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M êmesicelafutpeuremarqué,leder- nier roman de Houellebecq (prix Goncourt2011)étaitunechargesa- tiriquecontrel’artcontemporainetsacollusion avecl’argent.Ils’ouvraitsurlederniertableau deJedMartin,« Damien Hirst et Jeff Koons se partageant le marché de l’art »,pours’ache- ver sur la victoire de Hirst : « la valeur marchande de la souffrance et de la mort était devenue supérieure à celle du plaisir et du sexe (…) Damien Hirst avait ravi à Jeff Koons sa place de numéro un mondial sur le marché de l’art ». Les essais de Christine Sourgins,historiennedel’art Les mirages de l’art contem- porain” Latableronde,2005, etd’AudedeKerros,graveur etcritiqued’art“Sacré art contemporain”, Jean- CyrilleGodefroy,2012,démontent,avecune précision d’orfèvres, les mécanismes de l’im- posturedel’artcontemporain,qu’ellespréfè- rentréduireà« l’A.C. ». Un art totalitaire Moins art de la rupture que rupture avec l’art, l’AC commence avec son pape, Marcel Duchamp,etses« ready made ».Qu’ilexpose, en 1917, à New-York, un urinoir et l’intitule « Fontaine », témoigne que l’art ne se donne pluslabeautépourobjet,etquel’œuvreest remplacéeparlediscourssurl’œuvre. Cenominalismepictural estbientôtsuiviparunmi- nimalisme.En1918,Malé- vitch,avecson« Carré blanc sur fond blanc » traduit la fascinationpourlerien,mo- qué par Alphonse Allais : animateurdu« mouvement des arts incohérents », il imagine une « première communion de jeunes filles chlorotiques par temps de neige ». Plus près de nous, dans sa pièce de théâtre « Art », YasminaRezafaitdireàson personnage :« Ce que tu vois est de la merde, mais rassure-toi, il y a une pensée derrière ». Entoutelogique,lamortdel’artesticisi- gnée. Mais l’AC, au XXIème siècle, prétend déconstruire,délégitimercette«splendeurdu vrai »parquoiPlatondéfinissaitlabeauté.Le sièclecommencefortavec,en2000,l’expo- sition« Cloaca »,unemachineàcréerdesex- ésie – Théâtre – Littérature – Poésie – Cinéma – Peinture – sculpture – Musique – Théâtre – Littérature – Encyclopédiedel’honnêtehomme Classement :2Ja05 version1.0•12/2012 Allerà=> dossieroriginedecetexte – Accueil => reseau-regain.net 1/5 Les impostures de l’art contemporain

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Même�si�cela�fut�peu�remarqué,�le�der-nier� roman� de�Houellebecq� (prixGoncourt�2011)�était�une�charge�sa-

tirique�contre�l’art�contemporain�et�sa�collusionavec�l’argent.�Il�s’ouvrait�sur�le�dernier�tableaude�Jed�Martin,�«Damien Hirstet Jeff Koons se partageant lemarché de l’art»,�pour�s’ache-ver� sur� la� victoire� de�Hirst :« la valeur marchande de lasouffrance et de la mort étaitdevenue supérieure à celle duplaisir et du sexe (…) DamienHirst avait ravi à Jeff Koons saplace de numéro un mondialsur le marché de l’art».

Les� essais� de� ChristineSourgins,�historienne�de�l’art“Les mirages de l’art contem-porain” La�table�ronde,�2005,et�d’Aude�de�Kerros,�graveuret�critique�d’art�“Sacré art contemporain”, Jean-Cyrille�Godefroy,�2012,�démontent,�avec�uneprécision�d’orfèvres,� les�mécanismes�de� l’im-posture�de�l’art�contemporain,�qu’elles�préfè-rent�réduire�à�« l’A.C.».

Un art totalitaireMoins� art� de� la� rupture� que� rupture� avec

l’art,� l’AC�commence�avec� son�pape,�Marcel

Duchamp,�et�ses�« ready made».�Qu’il�expose,en�1917,� à�New-York,� un�urinoir� et� l’intitule«Fontaine»,� témoigne� que� l’art� ne� se� donneplus� la�beauté�pour�objet,�et�que� l’œuvre�estremplacée�par�le�discours�sur�l’œuvre.

