Les détails sur l’implication du Mossad dans la mort de Ben Barka | Telquel.ma

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undefined 24 marshttp://telquel.ma/2015/03/24/limplication-du-mossad-mort-ben-barka- les-details_1439588 Le quotidien israélien Yedioth Aharonoth a publié une enquête sur les relations entre le Mossad et le Maroc et l’implication des services secrets israéliens dans la disparition de l’opposant Mehdi Ben Barka. La version électronique anglophone du quotidien israélien Yedioth Aharonoth a publié le 23 mars un dossier qui révèle l’implication du Mossad, le service de renseignement israélien, dans l’enlèvement de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka . Ce dossier, qui ne cite que des sources israéliennes, met en lumière la mise en place de contacts entre le Mossad et le général Oufkir, ministre de l’Intérieur et de la Défense sous Hassan II, ainsi que les conditions dans lesquelles se serait déroulées l’assassinat de l’opposant d’Hassan II. Les deux auteurs de l’article, Ronen Bergman et Shlomo Nakdmon, ont expliqué s’être notamment appuyés sur des documents officiels israéliens secrets. En particulier, les journalistes ont pu consulter les minutes « rédigées par l’un des plus proches conseillers du Premier ministre » des rencontres entre le chef du Mossad, Meir Amit, et le Premier ministre israélien Levi Eshkol. 250 dollars pour un Juif Au début des années 1960, le Mossad se fixe comme objectif de rentrer en contact avec les services marocains. Car le Maroc est un pays arabe en contact rapproché avec les principaux ennemis d’Israël. De plus, Hassan II est perçu comme un chef d’État « relativement pro-occidental », selon Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon. La relation entre le royaume et l’État hébreu a débuté en 1960, lorsque Hassan II était encore prince héritier. Un an plus tard, suite à son couronnement, Israël demande au roi Hassan II de permettre aux Juifs marocains d’émigrer en Israël. Mohammed Oufkir, responsable des services secrets à l’époque, aurait servi d’intermédiaire et c’est lui qui aurait conclu l’accord avec les agents du Mossad, instituant le versement de jusqu’à 250 dollars pour chaque citoyen juif marocain , avancent les deux journalistes. La rétribution financière concernant le transfert de 80 000 citoyens juifs marocains (deux millions de dollars) aurait été placée, selon le Yedioth Aharonoth, sur un compte secret en Europe. Les détails sur l’implication du Mossad dans la mort de Ben ... http://telquel.ma/2015/03/24/limplication-du-mossad-mort-be... 1 of 3 3/24/15 6:02 PM

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Le quotidien israélien Yedioth Aharonoth a publié une enquêtesur les relations entre le Mossad et le Maroc et l’implicationdes services secrets israéliens dans la disparition del’opposant Mehdi Ben Barka.La version électronique anglophone du quotidien israélien Yedioth Aharonoth a publié le 23 marsun dossier qui révèle l’implication du Mossad, le service de renseignement israélien, dansl’enlèvement de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka. Ce dossier, qui ne cite que des sourcesisraéliennes, met en lumière la mise en place de contacts entre le Mossad et le général Oufkir,ministre de l’Intérieur et de la Défense sous Hassan II, ainsi que les conditions dans lesquelles seserait déroulées l’assassinat de l’opposant d’Hassan II.Les deux auteurs de l’article, Ronen Bergman et Shlomo Nakdmon, ont expliqué s’être notammentappuyés sur des documents officiels israéliens secrets. En particulier, les journalistes ont puconsulter les minutes « rédigées par l’un des plus proches conseillers du Premier ministre » desrencontres entre le chef du Mossad, Meir Amit, et le Premier ministre israélien Levi Eshkol.250 dollars pour un JuifAu début des années 1960, le Mossad se fixe comme objectif de rentrer en contact avec lesservices marocains. Car le Maroc est un pays arabe en contact rapproché avec les principauxennemis d’Israël. De plus, Hassan II est perçu comme un chef d’État « relativementpro-occidental », selon Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon.La relation entre le royaume et l’État hébreu a débuté en 1960, lorsque Hassan II était encoreprince héritier. Un an plus tard, suite à son couronnement, Israël demande au roi Hassan II depermettre aux Juifs marocains d’émigrer en Israël. Mohammed Oufkir, responsable des servicessecrets à l’époque, aurait servi d’intermédiaire et c’est lui qui aurait conclu l’accord avec lesagents du Mossad, instituant le versement de jusqu’à 250 dollars pour chaque citoyen juifmarocain, avancent les deux journalistes. La rétribution financière concernant le transfert de80 000 citoyens juifs marocains (deux millions de dollars) aurait été placée, selon le YediothAharonoth, sur un compte secret en Europe.

