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Les émotions en sport et en EPS Apprentissage, performance et santé Coordonné par Mickaël Campo et Benoît Louvet L M D

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Les émotions en sport et en EPSApprentissage, performance et santé

Coordonné par Mickaël Campo et Benoît Louvet

LMD

Les émotions en sport et en EPS

Les émotions en sport et en EPS

Apprentissage, performance et santé

Coordonné par Mickaël Campo et Benoît Louvet

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© De Boeck Supérieur s.a., 2016 Rue du Bosquet, 7 – B-1348 Louvain-la-Neuve

Tous droits réservés pour tous pays.Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.

Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : novembre 2016ISSN 2030-4196Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2016/13647/112ISBN 978-2-8073-0256-3

Crédits des illustrations : si malgré nos soins attentifs, certaines demandes n’étaient pas parvenues aux auteurs ou à leurs ayants droits, qu’ils veuillent bien nous en tenir informés.

LES ÉDITEURSDr Mickaël CAMPO

Mickaël Campo est maître de conférences en psychologie du sport à la faculté des sciences du sport de Dijon, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC).

Membre du laboratoire Psy-DREPI (SPMS/Psy-DREPI, EA4180), ses recherches portent sur les processus psychosociaux liés à l’ex-périence émotionnelle. La particularité de ses travaux se situe dans la compréhension de la spécificité des vécus émotionnels dans des contextes de groupe et les situations interpersonnelles (compétition en sports collectifs, apprentissage en groupe, relations entraîneur-entraîné/enseignant-élèves, relations paritaires, etc.). Expert scien-tifique auprès de nombreuses structures sportives de haut niveau, il est également éditeur de la section sciences du coaching pour le Rugby Science Network de la Fédération internationale de rugby (World Rugby).

Dr Benoît LOUVET

Benoît Louvet est maître de conférences au laboratoire CETAPS (EA3832) au sein de la faculté des sciences du sport et de l’éduca-tion physique de Rouen, Normandie Université. Ses recherches portent sur le stress, les émotions et les stratégies de coping dans le domaine de la performance des athlètes et de l’enseignement en EPS. Ancien arbitre national de football, une partie de ses travaux trouvent leur originalité dans la compréhension de la relation émo-tions-arbitrage en sport.

LES AUTEURSNote : les auteurs marqués d’un astérisque sont les auteurs de correspondance pour les chapitres de l’ouvrage auxquels ils ont participé.

Dr Mark S. ALLENLecturer en psychologie du sport à l’Université de Wollongong, École de psychologie, Australie.Champs de recherche et/ou d’expertise : Le rôle des émotions dans la performance sportive.

Dr Amael ANDRÉMaître de conférences en sciences de l’éducation à l’ESPE de Rouen, Laboratoire CIVIIC EA 2657, Université de Rouen, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Les situations intergroupes, stéréotypes en EPS.

Dr Roberta ANTONINI PHILIPPE*Maître d’enseignement et de recherche en psychologie du sport, Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne, Suisse.Champs de recherche et/ou d’expertise : Émotions, dynamique de groupe, relations entraîneur-entraînéE-mail : [email protected]

Pr Fabienne d’ARRIPE-LONGUEVILLEProfesseure des Universités en STAPS, Directrice du LAboratoire Motricité Humaine, Éducation, Sport, Santé (LAMHESS, EA 6312), Université Nice Sophia Antipolis – Université Côte d’Azur, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie sociale appliquée (sport, éduca-tion, activité physique) ; motivation ; croyances ; influences sociales ; comportements de santé ; populations vulnérables.

Dr Monna ARVINEN-BARROWAssistant professor au Department of Kinesiology Integrative Health Care & Perfor-mance Unit de l’Université de Wisconsin-Milwaukee, États-Unis.Champs de recherche et/ou d’expertise : La blessure en sport.

8 Les émotions en sport et en EPS

Anna BOROWIK*Doctorante en psychologie du sport à l’Université Grenoble Alpes sous la direction de P. Flore et D. Tessier, au sein du Laboratoire Sport et ENvironnement Social (SENS, EA 3742) et du Laboratoire Hypoxie Physiopathologie (Inserm U 1042), Université Gre-noble Alpes, Grenoble, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : La motivation dans les activités physiques et sportives.E-mail : [email protected]

Dr Mickaël CAMPO*Maître de conférences en psychologie sociale du sport au Laboratoire Psy-DREPI (Psy-DREPI/SPMS, EA 4180), Faculté des sciences du sport de Dijon, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC), France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Émotions, identité sociale, dynamique de groupe, régulation interpersonnelle, intelligence émotionnelle, sports collectifs (rugby).E-mail : [email protected]

Dr Damien CLEMENT*Associate professor à la faculté de psychologie du sport (SEP), West Virgina University, États-Unis.Champs de recherche et/ou d’expertise : Attitudes envers la psychologie du sport, diffi-cultés rencontrées par les experts en psychologie du sport, psychologie de la blessure.E-mail : [email protected]

Pr David E. CONROYProfesseur en kinésiologie au Department of Preventive Medicine, Northwestern Uni-versity, Chicago, IL, États-Unis.Champs de recherche et/ou d’expertise : Facteurs de motivation à la pratique de l’acti-vité physique, conséquences de l’(in)activité pour le bien-être.

Dr Karine CORRION*Maître de conférences en psychologie sociale en STAPS, LAboratoire Motricité Humaine, Éducation, Sport, Santé (LAMHESS, EA 6312), Université Nice-Sophia-Antipolis – Université Côte d’Azur, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Motivation, comportements de transgression, croyances, capacités d’autorégulation, dopage.E-mail : [email protected]

Dr Peter R. E. CROCKERProfesseur en psychologie du sport à la School of Kinesiology, Laboratoire de psycho-logie du sport, University of British Columbia, Canada.Champs de recherche et/ou d’expertise : Stress, émotions et coping.

Dr Nadine DEBOIS*Agrégée d’EPS et Docteure en STAPS. Responsable de la formation à l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (INSEP), Paris.Champs de recherche et/ou d’expertise : Développement de la carrière sportive, ges-tion des transitions en cours de carrière chez les athlètes de haut niveau.E-mail : [email protected]

9Les auteurs

Pr Fabrice DOSSEVILLE*Professeur en psychologie du sport et Directeur adjoint du Centre d’étude et actions motrices (CesamS, EA 4260), Université de Caen Basse-Normandie, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Prise de décision des officiels des pratiques sportives.E-mail : [email protected]

Pr Claude FERRAND*Professeure en psychologie, Laboratoire Psychologie des âges de la vie (PAV, EA 2114), Université François Rabelais, Tours, France. Directrice du programme de recherche « Adaptation psychosociale de l’individu âgé ».Champs de recherche et/ou d’expertise : Émotions ; Motivation, personnes âgées, image du corps, maladies chroniques, qualité de vie.E-mail : [email protected]

Dr Marie-Hélène FERRERMédecin-chef, Chercheure à l’Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA), Brétigny, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Facteurs humains en contextes spécifiques.

Dr Patrice FLOREMaître de conférences HDR en physiologie, Laboratoire Sport et ENvironnement Social (SENS, EA 3742), Université Joseph Fourier, Grenoble, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Obésité, exercice, sommeil.

Pr Barbara FREDRICKSONKenan Distinguished Professor, University of North Carolina, Chapel Hill, États-Unis. Directrice du laboratoire de Psychophysiologie et des Émotions positives.Champs de recherche et/ou d’expertise : Broaden and build theory (à l’origine de la théorie), émotions et états d’humeur, émotions positives, satisfaction de vie et bien-être.

Marvin GAUDINODoctorant à la faculté des sciences du sport de Dijon, France, Université Bourgogne-Franche-Comté (UBFC), Laboratoire Psychologie, Dynamique relationnelle et parti-tions identitaires (PSY-DREPI), sous la direction de Michel Nicolas.Champs de recherche et/ou d’expertise : Processus d’adaptation psychologique en situa-tions extrêmes.

Pr Patrick GAUDREAU*Professeur agrégé en psychologie, École de psychologie de l’Université d’Ottawa, Canada. Responsable du Laboratoire de recherche sur l’accomplissement, la motiva-tion et la régulation de l’action (LAMRA).Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie sociale appliquée (sport, éducation, activité physique), stress et coping, poursuite de buts et atteinte de buts d’accomplisse-ment/performance, perfectionnisme, motivation et autorégulation.E-mail : [email protected]

10 Les émotions en sport et en EPS

Dr Emma GUILLET-DESCASMaître de conférences HDR, Université Lyon 1, Directrice adjointe du Laboratoire sur l’Innovation et les Vulnérabilités dans le Sport (L-Vis, EA 7428).Champs de recherche et/ou d’expertise : Influence du contexte interpersonnel sur le phénomène comportemental d’investissement et/ou d’abandon sportif, variables pré-dictives qui conduisent à l’épuisement émotionnel (« le burn-out ») et ses conséquences chez les sportifs.

Pr Juri HANIN*Professeur émérite en psychologie du sport, Institut de recherche sur les sports olym-piques (KIHU), Jyväskylä, Finlande.Champs de recherche et/ou d’expertise : Les émotions en sport, Zone Individuelle de Fonctionnement Optimal (à l’origine du modèle).E-mail : [email protected]

Pr Denis HAUWProfesseur associé en psychologie du sport, Institut des sciences du sport de l’Univer-sité de Lausanne, Suisse.Champs de recherche et/ou d’expertise : Action ou cognition située, Modélisation de la performance et des contre-performances en sport, Prévention du dopage.

Sylvie HAYPsychologue issue du Master 2 Psychologie gérontologique normale et pathologique, Université François Rabelais, Tours, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie du vieillissement.

Dr Sandrine ISOARD-GAUTHEUR*Maître de conférences en psychologie du sport, Laboratoire Sport et ENvironnement Social (SENS, EA 3742), Université Grenobles Alpes, Grenoble, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Burn-out sportif ; Activité physique à des fins de santé.E-mail : [email protected]

Amandine JUNOTDoctorante en psychologie sociale appliquée à l’environnement, Laboratoire IRISSE, Université de la Réunion, France, sous la direction de Y. Paquet.Champs de recherche et/ou d’expertise : Passion ; Motivation ; Comportements envi-ronnementaux.

Dr Sylvain LABORDE*Chercheur à l’Université allemande du sport de Cologne, Institut de psychologie, Département de psychologie de la performance ; Chercheur associé au Centre d’étude et actions motrices (CesamS, EA 4260), UFR STAPS, Université de Caen Basse-Nor-mandie, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Émotions ; Prise de décision en sport ; Intelli-gence émotionnelle ; Marqueurs biologiques des émotions.E-mail : [email protected]

11Les auteurs

Dr Patrick LAURE*Médecin et sociologue, membre du Centre de recherche en sciences du sport, Univer-sité Paris-Sud Orsay, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Conduites dopantes ; Dopage.E-mail : [email protected]

Sylvain LEDOSDoctorant à la Faculté des sciences du sport de Dijon, France, Université Bourgogne-Franche-Comté (UBFC), Laboratoire Psychologie, Dynamique Relationnelles et Parti-tions Identitiaires (PSY-DREPI), sous la codirection de Michel Nicolas et G. Martinent.Champs de recherche et/ou d’expertise : Régulation émotionnelle ; Intelligence émo-tionnelle ; Tennis de table.

Dr Pierre-Nicolas LEMYREAssociate Professor, Norwegian School of Sport Sciences. Directeur du Département Coaching et Psychologie et du Centre Norvégien de la Recherche sur les Jeunes dans le Sport. Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie du sport ; Psychophysiologie ; Motivation ; Burn-out.

Véronique LESEURResponsable du Département de l’orientation, de la formation, de l’accès à l’emploi et de la reconversion des sportifs(ves) de haut niveau (DOFER), Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), Paris, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Suivi de carrière chez les sportifs de haut niveau.