Ce�nominalisme�picturalest�bientôt�suivi�par�un�mi-nimalisme.�En�1918,�Malé-vitch,�avec�son�«Carré blancsur fond blanc»� traduit� lafascination�pour�le�rien,�mo-qué� par� Alphonse� Allais :animateur�du�«mouvementdes arts incohérents»,� ilimagine� une� «premièrecommunion de jeunes filleschlorotiques par temps deneige».

Plus� près� de� nous,� danssa� pièce� de� théâtre� «Art»,Yasmina�Reza�fait�dire�à�son

personnage :�«Ce que tu vois est de la merde,mais rassure-toi, il y a une pensée derrière».

En�toute�logique,�la�mort�de�l’art�est�ici�si-gnée.�Mais� l’AC,� au�XXIème� siècle,� prétenddéconstruire,�délégitimer�cette�« splendeur�duvrai»�par�quoi�Platon�définissait�la�beauté.�Lesiècle�commence�fort�avec,�en�2000,�l’expo-sition�«Cloaca»,�une�machine�à�créer�des�ex-

ésie – Théâtre – Littérature – Poésie – Cinéma – Peinture – sculpture – Musique – Théâtre – Littérature –E n c y c l o p é d i e � d e � l ’ h o n n ê t e � h omm e

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Les imposturesde l’art contemporain

créments :�enthousiaste,�la�critique�le�compareà�Breughel.

Aude� de� Kerros� résume� ainsi� le� scandale :« la transgression est devenue un service pu-blic».�Car�si�l’AC�se�veut�subversif,�il�est�aussisubventionné :�«art sub-sub, subventionné sub-versif, condensé de porno-choc et de scato-chic»,� il� détient� en� outre� le�monopole� de� lacommande�publique�et� exclut� les� artistes�quitravaillent�de�leurs�mains.�Le�public�est�à�la�fois«banquier et otage du sys-tème d’art étatisé».� JeanClair�commente :�« ils nousfusillent et ils nous font lespoches».

Aude� de� Kerros� sou-ligne� le� fonctionnementtotalitaire�de�l’AC�mis�enplace� en� 1982� par� JackLang�qui�dote�le�ministèrede�la�Culture�de�structuresadministratives�aptes�à�di-riger� la� création� enFrance :� commissairesd’exposition,� inspecteursde�la�création�aux�saveurssoviétiques� imposent� unart�officiel�et�en�définissent�les�théories�obliga-toires.�D’où�la�nécessité�d’un�lexique,�préam-bule�au�livre�d’Aude�de�Kerros :� l’AC,�commetout�mouvement� révolutionnaire,� invente� unenovlangue�et�change�la�définition�des�mots.

L’art, faculté de manipulerC’est� ainsi� que� le� visiteur� et� le� spectateur

non-initiés�sont�manipulés,�l’art�étant,�selon�ladéfinition�même�de�Jeff�Koons,�« la faculté demanipuler les gens».�Christine�Sourgins�en�ana-lyse�les�procédés :�il�s’agit�de�provoquer,�de�si-dérer�–�le�public,�ignorant�les�codes�occultes,

ne�peut�les�déchiffrer�–�de�prescrire,�ce�qui�s’ap-pelle,�par�antiphrase,�«déconditionner�le�spec-tateur»,�de�le�purger�de�ses�réflexes�identitaires,surtout� s’ils� viennent�de� la� civilisation� judéo-chrétienne,�et�de�désintégrer� la�notion�mêmed’œuvre :� «Dites-vous bien qu’on ne sait pasce qu’a voulu dire l’artiste»,�remarque�un�pro-fesseur�de�l’École�Cathédrale�de�Paris.

Aude�de�Kerros�illustre�cette�faculté�de�ma-nipuler�par�les�récentes�“affaires” :�Andrés�Ser-

rano� et� son� «Piss Christ»,Romeo�Castellucci�et�«Surle concept du visage du filsde Dieu»,�Rodrigo�Garciaet�«Golgota Picnic».

