Les cahiers du RETEX - supplément à Doctrine nr 10

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LE GROUPE DE DEFENSE NBC AU KOSOVO par le lieutenant-colonel KOVALEVSKY, commandant en second du GDNBC P résent dès l’engagement de la force au Kosovo en mai 1999, au travers d’un module Guépard 1000 (1/1/2), le Groupe de Défense NBC s’est retrouvé rapidement à devoir gérer des risques NBC particuliers : les risques NBC d’origine industrielle. Des éléments projetés de l’armée française avaient déjà été confrontés à une situation de cet ordre à Dakar face à un événement impliquant un wagon d’ammoniac. Mais au Kosovo, un tissu industriel de conception ancienne, laissé à l’abandon pendant les années de guerre civile, donne une ampleur toute autre à ces risques NBC émergents. Dans la tache qui lui est impartie de prévenir et de gérer tout incident NBC et de restaurer la capacité de la force si besoin est, le module du GDNBC (1) doit évaluer la réalité et l’intensité du danger, concevoir des plans de réponse face à l’événement et les actions de réduction de risques dans son domaine mais surtout convaincre que la manœuvre, l’action reste possible face à ce danger NBC pernicieux que l’héritage de nombreuses années tournées face au pacte de Varsovie rend particulièrement incapacitant. L’ESPACE DU COMBATTANT AU KOSOVO : UN ENVIRONNEMENT SUBURBAIN ET INDUSTRIEL A RISQUES. Une opération de maîtrise de la violence, de rétablissement de la paix et de sécurisation des populations limite immanquablement la liberté d’action et en particulier celle de l’implantation de la force. Quelles que soient les nationalités, les choix d’implantation des unités obéissent à des compromis. La périphérie des agglomérations reste le terrain privilégié des zones de déploiement, bien évidemment s’y retrouvent les zones industrielles : Camp Monteith (US) s’étend à quelques centaines de mètres d’une usine de batteries au Cadmium-Nickel, Feldlager " Progress " (GE) occupe le cœur d’une usine chimique, l’état-major de la Brigade Nord trône à 800 mètres du MIP (Mitrovica Industrial Park). Province industrielle, le Kosovo voyait toute son économie liée au Kombinat TREPCA. A partir d’une extraction minière à forte activité, avait été développée toute une industrie de valorisation et de transformation dont la conception, sur le mode soviétique, date des années cinquante. Déjà obsolètes avant l’éclatement de la Yougoslavie, les installations industrielles ont été laissées à l’abandon pendant la guerre civile, bon nombre ont été dévastées. Des quantités importantes de produits chimiques restent dans des conditions de stockages déplorables. Des paratonnerres radioactifs gisent à terre. Afin de satisfaire ses besoins d’urgence, la population n’hésite pas à faire de la récupération dans les installations abandonnées. Tout est réuni pour que l’accident survienne : mélanges de produits incompatibles à toxicité élevée, installations électriques dangereuses, infiltrations d’eau importantes, volonté, même sans compétence, de relancer l’activité industrielle en mode dégradé. Dans ce contexte le module du GDNBC, inclus au BATGEN (2) mais pour emploi aux ordres de G3 2D (3) de l’état-major de la brigade, doit évaluer le risque et proposer les mesures à adopter en cas d’émergence de la menace. EVALUER LA MENACE : NI ANGELISME, NI CATASTROPHISME. Etablir un inventaire des plus exhaustifs est une tâche essentielle et difficile. Un produit même en faible quantité peut réagir avec d’autres composés de façon irréversible avec des conséquences dramatiques. Il convient de séparer les réactifs susceptibles d’interagir de manière violente ou toxique pour l’individu. L’étiquetage des composés sous leur nom commercial serbe rend l’exercice plus ardu. La cartographie de tous les produits présents reste la première action à entreprendre. Elle demande une sensibilisation aux notions de chimie et de physico-chimie et prend en compte particulièrement la toxicité potentielle, les quantités et les conditions de stockage. Engagée peu après l’installation de la Brigade française à Mitrovica, cette action permet d’évaluer la menace et de définir les mesures de précaution à adopter par la force projetée. L’exemple donné par le Guépard 1000 du GDNBC dans la zone d’action de la Brigade Nord ne sera suivi qu’à partir de mai 2001 par les autres brigades multinationales. (1) Groupe de Défense Nucléaire Biologique et Chimique. (2) Bataillon du Génie. (3) Gestion de l’espace terrestre. 1 Supplément à Objectif Doctrine 35 LES CAHIERS DU RETEX N° 10 AVERTISSEMENT AU LECTEUR En plus de deux articles liés au sujet d’OBJECTIF-DOCTRINE (la défense NRBC), ce 10 è numéro des Cahiers du RETEX vous propose exceptionnellement deux articles sur le contrôle des foules. En effet, la rédaction a souhaité publier rapidement ces deux «libres réflexions» sur ce sujet important qu’est le contrôle des foules.

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LE GROUPE DE DEFENSE NBC AUKOSOVO

par le lieutenant-colonel KOVALEVSKY,

commandant en second du GDNBC

Présent dès l’engagement de la force au Kosovo en mai 1999,au travers d’un module Guépard 1000 (1/1/2), le Groupe deDéfense NBC s’est retrouvé rapidement à devoir gérer desrisques NBC particuliers : les risques NBC d’origine

industrielle. Des éléments projetés de l’armée française avaient déjà été confrontés à une situation de cet ordre àDakar face à un événement impliquant un wagon d’ammoniac. Mais au Kosovo, un tissu industriel de conceptionancienne, laissé à l’abandon pendant les années de guerre civile, donne une ampleur toute autre à ces risques NBCémergents. Dans la tache qui lui est impartie de prévenir et de gérer tout incident NBC et de restaurer la capacitéde la force si besoin est, le module du GDNBC(1) doit évaluer la réalité et l’intensité du danger, concevoir des plansde réponse face à l’événement et les actions de réduction de risques dans son domaine mais surtout convaincreque la manœuvre, l’action reste possible face à ce danger NBC pernicieux que l’héritage de nombreuses annéestournées face au pacte de Varsovie rend particulièrement incapacitant.

L’ESPACE DU COMBATTANT AU KOSOVO : UN ENVIRONNEMENT SUBURBAIN ET INDUSTRIEL ARISQUES.

Une opération de maîtrise de la violence, de rétablissement de la paix et de sécurisation des populations limiteimmanquablement la liberté d’action et en particulier celle de l’implantation de la force. Quelles que soient lesnationalités, les choix d’implantation des unités obéissent à des compromis. La périphérie des agglomérations restele terrain privilégié des zones de déploiement, bien évidemment s’y retrouvent les zones industrielles : CampMonteith (US) s’étend à quelques centaines de mètres d’une usine de batteries au Cadmium-Nickel, Feldlager" Progress " (GE) occupe le cœur d’une usine chimique, l’état-major de la Brigade Nord trône à 800 mètres du MIP(Mitrovica Industrial Park).

Province industrielle, le Kosovo voyait toute son économie liée au Kombinat TREPCA. A partir d’une extractionminière à forte activité, avait été développée toute une industrie de valorisation et de transformation dont laconception, sur le mode soviétique, date des années cinquante. Déjà obsolètes avant l’éclatement de laYougoslavie, les installations industrielles ont été laissées à l’abandon pendant la guerre civile, bon nombre ont étédévastées. Des quantités importantes de produits chimiques restent dans des conditions de stockages déplorables.Des paratonnerres radioactifs gisent à terre. Afin de satisfaire ses besoins d’urgence, la population n’hésite pas àfaire de la récupération dans les installations abandonnées.

Tout est réuni pour que l’accident survienne : mélanges de produits incompatibles à toxicité élevée, installationsélectriques dangereuses, infiltrations d’eau importantes, volonté, même sans compétence, de relancer l’activitéindustrielle en mode dégradé. Dans ce contexte le module du GDNBC, inclus au BATGEN(2) mais pour emploi auxordres de G3 2D(3) de l’état-major de la brigade, doit évaluer le risque et proposer les mesures à adopter en casd’émergence de la menace.

EVALUER LA MENACE : NI ANGELISME, NI CATASTROPHISME.

Etablir un inventaire des plus exhaustifs est une tâche essentielle et difficile. Un produit même en faible quantitépeut réagir avec d’autres composés de façon irréversible avec des conséquences dramatiques. Il convient deséparer les réactifs susceptibles d’interagir de manière violente ou toxique pour l’individu. L’étiquetage descomposés sous leur nom commercial serbe rend l’exercice plus ardu.

La cartographie de tous les produits présents reste la première action à entreprendre. Elle demande unesensibilisation aux notions de chimie et de physico-chimie et prend en compte particulièrement la toxicitépotentielle, les quantités et les conditions de stockage. Engagée peu après l’installation de la Brigade française àMitrovica, cette action permet d’évaluer la menace et de définir les mesures de précaution à adopter par la forceprojetée. L’exemple donné par le Guépard 1000 du GDNBC dans la zone d’action de la Brigade Nord ne sera suiviqu’à partir de mai 2001 par les autres brigades multinationales.

(1) Groupe de Défense Nucléaire Biologique et Chimique.(2) Bataillon du Génie.(3) Gestion de l’espace terrestre.

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AVERTISSEMENTAU LECTEUR

En plus de deux articles liés au sujetd’OBJECTIF-DOCTRINE (la défense NRBC),

ce 10è numéro des Cahiers du RETEX vous proposeexceptionnellement deux articles sur le contrôle des

foules. En effet, la rédaction a souhaité publierrapidement ces deux «libres réflexions» sur ce

sujet important qu’est le contrôle desfoules.

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A partir de cette cartographie le risque pour la force peut être évalué. A chaque produit s’associe un périmètre dedanger à l’intérieur duquel les effets de protection adéquats doivent être revêtus et pour lequel la population devraêtre évacuée ou confinée en fonction de la volatilité du toxique. L’exemple de l’acide cyanhydrique, découvert dansune usine de Mitrovica, illustre toute ambiguïté possible pouvant naître lors de l’évaluation de la menace.

L’acide cyanhydrique, connu également sous les noms d’acide prussique ou, tristement célèbre depuis 1944, deXylon B est un toxique très puissant (dose létale : 3 mg/m3) dont le seul nom fait frémir et a focalisé les craintes.Mais il peut s’agir également d’un intermédiaire de synthèse dissous dans un solvant organique ou aqueux dont latoxicité instantanée est beaucoup plus faible (dose létale : 1930 mg/m3).

L’examen du contenant montre qu’il ne peut s’agir d’un composé gazeux (Xylon B) mais que le produit est unliquide. La menace peut être alors ramenée à son juste niveau qui n’est pas celle de l’agent de guerre non persistantdétenu par les forces de l’ex-PAVA mais celle d’un produit industriel, toxique et dangereux certes, mais dans uneproximité immédiate exclusivement.

PREVENIR ET REAGIR FACE A L’EVENEMENT : DES POSTURES A ADAPTER EN FONCTION DE LACONJONCTURE.

Si à chaque produit correspondent des mesures de protection et de prévention adaptées (type de protectionrespiratoire et corporelle, nécessité d’exclusion ou de confinement), il est nécessaire de définir des posturesgénérales de façon à simplifier le processus de réaction pour l’ensemble des troupes tout en conservant desprocédures ciblées pour les équipes d’intervention in situ (équipes NBC et pompiers) : l’incendie d’untransformateur au pyralène nécessitera le port de l’ANP pour les unités en zone sous le vent mais celui d’unappareil respiratoire isolant pour ceux (équipes NBC et pompiers) qui ont à évoluer à proximité immédiate dusinistre. Le niveau de protection retenu ou d’évacuation s’appuie sur la définition d’un seuil d’exposition tolérable.

D’autre part, la prise en compte de l’image de l’action de la force et des nécessités de communication peuventobliger à conduire des actions que l’aspect purement technique ne nécessite pas. La rupture d’une canalisation surun réservoir d’acide sulfurique de plus de 1000 tonnes provoquant son déversement dans la rivière Stinica, touteproche, n’appelle techniquement aucune action à conduire si ce n’est l’information des populations del’acidification temporaire de la rivière. Mais déverser de la chaux au débouché des effluents de l’usine, en amontde la rivière témoigne de la prise en charge de l’événement ; Cette action favorise l’image de la force dans samission de sécurisation. Afin de ne pas annuler cet effet positif, il convient de protéger ceux qui manipulent lachaux contre les risques de brulures et intoxication respiratoire.

