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2012/2013 Master Urbanisme Durable LES BRANDONS DANS LE [ CHANGEMENT SOCIO- ECONOMIQUE DE BLAINVILLE- SUR-ORNE ]

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Master Urbanisme Durable

LES BRANDONS DANS LE [CHANGEMENT SOCIO-ECONOMIQUE DE BLAINVILLE-SUR-ORNE ]

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Introduction

La direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement

(DREAL) dans sa mission de pilotage des politiques de développement durable, du logement

et de la ville a sollicité le centre d’étude technique et de l’équipement (CETE) pour une étude

de terrain sur Blainville-sur-Orne. La commande consiste en un bilan du quartier durable

urbain des Brandons, plus précisément l’impact des nouvelles opérations urbaines de

Blainville-sur –Orne. Pour intégrer le Master urbanisme durable (MUD) de l’université de

Caen Basse Normandie le CETE a élargi la commande à la perception du quartier des

Brandons par les riverains. Après avoir analysé la commande elle est apparue trop restreinte

pour notre effectif. Par conséquent nous avons opté de travailler sur les Brandons dans le

changement sociodémographique de Blainville-sur-Orne. Pour ce faire nous avons travaillé à

plusieurs échelles : Blainville-sur-Orne dans la communauté d’agglomération Caen la mer,

objet de la partie I, et à l’échelle communale pour l’enquête de terrain qui sera la partie II.

Bonne lecture.

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Partie 1

Blainville-sur-Orne dans le

contexte de l’agglomération de

Caen-La-Mer

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Démographie

Caen-La-Mer

Sommes-nous en présence d’une continuité ou d’une rupture dans l’évolution et les

structures démographiques de Caen-La-Mer ?

Une évolution démographique non conforme à l’évolution

nationale

La population de Caen-La-Mer a connu une augmentation d’un tiers en quarante ans, de

1968 à 2009. Cela s’inscrit dans la logique des autres communes françaises où le phénomène

d’urbanisation dans cette seconde partie du vingtième siècle s’est considérablement amplifié.

Cependant, lorsque nous analysons la période entre 1999 et 2009, nous remarquons qu’au

niveau national, la population est en progression constante. À la différence de l’agglomération

caennaise, elle s’est accrue de 6,9 %.

La population de Caen-La-Mer subit le vieillissement national. Concernant les 45-59

ans, l’augmentation métropolitaine entre 1999 et 2009 est plus faible qu’à Caen-La-Mer. En

revanche, en 2009, la population de Caen-La-Mer des 15-29 ans est de 25,4 % soit de 7,4

points supérieurs à la population nationale. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que Caen est

un pôle d’enseignement supérieur.

Il résulte de ces différents constats, une interrogation sur les causes du solde migratoire

négatif des jeunes actifs qui quittent Caen-La-Mer.

Un maintien de la population assurée par l’aire urbaine

caennaise

La population de l’établissement public intercommunal (EPCI) caennais a stagné entre

1999 et 2006. Au contraire, l’aire urbaine caennaise a évolué positivement.

L’aire urbaine caennaise s’est développée démographiquement depuis 1968. Cependant, cette

augmentation tend à stagner. Si cette tendance est toujours positive, elle est due

exclusivement au solde naturel, le solde migratoire étant nul. Ce dernier résultat souligne le

peu d’attractivité dont semble faire preuve l’aire urbaine caennaise. Dans un contexte national

— et international — de métropolisation, le manque de compétitivité de Caen pourrait

s’expliquer par l’émergence de Rouen comme métropole normande, et par la concurrence des

équipements universitaires rennais.

Une des caractéristiques majeures de l’aire urbaine caennaise est l’intensité de sa

périurbanisation.

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Vers un polycentrisme démographique ?

Le centre-ville caennais subit une forte diminution démographique : 3 588 Caennais ont

quitté la ville-centre en l’espace de sept ans (1999-2006).

Par ailleurs, les communes de deuxième couronne ont connu une augmentation de leurs

populations. Tel est le cas de Louvigny ou de Blainville-sur-Orne. Ce flux positif au profit de

la seconde couronne se fait au détriment de la première couronne, principalement Hérouville-

Saint-Clair.

La tendance à la perte de population de la ville de Caen et de sa première couronne au

bénéfice de la deuxième couronne nous laisse penser que nous allons nous diriger vers un

polycentrisme démographique. Mais ce polycentrisme démographique n’est pas à confondre

avec le polycentrisme économique. Aujourd’hui nous avons une délimitation floue de la ville

avec des espaces dortoirs de plus en plus importants et de plus en plus éloignés des centres

sociaux et économiques.

Blainville-sur-Orne

Blainville-sur-Orne dans la deuxième couronne de Caen est-elle en situation de

concurrence pour l’attractivité démographique ?

Analyse démographique

La commune de Blainville-sur-Orne a connu une forte augmentation de sa population

entre 1968 et 2009, passant de 2 735 à 5 992 habitants. Cette augmentation s’est faite en dents

de scie. La commune a connu deux grandes périodes d’expansion entre 1975 et 1982 avec une

variation annuelle de 8,2 % et entre 1999 et 2009 avec 3,1 %. En dehors de ces périodes la

population est restée stable, voire a diminué. Ces deux périodes d’augmentation s’expliquent

par un flux migratoire important. En effet, entre 1975 et 1982, le solde apparent des entrées et

sorties est positif de 7 %. Celui de la période de 1999 à 2009 est des 2,2 %.

La population de Blainville-sur-Orne est composée d’une part importante d’actifs (60

% de ses habitants ont entre vingt et soixante-quatre ans), taux supérieur aux moyennes

nationales et régionales. A contrario, un habitant sur dix a plus de soixante-cinq ans, ce qui est

plus faible que les moyennes nationales et régionales.

Blainville, commune périurbaine en deuxième couronne, semble donc bénéficier d’un flux

migratoire provenant de la ville centre.

Analyse des communes adjacentes

La commune de Bénouville a également connu une augmentation de sa population entre

1968 et 2009 via deux grandes périodes. Cependant, les deux périodes de lotissement ne

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coïncident pas avec celles de Blainville-sur-Orne. L’expansion de la démographie

bénouvillaise correspond à la période intermédiaire des deux émergences blainvillaises. Une

double hypothèse en ressort : existe-t-il une discordance entre ces deux communes du point de

vue de la construction de logements ?

A Biéville-Beuville, l’augmentation est régulière, il ne semble pas y avoir de politique

forte d’urbanisation. Les divergences affectent également la structure de la population

communale. Plus d’un habitant sur cinq a plus de soixante-cinq ans contre un sur dix à

Blainville-sur-Orne. La population potentiellement active est plus faible. Le grand nombre de

retraités semble valider l’hypothèse d’une commune plus résidentielle.

Concernant Ranville, la variance positive de la population se résume à une seule et forte

période entre 1968 et 1975. Après cette date, la commune subit une stagnation de sa

population.

Un environnement concurrentiel en termes d’attractivité

Les comparaisons ci-dessus mettent en exergue la concurrence entre Blainville-sur-

Orne, Ranville et Bénouville. Biéville-Beuville est sur un autre axe routier et se trouve à

l’écart de ces trois communes, ce qui explique une dynamique différente. Par conséquent, il

semblerait qu’elle ne s’intègre pas dans l’environnement concurrentiel desdites communes.

Par rapport à la France, la Basse-Normandie et aux autres communes périurbaines, Blainville

compte plus d’actifs et moins de retraités que la moyenne. Celle-ci est potentiellement une

commune dite ―dortoir‖.

En effet, Caen, la ville centre, a un flux migratoire négatif d’actifs. Les communes de la

seconde couronne appuyées sur un réseau routier les reliant à Caen de façon satisfaisante

(cinq à dix minutes) voient leurs populations croître. Blainville-sur-Orne, première commune

sur la voie express Caen-Ouistreham s’inscrit dans cette logique, entrant en concurrence avec

les autres communes périurbaines. L’analyse démographique de la deuxième couronne de

Caen met en relief que lorsqu’une commune de cette couronne stagne, une autre voit sa

population croître. Ce phénomène est typique de la concurrence pour l’attractivité à laquelle

sont soumises ces communes proches.

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Couples – familles – ménages

Caen-la-mer

En matière de situation des ménages, on enregistre une augmentation (+ 10 %) du

nombre des ménages entre 1999 et 2009, qui est à cette date de 100 092. Cette augmentation

s’observe également à l’échelle régionale alors qu’elle est moins accentuée à l’échelle

nationale.

Cependant, on peut noter une stagnation de la population, ce qui nous amène à dire

que les ménages sont de plus en plus petits. En effet, 43 % d’entre eux ne sont composés que

d’une seule personne en 2009. Ce fort pourcentage s’explique, d’une part, par le

vieillissement général de la population et, d’autre part, par des phénomènes de divorce et de

décohabitation en raison du pôle universitaire qui attire de nombreux étudiants vivant seuls

(20 % de la population caennaise est étudiante). Le vieillissement de la population entraine un

phénomène de veuvage ce qui participe également à la multiplication des ménages d’une

seule personne (7 % de veufs).

Les catégories socioprofessionnelles représentées dans les ménages de Caen-La-Mer

sont conformes à celles observées au plan régional. Les cadres et les agriculteurs sont une

exception puisque le pôle urbain caennais se tertiarise, ce qui induit une plus forte

concentration d’emplois intellectuels supérieurs depuis 1999. La très faible représentation des

agriculteurs est due à une urbanisation croissante.

La composition des familles de la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer

suit les tendances régionales et nationales. A savoir qu’il y a une diminution du nombre

d’enfants par famille, la moitié des familles sont sans enfant en 2009, ce phénomène étant

stable depuis 1999. Par contre le taux des familles monoparentales (17 %) est comparable à

la moyenne nationale et légèrement supérieure à la moyenne régionale. 90 % de ces familles

monoparentales concernent des femmes en 2009) car ce sont très largement les mères qui

obtiennent la garde des enfants suite à une séparation.

Ces constats mettent en avant un certain nombre de questions. Celle du logement

notamment, puisqu’ une augmentation des ménages d’une personne entraîne une hausse de la

demande en logements. Ainsi, des politiques publiques à l’échelle de la communauté doivent

être mises en place, tant pour le logement ainsi que pour les mobilités. Le nombre important

des retraités pose en outre la question de la dépendance, qui pourrait être porteuse de créations

d’emplois. L’évolution démographique à travers la prédominance des familles sans enfant

questionne enfin sur la façon d’attirer de nouveaux habitants.

Blainville-sur-Orne

Blainville-sur-Orne est une ancienne commune industrialo-portuaire, aujourd’hui en

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reconversion et inscrite dans la communauté d’agglomération de Caen-La-Mer.

Une commune périurbaine…

L’augmentation démographique coïncide avec l’augmentation du nombre des

ménages. Blainville-sur-Orne, à l’image des communes avoisinantes, se caractérise par un

fort pourcentage de familles (75 %), ce qui contraste fortement avec les chiffres nationaux et

surtout avec ceux de Caen-La-Mer. La spécificité de Blainville-sur-Orne réside dans le

nombre élevé d’enfants par familles. Cependant, Blainville-sur-Orne n’échappe pas aux

tendances générales concernant la diminution du nombre de personnes par ménage. En effet,

depuis 1986, Blainville-sur-Orne est touchée par un processus de périurbanisation qui se

traduit par la construction de zones pavillonnaires propices à l’accueil des familles. De plus,

son accessibilité est garantie par la proximité de la voie rapide D515 et par la desserte en

transports en commun via le réseau Twisto.

… en mutation sociologique

Cette périurbanisation engendre une augmentation significative de la catégorie

socioprofessionnelle (CSP) des cadres (de 4 à 11 % entre 1999 et 2009), qui ne se retrouve

pas au niveau départemental. Du fait de son passé industriel et de la présence de Renault

Trucks sur la commune, la catégorie socioprofessionnelle des ouvriers est également

fortement représentée, comparativement à Biéville-Beuville par exemple, tout en restant

proche des moyennes régionales et nationales. En dehors de ces spécificités, les catégories

socioprofessionnelles représentées dans la commune sont du même ordre que les moyennes

départementales, régionales et nationales, notamment en ce qui concerne le nombre de

retraités.

Enjeux et perspectives

Le changement sociologique et la forte concentration de familles avec enfants

engendrent des équipements et des services spécifiques dans les domaines de l’éducation

(collège, école et garderie) et du sport (complexe sportif). Cela constitue l’enjeu principal de

la commune.

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Vie économique et population

active

Caen-La-Mer

Un pôle d’emploi lié au statut de capitale régionale

A l'échelle de la Basse-Normandie, Caen est un des trois pôles majeurs d'emploi et

d'activité, avec Cherbourg et Alençon. La communauté d'agglomération Caen-La-Mer

regroupe un quart des emplois de la Basse-Normandie.

Ancien pôle industriel, notamment avec la SMN (Société Métallurgique de

Normandie, fermée en 1993) et Moulinex, Caen a connu une reconversion vers le secteur

tertiaire. En témoignent les 90 % d’établissements présents dans les services en décembre

2009. En termes d'établissements, ce secteur est composé principalement du commerce, de

transports de services divers et secondairement des différentes catégories de la fonction

publique. La fonction publique est surreprésentée à Caen-La-Mer (15 % des établissements)

par rapport à la Basse-Normandie (12 %) et à la France entière (12 %). Cela s'explique par le

fait que Caen est une capitale régionale, c'est donc un lieu de commandement administratif.

Dès lors, elle possède à la fois les services administratifs déconcentrés et décentralisés de la

région et du département ainsi que les services éducatifs supérieurs et de santé. Dans une

moindre mesure, Caen-La-Mer est un centre de commandement économique. En effet,

l'intercommunalité concentre 10 % des sièges sociaux de la Basse-Normandie.

Un salarié sur deux travaille dans une entreprise de plus de cents salariés. En

comparaison avec la Basse-Normandie, ce taux est plus élevé de quinze points. Nous pouvons

l'expliquer par la présence de grands établissements publics (CHU, Université) qui

concentrent plus de la moitié des salariés des grandes entreprises, sans oublier celle de grands

groupes privés tels que Renault Trucks, NXP, Robert Bosch. Caen se situe parmi les trois

agglomérations françaises les plus attractives comme l’atteste le taux élevé d’actifs résidents

ayant un emploi (70 %). Les deux secteurs où ce dynamisme est visible sont l’automobile et

l’agroalimentaire. L’un représenté notamment par le pôle Mov’eo installé à Colombelles,

l’autre par Agrial et Normandial. Néanmoins, la création d'entreprises est en baisse depuis

2010. Cette tendance est générale pour toute la France métropolitaine et elle s'explique par la

crise économique récente. Cependant, le solde reste positif avec une création et demie pour

une radiation. Les créateurs d'entreprise, majoritairement masculins (74 % en 2002) ont

principalement le statut d'auto-entrepreneur. Ces créations se concentrent pour moitié dans le

tertiaire, notamment dans le commerce (exemple de l'implantation d'Ikea à Fleury-sur-Orne

en novembre 2011).

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Un chômage en baisse

Le chômage a diminué depuis 1999, contrairement à la tendance nationale.

Contrairement au taux national, les femmes sont moins touchées que les hommes, à raison

d’une différence de cinq points par rapport au taux national. Ce sont les jeunes (15-24 ans)

qui sont les plus touchés, ils représentent la moitié des chômeurs. Parmi les chômeurs, 40 %

le sont sur la longue durée, pour la plupart suite à une fin de CDD non renouvelé. A partir de

2007 le nombre de demandeurs d’emploi explose, les plus de cinquante ans étant les premiers

touchés.

Des projets axés sur les nouvelles technologies et le commerce

La Communauté d’agglomération de Caen-La-Mer se tourne vers l’avenir en se

concentrant sur cinq filières émergeantes autour de la recherche et la formation: la

nanoélectronique, le nautisme (programme Norlanda), la mémosphère (archivage de la

gestion et de la valorisation des contenus), éco-habitat, pôle Nucléopolis (nucléaire et santé).

A ce titre, on peut également évoquer la Grand Accélérateur National d'Ions Lourds (GANIL)

qui a permis l'embauche de six cents personnes depuis son ouverture en 1983. Cet équipement

scientifique sera perfectionné grâce à la mise en œuvre du projet "SPIRAL II" donnant à

Caen-La-Mer une stature mondiale au niveau technologique.

Caen-La-Mer continue de miser sur son potentiel commercial avec la création de

plusieurs parcs commerciaux et l'arrivée de nouvelles enseignes dans l'agglomération. Le 16

octobre 2012, le Val Saint Clair (extension de Carrefour à Hérouville-Saint-Clair) a ouvert ses

portes, suivi des Rives de l'Ornes au printemps 2013 et du Mondevillage en novembre 2013.

Si la commune de Caen est le pôle majeur de l'emplois dans l'agglomération avec 60

% des emplois de la communauté d’agglomération Caen-La-Mer, les communes périurbaines

proches reçoivent de plus en plus d'activités et par conséquent de plus en plus d'emplois. Les

élus caennais tentent de limiter ce processus par une réhabilitation des anciennes friches

industrielles1.

Blainville-sur-Orne

Blainville-sur-Orne : un pôle industriel en reconversion

Blainville-sur-Orne se situe le long du canal reliant Caen à Ouistreham.

Historiquement, ceci lui a permis d'être un pôle industriel. Cette localisation a en effet permis

1 Cf. le projet des Rives de l'Orne ainsi que celui de la presqu'île, situés à proximité de la gare.

Encadré n°1 : Taux de chômage comparaison Caen-La-Mer/Basse-Normandie :

Emploi chômage CA Caen-La-Mer Basse-Normandie

Emploi total (salarié et non

salarié) au lieu de travail en

2009

129 676 592 537

dont part de l'emploi salarié

au lieu de travail en 2009,

en %

92,5 86,3

Variation de l'emploi total

au lieu de travail : taux

annuel moyen entre 1999 et

2009, en %

1,4 0,9

Taux d'activité des 15 à 64

ans en 2009

67,8 71,2

Taux de chômage des 15 à

64 ans en 2009

13,2 10,5

Source : INSEE

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le développement de chantiers de constructions navales, gérés par la Société Navale

Caennaise. Disparu en 1956, le site a été repris par Renault Trucks (2 500 salariés et 75 % des

emplois de la commune). Son installation fait suite à la politique de déconcentration

industrielle des années 1950. Celle-ci correspond aux transferts d'activités industrielles de la

région parisienne vers les provinces, afin de permettre le désengorgement de la capitale tout

en développant le reste de la France.

Autour de cette activité s'est implantée une zone industrialo-portuaire (ZIP) d'une

superficie de quatre-vingt-huit hectares. Quatrième port français d’exportation pour le bois

exotique, la ZIP Caen-Canal regroupe des entreprises de sous-traitance comme Inoplast (65

salariés : peinture et logistique pour camions) ou Rieter (60 salariés : acoustique pour

véhicules). Cet héritage industriel se manifeste encore par une surreprésentation du nombre

de salariés industriels (80 % du total des emplois) par rapport à la moyenne régionale ou

française se situant à environ 18 %. Les entreprises du secteur secondaire sont celles qui

emploient le plus, 90 % d'entre elles disposant de plus de vingt salariés. Ceci s'explique par la

présence de grands groupes tels que Agrial ou encore l'entreprise de travaux publics Eurovia

et ses cent salariés.

La zone industrialo-portuaire explique l'importante offre d'emplois sur la commune (un

emploi pour deux habitants). Dans la commune voisine de Biéville-Beuville, on dénombre

seulement un emploi pour cinq habitants. Pour autant, la dynamique n'est plus la même, en

atteste la mise au chômage partiel des salariés de Renault Trucks. L’affaiblissement est

également visible au niveau des créations d'entreprises puisque les deux tiers de ces dernières

se font désormais dans le secteur tertiaire, un chiffre qui correspond à la tendance bas-

normande. Ces créations sont principalement le fait entreprises individuelles (aux quatre

cinquièmes) dont la moitié sont des auto-entreprises.

C'est pourquoi, en ce qui concerne le nombre d'entreprises, le secteur dominant est le

tertiaire avec les deux tiers. Cependant, le secondaire n'est pas en reste avec tout de même 30

%, ce qui est deux fois supérieur à la moyenne de l'intercommunalité. La tertiarisation

s'illustre également par la surreprésentation des entreprises de moins de deux ans par rapport

au reste du département. Si l'on s'intéresse aux sièges sociaux et au nombre d'établissements

par secteurs d'activités, nous sommes sur la tendance précédemment évoquée, c'est-à-dire

deux tiers de tertiaire pour un tiers de secondaire; l'agriculture étant très marginale. L'arrivée

de ces petites entreprises tertiaires peut être en partie expliquée par l'augmentation de la

population blainvillaise (+ 37 % entre 1999 et 2008), liée à la périurbanisation. Cette arrivée

a suscité des besoins en commerces de proximité (pharmacie, supermarché Le Mutant,

services de santé) ainsi qu’en services publics (collège).

Une population ouvrière en cours de tertiarisation

A la différence du reste du France, où la majorité des personnes travaillent dans le

tertiaire, à Blainville-sur-Orne un quart des actifs ayant un travail travaillent dans l’industrie.

Cette forte part d’emplois ouvriers marque une rupture avec les communes alentours, dont la

population est majoritairement tertiaire. En particulier avec la population de Biéville-Beuville,

en grande majorité constituée de cadres et de professions intellectuelles. Cependant la

population blainvillaise a tendance à se tertiariser : en dix ans (de 1999 à 2009) le nombre de

personne ayant un emploi dans les professions intermédiaires est passé de trois-cent-quarante-

huit à cinq-cent-quarante-huit, alors que le nombre d’ouvriers est resté stable. Moins d’un

cinquième de la population résidant à Blainville y travaille également, de plus en plus de

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Blainvillais partent travailler en dehors de la commune. Comme pour le reste de la France un

tiers des femmes actives exerce à temps partiel et environ 6 % des actifs sont en CDD (contrat

à durée déterminée).

