Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S

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EHESS Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S. Author(s): Philippe Bernard Source: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 3, No. 1 (Jan. - Mar., 1962), pp. 109-121 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20169245 . Accessed: 13/06/2014 00:54 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du Monde russe et soviétique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.78.191 on Fri, 13 Jun 2014 00:54:26 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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EHESS

Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S.Author(s): Philippe BernardSource: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 3, No. 1 (Jan. - Mar., 1962), pp. 109-121Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20169245 .

Accessed: 13/06/2014 00:54

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CHRONIQUES

LES CRIT?RES DE LA POLITIQUE

?CONOMIQUE R?GIONALE EN U.R.S.S.

L'utilisation des ressources locales

On ne peut attendre des ?conomistes sovi?tiques qu'ils se rallient pour r?soudre leurs probl?mes de localisation des activit?s et les autres probl?mes

r?gionaux de la planification, ? des principes identiques ? ceux qui sont adopt?s dans les ?conomies occidentales. Mais il semble que ce ne soit pas seulement la validit? du calcul d'optimum de l'entrepreneur qu'ils rejettent, mais aussi

celle de presque tout calcul de rentabilit? lorsqu'il s'agit de d?couvrir un crit?re

de localisation des activit?s.

La remarque pr?c?dente ne signifie pas qu'une certaine attention ne soit

port?e en U.R.S.S. ? la question des prix de revient : la presse sp?cialis?e et les

d?bats d'?conomistes donnent beaucoup d'indications sur les prix de revient

compar?s d'entreprises fabriquant le m?me produit et situ?es dans des parties diff?rentes de l'U.R.S.S. Cependant, ces comparaisons paraissent avoir beaucoup

plus souvent pour but de stigmatiser les entreprises retardataires que d'orienter

des d?cisions concernant les d?veloppements futurs.

La base rationnelle des d?cisions, que ne fournit pas la consid?ration des

prix de revient, semble pouvoir ?tre d?couverte dans l'utilisation la plus compl?te

possible des ressources locales. Toutes les informations rassembl?es montrent

que les consid?rations qui retiennent le plus l'attention sont l'existence de res sources locales en mati?res premi?res et la possibilit? de les exploiter et d'?difier, en les utilisant, industries de base et complexes d'industrie.

Un exemple r?cent permet d'apercevoir combien la consid?ration du prix de revient joue encore un r?le secondaire. Il est fourni par une remarque contenue dans le discours de I. V. Spiridonov, premier secr?taire de l'Obkom de Lenin

grad, au Plenum du Comit? Central le 6 mars 19622. Celui-ci rapporte qu'une proposition de l'Obkom de Leningrad et du sovnarkhoz de cette r?gion pour

produire de l'ammoniaque ? partir des gisements locaux de schistes bitumineux a ?t? repouss?e par le Gosplan et le Comit? d'?tat pour la chimie, sous pr?texte que le prix de revient d'une tonne d'ammoniaque produite ainsi serait plus ?lev?

que si l'on partait du gaz naturel (qui parvient aujourd'hui dans la r?gion de

i. Cet article a ?t? inspir? par un s?jour de deux mois ? l'Institut d'?cono mie de l'Acad?mie des Sciences de l'U.R.S.S. en 1961. Il est extrait d'un

ouvrage ? para?tre prochainement. 2. Pravda du 7 mars 1962.

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no P. BERNARD

Leningrad). Spiridonov s'?l?ve contre une telle position. En effet, de toute

fa?on, l'on produit dans la r?gion du Nord-Ouest quelque 400 millions de m?tres

cubes par an de gaz de bitume. C'est par cons?quent ? une question sans aucune

importance pour notre ?conomie nationale, que de savoir quelle utilisation on

fera de ce gaz relativement plus co?teux que le gaz naturel, que de savoir s'il

sera destin? aux besoins de l'industrie ou ? ceux de l'agriculture ?. Et il ajoute,

apparemment sans ?tre contredit : ? nous supposons que personne ne songe, ni

au Gosplan, ni au Comit? pour la Chimie, ? fermer le combinat Slantzy (schistes

bitumineux) pour la seule raison qu'est apparue dans notre ?conomie nationale

une source d'?nergie meilleur march? ? que personne n'y songe au moins dans

les dix ans ? venir, et m?me plus tard ?. En effet, comment s'appuyer sur les

indications des prix de revient pour une industrie de transformation, si on ne

le fait pas ?galement pour les sources de mati?res premi?res ? Il para?t contraire

? la logique actuelle du syst?me que les propositions du sovnarkhoz de Leningrad ne soient pas finalement accept?es.

L'importance que l'on attache ? l'existence des ressources locales et aux

possibilit?s qu'elles ouvrent ressort de l'expos? de l'acad?micien Nemtchinov, selon lequel ? l'?conomie r?gionale peut ?tre d?finie comme un complexe sp?cia

lis?, utilisant avec l'efficacit? maximum les ressources locales naturelles et celles

de main-d' uvre dans le but de satisfaire les besoins locaux et d'accro?tre

l'apport de chaque r?gion ? l'?conomie nationale ?3. Utilisation des ressources,

satisfaction des besoins locaux, tels sont les deux principes, compl?mentaires

plus que contradictoires, qui paraissent aussi pouvoir ?tre mis en avant. Ceux-ci

r?pondent ? ces deux autres principes qui paraissent eux-m?mes jouer un r?le

important dans le choix des objectifs g?n?raux de la planification sovi?tique :

?tude des possibilit?s de production d'une part, estimation normative des besoins

de consommation d'autre part. Comme pr?c?demment, c'est ici l'utilisation

des ressources disponibles qui para?t recevoir le plus d'attention.

On peut penser que si le principe de rentabilit? de l'appareil de production,

qui est celui de l'?conomie de march?, et le principe de la bonne utilisation des

ressources, qui est celui de l'?conomie sovi?tique ?taient l'un et l'autre appliqu?s de fa?on parfaite, les r?sultats auxquels on parviendrait seraient ? peu pr?s les

m?mes. Mais comme aucun syst?me ne peut sans doute ?tre consid?r? comme

conduisant ? une r?partition jug?e optimum d'apr?s ses propres crit?res, il faut

bien admettre que la diff?rence initiale des points de vue aboutisse ? des d?ci

sions et une r?partition des activit?s assez ?loign?es les unes des autres. Plusieurs

de nos interlocuteurs ont paru en tout cas conscients de cette diff?rence ; parlant de la mise en valeur des grandes ressources naturelles ou de l'?dification des

combinats des zones orientales de l'Union, ils reconnaissaient volontiers que la rentabilit? de la production n'aurait sans doute pas suffi, et peut-?tre ne suffi

rait pas encore ? en justifier la construction.

