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2 TRAVAIL – N° 34 – 2000 L’OIT dans l’Histoire Les femmes vers la parité Le visage est souriant; la voix est douce mais ferme. Dans la grande salle des conférences du Palais des Nations, les mille délégués sont tout ouïe. «Toutes les mesures seront prises pour assurer aux femmes le droit au travail comme un droit inaliénable de tout être humain», stipule le texte de la Déclaration solennelle qui vient d’être présenté à la 60 e Conférence internationale du Travail. Un tonnerre d’applau- dissements saluera son approbation. M me T. Diallo, déléguée gouver- nementale du Sénégal, qui vient de rendre compte des délibérations de la Commission des travailleuses, a le triomphe modeste. Elle mesure à la fois la valeur du texte adopté et le chemin qui reste à parcourir. En cette année 1975, proclamée «Année internationale de la femme», s’est également adressée à la Conférence de l’OIT une autre personnalité éminente, M me Sipilä, secrétaire générale de la Conférence mondiale, qui se tiendra quelques semaines plus tard à Mexico, sous l’égide des Nations Unies. Des symboles forts, des signes d’une volonté de promou- voir, enfin, l’égalité de chances et de traitement. Car la réalité est accablante. L’arrivée en masse des femmes sur le marché du travail n’a changé ni les textes de loi ni les mentalités. Un rapport du BIT indique, par exemple, qu’en France les filles ne représentent qu’un cinquième des étudiants des instituts universitaires de technologie. Au Royaume-Uni, on recense 110 apprenties femmes contre 112 000 garçons! Partout, l’écart entre les salaires masculins et féminins est béant. Au BIT même, la politique du personnel n’est pas à la hauteur des intentions affichées. Pendant la Décennie de la femme, entre les conférences organisées par l’ONU à Mexico (1975) et à Nairobi (1985), le nombre de femmes au travail s’accroîtra de plus de 100 millions. Le Plan d’action adopté par l’OIT en 1975 contribuera, pour sa part, à faire évoluer les politiques et les pratiques nationales. Et ce sera, dix ans plus tard, le vaste rassemblement de Beijing, marqué par un afflux spectaculaire des ONG, qui adoptera une «plate-forme» comprenant, entre autres, la lutte contre la pauvreté féminine et l’élimination de la violence envers les femmes. A ce programme aussi, la contribution de l’OIT sera substantielle. Et nous voici à la veille d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, intitulée «Les femmes en l’an 2000», qui aura lieu du 5 au 9 juin, à New York cette fois. L’OIT s’y présentera forte non seulement de ses normes mises à jour et de ses travaux de recherche, mais aussi de l’accélération décisive imprimée par le nouveau Directeur général à ses activités et à sa politique du personnel en matière de parité hommes-femmes: tous les programmes comportent désormais une composante relative à l’égalité des sexes et, dans le cadre de la réorganisation administrative, plusieurs nouveaux programmes sont dirigés par des femmes. Aux déclarations, aux intentions, aux symboles, ont succédé les actes. Michel Fromont BIT/Bregnard, Maillard, Deloche T ravail T ravail LE MAGAZINE DE L’OIT Le magazine Travail est publié cinq fois par an par le Bureau de l’information publique du BIT, à Genève. Aussi publié en allemand, anglais, arabe, chinois, danois, espagnol, finnois, hindi, hongrois, japonais, norvégien, russe, slovaque, suédois et tchèque. Rédacteur: Thomas Netter Édition allemande: Hans von Rohland Édition arabe: Khawla Mattar, Bureau de l’OIT à Beyrouth Édition espagnole: Réalisée avec le concours du Bureau de l’OIT à Madrid Responsable de la production: Kiran Mehra-Kerpelman Ce magazine ne constitue pas un document officiel de l’Organisation internationale du Travail. Les opinions expri- mées ne reflètent pas néces- sairement les vues du BIT. Les désignations utilisées n’impli- quent de la part du BIT aucune prise de position quant au statut juridique de tel ou tel pays, zone ou territoire, ou de ses autorités, ni quant au tracé de ses frontières. La mention ou la non- mention de telle ou telle entre- prise ou de tel ou tel produit ou procédé commercial n’implique de la part du BIT aucune appréciation favorable ou défavorable. Les textes et les photos du BIT peuvent être librement reproduits, à condition d’en mentionner la source. L’envoi d’un justificatif serait apprécié. Toute correspondance doit être adressée au Bureau de l’information publique du BIT, CH-1211, Genève 22 (Suisse). Tél. +41-22/799-7912 Fax +41-22/799-8577 http://www.ilo.org Imprimé par: SRO-Kundig SA, Genève ISSN 1020-0002

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2TRAVAIL – N° 34 – 2000

L’OIT dans l’Histoire

Les femmesvers la parité

Le visage est souriant; la voix est douce mais ferme. Dans la grandesalle des conférences du Palais des Nations, les mille délégués sonttout ouïe. «Toutes les mesures seront prises pour assurer aux femmesle droit au travail comme un droit inaliénable de tout être humain»,stipule le texte de la Déclaration solennelle qui vient d’être présentéà la 60e Conférence internationale du Travail. Un tonnerre d’applau-dissements saluera son approbation. Mme T. Diallo, déléguée gouver-nementale du Sénégal, qui vient de rendre compte des délibérationsde la Commission des travailleuses, a le triomphe modeste. Elle mesureà la fois la valeur du texte adopté et le chemin qui reste à parcourir.

En cette année 1975, proclamée «Année internationale de la femme»,s’est également adressée à la Conférence de l’OIT une autre personnalitééminente, Mme Sipilä, secrétaire générale de la Conférence mondiale,qui se tiendra quelques semaines plus tard à Mexico, sous l’égide desNations Unies. Des symboles forts, des signes d’une volonté de promou-voir, enfin, l’égalité de chances et de traitement.

Car la réalité est accablante. L’arrivée en masse des femmes sur lemarché du travail n’a changé ni les textes de loi ni les mentalités.Un rapport du BIT indique, par exemple, qu’en France les filles nereprésentent qu’un cinquième des étudiants des instituts universitairesde technologie. Au Royaume-Uni, on recense 110 apprenties femmescontre 112 000 garçons! Partout, l’écart entre les salaires masculinset féminins est béant. Au BIT même, la politique du personnel n’estpas à la hauteur des intentions affichées.

Pendant la Décennie de la femme, entre les conférences organiséespar l’ONU à Mexico (1975) et à Nairobi (1985), le nombre de femmesau travail s’accroîtra de plus de 100 millions. Le Plan d’action adoptépar l’OIT en 1975 contribuera, pour sa part, à faire évoluer les politiqueset les pratiques nationales. Et ce sera, dix ans plus tard, le vasterassemblement de Beijing, marqué par un afflux spectaculaire des ONG,qui adoptera une «plate-forme» comprenant, entre autres, la lutte contrela pauvreté féminine et l’élimination de la violence envers les femmes.A ce programme aussi, la contribution de l’OIT sera substantielle.

Et nous voici à la veille d’une session extraordinaire de l’Assembléegénérale des Nations Unies, intitulée «Les femmes en l’an 2000», quiaura lieu du 5 au 9 juin, à New York cette fois. L’OIT s’y présenteraforte non seulement de ses normes mises à jour et de ses travaux derecherche, mais aussi de l’accélération décisive imprimée par le nouveauDirecteur général à ses activités et à sa politique du personnel en matièrede parité hommes-femmes: tous les programmes comportent désormaisune composante relative à l’égalité des sexes et, dans le cadre de laréorganisation administrative, plusieurs nouveaux programmes sontdirigés par des femmes. Aux déclarations, aux intentions, aux symboles,ont succédé les actes.

Michel Fromont

BIT/Bregnard, Maillard,Deloche

��������������LE MAGAZINE DE L’OIT

Le magazine Travail estpublié cinq fois par an par leBureau de l’informationpublique du BIT, à Genève.Aussi publié en allemand,anglais, arabe, chinois, danois,espagnol, finnois, hindi,hongrois, japonais, norvégien,russe, slovaque, suédois ettchèque.

■ Rédacteur: Thomas Netter

■ Édition allemande:Hans von Rohland

■ Édition arabe:Khawla Mattar, Bureaude l’OIT à Beyrouth

■ Édition espagnole: Réaliséeavec le concours du Bureaude l’OIT à Madrid

■ Responsable de la production:Kiran Mehra-Kerpelman

Ce magazine ne constituepas un document officiel del’Organisation internationaledu Travail. Les opinions expri-mées ne reflètent pas néces-sairement les vues du BIT. Lesdésignations utilisées n’impli-quent de la part du BIT aucuneprise de position quant austatut juridique de tel ou telpays, zone ou territoire, ou deses autorités, ni quant autracé de ses frontières.

La mention ou la non-mention de telle ou telle entre-prise ou de tel ou tel produitou procédé commercialn’implique de la part du BITaucune appréciation favorableou défavorable.

Les textes et les photosdu BIT peuvent être librementreproduits, à condition d’enmentionner la source. L’envoid’un justificatif serait apprécié.

Toute correspondance doitêtre adressée au Bureau del’information publique du BIT,CH-1211, Genève 22 (Suisse).

Tél. +41-22/799-7912Fax +41-22/799-8577http://www.ilo.org

Imprimé par:SRO-Kundig SA, Genève

ISSN 1020-0002

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Les nouvelles en bref ........................................... 27

● Médias: Le nouveau journaliste est une femmefree-lance, submergée de courrier électronique

● Droits des travailleurs: Deux grandes entreprises allemandes signentun accord sur des normes du travail applicables à l’échelle mondiale

● Nécrologie: Gerd Muhr

● Réassurance sociale: Une équipe BIT-Banque mondiale-Universitéde Lyon remporte un prix prestigieux

● Le BIT et l’UNV: Année internationale des volontaires

– Des volontaires participent à la lutte contre le travaildes enfants en Inde

● Carte: Pays ayant ratifié la convention (no 182) sur les piresformes de travail des enfants, 1999.

Amérique latine: la formation, une question de survie En Uruguay, travailleurs et employeurs s’unissent pour conserver

des emplois et augmenter les profits .........................................................16

RubriquesL’OIT DANS L’HISTOIRE.................................................................................... 2PLANÈTE TRAVAIL .............................................................................................. 25CHAMPS D’ACTION ............................................................................................... 32COURRIER DES LECTEURS (NOUVEAU) ..................................................... 34DANS LA PRESSE ................................................................................................... 35MÉDIATHÈQUE ....................................................................................................... 38LE PROGRAMME SEED ....................................................................................... 40

Genève: 277e session du Conseil d’administration du BIT Décisions sur la dimension sociale de la mondialisation et le Myanmar– Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits

fondamentaux au travail ................................................................................. 7– Femmes: En avant-première de Beijing + 5 .............................................. 8– Timor oriental: Intervention de Ramos-Horta et

stratégie de crise du BIT ................................................................................ 10

Les «laissés-pour-compte» de la mondialisation à la recherche de travail: Mondialisation et flux migratoires ............................................................ 4

Monde: Objectif: travail décentLe Directeur général prononce des discours programmes sur la mondia-lisation à New Delhi, Washington, Bangkok et Durban ....................... 12

Inde: Travail des enfantsDes enfants indiens abandonnent leurs travauxdangereux pour s’instruire. Entretien avec L. Mishra, secrétaire(ministère du Travail), gouvernement de l’Inde .......................................... 14

En couverture: Migrations

Comment un nouveau programme du BIT favorise la créationd’emplois et d’entreprises – Encart

– Dar es-Salaam: Balayant les obstacles, des femmes créent leurspropres emplois ............................................................................................................................... 18

– Manille: Les affaires reprennent grâce à l’amélioration des conditions de travail ..... 20– Kosovo: Remise sur pied du marché de l’emploi grâce au «bizness» ............................. 22

L’Organisation internationale du Travail (OIT), créée en 1919, groupe les gouvernements, les employeurs et les travailleurs de ses175 États membres dans une action commune pour l’avancement de la protection sociale et l’amélioration des conditions de vie etde travail partout dans le monde. Le Bureau international du Travail (BIT), à Genève, est le secrétariat permanent de l’Organisation.

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jour dans la Malaisie voisine.

● Selon une étude2 citéepar l’auteur, en 1995, le coûthoraire de la main-d’œuvre del’industrie manufacturière étaitde 0,25 dollar en Inde et enChine, 0,46 en Thaïlande, 0,60en Russie, 1,70 en Hongrie et2,09 en Pologne contre 13,77au Royaume-Uni, 14,40 enAustralie, 16,03 au Canada,17,20 aux États-Unis, 19,34en France, 23,66 au Japonet 31,88 en Allemagne.

● La baisse des prix dutransport et la rapidité des com-munications ont changé la naturedes migrations internationales,qui sont désormais moins per-manentes. Ainsi en 1990, lesprix du transport aérien par mileont baissé de 20% par rapportà leur niveau de 1930. De 1930à 1996, le coût de 3 minutesde conversation téléphoniqueentre Londres et New Yorkest tombé de 300 à 1 dollar. «Ces changements ont rendumoins effrayant et moins an-goissant le départ vers desterres inconnues», constateP. Stalker. «Du même coup, lesflux migratoires se sont com-plexifiés et diversifiés.»

G

En couverture

Travailleurs sans frontièresLes «laissés-pour-compte» de la mondialisation

grossissent les rangs des migrants

Loin de réduire les flux migratoires – en déplaçant des biens plutôt que des personnes– la mondialisation provoquera une intensification de ces flux dans les années à venir.Selon un ouvrage sur les migrations1, que vient de publier le Bureau international duTravail (BIT), les mouvements de biens et de capitaux entre pays riches et pauvres neseront pas suffisamment importants pour compenser la pénurie d’emplois dans les payspauvres. La déstabilisation des sociétés, causée par les restructurations économiques,poussera davantage de personnes hors de leurs communautés d’origine et les inciteraà chercher du travail à l’étranger.

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ENÈVE-L’effectiftotal de migrantsdans le monde dé-passe aujourd’hui

120 millions – 75 millions deplus qu’en 1965 – et continued’augmenter. Tel est l’un desconstats qui se dégagent de cetterécente étude des effets de lamondialisation sur les migra-tions internationales.

«Dans un monde de gagnantset de perdants, les perdants nedisparaissent pas comme parenchantement, ils tentent leurchance ailleurs», fait observerl’auteur, Peter Stalker. De nos jours, c’est essentiel-lement l’attrait de meilleursemplois et de meilleurs revenusqui pousse les gens à émigrer:

● D’après les résultats d’uneenquête réalisée en 1996 auprèsde 496 Mexicains sans papiersaux États-Unis, ceux-ci gagnaienten moyenne 31 dollars parsemaine dans le dernier emploiqu’ils avaient occupé au Mexi-que alors qu’aux États-Unis, ilspercevaient 278 dollars par se-maine, soit neuf fois plus.

● En 1997, un manœuvreindonésien gagnait 0,28 dollarpar jour dans son pays alors qu’ilgagnait 2 dollars ou plus par

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Augmentationde l’offre demain-d’œuvre

L’évolution a été caractérisée par l’aug-mentation du nombre des pays qui sont des

pays d’émigration, d’immigration – ou lesdeux à la fois. Une analyse de la structureactuelle des mouvements migratoires dans152 pays a montré qu’en 20 ans, de 1970à 1990, le nombre de pays classés commegrands pays d’accueil de travailleurs migrantsa augmenté de 39 à 67. Pendant la même

période, le nombre de pays appartenant àla catégorie des pays d’émigration est passéde 29 à 55.

La complexité croissante du phénomènemigratoire est soulignée par le fait que, dansle même temps, le nombre de pays fonc-tionnant à la fois comme pays d’émigration

États-Unis – Il ressort d’études citées par l’auteur queles emplois occupés par les nouveaux immigrants sontbeaucoup plus menacés par la concurrence étrangèreque ceux des ressortissants américains. Les immigrantsmexicains sont surreprésentés dans des branches tellesque l’agriculture et la confection – «qui sont plus qued’autres à la merci des importations». D’ailleurs, «beau-coup des industries qui ont demandé une protection contrela concurrence étrangère sont celles qui emploient ungrand nombre d’immigrants». En 1991, le ministère duTravail estimait que «73% des travailleurs employésdans la production agricole sont nés à l’étranger».

Amérique latine – La plupart des migrants se déplacentvers le nord pour aller aux États-Unis, mais il y a d’autresmouvements, plus lents, vers l’Argentine, le Brésil et leMexique. Par exemple, environ 200000 migrants sanspapiers de la Bolivie, du Paraguay et du Pérou viventet travaillent en Argentine.

Europe de l’Ouest – L’Allemagne a constitué un véritableaimant dans les années qui suivirent la chute du Murde Berlin. De 1988 à 1994, l’immigration nette dans lesdeux parties de l’Allemagne a représenté en tout 4 millionsde personnes, dont 2 millions d’origine allemande enprovenance de l’ex-Union soviétique.

Ex-Union soviétique – Plus de 9 millions d’anciens ci-toyens soviétiques se sont déplacés après l’effondrementdu régime communiste. Parmi eux, une nombreuse po-pulation d’origine russe qui ne se sentait plus la bien-venue dans les «nouvelles» républiques: 2,7 millions ontdéménagé en Russie de 1993 à 1996. D’autres sont partisà la recherche de travail. En 1996, il y avait en Russie350 000 travailleurs étrangers en règle, et on estime à400 000 le nombre d’étrangers qui vivent clandestine-ment dans la seule ville de Moscou.

Golfe Persique – La hausse du prix du pétrole, survenueen 1973, a déclenché une explosion de la demande demain-d’œuvre, surtout dans le secteur du bâtiment et destravaux publics. De 1975 à 1990, le nombre d’immi-grants dans les sept États membres du Conseil de coo-pération du Golfe est passé de 1,1 à 5,2 millions pourreprésenter 68% de la main-d’œuvre. Mais des millionsont dû partir en 1990-91, à cause de la guerre du Golfe.Beaucoup sont retournés depuis. Les États de la régiondépendent encore énormément de la main-d’œuvre étran-gère: «Au Koweït, en 1996, 176 000 travailleurs seule-ment sur un total de 1,1 million étaient des citoyenskoweïtiens».

Asie de l’Est et du Sud-Est – Dans les années quatre-vingt, le Japon, a connu une telle pénurie de main-d’œuvre qu’il a fait venir temporairement de nombreuximmigrants, avec des contrats de courte durée. De cefait, le nombre de résidents étrangers inscrits a fortementaugmenté, atteignant 1,36 million en 1995 et approchant1,1% de la population. Il semble en outre que 300 000personnes admises dans le pays en qualité de touristesaient outrepassé la durée de validité de leur visa.

Les pays nouvellement industrialisés tels que Singapour,Hong-kong (Chine), la République de Corée et Taïwan(Chine) ont tous attiré d’importants effectifs de travailleursnon qualifiés alors même qu’ils s’efforcent de limiterles entrées. Le système de contrôle le plus strict est celuide Singapour, où les employeurs d’immigrés clandestinssont passibles de graves sanctions. «Pourtant, là aussi,il semble que le nombre des travailleurs sans papierssoit en augmentation».

La génération suivante des pays nouvellement industria-lisés, tels que la Thaïlande et la Malaisie, sont à la foispays d’émigration et pays d’immigration. En 1997, avantla crise économique, la Thaïlande accueillait 600 000migrants alors que 372 000 travailleurs thaïlandais étaientrépartis dans toute l’Asie. L’Indonésie exporte une main-d’œuvre non qualifiée au Moyen-Orient, en Malaisie età Singapour mais importe des travailleurs qualifiés,principalement de l’Inde et des Philippines. «On estimeà plus de 6,5 millions le nombre de travailleurs étrangersprésents au deuxième semestre de 1997, dans les septpays ou territoires asiatiques suivants: Japon, Républi-que de Corée, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Hong-kong (Chine) et Taïwan (Chine)».

Dans certains pays d’Asie, au Moyen-Orient, à Singapouret à Hong-kong (Chine), la majorité des émigrés sontaujourd’hui des femmes qui travaillent généralementcomme domestiques. Elles représentent 69% des émi-grés de Sri Lanka, 65% de ceux de l’Indonésie et 55%de ceux de la Thaïlande.

Afrique – Les arrivées d’immigrants clandestins en Afriquedu Sud «ont sensiblement augmenté dans la période post-apartheid». Leur nombre exact est un sujet de contro-verse, les estimations variant entre 3 et 8 millions. Laplupart proviennent de pays voisins tels que le Mozam-bique, le Zimbabwe et le Lesotho.

MIGRATIONS : UN PHÉNOMÈNE MONDIALLA SITUATION RÉGION PAR RÉGION

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et pays d’immigration est passé de 4 à 15.P. Stalker fait observer que les flux migra-

toires sont sensibles aux pressions politi-ques et sociales qui apparaissent lorsque descommunautés hôtes deviennent réticentes faceà l’afflux de nouveaux immigrants. Les gou-vernements, qui interviennent très peu en cequi concerne les flux commerciaux et finan-ciers, «manifestent une beaucoup plus grandedétermination lorsqu’il s’agit de personnes».Cela a peu d’effets sur les effectifs globauxde migrants mais influe sur la direction queprennent les flux migratoires. Cela a favorisél’apparition d’une véritable «industrie» quiaide contre rémunération les migrants à ob-tenir des visas, à voyager et à trouver des

emplois. Cela a également favorisé l’aug-mentation du trafic clandestin.

«En 1993, en Europe, 15 à 30% d’immi-grants sans papiers auraient fait appel auxservices de trafiquants», affirme l’auteur.«Dans le cas des demandes d’asile, le pour-centage est encore plus élevé: 20 à 40%.»

Commercialement parlant, le trafic de mi-grants est une opération extrêmement lucra-tive. Faire passer clandestinement une fron-tière d’Europe de l’Est en voiture ou celle quisépare le Maroc de l’Espagne en bateau peutvaloir 500 dollars, mais un voyage pluscompliqué pour un migrant sans papiersallant de Chine aux États-Unis peut coûterjusqu’à 30 000 dollars. L’auteur cite une

étude selon laquelle le trafic de migrants sanspapiers représenterait un chiffre d’affaires de5 à 7 milliards de dollars par an.