Un chômage en baisse entre 1999 et 2009

Depuis 1999, le chômage est en baisse (quatre points de moins). Il est aujourd’hui de

11 % comme le taux national, mais légèrement plus faible que dans l’ensemble de la

communauté d’agglomération de Caen-La-Mer. Les plus touchés par le chômage sont les

moins de vingt-quatre ans. Un peu moins de la moitié des chômeurs le sont depuis plus d’un

an. La majorité des personnes inscrites sur les listes de demandeurs d’emploi le sont suite au

non-renouvellement de leur CDD.

Une industrie en péril et une tertiarisation de la population

active

La crise économique touche particulièrement le secteur automobile. L’usine Renault

Trucks risque d’en pâtir et de réduire le nombre de ses emplois sur son site blainvillais. Cela

risque de se propager sur les entreprises de sous-traitance du secteur et influer sur toute

l’économie de la commune. Quel peut être l’avenir économique de Blainville-sur-Orne ?

L’adaptation du port aux nouvelles exigences économiques pourrait permettre de

développer de nouvelles activités industrielles. En 2009, des travaux de dragage du canal ont

débuté afin de créer une zone d’évitement où les plus gros navires pourront faire demi-tour.

Un terminal conteneurs verra en outre le jour en mars 2013. On peut aussi assister à une

tertiarisation continue des emplois, à l’instar d’autres communes autrefois industrielles

comme Mondeville. L'implantation d'un centre commercial E.Leclerc, qui devrait être validée

d'ici peu, semble confirmer cette tendance.

Encadré n°2 : Tableau comparatif des taux de chômage :

Taux de chômage (au

sens du recensement)

Blainville Biéville-

Beuville

CA Caen-La-

Mer

France

En 1999 15 7,5 16 13,5

En 2009 11 6,5 13 11,7 Source :INSEE

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Revenus – Niveaux de vie –

Patrimoine

Caen-La-Mer

Une instabilité concernant les foyers fiscaux

En 2009, il y avait 120 582 foyers fiscaux dans la Communauté d’Agglomération de

Caen-La-Mer2. Leur nombre augmente de 2006 à 2008 et diminue entre 2008 et 2009 alors

que pour la France entière, le nombre des foyers fiscaux augmente de 2006 à 2007, il diminue

de 2007 à 2008 et il augmente à nouveau de 2008 à 2009. L'année 2007 correspond à la crise

économique qui a provoqué une montée du chômage et, par conséquent, une diminution du

nombre des foyers fiscaux. En Basse-Normandie, à l’inverse des tendances nationales, le

nombre de foyers fiscaux augmente régulièrement entre 2006 et 2009.

Pour l’année 2007, aussi bien pour la France, la Basse-Normandie, la Communauté

d’Agglomération Caen-La-Mer, que pour la ville de Caen, le nombre de foyers fiscaux était

moins important que les années suivantes, alors que le nombre de foyers fiscaux imposables

était plus élevé. Il est possible d'en déduire que les ménages avaient, en 2007, un revenu plus

élevé. De ce fait, l’impôt moyen était également plus élevé sur le territoire français.

De plus, entre 2006 et 2009, l’ensemble des foyers fiscaux ne cesse de diminuer à

Caen. En 2009, la proportion des foyers fiscaux imposables à Caen était de 51,6 %. Selon

l’INSEE, un foyer fiscal imposable est un foyer ayant un impôt à acquitter ou qui ne bénéficie

pas d’un remboursement total des crédits d’impôts dont il dispose. Ce taux est plus faible sur

la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer. Cela peut s'expliquer par le fait que

d’autres villes faisant partie de la Communauté d’Agglomération font augmenter ce taux. Ce

dernier est également plus faible que celui de la France mais plus important que celui de la

Basse-Normandie.

Entre 2006 et 2009, les territoires de la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer,

de la Basse-Normandie et de la France, connaissaient, pour le revenu net déclaré moyen des

foyers non imposables, des fluctuations. Ces dernières (Basse-Normandie et Caen-La-Mer)

suivaient les tendances du territoire national.

2 Selon l’INSEE, un foyer fiscal désigne l’ensemble des personnes inscrites sur une même déclaration de

revenus. Il peut y avoir plusieurs foyers fiscaux dans un seul ménage. Par exemple, un couple non marié où

chacun remplit sa propre déclaration de revenus compte pour deux foyers fiscaux. Le nombre de foyers fiscaux

indique le nombre de déclarations d’impôt sur le revenu déposées par l’ensemble des foyers fiscaux imposables

et non imposables.

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Des ressources financières en augmentation

Pour l'année 2009, l’impôt moyen était de 1 142 € pour la Communauté

d’Agglomération Caen-La-Mer. Il était supérieur à celui de la France (1 239 €) et nettement

plus élevé que celui de la Basse-Normandie (814 €). Sur l’ensemble des foyers fiscaux de la

Communauté d’Agglomération, le revenu net déclaré moyen est en augmentation de 2006 à

2007. Il diminue de 2007 à 2008 pour augmenter à nouveau de 2008 à 2009. Entre 2006 et

2009, le revenu net déclaré moyen imposable est quant à lui en augmentation régulière,

contrairement en Basse-Normandie et en France où il reste stable.

En 2009, la commune de Caen représente plus de la moitié des ménages fiscaux de la

Communauté d’Agglomération (53 %)3. Cette dernière comprend une proportion plus élevée

de ménages fiscaux imposables que le reste de la Basse-Normandie alors qu’elle compte

moins de foyers fiscaux par ménage fiscal. Il y a en moyenne 2,1 foyers fiscaux dans un

ménage fiscal pour la Communauté d’Agglomération et 2,3 foyers fiscaux dans un ménage

fiscal pour le reste de la Basse-Normandie. Le revenu des ménages de la Communauté de

Caen-La-Mer est plus élevé que celui de la Basse-Normandie, en raison de la plus forte

concentration des catégories socioprofessionnelles les mieux rémunérées. La Basse-

Normandie concentre plus d’unités de consommation à faibles revenus que la Communauté

d’Agglomération Caen-La-Mer. Cette dernière est composée d’une population plus aisée. Les

inégalités sociales sont donc plus importantes dans la Communauté d’Agglomération Caen-

La-Mer.

Selon le recensement de 2009, aussi bien dans la Communauté d’Agglomération

Caen-La-Mer qu’en Basse-Normandie, les salariés représentaient la part la plus importante

dans les revenus déclarés (64,2 % pour Caen-La-Mer ; 59,4 % en Basse-Normandie). Cela est

dû à la présence de gros employeurs du secteur secondaire (Renault Trucks), du secteur

bancaire, des transport (Kéolis...), du commerce (Carrefour, Ikéa...), de l’enseignement

supérieur et de la recherche (Université), de la santé (CHU). En 2009, la catégorie

socioprofessionnelle travaillant sur le territoire de la Communauté d’Agglomération Caen-La-

Mer dont le revenu était le plus élevé était celle des cadres (19,9 € / heure). Cette dernière

représentaient 9,1 % de la population active. En 2009, il y a plus de retraités dans la

Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer qu'en 1999 (23,5 contre 18,2%) Cette hausse

constitue sans doute une explication à la diminution des recettes fiscales.

En conclusion, nous constatons que la commune de Caen exerce une forte influence

3 Selon l’INSEE, un ménage fiscal est un ménage ordinaire constitué par le regroupement des foyers fiscaux

répertoriés dans un même logement. Son existence, une année donnée, tient au fait que coïncident une

déclaration indépendante de revenus et l’occupation d’un logement.

Encadré n°3 : Tableau présentant les revenus déclarés en € en 2009

Basse-Normandie Caen Caen-La-Mer

1er décile 7 077 4 499 6 059

Médian (5ème décile) 32 250 37 755 36 110

9ème décile 17 235 17 884 18390

Source : INSEE

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sur la Communauté d’Agglomération car elle regroupe plus de la moitié des ménages fiscaux.

On y retrouve l'importance des inégalités entre les ménages les plus aisés et les ménages les

plus démunis constatées à Caen.

Perspective, ouverture

Au 1er janvier 2013, la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer va compter six

communes de plus. Ces dernières avaient en 2009 un revenu net déclaré moyen par foyer

fiscal et un pourcentage de foyers fiscaux imposables supérieur à la moyenne de la

Communauté d’agglomération, ce qui va influer sur la structure des revenus et du patrimoine.

Blainville-sur-Orne

En 2009, il y avait 5 952 habitants à Blainville-sur-Orne. La majorité d’entre eux avait

entre trente et quarante-quatre ans. En 1999, la ville de Blainville-sur-Orne était composée

majoritairement d’ouvriers (22,1 %) alors qu’en 2009 la part prépondérante était celle des

employés (22,6 %).

En 2009, il y avait 3 141 foyers fiscaux à Blainville-sur-Orne. Entre 2006 et 2008, la

part des foyers fiscaux a augmenté puis elle a diminué entre 2008 et 2009. La France, ainsi

que la Communauté d’ Agglomération Caen-La-Mer ont suivi des variations identiques alors

qu’en Basse-Normandie, le nombre de foyers fiscaux a augmenté entre 2006 et 2009.

En 2007, aussi bien pour la France, la Basse-Normandie, la Communauté

d’Agglomération Caen-La-Mer, la ville de Caen et pour la ville de Blainville-sur-Orne, les

foyers fiscaux étaient moins nombreux que dans les années suivantes alors que le nombre de

foyers fiscaux imposables était plus élevé. On peut en déduire que les ménages avaient en

2007 un revenu plus élevé. Cependant, le nombre de foyers fiscaux à Blainville-sur-Orne

reste élevé si on le compare avec celui des communes voisines. Par exemple, Ranville

possède 866 foyers fiscaux, Bénouville en détient 969 et Biéville-Beuville 1 327. En 2009, la

Encadré n°4 : Tableau présentant le revenu net déclaré moyen par foyer fiscal et le pourcentage des foyers fiscaux

imposables des futures communes adhérentes à la Communauté d'Agglomération Caen-La-Mer, en 2009

Revenu net déclaré moyen

par foyer fiscal

Foyers fiscaux imposables en

% de l’ensemble des foyers

fiscaux

COLLEVILLE-MONTGOMERY 29 601 67, 5

MOUEN 29 249 68

OUISTREHAM 23 767 57

SAINT-ANDRÉ-SUR-ORNE 22 290 57, 5

TOURVILLE-SUR-ODON 26 845 66,1

VERSON 28 441 64, 6 Source: INSEE.

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proportion des foyers fiscaux imposables à Blainville-sur-Orne était de 58,8 %. Cette part

était supérieure à celle de la France, de la Basse-Normandie, du Calvados et de la

Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer4. Cependant, cette part était inférieure à celle

des communes avoisinantes puisque la part des foyers fiscaux imposables pour Ranville était

de 65,7 %,. Pour Bénouville et pour Biéville-Beuville, elle était respectivement de 73,5 et de

69,9 %. En 2009, la proportion des foyers fiscaux non imposables était de 41,2 % à

Blainville-sur-Orne, plus importante que celle des villes voisines. À Ranville, à Bénouville et

à Biéville-Beuville la proportion était respectivement de 34,4, de 26,5 et de 30,1 %.

Les ressources fiscales

L’impôt moyen à Blainville-sur-Orne était plus élevé en 2007 (804 €) qu’en 2009 (742

€). Il était moins élevé que l’impôt moyen en France (1 239 €), en Basse-Normandie (814 €)

et dans la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer (1 142 €). Si on le compare à celui

des communes voisines, on remarque qu’il reste inférieur. À Ranville, Bénouville et Biéville-

Beuville, il s’élevait respectivement à cette même date à 1 443, 2 154 € et 2 678 €. Le revenu

net déclaré moyen était de 21 112 € en 2009 à Blainville-sur-Orne. Il a cependant subi des

variations entre 2006 et 2009. Toutefois, il était dans la moyenne du Calvados. On peut

cependant noter que c’était un revenu en deçà de celui de Ranville (29 263 €), de Bénouville

(33 853 €) ou de Biéville-Beuville (37 555 €). À Blainville-sur-Orne, le revenu net déclaré

moyen imposable en 2009 était de 28 616 € (stable depuis 2006). Il était nettement inférieur à

celui du Calvados ainsi qu’à celui des communes avoisinantes telles que Ranville (38 236 €),

Bénouville (41 407 €) ou Biéville-Beuville (48 457 €). Cette différence est peut-être due à

l’installation plus tardive des cadres.

En 2009, la commune de Blainville-sur-Orne représentait environ 2,5 % des ménages

fiscaux de la Communauté de Caen-La-Mer. La part des ménages fiscaux imposés était en

2009 de 65,2 %. Elle restait relativement faible face à celle de Biéville-Beuville qui était de

75,6 %, mais majoritairement élevée face à celles de Ranville (39,3 %) ou de Bénouville

(36,1 %). De plus, elle était plus importante que celle du Calvados (58,3 %).

Il y avait en 2009, environ 2,5 foyers fiscaux dans un ménage fiscal à Blainville-sur-

Orne. Cette proportion suit celle des communes avoisinantes et elle reste plus élevé que celles

de la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer ou de la région Basse-Normandie. La

commune de Blainville-sur-Orne possède plus de foyers fiscaux dans un ménage fiscal que la

Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer. Or, le revenu des ménages de la Communauté

de Caen-La-Mer reste tout de même plus élevé que celui de Blainville-sur-Orne. Cependant,

les inégalités sociales sont plus importantes en 2009 dans la Communauté de Caen-La-Mer,

car le revenu déclaré moyen par unité de consommation était de 18 390 €, avec un montant de

6 059 € pour le premier décile tandis que le dernier s’élevait à 36 110 €. À Blainville-sur-

Orne, le revenu déclaré moyen par unité de consommation s’élevait à 18 063 €, le premier

décile à 8 102 € et le dernier à 29 918 €.

En 2009, à Blainville-sur-Orne, les trois quarts des revenus déclarés (73,1 %)

proviennent des revenus salariaux. Cela suit la tendance de la Basse-Normandie et de la

Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer

4 Selon l’INSEE, un foyer fiscal imposable est un foyer ayant un impôt à acquitter ou qui ne bénéficie pas d’un

remboursement total des crédits d’impôts dont il dispose.

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On peut remarquer que le 1er

décile ainsi que le revenu médian étaient supérieurs à

Blainville-sur-Orne, comparés à ceux du Calvados ou de la Basse-Normandie. Alors que le

dernier décile restait toujours plus faible à Blainville-sur-Orne.

En conclusion, il est possible de constater que la commune de Blainville-sur-Orne

présente des indicateurs de richesse inférieurs à ceux des communes avoisinantes (Ranville,

Bénouville et Biéville-Beuville) mais elle suit la tendance nationale. Blainville-sur-Orne est

une commune qui change : elle accueille de plus en plus de cadres qui s’installent dans de

nouveaux quartiers.

Encadré n°5 : Tableau représentant la distribution des revenus déclarés en € par unité de consommation selon

trois déciles en 2009

Blainville-

sur-Orne

Ranville Bénouville Biéville-

Beuville

Calvados Caen-La-

Mer

Basse-

Normandie

1er décile

en €

8 102 Absence

de donnée

Absence de

donnée

13 572 7 292 6 059 7 077

Revenu

médian

en €

18 063 21 485 23 867 26 625 17 927 18 390 17 235

Dernier

décile en

29 918 Absence

de donnée

Absence de

donnée

52 842 33 937 36 110 32 250

Source : INSEE

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Logement Caen-La-Mer

La politique du logement est une priorité, compte tenu de l’augmentation de la

population française (+ 26 % entre 1968 et 2009). Le même constat est effectué sur le plan

local, notamment dans la communauté d’agglomération de Caen-La-Mer, avec une

augmentation de la population conforme au niveau national. De ce fait, le logement est

également l’une des préoccupations des élus de la Communauté d’Agglomération, celle-ci

étant composée de 109 401 logements en 2009. Entre 2010 et 2015, la Communauté

d’Agglomération prévoit la production de 1400 logements par an, dont 480 logements locatifs

sociaux, selon le PLH (Programme Local de l’Habitat) de Caen-La-Mer Caen-La-Mer est

constituée de communes de faible taille. L’espace est principalement voué à l’agriculture qui

subit un mitage lié au logement.

Nous remarquons qu’en France il y a une forte ancienneté d’emménagement des

ménages, soit une installation de plus de dix ans. C’est un phénomène qui se traduit

également dans la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer. Cela s’accompagne d’une

baisse du nombre d’habitants par logement, en raison du vieillissement, de l’augmentation du

taux des divorces et séparations, et des phénomènes de décohabitation.

Plus de la moitié des logements de Caen-La-Mer sont des appartements locatifs, ce qui

n’est pas représentatif du reste de la France, où prédomine la maison en accession à la

propriété. La Basse-Normandie est une région attractive du fait de sa localisation proche du

littoral, la part de résidences secondaires y est logiquement plus élevée que celle de la France

et nettement plus élevée que celle de Caen-La-Mer.

Une part importante des ménages est éligible au parc social et elle représente une part

supérieure à la moyenne nationale. Les logements locatifs sociaux sont majoritairement

collectifs et situés dans les centres urbains, plus précisément à Hérouville-Saint-Clair.

Cependant, l'offre locative en logement social baisse depuis 2000. En ce qui concerne l'habitat

privé, les propriétaires se concentrent dans les zones périurbaines. S’agissant des résidences

principales, la taille du logement est grande (cinq pièces ou plus) avec une évolution

croissante du confort (salle de bain avec baignoire ou douche, système de chauffage central,

etc.).

Les grands logements sont généralement localisés dans le périurbain ; les petits et

moyens davantage dans les centres urbains. Ainsi, le poids des logements dans les centres

urbains baisse au profit des secteurs périurbains qui voient leur part augmenter. En 1975,

trois-quarts des logements se situent dans le centre, aujourd'hui, seulement les deux-tiers. Cela

est dû en partie à l'augmentation des prix du mètre carré qui génère un essoufflement du

rythme des constructions neuves.

Plus on s'éloigne du centre urbain, plus l'usage de la voiture est fréquent. Dans la

Communauté d'Agglomération de Caen-La-Mer, la part des ménages ayant au moins deux

voitures est plus importante que dans la commune de Caen.

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L'objectif de la politique du logement de la communauté d'agglomération de Caen-La-

Mer est l'accroissement de la production de logements tout en favorisant un habitat maitrisé

s'inscrivant dans une démarche de développement durable. Pour cela, il faut prendre en

compte une mutation sociale s’illustrant par l’accroissement du nombre des étudiants, d’une

population vieillissante, d’une augmentation des divorces ou séparations de couples, qui

créent de nouveaux besoins en matière de logements ; ainsi qu’un mode de vie plus économe,

dans la consommation de l’espace, et plus écologique, dans une préservation de nos

ressources, imposant la multiplication du nombre d’éco-quartiers qui contribuent à améliorer

la qualité de vie.

Blainville-sur-Orne

Avec 5 952 habitants, la population de Blainville-sur-Orne a doublé entre 1968 et

2007. En parallèle, le nombre de logements a augmenté encore plus rapidement. En 1968, on

en comptait 747, désormais la commune en compte plus de 2400.

La commune accueille une forte proportion d’employés et de retraités, représentant

environ la moitié de la population, et elle compte toujours une part non négligeable d’ouvriers

(17,2 %). La typologie de l’habitat y est différente de celle de Caen-La-Mer. En effet, le

paysage urbain de Blainville-sur-Orne est constitué en majorité de maisons, les appartements

constituant seulement un tiers du parc, ce qui reste nettement supérieur aux communes

limitrophes où la part des appartements est insignifiante. Les maisons sont généralement de

grande taille (cinq pièces ou plus) avec un confort qui s’est amélioré entre 1968 et 2009. La

plupart des habitants ont emménagé depuis plus de dix ans, ce qui correspond à la première

période d'urbanisation. Contrairement aux tendances nationale et régionale, le pourcentage de

propriétaires est moins élevé que celui des locataires. Comme pour Caen-La-Mer, Blainville-

sur-Orne bénéficie d'un parc locatif important comprenant une forte proportion de logements

sociaux apparus dès 1920 pour répondre aux besoins des Chantiers Navals.

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Diplômes et formation

Caen-La-Mer

Dans un contexte national où le renouvellement de plus du quart des actifs est l’un des

enjeux de la prochaine décennie, l’offre de formation doit s’adapter aux mutations de

l’économie. À travers les données disponibles (France, Département, Communauté

d’Agglomération, Commune de Caen) sur les diplômes et formation, nous établirons une

comparaison à différentes échelles afin d'en déduire les enjeux pour l’avenir de

l’agglomération Caennaise.

Un manque d’attractivité régionale qui se répercute sur

l’agglomération

Le nombre d’étudiants en France n’a jamais été aussi important qu’à la rentrée 2009,

avec 2 316 000 étudiants soit une augmentation de 3,7 % par rapport à 2008, ce qui

correspond à la plus forte hausse depuis 1993. Néanmoins, dans l’Académie de Caen, on

enregistre une augmentation inférieure à 1 %, ce qui place Caen dans les quatre académies qui

ont enregistré les plus faibles hausses.

