Les enceintes de Paris

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3 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région Les enceintes de Paris Les différentes enceintes L’histoire des extensions de Paris est bien connue, marquée par la construction d‘enceintes successives et de nouvelles limites du XII e siècle à 1860. La ville bénéficie d’une situation idéale pour s’épa- nouir au bord d’un grand fleuve navigable, entourée de riches terres agricoles qui assureront son approvi- sionnement en blé et viande et permettront également le développement à sa périphérie des villes de Corbeil, Melun, Meaux, Pontoise, Poissy, Etampes... La première enceinte est construite pour protéger la ville, vers la fin du X e et au début du XI e siècle. L’ouvrage construit sur la rive droite se compose pro- bablement d’un fossé, doublé d’une levée de terre surmontée d’une palissade. Une nouvelle enceinte est édifiée de 1180 à 1210, sous Philippe Auguste, « le premier roi « urbaniste » qui cherche à modeler la capitale suivant une conception d’ensemble » 1 . Son périmètre long de 3 000 mètres environ court de part et d’autre de la Seine sans englober le Louvre ou le bourg de Saint-Germain. Le roi ordonne le pavage des rues et d’une rigole d’évacuation des eaux pluviales ou usées en leur milieu. Un « esgout » à ciel ouvert, sur la rive droite de la Seine, contournant Paris au nord recueille une partie des effluents. Au cours des XIII e et XIV e siècles, Paris se densifie et s’agrandit, principalement sur la rive droite de la Seine, siège du pouvoir et de l’administration. Char- les V, « le Sage » ou « le Grand bâtisseur » fait cons- truire une nouvelle enceinte sur la rive droite en 1370. A la même époque, Hugues Aubriot, prévôt des mar- chands, décide la réalisation d’un égout voûté et ma- çonné rue Montmartre, rejoignant le ruisseau de Ménilmontant. Avec François 1 er apparaît l’idée d’alignement et d’or- donnancement pour mettre fin aux rues tortueuses. Durant son règne, il se construit tellement de nou- veaux bâtiments en dehors de l’enceinte que son suc- cesseur, Henri II, interdit en 1548 de bâtir du neuf dans les faubourgs et fait dresser un plan directeur confié à l’ingénieur Bellarmato et les plans d’une nouvelle enceinte qui ne seront pas réalisés. Henri IV, qui se qualifie lui même « l’amy des bâtis- seurs » transforme la ville et l’embellit par la cons- truction de places (Dauphine, Royale ou des Vosges), ponts, jardins (Palais Royal), fait construire la Pompe de la Samaritaine au Pont Neuf afin de fournir de l’eau au Louvre et au jardins royaux. La ville souffre cruellement de la pénurie d’eau. Au cours du XVII e siècle, pour obtenir en quantité suffisante une eau plus agréable que celle de la Seine, la construction de l’aqueduc d’Arcueil apporte un secours momen- tané. Commencé en 1613, l’aqueduc est mis en ser- vice en 1624. Il conduit à Paris les eaux des sources d’Arcueil et de Rungis selon un tracé identique à l’an- tique aqueduc gallo-romain qui alimentait déjà Lu- tèce. Il aboutit à un château d’eau situé à l’angle de l’avenue de l’Observatoire et de l’avenue Denfert- Rochereau. « Au milieu du XVI e siècle se fait jour une préoccu- pation qui reparaîtra souvent, jusqu’au règne de Na- Les enceintes de Paris L’extension et l’administration de Paris sous l’Ancien Régime 1 BOUTET de MONVEL, Noël, Les demains de Paris, éd. Denoël, 1964.

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Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa régionLes enceintes de Paris

Les différentes enceintes

L’histoire des extensions de Paris est bien connue,marquée par la construction d‘enceintes successiveset de nouvelles limites du XIIe siècle à 1860.La ville bénéficie d’une situation idéale pour s’épa-nouir au bord d’un grand fleuve navigable, entouréede riches terres agricoles qui assureront son approvi-sionnement en blé et viande et permettront égalementle développement à sa périphérie des villes de Corbeil,Melun, Meaux, Pontoise, Poissy, Etampes...

La première enceinte est construite pour protéger laville, vers la fin du Xe et au début du XIe siècle.L’ouvrage construit sur la rive droite se compose pro-bablement d’un fossé, doublé d’une levée de terresurmontée d’une palissade. Une nouvelle enceinteest édifiée de 1180 à 1210, sous Philippe Auguste,« le premier roi « urbaniste » qui cherche à modelerla capitale suivant une conception d’ensemble »1. Sonpérimètre long de 3 000 mètres environ court de partet d’autre de la Seine sans englober le Louvre ou lebourg de Saint-Germain.Le roi ordonne le pavage des rues et d’une rigoled’évacuation des eaux pluviales ou usées en leurmilieu. Un « esgout » à ciel ouvert, sur la rive droitede la Seine, contournant Paris au nord recueille unepartie des effluents.

Au cours des XIIIe et XIVe siècles, Paris se densifieet s’agrandit, principalement sur la rive droite de laSeine, siège du pouvoir et de l’administration. Char-les V, « le Sage » ou « le Grand bâtisseur » fait cons-truire une nouvelle enceinte sur la rive droite en 1370.A la même époque, Hugues Aubriot, prévôt des mar-

chands, décide la réalisation d’un égout voûté et ma-çonné rue Montmartre, rejoignant le ruisseau deMénilmontant.

Avec François 1er apparaît l’idée d’alignement et d’or-donnancement pour mettre fin aux rues tortueuses.Durant son règne, il se construit tellement de nou-veaux bâtiments en dehors de l’enceinte que son suc-cesseur, Henri II, interdit en 1548 de bâtir du neufdans les faubourgs et fait dresser un plan directeurconfié à l’ingénieur Bellarmato et les plans d’unenouvelle enceinte qui ne seront pas réalisés.

Henri IV, qui se qualifie lui même « l’amy des bâtis-seurs » transforme la ville et l’embellit par la cons-truction de places (Dauphine, Royale ou des Vosges),ponts, jardins (Palais Royal), fait construire la Pompede la Samaritaine au Pont Neuf afin de fournir del’eau au Louvre et au jardins royaux. La ville souffrecruellement de la pénurie d’eau. Au cours du XVIIe

siècle, pour obtenir en quantité suffisante une eauplus agréable que celle de la Seine, la constructionde l’aqueduc d’Arcueil apporte un secours momen-tané. Commencé en 1613, l’aqueduc est mis en ser-vice en 1624. Il conduit à Paris les eaux des sourcesd’Arcueil et de Rungis selon un tracé identique à l’an-tique aqueduc gallo-romain qui alimentait déjà Lu-tèce. Il aboutit à un château d’eau situé à l’angle del’avenue de l’Observatoire et de l’avenue Denfert-Rochereau.