Dr Benoît LOUVET*Maître de conférences en psychologie du sport, Centre d’études des transformations des activités physiques et sportives (CETAPS), Faculté des sciences du sport, Norman-die Université, Rouen, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Stress et coping ; Émotions ; Apprentissage coopératif et motivation ; Arbitrage.E-mail : [email protected]

Dr Jaclyn P. MAHER*Chercheure en kinésiologie, Department of Kinesiology, Department of Preventive Medicine, University of Southern California, États-Unis.Champs de recherche et/ou d’expertise : Motivation à l’activité physique ; Santé men-tale et bien-être ; Effet de la sédentarité.E-mail : [email protected]

Dr Nicolas MARGASMaître de conférences, Laboratoire CESAMS EA 4260, Université de Caen Norman-die, France. Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie sociale de l’éducation et du sport ; interactions sociales ; estime de soi ; contexte menaçant.

12 Les émotions en sport et en EPS

Dr Charles MARTIN-KRUMM*Maître de conférences HDR en psychologie, Laboratoire APEMAC EA 4360, Univer-sité de Lorraine, Metz, France ; Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA), Brétigny, France ; IFEPS Angers, France ; CREAD-EA 3875 – UEB, Rennes, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie positive et performance.E-mail : [email protected]

Dr Guillaume MARTINENT*Maître de conférences en psychologie du sport, Université Claude Bernard Lyon 1, Laboratoire sur l’innovation et les vulnérabilités dans le sport (L-Vis).Champs de recherche et/ou d’expertise : Émotions, stress, coping, motivation, burn-out, qualité de vie, bien-être, psychologie positive.E-mail : [email protected]

Dr Nicolas MASCRETMaître de conférences en sciences de l’éducation et en psychologie du sport à l’ESPE d’Aix-Marseille, France ; Institut des Sciences du Mouvement (UMR CNRS 7287).Champs de recherche et/ou d’expertise : Motivation ; Interactions sociales ; Apprentis-sage.

Dr Adam R. NICHOLLS*Chercheur en psychologie du sport à l’Université de Hull, Département Sport, Health & Exercise, Hull, UK.Champs de recherche et/ou d’expertise : Rudesse mentale ; Stress, émotions et coping en sport.E-mail : [email protected]

Dr Michel NICOLAS*Maître de conférences HDR en psychologie du sport à la Faculté des sciences du sport de Dijon, Laboratoire Psychologie, Dynamiques relationnelles et Partitions identitaires (Psy-DREPI), Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC), France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Stress, émotion, coping et mécanismes de défense en sport et en situations extrêmes.E-mail : [email protected]

Marie OGERDoctorante. Laboratoire CREAD-EA 3875, UEB, Rennes, France ; DIMPS EA 4075, Université de la Réunion, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Burn-out et phénomène d’épuisement scolaire chez les élèves, les étudiants et les enseignants.

Dr Yvan PAQUET*Maître de conférences HDR en psychologie du sport, Laboratoire IRISSE, Université de la Réunion, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Locus de contrôle ; Attributions causales ; Passion ; Psychologie positive.E-mail : [email protected]

13Les auteurs

Pr Markus RAABProfesseur en psychologie du sport et en psychologie cognitive, Université allemande du sport de Cologne, Département de psychologie de la performance. Directeur de l’Ins-titut de psychologie.Champs de recherche et/ou d’expertise : Jugement et prose de décision en sport ; Contrôle et apprentissage moteur.

Pr Élisabeth ROSNET*Professeure en psychologie du sport, Faculté des sciences du sport, Université de Reims Champagne-Ardennes, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Stress et adaptation ; Environnements extrêmes ; Préparation mentale.E-mail : [email protected]

Dr Marion RULL*Chercheure en psychologie sociale, Centre d’étude et actions motrices (CesamS, EA 4260), Université de Caen Basse-Normandie, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Dimension sociale de la menace.E-mail : [email protected]

Dr Katherine A. TAMMINEN*Assistant professor en psychologie du sport, Faculté de kinésiologie et d’éducation physique, Université de Toronto, Canada.Champs de recherche et/ou d’expertise : Stress, coping et émotions ; Pratique sportive chez les jeunes.E-mail : [email protected]

Dr Nicolas TERRÉ*Maître de conférences en sciences de l’éducation, agrégé d’EPS, Institut de Formation en Éducation Physique et en Sport d’Angers, Laboratoire Motricité, Interactions, Per-formances (EA 4334), Université de Nantes, France.Champs de recherche et/ou expertise : Émotion-Cognition ; Éducation Physique ; Com-pétences ; Cours d’action.E-mail : [email protected]

Dr Damien TESSIER*Maître de conférences en psychologie du sport, agrégé d’EPS, Laboratoire Sport et ENvironnement Social (SENS, EA 3742), Université Grenoble-Alpes, ESPE de Gre-noble, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Motivation, émotions, EPS-sport, bien-être.E-mail : [email protected]

Mark A. THOMPSONDoctorant en psychologie du sport, Université de Hull, Département Sport, Health & Exercise, Hull, UK.Champs de recherche et/ou d’expertise : Émotions ; Coping ; Buts motivationnels.

14 Les émotions en sport et en EPS

Dr Marion TROUSSELARDMédecin-chef des armées, Chercheure HDR à l’Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA), Brétigny, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Interactions sensorielles ; Stress et méca-nismes neuropsychologiques de vulnérabilité/résilience aux contraintes profession-nelles aiguës.

Pr Robert J. VALLERANDProfesseur en psychologie, Laboratoire de recherche sur le comportement social, Uni-versité du Québec à Montréal et Australian Catholic University.Champs de recherche et/ou d’expertise : Motivation ; Passion (à l’origine du modèle dualiste de la passion).

Dr Patty VAN CAPPELLENChercheure en psychologie sociale, Directrice du Laboratoire Moralité, santé et spiri-tualité (MHaS), Université de Caroline du Nord, Chapel Hill, États-Unis.Champs de recherche et/ou d’expertise : Religion/spiritualité ; Santé ; Émotions posi-tives.

Stefanee VAN HORNDoctorante en psychologie du sport, Faculté de psychologie du sport (SEP), West Virgi-nia University, États-Unis.Champs de recherche et/ou d’expertise : Psychologie de la blessure sportive.

Pr Karine WEISSChercheur en psychologie sociale et environnementale, Laboratoire de psychologie sociale (LPS, EA 849), Université de Nîmes, France.Champs de recherche et/ou d’expertise : Perception, représentation et comportements (de protection et de prévention) face aux risques ; Évolution des comportements et per-ception des risques liés au changement climatique ; Adaptation individuelle et sociale en situations extrêmes.

SOMMAIRELes éditeurs 5Les auteurs 7Avant-propos 19Mickaël CAMPO & Benoît LOUVET

Partie 1Les concepts clés du processus émotionnel

et de la régulation des émotions en sport

ChaPitre 1. Le processus émotionnel et les émotions en sport 25Adam R. NICHOLLS & Mark A. THOMPSON

ChaPitre 2. Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport 37Katherine A. TAMMINEN & Peter R. E. CROCKER

Partie 2Les émotions en Éducation Physique et Sportive (EPS)

ChaPitre 3. « Affective Learning Design » en Éducation physique 57Nicolas TERRÉ

ChaPitre 4. Influence des émotions de l’enseignant sur la qualité de son enseignement 75Yvan PAQUET, Amandine JUNOT & Robert J. VALLERAND

ChaPitre 5. Autorégulation des affects et adoption de comportements de transgression en contexte sportif 89Karine CORRION & Fabienne d’ARRIPE-LONGUEVILLE

16 Les émotions en sport et en EPS

ChaPitre 6. Buts d’accomplissement et émotions d’accomplissement en Éducation Physique et Sportive 109Damien TESSIER & Nicolas MASCRET

ChaPitre 7. Les émotions, frein ou levier pour les apprentissages en EPS ? 129Charles MARTIN-KRUMM, Katherine A. TAMMINEN, Marie OGER, Marion TROUSSELARD, Marie-Hélène FERRER, Patty VAN CAPPELLEN & Barbara FREDRICKSON

ChaPitre 8. Émotions et relations intergroupes en EPS 165Marion RULL, Amael ANDRÉ & Nicolas MARGAS

Partie 3Les émotions dans le sport de performance

ChaPitre 9. Les émotions et la performance experte en sport 177Juri HANIN

ChaPitre 10. Mesures des émotions en sport : les approches quantitatives, qualitatives et comportementales 205Guillaume MARTINENT, Sylvain LEDOS & Michel NICOLAS

ChaPitre 11. Émotions et relations interpersonnelles 221Roberta ANTONINI PHILIPPE et Denis HAUW

ChaPitre 12. L’intelligence émotionnelle dans le sport 235Fabrice DOSSEVILLE, Sylvain LABORDE & Mark S. ALLEN

ChaPitre 13. Techniques de préparation mentale et émotions : revue et perspectives pour l’optimisation de la performance 253Elisabeth ROSNET

ChaPitre 14. Comment les émotions influencent-elles la prise de décision du sportif ? 281Sylvain LABORDE & Markus RAAB

ChaPitre 15. Les émotions en situations extrêmes : situations spatiales et polaires 293Michel NICOLAS, Marvin GAUDINO, Guillaume MARTINENT & Karine WEISS

17Sommaire

ChaPitre 16. La gestion du stress et son influence sur le succès sportif des athlètes 307Patrick GAUDREAU

Partie 4Les émotions et les Activités Physiques Adaptées

ChaPitre 17. Émotions positives et bien vieillir chez les personnes âgées au travers de la construction de ressources durables 329Claude FERRAND, Guillaume MARTINENT & Sylvie HAY

ChaPitre 18. Émotions et conduites dopantes 347Patrick LAURE

ChaPitre 19. Le burn-out : état des connaissances et perspectives de prévention dans le milieu sportif 363Sandrine ISOARD-GAUTHEUR, Pierre-Nicolas LEMYRE & Emma GUILLET-DESCAS

ChaPitre 20. Les émotions comme antécédents et conséquences de la blessure en sport 383Damien CLEMENT, Monna ARVINEN-BARROW & Stefanee VAN HORN

ChaPitre 21. L’impact émotionnel des transitions de carrière en sport de haut niveau 397Nadine DEBOIS & Véronique LESEUR

ChaPitre 22. Réponse affective à l’exercice chez la personne obèse 415Anna BOROWIK, Damien TESSIER & Patrice FLORE

ChaPitre 23. Conséquences affectives de l’activité physique et du comportement sédentaire 429Jaclyn P. MAHER & David E. CONROY

Table des matières 449

AVANT-PROPOSLes émotions en sport :

de quoi parle-t-on ?

Mickaël CAMPO & Benoît LOUVET

Nous sommes le 8 juillet 2014 et un séisme vient de secouer la planète football : le Brésil vient de perdre 1 à 7 à domicile en demi-finale de « sa » Coupe du Monde. Comment une telle contre-performance a-t-elle pu se produire ? Beaucoup d’hypothèses, allant de l’absence de Neymar Jr, alors leader de l’équipe, à la pression excessive ressentie par une équipe qui jouait dans son propre pays, ont mis en lumière le rôle central des émotions dans la performance sportive. Ces illustrations de la prégnance des émotions et de leurs influences dans le sport de compétition sont alors très nom-breuses ; en attestent également le coup de tête « historique » de Zidane en 2006, la ferveur autour de l’équipe de France en 1998, les célèbres régulations d’entraîneurs (de Claude Onesta à Bernard Laporte) ou encore l’épisode dépressif de Jonny Wilkinson suite à un enchaînement de blessures vécues pendant les quatre années qui ont suivi son drop historique envoyant l’équipe d’Angleterre au sommet du rugby mondial.

