LES FIILS DES ETOILE

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S ' ENVOLE R DAN S LA LUMIÈRE

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S' EN VO L ER DA N S L A LU M I ÈR E

L’édifice Marly, propriété de l’Industrielle Alliance, est situé dans le secteur de la Pointe-de-Sainte-Foy et abrite le ministère du Revenu du Québec. Tout en verre doré, il s’élève au milieu d’un vaste terrain boisé. Sa conception architecturale a valu au cabinet Gauthier, Guité, Roy de Québec une marque de distinctionde l’Ordre des architectes du Québec.

RÉDACTION

Marie-Charlotte De KoninckHistorienne de l’art

PHOTOGRAPHIES

Catherine Lebel Ouellet

CONCEPTION GRAPHIQUE

Communication Publi Griffe

IMPRESSION

J. B. Deschamps inc.

PARMI LES 40 ŒUVRES PUBLIQUES DE MICHELINE BEAUCHEMIN…

Rideau de lumière, couleur du temps, 1967, refait en 2000Montréal, Piano nobile de la salle Maisonneuve, Place des ArtsArchitectes : David & Boulva architectes; Jacques Guillon, designer

Rideau d’opéra, 1969Ottawa, salle Southam, Centre national des artsArchitecte : Fred Lebensold

Il semble y avoir comme une pluie d’or, 1983Québec, bibliothèque Gabrielle-RoyArchitectes : Marcel Bilodeau, Denis St-Louis

Soleil, 2008Montréal, La Tohu (Cité des arts du cirque)Architectes : Marc Blouin (Schème inc.) Jacques Plante, Jodoin Lamarre Pratte et associés (JLP)

© 2012, Industrielle Alliance, Québec

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Le Fils des étoiles, 1979Monofilament de nylon24,4 m x 10,7 m23 panneaux de dimensions variablesÉdifice Marly, ministère du Revenu, QuébecPaul Gauthier (Gauthier Guité Roy architectes)Propriétaire : Industrielle Alliance

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S' EN VO L ER DA N S L A LU M I ÈR E

L’édifice Marly, propriété de l’Industrielle Alliance, est situé dans le secteur de la Pointe-de-Sainte-Foy et abrite le ministère du Revenu du Québec. Tout en verre doré, il s’élève au milieu d’un vaste terrain boisé. Sa conception architecturale a valu au cabinet Gauthier, Guité, Roy de Québec une marque de distinctionde l’Ordre des architectes du Québec.

RÉDACTION

Marie-Charlotte De KoninckHistorienne de l’art

PHOTOGRAPHIES

Catherine Lebel Ouellet

CONCEPTION GRAPHIQUE

Communication Publi Griffe

IMPRESSION

J. B. Deschamps inc.

PARMI LES 40 ŒUVRES PUBLIQUES DE MICHELINE BEAUCHEMIN…

Rideau de lumière, couleur du temps, 1967, refait en 2000Montréal, Piano nobile de la salle Maisonneuve, Place des ArtsArchitectes : David & Boulva architectes; Jacques Guillon, designer

Rideau d’opéra, 1969Ottawa, salle Southam, Centre national des artsArchitecte : Fred Lebensold

Il semble y avoir comme une pluie d’or, 1983Québec, bibliothèque Gabrielle-RoyArchitectes : Marcel Bilodeau, Denis St-Louis

Soleil, 2008Montréal, La Tohu (Cité des arts du cirque)Architectes : Marc Blouin (Schème inc.) Jacques Plante, Jodoin Lamarre Pratte et associés (JLP)

© 2012, Industrielle Alliance, Québec

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LE FILS DES ÉTOILES : S'ENVOLER DANS LA LUMIÈRE

« La lumière est sûrement ma première préoccupation et ensuite la couleur1. »

Photo de Micheline Beauchemin devant Le Fils des étoiles, décembre 1979. © Jacques Deschênes, Le Soleil.