Le premier devoir des autorit?s des divers territoires para?t ?tre de pr?voir la cr?ation d'une base ?nerg?tique propre et la mise en valeur des diverses res

sources locales. C'est l? un des points o? doit s'exercer une coop?ration entre

les autorit?s de l'oblast, qui ont une comp?tence g?n?rale sur l'activit? de leur

territoire, et le sovnarkhoz, qui s'occupe seulement de grande industrie. L'objectif est d'abord de provoquer des reconnaissances g?ologiques, puis d'amener les

? instituts de projets ? sp?cialis?s ? nous dirions bureaux d'?tudes ? ? dresser

des projets pr?cis d'exploitation. Susciter la cr?ation, ? partir des ressources

locales, de ? combinats ? et complexes industriels appara?t comme l'objectif le plus s?rieux que puissent s'assigner des responsables locaux.

3- V. S. Nemcinov, ? Probl?mes th?oriques de la r?partition rationnelle des forces productives ?, Voprosy Ekonomiki, n? 6, 1961.

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M?THODES DE PLANIFICATION R?GIONALE III

Ce que peut signifier une ambition de cet ordre, nous le voyons lorsqu'est exalt? le d?veloppement ?conomique de l'Ukraine depuis l'?poque pr?-r?volu tionnaire. Avant 1914, celle-ci, riche en fer et en charbon, ?tait d?j? grande

productrice de m?tal, mais ne poss?dait qu'assez peu d'industries de transfor

mation (lesquelles ?taient alors concentr?es principalement dans les banlieues

de Saint-P?tersbourg et de Moscou et dans le centre industriel autour de cette

derni?re). Aussi s'est-on efforc? de la doter peu ? peu d'une puissante industrie

m?canique et notamment de construction de machines ; profitant du fait que l'Ukraine et le Sud de l'U.R.S.S. sont la meilleure zone de culture du pays, une

industrie des tracteurs et machines agricoles y a notamment ?t? d?velopp?e. On peut toutefois se demander s'il est n?cessaire d'invoquer le passage du

capitalisme au socialisme pour expliquer une telle ?volution, qui apr?s tout n'est

pas tellement diff?rente de celle qui peut se constater dans d'autres pays ou

r?gions ? m?me d'ailleurs dans des r?gions dont l'exploitation n'a commenc?

que sous le pouvoir sovi?tique : un article qui d?non?ait le manque de coordina

tion r?gionale, r?v?lait, ? c?t? d'autres exemples, qu'en Sib?rie et en Oural une

disparit? apparaissait entre les industries extractives et les industries transfor

matrices, et que par exemple il a fallu attendre plus de cinq ans pour voir

commencer la construction des principaux utilisateurs de la centrale hydro

?lectrique dTrkoutsk4.

Cependant, m?me dans des pays au d?veloppement rapide, les nouveaux

gisements ? mettre en valeur et les ensembles industriels de base ? cr?er ? partir de ceux-ci ne peuvent ?tre qu'en petit nombre. Dans la Russie d'Europe tout

au moins, de m?me qu'en Europe occidentale, l'origine des mati?res premi?res,

qui ? long terme contribue ? infl?chir sensiblement la r?partition des activit?s, ne fournit dans l'imm?diat que relativement peu d'indications sur les d?cisions

? prendre. Ce ne sont pas les nouvelles mises en valeur qui sont l'occasion des

plus grands changements de la carte ?conomique. Si l'on juge de par le nombre

de localit?s et de travailleurs affect?s, la localisation des industries de transfor

mation et des activit?s de service ? cr?er ou d?velopper pr?sente en fait une

importance bien plus grande. Or, pour celles-ci, la disposition des voies de commu

nication, le volume de la population, qui, ? la fois constitue un march? et fournit

des ressources en main-d' uvre, et la pr?sence de grands centres industriels

et intellectuels jouent, en U.R.S.S. comme ailleurs, un r?le consid?rable.

La place des facteurs d?mographiques

Les donn?es d?mographiques jouent au niveau r?gional un r?le tout d'abord

pour d?terminer certains besoins de la population. On sait que la responsabilit? de satisfaire ces besoins incombait non pas aux sovnarkhozes, mais avant tout aux autorit?s des oblast et au-dessus de celles-ci, aux autorit?s des r?publiques.

Les donn?es d?mographiques jouent ?galement un r?le en tant que facteur

de production. Pour essayer de le pr?ciser, nous avons demand? ? plusieurs

reprises ? nos interlocuteurs quelle ?tait l'importance attribu?e aux donn?es

d?mographiques dans la pr?paration des plans au niveau r?gional. Tr?s g?n?ra lement, et de fa?on beaucoup plus nette que lorsque la question se trouvait

pos?e au niveau de l'ensemble de l'Union, la r?ponse ?tait que ce n'?taient pas l? les donn?es essentielles prises en consid?ration. A la grande surprise d'un

?conomiste occidental, il lui ?tait affirm? que la question de savoir si telle zone

ou r?gion ?tait le si?ge de mouvements d'?migration ou d'immigration, ou si

4- Plan. Hoz., n? 5, 1961.

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les emplois offerts ?taient ou non suffisants pour absorber la croissance attendue

de la population active, ne faisait pas l'objet de pr?occupation locale : c'?tait,

affirmait-on, au niveau de l'ensemble de l'Union que le probl?me se traitait.

La question encore de savoir si telle zone est caract?ris?e par un niveau de

vie moyen plus ?lev? ou plus bas que les r?gions voisines ?tait pr?sent?e aussi

comme une question sans int?r?t. L'argument ?tait, soit que le niveau de vie de

telle zone ou r?gion est identique ? celui de la r?gion voisine ou ? la moyenne

nationale, ce qui est manifestement loin d'?tre toujours exact ; soit que la notion

int?ressante est bien davantage le niveau de la production de tel ou tel produit

par habitant ? ce qui appara?tra sans doute comme non moins surprenant. Ces r?ponses ne signifient certainement pas que la pr?occupation de l'emploi

ou du niveau de vie soient absentes lorsque sont ?tudi?s les probl?mes ?cono

miques r?gionaux ; l'affirmation contraire serait ? coup s?r ?nergiquement d?mentie. Mais il ne s'agirait l? que de pr?occupations finales, non de consid?ra

tions de d?part de la planification. N?anmoins, la demande locale nous a paru pouvoir parfois constituer un

facteur d'une certaine importance dans la d?cision d'installer une usine dans

un site donn?. Un exemple nous en a ?t? cit? lors de l'une de nos visites au nou

vel Institut de recherches ?conomiques du Gosplan de la R.F.S.F.R. Lorsqu'il s'est agi de construire une grande usine de machines ? calculer, qui devait aller

de pair avec un centre scientifique, les responsables de la ville de Penza, si?ge d'une universit? et situ?e ? quelque six cents kilom?tres de Moscou sur la route

de Kuibychev, qui avaient eu vent de ce projet, ont demand? ? accueillir cette

usine. Quoique d'autres villes fussent ?galement sur les rangs, Penza se trouva

finalement pr?f?r?e, l'initiative locale ayant probablement ?t?, nous fut-il dit, le facteur d?terminant. Dans un cas de ce genre, la question des transports et de l'origine des mati?res premi?res ?tait manifestement un facteur tr?s

secondaire.