20 Les émotions en sport et en EPS

Lorsque l’on parle des émotions en sport, nous n’abordons pas seulement le cas de la pratique intensive. Nous incluons aussi la problématique de cette personne âgée qui revient d’une fracture du fémur et qui ne pratique pas d’activité physique, malgré sa motivation initiale, uniquement à cause de la peur qu’elle ressent à l’idée de se mouvoir. Nous parlons aussi de la personne en surpoids qui a honte de pratiquer une activité corporelle en groupe, ou encore de cette élève terrorisée à l’idée de devoir être évaluée lors d’un cycle de natation au collège. D’autres exemples peuvent également être avan-cés : l’enseignant d’EPS qui se retrouve démuni face aux émotions ressenties par ses élèves, l’accompagnant médical qui n’arrive pas à rassurer le patient pendant sa réha-bilitation, ou l’entraîneur, encore euphorique de sa dernière victoire, et qui minimise la préparation du match suivant. Quand on mobilise le concept des émotions en sport, on accède avant tout à un ensemble important de connaissances, parfois confuses, mais intrinsèquement passionnantes pour l’ensemble des acteurs du monde sportif.

Les émotions sont au cœur de chacune des facettes de la pratique sportive, qu’elle soit ludique, formatrice, intensive, compétitive, ou bien menée à des fins de santé. Elles influencent nos comportements, nos décisions, nos paramètres physiologiques… et, au travers de telles influences, touchent aussi les performances des athlètes, l’apprentis-sage des élèves ou le bien-vieillir de nos ainés. Pourtant, alors que de nombreuses recherches ont été menées durant ces trois dernières décennies, les praticiens du sport semblent exprimer le besoin de connaissances concrètes et spécifiques à leur domaine d’activité.

C’est dans ce sens que cet ouvrage collaboratif a été envisagé : rassembler et présenter les principales connaissances liées aux émotions, en les situant dans les trois domaines majeurs des sciences du sport, à savoir (1) l’Éducation Physique et Sportive (EPS), (2) la Performance, et (3) les Activités Physiques Adaptées (APA).

La partie introductive (Partie I) de cet ouvrage aborde les deux concepts principaux à maîtriser pour comprendre les thématiques abordées dans les parties ultérieures. Il s’agit ici d’aider le lecteur à comprendre ce que l’on entend par le terme d’émotions et par le concept de régulation émotionnelle, deux composantes principales de l’expé-rience émotionnelle.

L’ouvrage se décompose ensuite en trois grandes parties. La Partie II se consacre à la place des émotions au sein de l’EPS, que ce soit dans la perspective du pratiquant ou celle de l’enseignant. Thématique centrale du concours de professeur en éducation phy-sique (e.g., écrit 2 du CAPEPS en France), cette partie a été envisagée afin d’apporter un outil de compréhension pour l’enseignant ou le futur enseignant, traitant par exemple des émotions en relation avec les contextes intergroupes, la passion de l’enseignant, la motivation de l’élève, ou encore avec les comportements des élèves en situation.

La Partie III de l’ouvrage s’intéresse aux rôles des processus émotionnels dans la recherche de performance. Différents auteurs ont traité de l’influence des émotions dans leurs domaines d’expertise tels que les comportements de l’entraîneur, la perfor-mance, l’intelligence émotionnelle, la prise de décision, les méthodes de préparation mentale, ou encore les stratégies de régulation et les caractéristiques des environne-ments atypiques comme les environnements extrêmes.

21Avant-propos

La dernière partie (Partie IV) se focalise sur l’influence des émotions dans le cadre de l’activité physique à des fins de santé. Le lecteur trouvera ici des thématiques telles que le burn-out sportif, la place des émotions chez des publics spécifiques (seniors, en surpoids, athlètes blessés), le processus affectif au cœur des conduites dopantes, le vécu émotionnel des athlètes lors des transitions de carrière, ou encore la place des émotions dans la lutte contre la sédentarité.

Cet ouvrage a pu voir le jour grâce à la contribution de nombreux spécialistes, dont la plupart ont un rayonnement international dans le domaine de la recherche. Certains de leurs travaux ont notamment permis des avancées majeures en psychologie du sport. Voué à offrir aux étudiants, enseignants et praticiens un compendium des connais-sances les plus récentes dans le domaine des émotions en sport, cet ouvrage couvre de manière non exhaustive les principales thématiques des trois champs d’intervention majeurs en sciences du sport : l’enseignement et l’apprentissage, la performance, et la santé.

Sommaire

ChaPitre 1Le processus émotionnel et les émotions en sport 25

ChaPitre 2Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport 37

PARTIELes concepts clés

du processus émotionnel

et de la régulation des émotions en sport

1

Sommaire

1. La théorie relationnelle cognitive et motivationnelle des émotions (TRCM) 26

2. Les émotions 283. La relation entre l’évaluation cognitive

et les émotions chez les athlètes 28

1CHAPITRELe processus émotionnel et les émotions en sport

Adam R. NICHOLLS & Mark A. THOMPSON

26 Chapitre 1 – Le processus émotionnel et les émotions en sport

1. La théorie relationnelle cognitive et motivationnelle des émotions (TRCM)

La théorie relationnelle cognitive et motivationnelle (TRCM) de Richard S. Lazarus (1991, 1999, 2000a, 2000b) est le modèle guidant majoritairement la recherche en psychologie du sport lorsqu’il s’agit de se pencher sur la relation entre les émotions et le processus d’évaluation cognitive. Le but primordial de cette théorie était d’expliquer la provenance des émotions et les conditions dans lesquelles chaque émotion discrète sera vécue. Lazarus (1999) proposa initialement 15 émotions diffé-rentes, mais finit par y ajouter le dégoût. Par exemple, le thème relationnel de base relatif à l’anxiété est de « faire face à une menace existentielle incertaine », tandis que celui du bonheur est de « faire des progrès acceptables quant à la réalisation d’un but » (Lazarus, 2000a, p. 234).

Cependant, peu d’éléments sont connus à propos de la modélisation séquentielle des construits clés de la CMRT de Lazarus (1991, 1999, 2000a, 2000b). En effet, Lazarus n’était pas un fervent défenseur des systèmes incluant des modélisations clairement définies. Lazarus qualifia ainsi ce modèle de récursif (i.e., chaque élément du modèle peut en affecter un autre) et de dynamique (i.e., processus en constante évolution). Étant donné que ce modèle est vu comme récursif et dynamique, une critique possible repose sur le fait qu’il est difficile de le tester.

Dans sa théorie des émotions, Lazarus (1991, 1999, 2000a, 2000b) suggérait que toutes les émotions regroupent des aspects cognitifs, motivationnels et relationnels. Les émotions sont ainsi considérées comme étant le produit de croyances individuelles concernant la situation dans laquelle l’individu est immergé, mais également relatives à ses croyances en général. Selon Lazarus, les émotions sont motivationnelles car elles sont en relation avec les buts que se sont potentiellement fixés les individus. En ce qui concerne les aspects relationnels des émotions, Lazarus postule que les émotions ne sont pas générées ou causées par des facteurs environnementaux ni par des processus psychologiques d’un individu. Il affirme plutôt que les émotions sont « relatives » à la relation personne-environnement, qui implique directement deux significations d’ordre relationnel (e.g., gains et pertes). Pour finir, Lazarus (2000a) conçoit que l’élé-ment le plus important dans la TRCM est lié aux cognitions concernant la situation qui est en train d’être vécue (Lazarus & Smith, 1988), et qui fait référence à l’évaluation cognitive. Cette dernière intervient lorsque les athlètes évaluent leur environnement tout en faisant un lien avec leurs croyances, leurs buts personnels ou leurs valeurs (Lazarus, 1999 ; Lazarus & Folkman, 1984). Dans le modèle de Lazarus, l’évaluation cognitive est le construit le plus important, déterminant les réponses émotionnelles et comportant deux dimensions : (1) les évaluations primaires et (2) les évaluations secon-daires.

27La théorie relationnelle cognitive et motivationnelle des émotions (TRCM)

1.1. Évaluations primairesLors de l’évaluation primaire, l’individu estime dans quelle mesure l’environne-

ment a compromis, ou a le potentiel de compromettre, les buts personnels de l’athlète, et, s’il est évalué comme tel, l’évaluation sera perçue comme stressante. Si la situation est vue comme dangereuse vis-à-vis du bien-être, ou si elle l’est potentiellement, une des quatre premières évaluations primaires est effectuée (i.e., détérioration/perte, menace, challenge ou bénéfice). La perte se réfère aux dommages rencontrés auparavant (e.g., rater un penalty en football). La menace indique une possibilité future de nuisance ou de détérioration (e.g., possibilité de rater un penalty qui est sur le point d’être tiré). Le challenge se réfère à des gains potentiels futurs ou à une maîtrise personnelle (e.g., croire qu’un record personnel peut être accompli). Les évaluations de bénéfices se réfèrent alors aux gains déjà survenus (e.g., avoir effectué un tacle réussi envers un adversaire en football et avoir été félicité par un entraîneur).

Lazarus (2000a) a suggéré que les évaluations pouvaient se référer à des évaluations de perte (évaluation de menace et préjudice/perte) et/ou à des significations de gain (défi et bénéfice). Ainsi, les évaluations de gains et de pertes peuvent s’être déjà déroulées, ou peuvent être anticipées avant leur éventuel déroulement futur. Par conséquent, les éva-luations de menace sont liées au potentiel de pertes pouvant advenir dans le futur (détérioration anticipée). La perte est associée à un préjudice déjà connu (perte effective passée). Les évaluations de challenge peuvent être liées à un gain potentiel futur (gain anticipé). Enfin, les bénéfices sont liés aux gains déjà connus et obtenus (bénéfices effec-tifs passés). Lazarus (2000a) les catégorise comme des gains et des pertes en relation au temps (e.g., passés vs anticipés). Différents chercheurs ont autant utilisé les termes d’évaluation primaire (e.g., détérioration, menace, défi ou bénéfice) que les classifica-tions évaluatives invoquant les gains ou les pertes, et, en ce sens, ces termes seront utilisés de manière interchangeable tout au long de ce chapitre.

1.2. Évaluations secondairesLes évaluations secondaires sont également un processus d’évaluation à part

entière, dans lequel l’individu considère qu’il existe un blâme ou un crédit, et, de manière plus importante, ce processus est responsable des sentiments éprouvés par un individu. Par exemple, un athlète peut se sentir en colère parce qu’un opposant a triché et a influencé la décision de l’arbitre (blâme), ou peut ressentir de la gratitude envers un entraîneur qui lui a donné une seconde chance suite à une performance médiocre (crédit). En outre, les évaluations secondaires impliquent l’évaluation de l’individu quant à son potentiel de coping. Le coping fait référence aux pensées et comportements orientés vers le stress (Lazarus, 1999). Bien que les évaluations secon-daires ne soient pas des stratégies de coping en elles-mêmes, elles sous-tendent des efforts de coping ultérieurs. Ainsi, l’athlète évalue ce qu’il doit mettre en place afin de faire face au facteur de stress, et ce qu’il peut généralement advenir de chaque option de coping. Les évaluations secondaires représentent donc un jugement de l’athlète par rapport au contrôle qu’il peut exercer envers les facteurs de stress ou les émotions expérimentées.

28 Chapitre 1 – Le processus émotionnel et les émotions en sport

2. Les émotions

L’émotion est une expérience subjective exprimée au travers de la verbalisation, d’expressions comportementales, de changements physiologiques et de cognitions spé-cifiques (Cornelius, 1996). Définir l’émotion est un problème très controversé qui n’a jamais obtenu de consensus au niveau des définitions et des listes des émotions parmi les différents universitaires (e.g., Jones, Lane, Bray, Uphill & Catlin, 2005 ; Lazarus, 2000b). Malgré tout, il est généralement admis que les émotions surviennent en réponse à des motifs spécifiques et se révèlent d’une durée relativement brève (Lane & Terry, 2000). Les émotions peuvent également être connotées positivement ou négativement par l’individu. D’ailleurs, Lazarus (1999) identifia sept émotions à valence positive (com-passion, gratitude, joie, espoir, amour, fierté et soulagement) et neuf émotions à valence négative (colère, anxiété, dégoût, envie, peur, culpabilité, jalousie, tristesse et honte).

