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Les Fables de Les fables de La Fontaine Pour les étudiants étrangers de niveau confirmé en français

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Les Fables

de

Les fables de

La FontainePour les étudiants étrangers de niveau confirmé en français

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Les Fablesde

La FontainePar

Isabelle PerrotMathilde Remignon

Alex Uff

Pour les étudiants étrangers de niveau confirmé en français

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Sommaire

Introduction 7 Avant-propos 8

La Fontaine, comme si vous y étiez 10 L’Homme 11

Sa vie 12

Son oeuvre 17

Les critiques 19

Fables 21 La cigale et la fourmi 22

Le loup et le chien 26

Le chêne et le roseau 32

Homme entre deux âges et ses deux maîtresses 36

La laitière et le pot au lait 40

Lesavetieretlefinancier 46

Le lièvre et la tortue 52

Le corbeau et le renard 56

Le lion malade et le renard 60

La poule aux œufs d’or 64

Le loup et l’agneau 68

Le pot de terre et le pot de fer 72

Le rat et l’huitre 76

Le singe et le chat 80

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La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf 84

Portée artistique 88 Fables et illustrateurs 89

Conclusion 93 Portée critique 94

Un auteur engagé 96

Index 99

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Introduction

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Ce recueil est organisé en trois parties principales et bien distinctes les unes des autres. La première, intitulée « La Fontaine comme si vous y étiez », vise à décrire grossièrement l’homme, sa vie, son œuvre et la portée critique communément admise, de par la volonté propre de l’auteur ou des certaines théories ou interprétations posté-rieures.Lasecondepartieestlapartiecentraledurecueil.EllefaitfigurerquinzedesFables les plus célèbres, accompagnées chaque fois de leur traduction vers l’anglais, d’une illustration choisie parmi un large panels d’artistes, de tout âge et de tout hori-zon,etenfind’unecourteanalyse.

Cette analyse globale vise à mettre en lumière les éléments les plus marquants de l’œuvre, ainsi qu’apporter un éclairage supplémentaire sur le contexte historique de l’époque, extrêmement important de par sa résonance tout au long de ces courts récits ; ainsi que d’autres clés de compréhension propres à un public non familier de La Fon-taine, et apprenants du français.

Dans la troisième et dernière partie de ce recueil, nous avons choisi de traiter les Fables non plus comme des entités individuelles et modulables, mais comme un ensemble aussi structuré que complexe, d’où la pluralité de « Fables » tire tout son sens. Il s’agit d’évoquer quelques pistes visant à une meilleure perception de l’œuvre dans son ensemble, et les répercussions qu’elle a toujours, quelques siècles plus tard.

Toutes les références des sources utilisées et nécessaires à la création de ce re-cueil,qu’ellessoientécrites,oralesouvidéofigurentdansl’appendice.

Ce présent ouvrage a pour but d’initier aux travaux de Jean de La Fontaine tout lecteur n’ayant pas pour langue maternelle le français mais ayant un niveau avancé, amateur des lettres et de littérature, curieux de découvrir à la fois quinze des plus célèbres fables de La Fontaine, mais également bon nombre de travaux ou productions artistiques s’y rattachant : illustrations, peintures, et gravures, qui permettront au lec-teurdevoyageraufildespagesd’époqueenépoque,d’interprétationenréalisation.

En effet, les œuvres de cet écrivain occupent toujours, et ce malgré des siècles d’existence, une place prépondérante dans la culture populaire française : quel enfant français n’a pas eu à apprendre une fable, à l’illustrer peut être, à l’analyser ensuite ? Le corbeau et le renard, le loup et l’agneau ou la cigale et la fourmi sont des titres toujours évocateurs, d’une enfance passée ou de récitations en bord de tableau noir. C’est dans cette optique que nous avons souhaité inventer ce cours de recueil, même s’il serait extrêmement présomptueux de prétendre « résumer » toute la complexité de l’œuvre de La Fontaine en une cinquantaine de pages, nous souhaitions en faire une première esquisse.

Avant-propos

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Pour favoriser une bonne compréhension et pour également se rendre compte de certaines différences tant culturelles que linguistiques entre les deux langues, toutes les textes originaux sont accompagnés de leur traduction vers l’anglais. De plus, après chaque fable se trouve une courte analyse servant à mettre en lumière tant certains effets de style que la portée globale et critique de la Fable dans son ensemble et de la morale, également en anglais. Ce recueil est ainsi imaginé comme un pont entre deux rives,faisantfidesdélimitationshabituelles,descodesdelanguesoud’époques,maisfaisantaucontrairefigurerl’ensembledansunensembleorganiséetconstruit,afindedonner une seconde jeunesse à La Fontaine, la plus internationale possible.

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La Fontaine, comme si vous y

étiez

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L’Homme

Gravure représentant Jean de la Fontaine, par Hyacinth Rigaud. Reproduction d’un dessin de Sandos gravé par P. Delannoy.

Jean de La Fontaine (né le huit juillet 1621 à Château-Thierry, et mort le 13 avril 1695 à Paris) est un poète français de la période classique dont l’histoire littéraire retient essentiel-lement les Fables et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant despoèmesdivers,despiècesdethéâtreetdeslivretsd’opéraquiconfirmentsonambitiondemoraliste.

Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l’écart de la cour royale mais fré-quente les salons comme celui de Madame de la Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l’Académie Française en 1684.

C’est en effet en s’inspirant des fabulistes de l’Antiquité, et en particulier d’Ésope qu’il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678 et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694 ; brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes qu’il n’y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française.

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Jean de La Fontaine passe ses premières années à Château-Thierry dans l’hôtel particulier que ses parents, Charles de La Fontaine, Maître des Eaux et Forêt et Capitaine des Chasses du duchédeChâteau-Thierry,etFrançoisePillou,filledubaillideCoulommiers,617aumomentde leur mariage.

Le poète gardera cette maison jusqu’en 1676. Classée monument historique en 1886, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean de La Fontaine.

Château-Thierry au temps de Jean de la Fontaine.

Années de formation (1641-1658)

Jean de la Fontaine a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d’amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec. En 1641, il entre à l’Oratoire. Mais dès 1642, il quitte cette carrière religieuse, préférant lire L’Astrée, d’Honoré d’Urfé, et Rabelais, plutôt que Saint Augustin. Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde. Il obtient en 1649 un diplôme d’avocat au parlement de Paris.

Entre temps, en 1647, son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart.artestlafilledeLouisHéricart,lieutenantciviletcrimineldubailliagedeLaFerté-Milon, et d’Agnès Petit. Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Châ-teau-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans etellede14ansetdemi.Elleluidonneunfils,Charles.

Sa vie

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Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu’en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes : « Sa femme dit qu’il resve tellement qu’il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié . C’est une coquette qui s’est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s’en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu’il fasse ce qu’il pourra; je ne m’en soucie point. Il s’en lassera comme j’ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin. ». Ses fréquentations pari-siennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.

En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revendit intégralement en 1672.

C’est ainsi qu’il amorce une carrière de poète par la publication d’un premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaper-çue.

Au service de Fouquet (1658-1663)

En 1658, il entre au service de Fouquet. Surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat - une « pension poétique » - il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV; La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on ne dispose de témoignages clairs à ce sujet.

On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663, est un exil ordonné par l’administration Louis XIV, ou une décision librement consentie d’accompagner l’oncle Jan-nart de sa femme, lui exilé et qui lui a présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un Voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d’auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Girau-douxoriginairedecelieudes’imagineruneaffiliationaveccepoètepourquil’écrivainnoueune grande passion.

L’apogée de l’activité littéraire (1664-1679)

En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la Duchesse douairière d’Or-léans. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château Thierry en qualité de gen-tilhomme - ce qui assure son anoblissement. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l’Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrê-mementfidèle,voireparfoislittéral,celuideLaFontaines’écarteàplusieursreprisesdurécitdu Roland Furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.

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Deux recueils de contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent Nouvelles Nouvelles. Conti-nuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, paraissent en 1668.

En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique - cette fois tiré d’Apulée - et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.C’estàpartirdelafictiondesquatre amis que met en scène ce roman qu’on a spéculé sur l’amitié qui unirait La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, sans grande preuve : si La Fontaine est lié de façon éloignée à la famille de Racine, leurs relations sont épisodiques ; les rapports avec Molière ne sont pas connus si tant est qu’ils existent ; quant à Boileau, il n’y a guère de trace d’une telle amitié.

Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal La Fontaine publie successivement, en 1671 un troisième recueil de Contes et nou-velles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.

Puismeurt laDuchesse d’Orléans. La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultésfinancières,MargueritedelaSablièrel’accueilleetl’hébergequelquesmoisaprès,probable-ment en 1673.La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié - mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique qui rendait relativement inoffensive leur charge.

Fac-similé d’un des très rares autographes de Jean de La Fontaine.

Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maî-tresse du roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.

Les années 1680, autour de l’Académie

Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un Poème du Quinquina, poème phi-losophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.

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L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie Française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté:onapufairel’hypothèsequel’administrationlouis-quatorzièmegardaitrancuneau poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le dis-cours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accu-sation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de laSablière,oùilsedéfinit,enuneformulefameuse,comme«papillonduParnasse».

L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furedière qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.

C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ou-vrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucriox et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse. Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelles des Anciens et des Modernes dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste « Mon imitation n’est point un esclavage ».

Les dernières années et les dernières fables (1689-1695)

Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au du de Bourgogne, Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne.

LaFontainetombegravementmaladefin1692,vraisemblablementdelatuberculose.Ildemande alors à voir un prêtre, et le curé de l’église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pou-get, qui vient d’obtenir son doctorat de théologie. Celui-ci s’applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l’extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l’Académie Fran-çaise, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l’écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l’abbé Pouget, en 1718,maisnefigurepassurlesregistresdel’Académie.Ilprometégalementden’écrirequedes ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies Irae , qu’il fera lire devant l’Académie le jour de l’introduction de Jean de la Bruyère.

