LES FEMMES, LES ARTS ET LES SCIENCES

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EXPOSITION LES FEMMES, LES ARTS ET LES SCIENCES ____________________ Elaborée par : ____________________ Présentée par :

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EXPOSITION

LES FEMMES,

LES ARTS ET LES SCIENCES

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Elaborée par :

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Présentée par :

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... Vers de nouvelles histoires Exposition conçue par Florence Boué, Peinture : Gilles Grimaud, Conception et réalisation graphique : Stand’Art Partenaires financiers : Mission Femme du CNRS - CNRS - Académie de Toulouse - Fonds Social Européen - Région Midi-Pyrénées - Délégation Régionale aux Droits des Femmes.

Pour une majeure partie d’entre nous, la première femme scientifique est Marie Curie. Les femmes artistes ne sont visibles qu’à partir de la moitié du XXe siècle pour la peinture ; absentes dans le domaine de la musique, on les retrouve en littérature, plus écrivaines que poétesses. Elles sont davantage connues comme muses, inspiratrices ou épouses.

Cette exposition a pour objectif de mettre en lumière quelques femmes, scientifiques ou artistes, oubliées ou méconnues de notre histoire collective. Elle a pour ambition, non d’analyser ces destins de femmes, mais de vous offrir un aperçu d’histoires ignorées, de combats, de volontés, de ténacités, d’ambitions, de passions... Elle a aussi pour but de contribuer à changer l’image des femmes en ne les présentant plus comme des femmes soumises mais comme des femmes qui ont su prendre en main leur destin.

Celles que vous rencontrerez au fil de cette exposition sont toutes des héroïnes. Elles ont bousculé les préjugés de leur temps par leur insolence, leur passion et leur génie.

Vous découvrirez aussi qu’elles doivent souvent leur reconnaissance à des hommes, savants ou artistes, avec lesquels elles ont collaboré et qui considéraient les femmes comme leur égal.

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Les femmes et l’écriture

Dans le Japon du Xe siècle, Murasaki Shikibu (vers 973-1014), dame d’honneur, s’ennuyait à la cour. Elle raconte sa vie, ses amours, ses rivalités. Son œuvre, le Genji Monogatari, est primordiale pour l’écriture japonaise. À cette époque, seuls les moines et les nobles ont l’autorisation d’utiliser les caractères chinois. Murasaki apprivoise alors une autre calligraphie, créée par un moine, l’hiragana, caractère japonais symbolisant des syllabes. Par la suite, l’hiragana est réservé à la société civile et notamment aux femmes. Il constitue de nos jours un des quatre alphabets de l’écriture japonaise.

En France vers 1170, Les Lais de Marie de France est la première œuvre publiée par une femme. Petite-fille de troubadours, elle introduit dans la langue d’oïl la structure poétique et lyrique des chansons de langue d’oc. Elle est l’auteure du premier recueil de fables en langue d’oïl.

Au début du XVe siècle, Christine de Pisan (1364-1431), dans son Épistre au Dieu d’Amours (1399), critique violemment Jean de Meung qui, vers 1275, dans son œuvre Le Roman de la rose, avait posé le rôle de la femme dans le mariage, les règles de l’amour courtois. Elle dénonce l’hypocrisie du jeu courtois, réhabilite la femme dans le mariage et revendique l’égalité des sexes. Première à vivre de sa plume, elle écrit une thèse féministe, La cité des dames. Elle se bat pour l’éducation des filles, affirmant que leur manque d’apprentissage les rend inférieures.

Marguerite de Navarre (1492-1549) lutte pour dénoncer les mariages forcés. Sœur de François Ier, elle reçoit la même éducation que lui : écriture, culture, politique. L’Heptaméron (1542), composé de 72 nouvelles, s’élève contre la brutalité masculine à l’égard des femmes. Elle décrit la vie et le statut des femmes de la noblesse durant la Renaissance. Elle revendique l’égalité des droits et des devoirs dans la vie conjugale. Son recueil d’épigrammes et de chansons, Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, expose son idée de l’amour.

Louise Labé (1524-1566), autre figure importante dans l’écriture féminine de la Renaissance, appartient à l’école lyonnaise, elle est proche des poètes de La Pléiade. Fille et femme de marchands cordiers, surnommée la Belle Cordière, Louise est la première à écrire son désir assumé pour un seul homme, notamment dans les sonnets La Canzoniere.

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Les bosses des maths

Les mathématiques sont plus difficiles à conquérir que les étoiles. Dès l’époque grecque, les femmes fréquentent différentes écoles : Diotama celle de Socrate, Lasthenia celle de Platon. Deux écrits ont été attribués à Perictione, disciple de Pythagore. Hypatie (~355-415) écrit un traité sur la géométrie. Professeure charismatique, elle est considérée comme un danger par la communauté chrétienne qui la lapide. C’est au Moyen Âge que les mathématiciennes disparaissent.

