Les Camps de Rivesaltes

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HISTOIRE LOUBATIÈRES LES CAMPS DE RIVESALTES VIOLETTE MARCOS & JUANITO MARCOS UNE HISTOIRE DE L’ENFERMEMENT (1935-2007)

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Au milieu de la plaine, au pied du Canigou, depuis plus de soixante-dix ans le camp Joffre de Rivesaltes dresse ses bâtiments aujourd’hui délabrés, jonchés de gravats et de barbelés rouillés. Les îlots de baraques abritent les traces d’hommes, de femmes et d’enfants qui vécurent là et parfois y laissèrent leur vie. Le camp de Rivesaltes fut tour à tour un camp militaire pour les troupes françaises, allemandes puis coloniales, un centre d’internement (Espagnols après la Retirada, Tsiganes, Juifs) et un camp d’enfermement. Offrant analyses et témoignages d’anciens internés, des acteurs associatifs qui leur sont venus en aide et des archives de l’époque, cet ouvrage illustré retrace l’histoire de ce lieu battu par la tramontane l’hiver et férocement ensoleillé l’été que certains ont appelé le « Sahara du Midi ».

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HISTOIRE LOUBATIÈRES

LES CAMPSDE RIVESALTES

VIOLETTE MARCOS & JUANITO MARCOS

UNE HISTOIRE DE L’ENFERMEMENT (1935-2007)

Remerciements à Nicole Berger, photographe, Danièle Chenal, Jean-Pierre Lopez,

Michelle Taurines, René et Marilou Alvarez, Antonio Horta, Claire Morato, Christian Xancho,

et aux personnes interviewées : Antonio Cascarosa, Espérance Navarro, Santiago Salgado,

Lucia Martinez Garcia (entretien réalisé par José Sangenis et Gérard Bernabeu),Auguste Bohny, Genia Klukowski, Wladimir Zandt (entretien téléphonique),

Henia Jagla, M. Souaifia, Mme Ameur, Amar Michel Meniker, M. Hamani, Joseph Soler,

M. Harry Geringswald (entretien réalisé par Christian Xancho) et Johanna Reyer

cet ouvrage a été publié avec le concours du centre régional des lettres de la région midi-pyrénées

ISBN 978-2-86266-585-6

© Nouvelles Éditions Loubatières, 200910bis, boulevard de l’Europe – BP 27

31122 Portet-sur-Garonne cedex

[email protected]

Photographie de couverture : collection particulière

Violette Marcos & Juanito Marcos

LES CAMPS DE RIVESALTES

UNE HISTOIRE DE L’ENFERMEMENT(1935-2007)

Loubatières

LE CAMP JOFFRE : UN CAMP MILITAIRE

Au pied du Canigou, à quelques kilomètres au nord de Perpi-gnan, entre Salses et Espira-de-l’Agly, la commune de Rivesaltes,dans les Pyrénées-Orientales, est au cœur d’une large plaine ouverteà toutes les intempéries méditerranéennes. C’est le « Sahara duMidi » comme certains l’appellent. La tramontane, lorsqu’ellesouffle, renverse tout sur son passage et même en pleine caniculefait baisser brutalement les températures; les orages d’été nombreux,violents et imprévisibles sont capables de transformer en quelquesinstants sols et chemins en terrains boueux ou, dans certainescirconstances, en bourbiers nauséabonds.

Située à quarante kilomètres de la frontière espagnole, inséréedans la vaste zone des contreforts pyrénéens, la région s’est révé-lée un site stratégique depuis fort longtemps.

Dans les années 1930 et jusqu’aux années 1960, le camp mili-taire, près des ports de la Méditerranée, aux portes de l’empirecolonial, est mis au service de la colonisation. L’installation del’armée allemande pendant l’Occupation ne sera qu’une courteparenthèse dans cette longue histoire.

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Archives militaires de Vincennes.

Le centre d’instruction militaire régional Méditerranée

En 1935, le ministre de la Guerre décide la création, à deux kilo-mètres au nord de Rivesaltes, non loin de la voie ferrée, d’un centred’instruction militaire régional Méditerranée, baptisé camp Joffre,du nom du maréchal natif de Rivesaltes. Au xxe siècle, les routeset lignes de chemin de fer quadrillant le territoire ont désenclavéla région : les routes venant de Toulouse et Montpellier conver-gent vers la nationale qui double la voie ferrée de Narbonne àPerpignan.

