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LES ECHOS DE SAINT-MAURICE Edition numérique Jean-Bernard SIMON-VERMOT Chronique de l'Abbaye Dans Echos de Saint-Maurice, 2003, tome 98a, p. 2-16 © Abbaye de Saint-Maurice 2014

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LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Edition numérique

Jean-Bernard SIMON-VERMOT

Chronique de l'Abbaye

Dans Echos de Saint-Maurice, 2003, tome 98a, p. 2-16

© Abbaye de Saint-Maurice 2014

2 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

Les mois passent… de la Toussaintà Pâques, que d’événements. Il n’est pasquestion de tout relater : juste de quoise rafraîchir la mémoire… et le cœurpour se rappeler que, sous la grisaille duquotidien, Dieu est là, invisible, noussollicitant sans bruit, agissant mystérieu-sement en nous et dans le monde.

Premier novembre 2002

En la fête de la Toussaint,Mgr Benoît, un évêque du Togo, nousfait la joie de sa présence ; en concélé-brant avec nous, à la fin de la messe, iladresse aux fidèles quelques paroles cha-leureuses, ce qui, comme si l’on était enAfrique, lui attire des applaudissements !En communauté, il nous donne des in-formations sur les sept diocèses du Togo,qui totalisent 50 séminaristes.

Samedi 2 novembre

On se souvient de l’« ExpéditionGroenland » à laquelle prirent part, sousla responsabilité de notre confrère An-toine Salina, une trentaine de jeunes ducollège et d’ailleurs en juillet-août der-nier : un écho enthousiaste en est donnésamedi et dimanche au collège à plu-sieurs centaines de personnes, des vuesdiaporama à l’appui.

Vendredi 8 novembre

Ces vendredi, samedi et dimanche,une exposition « Portes ouvertes aux ar-chives », présentée dans les vitrines ducollège attire près de 2’000 visiteurs. Levendredi 8 a été l’occasion d’une con-férence de presse pour présenter l’expo-sition et annoncer l’ouverture officielledu site Internet de nos archiveswww.aasm.ch. Le vernissage de l’expo-

CHRONIQUE DE L’ABBAYE

Mgr Henri Salina a pris la parole pourremercier les donateurs et leur remettre une

clef symbolique des archives.

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sition, ce vendredi 8 toujours, a permisà l’Abbaye et à la Fondation des archi-ves de remercier les principaux dona-teurs par la remise des fameuses « clefs »promises depuis longtemps. 74 clefs ontété distribuées au cours d’une cérémo-nie animée par la trompette de DarioMaldonado et au cours de laquelle sesont exprimés NNSS. Joseph Roduit etHenri Salina, Mme Françoise Vannottiet MM. Olivier Roduit, Remo Becci etRaymond Lonfat. La presse a largementcouvert cet événement important pournos archives.

La mémoire du passé est indispen-sable pour bien vivre aujourd’hui ets’orienter vers l’avenir, car, comme le di-

sait un confrère maintenant décédé,« l’avenir de notre abbaye est dans sonpassé ».

Dimanche 10 novembre

À l’occasion de la « Journée despeuples », le mouvement Parole et Mis-sion organise une rencontre mission-naire au collège de l’abbaye. Les confé-rences, les échanges, les chants créentun esprit d’ouverture, de dialogue,d’amitié bien nécessaire dans un mondede plus en plus menacé par un dange-reux repli sur soi. Climat d’ouverturequi se traduit aussi dans la liturgie : unemesse de rite maronite est célébrée à labasilique en arabe, sauf la consécrationqui est chantée en araméen, la languevivante du temps du Christ.

Vendredi 15 novembre

Un remarquable Oratorio en l’hon-neur du bienheureux Maurice Tornay,notre confrère du Grand-Saint-Bernardmartyrisé en 1949 au Tibet attire un trèsnombreux public. Cet oratorio, Le Curéde Yerkalo, évoque la vie de celui qui sen-tit très vite l’appel du Seigneur à se don-ner entièrement à lui : son enfance à LaRosière, ses études au collège de Saint-Maurice, son entrée à l’Hospice duGrand-Saint-Bernard, sa maladie, puisson départ en mission dans les marchestibétaines, son dévouement auprès deses paroissiens, enfin l’hostilité des la-mas et sa mort dans une embuscade. Ilpasse dans cette musique et ces chantsun souffle intense d’idéal, de foi, d’élanjoyeux vers la sainteté. Le texte, écrit parJacques Darbellay, plein de poésie, sou-vent d’humour et de pittoresque, de ten-sion dramatique aussi, est bien mis en