C'est l’Italienne Maria Agnesi (1718-1799) qui remettra en lumière les mathématiciennes. Autodidacte, elle lit très tôt Descartes, Newton, Leibniz, Euler. Elle est préceptrice et écrit plusieurs traités de géométrie analytique, étudie la courbe cubique qui porte son nom. Sa réussite éblouissante lui vaut d’être nommée à l’Académie des sciences de Bologne.

Mais des préjugés restent encore à dépasser. La Française Sophie Germain (1776-1831), passionnée par les mathématiques, ne peut entrer à l’École polytechnique. Obstinée, elle utilise le pseudonyme de Louis-Auguste Le Blanc comme subterfuge pour rencontrer Joseph Lagrange et pour correspondre avec Gauss. Lorsqu’elle est démasquée, la communauté mathématicienne ne peut que reconnaître son génie. Elle travaille sur les vibrations, sur la théorie des nombres, formule la théorie de l’élasticité et participe à l’histoire de la démonstration du théorème de Fermat. Désormais les femmes peuvent être mathématiciennes.

Une autre étape est franchie avec Sofia Kovalevskaïa (1850-1891), première femme à obtenir un doctorat de mathématiques. Elle décrit la rotation d’un corps asymétrique autour d’un point fixe, la toupie de Kovalevskaïa. Elle prolonge les travaux du mathématicien Augustin Cauchy sur les équations différentielles. Ses compétences sont reconnues égales à celles du mathématicien par l’université de Stockholm qui lui offre le premier poste de femme professeure en Suède.

Au début du siècle, les universités européennes ouvrent leurs portes à la gent féminine. Elles doivent cependant toujours se battre pour garder confiance en elles et prouver leurs compétences.

Emmy Noether (1882-1935) a autant de génie et de courage que celles qui l’ont précédée. Ses travaux sur les mathématiques des symétries naturelles sont capitaux pour la physique : les lois physiques sont identiques hier et demain, ici et dans une autre galaxie. Juive, elle fuit l’Allemagne nazie pour les USA, où, en tant que femme, elle se heurte à l’hostilité des universités.

De nos jours, la place des mathématiciennes semble être acquise. Alors, que la médaille Fields soit enfin attribuée à une femme !

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Les femmes et

le Baroque italien

L'opulence, la rivalité entre des familles prestigieuses, comme les Médicis ou les Borghèse, contribuent aux révolutions culturelles de la Renaissance ou du Baroque. Les gouvernants, les riches notables, les papes protègent de grands artistes pour exhiber, magnifier et immortaliser leurs richesses.

Les femmes participent à cette efflorescence. Reconnues pour leur talent dans toute l’Europe, elles sont peintres officielles de la cour. Sophonisba Anguissola (1532-1625), portraitiste, est l’une des premières artistes italiennes, issue de la noblesse, aînée de sept filles, toutes peintres. Elle commence par dessiner ses sœurs, puis produit d’autres autoportraits. Invitée à la cour d’Espagne, elle en est l’artiste officielle. Sa contemporaine, Lavinia Fontana (1552-1614) exerce à la cour du pape Grégoire XIII. Fille d’un peintre bolonais, elle apprend le métier à l’école de Bologne. Elle réalise, entre autres, Minerve à la Galleria Borghese.

Artemisia Gentileschi (1593-1652) connaît une renommée européenne. Elle crée avec son père Orazio Gentileschi (1563-1639) les neuf toiles qui ornent le plafond du vestibule de la Marlborough House à Londres, représentant l’Allégorie de la paix et des arts sous la protection de la couronne d’Angleterre (1639). Héritière d’une famille romaine de peintres, elle se forme très tôt dans l’atelier de son père. À 17 ans, elle signe son premier tableau, Suzanne et les Vieillards. À Florence, sous la protection de Cosme II de Médicis, elle acquiert son émancipation, notamment grâce à Judith décapitant Holopherne, ainsi que son indépendance financière. Mais pour accéder à l’Accademia del Disegno, il lui faut les signatures de son père. Elle est l’une des premières à entrer dans l’univers symbolique et à se représenter dans des personnages féminins bibliques.

Francesca Caccini (1587-1640), compositrice florentine, est la première à écrire un opéra, La liberazione di Rugiero dall’isola d’Alcina. Son père Giulio Caccini (1550-1618) est un des précurseurs du genre. Sa mère Lucia Caccini chante à la cour florentine des Médicis et sa sœur, Settimia Caccini suit la même carrière auprès de Cosme II. À Venise, Barbara Strozzi (1619-1664) apprend la musique avec son père, un grand compositeur. Elle écrit des cantates et Opus 1 in Venice (1644). Elle crée la première académie (Accademia della Signa) où les femmes sont acceptées sans avoir besoin de mari, de frère ou de père artistes.

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Les femmes artisanes

et artistes

Au Moyen Âge, les premières créations féminines sont des miniatures et des enluminures. Des moniales copient et illustrent des manuscrits. Elles exécutent ce travail pour le couvent dans le cadre d’un atelier et sur commande. Certaines signent leurs œuvres comme Endé à la fin du Xe siècle ou Guda, au XIIe siècle.