Les recherches en psychologie du sport indiquent que les athlètes ne ressentent pas ces seize émotions en compétition. En étudiant un échantillon d’athlètes élite de karaté, Ruiz et Hanin (2004) ont reporté huit émotions ressenties par les athlètes de l’échantil-lon (joie, fierté, colère, espoir, anxiété, tristesse, peur et honte). En outre, les recherches menées par Nicholls, Jones, Polman et Borkoles (2009) ont montré que les joueurs pro-fessionnels de rugby ressentaient neuf émotions (anxiété, colère, fierté, espoir, honte, soulagement, tristesse, joie et culpabilité). D’autres chercheurs comme Jones, Lane, Bray, Uphill et Catlin (2005) ont montré que la classification des émotions en déplai-santes (e.g., colère, anxiété et rejet) ou plaisantes (e.g., bonheur et enthousiasme) est plus appropriée pour la population sportive, comparativement à une classification sur la valence émotionnelle positive ou négative. Cette classification des émotions se réfère à une expérience de ressenti de l’émotion, plutôt qu’à l’impact qu’aurait l’expérience de l’émotion sur la performance. Ceci peut alors s’expliquer par le fait que les émotions positives ne sont pas toujours associées à la performance sportive, à l’instar des émo-tions négatives qui ne sont pas toujours nuisibles envers la performance (Hanin, 2004, 2007, 2010).

3. La relation entre l’évaluation cognitive et les émotions chez les athlètes

Une des premières études qui ont montré la relation entre évaluation et émo-tions a été conduite par Uphill et Jones (2007). Dans cette étude, les auteurs ont interviewé 12 athlètes internationaux de sports tels que le badminton, le rugby, l’ath-létisme et le tir à l’arc, et ont regardé les réponses émotionnelles générées en fonction des différentes évaluations cognitives. Ils ont pu mettre en avant le fait que différents modes d’évaluation occasionnaient l’émergence d’émotions plaisantes (e.g., bonheur, fierté et joie) et déplaisantes (e.g., colère, anxiété et culpabilité) chez ces athlètes. Plus particulièrement, les athlètes exprimaient : du soulagement quand ils évaluaient que la situation avait changé de manière positive ; de la colère due à eux-mêmes et aux

29La relation entre l’évaluation cognitive et les émotions chez les athlètes

actions d’autrui ; de la tristesse en raison d’une contre-performance ; de la culpabilité d’avoir abandonné les autres ; de l’anxiété concernant une menace perçue ; de la joie pour avoir progressé quant à l’atteinte de leur but ; et enfin de la fierté de faire partie d’une équipe d’élite. Malgré tout, les auteurs n’ont pas spécifié le type de catégorisation des évaluations (perte, menace, challenge ou bénéfice) en termes de signification relationnelle.

Nicholls, Hemmings et Clough (2010) ont réalisé une étude qualitative ayant pour but d’examiner les facteurs de stress et les émotions. Ces auteurs ont étudié les émotions causées à la suite d’un élément stressant, après l’utilisation de stratégies de coping, et après l’événement lui-même. Cette étude était basée sur les travaux de Folkman, Laza-rus, Dunkel-Schetter, DeLongis et Gruen (1986) mentionnant que les individus pou-vaient vivre différentes émotions au travers d’un même élément stressant : à la suite des évaluations de la situation stressante, à la suite de la mise en place de stratégies de coping, et enfin, après l’événement lui-même. Par la suite, Folkman et al. (1986) ont même émis l’hypothèse que les individus pouvaient ressentir différentes émotions simultanément. Nicholls et al. (1986) apportèrent des preuves étayant cette hypothèse, puisque les golfeurs étudiés reportaient avoir vécu des émotions après le facteur stres-sant, après que la stratégie de coping avait été mise en place, et après l’événement lui-même. Les citations suivantes, provenant d’un des golfeurs ayant participé aux qualifi-cations pour l’Open, illustrent combien ces émotions subissent un changement au travers de l’ensemble de la situation stressante. Le golfeur (appelé Samuel) y exprimait ressentir un stress provoqué par ses parents :

C’étaient les qualifications régionales de l’Open et il [papa] voulait porter mes affaires sur le green pendant la compétition, mais on ne s’entendait pas là-dessus. Il m’a porté les affaires pour les 10 premiers trous. J’étais à trois trous du dixième, et un de plus me pous-sait aux éliminatoires. Il pouvait dire que je n’étais pas à l’aise avec lui. J’ai dit : « Papa, tu vas devoir partir si tu veux que je me qualifie parce que je ne peux pas me concentrer quand tu t’en mêles et que je ne joue pas mon propre jeu. » (Nicholls et al., 2010, p. 352)

En réponse au fait que son père soit son caddie, Samuel se sentait en colère.

Il pense d’une manière et moi d’une autre, on fait tout à l’opposé. Je suis plein de confu-sion. J’étais en colère contre lui car il m’a forcé à faire un coup que je ne voulais pas jouer. Je ne voulais pas me retourner et faire ce trou, je l’ai mal fait, et puis, il s’est tourné vers moi et il m’a dit : « Je te l’avais dit. » J’avais pensé faire le trou qu’il voulait que je fasse, et que si ça tournait mal j’aurais pu le lui reprocher. C’est une manière de jouer absolument stupide, en se reprochant les choses l’un l’autre. (Nicholls et al., 2010, p. 352)

Afin de contrôler le stress et ses émotions négatives, Samuel employa différentes stra-tégies de coping. Il a demandé à son père d’arrêter de porter pour lui, s’est dit qu’il pou-vait quand même se qualifier, et a bloqué ses pensées négatives en se focalisant sur la manière dont il jouait auparavant. Tout cela a engendré un sentiment d’espoir chez lui.

Je ressentais alors plus d’espoir, c’était presque comme si mon père me mettait beaucoup de pression pour jouer au golf de la manière dont il avait l’habitude de jouer, mais je joue réellement différemment. (Nicholls et al., 2010, p. 352)

30 Chapitre 1 – Le processus émotionnel et les émotions en sport

Après s’être qualifié pour l’Open, Samuel a ressenti du bonheur. Ces citations illustrent dans quelle mesure un individu peut ressentir des émotions déplaisantes (e.g., colère) et plaisantes (e.g., espoir et bonheur) avec le même élément stressant. Bien que cette étude décrive comment différentes émotions peuvent être vécues au travers d’un seul et même élément stressant, des preuves n’ont pas été amenées quant à la simultanéité de l’expérience émotionnelle. De plus, cette étude était un aperçu ne prenant pas en compte les éléments récursifs de la relation entre évaluation et coping.

Une étude de Neil et collaborateurs (Neil, Hanton, Mellalieu et Fletcher, 2011) a exa-miné la manière dont les évaluations généraient des émotions, et comment ces émotions pouvaient influencer les évaluations subséquentes ainsi que les réponses comporte-mentales. Au total, 12 athlètes ont été interviewés en fonction de leur expérience, 6 étaient considérés comme élite, et les 6 autres comme des athlètes n’appartenant pas à la catégorie « élite ». Il a été montré que les évaluations cognitives et les émotions des athlètes influençaient les réévaluations cognitives des athlètes ainsi que leur manière de se comporter, avec l’identification par les auteurs de deux sortes de patterns spéci-fiques. Dans certains cas, évaluations et émotions étaient évaluées négativement et avaient un impact néfaste sur le comportement. À l’inverse, dans d’autres cas, les réé-valuations étaient un construit prépondérant dans la réduction de l’impact négatif des évaluations dues au stress et aux émotions négatives, en influençant le comportement de manière positive. Cette étude montre alors que les athlètes se sont reposés sur leur expérience et ont effectué des stratégies telles que l’augmentation de la focalisation dans le but d’influencer leur comportement de façon positive. Ces auteurs n’ont cependant pas réussi à étudier comment les facteurs de stress étaient évalués, ce qui semble pour-tant être un aspect clé dans la genèse émotionnelle (Lazarus, 1991, 1999, 2000a, 2000b).

Une autre étude, menée par Nicholls et Levy (sous presse), a montré que différentes émotions pouvaient être ressenties de façon simultanée. Dans cette étude, quatre gym-nastes de catégorie internationale ont complété un journal de bord quotidien durant les trois semaines de préparation aux championnats du monde 2011, ainsi que pendant la semaine de compétition. Ce journal rend compte des facteurs de stress et des émotions rencontrés, ainsi que des stratégies de coping mises en place. Les auteurs ont vu que les gymnastes avaient vécu à la fois des émotions plaisantes et déplaisantes, induites notamment par les interactions entretenues avec les membres de l’équipe. Par exemple, certains cas illustraient le fait que les participants ressentaient à la fois de l’anxiété et de l’excitation. Également, il s’est avéré que l’un des gymnastes s’est blessé à la fin du championnat du monde, ce qui fut source d’anxiété pour un autre athlète, qui fut égale-ment anxieux lorsqu’un troisième gymnaste tomba malade. Le contexte unique de cette étude illustre que les interactions entre membres d’une même équipe peuvent être consi-dérées comme des facteurs de stress potentiels et influencer les réponses émotionnelles.

Bien que les études citées ci-avant aient exploré les relations entre émotions et évalua-tions, ces études n’ont pas investi dans quelle mesure les facteurs de stress ont été évalués. Ceci va donc à l’encontre d’une exploration en profondeur de la TRCM des émotions (Lazarus, 1991, 1999, 2000a, 2000b), étant donné que les réponses émotion-nelles sont façonnées par une signification relationnelle (Lazarus, 2000a).

Une étude s’est néanmoins penchée sur la relation entre émotions et évaluation des facteurs de stress (Nicholls, Levy, Jones, Rengamani & Polman, 2011). Dans cette étude,

31La relation entre l’évaluation cognitive et les émotions chez les athlètes

10 joueurs professionnels de rugby ont été interviewés, et les auteurs se sont focalisés sur la manière dont les différents facteurs de stress étaient vécus par les athlètes, mais aussi sur les émotions que de telles évaluations pouvaient susciter. Nicholls et al. (2011) ont alors catégorisé les évaluations en gains (anticipés ou effectifs) et pertes (anticipées ou effectives). Il a été montré que la notion de gain générait majoritairement des émo-tions plaisantes (e.g., bonheur, soulagement, fierté, enthousiasme, espoir et gratitude), mais également quelques émotions déplaisantes (e.g., anxiété, embarras et colère). Un des joueurs a décrit son expérience de jeu lors du quart de finale de la coupe du monde de rugby 2003, qu’il a catégorisée comme une évaluation de type gain en raison de la vision de challenge qu’offrait ce match :

Nous jouions un bon rugby et nous voyions les choses différemment, nous étions plus confiants les uns envers les autres et acceptions nos rôles de challengers, partant du principe que nous venions ici dans le but de nous faire plaisir, ce qui a conduit à maî-triser le stress… « Si j’ai pu être aussi bon que mes capacités le permettent, si on était tous dedans, dans le même état d’esprit, c’est parce que tout le monde semblait confiant envers ce qu’il allait faire. » (Nicholls et al., 2011, p. 86)

En réponse au challenge que ce match portait, le joueur ressentait de l’espoir en voyant son équipe atteindre la demi-finale de la coupe du monde 2003.