REDUIRE LES RISQUES : DES ACTIONS COMBINEES AVEC L’UNMIK(4), KFOR MAIN (5) ET LE KPC (6)

Lorsque que la paix est rétablie, que la violence est maîtrisée, une phase de normalisation intervient. La vie reprendses droits, en particulier la vie économique. Les acteurs sont alors nombreux : UNMIK, J9, ACM, représentantsrégionaux et locaux des différentes ethnies en présence. Le respect de l’environnement devient alors un sujet decontroverse pour lequel le module Guépard 1000 est concerné au titre des risques d’origine industrielle. Concourirà un environnement plus sain et réduire les risques représentent alors la préoccupation de la grande majorité desacteurs internationaux et parfois celle des parties prenantes locales.

Tous s’accordent à dire, chacun ayant ses raisons propres, que le stockage dans des fûts en mauvais état, dans" l’usine de batterie " de Mitrovica, d’un propergol explosif et vraisemblablement cancérigène n’est pas accep-table. Mais que faire ? Il appartiendra au détachement NBC de concevoir l’action. Après avoir refroidi, avecprécaution, les fûts en chambre froide afin de se placer au-dessous du seuil d’explosivité, transvaser le produit encontainer étanches en vue de son évacuation. Après avoir agréé le concept technique, il appartiendra à l’UNMIKde financer l’opération et de la conduire en faisant appel à une société civile allemande qui préconise l’utilisationd’azote liquide pour le refroidissement mais qui se contentera de la chambre froide du commissariat de l’Armée deterre, faute de moyens.

Ce type d’action, dans la mesure où il s’inscrit en phase de normalisation ne peut être conduit en cavalier seul parla force et demande immanquablement l’agréement et le concours de l’autorité légitime et des partenaires locaux.Le confinement sur le site de Prvitnel des matières radioactives trouvées sur l’AOR de la brigade qui avait été décidépar la force fin 1999 en l’absence de toute représentation civile a dû en avril 2002, refaire l’objet d’un confinementavancé en impliquant toutes les parties prenantes locales et régionales.

(4) United nations mission in Kosovo (mission des nations unies au Kosovo – MINUK).(5) Etat-majormultinational des Forces au Kosovo à Pristina.(6) Kosovo Protection Corps, rassemble l’ex-UCK après son désarmement.

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De même, la restauration du site d’IBG Factory à Gnijlane dans la zone de responsabilité américaine, si elle a étéconduite par l’équipe NBC française, exécutée par les personnels du KPC avec le soutien logistique de l’US Army anécessité l’aval et l’appui financier de l’UNMIK. Cette opération " Clean up Gnijlane ", première de cette envergure(579 tonnes de produits toxiques manipulés en 46 jours) montre qu’il est possible pour des Français de diriger uneaction NBC chez et avec les Américains et d’employer les anciens membres de l’UCK à des tâches concourant lasécurisation de l’environnement. Elle souligne également les capacités reconnues des éléments NBC français auKosovo en matière de NBC ROTA(7) tant par l’UNMIK que par les autres nations, en particulier les représentantsUS.

NBC ENTRE MENACE INVISIBLE ET " SYNDROMES " : CONVAINCRE DE LA FAISABILITE DE L’ACTION RESTEUN DEFI.

Nous avons tous en souvenir ces exercices qu’une frappe nucléaire ou qu’une attaque chimique venaient clore, leport de l’ANP et de la pélerine précédait de peu le FINEX. Il en reste le sentiment que le NBC hypothèque lamanœuvre. S’y ajoute une menace impalpable et pernicieuse d’autant plus inquiètante qu’elle est mal connue etque la presse n’hésite pas à la surligner à l’occasion des échos qu’elle donne aux " syndromes du Golfe ou desBalkans ". Ceci fait qu’une légitime réticence s’exprime dès que des actions NBC sont envisageables. Les mandatsne durant que quatre mois, la tentation est forte de repousser l’échéance pour le mandat suivant. Le module NBCdoit pour convaincre de la faisabilité affuter ses arguments techniques et scientifiques, maximaliser les mesures desécurité, estimer les effets potentiels et développer une stratégie de communication interne et externe et enfinconvaincre en terme de plus-value l’échelon le plus élevé de l’autorité militaire et de l’administration civile.

La destruction par explosion et dispersion de 400 litres d’acide cyanhydrique le 16 août 2001 dans le massifd’Ostropolje a montré qu’une solide étude technique s’appuyant sur la DGA et l’échelon central NEDEX, ladéfinition d’une stratégie de mesures précises avant et après l’action, l’implication d’équipes de contrôle étrangèreset un dispositif de sécurité redondant ne suffisent pas à emporter la décision concernant l’exécution du projet.Toutes les parties prenantes, commandement, service de santé, KFOR MAIN, UNMIK poseront des interrogationset certaines jusqu’à la veille de l’opération. La précision de l’étude technique de faisabilité n’est que le préambuleincontournable du processus de prise de décision. Les éléments préponderants demeurent la mise en sécurité desacteurs et de la population, les avantages à gagner de la réalisation de l’opération et l’étude exhaustive de toutesles conséquences possibles.

Force est de constater que la France a montré qu’elle est en avance de phase sur toutes les autres nationscontributrices de la force projetée au Kosovo dans le domaine des risques technologiques et du NBC ROTA. Il enva de même pour l’intervention sur les risques biologiques : le détachement français est reconnu en tant que pôlede compétence et mandaté pour intervenir sur tout le Kosovo. L’exemple français est suivi avec deux années deretard tant concernant l’évaluation de la menace que la mise au point de systèmes d’aide à la décision en casd’événement NBC. Cette avancée est due à une prise de conscience précoce de l’Armée de terre qui a commandéune étude sur " les capacités d’intervention des unités NBC dans les missions de sauvegarde face aux risquestechnologiques " et a décidé en 2000 de la mise sur pied d’équipes de reconnaissance et d’évaluation (ERE) dansce domaine pour septembre 2002.

Les éléments du GDNBC au Kosovo montrent leur savoir-faire quodidiennement, cependant subsiste l’ombre des" syndromes ". A même d’évoluer dans des ambiances toxiques, de manipuler des produits souvent inconnusparfois dangereux, d’être exposés exceptionnellement à des rayonnements, les personnels des modules Guépard1000 du GDNBC ne voient pas la spécificité de leur travail reconnue. Seuls les accidents font l’objet d’inscriptionsau registre des constatations. Il n’est pas arrété de procédures officielles d’enregistrement des durées d’expositionà des matières toxiques. La volonté affichée de prendre en compte les questions d’hygiène et de sécurité enopérations, au travers du processus HSO(8) à l’étude, pourrait répondre au besoin d’une nécessaire traçabilité del’exposition des individus aux produits à risques. Les capacités de détection et d’analyse du GDNBC et son aptitudeà évoluer en ambiance toxique pourraient faire de lui un acteur important dans la démarche HSO pour apporter laquantification essentielle à la surveillance du milieu et à la prise de décision ❚

(7) Release other than attack, recouvre tous les incidents NBC autres que l’emploi militaire d’armes de destruction massive. (8) Hygiène et sécurité en OPEX.

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THE NBC DEFENSE GROUP IN KOSOVOby lieutenant-colonel KOVALEVSKY,

second in command of the NBC Defense Group

Already present in theater since the Force wascommitted in Kosovo in May 1999, with aGuépard 1000 (1/1/2) module, the NBCDefense Group had rapidly to manage specific

NBC risks: NBC hazards of industrial origin. Projected elements of theFrench Army had already been confronted with such a situation in Dakar

when facing an event implying an ammonia wagon. But in Kosovo, an old-design industrial network, left completely ina neglected state during the civil war’s years, provided a very different scope to these emergent NBC hazards. In the taskassigned to it, i.e. preventing and managing any NBC incident and restoring the Force capability if necessary, theGDNBC1 module had to evaluate how actual and important the danger was, to draft plans meeting the threat and tocarry out actions in order to reduce risks in its field; but above all it has to convince everybody that maneuver and actionremain possible towards this pernicious NBC hazard that the heritage of so many years facing the Warsaw Pact makeso particularly incapacitating.

THE COMBATANT'S AREA IN KOSOVO: A HAZARDOUS SUBURBAN AND INDUSTRIALENVIRONMENT.

Necessarily, Violence Mastering, PE (Peace Enforcement), and protecting populations reduced freedom of action, and inparticular force deployment. Whatever the nationalities are, selecting units' facilities meet compromises. The outskirts ofbuilt-up areas are particularly favored as deployment areas, but obviously industrial parks are located there too: CampMonteith (US) was located a few hundreds meters from a cadmium-nickel battery plant, Feldlager " Progres " (GE) wasplaced at the very heart of a chemical plant, and the headquarters of the Northern Brigade was located imposingly 800meters from the MIP (Mitrovica Industrial Park).

As an industrial area, all the economy in Kosovo was linked to the TREPCA Kombinat. From a very active miningextraction, a whole valorization and transformation industry had been developed, whose design on the Soviet mode,dated back to the fifties. Already obsolete before Yugoslavia breakdown, industrial facilities were neglected during thecivil war, and lot of them were destroyed. Significant quantities of chemicals remained in deplorable storage conditions.Radioactive lightning conductors lay on the ground. In order to meet its emergency needs, the population did not hesitateto recover stuff in abandoned facilities.

All conditions were met for an accident to occur: mix of incompatible highly toxic products, dangerous electricinstallations, significant water infiltrations, and a will to resume the industrial activity in a degraded mode, even withoutany competency. In this context the GDNBC module, included within the Engineer battalion (BATGEN)2, but placedunder the responsibility of the ground space management cell (G32D)3 of the brigade's headquarters, had to make riskassessment and propose the measures to be taken in case of an emerging threat.

THREAT ASSESSMENT: NEITHER ANGELISM NOR CATASTROPHISM.

Establishing a most comprehensive inventory is an essential and difficult task. Any product, even in small quantity, canreact with other ones in an irreversible way with dramatic consequences. It is advisable to separate the agents likely tointeract in a violent or toxic way, as regards individuals. Composite agents labeled with their Serb commercial namesmade the exercise more difficult.

The cartography of all existing products remained the first action to be carried out. It required a basic knowledge inchemistry and physical chemistry, and in particular it took potential toxicity into account, as well as stored quantitiesand storage conditions. Started shortly after the French Brigade deployment in Mitrovica, this action allows to evaluatethe threat and to define precautionary measures to be taken by the projected force. The example set up by the Guépard1000 of the GDNBC in the Northern Brigade’s AOR was to be followed by the other multinational brigades only fromMay 2001.

1 Biological Chemical, and Nuclear Defense Group. 2 Engineer Battalion. 3 Ground Space Management.

NOTETO THE READER

In addition to the two articles linked to the Objectifdoctrine’s main topic (NBC defense), this issue #10 ofthe « Cahiers du RETEX » includes exceptionnally two

articles that deal with crowd control. Indeed the editorialstaff wished to publish as quick as possible these two

important «Freedoms of speech» about this subjectof paramount importance wich is crowd

control.

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From this cartography the risk for the force can be evaluated. For each product a danger perimeter is associated, withinwhich the relevant protection kits must be wear on, and for which the population will have to be evacuated or confinedaccording to the poison's volatility. The example of the hydrocyanic acid, discovered in a Mitrovica plant, illustrated allpossible ambiguity that could arise during a threat assessment.

Hydrocyanic acid, also known under the names of prussic acid or of Xylon B - sadly famous since 1944 - is a verypowerful poison (lethal dose: 3 mg/m3), whose sole name makes quiver and focuses all fears. But it could also be asynthetic item dissolved in an organic or aqueous solvent, whose instantaneous toxicity is much lower (lethal dose: 1930mg/m3).

The examination of the container showed that it cannot be a gas compound (Xylon B), but that the product is a liquid.Then, the threat is bring back to its right level, which is not the one of the non persistent war agent held by the formerWP forces, but that of an industrial, though toxic and dangerous, product, but within an immediate proximity exclusively.

PREVENTING AND REACTING TOWARDS THE EVENT: POSTURES TO BE ADAPTED ACCORDING TOTHE SITUATION.