Le d?veloppement de l'industrialisation a eu pour r?sultat que la plupart des

villes principales, centres traditionnels d'un territoire, ont vu s'installer de nou

velles industries depuis 1917. Il n'existerait plus gu?re aujourd'hui, au moins

dans la partie europ?enne de l'U.R.S.S., de r?gions qui soient trop exclusivement

rurales, du moins est-ce la r?ponse que l'on obtient lorsque la question est pos?e. Au Conseil pour l'?tude des forces productives (? SOPS ?), il nous a ?t? indiqu?

ainsi que toutes les r?gions de la Russie d'Europe pouvaient ?tre aujourd'hui consid?r?es comme ? peu pr?s suffisamment industrialis?es. A la recherche

d'une exception, on nous a toutefois indiqu? la r?gion de Kostroma, sur la haute

Volga, au Nord-Est de Moscou. Cette r?gion souffre d'un manque de ressources

naturelles et l'?migration de la population agricole y serait actuellement rapide. L'on d?sirerait y implanter, dans un d?lai pas trop ?loign?, une usine de construc

tion de machines. La r?gion de Koursk, entre Moscou et Kharkov, ?tait une

autre r?gion purement agricole o? l'on pouvait sentir qu'il fallait ? faire quelque chose ?, la mise en valeur des ?normes gisements de minerai de fer pauvre de

? l'anomalie magn?tique ? de Koursk, qui est aujourd'hui d?cid?e, et alimentera

de nouvelles aci?ries dans le centre de la Russie d'Europe, devrait aujourd'hui

permettre de r?soudre ce probl?me. A l'Institut d'?conomie de l'Acad?mie des Sciences d'Ukraine, il nous a ?t?

indiqu? pareillement que la demande locale de nouveaux ?tablissements indus

triels pouvait jouer un r?le dans la prise des d?cisions. Le pr?sident d'une muni

cipalit?, ou d'autres autorit?s responsables d'une agglom?ration, qui estimeraient

n?cessaire l'installation d'une nouvelle usine, s'adresseraient habituellement

pour cela non pas au sovnarkhoz dont la ville d?pend, mais au Gosplan de la

R?publique. De fa?on g?n?rale, il nous a ?t? dit que, en Ukraine, l'?quilibre villes-cam

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M?THODES DE PLANIFICATION R?GIONALE II3

pagnes pouvait ?tre consid?r? comme ? peu pr?s satisfaisant et qu'il n'existait

plus aujourd'hui dans la R?publique de r?gions qui soient par trop exclusivement

agricoles. Plusieurs exemples nous furent cit?s de villes de 35 ? 50 000 habitants, situ?es hors des r?gions les plus d?velopp?es, qui ne poss?daient gu?re d'indus

tries il y a une vingtaine d'ann?es, et qui aujourd'hui comptaient chacune

trois ou quatre usines importantes. De nombreux visiteurs se d?pla?ant le long des itin?raires autoris?s ont pu effectivement t?moigner de l'existence aujour d'hui d'usines dans la plupart des villes importantes travers?es.

Villes et campagnes : l'exemple de l'Ukraine.

On peut toutefois vouloir essayer de pr?ciser, dans le cas de l'Ukraine, la

port?e r?elle de cette industrialisation. On constate en fait l'existence d'un grand contraste entre zones urbaines et zones rurales. Ainsi, en 1956, l'Ukraine comp tait cinq villes de plus de 500 000 habitants et 24 de plus de 100 000 habitants,

? ce qui n'est pas moins qu'en France. Certaines zones sont tr?s fortement urba

nis?es, notamment l'oblast de Stalino ? aujourd'hui Donetsk ? dans le bassin

houiller, o? la population urbaine atteint, d'apr?s les d?finitions officielles

(population des agglom?rations de plus de 3 000 habitants) 82 % de la population totale. Mais 15 des 26 oblast de l'Ukraine,

? ?gaux chacun ? trois ou quatre

d?partements fran?ais ? soit une bonne majorit?, ne poss?dent que moins de

25% de leur population dans les villes, proportion qui peut passer pour tr?s

faible.

U ne semble pas non plus que cet ?cart tende ? se combler. On peut, d'apr?s l'annuaire statistique de l'Ukraine, faire en effet appara?tre que l'industrie a

cr? l?g?rement moins vite dans les r?gions ? pr?dominance rurale que dans les

autres... Que ce soit par comparaison avec l'avant-guerre ou avec l'apr?s-guerre, la croissance de la production industrielle jusqu'en 1955 a ?t? plus rapide dans

les 9 ? oblast ? les plus urbanis?s que dans les 17 autres, la diff?rence n'?tant

nullement n?gligeable5. Il ne semble gu?re que l'on puisse parler en U.R.S.S. d'une tendance ? la

dispersion de l'industrie, et le contraste entre les zones les plus favoris?es et les

autres, entre celles ? dominante industrielle et celles ? dominante rurale, para?t rester tr?s marqu?. Parmi les facteurs expliquant l'existence d'un tel contraste, il faut citer la densit? plus faible de la population, m?me en Ukraine, et aussi le

climat et l'?tat des voies de communication. Au total, l'interp?n?tration des acti

vit?s agricoles, industrielles et autres est nettement plus faible que dans beau

coup de parties de l'Europe occidentale ? que l'on songe par exemple ? ce qu'est

toute la zone alpine et p?ri-alpine, o? ce genre de situation est tr?s d?velopp?. Comme autres principes suivis en mati?re de localisation des activit?s et

d'am?nagement territorial, nous rapporterons les suivants, qui nous ont ?t?

cit?s principalement par nos interlocuteurs de Kiev. Lorsqu'on construit ou

agrandit une usine, on pr?voit en m?me temps les ? investissements sociaux ?

correspondants (logements, services publics, etc.). Il existerait une norme

d'apr?s laquelle ceux-ci devraient atteindre 35% de l'investissement nouveau

total ; en fait, nous a-t-on assur?, cette norme serait rarement atteinte, sans

doute en raison de la n?cessit? de presser les investissements productifs afin de

r?aliser le plan (il ne s'agit vraisemblablement ici que des investissements

sociaux directs n?cessit?s par le d?veloppement d'une industrie, et non de tous

les investissements sociaux entra?n?s par la croissance urbaine).

5- Source : Narodnie Gospodarstvo oukrajnckoj R.S.R., Recueil Statistique, Kiev, 1957, PP- 7 et 31. Le calcul n'est pas reproduit ici.