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valeur, sur une musique d’Oscar Lagger,par un orchestre et plusieurs chœursvillageois — en tout 150 « acteurs ».C’est dire l’ampleur de cet oratorio.Même si on peut regretter que les der-niers passages reflètent une conceptionde la mission quelque peu dépassée de-puis Vatican II, ce qui était inévitable àl’époque et vu lapersonnalité dub i enheureuxMaurice, cetoratorio nouslaisse le témoi-gnage ardentd’un religieux etd’un prêtre dé-cidé à « allerjusqu’au boutde lui-même »au service deDieu et de sesfrères. À preuvele succès qu’ilconnut, le len-demain encore,ainsi qu’àOrsières la se-maine suivante.

Des travaux dans l’Abbaye

Dans la seconde moitié de novem-bre, les travaux de restauration de l’ailecentrale de l’abbaye entrent dans unephase intense : des ouvriers manœu-vrant de bruyants marteaux-piqueurséventrent le dallage du rez-de-chausséepour installer de nouvelles conduites.Les semaines suivantes seront générale-ment plus silencieuses. On voit souventla grue géante tourner par-dessus le toitpour apporter ciment, tubulures et

autres instruments ; une cage d’escaliersest construite à neuf, la toiture sera bien-tôt entièrement refaite. Encore quelquesmois et une nouvelle salle du chapitresera prête pour nos réunions, des cham-bres commodes et claires accueillerontles novices au deuxième étage, et au troi-sième, des hôtes et des confrères. Notre

« chanoine-architecte » Claude Martin,qui a l’œil attentif sur le chantier, donneà l’occasion des conseils avisés, et pro-fite de ces travaux pour se plonger dansl’histoire des constructions de l’abbaye :ce qui nous vaut un bel album illustréde photos et de schémas racontant cettehistoire depuis l’incendie qui a ravagé àla fois l’abbaye et la ville en 1697.

Vendredi 22 novembre

Le groupe Saints Nicolas etDorothée de Flüe propose à une cin-quantaine de participants trois jours de

L’ancienne bibliothèque abbatiale sera transformée en salle capitulaire.

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réflexion et de prière sur les problèmesactuels de la pauvreté et de la souffrancedans le monde. C’est un appel à la foiet à l’engagement des chrétiens œuvrantdans les milieux économiques et politi-ques. Logés au Foyer franciscain, ilsviennent à la basilique pour l’Eucharis-tie célébrée samedi par Mgr Joseph Ro-duit et dimanche par Mgr HenriSchwery. Au collège, des conférences etdes témoignages entre autres par le DrXavier Emmanuelli, fondateur de Mé-decins sans frontière, par le professeurXavier le Pichon, géophysicien et parDominique Lambert, professeur enBelgique montrent comment la doc-trine sociale de l’Église peut donner unjuste éclairage aux problèmes actuels dumonde économique, politique et cul-turel.

Samedi 23 novembre

Le soir à la basilique, l’Ensemblevocal, pour la Sainte Cécile, donne unconcert spirituel : la messe de Duruflé,des pièces de César Franck et d’OlivierMessiaen créent une belle atmosphèrereligieuse.

Mardi 26 novembre

Dans une session d’une journée àLa Pelouse, les textes de la Passion desmartyrs d’Agaune par saint Eucher sontétudiés par les Sœurs de Saint Mauriceet quelques confrères de l’abbaye, avecdes exposés de Jean-Claude Crivelli etYannick-Marie Escher. Ce qui permetà tous, en se plongeant à nouveau dansnos origines, de mesurer tout ce que laspiritualité du martyre nous apporteaujourd’hui. Cette réflexion se poursui-vra le 25 mars, jour de l’Annonciation,

dans une rencontre qui nous donnerale goût de continuer cette « formationpermanente » à propos de tous les as-pects de notre vocation.

Du 25 au 29 novembre

Une Semaine culturelle armé-nienne organisée au collège pour les étu-diants intéresse également la commu-nauté ainsi que, pour certaines séances,les gens de ville. Des conférences, desexposés, des projections, des chantsnous font découvrir les grandeurs, lesluttes et les épreuves de la civilisationlargement méconnue du peuple armé-nien, qui a été christianisé dès le pre-mier siècle, alors qu’il avait déjà 1000ans d’histoire. Le contact avec plusieursArméniens venus nous parler de leur vieet de leur pays, ou encore ce prêtre ar-ménien chantant au chœur des hym-nes religieuses, nous ont rendue trèsproche l’âme de ce peuple.