If adapted protection and prevention measures corresponding to each product (types of respiratory and body protections,requirements for exclusion or containment) exist, it is necessary to define general postures in order to simplify the reactionprocess for the whole of troops, while keeping specific procedures for in situ operating teams (NBC teams and firemen):the fire of a pyralen transformer will require to wear a gas mask4 (ANP) for units located within the area under the wind,but that of an insulating breathing gear for those (NBC teams and firemen) who have to move in the immediate vicinityof the disaster. The retained protection or evacuation level is based on the definition of an accepted exposure threshold.In addition, taking into account the force action picture and PIO requirements could compel to carry out actions, whichare not essential from a purely technical aspect.

The break of a pipe on a over 1000-ton sulfuric acid tank resulting into its spilling out into the close Stinica river, impliedno action to be taken from a technical point of view, but to inform the population about the temporary acidification ofthe river. But dumping lime at the effluent outlet of the factory, upstream of the river, shows that the event was takeninto account; this action strength the image of the force when carrying out its protection mission. In order not to cancelthis positive effect we have to protect those who handle lime against the risks of burns and respiratory intoxication.

REDUCING THE RISKS: ACTIONS CARRIED OUT WITH UNMIK5, KFOR MAIN6, AND KPC7.

When peace is restored, and violence mastered, a normalization phase occurred. Life is rightfully resuming, in particulareconomic life. Actors are then numerous: UNMIK, J9, and CIMIC, regional and local representatives of the variousinvolved ethnic groups. Then, acting in accordance with the environment rules become a subject of controversy in whichthe module Guépard 1000 was involved when considering the risks of industrial origin. Contributing to a healthierenvironment and reducing the risks are then a major concern for most of the international actors and sometimes also forlocal parties.

Everyone agree - each one having its own reasons - that storage using barrels in poor conditions, in the Mitrovica" battery plant " of an explosive and probably carcinogen propellant, cannot be acceptable. But what to do? The NBCdetachment has to conceive the action as follows. After carefully cooling the barrels in a cold room in order to set thembelow the explosion threshold, to decant the product into proof containers for its evacuation. After having approved thetechnical concept, the UNMIK had to finance the operation and to carry it out by calling out a German civil company,which recommended the use of liquid nitrogen for cooling but was satisfied with the cold room of the Army's cateringcorps, as no other option be available.

This kind of action insofar as it takes place in the normalization phase, cannot be carried out alone by the Force and itnecessary requires the agreement and the help of the legitimate authority and of local partners. Containment ofradioactive materials on the Prvitnel site, found in the brigade's AOR, which had been decided by the Force at the turnof 1999 in the absence of any civil representation, had to be the purpose of an advanced containment, involving all thelocal and regional parties, in April 2002.

4 (translator's note): ANP = Appareil Normal de Protection ↔ Gas mask.5 MINUK (United Nations Mission in Kosovo).6 Multinational Forces Headquarters in Kosovo in Pristina.7 The Kosovo Protection Corps included the former UCK after its decommissioning.

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Similarly, the restoration of the IBG plant site in Gnijlane, in the American AOR, even conducted by the French NBCteam, and carried out by KPC personnel with the the logistical support of the US Army, required the UNMIK agreementand financial support. This " Clean up Gnijlane " operation, the first one of this scale (579 tons of toxic products handledin 46 days), showed that it was possible for French personnel to manage a NBC operation within and with the US, andto employ UCK former members in tasks concurring to environment protection. It also underlined the recognizedcapabilities of the French NBC elements in Kosovo concerning NBC ROTA8, as well by UNMIK and other nations,especially the US representatives.

NBC BETWEEN INVISIBLE THREAT AND "SYNDROMES": CONVINCING OF THE ACTION'S FEASIBILITYREMAINS A CHALLENGE.

We all bear in mind these exercises ending with a nuclear or a chemical strike; wearing gas mask and protective kitsoccurred hardly before ENDEX. The feeling remains that NBC jeopardizes the maneuver. An impalpable and perniciousthreat is added to it, all the more worrying as not well known and as the Press does not hesitate to highlight it whenechoing to the " syndromes of the Gulf or of the Balkans ". It results into a legitimate reluctance expressed as soon asNBC actions are envisaged. As mandates last only four months, we are very much tempted to postpone the deadline untilthe following mandate. To convince of the feasibility, the NBC element has to sharpen its technical and scientificgrounds, to optimize safety measures, to assess potential effects, and to develop a strategy of internal and externalcommunication and finally to convince in terms of bonus the highest administrative and military leaders.

The destruction of 400 liters of hydrocyanic acid by explosion and dispersion in the Ostropolje mountains on August16, 2001, showed that an important technical study relying on the French DGA9 and on the EOD10 central echelon,the definition of a strategy of specific measures before and after action, the commitment of foreign checking teams anda redundant security organization were not enough to win the decision concerning the project's implementation. All theactors, commanders, medical department, KFOR MAIN, UNMIK will continue to ask questions, and some of them untilthe day before the operation. The accuracy of the technical feasibility study is only the preamble to the process ofdecision-making. The most important factors remain actors' and population's security, as well as the advantages to gainfrom the operation's achievement and the comprehensive study of all possible consequences.

There is no doubt that France showed to be well ahead of all the other contributing nations of the force projected toKosovo in the field of technological risks and NBC ROTA. This is also true as regards interventions pertaining tobiological risks: the French detachment is recognized as a pole of competence and is authorized to intervene in the wholeof Kosovo. The French example is followed two years later, for the threat assessment as well as for the development ofcomputerized decision-making systems in the occurrence of NBC event. This overhang is due to the Army’s earlyinvolvement; which orders a study on " the commitment capabilities of NBC units in safeguard missions towardstechnological risks " and decides in 2000 to set up reconnaissance and evaluation teams (ERA) in this field for September2002.

The GDNBC elements in Kosovo show their know-how on a daily basis; however the " syndromes " dark remains. Ableto operate in toxic environments, to handle often unknown and sometimes dangerous products, to be exceptionallyexposed to radiations, the personnel of the GDNBC Guépard 1,000 modules do not see any legal recognition for theirwork's specificity. Only accidents are recorded into the observations register. Official procedures for recording exposuretimes to toxic matters have not been decided. The expressed will to take hygiene and safety (HSO) issues duringoperations into account, through the HSO11 process under study, could meet the requirements for a necessary exposuretraceability of individuals to hazardous products. The GDNBC detection and analysis capabilities and its ability tooperate in toxic environment could make it a significant actor in the HSO issue to bring in the quantification elementessential to environment monitoring and to decision-making ❚

8 ROTA = Release Other Than Attack - it encompasses all NBC incidents other than the military use of weapons of mass destruction.9 (translator's note): DGA=Délégation Générale à l'Armement ↔ French Defense Procurement Agency.

10 (translator's note): NEDEX=Neutralisation des Explosifs ↔ EOD = Explosive Ordnance Disposal.11 Hygiene and security in overseas operations.

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L’EXPLOSION DE L’USINE A.Z.F. À TOULOUSE

Septembre 2001

Retour d’Expérience

par le lieutenant-colonel COURAL et le lieutenant FEIGNEUX

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L’unité d’instruction et d’intervention de la Sécurité Civile n°1 de Nogent-le-Rotrou, unité militaire mise pour emploi à ladisposition du ministère de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales et placée sous l’autorité du directeurde la défense et de la sécurité civiles, entretient depuis 1990 des savoir-faire dans le domaine des risques technologiques.Une compagnie, unique en France, forte de plus de 130 personnes, est prête à intervenir dans des délais très courts(généralement en moins d’une heure pour certains détachements) pour renforcer, en configuration chimique et/ouradiologique, l’échelon local de première intervention des sapeurs pompiers.

Le 21 septembre 2001, dix jours après l’explosion des deux tours jumelles du World Trade Center, une terrible explosiondévaste à 10 h 15 le site de l’usine AZF de " grande paroisse " (groupe ELF ATOCHEM) dans la périphérie de Toulouse.A 11 h 15, l’unité d’instruction et d’intervention de la Sécurité Civile n°1 reçoit l’ordre du centre opérationnel de gestioninterministériel des crises (COGIC1) de mettre sur pied un détachement pour rejoindre immédiatement, par voie aérienne,les lieux du sinistre. C’est ainsi que pendant près de trois semaines, les unités militaires de Sécurité Civile (UIISC1 etUIISC7) vont œuvrer aux côtés des sapeurs-pompiers territoriaux, volontaires et professionnels, des personnels desSAMU et des services de l’Etat ainsi que des bénévoles de diverses associations pour porter secours et sécuriser le site.

1 Structure de commandement et de veille opérationnelle dépendant de la sous-direction de l’organisation des secours et de la coopération civilo-militaire (SDOSCCM) de laDirection de la Défense et de la Sécurité Civiles (ministère de l’intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales).

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Le présent témoignage ne traite que des aspects relatifs aux missions à caractère technologique. L’organisationet le déroulement des missions d’assistance aux personnes confiées au reste du détachement (soit près de troiscents sapeurs des UIISC) n’y sont pas abordées. Toutefois, il convient de noter l’importance des moyens mis

en œuvre par les formations militaires de Sécurité Civile et la rapidité de leur action compte tenu des conditionsd’engagement rendues difficiles par le retour quasi simultané des unités de la campagne feux de forêt en Corse etsur le littoral méditerranéen.

L’évaluation de la situation et le recueil de renseignements

Dans la salle opérations de l’unité où la montée en puissance est instantanée compte tenu de l’ampleur du sinistreet de son caractère national, le télétexte puis les premières images des chaînes d’information défilent sur l’écran dutéléviseur et nous informent. De leur côté, les officiers " opérations " du commandement des formations militairesde Sécurité Civile (ComForMiSC) tentent d’obtenir des renseignements sur la situation pour nous les transmettre.Mais ils ont beaucoup de difficultés à obtenir eux-mêmes des informations à caractère technique. Les relais etantennes de la zone sud de Toulouse qui permettent habituellement les liaisons téléphoniques d’infrastructure etles communications par mobiles sont en grande partie endommagés. Les premiers acteurs des secours éprouventde grandes difficultés à transmettre leurs demandes et leurs comptes-rendus. En outre, pour les services de secours,l’urgence consiste à porter assistance aux nombreux blessés et à commencer à organiser au plus vite leursévacuations. A cet effet, le préfet a déclenché le plan rouge et le plan blanc pour réunir les moyens nécessaires.Dans une situation de crise de cette importance, les renseignements qui sont nécessaires à tout engagement deforces arrivent le plus souvent sous forme fragmentaire. Il convient dès lors d’analyser rapidement les risques et de" jeter " un premier dispositif sur le terrain.

Il faut agir très vite tout en adaptant les moyens à acheminer à la menace réelle. Quelle est-elle ? La présence d’unnuage toxique sur la ville est évoquée, mais les moyens de la cellule mobile d’intervention chimique (CMIC) dessapeurs-pompiers permettent d’identifier le produit et d’écarter tout risque. Les journalistes évoquent l’hypothèsed’un attentat terroriste compte tenu du contexte international, mais là encore, l’information est démentie par lesautorités compétentes. Faut-il donc acheminer des moyens de décontamination et/ou se préparer à d’autres" frappes " ?

La nature des produits chimiques en cause a sans doute été déterminée assez rapidement par les moyens de laCMIC des sapeurs-pompiers mais les informations ne sont que partielles à l’échelon central. Le grand nombre deproduits sur le site, la complexité de certaines substances de synthèse et la présence éventuelle de produits dérivésobtenus par réaction chimique rendent l’analyse initiale encore plus complexe. L’étendue réelle de la zonepotentiellement dangereuse est, elle aussi, mal connue au début de l’intervention puisque plusieurs sociétésjouxtent l’usine AZF : la société nationale des poudres et explosifs (SNPE) possède en particulier des stocks dephosgène qui ont fait craindre le pire. L’unité mobile de spectrométrie de masse de l’unité quitte la garnison trenteminutes après l’alerte pour rejoindre Toulouse avec pour mission d’identifier les produits en cause. Cette unitéconstitue dans ce type d’intervention un atout précieux pour le commandant des opérations de secours2, qui dansun temps très court dispose des capacités d’analyse d’un véritable petit laboratoire. A l’époque des faits, ce matérielpermettait l’identification de près de 70 000 produits contenus dans sa banque de données. Depuis peu, l’unitédispose d’un appareil encore plus performant capable d’identifier jusqu’à 370 000 produits.