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Garde rapprochée et équipementSuite à la mise en place de ces contacts, Hassan II aurait demandé une protection rapprochée de lapart des agents du Mossad. « Le roi avait peur d’être assassiné […], il avait beaucoupd’ennemis », a confié l’un de ses anciens gardes du corps, David Shmoron, au quotidien israélien.La vie du roi n’était pas le seul objet d’inquiétude pour les responsables du renseignementmarocain, qui étaient également soucieux de la stabilité du régime. En effet, l’Algérie et l’Égypteavaient soutenu, selon le Yedioth Ahronoth, plusieurs éléments de l’opposition monarchique tandisque les ambassades marocaines dans ces pays avaient été cambriolées à plusieurs reprises.Avec la guerre des Sables, en 1963, le Maroc et Israël se rapprochent. Au déclenchement duconflit, le chef du Mossad, Meir Amit, embarque dans un avion en direction de Marrakech, avecun faux passeport, et rencontre le roi Hassan II, lui déclarant : « Nous pouvons aider et nousvoulons aider ». Une proposition qui aurait été acceptée par Hassan II, et qui aurait permis auMaroc de bénéficier des renseignements provenant d’Israël, mais aussi de pilotes aguerris ainsique d’armement israélien. En échange, les services de l’État hébreu avaient accès aux prisonnierségyptiens venus combattre aux côtés des Algériens. Durant le même temps, le Mossad a égalementinstallé une station permanente à Rabat.Objectif « Baba Batra »Mais la collaboration entre les deux pays aurait atteint son sommet avec la révélation par lesservices marocains de la faiblesse militaire des pays arabes, exposée lors de la conférence de laLigue arabe de 1965 à Casablanca. Une information que le Yedioth Ahronoth a obtenue d’un agentdu Mossad, Rafi Eitan, assurant s’être déplacé à Rabat, juste avant la fameuse réunion de la Liguearabe. Et une faiblesse qui aurait contribué à la décision de l’État hébreu de lancer la guerre desSix Jours deux ans plus tard. Ces informations avaient toutefois un prix.Les services de renseignement israéliens se seraient rapidement vus sollicités par leurshomologues marocains pour les aider à localiser l’opposant Mehdi Ben Barka, en exil depuis juin1963. Le Yedioth Ahronoth explique que dans les documents des services israéliens, son nom decode est généralement « BB » et qu’en conséquence, le Premier ministre israélien Levi Eshkol, quiaimait faire des citations religieuses, l’avait surnommé « Baba Batra », une référence au traitétalmudique sur les responsabilités légales.Il faut néanmoins noter que selon le Yedioth Ahronoth, qui cite l’historien Yigal Ben-Nun,l’opposant socialiste serait lui aussi entré en contact avec les services israéliens et aurait demandéde « l’argent et des armes afin de se saisir du pouvoir au Maroc ».Jusqu’à quel point le Mossad a aidé les meurtriers de Ben Barka ?Quoi qu’il en soit, les services israéliens ont localisé Ben Barka à Genève, selon les deuxjournalistes, qui citent un entretien avec Meir Amit.Mais ce n’était pas suffisant, selon les minutes des rencontres entre Meir Amit et le Premierministre israélien. Le 1er octobre 1965, les services de renseignement marocains auraient demandéau Mossad de louer un appartement, et de leur procurer du maquillage, des faux passeports ainsique des conseils afin de tuer l’opposant. Onze jours plus tard, Ahmed Dlimi aurait demandé àIsraël des fausses plaques d’immatriculation ainsi que du poison. Des demandes rejetées par leMossad, qui aurait proposé cependant de prendre en charge la location de voitures pour laquelle ilfournirait de faux documents. Le Mossad a également fourni cinq faux passeports et a offert sonassistance dans le cas où les choses tourneraient mal. Les minutes des conversations entre MeirAmit et Levi Eshkol montrent la réticence de ce dernier, et les tentatives des services israéliens deralentir l’opération dans l’espoir que les Marocains se lasseraient.Enterré dans les bois de Saint-Germain-en-LayeEt le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka débarque à Paris « équipé d’un passeport diplomatiquealgérien » selon le Yedioth Ahronoth. Ce jour-là, il part à la rencontre d’un journaliste à labrasserie Lipp. Une rencontre qui n’aurait été qu’un leurre censé attirer Ben Barka, selonl’historien Yigal Ben-Nun. A quelques encablures du restaurant, l’opposant est embarqué par deuxpoliciers, qui n’auraient été en fait que des mercenaires français payées par le second de Oufkir,Ahmed Dlimi. Il aurait ensuite été emmené vers un appartement où il aurait été torturé pendant aumoins 3 jours : battu, et brûlé avec des cigarettes.L’opposant a, ensuite selon le Yedioth Ahronoth, été électrocuté. Sa tête a été plongée dans unebaignoire. Elizer Sharon, un agent du Mossad qui s’est confié aux deux journalistes avant sondécès, leur a assuré que la mort de Ben Barka n’avait pas été planifiée, « du moins, pas à cetteétape » : « Ils (les Marocains, ndlr) ont rempli une baignoire d’eau. Dlimi a plongé sa tête etvoulait qu’il (Ben Barka, ndlr) révèle des informations […], ils ont mis sa tête sous l’eau un peu

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trop longtemps jusqu’à ce qu’il devienne complètement bleu ». Une version confirmée par le chefde station du Mossad au Maroc. On signalera qu’aucun des deux intervenants n’était présent surles lieux et qu’ils appuient leurs déclarations sur les récits des agents marocains dansl’appartement.Suite à la mort de Ben Barka, le Mossad a pris le relais. Les agents de l’État hébreu se sontemparés de son corps et ont décidé de s’en « débarrasser » en l’enterrant dans le bois de Saint-Germain-en-Laye et en le saupoudrant de produits chimiques qui devaient consumer le corps. Unesubstance particulièrement active au contact de l’eau. Et selon les agents du Mossad, il pleuvaitsur Paris ce jour-là.L’affaire est ensuite révélée par les services de renseignement français au président Charles deGaulle qui, furieux, aurait renvoyé une grande partie des dirigeants de ses services d’espionnage etaurait demandé au roi Hassan II de lui remettre Oufkir, Dlimi ainsi que le journaliste qui avaitattiré Ben Barka à la brasserie Lipp. Une demande refusée par le souverain et qui a conduit à unerupture des relations entre le Maroc et la France. A ce jour, l’affaire Ben Barka n’a toujours pas étéélucidée par les justices françaises et marocaines.© 2014-2015 Copyright TELQUEL. Tous droits réservés

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