« Au milieu du XVIe siècle se fait jour une préoccu-pation qui reparaîtra souvent, jusqu’au règne de Na-

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L’extension et l’administrationde Paris sous l’Ancien Régime

1 BOUTET de MONVEL, Noël, Les demains de Paris, éd. Denoël, 1964.

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poléon III: la crainte qu’une extension trop grandede Paris ne porte dommage à la fois au royaume, età Paris lui-même »2.Louis XIII, fixe en 1638 un nouveau périmètre d’unelongueur d’environ 16 km autour de Paris et fait plan-ter 31 grosses bornes à l’orée des faubourgs, avecinterdiction de bâtir au-delà. Cette interdiction n’estbien sûr pas respectée.

A une époque où la France règne sur l’Europe, Parisn’a plus besoin d’enceintes défensives. Un édit royalde 1670 ordonne la destruction de l’enceinte de Char-les V et de Louis XIII et leur transformation en bou-levards de 36 mètres de large plantés d’arbres, pro-longés par de vastes voies jusqu’à Vincennes à l’estet Versailles à l’ouest. De cette époque date la grandeperspective est-ouest passant par le Louvre avec àl’ouest la voie des Champs-Elysées dessinée par LeNôtre en direction de Saint-Germain.Le plan d’ensemble de Bullet et Blondel dressé en1675 continue de distinguer la ville de ses faubourgs.La cour s’installe à Versailles et une ville nouvelle sebâtit à côté du château. Pour l’alimenter en eau, degigantesques travaux sont entrepris : pompage del’eau de la Seine par une gigantesque machine àMarly, drainage des plateaux de Saclay et de Trap-pes jusqu’à la forêt de Rambouillet, projet inachevéde captage des eaux de l’Eure.

Louis XV recule encore les limites de Paris en 1724et 1765. Le 18 juillet 1724, le pouvoir royal fixe unenouvelle fois l’extension de la ville. « Il n’invoquepas moins de cinq raisons : accroissement du prixdes denrées et difficultés des approvisionnements ;« disette de matériaux de construction », en particu-lier ; danger pour l’ordre public « par l’impossibi-lité qu’il y aurait à distribuer la police dans toutesles parties d’un si grand corps » ; accroissement desdistances, ce qui empêchera les communications d’unquartier à l’autre ; et enfin crainte que les bâtimentsne soient négligés à l’intérieur, pendant qu’il s’enélèvera de nouveaux au dehors. On fixe donc le "bor-nage intérieur de la ville", et on cherche à arrêter lemouvement de construction dans les faubourgs »3.En 1761, lors de l’établissement du mur d’octroi,Soufflot fait déplacer l’ancienne justice de Montfau-con (gibet, cimetière et voirie4) à 300 mètres de labarrière du Combat5, au pied des buttes Chaumont.

En 1781, toutes les voiries sauf Montfaucon sontsupprimées. La révolution renverse le gibet. Il ne resteplus à Montfaucon qu’une voirie « effrayante », dontles lacs toujours insuffisants débordent.

A l’avènement de Louis XVI, Paris est un immensechantier. « On n’a de l’argent que pour bâtir : descorps de logis immenses sortent de la terre, commepar enchantement, et des quartiers nouveaux ne sontcomposés que d’hôtels de la plus grande magnifi-cence [...] La maçonnerie a recomposé un tiers de lacapitale depuis vingt-cinq années »6. L’extension sefait vers l’ouest (faubourgs Saint-Honoré et Saint-Germain).En 1774, les problèmes d’approvisionnement et detransport sont toujours au centre des préoccupationsdes édiles. Pour pouvoir élargir les voies et en cons-truire de nouvelles, le règlement de 1667 qui fixaitseulement la hauteur des bâtiments à huit toises(15,60 m) est complété par un édit de 1784 fixant lalargeur des rues et leur alignement.

Le trafic augmente, et avec lui les encombrements :pas moins de 12 000 voitures particulières sont re-censées dans les années 1780, auxquelles s’ajoutentles 800 fiacres et autres voitures de louage, carros-ses, charrettes et porteurs d’eau. Les transports pu-blics restent inexistants dans Paris depuis l’échec auXVIIe siècle des carrosses à cinq sols imaginés parPascal ; de plus, l’argent manque.La présence de la cour à Versailles entraîne un inces-sant va-et-vient entre la ville royale et Paris. Ceuxqui ne possèdent pas cheval, berline ou carrosse em-pruntent les coches ou les lourds « carapas » qui ti-rés par huit chevaux atteignent Versailles en une demi-journée.Des attelages plus légers, les « coucous », voiturestirées par un seul cheval dans lesquelles six voya-geurs peuvent s’installer, assurent les liaisons de Pa-ris à Versailles et de Paris à Saint-Germain-en-Laye.

Vagabondage et brigandage régressent, notammentgrâce à l’amélioration de l’éclairage public. La sécu-rité demeure une source permanente d’anxiété. Lesincendies sont fréquents comme ceux du palais dejustice de la Cité en 1776 (la Sainte-Chapelle est sau-vée de justesse), de l’opéra du Palais-Royal en 1781,du Louvre en 1787.

2 HALBWACHS, Maurice, Les plans d’extension et d’aménagement de Paris avant le XIXe siècle , La vie urbaine, 1920.3 HALBWACHS, op.cit. 2.4 Une voirie est un lieu où sont déversées les matières de vidange extraites des fosses d’aisance.5 Actuelle place du colonel Fabien.6 MERCIER, Louis Sébastien, Tableau de Paris, 1788, réédition Mercure de France, 1994.

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Les fontaines sont trop peu nombreuses - la premièreremonte à Philippe Auguste - et, jusqu’à l’installa-tion en 1781 de l’usine à élévation d’eau des frèresPérier à Chaillot, il faut pomper l’eau dans la Seine àbras d’hommes.

On tente d’assainir le centre de Paris en fermant lecharnier des Innocents, mitoyen des Halles, et entransportant les squelettes et os dans les galeries decarrières souterraines abandonnées au sud de Paris.En 1789, les égouts parisiens mesurent 26 km. Leréseau ne cesse de s’étendre, mais toutes les eauxusées se jettent en Seine, en plein Paris, où est puiséel’eau consommée.

A la fin du règne de Louis XVI, Paris s’est entière-ment urbanisé dans la zone centrale délimitée par lesboulevards créés sous Louis XIV. Louis XVI auto-rise la construction d’une nouvelle enceinte en 1785,l’enceinte des Fermiers Généraux qui suit le tracé deces grands boulevards. « Le mur s’élevait au milieu[des boulevards] ; en deçà régnait dans la ville unchemin de ronde ; au delà, le boulevard extérieurproprement dit, qu’un espace libre de 50 toises (100mètres) devait à l’origine séparer de toute bâtisse »7.« Le mur ne serrait pas Paris dans une étroite cein-ture, mais laissait beaucoup d’espace libre entre lacapitale, alors peuplée par six cent cinquante millehabitants »8. Le mur long de 24 km sur 3,30 m com-prenait 54 pavillons barrières dessinés par ClaudeNicolas Ledoux.« Limite administrative de Paris jusqu’en 1860, ilest destiné non pas à assurer sa sécurité mais à em-pêcher les Parisiens de frauder l’octroi »9.

