Les facteurs géologiques et leur implication dans la ... · Les phénomènes géologiques tels que...

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Résumé Les phénomènes géologiques tels que le volcanisme de Théra et les séismes, sont évoqués depuis de nombreuses années pour expliquer les destructions des palais Minoens en Crète à l’époque du Bronze. Mes travaux sur la sismicité de la Crète, les techniques de constructions sismo-résistantes employées par les Minoens, les traces de destructions signalées par les archéologues mais aussi sur l’évolution de la société minoenne et son organisation économique et politique ont montré que les destructions observées sur l’ensemble du territoire de l’île étaient plus en rapport avec l’évolution de la société et les actions des hommes qu’avec les effets des phénomènes naturels. La situation historique marquée par la destruction des édifices palatiaux et à plus long terme la fin du rayonnement de la civilisation minoenne ne peut pas être expliquée par l’intervention directe des phénomènes naturels. Cependant, de manière indirecte, ils ont pu jouer un rôle dans la mise en vulnérabilité de la société en intervenant à un moment critique d’affaiblissement économique et de conflit politique. Une recherche pluridisciplinaire sur le terrain, menée en collaboration avec les sismologues et géologues de l’Institut de Géodynamique de l’Observatoire National d’Athènes, se propose de retrouver les traces de séismes anciens ainsi que de cendres volcaniques de l’éruption de Théra et du tsunami qui l’a suivie afin d’évaluer la part prise par les facteurs géologiques dans le processus de vulnérabilité de la société minoenne. 1. Introduction Cette communication se propose de présenter l’un des aspects du projet de recherche pluridisciplinaire sur lequel je travaille et dont les objectifs sont de déterminer l’ensemble des facteurs géologiques, économiques, sociaux et politiques qui ont pu contribuer à mettre la société minoenne en état de vulnérabilité, avec pour conséquence l’apparition d’une nouvelle force politique qui au plan national va prendre le pouvoir en Crète et au plan international va supplanter les Minoens dans leur domination des échanges économiques avec le reste du Monde Méditerranéen. Les phénomènes géologiques tels que le volcanisme de Théra et les séismes, sont évoqués depuis de nombreuses années pour expliquer les destructions des palais Minoens en Crète à l’époque du Bronze. Mes travaux sur la sismicité de la Crète, les techniques de constructions sismo-résistantes employées par les Minoens, les traces de destructions signalées par les archéologues mais aussi sur l’évolution de la société minoenne et son organisation économique et politique ont montré que les destructions observées sur l’ensemble du territoire de l’île étaient plus en rapport avec l’évolution de la société et les actions des hommes qu’avec les effets des phénomènes naturels. Les phénomènes géologiques incriminés traditionnellement ne sont sans doute pas directement responsables des destructions enregistrées en Crète puis du déclin de la civilisation minoenne. Cependant, dans une région sensible aux mouvements tectoniques par sa position géographique au droit de la zone de subduction de l’arc égéen, là où naissent les séismes superficiels et intermédiaires, le rôle de ces facteurs géologiques ne peut pas être négligé (Figure 1). En outre, leur intervention à un moment critique où l’économie est affaiblie par la concurrence des Mycéniens et où la société doit faire face à un conflit politique peut apparaître comme un facteur aggravant, susceptible d’occasionner une gêne importante. En rupture avec les pratiques traditionnelles de l’Archéologie Minoenne, j’ai choisi de procéder de manière scientifique, en établissant des collaborations avec des spécialistes dans des domaines qui intéressent une recherche qui se veut interdisciplinaire. C’est ainsi que la première étape de mon programme concerne une recherche sur le terrain qui sera menée en collaboration avec les sismologues et géologues de l’Institut de Géodynamique de l’Observatoire National d’Athènes et dont le but sera de retrouver les traces de séismes anciens ainsi que de cendres volcaniques de l’éruption de Théra et du tsunami qui l’a accompagnée afin d’évaluer la part prise par les facteurs géologiques dans le processus de vulnérabilité de la société minoenne. 2. L’état des connaissances 2.1. Les questions de méthodologie Deux grandes théories catastrophistes ont été formulées dès le début du 20è siècle pour expliquer les traces de destructions constatées sur les bâtiments mis au jour lors des premières fouilles archéologiques effectuées en Crète. Les facteurs géologiques et leur implication dans la vulnérabilité de la société minoenne Georgia Poursoulis 1 1 historienne, Groupe APS, chercheur associé à l’Institut Fernand Courby, Maison de l’Orient Méditerranéen, Université Lyon II, courriel : geor gia.poursoulis@fr ee.fr Les facteurs géologiques et leur implication dans la vulnérabilité de la société minoenne - Georgia Poursoulis Actes des VI e Rencontres - Archéosismicité & Vulnérabilité, Environnement, bâti ancien et société Groupe APS 2002 1

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RésuméLes phénomènes géologiques tels que le volcanisme deThéra et les séismes, sont évoqués depuis de nombreusesannées pour expliquer les destructions des palaisMinoens en Crète à l’époque du Bronze. Mes travaux surla sismicité de la Crète, les techniques de constructionssismo-résistantes employées par les Minoens, les tracesde destructions signalées par les archéologues mais aussisur l’évolution de la société minoenne et sonorganisation économique et politique ont montré que lesdestructions observées sur l’ensemble du territoire del’île étaient plus en rapport avec l’évolution de la sociétéet les actions des hommes qu’avec les effets desphénomènes naturels. La situation historique marquéepar la destruction des édifices palatiaux et à plus longterme la fin du rayonnement de la civilisation minoennene peut pas être expliquée par l’intervention directe desphénomènes naturels. Cependant, de manière indirecte,ils ont pu jouer un rôle dans la mise en vulnérabilité de lasociété en intervenant à un moment critiqued’affaiblissement économique et de conflit politique.Une recherche pluridisciplinaire sur le terrain, menée encollaboration avec les sismologues et géologues del’Institut de Géodynamique de l’Observatoire Nationald’Athènes, se propose de retrouver les traces de séismesanciens ainsi que de cendres volcaniques de l’éruption deThéra et du tsunami qui l’a suivie afin d’évaluer la partprise par les facteurs géologiques dans le processus devulnérabilité de la société minoenne.