«Ces mouvements de travailleurs clandes-tins ont donné naissance à un immense mar-ché de faux papiers». Bangkok est ainsidevenue un grand centre de fabrication dedocuments, surtout de passeports coréens etjaponais – valant environ 2 000 dollarspièce – utilisés par des émigrants chinoispour se rendre dans d’autres régions dumonde.

Certains aident à financer les flux migratoi-res en offrant des facilités de crédit. Il peuts’agir de prêts à long terme remboursables enplusieurs années. Mais il existe aussi descrédits à court terme. Par exemple, les pay-sans boliviens qui veulent entrer en Argen-tine comme touristes doivent montrer auxservices de l’immigration qu’ils sont en pos-session d’un montant équivalant à 1 500dollars. Cela a donné des idées à des intermé-diaires financiers d’un type nouveau, quipratiquent le taux d’intérêt probablement leplus élevé au monde: des entreprises de trans-port et autres prêtent l’argent nécessaire auxmigrants le temps de passer la frontière,c’est-à-dire plus ou moins une heure – etretiennent pour cela 10%».

Les niveaux de vie sontdéterminants

Comme toujours, les mouvements migra-toires sont déterminés par les différences deniveaux de vie. P. Stalker indique parexemple qu’entre les États-Unis et le Mexi-que, la différence de PIB par habitant est de6 à 1. Entre l’Allemagne et la Pologne, elle estde 11 à 1.

Autre indicateur, plus parlant, de l’incita-tion au départ: la différence de salaire pourles métiers auxquels peuvent prétendre lesmigrants. Ceux-ci varient énormément d’unpays à l’autre bien que, presque partout, lesimmigrants soient concentrés dans certainesbranches d’activité.

«Aux États-Unis, c’est dans le secteuragricole que l’on trouve le plus d’immi-grants», indique l’auteur. «En Belgique etaux Pays-Bas, c’est dans l’extraction et letraitement des minerais; au Danemark, enAllemagne, en Australie et au Canada, c’estdans l’industrie manufacturière; en France etau Luxembourg, c’est dans le bâtiment et lestravaux publics; au Royaume-Uni, c’est dansles services.»

Lorsque l’échange d’information de part etd’autre des frontières se fait librement etrapidement, comme entre le Mexique et lesÉtats-Unis, les travailleurs migrants réagis-sent promptement à l’évolution du marché deK

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l’emploi. Une étude du Public Policy Instituteof California a montré que dans les annéesquatre-vingt, époque à laquelle la Californieétait en plein boom économique, l’emploi arapidement augmenté et avec lui l’immigra-tion clandestine. En revanche, dans le mêmeÉtat, lors de la crise du début des annéesquatre-vingt-dix, l’immigration clandestinea diminué.

Le volume des migrations dépend aussi dela situation du pays d’origine. Ainsi, lorsquel’économie mexicaine est en crise, davantagede travailleurs émigrent. Une étude a montréqu’à une baisse de 10% des salaires réels auMexique correspond une augmentation de8% des arrestations d’immigrés clandestinsà la frontière.

La nouveauté réside dans l’ampleur duphénomène.

L’auteur du livre rappelle que dans lepassé, le monde a connu des migrationsd’une beaucoup plus vaste ampleur et citedeux exemples: la traite des esclaves et l’émi-gration vers le Nouveau Monde et l’Austra-lie.

C’est la traite des esclaves qui a provoquéles déplacements de population les plusbrutaux. Environ 15 millions d’esclaves ontété transférés d’Afrique vers les Amériquesavant 1850, et pendant le siècle qui a suivil’abolition de l’esclavage, plus de 30 mil-lions de personnes ont été déplacées poureffectuer des travaux forcés.

Des millions d’autres se sont déplacéesvolontairement. De 1846 à 1939, 59 millionsde personnes ont quitté l’Europe, générale-ment pour se rendre dans les Amériques maisaussi en Australie, en Nouvelle-Zélande eten Afrique du Sud.

Alors que certains s’inquiètent aujourd’huide ce qu’ils perçoivent comme une expansionrécente des migrations internationales, ilconvient de rappeler que les mouvements lesplus importants se sont produits de 1815 à1915, année durant laquelle sont arrivés auxÉtats-Unis 1,2 million d’immigrants, soit1,2% de la population américaine de l’épo-que. En 1996, les États-Unis ont reçu996 000 immigrants, soit à peine 0,35% dela population.

1 Workers without frontiers – The impact ofglobalization on international migration , PeterStalker, BIT, Genève, et Lynne Rienner Publishers,2000. ISBN 92-2-110854-6. Pour passer commandeen Suisse, s’adresser au Service des publicationsdu BIT, 4, route des Morillons, 1211 Genève 22.Pour passer commande aux États-Unis, s’adresserà Lynne Rienner Publishers, 1800 30th Street, Suite314, Boulder, CO 80301-1026, tél. 303/4444 6684,fax 303/4444 0824, sur le Web: www.rienner.com.

2 Morgane Stanley and Co. Inc., 1996.

ENÈVE – Durant sa 277e

session, le Conseil d’admi-nistration1 du BIT a examinétoute une série de questions.

Il a notamment décidé d’élargir l’examende la dimension sociale de la mondiali-sation et de redoubler d’efforts pour obtenirl’abolition du travail forcé au Myanmar.En outre, il a procédé au premier examendu suivi de la Déclaration de l’OIT relativeaux principes et droits fondamentaux autravail, adoptée en 1998. Cette 277e sessionétait présidée par M. Jean-Jacques Elmi-ger (Suisse).

Au point «Divers» :Un colloque spécial sur l’accès des

femmes à un travail décent a mis en évidencele défi que pose l’élimination de ladiscrimination fondée sur le sexe dansle monde du travail et a permis de préparerla participation de l’OIT à la Conférenceque les Nations Unies tiendront prochai-nement sur le thème «Les femmes en l’an2000: égalité entre les sexes, dévelop-pement et paix pour le XXIe siècle». (Voirl’article «Les femmes en l’an 2000»,page 8.)

Le Conseil d’administration a décidéà l’unanimité d’intensifier la coopéra-tion technique en faveur des travailleursdes territoires arabes occupés. Dans cecontexte, il a approuvé le rapport d’unemission multidisciplinaire du BIT sur 19projets destinés à renforcer la capacitédes petites et très petites entreprises àcréer des emplois et des revenus enCisjordanie et à Gaza.

Le Comité de la liberté syndicale aabouti à des conclusions intérimaires àpropos de plaintes concernant l’Austra-lie, le Bangladesh, la Bulgarie, le Ca-

nada, la République de Corée, Cuba etle Zimbabwe. En outre, il a écouté unexposé de Ramos Horta, prix Nobel dela paix. (Voir «Timor oriental», page 10.)

Résumé des travaux du Conseil d’ad-ministration :

Groupe de travail sur lamondialisation

Pour refléter l’élargissement de sonmandat, ce groupe de travail a changéde nom et s’appelle désormais «Groupede travail sur la dimension sociale de lamondialisation». Le groupe de travail,qui se compose de tous les membres duConseil d’administration du BIT, s’estengagé à multiplier les contacts et à coopérerdavantage avec d’autres institutionsmultilatérales. Le Conseil d’administra-tion a approuvé des propositions visantà renforcer la capacité de recherche duBureau sur ces questions, en particulieren faisant appel au tout nouveau Groupedes politiques internationales.

Premier examen desrapports annuels soumis envertu de la Déclaration de

l’OITAu cours de cette session du Conseil

d’administration a eu lieu le premierexamen des rapports annuels présentéspar les gouvernements qui n’ont pas encoreratifié toutes les conventions de l’OITrelatives aux droits fondamentaux. Réu-nis en comité plénier pour permettre aux

La 277e sessiondu Conseil

d’administrationdu BIT

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pays qui ne sont pas membres du Conseild’administration de présenter eux-mê-mes leur situation, les orateurs ont réaf-firmé leur attachement à la Déclarationet à son suivi. Beaucoup ont soulignéqu’il faudrait obtenir davantage de ré-ponses de la part des gouvernements etque les organisations d’employeurs et detravailleurs pourraient jouer à cet égardun rôle constructif. En résumant la dis-cussion sur ce point, le Président a faitobserver qu’une assistance techniques’avérait nécessaire, d’une part, pour aiderles gouvernements à s’acquitter desobligations contractées au titre de laDéclaration et, d’autre part, pour créerdes conditions favorables à la ratificationet à la mise en application des conven-tions en question.

Myanmar

Mesure sans précédent en quatre-vingtsans d’histoire de l’OIT, le Conseil d’ad-ministration a prévu d’organiser, lors dela Conférence de juin 2000, un débat à

l’issue duquel les 174 autres États membresde l’Organisation pourraient être invitésà reconsidérer leurs relations avec legouvernement du Myanmar (Birmanie)pour garantir que celui-ci ne profite pasde ces relations pour perpétuer ou dé-velopper le régime de travail forcé ouobligatoire qu’il impose aux citoyens dece pays.

Invoquant pour la première fois l’ar-ticle 33 de la Constitution2 de l’OIT, ila recommandé que la Conférence inter-nationale du Travail, qui se réunira àGenève en juin de cette année, prenne«telle mesure qui lui paraîtra opportunepour assurer l’exécution» par le Myanmardes recommandations de la Commissiond’enquête de 1998.

Celle-ci avait conclu que «l’obliga-tion» de supprimer l’emploi du travailforcé ou obligatoire est violée au Myanmardans la législation nationale «ainsi quedans la pratique, de façon généralisée etsystématique, avec un mépris total de ladignité humaine, de la sécurité, de lasanté et des besoins essentiels du peupledu Myanmar». Un rapport du Directeur

général du BIT, établi sur la base d’uneinformation actualisée de la situation dupays, conclut que l’arrêté promulgué parle gouvernement du Myanmar le14 mai 1999 n’exclut pas le travail forcéimposé en violation de la convention etque, «dans la pratique, le travail forcéou obligatoire continue d’être imposé surune large échelle».

Source : BIT/00/10

1 Le Conseil d’administration, qui se composede 28 membres gouvernementaux, 14 membres em-ployeurs et 14 membres travailleurs, se réunit troisfois par an. Sorte de conseil exécutif de l’OIT, ilprend les décisions relatives à la mise en œuvredes politiques et programmes de l’Organisation.Parmi les sièges détenus par les gouvernements,dix sont occupés en permanence par les principauxpays industrialisés. Les sièges restants sont occupéssur une base tournante, compte tenu de la répar-tition géographique, par des représentants élusdes gouvernements, des travailleurs et des em-ployeurs, dont le mandat est de trois ans.

2 L’article 33 n’est utilisé que dans le cas oùun pays ne donne pas effet aux recommandationsd’une commission d’enquête de l’OIT, procédureelle-même réservée aux cas de violations graveset persistantes des normes internationales du travail.

our préparer la participation del’OIT à la Conférence des Na-tions Unies «Les femmes enl’an 2000: égalité entre les sexes,développement et paix pour le

XXIe siècle», un colloque organisé pendantla réunion du Conseil d’administration, surle thème «Un travail décent pour les fem-mes», a mis en évidence le difficile pari quereprésente l’élimination de la discriminationentre les sexes dans le monde du travail.

Ont participé à ce colloque des représen-tants de gouvernements, d’organisations detravailleurs et d’employeurs ainsi que d’ONG.Au nombre des thèmes évoqués, on citerala question des stratégies fondées sur lesdroits et des stratégies fondées sur le dé-veloppement ; les progrès et les retards dansle domaine de l’accès des hommes et desfemmes à un travail décent ; la promotiondes droits des travailleurs ; la pauvreté,l’emploi et la protection sociale sous l’anglede l’égalité entre hommes et femmes ; laformation à la gestion et l’esprit d’entre-

prise chez les femmes; la distinction homme-femme dans les situations de crise et lareconstruction.

Ici les orateurs principaux définissentles obstacles à l’égalité entre les sexes etformulent des propositions pour l’avenir.Dans une interview à Travail, BinaAgarwal, professeur d’économie, évaluece qui reste à faire.

Juan Somavia, Directeur général du BIT :

«Lorsque nous soutenons que l’égalitéentre les hommes et les femmes est nonseulement une question de droits et de jus-tice sociale mais aussi une question derentabilité économique, nous accomplissonsun pas de plus vers la mondialisation duprogrès social» a déclaré le Directeur gé-néral. «En affirmant la nécessité d’un travaildécent pour tous, nous plaçons l’égalitéhommes-femmes et les questions de déve-loppement au centre du programme de l’OIT».M. Somavia a ensuite fait observer que,pour l’avenir, des progrès décisifs devraient

être accomplis sur plusieurs fronts tels queceux de la lutte contre la pauvreté et l’ag-gravation des inégalités. En effet, la ri-chesse est encore majoritairement entre lesmains des hommes alors que les femmessont majoritairement victimes de la pau-vreté. La présence accrue des femmes dansle monde du travail est peut-être le facteurle plus déterminant de la politique socialeà mettre en œuvre au cours du siècle quenous entamons. Il faudra inventer des ré-gimes de protection pour venir en aide auxfemmes et aux hommes qui ont des emploisprécaires. «Notre stratégie du travail décent

offre aux femmes unmoyen de sortir de lapauvreté parce qu’elle sefonde sur les principesde l’égalité et de l’équitéau travail et à la mai-son», a-il souligné.

Angela King, con-seillère spéciale du se-

C.A. 277 – «Les femmes en l’an 2000» : Avant-première

A l’approche de Beijing + 5, l’OITévalue les progrès accomplis

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crétaire général de l’Organisation desNations Unies pour la parité entre lessexes et la promotion de la femme :

«... Il est évident que l’inégalité hommes-femmes compromet encore beaucoup tropsouvent les perspectives économiques des

femmes et les empêche d’accéder à l’auto-nomie», a affirmé Mme King dans l’allocu-tion qu’elle a prononcée lors du colloque.«Presque partout dans le monde, les fem-mes sont exclues des décisions concernantles questions d’argent, de crédit, de pro-priété, de technologie, d’éducation et d’in-

formation. Pourtant, elles sont de plus enplus nombreuses à travailler et, d’ailleurs,la féminisation de la main-d’œuvre est unphénomène attesté.» Elle a dit que les sta-tistiques confirmaient le fait que les femmesétaient les principales victimes de la pau-vreté. Dans les zones rurales, où vit la

Travail : Comment définiriez-vous le travail décent en cequi concerne l’égalité hom-mes-femmes et quel est se-lon vous le rôle de l’OIT dansce contexte?

Bina Agarwal : Il me semblequ’au premier degré, la no-tion de travail décent est très

simple : il s’agit de procurer des moyens de subsistance sûrset durables aux hommes et aux femmes. Mais elle recouvreaussi l’idée de susciter un sentiment de dignité et d’estimede soi. Pour moi, le travail décent est donc quelque chosede bien précis, mais aussi un processus d’évolution versdavantage d’égalité, vers la prise en main de son propre destinet vers une plus grande participation à la prise de décisionsau sein de la collectivité et dans le pays. Cela devrait êtreun point de départ. Dans la quête d’un travail décent, unecomposante essentielle a été négligée : c’est l’égalité desdroits patrimoniaux, l’égalité devant la propriété. Et pourbeaucoup de femmes asiatiques, africaines et latino-améri-caines, cela signifie propriété des biens de production et dela terre en particulier.

Travail : Quels autres éléments sont nécessaires pour garantirun travail décent aux femmes ?

Bina Agarwal : Le partage des tâches ménagères, de l’édu-cation des enfants et de la prise en charge des personnesâgées. Nous savons que les femmes portent un double fardeau,donc même s’il n’y a pas de discrimination au travail, nousdevons bien admettre qu’en l’absence d’un partage des tâchesménagères, de l’éducation des enfants et de la prise en chargedes personnes âgées, quelles que soient les lois appliquéessur le lieu de travail, les femmes sont désavantagées au départ.Et je pense que cette question relève de la compétence despouvoirs publics, des employeurs et des collectivités et qu’ellene peut être réglée par chaque famille isolément. Nous devonsimaginer des solutions pour que les collectivités s’occupentdes enfants et des personnes âgées et que le fardeau neretombe pas uniquement sur les familles. Il y a là encorebeaucoup à faire.

Par tradition, nous (l’Inde et d’autres pays en développe-ment) avons le sens de la communauté ; les gens viventensemble et en cas de crise, dans les villages et même dansles petites villes, les femmes forment un réseau grâce auquelles familles peuvent survivre et surmonter les problèmes quise posent. Mais beaucoup de ces réseaux sont en train dese démanteler avec la disparition de la famille élargie au profitde la famille nucléaire, les migrations, etc. Or cette évolutionest inéluctable. Il nous faut donc concevoir des manières de

reconstituer les structures de soutien communautaire en lesrendant plus formelles.

Ces deux éléments, qui sont à mon sens essentiels pourl’égalité entre les sexes, sont souvent mis de côté.

Travail : Que peut faire l’OIT dans ce contexte ?

Bina Agarwal : Pour que l’on comprenne mieux ce qu’il fautpour promouvoir le travail décent, l’OIT et d’autres organis-mes internationaux devraient travailler ensemble. Beaucoupd’organismes internationaux se sont intéressés de près àla question de la propriété foncière. L’Organisation pourl’alimentation et l’agriculture (FAO), par exemple, s’est in-téressée aux réformes agraires. Il ne s’agirait pas de voir ceque l’une ou l’autre organisation internationale peut faire maisdans quelle mesure elle peut collaborer avec d’autres ins-titutions pour élargir la notion de travail décent et la perceptionde l’égalité hommes-femmes. Ne considérons plus le secteurinformel comme un tout indivisible et admettons le faitqu’énormément de femmes dépendent encore de l’agricul-ture. Nous ne parlons pas seulement des microentreprisesni d’entreprises urbaines. Il faut aller beaucoup plus loin.

Je pense aussi que répéter sans cesse un slogan tel que«Il faut favoriser l’accès des femmes aux ressources produc-tives» gomme bien des aspects de la question. Il devientune phrase parmi d’autres alors qu’en réalité elle est fon-damentale. Et de quelles ressources parlons-nous ? Bien sûr,il ne s’agit pas que du crédit. Mais on en est souvent restélà. Il doit s’agir de la répartition centrale des biens et desressources ; de la terre mais aussi d’actions d’entrepriseset d’actifs financiers au sens large. C’est sur cette questionque nous devons nous concentrer.

Travail : Quelle est votre position au sujet du congé dematernité ?

Bina Agarwal : Pour les organisations, l’égalité se limite aucongé parental, aux congés de paternité et de maternité. Maisce n’est pas tout. Encore faut-il, en effet, que la notion decongé existe. Or, nous travaillons dans un contexte com-plètement informel dans lequel il n’y a même pas d’employeurà proprement parler puisque le travail est exécuté dans laferme familiale. Mais ce sont des travailleurs, et comment !Ils peuvent revendiquer la ressource sur laquelle ils travaillent,c’est-à-dire la terre ou le bien. Cela est très important.

* Professeur d’économie, Institute of Economic Growth (Université deDelhi). Elle était l’une des oratrices invitées au colloque du BIT. Elle estl’auteur de nombreux écrits et notamment d’un article sur la mécanisationde l’agriculture et l’utilisation de la main-d’œuvre, paru dans le volume120 (1981), no 1, de la Revue internationale du Travail. Elle fait partiedu Conseil scientifique de la Revue.

Entretien avec Bina Agarwal*

BIT/Didier Bregnard

Conseil d’administration

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10TRAVAIL – N° 34 – 2000

majorité des populations pauvres du globe,les femmes assument jusqu’à 70 à 80% destravaux agricoles. Dans le monde entier,elles travaillent durement pour gagner dessalaires de misère. «Ce que nous devonsfaire a-t-elle déclaré, c’est faire en sorte queces extraordinaires efforts portent leurs fruits.Cela signifie, pour reprendre les termes del’OIT, que nous devons donner aux femmesdes emplois productifs dans lesquels leursdroits soient protégés.»

Bina Agarwal, professeur d’économie àl’Université de Delhi :

«Le droit de propriété n’est pas seule-ment un droit inscrit dans la loi, il supposeaussi des droits réels dans la pratique»,déclare Mme Agarwal, qui collabore depuislongtemps avec le BIT puisque son premierarticle, sur les femmes et l’évolution des

techniques, remonte à 1981. (Voir la noteau bas de l’encadré.) Elle a articulé sonexposé sur deux aspects de l’inégalité entreles sexes, qui touchent des millions detravailleuses mais qui, selon elle, ne sontpas suffisamment pris en considération :premièrement, la discrimination dans l’ac-cès à la propriété et aux biens de productionet deuxièmement, la disparité dans les re-présentations et normes sociales. Mme Agarwalconsidère que la discrimination concernantla propriété est la forme la plus persistanted’inégalité économique entre les hommes etles femmes et que ses répercussions se fontsentir sur le statut de celles-ci à la fois entant que travailleuses et en tant qu’actricesde la vie sociale et politique. Quant auxreprésentations et aux normes sociales, bienqu’elles soient difficiles à quantifier, ellessont présentes dans presque toutes les sphè-res d’activité. Elles influent sur la perfor-

mance économique des femmes dans pra-tiquement tous les domaines, qu’il s’agissedes droits de propriété, de l’emploi ou dela répartition des tâches domestiques. Surle marché du travail, le sexe, tout commela race, détermine l’idée que l’on se fait descompétences de quelqu’un, ce qui peut en-gendrer une discrimination dans l’embau-che et la rémunération. La contribution desfemmes est souvent sous-estimée parce quecelles-ci fournissent généralement un tra-vail non rémunéré à la maison, qui estmoins visible – tant physiquement que surle plan financier – que le travail salariéexécuté en dehors de la maison. Les hom-mes sont considérés comme les soutiens defamille et les femmes au mieux comme desauxiliaires. (Voir l’interview dans l’enca-dré page 9.)