Les militaires, comme les différents intervenants en charge des situations de crise, connaissent la valeur durenseignement " terrain " et savent qu’il convient de l’analyser rapidement et avec précision. Dans une situation decrise de ce type, les renseignements préliminaires à notre engagement nous font défaut à cause notamment de lasaturation des réseaux téléphoniques et radio et de l’imprécision de certains comptes-rendus. Il faut donc adapterau mieux le dispositif de l’UIISC1.

L’acheminement des moyens et la préparation de l’engagement

Unité de renfort national, l’UIISC1 doit pouvoir être projetée dans les meilleurs délais partout dans le monde ; c’estpourquoi les vecteurs aériens sont systématiquement recherchés dès que la zone d’engagement est lointaine. Surla base d’Orléans, les opérations de préparation des fardeaux et de chargement à bord des Transalls3 de l’Arméede l’air débutent environ quatre heures après le déclenchement de l’alerte. Le conditionnement préalable desmatériels, l’expérience de l’unité dans ce domaine et la mise à disposition très rapide de ces aéronefs permettentde gagner des délais considérables. L’expérience et l’entraînement des hommes sont, dans ce domaine aussi,particulièrement prépondérants.

2 Le COS, commandant des opérations de secours, est un officier ou un sous-officier de sapeurs pompiers.3 Ces moyens militaires ont été mis à disposition par le centre opérationnel des armées (COIA).

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Une fois les avions posés sur la base aérienne 101 de Toulouse-Francazal, il faut que le chef de détachement et" l’officier risques technologiques " prennent contact avec le COS pour recevoir leurs missions et proposer des

modes d’action. En effet, les moyens dont disposel’UIISC1 dans les domaines chimiques et radio-logiques sont peu connus des officiers de sapeurs-pompiers départementaux. Une mission d’assis-tance en situation de crise (MASC) composéed’officiers du COMFORMISC, de personnelsadministratifs et sapeurs-pompiers professionnelsest déjà en place pour renforcer la cellule de crisede la préfecture et conseiller le préfet.

Le travail de reconnaissance débute dès levendredi soir et se poursuit samedi matin.

Située à 3 kilomètres au sud de Toulouse, entre laGaronne, le périphérique urbain et la route

nationale 20, la zone sinistrée représente le tiers de la surface totale de l’usine. Dans un rayon de 100 mètresautour de l’entrepôt de stockage du nitrate d’ammonium les destructions sont totales : des poutres métalliques de30x20 ont été projetées à plus de 200 mètres sous la violence de l’explosion, les structures métalliques desbâtiments industriels sont tordues voire soufflées… 29 personnes ont été tuées, 3 385 autres ont reçu des soins et441 ont été hospitalisées. Près de 10 000 logements sont endommagés mais les opérations de sécurisation du sitedoivent commencer.

L’articulation des moyens et les missions du détachement d’intervention technologique

Compte tenu des renseignements initiaux, la composante technologique du détachement de l’UIISC1 est constituéede la manière suivante :

- Un élément de commandement.- Un élément médical (dont deux médecins).- Le détachement d’intervention technologique (13 personnes).- Le détachement du module de décontamination préhospitalier (MDPH).

Cette organisation des moyens technologiques sera conservée dans les premiers jours de l’intervention qui s’estarticulée en trois phases principales :

Phase 1 : mesures conservatoires pour soutenir les équipes de sauvetage déblaiement4. Il s’agit alors pour lespersonnels de l’UIISC1 de réduire les principales fuites notamment celles des acides dont lesdégagements gazeux représentent un danger pour les sauveteurs non équipés et d’être en mesured’intervenir au profit de ces personnels lors de leur progression sur un incident à caractère chimique(poches de gaz par exemple).

Phase 2 : participation aux opérations de " dépotage " des produits restants sur le site. Il s’agit, de la même façon,d’assurer la sécurité des personnels des sociétéschargées de ce travail tout en restant en mesure depouvoir les évacuer, de colmater d’éventuelles fuiteset/ou de neutraliser les flaques créées.

Phase 3 : rôle de conseil auprès des industriels en charge del’évacuation du reste des produits encore sur le site :il s’agit de la phase postaccident.

Le détachement est autonome pour ses communicationspuisqu’il possède une valise INMARSAT et des postes portatifscompatibles avec les fréquences utilisées par les moyens duservice départemental d’incendie et de secours (SDIS). Enrevanche, les déplacements sont assurés dans les premières heures de l’engagement grâce aux moyens militairesdes unités de la garnison (1er RTP et 4e GLCAT). Les bus, poids lourds et véhicules légers de commandement serontutilisés jusqu’à l’arrivée des moyens en provenance de Nogent-le-Rotrou.

Les opérations peuvent commencer.

4 Il s’agit d’équipes spécialisées dans la recherche de victimes ensevelies dans des décombres.

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Le souffle de l’explosion a notamment endommagé les cuves d’acide nitrique et il faut réduire les fuites au niveaudes brides et des vannes. Ce produit, lorsqu’il est concentré, dégage des vapeurs potentiellement toxiques pour lesvoies respiratoires. Des semi-remorques contenant de l’acide sulfurique pur à 98% (concentration qui endommageles tenues scaphandres des personnels) ont également fait l’objet d’une attention particulière puisqu’il a falluneutraliser le produit répandu sur le sol avant de dépoter les citernes. Tout au long de ces opérations, desprélèvements sont effectués pour évaluer la concentration en polluants de l’air pour renseigner les autoritéspréfectorales. Ces mesures sont effectuées par tubes colorimétriques en trois points de l’usine sous le vent (mesuresd’ammoniac, de vapeurs nitreuses, d’acide nitrique et de chlore).

Les conditions de stockage de la plupart des produits ayant étémodifiées, il faut également intervenir sur certains d’entre eux.Ainsi, le nitrate d’ammonium en solution chaude (NASC),stocké à une température supérieure à 150°C, ne présentequ’un risque moindre. Sans alimentation électrique, le produitcontenu dans la cuve se refroidit et se solidifie tandis que le PHbaisse, ce qui rend son évacuation plus dangereuse. En effet,l’opération de dilution avant pompage du produit n’a encorejamais été réalisée dans de telles proportions.

Le module de décontamination préhospitalier, quant à lui, n’estpas déployé sur site puisqu’il n’y a pas de victimes parcontamination chimique et que la décontamination éventuelle

des intervenants est assurée par les personnels du détachement d’intervention technologique. Un tel module,employé principalement en élément prépositionné, permet de traiter jusqu’à 6 à 7 victimes en une heure.

Compte tenu de la diversité des produits utilisés sur ce site et des conditions tout à fait inhabituelles de leurstockage, il est essentiel de disposer sur site de tous les renseignements nécessaires sur les produits et depersonnels parfaitement qualifiés. En effet, les procédures d’intervention doivent être parfaitement connues et lesintervenants doivent être entraînés à évoluer dans des tenues de protection très lourdes qui rendent tous les gesteset les liaisons radios plus difficiles.

Une telle opération montre que les spécialistes des UIISC (ou des services d’incendie et de secours), doivent êtreparfaitement formés pour ce type d’interventions afin de pouvoir à la fois sécuriser le site et conseiller au mieux lesautorités de l’Etat responsables de la conduite des opérations.

*

* *

L’opération AZF aconfirmé l’impor-tance des moyenssusceptibles d’y êtreconsacrés notam-ment à l’échelondes départements(sapeurs-pompiers,SAMU). Elle a per-mis également devérifier la complé-m e n t a r i t é d e smoyens territoriaux,zonaux et nationauxet le rôle toujoursactuel des UIISC ❚

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EXPLOSION OF THE TOULOUSE AZF FACTORY

September 2001

Lessons learnt

by lieutenant-colonel COURAL and lieutenant FEIGNEUX

The Civil Defense/Disasters and Emergency Training and Intervention Unit #1 (French abbr.: UIISC1) garrisoned inNogent-le-Rotrou, a military formation under operational control of the Department of the interior, also in charge ofdomestic security and of local liberties, and placed under the authority of the Civil Defense and Security director, hasbeen maintaining the know-how to face technological hazards since the year 1990. A company-size unit, the only onein France, 130 personnel strong, immediately ready for action (most often within less than one hour for somedetachments) is able to reinforce, with chemical and/or radiological capabilities, the first echelon of the local firedepartment.

On September 21, 2001, ten days after the destruction of the World Trade Center twin towers, at 10.15 p.m atremendous explosion destroys the "grande paroisse" AZF factory site (ELF ATOCHEM industrial group) in Toulouseoutskirts. At 11.15 p.m the Disasters and Emergency Training and Intervention unit #1 is ordered by theInterdepartmental Crisis Management Operational Center (French abbr.: COGIC1) to set up a detachment to immediatelyrejoin, by air, the disaster location. Then, for about three weeks, the Civil Defense military units (UIISC1 and UIISC7)are to work alongside territorial volunteer and professional firefighters, emergency medical service personnel, and publicservices workers as well as with various association members to rescue people and to secure the place.

1 Command and operational watch structure placed under control of the Division in charge of Rescue Organization and of Civil-Military Cooperation (French abbr.:SDOSCCM) at the civil defense and security management office (Department of the Interior also in charge of domestic security and of local liberties).

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The present account only deals with those aspects related to missions of a technological nature. The organization andsequence of events of rescue missions to the people, tasked to the rest of the detachment (i.e. about three hundred UIISCsoldiers), are not tackled here. However it is worth noting the significance of the resources committed by the Civil Defensemilitary formations, and their speed of reaction considering the difficult commitment conditions because, at the time, mostunits were simultaneously on their way back from fighting fires in Corsica and on the Mediterranean coast.

Situation assessment and information gathering

In the operations room of the unit where the build-up is instantaneous because of the scope of the disaster and becauseof its national character, teletext and soon the first pictures from the media come through the TV screen and provide uswith pieces of news. For their part the G3ops officers, acting within the command structure of the Civil Defense militaryformations (French abbr.: ComForMiSC), try to get pieces of information about the situation that they could forward tous. However they have a hard time getting for themselves some information of a technical nature. The relay stations andthe antennas in the area South of Toulouse that usually carry out the infrastructure telephone connections and mobilecommunications have been damaged to a large extent. The first among the rescuers have great difficulties in sendingtheir requests and their reports. In addition, to the emergency services, the urgency is rather to assist the many injuredpeople and to start organizing their evacuation as quickly as possible. In order to do so the prefect has initiated the redand the white plans to gather the necessary means. In such an important crisis situation, the necessary information tocommit any force usually comes through in a fragmentary manner. It is then necessary to quickly analyze the riskelements and to urgently set up a first disposition on the ground.

It is necessary to react very quickly while adapting the means to be moved to the reality of the threat. What is it? A toxichaze floating over the city is mentioned, however the fire department Chemical Intervention Mobile Cell (French abbr.:CMIC) identifies the product and dismisses any risk. Journalists speculate about a possible terrorist attack because of theinternational context, but again this piece of news is denied by the concerned authorities. So is it necessary to movedecontamination resources and/or to prepare for further "strikes"?

The fire department chemical intervention mobile cell certainly has identified the nature of the concerned chemicals ratherquickly, however the central echelon only gets fragmentary information. The great number of chemicals over the site, thecomplex nature of some synthetic products and the possible emergence of derived products generated through somechemical reaction make the analysis all the more complex. The actual extent of the potentially dangerous area itself isnot well identified at the beginning of the intervention as various plants are next to the AZF factory: the powder andexplosives national company (SNPE) in particular detains stockpiles of phosgene that let fear the worst.

The mass spectrometry mobile unit departs its garrison thirty minutes after the alert to rally Toulouse with the missionto identify the concerned products. This unit is a valuable asset to the rescue operation commander2 involved in this kindof intervention; as he has very quickly at his disposal the analysis capabilities of a real small-sized laboratory. At thetime, this equipment made possible to identify about 70,000 products registered in its database. Recently, this unit hasgot an even more effective asset able to identify up to 370,000 chemical products.

The military, as well as the various bodies in charge with crisis situations, know about the value of information collectedon the spot and they know that they should quickly and accurately analyze it. In that kind of crisis situation, we arelacking preliminary information before commitment because the telephone and radio nets are overloaded and becausesome reports are lacking accuracy. Consequently we have to adapt the disposition of the UIISC1 in the best possible way.

