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Les hallucinations verbales Nicolas Franck

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Les hallucinations verbales

Nicolas Franck

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PlanI - Introduction

II - CliniqueCauses psychiatriques d’hallucinations verbales (HV)Causes non psychiatriques d’HVSémiologie des hallucinations

III - Physiopathologie Etude expérimentale des hallucinations verbales

Etudes anatomopathologiquesEtudes en neuroimagerie morphologiqueEtudes électrophysiologiquesEtude de l’audition des patients hallucinésEtude de l’acticité subvocale des patients hallucinésNeuroimagerie fonctionnelle des HV, du langage intérieur et de l’imagerie verbale

Les modèles explicatifsHypothèse d’un trouble de la planification du discoursHypothèse d’une imagerie mentale trop viveHypothèse d’un trouble de la mémoire de la source de l’actionHypothèse d’un trouble du contrôle de ses actionsHypothèse d’un trouble de l’attribution des actions

IV - TraitementTraitement cognitivo-comportementalTraitement pharmacologiqueStimulation magnétique transcrânienne

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I - Introduction et historique

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Définition du terme hallucination

Perception ou sensation en l’absence de toute stimulation externe ou interne affectant les terminaisons nerveuses sensorielles

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Hallucinations verbales (HV)• Perception de langage non produit par un

interlocuteur

• Les causes sont multiples:– pathologies mentales (schizophrénie, troubles de

l’humeur et démence)

– consommation de toxiques

– lésions cérébrales focalisées

– privation sensorielle

• La présentation clinique dépend de l’étiologie

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Les HV• se manifestent le plus souvent sous la forme de phrases

exprimées à haute voix dans l’environnement du sujet ou dans l’intimité de sa pensée

• ne prennent cette forme complexe que dans le champ de la psychose (les lésions cérébrales localisées entraînant plus volontiers des hallucinations verbales élémentaires: un mot, une phrase courte)

• représentent la modalité hallucinatoire la plus fréquente dans la schizophrénie

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Les deux types d’HV (Baillarger, 1846)

• hallucinations psychosensorielles: perceptions qui paraissent provenir des organes des sens

• hallucinations psychiques: phénomènes sans caractère sensoriel, se communiquant directement aux pensées du sujet

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Découverte des aires du langage• Broca (1861): une lésion de la 3ème circonvolution

frontale gauche (au niveau des aires qui prendront ultérieurement les numéros 44 et 45, selon la nomenclature de Brodman) entraîne une aphasie motrice ou d’expression et une anarthrie

• Wernicke (1874): une lésion de la partie postérieure de la première circonvolution temporale gauche (aire 22) entraîne une aphasie de compréhension ou surdité verbale

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Analogie aphasie/HV• Puisque la destruction des zones du langage provoque

une aphasie (défaut de langage), une activité excessive de ces mêmes zones pourrait entraîner à l’inverse un excès de langage (=HV). Idem pour les autres centres corticaux.

• Fournié (1872) : “ hallucinations de la fonction langage ”

• Max Simon (1888) : “ impulsion de la fonction langage ”

• Tamburini (1890) : “ hallucinations motrices verbales des aliénés ”

• Séglas (1892) : “ hallucinations psycho-motrices ”

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Hypothèses physiopathologiques / HV

• Images mentales trop vives ?

• Activation inappropriée des aires sensorielles ?

• Activation inappropriée des aires langagières ?

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II - Clinique

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Causes psychiatriques d’HV

• Schizophrénie (étiologie la plus fréquente)

• Episode psychotique ponctuel :– bouffée délirante aiguë (trouble schizophréniforme,

trouble psychotique bref)– manie délirante– mélancolie délirante– état mixte

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Causes physiologiques d’HV

• Privation sensorielle, dont surdité acquise

• Hallucinations induites par un stress majeur

• Hallucinations lors de l’endormissement (hallucinations hypnagogiques)

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Causes toxiques d’HV • Alcool (lors d’un excès de consommation dans l’hallucinose des

buveurs, ou lors du sevrage dans le DT, où les hallucinations visuelles d’allure onirique dominent néanmoins le tableau)