L’activité industrielle reste encore relativement mo-deste à Paris à la fin de l’Ancien Régime. Cependantde nombreux corps de métiers travaillent pour le roi.On trouve plusieurs manufactures royales à Paris,Vincennes, Sèvres, Jouy-en-Josas.Primitivement installés place de Grève (quai de laMégisserie), les quelque 45 tanneurs implantés le longde la Bièvre depuis le XVIIe siècle ont transformé larivière en un épouvantable cloaque.

Les alentours de Parissous l’ancien Régime

Les communes limitrophes sont encore peu peuplées ;les dimanches et les jours de fêtes, les habitants desfaubourgs viennent respirer l’air de la campagne àVaugirard, au Petit-Gentilly, à la Courtille (Belle-ville). Mais déjà la ville éloigne ses établissementsindésirables au delà de son enceinte : voirie de Mont-faucon, « horrible » maison de retraite ou d’hospicede Bicêtre pour les plus pauvres et les mendiants quiaccueille aussi les malades et les prisonniers condam-nés à mort10.

Au nord, Saint-Denis, autrefois centre commercialimportant avec sa foire du Landy, est encore une pe-tite ville avec 3 000 habitants en 1780, qui « vit aurythme très particulier des grands moments de lafamille royale, surtout à celui de ses obsèques… de-puis les Mérovingiens »11. Des fabriques de drap teintet des tanneries sont implantées le long du Croult.

A l’ouest, une importante partie du territoire appar-tient au roi : domaine de Versailles avec son châteauet son grand parc, domaine de Marly-le-Roi, forêt deSaint-Germain-en-Laye, châteaux et parcs de Saint-Cloud, de Meudon, château de Madrid dans le boisde Boulogne... A proximité se trouvent les domainesdes familles importantes du royaume comme les do-maines de Sceaux, de Bellevue (Meudon), de Pont-chartrain, Dampierre, Breteuil...Paris est au centre d’une riche région dont elle estdépendante pour ses approvisionnements. L’activitéagricole prédomine partout (vignes, légumes, céréa-les…). De 1700 jusqu’à l’ouverture du marché auxbestiaux de La Villette en 1867, le marché de Poissyet celui de Sceaux occupent une position dominantepour les achats des bouchers en bovins et en mou-tons, les marchés intra-muros ne conservant un rôleimportant que pour les veaux et les porcs12.

Les moyens de transport sont encore difficiles. Lavoie d’eau permet l’acheminement des marchandi-ses (bois flotté en provenance du Morvan, blé de laBeauce et de la Brie jusqu’aux moulins de Meaux,Melun ou Corbeil qui approvisionnent Paris en painsapportés par les bateaux ou coches d’eau...).

7 BOURNON, Fernand, Paris Atlas, Librairie Larousse, 1900.8 VILLEFOSSE, René Héron de, Histoire de Paris, éd. Grasset, 1955.9 CHEVE, Joëlle, Paris, capitale du savoir-vivre chapitre sous Louis XVI.10 SUE, Eugène, Les Mystères de Paris, Journal des Débats, 1842/1843.11 BOURDERON, Roger, Histoire de Saint-Denis, éd. Privat, 1997.12 LETEUX, Sylvain, Les formes d’intervention des pouvoirs publics dans l’approvisionnement en bestiaux de Paris : la Caisse dePoissy de l’Ancien Régime au Second Empire, Cahiers d’économie et sociologie rurales, n° 74, 2005.

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Les grandes routes royales rayonnent de la capitalejusqu’aux grandes villes du royaume et permettentl’approvisionnement de Paris, comme la route despoissonniers, empruntée à toute allure par « leschasse-marées » qui transportent leur cargaison desports de pêche de la Manche ou de la Mer du Nordjusqu’au marché au centre de Paris en traversantSaint-Denis, la Chapelle et les faubourgs nord de lacapitale.

Quelques grands axes contournent Paris reliant Ver-sailles aux autres villes royales, comme la route deVersailles à Saint-Germain-en-Laye, la route de laRévolte de Versailles à Saint-Denis évitant Paris etses possibles émeutiers ; la route de Versailles àChoisy-le-Roi pour rejoindre le château de Choisyau bord de Seine où réside Mademoiselle de Mont-pensier, la Grande Mademoiselle, cousine de LouisXIV, la route de Versailles à Fontainebleau passantpar Juvisy et Corbeil.Des nouveaux ponts permettent le franchissement dela Seine comme le pont de Neuilly construit par Per-ronet de 1768 à 1774 qui ouvre la voie de Paris versSaint-Germain-en-Laye, Rouen, Caen, Pontoise.

Après la chute de la Monarchie, le pouvoir revient àParis. Et comme cela s’était déjà passé un siècle plustôt quand la cour quitta Saint-Germain-en-Laye, laville de Versailles se dépeuple à son tour passant de50 000 habitants en 1790 à 28 000 habitants en 1824.

L’administration de Paris sousl’Ancien RégimeSous l’Ancien Régime, l’administration de Paris s’estfaite sous l’étroit contrôle du pouvoir central quiprend soin d’y placer à sa tête des homme fidèlesaux pouvoirs diminués. « Le Capétien sait ce qu’ilen a coûté au Carolingien d’avoir un comte de Paristrop prestigieux. A la mort du comte Renaud en 1016,le roi Robert s’abstient de désigner un nouveaucomte »13.

Au XIe siècle, Paris est un simple vicomté, sans vi-comte. Pour gérer la ville le roi nomme deux bailliset deux prévôts. Au XIIe siècle, il n’y a plus qu’unbailli et un prévôt. Saint-Louis réunit les deux pré-vôtés en 1258 et donne au nouveau prévôt le statut etles prérogatives de bailli sans le titre afin de limiterses prétentions. C’est un agent d’administration ré-munéré par des gages à la fois gouverneur politique

de Paris, commandant militaire, administrateur et chefde la police. Au fil du temps son administrations’étoffe. Il est assisté par des lieutenants civils et cri-minels, un voyer à partir de 1357 qui s’occupe del’entretien des rues, un maître des fontaines qui estchargé de l’entretien des fontaines et des aqueducs.Pour faire face à l’insécurité qui règne dans la ville,Louis XIV crée en 1667 la lieutenance générale depolice avec à sa tête Gabriel Nicolas de la Reynie.Le prévôt de Paris puis le lieutenant général de po-lice peuvent être considérés comme l’actuel préfetde police.