Dans ce cadre, la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer a un taux de

population scolarisée de plus de dix-huit ans de 15 %, pourcentage qui monte à 20 % pour la

commune de Caen elle-même. Cette dernière rassemble en effet plus de la moitié des

étudiants et élèves de Basse-Normandie alors que la moyenne nationale est presque trois fois

inférieure (7 %). De plus, 47 % des Caennais ont un niveau supérieur au baccalauréat (sept

points au dessus de la moyenne nationale) contre 32 % pour la région.

Un déséquilibre face aux régions voisines

Quel que soit le niveau de diplôme des étudiants, le flux des départs est toutefois

supérieur aux arrivées. Les étudiants sont attirés par l’offre de Ile-de-France ou par celle de

Rennes. ces deux régions rassemblant 80 % du déséquilibre des entrées / sorties pour le

niveau de diplôme post-baccalauréat. La Bretagne attire 1 400 étudiants titulaires d’un

baccalauréat général de plus qu’elle n’en laisse partir vers la Basse-Normandie. L’Île-de-

France présente quant à elle un solde positif d’un millier.

Développer un réseau normand

Les politiques régionales tentent d’inverser ces tendances puisque les deux Normandie

se trouvent aux deux premiers rangs des régions pour leurs parts de budget consacrées à la

formation professionnelle et à l’apprentissage (22 % en 2009 contre 14 % de moyenne

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nationale). Depuis plusieurs années, les cinq établissements fondateurs du PRES Normand5

unissent leurs forces dans le cadre d’écoles doctorales communes, de laboratoires communs,

de formations co-habilitées, des investissements d'avenir (laboratoires et équipements

d'excellence), de projets partagés, d’une université numérique, et du RUNN (réseau

universitaire numérique normand). Le PRES Normandie-Université s’affirme comme le

second EPCS interrégional. Il regroupe 70 000 étudiants, 4 000 enseignants-chercheurs, 2 200

doctorants, 2 400 personnels ingénieurs, techniques et administratifs et 140 structures de

recherche. Grâce au PRES, les établissements univesitaires normands disposent d’un outil

pour amplifier leurs coopérations, pour conforter l'ancrage interrégional de l'enseignement

supérieur et de la recherche.

Blainville-sur-Orne

Une fracture entre les communes

Blainville-sur-Orne et les communes alentours ont un pourcentage de population de plus de

18 ans scolarisée équivalent à celui de la région (7 %). Pour comparaison, l’agglomération de

Caen a un taux deux fois plus élevé, ce qui nous amène à dire que la deuxième couronne

périurbaine accueille un autre type de population. Toutefois, on enregistre des différences

concernant le niveau de formation. À Blainville-sur-Orne, la proportion d’adultes ayant un

niveau supérieur au baccalauréat, correspond à la moyenne régionale, quinze points en

dessous de Caen. Bénouville et Biéville-Beuville comptent en revanche une population plus

diplômée. Le taux de non diplômés est également très élevé à Blainville-sur-Orne (même si

cela reste inférieur à celui de la région : 20 %). Le pourcentage de personnes d’un niveau

supérieur au baccalauréat y a pourtant augmenté de plus de treize points sur la période 1999-

2009 (deux fois plus qu’à Biéville-Beuville).

Un niveau de diplômes bas

Le faible niveau de diplômes peut s’expliquer par plusieurs phénomènes. Les habitants

de Blainville-sur-Orne sont encore en grande majorité des ouvriers, plus de 52 % (à Biéville-

Beuville, ils ne représentent que 25 % de la population active). Inversement, il y a peu de

cadres à Blainville (2,8 % contre 14 à Biéville-Beuville).

5 Les Universités de Caen, du Havre, de Rouen, et les deux Ecoles d’ingénieurs ENSICAEN et INSA Rouen

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Un écart qui se ressert

La commune tente d’améliorer son attractivité en développant de nouveaux projets

culturels, avec la Médiathèque construite l’année dernière puis la construction de nouveaux

logements, la réhabilitation de quartiers (quartier des Brandons, quartier de l’Eglise) et en

engageant une opération de reconquête du centre-ville.

Encadré n°6 : Tableau récapitulatif des chiffres INSEE

Blainville Ranville Bénouville Biéville Caen Basse-

Normandie France

% population scolarisée + 18ans

6 % 6 % 7,95 % 7,25 % 20 % 7 % 7 %

% population niveau sup Bac

32,20 % 36,50 % 47,20 % 54,50 %

47,30 %

32 % 40,10 %

évolution sur 10 ans +13 points

+ 7 points

+ 11 points

+ 6 points

+10 points

+ 11 points +11 points

% population niveau Bac +2

17,70 % 21,10 % 30,60 % 37,50 %

31,40 %

18,10 % 24,30 %

% de non diplômés 18,30 % 16 % 10,10 % 8,30 % 16 % 20 % 18,90 %

% population niveau CAP

29,50 % 29 % 27,40 % 19,70 %

19,60 %

26,80 % 23,80 %

Source : INSEE 2012

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Tourisme et mobilités

NB : le tourisme étant inexistant à Blainville-sur-Orne6, il sera tout de même étudié pour

Caen-La-Mer. Pour Blainville, nous nous pencherons sur les mobilités.

Tourisme à Caen-La-Mer

Les résultats de l’Insee sur le tourisme portent sur l'ensemble de l'hôtellerie, les

campings ainsi que sur les résidences secondaires et les logements occasionnels. Les données

correspondent à l'état du parc au 28 juin 2012.

L’emplacement géographique et les voies de communications permettent aux touristes

de venir aisément à Caen-La-Mer. Plusieurs modes de communications facilitent

l’accessibilité. Par les autoroutes : A13 en direction de Paris, A88 en direction du Mans, A84

en direction de Rennes, par la gare SNCF de Caen ou par l’aéroport de Carpiquet. De plus, un

ferryboat rejoint quotidiennement la Côte de nacre à l'Angleterre, entre Ouistreham et

Portsmouth. Caen-La-Mer, qui est composée de plusieurs communes de taille moyenne, doit

son attrait touristique à Caen, centre historique et touristique. Cependant en 2013, la

communauté d’agglomération, accueillera de nouvelles communes à fort potentiel touristique

comme Colleville-Montgomery et Ouistreham.

Hôtels

Le premier indicateur retenu par l’Insee pour le traitement du tourisme porte sur

l’hôtellerie. Sur Caen-La-Mer, le nombre d’hôtels n’a pas changé entre 2008 et 2012.

Cependant, le nombre d’hôtels étoilés a augmenté. On peut noter que les deux tiers des hôtels

sont homologués deux étoiles. La commune de Caen regroupe les deux tiers des hôtels de

Caen-La-Mer, dont l’hôtel quatre étoiles Ivan Vautier, et 83 % des hôtels trois étoiles. La part

de l’hôtellerie sur Caen-La-Mer représente seulement 10 % de l’hôtellerie en Basse-

Normandie. La clientèle est une clientèle de classe moyenne, le tourisme de luxe se situant

davantage sur la côte normande et ses stations balnéaires renommées : Deauville, Trouville,

Honfleur, Cabourg.

Campings

Le camping est le deuxième indicateur que traite l’Insee. Il existe sept campings sur le

territoire de Caen-La-Mer. La commune de Caen n’accueille pas de camping car c’est un

centre urbain, c'est pourquoi le camping municipal de Caen se situe à Louvigny.

Entre 2008 et 2012, le nombre et la capacité des campings de Caen-La-Mer se sont

stabilisés, contrairement à la Basse-Normandie, où 13 % des terrains ont fermé.

6 D’après les chiffres INSEE de 2009, il n’y a qu’une seule résidence secondaire dans la commune ; les hôtels et

les campings y sont inexistants.

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Résidences secondaires

L'étude des résidences secondaires est le troisième indicateur sur lequel se base

l'INSEE pour faire état du tourisme à Caen-La-Mer. La notion de résidence secondaire

concerne tout logement en bien propre ou en location meublée, utilisé pour les weekends, les

vacances, ou les loisirs.

A Caen-La-Mer, les résidences secondaires sont principalement réparties dans les

deux communes littorales que sont Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-mer ainsi qu'à Caen.

Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-mer comptent respectivement 576 et 529 résidences

secondaires, soit respectivement 35 et 33 % de la totalité des logements de la Communauté

d'Agglomération (CA); et 18 % sont dans Caen. Cette concentration sur la côte n'est pas

surprenante puisque le littoral caennais attire le tourisme balnéaire. En effet, la Basse-

Normandie est au-dessus des moyennes nationales quant au nombre de résidences secondaires

(15,1 % contre 10,6).

Les bâtiments dans lesquels se trouvent les résidences secondaires sont principalement

des maisons individuelles (environ 58 %). Le tourisme balnéaire constitue une large part du

tourisme dans Caen-La-Mer mais on ne vient pas que pour "la mer". Outre les loisirs sportifs,

que permettent par exemple, l'hippodrome à Caen, les golfs à Biéville-Beuville ou à

Louvigny ???? , les bases nautiques d'Hermanville et de Lion-sur-mer, ou bien encore le vélo

sur les nombreux kilomètres de pistes cyclables, Caen-La-Mer attire également des touristes

pour sa culture et son histoire. Cependant, ce type de tourisme est presque exclusivement

localisé dans Caen. Cette prépondérance s'explique par le patrimoine médiéval : château, deux

abbayes, vieux quartiers ainsi que par la présence du Mémorial pour la Paix, qui était en 2010

le quatorzième musée le plus visité de France.

Activités touristiques

Le tourisme dans Caen-La-Mer, qui se développe surtout grâce aux hôtels et aux

résidences secondaires est donc surtout cantonné à la commune de Caen pour l'aspect culturel,

et aux deux communes littorales que sont Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-mer pour l'aspect

balnéaire. Les vingt-huit autres communes de la communauté d'agglomération semblent

totalement effacées dans ce domaine. En fait, le tourisme dans Caen-La-Mer dépend

fortement du tourisme bas-normand puisque l'on séjourne à Caen ou sur la Côte, mais que l'on

sillonne l'ensemble de la Basse-Normandie dans la journée, la petite taille de la région

permettant de tels déplacements. L'entrée, au 1er

janvier 2013, des deux communes côtières

que sont Colleville-Montgoméry et Ouistreham représentent donc un enjeu très important d'un

point de vue touristique car elles offrent des prestations inédites : casino et établissement de

Tthalassothéeapie à Ouistreham, marais de Colleville-Montgomery.

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Mobilité et déplacements de population à

Blainville-sur-Orne

Blainville-sur-Orne est située au nord-est de Caen, à moins de huit kilomètres de son

centre-ville. Elle se trouve sur la route reliant Caen à Ouistreham. Une sortie de voie rapide de

la D 515 permet d’entrer dans la commune, qui est bien desservie par différents moyens de

communication : Twisto, le réseau de transports en commun de l’agglomération caennaise,

dessert Blainville-sur-Orne par les lignes 5 et 19 Express en journée, et la ligne 2 Flexo en

soirée. La ligne 1 des Bus Verts départementaux dessert également Blainville. De plus, au sein

de la commune, piétons et cyclistes peuvent profiter des aménagements en voies douces ainsi

que des deux passerelles piétonnes qui sécurisent le passage vers les différents équipements

publics et vers le canal.

L’étude de la mobilité des habitants d’une commune s’appuie sur plusieurs

indicateurs : le solde migratoire et la part de nouveaux habitants, le taux de motorisation et les

déplacements quotidiens, ainsi que les lieux de travail des actifs et les profils

socioprofessionnels.

Solde migratoire

Le premier indicateur traite du solde migratoire. En 2009, la commune de Blainville-

sur-Orne détient un solde migratoire positif. Il est de 2,2 %, ce qui signifie qu’il y a eu plus

d’entrées que de sorties, contrairement au solde migratoire de Caen-La-Mer qui est négatif,

avec -0,6 %. Blainville est donc une commune qui attire de nouveaux arrivants.

Part des nouveaux habitants

Le deuxième indicateur concerne l’ancienneté d’emménagement dans les résidences

principales. « Blainville-sur-Orne, 14,2 % des résidents ont emménagé depuis moins de deux

ans. Ce taux est élevé, comparé à celui d’autres communes de même taille : seuls 6,5 % des

habitants de Biéville-Beuville et 3,6 % des habitants de Bénouville sont installés depuis

moins de deux ans. Cette différence peut s’expliquer par la construction de nouveaux

logements à Blainville, qui découle d’une volonté politique d’augmenter l’urbanisation. De

plus, à Blainville-sur-Orne, 40,7 % des habitants ont emménagé depuis plus de dix ans, alors

qu'à Biéville-Beuville ou à Bénouville, ils sont respectivement 60 et 75 %.

Déplacements

Les déplacements quotidiens sont influencés par le taux de motorisation des ménages

d'une part, et les flux quotidiens de travail d'autre part.

Taux de motorisation des ménages

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Les habitants de Blainville-sur-Orne n'ont majoritairement qu'une voiture, alors que

dans les communes alentours, la tendance est à deux voitures ou plus. Sur 2 338 personnes en

âge de conduire à Blainville, 47,4 % n'ont qu'une voiture, et seuls 40 % ont deux voitures ou

plus. À Bénouville et Biéville-Beuville, 35 % n'ont qu'une voiture, mais 60 % ont au moins

deux voitures. À Ranville, les ménages possédant au moins deux voitures constituent 52,3 %

des conducteurs. Ce taux de motorisation plutôt bas s'explique par le fait que cette commune

est bien reliée à l'agglomération caennaise et à la côte, par d'autres moyens que l'automobile :

pas moins de six lignes de transports en commun (bus Twisto et Bus Verts) la traversent. Elle

est également bien équipée en voies douces : deux passerelles piétonnes sont implantées, dont

une au sud qui rejoint le chemin de halage aménagé pour les cyclistes et les piétons, ce qui

permet d'éviter l'usage de la voiture pour les déplacements intra-communaux.

Déplacements professionnels quotidiens C'est au bord du canal qu'est implantée la zone industrielle de Blainville-sur-Orne, où

beaucoup d'habitants se rendent quotidiennement pour travailler : 17,1 % des actifs ayant un

emploi qui habitent la commune y travaillent, ce qui est faible comparé à Caen (59,5 %) ou à

Bénouville (24,2 %), mais plus élevé que dans les communes de Biéville-Beuville (13,4 %)

ou Ranville (16,1 %). Comme la plupart de ces communes, Blainville-sur-Orne est une

"commune dortoir", d'où l'on part le matin et où l'on ne revient que le soir : 80,3 % des

salariés travaillent dans une autre commune du département, dont la majorité à Caen. Cette

tendance s'inscrit dans la moyenne nationale, puisque trois salariés sur quatre travaillent dans

une autre commune que celle où ils résident. L'observation de la D 60 témoigne de ce

phénomène : le trafic y est très dense le matin avant neuf heures et le soir entre dix-sept et

dix-neuf heures. Il est calme durant le weekend.

Population active

Part des actifs

En 2009, à Blainville-sur-Orne, le taux de la population active est de 74,2 % dont 8 %

de personnes au chômage, taux inférieur à celui de 1999 (10,6 %). Le taux de chômage est

supérieur à Bénouville (14,5 %) mais il est inférieur à Biéville-Beuville (6,4 %). La catégorie

d’âge la plus touchée est celle des 25/49 ans avec un taux de 60,4 % au 31 décembre 2011.

Catégories socioprofessionnelles

Toutes catégories socioprofessionnelles (CSP) confondues, les ouvriers représentent à

eux seuls un quart de la population active ayant un emploi, soit six-cent-quatre-vingt-dix-sept

personnes de quinze à soixante-quatre ans comptabilisés dans ce secteur, ce chiffre est à peu

près stable depuis 1999, à l’inverse des professions intermédiaires (de santé, dans la fonction

publique, dans les entreprises…) qui augmentent depuis dix ans. En effet, on comptabilise

cinq-cent-quarente-huit personnes exerçant une profession intermédiaire contre trois-cent-

quarante-huit dix ans plus tôt, ce qui est notable, puisqu'à Biéville-Beuville par exemple, elle

n'a augmenté que de quatorze personnes en dix ans. Mais la tendance de Blainville s'inscrit

dans la tendance nationale, où les populations ouvrières, et surtout, les emplois dans

l'industrie, diminuent, alors que les professions intermédiaires voient leurs effectifs fortement

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augmenter.

A Blainville-sur-Orne, les secteurs d’activités qui emploient le plus sont l’industrie,

avec 63,2% ainsi que le commerce, les transports et services avec une part d’activité de 20%

ce qui représente une véritable explosion dans ce secteur, car elle n’était que de 8,7% en

1999. Ces chiffres montrent aussi une tendance qui se veut nationale.

Pour conclure, il faut relever que cette commune, traditionnellement basée sur une

économie industrielle, commence à changer avec l’émergence de nombreux actifs de

professions intermédiaires et un solde démographique positif. Cependant on notera que la

majorité des actifs ne travaille plus dans la commune, ce qui explique la forte motorisation

des ménages.

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Partie 2 :

Diagnostic territorial

de Blainville-sur-Orne

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Introduction

Habiter Blainville : images et réalités

Le petit village de Blainville-sur-Orne, deux-cent-trente habitants en 1911, connait

une forte croissance en 1918 avec l’implantation du chantier naval sur son port fluvial. En

1925, le site est le plus important des trois établissements de chantiers navals français, des

ouvriers sont recrutés dans toute la France ou à l’étranger. Cette population vient s’installer en

grande partie à Blainville-sur-Orne : la réputation de cité ouvrière est faite. Mais l’activité

décline et le chantier ferme en 1954, laissant la commune dans une situation économique

fragile. Cependant, deux ans plus tard une grande usine d’industrie automobile (SAVIEM

devenue Renault Trucks) s’implante et redynamise l’emploi. Mais le nombre d’emploi a

fortement diminué depuis. Ainsi, en 2009, les ouvriers représentent un quart de la

population active ayant un emploi, alors que dix ans plus tôt ils en représentaient encore un

tiers. Les nouveaux habitants qui ne cessent d’arriver depuis le milieu des années 70

travaillent pour la plupart dans le tertiaire.

Que signifie habiter Blainville-sur-Orne aujourd’hui? Habiter une cité ouvrière, une

petite ville périurbaine ou un peu des deux ? Pour le découvrir, nous avons interrogé les

anciens habitants et les nouveaux, les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes.

Tous sont d’accord sur un point, Blainville a changé. La commune a troqué son image de cité

ouvrière contre celle de petite ville périurbaine « où il fait bon vivre » selon les dires d’un de

ses nouveaux habitants. Mais il faut nuancer : Blainville-sur-Orne a certes un passé ouvrier

fort mais ce n’est pas pour autant une véritable « cité ouvrière » comme on l’entendait au

XIXème

siècle. Dans celles-ci le patron de l’usine, non seulement construit les logements mais

il offre aussi des équipements tels dispensaires, cinémas etc. Tout ceci dans un souci

philanthropique, certes, mais aussi dans un souci de rentabilité du travail. C’est un moyen de

garder à proximité du lieu de production une main d’œuvre disposant de savoirs-faires

spécifiques et de contrôler la vie de l’ouvrier. Cela se traduisait chez ces derniers par un fort

sentiment d’appartenance. Cela n’a pas été le cas à Blainville où les logements ont été

construits par une société d’habitat social qui n’a fait que répondre aux besoins.

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A l’instar de sa population la réputation de Bainville a évolué. Une habitante de

toujours nous raconte qu’ « avant, personne ne voulait habiter à Blainville. On était considéré

comme des Crafs[1]

. Maintenant, tout le monde s’y précipite. C’est une situation idéale, entre

la ville et la mer. ». Des habitants ayant emménagé plus récemment nous expliquent comment

ils ont dû braver les réticences de leurs collègues de travail quand ils annonçaient qu'ils

venaient s'installer à Blainville-sur-Orne, devant écouter des remarques telles que "c'est la

zone, c'est des ouvriers". Une autre habitante, arrivée il y a vingt ans, témoigne : « on ne

voulait pas venir à Blainville car l’image n’était pas bonne. On nous le déconseillait. On a

attendu mais on a rien trouvé d’autre, alors on s’est dit tant pis on risque ; et on a jamais

regretté. »

Cette image négative a-t-elle un fondement ? Nous avons recueilli les témoignages de

personnes âgées vivant depuis longtemps à Blainville. « Les femmes étaient au foyer, elles

sortaient beaucoup de chez elles, c’était convivial. Tous les hommes travaillaient au même

endroit, tout le monde se connaissait. Il y avait toujours des gens qui parlaient dehors, les

enfants jouaient entre eux. On ne retrouve plus ça maintenant » dit une dame nostalgique. Ils

sont unanimes, le Blainville de leur jeunesse était plus convivial, il y avait une véritable

solidarité entre les familles. Ils parlent d’une petite ville ouvrière agréable, où les habitants

s’identifiaient à leur commune même si l’un d’eux nuance, le sourire aux lèvres «c’est vrai

qu’avant, il y avait une mauvaise réputation, à cause des jeunes bagarreurs ».

Encadré n°1

« Avant, personne ne voulait habiter à Blainville. On était considéré comme des Crafs[1]

.

Maintenant, tout le monde s’y précipite. C’est une situation idéale, entre la ville et la

mer. ». Explique une dame âgée qui a toujours habité Blainville.

[1] Craf : terme familier et péjoratif désignant des personnes vivant à la marge de la société.

Source : enquête MUD oct-nov 2012

Encadré n°2

«C’est vrai qu’avant il y avait une mauvaise réputation, à cause des jeunes bagarreurs » témoigne

un ancien ouvrier.