Il meurt le 13 avril 1695, et est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents. On trouve sur son corps un cilice, pénitence que l’abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée.

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Dessin de Grandville en tête de son édition illustrée des Fables, où apparaît le début de l’épitaphe.

La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe, où il s’attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n’est pourtant qu’apparente :

Jean s’en alla comme il étoit venu,

Mangeant son fonds après son revenu ;

Croyant le bien chose peu nécessaire.

Quant à son temps, bien sçut le dispenser :

Deuxpartsenfit,dontilsouloitpasser

L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire.

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Lefabulisteaéclipséleconteur.LacrispationreligieusedelafindurègnedeLouis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont ledéfipoétiqueconsisteà jouerde l’implicitepour (nepas)nommer la sexualité, à«diresans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.

L’œuvredeLaFontaineoffrelafigure,exemplaire,d’unesagessedésabusée:ellechoisit,comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux penseurs du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.

Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique, et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque-là n’avait aucune dignité litté-raire et n’était réservé qu’aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou àlafin.CesfablesfurentécritesdansunbutéducatifetétaientadresséesauDauphin.

Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : « je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »

Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.

Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de1694.IlestdédiéauducdeBourgogne,lepetit-filsduroi.

Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (les Membres et l’estomac), de lettres apocryphes d’Hippocrate (Démocrite et les Abdé-ritains), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.

Son oeuvre

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Des vers devenus proverbes…

Toutflatteurvitauxdépensdeceluiquil’écoute.(LeCorbeauetleRenard,l,2)

La raison du plus fort est toujours la meilleure. (Le Loup et l’Agneau, l, 10)

Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. (Le Loup et l’Agneau, l, 10)

Plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes. (La Mort et le Bûcheron, l, 16)

Garde toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur la mine. (Le Cochet, le Chat et le Souriceau, l, 41)

Je plie et ne romps pas. (Le Chêne et le Roseau, l, 22)

Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde : On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (Le Lion et le Rat, II, 11)

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. (Le Lion et le Rat, II)

Est bien fou du cerveau qui prétend contenter tout le monde et son père. (Le Meunier, son Fils et l’Âne, III, 1)

Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. (Le Renard et les Raisins, III, 11)

Laméfianceestmèredelasûreté.(LeChatetunvieuxRat,III,18)

Petit poisson deviendra grand. (Le Petit Poisson et le Pêcheur, V, 3)

Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras (Le Petit Poisson et le Pêcheur, V)

Le travail est un trésor. (Le Laboureur et ses Enfants, V, 9)

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. (Le Lièvre et la Tortue, VI, 10)

Aide-toi, le Ciel t’aidera. (Le Chartier embourbé, VI, 18)

Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. (Les Animaux malades de la peste, VII, 1)

Tel est pris qui croyait prendre. (Le Rat et l’Huître, VIII, 9)

Amour, Amour, quand tu nous tiens / On peut bien dire: Adieu prudence. (Le Lion amoureux, IV, 1)

Mais les ouvrages les plus courts sont toujours les meilleurs… (Discours à M. le duc de La Rochefoucauld, X, 14)

Quedetoutinconnulesageseméfie.(LeRenard,leLoupetleCheval)

Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours / Qu’on ne l’ait mis par terre (L’Ours et les deux Compagnons, V, 20

Si Dieu m’avait fait naître propre à tirer marrons du feu, certes marrons verraient beau jeu. (Le Singe et le Chat, IX, 17)

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Les critiques

Les Fables de La Fontaine ont eu, en leur temps, un vif succès. Avant-gardistes, elles ne se plient à aucune des règles de la poétique classique. Bousculant les habitudes littéraires et la doctrine de l’époque, La Fontaine impose un style qui n’est pas loin d’être condamné par ces pairs. Fort heureusement, la grande majorité des lecteurs est enchantée par ses écrits et se soucie peu de savoir si les règles sont respectées ou non. Comme Molière le leur conseille, ils se laissent « aller de bonne foi aux choses qui les prennent par les entrailles ».

C’est dire qu’ils jugent de la beauté d’une œuvre non selon les règles, mais avec leur goût.Etc’estauxexigenceslesplusfinesdecegoûtquerépondLaFontaine.Lesièclesuivantprisera aussi les Fables, mais comme des productions d’un genre mineur.

Elles commencent d’ailleurs à être récitées dans les classes; et les régents, au lieu d’en faire goûter la variété, en faussent le caractère en prétendant y retrouver une docile application des préceptes classiques.

Les Admirateurs.

Mme de Sévigné, Bayle, Furetière, La Bruyère ne tarissent pas d’éloges pour les Fables.

Au XVIIIe siècle, Vauvenargues, Voltaire, Marmon-tel vantent sa grâce et génie, quant à Goethe, il en souligne les valeurs poétique et psychologique. Chamfort dans son Éloge de La Fontaine (1774). Il admire dans le style des Fables « l’harmonie des couleurs les plus opposées ».

Au XIXe siècle, Stendhal déclare son « amour » pour le fabuliste. Chateaubrian écrira: « A Château-Thierry j’ai

retrouvé mon dieu, La Fontaine. ».

Il cite de mémoire ses vers les moins connus. La Mennais le nomme le «fleurdesGaules», Balzac parle de sa « divine

fable », George Sand de « ses adorables fables », Musset de cette « Fleur de sagesse et de gaîté ».

HugoadmirelaversificationdesFablesetlevoitcommevivantde« la vie contemplative et visionnaire », s’absorbant dans la Nature, comprenant la langue des animaux, entrant « en communication avec la Nature » et inspiré par Dieu.

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Au XXe siècle, Anatole France admire les « trésors » de sa langue. Paul Valéry « le comble de l’art », Gide ce « miracle de culture » et Giraudoux parlent de lui avec une tendre délicatesse.

Les Détracteurs.

Voltaire l’accuse d’avoir « déformé la langue », Rousseau de déformer la jeunesse par sa morale dangereuse. Cependant, personne en son temps n’a mieux saisi que lui la poésie de la Fontaine.Napoléon 1er condamne ces écrits, pour les mêmes raisons que Rousseau.

Lamartine, dans la préface qu’il ajoute en 1849 à ses pre-mières Méditations, charge La Fontaine d’innombrables péchés. Il déclare détester en lui à la fois l’homme et le poète; mais il est manifeste qu’il les ignore tous les deux. Il lui reproche sa « philosophie dure, froide et égoïste». La Fontaine et Lamartine incarnent deux idées de la poésie opposées l’une à l’autre.

Rimbaud le déteste, Paul Eluard lui reproche d’avoir copié Esope, Phèdre, Horace.

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Fables

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La cigale et la fourmi

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La cigale et la fourmi

La Cigale, ayant chantéTout l’été,

Se trouva fort dépourvueQuand la bise fut venue :Pas un seul petit morceau

De mouche ou de vermisseau.Elle alla crier famine

Chez la Fourmi sa voisine,La priant de lui prêter

Quelque grain pour subsisterJusqu’à la saison nouvelle.

«Je vous paierai, lui dit-elle,Avant l’Oût, foi d’animal,

Intérêt et principal. «La Fourmi n’est pas prêteuse :C’est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps chaud ?Dit-elle à cette emprunteuse.- Nuit et jour à tout venant

Je chantais, ne vous déplaise.- Vous chantiez ? j’en suis fort aise.

Eh bien! dansez maintenant.

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The grasshopper and the ant

The gay grasshopper, full of songAll the sunny season long,

Was unprovided and brought low,When the north wind began to blow ;

Had not a scrap of worm or fly,Hunger and want began to cry ;

Never was creature more perplexed.She called upon her neighbour ant,

And humbly prayed her just to grant Some grain till August next ;

“I’ll pay, ” she said, “what ye invest, Both principal and interest,

Honour of insects –and that’s tender. ”The ant, however, is no lender ;That is her least defective side ;

“But, hark ye, pray, Miss Borrower, ” she cried, “What were ye doing in fine weather ? ”

“ Singing . . . nay,! look not thus askance,To every comer day and night together. ”

“ Singing ! I’m glad of that ; why now then dance. ”

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Commentary

La Fontaine follows ancient sources in his 17th century retelling of the fable, where the ant suggests at the end that since the grasshopper has sung all summer she should now dance for its entertainment. However, his only direct criticism of the ant is that it lacked generosity.

The readers of his time were aware of the Christian duty of charity and therefore sensed the moral ambiguity of the fable. This is further brought out by Gustave Doré’s 1880s print which pictures the story as a human situation. A female musician stands at a door in the snow with the children of the house looking up at her with sympathy. Their mother looks down from the top of the steps. Her tireless industry is indicated by the fact that she continues knitting but, in a country where the knitting-women (les tricoteuses) had jeered at the victims of the guillo-tine during the French Revolution, this activity would also have been associated with lack of pity.

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Le loup et le chien

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Le loup et le chien

Un Loup n’avait que les os et la peau ;Tant les Chiens faisaient bonne garde.

Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,Gras, poli (1), qui s’était fourvoyé par mégarde.

L’attaquer, le mettre en quartiers,Sire Loup l’eût fait volontiers.

Mais il fallait livrer batailleEt le Mâtin était de taille

A se défendre hardiment.Le Loup donc l’aborde humblement,

Entre en propos, et lui fait complimentSur son embonpoint, qu’il admire.Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,

D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.Quittez les bois, vous ferez bien :

Vos pareils y sont misérables,Cancres (2), haires (3), et pauvres diables,Dont la condition est de mourir de faim.

Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée (4).Tout à la pointe de l’épée.

Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?

Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gensPortants bâtons, et mendiants (5) ;

Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;Moyennant quoi votre salaire

Sera force reliefs de toutes les façons (6) :Os de poulets, os de pigeons,Sans parler de mainte caresse.

Le loup déjà se forge une félicitéQui le fait pleurer de tendresse.

Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :Qu’est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? Rien ? Peu de chose.

Mais encore ? Le collier dont je suis attachéDe ce que vous voyez est peut-être la cause.

Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas

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Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ?Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.

Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encore.

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The wolf and the dog

A wolf reduced to skin and bone,So well the dogs had watched their care,Met with a wildered mastiff stout as fair, Fat, in good case, and straying all alone ;

Gladly Sir Wolf had made the attack,And tore his belly from his back.He fain would have his dinner ;

But he must to battle fall,With a mastiff strong and tall,Which kept in awe the sinner.

Most humbly therefore he the silence broke,And pretty compliments admiring spoke,

About his goodly size and fat. ” “ Why, ” said the Dog, “ you soon may equal that ;

Leave but your woods and come along with me, And from your wretched, starving neighbours flee ;

For here you live by fighting or by fetches ;No easy cheer, no certain state,

Poor, despicable, hungry, shabby wretches :Corne follow me and share a better fate. ”

“ And what’s the work, ” said Wolf, “ required in place ? ” “ A trifie, ”—answered Mastiff, “ just to chase

Beggars and men with sticks away ;Fawn on the family, and please the master,

Which mounts our wages up the faster ;Platesful of broken victuals every day,

Pullets’ and pigeons’ bones are on us pressed ;You’ve no idea how we’re caressed. ” The Wolf o’ercome assented weeping,

He formed great popes of such high keeping. As they advanced he saw the Dog’s neck bare.

What’s that ?» he cried.— “ Nothing. ” — “ Nothing ? why pause ? ” “ Pshaw ! what ye see, perhaps is worn-off hair ;

The collar I’m tied up in is the cause. ” “ Tied ! ” cried the Wolf, “« ye don’t run where ye will ? ”

“ Not always.— But no matter ; we’ve our fill.»“ Have you indeed ? I really do not care

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Now, for your sumptuous fare ;For liberty I count all treasures light. ”—

He said, and fled, and still holds on his flight.

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Commentary

It has been popular since antiquity as an object lesson of how freedom should not be exchangedforcomfortorfinancialgain.Analternativefablewiththesamemoralconcerningdifferent animals is less well known.

That the fable dates from before Aesop’s time is suggested by a single line surviving from a poem by Archilochos in which the question is asked ‘what has caused the scruff of his neck to become so worn’. It is conjectured that this refers to some early version of the fable, which is well attested in later Greek sources, including the collection of Babrius, as well as in the Latin collection of Phaedrus. The fable was also well-known in the Middle Ages, was included in William Caxton’s collection, and was made the subject of a Neo-Latin poem by Hierony-mus Osius.

Jean de la Fontaine contributed to the story’s continuing popularity by making it the sub-ject of one of his fables. In modern times the text has been set for piano and high voice by the French composer Isabelle Aboulker.

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Le chêne et le roseau

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Le chêne et le roseau

Le Chêne un jour dit au roseau :Vous avez bien sujet d’accuser la Nature ;

Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.Le moindre vent qui d’aventure

Fait rider la face de l’eau,Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,Non content d’arrêter les rayons du soleil,

Brave l’effort de la tempête.Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.

Encore si vous naissiez à l’abri du feuillageDont je couvre le voisinage,

Vous n’auriez pas tant à souffrir :Je vous défendrais de l’orage ;

Mais vous naissez le plus souventSur les humides bords des Royaumes du vent. La Nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l’Arbuste ,Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu’à vous redoutables. Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici

Contre leurs coups épouvantablesRésisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,Du bout de l’horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfantsQue le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L’Arbre tient bon ; le Roseau plie.Le vent redouble ses efforts,Et fait si bien qu’il déracine

Celui de qui la tête au ciel était voisine,Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.

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The oak and the reed

The oak one day addressed the reed, “ Nature you may accuse indeed ;

A wren for you’s a heavy load,The softest breeze that stirs abroad,

That ruffles but the water’s bed,Compels you to hang down your head ;

While I, like some proud mountain’s brow, Not only stop the solar ray,

But brave the blasts that round me play :Loud rowing storms to you, to me like zephyrs blow.

Now, did you spring within the shade I throw,Were you beneath my sheltering foliage found, You would not suffer from the north unkind ; I could defend you from the tempests round ;

But ye are seldom, save in marshy ground, Upon the borders of the realms of wind.

Nature to you I really think unjust.”“ Your pity,” answered him the reed, “ I trust

From goodness springs, but pray that pity spare ; The winds that trees and mountains tear

Alarm not me—unbroken still I bend. You hitherto, ’tic true, unshaken bear

Their mighty blasts—but wait the end.”Just as he spoke,

A tempest from the far horizon broke ; Ne’er from the bowels of the north,

Till then, came such a son of fury forth ;The oak stood fast ; the reed bowed down again.

The winds then bursting with redoubled roar, Up by the roots the boasting giant tore,

Whose cloud-capped head so proud did reign, Whose feet sank down to death’s domain.

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Commentary

There are early Greek versions of this fable and a 5th century Latin version by Avianus. They deal with the contrasting behaviour of the oak, which trusts in its strength to withstand the storm and is blown over, and the reed that ‘bends with the wind’ and so survives. Most early sources see it as a parable about pride and humility, providing advice on how to survive in turbulent times. This in turn gave rise to various proverbs such as ‘Better bend than break’ and ‘A reed before the wind lives on, while mighty oaks do fall’, the earliest occurrence of which is in Geoffrey Chaucer’s Troilus and Criseyde. It so happens that there is an overlap here with the old Chinese proverb ‘A tree that is unbending is easily broken’. The saying origi-nally occurred in the religious classic, the Tao Te Ching, with the commentary that ‘The hard and strong will fall, the soft and weak will overcome’.

Interpretations of the fable began to change after the more nuanced retelling in La Fon-taine’s Fables. Here the oak has compassion on the reed’s fragility and offers it protection, to which the reed politely replies that it has its own strategy for survival, ‘I bend and do not break’. This is then put to the test when a storm breaks and brings the oak’s ‘head that was neighbour to the sky’ on a level with the roots ‘that touched the empire of the dead’.Written in the autocratic time of Louis XIV of France, this was so successfully achieved that it appeared to teach the value of humility at the same time as suggesting that rulers may not be as power-ful as they think themselves. So current did that sly interpretation become that Achille Etna Michallon’s later painting of «The Oak and the Reed» could easily be seen as a reference to the recent fall of the Emperor Napoleon I.

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Homme entre deux âges et ses deux maîtresses

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Homme entre deux âges et ses deux maîtresses

Un homme de moyen âge, Et tirant sur le grison, Jugea qu’il était saison De songer au mariage. Il avait du comptant,

Et partant De quoi choisir. Toutes voulaient lui plaire ;

En quoi notre amoureux ne se pressait pas tant ; Bien adresser n’est pas petite affaire.

Deux veuves sur son coeur eurent le plus de part : L’une encor verte, et l’autre un peu bien mûre,

Mais qui réparait par son art Ce qu’avait détruit la nature.

Ces deux Veuves, en badinant, En riant, en lui faisant fête,

L’allaient quelquefois testonnant, C’est-à-dire ajustant sa tête.

La Vieille à tous moments de sa part emportait Un peu du poil noir qui restait,

Afin que son amant en fût plus à sa guise. La Jeune saccageait les poils blancs à son tour.

Toutes deux firent tant, que notre tête grise Demeura sans cheveux, et se douta du tour.

Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les Belles, Qui m’avez si bien tondu ; J’ai plus gagné que perdu :

Car d’Hymen point de nouvelles. Celle que je prendrais voudrait qu’à sa façon

Je vécusse, et non à la mienne. Il n’est tête chauve qui tienne,

Je vous suis obligé, Belles, de la leçon.

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The man between two ages and his two mistresses

A man advanced in life, And getting into grey,

Thought it high Lime in his decay To dream about a wife.

He had enough in cash and houses,Therefore a choice of charming spouses.

All strove to please him, Some too did tease him ;

On which our lover checked his new propension,No trifle was success in his intention.

Two widows o’er his heart did most prevail,The one still fresh, the other rather stale ;

But she by pretty arts repaidWhat nature in her had decayed.

They smiled, they joked, they entertained him ; Sometimes they pleased, sometimes they pained him,

For as so lovingly they courted,Too freely with his locks they sported,

That is, they dressed his hair.Each to her fancy trimmed his bust ;

The older lady for her share Plucked from it the remaining black.

Her buxom rival thought it then but justThe grey and white locks to attack :

In fine, they dressed and plundered so, The head was bald and white as snow.He now found out their wicked pranks

“ Ladies,” he said, “ ten thousand thanks ; With head so bare I yet can boast

That I have rather gained than lost ; For either bride, I see, would rule

Me, her poor sheep, her slave, her tool. All farther favours I refuse

From Hymen I have had no news. Bald heads, my queens, are not the go ;

I thank you for the lesson though.”

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Commentary

A middle-aged man had two mistresses, one of whom was older than him, and one youn-ger. Under the pretence of dressing his hair, the younger plucked out his grey hairs so that he would look closer in age to her, while the older plucked out the dark hairs with the same motive. Between the two, he was left bald. Some later versions of the fable have translated the titleasifthewomenwerewivesorevenfiancées.However,Greektextscallthemcourtesansor lovers.