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Les projets nouveaux concernent g?n?ralement des usines importantes. Ainsi, en mati?re textile, on doit construire ou on a commenc? de construire

en Ukraine des usines nouvelles traitant le lin, la laine, et le coton (respective ment dans les villes de Rovno et Jitomir, de Tchernigov, et Kherson), chacune

de ces usines devant employer plusieurs milliers d'ouvriers. La doctrine semble

?tre que ces grandes usines ne doivent aller que dans des villes d?j? importantes,

atteignant au moins, semble-t-il, 50 000 habitants, et de pr?f?rence davantage, les villes si?ges d'un sovnarkhoz paraissant particuli?rement favoris?es. Les villes

de moins de 20 000 habitants ne devraient comme r?gle abriter que des indus

tries destin?es ? assurer les besoins locaux.

Quant aux grandes m?tropoles, le r?le qui leur est attribu? serait de produire des articles de haute qualit?, et aussi de servir parfois de lieu d'exp?rimentation

pour les proc?d?s ou fabrications nouvelles. L'on aimerait que ce soit le cas de

Kiev, capitale traditionnelle de l'Ukraine (sauf de 1917 ? 1934 ou ce r?le fut

tenu par la ville prol?tarienne de Kharkov) autrefois peu industrialis?e, mais o?

sont rassembl?es aujourd'hui quelques industries importantes (textiles artificiels, constructions m?caniques). C'est surtout le cas de Leningrad, o? avant 1917 ?tait concentr?e 35% de la construction des machines de l'U.R.S.S.6, dont la

tradition intellectuelle et scientifique ne le c?de ? nulle autre en U.R.S.S., et

qui continue ? jouer un r?le d'avant-garde en beaucoup de domaines.

Un autre principe ?

qui rejoint d'assez pr?s les soucis que l'on peut constater

? ce sujet dans les pays d'Europe occidentale ? est celui d'essayer de constituer

des complexes d'industries diversifi?es afin de pouvoir mieux utiliser le potentiel de main-d' uvre existant. Ainsi, on s'efforce d'installer pr?s des villes mini?res

du Donbass des usines de bonneterie qui offriraient du travail ? la main-d' uvre

f?minine. M?me si les femmes accomplissent en U.R.S.S. des travaux de force

qu'elles ne feraient pas ailleurs, elles ne se livrent cependant pas ? tous les m?mes

travaux que les hommes ; ainsi, dans l'usine de tracteurs de Kharkov, les femmes

sont nombreuses dans l'atelier de fonderie, o? le travail para?t cependant

p?nible, mais paraissent absentes dans celui des fours ?lectriques. Une grande importance est accord?e, aussi bien au niveau de l'entreprise

qu'? celui du territoire, ? tous les indices qui concernent le degr? de qualification

professionnelle et le niveau culturel des travailleurs. Il faut reconna?tre que sur

ce point, il ne para?t pas qu'un souci ?gal soit accord? dans les pays occidentaux, o? l'on s'attache g?n?ralement davantage ? la composition de l'emploi par branches d'activit? et au niveau de vie r?gional, qu'? la composition de la

population active par groupe socio-professionnel et degr? d'instruction. Ce semble

?tre en U.R.S.S. une des fiert?s particuli?res d'un directeur d'usine de d?nombrer

la proportion de son personnel qui b?n?ficie d'une formation sup?rieure, ou

suit des cours du soir ; de l'habitant d'une ville, de m?me, de compter le nombre

des instituts sup?rieurs que celle-ci renferme, et de pouvoir le comparer avan

tageusement avec celui des autres grandes villes de l'Union (notre guide de

Kharkov n'a conc?d? sur ce point que la sup?riorit? de Moscou et Leningrad) ;

du citoyen d'une R?publique enfin, comme nous l'avons entendu de la part d'un

G?orgien, de dire que le nombre de personnes ayant b?n?fici? chez lui d'une

formation sup?rieure (cit? comme ?tant de 20 %0 habitants) serait plus ?lev?

non seulement que celui de la R?publique voisine (Arm?nie, cit?e comme 12 ?/00) mais aussi que celui s'appliquant ? toute l'U.R.S.S. (8 %o)7.

6. O. A. Konstantinov, Limitation de Vaccroissement des villes comme facteur de la r?partition rationnelle de l'industrie, communication au XVIIIe Congr?s Inter national de G?ographie, ?dition de l'Acad?mie des Sciences de l'U.R.S.S., 1956.

7. Chiffres recueillis au cours d'une conversation. Le dernier annuaire

statistique montre que d'apr?s le nombre d'?tudiants pour 1.000 habitants en

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M?THODES DE PLANIFICATION R?GIONALE II5

Dans les paragraphes pr?c?dents, nous nous sommes efforc?s de d?gager les

principes qui guident la r?partition des activit?s en U.R.S.S. en posant les pro bl?mes dans des termes qui nous soient un peu familiers. Nous n'avons d'autre

part ?voqu? qu'incidemment la notion de r?gions, ? laquelle on tend en U.R.S.S., comme ailleurs, ? accorder une importance grandissante. Il importe maintenant

d'essayer de poser les probl?mes en des termes plus proches de ceux qu'emploient eux-m?mes les sp?cialistes sovi?tiques.

En U.R.S.S., affirme-t-on, on accorde une grande importance ? la r?partition

rationnelle, conforme ? un plan d'?tat unique, des nouvelles entreprises. ?tant

donn? l'?normit? des distances, ce facteur acquiert une importance primordiale, ? attendu que les fautes et d?fauts dans le choix des r?gions et des emplacements

des nouvelles entreprises aboutissent fatalement ? de grandes d?penses en

transport et obligent ? transporter en tous sens les mati?res premi?res, les

combustibles et les produits finis ?, sans parler des autres dommages qui r?sultent

de l'allongement du temps de transport. Aussi, ? en planifiant la g?ographie des nouvelles entreprises, pr?te-t-on une grande attention ? les situer le plus pr?s

possible des sources de mati?res premi?res, de combustibles et d'?nergie ?lec

trique... (et) des r?gions de leur utilisation ?8.

L'?dification de complexes r?gionaux.

Dans les entretiens qui nous ont ?t? accord?s, tant par le Dr Fejgin, chef de

la section ? R?partition des forces productives ? de l'Institut d'?conomie de

l'Acad?mie des Sciences de l'U.R.S.S., que par plusieurs de ses collaborateurs, la pr?occupation de l'existence dans chaque r?gion d'une base ?nerg?tique

ad?quate para?t ?tre l'une des plus marqu?es. Ainsi furent notamment soulign?s les avantages de l'exploitation des grandes ressources en gaz naturel d?couvertes

ou mises en exploitation au cours des derni?res ann?es, comme celles de la r?gion de Saratov sur la Volga, de Stavropol dans le Nord-Caucase ? l'une et l'autre

aujourd'hui reli?es par gazoduc ? Moscou ? de Tchebelinka en Ukraine pr?s de

Kharkov, ou celles d?couvertes ou red?couvertes en 1959 pr?s de Boukhara en

Asie centrale. La grande r?gion du ? centre du tchernoziom ? (Briansk, Koursk), situ?e entre Moscou et l'Ukraine, pauvre en ressources naturelles, et qui dans

les termes des collaborateurs de l'Institut, ?tait autrefois consid?r?e comme

une r?gion ? non perspective ?, mais qui est aujourd'hui travers?e par les gazoducs, devrait en voir son avenir transform?.