Samedi 7 décembre

Une veillée de prière préparatoireà la fête de l’Immaculée-Conception(célébrée lundi vu que le 8 est diman-che de l’Avent) commence à l’égliseSaint-Sigismond par une méditation surle thème de l’eau, symbole de la vie, ets’achève en notre basilique par l’Eucha-ristie présidée par Mgr Brunner ;Mgr Roduit, lui, s’est rendu à Sion pourles mêmes célébrations mariales :échange qui est le signe de la bonneentente entre le diocèse et le territoireabbatial.

Dimanche 8 décembre

Comme chaque année en Avent,l’Orchestre du Collège et des Jeunesses

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Musicales de Saint-Maurice donne unconcert de Noël très attendu : des piè-ces de Hummel, Ives, Haydn et deSchumann, avec une prestation remar-quable du jeune violoncelliste XavierPignat, apportent beauté et joie festiveaux nombreux auditeurs présents.

Lundi 9 décembre

Nous accueillons un évêque grecorthodoxe, Mgr Iakovos, métropolite deNauplie dans le Péloponèse, accompa-gné d’un moine, professeur de théolo-gie et d’un laïc. Ils sont venus dans l’es-poir de retrouver les reliques d’un saintévêque de leur pays qui aurait passé àAgaune au VIIIe siècle. Vaines recher-ches… ils ne repartent pas cependantsans nous laisser du miel et du vin deGrèce.

Jeudi 19 décembre

La période des cours s’achève parune messe pour les étudiants, chantée

en bonne partie en anglais par un en-semble vocal ad hoc ; demain, ce serapour eux le début des vacances de Noël.

Samedi 21 décembre

Nouveau concert, inhabituel celui-là : le Chœur d’Angleterre - Tenebrae faitentendre à la basilique des chants deNoël, Christmas Music, dont la mélodieet les accords, allant d’une extrême dou-ceur à de violentes dissonances, sontd’un effet prenant.

Mardi 24 décembre

Le soir, l’Office des Vigiles nousprépare à la joie de Noël. Il est suivi,pour ceux qui ne vont pas en ministèreen paroisses, par une collation au réfec-toire du noviciat. Frère Paul, dontl’étonnante mémoire est sans dé-faillance, l’agrémente en récitant parcœur une suite de fables de La Fontaine.À la messe de minuit, le Père Abbé pré-sente le mystère de Noël comme « unenaissance, une renaissance et une recon-naissance ».

Le lendemain la messe dela Nativité est chantée en gré-gorien par la communauté — ycompris, par des solistes, le gra-duel Viderunt omnes fines terraedont les volutes mélodieuses sedéroulent et s’étalent commepour exprimer une allégresse quiembrasse la terre entière : « tousles pays ont vu le salut de notreDieu, chante pour le Seigneur,terre entière ».

Samedi 28 décembre

Le Noël des aînés, à l’In-ternat, rassemble une centaine

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de personnes âgées qui passent d’agréa-bles moments, grâce aux productions duChœur-Mixte et de la fanfarel’Agaunoise.

Mardi 31 décembre

Nous marquons le passage de lanouvelle année par une veillée de prièrequi s’ouvre par le chant des Vigiles dela fête de Sainte Marie, Mère de Dieu.Puis, devant la crèche que Sébastiennotre novice a préparée avec beaucoupde goût, dans le climat d’harmonie etde simplicité qu’elle crée si bien, nousécoutons la lecture intégrale, entrecou-pée de chants, de l’évangile de saintMarc — il fallait marquer l’année bi-blique qui commence ! La veillée

s’achève par une adoration silencieusedevant le Très Saint Sacrement. Aprèsla messe du jour, le lendemain, une heu-reuse innovation : tout le clergé souhaitela bonne année aux fidèles, devant leporche de l’église, par un soleil éclatant

enfin revenu après une série de pluie etde brouillard.