• Acide lysergique diéthylamide (LSD)

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Causes neurologiques d’HV

• Tumeurs cérébrales touchant les pédoncules cérébraux (hallucinose pédonculaire) ou le lobe temporal

• Pathologies vasculaires (anévrysmes, AVC)

• Chorée de Huntington

• Lupus érythémateux disséminé avec atteinte cérébrale

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Causes neurologiques d’hallucinations

• Démences : maladie d'Alzheimer (surtout lors de lésions pariétales) et démence à corps de Lewy

• Neurosyphilis

• Epilepsie temporale

• Encéphalopathies

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Autres causes d’hallucinations

• patients porteurs de pièces métalliques dentaires

• patients porteurs de fragments métalliques (blessures par balles) dans le cerveau ou dans la boite crânienne (voix ou musique)

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HV dans la schizophrénie• Des hallucinations verbales psychiques ou psychosensorielles

sont rapportées par 50 à 80% des patients

• Elles sont beaucoup plus fréquentes que les hallucinations visuelles

• Spécificité diagnostique des hallucinations auditives de conversation, des commentaires des actes du patient ou des sensations corporelles imposées (symptômes de 1er rang de Schneider)

• Des conséquences comportementales sont possibles

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Prévalence des HV dans la population générale

• 60 à 70 % des étudiants (surtout de sexe masculin) ont entendu au moins une fois dans leur vie une HV (comme par exemple, avoir entendu prononcer leur nom)

• L’audition de plusieurs voix ou d’autres hallucinations auditives complexes ne sont pas rapportées par les études réalisées en population générale

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Caractéristiques des HV (1)• Sons élémentaires (sifflet, cloche) ou plus complexes

(mélodie, bruit de la pluie, bruit de pas)

• Le plus souvent il s'agit de voix (hallucinations acoustico-verbales): elles peuvent s'adresser au sujet à la deuxième personne ou converser entre elles et parler du sujet à la troisième personne (caractéristiques spécifiques de la schizophrénie)

• Elles sont de tonalité généralement désagréable: trilogie du mépris, de l’injure et de la calomnie (Henri Ey)

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Caractéristiques des HV (2)• Les voix peuvent être connues ou inconnues (voix de défunts,

de Dieu, du diable…)• Elles peuvent répéter la pensée du sujet (écho de la pensée),

commenter ses actes ou encore lui donner des ordres (hallucinations impérieuses)

• Elles peuvent être entendues par une oreille ou par les deux, provenir de près ou de loin, et elles sont clairement localisées dans l'espace. Ces caractéristiques sensorielles entraînent une conviction forte

• Elles ont un retentissement émotionnel variable

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HV motrices

• Mouvements +/- importants des muscles des organes phonatoires donnant au sujet l'impression que l'on parle en lui.

• Interruption du phénomène lorsque le sujet parle lui-même.

• Parfois émission complète et audible de mots ou phrases, auxquels le sujet peut répondre à voix haute

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Hallucinations psychiques (Baillarger)

• Pas d’objectivation dans le monde extérieur (pas de caractère de sensorialité, ni de spatialité)

• Perçues comme des phénomènes intra-psychiques étrangers au sujet

• Voix intérieures, murmures intrapsychiques

• L'halluciné entend ses pensées comme si elles venaient d'autrui; impression de vol, de divulgation, de devinement, de transmission de la pensée, pensées imposées

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Comportement du sujet halluciné

• Attitudes d’écoute

• Distractibilité

• Utilisation de moyens de protection (écouter de la musique, se concentrer sur une tâche, se boucher les oreilles)

• Réponses aux hallucinations à l’origine d’un dialogue hallucinatoire

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Hallucinations auditives dans le cadre de la consommation d’alcool

• Hallucinose alcoolique de Wernicke

• Survient chez certains alcooliques chroniques, en particulier âgés et carencés

• Voix menaçantes, pouvant entraîner des comportements auto ou hétéroagressifs

• Durée : en général brève (quelques jours), mais parfois prolongée (mois, années)