Stratégie de crise du BITpour le Timor oriental

C.A. 277 – Le Timor oriental après la crise

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11TRAVAIL – N° 34 – 2000

ENÈVE – Lorsqu’ils ont votésur le futur statut du Timororiental dans le cadre duréférendum supervisé par les

Nations Unies, près de 80% des électeursayant le droit de vote se sont prononcéspour l’indépendance. Aujourd’hui, plusde 80% de la population en âge de travaillersont au chômage.

Dans la vague de violence qui a suivil’annonce des résultats du référendum du4 septembre 1999, plus de 75% de lapopulation ont été déplacés et plus de70% des habitations, édifices publics etéquipement collectifs ont été détruits.

Le chômage vient aggraver l’agitationsociale. Les gens n’ont presque plusd’économies personnelles – lorsqu’ils enavaient. Qui plus est, l’exode des cadreset techniciens indonésiens a fortementamoindri la capacité de gestion des servicesadministratifs et notamment des écoles,établissements de formation et bureauxde placement.

«La population est tellement appau-vrie qu’elle pourrait bien être obligée deconsommer ses dernières ressources», peut-on lire dans un document de travail ausujet, entre autres biens rares, des semen-ces nécessaires pour les plantations dela saison prochaine.

Face à ce désastre, le Bureau interna-tional du Travail (BIT) a préparé un planglobal de reconstruction, d’emploi et deformation professionnelle pour le Timororiental. Ce programme d’assistance a étéprésenté au Conseil d’administration réuni

à honorer leurs engagements et à ne pasdécevoir les attentes de la population,il a souligné que les projets présentés parle BIT étaient extrêmement importantset devraient démarrer immédiatement enliaison avec d’autres programmes huma-nitaires.

Le programme d’assistanceL’assistance prévue consistera en la

création d’emplois dans le cadre de projetsde reconstruction à forte intensité de main-d’œuvre, la remise en état des équipe-ments collectifs, la promotion des petiteset très petites entreprises avec la mise enplace d’un système de financement deproximité, la remise en état et le renfor-cement de l’infrastructure de formationprofessionnelle ainsi que l’ouverture debureaux de recrutement et de placement.Des mesures complémentaires concernantl’administration et la législation du tra-vail ainsi que les relations profession-nelles sont également prévues.

Le coût total du programme, dontl’exécution s’échelonnera sur trois ans,est estimé à 22,7 millions de dollars. Laproposition du BIT ajoute une dimen-sion sociale à l’aide économique que lesinstitutions financières internationalessont en train de mettre sur pied.

Dans une première phase, dont les effetsdoivent se faire sentir rapidement, 2000chômeurs sans qualifications obtiendrontun emploi de courte durée et une forma-tion sur le tas dans le cadre de projets

● la création d’agences locales de dé-veloppement économique au niveau desdistricts pour orienter le microcrédit versles petites et très petites entreprises;● l’ouverture de bureaux de recrute-ment et de placement à Dili et dans d’autresvilles;● la remise sur pied de l’École techni-que de Becora, à Dili, et la création d’ins-titutions de formation professionnelle surl’ensemble du territoire.

Une aide attendued’urgence

Ce projet d’assistance a été préparé parle Programme focal du BIT sur la réponseaux crises et aux problèmes de recons-truction, mis en place en octobre 1999afin de renforcer la capacité de prépa-ration et d’intervention du Bureau en casde crise. Le programme est censé aiderles pays qui sortent d’une crise à surmon-ter le problème du chômage et autresdifficultés d’ordre social ou économiqueet, ce faisant, faciliter la réintégration etla réconciliation au sein des populationsconcernées.

D’après la directrice du programme,Eugenia Date-Bah, «L’OIT n’étant pasun organisme donateur, la rapidité et l’ef-ficacité de la réaction du programmedépendront du soutien des donateurs etde la reconnaissance de la relation fon-damentale qui existe entre les objectifsde l’aide humanitaire, d’une part, et le

Ramos-Horta : Pas de paix ni destabilité sans emplois...

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en la présence de José Ramos–Horta,dirigeant politique du Timor oriental etcolauréat du prix Nobel de la paix en1996.

M. Ramos-Horta était venu partager saconnaissance du terrain avec le Comitéde l’emploi et de la politique sociale. Ila dit que les conditions étaient actuel-lement favorables parce que la paix etla sécurité avaient été consolidées. Maisil a averti que la paix et la stabilité nedureraient pas sans la création d’emplois.Invitant instamment les pays donateurs

de reconstruction définis comme priori-taires par les communautés, qui serontréalisés sur tout le territoire.

Ce programme qui sera exécuté par leBureau régional de l’OIT pour l’Asie etle Pacifique, en coopération avec l’Ad-ministration transitoire des Nations Uniesau Timor oriental, comprend notamment:une aide pour la remise en état deséquipements collectifs et des servicespublics essentiels;● une formation et un appui auxmicroentreprises (8000 bénéficiaires);

redressement et le développement socio-économique, d’autre part.»

Au cours de l’année écoulée, l’OIT aparticipé aux efforts d’assistance de lacommunauté internationale à la suite descatastrophes naturelles ou des conflitsqui ont eu pour cadre le Kosovo, laRépublique démocratique du Congo, lesPhilippines, la Sierra Leone, la Turquieet l’Inde (Orissa).

Conseil d’administration

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GENÈVE – Juan Somavia,Directeur général du BIT, aprésenté la notion de travaildécent dans l’économie mon-diale, à l’occasion de quatregrandes réunions internatio-nales, qui ont eu lieu en cedébut d’année à New Delhi,Washington, Bangkok et Dur-ban. On trouvera ci-dessousdes extraits de ces exposés(les textes intégraux en an-glais figurent sur le site Inter-net du BIT, à l’adresse :www.ilo.org sous la rubrique).

«Le travail décent dans l’économie mon-diale», allocution prononcée devant desparlementaires, des représentants destravailleurs et des employeurs et desuniversitaires indiens, New Delhi, 18 fé-vrier 2000

«La concurrence internationale entraînesouvent des pertes d’emplois alors mêmeque les mécanismes compensatoires, cen-sés créer d’autres emplois, sont générale-ment plus faibles et plus lents que prévu.Dans les pays qui n’ont pas de bons régi-mes de protection sociale – et ils sontnombreux – la souffrance sociale est par-ticulièrement aiguë. L’ajustement structu-rel à l’échelle mondiale fait des perdants etdes gagnants et cette dynamique engendredes réactions que certains perçoivent commeprotectionnistes. Nous ne pouvons ignorerces menaces. Que devons-nous faire ?

»C’est une question complexe et délicatesur laquelle les opinions sont divergentes.Nous avons pu le constater à Seattle, lorsde la Conférence ministérielle de l’OMC.Ces controverses sont tellement tranchéeset provoquent des réactions si intenses

qu’elles ont tendance à éclipser ce qui estréalisé sur le terrain. L’inquiétude que suscitedans certains milieux le débat sur les con-ditions de travail et le développement ducommerce international est réelle et ne s’ef-facera pas d’un coup de baguette magique.

»Mais je regrette que ce débat ait im-primé dans l’opinion publique l’idée quel’action de l’OIT se limitait à la questiondes normes du travail et des échanges in-ternationaux. En réalité, le programme d’ac-tion de l’OIT est bien plus vaste. Commeje l’ai indiqué, il a pour objectif le travaildécent et englobe la promotion des droitsfondamentaux de l’homme au travail.»

* * *

«Le travail décent pour tous dans uneéconomie mondiale», exposé présenté aupersonnel de la Banque mondiale,Washington, 2 mars 2000

«La réduction des inégalités, l’améliora-tion de la sécurité socio-économique, laconsolidation des droits fondamentaux etde la démocratie dans la gestion des affai-res publiques et l’édification d’institutionsfortes sont nécessaires pour le bon fonc-tionnement des marchés. Ces actions sonttoutes complémentaires. C’est pourquoi surle plan des résultats, le tout vaut mieux quela somme des éléments qui le composent.Qui plus est, une approche intégrée intro-duira davantage de cohérence dans l’ac-tion. Cela réduira le risque de voir les me-sures prises dans un secteur donné com-promettre – au lieu de la compléter – laréalisation des objectifs d’un autre secteur.

»La notion de «travail décent» chère àl’OIT peut contribuer à une telle intégra-tion de la démarche, en couvrant une im-portante partie stratégique de l’action glo-bale en faveur du développement. Elle peuts’associer utilement au programme global

Objectif: travail décentLe Directeur général prononce des discours

programmes à New Delhi, Washington, Bangkoket Durban – Extraits

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13TRAVAIL – N° 34 – 2000

de développement que la Banque est entrain de mettre sur pied. Elle se prête bienà cela parce qu’elle englobe une multipli-cité de variables dont il faut de tenir comptedans une approche intégrée du développe-ment.

»Nous avons tous beaucoup à apporterpour dépasser les limites de l’analyse sec-torielle face à des problèmes qui sont ma-nifestement interdépendants. Mais nousn’avons pas toutes les réponses, loin de là.Nous devons nous ensemble veiller à amé-liorer la performance de notre systèmemultilatéral souvent hétérogène. C’est ungrand défi institutionnel. C’est aussi undéfi intellectuel. Combien parmi nous con-naissent à fond les interconnexions quiexistent entre les domaines de la finance,du commerce international, de la techno-logie, de l’environnement, des sexospéci-ficités, de l’éducation, de la santé, de l’em-ploi et des droits de l’homme ? Très peu.

»Pour avancer, nous devons à mon senscommencer par analyser ensemble l’impactde tous ces domaines d’action et d’autres,sur les gens. Il nous faudra de solidesappuis techniques pour élaborer des indi-cateurs axés sur l’homme – beaucoup plusde données ventilées et un changement radicalde conception dans la manière dont nousinterprétons et utilisons les statistiques. C’esten nous attelant concrètement à la tâcheque nous apprendrons comment élaborerdes solutions plus intégrées. Je pense quela Banque et l’OIT, avec leurs missions,leurs perspectives et leurs compétences dif-férentes, pourraient montrer l’exemple enrecherchant le moyen d’intégrer les diffé-rents aspects de l’action à mener pour at-ténuer la pauvreté et œuvrer en faveur dutravail décent.»

* * *

Dixième session de la Conférence desNations Unies sur le commerce et le dé-veloppement, Bangkok, 15 février 2000

«C’est le Sommet social de Copenha-gue, en 1995, qui a pour la première foisdéfini clairement le fondement social del’économie mondiale. Il a recensé septconventions de l’OIT qui portent sur lesdroits fondamentaux dans quatre domaines– liberté syndicale, travail forcé, discrimi-nation et travail des enfants – et les a éle-vées au rang de véritables instruments dela politique à mener.

»Ce faisant, il a fait de la réalisation dece fondement social l’objectif commun dela communauté mondiale. A la suite de

quoi l’OIT a adopté en 1998 sa Déclarationrelative aux principes et droits fondamen-taux au travail, dans le même but.

»La Déclaration de l’OIT est un instru-ment de développement basé sur la promo-tion et le partenariat pour la réalisation deces droits dans tous les pays, qu’ils aientou non ratifié les conventions correspon-dantes. Un suivi régulier est prévu et il estclairement stipulé que la Déclaration nepeut être utilisée à des fins protectionnis-tes. Il est important de noter que ses béné-ficiaires potentiels ne sont pas seulementles travailleurs du secteur structuré.

»La liberté d’association est aussi unecondition incontournable pour que les pau-vres et les exclus puissent faire entendreleur voix en créant des organisations re-présentatives qui défendent leurs intérêts.

»L’OIT fait beaucoup pour appliquer cesprincipes de base. Elle coopère avec lespays pour propager les bonnes pratiques etavec les entreprises pour rendre les mesu-res sociales plus productives. L’élimina-tion du travail des enfants, à commencerpar ses pires formes, constitue aussi unélément important de l’action en faveur dudéveloppement. Le Programme internatio-nal de l’OIT pour l’abolition du travail desenfants montre comment les interventionsdestinées à mettre fin au travail des enfantssont souvent le plus efficaces lorsqu’elless’inscrivent dans un programme global dedéveloppement qui augmente les possibili-tés de revenu des parents, favorise lesméthodes de production qui ne font pasappel aux enfants et offrent un meilleuraccès à l’instruction et à la formation.

A la dixième session de la Conférencedes Nations Unies sur le commerce etle développement, Bangkok

»Une campagne mondiale en faveur del’élimination de pires formes de travail desenfants est en cours à la suite de l’adoptionde la nouvelle convention de l’OIT sur cesujet. Les projets de ce type constituent desétapes concrètes vers la réalisation du fon-dement social de l’économie mondiale.»

* * *17e Congrès mondial de la CISL, Dur-ban, Afrique du Sud, 4 avril 2000

«La mondialisation telle que nous la con-naissons aujourd’hui ne survivra pas sielle ne profite pas à plus de monde. Elle n’apas encore réussi le test de la légitimitésociale. Des milliards d’individus en sontexclus. Nous ne pouvons continuer à dé-réglementer toujours plus les économiesnationales au profit d’une vaste économiemondiale et non réglementée.

»On entend beaucoup dire que la mon-dialisation ne peut être changée et qu’elleest inévitable. Je pense que cela est vraipour certains de ses aspects – la révolutionde la technologie de l’information n’en estqu’à ses débuts et ne s’arrêtera pas de sitôt. Mais il faut dénoncer comme un men-songe l’idée qu’il n’y a rien d’autre à faireque de s’accommoder de la mondialisa-tion. Cela est absolument faux. La formequ’a prise la mondialisation est aussi lerésultat de politiques qui peuvent être chan-gées. Si le modèle actuel de la mondialisa-tion ne change pas, il disparaîtra.

»Notre tâche commune consiste à mode-ler la façon dont les choses évoluent pourque le pouvoir et le potentiel du marchémondial, de l’économie de la connaissanceet de la société des réseaux se fassent sen-tir dans toutes les nations, tous les villageset tous les ménages.

»À l’OIT, nous sommes convaincus quela mondialisation ne durera que si elle per-met d’offrir un travail décent à tous. C’estmon épreuve de vérité pour la mondialisa-tion. Si elle peut être mise au service del’être humain, alors elle sera valable.

»Nous avons ouvert la voie en faisantaccepter le travail décent comme objectif.Ce n’est pas une notion intellectuelle, c’estseulement une idée, un concept qui corres-pond à l’aspiration la plus profonde de toutêtre humain, quelle que soit la société danslaquelle il vit et que celle-ci soit dévelop-pée ou en développement. C’est la manièredont les hommes et les femmes ordinairesexpriment leurs besoins et jugent dans unelarge mesure la qualité de leur existence.»

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epuis son indépendance,l’Inde a accompli de grandsprogrès sur le plan écono-mique. Ces dernières années,les mesures de libéralisation

économique se sont traduites par unecroissance du PNB de plus de 5% paran et une remontée de l’investissementétranger. Cependant, certaines questions,en particulier sur le front de la valo-risation des ressources humaines, doi-vent être résolues pour garantir la via-bilité de ce processus économique. Cesont notamment les questions socialestelles que l’alphabétisation, l’accès auxservices de santé et d’assainissementet l’état nutritionnel de la population.Le travail des enfants constitue à cetégard un grave problème.

En Inde, le travail des enfants cons-titue un phénomène complexe et gi-gantesque. Dans tout le pays, des millionsd’enfants sont employés dans unemultitude d’entreprises où ils exercenttoutes sortes de métiers. Les estima-tions vont de 11,28 millions selon lerecensement de 1990-91 à 17,2 mil-lions selon la National Sample SurveyOrganization. Et selon les évaluationsofficieuses d’ONG et d’autres recher-ches, elles se situent entre 44 et 110millions. Environ 90% de ces enfantstravaillent dans les zones rurales etenviron 2 millions dans des branchesd’activité dangereuses. Une grande partiede ce travail n’est pas reconnue – c’estle cas des travaux domestiques et del’agriculture familiale – et enfreint lesdroits de l’enfant. D’autres formes detravail, liées à la traite des enfants et

à la prostitution, sont clandestines etpassent inaperçues.

Lors d’un récent voyage en Inde, JuanSomavia, Directeur général du BIT, s’estrendu au Jigyansu Tribal Research Centre,qui se trouve dans le quartier Seemapuride Delhi, c’est-à-dire le quartier deschiffonniers. Ici, l’IPEC appuie depuis1996 un projet qui consiste à soustraireles enfants à leur travail de chiffonnierspour leur dispenser un enseignementde type non conventionnel avant deles envoyer à l’école primaire. Ces enfants,

Travail des enfants: Nouvelles de l’Inde

Des enfants indiens abandonnent leurstravaux dangereux pour apprendre

à lire et à écrireL’Inde est le premier pays qui ait adhéré au Programme international de l’OIT pourl’abolition du travail des enfants (IPEC). Depuis 1992, l’IPEC a forgé en Inde une série departenariats avec des organisations d’employeurs et de travailleurs, des ONG etd’autres institutions qui luttent contre le travail des enfants. L’OIT et le gouvernementindien viennent de signer un mémorandum d’accord prolongeant de deux ans lemandat de l’IPEC dans le pays. Kiran Mehra-Kerpelman, du BIT, fait le point sur ce projetphare de l’OIT.

dont la majorité sont âgés de 6 à 14ans, commencent à travailler très jeu-nes, soit qu’ils aient abandonné l’école,soit qu’ils n’y soient jamais allés. Ilsont souvent des problèmes de santé,maladies de la peau ou pieds enflés àforce de passer des journées entièresdans les ordures et la saleté. Selon qu’ilsbénéficient ou non d’un encadrementfamilial, ils risquent de tomber dans lapetite délinquance, le trafic de drogue,le jeu, l’alcoolisme, etc.

«Le projet détourne les filles et les

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S’il vous plaît, Monsieur, aidez-nous à aller à l’école !

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garçons de leur occupation insalubrede chiffonniers et leur offre, outre lapossibilité de s’instruire ailleurs quedans la rue, un déjeuner par jour, desuniformes, des jeux, l’apprentissage d’unmétier, des examens médicaux et desmédicaments pour soigner leurs maux»,explique Neeti Mahanti, secrétairegénéral et directeur du centre, qui estaussi l’instigateur de ce projet. «Nousaidons aussi les mères à acquérir desqualifications utiles pour trouver unemploi et gagner leur vie, nous leurdonnons des cours de marketing et lesaidons à obtenir des crédits à court

verre, du tapis, de la taille des diamants,du polissage des pierres précieuses, del’ardoise, de la fabrication d’allumet-tes et de feux d’artifice, du coton etdes textiles – ont indirectement béné-ficié du programme.

Une centaine d’ONG se sont asso-ciées aux activités de l’IPEC. La plusgrande centrale syndicale du pays demême que des organisations d’em-ployeurs ont apporté leur concours àdivers projets de l’IPEC, mobilisanttravailleurs et employeurs contre letravail des enfants.

Lors du renouvellement de l’accord

terme pour monter de petites entrepri-ses et se mettre à leur compte.»

Durant ses premières années en Inde,l’IPEC a conçu différentes méthodes delutte contre le travail des enfants. Unaspect important de sa démarche con-siste à proposer aux enfants un ensei-gnement non conventionnel qui abou-tit par la suite à l’inscription dans lesystème officiel. Cette méthode, engénéral mise en œuvre par les ONG, apermis de libérer environ 100 000 enfantsdes travaux dangereux auxquels ilsétaient astreints. Et beaucoup d’autres– notamment dans les industries du

Entretien de M. L. Mishra,secrétaire (ministère du Tra-vail), gouvernement de l’Inde,avec Travail.

Travail : L’Inde a été le premier paysà adhérer à l’IPEC, en 1992, et unepionnière dans la lutte contre le tra-vail des enfants. Où en est aujourd’huidans ce domaine la plus grande dé-mocratie du monde ?

M. Mishra :Nous avonsdécidé de lapolitique àconduire enmatière de tra-vail des enfantsen août 1987.Depuis 1988,nous mettons

en œuvre notre programme nationald’action par le biais des projets na-tionaux contre le travail des enfants(NCLP). À l’heure actuelle, nous avons91 NCLP dans le cadre desquels890000 enfants sont libérés du travail,reçoivent une instruction, sont nourriset apprennent un métier afin de réap-prendre à mener une vie normale. EnInde, le problème du travail des en-fants atteint des proportions immenses(11,28 millions d’enfants travaillent,selon le recensement de 1991). Lesfonds de l’IPEC compléteront le Pro-gramme national d’action. D’ailleurs,jusqu’à présent, plus de 100 000 enfantsont profité de 160 projets de l’IPEC.

Travail : L’une des causes principa-les du travail des enfants étant la pau-vreté, diriez-vous que le gouvernementet l’IPEC, avec leurs partenaires, se

sont suffisamment attaqués à ce pro-blème pour permettre aux enfants d’ar-rêter de travailler et d’aller à l’école ?

M. Mishra : Le travail des enfants en-gendre la pauvreté et la pauvreté engen-dre le travail des enfants. Un enfant détruitdans son très jeune âge ne peut devenirun membre productif de la société. L’IPECn’a pas vocation à éliminer la pauvretédes parents mais à libérer les enfants dutravail et à leur apprendre à mener unevie normale en leur donnant une instruc-tion, de la nourriture et une formationprofessionnelle. Des programmes spé-ciaux du gouvernement visent l’éradi-cation de la pauvreté, du chômage et dusous-emploi des parents. En Inde, plusde 300 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté, vouscomprenez donc que la pauvreté ne peutêtre éliminée du jour au lendemain. Celane peut se faire que progressivement, parétapes. Notre politique s’oriente dansplusieurs directions : nous combattonsla pauvreté, le chômage et le sous-emploides parents en même temps que le travaildes enfants par des stratégies et des pro-grammes intégrés.

Travail : À l’occasion du récent voyagedu Directeur général du BIT en Inde,il a été dit que l’Inde ratifierait bientôtla convention no 182. A votre avis, quellesseraient les mesures les plus efficacespour éliminer les pires formes de travaildes enfants en Inde ?