C’est un rêve, parfois je me suis un peu emporté : « Imagine si l’on gagne et si on va en demi-finale. Bien, arrêtons d’imaginer et rendons ça concret. » Mettez-vous en tête que les choses vont se passer autour de vous, vous arriver à vous et aux autres autour de vous. Je ne sais pas si certains sportifs vont en compétition sans espérer gagner et sans se sentir plein d’espoir. (Nicholls et al., 2011, p. 86)

Les évaluations de pertes génèrent de façon générale des émotions déplaisantes (e.g., anxiété, colère, honte et déception), mais aussi une émotion plaisante, l’espoir. Les cita-tions suivantes rendent compte de cette évaluation basée sur la perte chez un joueur.

Je me souviens avoir 20 ans et être confronté à [équipe adverse] en quart de finale de la coupe d’Europe, et c’était ma première saison entière en tant que joueur senior. J’étais pro depuis mes 18 ans, mais c’était ma première saison complète dans l’équipe des [nom de l’équipe]. Il s’est passé un tas de choses qui ont influencé ce match et je n’avais jamais senti être sur la bonne voie. Le match a été annulé le samedi et reporté au dimanche en raison du mauvais temps, et je me souviens m’être réveillé le dimanche matin en voyant les routes pleines de rouge. Tu aurais pu jurer que tu étais à [ville d’une autre équipe], mais on était bien à [ville de son équipe]. C’était de petites choses. Chaque joueur que nous avions ciblé était excellent ce jour-là et c’était un moment particulier dans le jeu. Je me souviens de la mêlée et [nom du joueur] a pris le dessus sur moi. C’était notre mêlée et ils sont rentrés « au casque », il est venu directement sur moi, et je n’oublierai jamais ça. Cela m’affecte encore aujourd’hui après neuf ans d’expérience (Nicholls et al., 2011, pp. 82-83)

En réponse à cette évaluation basée sur la perte, le joueur ressent du danger, de la culpabilité et de la honte.

32 Chapitre 1 – Le processus émotionnel et les émotions en sport

J’étais en colère envers moi-même car ça touche à la fierté. Je ne veux pas rater un pla-quage. Je veux être à 100 %, et tu réalises que tu n’auras jamais le jeu parfait et qu’il y aura toujours quelqu’un qui te dira que tu aurais pu faire mieux, mais c’est un enchaîne-ment de trucs. Je ne voulais pas faire d’erreurs et je suppose que c’était de la culpabilité, puisque j’ai raté le plaquage et ensuite pensé que j’avais laissé tomber tout le monde autour de moi, je ressentais réellement de la honte. C’était plus que j’avais laissé tomber les autres gars et moi-même. (Nicholls et al., 2011, p. 83)

Les résultats de Nicholls et al. (2011) confortent ceux de Lazarus (1991, 1999, 2000a), qui stipulait que les évaluations basées sur le gain généraient des émotions plaisantes, mais que celles basées sur les pertes généraient des émotions déplaisantes. Une autre étude étudiant l’évaluation des facteurs de stress a été menée par Neil, Bayston, Hanton et Wilson (2013) et examinait la manière dont les facteurs de stress étaient évalués, ainsi que les effets résultant sur les émotions et les prises de décision sur un échantillon de quatre arbitres. Ces auteurs montrèrent que plusieurs facteurs de stress tels que la foule, les erreurs, les confrontations à d’autres joueurs, la réputation d’un joueur, ainsi que la présence d’évaluateurs sont estimés comme menaçants ou nuisibles. Les émo-tions déplaisantes, comme l’anxiété, sont alors des conséquences de ces évaluations.

Contribuant aux travaux de Nicholls et al. (2011) et de Neil et al. (2013), d’autres cher-cheurs ont étudié la relation entre challenge, menace et émotions. Moore, Vine, Wilson et Freeman (2012) ont étudié les effets de ces états sur la performance au put et sur les émotions parmi 127 participants. Ils ont montré que les golfeurs ayant reporté des états inhérents au challenge étaient plus à même de ressentir des émotions plaisantes, tandis que les golfeurs reportant des évaluations menaçantes étaient plus sujets à expé-rimenter des émotions déplaisantes. Ces résultats furent également répliqués par Moore, Wilson, Vine, Coussens et Freeman (2013) et montrèrent que les participants évoquant le challenge étaient moins sujets à l’anxiété que ceux évoquant la menace.

La notion stipulant que les évaluations sont reliées à la performance a été confortée dans d’autres recherches mobilisant des échantillons plus importants que ceux étudiés par Moore et al. (2012, 2013), Neil et al. (2013) ou encore Nicholls et al. (2011). Nicholls, Polman et Levy (2012) étudièrent la relation entre évaluation du stress, émotion et coping sur un échantillon de 557 athlètes. Ils se sont également focalisés sur les facteurs qui étaient associés avec l’expérience de l’athlète en termes d’évaluation menaçante ou de challenge. Dans leur modèle d’analyse apparaissaient des liens positifs entre facteur de stress, centralité (importance de l’événement), évaluations menaçantes et si l’athlète perçoit l’événement comme incontrôlable. Cependant, un lien négatif a été mis en avant entre l’événement considéré comme contrôlable et la menace. Il y avait également un lien direct positif entre facteur de stress, situation incontrôlable et émotions déplai-santes (colère, anxiété et découragement). De plus, un lien positif entre évaluation menaçante et émotions déplaisantes a été prouvé. Inversement, les évaluations de chal-lenge ont été positivement associées avec les émotions plaisantes (e.g., excitation et bon-heur) sur cet échantillon de 557 participants. Il est intéressant de noter que les émo-tions déplaisantes sont associées aux stratégies de coping orientées sur la distraction (focalisation sur des pensées non pertinentes quant à la tâche à accomplir) et sur le désengagement (cesser toute tentative de parvenir à un but). En revanche, les évalua-

33Conclusion

tions de challenge sont associées avec des stratégies de coping orientées sur la tâche (tentative de maîtriser la globalité des aspects d’une situation stressante).

Suite aux travaux de Nicholls et al. (2012), Nicholls, Perry et Calmeiro (2014) ont investigué la relation entre buts d’accomplissement, évaluations, émotions et coping, sur un échantillon composé de 827 athlètes. Ces auteurs ont montré que leur étude représentait un approfondissement plus minutieux de la TRCM de Lazarus (Lazarus, 1991, 1999, 2000a, 2000b) car elle comportait la composante « buts ». Lazarus avan-çait l’argument qu’une des composantes clés du modèle résidait dans la notion de buts et en particulier dans la congruence motivationnelle. Ceci signifie, par extension, la mesure dans laquelle la compétition est importante. Enfin, Nicholls et al. (2014) appor-tèrent des preuves pour ce modèle en montrant que les buts d’approche orientés maî-trise étaient associés avec l’évaluation du challenge, lesquels étaient eux-mêmes asso-ciés avec les émotions plaisantes, qui étaient elles-mêmes combinées avec le coping orienté sur la tâche. En outre, les buts d’évitement orientés maîtrise ou performance étaient associés avec les évaluations de la menace, elles-mêmes associées avec les émo-tions déplaisantes, ces émotions étant jointes aux formes de coping orientées sur le désengagement et la distraction.

Conclusion

La TRCM de Lazarus (Lazarus, 1991, 1999, 2000a, 2000b) est un des modèles théoriques les plus largement utilisés ayant tenté d’expliquer les émotions en sport. Un intérêt majeur de cette théorie réside dans le fait que les évaluations cognitives déterminent les émotions. Plus particulièrement, Lazarus suggère que les évaluations basées sur les pertes (e.g., menace ou pertes) généreraient des émotions déplaisantes, tandis que les évaluations basées sur les gains (e.g., challenge ou bénéfice) généreraient des émotions plaisantes. La recherche en psychologie du sport supporte le fait que les évaluations génèrent des émotions et que les évaluations basées sur les pertes causent des émotions déplaisantes, à l’inverse des évaluations basées sur le gain qui génèrent des émotions plaisantes. Bien que Lazarus argumente que l’évaluation soit le construit le plus important au sein de la TRCM, Nicholls et al. (2014) montrèrent que les émotions étaient aussi importantes que l’évaluation.

34 Chapitre 1 – Le processus émotionnel et les émotions en sport

Résumé

Ce chapitre tente d’expliquer ce qu’est le processus émotionnel et sa relation avec les émotions en vue de partager les dernières connaissances issues des recherches les plus récentes qui ont exploré les relations entre l’évaluation cognitive de la situation et les émotions chez les sportifs. La théorie relationnelle cognitive et motivationnelle des émotions (TRCM) de Lazarus postule que l’évaluation cognitive détermine les émotions ressenties par les athlètes, indiquant que l’évaluation basée sur les pertes génère des émotions déplaisantes, tandis que celle basée sur le gain génère des émotions agréables. De récentes recherches en psychologie du sport ont apporté des preuves empiriques confortant ce modèle et ses postulats théo-riques. Bien que Lazarus soutienne l’idée que l’évaluation cognitive est le construit le plus important, les recherches émergentes suggèrent que les émotions sont au moins aussi importantes dans le processus de stress.

Questions pour mieux retenir

– Qu’est-ce que l’évaluation ?

– Quelle est la différence entre évaluation primaire et secondaire ?

– Des évaluations différentes génèrent-elles des émotions différentes ?

– Quels types d’émotions les athlètes ressentent-ils ?

– Les émotions influencent-elles les performances sportives ?

Termes clés

Émotions, Stress, Appraisal, Processus émotionnel

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Sommaire

1. Mécanismes de défense 392. Coping 403. Régulation émotionnelle 41

2CHAPITREConcepts principaux

de la régulation émotionnelle en sport

Des mécanismes de défense à l’approche interpersonnelle

Katherine A. TAMMINEN & Peter R. E. CROCKER

Introduction

Les émotions semblent faire partie quasiment de chaque facette du sport, et la capacité à réguler efficacement les émotions d’autrui et de faire face aux facteurs de stress en sport peut contribuer à une performance réussie (Martinent, Ledos, Ferrand, Campo & Nicolas, 2015 ; Nicolas, Gaudreau & Franche, 2011). De ce point de vue, le champ des émotions et la recherche sur la régulation émotionnelle en sport sont vastes et en plein essor, représentant plusieurs perspectives théoriques différentes. La plu-part des concepts concernant la définition des émotions et des processus d’évaluation menant aux émotions sont abordés dans d’autres chapitres de cet ouvrage. Le but de ce chapitre est de décrire les cadres théoriques et les concepts dominants utilisés pour étudier la régulation émotionnelle et le coping en sport. Nous commencerons par dis-cuter des mécanismes de défense, du coping, de la régulation émotionnelle et de l’auto-régulation. Ensuite, nous décrirons des approches théoriques émergentes offrant différentes perspectives afin de mettre en forme la manière dont nous concevons la régulation émotionnelle en sport.

39Mécanismes de défense

1. Mécanismes de défense

Les mécanismes de défense furent l’un des premiers mécanismes proposés pour expliquer la régulation émotionnelle, ayant pour fondements les écrits psychanaly-tiques de Sigmund Freud et les écrits ultérieurs d’Anna Freud (Aldwin, 2007 ; Cramer, 2000). Les émotions dysfonctionnelles, comme l’anxiété, ont été alors envisagées comme étant la résultante des conflits entre le Ça et le Surmoi. Les mécanismes de défense ont été proposés comme des processus inconscients protégeant ou défendant l’intégrité de l’ego, avec un premier but étant de contenir les cognitions douloureuses, les émotions et les comportements hors de la portée de la conscience (Cramer, 2000). Les princi-pales caractéristiques des mécanismes de défense mettent en avant leurs composantes inconscientes, dispositionnelles, rigides et généralement associées avec une mauvaise adaptation, menant à la pathologie (Cramer, 2000 ; A. Freud, 1946 ; S. Freud, 1962).