Au XVe siècle, la peinture est un métier d’artisanat, les peintres-artisans sont réunis en corporation, en atelier, généralement familial. Ces ateliers sont tenus par des francs-maîtres. Les peintres artistes appartiennent à une cour ou à une Académie royale. Ils sont commanditaires du roi. Les femmes n’ont pas accès à l’enseignement, elles n’ont pas l’autorisation d’enseigner la peinture et n’ont pas le droit d’être membre de certaines académies.

Les œuvres de femmes nous sont parvenues grâce à l’appui de quelques cours européennes. Levina Teerling (1528-1576) travaille pour le roi Édouard VI et Marie Stuart. Lavinia Fontana (1552-1614) est au service des églises et des riches notables. Suzanne Court est une grande émailleuse de Limoges à la fin du XVIe siècle.

En obtenant le droit de signer puis d’entrer dans les académies, les femmes passent du statut d’artisan à celui d’artiste. Louise Moillon (1610-1696), de religion protestante, fut la première artisane à signer ses œuvres, des natures mortes.

En France, en 1663, l’Académie royale des beaux-arts est ouverte à tous les artistes y compris les femmes. En revanche, leur exclusion de l’enseignement et de l’étude du nu subsiste. Catherine Duchemin (1630-1698), peintre de natures mortes, y est reçue ainsi qu’Elisabeth-Sophie Chéron (1648-1711), en 1672, grâce à son autoportrait. En tant qu’artistes, elles sont cantonnées dans l’exécution de certaines œuvres : natures mortes, portraits, scènes de genre. En 1677, Anne Stresor (1651-1713) expose une miniature représentant Jésus-Christ. En 1720, Rosalba Carriera (1675-1757) est nommée à l’Académie et elle est déjà reconnue dans toute l’Europe. Rosalba, portraitiste, introduit le pastel en France. En 1751, les corporations furent supprimées, le statut artisan-peintre n’est plus. En 1791, les salons de vente s’ouvrent aux femmes. Malheureusement, la Convention de 1793 refuse le statut de citoyen aux femmes. Elles restent dépendantes de leur père, de leur frère ou de leur mari pour être artiste. Et le combat doit recommencer.

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Entre femme et assistante

Regardons maintenant les couples de scientifiques. Quelle est la contribution de chacun ? Les femmes, n’étant pas reconnues en tant que chercheuses, ont pourtant soutenu leur mari dans leurs travaux tout en restant dans l’ombre. Émilie du Châtelet est la compagne de Voltaire (1694-1778) pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur car son couple lui permet une stabilité et une reconnaissance en tant que femme scientifique de l’époque. Le pire car, aujourd’hui, elle n’est plus que « la muse et inspiratrice de Voltaire ». Exit la physicienne ! Pourtant elle est reconnue comme telle par ses pairs, les rares savants comprenant la théorie de Newton. Certes, ses collaborations avec des hommes scientifiques lui ont causé beaucoup de soucis et ont servi de point d’ancrage à toutes les misogynies, certains ne pouvant imaginer qu’une femme ait pu écrire ou traduire des théories scientifiques.

Le nom d’Antoine-Laurent Lavoisier (1743-1794) évoque la chimie moderne, l’oxygène, la Révolution française. Et celui de Marie-Anne Lavoisier (1757-1836) que vous évoque-t-il ? Elle est son épouse certes, mais aussi son assistante dans la découverte de l’oxygène. Elle traduit pour lui des travaux de scientifiques anglophones, transcrit les expérimentations. Après la mort de son mari guillotiné pendant la Révolution, elle regroupe et publie ses œuvres dans le Traité élémentaire de chimie. Cette collaboration est immortalisée par le peintre Louis David dans son tableau Lavoisier et sa femme (Metropolitan Museum, New York).

Chacun de ces couples révèle une harmonie dans leur travail. Certains ont reçu le prix Nobel : Pierre et Marie Curie pour la découverte du radium, Irène et Frédéric Joliot-Curie pour celle de la radioactivité artificielle, Carl et Gerti Cori pour le métabolisme des glucides et la fonction des enzymes dans ce métabolisme. Lorsque les journalistes demandent à Gerti Cori lequel des deux avait compris en premier les différentes étapes du métabolisme des glucides, elle répond «lui », et il répond « en même temps ». Malgré toutes les difficultés qu’elle rencontre pour travailler avec Carl Cori (manque de reconnaissance, absence de poste rémunéré, culpabilité d’être une entrave dans la carrière de son mari), Gerti participe aux expériences, aux réflexions, aux questionnements et aux hypothèses.

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Vénus, les femmes et la création

L'art préhistorique nous est connu à travers des peintures de bisons, de chevaux, des scènes de chasse, d’empreintes de mains. Connaissez-vous les Vénus, représentations de femmes, comme la Vénus de Lespugue découverte près de Toulouse ou les Vénus de la grotte de Chauvet-Pont-de-L’Arc ? Que symbolisent ces statuettes ou ces peintures de l’art paléolithique supérieur ? Et qui les a créées ? Des hommes ? Des femmes ? Ou peut-être des enfants ? Beaucoup de réponses, selon les époques, mais les argumentations restent faibles.