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De ses ailes grandioses, légères et multicolores, Le Fils des étoiles s’est déployé durant 31 ans, dans le hall d’entrée de l’édifice Marly. Cette « structure de fibres », pour utiliser les termes de son auteur, s’élevait au-dessus d’un bassin d’eau, lieu par excellence pour s’arrêter un moment dans la traversée du hall. « Toute la structure n’est qu’un faisceau de 15 paires d’ailes géantes, qui, vues d’en haut, forment une étoile. D’où le nom de « Fils des étoiles », écrit le jour-naliste Régis Tremblay, à l’occasion de l’inauguration de l’œuvre2. L’artiste emprunte à Érik Satie le titre de sa composition. « Je l’écoutais tout le temps en travaillant », confie-t-elle au même journaliste.

Micheline Beauchemin a voulu réchauffer les lieux et souligner leur élévation. Les architectes lui avaient aussi exprimé le souhait que l’œuvre puisse en améliorer l’acoustique, ce que l’artiste fera en utilisant une quantité gigantesque de fibres. À la vue de ses « étages décoffrés et grand ouverts », qui lui sont révélés dans une visite en cours de construction, elle choisit de donner à sa tapisserie la forme de « voiles ». Des voiles de

couleur chaude, allant du jaune au magenta en passant par l’orange, qui réchaufferont le béton à chaque étage. Au cours de sa déambulation, le visiteur perçoit l’œuvre selon différents points de vue. Sa curiosité est stimulée par la découverte progressive des 32 panneaux de filets de nylon ancrés aux différents étages, qui constituent une seule et même voilure. L’artiste a d’ailleurs affirmé, en ces temps, qu’elle ne faisait plus que des « ailes », « des ailes d’ange, des ailes d’oiseaux ». Plusieurs de ses œuvres contemporaines évoquent ce rêve : Ailes baroques nordiques (1979), Ailes cérémoniales au repos (1981), etc.

Quand Micheline Beauchemin crée sa tapisserie-sculpture pour l’édifice du ministère du Revenu, elle a à son acquis plusieurs œuvres intégrées à l’architecture, mouvement artistique dont elle est pionnière depuis les années 1960. Et cela, avec des œuvres non seulement au Québec mais aussi au Canada et aux États-Unis. C’est avec un enthousiasme certain qu’elle relève le défi de l’édifice Marly. Elle crée au départ des maquettes en forme de « glaçon », en écho à l’édifice recouvert

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de verre miroir. À la vue de l’espace réservé à son œuvre, elle opte pour sa vaste voilure de couleur chaude, articulée en 32 filets soutenus par des cordages et des ancrages sur les étages. L’artiste entend apporter sa propre contribution aux lieux.

Plus sa pratique avance, plus l’artiste travaille avec des matières transparentes ou réfléchissant la lumière. Son œuvre monumentale Le Fils des étoiles témoigne de son désir non seulement de s’appro-prier l’espace mais aussi de l’illuminer. « […] Ces « filets » du Fils des étoiles sont noués. Une fois teinte, la matière, du monofilament, devient très brillante comme du verre. Je suis partie de la laine pour travailler de plus en plus avec des matériaux synthétiques et très diversifiés. Je cherche les surfaces lisses et glacées3. » Ainsi, l’artiste confie aux médias, chaque fois qu’elle en a l’occasion, sa fascination pour la lumière, pour le fleuve et ses glaces l’hiver.

« Pour moi, la tapisserie, c’est de l’environnement sculptural4. » Ces paroles de l’artiste font apprécier le projet du Fils des étoiles, conçu pour transposer les utilisateurs de l’édifice dans une dimension de rêve et de liberté.