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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Et aujourd’hui qu’en est il ? La réputation s’est grandement améliorée : « Les

habitants de Blainville s’identifient à Blainville, maintenant on a plutôt une bonne

réputation » témoigne un ancien ouvrier venu vivre à Blainville au milieu des années

cinquante. Un autre habitant explique « on ne vit pas dans une ville anonyme. C’est ça qu’est

bien, c’est une ville avec un esprit de campagne. […] Il y a beaucoup de convivialité à

Blainville, les enfants disent bonjour. En ville c’est fini. » Nous-mêmes nous avons été

agréablement surpris lors de notre enquête de terrain, nous avons enregistré un taux de refus

très faible. Beaucoup de Blainvillais étaient ouverts et prêts à nous accorder une dizaine de

minutes pour répondre à notre questionnaire.

Enfin, un ancien ouvrier venu s’installer à Blainville au début des années cinquante

explique que « maintenant la réputation est meilleure. On est bien placé entre Caen et la mer.

Avant les jeunes zonaient, maintenant il y a le local jeune, et les activités proposées par les

associations, ça les occupent, et ils ont le bus pour sortir ». En effet la ville est très riche en

association, elle n’en compte pas moins d’une quarantaine, dont dix-sept fondées après 2004.

Cette vie associative dynamise grandement la commune en proposant des activités sportives

ou culturelles et en organisant des événements comme le téléthon ou le carnaval.

La mairie encourage et soutient ces initiatives. Non seulement en accordant des

financements à ces associations mais aussi en construisant des infrastructures leurs permettant

d’exercer leurs activités, comme le gymnase construit pendant le deuxième mandat (2001-

2008) du maire socialiste actuel, M. Françoise. Il a été élu pour la première fois en 1995,

battant le maire sortant, M. Bayon. Ce dernier fut maire pendant trente ans, il appartenait au

Partie Communiste Français. Aujourd’hui, sur les vingt-neuf conseillers municipaux, vingt-et-

un ont une étiquette socialiste et trois sont communistes. Ce changement de majorité est-il le

témoin d’un changement de population ? Selon une Blainvillaise de longue date « ce

changement de majorité politique est sans doute lié au changement de population […] mais

Encadré n°3

« On ne vit pas dans une ville anonyme c’est ça qu’est bien, c’est une ville avec un esprit de

campagne. […] Il y a beaucoup de convivialité à Blainville, les enfants disent bonjour, en ville

c’est fini. » Patrick, habitant de Blainville.

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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même si la population a changé, il n'y a pas une si grande différence que ça. Ce n'est plus une

population ouvrière qui arrive, mais ça reste des gens simples. » Tandis que Patrick, un autre

Blainvillais, qualifie la couleur politique de Blainville de « curieuse, ethnologiquement

parlant ». En effet, selon lui, les Blainvillais appartiennent à la « classe moyenne mais le vote

reste quand même à gauche. Aujourd’hui tout le monde a sa carte bancaire. La classe sociale

s’est élevée » Mais bien qu’étant à gauche, le conseil municipal n’est plus communiste, cette

« [élévation] de la classe sociale » pourrait être la raison de ce changement de majorité en

1995. C’est une tendance d’ailleurs bien ancrée : aux dernières législatives le Parti socialiste a

recueilli 73% des voix.

En trois mandats, le maire a mené une politique ayant pour objectif de faire croître la

population de la commune en augmentant le nombre de logement durant son premier mandat

(1995-2001). Axé sur la mixité sociale, la mairie a lancé plusieurs projets de logement social,

tel que le quartier des Brandons. Le deuxième mandat, de 2001 à 2008, a eu pour objectif

l’amélioration des infrastructures axée sur l’enfance et la jeunesse (nouveau gymnase, halte

garderie, court de tennis). Enfin, le mandat en cours se tourne vers la culture, le projet phare

étant la construction de la nouvelle médiathèque. La mairie mène une politique de croissance,

drainant une nouvelle population. Pour cela elle met tout en œuvre pour rendre la commune

attractive, que ce soit au niveau des infrastructures, des activités ou des logements. Tout ceci

participe du changement d’image que nous avons pu observer.

Encadré n°4

« Mais même si la population a changé, il n'y a pas une si grande différence que ça, ce n'est

plus une population ouvrière qui arrive, mais ça reste des gens simples. » Explique une

Blainvillaise d’une cinquantaine d’année.

Source : enquête MUD oct-nov

2012

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Présentation de la population enquêtée

Après avoir dégagé le contexte général de la commune de Blainville-sur-Orne, nous

avons orienté nos recherches vers cinq grands thèmes qui sont le changement

sociodémographique, le changement économique, le logement, la mobilité et le quartier des

Brandons. Cela nous a conduit à nous diviser en groupes de cinq personnes, l’effectif total de

la promotion de ce master s’élevant à vingt-cinq étudiants. Chaque groupe a élaboré des

questions en lien avec son thème pour aboutir à un questionnaire final comportant trente-neuf

questions.

Dans un premier temps, nous allons utiliser les données communales INSEE afin de

présenter l’échantillon des personnes que nous avons interrogées. Cela nous permettra de

replacer cet échantillon dans un contexte plus large. Notre échantillon se compose de deux-

cent-cinquante-deux questionnaires, dont deux-cent-vingt-sept Blainvillais, ce qui représente

approximativement 4% de la population communale totale (6 052 habitants en 2009). Dix

pour cent des personnes qui ont accepté de répondre ne résident pas à Blainville même mais

plus des trois quarts d’entre elles travaillent dans la commune ou dans une ville limitrophe.

Nous avons localisé les quartiers de résidence des Blainvillais interrogés et nous avons

pu constater qu’il n’y avait aucune corrélation entre cette dernière et la catégorie

socioprofessionnelle ou le revenu, ce qui révèle une hétérogénéité des différents espaces de la

commune.

Répartition de la population enquêtée selon le quartier de résidence

Figure n°1 Répartition de la population enquêtée selon le quartier de résidence

Sur 169 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

35

21

9

3

9 10 7

3 1

10

5 5 3

13

3 6 5

7

1

13

0

5

10

15

20

25

30

35

40

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Ce graphique met en évidence que le Quartier Colbert est plus représenté que les

autres, car c’est un quartier plus dense.

En étudiant l’ancienneté de résidence des répondants, nous avons pu voir que presque

la moitié d’entre eux vivent à Blainville depuis plus de dix ans (48 %) et dix pour cent depuis

moins de deux ans. On voit que de nombreuses personnes sont arrivées il y a entre cinq et

vingt ans, ce qui correspond à l’afflux de population retrouvé dans les chiffres de l’INSEE

entre 1999 et 2009.

Figure n° 2 Répartition de la population enquêtée selon l’ancienneté de résidence

dans la commune

Sur 225 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

Pour savoir ce qui a poussé les personnes à venir vivre à Blainville, nous avons

cherché à retracer leur parcours résidentiel.

Alors que 22 % des répondants sont natifs de Blainville et ne l’ont jamais quitté, une large

proportion vient de Caen et d’Hérouville (respectivement 21 et 18 %). Pour le reste, 6 %

arrivent d’une commune proche et 10 % habitaient à moins de dix kilomètres avant de venir

s’installer. Enfin 7 % proviennent d’une autre ville du Calvados. Finalement, seuls 10 % des

personnes interrogées ne résidaient pas dans le département avant d’arriver à Blainville.

20 26

59

43

22 20 35

2 0

10

20

30

40

50

60

70

Moins de 2ans

de 2 à 4ans

de 5 à 9ans

de 10 à 20ans

de 20 à 30ans

de 30 à 40ans

40 ans etplus

+ de 10ans nonprécisé

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Les raisons ayant motivé l’installation sont des raisons familiales, l’accession à la propriété, le

travail (graphique 3).

Figure n°3 Répartition de la population enquêtée selon les raisons d’installation dans la

commune

Sur 190 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

Pour faire en sorte que notre panel soit représentatif, nous nous sommes appuyés sur la

répartition de la population par tranche d’âge.

Comme on le voit sur le graphique 5, il a été difficile de respecter les quotas. Ainsi, il

manque une vingtaine de jeunes et nous avons une vingtaine de personnes de plus de

soixante-cinq ans en trop. Cependant, on peut facilement expliquer cet écart puisque nous

avons délibérément refusé d’interroger les moins de quinze ans. En effet, ceux-ci n’avaient

pas souvent d’avis clair et, surtout, ils ne possédaient que très rarement les informations qui

nous intéressaient.

41 22%

40 21%

36 19%

34 18%

13 7%

6 3%

4 2%

4 2%

4 2%

8 4%

raison familiales

Accès à la propriété

Foncier moins cher et plus grand

travail

Pour le cadre (tanquilité, campagne,accès)né et vécu ici

Pour la proximité avec Caen

raisons personnelles

Suite à un évenement (divorce, quitteles parent)Autre

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Figure n° 4 Répartition de la population

communale par tranche d'âge en 2009

Source :INSEE 2009

Figure n° 5 Répartition de la population enquêtée

par tranche d'âge en 2012

Sur 251 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

Les répondants sont en légère majorité des femmes (56 %). On peut voir dans le graphique 6

qu’elles sont plus âgées en moyenne que les hommes. De plus, la plupart des personnes

interrogées ont entre vingt et soixante-quatre ans, ce qui correspond aux tendances

communales relevées par l’INSEE.

1704 29%

3592 60%

656 11%

- 20ans

20 à64ans

65ansetplus

41 16%

82 33%

85 34%

43 17% - 20 ans

20 à 40 ans

41 à 64 ans

Figure n° 6 Répartition de la population enquêtée selon le sexe et l’âge

Sur 249 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

22

19

38

44

37

47

13

29

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

homme

femme

âge -20 âge de 20 à 40 âge de 41 à 64 âge + 65

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Concernant les catégories socioprofessionnelles, nous avons interrogé moins

d’ouvriers et de professions intermédiaires que dans les statistiques de l’INSEE. A l’inverse

les employés et les scolaires sont surreprésentés.

Figure n° 7 Répartition de la population active

communale selon la catégorie socioprofessionnelle

en 2009

Source : INSEE 2009

Figure n° 8 Répartition de la population enquêtée

selon les catégories socioprofessionnelles en 2012

Sur 252 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

On a pu constater que la répartition homme/femme dépend beaucoup des catégories

socioprofessionnelles, ce qui correspond aux tendances nationales. A Blainville, il y a plus de

femmes retraitées et employées, alors que les ouvriers sont très majoritairement des hommes.

4 0%

138 3%

335 7%

604 13%

1065 23%

814 17%

1039 22%

720 15%

Agriculteurs

Artisans,commerçants,chefs d'entreprise

Cadres et professionsintellectuellessupérieuresProfessionsintermédiaires

Employés

Ouvriers

Retraités

Autres personnessans activitéprofessionnelle

1 0% 18

7% 14 6% 13

5%

76 30%

17 7%

59 24%

43 17%

11 4%

Agriculteurs

Artisans,commerçants

Cadres

ProfessionsintermédiairesEmployés

Ouvriers

Retraités, Inactifs

Scolaires

Chômeurs

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En parallèle à la question sur catégorie socioprofessionnelle, nous avons demandé la

profession du conjoint dans les cas où la personne interrogée vivait en couple.

Figure n° 10 Catégorie socioprofessionnelle du conjoint de l'interrogé

Sur 134 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

3 2% 12

9%

13 10%

6 4%

47 35%

13 10%

29 22%

1 1%

10 7%

Agriculteurs

Artisans,commerçants

Cadres

Professions intermédiaires

Employés

Ouvriers

Retraités, Inactifs

Scolaires

Chômeurs

Figure n° 9 Répartition de la population enquêtée selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle

Sur 250 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

1

7

7

3

32

17

18

21

7

0

11

8

11

52

1

40

21

4

0% 20% 40% 60% 80% 100%

CSP agriculteur

CSP arti-commerçants

CSP cadre

CSP prof. Interméd.

CSP employé

CSP ouvrier

CSP retraité/inactif

CSP scolaire

CSP chomeur

homme femme

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Le graphique 10 ne concerne que les personnes en couple mais il est parlant. À

l’exception des scolaires, on y trouve approximativement les mêmes proportions que sur le

graphique 8. Ces deux graphiques mettent ainsi en lumière un phénomène d’homogamie

sociologique.

Le graphique 11 présente la structure familiale des ménages de Blainville d’après les

données de l’INSEE de 2009 tandis que le graphique 12 représente la structure familiale de

notre échantillon, mesurée sur deux-cent-trois personnes. Les deux graphiques sont assez

différents : les ménages d’une personne sont surreprésentés dans notre échantillon alors que

les couples avec enfants sont sous-représentés en comparaisons des données de l’INSEE. Ce

résultat peut s’expliquer par le fait que les personnes avec enfants avaient sans doute moins de

temps à nous accorder.

Figure n° 11 Répartition de la population communale

selon le type de ménage en 2009 (Insee )

Source : INSEE 2009

Figure n°12 Répartition de la population enquêtée

selon le type de ménage en 2012 Sur 203 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct-nov 2012

581 10%

1261 21%

3446 58%

596 10%

44 1% Ménages d'une

personne

un couple sansenfant

un couple avecenfant(s)

une famillemonoparentale

Autres ménagessans famille

54 27%

56 27%

79 39%

14 7%

Ménages d'unepersonne

Couple sansenfant

Couple avecenfant

Famillemonoparentale

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La dernière question concernait les revenus. Nous avons décidé de finir par ce sujet car nous

sentions bien qu’il pouvait mettre mal à l’aise. Il fallait donc choisir le moment où l’interrogé

était le plus en confiance. Malgré cette précaution nous avons eu un taux de refus de 17%.

Le graphique 13 informe sur les revenus mensuels des ménages de l’échantillon.

Ceux-ci paraissent relativement bas, surtout à l’échelle d’un foyer. Notre échantillon se

caractérise par des revenus qu’on peut qualifier de modestes et moyens, ce qui se retrouve

dans les statistiques de l’INSEE. En effet, les habitants de Blainville-sur-Orne ont des revenus

plus faibles que ceux des communes avoisinantes.

Enfin, une série de questions nous a permis de connaitre les habitudes des Blainvillais,

ainsi que leur vision de la commune, ces aspects seront détaillés dans les autres chapitres.

Figure n°13 Revenu mensuel des ménages de la population enquêtée (en

euros)

Sur 205 réponses exprimées Source : enquête MUD oct-nov 2012

31 15%

72 35%

81 40%

10 5%

3 1%

8 4%

Moins de 1200

1200-2000

2000-4000

4000-6000

Plus de 6000

Sans revenu

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Le changement sociodémographique sous

l’œil des habitants

L’exploitation des questionnaires nous a permis de constater que la majorité des

personnes vit en couple avec enfants, est employée et a un revenu modeste. En parallèle à ces

résultats, nous savions également que la commune avait un passé ouvrier du fait de la

présence d’usines. Aujourd’hui, bien que la majorité des emplois existant à Blainville-sur-

Orne soient des emplois ouvriers, les questionnaires ainsi que les données de l’Insee, nous ont

montré que les habitants, n’étaient plus en majorité des ouvriers mais plutôt des employés

travaillant dans le secteur tertiaire. À cette évolution, s’ajoute celle du nombre d’habitants

dans la commune : Blainville-sur-Orne est en expansion démographique ; la population a

augmenté d’un tiers entre 1999 et 2007. Il y a donc eu un changement de population au cours

de la fin du vingtième siècle et le début du vingt-unième siècle que ce soit en terme

sociologique ou démographique.

Ce changement perçu à partir de données quantitatives, a-t-il été ressenti par les habitants de

la commune ? Si oui, comment a-t-il été perçu ? Afin de répondre à ces questions nous avons

laissé la parole aux habitants de Blainville-sur-Orne. Nous avons donc écouté les témoignages

d’anciens ainsi que ceux de personnes arrivées plus récemment, actrices de ce changement.

C’est au travers de ces récits, que nous avons tenté d’établir un portrait plus affiné.

Le Blainvillais, un nostalgique ?

Les premiers habitants rencontrés sont des personnes âgées, nées à Blainville-sur-Orne

et y ayant toujours vécu, ou y vivant depuis plusieurs décennies. La plupart de ces personnes

nous ont affirmé que l’ambiance avait changé. Ces personnes racontent une convivialité, une

entraide du Blainville passé qui, elles l’affirment, a disparu. Le Blainvillais était celui qui

saluait ses voisins, qui échangeait avec les autres habitants et qui passait l’essentiel de son

temps hors de chez lui. Ceux-ci ont changé, regrettent les anciens, « ils se renferment sur

eux-mêmes, ne sortent plus de chez eux », les gens ne se côtoient plus. Ils expliquent que les

nouveaux habitants ne font que dormir dans la commune, sans vraiment y vivre. « Le

Blainville de maintenant n’est plus du tout pareil ; avant c’était un village d’ouvriers et de

commerces. Maintenant, il y a moins de commerces, c’est mort, il n’y a personne. C’est

devenu une ville dortoir ! C’est à cause de la télé, des grandes surfaces, et du groupe

scolaire. Avant, il y avait plusieurs petites écoles, c’était plus vivant » nous explique un

habitant né à Blainville-sur-Orne il y a soixante-dix ans.

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Il faut cependant préciser que ce discours semble général, et ne pas concerner les seuls

habitants de Blainville-sur-Orne. En effet, ces personnes semblent adresser une critique à

l’encontre de l’ensemble de la société contemporaine. L’image qu’ils se font des habitants de

Blainville-sur-Orne, est finalement leur image de la société actuelle. Une société qu’ils jugent

de plus en plus individualiste.

Ces dernières années, la commune a connu des opérations de rénovations

immobilières. Pour accueillir une population en augmentation, des programmes de

constructions ont été mis en place et de nouveaux lotissements ont vu le jour. Ces opérations

ont donné un nouveau visage à la commune, regretté par certains et applaudi par d’autres. À

cet égard, les anciens ont là aussi semblé profondément nostalgiques. S’ils semblent

s’accorder sur la nécessité des rénovations, ils regrettent que l’ancienne tradition

architecturale n’ait pas été respectée. Cela s’identifie pour eux à une certaine perte d’identité.

Néanmoins, malgré ces critiques, ils s’accordent sur le fait que le confort apporté par ces

divers travaux facilite leur vie quotidienne.

Sur l’expansion de la commune en termes démographiques, les personnes âgées ne

comprennent pas toujours l’objectif recherché. Ils s’interrogent sur la nécessité d’étendre la

commune, c’est-à-dire de créer de nouveaux logements, si ceux qui les habitent ne se

rencontrent plus. Les anciens de Blainville-sur-Orne formulent un regret récurrent ; celui de

la sociabilité qui régnait dans la commune de leur jeunesse. Ils apparaissent comme des

personnes nostalgiques du « pays » de leur enfance, comme ils aiment à l’appeler. La majorité

des gens enquêtés mettent l’accent sur le changement de rapport entre voisins.

Le Blainvillais, un périurbain ?

Il ne fait pas de doute qu’un changement est à l’œuvre dans la commune de Blainville-

sur-Orne, l’étude comparative de données de l’Insee avec nos questionnaires ainsi que les

témoignages de personnes vivant depuis plusieurs décennies dans la commune confirment

Encadré n° 5

« Le Blainville de maintenant n’est plus du tout pareil ; avant c’était un

village d’ouvriers et de commerces. Maintenant, il y a moins de

commerces, c’est mort, il n’y a personne, c’est devenu une ville dortoir !

C’est à cause de la télé, des grandes surfaces, et du groupe scolaire, avant

il y avait plusieurs petites écoles, c’était plus vivant »

Un habitant né à Blainville il y a soixante-dix ans.

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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cette évolution. La commune s’urbanise afin d’accueillir toujours plus d’habitants exerçant en

majorité dans le secteur tertiaire.

L’extension de cette nouvelle urbanisation au voisinage de l’agglomération de Caen évoque-t-

elle pour autant un phénomène de périurbanisation ? La périurbanisation désigne un processus

d’expansion de la ville vers les campagnes environnantes, cela de manière diffuse dans un

espace qui garde plus ou moins un caractère rural. La périurbanisation s’explique par l’envie

de devenir propriétaire, de disposer d’espace extérieur ainsi que par la motorisation et l’accès

à des prêts à long terme. Les communes en périphérie des grandes villes offrent à la fois une

proximité des lieux de travail et de loisir, des prix immobiliers plus abordables et un cadre de

vie agréable. Se demander si une commune est périurbaine, c’est donc étudier sa forme

spatiale mais aussi étudier ses habitants. Peut-on retrouver les caractéristiques du résident

périurbain chez un Blainvillais ? Peut-on décrire les habitants de Blainville-sur-Orne comme

des périurbains ? Cette qualification concerne-t-elle seulement une partie d’entre eux ?

Contrairement aux personnes âgées qui ont expliqué vivre à Blainville-sur-Orne parce

qu’elles y étaient nées, les nouveaux arrivants ont fait le choix de s’installer à Blainville-sur-

Orne. Ce choix manifeste t-il des caractéristiques propres de la périurbanisation ? Leurs

habitudes confirment-elles qu’ils sont des périurbains ?

À entendre ces habitants, leur choix de vivre dans cette commune s’explique par la recherche

d’un compromis entre la proximité de Caen ou d’Hérouville-st-clair et la recherche d’un lieu

plus calme, moins urbain. Ils souhaitent rester proches de Caen mais aussi d’Hérouville, deux

villes où se localisent le plus souvent, leurs lieux de travail, de loisirs, ou d’achats. Ces

indications révèlent donc un mode de vie plutôt urbain.

Néanmoins, à la recherche d’une vie plus calme, notamment pour les familles, ils ont choisi

de s’installer dans une commune plus rurale. Ils ont alors concentré leurs recherches sur le

secteur nord de Caen et d’Hérouville-Saint-Clair. Ce secteur présente l’avantage de se situer

entre la ville et la mer tout en offrant un cadre de vie « plus vert ».