1. Introduction

Cette communication se propose de présenter l’un desaspects du projet de recherche pluridisciplinaire surlequel je travaille et dont les objectifs sont de déterminerl’ensemble des facteurs géologiques, économiques,sociaux et politiques qui ont pu contribuer à mettre lasociété minoenne en état de vulnérabilité, avec pourconséquence l’apparition d’une nouvelle force politiquequi au plan national va prendre le pouvoir en Crète et auplan international va supplanter les Minoens dans leurdomination des échanges économiques avec le reste duMonde Méditerranéen. Les phénomènes géologiques tels que le volcanisme deThéra et les séismes, sont évoqués depuis de nombreusesannées pour expliquer les destructions des palaisMinoens en Crète à l’époque du Bronze. Mes travaux sur

la sismicité de la Crète, les techniques de constructionssismo-résistantes employées par les Minoens, les tracesde destructions signalées par les archéologues mais aussisur l’évolution de la société minoenne et sonorganisation économique et politique ont montré que lesdestructions observées sur l’ensemble du territoire del’île étaient plus en rapport avec l’évolution de la sociétéet les actions des hommes qu’avec les effets desphénomènes naturels. Les phénomènes géologiques incriminés traditionnellementne sont sans doute pas directement responsables desdestructions enregistrées en Crète puis du déclin de lacivilisation minoenne. Cependant, dans une régionsensible aux mouvements tectoniques par sa positiongéographique au droit de la zone de subduction de l’arcégéen, là où naissent les séismes superficiels etintermédiaires, le rôle de ces facteurs géologiques nepeut pas être négligé (Figure 1). En outre, leurintervention à un moment critique où l’économie estaffaiblie par la concurrence des Mycéniens et où lasociété doit faire face à un conflit politique peutapparaître comme un facteur aggravant, susceptibled’occasionner une gêne importante. En rupture avec les pratiques traditionnelles del’Archéologie Minoenne, j’ai choisi de procéder demanière scientifique, en établissant des collaborationsavec des spécialistes dans des domaines qui intéressentune recherche qui se veut interdisciplinaire. C’est ainsique la première étape de mon programme concerne unerecherche sur le terrain qui sera menée en collaborationavec les sismologues et géologues de l’Institut deGéodynamique de l’Observatoire National d’Athènes etdont le but sera de retrouver les traces de séismes anciensainsi que de cendres volcaniques de l’éruption de Théraet du tsunami qui l’a accompagnée afin d’évaluer la partprise par les facteurs géologiques dans le processus devulnérabilité de la société minoenne.

2. L’état des connaissances

2.1. Les questions de méthodologieDeux grandes théories catastrophistes ont été formuléesdès le début du 20è siècle pour expliquer les traces dedestructions constatées sur les bâtiments mis au jour lorsdes premières fouilles archéologiques effectuées enCrète.

Les facteurs géologiques et leur implication dans la vulnérabilité dela société minoenne

Georgia Poursoulis1

1 historienne, Groupe APS, chercheur associé à l’Institut Fernand Courby, Maison de l’Orient Méditerranéen, Université LyonII, courriel : [email protected]

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2.1.1. La théorie d’EvansLa première de ces théories, formulée par A. Evans en1928 dans sa publication sur le palais de Knossos,considère que les séismes sont responsables desdestructions supposées (Evans, 1928).

2.1.2. La théorie de MarinatosLa seconde théorie a été formulée par SpiridonMarinatos en 1939 après les premières fouilles du sitearchéologique d’Akrotiri sur l’île de Théra, pluscommunément appelée Santorin (Marinatos, 1939).

2.1.3. Les problèmes méthodologiques qui en découlentLe problème méthodologique que posent ces théories,depuis lors admises sans discussion par la communautéscientifique, est qu’elles ne sont pas fondées sur des faitsréels mais sur de simples opinions. J’ai déjà eul’occasion de montrer dans une précédentecommunication, publiée dans les actes des IVèrencontres du Groupe APS, comment l’opinion d’Arthur

Evans s’était forgée après qu’il ait lui-même vécu deuxséismes importants à Héraklion en 1922 et en 1926 etbien qu’il n’ait constaté aucune destruction sur le sitearchéologique de Knossos qu’il était en train de fouiller(Poursoulis, 2000a). Prenant conscience du phénomènesismique et de ses effets dévastateurs, par l’expériencequ’il a vécue, A. Evans a envisagé cet événementgéologique comme une explication recevable.Cependant, il ne disposait pas de tous les élémentsnécessaires pour fonder une telle théorie. De la même manière, lorsque Marinatos découvre, prèsde 20 ans plus tard, les restes de la cité d’Akrotiriensevelis sous les tonnes de cendres et de pierres poncesproduites par l’éruption du volcan, les sites des grandspalais minoens de Crète : aussi bien le palais de Phaistosfouillé par les Italiens depuis 1890, que celui de Knossosdont la fouille par Evans a débuté en 1921 ou encorecelui de Malia dont la fouille est reprise en 1924 parl’École Française d’Archéologie sont déjà découverts.La théorie d’Evans est déjà formulée, les traces de

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Figure 1 : zone de subduction de l’Arc Égéen (d’après J. Angelier, 1977) ; 1-Plaques environnantes ; 2-zones sismiquesformant les limites septentrionales et orientales diffuses de la plaque Egéenne ; 3-Fosse nord-égéenne (H.D. Needham et al,1973) ; 4-Arc égéen interne volcanique (les triangles indiquent les principaux centres volcaniques) ; 5-Axes approximatifs desprincipales fosses helleniques ; 6-Limite externe de la séismicité dense dans l’arc, d’après la carte de P. Beuzart (1972) ; 7-Axe approximatif de l’arc égéen externe ; 8-Courbes d’égale profondeur des séismes intermédiaires, d’après B.C. Papazachos(1973), pour 100 et 150 km.