L’esprit entreprenant de l’artiste rend possible son projet. Comme elle l’a confié en entrevue, 8 personnes ont travaillé à plein temps pendant 2 ans pour réaliser cette tapisserie monumentale de 3000 livres (1360 kg), 80 pieds de haut (24,4 m) et 35 pieds de large (10,7 m). C’est, dans les faits, le fruit du travail de cinq tisserands qui s’ajoute au sien et de deux artisans chargés de teindre les fils. Cinq grands métiers ont été sollicités et il a fallu aussi « prévoir des zones de renfort, des câbles d’attaches, des moyens de montage […]5 ». On aimerait pouvoir imaginer l’atelier de l’artiste de Grondines pendant ces mois de concep-tion et d’exécution. « J’ai trouvé ce que je cherchais. Les monofilaments de nylon, transparents, ainsi que les filets avec deux ou trois sortes de mailles. Comme je vous l’ai déjà dit, tout vient du Japon. On en fabrique nulle part ailleurs6. » Pour éviter les frais de douane, l’artiste doit faire teindre ses fils de nylon en surface à Saint-Hyacinthe, à l’Institut de textiles du Québec. Il lui en aurait coûté trop cher d’importer les fils de nylon

teints dans la matière. La vie de l’œuvre s’en trouvera écourtée, mais l’artiste s’en doutait. « […] Si on arrive à teindre ces fils en surface, je doute qu’on obtienne une permanence dans la couleur. Il faudrait sûrement que ce soit teint dans la pâte. J’écrirai au Japon […]7. »

Par son tissage de taille monumentale, par ses mailles et nœuds innombrables et complexes, par sa forme fuyante aux couleurs chaudes et harmonieuses, par ses voiles tout en légèreté qui élèvent les regards, par sa luminosité, véritable obsession de l’artiste, par sa seule présence, Le Fils des étoiles a enrichi l’architecture de l’édifice Marly. Mais à trop vouloir refléter et diffuser la lumière, celle-ci l’a consommée. Comme Icare, personnage mythique de la Grèce antique qui se laissa attirer trop haut dans le ciel et en perdit ses ailes, celles-ci n’étant retenues que par de la cire que le soleil eut tôt fait de faire fondre.

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La carrière de Micheline Beauchemin a été couronnée de nombreux prix et distinctions. En 1982, l’artiste devientla première récipiendaire du prix Saidye-Bronfman, la plus prestigieuse distinction du Canada pour excellence dans les métiers d’art. En 2005, le gouvernement du Québec lui attribue le prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction dans le domaine des arts visuels, des métiers d’art, de l’architecture et du design.

À cette occasion, on évoque que l’artiste aspire « à créer un objet qui soit la lumière même ». Le prix fait foi « de son incessante recherche sur la matière à travailler et de son influence déterminante sur l’évolution de pratiques traditionnelles ».

En 2006, Micheline Beauchemin reçoit le prix du Gouverneur général des mains de Michaëlle Jean. « Je salue, [dit celle-ci], les lauréates et lauréats des prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques de 2006 qui, par leurs œuvres et leurs réalisations, nous donnent accès à l’invisible, à l’intangible, à l’essentiel. »

Ainsi, les plus hautes distinctions honorent Micheline Beauchemin. L’artiste est nommée officier de l’Ordre du Canada en 1974 et chevalier de l’Ordre national du Québec en 1990. L’Université Laval lui accorde un doctorat honoris causa ès arts en 1983.

Micheline Beauchemin décède le 29 septembre 2009. Au cours de l’été précédent son départ, le Musée national des Beaux-Arts du Québec lui rend hommage dans une rétrospective intitulée « Micheline Beauchemin. Fleuve de lumière ». À cette occasion, l’historien de l’art Laurier Lacroix et les Éditions du passage lui consacrent un ouvrage mettant en valeur sa con-tribution exceptionnelle à l’art et sa présence dans l’espace public.