Assets transportation and commitment preparation

As a national reinforcing unit, the UIISC1 has to be projectable to any place worldwide as soon as possible; that is whyair carriers are systematically looked for when the commitment area is located in the distance. On the Orleans airbase,the packing preparation and loading onboard Transall air force carriers3 start about four hours after the alert is set off.The preconditioning of equipments, the expertise of the unit in that matter and the very quick availability of air carriersmake possible to reduce delays very significantly. The experience and training of the men also are particularlypredominant in that matter.

2 The rescue operation commander is an officer or an NCO from the fire department.3 Those military assets have been made available through the Joint Operations Center (JOC).

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When the air carriers are landed on the Toulouse-Francazal airbase, the detachment commander and the "technologicalhazards officer" contact the operation center to receive their missions and propose courses of action. As a matter of factthe means available to the UIISC1 for chemical and radiological interventions are not familiar to the local fire departmentofficers. A technical support team for crisis situations (French abbr.: MASC) made up of officers from the COMFORMISC(command structure of the civil defense military formations), from administrative personnel and from professionalfirefighters is already set up to reinforce the Prefecture crisis management cell and to advise the prefect.

Reconnaissance works starts from Friday night and is continued on Saturday morning.

Located 3 kilometers south of Toulouse, in between the Garonne River, the ring, and highway 20, the disaster areacovers one third of the total factory area. Within a 100 meters. radius around the ammonia nitrate warehouse there isa total destruction: 30x20 size metal girders have been thrown more than 200 m. away by the blast power, metallicstructures of industrial buildings have been twisted or blown off… 29 people have been killed, 3,335 have been givenmedical treatment, and 441 have been hospitalized. About 10,000 apartments have been damaged however the securingoperations of the area have to start.

Task organization of resources and missions given to the technological intervention detachment

Considering the initial pieces of information, the technological element of the UIISC1 detachment is task organized asfollows:

- One command element.- One medical element (comprising two doctors).- The technological intervention detachment (13 people).- The detachment from the pre-hospital decontamination module (French abbr.: MDPH).

That task organization of the technological resources was kept on during the first days of the intervention that wasstructured in three main phases:

Phase 1: protective measures to supportthe rescue teams in charge witharea clearing4. To the UIISC1personnel the matter is to takecontrol of the main leakages, inparticular those of acids the gasdischarge of which is dangerousto non-protected rescuers, andthen to be ready to intervene tohelp those personnel wheninvolved into an accident of achemical nature. (Gas pocketsfor instance).

Phase 2: Taking part to the operations fordecanting and clearing theremaining products from the site.In the same way, the matter is to secure personnel from companies in charge with that job while standingready for their evacuation, for sealing off possible leakages and/or neutralizing the created puddles.

Phase 3: Advising the manufacturers in charge with clearing the products remaining on the site: that is the post-accident phase.

The detachment is self-sufficient in matter of communications as it gets an INMARSAT pack and portable radio setscompatible with those frequencies used by the teams from the departmental fire and rescue services (French abbr.: SDIS).On the other hand, movements are made possible during the first hours of commitment thanks to the resources of thegarrison military formations (1er RTP – 1st Airborne Transport Battalion - and 4e GLCAT – 4th Quartermaster GeneralLogistic Group). The buses, trucks, and command cars were used until the assets coming from Nogent-le-Rotrouarrived.

Operations can begin.

4 Teams specialized in searching casualties buried into the rubble.

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The blast of the explosion has damaged the nitric acid tanks in particular, and leakages have to be repaired at joints andfloodgates. When in concentrated solution, this chemical lets out fumes that are potentially toxic to the respiratory tract.Trailers filled with 98% pure nitric acid (a concentration level damaging the protective suits) required a specific attention,as it has been necessary to neutralize the spread acid before decanting the tanks. All along these operations, sampleshave been taken to assess the concentration of air polluting agents in order to keep the prefectoral authorities informed.

These measures are carried out using colorimetrictubes in three downwind points in the factory(measures looking for ammonia, nitrous fumes, nitricacid, and chlorine).

The stockpiling conditions of most products havingbeen modified, it is also necessary to take steps forsome of them. Thus, the ammonia nitrate in hotsolution (NASC), when stocked at a temperatureexceeding 150°C, only shows a reduced risk. Lackingelectricity, the product in the tank gets cold andsolidifies while its pH. gets lower levels, what makesits evacuation more dangerous. The dilution operationbefore pumping had never indeed been achieved insuch proportions.

As for the detachment from the pre-hospital decontamination module, it has not been deployed on the site because therewere no casualties from a chemical contamination and because the possible decontamination of participating personnelwas planned to be carried out by the personnel from the technological intervention detachment. Such a module, mainlyused as a pre-positioned element, is able handling 6 to 7 casualties per hour.

According to the variety of products used on that site and to their very unusual conditions of stockpiling, it is essentialto get available on the site every necessary information about the products and fully qualified personnel. Interventionprocedures should indeed be perfectly known and all actors should be trained to work wearing very heavy protectiveclothes that hamper any movement as well as radio communications.

Such an operation demonstrates that specialized personnel from the UIISCs (or from the fire and rescue services) shouldbe perfectly trained for that kind of interventions so that they are able both to secure the site and to advise the Stateauthorities responsible for the control and conduct of the operations

*

* *

The AZF operation confirmed how significant are theresources likely to be committed at departmental level(firefighters, Emergency Medical Services). It alsocontributed to check the complementarity of theterritorial, zone, and national resources, and theimportance of the UIISC’s role to-day ❚

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«LIBRES REFLEXIONS»

CONTRÔLE DES FOULES - MAINTIEN DE L’ORDRE UNE DIFFÉRENCE CONCEPTUELLE MAJEURE

par le colonel de Laforcade - CREDAT/B3

A l’heure où de nombreux soldats français sontengagés sur des théâtres d’opération extérieures, alorsque ces mêmes soldats sont souvent confrontés auxphénomène des masses, il apparaît nécessaire declarifier les notions de " maintien de l’ordre " et" contrôle des foules ".Bien que l’action, d’une manière ou d’une autre, soitconduite en direction d’une foule, l’étude du cadred’engagement, des objectifs poursuivis au regard dechacune de ces notions et du récent protocole Arméede terre/gendarmerie démontrent qu’il n’y a pasd’amalgame possible entre ces deux concepts,malgré l’apparence d’une certaine similitude.

De nombreux articles, parus le plus souvent dans desrevues militaires, s’attachent à réfuter cette différencesémantique entre la notion de maintien de l’ordre et

celle de contrôle des foules. Mais peut-on s’affranchir, à l’analyse de cette problématique, du cadre général del’action ? L’étude de ses paramètres apparaît indispensable : où se situe l’action ? Pourquoi se justifie-t-elle ?Quelle y est la place de la foule ?

La localisation même de l’action de la Force est un paramètre essentiel. Baptiser cette action " maintien del’ordre ", dès lors qu’elle se situe hors des frontières, est irréaliste. Le maintien de l’ordre s’appuie sur un cadrejuridique. Dans une telle configuration, ce cadre juridique se transforme en casse-tête inextricable. Le retourd’expérience nous en donne de multiples exemples.

Lorsque les armées agissaient, à la fin du XIXe siècle, face aux mineurs des bassins houillers ou face auxviticulteurs, elles étaient engagées sur réquisition et dans un but précis : celui de maintenir ou rétablir l’ordrepublic. Cette action se situait sur le territoire métropolitain et sous couvert du droit national. Un demi-siècle plustard, c’était en janvier 57, le général MASSU commandant la 10e DP, recevait la responsabilité du maintien del’ordre dans les départements algériens. Quelques mois après ce transfert d’autorité, le général ALLARDcommandant le corps d’armée d’Alger écrivait au Commandant supérieur interarmées, " Il est certain que, fauted’une législation adaptée aux conditions particulières du conflit algérien, les autorités militaires responsables dumaintien de l’ordre se heurtent à des difficultés des plus grandes pour appliquer les directives et instructions duministre de l’Algérie et du Commandement. " …

En fait, le transfert d’autorité du civil au militaireen matière d’ordre public n’a jamais résolu lesproblèmes liés au flou juridique d’une actionmilitaire menée dans un cadre autre que celui dudroit des conflits armés. On constatera pourtantque le droit national s’appliquait sur cesdépartements, fussent-ils situés hors métropole.

Alors, que reste-t-il de cette notion de maintiende l’ordre, quand l’action se situe sur unterritoire extérieur, où le soldat se trouve aucarrefour du droit local, quand il peuts’exprimer, du droit de son propre pays et desurcroît, du droit international, celui des règlesd’engagement (ROE) ? Le mandat de la Forceengagée n’a jamais été celui de rétablir l’ordrepublic.

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°10 Dans les opérations extérieures, Balkans notamment, les

forces terrestres travaillent en étroite collaborationavec les unités de la gendarmerie nationale. Ceci fait

suite au protocole traitant de la complémentarité, protocolesigné par le Directeur de la gendarmerie et par le CEMAT. Malgré cela, une confusion certaine apparaît. Certainsacteurs engagés, dans cette problématique, assimilent encorele concept du " contrôle des foules " à celui du " maintiende l’ordre ".Aborder le problème de la sorte est à l’évidence réducteur auregard de l’action de la Force. Comprendre le distinguo quidifférencie ces deux concepts est capital au regard del’action conduite sur le terrain. C’est précisément le but decet article.

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«LIBRES REFLEXIONS»

La nature même du mandat de la Force dépasse largement l’épisode ponctuel d’une situation s’apparentant peu ouprou au maintien de l’ordre. Il ne s’agit pas de réprimer un trouble lié à un conflit social ou à quelque revendication.Il s’agit d’apporter une réponse globale à de multiples questions : pourquoi des courants de réfugiés fuyant lescombats ? Pourquoi des flots de populations chassées ou des combattants en déroute ? Pourquoi des masses derefus, opposant une résistance collective ? Pourquoi des masses de renforcement, aux fins d’une prise de pouvoir ?Le maintien de l’ordre n’est qu’un épiphénomène face à ces multiples interrogations. Cette seule action-réponse de la Force serait une solution simpliste et illusoire dans un pays dont les structures étatiques sont enplein délitement.

Dans un tel environnement, il convient donc de remettre les choses à leur juste place. La réponse d’ensemble à laproblématique de la Force n’est que la somme de multiples réponses liées elles-mêmes à de nombreux facteurs ouparamètres " polluants ". L’un d’entre eux est relativement nouveau à la résolution des crises d’aujourd’hui : c’estla population. Nos hommes la côtoient en permanence : contacts quotidiens avec tel ou tel groupe ethnique ouconfessionnel, rencontre avec un leader, partenariat ponctuel ou assistance. Dès lors qu’il s’agit d’un événement larassemblant en masse, cette population devient alors une foule.Et dans une opération extérieure, dans un pays en proie à une violence diffuse où la force publique est affaiblie ouinexistante, cette foule doit toujours être considérée comme un adversaire potentiel et anonyme. Elle n’est pasuniquement la réunion, en un même lieu, d’un très grand nombre de personnes mais peut être enclin à entravervolontairement ou non l’accomplissement de la mission de la force.

C’est pour cette raison et pour cette seule raison que la Force peut être appelée à traiter cette foule, à la" contrôler ". En effet, la Force a reçu une mission, un mandat (qui peut inclure la protection des populations civiles)et cette foule devient l’un des paramètres de l’action. Face à cette foule, le " maintien de l’ordre ", n’est donc pasprécisément une fin en soi. Il s’agit de contourner, d’une manière ou d’une autre, l’obstacle que représente oupourrait représenter cette foule au regard de la mission reçue. Cela n’est pas du maintien de l’ordre !

Il faut donc bien différencier ces notions dont les buts s’avèrent bien distincts. Dans un cas, il y a conjonction entrel’action et la mission ; dans l’autre, il y a découplage entre mission et action.

Le maintien de l’ordre se définit comme l’ensemble des actions à mener, dans un but bien défini : faire cesser lestroubles. Autrement dit, mission et action sont confondues. La définition officielle figure au TTA 185 (EMA/EMPLOIde 1997), relative au maintien de l’ordre et s’inscrit dans le prolongement de l’instruction ministériellen°500/SGDN/MPS/OTP du 9 mai 1995 : " Le maintien de l’ordre a pour objet de prévenir les troubles sur la voiepublique ou dans les lieux publics et, s’ils se produisent, de les faire cesser au besoin par la force ".