Among the main sources of the fable, it is to be found in the Greek of Babrius and the Latin of Phaedrus, both of whom draw the moral that women are only out for what they can get from a man. Roger l’Estrange concludes that «‘Tis a much harder Thing to please two Wives, than two Masters» in his version while in La Fontaine’s Fables the disabused lover renounces both women on the grounds that they wish to make him conform to their standards rather than adapt themselves to him.

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La laitière et le pot au lait

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La laitière et le pot au lait

Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait Bien posé sur un coussinet,

Prétendait arriver sans encombre à la ville. Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;

Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, Cotillon simple, et souliers plats.

Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée

Tout le prix de son lait, en employait l’argent, Achetait un cent d’oeufs, faisait triple couvée ;

La chose allait à bien par son soin diligent. Il m’est, disait-elle, facile,

D’élever des poulets autour de ma maison : Le Renard sera bien habile,

S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon. Le porc à s’engraisser coûtera peu de son ;

Il était quand je l’eus de grosseur raisonnable : J’aurai le revendant de l’argent bel et bon.

Et qui m’empêchera de mettre en notre étable, Vu le prix dont il est, une vache et son veau, Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? Perrette là-dessus saute aussi, transportée.

Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ; La dame de ces biens, quittant d’un oeil marri

Sa fortune ainsi répandue, Va s’excuser à son mari

En grand danger d’être battue. Le récit en farce en fut fait ; On l’appela le Pot au lait.

Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ?

Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous, Autant les sages que les fous ?

Chacun songe en veillant, il n’est rien de plus doux : Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :

Tout le bien du monde est à nous, Tous les honneurs, toutes les femmes.

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Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ; Je m’écarte, je vais détrôner le Sophi ; On m’élit roi, mon peuple m’aime ;

Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant : Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;

Je suis gros Jean comme devant.

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The milk maid and the pot of milk

Perrette, having a pot of milk on her head,Well-placed on a little cushion,

Thought how she would come without hindrance to the town.In a light and short dress, she went with long strides,

Having put on that day, so that she would be more nimble,A simple petticoat and flat shoes.

Our milkmaid so attiredCounted already in her thought

The price she got for her milk; used the money;Bought a hundred eggs; had a triple brood of chickens.

Everything went well because of her constant care.It is, she said, easy for me

To raise chickens about my house.The fox will be very clever

If he doesn’t leave me enough to have a pig.The porker to become fat won’t take much bran;He was, when I got him, of reasonable weight:

I will have, when I sell him, fine and good money.And who can stop me from putting in our stable,

Seeing how much money I will have, a cow and her calf,Whom I will see leap about in the midst of a herd?

Perrette, as she thought this, leaps also, carried away:The milk falls; goodbye calf, cow, pig, brood of chickens.

The lady-owner of all these good things, leaving with troubled eyeHer fortune so spread out,

Goes to excuse herself to her husband,With a good chance of getting some blows.

The story was made into a little comedy:It was called the Pot of Milk.

What mind doesn’t wander over meadows?Who does not build castles in Spain?

Picrochole, Pyrrhus, the milkmaid, everybody,Wise men as well as fools.

Everybody dreams awake; there is nothing sweeter:A soothing error carries away our minds,

All the riches of the world are ours,

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All the honors, all the women.When I am alone, I defy the most formidable person,

I travel, I put the Persian King off his throne,I am elected King, my people love me;

Crowns are raining on my head.Something happens, and I come back to myself:

I am John Smith as before.

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Commentary

From its earliest appearance in the 14th century, the story of the daydreaming milkmaid hasbeentoldasacautionaryfableillustratingthelessonthatyoushould‘Confineyourthoughtsto what is real’. It appears in Dialogue 100 of the Dialogus creaturarum. It also appears under the title «Of what happened to a woman called Truhana» in Don Juan Manuel’s Tales of Count Lucanor (1335), one of the earliest works of prose in Castilian Spanish. It is different from the Eastern variants in that it is told of a woman on the way to market who starts to speculate on the consequences of investing the sale of her wares in eggs and breeding chickens from them. In this case it is a jar of honey that she unbalances from her head. When the story reappears in a 16th century French version, the woman has become a milkmaid and engages in detailed financialcalculationsofherprofits.

The story gained lasting popularity after it was included in La Fontaine’s Fables (VII.10). The charm of La Fontaine’s poetic form apart, however, it differs little from the version re-corded in his source, Bonaventure des Périers’ Nouvelles récréations et joyeux devis (1558). There the fable is made an example of the practice of alchemists, who are like ‘a good woman that was carrying a pot of milk to market and reckoning up her account as follows: she would sell it for half a sou and with that would buy a dozen eggs which she would set to hatch and have from them a dozen chicks; when they were grown she would have them castrated and thentheywouldfetchfivesouseach,sothat’dbeatleastacrownwithwhichshewouldbuytwo piglets, a male and a female, and farrow a dozen more from them once they were grown, and they’d sell for twenty sous a piece after raising, making twelve francs with which she’d buyamarethatwouldhaveafinefoal.Itwouldbereallyniceasitgrewup,prancingaboutand neighing. And so happy was the good woman imagining this that she began to frisk in imitation of her foal, and that made the pot fall and all the milk spill. And down tumbled with it her eggs, her chickens, her capons, her mare and foal, the whole lot.’

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Le savetier et le financier

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Le savetier et le financier

Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :C’était merveilles de le voir,

Merveilles de l’ouïr; il faisait des passages,Plus content qu’aucun des Sept Sages.

Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,Chantait peu, dormait moins encor.

C’était un homme de finance.Si sur le point du jour, parfois il sommeillait,

Le Savetier alors en chantant l’éveillait,Et le Financier se plaignait

Que les soins de la ProvidenceN’eussent pas au marché fait vendre le dormir,

Comme le manger et le boire.En son hôtel il fait venir

Le Chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire, Que gagnez-vous par an ? Par an ? Ma foi, monsieur,

Dit avec un ton de rieurLe gaillard Savetier, ce n’est point ma manièreDe compter de la sorte ; et je n’entasse guère

Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la finJ’attrape le bout de l’année :

Chaque jour amène son pain.Et bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?Tantôt plus, tantôt moins, le mal est que toujours(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes),Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours

Qu’il faut chommer ; on nous ruine en fêtes .L’une fait tort à l’autre ; et monsieur le Curé

De quelque nouveau saint charge toujours son prône.Le Financier, riant de sa naïveté,

Lui dit : Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône.Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,

Pour vous en servir au besoin.Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre

Avait, depuis plus de cent ansProduit pour l’usage des gens.

Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserreL’argent et sa joie à la fois.

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Plus de chant ; il perdit la voixDu moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.

Le sommeil quitta son logis,Il eut pour hôte les soucis,

Les soupçons, les alarmes vaines.Tout le jour il avait l’oeil au guet; et la nuit,

Si quelque chat faisait du bruit,Le chat prenait l’argent : à la fin le pauvre homme

S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus.Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,

Et reprenez vos cent écus.

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The cobbler and the financier

A Cobbler sang from morn to night,His voice and face both gave delight ;

Gaily he quavered, made by peaceOf mind more happy than the seven of Greece.

Whereas his neighbour the ReceiverBut seldom sang, slept little, sometimes never :

Rolling in gold, he knew no peace. If he but dozed as day began to break,

The singing cobbler soon had him awake.Our man, who thus so rarely got a wink,

Complained that Heaven did not a market keep,Where he might buy an hour or two of sleep,

As well as meat and drink.He for his singing neighbour sent, and said :

« Sir Sam, pray, how much gain ye by the year ? «« The year, forsooth !» cried Samuel, with a sneer,

« That’s not the way I count my trade ; Enough that from my labour and my leather

I bring both ends at last to meet together, And every day brings in its daily bread.»

« Well, how much may your daily profits tell ? «« They’re more or less-not easy to determine. The plague is, or we should do pretty well,-

The plague, that in the year there’s many a day That we must idle it, and feast and play,

Ruined by feasts, and yet we must endure it :But much for that cares master curate,

With some new saint to cobble out his sermon.» The rich man, smiling at his naïveté, said :

« This day, good Sam, a king I’ll have you made ; There, take these hundred crowns, and put them by,

To them in time of need apply.»To Sam the mighty sum appears

As much or more than all the earth around Could furnish nations for a hundred years.He soon got home and hid it under ground,

His glee he buried with it too ;

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He lost his voice – to songs adieu,The moment he possessed that cause of pain

Slumber no more his eye invests ;Tormenting cares become his guests,

Suspicion and alarme so vain.His eye all day was on the watch,

His ear all night some sound to catch ;If but a cat, it was to steal his store.

At last poor Sam, who nearly lost his brain,No longer would the money keep,

Ran to the man whom he so waked before ; « Restore me, Sir,» he cried, « my songs and sleep,

And take your hundred crowns again.»

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Commentary

The Cobbler and the Financier (Le Savetier et le Financier) is one of La Fontaine’s Fables that deals directly with a human situation rather than mediating it through the behaviour of animal stereotypes. It is based on a story told by Horace in his verse epistle to Maecenas, concerning the lawyer Philippus and the crier Volteius Mena.

La Fontaine adapts the story to the circumstances of his own century. A Financier’s trou-bled rest is broken by the merry singing of a cobbler. The man of affairs interviews the work-man about his business and offers him a gift of a hundred crowns to guard against a rainy day. Worryoverthesecurityofhisnest-eggdestroysthecobbler’sownrestandallowsthefinan-cier a period of unbroken repose. Finally the cobbler brings back the money and demands the return of his songs and his sleep. This particular passage is based, not on the story but on Ho-race’s suggestion to Maecenas in the poem that he should give him back his health and light-heartedlaughter.Thepoemisalsomarkedbymanymemorablelines,includingthefinancier’swish that sleep was a commodity to be bought at market and the cobbler’s suspicion that his roaming cat is after his money.

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Le lièvre et la tortue

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Le lièvre et la tortue

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.

Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez pointSi tôt que moi ce but. Si tôt ? Êtes-vous sage ?

Repartit l’Animal léger.Ma Commère, il vous faut purger

Avec quatre grains d’ellébore.Sage ou non, je parie encore.

Ainsi fut fait : et de tous deuxOn mit près du but les enjeux.

Savoir quoi, ce n’est pas l’affaire ;Ni de quel juge l’on convint.

Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire ;J’entends de ceux qu’il fait lorsque prêt d’être atteint

Il s’éloigne des Chiens, les renvoie aux calendes, Et leur fait arpenter les landes.

Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,Pour dormir, et pour écouter

D’où vient le vent, il laisse la TortueAller son train de Sénateur.

Elle part, elle s’évertue ;Elle se hâte avec lenteur.

Lui cependant méprise une telle victoire ;Tient la gageure à peu de gloire ;Croit qu’il y va de son honneur

De partir tard. Il broute, il se repose,Il s’amuse à toute autre chose

Qu’à la gageure. À la fin, quand il vitQue l’autre touchait presque au bout de la carrière,

Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fitFurent vains : la Tortue arriva la première.Eh bien, lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?

De quoi vous sert votre vitesse ?Moi l’emporter ! et que serait-ce

Si vous portiez une maison ?

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The hare and the tortoise

To run is nothing ; we must timely start.The hare and tortoise here shall teach the art.

“ Let’s bet,” the tortoise said, “ my clever spark,Which, you or I, the first shall gain that mark.”

“ The first ? what, are you mad ? “ the hare replied“ Take hellebore and purge ; your talk is wide.”“ Well, mad or not, I’ll bet !” the tortoise cried.—

The stakes accordingly were paid,And near the winning-post were laid.

What were the stakes we won’t say in this place,Nor who it was that judged the race.

The hare had scarce four jumps to make,Of such as, nearly caught, he’s wont to take ;

Leaving the hounds behind, who then may waitFor the Greek Kalends, roaming until late.

Taking his time, to feast at ease,And list and sniff whence comes the breeze,

The hare lets now the tortoise go,Like a grave bishop pacing slow.

And now behold the tortoise gone, Toiling, hastening slowly on.

The hare the bet but little prized, And such a victory despised ;

He thought, in his great pride of heart, ’Twas yet too soon for him to start.So, browsing, resting at his ease,

Oblivious of his bet, he seesThe tortoise the wished goal about to gain,

He sprang like lightning, but he sprang in vain :The tortoise won just as the hare took flight.

“ Well,” she exclaimed, “ good runner, was I right ? What means your swiftness, yielding thus to me ?And if you bore your house, what would it be ? ”

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Commentary

Theaccountofaracebetweenunequalpartnershasattractedconflictinginterpretations.It is itself a variant of a common folktale theme in which ingenuity and trickery (rather than doggedness) are employed to overcome a stronger opponent.

The version of the story in La Fontaine’s Fables (VI.10), while more long-winded, differs hardly at all from the Aesop version. There are, however, many other variants in the oral folk tradition that appear worldwide and are classed as Aarne-Thompson-Uther type 275. In all of these there is a race between unequal partners but most often brain is matched against brawn and the race is won by means of trickery. Broadly this is of two types: either the slower animal jumps on the other’s back or tail and hops off at the end when the creature turns round to see where his challenger has got to, or else he is deceived by lookalikes substituting themselves along the course.

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Le corbeau et le renard

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Le corbeau et le renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,Tenait en son bec un fromage.

Maître Renard, par l’odeur alléché,Lui tint à peu près ce langage :

«Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramageSe rapporte à votre plumage,

Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.»A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;

Et pour montrer sa belle voix,Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le Renard s’en saisit, et dit : «Mon bon Monsieur,Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l’écoute :Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. «

Le Corbeau, honteux et confus,Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

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The Crow and the Fox

Perched on a tree sat Master CrowWhile in his beak he held a cheese ;

Lured by the smell stood Master Fox below, And hailed him in such words as these :

“ What ! Master Crow ! good day ! how be ye ?’Pon honour I am glad to see ye !

How beautiful, how handsome ye appear ! How I should like to hear your note !For if your warbling’s like your coat,

You are the phoenix of the forests here. ” At this the crow could not enough rejoice,

Opened a large beak to show his pretty voice ; Down dropt the precious prey . . .

Which Reynard seized, and ran away, Leaving this short adieu :

“ Learn, my good fellow, that the flattering crewLive at the cost of those they slyly please ; I hope my lesson’s worth your cheese. ”

The Crow too late, ashamed, and full of painSwore they should never bilk him so again

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Commentary

Thepoemhasgenerallybeentakenasacautionagainstlisteningtoflatterers.PhaedrusprefaceshisLatinpoemwiththewarningthattheone‘whotakesdelightintreacherousflat-tery usually pays the penalty by repentance and disgrace’. One of the few who gives it a dif-ferent interpretation is Odo of Cheriton, whose lesson is that virtue is forgotten in the pursuit of ambition. In La Fontaine’s Fables, the fox delivers the moral by way of recompense for the tidbit. As was the case with several others of La Fontaine’s fables, there was dissatisfaction in Christian circles, where it was felt that morality was offended by allowing the fox to go unpu-nished for its theft.

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Le lion malade et le renard

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Le lion malade et le renard

De par le Roi des Animaux,Qui dans son antre était malade,

Fut fait savoir à ses VassauxQue chaque espèce en ambassade

Envoyât gens le visiter :Sous promesse de bien traiterLes Députés, eux et leur suite,

Foi de Lion, très bien écrite,Bon passeport contre la dent ;

Contre la griffe tout autant.L’édit du Prince s’exécute :

De chaque espèce on lui députe. Les Renards gardant la maison,

Un d’eux en dit cette raison :Les pas empreints sur la poussière

Par ceux qui s’en vont faire au malade leur cour,Tous, sans exception, regardent sa tanière ;

Pas un ne marque de retour.Cela nous met en méfiance.

Que Sa Majesté nous dispense :Grand merci de son passeport .

Je le crois bon; mais dans cet antreJe vois fort bien comme l’on entre,Et ne vois pas comme on en sort.

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The sick lion and the fox

The king of beasts, of animals the dread,Who in his den lay sick upon his bed,

Ordered his vassals all to know his mind,And send an embassy of every kind.

For deputy and suite him self would care,He even promised them the best of fare.

The lion pledged his word ; ’twas written clearUpon their passports ; they’d no teeth to fear ;

Nor eke his paws, of terrible repute.The monarch’s edict soon they execute :

Of every kind the deputations come,Except the foxes, who remained at home.

One of them thus explained their want of trust :“ We see that all the footsteps on the dust,

Of those who travelled to the sick one’s court,Without exception look towards his cave

But not a vestige of return ; in short,Some strong misgiving in our minds we have—

A want of trust about the journey’s end And therefore beg our visit to suspend.Thanks for the passport ; it is very clear

There’s nothing on the road to fear.That beasts get in, we make no doubt,

But we don’t see that they get out.”

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Commentary

The moral that Phaedrus draws is that “the dangers of others are generally of advantage to the wary.” Others comment that ‘it is easier to get into the enemy’s toils than out again’.

La Fontaine’s Fables give the fable a different slant by mentioning that, in bidding the animals to visit him, the lion issues them with a safe conduct pass (VI.14). The inference to be drawn is that the word of the powerful is not to be trusted.

There is a similar incident in the Buddhist Nalapana Jataka. In this tale a monkey king saves his troop from destruction by a water-ogre by reconnoitering a jungle pool and reporting that «I found the footprints all lead down, none back.»

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La poule aux œufs d’or

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La poule aux œufs d’or

L’Avarice perd tout en voulant tout gagner.Je ne veux pour le témoigner

Que celui dont la Poule, à ce que dit la fable, Pondait tous les jours un œuf d’or.

Il crut que dans son corps elle avait un trésor.Il la tua, l’ouvrit, et la trouva semblable

A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,S’étant lui-même ôté le plus beau de son bien.

Belle leçon pour les gens chiches :Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus

Qui du soir au matin sont pauvres devenusPour vouloir trop tôt être riches ?

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The hen with the golden eggs

A grasping miser loses all again ;I seek no further proof to make it plain

Than what the fable of his Hen has told, A Hen that daily laid an egg of gold.

He thought her body did a treasure hold,So killed her, opened her, but did not find

That she was different from the common kind, And lost the source from which he riches drew.

A lesson, niggards, this for you.In days of late we’ve seen, and not a few, Beggars become ’twixt morn and noon.

In seeking to be rich too soon.

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Commentary

In early tellings, there is sometimes a commentary warning against greed rather than a pithy moral. This is so in Jean de La Fontaine’s fable of La Poule aux oeufs d’or (Fables V.13), which begins with the sentiment that ‘Greed loses all by striving all to gain’ and com-ments at the end that the story can be applied to those who become poor by trying to outreach themselves. It is only later that the morals most often quoted today began to appear. These are ‘Greed oft o’er reaches itself’ (Joseph Jacobs, 1894) and ‘Much wants more and loses all’ (Samuel Croxall, 1722). It is notable also that these are stories told of a goose rather than a hen.

The English idiom, sometimes shortened to «Killing the golden goose», derives from this fable.Itisgenerallyusedofashort-sightedactionthatdestroystheprofitabilityofanasset.

The majority of illustrations of «The Goose that laid the Golden Eggs» picture the farmer despairing after discovering that he has killed the goose to no purpose. This was one of seve-ral fables applied to political issues by the American illustrator Thomas Nast. In this case his pictureofthebaffledfarmer,advisedbya‘CommunisticStatesman’,referredtotherailstrikeof 1877 and appeared in Harpers Weekly for March 16, 1878.

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Le loup et l’agneau

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Le loup et l’agneau

La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l’allons montrer tout à l’heure.

