Les Dossiers Santé n°1

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IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ En collaboration avec NOUVEAU N O 1 Alimentation Addictions Sommeil Grossesse Hérédité Médicaments Cerveau V ie sexuelle Longévité Enfants T raitements dont il faut se méfier I00 3:HIKNLG=[UZ^UY:?a@k@k@b@f; M 03166 - 1 H - F: 5,90 E - RD

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100 idées reçues sur la santé dont il faut se méfier > Alimentation > Addictions > Sommeil > Grossesse > Hérédité > Médicaments > Cerveau > Vie sexuelle > Longévité > Enfants > Traitements

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IDÉES REÇUES

SUR LA SANTÉ

En collaboration avec

NOUVEAU

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AlimentationAddictionsSommeilGrossesseHéréditéMédicamentsCerveauVie sexuelleLongévitéEnfantsTraitements

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LES DOSSIERS SANTÉ4

IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ100

Les médicaments 8 Il faut attendre le plus

longtemps possible avant de prendre un antidouleur

8 Les génériques sont moins effi caces

9 L’aspirine diminue les risquesde cancer

10 L’homéopathie a montré son effi cacité

10 La tuberculose est une maladiedu passé

11 Les antibiotiques sont de moins en moins effi caces

12 Les antidépresseurs favorisentles suicides

13 L’abus de somnifères peut provoquer la démence

13 Les statines soignent l’hypertension14 Le vaccin contre la grippe

peut être dangereux

7

L’alimentation24 Les protéines ont un effet coupe-faim

24 Le vin en quantité modérée est bon pour le cœur

25 Après un régime, on regrossit toujours

26 Se nourrir mal accroît les risques de devenir diabétique

26 Le poisson est bon pour la mémoire

27 Il existe des aliments anticancer

28 L’obésité est une maladie des pays riches

29 Les oméga-3 sont des graisses qui soignent

29 Les édulcorants sont sans danger

30 Les produits bio sont meilleurspour la santé

23

Les traitements16 Sous hypnose, on peut se faire

arracher une dent sans souffrir

16 On est allergique à la poussière

17 Passer trop de radios accroît le risque de cancer

18 L’effet placebo permet de luttereffi cacement contre la douleur

18 Les médecines douces sont sans danger

19 Vivre en ville favorise l’asthme

20 Demain, on pourrarégénérer le cœur

21 Chez les seniors, l’exposition au soleilpeut être dangereuse pour la rétine

21 L’acupuncture est effi cace

22 L’homme bionique,c’est de la science-fi ction

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La vie sexuelle 48 Les nouvelles pilules sont plus

dangereuses que les anciennes

48 Le point G existe vraiment

49 Pilule et tabac ne font pas bon ménage

50 Traiter la ménopause peut favoriser le cancer

51 La puberté débute de plus en plus tôt

52 Le risque d’attraper le sida est faible en France

53 La pilule fait grossir

53 La circoncision protège des MST

47

Le sommeil 40 On peut se réveiller 300 fois par nuit

sans s’en rendre compte

40 Le café empêche de dormir

41 Il n’y a rien à faire contrel’insomnie chronique

42 Le sommeil avant minuit est le plus réparateur

43 Les rêves ne servent à rien

44 Contre l’insomnie, il y a mieuxque les somnifères

45 Empêcher quelqu’un de dormirle rend fou

45 L’exercice physique nuità l’endormissement

46 On apprend en dormant

39

Les addictions 32 Il y a une dépendance à Internet

32 Certaines personnes sont accros au sucre

33 Les gènes disent si l’on seraun gros fumeur

34 Les cigarettes légères sont moins nocives que les « autres »

34 Les drogues douces mènent aux drogues dures

35 Seule l’abstinence peut guérir un alcoolique

36 Le cannabis a des effets négatifs sur l’intellect

37 La surconsommation rapide d’alcoolabîme le cerveau des adolescents

37 L’alcoolisme est héréditaire

38 À l’hôpital, la morphine vous transforme en légume

31

Dossier spécial pages I à VIIISanté en questions

Réalisé avec le soutien de l’Inserm Universciences.

SOMMAIRE

LES DOSSIERS SANTÉ 5

La grossesse 55

Le cerveau 78 Un haut niveau d’études retarde

la survenue de la maladie d’Alzheimer

78 On ne fait fonctionner que 10 % de son cerveau

79 On ne ressent plus rien en cas de coma profond

80 Notre cerveau reptilien nous pousse à faire le mal

80 Internet nuit à certaines fonctions cérébrales

81 Les mobiles seraient à l’origine de tumeurs

82 On peut commander un objet par la pensée

83 L’anesthésie provoquerait des troubles psychiatriques

83 La matière grise correspond à l’intelligence

84 Le cerveau a la faculté de se réparer après un AVC

77

Les chiff res de la santéPOPULATION FRANÇAISE, BILAN DE SANTÉ

L’espérance de vie à la naissance des hommes et des femmes .........P. 94

La mortalité générale ................P. 95

Les trois principales causes de décès .......................................P. 95LA SANTÉ DANS VOTRE RÉGION

Nombre d’établissements hospitaliers publics .......................P. 96

Répartition des médecins sur le territoire .............................. P. 97

Nombre de consultations chez le généraliste ........................ P. 97

Les maladies et les troubles les plus courants en France ..........P. 98CHEZ NOS VOISINS BELGES ..............P. 98