Jeudi 2 janvier

La grande majorité des confrèressont réunis à l’abbaye pour l’échangetraditionnel des vœux et pour une brèvesession capitulaire fixée au matin de cejour. Après un message spirituel du PèreAbbé, des informations sur la restaura-tion de la basilique nous sont commu-niquées par Jean-Claude Crivelli, pré-sident de la commission de restauration.Un nouveau projet a été élaboré sur labase des réponses à un questionnaire,explique ensuite par François Roten, etle feu vert est donné à la commissionpour continuer son travail. La matinée

s’achève par la messe conven-tuelle ; dans son homélie, aprèsnous avoir souhaité espérancepour l’année qui débute, lePère Abbé s’inspire de l’exem-ple d’amitié entre saint Basileet saint Grégoire, fêtés ce jour,pour encourager chacun à ap-profondir la communion fra-ternelle en se mettant au ser-vice de tous selon ses dons.

Samedi 4 janvier

Après le repas de midi,nous accueillons les autoritéscommunales de Saint-Mauricepour les vœux annuels.Mgr Roduit donne à nos hô-

tes un reflet de notre vie communau-taire, et le président de ville,M. Georges-Albert Barman, exprime enleur nom des souhaits cordiaux ; au con-tact de tous ces conseillers, les problè-mes de la cité — l’intégration des

L’évangéliste saint Marc à sa table de travail.Bible imprimée à Jena en 1594. © AASM.

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Kosovars par exemple —, deviennentpour nous réalité plus concrète. Aprèsnous avoir quittés, ils poursuivent leurtournée à la Clinique Saint-Amé, puischez les Sœurs de Saint-Augustin et chezles Pères capucins.

Lundi 6 janvier

Reprise des classes et de l’horairehabituel, mais la liturgie prolonge le cli-mat festif de Noël jusqu’à la fête duBaptême du Seigneur.

Samedi 11 janvier

Récollection mensuelle : notre con-frère Grégoire Rouiller vient de Fribourgnous faire un exposé sur le Pentateuque,choix motivé par l’année biblique danslaquelle nous entrons. Les questionsexégétiques — elles ne manquent pas— dans le cadre d’une retraite sontavant tout un tremplin pour la lectiodivina, l’approfondissement personnelde la Parole de Dieu dans l’écoute del’Esprit Saint.

Lundi 13 janvier

Une bonne nouvelle nous réjouit :un jeune Alsacien, Frédéric Trautmann,qui a achevé ses études de théologie àStrasbourg et à l’université de Fribourg(licencié en théologie) a demandé à par-tager notre vie canoniale ; il a été admisau postulat et viendra avant Pâques ; Sé-bastien Fourcault, Alsacien lui aussi etmaintenant novice, aura ainsi un com-pagnon de son pays.

La vague de froid qui s’étend surtoute l’Europe nous vaut enfin un hi-ver digne de ce nom : la neige resteraen plaine plusieurs semaines, à la grandesatisfaction des stations touristiques.

Mercredi 15 janvier

Lors d’un café-contact, Guy Luisiernous donne des détails intéressants surla « randonnée spirituelle » qu’il a faitedans le désert du Hoggar au sud du Sa-hara algérien avec un groupe de pèle-

rins ; avec une marche jusqu’à l’ermi-tage du Père Charles de Foucauld dansl’Assékrem, ils ont été plongés pendantquinze jours dans sa spiritualité de dé-pouillement.

Jeudi 16 janvier

Passage de Mgr Lucas, évêque d’undes 18 diocèses du Ghana, accompagnépar un Spiritain valaisan, le père PatriceGasser. Ils concélèbrent avec nous, ce

Frère Serge, notre caviste, a fêté 50 ans deprofession le 11 janvier 2003.

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qui crée un lien de prière et de sympa-thie entre les Africains de ce pays etnous, lien renforcé au repas du soir parun climat très convivial, à l’issue duquell’évêque offre à notre Père Abbé un épaiscoussin en peau de chèvre rouge, typi-que de l’art ghanéen, orné d’une croixqui rappelle… celle de saint Maurice.Quelques jours auparavant, nous avionsla visite du Père Michel Rai, vicaire gé-

néral de Mgr Stephan Lepcha, évêquede Darjeeling ; il avait conduit une pe-tite fille infirme à Bâle, où elle devaitsubir une opération.