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destructions sont déjà signalées et connues de l’ensembledes archéologues. Ce que Marinatos découvre à Akrotirice ne sont pas les effets des séismes mais le résultatd’une violente éruption explosive qui a détruit toute uneville en l’ensevelissant sous le poids de ses cendres. Il nepeut que rapprocher cette destruction de celle des palaiscrétois déjà connue. Cela d’autant plus que cesévénements, avec les moyens de l’époque et sans plus de

recherches, semblent contemporains. Les éléments de laculture matérielle retrouvée à Akrotiri : les motifs desfresques murales (Figure 2a, b ; 3a, b) et des vasescéramiques (Figure 4a, b, c), ainsi que les formes deceux-ci, sont semblables à ceux découverts dans lespalais minoens en Crète.L’impression très forte que ces deux phénomènesgéologiques ont produite sur ces deux hommes, qui les

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Figure 2 : a) fresque du chat et des canards à Akrotiri ( d’après le guide d’Akrotiri) ; b) fresque des oies à Knossos (d’après leguide de Knossos)

Figure 3 :a) détail des dauphins, fresque à Akrotiri (d’après le guide d’Akrotiri) ; b) détail d’un dauphin, fresque des dauphins àKnossos, (d’après le guide de Knossos)

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Figure 4 : a ) formes courantes des vases du MRIA, style floral (P.P Betancourt, in the History of the Minoan Pottery, 1985), b)motifs courants des vases du MRIA style floral (Betancourt, 1985), c) vase du style floral, Akrotiri (daprès N. Platon. Lescivilisations Égéennes 1981)

découvraient pour la première fois, semble avoirinfluencé leur opinion et celle de toute la communautéscientifique de manière durable. En effet, bien que lestechniques de la science et la réflexion des chercheursaient progressé depuis l’époque des premièresdécouvertes et que de nombreuses recherches aient étémenées dans les différents domaines, aussi bien dessciences de la terre que de l’archéologie, ces deuxthéories n’ont jamais vraiment été remises en questionpar la communauté scientifique. Ces recherches récenteseffectuées par les différents spécialistes des sciences dela terre, des méthodes de datation, de la géologie oumême de l’archéologie, sont restées cantonnées dans laseule sphère de leurs spécialités réciproques,n’envisageant à chaque fois qu’un seul aspect duproblème. Ces recherches ont d’ailleurs été effectuées àla demande des archéologues qui espéraient démontrer lasimultanéité des deux événements : éruption volcaniqueet destruction des palais minoens et ainsi fonder lesthéories catastrophistes sur des données scientifiques. Àaucun moment la pertinence même des théoriescatastrophistes n’a été remise en question. Les étudesscientifiques demandées ont été traitées comme desannexes rajoutées à la fin des rapports archéologiques etnon pas comme des éléments à part entière duraisonnement de l’archéologue. Or, la réflexion sur laquestion de la destruction, ses causes et sesconséquences, cette question qui engage desphénomènes déjà très complexes par eux-mêmes,nécessite d’intégrer au raisonnement l’ensemble leséléments disponibles et ne peut être étudiée efficacementque d’un point de vue pluridisciplinaire, seule méthodede travail qui puisse permettre de dépasser les a priori etd’espérer aboutir à une évaluation correcte des processusen cause.

2.2. Le volcanisme de ThéraLa grande inconnue en ce qui concerne l’éruptionvolcanique de Théra reste la date à laquelle elle estsurvenue. Évidemment, c’est une question importante dupoint de vue historique car en fonction de cette datel’éruption peut être mise en rapport avec des situationstrès différentes. Cette date a été estimée, d’une part parles méthodes de datation scientifiques, d’autre part parles données archéologiques provenant du site d’Akrotiri.

2.2.1. Les données archéologiquesLe mobilier céramique retrouvé dans les fouilles récentesd’Akrotiri, effectuée par C. Doumas, a permis de dater(Doumas, 1980, 1983, 1987) les vestiges ensevelis sousla cendre du volcan des environs de 1500 BC, c’est-à-dire de l’époque dite MRIA qui correspond à une datevers 1600-1500 BC (Figure 4), et durant laquelle la modeest aux vases de style floral (Figure 5a, b, c).De leur côté, les destructions des palais minoens sontgénéralement situées vers 1450 BC ce qui correspond àl’époque dite du MRIB (1500-1450 BC) qui fait suite auMRIA et durant laquelle, bien que les vases de stylefloral continuent d’avoir cours, ceux du style marindominent sur l’ensemble des sites attachés à la cultureminoenne, sauf à Akrotiri où ils n’apparaissent pas(Figure 4c).Il y a donc une différence qui peut aller de cent àcinquante ans entre les deux événements, l’éruption étantantérieure aux destructions. Ainsi, depuis les premièresconstatations faites au début du 20è siècle, les donnéesarchéologiques elles-mêmes montrent qu’il n’y a passimultanéité des deux événements. D’ailleurs, dans unouvrage récent voulant faire le point sur ces questions dedatation, l’archéologue Américain Stuart W. Manningnous indique que : « Malgré la grande quantité decéramiques retrouvées, il n’y a toujours pas d’indication

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Figure 5 : a) formes courantes des vases du style marin MRIB, (Betancourt, 1985) ; b) motifs courants vases style marin MRIB,(Betancourt, 1985) ; c) vase à décor de roseaux MRIB, Phaistos, (d’après guide du palais de Phaistos)

de l’existence de vases MRIB à Akrotiri. Ainsi, malgré lathéorie de Marinatos, il semble que la destruction despalais minoens à la fin du MRIB soit un processusindépendant qui a eu lieu une génération ou plus après»,sous entendu après l’éruption de Théra naturellement(Manning, 1999, p. 15).

2.2.2. Les analyses physico-chimiquesDiverses analyses physico-chimiques (Aitken, 1988 ;Baillie, 1989 ; Michael, 1980 ; Pyles, 1989) ont ainsi étéeffectuées depuis les années 60 dans le but de dater cetteéruption. Il y a tout d’abord eu une série d’analyses dematière organiques directement issues de l’île de Théradont certaines provenant des vestiges archéologiques.

2.2.2.1. Les datations des matières organiques horscontexte archéologiqueUne première série d’échantillons, essentiellement debois carbonisés, fut prise sur l’île, en dehors du contextearchéologique d’Akrotiri (Michael, 1980 ) (Figure 6).

C’est le Radiocarbon Laboratory of the University ofPennsylvania, qui a été chargé de l'analyse de 27 des 28échantillons prélevés dans les ruines de la ville minoenned'Akrotiri et ailleurs sur l'île de Théra (Michael, 1980 ).Comme le montre le tableau de la Figure 6, cinq des sixéchantillons analysés donnent, après correction unedatation allant de 1870 à 1720 + ou - 40 ans BC qui, parcomparaison avec la chronologie archéologiqueminoenne fondée sur les styles céramiques, correspondau moment de la construction des édifices palatiaux vers1900 BC et couvre les périodes dites du MMIB (1900-1800 BC)-MMIIA (1800-1750 BC), selon les dernièresdatations archéologiques officielles (Treuil et al, 1989)en usage en France.