Face au prévôt de Paris apparaît au milieu du XIIIe

siècle, le prévôt des marchands issu de la puissantecommunauté des marchands d’eau. Assisté de 4 éche-vins et d’un conseil de prud’homme, ce prévôtn’exerce au départ qu’une autorité sur les membresde sa communauté des marchands d’eau. Mais trèsvite il est élu par les bourgeois de toutes les corpora-tions ce qui fait de la hanse parisienne14 une munici-palité de fait sans le titre.

Le royaume est désargenté mais la ville est riche grâceau commerce. Elle est soumise à de nombreuses taxesqui contribuent à financer le pouvoir royal. La pré-vôté devient puissante. Elle a sa police et participelargement au financement des travaux des fortifica-tions. A sa tête se trouve un personnage important.Le plus célèbre d’entre eux, Etienne Marcel s’estfortement immiscé dans la lutte pour la successionau trône entre le Dauphin et le roi de Navarre (1356– 1358). La reprise en main de Paris qui s’ensuit metun terme à cette tentative d’affirmation de l’admi-nistration communale face à la toute puissance dupouvoir royal et en réponse à l’insurrection desMaillotins contre les impôts, le pouvoir royal sup-prime la prévôté des marchands le 27 janvier 1383.Par la suite, la prévôté retrouve petit à petit des pré-rogatives mais le roi place ses hommes à sa tête.« Sous Louis XI, on se ne hasardait pas à élired’autres candidats que ceux qui jouissent de la re-commandation royale, notifiée par le chancelier. »Au XVIe siècle, il arrive que le roi impose son candi-dat à la place de celui qui avait obtenu la majoritédes voix. Puis pour simplifier, à partir d’Henri IV, leroi désigne directement le prévôt des marchands.Certains de ces prévôts ont marqué par leur actionl’urbanisme parisien comme Claude Le Peletier auXVIIe, Charles Trudaine ou Michel Turgot au XVIIIe

siècle.

13 FAVIER, Jean, Paris Deux mille ans d’histoire, éd. Fayard, 2001.14 La hanse est une association de marchands (guilde). La hanse parisienne en plus du privilège exclusif du commerce, possède desdroits régaliens, traite avec les seigneurs, lève les impôts.

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Après la Révolution de 1789, Paris a perdu près decent mille habitants puisque la population ne s’élèveplus en 1802 qu’à 500 000 habitants. Le recensementde 1811 en donne 620 000.De la Révolution à l’Empire, d’importantes modifi-cations territoriales, administratives et réglementai-res vont avoir des conséquences importantes dansl’aménagement futur de Paris et sa banlieue.

Formation territoriale sous laRévolution

La ville qui comptait jusqu’alors 16 quartiers est di-visée en 60 districts par ordonnance royale du 13 avril1789 en vue de la réunion des Etats généraux. Lelendemain de la prise de la Bastille, le 15 juillet 1789,l’astronome Bailly est nommé maire de Paris et lereste jusqu’en 1792.En 1790, la ville est divisée en 48 sections élisant unmaire, seize adjoints, trente conseillers… et un pro-cureur de la Commune.

Après une période de large autonomie communaleentre 1789 et 1794, le Directoire limite les libertésmunicipales et l’enserre sous une tutelle comparableà celle de la fin de l’Ancien Régime.La loi du 19 vendémiaire an IV (11 octobre 1795)spécifie que les villes de plus de 100 000 habitantsseront divisées en plusieurs municipalités ou arron-dissements ; Paris est ainsi divisée en 12 arrondisse-ments.

Création des départements

« Avant 1789, alors que la France était divisée enprovinces, Paris formait, au centre de l’ancienneprovince de l’Ile-de-France, le siège d’une adminis-

tration distincte, un gouvernement à part »15.

La question du découpage se pose entre créer un granddépartement avec Paris, capitale de la France et chef-lieu d’un département ordinaire de 18 lieues sur 18,capable d’assurer son approvisionnement, ou un dé-partement pour Paris et sa banlieue. Cette proposi-tion est soutenue par Dupont de Nemours dans sonrapport du 5 novembre 1789. « C’était là le seulmoyen d’assurer à Paris, au sein de l’Assembléenationale, toute la représentation qui lui était due,car, au cas où elle deviendrait le chef-lieu d’un dé-partement ordinaire, cette ville ne pourrait formerqu’un district environné de 8 districts agricoles qui,payant plus d’impôts directs et ayant, par là même,plus de citoyens actifs, enverraient à l’Assemblée unplus grand nombre de représentants qu’elle »16.L’approvisionnement de la capitale ne serait de toutefaçon pas assuré par les ressources d’un départementde 18 lieues de diamètre. « Une ville comme Parisdevait, pour ses approvisionnements, être tributairede la France entière »17.

La création d’un grand département est soutenue parles représentants de Paris : « la ville de Paris ne dé-sire point être un département particulier, mais elledemande à faire partie d’un grand département,parce qu’alors la Capitale, confondue avec ce grandDépartement, dans les relations avec les divisionsvoisines, excitera moins la jalousie, n’aura plus l’aird’opposer le vœu, les intérêts d’une ville unique, auxvœux, aux intérêts d’une Province entière... »18

Conformément au projet du Comité de la Constitu-tion, l’Assemblée nationale, par son décret du 13 jan-vier 1790, décide que « la Ville de Paris formerait àelle seule un département avec sa banlieue de 3 lieuesde rayon au plus à partir de Notre-Dame ».

15 Préfecture de la Seine, Préfecture de Police d’après Maurice FELIX, Le régime administratif et financier de la ville de Paris et dudépartement de la Seine tome 1 Histoire des administrations parisiennes, la Documentation française, Evolution de l’agglomérationparisienne, 1957, documentation DREIF 5093.1.16 Préfecture de la Seine, Préfecture de Police, op cit 15.17 Préfecture de la Seine, Préfecture de Police, op cit 15.18 Gazette nationale ou le Moniteur, mardi 12 janvier 1790, n°12 citée dans Paris/banlieue conflits et solidarités, Annie FOURCAUT,Emmanuel BELLANGER, Mathieu FLONNEAU, éd. Créaphis, 2007, p. 64.

1789 – 1815Formation et organisation

administrative du département de la Seine

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Organisation administrative desterritoires sous le Directoire et leConsulat« Le rôle de l’administration du département de laSeine fut assez effacé pendant toute la période duDirectoire, en raison de sa subordination étroite auGouvernement... Ainsi s’évanouissait chaque jourdavantage l’indépendance du Département de laSeine, indépendance dont les dernières traces al-laient, d’ailleurs, comme pour la municipalité pari-sienne, disparaître avec la loi du 28 pluviôse anVIII »19.