Quelques critiques du concept de mécanisme de défense portent sur l’appui principal de ce concept, reposant sur le développement durant l’enfance et sa faible adaptation. Des écrits ultérieurs comme ceux de Vaillant (1977) et de Hann (1977) ont mis en avant les arguments avançant que les défenses peuvent être organisées hiérarchique-ment en partant des mécanismes principaux de projection, jusqu’à des mécanismes matures pouvant également être acquis durant un développement considéré comme « normal », de l’enfance à l’âge adulte. Vaillant proposa l’idée que les mécanismes de défense se développent au travers de la maturation neurobiologique, de l’apprentissage social et de l’assimilation d’impressions, avec l’utilisation plus fréquente et appropriée de mécanismes adaptatifs et matures lors du développement de l’individu à l’âge adulte (Aldwin, 2007).

La structure hiérarchique est une caractéristique principale des approches contempo-raines concernant les mécanismes de défense (Cramer, 2000). Par exemple, Vaillant a développé quatre niveaux de mécanismes de défense : les mécanismes projectifs, les mécanismes neurotiques, les mécanismes immatures et les mécanismes matures. Les mécanismes projectifs incluent le plus grand niveau de distorsion incluant le déni, la distorsion et les projections délirantes. Le deuxième niveau inclut des processus comme la projection, les comportements passifs-agressifs et les interprétations. Les méca-nismes neurotiques comportent des processus comme la dissociation, l’intellectualisa-tion, la répression et la formation de réactions. Les mécanismes matures regroupent l’humour, la sublimation, l’altruisme, la suppression et l’anticipation (voir Vaillant, 1977 pour une description exhaustive de ces processus). Ces derniers processus, bien que proposés comme étant de nature inconsciente, sont plus adaptatifs et peuvent aider les personnes à contrôler des situations stressantes souvent rencontrées à l’âge adulte.

L’étude des mécanismes de défense dans la régulation des situations stressantes a été relativement abandonnée en psychologie. Ceci s’est produit en raison d’un rejet de la notion d’inconscient par les chercheurs à la fin du siècle dernier, en faveur d’explica-tions alternatives comme l’attention, l’attribution, la réponse suppressive, comme aussi les stratégies de coping volontaires (Cramer, 2000). Malgré tout, quelques chercheurs ont noté que gérer les cognitions, les émotions et les comportements requiert aussi bien

40 Chapitre 2 – Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport

des processus invoquant la conscience (composante volontaire) que des processus inconscients (composante automatique) (voir Aldwin, 2007 ; Compas et al., 1997).

Il y a un consensus sur le fait que les processus mentaux comme la mémoire, la prise de décision et l’attention sélective pourraient être inconscients (Cramer, 2000). Un des challenges actuels concerne le manque de mesures pouvant procurer une validation des scores de processus inconscients.

Il existe peu de recherches traitant des mécanismes de défense en littérature du sport. Une exception concerne une étude faite par Nicolas et Jebrane (2008) sur un groupe de kayakistes d’élite. Ces auteurs ont réussi à montrer que les mécanismes de défense matures étaient corrélés avec de potentiels problèmes adaptatifs et avec des stratégies de coping centrées sur l’émotion, tandis que les mécanismes de défense immatures étaient liés à l’évitement et à des stratégies de distanciation. Il existe également d’autres preuves que les mécanismes matures sont associés à une meilleure performance. Il n’est pas encore clairement défini si les mécanismes de défense regagneront leur popularité comme processus exploratoires en psychologie, cependant, ce regain d’attention quant à la reconnaissance de l’inconscient ou des processus automatiques a été récemment considéré dans la régulation émotionnelle (Gross, 2015). Il est alors probable que les processus inconscients de régulation émotionnelle attireront ainsi davantage l’atten-tion des chercheurs dans les années à venir.

2. Coping

Le coping se réfère aux efforts cognitifs et comportementaux mobilisés afin de gérer les facteurs de stress évalués comme excédant les ressources d’un individu (Lazarus, 1999). Bien qu’il existe des perspectives variées concernant le coping (voir Aldwin, 2007), la théorie relationnelle cognitive et motivationnelle du stress, du coping et des émotions de Lazarus (TRCM, 1999 ; Lazarus & Folkman, 1984) a été un modèle dominant pour étudier le coping chez les athlètes (Nicholls & Polman, 2007). Selon Lazarus (1999), l’individu fait une première évaluation si la situation ou l’événement lui semble pertinent(e) quant à son but ou ses valeurs, et une seconde évaluation envers ses ressources disponibles afin de traiter la situation ou l’événement (Lazarus, 1999).

Le processus d’évaluation résulte d’une évaluation d’une menace, d’une perte, d’un challenge ou d’un bénéfice, qui dessine alors les émotions positives et négatives pou-vant être expérimentées par les athlètes en sport. Avec ce cadre d’étude, les chercheurs ont réfléchi à l’identification des différentes stratégies de coping utilisées par les ath-lètes pour traiter : les facteurs de stress, le pattern temporel des facteurs de stress et du coping (avant et pendant la compétition sportive), et l’identification de stratégies de coping considérées comme efficaces (pour de récentes revues sur le coping en sport, voir Crocker, Tamminen & Gaudreau, 2015 ; Nicholls & Polman, 2007). Pour plus d’in-formation à propos des processus d’évaluation et la CMRT de Lazarus (1999), nous vous invitons à consulter le chapitre sur les évaluations dans cet ouvrage.

La complexité concernant le stress et les facteurs de stress s’explique par le fait qu’il existe différents types de facteurs de stress, aussi bien au niveau personnel qu’interper-

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sonnel (Crocker et al., 2015). Les athlètes disent utiliser une large variété de stratégies de coping afin de gérer les facteurs de stress et les émotions en sport. Ces stratégies sont nombreuses et peuvent inclure : le fait de parler avec son entraîneur, ses coéquipiers ou tout autrui significatif à propos du stresseur ; la planification ; la résolution de pro-blème ; l’augmentation de l’effort ; la distraction ; le contrôle de l’excitation ; l’imagerie mentale ; l’humour ; la confrontation ; éviter autrui ; écouter de la musique ; réévaluer de la situation ; pleurer ou évacuer les émotions (voir Crocker, 1922 ; Nicholls & Polman, 2007).

Ces stratégies de coping variées peuvent également être catégorisées à un niveau d’ana-lyse macroscopique. Lazarus (1999) a effectué une distinction entre stratégies de coping en fonction de leur utilisation pour tenter et changer la situation (coping centré sur le problème) ou essayant de réguler l’émergence des émotions dans la situation stressante (coping centré sur les émotions). L’évitement est une autre catégorie incluant des stratégies telles que la distraction physique ou l’évitement cognitif (Carson & Pol-man, 2009).

Une autre taxonomie populaire du coping effectue une distinction entre coping orienté sur la tâche (consistant en l’imagerie mentale, la dispense d’effort, le contrôle des pen-sées, la recherche de support, la relaxation et l’analyse logique), coping orienté vers le désengagement (consistant à laisser libre cours aux émotions positives et au désengagement/à la résignation) ; et enfin coping orienté vers la distraction (consistant en la distanciation et la distraction mentale ; Gaudreau & Blondin, 2002 ; Gaudreau, Ali & Marivain, 2005).

Il est généralement admis qu’il n’y a pas de stratégie de coping efficace ou inefficace, puisque la valeur d’une stratégie de coping dépend d’un événement ou d’une situation particulière à laquelle l’athlète est confronté. Malgré tout, les chercheurs ont montré que la focalisation sur le problème et le coping orienté sur la tâche sont généralement associés avec des résultats positifs chez les athlètes (Doron & Gaudreau, 2014 ; Gau-dreau & Antl, 2008).

3. Régulation émotionnelle

Un des cadres théoriques les plus utilisés pour étudier la régulation émotion-nelle a été présenté par James Gross, qui décrit la régulation émotionnelle comme un processus au sein duquel les individus influencent les émotions qu’ils ressentent, le moment et le début du ressenti émotionnel, ainsi que l’expression émotionnelle (Gross, 1998). Les processus de régulation des émotions impliquent aussi bien des actions automatiques que contrôlées, qui peuvent intervenir avant, pendant et après l’émergence de l’émotion. La régulation émotionnelle inclut alors des efforts fournis en vue de minimiser l’émotion (e.g., essayer et parvenir à faire décroître l’anxiété avant une compétition), et également des efforts fournis pour essayer et parvenir à maintenir ou accroître l’émotion (e.g., essayer et réussir à maintenir ou accroître la joie ou la gratitude).

42 Chapitre 2 – Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport

Le modèle de Gross sur la régulation émotionnelle (1998) décrit cinq points dans le processus émotionnel au sein duquel les individus devraient essayer de réguler leurs émotions. Premièrement, les athlètes devraient prendre la décision d’effectuer une sélection de la situation, ce qui implique de choisir d’éviter ou d’aborder des situations particulières accroissant la probabilité de faire apparaître certaines émotions. Par exemple, un athlète pourrait éviter toute confrontation directe avec un équipier afin d’écarter tout ressenti d’anxiété ou de colère s’ils sont récemment entrés en conflit. La seconde option concernant la régulation émotionnelle s’identifie au travers de la modifi-cation de la situation, au sein de laquelle un individu tente de changer certains aspects de la situation afin de réguler ses émotions. Ce processus est similaire à celui du coping focalisé sur le problème, et inclut des stratégies comme la recherche d’information à pro-pos de la stratégie ou de l’entraînement afin de faire face à des problèmes relatifs à la performance. Le troisième type de régulation émotionnelle est le déploiement attention-nel, invoquant la focalisation ou la distraction d’un individu envers des aspects spéci-fiques de la situation, par exemple en parlant avec ses coéquipiers afin de minimiser l’anxiété avant une compétition, cet acte étant alors vu comme distrayant. Le quatrième type de régulation des émotions est celui du changement cognitif, impliquant le recadrage ou la réévaluation de la situation afin de changer les émotions d’un individu. La cinquième et dernière option pour la régulation de l’émotion inhérente au modèle de Gross consiste en la modulation de la réponse, entraînant des efforts de régulation de la réponse émo-tionnelle ou des comportements associés à l’émotion. Par exemple, après avoir subi un penalty injustifié, un athlète pourrait essayer de ne pas exprimer son émotion afin d’es-sayer et de parvenir à réduire sa colère. Malgré tout, il est également important de souli-gner que la modulation de la réponse peut inclure une expression des émotions deman-dant beaucoup d’efforts afin de tenter et de parvenir à augmenter leur fréquence, par exemple en souriant et en s’encourageant dans le but de maintenir des ressentis de joie.

La recherche portant sur la régulation émotionnelle en sport connaît un intérêt crois-sant, et les athlètes rapportent utiliser plusieurs stratégies de régulation considérées par le modèle de Gross (1998) afin de contrôler un large éventail d’émotions dans le domaine sportif. Par exemple, une étude sur des joueurs de tennis de table a révélé que les athlètes semblaient préférer certaines stratégies pour contrôler des émotions parti-culières, et que le déploiement attentionnel a été utilisé plus fréquemment durant la compétition (Martinent, Ledos, Ferrand, Campo & Nicolas, 2015). Ces athlètes ont éga-lement ressenti une plus grande facilité à gérer les émotions positives comparativement à des émotions négatives telles que le dégoût, le découragement et la colère, qui furent plus difficiles à gérer pendant la compétition. Des recherches expérimentales addition-nelles sur des golfeurs ont montré que l’utilisation de la distraction et de la réévaluation a contribué à prévenir les épisodes de panique lorsque l’athlète est sous pression (cho-king under pressure) (Balke, Adriaanse, de Ridder & Evers, 2013).