2.2.2.2. Les datations des matières organiques dans lecontexte archéologiqueUne seconde série d’échantillons a été prélevée cette foisdans le contexte du niveau de destruction du sitearchéologique (Figure 7).

Elle se divise en deux catégories d’éléments organiques : - Sept échantillons concernent les matériaux de longuedurée de vie : essentiellement du bois carbonisé, qui sontconsidérés comme étant de date antérieure au contextearchéologique puisque le bois employé comme matériaude fabrication ou de construction est coupé longtempsavant son utilisation réelle comme matière première.- Dix échantillons concernent les matières périssables(graines, plantes, céréales) qui elles sont contemporainesdes vestiges archéologiques puisque, par leur naturemême, elles sont, en situation normale, consomméesrapidement après leur cueillette.

- Les matériaux durablesEn ce qui concerne l'analyse des échantillons dematériaux durables, on constate une grande disparitédans les résultats.

- l’échantillon (P-1890) donne une datation1710-1690 + ou - 60 ans BC, proche de celle du troncd'arbre brûlé à la base de la couche de pierres ponces (P-1401) analysé en 1967.

- Un échantillon (P-2563) donne une datation1550-1510 + ou - 200 ans BC, très proche de cellepréconisée par les archéologues (1550-1500).

- P-1599 donne une datation 1460 + ou - 160 ans BC, - P-2564 donne une datation 1390-1370 + ou - 200 ansBC.

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Figure 6 : tableau des datations 14C des échantillons de boiscarbonisés hors du site archéologique (d’après H. N. Michaeltabl. I p 792 in Théra and the Aegean World 1980)

Figure 7 : tableau des datations au C14 des échantillonsorganiques pris sur le site archéologique (d’après H. N.Michael, tab. III, p 793 in Théra and the Aegean World 1980)

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Ces deux dates sont proches de celles proposées par lesarchéologues. Les trois échantillons restant donnent desdates plus récentes :

- 1300-1270 + ou -70 ans BC, pour l’échantillonP-1619, - 1100-1030 + ou -190 ans, pour l’échantillon P-2566.

Cette grande disparité des résultats rend peu fiables lesanalyses de ces échantillons.

- Les matières périssablesLes échantillons de matières périssables, quant à eux,présentent nettement moins de disparités et se situent enmajorité autour d'une datation ancienne, voire trèsancienne.

- P-1892 et P-1895 (échantillons debranchages), donnent la même datation de 1690 + ou - 50ans BC (soit une fourchette de 1740-1690-1640).

- P-1894 constitué du même matériau en est trèsproche, avec une datation de 1680 + ou - 70 ans BC.

- De même pour P-1889, échantillon debranchage qui donne une date 1680-1660 à + ou - 50 ansBC et pour P-2565, échantillon de graines, qui donne lamême datation à + ou - 70 ans. Trois échantillons de graines donnent des dates plusanciennes.

- P-2560 donne 2590 + ou - 80 ans BC, - P-2561 : 2290-2190 + ou - 60 ans et - P-2559 : 1750-1710 + ou - 70 ans BC.

Sur les dix échantillons de branchages et de graines, unseul, le P-1888, donne une date très éloignée de cellefournie par les autres et sensiblement proche de cellepréconisée par les archéologues. Tous les autres sontgroupés autour de 1600 BC ce qui ne correspond pas à ladate de 1450 BC qui est celle entendue pour lesdestructions des palais.

2.2.3. Les datations par les pics d’acidité des glaciers etles cernes de croissance des arbresPour tenter de résoudre les doutes et les interrogationsque ces disparités ne manquent pas d'introduire (enmême temps que les incertitudes produites par leprélèvement des échantillons, pas toujours effectué avectoutes les précautions nécessaires), d'autres travauxfurent effectués cherchant à dater cette éruptionvolcanique de manière indirecte, c'est-à-dire par deséléments ne provenant pas des environs du volcan lui-même. Ainsi des recherches furent entreprises d'une partdans les glaciers du Groenland, d'autre part, sur lacroissance des arbres européens (Pyles, 1989).

2.2.3.1 Les pics d’acidité dans mes glaciersDans les glaciers, un pic d'acidité, (résultat de laretombée d'acide sulfurique) provenant d'une éruptionvolcanique, fut relevé et daté de 1675-1525 BC, avec uneforte probabilité pour 1644 BC.

2.2.3.2. Les cernes de croissance des arbresSur la croissance des arbres européens, deux équipes dechercheurs ont travaillé indépendamment l'une de l'autreet imputent toutes deux ces phénomènes à une éruptionvolcanique qui a provoqué un refroidissement prolongéde l'atmosphère.La Marche et Hirschboeck en 1984 (voir Pyles, 1989),sur les pins dont les anneaux montraient des dommagesdus au gel, datent cette éruption de 1628-1626 BC etconsidèrent que c'est celle de Santorin. Baillie et Munro en 1988 (Baillie, 1989), sur les chênesirlandais qui présentaient un retard de croissanceconsidèrent que l’événement responsable est survenudans la décennie suivant 1630 BC mais ne précisent pasde quel volcan il s'agit. S'il est sûr qu'il y a eu une projection de matièresvolcanique dans la stratosphère aux environs de 1645 BCet que des phénomènes liés à une éruption volcanique ontaffecté les arbres d'Europe (Baillie, 1989) et les glaces duGröenland, rien ne prouve avec certitude qu'il s'agit biende l'éruption de Santorin. Cette dernière est évoquée avecune forte probabilité, dans la mesure où elle est la mieuxconnue des éruptions égéennes de cette époque etsupposée suffisamment puissante pour pouvoir induiredes phénomènes durables. Mais on sait, par ailleurs, queles autres volcans de l'Arc Égéen ont subi une éruption àla fin du Quaternaire. Autrement dit, n'importe quelleéruption volcanique située dans la zone latitudinale duvolcan de Santorin aurait pu induire ces phénomènes.Quoi qu'il en soit, ces dates avancées, tournant autour de1644-1628 BC pour une éruption volcanique importantedans l'hémisphère Nord, correspondent aux datesfournies par les échantillons de branchages et de grainesprélevés sur le site d'Akrotiri. Il semble donc que la datede cette éruption puisse désormais être fixée avecquelque vraisemblance aux environs de 1630 BC.