M. Mishra : Nous avons terminé lesconsultations interministérielles tripar-tites. Nous espérons obtenir prochai-nement l’approbation des autorités com-pétentes pour la ratification de la con-vention no 182. Le meilleur moyen delutter contre les pires formes de travail

des enfants est la sensibilisation desemployeurs et des parents. Pour cela,nous avons besoin d’une mobilisa-tion massive dès que les enfants ontl’âge d’aller à l’école et nous devonscréer un climat social dans lequelle travail des enfants soit perçu commequelque chose de mal. En outre, l’ap-plication stricte de la loi est unecondition indispensable de réussite.

Travail : Compte tenu de la moder-nisation rapide de l’Inde dans ledomaine de la technologie, le paysétant l’un des plus avancés dans laconception de logiciels, on peut presqueaffirmer qu’il existe une «mondiali-sation interne» et une améliorationde la situation économique. Quel effetcela peut-il avoir sur le travail desenfants ?

M. Mishra : Le phénomène du tra-vail des enfants est dû en partie audéveloppement inégal et inéquita-ble de différentes régions du payset en partie aux mentalités, c’est-à-dire aux modes, aux tabous, aux idéesconservatrices et aux pratiques obs-curantistes. La modernisation qui esten train de se produire sur le frontde la technologie aidera à éliminerle travail des enfants si elle atténueles disparités régionales et favoriseun développement stable et équita-ble dans tout le pays. Dans la mesureoù la modernisation s’appuie sur desvaleurs rationnelles, laïques et scien-tifiques, elle contribuera sans aucundoute à l’élimination des mentalitésqui sont responsables de l’inventionet de la perpétuation du travail desenfants.

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La formation, unequestion de survie

Pour que l’usine de pâte à papier de la ville de Juan Lacaze,en Uruguay, continue à fonctionner, il fallait remplacer etmoderniser les machines pour des raisons économiqueset écologiques et afin de répondre aux exigences del’exportation. Le changement a engendré des exigencesnouvelles – les travailleurs ont dû se familiariser avec denouvelles techniques de production et la direction appren-dre de nouvelles méthodes de gestion. Mario Trajtenbergexplique comment une convention collective et un accordde formation inédits ont permis de sauver des emplois etd’améliorer la production.

entre le BIT et le gouvernement, M.Somavia a annoncé une augmentationsubstantielle du budget consacré à luttecontre le travail des enfants en Indepour la période 2000-2001. Il a sou-ligné le fait que le BIT s’engageait àappuyer le gouvernement et les autrespartenaires sociaux dans la recherchede solutions efficaces. Durant les deuxannées à venir, le principal volet duprogramme IPEC en Inde sera un projetd’environ 2,55 millions de dollars visantles pires formes de travail des enfantsdans six districts. Un ensemble de 14stratégies élaborées sur la base desdonnées d’expérience réunies par l’IPECdans le pays, sera mis en œuvre pourconsolider durablement la lutte contrele travail des enfants.

Environ 50 000 enfants seront libé-rés des pires formes de travail et leursfamilles se verront proposer des moyensde compléter leurs revenus. A la fin deces deux années également, le projetd’environ 4,18 millions de dollars, ac-tuellement en cours d’exécution enAndhra Pradesh, sera terminé. «L’IPECest en train de passer d’une démarchefragmentée à une stratégie d’ensemble.Nous devrions pouvoir dire aux en-fants qu’ils peuvent compter sur nous,les adultes, pour faire tout notre pos-sible pour les libérer des pires formesde travail.»

L’IPEC jouera aussi le rôle de chefde file des organismes des Nations Uniesprésents en Inde, en ce qui concernel’action à mener contre le travail desenfants. Cela donnera suite à l’initia-tive récemment prise par le BIT pourconcevoir et coordonner une démarchecommune aux institutions présentesdans le pays.

Kiran Mehra-Kerpelman

uan Lacaze, Uruguay – Alorsqu’une pâte de cellulose sècheet qu’un ruban de papierbrillant serpente à traversd’énormes rouleaux, les doigts

d’Annibal Villanueva volent sur un termi-nal d’ordinateur.

«Avant, nous mettions tout en route unitépar unité et arrêtions les rouleaux manuel-lement en cas de pépin», se souvient M.Villanueva, 45 ans, qui travaille à l’usine depâte à papier de Fanapel depuis l’âge de 18ans. «A présent, je contrôle presque toutdepuis ici», ajoute-t-il.

Les temps ont changé depuis que M.Villanueva et beaucoup de ses collèguestravaillaient dans l’ancienne cabine de con-trôle, surveillant chaque machine, fonctionpar fonction. Aujourd’hui, le logiciel spé-cialement conçu avec des illustrations biendessinées et des couleurs vives, lui donnel’information en temps réel sur chaque ma-chine, montrant exactement la rapidité aveclaquelle le mélange de cellulose sèche et larégularité avec laquelle le ruban de papierprogresse le long de la chaîne.

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L’évolution des conditions de travail aaidé Fanapel à demeurer rentable mais aentraîné des difficultés nouvelles à surmon-ter pour les travailleurs et les dirigeants.

«Avant ces changements, quand un ou-vrier détectait un défaut sur le papier, de lapeluche par exemple, il était censé ne riendire; le contrôle de la qualité n’était pas sonaffaire. Aujourd’hui, nous devons renvoyertout produit qui comporte un défaut.» Celaveut dire que les ouvriers ne peuvent plusrester passifs; ils doivent se mettre à la placedu fournisseur et du client; ils doivent an-ticiper les réclamations des acheteurs.

Le recyclage n’a pas été chose facile pourtous les ouvriers et plusieurs ont préféréconserver des emplois routiniers ou partir.

«Aujourd’hui, nous produisons 48 ton-nes de papier en une journée de huit heuresalors qu’avant, nous n’en produisions que25», dit-il. «Nous avons dû nous adapterà un nouveau volume de travail, à de nou-velles responsabilités et à une forte aug-mentation de l’information que nous trai-tons.»

«Small is beautiful»Après la fermeture de l’usine textile de la

ville, il y a sept ans, qui a provoqué 800licenciements, cette usine de pâte à papier estdésormais le plus grand employeur local.Fanapel emploie à peine moins de 500 per-sonnes, possède sa propre forêt d’eucalyptuset, avec des ventes de papier qui représentent63 millions de dollars des États-Unis par an,est le principal producteur du pays.

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Par rapport à la production des pays voisins,l’Argentine et le Brésil, ce n’est pas un grosvolume. Cependant, la production à petiteéchelle présente certains avantages, mêmesur un marché dominé par des géants. Il ya dix ans, des consultants finlandais ontconseillé à l’entreprise de concentrer saproduction sur le papier d’imprimerie depremière qualité. De ce fait, elle est mainte-nant réputée pour son papier glacé utilisépar exemple pour la fabrication d’étiquetteset de prospectus. Les grandes usines préfè-rent laisser la fabrication de ce produit gé-néralement acheté en relativement petitesquantités à des petits producteurs.

Pourtant, le marché uruguayen pourraitutiliser du papier importé qui est meilleurmarché, surtout depuis que les importationssont détaxées au sein du Mercosur, uniondouanière de quatre pays. «D’accord, maisnous avons un avantage supplémentaire»,explique Anibal Grasso, le directeur desressources humaines, «nous livrons en 24heures et assurons le service après vente».

Les changements radicaux qui ont étéapportés à la production il y a six ans ontexigé le remplacement et la modernisationd’une partie de l’équipement. Il a fallu parexemple rendre les normes écologiques plusstrictes, ce qui répond à une préoccupationtrès importante car la production de papierétait l’industrie la plus polluante de l’Uru-guay après les tanneries. Elle a aussi réussià augmenter de 30 à 65% ses exportationsà partir de sa propre production.

Les importants investissements réalisésalors englobaient le coût, en temps et enressources, du recyclage du personnel. Avecl’aide d’analystes de Cinterfor, le bureau del’OIT à Montevideo, qui centralise les acti-vités de formation, des compétences clésont été recensées dans différents domainestels que l’acquisition de moyens de produc-tion, la supervision, la fabrication, la santéet la sécurité des travailleurs. Le serviced’apprentissage industriel du Brésil(SENAI) a contribué à la formation d’ins-tructeurs, ainsi l’usine dispose maintenantde son propre instrument de formation quia été pour beaucoup dans l’augmentationde la productivité.

Un accord tout nouveauMais ce qui fait l’originalité de cette opé-

ration de formation et de recyclage, c’est le

fait qu’elle ait été négociée entre Fanapel etl’union des travailleurs de l’industrie dupapier et de la cellulose.

«C’est l’un des rares exemples de négo-ciation collective mettant fortement l’accentsur la formation», fait observer OscarErmida, expert régional du BIT. «Elle va àl’encontre d’une résistance innée des em-ployeurs, qui ont toujours un œil sur le coûtde la formation. Ils savent désormais queles nouvelles méthodes de production et degestion imposent le recyclage du personnelet que c’est un gage de réussite.»

«Le deuxième obstacle à surmonter pro-vient de ce que, pour faire face aux nouvel-les exigences, il faut un personnel instruit».A Fanapel, selon M. Grasso, 73% du per-sonnel a le niveau de fin d’études secondai-res, ce qui a facilité le changement.

«Et le troisième problème est que les en-treprises n’ont pas abandonné l’idée de ré-duire les contrats à long terme, sans lesquelstout programme de formation est vain». Laconvention collective de 1995 réglemente lasous-traitance à des entreprises extérieuresdont certaines ont d’ailleurs été créées pard’anciens salariés .

Protection de l’emploiLa convention collective signée en 1995 à

Fanapel prétend «réglementer les relationsdu travail dans le cadre d’une conceptioncommune du rôle de l’entreprise... supposantun changement technologique et un nouveaumode d’organisation». La direction de Fanapel– conformément aux normes de l’OIT – s’estengagée à partager avec les ouvriers l’infor-mation sur la situation économique et finan-cière de l’entreprise ainsi que les perspecti-ves de celle-ci en matière de débouchés etd’investissements. Cette convention institueen outre un comité mixte direction-personnelqui est mandaté pour vérifier tout licencie-ment éventuel.

Elle autorise la sous-traitance de certainstravaux et des tâches précises, «lorsqu’ilssont trop spécialisés ou ne requièrent aucunequalification particulière, lorsqu’ils présen-tent un caractère temporaire ou lorsqu’ilsfont partie d’un procédé central de fabrica-tion». Les procédures adoptées compren-nent l’acceptation d’un minimum (50 em-plois) de licenciements jugés nécessaireslors de l’entrée en vigueur du nouveau moded’organisation.

La convention reconnaît que la formationdes travailleurs et le fait qu’ils s’identifientaux objectifs de l’entreprise sont essentielspour l’organisation des emplois flexiblesdont a besoin une usine productive et com-pétitive. La formation relève du libre choixde chaque travailleur mais leur carrière dé-pend de leurs résultats et des connaissancesthéoriques et pratiques qu’ils acquièrent.

Une autre caractéristique originale de cetteconvention est la nouvelle grille des rému-nérations. Un traitement de base est fixépour chaque emploi en fonction du niveauet de la complexité des tâches à accomplir.A cela s’ajoute un élément de «rémunéra-tion variable» qui est fonction des résultatsglobaux de l’entreprise, calculée sur la basede la situation financière et de la compétiti-vité de celle-ci.

L’avis des travailleursLorsqu’on lui a demandé quels étaient les

effectifs du syndicat et comment celui-ci aréagi à la convention collective, Omar Diaz,le secrétaire du syndicat, a répondu : «90%des ouvriers payés à la journée et 20% descols blancs sont syndiqués. Nous nous sen-tons soutenus dans notre stratégie de rela-tions avec la direction. La quasi-totalité desmembres de notre comité syndical ont faitliste commune et ont été réélus pendant les16 dernières années», c’est-à-dire aussipendant la période de réforme, lorsque lastructure des emplois a été modifiée et lenouveau barème des traitements adopté.

De l’avis du syndicat, il était évident quesi on changeait radicalement les méthodesde production et qu’il fallait absolumentdonner une formation complémentaire auxgens, des aspects nouveaux devenaient né-gociables.

«Quant à la motivation de la direction»,ajoute-t-il, «mon sentiment est qu’il n’auraitpas été possible de procéder à d’aussi vasteschangements dans les domaines de la tech-nologie et du contrôle de la qualité, sans unaccord entre les deux parties. On s’est aussirendu compte que, pour que l’entrepriseconserve sa compétitivité, il fallait abaisserles coûts et changer les méthodes de super-vision. Il fallait que la chaîne de montagedevienne un véritable partenaire.»

Photos : Mario Trajtenberg

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AR ES-SALAAM – Commebien des grandes villes dumonde, la capitale de la Tanza-nie a constitué un véritable pourles habitants des zones rurales,

en quête d’une vie meilleure. Cet exoderural a causé des problèmes dus à l’urbani-sation sauvage et au manque d’eau.

Il a aussi engendré le chômage, poussantbeaucoup de jeunes hommes non qualifiésà exercer des activités traditionnellementréservées aux femmes. C’est parce que cetteconcurrence était devenue trop rude dans lesecteur alimentaire que Mme Msosa et sasœur, toutes deux membres du Fonds dedéveloppement des femmes de Kisutu

Des emploisavec des détritus

Balayant les obstacles, des femmes créent leurs propres emplois

«Nous n’avions pas le sou. Et ce n’est pas en vendant des casse-croûte que nouspouvions gagner correctement notre vie.» Voila pourquoi Mwanaidi Msosa et vingtde ses voisines se sont mises à ramasser les ordures, innovant dans la lutte contrele chômage par la création de petites entreprises privées. Elaine Eliah, journaliste,raconte.

D(KIWODET) se sont mises à chercher desmoyens de gagner leur vie d’une autre façon.

Le ramassage des ordures ? Ce n’est pasà proprement parler une tâche typiquementféminine.

«Si les hommes peuvent faire ce travail,pourquoi pas nous ?» dit-elle. « Pourquoipas des femmes?»

Il faut dire qu’en 1995 les employés mu-nicipaux ramassaient à peine 5% desdéchets solides de Dar es-Salaam. Tout achangé à partir de 1998, lorsque des fem-mes que rien ne pouvait arrêter, comme lesvingt membres du KIWODET, firent leurapparition dans la rue avec leurs balais.

Elles se firent très vite une bonne réputa-

tion : parce qu’elles faisaient un travail dé-sagréable et parce qu’elles le faisaient bien.Lorsqu’elles eurent davantage de moyens,elles achetèrent des sacs en plastique qu’el-les distribuèrent aux habitants de Kisutu enleur proposant de venir les ramasser unefois pleins et de les jeter dans une déchargecontre la somme de 200 shillings par sac.

Six mois plus tard, lorsque la Commis-sion municipale de Dar es-Salaam (DCC)décida de privatiser le service d’enlèvementdes ordures et le nettoyage des rues,KIWODET était prêt. Il a répondu à l’appeld’offres avec d’autres entreprises et organi-sations pour faire le travail dans son quar-tier, le quartier mtaa. Les soumissionnaires

Le ramassage des ordures ? Ce n’est pas à proprement parler une tâche typiquement féminine.«Si les hommes peuvent faire ce travail, pourquoi pas nous ? Pourquoi pas des femmes?»

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Boosting EmploymentthroughSmall EnterprisEDevelopment

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retenus se virent accorder des permis deramasser les ordures dans des zonesprédéfinies et aussi de collecter une taxe autaux fixé par la DCC.

Des compagnies privées ont remporté lesmarchés du centre-ville et d’autres quartiersimportants qu’elles nettoyaient déjà aupara-vant en étant payées par la ville. Mais lequartier mtaa de Kisutu n’avait jamais eu unservice d’enlèvement régulier. Les résidentsavaient l’habitude d’enterrer ou de brûlerleurs ordures. Le décret municipal interdi-sant l’incinération les prit par surprise etl’idée de payer pour l’enlèvement de leursdéchets les mit très en colère.

«Il a fallu changer la mentalité des gens,les amener à accepter de payer pour se dé-barrasser de leurs ordures», explique AlodiaIshengoma, coordinatrice du projet de ges-tion des déchets solides (SWMP) du BIT.Elle a aidé les organisations communautai-res, dont beaucoup sont des groupementsinformels de voisinage, à présenter leursoffres et à obtenir la licence. Après quoi,des institutions qui collaboraient au projetleur apprirent des rudiments de gestion desassociations et de gestion d’entreprise. En-suite, Alodia proposa de mener des campa-gnes de sensibilisation dans les quartiersdésignés. Les groupes reçurent de l’aidepour acheter des brouettes, des charretteset des vêtements de protection.

Aujourd’hui, les entreprises privées etles organisations communautaires ramas-sent environ 35% des déchets solides deDar es-Salaam. Et cela se voit. La ville estplus propre et environ 1000 emplois ont étécréés, dont plus de la moitié pour des fem-mes, et de jeunes chômeurs – de plus de 16ans – ont trouvé là un moyen de se faire unpeu d’argent.

Recyclage

Mais aussi bien pour les grandes entre-prises que pour les organisations commu-nautaires, la collecte directe de la taxe poseun problème. En outre, les organisationscommunautaires n’ont pas les camions né-cessaires pour transporter les tas de déchetsaux décharges ou les objets recyclables auxacheteurs. La DCC avait promis de prêterles camions municipaux aux petites associa-tions, mais cela n’a pas duré longtemps etcelles-ci doivent louer des véhicules, ce quiréduit d’autant leur profit. Le recyclageconstitue donc une activité marginale lucra-tive.

«Il y a cinq grands produits recyclables»,explique Godfrey Mwendwa, qui s’occupedu volet recyclage du projet SWMP: «lepapier, le plastique, le métal, le verre et lesdéchets organiques». Mais le manque d’eau

Secteur informel ou économie informelle ?

Désormais, le secteur informel n’estplus considéré comme un phénomènemarginal et transitoire limité aux pays endéveloppement. Il est reconnu commeétant un grand créateur d’emplois, unfilet de sécurité en temps de crise écono-mique, un lieu où s’épanouit l’esprit d’en-treprise, et certainement plus un phéno-mène caractérisant le seul tiers monde.Dans la plupart des pays en développe-ment et en transition, la grande majoritédes emplois et des activités génératricesde revenu se trouve dans ce que l’onappelle aujourd’hui «l’économie infor-melle» et sont de plus en plus considéréscomme faisant partie intégrante de l’éco-nomie dans son ensemble. Il ne demeurepas moins, cependant, que ces activitéssont réalisées dans des conditions diffi-ciles et rapportent tout juste de quoivivre.

Le Programme SEED lance une séried’initiatives censées contribuer à la créa-tion d’un environnement favorable à l’ex-pansion du travail décent dans l’écono-mie informelle. Il réalise des études detendances sur la base desquelles il pro-pose des projets pilotes et des program-mes d’action à mettre en œuvre aux éche-lons local, institutionnel et national. L’ap-pui aux partenariats publics et privéscomprend une «boîte à outils» compo-sée de directives, de modules de forma-tion et d’études de cas à l’usage desautorités locales, premiers intermédiai-res entre les chefs d’entreprise et lesmicroentreprises de l’économie urbaineinformelle.

Autre thème que SEED étudie et dont ilévalue les conséquences sur le travaildans l’économie informelle : les effetssociaux de la mondialisation. L’aide à lasyndicalisation des travailleurs, en parti-culier des femmes, constitue une straté-gie essentielle pour augmenter la visibi-lité des travailleurs du secteur informel,promouvoir leur aptitude à diriger, garan-tir qu’ils soient représentés et entenduset offrir un cadre institutionnel pour laprestation de services tels que l’épargneet le crédit, la santé et la prise en chargedes enfants. Enfin, sont actuellement àl’étude des propositions concernant l’or-ganisation en 2002 d’un débat général et/ou d’un événement mondial sur le sec-teur informel pour le 30e anniversaire dela mission du BIT au Kenya à l’occasionde laquelle l’importance du secteur infor-mel pour les politiques de l’emploi et lesmesures sociales a été mise à jour pour lapremière fois.

Dans la quête du travail décent, c’estsans doute l’économie informelle qui pré-sente le plus grand défi parce qu’elletraverse tous les grands domaines del’action de l’OIT et exige une étroite col-

laboration avec de nombreux partenai-res sociaux.

Travail à domicile dans l’économiemondiale

Le travail à domicile est une forme detravail ancienne et souple qui est en trainde faire un retour en force, poussé parl’évolution technologique, la restructu-ration économique et les nouveaux mo-des d’organisation de la production etdu travail. Les travailleurs à domicilesont généralement placés à la fin de lachaîne d’entreprises de différentes di-mensions et de degrés différents de for-malité /informalité, qui exercent leur ac-tivité aux échelons national et interna-tional. Le travail à domicile, traditionnel-lement associé à des activités à faibleproductivité et à forte intensité de main-d’œuvre, fait aujourd’hui son apparitiondans des secteurs de pointe et absorbeune main-d’œuvre hautement qualifiée.

Les données sur l’ampleur et les ca-ractéristiques du travail à domicile sontinsuffisantes et peu sûres car cette for-me de travail est souvent «absente» desstatistiques et difficile à distinguer dutravail indépendant avec lequel elle estsouvent associée dans les calculs. Lalégislation du travail ne définit pas clai-rement les droits des travailleurs à domi-cile et ceux-ci ne sont pas rigoureuse-ment observés. La qualité des emploisexercés dans cette forme de travail estfonction de la répartition entre les sexes,les femmes étant concentrées dans unegamme plus étroite de métiers que leshommes, qui se caractérisent par uneplus faible productivité, une rémunéra-tion inférieure et plus irrégulière, aucuneassurance sociale et une plus grandeinstabilité.

La recherche et les projets de coopé-ration technique réalisés dans plusieurspays asiatiques et, plus récemment, enAmérique latine, ont contribué à unemeilleure compréhension du travail àdomicile et des processus socio-éco-nomiques de différenciation entre leshommes et les femmes dans lesquelsil trouve son origine. La conventionno 177 et la recommandation no 184 del’OIT concernant le travail à domicilereflètent ces efforts.