Un Agneau se désaltérait Dans le courant d’une onde pure.

Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait.

Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité.

- Sire, répond l’Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ;

Mais plutôt qu’elle considère Que je me vas désaltérant

Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,

Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson.

- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l’an passé.

- Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’Agneau, je tette encor ma mère.

- Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. - Je n’en ai point. - C’est donc quelqu’un des tiens :

Car vous ne m’épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens.

On me l’a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts

Le Loup l’emporte, et puis le mange,

Sans autre forme de procès.

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The wolf and the lamb

Strength upon right with ease can trample, As will appear by this example.

A gentle lamb to quench his thirst, Came to a calm, transparent brook ;

A hungry wolf, in hour accurst,That spot for his adventures took :

“ Rash creature ! ” cried he in. a rage,“ To trouble thus the waters as they flow,

While I my thirst assuage ;I’ll punish thee, insulting little foe ! ”

“ I pray your majesty, ” the Lamb replied, “ Not to be angry, but observe the tide.

You stand above, and I below ;The water comes to me from you :

How can I trouble what you drink ? ” “ But I insist, ” he said, “ you do :

And I remember, now I think,A year ago you treated me with scorn. ” “ How could I ? I was not then born, ”

Replied the Lamb. “ Perhaps, ” said Wolf—“ agreed ; It was your brother then, who was so bold. ”

“ I have no brother, sire, indeed. ” “ ‘Twas some one of your family, I’m told,

For all of you dislike my breed,Yourselves, your shepherds, and your curs ;

But I’ll have vengeance, my fine Sirs ! ” He said, not caring with more words to meet him,

And bore the lamb into the wood to eat him

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Commentary

Down the centuries the various interpreters of the fable have applied it to the injustices of their time. In the extended treatment by the 15th century Scottish poet Robert Henryson in his Moral Fables a picture of widespread social breakdown is depicted. The Lamb appeals to natural law, to scripture, and to statutory law, and is answered with perversions of all these by the Wolf. Then Henryson enters in his own person and comments that there are three kinds ofcontemporarywolfwhooppressthepoor.Thefirstaredishonestlawyers,thesecondarelandowners intent on extending their estates, and the third are aristocrats who exploit their tenants.

A political application of the fable to international relations is the 1893 Punch cartoon pu-blishedatthetimeBritainandFrancewerebothconsideringextendingtheircolonialinfluenceinto Thailand and looking for excuses. A wolf dressed in the uniform of the French army is shown eyeing the Thai lamb across the Mekong river. More recently the fable has been applied to the 2003 US invasion of Iraq. The presence of this fable in the borders of the Bayeux Ta-pestry has suggested that a similar political comment is being made through it by the English embroiderers to express their dissent and horror at the Norman invasion of Britain.

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Le pot de terre et le pot de fer

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Le pot de terre et le pot de fer

Le Pot de fer proposa Au Pot de terre un voyage.

Celui-ci s’en excusa, Disant qu’il ferait que sage De garder le coin du feu :

Car il lui fallait si peu, Si peu, que la moindre chose

De son débris serait cause. Il n’en reviendrait morceau.

Pour vous, dit-il, dont la peau Est plus dure que la mienne,

Je ne vois rien qui vous tienne. - Nous vous mettrons à couvert,

Repartit le Pot de fer. Si quelque matière dure

Vous menace d’aventure, Entre deux je passerai,

Et du coup vous sauverai. Cette offre le persuade. Pot de fer son camarade Se met droit à ses côtés.

Mes gens s’en vont à trois pieds, Clopin-clopant comme ils peuvent,

L’un contre l’autre jetés Au moindre hoquet qu’ils treuvent.

Le Pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas Que par son compagnon il fut mis en éclats,

Sans qu’il eût lieu de se plaindre. Ne nous associons qu’avecque nos égaux.

Ou bien il nous faudra craindre Le destin d’un de ces Pots.

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The iron pot and the earthen pot

An iron pot proposedTo an earthen pot a journey.

The latter was opposed,Expressing the concern heHad felt about the danger

Of going out a ranger.He thought the kitchen hearth

The safest place on earthFor one so very brittle.

«For thee, who art a kettle,And hast a tougher skin,

There’s nought to keep thee in.»«I’ll be thy body-guard,»

Replied the iron pot;«If anything that’s hard

Should threaten thee a jot,Between you I will go,

And save thee from the blow.»This offer him persuaded.

The iron pot paradedHimself as guard and guide

Close at his cousin’s side.Now, in their tripod way,They hobble as they may;

And eke together boltAt every little jolt,--

Which gives the crockery pain;But presently his comrade hitsSo hard, he dashes him to bits,

Before he can complain.Take care that you associate

With equals only, lest your fateBetween these pots should find its mate.

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Commentary

There is a short Greek version of the fable and a longer, more circumstantial late Latin poem by Avianus. It concerns two pots, one of earthenware and the other of metal, that are being swept along a river. While the metal pot is willing that they should journey together, the clay pot hopes it will keep its distance for ‘Whether the wave crashes me into you or you into me, in either case I will be the only victim’. The moral drawn is that equal partnership is best, and especially that the poor or powerless should avoid the company of the powerful.

In this connection, there is a likeness between the story and a passage in the debated book of Ecclesiasticus that advises caution in such unequal relationships: ‘Have no fellowship with one that is richer than thyself. What agreement shall the earthen pot have with the kettle? For if they knock one against the other, it shall be broken’ (13.2-3). Since this particular scripture is in Greek and dates from the 2nd century BCE, it is possible that the passage quoted and the fable are both based on a popular proverb. But there is also a connection with a later Talmudic proverb which underlines the no-win situation of the fable: ‘If a pot falls upon a stone, woe to the pot; if a stone falls upon a pot, woe to the pot; either way, woe to the pot’

La Fontaine’s Fables contrast their different constituents in a rather different fable based on it, Le pot de terre et le pot de fer. In this the iron pot proposes a journey together to the clay pot, which is only persuaded by the stronger pot’s offer to protect him. When they are jostled together on their way, the clay pot is shattered and only has himself to blame. ‘Only equals should associate’ is the conclusion. A French proverb derives from this fable, where the phrase ‘It’s the iron pot against the clay pot’ (C’est le pot de fer contre le pot de terre) is used in cases when the weak come off worst.

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Le rat et l’huitre

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Le rat et l’huitre

Un Rat, hôte d’un champ, rat de peu de cervelle,Des lares paternels un jour se trouva sou.Il laissa là le champ, le grain, et la javelle,

Va courir le pays, abandonne son trou.Sitôt qu’il fut hors de la case:

«Que le monde, dit-il, est grand et spacieux!Voilà les Apennins, et voici la Caucase.»

La moindre taupinée était mont à ses yeux.Au bout de quelques jours, le voyageur arrive

En un certain canton où Téthys sur la riveAvait laissé mainte huître; et notre Rat d’abord

Crut voir, en les voyant, des vaisseaux de haut bord.«Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire:Il n’osait voyager, craintif au dernier point.Pour moi, j’ai déjà vu le maritime empire;

J’ai passé les déserts, mais nous n’y bûmes point.»D’un certain magister le Rat tenait ces choses,

Et les disait à travers champs,N’étant pas de ces rats qui, livres rongeants,

Se font savants jusques aux dents.Parmi tant d’huîtres toutes closes

Une s’était ouverte; et, se bâillant au soleil,Par un doux zéphir réjouie,

Humait l’air, respirait, était épanouie,Blanche, grasse, et d’un goût, à la voir, nonpareil.D’aussi loin que le Rat voit cette Huître qui bâille:

«Qu’aperçois-je, dit-il, c’est quelque victuaille;Et, si je ne me trompe à la couleur du mets,

Je dois faire aujourd’hui bonne chère, ou jamais.»Là-dessus, maître Rat, plein de belle espérance,

Approche de l’écaille, allonge un peu le cou,Se sent pris comme aux lacs; car l’Huître tout d’un coup

Se referme: et voilà ce que fait l’ignorance.Cette fable contient plus d’un enseignement:

Nous y voyons premièrementQue ceux qui n’ont du monde aucune expérienceSont aux moindres objets frappés d’étonnement;

Et puis nous y pouvons apprendre

Que tel est pris qui croyait prendre.

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The rat and the oyster

A country rat, a rat of little brain,Grew tired of his paternal house and plain,

His home abandoned with his fields and grain. Soon as he left his wicket onward bound,

He stopped and cried with rapture and surprise,« How great, how spacious is the world around !

Here’s Caucasus, and there the Alps arise ! «Mole-hills were mighty mountains his eyes.

A few days after, as he wandered o’erA country, where he saw upon the shore A heap of oysters that had lest the tide,

He thought them ships—» three-masters sure !» he cried :« My father was a sorry sire, I think ;

Afraid of travelling to the last degree ; While Neptune’s empire I already see :

I’ve deserts crossed, but there we did not drink.» *These things the rat from some magister knew,And thus at random from his mouth they flew ;

None of those rats who gnaw great volumes through,And over ears in learning grow.

‘Mongst all the oysters shut, was one That opened, and lay gaping to the sun,

Drawing the cooling zephyr with delight,Full-blown and tempting to the sight,

White, fat, and delicately good.The distant rat beheld it thus, and cries

« What do I see ? ‘tis certainly some food ;And if the colour don’t deceive my eyes,

To-day or never I shall make good cheer.»He said, and, flushed with hope, drew near, Stretched out his neck a little, making bold.

The oyster closed, and formed his prison-hold.Two lessons in this tale appear :

First, those who nothing know will ever beAstonished at the silliest things they see ;

And secondly, we see the witOf those who thought to bite, got bit.