4. L’autorégulation

Une autre approche pour étudier le contrôle émotionnel relève d’un modèle d’au-torégulation et d’autocontrôle développé par Baumeister et collègues. Leur modèle a

43L’autorégulation

tenté d’expliquer pourquoi les individus échouent parfois dans le contrôle des pensées, émotions et actions qui perturbent le progrès envers les buts importants fixés à long terme (Bauer & Baumeister, 2011 ; Baumeister, 2002 ; Baumeister & Heatherton, 1996 ; Baumeister, Vohs & Tice, 2007). L’autorégulation implique trois caractéristiques clés (Baumeister & Heatherton, 1996 ; voir également Carver & Scheier, 1981), ces carac-téristiques étant également communes dans différents modèles du stress fondés sur l’évaluation cognitive et le coping. Premièrement, un individu développe des stan-dards internes représentant les buts, les valeurs et les idéaux. La personne guide ensuite automatiquement ou consciemment les incongruences entre ces standards, les comportements perçus et les actions. S’il y a un écart, des actions sont entreprises afin de le réduire, spécialement si les comportements de l’individu ne sont pas à la hauteur de ce standard. Un échec de l’autorégulation peut alors émerger en raison d’une sous-régulation et d’une régulation inadaptée impliquant les standards, le suivi et le processus d’action (Baumeister & Heatherton, 1996).

Baumeister (2002) a souligné la complexité de l’autorégulation qui inclut aussi bien des processus conscients qu’inconscients, bien que l’autocontrôle se focalise davantage sur une régulation consciente. Il a également maintenu l’idée que l’autocontrôle s’avérait nécessaire pour contrôler les pulsions et les tentations pouvant affaiblir l’efficacité du fonctionnement social et orienté vers le résultat. L’autocontrôle requiert alors des efforts et a une capacité limitée qui peut être entamée, voire épuisée au travers de mul-tiples processus. Parmi ceux-ci, nous pouvons noter l’accomplissement d’autres tâches nécessitant de l’autocontrôle, la fatigue, une nutrition inadéquate, un vécu émotionnel négatif ou d’autres facteurs tels que l’alcool (Baumeister et al., 2007). Cet état de fai-blesse est défini par le terme « ego depletion » (que l’on pourrait traduire par « épuise-ment de soi » ou « épuisement de l’ego »).

Il existe plusieurs caractéristiques principales de ce puissant modèle de l’autorégula-tion et de l’autocontrôle (Baumeister, 2002 ; Baumeister et al., 2007). Premièrement, il a une capacité limitée pouvant être réduite ou épuisée. Tout facteur amoindrissant sa capacité limitée peut impacter les pensées, les émotions et les actions. Si un athlète réalise une action demandant de l’autocontrôle, la performance en découlant sera cer-tainement réduite. Deuxièmement, la capacité d’autocontrôle peut être renouvelée via le repos, la relaxation, la nutrition et les émotions positives. Troisièmement, devoir réa-liser des activités nécessitant de l’autocontrôle n’épuise pas totalement les ressources, mais demande à l’individu de conserver ses ressources. Ainsi, la motivation peut influencer la performance en lien avec à un épuisement de soi. Quatrièmement, l’épui-sement de soi est une capacité générale produisant des effets dans plusieurs domaines. Ainsi, utiliser l’autocontrôle dans des relations interpersonnelles impactera, par exemple, la performance dans d’autres champs nécessitant un autocontrôle comme les comportements alimentaires, l’exercice et même la performance sportive. Cinquième-ment, la capacité d’autocontrôle peut être améliorée au travers de l’entraînement et grâce à l’expérience.

Il existe un large champ de recherche soutenant le principe que l’épuisement de soi est relié au modèle de l’autocontrôle. Une méta-analyse de 83 études réalisées par Hagger, Wood, Stiff et Chatzisarantis (2010) a montré que l’épuisement de soi prédisait des tailles d’effets significatifs pour l’effort, les affects négatifs, la difficulté perçue, la fatigue

44 Chapitre 2 – Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport

subjective et les niveaux de glucose sanguins. Cependant, aucun effet n’apparaissait sur les affects positifs. Il a été également montré qu’à la suite des tâches ayant épuisé l’auto-contrôle, la conservation des ressources au travers des encouragements motivation-nels était associée à un accroissement de l’autocontrôle. De récentes recherches avec des tâches d’activité physique comme la performance en fitness (Dorris, Power & Kene-fick, 2012) et en lancer de fléchettes (McEwan, Martin Ginis & Bray, 2013) consolident également le modèle de l’épuisement de soi.

Bien que la majorité des études sur l’autorégulation et l’épuisement de soi se focalisent sur la performance de réalisation d’une tâche et le comportement, il n’en demeure pas moins que cela s’associe à de nombreuses implications liées à la régulation des émo-tions. La régulation des émotions peut impliquer des processus conscients nécessitant de l’autocontrôle. Des preuves ont été apportées montrant que l’épuisement de soi était associé à l’accroissement de l’affect négatif (Hagger et al., 2010). De plus, Baumeister et Heatherton (1996) ont spécifié que les émotions négatives pouvaient également pro-duire un échec de l’autorégulation, probablement dû au fait que cela requiert des res-sources et fait baisser le contrôle attentionnel envers les buts les plus importants. Ils suggèrent néanmoins que des émotions sociales comme la culpabilité pouvaient faciliter l’autorégulation. Les comportements et pensées de « récupération/rattrapage » asso-ciés à la culpabilité peuvent diriger en effet les comportements et l’attention envers des objectifs de vie importants. Il existe de nouvelles preuves montrant que la régulation émotionnelle peut causer un épuisement de soi qui entraînerait une baisse de la perfor-mance sportive. En utilisant un plan expérimental incluant 20 athlètes de compétition, Wagstaff (2014) a montré que la suppression de réactions émotionnelles lors du vision-nage d’une vidéo provoquant des émotions négatives (un individu vomissant et man-geant ensuite son vomi) résultait en une performance cycliste inférieure de 10 km par rapport à la condition contrôle. Cette recherche, combinée aux propositions théoriques du modèle sous-tendant l’autorégulation et l’épuisement de soi, fait émerger d’intéres-santes ramifications quant à l’étude de la régulation émotionnelle en sport.

5. Perspectives théoriques émergentes sur la régulation émotionnelle et le coping

Les perspectives théoriques liées à la régulation émotionnelle et au coping décrites jusqu’ici se focalisent en premier lieu sur l’expérience, l’expression et la régulation des émotions des individus. Cependant, vivre et réguler les émotions sont par essence des processus sociaux (English, John & Gross, 2013). Examiner les émo-tions d’un point de vue social ou interpersonnel n’est pas nouveau (voir Hanin, 1989 ; Vallerand, 1983). Néanmoins, les théories émergentes se focalisant directement sur la dynamique interpersonnelle de la régulation émotionnelle et du coping sont promet-teuses quant à l’approfondissement de la compréhension des émotions en sport. Dans cette section, nous passons en revue de nouvelles perspectives prenant en compte la dimension sociale de la régulation émotionnelle et du coping.

45Perspectives théoriques émergentes sur la régulation émotionnelle et le coping

5.1. Régulation émotionnelle interpersonnelleLa régulation émotionnelle interpersonnelle considère les moyens au travers

desquels les individus tentent de réguler leurs propres émotions ainsi que celles émo-tions des autres personnes (Niven, Totterdell & Holman, 2009 ; Zaki & Williams, 2013). Niven et collaborateurs ont conceptualisé la régulation émotionnelle interpersonnelle comme étant les efforts pour essayer d’accroître ou de diminuer ses propres émo-tions (régulation émotionnelle intrinsèque) ou celles des autres (régulation émotionnelle extrinsèque).

Par exemple, un athlète peut essayer de regarder le bon côté des choses lors d’une situa-tion défavorable afin d’améliorer son humeur, ou bien il peut encore utiliser l’humour pour essayer de parvenir à améliorer l’humeur d’un coéquipier. À l’inverse, il peut ruminer à propos d’une situation stressante et ainsi aggraver sa propre humeur, ou alors ennuyer un de ses coéquipiers durant un entraînement ou une compétition pour que ce dernier se sente mal.

Zaki et Williams (2013) ont également présenté un cadre théorique de la régulation émotionnelle interpersonnelle qui délimite de manière plus conceptuelle la frontière entre régulation interpersonnelle intrinsèque et extrinsèque, et qui différencie égale-ment les processus dépendants et indépendants de la réponse émotionnelle. Pour ces auteurs, la régulation interpersonnelle consiste à fournir des efforts afin de réguler ses émotions au travers de processus sociaux, par exemple en recherchant du soutien ou en exprimant de la colère envers un tiers. La régulation extrinsèque consiste alors à fournir des efforts pour essayer de réguler les émotions d’autrui, par exemple en four-nissant du soutien à un coéquipier. Les processus dépendants de la réponse requièrent la réponse ou le feed-back d’une autre personne afin de réguler de manière réussie ses émotions, tandis que les processus indépendants à la réponse ne requièrent pas la réponse d’autrui. Ainsi, après un échec important, un athlète peut se sentir mieux après avoir pleuré et évacué ses émotions indépendamment de la réponse du coéqui-pier (régulation intrinsèque indépendante). Cependant, un autre athlète peut se sentir mieux après avoir pleuré et ventilé ses émotions seulement si le coéquipier procure une réponse d’empathie et de consolation (régulation intrinsèque dépendante). Ainsi, la régulation émotionnelle interpersonnelle procure un moyen d’étudier les buts et les comportements des athlètes qui sont associés à la régulation de leurs émotions et de celles d’autrui.

Quelques soutiens à la régulation émotionnelle interpersonnelle et ses conséquences sur la performance et le fonctionnement d’équipe existent dans le domaine du sport. Tammimen et Crocker (2014) se sont penchés sur les efforts fournis par les joueurs professionnels de curling afin de réguler leurs émotions ainsi que celles de leurs équi-piers durant une saison entière. Les athlètes ont rapporté un certain nombre de straté-gies utilisées pour essayer et parvenir à réguler les émotions de leurs équipiers. Parmi elles figuraient : l’humour, qui avait pour but d’alléger l’humeur générale de l’équipe ; recentrer les coéquipiers sur leurs états émotionnels durant des situations de jeu ; don-ner des feed-back positifs ou techniques plutôt que des feed-back négatifs ; et enfin engager des actions prosociales ou indirectes afin de contenir l’entourage et protéger les coéquipiers des facteurs de stress potentiels.

46 Chapitre 2 – Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport

Les stratégies de régulation émotionnelle interpersonnelle changent en fonction du contexte (e.g., débriefing post-compétitif en équipe vs en face-à-face entre coéquipiers) et ont été influencées par le temps passé par le groupe au sein de la compétition, par la dynamique de l’équipe, les rôles de leadership et l’étendue selon laquelle les athlètes ont recherché du soutien auprès des autres ou en dehors de l’équipe. Une recherche de Wagstaff et collègues (2012) suggère également que la régulation émotionnelle inter-personnelle est importante pour le fonctionnement des dirigeants dans les fédérations sportives.

De prochaines recherches devraient explorer les liens entre régulation interperson-nelle et résultats, comme la satisfaction due au sport, l’engagement et la cohésion de groupe (McEwen, Tamminen & Crocker, 2013 ; Tamminen, McEwen, Gaudreau & Croc-ker, 2014). Elles devraient également identifier quels athlètes sont le plus à même d’améliorer ou de dégrader les émotions de leurs coéquipiers (Tamminen, McEwen, Gaudreau & Crocker, 2015). Bien que ces idées constituent actuellement un champ de recherche émergent, les approches conceptualisant la régulation émotionnelle comme un processus social ou interpersonnel pourraient permettre de mettre en valeur les fonctions régulatoires des interactions ayant lieu entre les coéquipiers les plus efficaces dans l’optimisation du fonctionnement d’équipe et de la performance collective dans le contexte sportif.