93

La longévité86 L’espérance de vie augmente

si l’on mange moins

86 Les femmes vivent plus longtemps

87 Les gènes commandentnotre longévité

88 Demain on vivra cent vingt ans, voire plus

89 La maladie d’Alzheimer est due au vieillissement

90 Plus on est vieux, moins le cancer est agressif

91 Les centenaires sont de plus en plus nombreux en France

91 L’exercice augmente l’espérance de vie

85

Les enfants 64 Un biberon d’eau sucrée avant

la piqûre calme la douleur de bébé

64 Il faut faire dormir les tout-petits sur le dos

65 Les nourrissons souffrentmoins que les adultes

66 Une poussée de fi èvre est dangereuse pour le bébé

66 La télévision perturbe le sommeil

67 L’autisme est d’origine génétique

68 Les jeux vidéo ont des effets positifs

69 Le vaccin contre la rougeole est inutile

70 Un environnement sale est mauvais pour la santé

63

56 Le bébé naît en meilleure forme quand sa mère a fait du sport enceinte

56 Manger sans sel aide à avoir une fi lle

57 L’âge du père infl ue sur la santé du nouveau-né

58 Faire un régime quand on est enceinte n’a pas d’impact sur la santé du tout-petit

58 Le goût se forme avant la naissance

59 La fécondation in vitro est parfois risquée pour le bébé

60 Il est plus diffi cile d’avoir un enfant après 35 ans

61 On peut donner naissance à 70 ans

61 Les risques de trisomie 21 augmentent avec l’âge

62 Le sang du cordon d’un bébépermettra de le soigner

L’hérédité72 Un parent allergique aura un enfant

allergique

72 Certaines maladies n’affectentque les garçons

73 Notre intolérance au lait vientde nos ancêtres

74 Le diabète, une maladiehéréditaire

75 Les gènes nous déterminent

76 L’humanité se compose de plusieurs races

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ÉDITO

LES DOSSIERS SANTÉ

À votresanté�!Mal partout, petite forme… Avant d’en parler au médecin, nous sommes nombreux, au jourd’hui, à chercher sur Internet les raisons de cette douleur au dos qui ne passe pas ou une idée de remède pour cette toux, chez bébé, qui nous inquiète. Quitte, en surfant, à être bombardés d’informations et de conseils pas toujours cohérents ou pertinents. Sur la Toile, les idées reçues abondent, nous plon-geant dans la confusion.

Or, nous avons besoin de réponses claires sur les questions que nous nous posons concer-nant notre santé et celle de nos proches. Une information validée par des spécialistes, mais expliquée en termes simples, agrémentée de schémas quand cela est nécessaire.

C’est ce que nous vous proposons avec ce premier numéro des Dossiers Santé, fruit de la collaboration entre plusieurs titres de la presse quotidienne et le magazine scienti-fique La Recherche. Nous y passons en revue 100 idées reçues, vraies, fausses ou sujettes à débats. Le café nous empêche-t-il de dormir ? Le vaccin contre la grippe est-il dangereux ? Réponses dans ces pages.

Notre ambition : vous apporter informations et conseils sur ce qui vous intéresse au plus haut point, votre santé.

Aline RichardLa Recherche

Vous souhaitez nous poser une questionou réagir à un article…

Écrivez-nous à[email protected]

RédactionDirectrice de la rédaction

Aline RichardSecrétaire générale de la rédaction

Catherine CaltauxOnt collaboré à ce numéro

Anne Balleydier, Stéphane Barge, Sylvie Buy, Juliette Camuzard, Jacques Huguenin, Sarah Laîné,

Lise Loumé, Vincent Lucchese, Rémi Maillard, Cerise Maréchaud et Fabienne Rigal

Directeur artistique Vincent Sainte Fare GarnotIllustrations : Hervé Pinel

Infographies Sylvie Dessert et Bruno Bourgeois

Conception graphique, réalisation et secrétariat de rédaction

Agence Nota Bene Responsable fabrication

Christophe PerrussonDirectrice des ventes et promotion

Évelyne Miont Directeur de clientèle

Eddie Barrazuol

Les Dossiers Santé sont édités en collaboration avec La Recherche

74, avenue du Maine, 75014 Paris

Centre France-La Montagne45, rue du Clos-Four, 63056 Clermont-Ferrand Cedex 2

Groupe La Dépêche du Midi3, avenue Jean-Baylet, 31095 Toulouse

La Nouvelle République du Centre-Ouest 232, avenue de Grammont, 37 048 TOURS Cedex 1

SDPI Centre Presse 5, Rue Victor-Hugo, BP 299, 86 007 Poitiers

La Provence248, avenue Roger-Salengro, 13015 Marseille

Nice-Matin et Var-Matin édités par la Sapo Nice-Matin

Corse-Matin édité par Corse-Presse214, route de Grenoble, 06290 Nice Cedex 3

Société Ouest-France 10, rue du Breil, 35051 Rennes Cedex 9

Sud Ouest (SAPESO)23, quai des Queyries, 33094 Bordeaux Cedex

Le Groupe La Voix8, place du Général-de-Gaulle, 59000 Lille

Courrier picard 29, rue de la République, C.S. 40 752,

80010 Amiens Cedex 01

La Libre Belgique 79, rue des Francs, 1040 Bruxelles, Belgique

Éditeur : Sophia Publications, fi liale d’ArtémisDirecteur de la publication

Philippe ClergetSiège social : 74, avenue du Maine, 75014 Paris

Tél. : 01 44 10 10 10Société anonyme au capital de 7 615 531 euros

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APE 5814Z Imprimerie : G. Canale & C.

Via Liguria 24, 10071 Borgaro (TO), ItalieDépôt légal : février 2013

CPPAP en cours ISSN en cours

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LES DOSSIERS SANTÉ 9 VRAI FAUX EN DÉBAT

L’aspirine diminue les risques de cancer

Notre bon vieux cachet d’aspirine pourrait jouer un rôle dans la lutte contre le cancer. Mais pas question de l’avaler sans précautions.

prenaient 100 milligrammes d’aspirine un jour sur deux, n’a montré aucun effet en termes de préven-tion ou de mortalité par cancer.

Des bénéfices observés après cinq à dix ans

« Cela soulève plusieurs questions, note Béatrice Fervers. Par exemple, doit-on prendre ce médica-ment chaque jour ou tous les deux jours ? À quelle dose ?… » Elle souligne par ailleurs que « les don-nées scientifiques actuelles concernent surtout la tranche des plus de 55 ans et ne sont pas très solides chez les personnes plus jeunes ». Enfin, les bénéfices ne sont observés qu’après une longue durée, de cinq à dix ans, « ce qui présente un intérêt limité pour les personnes ayant une espérance de vie réduite ».Prudence, donc. D’autant que « l’aspirine n’est pas un médicament anodin », rappelle le docteur Dominique Bessette, responsable du département prévention à l’Institut national du cancer. « Elle peut entraîner des effets secondaires graves, notamment des risques hémorragiques ou de choc allergique aigu. » ↖ R. M.

POUR EN SAVOIR PLUS L’Aspirine, pour ou contre ?, Marie-Germaine Bousser, Éditions Le Pommier.

Faut-il prendre de l’aspirine pour éviter d’avoir un cancer ? Une synthèse de plu-sieurs études scientifiques publiée en 2012

dans la revue médicale britannique The Lancet suggère que sa consommation régulière, en petite quantité et sur le long terme, peut jouer un rôle positif pour prévenir la survenue et le risque de décès par certains cancers. Cette analyse montre en effet que la prise quoti-dienne d’acide acétyl salicylique, principe actif de l’aspirine, diminue l’incidence de certaines tumeurs malignes, le risque de métastases et de mortalité ; les bénéfices les plus importants concernant le cancer colorectal (moins 40 % de risques à long terme).