Pour les personnes désireuses d’acquérir un bien immobilier, le critère financier a aussi été un

élément fondamental. Le prix des terrains est souvent plus bas qu’à Caen qu’à Hérouville ou

dans les communes voisines. L’accès à Caen ou à Hérouville est rapide grâce à la présence

d’une « quatre-voies » et d’un boulevard périphérique. Ajoutons à cela la présence d’une

desserte par les bus Twisto et les bus verts qui peut se révéler un avantage pour les familles

comptant des adolescents.

Ces éléments incitent à conclure que l’habitant de Blainville-sur Orne a un profil de

périurbain. Finalement, le choix de son logement se fonde sur une comparaison des avantages

et des inconvénients avec les communes voisines et non sur un attachement particulier à

Blainville. On peut donc peut-être douter du fait qu’il se sente Blainvillais à part entière.

D’après les récits de ces nouveaux venus, cette proposition est toutefois à nuancer.

Plusieurs des habitants ont confié être plutôt satisfait de leur vie à Blainville-sur-Orne. Ils ont

ainsi expliqué qu’ils s’étaient intégrés facilement à la commune, notamment grâce à la vie

associative. Certains d’entre eux ont également affirmé que leurs voisins étaient de véritables

amis, et qu’une confiance s’était établie. Une habitante installée en 2003 raconte : « le

lotissement dans lequel j’habite me semble idéal. Nous avons la chance de nous connaitre

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tous et de pouvoir s’aider en cas de besoin. Nous sommes six couples et à tout moment, dans

toutes circonstances, nous nous entraidons et avons des rapports plus qu’amicaux depuis plus

de cinq ans maintenant ».

Nous ne pouvons donc pas conclure que le Blainvillais serait centré sur la cellule

familiale et indifférent à son voisinage. Il s’intéresse à la vie de la commune, à ses voisins

mais la configuration de l’espace urbanisé, qui ne cesse de s’étendre, restreint sans doute

cette communication à la rue ou aux quartiers. Néanmoins, selon quelques témoignages,

certains quartiers semblent, moins vivants que d’autres et ils donnent une impression de

« quartiers dortoirs » où les voisins ne se connaissent pas. Une femme explique : « Ma maison

est à la jonction de trois lotissements, c’est une rue très passagère où les gens roulent vite.

On ne connait aucun voisin, alors qu’avant on vivait dans une maison jumelée dans un autre

quartier. On parlait avec plein de monde, on appréciait. Ici, les gens sont chez eux, ils se

croisent moins. Même notre voisine qui est arrivée avant nous ne connait personne. La fête de

quartier n’existe plus dans notre nouveau quartier ».

Ainsi, la convivialité n’aurait pas forcément disparue, mais elle prendrait une nouvelle forme.

D’après les dires de personnes interrogées, certains quartiers seraient représentatifs d’une

population spécifique. Le portrait du Blainvillais serait donc lié à son lieu de résidence dans la

commune.

Les quartiers Le Belem et Terre de Nacre ont par exemple la réputation d’être des « quartiers

chics » où vivraient des Blainvillais plus aisés. Le quartier Colbert serait celui des retraités

constituant une classe moyenne ou pauvre.

Encadré n°6

« Le lotissement dans lequel j’habite me semble idéal. Nous avons la chance de nous

connaitre tous et de pouvoir s’aider en cas de besoin. Nous sommes six couples et à tout

moment, dans toutes circonstances, nous nous entraidons et avons des rapports plus

qu’amicaux depuis plus de cinq ans maintenant »

Une habitante installée en 2003.

Source : enquête MUD oct-nov 2012

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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Le Blainvillais de demain ?

Une nouvelle population arrive avec ses aspirations, ses besoins ses désirs, ce qui obligera

à une adaptation des commerces et des services. La projection spatiale de ce changement va

certainement se traduire par l’implantation de commerces de grande surface, par la

rénovation ou la construction de nouveaux appartements et de maisons adaptées. De ce fait, le

parc privé risque de se développer plus vite que les logements sociaux, jusqu’ici très

représentés. Une femme a souligné cet aspect : « C’est bien, bien pour l’image de la ville mais

ça va attirer des gens riches car qui dit rénover, dit plus cher. J’ai peur que Blainville ne

devienne comme les autres communes, il y aura Leclerc et d’autres grandes surfaces. Cela va

tout bouleverser. »

L’analyse de ces propos et le résultat d’une projection sur les quinze prochaines années

concernant la variation des effectifs des CSP représentées laisse croire qu’il y’aura davantage

de cadres qui viendront s’installer à Blainville. Pour cette future population, il faudra des

logements confortables, adaptés à la nouvelle urbanité. C’est sûrement l’une des raisons qui

explique les actuelles opérations de rénovation et de construction. Cependant, une distorsion

socio-spatiale reste envisageable dès lors que les bâtiments rénovés coûtent plus chers et que

les anciens locataires ne sont pas forcément relogés. Ils sont juste bénéficiaires de primes de

délogement et presque tous réinstallés dans le quartier Colbert. De ce fait, ces nouveaux

logements accueilleront pour la plupart une population plus aisée que la précédente.

Encadré n°7

Q31. Que pensez-vous des nouvelles opérations de reconstruction du centre-ville de

Blainville –sur –orne (reconstruction d’immeubles, Colbert et Lamberville) ?

« C’est bien, bien pour l’image de la ville mais ça va attirer des gens riches car qui dit

rénover, dit plus cher. J’ai peur que Blainville ne devienne comme les autres communes, il

y’aura Leclerc et d’autres grandes surfaces. Cela va tout bouleverser. »

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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Au vu des différents témoignages et de la diversité de leurs auteurs, il apparait difficile de

dresser un portrait-type du Blainvillais. Ce sont des personnes qui viennent d’horizons

différentes : souvent des natifs pour les plus anciens, des nouveaux arrivants venus de

communes voisines, des autres régions voire d’un autre pays. Les raisons qui les ont poussés à

s’installer à Blainville sont différentes et ne sont pas toujours lié à un besoin de campagne ou

à l’envie de devenir propriétaires.

Figure n° 14 Variation des éffectifs pour les CSP représentées dans la commune de

Blainville entre 1999 et 2009

Source : INSEE 2009

0

64

249

62 41

7

67

-4

-50

0

50

100

150

200

250

300

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Ainsi certains Blainvillais ont de la nostalgie pour le passé industriel de la commune.

Ceci montre donc une évolution dans la vie économique. N’y a-t-il pas là, un phénomène de

tertiarisation ? Qu’elles en seraient ses particularités ? En parallèle, les modes de vie ont

récemment beaucoup évolué avec notamment le développement de la mobilité. Ce processus

a-t-il eut des conséquences sur l’économie blainvillaise notamment sur son tissus

commercial ? Enfin la commune a connut une forte croissance démographique lié à l’arrivé de

population recherchant un cadre de vie spécifique. Ainsi les besoins en services à la personne

ont augmenté. Avons-nous ici le développement d’une économie résidentielle ?

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Blainville : Mutation de l’économie

locale et de l’offre de service

Une économie résidentielle dynamique

Une relation forte entre le commerçant et l’habitant

Les commerces et les services publics constituent des éléments importants de la vie

économique. En effet, la vie locale est rythmée par la fréquentation des commerces et des

services. À Blainville-sur-Orne, leur utilisation est importante car selon notre enquête, seuls

19 personnes sur 253, ne se rendent pas dans les commerces et services publics de Blainville

alors que 80 d’entre eux les utilisent quotidiennement.

Cette fréquentation est représentative d’une satisfaction générale. Selon les propos

recueillis, le rapport entre habitants et commerçants est cordial, voire convivial grâce à la

proximité et à l’amabilité de ces derniers. De plus, l’offre proposée permet d’avoir accès à

tous les produits de première nécessité. Le lieu privilégié pour effectuer le plus gros des

achats reste pourtant le centre commercial d’Hérouville. Cependant, ce sont les commerces et

services de Blainville qui sont les plus appréciés car ils sont représentatifs de l’idée de

commerce comme « lieu de rencontre ».

Figure n°1 : la Médiathèque et l’Express U du centre-ville

Source: photo MUD oct-nov 2012

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Les services publics (administratifs, enseignement, santé) ont aussi un rôle important

dans la commune. Les administrés sont satisfaits des services de la mairie et du centre

communal d’action sociale (CCAS), notamment son implication pour les personnes âgées.

La police municipale, très visible, semble jouer un rôle dans les bonnes relations entre

les habitants. Par exemple, leur travail au moment de la sortie des écoles semble très apprécié.

Les enseignements dispensés en maternelle, primaire et collège sont réputés mais des

problèmes disciplinaires sont souvent évoqués, ce qui semble être néfaste. Par exemple, un

jeune homme de vingt trois ans nous a dit subir des réflexions lorsqu’il fait son jogging

devant le collège.

Figure n°2 : les commerces de la place de l’Eglise

Source: photo MUD oct-nov 2012

Figure n°3 : Mairie de Blainville-sur-Orne

Source : photo google image

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Une offre de service à nouveau satisfaisante

Notre sondage a révélé que les habitants ont vu une amélioration de l’offre de

commerces et de services dans la commune à hauteur de 58,4 %. Il faut pourtant nuancer ce

constat car nos entretiens ont révélé des divergences de points de vue. La fermeture de petits

commerces comme les cafés, le changement du « Mutant » en « Express U » ont laissé un

goût d’amertume pour de nombreux habitants. En effet, les prix étaient moins élevés, il y

avait un meilleur rapport humain avec les commerçants puisque la taille des magasins était

plus petite. L’offre de commerce semble s’être diversifiée et sa qualité s’être améliorée

(ouverture d’une banque, d’un supermarché) mais elle ne semble pas faire l’unanimité car elle

n’est plus adaptée aux budgets les plus modestes.

De plus, l’accessibilité à ces lieux est différenciée selon le lieu d’habitation. Certaines

parties de la commune, spécialement les logements pavillonnaires au nord, sont désavantagées

car les transports publics y sont moins présents. Au contraire, pour les logements récents du

centre-ville (résidence Colbert, les Brandons…) le temps moyen pour accéder aux commerces

est d’environ cinq minutes à pied. Ceci a des effets sur les modes de consommation des

habitants du nord de la commune, qui utilisent plus fréquemment les commerces et les

services d’Hérouville.

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Figure n°4 : Temps d’accès aux commerces

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Via les entretiens, nous avons pris connaissance de souhaits individuels. Aux yeux des

habitants, ce qui manque le plus ce sont des magasins de vêtements, d’électroménager ainsi

qu’un laboratoire afin d’éviter d’aller systématiquement dans les communes voisines. De

même des lieux de rencontres comme une salle des fêtes, un café, un parc ont été demandés.

Même si divers souhaits ont été exprimés, il n’en demeure pas moins que l’offre existante est

satisfaisante pour la majeure partie de la population, comme l’illustre les 60 % de réponses

positives.

L’offre existante est de plus en plus tournée vers les services à la personne. C’est ce

qu’on appelle l’économie résidentielle. Ce type d’économie est satisfaisant pour les personnes

enquêtées. Un phénomène identique est-il visible pour l’offre associative ?

149

96

Oui Non

0

20

40

60

80

100

120

140

160

Trouvez-vous les commerces et services suffisants à

Blainville-sur-Orne

Figure n°5 : La qualité des commerces et services dans la commune. Panel 245personne

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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De nombreuses associations pour un succès

relatif

Un riche tissu associatif

La commune de Blainville compte 37 associations qui portent sur des thèmes aussi

variés que le sport, la culture, les loisirs ou la solidarité. Cette diversité est illustrée par

l'USMB (Union Sportive Municipale Blainvillaise) qui compte aujourd'hui 16 sections allant

du football, au judo en passant par l'escalade. Récemment, une section hockey sur gazon

vient de rejoindre l’union. Lorsque nous avons demandé aux personnes interrogées si elles

connaissaient des associations, plus de la moitié ont répondu positivement.

Si les associations sont connues des habitants, une faible proportion d’entre eux en

sont membres. Sur l'échantillon des personnes interrogées, seulement 4 personnes sur 10 ont

déclaré en faire partie.

154 98

Connaissez-vous une association à

Blainville?

Oui

Non

Figure n°6 : La connaissance du milieu associatif par les

Blainvillais. Panel de 245 personnes

Source : questionnaire MUD

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Cette absence d'engagement suit une tendance nationale. Les chercheuses Edith

Archambault et Viviane Tchernonog du Centre d’économie de la Sorbonne CES-CNRS, ont

réalisé une publication rassemblant des chiffres issus de sources diverses D’après leur étude

près de 45 % des plus de 18 ans sont membres d’une association. La faible fréquentation ou le

faible engagement dans les associations ne caractérise pas spécifiquement le territoire

communal blainvillais. Cependant, nous avons essayé de comprendre les caractéristiques de

l’engagement associatif.

Un engagement relatif

D’après les entretiens, un clivage s'établit entre les attentes des personnes âgées

et celles des plus jeunes. Lors d’une rencontre avec plusieurs personnes à la retraite, celles-ci

nous ont avoué être relativement déçus par la faible implication des nouveaux arrivants. L'une

d'entre elles nous a même donné un exemple.

Encadré n°1

« Pour une manifestation nous avons envoyé 750 courriers d'invitation aux familles. Nous

n'avons reçu qu'une trentaine de réponses..., c'est décourageant… »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

71

181

Êtes-vous membre de l'une

d'entre elle?

Oui

Non

Figure n°7 : L’engagement des blainvillais dans le

tissu associatif local. Panel de245personnes

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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Encadré n°2

« Si on ne fait partie de rien ici, on perd les gens de vue, mais on a besoin de se connaître, de

voir du monde, c'est plus sympa de voir du monde! Certains de mes anciens collègues ne font

plus rien et ne voient plus personne ».

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Ils se félicitent d'ailleurs de l'engagement très fort pour certaines associations telle

l'ARPA, association des retraités et de personnes âgées. La commune de Blainville dénombre

selon eux plus de 750 personnes de plus de 60 ans. Il ne faudrait pas oublier cette tranche de

population qui a un réel besoin de s'investir. Ils regrettent cependant que les générations plus

jeunes adoptent un comportement de consommation.

Encadré n°3

« Ils profitent des associations mais ne les font pas vivre, ils viennent aux repas mais ne

participent pas aux activités. Beaucoup de gens sont inscrits dans plusieurs associations, et

nulle-part en même temps. Ils ne s'investissent pas vraiment ».

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Encadré n°4

« Le grand nombre d'associations renforcent peut-être l'identité, mais les associations

tournent autour d'un centre d'intérêt, il n'y a pas d'associations autour des gens, des relations

humain .Il n'y a pas d'ouvertures ».

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Pour les jeunes, il existe de nombreuses activités sportives liées aux différents

équipements d’accueil, le local jeune par exemple, qui est réservé au moins de 14 ans. Le fait

qu’il soit réservé à cette tranche d’âge pose un problème à certains habitants qui ont noté que

les plus de 14 ans ne possèdent pas de lieux de rencontres.

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Un soutien communal fort

Dans le but de faciliter l’accès des plus jeunes aux associations, plusieurs partenariats

existent entre les écoles et les associations. C'est le cas par exemple avec la Médiathèque, qui

permet aux enfants de pouvoir emprunter des livres sur le temps scolaire. Les associations

sont soutenues par la Mairie qui leur met à disposition des locaux. Dans les rues de Blainville,

on remarque en outre plusieurs panneaux lumineux d’informations. Les associations qui le

souhaitent peuvent ainsi communiquer sur leurs activités.

Les infrastructures relativement récentes qui ont été créé à l’initiative de la Municipalité

contribuent aussi au bon fonctionnement et à la qualité du milieu associatif.

Encadré n°5

« La Mairie est à l'écoute et essaie d'agir. Ce n'est donc pas un hasard de retrouver beaucoup

d'associations ».

Source : entretiens MUD oct-nov 2012

Figure n°8: le panneau d’information de Blainville-sur-

Orne

Source photo MUD oct-nov 2012

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Le tissu associatif local est riche en dépit d’un engagement relatif des Blainvillais. Ce

dernier est parfois expliqué par l’apport de nouvelles populations qui sont faiblement

impliqué dans la vie associative. Ces nouveaux habitants amènent aussi des changements dans

l’économie locale. Quels sont-ils ?

D’une économie locale industrielle à une

économie résidentielle

Cette citation illustre l'héritage industrialo-portuaire qui subsiste dans les mémoires

des Blainvillais. Celui-ci résulte de deux entreprises emblématiques que sont les Chantiers

navals Caennais et Renault Véhicules Industriels (RVI) devenu Renault Trucks. Néanmoins,

des changements économiques apparaissent : la tertiarisation qui s’accompagne d’une

expansion du marché local.

Encadré n°6

« Avant il y avait une réputation de ville ouvrière, aujourd’hui on le perd petit à petit. je suis fière

D’être Blainvillaise, je n’ai pas honte »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Figure n9: Gymnase de la commune

Source: photo MUD oct-nov 2012

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RVI, chantiers navals : un héritage industrialo-portuaire

Après la seconde guerre mondiale, un grand nombre de navires de commerces

disparaissent. Dès 1917, le gouvernement français souhaite palier cette perte. C'est ainsi que

Blainville-sur-Orne accueille les Chantiers navals Caennais. L'activité de construction de

cargo cesse en 1954.

Peu de temps après, la Société Anonyme de Véhicules Industriels et d'Équipements

Mécaniques (SAVIEM) lance sa production sur l’ancien site des chantiers navals. La

SAVIEM devient Renault Véhicules Industriels (RVI) en 1980. En 2002, RVI prend la

dénomination Renault Trucks. Blainville-sur-Orne a été porté tout au long du vingtième siècle

par ces deux sociétés à tel point qu’il constitue une bonne part de l'image de la commune. Ces

deux entreprises, au delà de l'aspect historique, offrent une manne fiscale importante. Celle-ci

permet de subvenir aux besoins de la population via de nombreux équipements, des services

publics et de financements associatifs. Les Blainvillais sont conscients de ces avantages. Les

nuisances occasionnés par les activités provenant de la zone industrialo-portuaire leur

semblent donc marginales au regard des avantages procurés.

Cette citation met en lumière la particularité de Blainville-sur-Orne. La césure crée par

le canal, isole la zone industrialo-portuaire de la zone de logements et de commerces. Par

conséquent, la perception des pollutions semble minime.

Encadré n°8 :

« Le déchargement de céréales génère des poussières ; le recyclage des ferrailles est

bruyant... Mais je défends le fait que l'on peut trouver des points qui réconcilient l'activité

économique et les citoyens. »

Source : discours de Daniel Françoise, maire de Blainville-sur-Orne, Ouest France,

25/10/2012.

De fait, RVI et les chantiers navals nourrissent une conscience collective. Cependant, selon

les « anciens », celle-ci semble décliner au fur et à mesure que la population se renouvelle.

Encadré n°7

« Carpiquet est plus aisé encore, mais on n’est pas mal. »

« Grace à Renault Trucks, on paye moins d’impôts [...] On a les avantages sans les

inconvénients de la zone industrielle »

Source : entretien MUD 2012

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Encadré n°9 :

« Les grosses entreprises font la fierté de Blainville. »

« Aujourd'hui, les gens sont trop étrangers à la commune, ils ne connaissent pas son

histoire. »

« Il y a de moins en moins d'ouvriers, de plus en plus de techniciens supérieurs, l'identité

ouvrière meurt. »

« Les entreprises sont de l'autre côté du canal, on a l'impression que c'est à Colombelles,

mais ça appartient bien à Blainville. La zone industrielle nous appartient même si elle est

délocalisée. »

Source : entretien oct-nov 2012

Depuis l'arrivée des nouvelles populations, les catégories socioprofessionnelles des

Blainvillais évoluent considérablement. Ainsi, les pratiques, les usages et les besoins de la

population changent. D’où une tertiarisation de l’économie.

Processus de tertiarisation et tissu économique hétérogène :

entreprise d'économie résidentielle et globale

Les demandes des nouveaux arrivants ont engendré une nouvelle offre économique.

Cette expansion démographique récente entraîne un regain de l'économie résidentielle après

une période de fermeture des commerces. À titre d'exemples, les services de santé se sont

développés, un nouveau supermarché Leclerc est également en cours. Le phénomène est

double. D'une part, il touche les entreprises, d'autre part il affecte l’emploi des Blainvillais,

qui appartiennent majoritairement à l'administration publique et au tertiaire privé.

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Encadré n°10 :

« A une époque, RVI embauchait 7500 salarié. Aujourd'hui, RVI n'embauche plus » « Avant,

tout le monde travaillait là bas, dans la zone. » « Les jeunes aujourd'hui de la commune

travaillent plus à l'extérieur. »

« Encore beaucoup de gens travaillent à RVI »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Commentaire :

Le secteur industriel décroit mais conserve toujours une place dans la vie économique de

Blainville.

Malgré la tertiarisation, la commune reste industrielle avec la présence de Renault

Trucks. Ce phénomène est accompagné d’un développement des petites et des moyennes

entreprises telles que : Caen auto négoce, Caennaise des bois, Carrière de la roche Blain,

CEMEX béton, etc. Les secteurs d'activités sont variés, les principaux étant le bois,

l'exportation de céréales, le bâtiment et les travaux publics. Le port de Caen-Ouistreham dans

lequel est intégré le site de Blainville est ainsi le quatrième de France pour l’importation des

bois exotiques provenant notamment du Golfe de Guinée.

Encadré n°11 :

« Le port n'est pas mort, il se développe, mais l'usine RVI se casse la figure.»