Le Programme SEED permettra demieux comprendre les effets de la mon-dialisation et de la sous-traitance surl’ampleur, l’évolution et les caractéristi-ques du travail à domicile. Sur le terrainet en partenariat avec le Bureau desactivités pour les travailleurs, SEED aideles travailleurs à domicile à surmonterleur isolement en les incitant à consti-tuer entre eux des organisations repré-sentatives et à créer des réseaux avecdes institutions qui les appuient auxéchelons national et mondial.

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ANILLE – Pendant onzeans, jusqu’en 1996,Emmalyn Arevalo, fabri-cante de chaussures, a tra-vaillé de l’aube au crépus-

cule pour faire fonctionner son entre-prise «Arda Shoes», installée dans sapropre maison, au sud de Manille.

Emmalyn fait partie des millions dechefs d’entreprise que l’on appelle les«negosyante», dans ce pays, les Philip-pines, où les petites et très petites en-treprises, qui constituent à peu près 85%des entreprises, sont depuis plusieursdizaines d’années le moteur de la crois-sance, véritable colonne vertébrale del’économie du pays.

Imprégnée d’une très ancienne tradi-

tion familiale, Emmalyn gérait sa petiteboutique avec l’aide de membres de safamille. Et en période de pointe, elleembauchait des travailleurs supplémen-taires.

Cependant, malgré les efforts de toutela famille, l’entreprise était pratique-ment au point mort.

Le peu de bénéfices qu’elle faisaitsuffisait à peine pour satisfaire les be-soins essentiels de la famille.

En 1997, la formation dispensée parle BIT et l’organisme philippin de pro-motion de l’entreprise pour le progrèssocial (PBSP) a changé cette situation.Grâce au projet expérimental intitulé«Améliorez vos conditions de travailpour faire de meilleures affaires» (IWEB),

«Les affaires reprennent»Manille : aider les «negosyante» à mieux

gérer leurs entreprises

Comme toutes les entreprises familiales, la fabrique de chaus-sures d’Emmalyn Arevalo a eu beaucoup de mal à démarrer.Puis est venu le projet de formation du BIT intitulé «Améliorezvos conditions de travail pour faire de meilleures affaires» qui luia montré comment accroître sa productivité et sa compétitivité.Aujourd’hui, l’entreprise «Arda Shoes» est florissante. IsabeloA. Samonte, journaliste, explique pourquoi.

Le programme du BIT de formation des chefs d’entreprise a fait de l’atelierd’Emmalyn l’un des plus prospères de la région.

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nous empêche de laver suffisamment bien leplastique pour que les acheteurs le prennentet de faire toute l’année du compost avec lesdéchets de fruits et légumes – activité ren-table uniquement pendant les saisons hu-mides.

Amélioration des serviceset création d’emplois

Pour encourager le travail en réseau etl’échange d’information entre les nouvellesentreprises, le SWMP a également contri-bué à la création de l’Association tanza-nienne de gestion de l’environnement et desdéchets (TEWA). Cette association, qui secompose de 50 des 70 entreprises autori-sées à exercer à Dar es-Salaam, se proposede défendre les intérêts de ses membres etde les aider à se procurer une assistancetechnique et financière.

Une année seulement après le lancementdu projet, Dar es-Salaam a démontré que lapetite entreprise privée pouvait organiser unservice d’enlèvement des ordures avec beau-coup plus d’efficacité que ne le pourrait unemunicipalité désargentée. Compte tenu dela réussite de la collecte des déchets solides,il serait envisageable de confier également àdes petites entreprises de ce type l’organi-sation d’autres services collectifs tels quel’approvisionnement en eau, la collecte destaxes de parking et l’entretien des marchés,à condition que les autorités locales les yautorisent. La formation de telles entrepri-ses favorisera l’essor du secteur privé et lacréation d’emplois durables.

Bien que KIWODET ait renouvelé soncontrat pour trois ans, il est difficile de nepas voir les monceaux de produits recyclabless’accumuler autour de la maison de Mme

Msosa. Les femmes espèrent que les possi-bilités de recyclage et aussi l’approvision-nement du quartier en eau s’amélioreront.Les organisations communautaires pensentque la DCC ou d’autres pourraient les aideren leur prêtant des véhicules ou en louantdes camions de plus grandes entreprisespour ramasser les ordures des petits quar-tiers. Elles aimeraient aussi que la ville deDar es-Salaam se donne plus de mal pouréduquer les gens et leur apprendre à accep-ter de payer pour l’enlèvement des ordures.

«C’est aussi pour leur bien, une questionde salubrité». explique Mme Msosa. Sonassociation travaille toujours beaucoup.«Lorsqu’ils nous voient ramasser les dé-chets, ils ont honte de ne pas payer.»

Elaine Eliah

Elaine Eliah est une journaliste free-lance en poste en Ouganda.

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Emmalyn est devenue l’un des chefsd’entreprise les plus prospères de larégion.

Améliorez vos conditionsde travail pour faire

de meilleures affaires(IWEB)

L’exemple d’Emmalyn illustre lafaçon dont l’accroissement de la pro-ductivité et de la compétitivité parl’amélioration des conditions de tra-vail peut aider des entreprises qui lut-tent durement depuis des années poursurvivre.

«Ce fut un immense progrès», raconteEmmalyn en se souvenant des difficul-tés auxquelles elle se heurtait aupara-vant.

Dès sa formation terminée, les résul-tats de son entreprise se sont amélio-rés. Elle a donné la priorité à l’amélio-ration des conditions de travail enprocédant à plusieurs innovations:amélioration des relations familialesfondées sur la confiance mutuelle,coopération et meilleure connaissancehumaine et technique de l’entreprise,contrôle plus vigilant de la qualité,amélioration du milieu de travail,amélioration de la configuration del’atelier et du flux de production pourde meilleures conditions de sécurité,production plus propre et plus efficace,meilleure tenue de la comptabilité etdonc contrôle des dépenses et des re-cettes, grâce auquel il a été possibled’augmenter de 20% la productionobtenue avec une même quantité dematériel.

L’expérience d’Emmalyn est main-tenant utilisée comme étude de cas etcitée dans les jeux de rôle du programmeIWEB.

Ce nouveau module de formation, quele programme focal de promotion del’emploi par le développement des pe-tites entreprises (SEED) est en train demettre au point, repose sur l’idée qu’aug-menter la productivité de l’entrepriseen améliorant les conditions de travailfavorisera la croissance de l’entreprise.

Une étude d’impact du BIT a montréque l’amélioration de la productivité,du revenu et du milieu de travail sontinterdépendantes, l’amélioration del’une ou l’autre de ces variables ren-forçant les autres. Selon cette étude, ilexiste deux problèmes : la mauvaisegestion et les mauvaises conditions de

AMÉLIOREZ VOSCONDITIONS DE TRAVAIL

POUR FAIRE DEMEILLEURES AFFAIRES

(IWEB)

IWEB est né de la combinaisonde deux programmes existants duBIT : le programme «Gérez mieuxvotre entreprise» (GERME) et leProgramme sur les améliorationsdu travail dans les petites entre-prises (WISE). La formation IWEB,qui s’appuie sur un manuel du chefd’entreprise et un guide du forma-teur, est conçue pour de très petitsateliers de fabrication, des secteursde la confection, de la menuiserieet de la métallurgie en particulier.Elle associe les notions de déve-loppement de l’entreprise et d’amé-lioration des conditions de travail,autrefois considérées séparément,en les adaptant aux besoins précisdes patrons de microentreprises.

Aux Philippines, le BIT a enseignéla méthode IWEB à 31 formateursqui ont à leur tour formé, dans unpremier temps, 69 patrons de mi-croentreprises des secteurs de lachaussure, du vêtement et de lamétallurgie.

«Un projet interrégional sera lancéen juin 2000 dans le cadre du Pro-gramme focal sur le développementdes petites entreprises, qui per-mettra d’élaborer plus avant lesystème IWEB ainsi que d’autresméthodes et outils servant à ac-croître la productivité et la qualitéde l’emploi dans les petites et trèspetites entreprises», explique RieVejs-Laursen, spécialiste de l’amé-lioration de la qualité du travail etdu développement de la petite en-treprise. «Et nous recenserons lesméthodes les plus efficaces utili-sées à l’échelle mondiale pourétendre la protection sociale auxtravailleurs, propriétaires et gérantsde petites et de très petites entre-prises, autre moyen d’améliorer laqualité de l’emploi .»

travail, «causes essentielles de l’insuf-fisance de la productivité et des béné-fices dans les petites et très petitesentreprises, qui à son tour amoindrit lacapacité et la volonté de l’entreprise àinvestir dans l’amélioration des con-ditions de travail».

L’enseignement à tirer est qu’«il faut

changer la mentalité des chefs d’entre-prise au profit de l’organisation et dela propreté du lieu de travail afin qu’ilsparviennent à des améliorations dura-bles des conditions de travail».

Qui dit qualité ne dit pasnécessairement baisse de la

rentabilité

En période de récession économique,les entreprises sont souvent tentées deretarder l’amélioration de la qualité dela vie au travail jusqu’au retour de tempsmeilleurs, de crainte que l’améliorationde la qualité du travail ne mange lesprofits. Aujourd’hui, cette situation achangé du tout au tout parce que leprogramme IWEB a permis aux entre-prises d’obtenir des résultats financiersconcrets et mesurables. L’idée selonlaquelle l’amélioration de la qualité del’emploi peut être «rentable» a été com-prise et elle est plus largement accep-tée.

Comme le dit Max Iacono, spécia-liste des entreprises pour le BIT à Ma-nille, les réponses aux problèmes desmauvaises conditions de travail dansce type d’entreprise ne peuvent êtreapportées que par une démarchemultidisciplinaire adaptée à la com-plexité technique des problèmes. Etencore : «Nous devons renforcer conti-nuellement le contenu, la méthode deformation et la diffusion de nos pro-grammes, tels que le IWEB».

Antécédents du ProgrammeIWEB

Le Programme IWEB n’est pas arrivédu jour au lendemain aux Philippines.Il est né de la fusion de certains élé-ments de WISE (Programme sur lesaméliorations du travail dans les peti-tes entreprises), mis au point par le Servicedes conditions de travail, avec des élé-ments de GERME (Gérez mieux votreentreprise) élaboré par le Départementde la création d’emplois et du dévelop-pement de l’entreprise. La mise en œuvrede WISE et de GERME a préparé leterrain à l’introduction de la notiond’amélioration de la productivité et dela compétitivité par l’amélioration dela santé et de la sécurité au travail ainsique des conditions de travail.

L’équipe multidisciplinaire de l’OITpour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique

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RISTINA – L’esprit d’entre-prise valeur innée ou valeurajoutée ? Telle n’est pas laquestion. Ce qui est certain,

en revanche, c’est que l’esprit d’entre-prise peut se développer même dans ledécor un peu irréel du Kosovo sousperfusion internationale.

La preuve est donnée par Albana, Arton,Vejsel et Fatime qui ont suivi, le mois

Un an après la guerre, reconstruction doit se conjuguer désormais avec emploi.Plus facile à dire qu’à faire, mais l’OIT a relevé d’emblée le défi avec un programmede formation à la gestion d’entreprise. Juan Pekmez, journaliste, était sur place pourcette «première».

Le Kosovo fait son «biznes»

(SEAPAT) fournit un appui techniqueet des conseils en ce qui concerne lesactivités du BIT qui visent à promou-voir la qualité de l’emploi dans les petitesentreprises de la région, comme le Pro-gramme IWEB. Avec les représentantsdu ministère du Travail et de l’Emploiet avec d’autres partenaires, la SEAPATse rend régulièrement sur les sites desprojets pour en suivre l’évolution etdonner des conseils.

Exécution de IWEB

Le rapport sur la mise en œuvre deIWEB aux Philippines mentionne la col-laboration du BIT avec quatre organi-sations partenaires, sous la conduite duBureau des travailleurs ruraux du mi-nistère du Travail et de l’Emploi. A cesorganisations se sont associées des en-tités du secteur privé telles que laFondation philippine du réseau CEFEInc., la Fondation Kahublagan SangPanimalay, Inc. (KSPFI) et PhilippineBusiness for Social Progress. Il a étédécidé d’axer les activités sur les bran-ches de la confection, de la métallurgieet de la chaussure parce que ce sont lesbranches dans lesquelles l’impact sem-blait devoir être le plus spectaculaire.

Le programme du Bureau des tra-vailleurs ruraux, à Binan (Laguna) con-sistait à offrir 10 000 pesos à chaqueentreprise participante. Cette sommedevait servir à améliorer le lieu de tra-

vail. Parfois, il fut dépensé pour l’achatde matériel tel que des machines à cou-dre rapides, des machines à récurer etpour la construction d’éléments d’in-frastructure tels que des murs d’enceinte,des ateliers supplémentaires, des toilet-tes et des robinets et pour améliorer lesconditions de travail, en améliorantl’éclairage, l’entreposage et la manu-tention, les postes de travail, etc.

Selon la consultante du BIT, MarilouCalzado, «l’amélioration des conditionsde travail est le fondement de l’amélio-ration de la productivité et de la qualitédes produits». Dans le contexte philip-pin, «il est très difficile pour une entre-prise d’obtenir la coopération des tra-vailleurs sans leur montrer que l’on s’in-téresse à leur situation».

Alors qu’à Binan les subventions de10 000 pesos ont été accordées à cha-que entreprise participante sous les aus-pices du BRW du ministère du Travailet de l’Emploi par le biais d’une coopé-rative, à Iloilo, les chefs d’entrepriseont obtenu directement auprès de la Ban-que de développement des Philippinesdes prêts qui leur ont été acheminés parle KSPFI, partenaire local.

Autre exemple : La forge KB (des nomsdu couple Kona et Bert Trojillo, pro-priétaires), petit atelier installé dans unehutte de 50 m2 à Iloilo, produit descouteaux et des lames de faux. Après ledécès de Bert, Kona s’est retrouvée, jeuneveuve, à la tête de l’entreprise, avecquatre ouvriers, un beau-frère, un cou-

dernier à Pristina, une formation de deuxsemaines dans le cadre du Programme«Start your business» (SYB) financé parla Belgique et mis sur pied par le BIT.Quinze jeunes Kosovars en tout, repré-sentant une demi-douzaine d’ONG ac-tives dans le domaine du microcrédit,sont désormais dans leurs starting-blockspour délivrer le message SYB aux quatrecoins de la province. Ils constituent la

première volée de formateurs au servicede la libre entreprise après un demi-siècled’économie dirigée et dix ans d’apart-heid.

Vejsel, certificat BIT en poche, rega-gne maintenant Prizren où son ONGs’efforce avec d’autres de redonner vieà l’économie locale en octroyant des prêtsaux personnes souhaitant relancer uneaffaire balayée par la guerre ou créer un

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sin et trois voisins. Elle emploie jus-qu’à trois personnes de plus pendant lapériode de pointe. Elle a participé à laformation IWEB organisée par le KSPFI.

Elle a alors élaboré un plan de réno-vation de son entreprise sur la baseduquel elle a obtenu un prêt de 30 000pesos pour six mois à 2% de la part duProgramme de financement pour le dé-veloppement du KSPFI. «La comptabi-lité est ce que j’ai appris de plus impor-tant. Avant, je ne savais pas ce qu’étaientles frais généraux ni comment les cal-culer. Maintenant je tiens un livre decomptes dans lequel j’inscris mes dé-penses et mes rentrées, ce qui me per-met de savoir combien je gagne. Jeconnais aussi le prix de revient unitaired’une faux et donc le prix auquel jedois la vendre», explique Kona. Travailler du métal tranchant et dumétal en fusion est extrêmement dan-gereux. Il a donc fallu améliorer lesconditions de travail pour éliminer lesdangers potentiels des différents travauxde la forge. Des outils et des postes detravail sur mesure ont été conçus etinstallés. Désormais, la forge KB est cor-rectement ventilée et bien éclairée etl’espace de travail est confortable.

Isabelo A. Amonte est actuellement correspondantde l’Asian Review of Business and Technology, qui ason siège à Londres. Il est journaliste free-lance etcollaborateur de Travail.

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nouveau «biznes». Ce mot longtempstabou dans cette région enclavée desBalkans est porteur de rêves. Il fait uneentrée remarquée dans le vocabulaire detous les jours, rassemblant toutes lesénergies et les espoirs d’une jeunesselargement majoritaire puisque 60% dela population ont moins de 30 ans. Vejselest confiant dans l’avenir : «Nous avonssu développer des structures démocrati-ques durant les heures les plus sombresde notre histoire récente. Nous sauronsfaire face aux nouveaux défis qui nousattendent dans l’édification économiquede notre société.»

Au siège de l’adminis-tration de l’ONU, à Pristina,Lajos Hethy, codirecteurchargé du Départementdu travail et de l’emploi,remplit les fonctions de«ministre» intérimaire.Ancien secrétaire d’État auministère hongrois duTravail, il a été mis à ladisposition de la Missionde paix au Kosovo par l’OIT.Autant dire que ce prochecollaborateur de BernardKouchner affronte au quo-tidien les mille et un pro-blèmes de l’après-guerreavec pragmatisme et luci-dité : «La jeunesse de la population estun excellent atout, mais c’est aussi unebombe à retardement. Aujourd’hui au

Kosovo, c’est sur notre capacité à gérerrapidement la formation professionnelleque nous serons jugés. Sans formationprofessionnelle, la création d’emplois estillusoire. Sans création d’emplois, sécu-rité sociale et système de pensions res-teront dans les limbes.»

Prise de conscienceHeureusement, la communauté inter-

nationale commence à prendre consciencedu problème. Dans les prochains mois,le BIT va créer plusieurs centres deformation professionnelle au Kosovo. Il

s’agit d’un projet de 2,1 millions de dollars,dont le financement est assuré par l’Italie.C’est un début. D’autres projets élaborés

par le BIT, concernant le développementdu secteur des PME, s’offrent aux bailleursde fonds. Ils ne sont certainement pasmoins stratégiques que la formationprofessionnelle : «Le Kosovo est une terred’élection pour l’entreprise petite etmoyenne, reprend Lajos Hethy. Réacti-ver et étendre ce secteur, même parcapillarité, sont des tâches prioritaires.Voilà pourquoi cette première volée deformateurs issue du Programme SYB estun capital précieux. Une fois repartis chezeux, ils se mettront au travail et nousaurons ainsi amorcé un effet boule deneige.»

Partage du savoirLavdije garde un souvenir lumineux

de son séjour à Pristina. Veuve de guerre(son mari, agent de voyages, a été prisdans une rafle), elle a quatre enfants àcharge et travaille pour une ONG à Gjakova.«J’ai découvert ici des raisons d’espérer.Dieter, notre formateur SYB, a su créerune atmosphère extraordinaire, détendue,amicale et en même temps strictementprofessionnelle. Je me dis que je ne doispas baisser les bras, qu’il faut que jem’accroche. Comme moi, il y a aujourd’huides milliers de femmes seules au Kosovo.Elles sont complètement démunies etdoivent assurer la survie de leurs enfants.Je dois les aider.» Lavdije, avec son bagagemarketing flambant neuf et sachant ceque «business plan» veut dire, s’apprêteà partir en campagne. Elle va transmettrece savoir à d’autres, à d’autres femmestrès probablement, dans la mesure où laplupart des ONG ont mis au point desprogrammes pour venir en aide à cettecatégorie vulnérable de la population.La composition du groupe animé par

Dieter, après audition de120 candidats, reflète luiaussi cette priorité : 12femmes, 3 hommes. Mais qu’entend-on par«gestion d’entreprise»,«marketing», «business»et «start-up» au Kosovo,un an après une catastro-phe humanitaire évitée dejustesse ? Mevlyde, Besaet Vahdet sont de retourà Peja, tout à fait à l’ouest,au pied des montagnes quiannoncent le Monténégro.Ici la réalité quotidienneest encore ancrée dans undécor de destruction : toits

incendiés, maisons éventrées, une grandepartie des logements de cette région ruralesont aux soins intensifs. Mais la recons-

«Mais je suis un peu frustré», confie Dieter, l’instructeur du Programme SYB.«Je ne verrai pas les fruits de ces deux semaines de travail intense. »

Services d’appui aux entreprises

Avec la mise sur pied récente du Programme«Start and improve your business» au Ko-sovo, le Programme focal de promotion del’emploi par le développement des petitesentreprises (SEED) non seulement transmetdes connaissances de gestion mais aussiredonne espoir et confiance aux chômeurset à leurs communautés.

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truction va bon train et, le printempsaidant, la population se remet aux tra-vaux des champs et, dans les villages,le petit commerce et les activités arti-sanales rêvent d’éclosion.

«Tous les jours on nous sollicite pourune aide financière, pour remettre en étatune échoppe ou entreprendre une nou-velle activité», explique Mevlyde. «Lesfemmes sont surtout intéressées par lacouture ou une formation de coiffeuse.Nous écoutons tout le monde mais, avantd’attribuer un capital de départ, il fautévaluer le projet, sa viabilité. Ce quenous avons appris au cours du séminaireSYB nous permettra de conseiller avecpertinence, d’apporter un suivi et d’aiderà faire le bon choix.» De son côté, Dieterse réjouit : le message a passé et ses quinzeprotégés de Pristina, au bénéfice d’unetrès belle motivation, seront à leur tourdes formateurs pionniers de première forcesur le terrain de l’entreprise. «Mais je suisun peu frustré», confie-t-il. «Je ne verraipas les fruits de ce travail intense de deuxsemaines réalisé avec un groupe atta-chant par ses qualités humaines et sapréparation.»

Le problème le plusdifficile: l’emploi

Car ils ont tous fait des études supé-rieures, comme Vahdet, architecte deprofession, qui n’a pas hésité à prendredu service dans l’univers tout neuf du«business» au Kosovo. «Avec 60 à 80%de chômeurs, notre problème numéro unc’est l’emploi et il faut relever ce défi»,affirme-t-il avec détermination. «Laformation SYB, que nous avons reçueà Pristina, doit s’intégrer dans une visionplus large de formation professionnelleà l’échelle du Kosovo, qui permettra depousser l’emploi en renforçant le tissudes entreprises moyennes et petites.» C’estprécisément sur cette voie que s’est engagéle BIT, avec le projet de création decentres de formation professionnelle encours de réalisation.