Les départementales parallèles à la chaîne pyrénéenne renfor-cent ce réseau, mettant en contact le Languedoc-Roussillon avecl’Ariège et les Pyrénées centrales.

La diversité des infrastructures, les facilités d’accès du réseaude communication et bien sûr la proximité avec la Méditerranéeet les colonies expliquent que la France, renouant dans les années1930 avec les velléités guerrières d’une autre époque, choisisse deconstruire, dans cette région, un camp militaire.

Loin des frontières stratégiques du nord de la France, il devaitservir de dépôt de matériel et de centre d’entraînement pour lesappelés et les troupes coloniales qui trouvaient dans ce site médi-terranéen des analogies de terrain, de paysage et de climat avecnotamment le Maghreb.

En 1936, un an après, c’est toujours un vaste chantier où onarrache la vigne, on déblaye les gros cailloux et, vaille que vaille,on installe des habitations qui ne seront réellement dressées quedeux ans plus tard.

Jusqu’en 1940, les autorités militaires continueront à racheterdes terres aux exploitants agricoles afin d’agrandir le camp. Et siau départ il est aménagé par les soldats français, par la suite lesdifférents groupes d’internés participeront à l’entretien des instal-lations.

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En 1939, les autorités du camp font appel aux Espagnols inté-grés dans les Compagnies de travailleurs étrangers (CTE), trans-formées en octobre 1940 en Groupes de travailleurs étrangers(GTE) placés sous l’autorité du ministère du Travail. 1 600personnes, incorporées dans les 223e, 227e et 228e GTE compre-nant 200 à 225 hommes chacun, travaillent à l’aménagement, àl’extension du camp Joffre. Les populations qui se succèdentcontribuent à leur tour à la maintenance ou à l’amélioration desbâtiments et des installations. Derniers en date, les harkis qui, en1962, seront rémunérés pour participer à ces travaux.

Pendant près de cinquante ans, le camp militaire, malgré quelquesinterruptions, a été conservé grâce aux soldats et aux internés.Aujourd’hui une seule partie reste encore entretenue, et pourcause, elle sert de camp de rétention !

L’organisation du campLa zone militaire située entre Rivesaltes et Salses, et traversée

par la route Rivesaltes-Opoul, couvrait 612 hectares. L’État-majoravait décidé de construire 2400 baraques regroupées en 16 îlotsde 150 baraques chacun. Le projet gigantesque n’arriva jamais àterme. La capacité d’hébergement était estimée à 18 000 soldats,ce qui ne fut jamais le cas. Les militaires voyaient trop grand…

Le 28e RICMS (Régiment d’infanterie coloniale mixte séné-galais) ouvre les portes, s’installe sur 13 hectares en partie aména-gés. Les 9 îlots qui reçoivent une appellation alphabétique sontalors en partie construits.

Comme toutes les constructions militaires de ce type, l’orga-nisation et l’architecture s’inspirent des camps aménagés, soustoile, dans les colonies françaises et notamment en Algérie : leplan est tracé au cordeau, les îlots parfaitement définis et nommés,chaque baraque initialement blanchie à la chaux a une fonctionprécise, dortoir, sanitaire, cuisine, infirmerie. Des allées en terrebattue quadrillent l’ensemble. Mélange de caserne et de campsde toile colonial.

Et pour parachever ce modèle d’une grande rigueur classique,au sud du camp siègent les autorités militaires et leur adminis-tration, le bâtiment ouvrant sur une large place d’armes.

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Le camp était visible de loin, le soleil éclairant violemment cesbaraques blanches en fibrociment. Malgré des toits en tuiles platesles constructions étaient très légères, isolant mal du vent et desintempéries. Chacune mesurait trente mètres de long sur cinqmètres de large et trois mètres de haut.

Comme dans une caserne de type classique, la rigueur et ladiscipline militaire s’inscrivent dans les murs et la disposition desbâtiments. Comme dans un camp de toile colonial, le site estimmense et peut, en fonction des nécessités, s’étendre encore.