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III - Physiopathologie des HV

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Physiopathologie des HV

• les HV s’apparentent au langage intérieur

• les HV sont des phénomènes subvocaux

• les HV sont la conséquence d’une vivacité excessive de l’imagerie auditivo-verbale

Etant donné que les patients entendent du langage, on s’est demandé si :

L’intérêt s’est logiquement porté sur les zones auditives (cortex auditif primaire et aire associative de Wernicke) et les zones de production du langage (aire de Broca)

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Anatomopathologie• L’examen du cortex préfrontal (aire 9 et 46

essentiellement) ou temporal (formation hippocampique) des schizophrènes a mis en évidence diverses anomalies

• Pas d’étude des relations entre ces anomalies et l’existence la symptomatologie (dont les HV)

• Les lésions du lobe temporal provoquent rarement des HV (4%)

• Le lobe temporal serait impliqué du point de vue fonctionnel, mais pas nécessairement lésionnel

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Neuroimagerie morphologique• Corrélation entre la réduction de volume du gyrus temporal

supérieur gauche et l’importance des hallucinations auditives, dans certaines études

• Dans d’autres études, pas de différence entre le volume de cette région chez les patients hallucinés ou non hallucinés

• Diminution de l’asymétrie hémisphérique des lobes temporaux et frontaux et inversion de l’asymétrie hémisphérique de la partie postérieure du gyrus temporal supérieur chez les schizophrènes, mais pas de lien avec les HV

• Au total il n’existe pas d’anomalie structurale clairement associée aux HV

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Etudes électrophysiologiques• La stimulation électrique des aires auditives primaires

droite et gauche provoque l’audition de bruits élémentaires chez le sujet normal (Penfield et Perot, 1963)

• La stimulation des aires secondaires produit des sons plus complexes, des hallucinations musicales, voire des expériences auditivo-verbales (HV)

• Les HV sont rares et peu élaborées. Elles diffèrent donc des HV décrites par les schizophrènes

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Etudes électrophysiologiques• Etude EEG chez 40 schizophrènes libres de leurs actions:

ralentissements ou pics électriques au niveau des régions temporales chez environ la moitié des patients, sans rapport avec l’occurrence des HV

• Potentiels évoqués auditifs réalisés chez des schizophrènes au cours du phénomène hallucinatoire: modifications de l’onde N100 proches de celles qui sont provoquées par l’audition de sons réels

• Diminution de l’amplitude de la P300 gauche: plus importante chez les schizophrènes présentant habituellement des HV que chez les autres

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Etudes électrophysiologiques• Les aires de perception du langage jouent un rôle

dans la production des HV

• Elles ne sont probablement pas les seules puisque leur activation isolée ne peut produire tout le phénomène.

• Un réseau cérébral plus large paraît donc impliqué

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Audition des patients hallucinés

• L’activité des aires auditives est nécessaire à la production d’HV

• Une baisse de l’audition peut être associée à des phénomènes hallucinatoires

Pourquoi l’étudier ?

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Audition des patients hallucinés• Aucune différence entre les performances des schizophrènes

hallucinés, des personnes âgées et des sujets anxieux (Collicut et Hemsley, 1981)

• Etude des performances auditives centrales chez des schizophrènes hallucinés et non-hallucinés: résultats normaux, sauf pour les tests explorant les processus ayant lieu dans la partie haute du tronc cérébral ou le cortex (pas de différence entre les 2 groupes, sauf dans une tâche)

• Profil normal d’asymétrie fonctionnelle dans le traitement du langage et la discrimination des tons chez les schizophrènes

• Pas de trouble de la perception auditive chez les hallucinés

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Acticité subvocale des patients hallucinés

• Certains patients hallucinés ébauchent des mouvements articulatoires ou prononcent des paroles à voix haute au moment où ils entendent leurs voix (Séglas, 1892)

• Enregistrement d’un discours correspondant au contenu des hallucinations d’un patient, grâce à un microphone placé près de sa bouche (Gould, 1949)