L’urgence proprement dite étant sur-montée au Kosovo un an après la guerre,la reconstruction, jusqu’ici envisagée entermes très concrets d’aménagementd’abris pour l’hiver et de mise sous toitde la population, s’élargit dorénavantaux dimensions de l’économie et del’emploi. Dans ce contexte, le directeurdu quotidien Zëri s’inquiète du retour,dans les prochains mois, de plusieursdizaines de milliers de Kosovarsaujourd’hui réfugiés en Europe occiden-tale. «Une injection massive de main-

Ces dernières années, dans lecadre de son Programme FIT, le BITa étudié des moyens de collaboreravec les prestataires privés deservices d’appui aux entreprises –très souvent eux-mêmes des peti-tes entreprises qui vendent desservices de conseils, de formationet d’information aux membres deleurs propres communautés.

Travailler avec ces formateurs etconsultants locaux n’est pas aussisimple qu’il semble, parce qu’ilstravaillent généralement à tempspartiel dans le secteur non structu-ré, ne parlent que les langues lo-cales et n’ont ni téléphone ni bu-reau. Mais ils sont très proches dela population et sont en contact avecles entreprises les plus petites (etaussi les plus pauvres).

Un récent ouvrage, The Wheelsof Trade (IT Publications, Londres)décrit l’action menée dans le cadredu Programme FIT et d’autres pro-

grammes visant à rendre les servi-ces d’appui aux entreprises plusutiles et durables. «Les institutionsinternationales recherchent la qua-lité et la certitude ; les gens quiexploitent des petites entreprisesveulent la facilité d’accès et un mi-nimum de frais», explique JimTanburn, coauteur du livre et spé-cialiste de SEED. «En essayantd’améliorer les performances desprestataires du secteur privé, le BITcomble l’écart.»

Pour tout renseignement concer-nant les études de cas réalisées àl’intention du Comité d’organismesdonateurs pour le développementde la petite entreprise et le séminai-re intitulé Emerging Good Practicein Business Development Services(Bonnes pratiques des servicesd’appui aux entreprises), consulterle site du BIT sur l’Internet : http://www.ilo.org/public/english/employ-ment/ent/seed/bds/index.htm.

d’œuvre, alors que les structures ne sontpas en place pour absorber le choc, vacompromettre l’effort de redressement.Les pays d’accueil temporaire devraientaider le Kosovo par la création de placesde travail pour ces réfugiés et l’adoptionde projets générant des revenus sur placede manière à inverser durablement le flux

migratoire. Autrement, les retours serontingérables et accentueront les tensionssociales qui s’expriment déjà dans notresociété profondément marquée par lesséquelles du conflit.»

Juan Pekmez

LE PROGRAMME FIT

Le Programme FIT a débuté sous la forme d’un projet interrégionalfinancé par le gouvernement néerlandais. Depuis six ans il testedes moyens novateurs pour offrir des services d’appui auxentreprises qui soient durables.

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TravailNouvelles du monde

du travail

Planète

PARTENAIRES SOCIAUX

● Le Medef, principale or-ganisation d’employeurs deFrance, a proposé la créa-tion d’un nouveau type decontrat de durée déterminée,dit «de mission» ou «à pé-riode maximum», pouvantaller jusqu’à 5 ans. Malgréleurs réticences, les syndi-cats ont accepté d’en discu-ter. (Libération, 11 avril2000)

● L’augmentation des ef-fectifs syndicaux se poursuitaux États-Unis: en 1999 lessyndicats représentaient16,48 millions de travailleurs,soit 265 000 de plus qu’en1998; ce chiffre est le plusélevé depuis 20 ans. (WallStreet Journal, 20 janv. 2000)

MOUVEMENTSSOCIAUX

● Au Paraguay, des orga-nisations de paysans ont ma-nifesté en mars dernier pourrevendiquer une augmenta-tion des prix agricoles ainsique de meilleures conditions

Les paysans du Paraguay exigent une augmentation desprix agricoles ainsi que de meilleures conditions d’accèsau crédit et aux services sociaux.

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d’accès au crédit et auxservices sociaux. (LatinAmerican Monitor, avril2000)

● En Autriche, les syndi-cats se sont fermement op-posés au programme écono-mique et social du nouveaugouvernement, en particulierà ses projets de réduction ducoût du travail et d’éléva-tion de l’âge de départ à laretraite. (Wall Street Jour-nal Europe, 10 févr. 2000)

● En Argentine, la réformedes relations du travail, quiinstitutionnalise une flexi-

bilité déjà présente dans lesfaits (l’emploi stable repré-sente 40% de l’emploi total),divise les syndicats: ceux quis’y opposent ont organisé le24 février à Buenos Aires unemanifestation à laquelle ontparticipé 20 000 personnes.(El País, 26 févr. 2000)

LÉGISLATION DUTRAVAIL

● Le ministre du Travailde l’Afrique du Sud a pré-senté le 2 mars un projet deloi sur l’assurance chômage,qui garantira une protectionà des catégories de travailleurstels que les domestiques oules ouvriers agricoles saison-niers. (Marchés tropicaux,10 mars 2000)

● La CISL (Confédérationinternationale des syndicatslibres) estime que la nouvelleloi sur les syndicats, qui doitentrer en vigueur en Tanza-nie, menace les droits syn-dicaux en permettant augouvernement de s’ingérerdans l’activité syndicale.(CISL en ligne, 25 janv. 2000)

● Le parlement de laThaïlande a adopté une loisur les relations de travaildans les entreprises d’État,qui permettra aux fonction-naires de transformer leurs

associations d’entreprise envéritables syndicats. (CISLen ligne, 25 janv. 2000)

● Au Royaume-Uni, la loitransposant dans la législa-tion nationale la directiveeuropéenne relative au co-mité d’entreprise européenest entrée en vigueur le 15janvier dernier. En décem-bre dernier, était aussi entréeen vigueur la loi transposantla directive sur le congé pa-rental. (EIRR, janv. 2000)

SERVICES PUBLICS

● Le gouvernement de laRépublique Centrafricaine acommencé à régler les arrié-rés de salaire dus aux 17000fonctionnaires du pays. Ilvient de procéder au paie-ment des salaires de février1999. La régularisation de-vrait être achevée à la fin del’année. (Marchés tropicaux,10 mars 2000)

● Le gouvernement de laMauritanie a décidé d’aug-menter de 8% le traitementdes fonctionnaires les plusmal rémunérés. Le salaireminimum équivaut à envi-ron 60 dollars des États-Unis.(Marchés tropicaux, 10 mars2000)

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En Belgique, la durée des déplacements domicile-travails’est allongée au fil des ans.

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EMPLOI

● Un rapport de l’Institutsuédois de la vie au travailémet des doutes sur la pos-sibilité de créer des emploispar une réduction de la duréelégale du travail. Il estimetoutefois que des accords vo-lontaires conclus par bran-che ou par profession peu-vent avoir des effets favora-bles. (Social International,févr. 2000)

● Les Pays-Bas connais-sent une pénurie de main-d’œuvre dans presque tousles secteurs d’activité. Le tauxde chômage s’établit à 2,7%.Cette situation s’explique parla très forte croissance (4%)et la modération salariale né-gociée par les partenairessociaux. Il faut égalementtenir compte du faible tauxd’activité des femmes et dunombre important de titulai-res de pensions d’invalidité.(Wall Street Journal Europe,4 févr. 2000)

DROITSFONDAMENTAUX

● Nouvel assassinat d’undirigeant syndical en Colom-bie: le chef du Syndicat destravailleurs du service pu-blic a été abattu par deshommes armés à Yarmual,ville proche de Medellín.(CISL en ligne, 25 janv. 2000)

● L’ONG Solidarité chré-tienne internationale a an-noncé qu’elle avait rachetéprès de 5 000 esclaves au

Soudan entre le 9 et le 19mars, en payant 35 dollarspar personne à des intermé-diaires. L’ONG indique avoirracheté plus de 30000 escla-ves depuis 1995. (Le Cour-rier, 22 mars 2000)

ÉGALITÉ DANSL’EMPLOI

● Les inégalités entrehommes et femmes au travailpersistent en France: l’écartdes salaires est de 27% (33%pour les cadres), le taux dechômage des femmes est su-périeur à celui des hommes(13,5 contre 9,8%), et lesfemmes ne représentent que7% des cadres dirigeants. EnSuisse, la différence de re-venu, qui était de 23% en1996 est passée à 21,5%. (LeMonde, La Tribune de Ge-nève, 8 mars 2000)

CONDITION FÉMININE

● La police de Bradford,en Angleterre, a aidé 60 fem-mes asiatiques de la régionqui voulaient échapper à desmariages imposés à se réfu-gier dans des endroits secrets.Selon les responsables, lesméthodes utilisées contre lesfemmes asiatiques qui refu-sent ce type de mariage vontde l’administration de nar-cotiques à l’assassinat enpassant par l’enlèvement. Ilscitent le cas d’une femme etde son fils qui ont été con-damnés à la prison à perpé-tuité pour avoir tué leur filleet sœur. (The Scotsman,Écosse)

● Les défenseurs des droitsde la maternité ont une nou-velles alliée. Cherie Blair,épouse de Tony Blair, Pre-mier ministre du Royaume-Uni, a invité les employeursà supprimer les journées detravail «prolongées» pouraider les femmes à équilibrervie professionnelle et vie fa-miliale. Selon Mme Blair, quiest enceinte, il faut aussiaméliorer les droits de lamaternité, le congé parental,le congé d’urgence en cas deproblème familial et l’éga-lité de droits pour les tra-vailleurs à temps partiel. (TheGuardian, Londres)

ACTIONS SYNDICALES

● En Tchécoslovaquie, lesfemmes de mineurs, qui fai-saient une grève sur le tasdans la ville de Most, ontappuyé la lutte de leurs marisen signant une pétition en-joignant au gouvernementde rechercher une solutionau problème du chômage.Cette région a en effet le tauxde chômage le plus élevé dupays et les mineurs sont lestravailleurs les plus touchés.(BBC Monitoring Service)

● À la Grenade, un conflitdu travail a fait descendreles travailleurs d’une chaînede télévision privée dans larue. En effet, deux syndica-listes ayant tenu à présenterle journal du soir, vêtus dutee-shirt de leur syndicat, la

direction les a fait remplacersur-le-champ, arguant que lecode vestimentaire de lachaîne ne pouvait être violé.(BBC Monitoring)

● La grève de 40 jours ob-servée par les techniciens su-périeurs de Boeing a donnéun coup de pouce au syndi-calisme en démontrant queles cols blancs pouvaient euxaussi se mettre en grève. MikeGoodwin, président del’Union internationale desemployés de bureau et descadres, qui compte 100 000adhérents, aurait dit : «Lescols blancs savent mainte-nant qu’ils peuvent se syn-diquer. » (Chicago Tribune)

DIVERS

● En Belgique, la duréemoyenne du trajet entre ledomicile et le travail était de32 minutes en 1999, soit 8minutes de plus qu’en 1981.(Social International, févr.2000)

● Selon une étude de l’ad-ministration fiscale du Ja-pon, le salaire annuel a baissédans le secteur privé de 0,5%entre 1997 et 1998. (SocialInternational, févr. 2000)

● Le 5 mars, 150 mineurssont morts à la suite d’un ébou-lement souterrain de sabledans une mine de diamantsde la Sierra Leone. (Le Temps,8 mars 2000)

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27TRAVAIL – N° 34 – 2000

La révolution technologique qui est entrain de se produire dans le monde desmédias change la manière de travaillerdes journalistes et modifie radicalementla structure de l’emploi et la répartitionhommes-femmes dans la profession.

GENÈVE – Qui dit nouveaux médias ditmain-d’œuvre nouvelle. Telle est l’une desconclusions d’un récent rapport du BIT, se-lon lequel les nouvelles technologies de l’in-formation et de la communication (TIC) quisont utilisées dans les salles de rédactionégalisent les conditions de travail du person-nel fixe et du personnel free-lance et ouvrentdes débouchés aux femmes.

Ainsi, le Royaume-Uni compte aujourd’huiplus de journalistes femmes que jamais et enEspagne, malgré un recul général de l’emploidans ce secteur, la proportion de femmes estpassée de 27 à près de 30% dans les rédac-tions des quotidiens.

Les auteurs du rapport attirent en outrel’attention sur le fait que les journalistes desgrands pays industrialisés utilisent couram-ment l’Internet, alors que ce moyen de com-munication n’en était encore qu’à ses balbu-

tiements il y a une décennie à peine. Environ80% des journalistes spécialisés dans l’acti-vité économique et financière font au moinsune fois par jour des recherches sur l’Internetet 80% travaillent à la fois pour des publica-tions en ligne et sur papier.

Beaucoup sont des free-lances, qui ont étéles premiers à utiliser les TIC et à les exploi-ter à leur plus grand avantage.

Nouveaux médias,nouveaux métiers

Les auteurs du rapport font observer quesi l’essor de l’Internet et la prolifération desTIC ont – surtout dans la presse quotidienne– fait disparaître nombre d’emplois tradi-tionnels et modifié la structure de ceux quisont restés, ils créent aussi des emplois pourdes journalistes capables de mettre leur créa-tivité au service d’une infinie variété de tech-niques. Malgré ces nouveaux débouchés,l’emploi a tendance à reculer dans la presseécrite : en 25 ans, de nombreux emplois ontété supprimés, principalement dans la com-position et l’administration. Les journalistes,

eux, ont eu plus de chance. Le rapport pré-cise en effet que si les effectifs des salles derédaction ont légèrement diminué, les ordi-nateurs n’ont tout de même pas remplacé lesjournalistes.

Ce sont les travailleurs âgés des métiersartisanaux (typographie, montage) qui ont leplus souffert des réductions d’emploi et lesattributions de ceux qui sont restés sont de-venues de plus en plus floues au fur et àmesure que la technologie modifiait les tâ-ches courantes. Les travailleurs de l’impri-merie devront apprendre à s’adapter au nou-veau matériel et à des méthodes de travailauxquelles ils ne sont pas habitués. Et, danscertains cas, ils devront quitter la presse écritepour de nouveaux médias.

MédiasLe nouveau journaliste est une femme free-lance, submergée de courrier électronique

«Vous avez du (trop de) courrier !»

Les nouvelles technologies présen-tent un gros inconvénient : «lasurcharge d’informations» , pourreprendre l’expression utilisée dansle rapport. En effet, les journalistesse plaignent d’être submergés dedonnées, communiqués de presse,bulletins d’information, mémosinternes et lettres de lecteurs trans-mis électroniquement.

Les journalistes sont confrontés à des chan-gements du même ordre ; ainsi, leur travailconsiste de plus en plus à classer des dépê-ches ou à préparer des scripts pour différentsoutils à la fois – par exemple, radio, télévi-sion et web – et pour des marchés très divers.

La radio et la télédiffusion connaissent uneévolution similaire, à savoir déclin de l’em-ploi permanent dû à la restructuration desmédias publics et aux fusions/acquisitionsdes compagnies privées. Mais là encore, l’es-sentiel des suppressions d’emplois a eu lieudans les services techniques et administra-tifs, et les nouvelles technologies ont stimuléla création d’emplois dans les métiers de laproduction et du «contenu».

Selon le rapport du BIT, les relations pro-fessionnelles traditionnelles ont du mal às’adapter à l’évolution des technologies etaux autres nouveautés de l’industrie desmédias et du spectacle, parce que la main-d’œuvre est plus fragmentée et que les entre-prises sous-traitent des travaux qui consti-tuaient pour elles des activités de base.

Ainsi, il faut de nouvelles formes de dia-logue social fondées notamment sur la pro-motion d’initiatives spontanées, la prise encompte des sexospécificités et la participa-tion des sociétés transnationales. Des nor-mes internationales du travail comme celles

Bien que les effectifs des salles de rédaction aient égèrement diminué, lesjournalistes ne sont pas remplacés par des ordinateurs.

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28TRAVAIL – N° 34 – 2000

Accords mondiaux surles droits des travailleurs

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qui régissent la liberté d’association, la négo-ciation collective, le travail à domicile et lanon-discrimination, s’appliquent à ce secteuroù se posent de plus en plus les questions dela formation aux TIC, de la protection so-ciale, de la situation des collaborateurs indé-pendants et des pigistes sans parler des tra-vailleurs du secteur informel.

Élargir le «clivage numérique»Force est toutefois de reconnaître que se

sont surtout les pays industrialisés qui béné-

ficient de l’Internet, et que malgré la préten-tion de celui-ci à un rayonnement mondial, teln’est pas le cas de ses avantages. Ainsi, enraison de leur pauvreté, de leur manque depersonnel qualifié et de la médiocrité de leursinfrastructures, certains pays en développe-ment risquent de rester à la traîne de la nou-velle ère de l’information: à la fin des annéesquatre-vingt-dix, une personne sur six utili-sait l’Internet en Amérique du Nord et enEurope contre 1 sur 5 000 en Afrique.

Certes, ce «clivage numérique» est inquié-tant, mais le Directeur général du BIT, Juan

Somavia, affirme qu’améliorer l’accès àl’Internet est probablement l’un des moyensles plus rentables d’étendre les avantages dela mondialisation aux pays en développe-ment.

Source : Document de base du Colloque sur la tech-nologie de l’information dans l’industrie du spectacleet des médias : répercussions sur l’emploi, les condi-tions de travail et les relations professionnelles, BIT,Genève 2000, ISBN 92-2-211925-8. 17,50 francs suis-ses.

Le groupe allemand HOCHTIEF, quiest un des plus grands groupes du sec-teur du bâtiment, a signé le 15 mars2000, un accord par lequel il s’engageà respecter les normes internationalesdu travail de l’OIT dans le monde entier.Le 3 mars, la Fédération internatio-nale des travailleurs du bâtiment et dubois (FITBB) avait déjà signé un ac-cord similaire avec la compagnie al-lemande Faber-Castell, l’un des plusgrands fabricants mondiaux de crayons.

L’accord conclu entre HOCHTIEF etla FITBB impose les mêmes obligationsà tous les sous-traitants de HOCHTIEF,dont les effectifs cumulés représententplusieurs fois ceux du groupe, qui sontde 37 000 personnes. Lors de la signa-ture, Friedel Abel, membre du conseild’administration et directeur des res-sources humaines de HOCHTIEF, adéclaré : «En signant cet accord, nousmontrons que nous ne nous contentonspas de fixer des normes pour nous-mêmes.Étant l’une des plus grandes entreprisesmondiales du bâtiment, nous voulonscontribuer à une amélioration durabledes règles qui régissent nos activités.»

HOCHTIEF est la première entrepriseinternationale du bâtiment à avoir concluun accord de ce type avec le mouvementsyndical international. Aux termes de

cet accord, HOCHTIEF observera une«charte sociale» qui impose un mini-mum de règles au monde du travail :libre choix de l’emploi, non-discrimi-nation, interdiction du travail des enfants,liberté d’association et de négociationcollective, rémunération correcte, ho-raires raisonnables et conditions de tra-vail décentes.

Le 3 mars, Faber-Castell, dont le siège

se trouve en Allemagne, dans la régionde Nuremberg, a signé avec le syndicatallemand des travailleurs des industriesmétallurgiques, IG Metall, et la FITBBun accord-cadre qui l’engage à appli-quer dans ses sociétés de production etde vente des conditions d’emploi et detravail respectueuses des conventions etrecommandations pertinentes de l’OIT.Cela signifie, par exemple, l’interdic-tion du travail des enfants et le droit destravailleurs de s’affilier à des syndicatset de participer à des négociations col-lectives.

Faber-Castell emploie 5 500 person-nes dans 14 sociétés de production et18 sociétés de vente situées en Australie,en Autriche, au Brésil, en Colombie, auCosta Rica, en Inde, en Indonésie, enMalaisie, au Pérou et aux États-Unis.

En mai 1998, la FITBB a signé unaccord similaire avec IKEA.

Gerd Muhr (1924-2000)

Gerd Muhr, ancien Président du Conseil d’administration du BIT (CA),est décédé le 25 février 2000, à l’âge de 75 ans. Né en 1924 en Allemagne,il a assumé de hautes fonctions dont celles de Président du CA en 1990-91. C’était la deuxième fois seulement, dans toute l’histoire de l’OIT, qu’unprésident du CA était élu parmi le groupe des travailleurs. En 1969, M.Muhr a été élu Vice-président de la Confédération allemande des syndicats.De 1984 à 1986, il a assumé la présidence du Comité économique et socialdes Communautés européennes. Dans une notice nécrologique, le BIT rendhommage à M. Muhr, dont la détermination, l’autorité, la sérénité et l’im-partialité lui ont valu le respect de tous. (Source : document du BIT GB.277/17 (Add.1), mars 2000).

NÉCROLOGIE

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29TRAVAIL – N° 34 – 2000

Grâce à son étude sur la réassurancedes régimes communautaires d’assurancemaladie, une équipe de l’OIT, de laBanque mondiale et de l’Université deLyon a remporté le premier prix aumarché du développement de la Banquemondiale, sorte de foire aux innovationsdans la lutte contre la pauvreté, qui aeu lieu les 8 et 9 février à Washington.

En règle générale et dans le monde entier,les pauvres ne sont pas assurés contre lamaladie. Certes, beaucoup de pays ont uneassurance maladie centralisée mais celle-cine couvre habituellement que les personnesayant un emploi régulier. À côté de cela,il existe dans le système communautaire, àl’intention des catégories exclues, des ré-gimes facultatifs de microassurance quisont essentiellement financés par les coti-sations des membres.

Il s’agit de petits groupements, souventmoins de 1000 adhérents, qui sont très dif-

Réassurance sociale

férents des autres pour ce qui est des revenus,des garanties, de la composition démogra-phique, des maladies, des activités profes-sionnelles et des modes de vie. Disposantde ressources limitées, ils doivent restrein-dre les garanties aux besoins les plus criants.La petite taille de ces groupements et lesfluctuations du volume des prestations àverser rendent la microassurance particuliè-rement vulnérable aux risques financiers.