2.2.4. La nature de l’éruption et ses effets Par ailleurs, l'éruption de Théra a été une éruptionexplosive, rejetant d'énormes quantités de cendres grises(et non pas de laves incandescentes) qui ont entièrementrecouvert le site d'Akrotiri sur plus de trente mètresd'épaisseur (Figure 8a, b).La destruction subie par les édifices de ce site est due àl'accumulation des cendres qui, sous leur poids, ontproduit l'effondrement des toitures et des étages del'intérieur (Figure 9a, b), laissant les murs extérieursintacts, conservés quasiment sur toute leur hauteur(Figure 9 c).

2.2.5. Les traces de combustions en CrèteAu contraire en Crète, les destructions constatées vers1450 BC sur l'ensemble de l'île sont le résultat d'unecombustion plus ou moins violente (Figure 10a, b) etplus ou moins étendue à l'échelle des édifices ainsi qu'àl'échelle des habitats (Figure 11). À Malia par exemple,

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Figure 8 : a) niveau de destruction du site d’Akrotiri : à droite le témoin des couches de cendres volcaniques, (d’après Chr.Doumas, publication des fouilles d’Akrotiori, in PAE 1983) ; b) succession des couches de matières volcaniques au-dessus duniveau de destruction du site archéologique d’Akrotiri (d’après Chr. Doumas, publication des fouilles d’Akrotiori, in PAE 1983)

Figure 10 : a) briques cuites à la superstructure des murs au palais de Malia (vers 1450 BC) (photo G. Poursoulis) ; b) pierres calcinées sur le site de Gournia (vers 2500-2300 BC) ( photo G. Poursoulis).

Figure 9 : a) sols défoncé sous le poids des cendres volcaniques à Akrotiri, d’après N. Platon, publication des fouilles d’Akrotiori,in PAE 1969 ; b) escalier brisé par le poids des cendres, Akrotiri (d’après guide d’Akrotiri) ; c) hauteur de maison conservée surle site d’Akrotiri (d’après guide d’Akrotiri)

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les superstructures en briques crues ont fondu du fait dela chaleur de l’incendie et les briques furent retrouvéescuites. Les bâtiments, en général, ne sont conservés quejusqu’à la hauteur du soubassement en pierres (Figure 12). Ainsi, il n'y a a priori aucune raison pour qu'une mêmeéruption produise des effets opposés au même moment àdeux endroits différents éloignés l'un de l'autre.L’ensemble de ces recherches, ainsi que les donnéesfournies par la fouille d’Akrotiri à Théra et celles venantde Crète, tendent à montrer qu’il n’y a pas desimultanéité entre l’éruption volcanique survenue àThéra et les destructions des palais minoens en Crète etqu’il s’agit de deux situations très différentes (Tableau 1).

2.3. Le tsunami Enfin, le tsunami, provoqué par l'effondrement desmatériaux du cône volcanique dans la mer, aurait pudétruire par sa puissance les constructions de bord demer en les submergeant et les emportant. Mais il n'auraitpas pu détruire les habitats de l'intérieur des terres surl'ensemble du territoire crétois. En effet, bien que l’ouverture de la caldeira soitpositionnée à l’Ouest, les experts (Meszaros, 1980) quiont étudié ce tsunami indiquent qu'il aurait évité les côtesde la Crète, passant beaucoup plus à l'Est (Figure 13).Des traces de ce tsunami ont d’ailleurs été retrouvéesdernièrement (Minoura et al., 2000) en Turquie à Didimeet Fethye, mais aussi sur la côte Nord-Est de la Crète àGouvès (Figure 14). La question de la direction de cette

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Figure 11 : site de Zakros étendue des traces de combustion à l’échelle du bâtiment palatial et du site lui-même (toutes époquesconfondues) (G. Poursoulis, thèse 1999)

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briques

couche brûlée du MAIII - MMI

objets, matiéres organiques brûlés

morceaux de bois brûlés du MMIIB - MRI

morceaux de bois brûlés du MRIB

couche brûlée du MRIB

vague n’est pas si simple à résoudre. Il reste à déterminerla direction et l’angle de réflexion de cette onde, afind’évaluer, quelle autre partie de la Crète elle a pu toucheret la force de son impact sur les côtes de cette île, afind’estimer les dégâts qu’elle aurait pu causer.

2.4. Les séismes En ce qui concerne les séismes, j’ai eu l’occasion deprésenter ces dernières années lors de différentscolloques les résultats de mes recherches sur la sismicitéde la Crète, sur l’usage de techniques de constructionsismo-résistantes par les Minoens, rendant ces édificescapables de résister aux effets des tremblements de terre,sur les traces de destructions signalées par lesarchéologues qui se présentent, d’une part comme des

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Tableau 1 : tableau chronologique de l’Âge du Bonze en Crète

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Figure 12 : hauteur conservée d’une maison sur le site deVassiliki,sud-est de la Crète, ( photo G. Poursoulis)

TABLEAU CHRONOLOGIQUE INDICATIF DE L'ÂGE DU BRONZE EN CRÈTE (nouvelles dates selon "Les Civilisations Égéennes" de R. Treuil et al., in ed. PUF Nouvelle Clio 1989)

Dates BC Phases Événements marquants les sites les plus connus7000-6500 Néolithique Acéramique Début des installations à Knossos6500-5700 Néolithique Ancien Début de l'occupation à Palaikestro et Phaistos, Epano

Archanés nombreux habitats en grottes, début d'occupation de l'ouest de l'île, surtout habitats en grottes autour de Chania

5700-4700 Néolithique Moyen4700-3250 Néolithique Récent Début de l'occupation sur le Lassithi3250-2500 Minoen Ancien I Début de l'occupation à Keto Zekros, Gournia2500-2300 Minoen Ancien II Début de l'occupation à Myrtos Pyrgos et Phournou Korifi2300-2100 Minoen Ancien III Début de l'occupation à Malia, Vassiliki, Tylissos2100-1900 Minoen Moyen IA Début des echanges avec l'est de la Méditerranée

Construction des Palais de Phaistos, Malia, KnossosMultiplication des habitats sur toute l'île

1900-1800 Minoen Moyen IB1800-1700 Minoen Moyen II1630-1628 DATE DE L'ÉRUPTION DE THÉRA SELON LES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES1700-1600 Minoen Moyen III Transformations des édifices palatiaux et de certains

bâtiments ordinaires pour la mise en place du nouveauplan symétrique découpé en îlots dynamiques sismo-résistants.