Ce maintien de l’ordre est assuré par des forces spécialisées qui sont d’une part, les compagnies républicaines desécurité et, d’autre part les escadrons de gendarmerie mobile (forces armées de 2e catégorie), complémentairement,par les différentes composantes de la police nationale, la gendarmerie départementale et la garde républicaine et,enfin, par les armées en tant que forces de 3e catégorie.Il s’agit donc de considérer le maintien de l’ordre (dont il faut rappeler qu’il s’exerce en milieu urbain ou rural, surterre et sur mer, uniquement en métropole et dans les DOM-TOM) comme étant une mission particulière qui n’estpas dévolue, en premier lieu, aux forces armées.De surcroît, l’IM 500 précise que les missions de maintien de l’ordre sortent du cadre habituel et normal desattributions des armées, à telle enseigne que la formation dispensée aux armées pour remplir ce type de missions’applique à des missions de soutien, de renfort ou d’appui et, exceptionnellement, d’intervention.On comprendra, à la lecture de ces éléments issus des lois françaises combien la préoccupation de la Force estéloignée de cette notion de maintien de l’ordre.Il ne s’agit donc pas de maintenir l’ordre, il s’agit, en fait d’appliquer, le cas échéant, certaines modalités pratiquéesdans des opérations de maintien de l’ordre.

Le contrôle des foules se définit comme l’ensemble des actions à mener, dans un but bien défini : remplir la missiondévolue à la Force. il s’agit donc d’une action différente de la mission première. La réussite de cette missionspécifique, conjuguée à d’autres, permettra au chef tactique de remplir toute ou partie d’une mission de sonmandat.

La force est appelée à contrôler une foule quand celle-ci " représente un obstacle à l’accomplissement de lamission confiée à la force terrestre et, d’autre part, elle représente un danger pour l’intégrité physique de sonpersonnel ou de celui qui est placé sous sa protection ".

Pour remplir cette mission, le chef tactique dispose notamment d’un manuel de doctrine: " manuel d’emploi des forcesterrestres dans le contrôle des foules (TTA 950) ".

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Ce manuel ne décrit pas les actions spécifiques conduites par les unités spécialisées dans les opérations demaintien de l’ordre, il met en relief l’action du chef tactique en matière de renseignement, prévention-dissuasionet contrôle. Il s’agira de maîtriser la situation, en amont du contact donc avant que la foule ne commence à serassembler. Les effets à obtenir ont un caractère cumulatif dont dépend directement le règlement final de la crise. L’effet final recherché visera donc à éviter l’engagement des unités contre la foule. En effet, le degré de laviolence exercée par la foule sera, le plus souvent, inversement proportionnel à la réusite des actions entreprisesen amont du contact. Mais, malgré la pertinence de ces actions, la Force peut avoir à agir directement à l’encontrede cette foule. C’est bien pour cette raison qu’a étéétabli le protocole Armée de terre/gendarmerie : laForce peut être appelée à utiliser, encomplémentarité, certaines modalités techniquesdu maintien de l’ordre.

L’expertise de la gendarmerie, pour une phase bienprécise, est une aide non négligeable. Il s’agit doncd’un complément, qui a ses propres exigences pourchacune des parties prenantes. Cette complé-mentarité s’inscrit dans la résolution d’un problèmeponctuel qui ne saurait préfigurer de l’actionglobale ultérieure des forces armées.

Ce protocole est extrêmement clair.Il précise d’une part combien la conduite d’opérations de maintien de l’ordre doit faire l’objet de règles d’actionsadaptées, les modalités d’action des forces militaires étant par ailleurs fixées au regard de leurs propres missions,et d’autre part, il stipule que l’engagement des unités de l’Armée de terre doit être avant tout envisagé au regardde leur mandat et de la part que prennent les foules au règlement de la crise.

Il s’agit donc d’une affirmation claire et nette, cosignée le 20 octobre 2000 par Monsieur Pierre Steinmetz, alorsDirecteur général de la gendarmerie nationale et le Général d’armée Yves Crène. C’est tout simplement l’esprit mêmede la mission qui est ici cité.

Le chef militaire, toute situation étant unique, doit disposer pour y faire face d'une large palette d'optionstactiques ; parmi celle-ci figure notamment l’expertise dévolue aux unités de gendarmerie, dans tout le spectre deleur savoir-faire : action du dispositif prévôtal adapté aux structures de la force projetée, souvent en mesure dejouer un rôle essentiel d’apaisement et d’interface dans les situations de contentieux avec la population (PGSInotamment) et action des escadrons de gendarmerie mobile le cas échéant.

Cette complémentarité est exigeante et nécessite la mise en œuvre d’une expertise à partager.Il s’agit de faciliter la coopération entre les forces terrestres et la gendarmerie, en conformité avec leursprincipes d’emploi respectifs : commandement, interopérabilité des moyens de transmission et dispositifd’acquisition du renseignement. Il s’agit aussi de développer des apprentissages communs : ces apprentissagessont collectifs ou individuels. C’est la nécessité de faire acquérir aux unités de l’Armée de terre un complémentd’initiation, d’instruction sur les techniques d’autoprotection avec des équipements spécifiques (entraînement descompagnies de réserve opérationnelles, les CRO). C’est aussi la nécessité, pour une unité de l’Armée de terre,d’avoir à gérer des mouvements de foule, avant l’intervention des escadrons de gendarmerie mobile notamment ;il s’agit aussi d’acquérir les capacités en matière d’appui mutuel et de relève.

Le chef militaire sait aussi que la situation peut dégénérer, il sait aussi que la foule n’observe pas tacitementcertaines limites à l’expression de la violence. Il s’inscrit donc en permanence dans une logique de réversibilitésoudaine pouvant le mettre en situation de combat urbain.

Il est donc impératif de ne pas céder à la tentation du raccourci, visant à considérer que l’action face à la foule estunique, qu’elle se situe en métropole ou à l’extérieur, c’est-à-dire sans prendre en considération le facteuressentiel : le possible changement de situation sur le terrain.

Là encore, cela est au cœur du protocole : " les forces militaires (essentiellement Armée de terre) ont vocation à constituerle dispositif de puissance, dispositif lourd qui empêche le retour à l’affrontement armé".Le retour d’expérience est riche d’exemples montrant toute la dangerosité d’une telle situation. Cela a été le cas àMogadiscio, c’est encore le passage de la FORPRONU à l’IFOR en 1995. Cette réversibilité indique pour la forcequ’elle doit être en mesure de passer sans préavis d’un mode d’action au contact d’une foule vers un mode d’actionde combat, nécessitant l’emploi de l’armement organique incluant l’emploi de la force létale ❚

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CROWD CONTROL – LAW and ORDER A major conceptual difference

by colonel de Laforcade - CREDAT/B3

At a time when many French soldiers are engaged onoverseas TOA, whereas these same soldiers are oftenfacing the phenomenon of masses, it seems necessaryto clarify these notions of “ law and order ” and “ crowdcontrol ”.Although the action, a way or another, is conductedtowards a crowd the study of the engagementframework, of the pursued goals as regard to each ofthese notions and to the recent Army/Gendarmerieprotocol demonstrate that there is no room forconfusing these two concepts despite the appearance ofsome similarity.

Numerous articles, most often published in militarymagazines attempt to refute this semantic differencebetween the notion of ensuring law and order and thatof crowd control. However is it possible when analysingthis problematics to get rid of the general framework of

the action? The study of these parameters seems essential: where does the action take place? Why is it justified?What is the place of the crowd?

The location itself of the Force action is an essential parameter. Calling this action “ ensuring law and order ”is unrrealistic as soon as it is located outside our borders. Maintaining law and order is based on a judicialframework. In such a configuration, this judicial framework is transformed into an inextricable headache. Theexperience feed-back provides us with multiple examples At the end of the XIXth century when the armed forcesacted against the miners from the coal fields or against the wine growers, they were engaged upon commandeeringand for a precise goal: to maintain or restore public order. This action was taking place on national territory andcovered by the national law. Half a century later, it was in January 57, General MASSU, commanding the 10th

Airborne division was given the responsibility to maintain law and order in the Algerian departments. Some monthsafter this transfer of authority, General ALLARD commanding the Algiers Army Corps wrote to the supreme jointCommander, « it is certain that, due to the lack of law adapted to the particular conditions of the Algerian conflict,the military authorities responsible for maintaining law and order are coming up against the highest difficulties toapply the orders and instructions of the ministry in charge of Algeria and of the Command structure ».

In fact, the transfer of authority from the civilian to the military for public order never solved the problems linkedto the l vagueness of the law for a military action performed within a different framework than the one covered bythe armed conflicts’ law. Nevertheless it can be established that the national law was applying to these departmentseven if they were located outside the mother country.

Then what does remain of that notion of ensuring law and order when the action takes place on an overseasterritory, where the soldier is placed at the junction of the local law when it is possible to implement it, of his owncountry law and furthermore of the international law, the one of the ROE (Rules of Engagement)? The mandateof the committed force has never been to restore public order.

During overseas operations, notably in the Balkans, theLand forces work in close cooperation with theFrench National Gendarmerie units. This is the

result of the protocol dealing with complementarity, aprotocol signed by the Gendarmerie Director and the Armychief of staff.Despite this fact some confusion is appearing. Some playersengaged in this problematics still put the “ crowd control ”concept into the same category as the “ law and order ” ’sone. Tackling the problem in that way is of course simplisticas regard to the action conducted in the field. Understanding the difference between the two concepts isvital as regard to the action carried out in the field. This isprecisely the aim of this article.

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«FREEDOM OF SPEECH»

The nature itself of the Force mandate largely exceeds the limited episode of a situation looking more or less likelaw and order. The goal is not to repress a disorder linked to a social conflict or to some claim. The goal is to bringa global answer to multiple questions: Why streams of refugees flying away from the combats? Why flows ofpopulations forced to flee or of routed combattants? Why masses of refuse opposing a collective resistance? Whymasses for reinforcement, to take power?Ensuring law and order is only an epiphenomenon against these multiple questions. This only action-response by the Force would be a simplistic and illusive solution in a country where the state structures arecollapsing.

In such an environment it is therefore necessary to put things back to their proper places. The overall response tothe problematics of the Force is only the sum of multiple answers linked themselves to many “polluting ” factorsor parameters. One of them is quite new in the resolution of to-day’s crises: it is the population. Our men arepermanently next to it: daily contacts with such or such ethnic or confessionnal group, meeting a leader, one-offpartnership or assistance. As soon as an event gathers it en masse, this population is then becoming a crowd.And in an overseas operation, in a country plagued with a diffuse violence where the Police is weakened or un-existing, this crowd must always be considered as a potential and anonymous adversary. It is not only thegathering, on a single location, of a large number of persons but it may be inclined to voluntarily or not hinderthe force mission ‘s fulfilment.

For that reason and for that reason only, the Force may be called upon to deal with that crowd, to “ control ” it.Indeed the Force has received a mission, a mandate (which may include protecting the civilian populations) andthat crowd becomes one of the parameters of the action. Against this crowd “ law and order” is therefore notprecisely an end in itself. The aim is to bypass, a way or another, the obstacle represented or possiblyrepresented by that crowd as regard to the mission received. This is not ensuring law and order!

We need therefore to make a clear difference between these notions, the goals of which prove to be very distinct.In one case there is a conjunction between the action and the mission; in the other, there is a decouplingbetween the mission and the action.

Ensuring law and order is defined as all the set of actions to be carried out, for a very well defined goal: to bringan end to disorders. In other words, mission and action are merged. The official definition appears in the FM 185(EMA/EMPLOI dated 1997) dealing with maintaining law and order and is the result of the ministerial instructionn°500/SGDN/MPS/OTP dated 9th May 1995. " The goal of ensuring law and order is to prevent disorderson the public highway or in public places and if they occur to make them cease by force if need be ”.

Law and order is ensured by specialized forces which are, on the one hand the republican security companies, andon the other hand the mobile gendarmerie squadrons (2nd category armed forces), and as a complement the variouscomponents of the national police, of the departmental gendarmerie and republican guard, and finally by the armedforces as 3rd category forces.We need therefore to consider ensuring law and order (about which we must remind that it is performed in urbanor country environment, on earth or at sea only in the mother country and in the DOM-TOM) as a specific missionwhich is not assigned, on first, to the armed forces.In addition, the IM 500 specifies that the missions of ensuring law and order are out of the usual and normalframework of the armed forces’ responsibilities so that the training given to the armed forces to carry out thistype of mission applies only to support, reinforcement or combat support and exceptionally to intervention missions.When reading these elements issued from the French laws, one will understand how far the force concern is fromthat notion of ensuring law and order.The goal is not therefore to maintain public order but in fact to apply, should the occasion arise, some modalitiesused during law and order operations.