• Enregistrement des hallucinations verbales d'un patient à l'aide de deux microphones placés de part et d'autre de son larynx (Green et Preston, 1981)

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Acticité subvocale des patients hallucinés

• Le maintien de la bouche ouverte prévient les hallucinations verbales chez les schizophrènes, contrairement au fait de fermer les paupières ou de serrer le poing: blocage de l’expression des hallucinations au niveau laryngé

• Enregistrement électromyographique des muscles nécessaires à la parole : augmentation de l'activité vocale au moment des hallucinations

• D’autres études ont rapporté des résultats négatifs quant à ces deux points

• Le fait de discuter, chantonner ou déglutir inhiberait l’activité hallucinatoire

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Acticité subvocale des patients hallucinés

• Le mécanisme hallucinatoire est-il moteur et non perceptif, comme tendrait à l’indiquer la clinique ?

• l’association des HV et du langage subvocal ne peut être considérée comme le produit d’un lien de causalité entre le second et les premières: les patients hallucinés ne peuvent l’être par l’audition de langage subvocal, puisque celui-ci n’est pas présent chez tous et qu’il n’est de toute façon pas audible

• Le langage subvocal serait plutôt une conséquence annexe du mécanisme responsable des HV et son blocage laisserait intact

la composante perceptive de celles-ci

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Neuroimagerie fonctionnelle des HV• Dysfonctionnements cérébraux en relation avec des

ensembles symptomatiques pouvant comprendre les HV

• Etude du langage intérieur et de l’imagerie auditive à la recherche d’anomalies pouvant expliquer la production des HV

• Activité cérébrale au cours des périodes hallucinatoires

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Symptômes positifs et activité cérébrale

• Etude des débits sanguins cérébraux régionaux (DSCr) de repos chez 30 patients schizophrènes (Liddle et coll.)

• L’importance du syndrome de distorsion de la réalité (englobant les HV), est corrélée:– positivement avec l'activité de la région

parahippocampique gauche (aires 27 et 30) et la partie ventrale du striatum gauche

– négativement avec l'activité du cortex cingulaire postérieur droit

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Langage intérieur chez les hallucinés

– 1° lire des mots silencieusement (tâche contrôle)

– 2° penser des phrases ayant la forme suivante : "tu es...", "tu es un..." et se terminant par des mots présentés, en utilisant sa "voix intérieure" habituelle (discours intérieur)

– 3° penser des phrases se terminant par des mots présentés, en imaginant que ces phrases sont prononcées par quelqu'un d'autre (imagerie verbale auditive)

Comparaison des DSCr mesurés en TEP ([15O]-H2O) de 3 échantillons de sujets (Schizophrènes=S, schizophrènes hallucinés=H et sains=C) dans 3 tâches (McGuire et coll., 1996) :

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Langage intérieur chez les hallucinés

Résultats de la tâche d’imagerie verbale auditive (McGuire et coll., 1996): les hallucinés (H) présentent:

- une moindre activation du gyrus temporal moyen gauche et de la partie rostrale de l'aire motrice supplémentaire

- une tendance à activer de façon plus importante leur gyrus supérieur temporal droit.

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Langage intérieur chez les hallucinés

Au niveau des trois groupes, discours intérieur et imagerie verbale auditive ont entraîné :

une augmentation de l'activité cérébrale au niveau frontal inférieur gauche

et une diminution au niveau de la jonction occipito-temporale droite (McGuire et coll., 1996)

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Langage intérieur chez les hallucinés• Le profil d’activation cérébral des hallucinés dans une tâche d’imagerie

verbale auditive est anormal• Il y manque l’activation de l’aire motrice supplémentaire, qui est

impliquée dans l'initiation des mouvements et contient la trace que l'action est auto-générée.