L’éphémère existence du camp militaireLes premiers résidents du camp militaire sont des conscrits

métropolitains et des régiments d’infanterie coloniale. Au momentde la mobilisation de 1939, ils sont envoyés vers le front.

Après la défaite, les unités militaires totalement désorientéesse replient et battent en retraite. Des lambeaux de l’armée endéroute se réfugient un temps dans le camp de Rivesaltes avantque l’Allemagne ne règle définitivement leur sort.

Le gouvernement de Pétain décide de mettre fin aux combatset, le 22 juin 1940, l’armistice est signé à Rethondes. Les clausessont draconiennes, notamment pour les forces armées françaisesfortement réduites. La quasi-totalité des régiments est supprimée.

Dans le camp Joffre comme dans tous les camps militaires fran-çais, les ordres sont immédiatement appliqués. Cela se traduit parla dissolution immédiate du 28e RICMS.

Trois jours après la signature de l’armistice, le camp de Rive-saltes est donc vide ou presque. Les soldats métropolitains démo-bilisés quittent rapidement les lieux et ne restent que des bataillonscoloniaux indigènes et quelques Espagnols incorporés dans lesGTE.

Les militaires d’origine indochinoise, Annamites, tirailleurssénégalais ou soldats syriens encore dans le camp attendent leurembarquement vers leur pays d’origine. Les premiers départs nese font que tardivement et progressivement ; ces retards et cesdifficultés traduisent l’état de désorganisation que connaissait lepays à ce moment-là.

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Les derniers soldats, au nombre de 4 434, acheminés versMarseille, embarquent sur treize navires en janvier 1941.

Le camp militaire Joffre disparaît en 1940 et ne reprend sesfonctions qu’en 1942 lorsque les troupes allemandes occupenttoute la France, entrent à Rivesaltes et créent un camp militaireallemand.

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La parenthèse allemande (novembre 1942-août 1944)

Le camp militaire allemandLes troupes allemandes entrent à Perpignan le 12 novembre 1942,après avoir franchi la ligne de démarcation la veille. Ces troupesd’opération, telle est leur appellation exacte, s’installent immédia-tement et pourrait-on dire « naturellement », dans le camp Joffrequi, rappelons-le, est d’abord une caserne.

Celle-ci va servir surtout au cantonnement et à l’instructionde troupes d’infanterie chargées de la surveillance de la côte médi-terranéenne. Le camp est aussi un dépôt de matériel.

Dans un premier temps, seule la partie militaire du camp Joffreest investie par l’armée allemande car, jusqu’en décembre 1942,le « centre d’internement » du ministère de l’Intérieur de Vichy,bien qu’en cours de liquidation, continue à fonctionner. Le16 novembre, 2471 personnes y sont encore internées.

Par la suite, l’armée allemande utilise tout le camp et installedans des baraques des internés, surtout des Espagnols, intégrésdans les GTE employés par l’organisation Todt ou les autres corpsde bâtisseurs mobilisés par les travaux de fortification du littoral.

Le camp Joffre est occupé sans discontinuité jusqu’à la Libé-ration et, avant son retrait le 19 août 1944, l’armée allemandesaccage les bâtiments. Elle détruit les installations électriques etl’adduction d’eau et emporte avec elle les armes, abandonnantmatériels divers et équipements.

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Les tentes du camp militaire, Le Travailleur catalan, 5 mai 1956.

Départ des troupes en gare de Perpignan, Le Travailleur catalan, 5 mai 1956.

Une base de départ pour l’Algérie (1957-1962)

Le camp retrouve sa fonction colonialeLe camp de Rivesaltes a toujours offert par ses dimensions et sesstructures un champ de manœuvre idéal pour les troupes colo-niales. Soldats et officiers y étaient préparés aux opérations exté-rieures, à l’outre-mer notamment. L’État-major le dit clairement :« Le centre de rassemblement des recrues reçoit tous les deux moisenviron 1500 hommes destinés à l’AFN et aux FFFA. Le campde Rivesaltes offre avec la proximité des Pyrénées d’excellentespossibilités d’instruction dans un terrain identique à celuid’AFN 1. » Au début du mois de juillet 1962, on note même laprésence dans le camp « d’un régiment algérien et des famillesmusulmanes qui le suivent 2 ».