Les peintures rupestres dessinées sur les murs des grottes représentent dans une grande majorité des animaux, mais aussi des symboles masculins et féminins. Une écriture universelle émerge. Des Vénus existent dans plusieurs régions d’Europe occidentale. Elles apparaissent au paléolithique supérieur, à l’époque de l’Homo Sapiens. Ces statues révèlent des femmes, difformes pour notre époque et notre mode contemporaine : de larges hanches, un visage non dessiné, des seins imposants. Selon nos préjugés modernes, seuls des hommes pouvaient modeler des femmes nues ; d’ailleurs, pour certains historiens, spécialistes de la préhistoire, seuls les hommes pouvaient être des créateurs.

Que représentaient ces Vénus ? Plusieurs hypothèses ont été proposées. Ces statues représenteraient la fécondité et la maternité. Ce sont des femmes enceintes qi les auraient créées, tête baissée, regardant leur ventre, leurs hanches. Ces Vénus seraient des autoportraits.

La présence à certains lieux précis de vulves et autres symboles féminins pourrait faire penser à un lieu de culte d’une déesse féminine, à un lieu privilégié où se regroupaient les femmes, ou à un lieu initiatique. Certaines chercheuses pensent que ces peintures auraient été créées par des femmes artistes. Peut-être une revanche sur des hommes qui leur interdisaient cette fonction. En l’état actuel des investigations, des indices nous manquent pour attribuer ces peintures et ces statues à des hommes ou à des femmes.

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La visibilité des femmes peintres

Quelle est la visibilité des femmes peintres? Pourquoi nous les connaissons moins que les hommes peintres de leur époque? Si leur talent n’est pas mis en doute, leurs œuvres sont encore peu exposées, malgré les efforts et ce souci de visibilité déployé par certains musées. Ceux de Toulouse, par exemple, révèlent quatre femmes peintres.

Louise Moillon (1610-1696) étudie avec son père, peintre lui-même. Puis à la mort de celui-ci, son beau-père poursuit cet enseignement. Louise est reconnue pour ses natures mortes, ses paniers remplis de fruits captant la lumière et la couleur.

Élisabeth Vigée-Lebrun (1755-1842) est officiellement attachée à Marie-Antoinette. Elle a fait le célèbre portrait de la reine avec les enfants princiers. Elle acquiert ses connaissances grâce à son père. En 1782, elle expose son autoportrait en femme artiste pour entrer à l’Académie royale de peinture et de sculpture. En 1783, elle est soutenue par la reine et l’Académie doit supprimer l’accès limité du nombre de femmes. Bouleversée par la violence de la Révolution, Élisabeth quitte la France pour parcourir l’Europe.

Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803), qui n’est pas issue d’un milieu artistique, étudie en premier lieu les miniatures et devient ensuite membre de l’académie de Saint-Luc où elle commence à exposer. Elle fonde la première école pour femmes et y enseigne. Son autoportrait avec ses élèves en est un témoignage. Elle est admise à l’Académie royale, en 1783, grâce aux portraits de huit académiciens qu’elle réalise. Avant 1789, elle a entrepris ceux des filles de Louis XV puis du Comte de Provence. À la Révolution française, elle fait une donation patriotique à l’Assemblée nationale. En 1791, elle peint les portraits de certains députés comme celui de Robespierre, mais en 1793, un décret ordonne la destruction de ses tableaux royalistes. Pour sauver sa tête, elle s’enfuit de Paris. En 1795, elle reçoit un logement d’artiste au Louvre et une pension.

Amélie Beaury-Saurel (1848-1924), épouse de Rodolphe Julian, ouvre le premier atelier de peinture pour femmes, en 1873. Dans son tableau Dans le bleu (1894), exposé au musée des Augustins à Toulouse, on voit une femme de profil, souriante, accoudée sur une table en train de fumer, une tasse de café à son côté. Cette représentation n’est-elle pas déjà le symbole du début de l’émancipation de certaines femmes ?

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Les femmes compositrices

Aujourd’hui, il est toujours aussi délicat pour une femme compositrice de se faire entendre ou de diriger un orchestre ; peu d’œuvres lyriques écrites par des femmes sont jouées en public. Pourtant, elles ont toujours été présentes dans l’histoire de la musique occidentale. L’une des premières fut Hildegarde von Bingen (1098-1179). Abbesse, médecin, compositrice, créatrice de chants monophoniques religieux, elle est également auteure de chants de messes.

Puis les femmes sont interdites de chanter ou de jouer dans les églises, mais elles ne restent pas pour autant muettes. Au XVIe siècle, les femmes composent des madrigaux et de la musique de chambre. En France, en 1694, Elisabeth Jacquet de La Guerre (1665-1729), claveciniste et compositrice, est la première femme membre de l’Académie de musique et de danse.