Une réduction de la mortalité par cancer

À partir des dossiers médicaux de plus de 77 000 patients répartis en deux groupes avec et sans aspirine, les chercheurs ont notamment observé qu’après cinq ans de traitement à faible dose (de 75 à 300 milligrammes par jour), le risque de mortalité par cancer était globalement réduit de 37 % chez les personnes traitées par rapport à celles qui ne l’étaient pas. « Probablement à cause des effets bénéfiques de l’aspirine sur les méta-stases », estime le docteur Béatrice Fervers, coor-dinatrice de l’unité cancer et environnement du centre Léon-Bérard, à Lyon. Une deuxième étude, portant cette fois sur quelque 17 000 patients, montre d’ailleurs que la célèbre molécule a permis de diminuer de 35 % les risques de développer une tumeur avec des métastases, souvent synonymes d’évolution fatale.« À première vue, ces résultats semblent très pro-metteurs, spécialement dans le cas du cancer colo rectal », se réjouit Béatrice Fervers. Cela dit, il faut les replacer dans leur contexte. D’abord, « ils ont été obtenus à partir d’essais cliniques des-tinés à évaluer les bénéfices de l’aspirine dans la prévention des maladies cardiovasculaires et non d’études spécifiquement conçues pour évaluer son bénéfice sur le cancer, ce qui peut poser des problèmes de méthodologie ». Ensuite, une autre grande étude menée pendant dix ans aux États-Unis, impliquant 40 000 femmes qui

Les médicaments

La prise quotidienne d’acide acétylsalicylique, le principe actif de l’aspirine, peut prévenir certaines tumeurs.

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La tuberculose est une maladie du passé

Attaquée, controversée, dé-remboursée… mais de plus en plus populaire ! Au point que

les trois quarts des Français lui font confiance et que plus de la moitié l’utilise, dont 36 % « régulièrement », selon un sondage Ipsos réalisé en 2012 pour les laboratoires Boiron, l’un des chefs de file du marché de l’homéopathie.Pourtant, le docteur Bruno Toussaint, directeur de la revue médicale indé-pendante Prescrire, est formel : « Nous n’avons aucun a priori pour ou contre l’homéopathie. Mais après avoir passé au crible l’ensemble des essais cli-niques destinés à tester son efficacité et ses effets indésirables, un constat s’impose : à ce jour, aucune étude bien menée n’a pu démontrer la moindre efficacité préventive ou curative d’un

remède homéopathique pour quelque pathologie que ce soit. » En d’autres termes et comme le confirme Bruno Toussaint, l’homéopathie agit comme un placebo, ce phénomène qui fait que le malade se sent mieux alors qu’il n’a pris aucun médicaments actif. Ce qui ne remet pas en question son intérêt, puisque l’effet placebo peut être très utile pour aider à passer un cap diffi-cile. « Mais dans ce cas, ajoute-t-il, le recours à l’homéopathie ne doit pas leur faire perdre une chance d’être mieux soulagés, ou plus vite, en prenant un médicament plus efficace avec des effets indésirables acceptables. »En 2005, une étude publiée dans le journal britannique The Lancet a abondé dans ce sens. Après analyse d’un grand nombre d’essais cliniques comparant les remèdes homéo- pathiques à l’effet placebo, ses au-teurs ont mis en cause la fiabilité de la plupart de ces travaux et conclu que rien n’indiquait que l’homéopathie possédait une efficacité spécifique supérieure à celle d’un placebo. ↖ R. M.

son de la présence de migrants ve-nus d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et d’Europe de l’Est. « L’incidence de la tuberculose est plus forte parmi les populations nées dans ces régions où la maladie est parfois endémique. Elle est aussi plus élevée chez les per-sonnes sans domicile fixe ou en préca-rité économique, surtout lorsqu’elles vivent dans des logements insa-lubres ou surpeuplés, car la maladie, contagieuse dans sa forme pulmo-naire, se transmet par voie aérienne », constate Delphine Antoine.Pour prévenir ce fléau, une priorité : « Il faut améliorer les conditions de vie des populations à risque, notam-ment les enfants. Et améliorer l’accès aux soins, ce qui permettra d’instau-rer un dépistage précoce et de traiter rapidement chaque malade avec des antibiotiques efficaces. » ↖ R. M.

Aujourd’hui, selon l’Organi-sation mondiale de la santé, un tiers de la population

mondiale est infecté par le bacille de la tuberculose. Bien que 10 % seule-ment des personnes contaminées développent la maladie, celle-ci cause chaque année 2 millions de décès. « En France, toutefois, son in-cidence n’a cessé de diminuer au cours du temps », note Delphine Antoine, de l’Institut de veille sani-taire. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, on recensait environ 200 nouveaux cas par an pour 100 000 habitants, contre 8 en 2010. Soit, aujourd’hui, un peu plus de 5 000 cas sur l’en-semble du territoire.L’Île-de-France concentre à elle seule près de 40 % des cas déclarés et le département de la Seine-Saint-Denis est particulièrement touché, en rai-

L’homéopathie a montré son efficacité

LES DOSSIERS SANTÉ10

IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ100

Aucune étude n’a montré la moindre efficacité préventive ou curative de l’homéopathie ; elle agit à la manière d’un placebo.

Cette infection bactérienne tue chaque année 2 millions de personnes dans le monde.

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Les médicaments

LES DOSSIERS SANTÉ VRAI FAUX EN DÉBAT 11

LA CONSOMMATION

D’ANTIBIOTIQUES EN FRANCE

La France est le troisième plus gros consommateur européen d’anti-biotiques, mais la consommation n’est pas la même selon les régions.Le nord de l’Hexagone arrive en tête et le Nord-Pas-de-Calais comp-tabilise à lui seul plus de 32 doses journalières pour 1 000 habitants.Les régions les moins consommatrices sont les Pays-de-la-Loire et le Rhône-Alpes.Source : ANSM, 2010.

« Si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts », proclame, à propos des antibiotiques, le slogan de l’Assurance-maladie. Voilà pourquoi…

Les antibiotiques sont de moins en moins effi caces

« Les antibiotiques, qui ont sauvé tant de vies humaines, risquent de devenir inefficaces, en raison d’une inquiétante augmentation de la

résistance des bactéries et de la raréfaction des nou-veaux produits mis sur le marché. » Ce cri d’alarme, lancé au printemps 2012 par des chercheurs dans une grande revue médicale française, est plus que jamais d’actualité. Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, 25 000 patients meurent chaque année en Europe à cause d’infections liées à des bactéries multirésistantes, c’est-à-dire devenues insensibles à plusieurs anti-biotiques. En cause, notamment, l’usage inapproprié de ces médicaments. Une étude montre qu’en 2009, 40 % des ordon-nances d’antibiotiques étaient contraires aux recommandations des experts, puis-qu’elles concernaient des maladies le plus souvent virales contre lesquelles ils sont inopérants. Depuis une dizaine d’années, les prescriptions d’antibiotiques ont certes chuté d’un quart, mais la France demeure le troisième plus gros consom-mateur par habitant en Europe. Et c’est sans compter leur usage intensif dans l’élevage animal industriel, qui contribue également au phénomène de résistance.