• De ce fait, les actions générées au niveau frontal ne sont pas reconnues comme appartenant au sujet du fait, d’où :– une absence d’activation du gyrus temporal moyen gauche, alors que

l’audition de son propre langage implique normalement cette zone – une activation du gyrus temporal supérieur droit (cortex auditif), alors qu’il

ne s’agit pas d’un discours d’origine externe

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Compétition audition/hallucinations

• Etude en IRMf de patients schizophrènes soumis à des stimuli auditifs (David et coll., 1996)

• La réponse du cortex temporal à l’audition de langage est diminuée au moment des périodes hallucinatoires par rapport aux périodes exemptes d'hallucinations

• Le cortex auditif est probablement impliqué dans les HV puisqu’il est moins sensible durant ce phénomène qu’en dehors de leur présence

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Activité cérébrale au cours du phénomène hallucinatoire

• TEP au fluorodéoxyglucose au 18F (acquisition des images trois quart d’heure après l’injection radioactive) : augmentation de l’activité de la région corticale droite homologue de l'aire de Broca chez les hallucinés (Cleghorn et coll., 1992)

• SPET au technétium 99m : les DSCr étaient augmentés au niveau de l'aire de Broca (p=0,001), au niveau du cortex cingulaire antérieur gauche (tendance) et au niveau temporal gauche (non-significatif) (McGuire et coll., 1993)

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Activité cérébrale au cours du phénomène hallucinatoire

• TEP à l'eau marquée à l'15O : activation bilatérale du thalamus et de la formation hippocampique bilatérale, du striatum ventral droit et du cortex orbito-frontal gauche (Silbersweig et coll., 1995)

• IRMf :gyri temporaux supérieurs droit et gauche, cortex pariétal inférieur gauche et gyrus frontal médian gauche (Lennox et coll., 2000)

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Activité cérébrale au cours du phénomène hallucinatoire

• IRMf événementielle à intervalles inter-événements pseudo-aléatoires (les patients n’ont pas à signaler le début des HV) : activité bilatérale au niveau frontal inférieur, insulaire, cingulaire antérieur et temporal, activité du thalamus et du colliculus inférieur droits et activité de la formation hippocampique gauche (Shergill et coll., 2000)

• IRMf : cortex auditif primaire et secondaire et gyrus temporal moyen de l’hémisphère dominant, aire de Broca, amygdales et hippocampes bilatéraux (Dierks et coll.)

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Activité cérébrale au cours du phénomène hallucinatoire

• Un réseau cérébral largement distribué est impliqué dans sa production

• On ne peut le considérer comme la conséquence d’une activation épileptiforme du cortex auditif. Celle-ci, simulée lors des études de stimulation cérébrale s’avère incapable de reproduire de tels phénomènes.

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Activité cérébrale au cours du phénomène hallucinatoire

• Un réseau proche de celui du langage intérieur participe à ce phénomène

• On note toutefois les différences suivantes :– l’aire motrice supplémentaire n’est pas activée. Ceci pourrait être

le témoin que l’action n’a pas été générée délibérément– le cortex auditif primaire, ce qui peut expliquer le fort caractère

sensoriel associé aux HV– le système limbique prend part aux HV, témoignant

probablement de la réponse émotionnelle au contenu hallucinatoire

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Modèles explicatifs des HV• Deux types de dysfonctions cérébrales peuvent expliquer

la production des HV (Philips et David, 2000):– une “irritation” corticale, à l’origine d’une activité aberrante

vécue comme hallucinatoire– une désinhibition, conséquence d’une diminution des

informations parvenant aux aires corticales auditives

• La plupart des modèles intégratifs s’inscrivent dans cette seconde catégorie et les profils d’activation mis en évidence par la neuroimagerie fonctionnelle abondent aussi dans ce sens

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Trouble de la planification du discours• Apparition de représentations verbales non

intentionnelles vécues par le sujet comme des HV• Considérées comme étrangères du fait de leur

incongruité, de leur absence de cohérence avec les intentions du patient

• A l’origine de l’incohérence du discours et des HV (Hoffman, 1986)

• A l’encontre de cette hypothèse : pas d’association entre la dimension hallucinatoire et la désorganisation

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Imagerie mentale trop vive• Horowitz (1975) distingue trois types de représentations

mentales : les représentations lexicales, les représentations imagées et les représentations énactives (ou motrices).