L'ARTISTE REçOIT LES pLUS hAUTS MÉRITES DES INSTITUTIONS DE SON pAyS

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« On a le monde devant soi et derrière soi. L’œuvre accomplie est l’œuvre à faire, car le temps de se retourner elle a changé. Tout est sans cesse à réinventer, à revoir. Travailler devient un plaisir8. » Née à Longueuil près de Montréal, le 24 octobre 1929, Micheline Beauchemin parle de son enfance en se rappelant ses vacances d’été au bord du fleuve. « Sorel, ça n’est pas que mon enfance, c’est une partie de ma vie. Je suis une Beauchemin9! » Son père travaillait comme agent maritime sur le fleuve et lui a communiqué son respect et son amour du Saint-Laurent.

Textiles, broderies, crayons de cire et dessins font partie de sa tendre jeunesse. Sa vie durant, Micheline Beauchemin ne manquera jamais d’inspiration, et son esprit libre et curieux lui fera explorer matériaux, formes et modes d’expression artis-tique, dans la joie et le plaisir. C’est du moins ce qui ressort des entrevues auxquelles elle s’est prêtée et des œuvres variées et multiples qu’elle a réalisées, transgressant les frontières de l’art de la tapisserie, les rendant de plus en plus complexes dans leurs composantes et leur expressivité.

Micheline Beauchemin fait d’abord ses classes à l’École des beaux-arts de Montréal, de 1947 à 1952, dans la section vitrail. Elle transpose en tapisseries colorées et en sculptures scintillantes sa passion pour la lumière. Sa dernière œuvre, Soleil, en 2008, marque à la fois un retour à ses premiers amours et un aboutissement de sa longue quête dans le rendu de la lumière.

Mais c’est lors de son voyage en Grèce, à l’été 1954, que commence sa carrière du côté des textiles. L’artiste y redé-couvre cet intérêt pour la broderie,

qui a fait partie de son enfance. Dès lors, elle associe tradition et nouveauté, tradition et liberté. Quand elle fait un séjour estival à Mistra, elle est inscrite comme étudiante à l’Académie de la Grande Chaumière, à Paris où Ossip Zadkine (1890-1967) enseigne la sculpture. Elle est aussi étudiante à l’École des Beaux-Arts de la même ville, où elle poursuit ses connaissances en vitrail et en gravure. Elle profite de sa

présence à Paris pour voyager dans plusieurs pays européens et en Afrique du Nord. Ses études terminées, elle rentre à Montréal, à la fin de 1956. Sa carrière d’artiste prend alors son envol. En juin 1957, elle est invitée avec 35 autres participants à exposer ses tapis-series à la Galerie nationale du Canada, aujourd’hui Musée des Beaux-Arts du Canada. Son exploration des matériaux textiles, laine, soie, matières brillantes, séduisent. L’expérimentation qu’elle n’a de cesse de mettre de l’avant, à travers son exploration des matériaux, et la liberté d’expression dont elle fait preuve, font d’elle une artiste moderne et contemporaine que la critique salue d’emblée.

COUp D'œIL SUR SA FORMATION D'ARTISTE

« Sorel, ça n’est pas que mon enfance, c’est une partie de ma vie. Je suis une Beauchemin! »

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Micheline Beauchemin a toujours ressenti le besoin d’explorer diverses cultures pour acquérir les connais-sances qu’elle jugeait nécessaires à l’évolution et à la réalisation des projets dans lesquels elle s’engageait. Cela la conduit à parcourir le monde, mais non sans garder un ancrage profond dans son propre pays. Dès 1966, elle élit domicile à Grondines, au bord du fleuve Saint-Laurent qu’elle affectionne et auquel elle restera fidèle pour toujours. Elle installe son atelier dans une grange. Le fleuve et l’hiver, comme le note Laurier Lacroix dans son magnifique ouvrage sur l’artiste et son œuvre, sont ses grandes sources d’inspiration. Dans les mots de l’artiste : « On vit dans un pays de glace, de neige qui est tout en paillettes ». Son amour du fleuve déborde de sa pratique artis-tique. Il la portera à s’engager dans un combat qui durera cinq ans alors qu’elle luttera contre le projet d’Hydro-Québec de construire des lignes de transport d’électricité au-dessus du fleuve. Elle aura gain de cause et l’auguste paysage visuel s’en trouve protégé.