« A terme, il y aura surtout des petites entreprises sur le port. »

« La plupart des employés sont des Blainvillais, les patrons sont souvent aussi des

Blainvillais. »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

14 1

50

58

6

Dans quel secteur travaillez-vous ?

Industrie BTP

Agricole

Administration Pub

Tertiaire Privé

Autre

Figure n°10 : Le secteur d’activité dans lequel travaillent les Blainvillais. Panel de 129

personnes.

Source : enquête MUD oct-nov 2012

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Blainville-sur-Orne est partagée entre le secteur tertiaire et le secteur industriel.

Résulte de cette bipolarisation un questionnement sur les choix économiques futurs.

Perspectives économiques Après avoir analysé les caractéristiques des entreprises blainvillaises, une question

subsiste. À quel modèle économique peut être rattaché Blainville-sur-Orne ? Différents

projets sont à l'étude ou prêt à être mis en place. Ceux-ci vont cependant dans des voies

différentes. Si la municipalité et son maire ont récemment accueilli le terminal des conteneurs

et prévoient une extension du port, un centre commercial est également prévu. Pour mieux

comprendre les perspectives qui s’ouvrent pour la commune. Nous allons la comparer avec

Colombelles. Ce choix nous sommes pertinent car celle-ci fut également une ville industrielle

avant sa reconversion.

Vers un développement accru du port

La zone industrialo-portuaire a un rôle important, que ce soit dans la mémoire des

Blainvillais, financièrement ou encore économiquement. D'abord prévu sur le bassin de Calix,

un projet de terminal de conteneurs d'un montant de trois millions d'euros sera lancé en mars

2013. Celui-ci consiste en l'accueil de deux ou trois navettes par semaine. Entre dix mille et

quinze-mille conteneurs par an seront ainsi transportés, soit autant de camions faisant escale à

Blainville-sur-Orne. À terme, les Ports Normands Associés (PNA) qui ont envisagé ce projet

avec la Région, espèrent jusqu'à soixante-dix-mille conteneurs par an. Une douzaine

d'emplois directs ainsi qu'une quarantaine d'emplois indirects seront créés. Cette nouvelle

activité ne devrait pas générer d’encombrement sur les quais selon le maire. Une extension

jusqu'à la limite communale de Bénouville est également à l'étude. Il semble donc que des

idées émergent, allant vers un futur marqué par un développement de cette zone industrialo-

portuaire.

Le port de Blainville est installé sur un bras de terre reliant Caen à la mer. Cette particularité

est à préserver selon le maire. Sur une rive, le développement de l'habitat est une priorité alors

que sur l'autre, le but est de maintenir l'activité économique.

Colombelles et sa reconversion économique : un élément de

comparaison

Au sein de l'agglomération caennaise, plusieurs communes ont les mêmes

caractéristiques économiques que Blainville-sur-Orne. C'est le cas de Colombelles. Son passé

est marqué par une entreprise. Si pour Blainville-sur-Orne il s'agit des constructions navals et

de la SAVIEM, en ce qui concerne Colombelles c'est la Société métallurgique de Normandie

(SMN).

La SMN, lancée en 1917, exploitait le minerais de fer. Elle ferme ses portes en 1993, qui fut

vécue comme un chaos économique et social par la population car le chômage de masse et des

friches industrielles se développèrent sur le territoire communal. La commune a donc du se

reconvertir. Le secteur industriel a laissé la place aux nouvelles technologies avec

l'implantation du campus Effiscience lancé en 2005 ainsi qu'à l'agro-alimentaire avec

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Normandial. Ces nouveaux aménagements ont été réalisés au même endroit que les anciens

locaux de la SMN.

Lors des entretiens, une question quant à l'avenir de Blainville a permis d’exprimer des

souhaits mais aussi des inquiétudes. Un habitant de plus de soixante ans redoute de voir

Renault Trucks fermer ses portes. Si cela arrivait, il ne sait comment Blainville-sur-Orne s'en

relèverait. Pour une autre personne, le secteur industriel n’est plus le secteur créateur

d’emploi.

Encadré n°12 :

« Il faudrait surement chercher dans les technologies nouvelles »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Cependant, si l'histoire des deux communes a des points communs, le souvenir de la

SMN dans les mémoires paraît plus fort à Colombelles. Où il existe une identité construite

autour de la SMN. A l'inverse, parler d'identité à Blainville-sur-Orne est sans doute une

exagération. Il existe une conscience collective lié au passé ouvrier qui reste de mise chez les

plus anciens habitants. Une hypothèse pour comprendre cette différence tient au fait que

l’industrie est toujours présente à Blainville-sur-Orne. Une mémoire collective ne peut donc

se développer dans ces conditions. Il n’est en outre pas possible de développer un marketing

territorial autour de cette idée comme le fait la mairie de Colombelles.

Quoi qu'il en soit, la dynamique de la commune de Blainville est indéniable, le

terminal de conteneurs ainsi que le développement du port le prouvent. Elle est renforcée par

le développement du secteur tertiaire. Ainsi, un centre commercial doit s'implanter dans les

mois qui viennent.

Un projet controversé

Un projet de centre commercial a été mis à l'étude et a obtenu une autorisation à la fin

du mois de juin 2011. Cet établissement, à savoir un centre E.Leclerc, doit s'implanter le long

de la quatre-voies allant de Caen à Ouistreham, dans la zone d’activité « Terre d'avenir ». Le

bâtiment, d'une superficie de 4 380 mètres carrés, sera constitué d’un magasin E.Leclerc et

d'une galerie marchande de 580 mètres carrés. Le projet, implanté sur cinq hectares, prévoit

Figure n°11 : Image du futur centre E.Leclerc.

Source : Ouest France, 16/11/12

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de créer une centaine d'emplois directs. Cependant, celui-ci connaît plusieurs freins juridiques

à son aboutissement. Du côté des habitants les avis divergent quand à l’opportunité d’une telle

réalisation.

Une procédure d'acceptation semée d'embuches

Plusieurs enseignes issues du même secteur d'activité ont posé un recours devant le

Conseil d'Etat au mois d'août 2012. Les requérants sont notamment le Simply Market de

Bénouville, le Super U d'Hérouville-Saint-Clair ou d'autres commerçants de Bénouville. Le

Conseil d'Etat dispose d'un délai de dix-huit mois pour rendre sa décision. Si, selon le maire

de la commune, aucun Blainvillais n'a porté de recours contre le Leclerc, le porteur du projet,

Frédéric Laisney, a reconnu qu'une dizaine de commerçants blainvillais l'avaient initialement

fait avant d’abandonner la procédure.

Auparavant, le projet a connu d'autres difficultés qui ont retardés les travaux. À

l'origine, la zone commerciale devait être complétée par un magasin de sport et par un autre

vendant des produits biologiques. Cependant, ce projet initial a été refusé par la commission

départementale d'aménagement commercial (CDAC) au mois de septembre 2010, Bénouville,

commune limitrophe avec Blainville-sur-Orne, possédant déjà une zone commerciale. Le

projet a donc dû être redéfini pour obtenir l’autorisation.

L'avis des habitants : entre espoir et craintes

De nombreuses personnes ont signalé le projet du E.Leclerc lors du passage des

questionnaires. Nous avons donc voulu connaître le ressenti de la population au travers

d’entretiens.

Encadré n°13 :

« On sait bien qu'il y a une guéguerre entre les communes » « Le Leclerc, c'est pas encore

fait ».

Source : entretiens MUD oct-nov 2012

Les Blainvillais semblent majoritairement enthousiastes quant à l'implantation d'une

telle enseigne. Nombreux sont ceux qui y voient un avantage de proximité qui permettra

d'éviter de prendre la voiture pour se rendre au Carrefour d'Hérouville-Saint-Clair ou au

Simply Market de Bénouville. Les termes « espoir » et « attente » ont souvent été repris par

les habitants interrogés. De plus, un avantage financier significatif apparaît, une grande

surface étant moins cher qu'un épicier.

Encadré n°14 :

« Le Leclerc va permettre d'éviter de prendre la voiture. Et pour les gens qui ont une petite

retraite qui n'ont pas les moyens de se payer deux steaks, c'est important de ne pas avoir

seulement un charcutier car ça coûte cher, chez le charcutier ». « Il faut penser aux petits

budgets »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

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Mais des inconvénients ont été évoqués. Les commerçants blainvillais du centre ainsi

que l’Express U pourraient être affectés par le futur Leclerc. Le porteur du nouveau projet

répond à ce problème en donnant la priorité à ces commerçants pour s'installer dans la galerie

marchande. Selon une personne avec laquelle nous nous sommes entretenus, la municipalité

aurait le projet de construire des logements à proximité du futur centre commercial. Cela suit

l'objectif des dix mille habitants avancé par le maire de la commune. Or, cet afflux de

population fait peur à certains Blainvillais car la proximité entre les gens ainsi que la

conscience collective risque de disparaître progressivement.

Encadré n°15 :

« Le Leclerc, ça va faire mal au Super U, et les petits commerces, ils vont mourir. »

« Le Leclerc, ça va faire venir des gens. » « Le maire, il veut dix mille habitants mais c'est pas

ce qu'on veut. On se connaît tous, on veut que ça reste comme ça. On va se perdre de vue. Il y

a déjà des nouveaux arrivants, on les connaît même pas, ils partent le matin et ils reviennent

le soir. »

Source : entretien MUD oct-nov 2012

Nous pourrions dire que, concernant les perspectives économiques, Blainville-sur-

Orne vise plusieurs axes de développement. D'une part, renforcer son rôle de lien entre Caen

et la Mer par le développement du port. D'autre part, développer l’économie résidentielle pour

capter le pouvoir d’achat des nouveaux habitants. Le projet du Leclerc et sa centaine

d'emplois illustre cette deuxième option.

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Blainville-sur-Orne a connu de grands changements dans sa structure économique.

Des équipements tels que les commerces, les services, les associations, répondent aux besoins

d’une population dont les caractéristiques et les centres d’intérêt ont changé. Répartis en

différents lieux, ils animent la commune d’une façon nouvelle. Ils suscitent également des

déplacements de populations, plus ou moins importants et réguliers. Ces déplacements

concernent : la consommation, les loisirs, les relations sociales, etc.

Ces changements ont-ils eu des conséquences sur les déplacements des Blainvillais ?

Ces derniers sont-ils différents selon les domaines d’activités et les motivations ?

Par sa position dans l’agglomération, Blainville et ses équipements subissent

l’influence des communes proches, notamment celle de Caen. Cette position influence-t-elle

les déplacements des Blainvillais ? Quelles grandes tendances qui se dégagent lorsqu’il s’agit

de les décrire ?

Pour répondre à ces questions il semble important d’observer comme se construisent

les mobilités des Blainvillais.

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La mobilité des habitants de

Blainville-sur-Orne

Dans cette partie, nous allons étudier la mobilité des habitants de Blainville-sur-Orne.

Cette question est primordiale pour une commune atteinte par le « mal français » de la

périurbanisation. Blainville se trouvant dans l'aire urbaine caennaise, on peut supposer que

celle-ci a une influence sur les déplacements pendulaires. La mobilité ne s'arrête pas à la

mobilité extra-communale. L’échelle intra-communale doit également être prise en compte.

Que ce soit pour la mobilité communale ou pour la mobilité à plus petite échelle,

l'usage de l'espace se caractérise par l'utilisation des transports dits « doux », c'est-à-dire les

transports en communs avec les bus verts du département du Calvados, les lignes Twisto de

Caen-La-Mer ou encore la marche à pied et le vélo avec une piste cyclable qui relie Caen à la

mer en passant par Blainville. La mobilité concerne également les transports motorisés

individuels qui sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre et qui se caractérisent par une

individualité chronique dans cette « bulle » de déplacement que constitue l’automobile. À

travers nos observations, nous pouvons nous demander si le transport motorisé n'est pas

privilégié par la population. La bonne desserte routière qui relie Ouistreham au périphérique

Caennais en passant par Blainville-sur-Orne ainsi que la place importante laissée à la voiture

semble renforcer cette idée. Celle-ci a des conséquences importantes sur la mobilité, qu’elle

soit extra-communale ou intra-communale.

Nos propos ont été développés à partir de notre enquête de terrain. Celle-ci est

caractérisée par des questionnaires ainsi que par des entretiens. Dans ces derniers, une carte

mentale a été demandée à certains habitants pour que ces derniers représentent

schématiquement leur mobilité. Nous découperons notre propos en trois parties en lien avec

les trois tranches » d'âge enquêtées. Nous verrons, dans un premier temps, le rapport à la

mobilité des jeunes puis celui des actifs et enfin celui des plus de soixante ans. Tout cela dans

le but de répondre à notre problématique : La mobilité est-elle différente selon ces classes

d’âge?

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Pour les jeunes Blainvillais: des

déplacements contraints

Dans une première partie, nous allons étudier la mobilité des adolescents de quinze à

vingt ans. L'étude que nous allons développer, se réfère à l'analyse des questionnaires

administrés car nous avons été dans l'incapacité d'obtenir des entretiens pour cette tranche

d'âge. Par ailleurs, la quasi-totalité des quinze-vingt ans interrogés est originaire de la

commune ou y réside. Avec ce constat, nous avons émis l'hypothèse que les jeunes de quinze

à vingt ans étaient peu mobiles, surtout en direction du centre-ville de Caen. Pour vérifier

cette hypothèse, nous allons analyser les lieux, les moyens et les causes de ces mobilités.

Des déplacements majoritairement intra-communaux

Hormis pour les lieux de consommation, les jeunes Blainvillais, pour leurs loisirs ainsi

que pour leurs relations sociales, restent au sein de la commune (36 et 33 %) ou bien

fréquentent Caen et son centre-ville (32 et 28 %). Cela renforce l'entre soi des jeunes qui,

comme nous l'avons noté, sont pour la plupart originaires de la commune. En second lieu,

l'attraction vers Caen semble se vérifier, au vue du fort pourcentage de jeunes reconnaissant

aller fréquemment à Caen pour leurs loisirs ou pour voir leurs amis. Cet attrait peut

notamment se justifier par le peu d'activités proposées à Blainville-sur-Orne. Ce vide, ainsi

qu'une forte mobilité intra-communale, peuvent être des éléments pour comprendre les causes

de la délinquance dont nous ont fait part plusieurs habitants.

Encadré n°1

« Depuis, qu'on est jeune, on nomme ce quartier (auprès du collège) Chicago car il y a

beaucoup de délinquance, vols de voitures, feux de poubelles,... »

Cet homme habitant près du collège, perçoit ce quartier, qu'il nomme aussi « cassos land »,

comme un lieu de rassemblement pour les jeunes, qui occasionne des nuisances. C'est par

ailleurs la principale cause de son déménagement. Cela nous renseigne aussi sur la mobilité

intra-communale des jeunes qui semble se concentrer autour du centre-bourg, plus

précisément du collège.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Pour la consommation, c'est Hérouville-Saint-Clair, avec son centre commercial qui

vient en tête des réponses (36 %), suivi par la commune de résidence (30 %). Il y a donc une

logique de proximité pour la consommation, ce qui corrobore le fait que les jeunes sont peu

mobiles. Par ailleurs, l'hypothèse que Blainville-sur-Orne est plus fréquentée pour la

consommation qu'Hérouville-Saint-Clair n'est pas absurde, malgré ce résultat. On peut penser

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que les jeunes interrogés ont répondu pour leurs parents qui, en majorité, réalisent leurs

courses au centre commercial Carrefour comme nous le verrons dans les parties suivantes.

Cette hypothèse, qui aurait pu se vérifier avec quelques entretiens supplémentaires,

renforcerait l’idée d’une forte mobilité intra-communale.

Pour appréhender, la mobilité de cette tranche d'âge, une donnée (omise dans nos

questionnaires) est importante : le lieu de scolarisation. La mobilité des jeunes, tout comme

celle des actifs, est fortement liés à leurs déplacements pendulaires. Ainsi, ils vont tous les

jours de la semaine au collège ou au lycée, ce qui représente une grande part, voire la totalité

de leurs déplacements quotidiens. Pour les collégiens, les déplacements sont courts étant

donné que l'établissement se trouve dans la commune. Ainsi, jusqu'au lycée, la quasi-totalité

des déplacements est intra-communale, du moins durant la semaine. Pour les lycéens, qui

représentent la majeure partie des interrogés, le lycée de secteur est Dumont-d'Urville à Caen

mais beaucoup vont à Salvador-Allende à Hérouville-Saint-Clair. La mobilité quotidienne est

alors augmentée et dans ce cas elle devient extra-communale.

Une utilisation des modes de déplacements doux

La grande majorité des jeunes utilisent les transports en commun (44 %), notamment

pour se rendre au lycée. Cette tranche d'âge est celle qui utilise le plus les transports en

commun. Pour les collégiens, la marche à pied est quotidienne pour l'accès à l'établissement.

Elle représente 22 % des modes de déplacements, faisant de cette tranche d'âge une des plus

mobiles à pied, ce qui conforte la forte tendance à la mobilité intra-communale. Au sein de la

commune, elle est à dominante pédestre car ces jeunes, ayant au maximum vingt ans, sont peu

à posséder le permis de conduire. Ils utilisent la voiture pour 25 % de leurs déplacements,

pourcentage que l'on pourrait sans doute réduire étant donnée l'ambiguïté du questionnaire à

ce sujet. Dans les réponses peuvent être intégrés les déplacements effectués en voiture avec

les parents. Le rapport à la voiture est alors éphémère et aléatoire.

À noter aussi que seuls 7 % des jeunes déclarent utiliser le vélo qui semble pourtant

adapté aux déplacements intra-communaux, d’autant que les infrastructures permettant la

pratique cyclable sont présentes dans la commune et permettent même de relier Ouistreham.

Cependant, comme nous l'avons montré plus haut, les jeunes ne se rendent que très rarement à

Ouistreham, préférant le centre-ville caennais pour leurs activités extra-scolaires, ce qui peut

être un facteur d'explication de la faible utilisation du vélo.

Une mobilité tributaire de nombreux facteurs

Après avoir étudié les lieux et les modes de déplacements des jeunes, il faut tenter d'en

synthétiser les causes pour en dégager une logique.

Les déplacements pour cette tranche d'âge sont le plus souvent subis ou tributaires de facteurs,

réduisant la liberté de mouvement. Ce constat est bien entendu valable pour la mobilité extra-

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communale mais il affecte peu les déplacements au sein de la commune. Comme nous l'avons

vu plus haut, l'utilisation de la voiture est, dans la plupart des cas, tributaire des parents ou des

proches, ce qui restreint la mobilité autonome. Les jeunes trouvent une échappatoire dans les

transports en commun qui leur permettent de se rendre en ville. Cependant, quelques

contraintes subsistent. Tout d'abord, le nombre de bus passant quotidiennement semble

insuffisant aux dires des habitants, ce qui amoindrit la mobilité des jeunes. La durée minimale

d'un trajet entre Blainville-sur-Orne (Mairie) et Caen (arrêt Saint-Pierre) est en effet de trente-

sept minutes en prenant la correspondance du tram à Hérouville-Saint-Clair. On peut rajouter

quinze minutes si l'on prend le bus sans correspondance. Pour le même trajet, l'automobiliste

met quasiment deux fois moins de temps (vingt minutes maximum). Cet exemple montre que

les jeunes sont aussi défavorisés en ce qui concerne la durée des déplacements, notamment

pour leur destination extra-communale favorite, le centre-ville de Caen.

Encadré n°2

« Les bus sont trop long. La ligne 5 fait beaucoup trop d'arrêts jusqu'à Caen...j'utilise la

voiture jusqu'à Hérouville-Saint-Clair pour ensuite prendre le tram, c'est plus rapide ».

Cette habitante dénonce la faible fréquence des transports en commun à Blainville-sur-Orne.

Elle concède toutefois une amélioration depuis la mise en place d'une ligne express, qui reste

moins rapide que la voiture. Le « périple » des jeunes ne possédant pas de voitures est donc

bien long pour se rendre dans Caen.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Ces difficultés jouent sans doute sur la perception de la distance entre Blainville et

Caen par cette tranche d'âge. Ce « pseudo-éloignement » renforce encore la mobilité intra-

communale. Néanmoins cela ne réduit pas l’aspiration à la mobilité de ces jeunes.

Les jeunes Blainvillais subissent une mobilité contrainte, ce qui réduit les distances et les

fréquences de leurs déplacements. Faisant de ces jeunes des « captifs » du périurbain (pour

reprendre les termes de Lionel Rougé, enseignant-chercheur à l'université de Caen), ces

contraintes ont aussi pour conséquence de faire des jeunes une des tranches d'âge les plus

hétérogènes du point de vue des modes de déplacements. En effet, la voiture ne prime pas et

tous les moyens sont bons pour se rendre à destination. Cette situation semble donc contraire

à celle des actifs qui favorisent les déplacements en voiture. Nous allons tenter de le vérifier

dans une deuxième partie.

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Figure n°1 : Carte de fréquentation pour les « 15-30 »ans

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Les actifs privilégient les déplacements

individuels

Dans cette deuxième partie nous allons étudier les rapports à la mobilité des actifs.

Pour la plupart, l'installation à Blainville-sur-Orne s'est réalisée en fonction de la situation

géographique. En effet, que ce soit pour aller travailler, faire ses courses ou se divertir, le lieu

en question ne se trouve pas à Blainville mais dans une commune à proximité, bien desservie

par les axes routiers.

Nous développerons nos propos en trois points. Tout d'abord nous verrons que la place

de la voiture est vitale pour cette tranche d'âge, puis nous analyserons les différents lieux

fréquentés et enfin, dans une troisième partie, nous analyserons la mobilité intra-communale

de cette population.