• Les images pourraient être divisées en fonction des modalités sensorielles, dominées par les imageries visuelle et auditive.

• Au cours des hallucinations, les représentations imagées prendraient le pas sur les deux autres catégories de représentations.

• Un niveau de fonctionnement trop important du système des images, par rapport aux systèmes moteur et lexical, prédisposerait aux hallucinations.

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Imagerie mentale trop vive• Toutefois les hallucinés entendent parfois très faiblement

leurs voix, ce qui ne les empêchent pas de croire fortement dans la réalité de celles-ci

• A l'inverse, des individus normaux peuvent expérimenter de manière très forte des événements mentaux sans que cela les empêche d'en assumer la production.

• Il ne paraît donc pas y avoir de relation directe entre la vivacité d'une représentation et la croyance dans sa réalité perceptive

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Imagerie mentale trop vive• Test du White Christmas: on fait fermer les yeux

aux sujets et on leur demande d'écouter l’enregistrement d’un air populaire qu'on ne diffuse pas en réalité

• Environ 50% des sujets normaux rapportent avoir entendu l'enregistrement

• Ce taux atteint 85% chez les schizophrènes hallucinés, les non-hallucinés ayant un résultat intermédiaire (Mintz et Alpert, 1972)

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Imagerie mentale trop vive• Une imagerie mentale très forte pourrait avoir un

rôle favorisant, mais cette hypothèse ne permet pas d'expliquer en soi les phénomènes hallucinatoires.

• Le problème ne se situe probablement pas dans la question de l'intensité, caractéristique calquée de manière simpliste sur des qualités perceptives très périphériques, mais dans la question de savoir à qui sont ces représentations.

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Altération de la mémoire de la source des actions

• Mémoire de la source: capacité à se souvenir quel agent a réalisé quelle action (mémoire de la source externe), de quelle façon l’action a été produite (mémoire de la source interne), ou si l’action a été générée par le sujet lui-même ou quelqu’un d’autre

• Hypothèse destinée à expliquer les HV: confusion entre événements privés et événements publics; des événements internes sont pris pour des événements perceptifs externes (Sarbin, 1967; Heilbrun, 1980; Bentall et Slade, 1985)

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Altération de la mémoire de la source des actions

• Sujets placés dans une situation d’écoute où ils peuvent entendre (à la suite d’un signal sonore) soit un bruit blanc seul, soit une voix prononçant le mot "who" sur un fond de bruit blanc (Bentall et Slade, 1985)

• Consigne : déterminer de manière probabiliste si la voix a été entendue ou non (1 : certitude de l’avoir entendue, 5 : certitude de ne pas l’avoir entendue ; 2, 3, ou 4 : cas intermédiaires)

• Résultat: faible rapport signal/bruit chez les sujets hallucinés ou fortement prédisposés aux hallucinations (biais en faveur de la détection de stimuli externes). Par contre, pas de différence de sensibilité auditive, ce qui va à l’encontre de l’hypothèse d’une imagerie mentale très intense (pas de compétition entre les percepts et les images mentales)

• Tendance générale de ces sujets à attribuer dans le doute leurs expériences à une cause extérieure : prédisposition cognitive possible aux hallucinations ?

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Altération de la mémoire de la source des actions

• Tâche: générer des mots selon des indices (la première lettre du mot et une catégorie sémantique) et répéter des paires de mots (catégorie et exemple particulier) et déterminer + tard si les mots présentés ont été auto-générés ou donnés par l’expérimentateur, ou bien encore s’il s’agit de leurres (Bentall et coll., 1991)

• Les hallucinés ont tendance à attribuer à l’expérimentateur une catégorie particulière de mots produits par eux (ceux demandant un effort cognitif important): biais en faveur de l’attribution à une cause externe des événements pour lesquels il y a doute

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Altération de la mémoire de la source des actions

