projets d’entreprises à forte croissance. Cependant, ils ne disposent pas toujours des réseaux pour identifier les

bons projets dans lesquels s’impliquer, ni de moyens pour minimiser leurs risques. ANIMA propose de mettre à leur service un dispositif de sourcing des projets, qui s’appuie sur le riche écosystème de soutien à l’entreprenariat qui s’est développé

dans la plupart des pays ces dernières années, ainsi que des instruments leur permettant de mobiliser des co-investissements sur les projets sur lesquels ils inter-viennent. En s’appuyant notamment sur les réseaux de business angels qui se sont développés dans tous les pays, ce dispositif permettrait également de mobiliser

de l’expertise dans les pays aux côtés de celle des talents de l’étranger, afin d’accompagner les entrepreneurs.

C’est dans ce sens qu’ANIMA a travaillé avec EBAN et Arabreneur à la création de MBAN, le MENA Business Angels Network, qui a vocation à fédérer les acteurs de l’écosystème entrepreneurial, et accueillir les investisseurs de la Diaspora de la région aux côtés des investisseurs privés des pays. www.m-ban.org

Coordonner les messages et les services destinés à ces communautés

Dans la plupart des pays d’Afrique du Nord, les initiatives commencent à se multiplier pour mobiliser les Diasporas du pays. ANIMA a identifié un risque dans cer-

tains pays, de sur-sollicitations de certaines personnalités en vue, et surtout de compétition entre les différentes opportunités qui leur sont proposées. Un travail de coordination au niveau de chaque pays apparaît donc nécessaire. Recenser les initiatives, permettre de partager les expériences et les contacts, et de

coordonner les agendas, pour développer ensemble, et avec l’appui des autorités en charge de la promotion économique des pays, un message cohérent et une stratégie concertée, en particulier envers les hauts talents. Ce travail est aujourd’hui entrepris par ANIMA dans certains pays pilotes.

ANIMA Investment Network 11bis rue Saint-Ferréol 13001 Marseille - France T. +33(0)4 96 11 67 60 [email protected]

www.anima.coop

Publication réalisée à l’occasion du salon