La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) con-cernant la division du territoire et l’administration,

institue à Paris un préfet pour l’administration, unpréfet pour la police, une assemblée sans pouvoir réelet des maires d’arrondissement nommés par le gou-vernement. Cette loi divise le département de la Seineen 3 arrondissements communaux20.

Comme dans les autres départements, le départementde la Seine a donc un préfet, représentant de l’Etat.C’est le maître de l’administration parisienne quibénéficie de la confiance du pouvoir central. Ce pré-fet cumule également les fonctions de maire centralde Paris. Le premier préfet de la Seine est NicolasFrochot (de 1800 à 1812) qui dirige les percementsdes voies voulues par Napoléon.

L’arrêté du 12 Messidor an VIII (1er juillet 1800) pré-cise tous les domaines de compétences du préfet de

source : Dupont de Nemours, Pierre-Samuel, Idées sur la constitution politique la plus convenable à la ville deParis formant seule un département, 1790, Bibliothèque nationale de France, collection : Les archives de laRévolution française

19 Préfecture de la Seine, Préfecture de Police, op.cit. 15 p.10.20 La ville de Paris en forme un ; les 2 autres arrondissements sont ceux de Saint-Denis et de Sceaux.

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police lointain héritier du lieutenant général de po-lice institué par Louis XIV en 1667. Il dispose delarges attributions de police municipale (voirie, li-berté et sûreté de la voie publique, salubrité, secoursaux noyés, protection des monuments publics...) etdes compétences en matière de police judiciaire21.

Le conseil général de la Seine est composé de 24membres choisis par le premier Consul sur les listesde confiance (puis dans des collèges électoraux). Il aseulement qualité pour faire la répartition des contri-butions directes entre les arrondissements commu-naux du département.

Les maires d’arrondissements de Paris et leurs 2 ad-joints sont choisis par le premier Consul parmi 600citoyens les plus imposés du département de la Seine,domiciliés à Paris.Dans les communes du département de la Seine, lerégime administratif n’est pas complètement identi-que à celui des autres communes françaises : le pré-fet de police exerce des fonctions spécifiques dévo-lues par l’arrêté.

Le conseil de salubrité, créé le 7 juillet 1801 sousl’impulsion de Cadet de Gassicourt réunit des per-sonnalités éminentes (chimistes, académiciens…).Placé sous la tutelle du préfet de police, il a en chargede promouvoir les meilleures solutions pour amélio-rer la qualité de vie des habitants de la Seine : réduc-tion des fièvres, éclairage des rues, ateliers insalu-bres, contrôle des eaux…

Le corps des Ponts et Chaussées est réorganisé enaoût 1804, avec la création d’une direction généraledont le titulaire a quasiment rang de ministre. Il di-rige un corps de 134 ingénieurs en chef et de 300ingénieurs ordinaires, chargés de concevoir les pro-jets et de veiller à la réalisation des grands travauxd’infrastructure décidés par l’empereur.

C’est surtout dans les domaines de l’hygiène, de lasalubrité publique, de l’alimentation en eau que l’ac-tion des aménageurs de Paris (ministres de l’intérieur,préfets, conseil général des Ponts et Chaussées) serala plus marquante.Paris ne compte que 56 fontaines pour toute la ville.La distribution de l’eau est rare et chère. Le problèmedes adductions d’eau est au centre des préoccupa-tions. L’idée d’approvisionner la ville avec les eauxde l’Ourcq, affluent de la Marne, en construisant uncanal date de l’époque d’Henri IV. Napoléon qui veutque l’eau coule dans toutes les fontaines de Paris, dejour comme de nuit, décide de mettre ce projet à exé-cution. Le décret du 19 mai 1802 ordonne la réalisa-tion de ces travaux.

Les premières eaux, celles de la Beuvronne, affluentde l’Ourcq, arrivent dans le bassin de la Villette le 2décembre 1808, jour anniversaire du sacre de l’em-pereur, et le 15 août 1809 à la fontaine des Innocents.Quatre ans plus tard, le 15 août 1813, un premierbateau peut naviguer entre Claye-Souilly et la Vil-lette. L’ouvrage, d’une longueur de 106 km, ne seradéfinitivement terminé qu’en 1825.

21 Préfecture de Police de Paris.

canal de l’Ourcq dans la traversée du parc forestier de Sevran (photothèque DREIF)

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Le décret impérial du 4 septembre 1807 stipule queles grands services municipaux ayant compétence surles eaux, les égouts et la voirie sont sous la dépen-dance du ministère de l’Intérieur et du conseil géné-ral des Ponts et Chaussées. C’est le cas du servicemunicipal des eaux et des canaux de Paris créé en1807, qui réunit l’alimentation et la distribution deseaux partagées jusqu’alors entre l’Etat et la Ville.

L’ordonnance du préfet de police de Paris du 11 fé-vrier 1806 concernant les ateliers, manufactures oulaboratoires annonce la réglementation future sur lesétablissements dangereux : article premier, « Il estdéfendu d’établir dans la ville de Paris, aucun ate-lier, manufacture ou laboratoire qui pourraient com-promettre la salubrité ou occasionner un incendie,sans avoir préalablement fait à la Préfecture de Po-lice, la déclaration de la nature des matières qu’onse proposera d’y préparer, et des travaux qui devronty être exécutés ».La ville accueille à l’intérieur de l’enceinte des Fer-miers Généraux un grand nombre de fabriques dan-gereuses ou exhalant des mauvaises odeurs. D’aprèsle conseil de salubrité, 80 établissements ont fait l’ob-jet de rapport entre 1806 et 181022.

Le décret du 15 octobre 1810 concernant les établis-sements dangereux, insalubres ou incommodes ré-glemente les demandes de permission des industrielspour s’installer, exploiter et s’agrandir après enquê-tes publiques de commodo et incommodo ; « les éta-blissements seront divisés en trois classes.La première comprendra ceux qui doivent être éloi-gnés des habitations particulières. La seconde, lesmanufactures et ateliers dont l’éloignement des ha-bitations n’est pas rigoureusement nécessaire, [...]Dans la troisième classe seront placés les établisse-

ments qui peuvent rester sans inconvénient auprèsdes habitations, mais doivent rester soumis à la sur-veillance de la police »23.

L’application de ce décret va se révéler un outil capi-tal pour l’implantation des activités et aussi, par con-séquent, pour le développement futur de la banlieueparisienne. L’autorisation ou non, accordée par la Pré-fecture de Police de Paris d’installer les activités lesplus gênantes - celles de première classe - dans unecommune plutôt que dans une autre, va entraîner laconcentration d’établissements les plus polluants danscertains secteurs de l’agglomération.