Après la Révolution française, la situation des femmes artistes ne s’est pas améliorée. Louise Farrenc (1804-1875) et Augusta Holmès (1847- 1903) réussissent par leur génie, leur force et leur ambition. Louise Farrenc, épouse du compositeur Aristide Farrenc (1794-1865) est professeure au conservatoire de Paris. Outre ses œuvres, nous lui devons l’introduction du mot « compositrice » dans le dictionnaire. Augusta Holmès est l’une des plus grandes compositrices de la fin du XIXe siècle, elle suit les cours de César Frank (1822-1890). Ses poèmes symphoniques comme Pologne (1883), son opéra La Montagne noire et l’Ode triomphale, écrite pour célébrer le centenaire de la Révolution française, sont de grands succès populaires.

Cécile Chaminade (1857-1944), appelée « Petit Mozart » par Georges Bizet (1838-1875), doit lutter contre son père pour devenir pianiste et compositrice. Elle produit 350 œuvres dont un opéra-comique, un ballet et la symphonie Les Amazones.

Autre Mozart féminin, mais originaire d’une famille musicienne, Lili Boulanger (1893-1918) entre au conservatoire de Paris à l’âge de 16 ans et reçoit le prix de Rome à 19 ans. Ses Psaumes et Vieille prière bouddhique sont considérés comme des chefs-d’œuvre. Sa sœur, l’organiste Nadia Boulanger (1887-1979), obtient à 16 ans, les premiers prix d’orgue, d’accompagnement et de composition et devient la suppléante de Gabriel Fauré (1845-1924). À la mort de Lili, elle se consacre à la diffusion de l’œuvre de sa sœur et à la pédagogie musicale. Le statut de mère et celui d’artiste étant considérés incompatibles entre eux, des musiciennes comme Fanny Hensel-Mendelssohn (1805-1847), Clara Schumann-Wieck (1819-1896), Alma Mahler (1879-1964) ont contribué à la carrière de leur frère ou de leur mari.

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Les scientifiques voyageuses

Les voyages, les expéditions étaient réservés aux hommes. Maria Sibylla Merian, née en 1647, est l’une des premières à participer à une mission scientifique. À l’âge de 52 ans, elle part au Surinam avec sa plus jeune fille pendant trois ans (1699-1701). Durant ce périple, elles explorent l’intérieur de l’île et Maria dessine des planches sur la vie des insectes, montrant ainsi des capacités pour l’entomologie. Pour étudier les différentes espèces du Surinam, elle crée des liens avec une ethnie locale et publie Metamorphosis Insectorum Surinamensium, en 1705. Elle meurt en 1717 à Amsterdam. Sa fille édite le reste de ses travaux dans Erucarum Ortus Alimentum et Paradoxxa Metamorphosis.

Nous connaissons beaucoup d’expéditions maritimes vers d’autres mondes pour étudier la flore, la faune, par exemple celles de Louis-Antoine de Bougainville. Jeanne Barret (1740-1807) participe à l’un de ces voyages malgré l’interdiction faite aux femmes de monter sur un bateau. Elle est la compagne et l’assistante du botaniste Philibert Commerson. Déguisée en homme, elle le suit et embarque sur L’Étude, le 1er février 1767. Comme elle est démasquée à Tahiti par la population locale, Jeanne et Philibert sont contraints de s’arrêter sur l’île Maurice où ils y étudient les plantes et elle l’aide à dessiner des planches.

Quelques siècles plus tard, les femmes ne sont plus interdites à bord, mais elles y sont extrêmement rares. Anita Conti (1899-1997) a bravé tous les préjugés pour partager la vie des pêcheurs de morue sur le chalutier-saleur Bois-Rosé de Terre-Neuve en 1952. Elle est la première Française océanographe et ethnologue. Dès 1934, elle travaille pour l’Office scientifique et technique des pêches maritimes (l’ancêtre de l’IFREMER). Elle connaît la dure vie des pêcheurs en pleine mer et nous la fait partager à travers ses livres et ses photos. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle se retrouve parmi les dragueurs de mines dans l’océan Atlantique où elle décrit les espèces de poissons vivant sur les côtes d’Afrique de l’Ouest (Maroc, Sénégal). La « Dame de mer » fait son dernier voyage avec les pêcheurs en 1975, à l’âge de 76 ans.

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Les femmes et l'empathie

De tout temps, participer aux soins de la famille ou des pauvres est l’apanage des femmes. Elles utilisent leurs savoirs traditionnels oraux et empiriques. Certaines publient des traités de médecine, des recettes pour des onguents et des tisanes.

Hildegarde von Bingen (1098-1179), moniale bénédictine, est l’une des plus « grande penseure » de l’Europe médiévale. Elle élabore un traité de médecine et un de physiologie. Dorothea Bucca (1360-1436), femme médecin dans les États pontificaux, obtient la première chaire de médecine à l’université de Bologne.

Au XVIe siècle, toujours attentives aux autres, elles restent dans leur domaine : les soins aux femmes et la maternité. Louise Bourgeois dite « La Boursier » (1563-1636), est la sage-femme de Marie de Médicis. En 1609, elle est la première à publier un traité d’obstétrique. Elle note des observations diverses sur la stérilité, la fécondité, les accouchements et les maladies des femmes et des nouveau-nés. Elle décrit les différents types de présentation du fœtus, donne des conseils en cas de fausses couches et d’hémorragies liées au décollement du placenta.