Si�ce�dernier�est�ouver-tement� antichrétien,� lesdeux�autres�rusent�avec�lechristianisme.� Serrano� sedit� «artiste d’inspirationchrétienne»,�et�suggère�queson� crucifix� plongé� dansl’urine� est� une� façon� deprendre�position�contre�lacommercialisation� duChrist.� Castellucci� tientdes� discours� contradic-

toires�-�« je fais un théâtre de questionnement,de l’inquiétude, qui vit sur l’ambiguïté»�–�maisaussi :�«aujourd’hui la religion a perdu sa capa-cité de poser des questions, et l’art a pris saplace».

Aude�de�Kerros�analyse�la�pièce�de�Castel-lucci� comme� le� détournement� d’un� chef-d’œuvre,�Salvator mundi d’Antonello�de�Mes-sine :� le� jet� de� pierres� sur� le� tableau� par� desenfants�ou�d’excréments,�est�aussi�une�manièrede� conspuer� la� beauté� et� l’art� qui� l’a� portée ;selon�un�jeu�de�mots�lacanien,�eschatologie�etscatologie�riment�ensemble.�Mais�le�spectateur,

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Paul Fryer«Piéta» sur chaise électriquedans la cathédrale de Gap

provoqué,� sidéré,� contraint� d’apprécier,� nonle� spectacle�mais� les� intentions� de� l’auteur,devra�croire�ce�que�dit�Castellucci�de�ce�jet :«c’est une forme de prière» ;�tant�sont�grandesla�naïveté�du�spectateur�et�la�rouerie�de�l’ar-tiste.

L’Église victime et compliceOn�aurait�pu�s’attendre�à

une�grave�querelle,�à�proposde� l’AC,� entre� l’Église� etl’État.

En�Amérique,�où�le�«PissChrist»�de�Serrano�fut�exposéen�1989,� les�Églises�se�sontopposées� efficacement� àl’État�pour�obtenir�le�respectde� leur� foi.�Associations� fa-miliales�et�religieuses�ont�faitappel�aux�tribunaux,�et�l’Étatn’a�pas�institué�de�loi�contrele�blasphème,�contraire�à�laliberté�de�pensée�impliquéedans�le�premier�amendementde� la� Constitution� américaine,�mais� a� cesséde�subventionner�spectacles�et�expositions�quioffensaient�la�foi�des�citoyens�américains,�fi-nalement�vainqueurs�des�«cultural wars».

On�aimerait�qu’en�France,� l’auto-finance-ment�remplace�la�subvention�d’Etat.�Or,�unerelation� sadomasochiste� s’est� établie� entrel’Église�et�l’État,�concrétisée,�en�2002,�dans�lelivre�cosigné�par�Gilbert�Brownstone,� l’abbéPousseur,�et�deux�évêques :�Mgr�Rouet�et�MgrBlanc�:�L’Église et l’art d’avant-garde, de la pro-vocation au dialogue.�Dans�la�ligne�d’Adorno,refusant� qu’on� écrive� après�Auschwitz� –� àmoins�de�parler�d’Auschwitz�–�ses�auteurs�ydéveloppent�la�nécessité�de�sortir�des�«oppo-

sitions usées, beau/laid, bien/mal»,�et�de�re-jeter,� comme� «hypocrite»,� «une� esthétiqueprônant� la�beauté,�dans�un�univers�en�proieaux� contradictions» ;� le� beau� étant� en� outreune�manière�fâcheuse�de�discriminer�le�laid.C’est� en� somme� au� nom� de� la� charité� quel’abbé�et�les�deux�évêques�dialoguaient�aima-blement�avec�l’AC.