Il faut dire que la ville accueille à l’intérieur de l’en-ceinte des Fermiers Généraux un grand nombre defabriques concentrées pour la plupart sur la rive droitede la Seine : fabriques de vernis, de soude, d’acides,de bleu de Prusse, de sels d’ammoniaque obtenus àpartir d’os ou d’ordures ménagères, de colles fortesdestinées à l’ébénisterie, la menuiserie, la cartonnerie,la chapellerie…

Pour remettre de l’ordre dans la profession des bou-chers et limiter les problèmes d’hygiène, le décret du9 février 1810 ordonne la suppression de toutes lestueries particulières dans Paris et ses alentours im-médiats. Et à partir du 19 juillet 1810, l’abattage desanimaux se fait dans les 5 abattoirs parisiens en li-mite de la ville (Roule, Montmartre, Ménilmontant,Villejuif, Grenelle) ou dans ceux de la périphérie (Ba-tignolles, Belleville, la Villette).

Durant le premier Empire, « Paris devient mégapole.Les richesses s’y accumulent, les butins de guerres’y recyclent... de rentière Paris passe insensiblementà ouvrière »24.

22 GUILLERME, André, LEFORT, Anne-Cécile, JIGAUDON, Gérard, Dangereux, insalubres et incommodes – Paysages indus-triels en banlieue parisienne XIXe – XXe siècles, éd. Champ-Vallon, 2004.23 Décret du 15 octobre 1810.24 GUILLERME, op.cit. 22.

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1815 – 1850Développement urbainet économique de Paris

Continuité dans l’organisation desinstitutions

La Restauration ne change rien à l’organisation ad-ministrative instaurée par la loi du 28 pluviôse anVIII, bien que l’influence du préfet de police, quiavait considérablement augmenté sous l’Empire,laisse plus de place à celle des préfets successifs dudépartement de la Seine (Chabrol 1812-1833, Ram-buteau 1833-1848, Berger 1848-1853).Après la Révolution de 1830 et le réveil des idéeslibérales, l’élection au suffrage censitaire desmembres des conseils municipaux, généraux etd’arrondissement est instaurée en France (sauf Pariset la Seine) par les lois du 21 mars 1831 et 22 juin1833. Pour la capitale et le département de la Seinec’est la loi spéciale du 20 avril 1834, qui définitl’organisation administrative. Les deux préfetsconservent leurs anciennes attributions ; pour chacundes 12 arrondissements de Paris, le roi désigne lemaire et ses adjoints dans une liste proposée par lesélecteurs de l’arrondissement. Les représentants deParis au conseil général de la Seine sont en mêmetemps membres du conseil municipal. Le conseilmunicipal de Paris ne peut s’assembler que surconvocation du préfet de la Seine et délibéreruniquement sur les questions qu’il lui soumet.

Développement urbain de Pariset des communes limitrophes

En 1817, Paris s’agrandit à nouveau en annexant lehameau d’Austerlitz et la Salpêtrière.En 1831, sa population atteint 785 000 habitants etaugmente rapidement : 1 053 000 habitants en 1848,près de deux millions vers 1860. Cet accroissementest absorbé jusqu’en 1850, en grande partie, par leParis médiéval, à l’intérieur de l’enceinte des Fer-miers Généraux, sur une surface restreinte ; princi-palement dans les quartiers du Châtelet, des Halles,

de Saint-Antoine et de Saint-Marcel.Les mutations économiques et les innovations tech-niques modifient la ville :- l’éclairage au gaz apparaît en 1816 ;- l’ouverture à la navigation des canaux parisiensentraîne une transformation profonde du fonction-nement de la ville et de sa banlieue proche en con-centrant l’approvisionnement de la capitale autourdu bassin de la Villette ;- les transports urbains font leur apparition en 1828avec les omnibus populaires ;- les liaisons avec la campagne et ses lieux de villé-giature s’ouvrent en 1837 avec la première ligne dechemin de fer. Le réseau du chemin de fer progresseà une vitesse étonnante dans toutes les directions audépart de Paris quelques années plus tard.Egalement en 1837, les Bateaux-Poste entrent en ser-vice pour relier Paris à Meaux en 5 heures par le ca-nal de l’Ourcq.

Une grande effervescence urbanistique règne dansla capitale, en particulier sur la rive droite où de nou-veaux quartiers s’édifient 25. Entre 1821 et 1826s’ouvrent « 65 rues nouvelles et 4 places dans lesnouveaux quartiers »26 soit au total, entre 1815 et1848, 175 rues comme la rue de la Bourse, autour duLouvre et de la place Vendôme.La plus importante réalisation est la percée de la rueRambuteau en 1838, réalisée dans le vieux tissuurbain dense du centre et qui a nécessité desexpropriations et des démolitions massives. Unecommission municipale chargée d’examiner le centre-ville a conclu à l’obsolescence du centre de Paris. Levieux centre médiéval situé dans l’ancienne enceintede Philippe-Auguste provoque un dégoût général.L’action des préfets est limitée par des blocagesfinanciers et législatifs car le conseil d’État estsoucieux d’éliminer toute restriction au droit à lapropriété.

La plupart des quartiers nouveaux à l’intérieur ou àl’extérieur de Paris sont construits à l’initiative de

25 PRONTEAU, Jeanne, Construction et aménagement des nouveaux quartiers de Paris (1820-1826) in Histoire des entreprises,novembre 1958.26 Edile de Paris n°IX, octobre 1833.

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commanditaires et de capitaux privés, sans contrôlede la municipalité. Les principaux investisseurs enmatière immobilière sont les banquiers parisiens.En 1820, Jacques Laffitte lotit l’enclos Saint-Lazare27

en ouvrant treize nouvelles rues. D’autres quartierss’ouvrent dans Paris, réservés à une clientèle bour-geoise : la Nouvelle Athènes, François 1er en 1823,Europe à partir de 1826... Ces nouveaux quartierss’édifient sur la rive droite qui connaît une intenseactivité. Dans certains secteurs sur la rive gauche,comme le territoire de la butte aux Cailles, se con-centre un habitat pauvre, proche du bidonville, oc-cupé par une population totalement démunie. Le dé-séquilibre rive droite-rive gauche apparaît d’une fa-çon criante.

A l’extérieur de Paris, Beaugrenelle, dans la plainede Grenelle est l’œuvre conjointe du propriétaire JeanBaptiste Léonard Violet, de l’entrepreneur Letellieret de la banque Perrée et Guillot.Les Batignolles, à la chute de l’Empire, ne comp-taient que quelques fermes éparses. En quelques an-nées des Parisiens cherchant un bout de terrain pascher à la campagne y construisent à peu de frais leurmaisonnette. En 1829, ils sont déjà 6 000 et les mai-sons rejoignent bientôt celles de Montmartre au nord,Monceau à l’ouest.