1960-1961, la G?orgie vient effectivement en t?te des quinze r?publiques (13,4), suivie de la R.F.S.F.R. (12,8), la moyenne de l'Union n'?tant que de 11,5 ?/00.

8. I. G. Fejgin, G?ographie de l'?conomie nationale de l'U.R.S.S., communi cation au XVIIIe Congr?s International de G?ographie, 1956. Voir aussi l'article du m?me auteur, ? La r?partition des forces productives de l'U.R.S.S. ?, dans la

publication Les r?gions ?conomiques en U.R.S.S., recueil d'articles sovi?tiques traduits en fran?ais, Cahiers de l'I.S.E.A., s?rie G, n? 5, mars 1959. Voir aussi

l'imposant volume Fondements et facteurs de la distribution des branches de l'?co nomie nationale de l'U.R.S.S., ouvrage collectif sous la direction de I. G. Fejgin, ?ditions de l'Acad?mie des Sciences de l'U.R.S.S., i960, 695 p., ainsi qu'un autre

ouvrage collectif : Probl?mes de la r?partition des forces productives pendant la

p?riode de construction, Institut d'?conomie de l'Acad?mie des Sciences, Gospla nizdat, i960, 336 p.

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Page 9: Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S

ii6 P. BERNARD

Il est cependant frappant de constater que, m?me ? l'?poque actuelle, o?

la distribution de grandes quantit?s de gaz naturel est assur?e en beaucoup d'endroits, on continue, dans le souci d'assurer l'approvisionnement local, de

pousser l'exploitation du lignite ? co?t de production ?lev? du bassin de Moscou, de la tourbe dont il existe de grands d?p?ts ? l'Est et au Sud-Est de celle-ci

et des schistes. Mais des critiques se font parfois entendre ? ce sujet.

L'approvisionnement en m?tal, ? partir d'une production locale, appara?t

?galement comme l'une des conditions d'un d?veloppement ?quilibr?. C'est

ainsi qu'est justifi?e la construction des aci?ries de Tch?r?povets (situ?es ? pr?s de 500 kilom?tres ? l'Est de Leningrad sur le syst?me de canaux Volga-mer

Baltique et qui re?oivent leur charbon principalement de Vorkouta, au-del?

du cercle polaire, ? plus de 1 800 kilom?tres de distance, et leur minerai de fer

de fort loin ?galement), ou de celles de Roustavi, en G?orgie, ?galement ?loign?es des mati?res premi?res ; ces usines auraient l'une et l'autre des prix de revient

fort ?lev?s.

Il n'y a pas ? ?voquer ici les probl?mes ?nerg?tiques et de mati?res premi?res de l'Oural et des r?gions asiatiques de l'U.R.S.S., pour lesquelles le lecteur fran

?ais dispose d?j? d'informations d?taill?es9. Qu'il suffise de rappeler que les

grands probl?mes commun?ment ?voqu?s ? propos de ces r?gions d?pendent ?troitement de l'exploitation des ressources ?nerg?tiques et des minerais de ces

r?gions : dislocation du ? combinat ? Oural-Kouznetsk par l'octroi d'une auto

nomie ? chacune de ses deux parties constituantes, et renforcement de la troi

si?me base sid?rurgique de l'Union (les deux premi?res ?tant celles de l'Ukraine

et de l'Oural) par la poursuite du d?veloppement du Kouzbass, la construction

d'une grande aci?rie pr?s de Karaganda, et la mise en exploitation en Sib?rie

orientale de vastes gisements de charbon ? ciel ouvert et de minerai de fer ;

construction d'hydro-centrales g?antes sur l'Angara et l'Ienisse? ? sur l'oppor tunit? desquelles des jugements contradictoires sont on le sait entendus de temps ? autres ? et d'industries ?lectro-m?tallurgiques dans un relatif voisinage. En

Asie centrale, l'existence d'une base ?nerg?tique commune a commenc? ? se

manifester avec la mise en exploitation de vastes gisements de gaz naturel, et

se renforcera avec les projets de grands barrages pour la production d'?lectricit?

et l'irrigation, comme le barrage de Nourek, qui doit int?resser trois des quatre

r?publiques de cette grande r?gion. Les sp?cialistes sovi?tiques, qui par formation semblent ?tre plus souvent

des g?ographes que des ?conomistes, tendent aujourd'hui ? d?finir l'objet de

leurs ?tudes comme la science des ? complexes r?gionaux des forces produc tives ?10. La t?che de ces sp?cialistes serait non seulement d'identifier et de

d?finir ces complexes r?gionaux, mais encore de pr?voir leur d?veloppement et de favoriser celui-ci.

Dans son essai de classification des r?gions, le Pr. Chaouchkin s'est appuy? sur l'analyse du Pr. Kolosovskij11 qui a d?compos? l'ensemble de l'industrie en

g. Cf. notamment ? Le d?veloppement du bassin du Kuznetsk ?, Cahiers de

l'I.S.E.A., s?rie G, n? 8, avril i960, et l'article de H. Chambre, ? Kuzbass et

troisi?me base sid?rurgique ?, Cahiers du monde russe et sovi?tique, juil.-sept. i960, ainsi que les travaux actuellement en cours ? l'I.S.E.A. sur le Kazakhstan.

10. Cf. Pr. J. G. Chaouchkin (de l'Universit? de Moscou), Les grands complexes

r?gionaux des forces productives en Union Sovi?tique, communication au Congr?s commun de l'Association de Science r?gionale et de l'Association Internationale

de G?ographie, La Haye, septembre 1961. 11. N. N. Kolosovskij, Les complexes de production territoriale dans la g?o

graphie ?conomique sovi?tique, 1947. Une traduction en anglais de cet article a paru dans le num?ro d'?t? 1961 du Journal of Regional Science, publi? par l'Universit? de Pennsylvanie.

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M?THODES DE PLANIFICATION R?GIONALE 117

un certain nombre de cycles distingu?s selon la nature de l'?nergie utilis?e

(cycles de la m?tallurgie des m?taux ferreux, des m?taux non ferreux, du p?trole et de la chimie, de l'?nergie hydro-?lectrique et des industries ?lectro-techniques, des industries de transformation du bois, de la transformation des produits

agricoles, de l'utilisation intensive de l'eau dans l'agriculture). Se servant de cette analyse, le Pr. Chaouchkin classe les complexes r?gionaux en cinq grands

types diff?rents, en essayant de d?gager les grandes lignes de leur ?volution.