Ils� vont� être� servis :� une«Vierge aux étrons»,�un�Christassis� sur� une� chaise� élec-trique,�intitulé�«Pieta»,�dansla� cathédrale� de� Gap,� unemachine�à�baptiser�dans�uneéglise� de� Vendée,� laissantcouler�un�liquide�blanchâtre–�le�« sperme de Dieu»�-�ouencore,� dans� une� église� duMaine-et-Loire,�à�côté�de� lachâsse� du� saint� guérisseur,une�autre�châsse�bourrée�deboîtes�de�médicaments,�inti-tulée�« le miracle des antibio-tiques».� Voilà� quelques

œuvres�investissant�les�« lieux�de�culte».

En� 2008,� Jean� de� Loisy,� commissaire� del’exposition�“Traces du sacré”,�où�il�exclut�si-gnificativement�l’art�sacré�chrétien,�est�invitéà�s’exprimer�à�Notre�Dame�de�Paris,�lors�desconférences� de�Carême,� et� déclame� l’ode� àPriam� d’Allen�Ginsberg :� « tout est sacré, lenez, la main, la bite et le trou du cul».�LorsqueBuraglio,�en�1992,�à�Saint�Germain�des�Prés,dispose,�dans�un�coin,�en�guise�de�tabernacle,un�carré�blanc,�en�hommage�à�Malévitch,�leclergé�s’enthousiasme�pour�la�«noblesse toutecistercienne»,� et� « l’habit apophatique»� del’œuvre.

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Si�l’on�comprend�que�l’AC,�marqué�par�lenihilisme,�se� fasse�prédateur�et�squatteur�del’Église�pour�parasiter�les�symboles�chrétienset�en�empoisonner�la�source,�la�collaborationde�l’Église�reste�énigmatique.�Car�si� le�voilede�l’ambiguïté�peut�servir�l’AC,�il�se�dévoile�àl’occasion :� ainsi� la�Vierge� de�Georges�Mo-quay,�aux�couleurs�arc�en�ciel,�symbole�desgays,� porte,� au� dos,� une� représentation� dudiable�pouce�en�l’air :�«Ona gagné!»

Sans� doute� l’Église� deFrance� a-t-elle� intérêt� àavoir� de� bonnes� relationsavec�l’État,�et�à�gagner�envisiteurs� ce� qu’elle� perden� fidèles�–�Mgr�di Falco,évêque�de�Gap,�se�félicitedu�nombre�de�curieux�ve-nus�voir�sa�«Pieta».

Mais� Aude� de� Kerrosémet�une�autre�hypothèse.Comme�l’Église�a�christia-nisé� les� rites� païens,� ellecherche� à� inculturer� lapostmodernité ;�seulement,ajoute� l’auteur,� le� paganisme� et� le� christia-nisme�avaient�une�référence�commune�en�labeauté�de�la�nature,�alors�que�l’AC�privilégiela� laideur.�Elle�conclut�par�une�interrogationoratoire :�«est-il possible d’inculturer une anti-culture?»�C’est�l’État�qui�inculture�l’Église�ets’en�vante :�selon�une�publication�du�Ministère,« là ou l’art est fort, la religion recule».

Enjeux métaphysiquesPar-delà� l’aspect�ouvertement�ou�sournoi-

sement�antichrétien�de�l’AC,�les�artistes�commeles� politiques,� cherchent� des� alibis� à� leurs

échecs�et�pratiquent�le�déni�du�réel.�L’AC,�écritjoliment�Aude�de�Kerros,�« ignore la contem-plation, la nature des processus créateurs, éla-borés entre l’œil, le cerveau et la main».L’œuvre,�c’est�le�discours�des�artistes�sur�leurœuvre,�c’est� la «pratique conceptuelle» qui«dévalorise la main et l’empoignade avec leréel».� Richard�Millet� cite� quelque� part� JeanBaudrillard :�l’AC�« revendique la nullité, l’in-

signifiance, le non-sens,alors qu’il est déjà nul».

L’enjeu�est�aussi�philoso-phique :� le� relativisme�et� lenominalisme�de� l’AC� réali-sent�très�bien�le�programmede�l’Ange�déchu :�«Vous se-rez comme des dieux».Apollinaire� écrivait� déjà,dans� ses�Chroniques d’art :«Le peintre doit avant toutse donner le spectacle de sapropre divinité (…) Il ne doitrien à ce qui l’entoure. Sonesprit a provoqué volontai-rement le crépuscule de laréalité».