Une nouvelle forme de réassurance pourles régimes de microassurance (SOCIALRE) pourrait stabiliser ces régimes en lesprotégeant contre l’excès de risque. C’estcette idée qu’ont présentée au marché dudéveloppement de la Banque mondiale desexperts du BIT, de l’Université de Lyon etde la Banque mondiale. SOCIAL RE peutêtre considéré comme le chaînon manquantentre les niveaux macro et micro du finan-cement de l’assurance maladie en assumantune partie du risque contre paiement d’uneprime. Ainsi, SOCIAL RE paie les dépenses

qui excèdent un seuil global fixé à l’avanceou encore prend en charge une partie dechaque demande de remboursement et/oules demandes de prestations qui dépassentun certain nombre.

La Banque mondiale, le BIT et les autresorganismes de développement sont cons-tamment sollicités pour aider les gouverne-ments à créer des systèmes d’assurance viablesà l’intention des populations démunies denombreux pays dans lesquels la fiscalité nefonctionne pas et ne fonctionnera pas dansun avenir proche. SOCIAL RE constitueraitun instrument pour la période durant laquellebeaucoup de pauvres seront sans protection.

Comme l’ont montré les programmes demicrocrédit qui ont aidé les «laissés-pour-compte» de la mondialisation à accéder à desservices financiers, les flux cumulés desfonds qui transitent par des régimes destinésaux pauvres peuvent atteindre des montantstrès élevés. En outre, l’importance des effectifsde la population cible compense largementla faible capacité de cotisation de chaqueindividu. Il y a tout lieu de penser que SOCIALRE, une fois le système mis sur pied, in-téressera les organismes publics et privésde réassurance. James Wolfensohn, Prési-dent de la Banque mondiale, a félicité lesauteurs du projet qui l’ont emporté sur 1200concurrents, gagnant le prix de 380000dollars. ❑

Pays ayant ratifié la convention (no 182), 1999, au 30 avril 2000

Irlande(20.12.1999)

Finlande(17.1.2000)

Botswana(3.1.2000)

Seychelles(28.9.1999)

Malawi(19.11.1999)

Slovaquie(20.12.1999)

États-Unis(02.12.1999)

Brésil(2.2.2000)

Les frontières tracées sur cette carte ne pré-sentent qu’un intérêt graphique et ne sont doncpas forcément fidèles à la réalité politique. Ellesne correspondent à aucune prise de position dela part du BIT.

Tunisie(28.2.2000)

Belize(06.3.2000)

Indonésie(28.3.2000)

Royaume-Uni

(22.3.2000)

Saint-Marin

(15.3.2000)

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Une équipe BIT-Banque mondiale-Universitéde Lyon remporte un prix prestigieux

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30TRAVAIL – N° 34 – 2000

Contribution du BIT à l’Année internationaledes volontaires

LE BIT et le VNU

GENÈVE – Le Bureau international duTravail (BIT) coopérera avec le Pro-gramme des volontaires des NationsUnies (VNU) durant l’Année internatio-nale des volontaires, en 2001. Le VNU,qui est installé à Bonn, coordonnera lesactivités organisées à cette occasion, enétroite collaboration avec d’autresorganismes des Nations Unies.

L’Année internationale des volontai-res «offre une excellente occasion d’as-socier les efforts institutionnels déployésaux niveaux international, national etlocal, avec l’esprit d’initiative, l’enthou-siasme et la compétence d’individus prêtsà s’attaquer aux grands problèmes quiassaillent le monde en cette fin de siècle»,a écrit le Directeur général du BIT, JuanSomavia, dans une lettre adressée à SharonCapeling-Alakija, Directrice exécutivedu VUN. «Tout cela va dans le sens del’importance accordée lors du Sommetmondial pour le développement socialaux nouveaux acteurs et en particulierà la coopération entre des individus etdes organisations de la société civile etles gouvernements.»

«Le service volontaire est un fait depratiquement toutes les civilisations etsociétés », peut-on lire dans une note desNations Unies concernant l’Année inter-nationale. «Dans son sens le plus large,il désigne tout acte individuel non lu-cratif et non rémunéré accompli sans butde carrière pour le bien-être du voisin,de la communauté ou de l’ensemble dela société. Ses formes sont multiples, qu’ils’agisse de l’entraide traditionnelle vouluepar la coutume ou l’action communau-taire en temps de crise, ou d’être le ferde lance dans les opérations de secours,de résolution des conflits et d’élimina-tion de la pauvreté.

«Ce concept inclut le volontariat localet national, ainsi que les programmesbilatéraux et internationaux qui œuvrentau-delà des frontières», dit la note.

«Développer l’action volontaire est plusnécessaire que jamais face à la dégrada-tion de l’environnement, à l’abus desdrogues illicites ou à la pandémie de sida

qui affectent mondialement les secteursles plus vulnérables de la société; encoreplus quand on considère la priorité quela communauté internationale entenddonner à ces problèmes, avec une atten-tion spéciale aux pays en développementen général et à l’éradication de la pau-vreté en particulier. Cette action volon-taire est d’autant plus importante vu latendance contemporaine qui veut que lasociété civile – en partenariat avec lesgouvernements et le secteur privé – assumede plus grandes responsabilités que jamaisdans le processus du développement.»

C’est lors de sa 52e session, par sarésolution 52/17 du 20 novembre 1997soutenue par 123 pays, que l’Assembléegénérale des Nations Unies a proclamél’année 2001, «Année internationale desvolontaires.»

Les buts l’AIV sont la reconnaissanceaccrue du volontariat, la consolidationdu volontariat en favorisant ce qui l’en-courage et en luttant contre ce qui l’in-hibe, la création de réseaux permettantde faire connaître l’action des volontai-res et de mettre en commun leur expé-rience, et enfin la promotion du volon-tariat afin de susciter davantage de can-didatures et de demandes de déploiementde volontaires.

En 1999, 4 383 volontaires des NationsUnies – soit l’effectif le plus nombreuxjamais atteint – ont travaillé dans 139pays. Ils représentaient 149 nationalités,dont environ 36 de pays industrialiséset 64 de pays en développement. Lesvolontaires des Nations Unies partici-pent à la défense des droits de l’homme,aux secours humanitaires, à la recons-truction de pays sinistrés et aux activitésélectorales, à la lutte contre la déserti-fication et à la protection de l’environ-nement en général, à la lutte contre lapauvreté et à la résolution de bien d’autresproblèmes à caractère social et techni-que.

Pour tout renseignement sur l’Année inter-nationale des volontaires, s’adresser au VNU àBonn, tél. 49228/815 2220, fax 49228/815 2953ou consulter sur l’Internet : http://www.iyv2001.org

(L’article qui suit est le premier d’unesérie d’articles sur le volontariat, quiseront publiés de temps à autre jusqu’àla fin de 2001, Année internationale desvolontaires)

HYDERABAD, Inde – «Je veux étu-dier. Étudier autant que je veux. Étudiertrès vite pour être médecin et soigner lesmalades gratuitement.»

Il ne s’agit pas d’un rêve mais d’unsouhait réalisable pour cette petite fille de12 ans, qui s’appelle Devi. Il y a deuxans, ses parents avaient qualifié d’irréa-liste son désir de devenir médecin et sescamarades de jeu l’avaient tourné en dé-rision. Alors qu’elle gardait des vachesdans la campagne desséchée de l’AndhraPradesh, dans le sud de l’Inde, elle at-tendait un miracle. Elle espérait que sonpère, qui avait emprunté 5 000 roupies(120 dollars ) pour le mariage de sa sœuraînée en offrant le travail gratuit de Devicomme caution, trouverait l’argent néces-saire pour rembourser la dette et la réins-crire à l’école.

Aujourd’hui, elle travaille dur pour êtreadmise en huitième à l’école du quartier.

Grâce aux efforts de la Fondation M.Venkatarangaiya (MVF) qui a son siègeà Hyderabad, plus de15 000 enfants ontvécu la même histoire que Devi. Et100000 autres enfants qui n’étaient pasréduits en servitude mais qui n’avaientpas d’instruction ont eux aussi pu allerà l’école grâce aux sessions de rattrapageorganisées par la Fondation.

L’action de la Fondation a débutéen 1991, après qu’une étude préliminaireavait révélé le nombre élevé d’enfantstravaillant en servitude dans le district deRanga Reddy, proche d’Hyderabad,capitale de l’Andhra Pradesh.

«Nous avons commencé à une très petiteéchelle, mais il faut bien dire que l’en-thousiasme manifesté par ces enfants àl’idée d’aller à l’école en a surpris plusd’un parmi nous. Nous avons alorscompris que s’ils travaillaient dans lesfermes, c’était en général parce qu’ilsn’allaient pas à l’école et non l’inverse.Et comme les parents, eux aussi, étaientd’accord de travailler quelques heures deplus pour que leurs enfants puissent allerà l’école, nous avons organisé des cours

Des porteurs

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les visages des enfants, j’ai compris qu’aucunenfant ne devait être privé des plaisirs del’enfance et l’instruction en est un. » A présent,cet homme aide assidûment une dizaine d’en-fants de son village et après chaque récolte,offre quelques sacs de grains à la Fondation.

Si aujourd’hui la MVF peut fournir la listede plus de cent villages dans lesquels tousles enfants de 6 à14 ans sans exception saventlire et écrire, c’est parce que «nous avonsprogressivement gagné les gens à notre causeet les avons peu à peu rendus responsablesde l’avenir des enfants du village. Mais avantd’en arriver là, il a fallu du temps, de l’énergieet beaucoup de patience. Nous aurions puinvoquer le règlement et faire scolariser lesenfants de force, mais les choses se seraientfaites dans la crainte et non dans la joie »,explique Mme Sinha.

Il y a trois ans, lorsque les volontaires dela Fondation arrivèrent au village pour unprogramme de sensibilisation, les deux filsde Ramiah travaillaient en servitude.Aujourd’hui, ils vont tous les deux à l’écoleet le plus âgé est sur le point d’entrer aucollège, à Hyderabad. «J’ai demandé au vo-lontaire de me prêter 1000 roupies sans intérêtpour m’aider à rembourser un emprunt à 36%.Il a refusé mais m’a dit qu’il me donneraitquelque chose de plus précieux – un avenirpour mes enfants. Alors il ne m’a plus intéresséet je suis reparti chiquer mon tabac. Mais en

quelques mois, j’ai vu les enfants de monvoisin aller à l’école, et c’est cela qui m’amotivé», raconte Ramiah.

Le changement radical de mentalité quis’est produit en ce qui concerne l’instruc-tion est plus que corroboré par l’atmos-phère qui règne au camp de filles de Allur,où celles-ci se préparent à aller à l’école,avec l’aide de la Fondation. Les campsont beaucoup bénéficié du soutien finan-cier, technique et logistique de l’IPEC.

Dans ce camp, les cours sont donnésdans des poulaillers désaffectés. Les plusgrands servent de dortoir. Les enfants ap-prennent en chantant, dansant et racon-tant des histoires. Environ 300 filles de9 à 14 ans habitent ici en attendant d’êtreadmises à l’école locale et dans la résidencesociale gérée par le gouvernement del’Andhra Pradesh.

Durant ses vingt ans de carrière d’en-seignant, M. Rao, directeur de l’école duvillage de Parveda, a beaucoup soutenules activités de la Fondation. «Au début,les enseignants nommés dans les zonesrurales s’ennuyaient parce qu’aucun en-fant ne venait à l’école. Il y avait mêmedes parents qui faisaient irruption dans lesclases et reprenaient leurs gosses quandil y avait du travail. Mais maintenant lesécoliers affluent. L’école que je dirige aune capacité d’accueil de 550 écoliers, cequi fait une énorme charge de travail pourdeux instituteurs nommés par le gouver-nement. Heureusement que nous sommesaidés par des volontaires subventionnéspar le gouvernement et la MVF.»

La Fondation ayant élargi son rayond’action de 5 villages en 1991 à 500 au-jourd’hui, elle emploie actuellement prèsde 10 000 volontaires. Cependant, pourgratifiantes que soient les statistiques, ellesne signifient pas grand-chose dans un paysqui souffre du manque d’équipementséducatifs ou de l’incapacité de les utiliser,les volontaires de la MVF le savent bien.

Dhananjay, qui a un diplôme de géniebiologique et a renoncé à une carrière lu-crative à New Delhi pour travailler avecla Fondation, déclare : «Au cours de ces10 années, nous avons compris ce qu’ilfallait faire pour amener la population às’investir. Ce modèle peut et doit êtrereproduit dans d’autres régions del’Andhra et dans le reste du pays.»

(Certains noms ont été changés pour pré-server l’anonymat des personnes men-tionnées)

de flambeauGeetha Raghuraman

de rattrapage dans une atmosphère de campsde vacances et formé les enfants de façonintensive pendant une courte période (4 moisen moyenne) afin qu’ils puissent être admisdans une école», explique Mme Shantha Sinha,secrétaire responsable de la MVF.

Depuis 1992, le projet bénéficie du finan-cement et du savoir-faire du Programme BIT/IPEC. «L’appui de l’IPEC, les débats qu’ila lancés dans différentes instances du mondeentier au sujet notre travail et les idées quenous ont données des organisations qui fontla même chose que nous dans d’autres régionsdu monde, nous ont beaucoup aidés à pro-gresser», témoigne Mme Sinha.

Lorsque les premiers groupes d’enfantslibérés de la servitude purent retrouver unevie normale, la Fondation n’eut pas le tempsde se réjouir longtemps car d’autres enfants(toujours très nombreux dans un pays aussipeuplé où plus de 40% de la population vitau-dessous du seuil de pauvreté) eurent tôtfait de prendre leur place.

Un propriétaire terrien de la région racontequ’il avait l’habitude d’employer des enfantscomme manœuvres parce qu’il n’avait pasbesoin de les payer beaucoup : «Au début,je me suis opposé aux activités de la Fon-dation, pensant qu’elle voulait bousculer unmode de vie ancestral, qui n’avait pas été remisen question pendant des siècles. Mais lorsquej’ai commencé à lire la joie d’apprendre sur

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CHAMPS D’ACTION

LE MODÈLE SOCIALEUROPÉEN

▲ «L’élargissement del’Union européenne consti-tue pour les États voisins decelle-ci le plus grand encou-ragement à la modernisationet à l’adoption du modèlesocial européen», estimeHeribert Scharrenbroich,Directeur du Bureau régio-nal de l’OIT pour l’Europeet l’Asie centrale. À l’occa-sion d’une conférence sur lerôle des partenaires sociauxdans l’élaboration du modèlesocial européen, organisée le10 janvier 2000 à Lisbonnepar la présidence portugaisede l’Union, il a indiqué auxparticipants que les conven-tions fondamentales de l’OIT(visées dans la Déclarationde l’OIT relative aux princi-pes et droits fondamentauxau travail) ont été ratifiéespar la quasi-totalité des paysqui ont adhéré à cette Dé-claration. En outre, il a rap-pelé que le respect des va-leurs reflétées dans la nou-velle Déclaration de l’OITest extrêmement importantpour la mondialisation et lerenforcement du modèle so-cial européen.

Pour tout renseignement,s’adresser au Bureau régio-nal pour l’Europe et l’Asiecentrale (SGD/EUROPE), tél.4122/799 6666 ; fax 4122/799 6061 ; e-mail : [email protected]

BIT/IPEC : CAMPAGNECONTRE LE TRAVAIL

DES ENFANTS

▲ Le ministère du Travaildes États-Unis a annoncé, le23 novembre 1999, l’octroid’un don de 6 millions dedollars pour financer les pro-grammes de l’IPEC visantl’élimination du travail desenfants dans la production

Activités organisées dans lemonde entier par l’Organisation

internationale du Travail ouavec son appui

Dans ce pays, le travail desenfants existe surtout dansles plantations de thé et detabac et dans les régionsminières.

Au début du mois de mars,le parlement du Népal aadopté la loi sur le travaildes enfants (interdiction etréglementation) depuis long-temps attendue pour résou-dre le problème d’environ2,6 millions d’enfants quitravaillent dans tout le pays.Cette loi se fonde sur laconvention no 182 sur l’éli-mination de pires formes detravail des enfants, adoptéeà l’unanimité en juin 1999par la Conférence interna-tionale du Travail. Les en-fants népalais travaillentdans les briqueteries, lesmines, les plantations de thé,les minibus, les usines detapis et de confection. Beau-coup sont prostitués ou enservitude.

Le BIT/IPEC aidera le mi-nistère du Travail de SriLanka à publier le bulletind’information trimestriel surl’élimination du travail desenfants. Le premier numérode ce bulletin intitulé LamaLanka a récemment paru àColombo.

Pour tout renseignement,prendre contact avec le Pro-gramme international du BITpour l’abolition du travaildes enfants (IPEC), tél. 4122/799 6486 ; fax 4122/7998771 ; e-mail : [email protected]

ACTIVITÉS POUR LESORGANISATIONS

D’EMPLOYEURS ENEUROPE CENTRALE

ET ORIENTALE

▲ Au troisième trimestre1999, l’équipe multidisci-plinaire de l’OIT pour l’Eu-

de café au Costa Rica, à ElSalvador, au Guatemala, auHonduras, au Nicaragua eten République dominicaine.L’IPEC collaborera avec cessix pays pour soustraire plusde 21000 enfants à des tra-vaux préjudiciables à leurcroissance, les envoyer àl’école et mettre à leur dis-position des services de santéainsi que pour empêcher qued’autres enfants soient as-treints à de tels travaux.

Le 20 mars 2000, pendantson voyage au Bangladesh,le Président des États-Unis,Bill Clinton, a annoncé unprogramme d’aide de plusde 14 millions de dollars pourappuyer les efforts visant àfaire sortir les enfants desusines pour les scolariser.Grâce à cet argent, 30 000enfants quitteront des mé-tiers dangereux et serontplacés dans des écoles, unprojet régional sera mis enœuvre pour lutter contre latraite des enfants aux finsd’exploitation ainsi qu’unprogramme destiné à amé-liorer les conditions de tra-

vail des femmes et rendreplus strictes les normes desanté et de sécurité au tra-vail applicables aux travauxdangereux. Environ 30 000enfants qui travaillent actuel-lement dans les industries dubâtiment, de la crevette etdu cuir, dans les plantationsde thé, qui fabriquent descigarettes et des bracelets deverre, qui sont domestiques,éboueurs, auxiliaires desservices de transport et tis-seurs, pourront aller à l’école.Chaque année un nombreinconnu d’enfants – surtoutdes filles – du Bangladesh,du Népal et de Sri Lanka,sont vendus pour être livrésà l’esclavage sexuel, être ex-ploités comme domestiquesou astreints aux travaux for-cés.

Le Directeur des opérationsdu Programme internationalpour l’abolition du travaildes enfants (IPEC), Ng Gek-Boo, a félicité le gouverne-ment de la Tanzanie d’avoircréé un comité national pourprendre des mesures de luttecontre le travail des enfants.

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rope centrale et orientale aorganisé à l’intention desorganisations d’employeursplusieurs activités qui ontété financées par les Hollan-dais et les Danois.

Un séminaire sur le rôledes organisations d’em-ployeurs dans la formationprofessionnelle s’est tenu le18 novembre 1999, à Tirana(Albanie).Les 16 -17 novembre 1999,les délégués des fédérationsd’employeurs de la premièrevague de pays candidats àl’UE ont participé à un sé-minaire tenu à Prague sur lestâches essentielles des fédé-rations d’employeurs dans lapériode précédant l’adhésion.

Un groupe de représen-tants d’organisations d’em-ployeurs du Sud-Est de l’Eu-rope s’est réuni le 7 septem-bre 1999 à Zagreb (Croatie)pour élaborer une résolutionsur la situation économiqueet sociale de la région aprèsla crise du Kosovo.

Le 9 novembre 1999,l’Association industriellebulgare a tenu à son siège, àSofia, un atelier sur la créa-tion de centres d’évaluation(Assessment centres).

Pour tout renseignement,prendre contact avec laCEET à Budapest, tél. 361/301 4900 ; fax 361/3533683 ; e-mail : [email protected]

VIEILLISSEMENT DELA POPULATION

ACTIVE DANS LESPAYS DE L’OCDE

▲ Le BIT prévoit qu’enEurope, la population âgéepassera de 20% en 1998 à35% en 2050. Selon un ré-cent rapport du Départementde la stratégie en matièred’emploi, la réduction deseffectifs de nouveaux venussur le marché du travail obli-gera les travailleurs à pro-longer leur vie active. Dansles pays de l’OCDE, cetteprolongation de la vie ac-tive aura en outre pour effetd’augmenter les taux d’em-ploi et de soulager les régi-

peuvent entreprendre lespouvoirs publics et les en-treprises pour pallier levieillissement. Enfin ils for-mulent des recommandationsfondées sur les normes dutravail de l’OIT et de tra-vaux précédemment réaliséspar le Bureau internationaldu Travail dans ce domaine.

Pour obtenir ce rapportintitulé Ageing of the labourforce in OECD countries :Economic and socialconsequences, EmploymentPaper 2000/2, Peter Auer etMariangels Fortuny, s’adres-ser au Département de lastratégie en matière d’em-ploi, tél. 4122/799 6564 ;e-mail : [email protected]

PRÉVENTIONDES RISQUES

DES PESTICIDES

▲ Une agriculture de plusen plus intensive et la spé-cialisation accrue de la pro-duction agricole rendent lalutte phytosanitaire plus né-cessaire que jamais. Or, dansle monde entier, les pestici-des constituent un gravedanger pour environ 100millions de personnes quivivent de l’agriculture etprésentent certains risquespour 500 millions d’autres.Compte tenu de la gravitédu problème, en particulierdans les pays en développe-ment, les autorités nationa-les, les organisations nongouvernementales et l’indus-trie doivent se mobiliser pourcontenir les effets de l’utili-sation de pesticides sur lasanté. La dernière livraisondu bulletin d’informationOIT/FINNIDA sur la santé etla sécurité au travail en Asieet dans le Pacifique (vol. 6,no 3, décembre 1999), traitela question des conséquen-ces de l’exposition aux pes-ticides sur la santé ainsi quedes méthodes de préventionen donnant la parole à desspécialistes de toute la région.