L’îlot de commandement est utilisé pour héberger les détache-ments d’AFN transitant par Port-Vendres. À partir de 1954, sesanalogies avec un camp algérien vont s’avérer très intéressantespour l’État-major.

En 1957, l’histoire prend un cours nouveau. Les soldats ducontingent, de plus en plus nombreux, sont appelés aussi en Algé-rie et le gouvernement fait de Rivesaltes le « Centre mobilisateurn° 134 ».

Le camp sert de lieu de formation et d’entraînement, demanœuvres pour les soldats du contingent appartenant au 24e

RIMA de Perpignan. Tous les deux mois environ, les hommes detroupe après avoir reçu une instruction sont embarqués notam-ment par Port-Vendres vers l’Algérie.

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1. Série T, archives du ministère de la Défense.2. L’Indépendant, 9 juillet 1962.

Les centres de formation

Le centre militaire de formation n° 1 (1951-1969)De 1951 à 1969, l’armée française est dotée de trois centres mili-taires de formation professionnelle (CMFP). Le premier est àRivesaltes, le second à Fontenay-le-Comte, le troisième à Alen-çon 3.

Le 1er décembre 1951 s’ouvre, dans le camp Joffre, le « Centrede formation professionnelle accélérée de Rivesaltes ». L’arméeest chargée par les services de l’Inspection du travail de l’inser-tion professionnelle de conscrits volontaires, notamment nord-africains, d’abord algériens puis marocains et tunisiens 4. Le butdu gouvernement français est de profiter de la présence dans lacaserne de certains appelés français musulmans pour approfon-dir leur assimilation et leur intégration.

Au début, 180 jeunes logés dans 19 baraques sont formés auxmétiers du bâtiment.

En 1954, le centre est réorganisé en vue d’augmenter le nombrede stagiaires, désormais chaque semestre 150 à 200 jeunes appe-lés vont recevoir des cours ; ils seront logés dans des baraques del’îlot J puis K et encadrés par 35 à 60 militaires. Ils sont pourmoitié métropolitains et pour moitié nord-africains.

Cette politique s’intensifie en 1957 quand le gouverneur géné-ral de l’Algérie, Robert Lacoste, tente de donner plus d’impor-tance et de relief à la politique de « pacification » alors que sedéroule la bataille d’Alger et que l’armée exerce des pouvoirsspéciaux. Il demande, au ministère des Armées, de former 2000ouvriers 5 dans le cadre du « plan Constantine 6 ».

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3. 7T 256, archives du ministère de la Défense.4. 13T 286, archives du ministère de la Défense. Un rapport daté du 2 janvier 1957« signale l’existence à Rivesaltes d’un centre d’instruction des troupes coloniales ».5. 7T 257, archives du ministère de la Défense.6. 7T 257, archives du ministère de la Défense.

Le camp Joffre est ànouveau sollicité et devient le« Centre militaire de formationprofessionnelle », appellationqui traduit bien la nature deses nouvelles attributions.

Il est chargé d’accueillir,après leurs trois mois de classe,un plus grand nombre d’appe-lés français musulmans domi-ciliés en Algérie. Ils doiventapprendre un métier mais aussila langue française et surtoutrecevoir une formation civique.Ces stagiaires sont choisis scrupuleusement, les notes de l’État-major répétant sans cesse, au cours des mois, qu’il ne faut pashésiter à se débarrasser des « éléments douteux », notamment depossibles infiltrés sympathisants FLN 7.

Jusqu’en 1962, 300 jeunes en moyenne sont accueillis chaquesemestre dans l’îlot J, tandis que l’îlot K faisant office d’atelier estéquipé de tout le matériel.

Encadrés par 90 soldats et officiers, près de 3000 jeunes vontrecevoir, en quatre ans, une formation d’ouvriers et obtenir leurCAP dans les métiers du bâtiment : limousinage, plâtrerie, brique-tage, bétonnage et coffrage.

Parmi eux 600 à 800 jeunes musulmans deviennent moniteursen Algérie, petits cadres qui bénéficient d’une promotion sociale.Ils sont censés être les propagateurs des idéaux de la Républiqueet les auxiliaires des autorités métropolitaines dans l’administra-tion. Certains seront employés de mairie, secrétaires.