Linéaire A à Knossos1600-1500 Minoen Récent IA Transformations au palais de Kato Zakros1500 DATE DE L'ÉRUPTION DE THÉRA SELON LA CÉRAMIQUE RETROUVÉE À AKROTIRI1500-1450 Minoen Récent IB

habitats sur l'ensemble des sites occupés avec uneconcentration importante autour de Knossos.

1450-1400 Minoen Récent II Phase difficilement dissociable du MRIB et pourrait n'en faire qu'une1400-1350 Minoen Récent IIIA1 incendie de la partie est de la Maison E de Malia1350-1300 Minoen Récent IIIA2 Apparition des tablettes en Linéaire B, incendie à Knossos1300-1200 Minoen Récent IIIB

au plan de type Mycénien à l'emplacement de la Cours Nord

de la Maison E de Malia, diminution du nombre d'habitats

malgré l'incendie de la phase précédente au moins dans sa partie est.Apparition des Mycéniens en Crète

1200-1050 Minoen Récent IIIC Période de crise, effondrement de l'occupation, Knossos continued'exister mais c'est la fin de son autorité. Apparition d'une incinérationà Malia dans la maison E (élément allogène d'origine Mycénienne)

Construction du palais de Kato Zakros, usage du

vers 1450 les trois palais de Malia, Phaistos et Zakrossont incendiés et abansonnées. L'occupation du territoire està son maximum vers 1500. Multiplication du nombre des

Constructions médiocres de quelques murs à l'emplacementdu palais de Phaistos, construction du Bâtiment Oblique

du palais de Malia, construction médiocre sur la partie est

occupés sur tout le territoire sauf à Epano Archanès oùl 'occupation se maintient. Le palais de Knossos continue d'exister

modifications de l’organisation de l’espace intérieur desédifices et non pas comme des réparations consécutivesaux séismes, d’autre part comme des traces decombustion (Poursoulis, 1999, 2000a,b). En résumé je dirais que les caractéristiques de lasismicité crétoise sont d’être principalement de naturelocale, modérée et fortement récurrente, selon lesdonnées publiées, et donc accessibles au public, que

fournissent les enregistrements des séismes effectués parl’Observatoire National d’Athènes entre 1913 et 1930(Platakis 1950). En effet, sur les 135 séismes répertoriéscomme étant survenus en Crète durant cette période, 103avaient un épicentre situé en Crète. Ces séismes avaientdes intensités comprises entre I et IV degrés sur l’échelleRossi-Forell. En outre, ils surviennent préférentiellementdans certaines régions et certaines villes dont les sites

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Figure 13 : carte de la direction du tsunami selon Meszaros, (d’après S. Meszaros in Théra and the Aegean World, 1980)

Figure 14 : matières de l’éruption volcanique d’époque minoenne et couches de sédimentsproduits par le tsunami sur les côtes de l’Egée, dans l’ouest de la Turquie et en Crète (byK. Minoura et al., published in Geology, January 2000 v. 28 ; n°1 p. 59-62)

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archéologiques minoens ne semblent pas faire partie.Comme le montre le graphique de la récurrence (Figure15), les villes touchées le plus souvent sont Héraklion aucentre-nord de l’île et Hiérapétra au sud-est avec46 séismes, puis vient la ville de Chania au nord-ouestavec 22 séismes. D’un autre côté, selon les catalogues deséismes les plus courants (Platakis, 1950; Comninakis etPapazachos, 1982; Guidoboni, 1986), les séismesmajeurs ne surviennent en Crète que tous les 100 à 500ans. Bien que ces catalogues ne soient pas satisfaisantsdu point de vue historique (voir la critique que j’en aifaite dans les actes des Vème rencontres du Groupe APS:Poursoulis, 2002), ils restent pour l’instant le seulinstrument dont nous disposons pour évaluer la récurrencedes séismes de forte magnitude. Ces caractéristiques de lasismicité crétoise sont favorables à la mise au point aussi bienqu’à la transmission par les populations locales de techniques deconstruction à valeur résistante, comme l’ont montré les travauxdu Centre Universitaire Européen pour les Biens Culturels(CUEBC) ces dernières années. La Crète de l’époque Minoennese situe parfaitement dans un tel schéma, ayant su élaborer les

techniques sismo-résistantes qui permettaient aux bâtiments derésister efficacement aux effets de la sismicité locale de faibleintensité mais aussi à ceux d’une sismicité plus violentemais plus rare (Poursoulis, 2000a).

3. Analyse de la situation historique

Mes travaux sur l’évolution de la société minoenne autravers d’une analyse de l’occupation de l’île couvrantune période allant de l’époque néolithique à l’époquegéométrique, ainsi que les interprétations faites par lesspécialistes des textes économiques retrouvées sur lestablettes en Linéaire B dans le palais de Knossos et surdifférents sites de Grèce continentale (Poursoulis, 1999) ;(Duhoux, 1976 ; Duhoux et Morpurgo-Davis, 1985 ;Bennet, 1985, 1990) m’ont conduite à considérer que ladestruction de trois des quatre palais retrouvés à ce jouren Crète est le résultat des changements survenus dans lasociété minoenne, et dont l’aboutissement à été unecentralisation totale des pouvoirs économiques etpolitiques dans un unique palais qui est celui de Knossos. En effet, l’occupation du territoire montre une expansioncontinue de la société minoenne en terme d’économie etde population, matérialisée par la multiplication deshabitats sur l’ensemble de l’île à partir de 3000 BCenviron jusque vers 1500 BC, combinée à undéveloppement important des échanges extérieurs à cettemême date. Après 1500 BC, on constate au contraire, nonpas une régression mais plutôt un phénomène deconcentration de l’occupation dans la région de la plainede Pédiada, autour du centre palatial de Knossos,justement au moment où celui-ci reste le seul centreadministratif dirigeant l’économie de toute l’île. Il semble, donc que cette grande expansion économiqueet démographique qui s’est mise en place durant 1500BC ait rendu nécessaire une direction plus étroite desproductions agricoles et artisanales, d’une part afin desatisfaire des besoins intérieurs grandissants, d’autre partafin de répondre à une demande extérieure elle aussi enaugmentation. L'aboutissement de cette situation futvisiblement une centralisation complète des pouvoirséconomiques et politiques, qui s’est manifestée par lamise hors d'usage des trois palais de Malia, Phaistos etZakros, laissant le seul palais de Knossos à la tête detoute l'économie de l'île. Ce système ultra-centralisé quivisiblement semble avoir fonctionné jusque vers 1300BC a toutefois abouti à la prise du pouvoir par lesMycéniens à cette date et, au-delà, au déclin de lacivilisation minoenne. En effet, l’analyse que j’ai faite de l’évolution d’uncertain nombre d’habitats minoens sur l’ensemble duterritoire de la Crète m’incite à considérer quel’intervention des Mycéniens serait plutôt à situer vers1300 BC, comme le proposent des archéologues commePalmer et Popham (Palmer, 1969, p. 34 ; Popham, 1970)plutôt que vers 1450 BC, c’est-à-dire au moment de la