Des voyages au Japon, Micheline Beauchemin en effectuera trois dont le premier avec l’idée d’explorer l’art et la culture de ce pays qui la fascine. Dans ses grands ateliers, elle fait fabriquer et parfois même tisser les fibres synthétiques de ses œuvres monumentales. Les monofilaments de nylon du Fils des étoiles proviennent d’un de ces ateliers. C’est grâce à ses séjours au Japon qu’elle découvre les moyens techniques qui lui permettront de réaliser ses grandes tapisseries dont le rideau de scène de la grande salle de l’opéra du Centre national des arts à Ottawa, inauguré en 1969 et l’immense rideau d’acrylique installé devant les fenêtres du Piano nobile de la salle Maisonneuve à la Place des Arts. Cette œuvre réalisée en 1967 s’intitule Rideau de lumière, couleur du temps.

Les voyages inspirent l’artiste et lui sont essentiels dans la poursuite de ses réalisations. À travers ses pérégrinations en Colombie, en Équateur, en Bolivie et au Pérou, Micheline Beauchemin explore les différentes laines et tissus qu’utilisent les tisserands de ces cultures ancestrales. Pour des projets de genres différents, elle vit un temps chez les Inuits et visite les pêcheurs de la Gaspésie dans le cadre de ses recherches pour l’exécution du Fils des étoiles.

LES VOyAgES DE L'ARTISTE : DES RACINES ET DES AILES

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Pionnière dans le domaine de l’art public intégré à l’architecture, Micheline Beauchemin a à son compte 40 œuvres publiques. Cette artiste aux mille talents, amoureuse des différentes fibres textiles dont elle exploite les propriétés spéci-fiques selon ses projets, transforme ses premières tapisseries en de véritables murales. Vient rapidement le moment où elle leur donne de plus en plus de relief ; elle travaille ses compositions, ses textures et ses couleurs. Elle évolue vers des formats de plus en plus impor-tants en accord avec l’échelle des lieux occupés : rideaux de scène, œuvres intégrées à l’architecture qui lui sont commandées par des architectes. Ces œuvres ne sont plus appliquées

au mur, mais deviennent des structures indépendantes comme en témoigne Le Fils des étoiles. Chaque œuvre est conçue en fonction de l’espace qu’elle habitera et est réalisée grâce à une équipe d’artisans. Micheline Beauchemin réinvente le vocabulaire de la tapisserie au Québec. Il est frappant de voir à quel rythme ses œuvres monumentales apparaissent dans le paysage : l’artiste mène plusieurs projets de front. Son œuvre participe à l’essor de l’archi-tecture moderne qui prend place à Montréal et à Québec dans les années 1960. Comme peintre-lissier doté d’un esprit entrepreneurial, elle est aux premières loges, collaborant volontiers avec les architectes et les ingénieurs.

MIChELINE BEAUChEMIN AppARTIENT à LA gRANDE hISTOIRE DE L'INTÉgRATION DES ARTS à L'ARChITECTURE

« Je rêvais de tapisseries à la grandeur des cathédrales, à la largeur de nos rivières. Je voulais tant donner de l’importance à cet art10. »

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Micheline Beauchemin se passionnait du travail avec les fibres textiles qu’elle explorait sans relâche. Mais ces matériaux, naturels comme synthétiques,sont difficilement pérennes. La lumière que recherchait tant l’artiste est en grande partie responsable de la fragilisation du Fils des étoiles. Malgré les réels efforts pour réduire l’exposition de l’œuvre à la lumière directe et malgré les interven-tions de nettoyage pour la libérer de sa poussière, effectuées en 2002 selon les recommandations du Centre de conservation du Québec (CCQ), les experts énoncent un diagnostic final en juin 201111. L’œuvre est démantelée quelques mois plus tard. Devant cette situation, il est bon de se rappeler la philosophie de son auteur, pour qui : « Tout est sans cesse à réinventer, à revoir. Travailler devient un plaisir12 ». Si l’édifice Marly n’abrite plus Le Fils des étoiles, œuvre lumineuse et grandiose, son souvenir demeure de même que celui de sa créa-trice, une femme inspirée et inspirante de niveau exceptionnel.