Les�artistes�accusent�un�Dieu�auquel�ils�necroient�pas�d’avoir�créé�un�monde�où�règnele�chaos.�Déjà,�Malévitch :�«Les beautés de lanature que nous admirons, les collines, lesfleuves, les couchers de soleil ne sont-ils pasle résultat de catastrophes, de changementsde poids, plutôt que de l’expression des loisde la beauté qui préoccupent l’artiste?»

Alors,�puisque� l’hommage�à� la�beauté�dumonde� serait� un� hommage� à�Dieu� créateur,l’AC�préfère� ignorer� le� réel� et�détruire� («dé-construire»� selon� le� slogan� postmoderne)  :« j’irai jusqu’à détruire le monde puisque je ne

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Philippe MohlitzVierge aux étrons

peux en créer un»,�disait�déjà�Marx.�«Tu m’asdonné ta boue et j’en ai fait de l’or» :�l’artistecontemporain� inverse� l’alchimie�du�poète�etdu�peintre,� qui� devient� « tu m’as donné tonor, j’en ai fait de la boue».

Iconoclaste�par�nécessité�–�il�est�incapablede�créer�–�l’AC�est�magistralement�défini�parChristine� Sourgins :� «L’AC prétend au statutd’art sacré, récoltant les di-videndes des boucheriesprovoquées par les idéolo-gies politiques du XXèmesiècle : il incarne laconscience malheureuse del’humanisme athée qui vé-nère sans consolation le Tra-gique, l’Absurde et leNéant».� J’ai� songé� à� cettevénération�quand�j’ai�lu�surune� banderole� brandie� pardes� contre-manifestants,� le17� novembre� à�Marseille :«Notre modèle social estmort : bienvenue à Sodomeet Gomorrhe !».

Le� parasitage� des� thèmesjudéo-chrétiens� est� une�ma-nière�de�substituer�au�culte�de�Dieu�le�cultede�l’homme.�Selon�Daniel�Sibony,�« le Christpréfigure l’artiste contemporain»,� et� l’artisteest� lui-même�«Prêtre du Rien».�Orgueilleuxet�suicidaire,�il�est�une�figure�de�l’homme�post-moderne,� qui� supprime� et� détruit� sans� rem-placer.

Résistance et dissidencePeut-on� résister�à� l’AC?�Quelques-uns� s’y

sont�essayés�par�le�pamphlet.�Jean�Monneret(Catalogue raisonné du Salon des Indépen-

dants de 1999)  :�«�L’État veut faire croire aupublic qu’il n’y a qu’un art digne d’intérêt,l’art dit contemporain, c’est-à-dire l’art d’État(…) Dans une exposition d’AC, une gained’aération, le matériel de secours ou le carre-lage des sanitaires se confondent souvent avecles œuvres présentées. La question, alors , est:�où�est�l’œuvre?»

Philippe�Lejeune :�«L’ACrefuse toutes règles, ex-cepté celle de l’exclusion(…) L’AC ne vit qued’ukases. N’importe quoisauf la représentation».

Fred�Forest,�quant�à�lui,est�passé�à�l’acte�en�atta-quant�l’État�devant�les�tri-bunaux� administratifs :«Au-delà de l’art, la dé-marche engagée ici se veutavant tout une démarchecitoyenne posant la vraiequestion de l’utilisationdes fonds publics».

Mieux�que�la�résistancevouée�au�choix�tragique�–vaincre� ou� subir� –� mais

sans�l’exclure,�la�dissidence�se�développe�chezles� artistes.� C’est� pourquoi� il� faut� lire� aussi,d’Aude�de�Kerros,�“L’art caché – les dissidentsde l’art contemporain”,�Eyrolles ;�2007.�Et�son-ger,� avec� Soljenitsyne,�qu’«avec des fissuress’effondrent les cavernes».

Danièle�Masson

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Salvator mundid’Antonello de Messinecible de Castellucci

Voir�aussi :�L’art et le marché