0

12345678

Réponses d

es s

uje

ts

Lecture à voix haute Lecture silencieuse Absent

Origine des mots

Sujets normaux

Absent

Pensé

Parlé

012345678

Rép

onse

s des

suje

ts

Lu à voix haute Lusilencieusement

Absent

Origine des mots

Schizophrènes

Absent

Pensé

Parlé

Franck et coll., 2000

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Altération de la mémoire de la source des actions• Chez les schizophrènes, il existerait un biais en faveur du

souvenir d’avoir agi, au lieu d’avoir pensé

• Les études concernant la mémoire de la source évaluent le jugement que le sujet porte sur des expériences qu'il a vécues précédemment, alors que les hallucinations correspondent à un jugement erroné dès l'instant où il se produit

• Les troubles de la mémoire de la source pourraient être sous-tendus par un processus impliqué dans le phénomène hallucinatoire, mais il se pourrait aussi que ces troubles aient pour origine une anomalie purement mnésique de l'encodage ou de l'évocation

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Trouble du monitoring de ses actions

• Les hypothèses construites à partir de ces résultats utilisent la notion de décharge corollaire (copie de la commande motrice).

• Celle-ci serait le témoin que l’action a bien été produite par le patient.

• Feinberg (1978) a étendu cette conception à la notion de «rétrocontrôle interne» : les pensées seraient étiquetées de la même façon que les actions.

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Le monitoring de l’action

Perception

Buts/plans

Intention d’action

Action

monitoring

d’après Frith, 1987

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Trouble du monitoring de l’action

• Un mauvais fonctionnement du système de prédiction conduirait à ce que l’action produite ne soit pas attendue par le système

• Une action de langage non prédite entraînerait un vécu hallucinatoire

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Trouble du monitoring de l’action

Dispositif expérimental permettant de substituer une image de main à une autre

Daprati et coll., 1997

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Trouble du monitoring de l’action

E = S

E diff. deS

S

Témoins

Non-halluc.

Hallucinés

0

5

10

15

20

Médiane

Condition

Groupes

Témoins

Non-halluc.

Hallucinés

Daprati et coll., 1997

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Trouble du monitoring de l’action• Les hallucinés sont moins capables que les autres de distinguer leur propre action

de l’action d’autrui, qui s’en distingue par une cinématique légèrement différente• Ce résultat ne peut être expliqué par un déficit perceptif car:

Contrôle de la perception de la vitesse et de la direction du mouvement chez les schizophrènes

Déviation de trajectoire de 5°, 10° et 15°Changement de vitesse de

5-10 cm/s10-15 cm/s5-15 cm/s15-5 cm/s

Scores des schizophrènes : 98.3% de bonnes réponses pour les changements de trajectoire et 97% pour les changements de vitesse

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Trouble du monitoring de l’action

• Les modèles de dysfonctionnement du monitoring de l’action répondent à la question : “où en est le mouvement ?”, c’est-à-dire à la question de la non-reconnaissance de ses propres actions par le sujet, mais pas de l’attribution de celles-ci à un autre agent.

• Ils n’explique pas non plus que les patients puissent se sentir à l’origine de certaines actions d’autrui.

• Au total, ils ne répondent pas à la question : “qui agit ?”

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Trouble de l’attribution des actions

• Les HV pourraient être en rapport avec un trouble de l’attribution des actions ou trouble de la répartition des actions.

• Le patient ne parviendrait plus à déterminer qui de lui ou de l’autre est à l’origine de telle ou telle action langagière.

• Le processus d’attribution des actions est rendu nécessaire par le fait que, chez le sujet sain, les actions du sujet et celles d’autrui activent en partie le même réseau d’activation cérébrale

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Trouble de l’attribution des actions

• Les zones suivantes sont activées aussi bien par l’exécution, la simulation et l’observation de l’action (Grèzes et Decety, 2001) :– l’aire mortice supplémentaire– le cortex prémoteur dorsal– le gyrus supramarginal– le lobe pariétal supérieur

• L’existence de ce réseau commun d’activation a conduit à postuler l’existence de représentations partagées (Jeannerod, 1997).

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Trouble de l’attribution des actions

• L’existence d’un réseau commun d’activation rend nécessaire l’intervention d’un système de répartition - ou attribution - des actions à soi ou à autrui ou « who? system » (Georgieff et Jeannerod, 1998).