Une mauvaise gestion des épidémies

Pour le professeur Patrice Nordmann, chercheur Inserm et chef du service de bactériologie et virologie de l’hôpital Bicêtre, cette situation est préoccupante à long terme. Il estime toutefois que le vrai danger est ailleurs : « Les impasses théra-peutiques et les cas de mortalité auxquels nous sommes confrontés en milieu hospi-talier n’ont pas de lien direct avec une trop forte consommation d’anti biotiques en France. » C’est hors de nos frontières que se pose le problème : trop de prescriptions d’antibiotiques et une mauvaise gestion des épidémies dans de nombreux pays. Quelles sont les bactéries multi résistantes les plus répandues ? Les entérobactéries E. coli et K. pneumoniae, qui vivent dans l’intestin et

résistent aux antibiotiques de la famille des céphalo-sporines, voire aux pénicillines, et le staphylocoque doré qui est réfractaire à la méticilline. Ces agents pa-thogènes sont responsables de nombreuses infections nosocomiales. « Les plus difficiles à traiter sont les entéro bactéries, précise le docteur Nordmann. Les quelque 150 souches que nous avons isolées pro-viennent toutes de l’étranger, Elles provoquent parfois des épidémies au sein des hôpitaux français. »L’avenir ? « En attendant une nouvelle génération d’antibiotiques – peut-être dans les cinq ans –, il faut développer de meilleurs outils de diagnostic rapide des bactéries dangereuses et lutter autant que faire se peut contre l’apparition d’épidémies à l’hôpital », conclut le spécialiste. ↖ R. M.

PROVENCE-ALPES-CÔTE-D’AZUR

LANGUEDOC- ROUSSILLON

MIDI- PYRÉNÉES

AQUITAINE

LIMOUSINPOITOU- CHARENTES

AUVERGNE

RHÔNE-ALPES

FRANCHE- COMTÉ

ALSACE

CHAMPAGNE-ARDENNE

LORRAINE

CORSE

BOURGOGNECENTREPAYS-DE-

LA-LOIRE

ÎLE-DE- FRANCE

NORD-PAS- DE-CALAIS

HAUTE- NORMANDIE

BASSE- NORMANDIE

PICARDIE

BRETAGNE

Entre 26 et 28

Entre 24 et 26

Entre 30 et 32

Entre 28 et 30

32 et plus

Doses

journalières pour

1 000 habitants

IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ100

Sous hypnose, on peut se faire arracher une dent sans souff rir

On est allergique à la poussière

Dans la poussière, ce sont de minuscules acariens qui déclenchent les allergies.

« C’est techniquement pos-sible chez les 5 % de patients hypersuggestibles, c’est-à-dire

très sensibles à l’hypnose. Mais pour une extraction dentaire, l’hypnose sert surtout à réduire l’appré hension, qui peut être énorme ! », explique le docteur Jean-Marc Benhaiem, res-ponsable d’Hypnosis, centre de soins par l’hypnose à Paris. Les soins den-taires ne sont pas une exception : « L’hypnose n’est pas une alternative à l’anesthésie, mais un appui. Elle calme le stress : on a donc moins de douleur et moins de produit anesthésiant administré. Du coup, moins d’effets secondaires et une meilleure conva-lescence. » Plusieurs études notent aussi moins de saignements et de dou-leurs après la chirurgie. L’hypnose est particulièrement in-téressante pour les interventions sous anesthésie locale : soins den-taires mais aussi chirurgie esthétique

(lifting, prothèses mammaires), exa-mens pénibles (fibroscopie, ponc-tion lombaire), accouchement, etc. Champions toutes catégories : les en-fants. Car si la transe hypnotique est une « dissociation entre l’esprit et le corps », il n’y a qu’à observer les petits fascinés devant Guignol ou Harry Potter combattant Voldemort pour comprendre leurs capacités à l’exercice hypnotique. Ainsi, au CHU de Rennes ou à l’hôpital Robert-Debré, on apaise les enfants par hypnose avant une anesthésie. La dis-cipline est aujourd’hui reconnue. Le premier diplôme universitaire d’hypnose médicale, créé en 2001 à la Pitié- Salpêtrière par le doc-teur Benhaiem, a fait des petits à Toulouse, Bordeaux et Montpellier. ↖ S. B.

L’idée reçue date du début du XXe siècle : médecins et grand public évoquent encore la

possibilité d’une allergie aux pous-sières de maison, reconnues comme un allergène. Mais au milieu des an-nées 1960, des allergologues néerlan-dais constatent que l’on a confondu le contenant et le contenu : dans la

poussière, on trouve de microsco-piques bestioles, les acariens,

vrais responsables des aller-gies. Les déjections de ces pe-

tits cousins des araignées, qui se nourrissent des peaux mortes que nous laissons

dans notre environnement, déclenchent chez les personnes sen-sibles une production d’anticorps ca-ractéristique de la réaction allergique. Ces déjections sont notamment responsables de 65 à 90 % des cas d’asthme allergique. Et d’autres

sources potentielles d’allergies se cachent dans la poussière : poils de chat et de chien, moisissures, etc.En poussant l’analyse un poil au-dessus justement, les chercheurs sont parvenus à repérer un éventail de molécules allergènes : des enzymes provenant du système digestif ou de la salive des acariens par exemple, ou encore des toxines issues de la paroi de bactéries présentes sur les poils d’animaux. Ainsi, la poussière n’est plus considérée comme un allergène, mais comme une source de molécules allergènes. Lorsqu’une allergie à l’une d’elles est suspectée, la personne doit subir des tests cutanés. Quant au trai-tement, il consiste d’abord à débarras-ser au maximum le milieu dans lequel on vit des sources d’allergènes : aéra-tion et réduction de l’humidité propice aux acariens comme aux moisissures, éviction des animaux, etc. ↖ A. L.-B.

LES DOSSIERS SANTÉ16

Sebastian Kaulitzki/Shutterstock.com

Passer trop de radios accroît le risque de cancer

« Respirez. Ne respirez plus. » Chacun de nous a un jour passé une radio, mais, dans les esprits, une interrogation demeure. Est-ce dangereux ?