Mercredi 22 janvier

C’est au tour du Conseil d’Étatvalaisan, auquel s’adjoignent les autori-tés ecclésiastiques de Sion et du Grand-Saint-Bernard, à venir comme chaqueannée pour l’échange mutuel des vœux.Nos hôtes partagent notre repas de midi,au cours duquel Mgr Roduit souligne

avec satisfaction les relations justes etharmonieuses qui existent entre l’Égliseet l’État dans notre canton.

Dimanche 2 février

En la fête de la Présentation duSeigneur au Temple, les religieux et re-ligieuses du Bas-Valais se rassemblent àla basilique pour la célébration des lu-mières. La bénédiction et la procession

des cierges sont sui-vies des seules vêprescette année, la messedominicale ayant étéchantée ce matin.Beau symbole de laconsécration reli-gieuse que cette mar-che dans la lumièreen union avec l’of-frande de Jésus auTemple, comme lerappelle le Père Abbéà l’homélie. La soirées’achève par une ren-contre et une colla-tion au Foyer francis-cain.

Samedi 8 février

Pour animer la récollection men-suelle, notre confrère Paul Mettan nousparle de Jonas, « un grand petit pro-phète ». En préambule, il fait quelquesmises au point exégétiques de ce texteplein d’humour que certains peuventencore être tentés de comprendre dansun sens trop littéral. Puis il nous inviteà une lectio divina de cette sorte de pa-rabole savoureuse qui annonce le des-sein de salut universel révélé par leChrist.

La cérémonie du 2 février a commencé dans les corridors del’Abbaye par la bénédiction des cierges.

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Samedi 22 février

Des adolescents de la paroisse deBex viennent à Saint-Maurice pour unepetite retraite animée par Yannick-Ma-rie Escher, qui est auxiliaire dans cetteparoisse à côté de ses études à l’univer-sité de Fribourg. Ils se préparent à rece-voir le sacrement de confirmation etparticipent aux vêpres et à l’Eucharistiede la communauté ainsi que, le lende-main, à nos offices des laudes et des lec-tures. Ces jeunes pleins de vie et de piététiennent à nous rencontrer : nous lesaccueillons avec joie après dîner. La se-maine suivante, un autre groupe lesimite à son tour.

Nos hôtes

Au début février, notre confrère etami Patrice Esquivié vient passer plu-sieurs jours de repos dans la commu-nauté, après une grave opération à Ge-

nève ; nous sommesheureux de le retrou-ver et de le voir mal-gré ses infirmités pré-sent à nos offices li-turgiques.

Dans le cours dumois, de nombreuxhôtes s’arrêtent à l’ab-baye : mercredi 12,un prêtre jordanien,M g r K h a l e dAkasheh, responsabledes contacts avec l’Is-lam au sein du Con-seil pontifical pour ledialogue entre les re-ligions passe un soirchez nous avant de se

rendre à l’abbaye d’Hauterive pour unerencontre entre des musulmansSoufis et le groupe de dialogueinterreligieux monastique (DIM) deSuisse romande. Il est accompagné parun Frère de Tamié, qui nous laisse quel-ques fromages appréciés de son monas-tère. Le 28, un évêque de Madagascar,Mgr Félix s’arrête dans notre abbaye etnous donne des nouvelles de la grandeÎle. Des nouvelles circonstanciées et,après les crises passées, plutôt réjouis-santes : au point de vue politique, la paixest enfin revenue, et beaucoup d’espoirest mis dans le nouveau président,M. Marc Ravalomanana. Quant auxchrétiens, ils travaillent ensemble, quelleque soit leur confession, pour le biendu peuple. L’Église catholique, s’inspi-rant de l’encyclique de Paul VI sur « ledéveloppement des peuples », vise avanttout à une formation des personnes enprofondeur et dans l’ouverture à tous

Les chanoines André Abbet, Marcel Dreier et Marcel Heimo.

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les problèmes humains. Autre venue :celle de Mgr Rey, évêque de Toulon-Fréjus, et un peu plus tard, d’un Béné-dictin d’Autriche.