Marie Meurdrac (1610-1680), apothicaire et botaniste, prépare ses concoctions pour soigner les pauvres. Afin de mieux prodiguer ses traitements, elle écrit un traité de recettes médicinales : La Chymie charitable et facile en faveur des dames, en 1666.

Angélique du Coudray (1712-1789) se consacre à l’instruction des sages-femmes. Pendant vingt ans, elle parcourt la France pour enseigner l’obstétrique. En 1757, elle utilise pour la première fois dans un cours, un mannequin créé par ses soins. En 1759, elle publ ie l’Abrégé de l’art des accouchements.

L'étude de l’anatomie marque le Siècle des lumières. En France, Marie-Catherine Biheron (1719-1795), plasticienne, étudie seule l’anatomie et la dissection. Elle compose des anatomies artificielles avec des tissus, puis donne des cours chez elle. Elle est reconnue dans toute l’Europe et notamment à la cour de Russie. En Italie, Anna Morandi Manzolini (1714-1774), médecin, travaille le dessin et la sculpture. Elle apprend l’anatomie et la dissection auprès de son mari, Giovanni Manzolini. Elle devient céroplasticienne et obtient une chaire d’anatomie à l’université de Bologne.

Au XXe siècle, les femmes scientifiques ont contribué avec force et ténacité à la recherche médicale. Onze d’entre elles ont reçu le prix Nobel, sept dans le domaine médical : Gerty Theresa Cori, Rosalyn Yallow, Barbara McClintock, Rita Levi-Montalcini, Gertrude B.Elion, Christiane Nüsslein-Volhard et Linda Buck.

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Les femmes dans

les mouvements artistiques

À la fin du XIXe siècle, les femmes peintres sont reconnues et des ateliers se créent spécifiquement à leur attention (comme celui de Rodolphe Julian, immortalisé par une de ses élèves, Marie Bashkirtseff (1858-1884) dans La Réunion, 1881) ; des hommes peintres les acceptent dans leur groupe. Certaines ont la volonté d’être indépendantes, telles Louise Breslau (1856-1927) ou Rosa Bonheur (1822-1899) et refusent d’intégrer des mouvements. Ces femmes vivent de leur art. D’autres participent à la révolution impressionniste : Marie Bracquemond (1840-1916), Marie Cassatt (1844-1926), Berthe Morisot (1841-1895), Eva Gonzales (1849-1883).

Berthe Morisot suit les cours de Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1895), dont la particularité est d’être donnés en plein air. Elle expose au salon de Paris en 1864. En 1868, elle intègre le groupe impressionniste grâce à Édouard Manet (1832-1883) dont elle est souvent le modèle. Elle réalise plus de 600 toiles, des femmes au quotidien, intimistes, comme Femme à sa toilette. En 1872, Mary Cassatt expose pour la première fois au Salon de Paris. Elle étudie avec Camille Pissarro (1830-1903) et entre dans le mouvement impressionniste, grâce à Edgar Degas (1834-1917). Elle peint des scènes intimes, comme La Toilette. Vers la fin de sa carrière, son intérêt pour les estampes japonaises devient plus marquant et influence son travail.

Les femmes sont présentes dans le mouvement surréaliste dès 1924. Les hommes du même mouvement les ont aidées à faire connaître leur art, tel André Breton avec Jacqueline Lamda, Valentine Hugo et Kay Sage qui furent successivement ses épouses. Des couples d’artistes se forment : Leonora Carrington et Max Ernst, Lee Miller et Man Ray, Hans Arp et Sophie Taueber.

Malgré l’œuvre importante de ces femmes, elles s’intègrent mal dans le mouvement surréaliste et seuls les noms masculins sont retenus. Dans cet univers, la femme est soit muse soit sorcière, elle reste pour l’homme-artiste un guide vers son inconscient. Gala est le symbole de la muse surréaliste pour Dali. Ces femmes quittent le groupe pour aller à la recherche de leur émancipation artistique et de leur propre féminité non dictée par des hommes. Cependant elles sont présentes dans les salons surréalistes.

La peinture de Leonor Fini (1908-1996) définit une vision de la féminité avec ses personnages de sorcières et de sphinges. Leonora Carrington (née en 1917), hypersensible, parfois proche de la folie, intègre la symbolique des contes fantastiques dans ses œuvres. Toyen (1902-1980) fonde le groupe des surréalistes tchécoslovaques en 1934. Son œuvre la plus connue est La Dormeuse.

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Les femmes et les étoiles

Les premières femmes scientifiques sont astronomes. Regarder le ciel, observer la Lune, les étoiles et d’autres mondes ne font pas partie des interdits. À Babylone, vers 2350 av. J.-C., En Hedu’Ann, prêtresse de la Lune, décrit les mouvements des étoiles. Quelques millénaires plus tard, Hypatie (~355-415), fille du mathématicien Théon, donne des cours à Alexandrie, correspond sur l’astronomie et la géométrie à travers toute la Méditerranée. Elle élabore plusieurs instruments dont un astrolabe et un planisphère.