La rumeur est persistante. Exposer les patients à divers rayonnements, radios, scanners et autres examens d’imagerie mé-

dicale augmenterait le risque de cancer. C’est la thèse accréditée notamment par le docteur Rebecca Smith-Bindman, spécialiste en radiologie et imagerie biomédicale à l’université de San Francisco, laquelle assure qu’ils causeront 2 % des cancers américains à venir. Ces prédictions, qu’il estime sans fondement scientifique, exaspèrent un autre méde-cin américain, le professeur William R. Hendee, spé-cialiste de cancérologie des radiations aujourd’hui à la retraite. Selon lui, les chiffres sont largement sur-estimés : « Au fil des ans, les études qui font le lien entre radios et cancer ont intégré les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki, une population très différente de celle qui passe une radio ! »

Irradiations naturelles

L’irradiation que l’on reçoit suite à une radio pulmo-naire, par exemple, est de 0,1 millisievert (ou mSv, unité de mesure des rayons). C’est aussi ce que le passager d’un avion reçoit en dix heures à cause du rayonnement solaire. Globalement, chaque terrien est soumis à une irradiation qui provient à la fois de l’espace et de la Terre. Elle s’élève en moyenne en France à 2,4 mSv par an (soit 24 radios pulmonaires). Une moyenne qui grimpe à 6 mSv en Corrèze, en rai-son de l’uranium présent dans les roches : c’est l’ef-fet volcans d’Auvergne ! À noter : naturelles ou arti-ficielles, les radiations ont strictement les mêmes effets sur les humains. Outre ces 2,4 mSv d’irra-diation naturelle, un Français reçoit chaque année et en moyenne 1,6 mSv d’irradiation artificielle via les radios et autres examens. Soit 0,1 mSv pour une radio pulmonaire, autour de 1 pour une mammogra-phie, de 2 à 10 pour un scanner.

Éviter les expositions inutiles

Mais quelle est la dose réellement reçue par l’orga-nisme et est-elle dangereuse ? Selon les sources, les réponses divergent. Pourquoi ? Parce que l’on a af-faire ici à de très faibles doses de radiations. Or plus la dose est forte, plus l’effet est fort. C’est ce que l’on appelle l’« effet-dose ». Traduction pour l’image-rie médicale : plus on passe de radios, plus on risque

un cancer. Sauf que… l’effet-dose n’est valable que pour les fortes irradiations ! Luc Mertz, spécialiste en radiophysique médicale à l’hôpital de Strasbourg, explique : « Pour de très faibles quantités de rayons, le fameux effet-dose est très difficile à montrer, car plus la dose est faible, plus on a de mal à mettre les effets en évidence ». En outre, l’incidence sur l’orga-nisme dépend d’une foule de paramètres : l’organe visé, sa taille, le sexe, l’âge, etc. Autant d’inconnues qui, si on ne les prend pas en compte, aboutissent à des conclusions alarmantes. « On commence à voir à l’hôpital des gens qui re-fusent un scanner ! Là, pour le coup, ils se mettent réellement en danger », commente Luc Mertz. Sur le fond, pourtant, la controverse n’est toujours pas réglée. Comment faire ? Il s’agit d’opter pour un prin-cipe de précaution : éviter les expositions inutiles et passer le bon examen au bon moment. ↖ S. B.

Les traitements

LES SOURCES D’EXPOSITION

NATURELLES ET ARTIFICIELLES

Nul besoin de se rendre à l’hôpital pour être soumis à l’irradiation. Nous sommes au quotidien exposés naturellement aux radiations, qui émane des roches terrestres et des rayonnements émis par les astres et par notre planète. Même lorsque nous buvons et mangeons ! Les expositions artificielles, elles, sont d’ordre médical ou, dans de rares cas, dues aux essais nucléaires et à l’industrie.Source : Baromètre IRSN.

LES DOSSIERS SANTÉ VRAI FAUX EN DÉBAT 17

1 %

RAYONNEMENT ÉMIS PAR LA TERRE

GAZ RADON

EXPOSITION MÉDICALE

RAYONNEMENTS COSMIQUES

EAUX ET ALIMENTS

AUTRES (ESSAIS NUCLÉAIRES, INDUSTRIE, ETC.

34 %

41 %

6 %

11 %7 %

LES DOSSIERS SANTÉ

Il y a une dépendance à Internet

Dans les pâtisseries ou les sodas, le sucre peut être addictif pour l’être humain.

quatre catégories de cyberdépen-dance : le cyberjeu, la cyberdépen-dance relationnelle (entretien de relations via Internet), le cybersexe et, plus étonnant, le cyberamassage (addiction se caractérisant par le stoc kage de contenus sur le réseau).Mais pour d’autres spécialistes comme le psychiatre Serge Tisseron, certains critères fondamentaux définissant la dépendance – comme les syndromes de sevrage et de rechute – sont absents chez l’utilisateur excessif d’Internet. Il estime de plus que parler d’addiction pour un adolescent n’est pas pertinent, car son comportement excessif est voué à disparaître au fur et à mesure de l’apprentissage du contrôle des impulsions. « Et chez l’adulte, un usage problématique d’Internet n’est souvent que l’expression d’une pathologie men-tale sous-jacente », assure-t-il. ↖ V. L.

Les témoignages de per-sonnes ayant sacrifié leur tra-vail, leurs amis ou leur conjoint

afin de consacrer toujours plus de temps à Internet sont légion. Mais peut-on parler d’une réelle addiction ?Le concept de « cyberdépendance », utilisé pour définir les accros au Web, est né en 1995 aux États-Unis. Très étudié, ce phénomène n’est toutefois pas reconnu officiellement comme une pathologie. Pas encore.Au cœur du débat, la notion même de dépendance. Docteur en psycho-logie, Jean-Charles Nayebi explique qu’« une addiction se caractérise es-sentiellement par les phénomènes de manque et de tolérance, ce dernier étant la nécessité d’augmentation de la “dose” pour avoir le même effet ». Pour lui, le cyberdépendant répond bel et bien à ces critères. Il distingue

électriques pour obtenir davantage de chocolat. Et chez les humains ? Le goût sucré active dans le cerveau la même zone (le cortex orbitofrontal) que la prise de cocaïne chez une personne dépendante. Pour autant, peut-on considérer qu’il existe chez l’homme une dépendance au sucre identique à l’addiction à une drogue ?« Certaines personnes peuvent de-venir “accros” au sucre dans le sens des critères de diagnostic qui défi-nissent l’addiction : consommer plus qu’elles ne le voulaient au départ, désirer s’abstenir mais ne pas y parvenir, continuer malgré la prise de conscience des conséquences négatives », précise Serge Ahmed, directeur de recherche au CNRS, à l’université de Bordeaux. Mais cela nécessite un sucre « enveloppé », sous forme liquide dans un soda ou accompagné de gras comme dans les pâtisseries. Le sucre seul n’est pas addictif pour l’être humain, sans quoi on passerait son temps à manger des morceaux de sucre. ↖ F. R.