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Commentary

The earliest mention of the fable is in a Greek Anthology poem of the 1st century CE by Antiphilus of Byzantium. A house-mouse comes across an oyster and tries eating it, only for the shell to snap shut, bringing him at once both death and a tomb. In the following century, the orator Aelius Aristides gives the story a political interpretation as a warning to avoid entrap-ment in dangerous situations.

AfloweryLatinversionoftheGreekpoemwasmadebyAndreaAlciatoforhisbookofemblems(1531),whereitfiguresasapictureofgreed.

In LaFontaine’s version of the fable, the mouse is a naive creature who knows the world only from books and comes to grief not simply through greed but for lack of experience.

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Le singe et le chat

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Le singe et le chat

Bertrand avec Raton, l’un Singe et l’autre Chat,Commensaux d’un logis, avaient un commun Maître.

D’animaux malfaisants c’était un très bon plat ;Ils n’y craignaient tous deux aucun, quel qu’il pût être.

Trouvait-on quelque chose au logis de gâté,L’on ne s’en prenait point aux gens du voisinage.

Bertrand dérobait tout ; Raton de son côtéEtait moins attentif aux souris qu’au fromage.

Un jour au coin du feu nos deux maîtres friponsRegardaient rôtir des marrons.

Les escroquer était une très bonne affaire :Nos galands y voyaient double profit à faire,

Leur bien premièrement, et puis le mal d’autrui.Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd’hui

Que tu fasses un coup de maître.Tire-moi ces marrons. Si Dieu m’avait fait naître

Propre à tirer marrons du feu,Certes marrons verraient beau jeu.

Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,D’une manière délicate,

Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts,Puis les reporte à plusieurs fois ;

Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.Et cependant Bertrand les croque.

Une servante vient : adieu mes gens. RatonN’était pas content, ce dit-on.

Aussi ne le sont pas la plupart de ces PrincesQui, flattés d’un pareil emploi,

Vont s’échauder en des Provinces

Pour le profit de quelque Roi.

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The monkey and the cat

Bertrand the wicked, Rodilard the badIn the same house one common master had.

A pretty couple they of guardians made ;Of nothing round them they afraid. If aught were lest or aught defiled,

None blamed their neighbour’s cat nor child.Bertrand stole all, and Rodilard so nice

Preferred devouring cheese to catching mice.These hardened rogues, before the fire one day, Saw chestnuts roasting, and prepared for play ;

For they beheld them as a pleasant prey, Which offered double profit to each thief,

First his own good, and next his neighbour’s grief. « Brother,» said Bertrand, « I’m resolved to-day,

That you a masterpiece of work displayRake out these nuts : had I been formed for that,

I warrant ye I’d show them fun.»The thing no sooner said than done ;

Most delicately with his patThe cat the aches laid aside,

Drew back his claws, and them again applied ; Got a few chestnuts out at last,

Which Bertrand cracked and ate as fast.A servant came, the rogues soon fled,

And Rodilard not quite content, ‘tis said.Nor better are those princes paid,

Who, flattered with a similar thing,

Their fingers burn recruiting for some king.

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Commentary

La Fontaine applies the fable to statecraft, and was later followed in this by political cartoonists. One English example, dating from 1766 and titled «The Cat’s Paw», satirises a political alliance of the time and represents the Earl of Bute as a monkey, using the paw of the felineEarlofChathamtoextractchestnutsfromafire.Useoftheidiomatthisdateisoneofthe earliest examples in English. A later caricature from 1804 and titled «The monkey and the cat’s paw, a fable from Esop», pictures yet another simian statesman manipulating a politician topickouttheflamingchestnutofCatholicEmancipation.Thecat’spawtitlewastobeusedonce again in a cartoon relating to the political maneuvering that preceded the passing of the English Reform Act in 1832. In this King William IV is the cat, being coaxed by the bewigged Lord Chancellor Henry Brougham, depicted as a monkey seated at his side, to pull the hot iron ofreformfromablazingfire.InthiscasethereferenceistoLaFontaine’sversionofthestory.

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La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf

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La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf

Une Grenouille vit un BœufQui lui sembla de belle taille.

Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille

Pour égaler l’animal en grosseur,Disant : Regardez bien, ma sœur ;

Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?Nenni. M’y voici donc ? Point du tout. M’y voilà ?

Vous n’en approchez point. La chétive PécoreS’enfla si bien qu’elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,

Tout petit prince a des ambassadeurs,

Tout marquis veut avoir des pages.

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The frog and the ox

A frog an ox with envy saw,Admired his wondrous size,

Staring with both her little eyes.And murmuring at Nature’s law,Thought fit for larger bulk to beg,

Herself no bigger than an egg ;She laboured, stretched, began to swell, “ Sister, ” she said, “ now mark me well,

Is that enough ?—tell me—may I compare ? ” “ No, faith ; ”—“ look flow ? ” “ Not in the least ”—“ then there ? ”

“ You don’t approach it, sister. ” . . . “ Then here goes !” So swelled the silly thing, and burst amidst her throes.

Of just such fools, the world enough affords, Cits buy and build to copy dukes and lords ;

Each petty prince a monarch’s pomp assumes,

Each count has pages strutting round his rooms.

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Commentary

The Frog and the Ox appears among Aesop’s Fables. The story concerns a frog that tries toinflateitselftothesizeofanox,butburstsintheattempt.InsomeClassicalsourcesthefableconcludes with the moral: ‘Not all creatures can become as great as they think.’ There are va-rious versions of the story. In some, the frog sees the ox and tries to equal him in size; in others it is only told of an enormous beast by another and keeps swelling, asking at intervals, ‘Was it as big as this?’ The story has usually been applied to socio-economic relations. Both Mar-tial and Horace are among the Latin satiric writers who made use of the fable of the frog and the ox, although they refer to different versions of it. The story related by Phaedrus has a frog motivated by envy of the ox, illustrating the moral that ‘the needy man, while affecting to imitate the powerful, comes to ruin’. It is to this that Martial alludes in a short epigram (X.79) about two citizens trying to outdo each other by building in the suburbs. Horace places a dif-ferent version of the story towards the end of a long conversation on the demented behaviour of mankind (Satires II.3, lines 314ff) where Damasippus accuses the poet of trying to keep up with his rich patron Maecenas. His telling follows the Babrius version in which an ox has stepped on a brood of young frogs and the father tries equaling the beast in size when told of it.

The folly of trying to keep up with the Jones’ is the conclusion drawn by La Fontaine’s Fables from the Phaedrus version of the tale, applying it to the artistocratic times in which La Fontaine lived («The frog that wished to be as big as the ox».

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Portée artistique

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Fables et illustrateurs

François Chauveau, le premier illustra-teurdesfables,auquelfitappelLaFontaine.Il a illustré les œuvres de La Fontaine, Mlle de Scudéry, Scarron, Molière, Racine, Boileau. Il a également illustré les fêtes de Versailles.

Au XVIIIe siècle, Baptiste Oudry propose de nouvelles illustrations, plus natura-listes. Oudry fut un peintre, un créateur de tapisserie et un illustrateur extraordinaire-mentprolifique.ilfutprobablementleplusgrandpeintrefrançaisdescènesdechasseet de nature morte du dix-huitième siècle. Il a également peint beaucoup de portraits, des paysages purs, et beaucoup de scènes historiques.

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Granville (pseudonyme de Jean-Ignace-Isidore Gérard) naît en 1803. Artiste, des-sinateur, caricaturiste et lithographe, son inspiration baroque lui fait traiter des thèmes inédits où la caricature la plus cruelle côtoie des illustrations «visionnaires» et/ou poé-tiques. Il illustre les Fables de la Fontaine, De Foë, Swift (les Voyages de Gulliver). Certains ont vu dans cette œuvre, l’inspiration d’œuvres surréalistes et contemporaines.

Gustave Doré Illustrateur, dessinateur, graveur, peintre, sculpteur, Gustave Doré a laissé derrière lui une œuvre considé-rable. Il redécouvre et remet au goût du jour la gravure sur bois. Il bouleverse le rapport existant entre l’artiste et le graveur: il ne dessine plus à la mine de bois, il jette son dessin au lavis ou à la gouache, et il demande au graveur de l’interpréter, en étant fidèle,nonpasautrait,maisaumouvement,àlalumière,ausens.Ilillustreplusde120 œuvres dont quelques-uns des chefs d’œuvres de la littérature: LES CONTES DE PERRAULT (1862), DON QUICHOTTE (1863), LA BIBLE (1866), LES FABLES DE LA FONTAINE (1867),..

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Début 1905, Benjamin Rabier s’atèle à la tâche d’illustrer les Fables de La Fon-taine.ChaqueFable fait l’objetd’unemiseenpageparticulière.Aufildespresque300 Fables, on peut admirer la plupart des styles de l’époque : Certaines pages sont construites «arts déco», à la Mucha, d’autres, plus rares «arts modernes», et la plus part dans un style très particulier et personnel qui annonce la bande dessinée actuelle.

Marc Chagall propose, à son tour, sa vision des Fables. Marqué par la tradition juive et le folklore russe, il élabore une iconographie très personnelle autour de figuresrécurrentes - le violoniste, l’acro-bate, le Christ, les amoureux, la vache etc. - qu’il agence de manière à restituer ses états d’âme. La ri-chesse poétique, le merveilleux de son œuvre lui valent de multiples commandes : décoration de l’Opéra de Paris, du siège new-yorkais de l’ONU...

Quarante-trois illustrations de Chagall autour du thème des Fables de La Fontaine.