Cependant, il para?t difficile de donner aux travaux fond?s sur ce genre

d'analyse une grande pr?cision. Les travaux qui occupent le devant de la sc?ne

restent, ? l'exemple du grand ouvrage collectif publi? par l'Acad?mie des Sciences

de l'U.R.S.S.12, ceux o? les probl?mes de la r?partition des activit?s ? laquelle

est-il dit dans l'introduction de cet ouvrage pr?sente encore de tr?s s?rieux

d?fauts ? sont analys?s s?par?ment branche par branche.

La difficult? cependant de r?soudre, sur une base rationnelle, les probl?mes de localisation des activit?s dans l'?conomie sovi?tique nous est apparue lorsque nous avons discut? avec l'un des collaborateurs de la section ? R?partition des forces productives ? de l'Institut d'?conomie des probl?mes de la localisation des cimenteries. Le ciment, dont la consommation est assez dispers?e, est un produit de faible valeur unitaire, pour lequel la mati?re premi?re (calcaire) peut ?tre trouv?e en beaucoup d'endroits. Mais c'est aussi un produit pour lequel des ?conomies de co?t sensibles sont r?alis?es avec l'accroissement de la taille des usines13. Le choix correct de l'emplacement et de la taille des cimenteries ? construire devrait tenir compte ? la fois des co?ts de construction, de production et de transport, de fa?on ? rendre minimum pour la collectivit? le co?t de la satis faction des besoins. Dans une ?conomie capitaliste, la solution qui intervient ? un moment donn? n'est sans doute pas toujours optimum, mais le ressort utilis?

? la concurrence ? si elle peut entra?ner des pertes, tend lorsqu'elle est appli qu?e, et que sont ?vit?s certains des inconv?nients d'une situation monopo

listique, presque n?cessairement ? rapprocher de cet optimum. Il nous a sembl?

que nos interlocuteurs ?taient parfaitement conscients du probl?me pos?, mais

que, ni sur le plan th?orique ? comment pond?rer les divers facteurs en cause

? ni sur celui de l'application, ils n'avaient encore d?couvert de bonnes solutions.

L'?dification d'une industrie de construction de machines dans chaque grande r?gion para?t ?tre l'un des objectifs auxquels on s'attache. Beaucoup de grandes fabriques de constructions m?caniques, rappelle-t-on, ont ?t? cons truites non seulement en Ukraine, en Bi?lorussie, et dans les r?gions centrales et occidentales de la R.F.S.F.R., mais aussi le long de la Volga (Gorki, Kazan, Saratov, Stalingrad), dans l'Oural (Sverdlovsk, Tch?liabinsk, Nijni-Taguil), en

Sib?rie (Omsk, Novosibirsk, Krasno?arsk, Irkoutsk, Oulan-Oude), en Extr?me

Orient, au Kazakhstan et dans les r?publiques d'Asie centrale et de Transcau casie. ? Actuellement, on aura peine ? trouver en Union Sovi?tique quelque r?publique ou r?gion n'ayant pas d'entreprises modernes de constructions

m?caniques. C'est l'indice le plus significatif du niveau de d?veloppement industriel de toutes les r?gions ?conomiques du pays, y compris les R?publiques et r?gions des minorit?s nationales jadis arri?r?es ?14.

12. Fejgin, op. cit.

13. Dans des usines ayant une capacit? de moins de 200.000 t/an, le prix de revient d'une tonne de ciment en 1957 ?tait de 164 (moyenne de toute l'U.R.S.S. =

100) tandis que, pour une capacit? de plus de 800.000 t, le prix de revient tombait en dessous de 75. Op. cit., p. 350.

14. Fejgin, op. cit.

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Page 11: Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S

ii8 P. BERNARD

Modifications de la r?partition g?ographique des activit?s.

Des modifications viennent affecter la structure g?ographique de l'U.R.S.S.

La plus apparente est celle qui am?ne un d?veloppement rapide de la population et de l'industrie dans les r?gions orientales : Oural, Sib?rie, Extr?me-Orient et

Kazakhstan, o? pendant longtemps les conditions naturelles et la difficult? des

communications n'ont pas ?t? propices ? la mise en valeur.

Cependant, le d?veloppement de ces r?gions n'a pas toujours ?t? unifor

m?ment plus rapide que celui du reste de l'U.R.S.S., comme les r?alisations

spectaculaires intervenues dans le domaine des industries de base auraient

parfois tendance ? le faire croire. La construction des grands projets a fr?quem ment pris du retard par rapport aux pr?visions des plans, et a d? ?tre compens?e

par une acc?l?ration du rythme des investissements dans les r?gions de l'U.R.S.S.

d?j? ?quip?es. C'est surtout la guerre qui, en entra?nant le repli dans les r?gions orientales

de i 200 nouvelles grandes entreprises industrielles15 des r?gions envahies ou

menac?es (et au total la construction de 2 250 nouvelles grandes entreprises)16, a favoris? cet essor. Les ann?es qui ont suivi la guerre, marqu?es par la recons

truction dans la partie europ?enne de l'U.R.S.S., auraient simplement amen?

une stabilisation de l'avance acquise pendant la guerre. Ainsi, on a pu faire

remarquer que de 1945 ? 1950, et ? nouveau de 1950 ? 1955, la croissance de

la capacit? et de la production des centrales ?lectriques avait ?t? l?g?rement inf?rieure dans les r?gions orientales ? ce qu'elle ?tait dans les r?gions occiden

tales de l'U.R.S.S.17. On a aussi not? que, si l'on prenait l'ensemble de la p?riode de la guerre et de l'apr?s-guerre, la croissance la plus rapide ? l'int?rieur de ces

r?gions orientales n'a pas ?t? celle des r?gions les plus ?loign?es. La croissance

de l'Oural notamment a ?t? particuli?rement forte, tandis que celle de la r?gion

que l'on appelle Sub-Oural ne Fa pas ?t? moins. Si l'on analyse la croissance de

la seule production industrielle par oblast de 1940 ? 1955, on note que viennent

en t?te de toute l'U.R.S.S. les quatre oblast de Kuybishev, de la r?publique tatare (r?gion de la Volga), de Bachkirie (Oural) et de Novosibirsk (Sib?rie occi

dentale), suivis ? peu de distance par celui d'Omsk. La croissance du Kazakh

stan, de la Sib?rie orientale, et plus encore des r?publiques de l'Asie centrale,

est notablement moins ?lev?e18.