Le sucre est-il plus addictif que la cocaïne ? C’est le cas pour les rats ! Quand ils ont le

choix entre une boisson sucrée au saccharose et une dose de cocaïne en intraveineuse, ils choisissent à 90 %

la première, y compris s’ils ont été exposés à la drogue auparavant. Même résultat avec l’héroïne. C’est

ce qu’a montré l’Institut des neuro-sciences de Bordeaux en 2007.D’autres laboratoires ont constaté que le sevrage de sucre chez des rats entraînait un syndrome de manque,

ou encore que des souris étaient prêtes à rece-

voir des décharges

32

IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ100

Certaines personnes sont accros au sucre

Chez les « cyberdépendants », les syndromes de sevrage et de rechute sont exclus. On ne peut donc pas parler d’addiction.

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Les gènes disent si l’on sera un gros fumeur

Certains seraient prédisposés génétiquement à la dépendance au tabac. Mais l’environnement pèse également dans le fait de fumer… Et de s’arrêter.

Nicolas Ramoz. D’autres encore sont impliqués dans la consommation de tabac, mais aussi dans l’arrêt du tabagisme. Car il existe des gènes qui peuvent avoir un effet protecteur… ou pas. Par exemple, la génétique agit sur la façon dont le corps métabolise la nicotine quand elle se re-trouve dans le sang du fumeur suite à l’inhalation d’une bouffée. Selon les gènes, le métabolisme sera plus ou moins rapide, et l’on sera plus ou moins « accroché » à cette substance.« Il ne faut pas oublier que si la génétique en tant que telle joue un rôle important, l’environnement peut aussi moduler l’expression des gènes ; c’est une découverte récente », souligne Nicolas Ramoz. Tout n’est donc pas joué pour un individu dès sa conception, et certainement pas son rapport au tabac. Mais en comprenant mieux les prédispo-sitions génétiques au tabagisme, on sera plus à même de proposer des solutions de prévention et d’arrêt de la cigarette. ↖ F. R.

« Il existe une composante génétique, dé-sormais bien établie, au tabagisme », in-dique Nicolas Ramoz, chargé de re-

cherches à l’Inserm. Pour déterminer cette part génétique, il a fallu répondre aux questions sui-vantes : les individus apparentés à des sujets dé-pendants au tabac sont-ils plus souvent eux-mêmes dépendants que les individus apparentés à des sujets sains ? Des enfants de parents biolo-giques fumeurs, adoptés dans un milieu sans ta-bac, sont-ils plus souvent fumeurs ? Observe-t-on une différence de dépendance au tabac entre des vrais et des faux jumeaux ? D’après les études me-nées sur des familles, « la part génétique du taba-gisme est estimée entre 40 % et 60 %, mais l’ in-fluence de l’environnement dans lequel nous vi-vons garde évidemment beaucoup d’ importance », précise Nicolas Ramoz. Cela est particulièrement vrai dans le cas des adolescents garçons, pour qui le poids des facteurs environnementaux dans l’ini-tiation au tabac est plus important.

2 000 individus analysés

Les chercheurs ont beaucoup travaillé pour iden-tifier les différents facteurs génétiques impliqués dans l’addiction à la nicotine. En recherchant no-tamment des mutations de gènes sur certaines zones du génome humain. Ainsi, une étude publiée en 2007 a analysé plus de 300 gènes candidats chez près de 2 000 indivi-dus dépendants ou non au tabac. Elle a permis d’identifier une asso-ciation entre la dépendance nico-tinique, la quantité de cigarettes fumées et la présence de certains variants de 3 gènes situés sur le chromosome 15.Une autre étude publiée en août 2012, portant sur 94 000 fumeurs, met en cause le variant d’un autre gène, associé à une plus grande préco-cité dans le tabagisme et à une consommation plus importante. « Si un individu possède une copie de ce variant, son risque de dépendance est multiplié par deux ; s’ il possède les deux copies de ce variant, le risque est alors multiplié par trois », précise

Les addictions

LES DOSSIERS SANTÉ 33 VRAI FAUX EN DÉBAT

LES DOSSIERS SANTÉ44

IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ100

Contre l’insomnie, il y a mieux que les somnifères

Grâce aux thérapies comportementales et cognitives, l’insomniaque devient acteur de sa guérison en changeant ses comportements au moment du coucher.

qu’il n’associe plus le lit à ses problèmes d’insom-nie. On lui recommande, par exemple, de n’aller se coucher que lorsqu’il ressent le besoin de dormir ou qu’il détecte les signes de la somnolence (bâil-lements, frottement des yeux, assoupissement), de mettre en place une sorte de rituel avant d’aller au lit, comme se brosser les dents, se mettre en pyjama, préparer ses affaires pour le lendemain… Autant de petites routines qui permettent à l’esprit d’associer ces actions au sommeil. De même, il leur est conseillé de n’utiliser le lit que pour dormir et pour les rapports sexuels. Surtout pas de lecture, de télévision ou, encore pire, de dossier à relire pour la réunion du lendemain. Lorsque l’on n’arrive pas à s’endormir au bout de vingt à trente minutes en début de nuit ou après un réveil nocturne, inutile de lutter et de ruminer. Il est préférable de se lever et de se relaxer en lisant ou en écoutant de la musique douce, par exemple. En attendant de voir le sommeil resurgir. La théra-pie comportementale consiste parfois à privilégier la qualité du sommeil aux dépens de la quantité, en forçant le patient à moins rester au lit et en res-treignant les siestes. C’est ce que les médecins ap-pellent la restriction du sommeil.

Chasser certaines pensées de son esprit

L’autre versant de la thérapie est l’approche cogni-tive. Elle consiste à prendre du recul sur son insom-nie et à chasser certaines pensées de son esprit. Nombreux sont ceux, par exemple, qui pensent ne pas avoir dormi de la nuit, alors que, dans les faits, ils ont dormi plus de sept heures, soit une durée tout à fait convenable. De même, nous ne sommes pas tous égaux face au sommeil : il existe des petits et des gros dormeurs, inutile donc de se mettre la pression si l’on dort moins de huit heures par nuit.La thérapie comportementale et cognitive doit être encadrée par des spécialistes du sommeil ou par un médecin généraliste. Si elle est efficace et améliore globalement la qualité du sommeil, elle n’est pas non plus un remède miracle. Elle permet en tout cas au patient de se prendre en charge et de faire preuve de bon sens au moment du coucher : pas d’excitants (caféine, alcool, tabac), température douce dans la chambre, bonne literie, dîner léger, etc. ↖ S. L.