The force has to control a crowd when this one “ represents an obstacle to the accomplishment of the missionassigned to the Land force and, on the other hand a danger for the physical integrity of its personnel or ofthe one placed under its protection ”.

To fulfil this mission, the tactical commander is provided with notably one doctrine manual: ” Employment manualfor Land Forces in Crowd Control ” (TTA 950).

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This manual does not describe the specific actions conducted by the specialized units in law and order operations,it emphasizes the action of the tactical leader as regard to intelligence, prevention, deterrence and control. Thegoal is to master the situation, upstream from the contact, thus before the crowd begins to gather. The effects tobe obtained have a cumulative nature which will affect the final settlement of the crisis.

The final expected effect will thus aim at avoiding the engagement of units against the crowd. In fact, thedegree of violence exerted by the crowd will be, most often, inversely proportional to the success of the actionsundertaken upstream from the contact. But, despite the relevance of these actions, the Force may have to actdirectly against that crowd. It is definitely for that reason that the Army/Gendarmerie protocol has beenestablished: the Force can be requested to use, as a complement, some law and order. technical modalities.

The expertise of the Gendarmerie, for a very precise phase, is a non negligible help. It is therefore a complementwhich has its own requirements for each of theinvolved parties. This complementarity is part of theresolution of a specific problem which cannotprefigure the subsequent global action of the armedforces.

This protocol is extremely clear.It precises on the one hand how much the conduct oflaw and order operations must be subject to adaptedrules of action, the action modalities of the armedforces being furthermore established as regard to theirown missions, and on the other hand, it stipulates

that the commitment of Army units must above all be envisionned from their mandate point of view and fromthe part that the crowds take in the crisis settlement.

It is thus a straight and clear statement, co-signed on the 20th October 2000 by Mr Pierre Steinmetz, thengeneral Director of the national Gendarmerie and General Yves Crène. It is the true spirit of the mission whichis quoted here.The military commander, every situation being unique, must have at his disposal a wide range of tactical optionsin order to face it; among them appears notably the expertise assigned to the Gendarmerie units within the wholerange of their know-how: action of the military police disposition adapted to the structures of the projected force,often able to play an essential appeasing and interface role in situations of dispute with the population(Investigation Platoon notably) and action of the mobile gendarmerie squadrons if need be.

This complementarity is demanding and requires the implementation of an expertise to share.The aim is to facilitate the cooperation between the Land forces and the gendarmerie, in accordance with theirrespective employment principles: command and control, interoperability of communication assets and intelligencecollecting disposition. The aim is also to develop common training: either collective or individual. It is essential forthe Army units to acquire a complement of initiation, of training about self-protection techniques with specificequipments (training of the operational l reserve companies, the CROs). It is also essential for an Army unit tomanage the crowd movements, notably before the intervention of the mobile gendarmerie squadrons; they also haveto acquire the capabilities concerning mutual support and relieves. The military commander also knows that the situation may deteriorate, he also knows that the crowd does nottacitly comply with some limitations to the expression of violence. He is therefore permanently acting within a logicof sudden reversibility that might put him in a situation of urban fighting.

It is therefore imperative not to give way to the temptation of the short-cut, aiming at considering that the actionagainst the crowd is unique, either in the mother country or overseas, i.e. without taking into consideration theessential factor: the possible change of situation in the field.

There again, this is the core of the protocol: " the military forces (mainly Army) are dedicated to constitute thecombat power disposition, a heavy one denying any return to the armed confrontation ".The experience feed-back is rich with examples showing all the dangerousness of such a situation. This has beenthe case in Mogadiscio, it was also the shift from UNPROFOR to IFOR in 1995. This reversibility shows the forcethat it must be ready to switch without notice from one course of action in contact with a crowd to a fighting courseof action, requiring the use of T&E armament including the use of lethal force ❚

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LE CONTRÔLE DE FOULES - UNE DISCIPLINE DIFFICILE

par le commandant BRUHN,stagiaire de la 115e promotion du CSEM

Armée de terre danoise

Les guerres civiles et les catastrophes humanitaires jouent un rôle de plus en plus important pour lesmissions des forces armées en Europe. Concernant le Danemark, l’Armée de terre a dû l’admettre et sepréparer à ces nouveaux contextes. Elle s’est adaptée, durant la dernière décennie, au travers des missionsde maintien de la paix.

Dans la doctrine militaire, les missions de maintien de paix sont classées sous le terme " opérations autres que laguerre "1). Il y a 15 ans, le seul terme " missions non-guerrières " aurait sonné faux aux oreilles d’un soldat. Or denos jours, celles-ci figurent parmi les missions les plus importantes de l’Armée de terre danoise. Notamment en cequi concerne la structure organique, la formation et la technologie.

Cette réalité a donné de nouveaux cadres et des exigences différentes envers les soldats à tous les niveaux. Lacoopération entre des autorités politiques, les organismes d’état, non-étatiques et les unités militaires font partiedu quotidien d’un soldat. Aujourd’hui, on attend d’un soldat qu’il soit capable d’effectuer sa mission avec laprésence d’esprit des fantassins et, en même temps, qu’il exploite et prenne en considération des éléments quiétaient par le passé uniquement du ressort de la hiérarchie.Les exigences de ce nouveau contexte sont justifiées. Les conditions nécessitent dans de multiples cas la présenced’un " super-soldat " qui ne participe pas seulement aux missions liées au maintien de la paix entre deux états maisqui doit aussi avoir la capacité d’agir dans le cadre du contrôle des forces armées belligérantes.

Aujourd’hui, le " super-soldat " agit dans un environnement extrêmement fragmenté, où les dirigeants peuvent êtredifficiles ou impossibles à identifier. Le Kosovo est un bon exemple de ce nouveau type de missions. Là-bas desconflits ethniques sont susceptibles de transformer des petits événements en conflits beaucoup plus complexes. Lacapacité d’empêcher la violence et les confrontations, de contrôler les sources d’instabilité et les troubles est uncritère de succès. Ce critère de succès ne peut être réalisé que par un " super-soldat ".Il n’y a pas moyen de faire autrement – pas de solutions faciles. Dans de nombreux cas, des soldats danois se sonttrouvés dans des situations extrêmement difficiles où des foules mécontentes, des réfugiés frustrés ou toutsimplement la présence d’une autorité internationale telle que l’OTAN ou l’ONU, ont provoqué des agressionsviolentes auxquelles les soldats devaient faire face. Nous appelons ce phénomène " contrôle des foules " (RIOTCONTROL).

Dans ce paragraphe, je décrirai une partie des conditions que le soldat rencontre dans un tel environnement. Jedécrirai également les expériences et méthodes que les unités du niveau section, compagnie et bataillon, ont vécuet développé en augmentant les efforts pour résoudre ces missions difficiles et préparer au mieux les futures unitésà la situation.

Cet article ne peut en aucun cas être exhaustif et ne présente que des considérations personnelles ainsi que desévénements vécus lors de mon affectation au sein du Bataillon danois au Kosovo.

Le sujet est continuellement analysé et traité par le Commandement du Matériel de l’Armée de terre danoise, l’Ecolede Combat de l’Armée de terre danoise, la Brigade Internationale danoise et la police militaire. Mon unité a tiréprofit des efforts de préparation consentis par le Danemark afin d’optimiser la formation des unités déployées.

Je me souviens encore de l’expression de surprise et d’étonnement sur le visage d’un de mes soldats, un soir aumois de février, alors que la compagnie était déployée pour protéger une station de police MINUK à proximité deMitrovica. Une femme d’un certain âge et une petite fille ont couru vers le soldat et, à une distance de 4 à 5 mètres,lui ont jeté des pierres. Ici " TOUT LE MONDE " était contre lui, pas seulement les jeunes gens de 20 à 30 ans. Lelendemain, tout était calme. Nous réalisions nos missions de patrouille dans la ville et ses environs, sans constaterle moindre changement de la population locale suite aux troubles violents de la veille. Ils nous disaient gentiment" bonjour " comme d’habitude.

1 ” Guide sur la doctrine des opérations interarmées ”, Forsvarsakademiet [CID danois] 1999, page 21-1.

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Comme dans la plupart des missions militaires, la connaissance de l’environnement où l’on évolue est déterminantepour le succès de la mission. Au Kosovo, un bon contact avec la population locale était une condition pourl’exécution des missions ordonnées. Les soldats étaient tous les jours amenés à être en contact avec la populationlocale. La sécurité et la sûreté dans les petites communautés dépendaient du dialogue et de la coopération entrechaque partie.

L’une des contraintes les plus pesantes, pour les soldats et l’unité, était le contraste entre l’environnement trèsviolent et imprévisible et la tranquillité qui ressemblait à celle de n’importe quel petit village européen. Un effortd’adaptation intellectuel et physique était nécessaire.La coopération entre unités, de nationalités, expériences et matériels différents, devenait rapidement d’uneimportance vitale. Chacune avait des méthodes différentes, en particulier au niveau de la section. Pour la mêmeraison, des officiers du bataillon français, voisin du danois, ont été invités à assister à une démonstration desméthodes et matériels danois. Suite à cette démonstration, un accord pour des échanges hebdomadaires a vu lejour. De petits exercices de contrôle de foules (RIOT CONTROL) étaient un élément obligatoire. Les enseignementstirés de ces rencontres étaient très riches. Les soldats ont vite trouvé leurs repères. Des amitiés se sont liées et laconfiance mutuelle s’est installée. Bientôt, cette coopération se montrait d’une grande utilité.

La capacité à faire face à une confrontation directe était ainsi rapidement renforcée. Mais il restait toujours difficile,voire impossible, de prévoir quand et où allaient éclater les troubles, de les isoler, de les contenir et par la suite les" désarmer ". En outre, le bataillon constatait une importe dispersion d’information sur la population locale à traversles secteurs de responsabilité. C’est ainsi que des rumeurs pouvaient en moins d’une vingtaine de minutes devenirdes troubles publiques, des manifestations ou des blocus avec une centaine de personnes. Dans le but de créer lesmeilleures conditions possibles pour ce genre de missions, le bataillon développait la matrice (simplifiée) ci-dessouspour les déploiements des forces :

1ère phase : reconnaissance afin de donner à la réserve mobile un ordre préparatoire suffisant en vue d’undéploiement de forces, et pour tenir continuellement informées les unités déployées sur la situation dans la zoned’intérêt (valeur d’une compagnie en alerte 15 minutes).

2ème phase : cloisonnement de la zone de déploiement en vue d’empêcher une affluence supplémentaire de lapopulation locale, opportunément réalisé par des unités d’infanterie car des confrontations pouvaient subvenir lorsde ces blocus.

3ème phase : déploiement d’une unité dans la zone de déploiement pour rompre le blocus, disperser lamanifestation, protéger l’élément en question ou d’autres missions semblables.

4ème phase : maintiende la situation et rétablis-sement du calme et del’ordre. Cela était assurépar la réserve mobileavec la mise en place dec h e c k p o i n t s e t d epatrouilles dans la zonede proximité. L’unitéd’isolation était relevéepar l’unité de réserve enalerte à 15 minutes pourensuite reprendre uneautre mission de réserveà 3 0 m i n u t e s . L e sphases décrites ci-dessusont été développées ettestées lors de plusieursé v é n e m e n t s . A p r è squelques ajustements, lebataillon a trouvé lamatrice très utile. Néanmoins, le bataillon aconstaté que les missions

en question, bien que militaires, se déroulent dans un environnement civil avec des acteurs civils qui influenceraientcertainement les conditions dans lesquelles la mission serait exécutée.

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Celles-ci étaient le plus souvent :

• La prise en compte de la POLICE de la MINUK, à savoir leur capacité et leur mandat lors des interventions etc..

• Les réactions de l’administration locale de la MINUK qui ne voulait en aucun cas des confrontations avec lapopulation locale.

• Les ONG dans la Zone et leurs relations, souvent proches, avec les parties en présence. Pour la même raison, lesONG agissaient rarement d’une manière objective et impartiale.