Le goût pour la maison de campagne éloignée desmiasmes de la ville s’affirme et conduit à la créationde véritables villages à l’extérieur de Paris. Ces en-sembles sont particulièrement nombreux à l’ouest :Boulainvilliers, Longchamp, Madrid, Sablonville ouSaint-James de Neuilly dans le Bois de Boulogne ;Bellevue à Meudon. La plupart de ces opérations sontdes quartiers comprenant uniquement des maisonsindividuelles entourées de jardins destinées à une po-pulation bourgeoise.

Au nord, la Villette connaît une formidable expan-sion : 2 628 habitants en 1829, 4 938 habitants en1832, 12 180 habitants en 1847.L’ouverture à la navigation des canaux de l’Ourcq etde Saint-Denis en 1821 et de Saint-Martin en 1825facilite la navigation en permettant de couper lagrande boucle de la Seine de Boulogne, et en rédui-sant le trajet de 35 km à 12 km. A la fin des années1840, 15 000 bateaux transportent annuellement400 000 tonneaux de marchandises. Plus de 150 en-treprises sont implantées, des entrepôts sont cons-truits autour du bassin comme les entrepôts à sel qui

serviront de modèles aux gigantesques entrepôts duPont de Flandre ou l’entrepôt à blé.L’approvisionnement en blé de la capitale est straté-gique pour la paix sociale et fait l’objet de toute l’at-tention du pouvoir. A la suite des crises de 1846 et1847 provoquées par des pénuries de produits ali-mentaires, et qui entraînèrent des révoltes et pillageset mise à sac de greniers, le gouvernement provisoirede 1848 prend comme mesure la création de maga-sins généraux. Le décret loi du 21 et 22 mars 1848autorise la création de magasins généraux à Paris etdans toutes les villes où le besoin se ferait sentir. Ilssont placés sous la surveillance de l’Etat et accom-pagnés par l’ouverture de comptoirs nationaux d’es-compte.

Tout comme sa voisine, la commune de Bellevilleconnaît durant cette période une forte expansion. Lapopulation passe de 8 000 habitants en 1835 à 30 000en 1845.

« A la fin du règne de Louis Philippe, il est déjà biendifficile de distinguer les limites de certains quar-tiers de Paris, dans ses parties septentrionale etorientale. La frontière est floue entre le faubourgSaint-Denis ou la porte Saint-Martin, les communesde la Villette ou de Belleville »28.

L’essor industriel se confirme après 1818 dans ledépartement de la Seine entraînant un accroissementdu nombre d’établissements classés (4 114 en 1834).A Paris, c’est l’actuel 11e arrondissement qui con-centre une part importante de l’activité. Au-delà del’enceinte des Fermiers Généraux, c’est l’actuel 15e

arrondissement qui accueille le plus d’établissements.

Entre 1820 et 1850, l’activité industrielle commenceà se développer en dehors des limites actuelles deParis : le secteur de la Plaine Saint-Denis, éloigné detoute habitation, est privilégié pour l’implantationd’activités particulièrement incommodes (dépôts degadoues, vidanges, équarrissage, fabrication d’en-grais ou de poudrette).

L’assainissement – déplacementde la voirie de Montfaucon à Bondy

Le réseau d’assainissement reste encore modeste. Aucours du XIXe siècle, les conditions d’hygiène et desalubrité publique sont très préoccupantes. De gra-

27 BERGERON, Louis, Haute banque parisienne et spéculation immobilière au XIXe siècle in Actes de la table ronde Construire laville sous la direction de Maurice Garden et Yves Lequin, PUF, 1983.28 PITTE, Jean-Robert, Paris histoire d’une ville, Les Atlas Hachette, 1993.

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ves épidémies se produisent comme celles de cho-léra de 1832, 1849, 1854 et 1865 qui provoquent lamort de milliers d’habitants.Les causes restent inconnues. La qualité de l’eau dis-tribuée est mauvaise mais les effluves infects de lavoirie de Montfaucon qui se répandent dans tout Pa-ris par vent du Nord, sont suspectés d’être la causedes maladies. Le déplacement de Montfaucon estdonc réclamé par l’opinion.

Dès 1806, l’administration met au concours la ques-tion de Montfaucon29. M. Girard, qui avait construitles canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis imagine unemarine de bateaux portant chaque jour les matièresenlevées la nuit à Paris dans une voirie qu’il situait àEpinay-sur-Seine. Le service municipal reprend l’idéede transport par voie d’eau mais au lieu d’Epinay, ilchoisit Bondy, situé à 10 km de Paris, sur le canal del’Ourcq et au milieu d’une forêt. L’isolement, la pro-tection de la végétation et les facilités de transportsemblent d’excellentes conditions. Les premiers tra-vaux à Bondy datent de 1816, retardés un temps parl’opposition du duc d’Orléans, propriétaire du do-maine de Raincy. C’est aussi contre l’avis de la pré-fecture de police et du conseil de salubrité que lavoirie de Bondy est créée. La présence de la nappephréatique affleurante rend impossible l’assèchement

des matières ; les liquides ne peuvent s’écouler dansles cours d’eau avoisinants sans provoquer les récla-mations des populations riveraines ; la seule voiriede Bondy ne peut approvisionner en engrais les cul-tivateurs du Sud et de l’Ouest de la région.Le conseil d’hygiène publique et de salubrité du dé-partement de la Seine constate, en 1833, « que lesplaintes se multiplient ; les réclamations arrivent detoutes parts ; les populations deviennent de jour enjour plus exigeantes ; leurs demandes ressemblentplus à des menaces qu’à des suppliques »30.

Construction des fortificationsautour de Paris

Paris a été occupé en 1814 et 1815 par les troupescoalisées. En 1818, le maréchal Gouvion Saint-Cyrinstitue la première grande commission pour la dé-fense du territoire qui propose la construction d’uneenceinte défensive autour de la ville. Dans ses séan-ces du 15 et 18 juillet 1820, la commission de dé-fense présidée par le général Marescot demande lerenforcement du mur des Fermiers Généraux par desouvrages détachés. Les émeutes révolutionnaires dansParis en 1830 poussent-elles la relance de ce projet

29 LAUTH, Ch., Rapport présenté au nom de la 6e commission (Eaux et Egouts) sur un projet de traité à passer pour l’exploitationde la Voirie de Bondy, 08/1876, documentation DREIF.MILLE, M. l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Mémoire sur le service des vidanges publiques de la ville de Paris, Annales desPonts et Chaussées, 1854, documentation DREIF.30 Conseil d’hygiène publique et de salubrité du département de la Seine, la voirie de Bondy, documentation DREIF.

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en donnant également la possibilité de braquer lescanons vers la ville ?En 1840, le projet définitif est adopté. La construc-tion d’une nouvelle enceinte est prévue bien au delàdu périmètre de ville déjà enserré par des nouveauxquartiers. Des ouvrages extérieurs ou forts viennentcompléter le dispositif.