5.2. Coping dyadiqueLe coping dyadique est une manière de conceptualiser les relations et l’inter-

dépendance dans les réponses de coping entre les individus confrontés à un facteur de stress commun (Revenson & DeLongis, 2011). Le coping dyadique peut être étudié de différentes façons : (a) en examinant la congruence des stratégies de coping entre les membres de la dyade, (b) en examinant les effets du coping d’un partenaire sur le coping du second, ainsi que l’ajustement des stratégies de coping entre les membres de la dyade (Bodenmann, Meuwly & Kayser, 2011), ou (c) en tant qu’approche colla-borative, où les membres de la dyade prennent part ensemble au processus de coping face au facteur de stress (Berg et al., 2008). Une perspective complémentaire est celle du coping orienté sur la relation, où les membres de la dyade s’engagent dans « un effort cognitif et comportemental ayant pour visée de contrôler et maintenir la relation sociale durant les épisodes stressants » (Revenson & DeLongis, 2011, p. 105). L’objectif principal du coping dyadique est de comprendre la manière dont le binôme fait face aux facteurs de stress dans le contexte de leur relation, reconnaissant ainsi que les efforts de coping utilisés par les individus n’existent pas en dehors de l’interaction avec leur partenaire.

Actuellement, il n’existe pas réellement de recherche en sport ayant spécifiquement abordé l’approche dyadique du coping en sport. Certaines études ont illustré l’influence des parents sur l’utilisation de stratégies de coping par des athlètes adolescents lorsqu’ils devaient se confronter à des facteurs de stress compétitifs (Lafferty & Dor-rell, 2006 ; Tamminen, McEwen & Crocker, 2016). A également été abordée la relation entre la perception des athlètes concernant les comportements de coaching, les straté-

47Perspectives théoriques émergentes sur la régulation émotionnelle et le coping

gies de coping utilisées durant une compétition, et les résultats sportifs (Nicolas, Gau-dreau & Franche, 2011). Bien que ces études démontrent qu’une tierce personne peut influencer le coping chez les athlètes, les chercheurs ne se sont pas encore penchés sur l’aspect du coping dyadique où deux individus seraient confrontés ensemble à un fac-teur de stress. Les avancées méthodologiques dans la modélisation statistique des don-nées dyadiques aideront à faire avancer les connaissances dans ce champ d’investiga-tion (Gaudreau, Fecteau & Perrault, 2010b). Le domaine du sport semble offrir un cadre naturel à l’étude du coping dyadique, puisqu’il existe de nombreux sports au sein desquels un binôme d’athlètes doit s’entraîner, performer et faire face ensemble à des facteurs de stress, et ce, de manière indépendante mais dans une visée d’atteinte de buts mutuellement partagée. Les facteurs de stress affectant un athlète sont à même d’affec-ter son/sa partenaire, et étudier les processus de coping interactif au travers des dyades en sport peut aider à identifier les processus interpersonnels adaptatifs et ayant tendance à mener à des résultats positifs.

5.3. Coping coopératif (« communal coping »)

Tandis que le coping dyadique examine la façon dont deux individus affrontent ensemble un facteur de stress, le coping coopératif prolonge cette perspective en prenant en compte la manière dont un groupe affronte un facteur de stress (Lyons, Mickelson, Sullivan & Coyne, 1998). Le coping coopératif dépend de l’orientation col-lective partagée par les membres du groupe envers les besoins des autres, et implique une évaluation cognitive psychosociale du facteur de stress comme étant « notre » problème, plus qu’un problème vu comme étant « le mien » ou « le tien », et qu’il faudrait résoudre de manière individuelle. Afifi et collègues (2006) ont décrit plusieurs manières au travers desquelles les individus peuvent affronter les facteurs de stress.

Ceci inclut : (a) le coping individuel, qui survient lorsqu’une personne affronte seule un facteur de stress (e.g., un athlète devant faire face aux responsabilités sportives, sco-laires et familiales) ; (b) la recherche de soutien et de contagion, où une personne affronte un facteur de stress mais cherche néanmoins un soutien chez les autres afin d’y faire face (e.g., un athlète recherchant du soutien chez un coéquipier afin qu’il l’aide à faire face à ses problèmes de performance) ; (c) le soutien direct, où un individu peut être confronté à devoir de prendre des responsabilités au nom du groupe dans le faire-face au facteur de stress (e.g., un athlète est confronté à ses attitudes négatives et à leur impact sur le reste de l’équipe) ; (d) le coping parallèle, où plusieurs personnes font face à un facteur de stress collectif, mais où certains membres seulement prennent des res-ponsabilités afin d’y faire face (e.g., le capitaine d’équipe prend des responsabilités pour approcher l’entraîneur afin de parler de problèmes liés à l’entraînement ou au temps de jeu affectant l’équipe entière) ; et, finalement, (e) le coping coopératif, où tous les mem-bres du groupe font face au facteur de stress collectivement et voient cela comme « notre » problème, qui doit être traité comme un problème groupal (e.g., une équipe d’athlètes qui s’engage dans la résolution d’un problème d’équipe pour résoudre des conflits ou des problèmes de communication). Le coping coopératif offre de larges pers-pectives qui concernent l’évaluation des facteurs de stress, le processus de communica-

48 Chapitre 2 – Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport

tion et la coordination d’actions afin de faire face aux facteurs de stress dans le contexte du groupe ou de l’équipe.

Il existe plusieurs cadres théoriques prometteurs quant à l’étude, dans le contexte spor-tif, des émotions et de la régulation émotionnelle comme processus psychosociaux qui répondent aux perspectives de recherches énoncées antérieurement quant au besoin d’études sur les émotions en sport mobilisant un cadre psychosocial (Vallerand, 1983). En s’occupant des dynamiques sociales inhérentes à l’expérience, à l’expression et à la régulation émotionnelle, ces perspectives offrent des voies novatrices de conceptualisa-tion et de recherches dans le champ des émotions en sport.

Conclusion

Les concepts clés traités dans ce chapitre incluent des mécanismes de défense, les stratégies de coping, la régulation émotionnelle, la régulation interpersonnelle, et le coping dyadique et coopératif. Les mécanismes de défense sont des processus incons-cients ayant pour but de protéger l’ego et l’intégrité d’un individu (Cramer, 2000), tandis que le coping fait référence à des efforts conscients mis en place pour faire face à des facteurs de stress évalués comme puisant dans les ressources d’un individu (Lazarus, 1999).

Les athlètes rapportent un large éventail de stratégies de coping généralement catégo-risées comme : coping centré sur le problème, centré sur l’émotion, ou encore d’évite-ment (Nicholls & Polman, 2007). Une catégorisation alternative classifie aussi les stra-tégies de coping comme étant orientées sur la tâche, orientées sur le désengagement, ou bien encore orientées sur la distraction (Gaudreau & Blondin, 2002).

La régulation émotionnelle (Gross, 1998) s’avère quant à elle être un cadre théorique plus large en ce qui concerne la conceptualisation de la manière dont chaque individu contrôle ses émotions, et inclut cinq points de régulation de l’émotion : la sélection de la situation, la modification de la situation, le déploiement attentionnel, le changement cognitif, et la modulation de la réponse. Un autre modèle, celui de l’autorégulation et de l’autocontrôle (Baumeister et al., 2007), propose des explications conscientes et non conscientes en ce qui concerne l’attribution de l’échec dans la régulation de la pensée, des comportements et des émotions chez les individus. L’autocontrôle est considéré comme une ressource limitée, et, quand celle-ci est épuisée, les individus réaliseraient une performance médiocre.

La régulation émotionnelle interpersonnelle (Niven et al., 2009 ; Zaki & Williams, 2013) est un autre concept clé qui concerne la régulation des émotions dans un contexte social, et qui peut inclure des efforts pour tenter d’améliorer ou de détériorer ses propres émotions ou celles d’une autre personne. Le coping dyadique et le coping coo-pératif se réfèrent aux efforts d’un binôme ou d’un groupe d’individus faisant face à des facteurs de stress de manière collective, en tant que groupe (Bodenmann et al., 2011 ; Lyons et al., 1998).

49Résumé

La recherche sur la régulation émotionnelle et le coping en sport suggère que les évalua-tions cognitives des athlètes concernant les facteurs de stress sont très importantes pour déterminer quelles stratégies de coping ils vont utiliser afin de faire face à la situa-tion. Certaines stratégies seront efficaces dans une situation et inefficaces dans une autre. Cependant, les stratégies de coping centrées sur le problème ou orientées sur la tâche/l’engagement ont été associées avec des résultats positifs chez les athlètes. Par ailleurs, la réévaluation cognitive, la distraction et la régulation physiologique (e.g., relaxation, respiration profonde) apparaissent comme étant des stratégies de régula-tion utiles pouvant aider les athlètes à affronter la pression pendant une performance. Bien que les recherches sur la régulation émotionnelle interpersonnelle et le coping dyadique ou coopératif en sport soient limitées, les stratégies promouvant un fonction-nement d’équipe positif sont plus à même d’inclure celles qui se focalisent sur la com-munication positive entre les membres de l’équipe et sur les approches collaboratives afin de faire face aux facteurs de stress en tant qu’équipe.

Résumé

S’il est désormais admis que les émotions exercent une influence importante sur la performance, l’apprentissage et la santé, la capacité à contrôler les émotions apparaît comme une question centrale en sport. Sujet étudié depuis de nom-breuses années, différents concepts ont été élaborés et sont actuellement utilisés dans les recherches en psychologie des émotions, s’accompagnant parfois de quelques confusions. Ce chapitre propose d’effectuer un panorama des différentes théories et des modèles principaux de la régulation émotionnelle utilisés dans le contexte sportif, ainsi qu’un partage autour des perspectives se dessinant actuel-lement au sein de la recherche dans le domaine des émotions en sport.

50 Chapitre 2 – Concepts principaux de la régulation émotionnelle en sport

Questions pour mieux retenir… et mieux réfléchir

– Quand vous avez été confronté à une situation stressante en sport, qu’avez-vous fait dans cette situation ? Avez-vous utilisé les stratégies de coping orientées sur la tâche, sur la distraction ou sur le désengagement ?

– Quel impact le coping de vos coéquipiers a-t-il sur vous lors de la compétition ? Pensez-vous que vos coéquipiers vous aident à affronter les facteurs de stress en sport ?

– Comment vos coéquipiers ou entraîneurs expriment-ils leurs émotions en sport ? Est-ce que leurs expressions émotionnelles influencent vos propres émotions en sport ? Les expressions émotionnelles des autres ont-elles une influence négative ou positive sur vous-même ?

– Trouvez-vous cela stimulant d’avoir à faire face aux émotions de vos coéquipiers en sport ? Comment contrôlez-vous vos propres émotions et les leurs pendant les compétitions ?

Termes clés

Mécanismes de défense, Coping, Régulation émotionnelle interpersonnelle, Coping dyadique et coopératif

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Mickaël Campo est maître de conférences en psychologie du sport à la faculté des sciences du sport de Dijon, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC). Membre du laboratoire Psy-DREPI (SPMS/Psy-DREPI, EA 4180), ses recherches portent sur les processus psychosociaux liés à l’expérience émotionnelle. Éditeur de la section sciences de l’entraînement pour le Rugby Science Network de la fédération internationale de rugby (World Rugby), la particularité de ses travaux se situe dans la compréhension de la spécificité des vécus émotionnels dans des contextes de groupe (compétition en sports collectifs, apprentissage en groupe, etc.).

Benoît Louvet est maître de conférences en psychologie du sport au laboratoire CETAPS (EA3832) au sein de la faculté des sciences du sport et de l’éducation physique de Rouen, Normandie Université. Ses recherches portent sur le stress, les émotions et les stratégies de coping dans le domaine de la performance des athlètes et de l’enseignement en EPS. Ancien arbitre national de football, une partie de ses travaux trouvent leur originalité dans la compréhension de la relation émotions-arbitrage en sport.

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