• Le souci de l’infrastructure locale et de la circulation.

• Les conditions de l’environnement étaient souvent un obstacle pour la liberté de la manœuvre.

• Le rôle des médias.

La plupart des facteurs pouvaient être prévus lors de la planification de la mission :

• en créant des équipes de liaison spéciales auprès des autorités et organismes concernés.

• grâce aux " information operations " dans les groupes de population dans la zone de proximité.

• en créant des équipes spéciales rapidement prêtes à négocier, immédiatement après avoir atteint l’objectif.

Cependant, il est très difficile, voire impossible, de prendre en considération et prévoir tous les facteurs. C’estpourquoi la phase cloisonnement était suivie à la lettre. C’est à ce moment précis qu’il faut interdire toutrenforcement de la manifestation, car la zone de déploiement doit être le plus possible contrôlée.

Depuis quelques temps, plusieurs études sont menées par l’exploitation de toutes ces expériences et méthodesdans la formation des soldats, unités et états-majors. Doit-on continuer à mettre l’accent sur une formationmilitaire de base concentrée sur les savoir-faire traditionnels ou alors les missions dans les Balkans ont-elles crééde telles exigences que la formation de base devrait plutôt viser une préparation spécifique ? Cela veut dire que lesaptitudes traditionnelles de l’infanterie, telles que l’attaque, le combat stationnaire, le combat rétrograde, le combatdans un terrain avec un champ de vision restreint, devraient-elles être de priorité secondaire ou peut-êtreseulement être étudiées d’une manière très brève ?

Selon ma perception, les aptitudes telles que la reconnaissance, le commandement et l’entraînement, sont desfondements irremplaçables pour un déploiement réussi et le développement des facultés d’adaptation mentale.Dans le même temps, il faut combiner celles-ci avec les aptitudes d’infanterie élémentaires comme la capacité decoopérer entre groupes et avec le Service de Santé. Un fondement que nous avons, à tous niveaux, développé àtravers une longue tradition militaire qui garantit l’endurance, la résistance, et notamment la réflexion quand lasituation s’aggrave et devient dangereuse.

C’est donc une condition déterminante quand l’unité a une maîtrise parfaite des méthodes traditionnelles decombat tactique et que chaque soldat peut agir de façon expérimentée dans ce cadre. C’est dans ces conditions quel’identité, la confiance et la capacité de jugement du soldat sont créées. Cela est le début du fondement qui permetla flexibilité et l’adaptation, critères très importants au Kosovo. Il prépare le soldat et l’unité le mieux possible à laformation visant spécifiquement à de telles missions. En revanche, cette formation doit se fonder sur les faits réels.Tous les éléments du quotidien, les interprètes, les ONG, et les " Rules of Engagement " (ROE) doivent être exploitésafin de forcer le soldat à apprendre les nouvelles conditions et règles du jeu et ce avant qu’elles ne deviennent unecruelle réalité. C’est l’un des défis les plus importants mais aussi une confirmation du fait que la formation actuellea le bon contenu et la bonne intensité.

Le plus important à retenir et à comprendre, est qu’une unité ne sera jamais formée à 100 % et qu’elle peuttoujours s’améliorer. Une formation continue dans la zone de déploiement est vitale pour être efficace dans le cadredes unités multinationales. Des échanges, des exercices et des expériences réciproques font partie des moyenstestés et prouvés, et on peut beaucoup apprendre l’un de l’autre, lors d’une pause café sur le flanc d’unemontagne ❚

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CROWD CONTROL - A DIFFICULT DISCIPLINEby Major BRUHN,

115th class of the Army Command and General Staff College Danish Army

Civil wars and humanitarian disasters play an increasingly significant role for the armed forces’ missions inEurope. As far as Denmark is concerned, the Army had to admit it and to get prepared to these newcontexts. During this last decade, it adapted to it through PK (Peace Keeping) missions.

In military doctrine, PK missions are categorized as " Operations Other Than War " or OOTWs1. 15 years ago,the very " non-warlike missions " term would have sounded false in soldiers' ears. However, they are listednowadays among the most significant missions for the Danish Army, especially regarding organization, trainingand technology.This reality has provided us with new officers and NCOs as well as with different requirements towards soldiers atall levels. Co-operation between political authorities, governmental bodies, non-governmental organizations andmilitary units are part of a soldier's daily activity. Today, we expect soldiers to be able to carry out their missionswith an infantryman's presence of mind, and simultaneously, to exploit and take into account elements which werepreviously managed only by the hierarchy.

Requirements from this new context are justified. In many cases, conditions require the presence of a " super-soldier ", who does not only take part in missions related to peace-keeping operations between two nations, butwho should also have the capability to operate within the framework of belligerent armed forces’ control.

Today, a " super-soldier " operates in an extremely fragmented environment, where it might be difficult orimpossible to identify leaders. Kosovo is a good example for this new type of missions. Over there, ethnic conflictsare likely to transform small events into much more complex conflicts. The capability to prevent violence andconfrontations, to control sources of instability and disorders is a criterion of success. This success criteria canonly be achieved by a " super-soldier ".It is impossible to operate differently - no easy solutions exist. In many cases, Danish soldiers were in extremelydifficult situations where malcontent crowds, frustrated refugees or quite simply the presence of an internationalauthority, such as NATO or the UN, caused violent aggressions that soldiers had to face. We call this phenomenon" crowd control " (RIOT CONTROL).

In this paragraph, I am going to describe part of the conditions that soldiers encounter in such an environment. Iwill also describe the experiences and methods that units lived through and developed at platoon, company andbattalion levels, by increasing efforts to resolve these difficult missions, and to prepare future units for this situationas well as possible.

This article can in no way be comprehensive and only personal considerations are presented, as well as real-lifeevents at the time of my assignment within the Danish Battalion in Kosovo.This issue is permanently analyzed and processed by the Ordnance Corps Command of the Danish Army, theDanish Army Warfare School, the International Danish Brigade and the Military Police (MP) force. My unit tookadvantage of preparation efforts carried out by Denmark in order to optimize deployed units' training.

One evening in February, I still remember the expression of surprise and astonishment on the face of one of mysoldiers, whereas the company was deployed to protect a MINUK police station near Mitrovica. An elderly womanand a young girl ran towards the soldier and, within a distance of 4 to 5 meters, threw stones at him. Here" EVERYONE " was against him, and not only young men between 20 and 30. On the following day, everythingwas quiet. We carried out our patrol missions in the city and its vicinity, without noticing the slightest change inthe local population's attitude, following the violent disorders of the previous day. They said to us " hello " nicely,as usual.

1 Memento about joint operations' doctrine” , Forsvarsakademiet [Danish CID] 1999, page 21-1.

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As in most military missions, the knowledge of the environment where we operate is critical for the success of themission. In Kosovo, a good contact with the local population was a prerequisite to carry out tasked missions. Everyday, soldiers had to be in contact with the local population. Safety and security in small communities weredependent on the dialogue and the co-operation between each party.

One of the heaviest constraints, for soldiers and the unit, was the contrast between a very violent and unforeseeableenvironment and the quiet atmosphere, which was looking like any small European village. An effort of intellectualand physical adaptation was necessary.Soon co-operation between units, from different nationalities, experiences and equipment became of vitalimportance. Each one had different methods, in particular at platoon level. For the same reason, some officers fromthe French battalion, next to the Danish one, were invited to attend a demonstration of the Danish methods andequipment. Following this demonstration, an agreement for weekly exchanges was set up. Some small exercises ofcrowd control (RIOT CONTROL) were a compulsory element of this co-operation. Lessons learned from thesemeetings were very rich. Soldiers quickly found their reference marks. Friendships were set up and mutualconfidence was established. Shortly, this co-operation happened to be very useful.

Thus the capability to meet a direct confrontation was quickly reinforced. But it always remained difficult, evenimpossible, to anticipate when and where disorders were about to burst out, to isolate them, to contain them and" to disarm or neutralize " them thereafter. Moreover, the battalion noted an important dissemination of informationin the local population through the sectors of responsibility. Thus rumors could become public disorders,demonstrations or blockades with about a hundred people in less than twenty minutes. Aiming at creating thebest possible conditions for this kind of missions, the battalion developed the (simplified) matrix below fordeploying forces:

1st phase: reconnaissance in order to provide the mobile reserve with a warning order sufficient to deployforces,and to keep deployed units permanently informed about the situation in the area of interest (company sizeat 15-minutes warning).

2nd phase: isolation of the Assembly Area (AA) in order to prevent an additional flow of local population,opportunely carried out by infantry units, as confrontations could occur during these blockades.

3rd phase: deployment of a unit in the Assembly Area (AA) to break the blockade, to disperse the demonstration,to protect the element in difficulty or other similar missions.

4th phase: upholding the situation and re-establishing calm and order. This was carried out by the mobile reserveby setting up check points and patrols in the close area. The isolation unit was replaced by the reserve unit at15-minutes warningin order to carry outa g a i n a n o t h e rmission of reserve at30 minutes warning. The different phasesdesc r i b ed abovewere developed andtested during severalevents. After someadjustments, thebattalion found thematrix very useful.Nevertheless, thebattalion noted thatmissions in question,although militaryones, take placewithin a civi l ianenvironment withc iv i l actors whowou l d c e r t a i n l yinfluence the conditions in which the mission would be carried out.

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1st phase

2nd phase

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These ones were generally the following:• Taking the MINUK POLICE FORCE into account, namely their capability and their mandate during

commitments, etc...

• Reactions of the MINUK local administration, which, in no case, did want confrontations with the localpopulation.

• NGOs in the area and their often close links with the involved parties. For the same reason, NGOs seldom actedin an objective and even-handed way.

• Concern about the local infrastructure and road traffic.

• Environment's conditions were often an obstacle to the freedom of maneuver.

• The role of media.

Most of these factors could be anticipated during mission planning:• by creating special liaison teams with the concerned authorities and organizations.

• thanks to " information operations " in the groups of population in the close area.

• by creating special teams quickly ready to negotiate, immediately after having reached the objective.

However, it is very difficult, even impossible, to take all the factors into account and to anticipate all of them. Thisis the reason why the isolation phase was carried out to the letter. It is at this very precise time that anyreinforcement of the demonstration should be prohibited, because the Assembly Area (AA) should be kept undercontrol as much as possible.

For some time, several studies have been undertaken by taking advantage of all these experiences and methods totrain soldiers, units and headquarters. Should we continue to rely heavily on a basic military training focusing ontraditional know-how while missions in the Balkans created such requirements that basic training should ratheraim at a specific preparation? This means that traditional infantry's capabilities, such as attack, static combat,backward combat, combat on a terrain with limited views, should be of secondary priority or perhaps be onlystudied very shortly?

In my own view, capabilities, such as reconnaissance, Command and Control (C2), and training, are irreplaceablebases for a successful deployment as well as for the development of mental adaptation capabilities. Simultaneously,it is necessary to combine these ones with basic infantry capabilities, such as the ability to cooperate betweengroups and units, and with the Medical Corps. This is a basic know-how that we have developed at all levels,through a long military tradition which guarantees endurance, resistance, and notably thinking about it when thesituation worsens and becomes dangerous.

Thus it is a deciding condition when the unit is perfectly mastering the traditional methods of tactical combat andwhen each soldier can act in a professionalway within this framework. If these conditions are met, the soldier'sidentity, confidence and good judgment capability can be created. This is the first step of the foundation, whichenables flexibility and adaptation, a very significant criteria in Kosovo. It best prepares a soldier and a unit fortraining aiming specifically at such missions. On the other hand, such training should be based on actual facts.All elements of the day-to-day life, interpreters, NGOs, and " Rules of Engagement " (ROEs) should be exploitedin order to compel soldiers to learn the new conditions and rules of the game, and this before they become a cruelreality. This is one of the most significant challenges but also a confirmation of the fact that current trainingincludes the right contents and has the right intensity.

Most significant to keep in mind and to understand, is that a unit will never be 100 % trained and that it canalways improve its capability. Training permanently in the Assembly Area (AA) is vital to be efficient within theframework of multinational units. Reciprocal exchanges, exercises and experiences are part of tested and provenmeans, and we can learn much from one another, during a coffee break on a hillside ❚

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Dans ce site :

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- La base documentaire : sont regroupés dans cette base desdocuments de doctrine de l’Armée de terre.

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