Le 3 avril 1841, l’assemblée poussée par Guizot31 etThiers, promoteur du projet et malgré l’oppositionmenée par Arago, Odillon Barrot et Tocqueville, votela construction d’une enceinte de 94 bastions autourde Paris et la construction simultanée de forts sur leshauteurs à moins de 5 000 m des quartiers périphéri-ques constituant la première auréole de fortifications.Les forts sont destinés à empêcher l’approche desbatteries de bombardement ennemies et couvrir l’en-ceinte contre un assaut d’infanterie. Seul le fort duMont Valérien est positionné très en avant, mais laSeine à l’ouest est censée assurer une protection suf-fisante.

Tout autour de Paris une large bande de terrains estexpropriée pour permettre la construction d’une en-ceinte continue longue de 33 kilomètres formée par94 bastions à la Vauban et d’un glacis32 « nonaedificandi » à l’extérieur.

L’enceinte est complétée par des forts détachéscomme les forts de Charenton, Rosny-sous-Bois,Aubervilliers, Mont-Valérien, Issy, Bicêtre, Ivry…

Le chantier est promptement mené puisqu’il s’achèveen 1846. Il aurait occupé 25 000 ouvriers. L’octroidemeure toujours, entourant maintenant Paris dansune double enceinte.

Construction du réseau dechemin de fer

La création, entre 1840 et 1850, du réseau ferré cen-tré sur Paris est un moteur très important du déve-loppement de la région parisienne. Les facilités detransport en permettant l’arrivée de marchandises etde personnes sur la capitale favorisent le commerce,l’industrialisation mais aussi l’échange des idées, ladiffusion de la connaissance.

Les habitants des communes aux alentours de Parisdesservies par une gare peuvent accéder plus rapide-ment au centre de la ville, des nouveaux quartierssont créés accueillant des populations travaillant sou-vent à Paris.

La concession du chemin de fer de Paris à Saint-Ger-main est accordée par la loi du 9 juillet 1835. Cettepremière ligne de chemin de fer de la région pari-sienne Paris – Le Pecq est inaugurée le 26 août 1837.Poussés à investir dans la desserte d’opérations im-mobilières, Émile Pereire et son frère Isaac, instiga-teurs de ce projet, veulent aussi persuader les inves-tisseurs de financer à une vaste échelle ce nouveaumoyen de transport.

En 1839, la nouvelle ligne de chemin de fer trans-porte 1 302 486 voyageurs, démontrant ses extraor-dinaires possibilités. A Paris, l’embarcadère est cons-truit sur la place de l’Europe dans un quartier encoreun peu désertique et isolé du centre des affaires. Lespromoteurs du projet n’ont pu obtenir l’autorisationde construire leur terminus plus près de la place de laMadeleine suite aux protestations des propriétairesdu quartier33. En 1847 la voie est prolongée du Pecqjusqu’à Saint-Germain-en-Laye.Le deuxième projet de ligne de chemin de fer dans larégion parisienne concerne la desserte de Versailles.Le Gouvernement n’arrive pas à choisir entre le pro-jet partant de la rive droite de Paris et le projet de larive gauche. La Chambre des députés vote finale-ment le 29 juin 1836 les adjudications pour les 2 pro-jets34. La ligne rive droite inaugurée le 4 août 1839attire immédiatement de nombreux voyageurs. Laligne de la rive gauche inaugurée le 10 septembre1840 est mal acceptée par un public qui ne comprendpas la construction de deux lignes concurrentes.

Le premier tronçon de ligne de Paris à Orléans estinauguré en 1840 entre l’embarcadère du Jardin desPlantes à Paris et Corbeil (31 km). Paris est désor-mais à une heure de Corbeil.En quelques années un réseau de voies ferrées enétoile centré sur Paris est décidé par la loi du 11 juin1842 : l’étoile Legrand du nom de son concepteur.La ligne Paris - Orléans par Juvisy-sur-Orge et Etam-pes est inaugurée en 1843. La section Paris – Juvisyest commune avec la ligne de Corbeil. Le trajet estparcouru en 4 heures alors qu’il nécessitait 10 heu-

31 Discours de M. Guizot, ministre des affaires étrangères, dans la discussion générale du projet de loi relatif aux fortifications deParis, Chambre des Députés, session de 1840-1841, séance du 25 janvier, extrait du Moniteur universel du 26 janvier 1841.32 Zone de servitude militaire non constructible.33 La Vie du Rail.34 PICARD, Alfred, Les chemins de fer français – Etude historique sur la constitution et le régime des réseau 5 vol. in 1 p.39.- année1836, éd. Rothschild, 1884, 5 vol., doc. DREIF.

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res en diligence. Les caisses des diligences soule-vées sur des plateaux prennent le train de Paris àOrléans, profitant ainsi de la « grande vitesse » etinnovant dans le transport combiné rail-route.

La ligne Paris – Rouen, commune avec les lignes deSaint-Germain et de Versailles rive droite au départde l’embarcadère de l’Europe, est inaugurée le 9 mai1843.

En 1846, sont ouvertes la ligne Paris – Pontoise, laligne de Sceaux dont l’embarcadère est situé à labarrière d’Enfer, la ligne du Nord.

En 1849 sont ouverts le tronçon de la ligne Paris –Lyon entre Paris et Tonnerre, le tronçon Paris - Meauxde la ligne Paris – Strasbourg, la ligne de Viroflay àChartres.Depuis le décret du Gouvernement provisoire du 27février 1848, les ouvriers constitués en ateliers na-tionaux travaillent également sans relâche à la cons-truction de l’imposante nouvelle gare, boulevardMontparnasse35.

35 PALAU, François et Maguy, Le rail en France – les 80 premières lignes 1828 – 1851, éd. Palau, 1998.36 HERON de VILLEFOSSE, René, Histoire de Paris, Grasset, 1955.

urbanisation de la région parisienne en 1850 (source : SDAU 1965)

Développement des transportsurbains

« De nombreuses compagnies aux jolies noms secréent et de nouvelles lignes s’ouvrent sans cesse»36.En 1836, 16 compagnies de diligences exploitent35 lignes. Les années suivantes quelques lignes sontmodifiées pour desservir les embarcadères du che-min de fer. Ces compagnies se font une concurrenceacharnée sur les secteurs du centre les plus renta-bles se préoccupant avant tout de réaliser des béné-fices et délaissent les quartiers périphériques. Dansun tel contexte d’exploitation anarchique, les failli-tes surviennent rapidement.

Le transport fluvial de passagers avec l’apparitiondes chaudières à vapeur capable de propulser les na-vires contre le courant connaît également un granddéveloppement et assure des liaisons entre Paris etRouen, Paris – Corbeil -Montereau, Paris – Meaux.Mais la concurrence du chemin de fer fait rapide-ment décliner ce moyen de transport.