Au Moyen Âge, les femmes astronomes disparaissent du champ de l’histoire occidentale pour revenir avec les théories révolutionnaires : le Soleil est au centre de l’Univers, la Terre et les autres planètes tournent autour de lui. Marie Cunitz (1610-1664), Jeanne Dumée (1660-1706) et Mary Somerville (1780-1872) passent le relais : conteuses, elles transmettent la science, les nouvelles théories à ceux et à celles qui n’y ont pas accès. Elles sont les premières pédagogues et « vulgarisatrices » dans ce domaine. D'autres repoussent les limites de la connaissance. Nicole-Reine Lepaute (1723-1788), femme de l’horloger du Roi Louis XV, est une « calculatrice » géniale, elle révèle la date du retour de la comète de Halley, puis, en 1761, la trajectoire du passage de Vénus devant le Soleil. En 1764, elle décrit l’éclipse annulaire du Soleil, détermine sa durée et son pourcentage visible dans les différents pays d’Europe. Elle crée deux cartes, une pour l’Europe et une pour Paris.

Au XVIIIe siècle en Allemagne, la communauté d’astronomes compte plus de 10 % de femmes. En France, la Sorbonne reconnaît, pour la première fois, les travaux de Louise Élisabeth du Pierry (1742-1789) en lui donnant une chaire d’astronomie. Aux USA, la première professeure d’astronomie est Maria Mitchell (1818-1889).

Autodidactes, elles s’imposent et se font reconnaître. Peu à peu, les femmes démontrent leur capacité à être astronomes malgré leurs difficultés à se faire écouter par la communauté scientifique. L’histoire donne raison à Cecilia Payne-Gaposchkin (1900-1979), astronome anglaise, qui observe que le Soleil est composé d’hélium et principalement d’hydrogène. À l’époque, personne ne l’entend car on pense le Soleil essentiellement composé d’hélium.

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Les dessous des Nobel

Depuis une centaine d’années, onze femmes ont reçu le prix Nobel dans les domaines scientifiques, mais d’autres restent lésées. Révélons ici le dessous des cartes et la mauvaise foi de certains collègues masculins.

Honneur au plus grand : Albert Einstein (1879-1955). Auteur de la théorie de la relativité, tireur de langue devant l’éternel, notre cher Albert était marié à Mileva Maric (1875-1948), physicienne et mathématicienne. Ils se rencontrent à l’université, c’est le coup de foudre et leur liaison devient fusionnelle. Dans sa correspondance, Albert n’a jamais nié cette importante collaboration, il écrit « our work » (notre travail), « our theory » (notre théorie), et dans une lettre à une amie, Mileva, jouant sur les mots, s’interroge « Why my name "too" when we are one ? ». Il reçoit, seul, le prix Nobel en 1921, mais par reconnaissance, il donne l’argent à Mileva.

Autre découverte fondamentale : la double hélice de l’ADN par James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins qui reçoivent le prix Nobel en 1962. Mais quelle est la réelle contribution de Rosalind Franklin (1920-1958) dans cette modélisation ? Rosalind est une spécialiste de la diffraction des rayons X. Grâce à cette technique, elle présente deux clichés de l’ADN, analyse l’un d’eux et expose ses travaux lors d’une réunion de laboratoire à laquelle participent ses trois collègues. Ils font une première modélisation erronée. La connaissance de l’analyse du second cliché leur permet de rectifier et de modéliser la double hélice. Ils nièrent complètement la contribution de Rosalind.

L'énergie nucléaire et la fabrication de la bombe atomique proviennent du même processus : la fusion nucléaire. Nous devons cette découverte à Otto Hahn et Fritz Strasmann qui reçoivent à cette occasion, en 1944, le prix Nobel. Mais, pourquoi ne pas y avoir associé Lise Meitner (1878-1968) ? Physicienne, elle surmonte tous les obstacles : éducation tardive, poste d’assistante, interdiction de cours et se bat pour être directrice de sa propre équipe. Le monde de la physique atomique reconnaît sa valeur. Lise travaille avec Otto Hahn depuis le début de sa carrière. Juive, elle doit fuir l’Allemagne nazie et se réfugie en Suède. Elle obtient un poste de professeure et devient directrice d’une équipe de recherche. Son départ de l’Allemagne lui coûte le prix Nobel, mais lui permet de rester en vie !

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L’apport des femmes dans les sciences

Osons à présent un autre regard sur l’histoire des sciences. Comme les universités sont réservées à la gent masculine, les femmes avides de savoirs prennent des cours particuliers avec les plus grands, ou sont autodidactes. Elles ont pour priorité de diffuser et d’enseigner les connaissances ou de rendre compte des plus importants ouvrages européens. Elles transmettent les théories révolutionnaires, comme celles de Copernic, Huygens, Galilée, à un plus large public grâce à leur salon (Madame de la Sablière), à leur enseignement privé (Jeanne Dumée, Marie-Catherine Biheron…) ou dans un cadre universitaire quand elles en avaient la possibilité (Dorothea Bucca, Laure Bassi, Anna Morandi Manzolini à l’université de Bologne, Élisabeth Félicité du Pierry à la Sorbonne).