Pour tout renseignement,s’adresser au Centre inter-

L’INDONÉSIE EST LE PREMIER PAYSASIATIQUE QUI AIT RATIFIÉ LA CONVENTION

DE L’OIT SUR LES PIRES FORMES DE TRAVAILDES ENFANTS

s Selon un rapport préparé par le BIT en vue de la Réunionrégionale asiatique de haut niveau Japon/OIT sur le travaildes enfants, qui s’est tenue du 8 au 10 mars 2000 à Jakarta,à la suite de la crise financière de 1997-98, la pauvreté,le chômage et le sous-emploi qui rongent l’Asie obligentbeaucoup plus d’enfants à travailler – généralement dansdes conditions dommageables pour leur santé physiqueet psychique – et les exposent à l’avidité de trafiquantssans scrupules qui les arrachent à leur famille pour enfaire, par exemple, des vendeurs de drogue ou des prostitués.

Le Président de l’Indonésie, Abdurrahman Wahid, asaisi cette occasion pour faire de l’Indonésie le premierpays asiatique à ratifier la plus récente des conventionsfondamentales de l’OIT : la convention (no 182) sur lespires formes de travail des enfants, 1999. Avec cetteratification, l’Indonésie devient également le premierpays asiatique qui ait ratifié les huit normes fondamen-tales du travail de l’OIT (liberté syndicale, abolition destravaux forcés, du travail des enfants et de la discrimi-nation au travail).

Le BIT estime que les deux tiers des 250 millions detravailleurs enfants recensés dans les pays en dévelop-pement se trouvent en Asie. Selon les chiffres du gou-vernement, l’Indonésie compte environ 1,6 million detravailleurs de 10 à 14 ans. Parmi ceux-ci, sept sur dixtravaillent dans l’agriculture. La prostitution, l’extractionde l’or et la pêche sur des plates-formes installées en hautemer font partie des pires formes de travail des enfantsconnues dans le pays.

S’appuyant sur la volonté manifestée par le gouverne-ment indonésien de supprimer le travail des enfants surles plates-formes de pêche offshore, le BIT vient de lancerun projet visant l’exploitation dont font l’objet les jeunesgarçons qui doivent pêcher des mois durant sur une plate-forme – appelée jermal – qui n’est pas plus grande qu’uncourt de tennis. Un autre projet récemment lancé dans lepays concerne le travail des enfants dans le secteur dela chaussure.Pour tout renseignement, s’adresser au Bureau de l’OITpour l’Asie et le Pacifique, tél. 662/288 1725 ; fax 662/280 1735 ; e-mail : [email protected]

mes de retraite. Les gouver-nements, les employeurs, lessyndicats et les spécialistesdes retraites, de l’organisa-tion du travail, du temps detravail et de la formationprofessionnelle devrontprendre des mesures pour faireface à cette situation. Lesauteurs du rapport analysentl’évolution démographiqueet ses conséquences sur lemarché du travail ; ils signa-lent certaines idées nouvel-les concernant l’action que B

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national d’informations desécurité et de santé au tra-vail (CIS), tél. 4122/7996740 ; fax 4122/799 8576 ;e-mail : [email protected]

SURMONTER LESDIFFICULTÉS DE LA

PÉRIODE DE TRANSI-TION EN RUSSIE

▲ Certes la crise financièred’août 1998 a eu des effetsnéfastes sur la situation so-ciale et économique globalede la Russie, mais ces effetsn’ont pas été aussi gravesque certains auraient pu lecraindre. Des difficultésmajeures demeurent néan-moins dans le domaine so-cial, qui requièrent d’urgencedes mesures efficaces. Il s’agitnon seulement de restructu-rer et de consolider l’écono-mie russe mais aussi de re-mettre sur pied une bonnegestion des affaires publiqueset des affaires sociales. Telleest la conclusion d’une con-férence internationale sur lesquestions sociales, organi-sée à Moscou du 4 au 6octobre 1999, par l’OIT, leministère russe du Travail etdu Développement social, laFédération des syndicatsindépendants de Russie etle Conseil de coordinationdes organisations russesd’employeurs.

Pour tout renseignement,s’adresser au Bureau del’OIT à Moscou, tél. 7095/925 5025 ; fax 7095/9563649 ; e-mail: [email protected]

✍ It was with much delight that I readthe December 1999 issue of the ILO maga-zine, World of Work, and hasten to con-gratulate you for an excellent publication.

Nafis Sadik, M.D.Secrétaire général adjoint

Fonds des Nations Unies pour la popula-tion (FNUAP), New York

✍ Notre Institut propose une forma-tion de secrétaire trilingue – anglais,français, espagnol – et une formation demédiation culturelle. Pour notre centre dedocumentation, nous souhaiterions recevoirrégulièrement votre magazine, Travail...

Christiane LacanResponsable langues étrangères

Institut für Sprachen und WirtschaftFribourg, Suisse

✍ I am a researcher in the field of In-dustrial relations. I came across a copy ofthe journal World of Work, which I find tobe of immense use for my research pur-poses...

K J. R. Shyam SundarEnseignant, Mumbai University, Inde

✍ Congratulations for the wonderfuledition of the journal, Shram ki Duniya(Hindi edition of World of Work). We wouldalso like to receive the English version.

Malti VohraWomen’s Studies Research Centre

Kurukshetra University, Inde

✍ I have come across your publica-tion, World of Work – The Magazine of theILO and I find it very interesting and in-formative. I think it is also a good sourceof information of great utility in my workas lecturer in Sociology. I would very muchappreciate it if I could receive this publi-cation.

George CassarMosta, Malte

✍ La presente tiene por objeto sa-ludarlos y felicitarlos por la magníficaRevista Trabajo de la OIT, la cual vie-ne impulsando la justicia social en elmundo, tratando de mejorar las condi-ciones de vida y de trabajo. Su lecturame complació y anima a solicitarlesrespetuosamente, si tienen a bien remi-tirme dicha prestigiosa publicación...

Edison GuivenAvocat, Lima, Pérou

✍ I, on behalf of my General Sec-retary and on my own behalf, acknowl-edge with thanks receipt of the Hindiedition of ILO magazine World of Work.This is really a very good effort madeby the ILO, and circulation ... in Hindiwill help a large chunk of workers toknow more about the activities of theILO, and also about the important hap-penings in the world related to work-ers. We have accordingly decided torequest ILO-India Office to send thismagazine directly to some of our im-portant affiliates, whose list is enclosed.

R. A. MitalSecrétaire, Hind Mazdoor Sabha

New Delhi, Inde

✍ This is to acknowledge with thanksthe receipt of the Hindi edition of yourmagazine World of Work. The publica-tion is indeed very informative anduseful, and is being placed in the Cham-ber’s Library for wider readership.

H. S. TandonChambre de commerce et d’industrie

New Delhi, Inde

✍ I thank you for sending me theWorld of Work magazines. I have col-lected a good volume of material fromthem.

Mohammad Taghi ImanDirecteur du Centre d’études démo-

graphiques, Université de ShirazShiraz, Iran

Travail propose désormais une rubrique «Courrier des lecteurs», qui reflé-tera la diversité des opinions de son vaste lectorat. Les lettres seront pu-bliées en fonction de l’intérêt qu’elles présenteront et de l’espace disponi-ble. La rédaction se réserve le droit de leur apporter des corrections de forme.

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35TRAVAIL – N° 34 – 2000

LA NACIÓN

L’OIT/l’IPEC et le gouvernement indien viennent de signerun mémorandum d’accord prolongeant de deux ans lemandat de l’IPEC dans ce pays.

(Chili, 16.2.2000)

LA NACIÓN(Argentine, 19.3.2000)

Les nouvelles du BIT concernantla mondialisation, le travail des enfants

et les migrations ont fait la une des journaux

(Inde,19-20.2.2000)

(Inde,18.2.2000)

(Philippines,16.2.2000)

(Inde, 18.2.2000)

(Royaume-Uni 16.2.2000)

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36TRAVAIL – N° 34 – 2000

(Nations Unies, 7.3.2000)

ThePakistan

Times(Pakistan, 15.3.2000)

(Thaïlande, 2.3.2000)

(Inde, 2.3.2000)

(Espagne, 9.3.2000)

(France, 2.3.2000)

(France, 13.3.2000)

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37TRAVAIL – N° 34 – 2000

L’OIT a besoin de 20 millions de dollars pourcréer des emplois en Cisjordanie et à Gaza.

(France, 29.3.2000)

(Japon, 29.3.2000)

(Inde, 11.4.2000)

(Sri Lanka, 22.3.2000)

(Suisse, 9.3.2000) (Nations Unies, 25-26.3.2000)

L’OIT applique des sanctions plus sévèrescontre le Myanmar où perdure le travail forcé.

MainichiShimbun

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38TRAVAIL – N° 34 – 2000

Les publications du Bureau international du Travail peuvent être obtenues dans les principales librairies ou auprès des bureaux locauxdu BIT. On peut aussi se les procurer directement, de même qu’un catalogue ou une liste des nouvelles publications, à l’adresse suivante: Publications duBIT, Bureau international du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse. Fax (+4122) 799-6938; E-mail: [email protected]; site Internet: www.ilo.org/publns

MédiathèqueÀ lire

■ Programmes d’infrastruc-tures à haute intensité de main-d’œuvre – HIMO : Politiqueset pratiques du travail, DavidTadjgman et Jan de Veen, BIT,Genève, 2000. ISBN 92-2-211034-X.

Ce guide présente l’expérienceactuelle concernant la manièredont sont traitées les questionsd’emploi et de travail dans lesprogrammes d’infrastructures àforte intensité de main-d’œuvre.Il indique comment des progrèspourraient être réalisés en ma-tière de normes et de conditionsd’emploi et de travail avec laparticipation des partenairessociaux. Des sections distinctescontiennent des recommanda-tions pour les ministres chargésdes travaux publics, du travailet de l’emploi, et pour les or-ganisations de travailleurs etd’employeurs.

■ Social Health insurance,Social Security Series No. 5/2000.ISBN 92-2-110738-8. 16 francssuisses.

Ce manuel passe en revueles régimes publics d’as-surance maladie, l’évolu-tion des politiques sanitai-res et les questions defaisabilité. Y sont analy-sés les particularités con-ceptuelles des régimesd’assurance maladie, lesprestations de santé, le fi-nancement, les coûts et le

mode d’organisation ainsi quel’information opérationnelle etstratégique nécessaire.

■ Workers without Fron-tiers : The Impact of glob-alisation on internationalmigration. Peter Stalker, 2000.

ISBN 92-2-110854-6. 30 francssuisses.

Cet ouvrage, qui propose unetrès intéressante évaluation d’unequestion complexe et controver-sée, réunit l’information la plusrécente sur les migrations inter-nationales et la mondialisation.Il met en évidence l’articulationentre les migrations et les mou-vements de biens et de capitauxet leur étroite relation avec l’évo-lution des facteurs sociaux etéconomiques. Souvent, le débatrelatif à la mondialisation ne tientpas compte des migrations in-ternationa-les ou ne lestraite quecomme ca-tégorie rési-duelle. Cetravail per-met de re-mettre leschoses àleur place enmontrant comment la conver-gence économique peut faire di-minuer la pression migratoire oucomment des années de criseéconomique peuvent déclencherde nouveaux flux migratoires.(Voir également page 4)

■ ABC of women workers’rights and gender equality, BIT,Genève, 2000. ISBN 92-2-110844-9. 20 francs suisses.

Depuis une dizaine d’années,les questions des droits des fem-mes et de l’égalité entre les sexesretiennent de plus en plus l’at-tention, aussi bien à l’échelonnational qu’au sein de la com-munauté internationale. Pour fa-voriser l’égalité entre les hom-mes et les femmes dans le mondedu travail, des normes interna-

tionales dutravail et deslégislationsnat ionalesont été adop-tées sur denombreusesq u e s t i o n sliées à cetteq u e s t i o n .Or, bien sou-vent, les travailleurs ne connais-sent pas les droits que leur ga-rantissent ces textes.

Ce guide vient combler unetelle lacune. Il explique quellesobligations sont imposées auxÉtats ou aux employeurs enmatière d’égalité entre les sexeset quels droits correspondantssont reconnus aux travailleursdans les conventions et recom-mandations de l’OIT. On ytrouve une information sur leharcèlement sexuel, les femmeset le développement, le plafondde verre, etc. Sont égalementprésentés la prise en compte dela problématique hommes-fem-mes et son évolution, les prin-cipes et les droits fondamen-taux au travail, la mondialisa-tion, les zones franches d’expor-tation, le travail à temps partielet les travailleurs ayant des res-ponsabilités familiales.

■ Éducation ouvrière 1999/3, no 116. Les syndicats dansle secteur non structuré :quelques repères, publié en an-glais, français et espagnol parle Bureau des activités pour lestravailleurs, BIT, Genève. Au cours de ces dernièresdécennies, le secteur non struc-turé, au lieu de disparaître au furet à mesure que se développaitl’économie moderne, a au con-

traire pris de l’ampleur dans lamajorité des pays en dévelop-pement. Parallèlement, le mar-ché du travail des pays indus-trialisés s’est progressivementréorganisé pour aboutir à desformes d’emploi nouvelles etplus précaires et à des baissesde revenu dans les secteurs tra-ditionnels de l’économie.

Face à ce phénomène, lesorganisations syndicales onttenté d’organiser les travailleursdu secteur non structuré et ontrecherché des moyens de faireparticiper l’ensemble de lasociété aux efforts qu’ils dé-ployaient dans ce sens.

Le Bureau des activités pourles travailleurs du BIT a con-sacré une livraison de son bul-letin trimestriel, «Éducationouvrière», à l’analyse de l’ac-tion des syndicats en faveur destravailleurs de ce secteur, réa-lisée à partir de neuf étudesnationales dans lesquelles sontreprésentées les quatre grandesrégions du monde : Afrique, Asie,Europe et Amérique latine.

Ce numéro de 166 pages, quireflète l’un des grands axes detravail du Bureau des activitéspour les travailleurs, constitueun excellent document de réfé-rence pour tous ceux qui, dansles milieux syndicaux ou univer-sitaires, s’intéressent au secteurnon structuré.

■ Revue internationale desécurité sociale, vol. 53, no 2,avril-juin, AISS, Genève, 2000.ISSN 0379-0312

Les articles de Stanford G.Ross et Monika Queisser re-viennent sur le thème du numéroprécédent, à savoir la réformedes régimes de retraite.

Examinant la doctrine et lapratique en vigueur dans cedomaine, Ross présente le débatconcernant les manières les plusappropriées de procurer un re-venu de retraite aux citoyens etanalyse les principales interpré-

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tations données aux résultats ob-tenus dans différents pays dumonde entier. D’après lui, laquestion n’est pas la politiqueéconomique ou sociale mais laculture politique. Il s’agit de savoircomment bâtir un régime de re-traite en fonction de la situationéconomique, sociale et politiqued’un pays.

Queisser fait observer que lesorganisations internationales quis’occupent de la politique desretraites ont beaucoup réfléchices dernières années aux recom-mandations à formuler en vuede la réforme, mais sur la basede conceptions différentes. Com-parant les positions de l’OIT, del’AISS, de la Banque mondiale,du FMI et de l’OCDE, elleconstate qu’un débat extrême-ment idéologique a progressive-ment cédé le pas à la coordinationet à la coopération, passant selonses propres termes «de la cri-tique à la convergence».

On trouvera également dansce numéro le tour d’horizonhabituel des derniers ouvragespubliés sur le thème de la sé-curité sociale, un exposé deAbdellah Boudahrain sur lafragilité de la protection socialedes travailleurs maghrébinsimmigrés en Europe occidentaleet dans les États du Golfe ainsiqu’un texte de David M. Drortentant de mesurer l’influencedes différences théoriques entreassurance maladie privée etpublique sur les réformes de lasanté dans différents pays in-dustrialisés.

Pour tout renseignement :www.issa.int («Publications»)Les abonnés reçoivent à titregracieux Tendances en sécuritésociale. Abonnement annuel: 70francs suisses; prix par numéro:25 francs suisses.

Commandes: Peter Lang SA,Éditions scientifiques européen-nes, Jupiterstr. 15, B.P. 277,CH-3000 Berne 15, Suisse(tél. +4131/940 2121; fax+4131/940 2131; e-mail:[email protected]).

Dans le domaine de l’emploi, les sujets de contro-verse ne manquent pas. Toutefois, ils se rapportentsouvent à quelques questions récurrentes, celles del’insécurité, de la flexibilité ou du rôle que doiventjouer les forces du marché. Dans tous les articles dece premier numéro de l’an 2000, les auteurs cher-chent à baliser les voies qui pourraient être celles depolitiques sociales constructives susceptibles defavoriser l’emploi – et dans de bonnes conditions –compte tenu de la logique économique et de lamondialisation.

Pour commencer, et conformément à la ligneéditoriale de la Revue, favorable à la recherchemultidisciplinaire, G. M. Kelly fait part de ses ré-flexions sur le concept de travail et la diversité de sesacceptions, culturelles, économiques ou statisti-ques. Dans son article «L’emploi et l’idée de travaildans la nouvelle économie mondiale» qui constitueune véritable plongée « archéologique», il conduit lelecteur des premiers écrits de la chrétienté en lefaisant passer par la réforme et la conception calvi-niste du travail, à la «sécularisation du travail, fac-teur de production, dans la machine industrielle»,puis à la conception marxienne qui place le travail aucentre des forces économiques, enfin à la réductiondu travail à l’état de marchandise. Autant de consi-dérations qui ne sont pas sans intérêt au vu du débatcontemporain sur les relations entre la morale etl’économie et sur la place du travail parmi les valeursfondamentales. L’auteur pense qu’à long terme, «onverra sans doute mieux qu’il n’est pas possible detout faire reposer sur l’équilibre du marché, que c’estune politique contraire aux droits et à la dignité del’homme, une impasse». Un renouveau du conceptde la communauté politique pourrait nous pousser à«couper avec l’individualisme radical [et le] règne dela cupidité».

Dans l’article intitulé «Les principes de l’OIT surla négociation collective», Bernard Gernigon,Alberto Odero et Horacio Guido soulignent l’im-portance et l’actualité de la négociation collective. Aucours de la dernière décennie, les mutations specta-culaires de l’économie et des systèmes politiquesn’ont pas été sans conséquence sur la forme et lemode de la négociation, mais sans rien lui ôter de savaleur, bien au contraire. Alors que dans le mondel’insécurité gagne et que les capitaux circulent sansentraves, la protection qu’offrent aux travailleurs lesconventions collectives librement négociées avec lesentreprises revêt une importance primordiale. Lesauteurs démontrent que l’OIT n’a pas failli en cedomaine en ce sens qu’elle a accompagné l’évolutionde l’application des principes toujours actuels quesont la liberté syndicale et le droit à la négociationcollective.

Ceux qui plaident pour la primauté des forces dumarché mettent souvent en accusation la rigueur dela protection de l’emploi. Leur argumentation tientessentiellement à ce que la sécurité de l’emploi estune cause importante de chômage et décourage lacréation d’emplois. Le débat sur la question est

gravement faussé par le fait que les mesures de cetteprotection sont loin d’être appropriées, sujet impor-tant dont traitent Giuseppe Bertola, Tito Boeri etSandrine Cazes dans leur article «La protection del’emploi dans les pays industrialisés: repenser lesindicateurs ». Le sujet peut paraître ésotérique,mais les recherches dans ce domaine ont hâtivementexploité des indicateurs simplistes et périmés, pourtout dire fort imparfaits. Si l’on ne dispose pasd’indicateurs exploitables de l’intensité de la pro-tection de l’emploi, les recommandations politi-ques formulées à partir des indicateurs existants,mais médiocres, sont elles-mêmes sujettes à cau-tion. Les auteurs montrent que « les échelles declassement de la protection de l’emploi dont ondispose sont trop imparfaites et imprécises pouréclairer le débat sur la réforme de la protection del’emploi et ne peuvent pas être utilisées commemoyen de contrôle des réformes de structuresengagées sur le marché du travail». Sans doute est-il nécessaire de construire des indicateurs parce quela question de la flexibilité relative des marchés dutravail ne peut être évitée lorsque l’on analyse etcompare leurs résultats. Il en découle que desrecherches sérieuses visant à mettre au point desindicateurs qui rendent compte de la complexité dela protection de l’emploi sont aujourd’hui indispen-sables.

Vincenzo Spieza traite lui aussi d’un autre cou-pable présumé des mauvais résultats obtenus enmatière d’emploi dans bien des pays industrialisés,à savoir la générosité de l’indemnisation du chô-mage. Dans son article «Les effets comparés desrégimes d’indemnisation du chômage sur l’emploiet les salaires», il développe un plaidoyer théoriquepour que l’on étudie séparément les effets del’assistance chômage et de l’assurance chômage,montrant qu’il n’y a aucune raison pour que l’as-surance chômage soit accusée d’accroître le niveaude celui-ci. Si l’aide sociale – l’assistance – est uninstrument indispensable de l’équité, l’indemnisa-tion du chômage – sous forme d’assurance – n’estpas incompatible avec un bon niveau d’emploi. Cesrésultats sont d’une grande importance pratiquedans l’argumentation morale en faveur d’une po-litique sociale en ces temps de flexibilité.

La rubrique «Livres» évoque plusieurs thèmesimportants. Les notices bibliographiques rendentcompte d’un plaidoyer pour la reconnaissance debiens publics à l’échelle mondiale avant de traiter de«l’organisation thérapeutique », de l’économie dutravail des enfants, du travail et de la démocratie enNamibie, des images de la pauvreté, du débat surl’emploi en France, des aides aux implantationsindustrielles aux États-Unis et de la situation sani-taire sur le continent américain. Suit la présentationde quinze nouvelles publications du BIT.

Note : Depuis le volume 138 (1999) la Revueinternationale du Travail est en vente en ligne – parvolume, au numéro et par article – en anglais, françaiset espagnol.

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