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Figure 15 : graphique de la récurrence des séismes survenusen Crète entre -368 et 1984 (d’après l’auteur, 1999, à partirdes données du catalogue de Comninakis et Papazachos, 1982: pour M = 6,5 et de données fournies par D. Papanastassioude l’Observatoire National d’Athènes : pour M = 6)

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Figure 16 : plan du palais de Malia, partie de l’aile Nord-Est a) : en traitsnoir épais le «Bâtiment Oblique» établi sur cour nord en 1300 BC, bienaprès l’abandon du palais (plan d’après O. Pelon, Malia Palais V inÉtudes Crétoises XXV éd. Paul Geuthner Paris 1980) b) : plan dubâtiment oblique caractéristique de l’architecture mycénienne en deuxpièces ; Hall d’entrée et salle principale, mais conservant l’ouverture deporte placée à l’angle du mur de séparation selon le modèle minoen(schéma de G. Poursoulis)

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destruction des palais, comme le propose au contraire lamajorité des archéologues. Plusieurs arguments viennentà l’appui de cette hypothèse.

3.1. Une diminution du nombre des habitats occupésLes conflits armés, en règle générale, laissent des tracesremarquables dans l'occupation du territoire. Unediminution importante du nombre des habitats occupéspeut en être un signe. Elle refléterait alors une hausse dela mortalité, consécutive aux affrontements, mais aussiaux famines générées par l’impossibilité de produire enquantités suffisantes les denrées nécessaires aux besoinsquotidiens.

3.2. Un appauvrissement de la sociétéCe type de situation conflictuelle s’accompagne de difficultéséconomiques conduisant à un appauvrissement général de lasociété, dont une des conséquences sera l’impossibilité àse procurer les matières premièresprécieuses et importées servant auxactivités d’un artisanat de luxe telqu’il fut développé par la sociétéminoenne.

3.3. Une médiocrité desconstructions et des productionsDe cet appauvrissement témoignentla moindre qualité des fabrications, lapersistance des modèles anciens, laquantité réduite des objets somptueuxretrouvés dans les fouilles mais aussila médiocrité des constructions oureconstructions apparaissant sur lessites archéologiques. En effet, lorsque les besoins vitaux d’unepopulation sont à peine satisfaits, larecherche de la qualité et de l’esthétique enl’architecture ou dans n’importe quel autredomaine de la création artistique, laconception de nouveaux modèlesdeviennent superflus. Les constructions sefont avec les matériaux courantsdisponibles, souvent des matériaux derécupération. On pare au plus pressé sanschercher à se procurer des matériaux plusrares dont l’acheminement nécessiterait lamobilisation de moyens importants.

3.4. L’apparition d’élémentsétrangers à la culture en placeEnfin, un dernier argument concernel’apparition d’éléments étrangers à laculture en place, qu’il s’agisse de modèlesd’objets différents, de techniques nouvellesde fabrication ou de construction. En Crète, ce type de témoignages c’est-à-

dire : diminution du nombre des habitats occupés,appauvrissement de la société, médiocrité des constructions,intervention d’éléments étrangers à la culture en place,n’apparaissent qu’à partir de 1300 BC et pas avant. On constate,en effet alors, une phase de régression importante de l’occupationsur l’ensemble du territoire qui se situe vers 1300-1200 BC ainsique l’apparition de constructions médiocres, par exemple àKnossos dans le quartier domestique situé dans l’aile Est dupalais (Evans, 1900-1905), ce qu’A. Evans a appelé la«réoccupation des squatters», ou à Malia dans la partie Est de lamaison E (Pelon, 1970, 1980) sur une surface restreinte de cettehabitation. En ce qui concerne l’apparition d’éléments étrangers, je nedonnerais qu’un seul exemple, celui de la construction, vers 1300 BC,à l’emplacement de la Cour Nord du palais de Malia, depuis longtempsabandonné, d’un nouvel édifice : le Bâtiment Oblique, construit selon unplan mycénien, bien qu’il conserve certaines techniques deconstruction minoenne (Figure 16a, b)

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Du point de vue de l’analyse historique, les causes dudéclin de la société minoenne sont liées à ses problèmeséconomiques et politiques nés du déséquilibre dusystème qu’a fini par produire la centralisation totale despouvoirs dans une structure unique le palais de Knossos.Mais si les séismes et le volcanisme de Théra ne peuventpas être directement mis en cause dans les destructionsdes bâtiments minoens, indirectement, par leur possibleintervention à des moments critiques, ces phénomènesnaturels peuvent avoir joué un rôle dans l’affaiblissementde cette société.

4. La recherche future

Ma réflexion concerne donc les conséquencespotentielles qu’une éruption volcanique, a fortiori si ellea la puissance que l’on prête à celle de Théra, peut avoirindirectement sur l’évolution d’une société, la mettant ensituation de vulnérabilité. De la même manière, unséisme survenant durant une phase de récessionéconomique doublée d’un conflit armé, même s’il est defaible intensité, aura des conséquences aggravantes car,en l’absence de prospérité économique une sociétééprouvera des difficultés à se relever des conséquencesdu séisme comme de celles de tout autre phénomènenaturel.