L’habitude de prendre des somnifères en cas d’insomnie transitoire ou tenace est solidement ancrée en France. Mais la pres-

cription de ces molécules appelées « benzodiazé-pines » pose problème sur le long terme du fait de la baisse de leur efficacité et surtout en raison d’effets secondaires importants, dont l’accoutu-mance. Peut-on vraiment s’en passer ? Les théra-pies comportementales et cognitives, venues des pays anglo-saxons, peuvent être parfois plus effi-caces pour lutter contre l’insomnie. Largement utilisées dans les centres du sommeil, elles sont bénéfiques sur le moyen et le long terme contre les insomnies chroniques.En quoi consiste ce genre de thérapie ? Il s’agit de changer certains comportements pour faciliter le sommeil. Ainsi conseille-t-on au patient de bouscu-ler ses habitudes afin de renforcer l’idée qu’il existe un lien entre sa chambre, son lit et le sommeil, et

LES TRAITEMENTS CONTRE

LES TROUBLES DU SOMMEIL

Parmi les Français qui souffrent de troubles du som-meil, 16 % prennent un traitement, quel qu’il soit. Les thérapies comportementales ont beau être plus efficaces que les somnifères, ce sont ces derniers qui l’emportent haut la main ! En effet, plus de 66 % des per-sonnes traitées prennent des médicaments. Seuls 33 % des sondés utilisent d’autres méthodes, telles les thé-rapies comportementales ou les médecines « douces ».Source : Enquête INSV-MGEN 2012 réalisée sur 1 010 Français âgés de 18 à 65 ans.

44

66 %

33 %

1 %

sans médicament

avec les deux

avec médicament

Le sommeil

LES DOSSIERS SANTÉ VRAI FAUX EN DÉBAT 45

Empêcher quelqu’un de dormir

le rend fou

L’exercice physique nuit à l’endormissement

Le sport pratiqué en soirée à un rythme trop élevé entraîne des difficultés à s’endormir.

cette privation se manifestent par une somnolence et une défaillance de l’accommodation visuelle, puis, à partir du troisième voire du qua-trième jour, par des troubles de l’hu-meur ; la personne devenant de plus en plus irritable. Des altérations de la mémoire et de l’attention sont aussi constatées, ainsi que des problèmes d’élocution et de coordination des mouvements. Les effets observés lors d’une pri-vation de sommeil sont donc essen-tiellement d’ordre cognitif. Mais d’où vient alors cette idée reçue selon laquelle la privation de sommeil alté-rerait la santé mentale ?Reprenons l’exemple de Randy : au quatrième jour de privation, le lycéen confond un panneau de signalisation et une personne et, peu de temps après, il fait un rêve éveillé et se prend pour un grand joueur de football. Il s’agit ici d’hallucinations, banales chez un sujet privé de sommeil, et non de signes réels de démence. La privation de sommeil cause certes des troubles cognitifs et des halluci-nations, mais elle ne rend pas fou au sens propre du terme. ↖ S. L.

On sait que la privation totale de sommeil conduit inélucta-blement un rat à la mort,

dans un délai d’environ vingt jours. Chez l’homme, l’expérience la plus extrême dans ce domaine s’est dé-roulée en 1964 : Randy Gardner, un Américain de 17 ans, a réussi à ne pas dormir pendant onze jours… Si les effets de la privation totale de som-meil varient certes en fonction des individus, cette expérience hors du commun a permis aux scientifiques de tirer quelques conclusions. Dès le deuxième jour, les effets de

physique augmente la température et les rythmes cardiaque et respiratoire. C’est pour cela qu’il est déconseillé de faire du sport en soirée. Mais que ceux qui seraient tentés de ne rien faire du tout se méfient ! L’absence totale d’ac-tivité physique est susceptible d’en-traîner une diminution de la qualité et de la quantité de sommeil.Pratiquer une activité physique régu-lière permet un endormissement plus rapide, ainsi qu’une augmentation de la quantité et de la qualité du sommeil. Pour être réellement efficace, l’acti-vité physique doit, de préférence, être de l’endurance (vélo, natation, jogging) et d’intensité modérée. Elle doit égale-ment être pratiquée de manière régu-lière : une demi-heure minimum trois à quatre fois par semaine, voire, au mieux, tous les jours, plutôt en mati-née ou en début d’après-midi. ↖ S. L.

Les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour admettre que l’exercice physique in-

fluence le sommeil. Des études ont en effet permis d’appuyer les témoi-gnages de personnes qui disaient dor-mir mieux lorsqu’elles pratiquaient une activité physique dans la journée. Mais il est également prouvé que la pratique d’un sport intensif le soir peut entraîner des difficultés d’en-dormissement. Alors, faire du sport pour mieux se coucher ? Oui, mais pas n’importe comment.Notre horloge biologique interne, qui régule l’alternance de nos veilles et sommeils, suit la courbe de tempéra-ture de notre corps. Ainsi, la tempé-rature corporelle est supérieure ou égale à 37 degrés dans la journée et baisse entre 36 et 37 degrés pendant la nuit. Or, la pratique d’une activité

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Un haut niveau d’études retarde la survenue de la maladie d’Alzheimer

Le diplôme, une arme anti-Alzheimer ? Plus la scola-rité est longue, plus l’effet

semble bénéfique sur cette mala-die neurodégénérative qui touche aujourd’hui près de 900 000 per-sonnes en France. Séjourner sur les bancs de l’université retarde l’apparition des symptômes d’au moins cinq ans, selon les résul-tats de l’enquête épidémiologique française Personnes âgées QUID, qui vise à déterminer les causes du vieillissement cérébral. Com-ment l’explique-t-on ? « Plus d’éducation contribue à forti-fier le cerveau en épaississant le cortex et en multipliant le nombre de synapses, ces cellules qui con-nectent nos neurones », analyse le

neurologue Jean-Marc Orgogozo, chef du pôle neurosciences cli-niques au CHU de Bordeaux et cher-cheur à l’Inserm, qui a participé à cette enquête. Les capacités intel-lectuelles, en particulier celles ac-cumulées avant 25 ans, permet-traient ainsi de développer des « ré-serves cognitives », matérialisées notamment par des connexions neuronales plus nombreuses.Lorsque les lésions cérébrales en-dommagent une partie du cerveau, ces sortes de circuits alternatifs prendraient le relais pour achemi-ner l’information, la traiter et la mémoriser. « Grâce à ces réserves cognitives, les sujets peuvent vivre avec la pathologie sans même sa-voir qu’ils l’ont contractée », ajoute