Un véhicule individuel indispensable

La voiture est le mode de déplacement privilégié pour la majorité des habitants de

Blainville-sur-Orne toutes tranches d'âge confondues. La grande majorité des foyers possède

deux voitures et rares sont ceux n'ayant aucun véhicule motorisé. 101 des personnes

interrogées possèdent deux véhicules, tandis que seulement 23 personnes n'en n’ont pas. Mais

la relation avec la voiture est encore plus marquée chez les actifs. En plus d'être utilisée pour

les différents déplacements extra-communaux, elle l'est aussi pour les déplacements de

proximité (56 % du total des déplacements, 48 % pour les personnes âgées, 45 % pour les

jeunes). À contrario les déplacements « doux » sont beaucoup moins utilisés par les actifs. Par

exemple, le déplacement à pied est utilisé par 39 % des jeunes et par 44 % des « seniors »

alors que chez les actifs ce déplacement n'a été cité qu'à 30 %.

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Encadré n°3

« Aujourd'hui la police municipale utilise même la voiture pour faire cent mètres, pour aller

jusqu'à la sortie de l'école, alors qu'avant ils se déplaçaient à pied. De toute façon,

maintenant, tout se fait en voiture. »

Cette phrase peut illustrer le changement de représentation de cette mobilité individuelle,

tout est dit dans cette citation. Aujourd'hui, il semble que les mentalités tendent vers le tout

automobile surtout dans ces communes péri-urbaines où l’utilisation de la voiture est une

nécessité.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Encadré n°4

« Pour aller à Hérouville tu mets quatre minutes en voiture alors que tu mets presque vingt

minutes en bus. Pareil pour aller dans le centre de Caen, tu mets pratiquement trente

minutes de plus en bus qu'en voiture. En plus y'en a pas tout le temps, des bus, et c'est pas

donné. »

Les habitants possédant une voiture sont amenés à l'utiliser pour chaque déplacement.

Selon eux, les transports en communs sont encore trop peu développés dans leur commune

de résidence.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Les entretiens réalisés avec des actifs sont sans équivoque. Pour tous, la place de la

voiture est très importante. Elle s'avère même indispensable du fait, comme nous le verrons

par la suite, de réseaux de transports insuffisants et de commerces et de services trop peu

nombreux, même si en amélioration. Sur ce point, la commune de Blainville est tout de même

bien mieux lotie qu'une commune comme Bénouville qui s'apparente bien plus à une

commune « dortoir ». Mais le « rêve français » de la maison individuelle, surtout pour une

commune comme Blainville se situant entre la mer et la ville, accompagné par une

« métropolisation » qui s'accentue, donne à la voiture une place de plus en plus importante du

fait de la distance entre les lieux résidences et les lieux de fréquentations. La voiture semble

de plus indispensable pour ces actifs qui cherchent toujours plus de rapidité et trouvent dans

ces communes périurbaines une facilité d’accès. Pour se rendre au travail, les habitants n'ont

pratiquement pas d’autres choix que la voiture. En effet, 135 sondés prennent leur voiture

quotidiennement. Pour les commerces ainsi que pour les loisirs, la voiture arrive également en

tête.

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Une multiplicité de lieux fréquentés

La voiture semble donc indispensable aux actifs. La mobilité automobile s'explique

par la multiplicité des lieux fréquentés, que ce soit pour le travail, les lieux de consommation,

les lieux de divertissement ou encore le lieu des relations sociales. Seuls les habitants

travaillant dans la commune (41 personnes) ont la possibilité de se déplacer uniquement dans

Blainville. La plupart des personnes interrogées travaillent toutefois dans l'agglomération

caennaise et plus particulièrement dans sa première couronne (cent soixante-six personnes).

Mais les déplacements extra-communaux ne se limitent aux seuls mouvements

domicile-travail. On trouve dans nos questionnaires une multiplicité de lieux fréquentés pour

la récréation ou la consommation. On remarque que les lieux de consommation sont

étroitement liés aux lieux de travail en notant tout de même les actifs citent Blainville comme

un lieu de consommation pour plus de la moitié d’entre eux. Ceci s'explique par les

commerces de proximité présents dans la commune. En effet, « on trouve de tout à

Blainville-sur-Orne » comme disent la plupart des habitants. Cependant, malgré ces

commerces de proximité, la quasi-totalité des personnes interrogées trouve l’offre trop

réduite, ce qui les amène à fréquenter des lieux différents. On note que les déplacements sont

de plus en plus éloignés. Pour les actifs entre quarante et soixante ans les lieux de

consommation se résument à Hérouville-Saint-Clair, qui arrive à égalité avec Blainville. En

revanche pour les actifs entre vingt et quarante ans, Hérouville-Saint-Clair, se trouve en

dernière position des communes citées. Après Blainville, on trouve plutôt l’ensemble de la

périphérie Caennaise, Ouistreham et d’autres lieux plus éloignés. Ces lieux, alors qu'ils

n'étaient presque pas évoqués par les quarante-soixante ans, montrent que les déplacements se

diversifient. Quant aux loisirs, ces actifs citent leur commune de résidence mais aussi d’autres

communes de l'agglomération.

Pour se rendre compte de la multiplicité des lieux fréquentés, la question de la

mobilité en lien avec les relations amicales et familiales est significative. En effet, pour ces

actifs, Blainville n'arrive pas en tête des réponses. « Autour de Caen » et « Caen » sont les

deux réponses les plus fréquemment faites. Blainville, comme on nous l'a dit lors des

entretiens, est surtout « pratique » pour aller au travail, à la mer ou faire ses courses. En plus

de nos questionnaires et en complément des entretiens, nous avons également réalisé des

cartes mentales qui sont très représentatives pour les actifs,

Il faut noter que Caen est rarement représentée, plutôt sa périphérie. Comme l'explique

un habitant, cela est peut-être dû au fait que les places de stationnement y sont trop onéreuses

et que le bus est trop long pour arriver à destination. La mobilité de ces personnes s'apparente

donc à une mobilité d’agglomération caennaise avec une faible fréquentation de la ville

centre. Ils sont donc amenés à se déplacer en périphérie, là où le véhicule individuel est le seul

moyen adapté.

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Encadré n°5

« Les gens des beaux quartiers ont les a jamais vu, juste en voiture quand ils rentrent du

boulot. Et les « cas-sociaux » non plus, il y a trop de délinquant dans cette ville »

Il semble, à travers ces propos, que les clivages entre les différents quartiers existent. Les

habitants semblent seulement liés à leurs quartiers sans jamais fréquenter les autres. La mixité

sociale semble insatisfaisante dans cette commune. Cela signifierait que les habitants ont

peu de contacts entre eux.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Une mobilité intra-communale quasi-inexistante

Dans cette troisième sous-partie, nous allons parler de la mobilité intra-communale des

actifs de la commune de Blainville-sur-Orne. Est questionnée ici la participation des habitants

à la vie communale et la mobilité entre les différents quartiers. Nous avons traité cette

question au travers d’entretiens et en analysant les questionnaires qui montrent que cette

mobilité est faible.

Prendre sa voiture pour aller au travail, aller au centre commercial faire ses courses,

acheter le pain en voiture parce qu'on l'a oublié, enfin rentrer chez soi résume la vie de ces

actifs péri-urbains qui ont une forte mobilité automobile mais une mobilité de proximité

quasi-inexistante. Pour développer cette mobilité la municipalité à un rôle important à jouer

notamment dans la création d’événements.

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Encadré n°6

« Avant les gens pouvaient se retrouver il y avait plein de fête organisées. Maintenant il

n'y a plus rien. Il y a plus de sous ils disent. Ils utilisent juste ces sous pour faire des

nouveaux bâtiments. Il n'y a même pas de marché. S'il y avait ça les gens se

rencontreraient mais il n'y a rien dans cette commune sans vie. […] Même quand je veux

voir quelqu'un, je suis obligé de le recevoir, il n'y pas d'endroit pour se rencontrer ici. […]

Je crois que le seul lieu de rencontre ici c'est soit le U de Blainville ou le centre

commercial d'Hérouville. »

Ces paroles sont très révélatrices. La commune financerait des projets pour attirer de

nouveaux habitants sans réelle volonté de créer une vie communale. Il n'y a même aucun

espace public ou lieu de rencontre dans la commune. Comme si tout était conçu pour que

l'individu mène une vie paisible et loin des autres. Les habitants ont le sentiment de

seulement se croiser et les lieux de sociabilités se résument au supermarché.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Les actifs de Blainville-sur-Orne sont représentatifs d’une commune-dortoir. C’est

exclusivement leur mobilité extra-communale qui crée leurs sociabilités. Dans Blainville, ces

habitants ont le sentiment de se croiser mais ils ne regrettent pas cette vie car ils cherchent la

tranquillité. Pour beaucoup d’entre eux, ils éprouvent une certaine « angoisse » à vivre « en

ville », comme il a souvent été dit. La maison ou l'appartement, au calme mais proche de la

ville, entraîne une forte mobilité spatiale rarement accompagnée d'une mobilité de proximité.

Pour inverser cette logique, dynamiser la vie communale ou repenser le service des transports

en commun semble indispensable. Les jeunes actifs ayant une plus forte mobilité extérieure

que les actifs » les plus âgés, ce qui induirait que ce phénomène s'accentue. C'est ce que nous

allons voir dans une troisième partie avec la mobilité des plus de soixante ans.

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Figure n°2 : Carte de fréquentation des actifs

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Figure n°3 : Carte mentale d’un actif, 35 ans, chauffeur routier

L’utilisation de la voiture lui fait dire que la plupart des lieux fréquentés sont plus ou moins

équidistants : Hérouville-Saint-Clair, Caen Sud et Ouistreham. Il trouve également que Caen

est aussi loin que ce qu’il appelle la « campagne », en rapport avec le temps qu’il met pour y

accéder, il les fréquente peu.

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Des déplacements raisonnés

Troisième tranche de notre étude ; les soixante ans et plus dont les pratiques ont

permis d’entrevoir différemment la question de la mobilité. Les déplacements de cette

catégorie de population ne sont pas aussi fréquents que chez les actifs et ils sont plus

économes. De même, leur perception de « la grande ville » est différente.

Une commune de résidence attractive mais fragmentée

Au vu des trois domaines dans lesquels nous enquêtons (consommation, loisirs,

relations sociales), une tendance se dégage. Les seniors sont ceux qui restent le plus -dans leur

commune de résidence, constat illustré par les propos tenus d’une sexagénaire qui souhaite

être à proximité des commerces. Son objectif, est d’utiliser le moins possible la voiture au fil

du temps. Cette personne a ébauché une comparaison avec Biéville–Beuville, où les

commerces de proximités sont quasi inexistants, ce qui oblige à utiliser la voiture.

Le ressentit des habitants de plus de soixante ans est celui de résider au sein d’un

village. Nombreuses sont ces personnes qui ont cité des activités rendant la commune

attractive, contrairement à la perception que se font les jeunes ou les actifs. L’offre de services

permet de profiter des avantages de la commune, un atout que les seniors ne veulent pas

perdre. Cette génération, majoritairement ouvrière dans son origine, permet de maintenir la

diversité sociologique de la commune ainsi que l’activité des commerces de proximité.

L’arrivée d’un centre commercial pourrait ainsi créer des difficultés aux personnes âgées qui

ont des habitudes avec les petits commerçants.

Cette diversité n’implique pas la cohésion sociale des différents quartiers de

Blainville. Le vivre-ensemble communal reste fragmentaire, hormis dans les moments festifs

(fanfares, association). Ainsi, la rencontre entre des milieux sociaux différents est fortement

réduite, voire inexistante.

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Encadré n°7

« A mon arrivée je voulais vivre avec le reste du village mais … je fréquente uniquement mon

quartier ». Une habitante de Blainville de 65 ans

Il est intéressant de voir comment cette habitante perçoit sa commune, elle la qualifie de

village, elle souhaiterait qu’elle fonctionne comme tel. Cependant, dans les faits, c’est une

commune périurbaine qui ne lui apporte pas ce qu’elle désirait, de la convivialité.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Une desserte critiquée

La quantité de l’offre n’est pas un critère primordial pour les personnes âgées, qui

privilégie la relation humaine et la qualité de la desserte. Leurs déplacements intra-

communaux se restreignent généralement à la marche à pied, vingt-huit personnes ayant cité

ce mode. Pour des trajets plus long, les transports individuels ou en commun sont nécessaires.

Quelle est la qualité de la desserte pour se rendre d’une commune périurbaine à « la grande

ville » pour reprendre les termes d’une sexagénaire évoquant Caen ?

Concernant le transport individuel, cette dame a longuement évoqué le sujet en

comparant Blainville-sur-Orne et Louvigny, communes qui se situent à la même distance du

centre-ville de Caen. Aller de Blainville sur Orne à Caen parait être un périple parce qu’il faut

passer par Hérouville-Saint-Clair. En revanche le trajet Louvigny-Caen parait beaucoup plus

court car il est direct. Nous mesurons ici, l’importance de la distance-temps. Par ailleurs un

grand nombre des plus de 60 ans renonce à se rendre à Caen car la « 4 voies » leur parait

dangereuse. Cet argument est encore plus vrai pour les plus de soixante-quinze ans, pour qui

ce trajet devient un handicap.

Les transports en commun sont utilisés par plus de la moitié des personnes interrogées,

en dépit de durées de trajets jugées excessives. En effet les retraités sont les personnes qui se

soucient le moins du temps car ils n’ont aucune obligation professionnelle. Quant aux plus de

soixante-quinze ans, ils limitent leurs déplacements à l’intérieur de la commune pour des

raisons de santé.

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Encadré n°8

« Quand on vient au centre commercial, on sait quand on arrive et on ne sait pas quand on

repart … Les gens qu’on connait à Blainville-sur-Orne, on les retrouve à Hérouville-Saint-

Clair ».

Pour ces Blainvillais, les lieux de consommation se confondent avec les lieux de

socialisation. Hérouville-Saint-Clair et son pôle commercial leur semblent donc plus

attrayants, car ils y lient l’utile à l’agréable.

Source: enquête MUD oct-nov 2012

Un couplage entre les lieux de consommation et de

socialisation

Blainville-sur-Orne est le premier choix dans toutes les catégories en termes de lieux préférés,

aussi bien pour le loisir, la consommation que les relations humaines. Ensuite, vient

Hérouville-Saint-Clair, citée par dix-huit personnes comme un lieu privilégié. Les personnes

se retrouvent dans le centre commercial d’Hérouville-Saint-Clair, comme si elles n’avaient

pas quitté Blainville, mais elles n’étendent pas leur cercle de relation. Retrouvailles et

convivialité sont les maitres mots de ces lieux.

Pour les loisirs, la mer joue un rôle important. Bateau, pêche, promenade avec les

petits-enfants sont les loisirs privilégiés des seniors. Ouistreham est classé en premier des

villes pouvant accueillir ce type d’activités récréatives (11 réponses).

A contrario les déplacements vers Caen sont très peu représentés. Les entretiens ont

indiqué pourquoi Caen devient un lieu répulsif. Manque de stationnements, déplacement au

ralenti, densité trop importante… Tous ces critères jouent en faveur de la commune de

résidence. Les cartes mentales effectuées par les individus avec lesquels nous nous sommes

entretenus, montrent ce phénomène. Nombreux sont ceux à positionner Caen, comme une

ville éloignée de Blainville-sur-Orne alors qu’il ne faut qu’un quart d’heure pour se rendre

dans le centre-ville en transport motorisé. S’y rendre devient un « périple », pour reprendre les

propos d’une dame. Hérouville-Saint-Clair est au contraire perçue comme proche et

accessible. Cela s’explique par le fait que les Blainvillais se rendent régulièrement à

Hérouville-Saint-Clair, en revanche ils vont rarement à Caen. Ces cartes mentales montrent

que la perception de la distance change selon la tranche d’âge. Les jeunes ou les actifs ayant

un rapport à l’automobile différent de celui des plus de soixante ans, perçoivent les distances

autrement.

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Figure n°4 : Carte de fréquentation des seniors

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Figure n°5 : Carte mentale d’un retraité

Ce retraité fréquente Blainville pour faire ses courses et s’éloigne progressivement vers Caen

pour ses loisirs. C’est une destination qui lui semble lointaine du fait des différentes étapes

qu’il doit réaliser pour l’atteindre et des différents modes de transports utilisés (relais

voiture/tram).

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Figure n°6 : Carte mentale d’un retraité

Blainville a été placée au centre des destinations situées de façon équidistante, il ne se déplace

qu’en voiture. Caen est la commune qui a été inscrite en dernier lieu sur la carte, elle est la

moins fréquentée, uniquement pour les loisirs occasionnels.

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Conclusion

Pour aborder la question de la mobilité à Blainville-sur-Orne, il ne faut pas perdre de

vue le contexte géographique. Le fait que cette commune soit périurbaine est une donnée

importante pour comprendre les logiques de mobilité de ses habitants. Nous avons choisi

d'aborder la mobilité par le critère de l'âge mais d'autres voies, comme la taille des ménages

(revenues, niveau de formation) auraient été aussi intéressantes, notamment pour observer les

déplacements de chalandise.

Les jeunes ont un rythme de vie quasi-similaire à celui des actifs, recourant à des

déplacements pendulaires pour se rendre au lycée, lésa la manière d’actifs qui se rendent au

travail. La différence entre ces deux tranches d'âge réside dans le fait que la mobilité des

jeunes est plus contrainte tandis que les actifs, par la sur-utilisation de l'automobile,

connaissent une liberté de déplacements plus grande, notamment le week-end. Seuls les plus

de soixante ans (retraités) peuvent avoir une mobilité entièrement libre, désirées puisqu’ils

n’ont plus d'obligations professionnelles. Néanmoins, ces derniers sont peu mobiles par

rapport aux actifs, ayant un maximum de déplacements de proximité, d'où l’importance de

l’offre de service à Blainville, cette commune permettant selon leurs dires, de vivre en

autarcie.

Différentes logiques peuvent par ailleurs être identifiées au sein même des tranches

d'âges. On peut discerner chez les jeunes, une mobilité différente selon qu’ils détiennent ou

non le permis de conduire. Chez les actifs, la mobilité entre les chômeurs et ceux qui occupent

un emploi est sensiblement différente. Enfin, pour les personnes âgées, on observe une

mobilité plus restreinte au delà de soixante-dix ans.

Pour l'ensemble de ces catégories d'âge, nous constatons une rationalisation des

mobilités. On peut parler de « pérégrination », typique dans les communes du périurbain, où

se dessinent des parcours en boucle dans une optique de gain de temps et d'efficacité.

Une question se pose : dans un contexte de développement durable de plus en plus

réglementé, corroboré à la raréfaction du pétrole et à la hausse de son prix, la rationalisation

des mobilités périurbaines mettra-t-elle en danger la vie sociale de ces communes ?

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Schémas synthétiques des déplacements par tranches d’âge

Figure n°7 : Schéma de déplacements des jeunes

Figure n°8 : Schéma de déplacements des actifs

Lycée

Collège

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Figure n°9 : Schéma de déplacements des seniors

Figure n°10 : Légende

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Comme vu précédemment, Blainville-Sur-Orne est une commune avec une

localisation attractive : à la fois proche du littoral et proche de la ville avec Caen et

Hérouville-Saint-Clair qui sont des bassins d’emplois. Ainsi, Blainville doit réagir sur le

domaine du logement pour répondre à toutes les attentes qui se sont multipliées et qui ont

varié.

Ces attentes qui se sont multipliées vont entrainer une augmentation du nombre de

logements. Blainville doit relever le défi d’augmenter fortement son nombre de logements

tout en restant attractive dans son offre immobilière et conformément à sa population, aussi

bien en termes de type de logements qu’en termes de prix. Quelle est la morphologie de la

commune ? Les attentes résident-elles dans une évolution du nombre de maisons ou

d’appartements ?

Puis, Blainville doit aussi faire évoluer son parc de logements par rapport à sa

demande variée ? Face à cette mixité sociale prononcée, Blainville a-t-elle su se développer

avec une offre locative sociale importante ? La part de logements sociaux est-elle supérieure

aux communes voisines ?

Enfin, il est nécessaire pour faire une étude complète du logement de la commune de

traiter de l’attachement au logement par les habitants. Les aspirations des Blainvillais quant à

leur logement sont-elles conformes aux démarches engagées par le pouvoir local ?

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Le Logement à Blainville-sur-Orne.

Blainville-sur-Orne est une commune périurbaine équidistante de la ville de Caen et

du littoral, ce qui la rend attractive en termes de logement. Cette position contribue à

expliquer pourquoi la commune a multiplié par trois son nombre de logements entre 1968 et

2009. Il convient alors de se poser la question suivante : en quoi l’offre de logements répond-

elle aux attentes des Blainvillais ?

Dans une première partie nous étudierons les caractéristiques des logements, puis nous nous

intéressons à l’offre pour clore sur son image.

Les caractéristiques du logement

Traits généraux

Le parc de Blainville-sur-Orne est composé de plus de 2 400 logements. L’offre

immobilière est très variée : on y trouve des appartements, des maisons mitoyennes ou des

grandes maisons sans vis-à-vis. La commune comporte beaucoup de logements collectifs

relativement grands ainsi que de nombreuses zones pavillonnaires.

Sur l’ensemble des questionnaires passés au cours de l’enquête, la date de construction

des logements est en moyenne de 1988 ce qui souligne l’ancienneté d’emménagement des

Blainvillais.

19 29

59

118

Moins de 2ans

2 à 4 ans 5 à 9 ans Plus de 10ans

0

20

40

60

80

100

120

140

Depuis quand Habitez - vous à

Blanville?

Figure n°1 : Ancienneté d’emménagement.