« TOUT EST SANS CESSE à RÉINVENTER, à REVOIR. »

SourceS ou pour en Savoir pluS

ARBOUR, Rose-Marie, « Arts visuels et espace public. L’apport de deux femmes artistes dans les années 60 au Québec, Micheline Beauchemin et Marcelle Ferron », Recherches féministes, vol. 2, n° 1, 1989, p. 33-50.http://id.erudit.org/iderudit/057533ar

LACROIX, Laurier, Micheline Beauchemin, Montréal : Les Éditions du passage, 2009, 189 p.

Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 1961-2011 : 50 ans d’intégration des arts à l’architecture, Québec, 2011, 134 p. (Le Fils des étoiles y trouve place aux pages 112 à 115.)

rÉFÉrenceS

1 Micheline Beauchemin en entrevue, Le travail de la création, cahier n° 3, Radio-Canada, le 7 octobre 1981.2 Régis Tremblay, « Une tapisserie de 85 000 $. Non, c’pas cher ! », Le Soleil, le 19 décembre 1979, p. H3.3 René Viau, « Micheline Beauchemin, au bout du fil, la passion », Le Devoir, le 2 février 1980, p. 19.4 Laurier Lacroix, Micheline Beauchemin, Montréal : Les Éditions du passage, 2009, p. 168.5 Micheline Beauchemin, Lettre à Paul Gauthier, architecte, écrite de Grondines, le 15 novembre 1978.6 Micheline Beauchemin, Lettre à Paul Gauthier, écrite de Gaspé, le 3 février 1979.7 Idem.8 Micheline Beauchemin citant Paul Éluard, dans Laurier Lacroix, Micheline Beauchemin, Montréal : Les Éditions du passage, 2009, p. 71.9 Micheline Beauchemin, Dans ce temps-là, 1996. Citée par Laurier Lacroix dans op. cit.10 Propos de l’artiste rapportés par Claude-Lyse Gagnon, Vie des arts, n° 65, 1971-1972, p. 34-37.11 Sharon Little, « L’art de la fibre de nylon : le défi d’un textile architectural contemporain », ICOM-CC, 13th Triennal Meeting, Rio de Janeiro, Preprints Vol. II, 2002.12 Micheline Beauchemin citant Paul Éluard, loc. cit.

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Le Fils des étoiles, 1979Monofilament de nylon24,4 m x 10,7 m23 panneaux de dimensions variablesÉdifice Marly, ministère du Revenu, QuébecPaul Gauthier (Gauthier Guité Roy architectes)Propriétaire : Industrielle Alliance

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L’édifice Marly, propriété de l’Industrielle Alliance, est situé dans le secteur de la Pointe-de-Sainte-Foy et abrite le ministère du Revenu du Québec. Tout en verre doré, il s’élève au milieu d’un vaste terrain boisé. Sa conception architecturale a valu au cabinet Gauthier, Guité, Roy de Québec une marque de distinctionde l’Ordre des architectes du Québec.

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Rideau d’opéra, 1969Ottawa, salle Southam, Centre national des artsArchitecte : Fred Lebensold

Il semble y avoir comme une pluie d’or, 1983Québec, bibliothèque Gabrielle-RoyArchitectes : Marcel Bilodeau, Denis St-Louis

Soleil, 2008Montréal, La Tohu (Cité des arts du cirque)Architectes : Marc Blouin (Schème inc.) Jacques Plante, Jodoin Lamarre Pratte et associés (JLP)

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