Au début de l’année 1962, le camp Joffre offre une situationexplosive. D’un côté, dans l’îlot J, les jeunes conscrits françaismusulmans, de l’autre, dans l’îlot N, les membres du FLN déte-

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7. 7T 256, archives du ministère de la Défense. « Il apparaît que des Corps se sontdébarrassés d’éléments douteux », 17 janvier 1958.

Centre militaire de formationprofessionnelle n° 1. (archives du ministère de la Défense)

nus dans le centre pénitentiaire. Cohabitation plus que problé-matique qui prend fin avec la signature des accords d’Évian et ledépart des prisonniers.

La fin de la guerre d’Algérie n’annonce pas pour autant la finde la formation professionnelle dans le camp Joffre puisque dèsnovembre 1962 s’ouvre pour les harkis le « Centre de promotionsociale et d’initiation professionnelle ».

Nouvelle situation difficile. Se côtoient, pendant un temps,deux catégories de personnes, quelque 370 ex-supplétifs (hommeset femmes) et 250 soldats de métier rengagés pour six mois au titrede la formation professionnelle. L’ensemble des stagiaires est enca-dré par une vingtaine d’officiers et de sous-officiers épaulés par118 hommes de troupe et 50 directrices ou monitrices civiles.

Le budget de la formation professionnelle s’élève alors à367 856 F et permet de rémunérer les stagiaires qui reçoivent45,84 F par mois. Mais les harkis astreints à la même formationtouchent 50 F par mois ! Ces disparités salariales provoquerontdisputes, discussions, négociations qui aboutissent à un réajuste-ment du salaire des militaires.

L’État-major envisageait depuis un temps de fermer le centrede formation. Face aux conflits réitérés, les autorités militaires ducamp organisent, dans la précipitation, les examens de fin de stageavant l’évacuation et le transfert du CMFP NP1 vers Alençon.

Le départ des derniers harkis coïncide avec la fermeture totaleet définitive du centre de promotion sociale.

Le camp militaire redevient une simple caserne. Il est cepen-dant rattrapé par l’histoire puisque, voué aux troupes coloniales,il va devoir régler un épisode de la décolonisation.

Le centre civil de formationEn marge du CMFP NP1, le ministère du Travail, dès 1951,

obtient que l’État-major mette à sa disposition les îlots Q et O,pour accueillir un « Centre de formation professionnelle pouradultes » (CFPA).

Les premières 300 personnes sont recrutées pour une forma-tion qui dure six mois aux métiers du bâtiment. Au cours des

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années les activités se diversifient et 100 à 200 jeunes gens sontformés chaque année dans ce centre. À partir des années 1977-1978 des femmes reçoivent aussi une formation.

Le CFPA existe encore aujourd’hui.

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Le centre civil de formation. (photographie Claire Morato)

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VIOLETTE MARCOS & JUANITO MARCOS

ISBN 978-2-86266-585-6

18 €

Au milieu de la plaine, au pied du Canigou, depuis plusde soixante-dix ans le camp Joffre de Rivesaltes dresseses bâtiments aujourd’hui délabrés, jonchés de gravatset de barbelés rouillés. Les îlots de baraques abritent lestraces d’hommes, de femmes et d’enfants qui vécurentlà et parfois y laissèrent leur vie.

Le camp de Rivesaltes fut tour à tour un camp mili-taire pour les troupes françaises, allemandes puis colo-niales, un centre d’internement (Espagnols après la Reti-rada, Tsiganes, Juifs) et un camp d’enfermement.

Offrant analyses et témoignages d’anciens internés,des acteurs associatifs qui leur sont venus en aide et desarchives de l’époque, cet ouvrage illustré retrace l’histoirede ce lieu battu par la tramontane l’hiver et férocementensoleillé l’été que certains ont appelé le « Sahara duMidi ».

Violette Marcos est docteur en histoire. Sa thèse de doctorata porté sur le parti communiste et l’antifranquisme. JuanitoMarcos s’est spécialisé dans la recherche documentaire en his-toire sociale. Tous deux ont participé à l’ouvrage 1936, Luttes sociales dansle Midi aux éditions Loubatières et codirigé Culture d’exil, Es-pagnols dans le Sud-Ouest, 1939-1975 aux éditions IRIS.