La mise en valeur des terres vierges du Nord de Kazakhstan et du Sud de la

Sib?rie occidentale, puis les grands projets industriels repris dans le plan sep tennal 1959-1965, devraient provoquer dans les r?gions orientales de l'U.R.S.S.,

et particuli?rement dans le Kazakhstan et la Sib?rie orientale, une nouvelle et

rapide croissance. Toutefois, bien des difficult?s semblent devoir ?tre encore

rencontr?es dans des r?gions aux conditions si rigoureuses et aujourd'hui encore

si peu peupl?es. Le d?veloppement des r?gions orientales entra?ne un mouvement incessant

d'immigration ? partir des territoires de la partie europ?enne de l'U.R.S.S.,

principalement de la partie centrale de la Russie (r?gion du centre du tcherno

ziom), de Bi?lorussie et d'Ukraine. Il est estim? que, dans le cadre du plan sep

tennal, non moins de six millions de travailleurs devront ?migrer vers les parties

15. S. G. Prociuk : ? The territorial pattern of Industrialisation in the

U.S.S.R. A case study in location of Industry ?, Soviet Studies (Glasgow), July 1961, pp. 69-95.

16. Fejgin, op. cit.

17. S. G. Prociuk, op. cit.

18. Ibid.

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Page 12: Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S

M?THODES DE PLANIFICATION R?GIONALE II?

orientales de l'U.R.S.S.19. Les r?publiques d'Asie centrale sembleraient n'?tre

gu?re affect?es ni dans un sens ni dans l'autre par ces mouvements.

Les personnes avec qui nous avons eu ? parler des migrations ont toujours

pris le soin d'indiquer que ces mouvements ?taient volontaires et qu'il n'y avait

aujourd'hui aucune ?migration forc?e. On peut cependant noter que, s'il semble

bien en ?tre ainsi en ce qui concerne les travailleurs, les ?tudiants sortant des

?coles font en revanche l'objet d'affectations d'office ? comme en d'autres

pays les fonctionnaires ? ce qui provoque parfois des tensions qui ont fourni

quelques sujets de films20.

En l'absence de contrainte, le moteur principal de cette immigration est

l'attrait des salaires, qui en Sib?rie seraient plus ?lev?s qu'ailleurs dans la pro

portion d'environ un tiers21. La cr?ation de conditions de vie ? normales ? inter

viendrait aussi. Un autre facteur des mouvements de migration serait ? l'?mula

tion socialiste ?, principalement parmi les ?l?ments jeunes, les poussant ? s'enga

ger dans les ? brigades ? de travail et ? fournir le noyau de nouveaux villages ou

de nouvelles entreprises. Mais l? aussi se rencontrent des r?sistances, comme

en t?moignent d'autres uvres de fiction22.

L'effort de d?centralisation.

C'est que les mouvements vers les zones orientales ne constituent qu'une

partie des mouvements de population que l'on constate en U.R.S.S. Comme

ailleurs, les forces d'agglom?ration, qui attirent vers les tr?s grandes villes, sont

ici tr?s puissantes. En b?n?ficient Leningrad (3,3 millions d'habitants), la capi tale d?tr?n?e, qui reste un grand centre scientifique et intellectuel et dont le

s?jour est tr?s appr?ci?, et surtout Moscou. Celle-ci, qui a pour elle la centralisa

tion de Fappareil de d?cision r?el, serait pass?e de 1 800 000 habitants en 1913 ?

6,1 millions en 1961 (sur un territoire aujourd'hui de 87 000 hectares). La population de ces deux m?tropoles, par rapport ? celle de l'ensemble du

pays, peut sans doute appara?tre comme n'?tant pas excessive, en regard de ce

que l'on constate dans beaucoup d'autres pays caract?ris?s par une tendance

parfois tr?s forte ? l'hydroc?phalie. N?anmoins, la n?cessit? d'un effort de d?cen

tralisation ne s'en est pas moins fait sentir depuis longtemps en U.R.S.S. Une

des raisons en a ?t? sans doute la faiblesse de la construction immobili?re jusque vers 1950, le logement des nouveaux habitants n'ayant pu ?tre assur? qu'en serrant les anciens, la surface habitable disponible par habitant tombant tr?s

bas et ne recommen?ant ? s'accro?tre l?g?rement que dans les toutes derni?res ann?es (actuellement 7,5 m?tres carr?s seulement par habitant de surface totale du logement, la situation paraissant particuli?rement critique ? Moscou).

D?j? avant la guerre, un d?cret avait ?t? pris interdisant la construction

d'usines nouvelles, ou un agrandissement important d'usines anciennes, dans un

certain nombre de grandes villes. Aboli pendant la guerre, ce d?cret fut remis en vigueur en 1952 (? la suite, fut-il pr?cis?, des d?cisions du XIXe Congr?s).

Actuellement, ce d?cret s'appliquerait ? douze villes (Moscou, Leningrad, Kiev,

19- V. Nemcinov, Voprosy Ekonomiki, juin 1961 (op. cit.). 20. L'?tudiant pusillanime qui laisse sa fianc?e partir seule pour une affec

tation isol?e, etc. 21. Sur le probl?me de la disparit? des salaires, d'une ville ? l'autre, en

U.R.S.S., cf. J. Trivous, ? Une enqu?te sur l'?volution du budget des familles ouvri?res en U.R.S.S. ?, Cahiers du Monde Russe et Sovi?tique, n? 4, 1961.

22. Partir en Sib?rie ou vivre de march? noir ? Leningrad, sujet de la pi?ce de th??tre Les nuits blanches de Leningrad.

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Page 13: Les critères de la politique èconomique régionale en U.R.S.S

120 P. BERNARD

Bakou, Gorki, Kharkov, Sverdlovsk, etc.), soit en fait ? toutes les grandes villes. Lorsque nous avons demand? si ce d?cret ?tait strictement appliqu?, nous

avons pu d?celer chez nos interlocuteurs une certaine h?sitation, voire de francs

sourires ? que comprendraient certainement tous ceux qui, quel que soit

le pays, ont ?t? m?l?s ? l'application d'une politique d?clar?e de d?centra

lisation.

Un effort est fait en m?me temps pour transf?rer hors de Moscou un certain

nombre d'industries. Les industries chimiques et les tanneries nous ont ?t?

cit?es ? ce propos. L'effort de d?centralisation ne se limite pas seulement ? l'industrie. L'accrois

sement des pouvoirs des r?publiques, la cr?ation des sovnarkhoz, la cr?ation

?ventuelle de commissions de planification au niveau des grandes r?gions ?cono

miques et des oblast constituent un effort tr?s appr?ciable de d?centralisation

ou de d?concentration de l'appareil de d?cision.

Dans le domaine intellectuel et de la recherche, on rappellera la cr?ation

? Novosibirsk d'une branche sib?rienne de l'Acad?mie des Sciences, dont d?pen drait notamment un laboratoire de calcul charg? d'?tudier l'application de

techniques math?matiques dans l'?conomie. Nos interlocuteurs nous ont signal?