• Ce système permettrait la distinction des actions auto-générées des actions observées.

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Le système d’attribution des actions

Agent A

Agent B

Croyances etdésirs de l’agent A

Croyances et désirsde l’agent B

Exécution de l’action

Exécution de l’action

Representationde l’action

auto-générée

Representationde l’actionobservée

Representationde l’actionobservée

Signauxsociaux enprovenancede l’agent B

Signauxsociaux enprovenancede l’agent A

Qui ?

Qui ?

Estimation desconsequences

sociales

Estimation desconsequences

sociales

Representationde l’action

auto-générée

d’après Jeannerod et coll. (2003)

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Etude de l’attribution des actions à soi ou à autrui

Trois échantillons de sujets: sujets sains (C), schizophrènes sans symptôme de premier rang (NS) et schizophrènes souffrant de symptômes de premier rang (S)

Tâche: reconnaître son propre mouvement ou celui d’autrui

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Trouble de l’attribution des actions

Hyperattribution à soi

Hyperattribution à autrui

Score d’attribution préférentielle

Farrer et coll.

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Physiopathologie des HV• Imagerie auditive trop vive

• Tendance à considérer que le langage intérieur a été énoncé

• Difficultés à identifier l’auteur d’une action

• Implication des aires cérébrales liées au langage et de l’aire auditive primaire

• Des anomalies structurales sous-tendent-elles ces anomalies fonctionnelles ?

• Qu’est-ce qui déclenche le phénomène ?

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IV - Traitement

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Traitement comportemental• Utilisation systématisée de stratégies auxquelles les

patients font spontanément appel pour diminuer les HV:– attention portée sur une activité perceptive (écouter de la musique ou parler

à d'autres gens) ou cognitive (se concentrer sur une pensée, ignorer les voix)

– modification du comportement (entreprendre une activité physique, dormir)

• Des études montrent l’efficacité de ces stratégies• Les techniques d'exposition (consistant à se concentrer

sur les hallucinations lorsque celle-ci surviennent, puis à enregistrer leur contenu et à réécouter régulièrement ces enregistrements) sont moins efficaces

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Traitement comportemental• Techniques de diversion utilisées pendant les phénomènes

hallucinatoires:– écouter des histoires agréables, de la musique

– parler à quelqu'un, prononcer des mots à voix haute

– avoir une activité comme le classement de cartes à jouer

• Ces techniques sont plus efficaces que l’utilisation de bouchons d’oreille

• Au total, l’augmentation des stimuli externes visuels et/ou auditifs, surtout lorsque leur contenu mobilise l’attention du sujet, permet de diminuer la fréquence et l’intensité des hallucinations

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Traitement cognitif

• L’objectif d’un tel traitement (qui est généralement associé à un traitement psychotrope) est de diminuer l'impact négatif des hallucinations sur les performances et les émotions du sujet.

• Il s’applique à diminuer les sentiments négatifs associés à la survenue des hallucinations, en agissant sur l'interprétation délirante consécutive aux phénomènes hallucinatoires

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Traitement pharmacologique• C’est un élément incontournable du

traitement des hallucinations

• Les antipsychotiques permettent de diminuer l’intensité des HV ou de les faire disparaître dans la plupart des cas

• Ils sont mal tolérés dans la démence à corps de Lewy, qui nécessite le recours à une thérapeutique cholinergique

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Stimulation magnétique trans-crânienne

• C’est un traitement en cours d’expérimentation qui se veut spécifique du symptôme

• Il est basé sur les modèles physiopathologiques des HV dont il vise à supprimer une pièce maîtresse: l’activité inappropriée des aires auditives

• La stimulation répétitive à 1 Hz du cortex entraîne une diminution de l’excitabilité corticale

• La sonde de stimulation est placée au niveau temporo-pariétale gauche• Une efficacité a été mise en évidence chez deux échantillons de patients

hallucinés (Hoffman, 2000)• La persistance des résultats reste à démontrer et l’utilité d’un traitement

d’entretien n’a pas encore été évaluée

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