La science permet de faire progresser les pays dans l’exploitation de leurs ressources naturelles. Martine Bertereau (1578-1642) et son mari le baron de Beausoleil prospectent les mines exploitables et les eaux minérales françaises. C'est l’époque de Richelieu, de ses prisons et de son inquisition. Martine, accusée de sorcellerie, meurt emprisonnée. En fait, elle réclamait de l’argent pour son étude. Elle publie, en 1640, La Restitution de Pluton, où elle propose la création d’une école d’ingénieurs des Mines.

Dans la recherche scientifique, les femmes, tout comme les hommes, participent à l’amélioration de notre quotidien. Mais qui penserait qu’une d’entre elles est à l’origine de l’utilisation de l’énergie solaire? Maria Telkes (1900-1995) est la pionnière dans ce domaine, elle construit une maison solaire dans les années 1930. Katherine Blodgett (1898-1979) découvre les verres antireflets, aux multiples applications, depuis les lunettes de vue et les appareils photos jusqu'aux vitres des immeubles …

Les femmes apportent un nouveau regard sur certains sujets scientifiques. Avant la Seconde Guerre mondiale, l’image de la fécondation est très empreinte de préjugés, de rivalités entre deux disciplines, l’embryologie et la génétique et également entre deux pays, l’Allemagne et les USA. En effet, l’œuf, passif, ne jouait qu'un rôle nutritif tandis que le spermatozoïde, actif, permettait le début du développement. Le regard d’une femme, Christiane Nüsslein-Volhard (née en 1942), a permis de rétablir le rôle partagé des deux gamètes. L’ovocyte intervient dans le développement de l’embryon grâce à des gènes maternels situés dans son cytoplasme. Ses recherches seront récompensées par le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1995.

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La physique des femmes

Derrière la notoriété de Marie Curie, découvreuse de l’éblouissant rayonnement du radium, se cache de nombreuses physiciennes. Deux femmes devraient également apparaître en pleine lumière : Émilie du Châtelet (1706-1749) en France et Laura Bassi (1711-1778) en Italie. Émilie est la première femme française à publier à l’Académie des sciences, elle traduit en français et commente les Principia d’Isaac Newton (1642-1727). Reconnue comme une femme de sciences, ses travaux, bien que très discutés, sont jugés de grande valeur, et ce dans toute l’Europe. Sa contemporaine, Laura Bassi enseigne à l’université de Bologne qui accueillait depuis longtemps des femmes professeures. Elle est également auteure de plusieurs traités (chimie, physique, hydraulique, mathématique, mécanique et technologie).

Les femmes ont parfois été à l’initiative d’idées et d’observations sur certaines notions. Agnès Pockels (1862-1935) publie le premier article sur la tension superficielle, elle réalise ses expériences dans sa cuisine. Aujourd’hui, cette notion reste importante pour connaître le système vasculaire et mesurer l’efficacité des détergents. En 1904, Hertha Ayrton (1854-1923) rédige le premier article sur les ripple-marks, rides sur le sable que font les mouvements de l’eau. Alicia Boole (1860-1940) créé des polytopes représentant la quatrième dimension.

Les femmes ont contribué à la naissance d’une discipline qui se situe à la frontière de la chimie et de la physique : la physique nucléaire. Revenons à Marie Curie qui est la première scientifique, et la seule à recevoir deux fois le prix Nobel. Elle est professeure à la Sorbonne, en remplacement de son mari, mort dans un accident. Pierre Curie fut élu en 1905 à l’Académie des sciences mais Marie y est toujours refusée. Sa fille, Irène Joliot-Curie (1897-1956), rencontre moins de difficultés à s’imposer comme physicienne. En 1935, elle obtient avec son époux Frédéric Joliot-Curie (1900-1959) le prix Nobel pour la découverte de la radioactivité artificielle. Alors que les femmes devront attendre 1944 pour avoir le droit de vote, elle est secrétaire d’État à la science et à la recherche en 1936 et est nommée professeure à la Sorbonne en 1937.

Chien Shiung Wu (1912-1997), américaine née en Chine, participe aux expériences pour la création de la bombe atomique. Elle montre l’asymétrie droite-gauche dans certains phénomènes nucléaires. En 1957, deux scientifiques reçoivent le prix Nobel pour les observations de Chien, sans la mentionner dans leurs discours.

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REMERCIEMENTS À Philippe RÉVEILLON, AU CLUB UNESCO

« LES CHEMINS DE LA CITOYENNETÉ »

Sciences et Citoyens du CNRS.

À LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DES CLUBS UNESCO

CLUB UNESCO « LES TEMPS D’ART »

Philippe LEFEBVRE.