Du jeudi 20 au dimanche 23 février

En cette finde semaine, un sé-minaire prenantpour thème :« Souffrance deDieu au Moyen-Orient, Espérancedu Royaume ? » estorganisé dans le ca-dre de l’abbaye etde la Maison de laFamille à Vérolliezpar Mgr Roduit etplusieurs responsa-bles d’Église. Pourrappeler aux chré-tiens nos « racineshébraïques », maisaussi pour sensibi-liser aux dramesactuels qui déchi-rent ces régions, onavait fait appel à des témoins venant deces pays : le Père Jacob Abdel Nour, curéde Bethléem, ainsi qu’un juif messiani-que, Ruben Berger et Victor Hashweh,pasteur palestinien, font des interven-tions qui suscitent beaucoup de ques-tions. Le premier jour, ils s’adressent auxjeunes du collège, le deuxième aux res-ponsables d’Église et le troisième augrand public. Au cours des exposés etdes échanges, chacun prend consciencede la complexité des situations, et com-bien dans ces pays les problèmes sontinextricables, explosifs, dégénérant vite

en conflits dramatiques… On retientalors la parole du juif messianique : àvues humaines il n’y a pas d’issue, le seulespoir est dans la conversion au mes-sage de pardon et de douceur que nousdonne l’Évangile du Christ. Même si

nous sommes impuissants face à ces dra-mes, ces rencontres ont du moins mon-tré que nous sommes présents à ces peu-ples par la sympathie et la prière.

Lundi 24 février

Mais le grand jour, c’est la visitedu président de la ConfédérationM. Pascal Couchepin. Jour mémorablepour les élèves du collège d’abord : ilsreçoivent en grande pompe celui qui ajadis étudié dans la même maisonqu’eux. Il est ensuite l’hôte de la com-munauté, qui l’accueille pour le repas

Le pasteur Victor Hashweh et Ruben Berger ont rencontré lesétudiants du collège.

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de midi, en compagnie entre autres duprésident du Conseil d’État ClaudeRoch et du président de Saint-Mauriceaccompagnés de leurs épouses. En luisouhaitant la bienvenue, le Père Abbéfait allusion au rôle spirituel que doitjouer l’abbaye en travaillant au bien dupays ; à quoi M. Couchepin répond que

l’âme a aussi besoin d’un corps et de toutce que procure l’activité économique…le tout est de « faire ceci sans omettrecela ».

Lundi 3 mars

L’un des deux aumôniers du col-lège, Yannick-Marie Escher, en vue d’or-ganiser cet été pour les étudiants un pè-

lerinage en Italie, se rend avec quelquesconfrères à Pavie, où est conservé le tom-beau de saint Augustin, à Ravenne et àPadoue. Autre voyage, culturel celui-là :le recteur Guy Luisier accompagne enGrèce un groupe d’étudiants hellénis-tes (études de grec ancien).

Mercredi 5 mars

Après la pause des petites « vacan-ces de carnaval », nous entrons en ca-rême le 5, par le mercredi des cendres.Nous aimons cette liturgie qui nousprépare à vivre avec une ferveur renou-velée le mystère pascal ; en fait de prati-ques ascétiques communautaires, nousnous contentons de la soupe de carêmechaque vendredi soir ; il en est cepen-dant qui vont plus loin : un grouped’une quinzaine de personnes, auxquel-les se joignent l’un ou l’autre confrère,fera, à la fin du mois, un jeûne totald’une semaine.

Les conférences de Carême

Les jeudis de carême, une confé-rence est donnée en salle de théologiedans la perspective du thème proposépar l’Action de Carême : S’écouter pours’entendre. Beaucoup de religieuses etquelques laïcs se joignent aux confrè-res. Le 13 mars, Frère Marcel Dürrer,capucin, nous apporte un éclairage bi-blique ; il poursuivra sa réflexion dansles mois à venir lorsqu’il sera plus direc-tement question d’approfondissementbiblique. Le 20 mars, le Père Abbéprend pour sujet « chercher la concilia-tion, oser la confrontation ». Il nousdonne des conseils pratiques pour arri-ver à la conciliation : c’est un art diffi-cile, dont on voit un bel exemple dans

A la fin février, on a commencé à déboiserune vire de rocher en-dessus de l’Abbaye en

vue d’y installer d’immenses grillages destinésà protéger des chutes de pierres. L’hélicoptèreest intervenu pour évacuer les bois coupés.

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l’Église primitive de Jérusalem lors duconflit causé par les judéo-chrétiens (Ac15,1-2). Mais il faut parfois aussi oserla confrontation, à condition qu’elle soitpositive, constructive.