Philippe Amouyel, directeur de la Fondation Alzheimer. Ces réserves ne sont toutefois pas inépuisables et finissent par être touchées par les lésions à mesure qu’Alzheimer poursuit son « travail de sape ».Mais ce temps gagné demeure précieux, comme l’a récemment suggéré l’analyse post mortem réalisée par une équipe anglo- finlandaise sur les cerveaux de plusieurs centaines de cadavres. Les lésions constatées chez les sujets qui avaient fait de longues études étaient certes semblables à celles décelées chez les personnes dont le cursus scolaire était plus court. Mais la plupart des premiers sont décédés sans jamais manifes-ter le moindre symptôme. ↖ S. B.

gions actives quand le patient parle, lit ou fait un mouvement. Or ces zones sont réparties dans tout le cerveau. Nous n’utilisons donc pas uniquement 10 % de son volume et en-core moins 10 % de nos quelque 100 milliards de neurones !« Tous les neurones sont actifs, mais là encore, pas en même temps. » Cette idée re-çue viendrait, selon le docteur Duhamel, d’une confusion entre capacité supposée et utilisation réelle. « Le cerveau a un potentiel dont on ne connaît pas les limites. Or, personne ne l’utilise au maximum de ses capacités, no-tamment au niveau de la mémoire. » ↖ J. C.

La science réfute l’idée de zones cérébrales qui seraient en repos permanent. Jean-

René Duhamel, directeur de re-cherche au Centre de neurosciences cognitives du CNRS, à Lyon, explique ainsi que « l’ intégralité du cerveau est utilisée, mais chaque partie ne l’est pas au même moment ». Et d’ajouter : « Lorsque des personnes souf frent de lésions de certaines régions de l’encé-phale, les conséquences sont immé-diatement visibles (troubles de la vi-sion, de la parole, de la motricité, etc.). C’est bien la preuve que l’activité cé-rébrale ne se restreint pas à une zone. » Chaque zone est active et cha-cune d’entre elles est spécialisée : la mobilisation des aires du cerveau dé-pend du type d’action exercée.Les progrès de l’imagerie médicale ont permis de visualiser l’activité cé-rébrale dans ses détails. Deux tech-nologies – l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle et la tomo-graphie par émission de positons (PET scan) - peuvent ainsi identifier les ré-

LES DOSSIERS SANTÉ78

IDÉES REÇUES SUR LA SANTÉ100

On ne fait fonctionner que 10�% de son cerveau

(52 x 13) : 26

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Hémisphère gauche Hémisphère droit

Langage parlé

Langageécrit

Calcul Musique

Raisonnement Créativité

Habiletéartistique

Main gauche

Orientationspatiale

Main droite

Le cerveau est divisé en hémisphères gauche et droit. Le premier nous aide à comprendre les nombres et les sciences, mais aussi à lire, écrire, parler ; le second à apprécier l’art et la musique, tout en aiguisant notre intuition ; il contrôle également la capacité de recon-naître des visages, de focaliser l’attention, etc.Infographie : Bruno Bourgeois.

RÔLE DE CHAQUE HÉMISPHÈRE

On ne ressent plus rien en cas de coma profondDes expériences récentes ont révélé que, même plongé dans un état végétatif,

un malade peut garder une conscience minimale.

Tours. « D’où l’ importance de parler avec tact près de personnes dans le coma et de créer un entou-rage positif autour d’elles. » Angèle Lieby a ainsi entendu et ressenti beaucoup de choses malgré le coma artificiel dans lequel les médecins l’avaient plongée parce qu’elle ne respirait plus, à la suite d’un syndrome migraineux inexpliqué. « On me pensait perdue. Mon encéphalogramme était plat, seul mon cœur fonctionnait », raconte cette Strasbourgeoise de 60 ans, auteur d’un livre-témoignage, Une larme m’a sauvée (édition Les Arènes). « J’étais inerte, incapable de m’exprimer, ajoute-t-elle. Pourtant j’ai toujours été consciente et j’ai souffert lorsqu’on m’a infligé le test du téton tordu, qui permet de vérifier, selon sa réaction, si une personne est vivante ou morte. »Une émotion profonde, manifestée par une larme coulant sur sa joue, à l’écoute des paroles d’amour de sa fille et de son mari le jour de son anniversaire de mariage, l’a arrachée du coma… Le soir même, Angèle bougeait un doigt, le lendemain un orteil, et quatre mois plus tard elle n’avait plus besoin d’assis-tance respiratoire. Contre toute attente. ↖ J. H.

Le coma se définit comme une « altération totale ou partielle de l’état de conscience » et se caractérise par une absence

d’éveil. Il peut être dû à des lésions cérébrales d’origine variée (accident vasculaire, infection, tumeur, traumatisme, as-phyxie, intoxication par drogue ou mé-dicament, crise d’épilepsie, maladie métabolique ou endocrinienne, etc.). On distingue plusieurs types de co-mas : du stade I, lorsque la personne soumise à une stimulation doulou-reuse manifeste des signes d’éveil (grognements, ouverture des yeux…), au stade IV, la « mort céré-brale », irréversible, qui marque le décès du patient. La notion, com-plexe, de coma recouvre des situa-tions variées, y compris celle du « coma thérapeutique », volontaire-ment provoqué avec des sédatifs ad-ministrés à un patient pour le soulager de souffrances physiques et psychiques majeures. Des examens d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle – une technologie qui permet de voir le cerveau en mouvement – ont mon-tré que des patients en état végétatif, stade de coma avancé, pouvaient percevoir des messages. Une étude parue fin 2011 dans la revue médicale The Lancet et les travaux menés par Steven Laureys, professeur de clinique au département de neuro-logie du CHU de Liège, en Belgique, ont conclu à la persistance de fonctions cognitives et d’une atten-tion consciente chez des personnes diagnostiquées en état végétatif, grâce à l’existence d’un « fonc-tionnement cérébral résiduel ».

Créer un entourage positif

« Tant que subsiste une activité cérébrale, il y a per-ception et possibilité chez certains patients de res-sentir des émotions, même si leur perception est différente de la nôtre, et cela y compris, parfois, dans le cas d’un coma profond depuis des années, comme le prouvent diverses expériences scienti-fiques », confirme le docteur Raphaël Rogez, mé-decin neurologue en cabinet libéral et en clinique à

Le Cerveau

LES DOSSIERS SANTÉ 79 VRAI FAUX EN DÉBAT