Le plaisir de se plonger une fois encore dans les couleurs chatoyantes de Marc Chagall. Les animaux et les hommes occupent des positions différentes dans les des-sins mais se complètent admirablement. Pas d’anthropomorphisme à outrance (seule

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«la Femme métamorphosée en chatte» se prête à cet exercice), mais une humanisation très symbolique des animaux et puis aussi le respect des échelles de valeurs énon-cées par La Fontaine dans ses textes, plus particulièrement pour les «grands» et les «petits», stylisés à merveille par Chagall qui insiste volontiers sur les différences et les contrastes. Comme toujours, c’est très chargé, très coloré, subtil mélange de gouaches et de superpositions .

De 1926 à 1929, Chagall créa 100 gravures préparatoires sur le thème des Fables de Jean de La Fontaine. En 1926, il entamera les gouaches des Fables. A partir de ces gouaches, des planches seront gravées pour permettre le tirage des eaux-fortes origi-nales.

L’artiste grava les eaux-fortes en noir et blanc de 1927 à 1930. Le livre ne sera pu-blié qu’en 1952 par les soins de Tériade. Marc Chagall rehaussera lui-même à l’aqua-relle les eaux-fortes. Plus qu’aucun peintre de tous les temps, Chagall sait faire parler les animaux. Avec les Fables, la lumière et le paysage français commencent à appa-raître. On sait combien Chagall est sensible à la nature qui l’entoure et l’on pourrait retrouvericietlàlestracesdesvoyagesqu’ilfitdansplusieursrégionsdelaFrance.

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Conclusion

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D’après Esope, la fable a pour mission de faire rire, d’avertir par l’exemple et de corriger les erreurs en charmant l’oreille.

L’événement raconté par le fable, la plupart du temps unique, est symbolique d’une situa-tion courant, et l’explique. Les personnages sont en général stéréotypés et constants. Elle met en scène des animaux: le lion représente le pouvoir et la grandeur; le loup, la cruauté, la force sauvageetstupide,letotalitarisme;lerenardsymbolisel’intelligencefine,laréflexionetlaruse;lechien,labontéetlafidélité;lesinge,leburlesquemaisaussilasagesse;l’âne,lasot-tise; le chat, l’égoïsme et la cruauté.

Dans les fables de La Fontaine, les animaux sont au nombre de vingt-cinq.

On y trouve d’abord les forts et les puissants: le chat, le lion, la lionne, le loup, le renard, l’aigle, le milan et le vautour. D’un autre côté, on trouve les faibles et les victimes: le mouton, l’agneau, la brebis, le chevreau, l’âne, la souris et le poisson. Le chien, la grenouille, le serpent, l’éléphant, et le rat sont parfois forts, parfois faibles en fonction de l’animal auquel ils sont confrontés. La Fontaine est surtout connu pour les dizaines de fables qu’il a composées jusqu’à la veille de sa mort. La fable est un genre littéraire très ancien et déjà utilisé. A l’époque de l’Antiquité Romaine, Esope rédige de courtes histoires mettant en scène hommes et animaux. Le récit s’achève sur une morale dont il revient au lecteur de tirer un enseignement. Des siècles plus tard, La Fontaine s’inspire des héritages de son brillant aîné: il y ajoute pourtant sa touche particulière...

Mal reçu à Versailles, l’écrivain ne se prive pas de souligner, parfois cruellement, les absurdités de la Cour du Roi Soleil. Deux fables éclairent les couloirs du palais d’une lumière bien étrange: au-delà des salons feutrés, des anti-chambres cossues, mensonges, hypocrisies et trahisons régissent les rapports de ceux qui vivent à l’ombre du souverain

Les animaux mis en scène ne sont pas choisis par hasard. Chacun jour un rôle bien précis.

- Le lion: sa puissance, son orgueil démesuré et son attitude rappellent le comportement de Louis XIV. A l›image de l›animal qui le symbolise, le roi règne sur sa Cour. Jaloux de son pouvoir,méfiantd›uneNoblesseremuantedenature,ilconvoquerégulièrementauprèsdeluiles princes de sang pour mieux les surveiller. Une invitation à Versailles ne se décline pas. Il faut s›y soumettre, quitter sur l›heure sa résidence provinciale et accourir au plus vite. La violence que le lion déploie quand un courtisan commet l›erreur de lui déplaire souligne avec quelle facilité le souverain peut briser la réputation et la renommée de celui qui ne satisfait pas ses exigences. Attention toutefois! Si le lion n›est pas dupe des courbettes du singe réjoui de sa sévérité, Louis XIV n›apprécie pas davantage les hypocrisies trop marquées d›un courtisan empressé et soucieux d›obtenir sa faveur.

- Le singe, l›ours et le renard évoquent les attitudes de la Cour. Le bonheur qu›éprouve le

Portée critique

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singe quand l›ours endure la colère léonine n›est pas sans rappeler que des profondes tensions animent Versailles: la déchéance de l›un fait le bonheur de l›autre et la disgrâce du malheureux arrange les affaires de l›ambitieux.

La morale de la fable résonne comme un avertissement. Le renard est le plus malin de ses compères. Il a compris qu›au palais de son maître, il n›est jamais bon de dévoiler trop haut ses opinions. L›hypocrisie n›est cependant pas la meilleure conseillère. La Fontaine prévient: un bon courtisans ne prend jamais ouvertement parti et doit éviter de se compromettre dans de trop violentes querelles.

Enfin,lacomparaisonquel›auteurutilisequandilévoquelaCourdévoiledessentimentssans concession à l›égard d›un univers où il ne s›est jamais senti à son aise. Le message est clair: par delà des dorures des tableaux et l›éclat brillant de la Galerie des Glaces, les corridors du palais ne sont guère plus avenants qu›un affreux charnier. Comportements écoeurants, atti-écoeurants, atti-, atti-tudes répugnantes ont donc découragé l›honnête homme de pénétrer à Versailles...

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Jean de la Fontaine était un auteur engagé de son temps. En effet, en dénonçant la société corrompue dans laquelle il vivait, ce fabuliste cout beaucoup de risques : Louis XIV n’était pas un roi très commode, s’il quelque chose ne lui plaisait pas, il le faisait payer à celui-ci, ou cet auteur pouvait aussi être censuré. Mais Jean de le Fontaine était un homme adroit : il contourne la censure grâce aux animaux qu’il met en scène dans ses fables. Effectivement, il utiliselediscourtindirectpourannoncersamédisance:ilréfléchitàlacritiqueetsesanimauxledisentàsaplace.Decettefaçon,JeandelaFontainenepouvaitpasaffirmerqu’ilcritiquaitla monarchie de Louis XIV car ce n’est pas lui qui en fait le blâme directement.

Ainsi, Les obsèques de la Lionne, extraite du livre VIII. Cette fable s’inspire d’un mal-heur survenu à la Cour du Roi Soleil : le décès e, 1683 de la reine Marie Thérèse d’Espagne que Louis XIV a épousé à l’occasion du traité des Pyrénées (Juin 1660).

Cette fable est une véritable satire de la cour de Louis XIV. A travers le cerf, on assiste à une véritable satire de l’absolutisme royal. Il reproche aux courtisans de Louis XIV de man-querd’intelligence,d’être tropbêtepour réfléchir. Ils sontà l’imagedeceque l’onattendd’eux. C’est ce que l’on peut appeler la logique du paraître. On peut dire globalement que les courtisans sont hypocrites envers Louis XIV. Jean de la Fontaine reproche aussi au roi de n’être que le monarque absolu dont on ne voit que la cruauté. Il reproche aussi que le système de la cour est perverti, que Louis XIV ne tolère que son point de vue. La cour du lion, dans cette fable, représente en réalité la cour de Versailles.

La Cour Du lion également : cette fable a été écrite en 1678 et est extraite du livre VII, et est elle aussi une critique de la cour et de ses courtisans. Les critiques sont toujours les mêmes : on reproche au roi d’être un homme sévère, qu’il décide de tout… et Jean de la Fontaine reproche toujours aux courtisans d’être des personnes fausses, de se battre entre eux pour être auprès du roi, et d’être toujours des hypocrites. Dans cette fable, Jean de la Fontaine destine le « vous » aux courtisans ainsi qu’aux lecteurs, il lui sert à donner des conseils.

Dans Les obsèques de la lionne, la vision du cerf est un moyen de montrer au lecteur que l’on peut sauver sa vie grâce à son imagination.

Jean de La Fontaine dénonce donc très explicitement l’hypocrisie des courtisans. Il ex-pose aussi la monarchie pervertie dans laquelle il vit. Il remet aussi complètement en cause l’absolutisme royal, de la cour et de ses principes. Ses morales sont valables aussi bien au XVIIème siècle qu’à notre époque.

Un auteur engagé

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IndexAAcadémie Française 15

BBaptiste Oudry 89Benjamin Rabier 91

CChateaubrian 19Château-Thierry 12contes 17

DDémocrite 17Détracteurs 20

EÉsope 11, 17

FFables 17Fouquet 13François Chauveau 89

GGranville 90Gustave Doré 90

Iillustrateurs 89

LLouis XIV 17

MMarc Chagall 91Mme de Sévigné 19

SStendhal 19

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Les Fablesde

La FontaineRien ne sert de discourir, il faut lire à point. Jean de La Fontaine, auteur

emblématique du XVIIème siècle n’était pas seulement un fabuliste de renom mais également un artiste qui, par ses écrits incisifs et drôles dépeignant la société mo-narchique, a marqué durablement son époque, et reste toujours enseigné en France dans les écoles primaires.

Amis anglophones, grâce à ce petit livre, vous pourrez plonger dans la vie passionnante de cet artiste, découvrir sa vie, ses œuvres, ses illustrations ; tout cela agrémentédecommentairesenanglaisetd’uneversiontraduitedesfables,afindepermettre une assimilation bilingue. De quoi vous permettre ensuite de briller en société, de par vos nouvelles tournures et morales fraîchement acquises - tout en gardantbienàl’espritque:toutflatteurvitauxdépendsdeceluiquil’écoute.