Le 27 mars, le Père-Maître RolandJaquenoud en développant le thème :

Accueil de l’autre, accueil de l’Autre, metfortement l’accent sur le sens de l’alté-rité essentiel à la charité chrétienne, con-tre toute tendance à concevoir l’amoursur un mode émotionnel ou fusionnel.À juste titre : la nouveauté radicale dela Révélation biblique, c’est précisémentcette altérité, qui s’enracine dans la com-munion entre les Personnes de la SainteTrinité elle-même. Communion qui parla charité pénètre les relations humai-nes, et dont l’icône de la Trinité de Rou-blev est un beau symbole.

Poursuivant ce thème le jeudi sui-vant, M. Gabriel Ispérian parle des « exi-gences de la vie communautaire » : la

première exigence de la charité frater-nelle, c’est évidemment l’union à Dieu,qui demande des temps de solitude etde silence, et qui entraîne la joie et lacompassion. Une double présence endécoule : celle des autres ennous d’abord ; il faut savoir les accueillir

en notre intérieur, cequi ne va pas sans re-noncement, sansl’art de dépister lesruses de l’individua-lisme ; notre propreprésence aux autresensuite, qui de-mande attention, af-fection, délicatesse,don de soi.

Cette série deconférences se con-clut, le jeudi 10avril, par une célé-bration pénitentielleà la basilique, ani-mée par les chantsdu chœur Rives du

Rhône. Ce même jour, nous fêtons lejubilé des 65 ans de sacerdoce de nosconfrères Marcel Dreier et MariusPasquier ; à la messe conventuelle, le« groupe grégorien » formé par ce der-nier lui fait la délicate surprise de venirchanter.

Vendredi 7 mars

Chapitre général, au début duquelle Père Abbé nous invite à « assumer lepassé et à avoir le courage du futur » :le passé, c’est cette longue tradition denotre maison religieuse qui remonte aumartyre de la légion thébaine, à nos ori-gines monastiques puis à notre orienta-

Les chanoines au réfectoire.

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tion canoniale ; « avoir le courage du fu-tur », c’est regarder l’avenir avec déter-mination et confiance, tout en recon-naissant ce que Dieu nous donne deréaliser déjà maintenant. La suite duChapitre est consacrée à l’élection desConseillers et à la consultation de lacommunauté en vue de la nominationdu Prieur. Celui-ci sera nommé par leConseil abbatial le 10 mars : M. OlivierRoduit, qui jusqu’ici remplissait lacharge d’aumônier des étudiants, de bi-bliothécaire et de responsable des archi-ves devient notre nou-veau Prieur. Lors dupremier contact quenous avons avec lui, ilnous fait part de sondésir d’œuvrer à unevie fraternelle où cha-cun sera solidaire detous dans l’accomplis-sement de la missionque nous confie le Sei-gneur. Il remplaceradonc, mais à partird’août seulement,M. Michel Borgeat,qui a exercé la chargede Prieur pendant neufans avec un grand dé-vouement, tout parti-culièrement envers lesconfrères âgés ou ma-lades, pour lesquels il s’est dépensé sanscompter. Nous lui devons une profondereconnaissance. Par ailleurs M. Borgeata été appelé récemment par nos confrè-res de Champagne-sur-Rhône à faire lavisite canonique de leur Congrégationde Saint-Victor. Les deux semaines qu’ila passées parmi eux et dans les trois

prieurés qu’ils ont fondés lui ont mon-tré une communauté jeune et fervente,pleine de dynamisme apostolique.

Samedi 8 mars

Notre chancelier–sacriste GabrielStucky, qui a des contacts occasionnelsavec les gardes suisses du Vatican, a étéappelé à leur prêcher une retraite : il serend à Castel Gondolfo où il reste unesemaine.

Un souffle de jeunesse passe-t-ildans notre monastère ? Au début de

mars arrive un deuxième postulant,Aurélien Fourcault, qui après un essai àCîteaux a fait trois ans de théologie auSéminaire de Lyon. Et c’est dans quel-ques jours que nous accueillerons, avecjoie également, le premier postulant an-noncé, Frédéric Trautmann : que Dieubénisse leur générosité à tous deux. Il

Un nouveau prieur a été désigné en la personne du chanoineOlivier Roduit.

15LES ECHOS DE SAINT-MAURICE

reste que de nouvelles vocations, c’estla grâce de Dieu… et elle attend notreprière, et notre fidélité.

Mercredi 26 mars

La rencontre des Pères Capucins àl’occasion de leur « dîner de la mi-ca-rême » est toujours un moment convi-vial et sympathique ; une dizaine deconfrères répondent à leur invitation.