Pour savoir en quoi l’éruption de Théra ou les séismesont influencé la vie des Minoens en bloquant ledéveloppement économique de leur société, il fautretrouver des traces probantes des séismes anciens, descendres volcaniques ainsi que du tsunami. Pour cela, une recherche sur le terrain est programméeavec la collaboration effective de sismologues etgéologues de l’Institut de Géodynamique del’Observatoire National d’Athènes et de l’UniversitéAristote de Théssalonique. Lors d’une prospection effectuée en Crète en octobre2001 nous avons repéré un site favorable à la recherchede paléoséismes et de cendres volcaniques que nousenvisageons d’effectuer. Il s’agit d’une faille géologiquepotentiellement active, comme l’ont montré les mesuresprises par le géologue de l’équipe, située sur une collineau Sud de Knossos que nous projetons d’étudier dans lestrois ans à venir (Figure 17a, b). Elle présente l’avantaged’être située à proximité d’un ensemble de sitesarchéologiques de l’époque du Bronze et l’extension desa partie cachée peut atteindre le site de Knossos et laville d’Héraklion au Nord. Le travail géologique va consister dans un premier tempsen une cartographie de la faille par des mesures sur leterrain et par l’analyse des photos aériennes et satellites. Ensuite, nous pratiquerons cinq tranchées le long de cette

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Figure 17 : a) Faille du Youkta, miroir central visible dès la sortie du village d’Epano Archanès en direction du sitearchéologique d’Anemospilia. (photo G. Poursoulis) b) Stries de déplacement du compartement inférieur de la faille, visibles sur lemiroir central. La mesure de ces stries permet de déterminer les caractéristiques de la faille (photo G. Poursoulis)

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faille dans lesquelles nous rechercherons les traces depaléoséismes et de cendres volcaniques d’époqueminoenne. La connaissance de cette faille sera complétée par unerecherche de textes traitant des séismes survenus danscette région. Ce travail nous permettra de dresser uncatalogue fiable des séismes historiques, né du fruit de lacollaboration entre les sismologues et les historiens.

5. Conclusion

Ces théories catastrophistes ont la vie dure et il n’est pasrare que ceux qui essayent de les discuter soient encoreaujourd’hui frappés d’ostracisme. Bien souvent, lorsqueles résultats des études scientifiques ne satisfont pasl’attente des archéologues ils sont purement etsimplement nié et rejetées. Un exemple parlant peut-êtrepris dans l’ouvrage de S. W. Manning (1999) à proposd’une étude électromagnétique effectuée par Downey etTarling à la fois à Théra et sur les niveaux de destructionpar incendie en Crète. Cette étude a abouti à deuxconclusions :

- d’une part que l’éruption de Théra se seraitproduite en deux phases distinctes ;

- d’autre part qu’il y aurait deux phaseschronologiques également distinctes pour lesdestructions de Crète au MRIB (Manning, 1999, p. 17).Les destructions auraient démarré par la Crète centrale etse seraient postérieurement étendues à l’est de l’île. Ceque S. Manning nous dit de cette étude c’est que lapremière des conclusions ne tient pas les critiques.Pourquoi ? Parce que depuis toujours on parle d’uneéruption majeure et catastrophique à Théra, unévénement universel et spectaculaire et que cela n’est pasremis en question. Pourtant, devant la différence desdates fournies d’une part par les analyses physico-chimiques, d’autre part par la céramique retrouvée dansle site, on peut légitimement se demander si l’explicationne serait pas justement dans la survenue de deuxévénements différents. Ce que l’archéologue remet encause ce n’est pas la théorie catastrophiste qui, là encoren’est fondée sur rien de concret, mais la véracité desanalyses électromagnétiques. La logique déductive estinversée. Les analyses scientifiques qui apportent deséléments concrets sur lesquels devraient être fondées lesthéories sont rejetées parce que leurs résultatscontredisent ce que proposent des théories sansfondement.

Quant à la seconde conclusion, elle me sembleparticulièrement intéressante, aboutissant à une remiseen cause de toutes ces théories catastrophistes basées surune simultanéité et une instantanéité des événements enCrète, en suggérant que ces destructions se sontsuccédées dans le temps et n’ont pas eu lieu toutes aumême moment sur l’ensemble de l’île comme à la suited’un événement géologique catastrophique etphénoménal. Toutefois, toutes ces discussions dans lesquelles lesanalyses scientifiques sont prises à partie au choix pourconfirmer ou pour infirmer ces théories sont forcémentstériles car elles ne remettent jamais en question lespostulats d’origine, elles ne regardent jamais ce quemontrent les faits. En l’occurrence, les traces que l’on aà Akrotiri n’ont rien à voir avec celles que l’on a enCrète. Ceux qui parlent de traces de cendres en Crète surdes sites archéologiques n’ont pratiqué aucune analysechimique pour déterminer si elles provenaient bien duvolcan de Théra etc. Il est largement temps, me semble-t-il de procéderdifféremment. D’une part avec plus de rigueurscientifique, d’autre part en associant les compétencesdes uns et des autres dans une véritablecollaboration.Ainsi, à la fin de l’étude géologique que jeveux mener avec mes collègues de l’Observatoired’Athènes, nous serons en mesure d’apprécier demanière scientifique l’impact que la sismicité locale de larégion d’Héraklion a pu avoir sur les édifices minoensdes sites archéologiques aux environs de la faillegéologique étudiée. Nous disposerons d’un nouveaucatalogue de séismes historiques, établi après unecritique des sources qui permettra de ne mentionner queles événements réellement de nature sismique et non pasl’ensemble des phénomènes naturels ce qui est le cas àl’heure actuelle pour les catalogues disponibles. Nousserons en mesure, également, d’estimer l’impact desphénomènes naturels sur l’évolution de la sociétéminoenne et leur rôle dans le processus de vulnérabilitéqui a permis aux Mycéniens de prendre pieds en Crète.Si les résultats de ce travail sont à la mesure de nosattentes, nous pourrons à l’avenir, étendre ce type derecherches à l’ensemble de l’île. Nous aurons alors uneconnaissance complète de la sismicité locale de la Crèteet de l’impact des phénomènes sismiques sur les habitatsminoens de l’ensemble du territoire.

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