?galement que l'important Institut de recherches de la sid?rurgie (Gipromez),

pr?c?demment situ? ? Moscou, a vu son activit? r?partie entre un certain

nombre de centres situ?s pr?s des usines sid?rurgiques de l'Oural, de l'Ukraine

et du Kazakhstan ; l'Institut de recherches de la cellulose et du papier (Gipro

boum), autrefois situ? ? Leningrad, aurait ?t? de m?me transf?r? pour la plus

grande partie ? Irkoutsk, proche du site de nouvelles usines de cette branche.

La presse d'autre part a rapport? que l'ordre avait ?t? donn? au ministre de

l'Agriculture de s'installer ? la campagne, aupr?s d'un sovkhoz, et rapporte de m?me des ? invitations ? du m?me ordre adress?es de temps ? autre ? telle

ou telle cat?gorie de citoyens sovi?tiques22. Tous ces transferts ont d? signifier des mouvements appr?ciables de fonc

tionnaires et techniciens hors des capitales. Mais il appara?t difficile d'en contr?ler

la port?e et il est manifeste que, ici comme ailleurs, les mouvements inverses de

centralisation restent forts et sont difficiles ? juguler. Les membres de l'intelli

gentsia et les gens en place, ainsi que leurs descendants, semblent, en r?gle

g?n?rale, et en d?pit de toutes les d?n?gations, tr?s soucieux de se maintenir ?

Moscou et Leningrad et d'?viter les d?m?nagements propos?s ; l'attrait de la

grande ville est d'autre part certainement tr?s vif sur l'ensemble de la popula tion. Quoi qu'il en soit, on para?t tr?s conscient en U.R.S.S. du maintien de cette

in?galit? de fait ? qui n'a rien d'un monopole sovi?tique

? entre m?tropoles et arri?re-pays, et tr?s d?sireux de lutter contre elle, voire de l'?liminer.

Dans l'effort d'am?nagement des grandes villes, une place doit ?tre faite ?

la construction des villes-satellites, qui ici s'appelleront tout naturellement

villes-spoutnik. L'exp?rience des villes nouvelles anglaises, et notamment de

celles de la couronne de Londres, et quelques autres exp?riences ?trang?res

analogues, paraissent avoir retenu l'attention des responsables sovi?tiques. La

construction d'une ville-spoutnik ? quelque 40 kilom?tres de Moscou sur la route

23- On peut toutefois noter que ce n'est pas d'aujourd'hui que se fait sentir

la n?cessit? de pareille d?centralisation. Ainsi Dzerzinskij, qui fut de 1924 ? 1926

pr?sident de ce qui ?tait alors le Conseil ?conomique Supr?me (V.S.N.Kh.),

proposa que les deux tiers des experts et des bureaux de Moscou fussent trans

f?r?s dans les provinces... ? l'exception toutefois du V.S.N.Kh. lui-m?me, dont

il jugeait que la d?centralisation effectu?e au cours des deux premi?res ann?es

de la NEP avait ?t? trop loin. Cf. R. W. Davies, ?Biographie de Dzerjinskij ?, Soviet Studies, juillet i960.

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M?THODES DE PLANIFICATION R?GIONALE 121

de Leningrad (Krioukovo) aurait ?t? d?cid?e ; toutefois, les travaux n'auraient

pas encore commenc?. Il nous a ?t? indiqu? ?galement que l'am?nagement des

villes devrait comporter la construction, ? proximit? des nouveaux quartiers

d'habitation, de quelques grandes entreprises, afin de constituer des unit?s semi

autonomes d'habitation et d'emploi ; l? encore cette recherche ne para?t pas tr?s diff?rente de celle que conduisent les urbanistes d'autres pays.

* *

Tels sont les quelques principes qui paraissent commander les choix que les

autorit?s sovi?tiques responsables ont ? op?rer au niveau des r?gions. Toutefois, ces principes ne sauraient donner une image valable de la politique ?conomique

r?gionale suivie s'ils ne sont pas eux-m?mes replac?s dans le contexte de l'orga nisation ?conomique du pays. Il y a lieu notamment de tenir compte du r?le

que jouent dans l'?laboration et la gestion des activit?s ?conomiques les diff?

rents relais territoriaux, districts, oblasts, r?gions ?conomiques administratives,

r?publiques, grandes r?gions ?conomiques, et des principes ayant servi de base

au d?coupage de ces diff?rentes circonscriptions ; des probl?mes de l'organisation de la production entre les diff?rentes entreprises et de la politique suivie en

mati?re de transports ; enfin, des crit?res g?n?raux de la planification (notam ment de ceux commandant le choix des investissements) ainsi que des implica tions au niveau r?gional de l'existence m?me du syst?me politique et ?conomique en vigueur.

Sans empi?ter ici sur ce qui doit ?tre dit ailleurs ? ce sujet, ainsi que sur la

port?e des r?formes intervenues au cours des derni?res ann?es, depuis la cr?a

tion des sovnarkhoz en 1957 jusqu'? l'institution en 1961 -1962 des ? conseils

de coordination ? dans les dix-sept grandes r?gions ?conomiques, on indiquera

cependant les deux grandes questions que l'on peut vouloir poser ? la suite de

cette analyse. Tout d'abord, la r?partition g?ographique des activit?s atteinte

sous le syst?me sovi?tique est-elle rationnelle et tend-elle ? un moment donn?

? se rapprocher de ce que l'on peut consid?rer comme un optimum ?conomique ?

Et en second lieu, ce syst?me se montre-t-il favorable au d?veloppement des

diff?rentes r?gions, particuli?rement des moins avanc?es au d?part, et ainsi ? la

croissance de l'?conomie toute enti?re ? L'irrationnalit? des ?changes entre les

diverses r?gions, reconnue par tous les auteurs sovi?tiques, m?me encore apr?s la r?forme de 1957 (d'o? en particulier la nouvelle r?forme de 1962), ne laisse

gu?re de doute qu'il est difficile de r?pondre positivement ? la premi?re question, comme on pouvait s'y attendre en notant la place secondaire laiss?e aux calculs

de rentabilit?. En revanche, la seconde question, en raison pr?cis?ment de l'impor tance donn?e ? l'utilisation des ressources locales et de la cr?ation ? partir de

celle-ci d'une base industrielle, ainsi que de l'effort accompli en faveur de l'?du

cation, appellerait une r?ponse nettement plus favorable ; toutefois, le spectacle du contraste entre villes et campagnes, qui est encore nettement plus marqu?

qu'ailleurs, et la satisfaction toujours insuffisante des besoins locaux, qui est

elle-m?me li?e ? la faible place donn?e aux calculs de rentabilit?, am?ne ? temp? rer ce dernier jugement.

Paris, 1961.

Philippe Bernard.

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