Samedi 29 mars

Départ, au petit matin, du groupede 30 pèlerins qui par étapes successi-ves marchent vers Rome où ils arrive-ront en 2006. Accompagnés et guidésspirituellement par Mgr Roduit, médi-tant sur le thème des vertus, ils chemi-nent par monts et vaux, en cette troi-sième année, à travers les Appennins,de Piacenza à Aulla (près de La Spezzia).

Mardi 1er avril

Grand étonnement en entrant ausalon après dîner : une affiche nous in-forme que la Congrégation du culte di-vin a accordé le privilège de célébrer unemesse en l’honneur du pape Pie IX, dansune chapelle à lui dédiée. Dès qu’onentre, le regard tombe sur un évêque…ou plutôt un mannequin svelte et di-gne qui paraît célébrer au pied d’unautel ; sur cet autel, calice et misselouvert, six cierges allumés, et au-dessus,le grand tableau, à vrai dire dispropor-tionné, de Pie IX qui nous été donnéjadis… Les jeunes ont de l’humourpour… le poisson du 1er avril !

Ce même jour, à Bösingen, près deFribourg, M. François Roten passe avecun beau succès, sur un orgue de musi-que baroque, l’examen qui lui permet-

tra de poursuivre sa virtuosité ; MM. lePrieur, Marius Pasquier et CédricChanez y assistent.

Dimanche 6 avril

Un concert de la Passion d’unegrande beauté nous est offert par leChœur et l’Orchestre du collège, avecla participation des ensembles vocauxde Lausanne et du Nord-Vaudois : leRequiem Allemand de Brahms — enfait moins un requiem classique qu’unesuite de méditations musicales sur septtextes bibliques bien propres à nous faireentrer dans l’esprit de la Passion.

La Semaine Sainte

Et voilà la Semaine Sainte, quiachève le carême et nous fait entrer dansle cœur et le sommet de l’année liturgi-que : le mystère pascal. La messechrismale du Jeudi saint est anticipée àla veille au soir, moment plus favorableà la venue des délégués des paroisses duterritoire abbatial. La consécration dessaintes huiles devant être faite par unévêque, c’est Mgr Henri Salina qui pré-side l’Eucharistie. Il a des mots encou-rageants, à l’homélie, pour nous souhai-ter « paradoxalement » la joie, alors quela guerre d’Irak plonge le monde dansl’angoisse et la tristesse, car les parolesde Jésus : « je vous donne ma joie… pascomme le monde la donne » restent tou-jours actuelles. Puis s’adressant aux prê-tres, dont le ministère ne cesse jamaisen dépit de l’âge, il adapte pour eux lesens de ces mots : « le Maître est là quit’appelle ».

Les jours qui suivent nous fontparticiper, grâce aux travaux dévoués desjeunes, à la belle liturgie du triduum

pascal. Vendredi Saint à 15 heures,l’adoration de la croix au chant desimpropères, en présence d’une trèsnombreuse assistance, est particulière-ment émouvante, ainsi que l’office desténèbres le soir. Le lendemain soir, laveillée pascale débute par le feu nou-veau devant l’église Saint-Sigismond ;puis c’est l’entrée processionnelle à labasilique où les longues et belles lectu-res, suivies d’un baptême par immer-sion, nous acheminent à l’Alléluia pas-cal : la joie alors éclate au son du ca-rillon, avec les chants du Chœur-Mixte ;

une joie exultante qui n’est pas de cemonde et qui se prolongera le matin dePâques à l’Eucharistie ; dans son homé-lie, le Père-Abbé fera pourtant allusionaux souffrances des chrétiens de Terresainte et des peuples en guerre ; com-ment ne pas être solidaires de ces dra-mes ? Puissent ces fêtes de Pâques nousaider à poursuivre malgré tout notremarche solidement enracinés dans l’es-pérance pascale, puisque le Seigneurressuscité nous a dit : « je serai avec vousjusqu’à la fin du monde ».

Chne Jean-Bernard Simon-Vermot

Dans la semaine qui suivit Pâques, l’aumônerie a organisé un pèlerinage « Art et foi » àPavie, Ravenne et Padoue. Les étudiants étaient accompagnés par MM. Paul Mettan,

Olivier Roduit et Yannick-Marie Escher. La photo souvenir a été prise devant la BasiliqueSaint-Antoine de Padoue.

16 LES ECHOS DE SAINT-MAURICE