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Un quart des logements a une surface supérieure à cents mètres carré tandis que 5%

sont inférieurs à quarante mètres carré (INSEE, 2012). Les maisons comme les appartements

possèdent donc une grande surface habitable avec une moyenne de 4,4 pièces (moyenne sur

les deux-cent-vingt-cinq personnes interrogées).

Par ailleurs la grande envergure des surfaces se traduit par une plus grande part de maisons

que d’appartements.

L’importance des surfaces se traduit par une plus grande proportion de maisons que

d’appartements.

Par ailleurs, nous constatons une forte évolution du confort des habitations, passant de

salles de bain communes à des salles de bain individuelles. En ce qui concerne le chauffage,

les résultats suivent la tendance de la modernisation avec une grande majorité de logements

équipés d’un chauffage central individuel électrique.

Encadré n°1 :

« Les appartements sont le plus souvent des F3 récents de 70m2 minimum et on va jusqu’à

150m2 habitable dans une maison pavillonnaires avec un peu de terrain. »

Agent immobilier de Biéville-Beuville, spécialisé sur la zone.

68

157

Quel est votre logement actuel?

Appartement

Maison

Encadré n°2 :

« Dans les années cinquante, on utilisait des pompes à eau et on avait les toilettes au milieu de

la cour. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°2 : La part des maisons et appartements. Sur

225 personnes interrogées : enquête MUD.

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Enfin, contrairement à la tendance nationale, la part des propriétaires est peu élevée

dans la commune ce qui peut être expliqué par la forte implantation de logements sociaux.

Ainsi, 55% des personnes présentes dans l’échantillon testé sont des locataires.

Caractéristiques des ménages résidant à Blainville

Lors d’un entretien avec un agent immobilier de Biéville-Beuville spécialisé sur la

commune de Blainville-sur-Orne, nous avons pu dresser le profil du résident blainvillais.

Deux grandes catégories de personnes viennent habiter Blainville-sur-Orne : les primo-

accédants à la propriété ou des personnes désireuses de quitter la ville qui possèdent un

apport personnel. Ces derniers s’orientent vers des maisons de grande taille, tandis que les

premiers cherchent une petite maison mitoyenne ou un appartement d’environ soixante-dix

mètres carré. La proximité avec Caen et la côte est l’une des motivations poussant les

personnes à venir habiter à Blainville-sur-Orne. La majorité des personnes interrogées ont

déclaré avoir choisi cette commune sans avoir été contraintes dans leur décision. Pour les

propriétaires, l’achat représente un sacrifice financier mais ils ont la satisfaction de posséder

35

85

102

8

3

Chauffage central collectif

Chauffage central indiv

Chauffage indiv tout électrique

Nouvelle technologie

Autres

0 20 40 60 80 100 120

Type de chauffage

125

100

Locataire Propriétaire

0

20

40

60

80

100

120

140

Figure n°4 : Part locataires-propriétaires

sur un échantillon de 225 personnes.

Part propriétaires-locataires

Figure n°3 : Type de chauffage.

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un bien immobilier. Les locataires, quant à eux, estiment en majorité que le montant de leur

loyer est justifié compte tenu de la situation de la commune et de la surface habitable dont ils

disposent.

On notera d’ailleurs que la plupart des enquêtés ne souhaitent pas changer de

logement, ce qui dénote en partie un certain attachement pour leur habitat.

Sur les 225 personnes interrogées, seulement 27,5 % souhaite changer de logement.

On peut alors conclure que l’offre de logement blainvillaise répond aux attentes de la plupart

des habitants.

Les prix de l’immobilier

Selon l’agent immobilier le logement est généralement de grande taille (en moyenne

quatre-vingts mètre carré). Le prix du mètre carré est d’environ deux-mille euros pour un

appartement et deux-mille-quatre-cents euros pour une maison. En comparaison avec Caen,

pour un appartement en centre ville, il faut compter deux-mille-cinq-cents euros au mètre

carré.

Encadré n°4 :

« Un immeuble regroupera 40 logements locatifs sociaux tandis que les 135 autres seront

proposés à un prix de 2422€ maximum pour que les acheteurs soient éligibles aux aides de

Caen-la-mer pour les premières acquisitions précise Daniel Françoise, maire de la commune »

Source : Ouest France, 25 octobre 2012.

12

151

62

Ne sait pas Non Oui

0

50

100

150

200

Souhaitez - vous changer de type de

logement?

Encadré n°3 :

« Je suis justement venu à Blainville parce que les prix étaient intéressants sans être trop loin de

Caen. »

« Ce n’est pas du tout un sacrifice pour moi, j’ai toujours rêvé d’avoir ma propre maison et mon

petit bout de jardin. Je ne paie que six-cents euros par mois sur vingt ans. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°5 : Projet de déménagement sur un échantillon

de 225 personnes.

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Quelques exemples de biens en vente :

Figure n°6 : Appartement rez-de-chaussée

de 44m2 proposé à 133 000€.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°7 : Maison mitoyenne de 115m2

proposé à 198 000€.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

Figure n °8 : Maison de 115m2 avec terrain

de 432m2 proposé à 262 000€.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

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L’offre de logements

Le logement social

La typologie de l’habitat est différente de celle de Caen-La-Mer. Blainville-sur-Orne

est une commune périurbaine particulière, du fait de son offre de logements sociaux, apparue

dès 1920 pour répondre aux besoins des chantiers navals. Aujourd’hui, selon le Comité

communal d’action sociale (C.C.A.S.), il existe 892 logements sociaux soit 37 % du parc

total. Ainsi, la commune de Blainville-sur-Orne est-elle en conformité avec la loi Solidarité et

Renouvellement Urbain du 13 décembre 2000 qui prévoit un minimum de 20 % de logements

sociaux. Conformément au Plan Local de l’Habitat (PLH) de Caen-La-Mer qui privilégie la

densification face à l’étalement urbain, il est prévu la création de plus de cent-cinquante

logements sociaux.

Lors d’un entretien, une habitante a déclaré que la construction de nouveaux

logements sociaux atténuait les différences visuelles entre les différents statuts (parc privé et

logement social).

Ces opérations s’organisent avec différents bailleurs sociaux tels Logipays, Calvados-Habitat

et surtout La Plaine Normande. Ce dernier a réalisé la réhabilitation du quartier Colbert pour

diminuer la consommation énergétique et améliorer le confort en mettant du double vitrage

sur l’ensemble des fenêtres. Lors d’un entretien effectué dans un bâtiment rénové nous avons

pu constater que les améliorations consenties par la Plaine Normande n’étaient pas à la

hauteur des attentes. Par exemple, l’occupante interrogée s’est plainte de la qualité des

travaux. Dorénavant, les occupants de l’immeuble guettent la physionomie de leurs nouveaux

voisins pour savoir à quoi s’attendre en ce qui concerne le bruit.

Encadré n°4 :

« Début 2013, un troisième chantier va démarrer. Cette fois, il s’agit d’une opération

démolition-reconstruction. La Plaine Normande démolira 110 logements pour en reconstruire

140, à compter du deuxième semestre 2013. »

Ouest-France ; Jeudi 25 octobre 2012.

Encadré n°5 :

« Je trouve que les travaux dans Blainville améliorent l’image de la ville parce qu’ils

atténuent les différences entre les logements sociaux et privés. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

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Cette offre variée favorise la mixité sociale. Ainsi, sur deux-cent-vingt-cinq

questionnaires, quatre-vingt-dix personnes logent dans le logement social alors que cent-

trente-cinq sont dans le parc privé.

Le parc privé

Depuis sa première période de développement dans les années 1990, la commune est

devenue prisée pour les personnes désireuses d’accéder à la propriété. Dans notre

questionnaire, sur cent-dix-neuf personnes arrivés il y a plus de dix ans, cinquante-sept sont

propriétaires, soit 47% d’entre elles.

Encadré n°6 :

« Depuis l’opération de réhabilitation, je paie moins de chauffage, mais j’entends mes voisins

pisser. »

« Maintenant quand des nouveaux arrivent, on n’espère pas que ce soit une famille. Parce

qu’avec la famille du troisième on entend les gosses courir jusqu’à dix heures !!! ».

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

90

135

Logement social Parc privé

0

20

40

60

80

100

120

140

160

Part logement social - Parc privé

Encadré n°7 :

« Je suis venue habiter à Blainville pour acheter, pour payer un loyer à moi. La maison est un

avantage, cela a changé ma vie.»

« Nous sommes venus habiter à Blainville pour trouver une maison individuelle. Ici c’est proche

de Caen, de la mer, et il y a les bus de villes.»

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°9 : part des logements sociaux/ parc privé sur 225

personnes interrogées.

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L’accession à la propriété implique souvent le passage d’un appartement à une maison.

Sur 101 propriétaires interrogés, seulement quatre vivent en appartement. Ce phénomène

traduit une tendance à l’individualisation ainsi que le souhait de préserver son intimité et son

confort.

La tendance s’inverse avec les nouveaux arrivants, qui ne choisissent plus Blainville

pour accéder à la propriété mais pour louer. Sur les deux-cent-vingt-cinq personnes

interrogées, dix-neuf sont arrivées depuis moins de deux ans et seulement cinq d’entre elles

sont propriétaires, les quatorze autres étant locataires. Cette tendance, peu significative sur les

effectifs dont nous disposons, semble toutefois marquer le début d’un nouveau cycle. En

conséquence, l’offre locative se multiplie. Les transformations du marché local du logement

ne transforment-elles pas progressivement la commune périurbaine de Blainville en une

banlieue caennaise ?

Habitant de plus de

10ans

Propriétaires

Locataires

Habitant de moins

de 2ans

Propriétaires

Locataires

137

88

Logement précédent

Appartement

Maison

68

157

Logement actuel

Appartement

Maison

Figure n°11 : part des propriétaires et locataires selon leur arrivée

sur 225 personnes interrogées.

Figure n°10 : Evolution du type d’habitat sur 225

personnes interrogées.

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L’objectif de Blainville-sur-Orne de bâtir un ensemble cohérent semble en bonne voie,

sachant qu’en plus des opérations de démolition-reconstruction, d’autres constructions de

logements sont prévues. Ainsi, la commune aura épuisé son stock foncier. Selon le maire

Daniel Françoise, lors d’un entretien donné au quotidien Ouest-France, Blainville prépare le

plan d’action 2015-2030 afin de diversifier l’offre par la construction de logements collectifs.

Comment habite-on Blainville ?

Les logements vus par leurs habitants.

Dans les années 1950, Blainville-sur-Orne était un petit bourg où on trouvait des

commerces et des écoles dans plusieurs quartiers. C’était une commune qualifiée de vivante.

Désormais, les avis divergent : selon les uns, souvent les plus anciens, la ville a perdu de sa

vivacité. Pour les autres, arrivés récemment, la commune est dynamique et conforme à leurs

attentes, notamment grâce aux commerces de proximité.

Encadré n°8 :

« 900 logements sont prévus au total. Une fois ce programme réalisé, Blainville aura fait le

plein dans la mesure où il n’y aura plus de foncier disponible. »

Ouest-France ; Jeudi 25 octobre 2012.

Encadré n°9 :

« Blainville était un petit village où il faisait bon vivre, les habitants se connaissaient, les

échanges étaient naturels et le bourg était animé. »

« Blainville est devenue une ville dortoir. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Encadré n°10 :

« Blainville est une petite ville très agréable et très pratique surtout ! Elle a tout ce qu’il faut et

est proche de Caen et des grands centres commerciaux. »

« Blainville est idéale : je peux y faire toutes mes courses du quotidien en allant chercher mes

enfants à l’école. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

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La localisation des habitants traduit cette évolution : les anciens habitants logent

principalement dans les petites maisons de ville du vieux bourg tandis que les nouveaux

s’installent dans des lotissements plus récents construits en périphérie à partir des années

1970. L’urbanisation moderne résulte d’une volonté de construire des lotissements pour

accueillir une population plus importante, ce qui modifie la morphologie de la commune et la

relation de l’habitant avec son environnement.

Le changement des modes de vie a transformé le sentiment d’appartenance à la

commune. Le voisinage se fait discret, la traversée des lotissements est silencieuse. Les

quartiers sont calmes. La société moderne accentue le sentiment d’individualisation.

Désormais, les attentes vis-à-vis du logement ne sont plus les mêmes. On ne cherche plus la

solidarité entre voisins mais plutôt un « chez soi » à la fois proche de tout et isolé.

Les logements : quelle réputation ?

Les résidences fermées

Encadré n°11 :

« Aujourd’hui à Blainville-sur-Orne, il y a beaucoup de monde, mais on ne voit personne. »

« Le petit Blainville c’est là où les gens se voyaient ; maintenant il n’y a plus de lieu de

rencontre.»

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Encadré n°11 :

« Les résidences c’est bien, c’est bien isolé, il y a du

carrelage. »

« Ça fait un côté chic dans la ville. »

« On y est bien, on se sent en sécurité dans notre

quartier. (Terre de Nacre)

« On ne peut pas passer dans ces quartiers, du coup on

ne croise jamais les gens qui y habitent. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°12 : Résidences Terre de

Nacre. Source: photo MUD oct.-nov.

2012.

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Les logements sociaux

Les maisons individuelles

Encadré n°12 :

« J’en ai visité un premier. En sortant j’ai pleuré il

était trop délabré […] ils savaient que j’étais dans

l’urgence. »

« Les anciens logements sociaux font tâche aujourd’hui

dans la ville. Des barres grises, ça fait pas rêver. »

« J’ai entendu parler qu’ils vont réaliser de nouveaux

logements sociaux. Ça va redonner une meilleure

image de ces logements, ils sont mieux faits. »

« Ah, les Brandons ! C’est la cité qui craint ! »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Encadré n°13 :

« Avoir une maison c’est un avantage, on n’a pas la

même vie, on peut être dehors, manger dehors. »

« Je souhaite une grande maison de plain-pied dans les

Solaires, que tout soit ouvert, avec un grand terrain

pour les chiens. Cela changerait ma vie. »

« Nous sommes contents de notre maison à Blainville.

Elle est grande, c’est calme et on a de l’espace. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°13 : Quartier Colbert.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°14 : Maison individuelle

(source : cr-bassenormandie.notaires.fr).

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L’attachement au logement

Au cours des entretiens, nous avons proposés aux habitants de prendre la photographie

d’une pièce ou d’un lieu de leur logement afin d’illustrer les liens qu’ils tissent avec l’endroit

qu’ils habitent.

Cette première personne a souhaité photographier sa salle à manger. C’est dans cet

endroit qu’elle passe beaucoup de temps pour lire près de la baie vitrée et accueillir des

invités. Pour elle, la maison doit être un espace convivial, un lieu d’échange. La grande baie

vitrée lui donne l’impression d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Elle a voulu garder

ce côté naturel à l’intérieur en utilisant des matières brutes telles que le bois de la grande table

à manger et les plantes vertes.

Figure n°15 : Entretien n°1.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

Figure n°16 : Entretien n°2.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

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Cette personne a longuement hésité pour sa photographie : entre ses chiens et sa vue

dégagée. Elle ne semblait pas avoir un attachement particulier pour l’intérieur de son

logement. Finalement, elle a réfléchi à ce qui lui était agréable et s’est arrêtée sur la vue vers

l’extérieur. Pour elle, le logement représente la sécurité même si elle ne s’y sent pas bien.

Cette personne s’est directement dirigée vers sa cuisine pour la prendre en photo. Elle

y passe beaucoup d’heures puisqu’elle aime y cuisiner. Pour elle, le logement doit être un bien

à soi, un lieu d’intimité.

Pour conclure, le logement à Blainville-sur-Orne est au centre des préoccupations

politiques. Il est un enjeu pour le développement de la ville, ce qui a bien été assimilé par les

différents acteurs locaux afin de bâtir un ensemble cohérent et réfléchi.

Figure n°17 : Entretien n°3.

Source: photo MUD oct.-nov. 2012.

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L’ouverture de leurs logements par les Blainvillais pour nos entretiens, et notamment

les photos de leurs intérieurs, nous ont montré que la convivialité se promène parmi les

habitants, dans les rues de la commune. Cette immersion dans l’intimité des Blainvillais nous

permet de constater que la commune a été attractive ces dernières années pour de nouveaux

résidents en quête de bas coût immobilier. Mais justement, ces nouveaux arrivants sont

également acteurs du changement de la commune. Avec ce renouveau, les prix du logement

évoluent eux aussi, du fait de constructions nouvelles, et de la rénovation de certains quartiers,

dont les Brandons. La rénovation de ce quartier a permis une modernisation de logements

devenus insalubres, certes ; mais la démolition préalable du quartier n’a-t-elle pas emporté

avec elle une partie de la mémoire de Blainville ? C’est ce que nous nous sommes demandés

dans la dernière partie de notre travail.

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Les Brandons dans le changement

social de Blainville-sur-Orne

Choisissant d'installer ses usines à Blainville-sur-Orne pour construire ses cargo-boats,

la Société des Chantiers navals français emploie, à partir des années 1920, des ouvriers

venant de tous les horizons : des personnes venant des alentours de Caen et de la Normandie

mais aussi des Bretons venant des Chantiers navals de Brest ou des étrangers (Polonais et

Italiens, entre autres). Pour loger ces ouvriers et leurs familles, une société d'habitat, la future

Plaine Normande, est créée afin de construire des centaines de logements, créant un nouveau

quartier appelé la "Cité des Brandons", du nom de son architecte. Parmi les plus anciens

quartiers de Blainville-sur-Orne, les Brandons existent encore aujourd'hui, quoique démolis

puis reconstruits dans les années 2000.

Jugée nécessaire car les caractéristiques du quartier ne correspondaient plus aux

normes modernes de confort, la rénovation des Brandons semble cependant avoir tourné une

page du passé de Blainville-sur-Orne. En effet, s'il n'est pas contestable que la commune est,

depuis quelques décennies, en train de vivre un renouveau socio-démographique qui se traduit

entre autres par de nouvelles constructions, l'opération qui a concerné les Brandons est

cependant particulière, puisqu'en tant que plus ancien quartier de la commune1, il portait avec

lui quatre-vingts ans d'histoire. Les familles s'étaient approprié ces logements dont elles

n’avaient pourtant jamais été propriétaires, se les transmettant souvent de génération en

génération et y annexant parfois de nouvelles pièces pour y apporter une touche personnelle.

Dès lors, il est permis de se demander si le passé ouvrier de Blainville, dont les

Brandons peuvent apparaître comme l'emblème, a disparu avec la démolition du quartier, car,

comme le disait une habitante des Brandons en 1999, « la mémoire de Blainville, c'est nous,

les Brandons. Ici, c'est une mentalité. C'est le plus vieux quartier de cette ville ».

Le Canal, qui sépare la commune avec, sur la rive droite la zone industrielle et, sur la

rive gauche, le centre-ville et le côté résidentiel, reflète-t-il la séparation qui existerait entre un

Blainville ouvrier, en train de s'effacer et le Blainville d'aujourd'hui, commune périurbaine et

résidentielle ? Si l'on considère le passé ouvrier à l'échelle régionale, la perte de la mémoire

ouvrière de Blainville n'est pas surprenante dans le sens où elle n'est pas plus accentuée

qu'ailleurs. Elle s'explique peut-être simplement par le fait que la Basse-Normandie n'est pas

une région dont l'identité a fortement été marquée par l'industrialisation, comme c’est le cas

du Nord-Pas-de-Calais, par exemple. La commune de Colombelles, qui a conservé la tour de

refroidissement de la Société Métallurgique de Normandie (SMN), constitue alors peut-être le

seul emblème du passé ouvrier de l'agglomération caennaise.

Ces constatations nous ont amenés à nous demander quel est le poids du « facteur

Brandons » dans les changements sociodémographiques de Blainville-sur-Orne. En quoi le

1 En considérant les quartiers non rénovés : le bourg est plus ancien mais il avait déjà fait l'objet de rénovations

au moment de la reconstruction des Brandons.

Encadré n°1 : une habitante des Brandons, 1999 :

« La mémoire de Blainville, c'est nous, les Brandons. Ici, c'est une mentalité. C'est le

plus vieux quartier de cette ville. »

Source : extrait du livre « Nous, les Brandons », JM Place, 2000

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quartier des Brandons est-il un reflet, plutôt que le moteur, des changements socio-

démographiques et socio-économiques ?

Si le passé ouvrier est incontestable à Blainville-sur-Orne, il est cependant fragile, et la

mémoire des années de l'industrialisation semble s'estomper. La rénovation du quartier des

Brandons représente alors le fruit du changement plutôt que son élément déclencheur. C'est

pourquoi, après avoir étudié le quartier des Brandons comme témoin d'une mémoire ouvrière

en voie de disparition (1), nous placerons sa rénovation sous l'angle du changement d'image

de l’ensemble de la commune de Blainville-sur-Orne (2).

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Le quartier des Brandons, témoin d'une

mémoire ouvrière en voie de disparition

S'intéresser à la rénovation du quartier des Brandons, en particulier à l'image que s'en

font les Blainvillais, suppose de s'interroger sur l'histoire particulière de ce quartier et sur ce

qu'il reste aujourd’hui de cette histoire ouvrière dans les mémoires et les imaginaires.

Une identité ouvrière peu ancrée...

Au regard de l'histoire de Blainville et de la place particulière qu'y ont joué les

Brandons, ce quartier aurait pu être porteur d'une signification particulière pour les habitants

de la commune, à laquelle la rénovation aurait pu faire écho ou au contraire porter atteinte.

En effet, ce quartier est le symbole d’un changement antérieur, initié dans les années 1920

lorsque l'installation des Chantiers navals a modifié la physionomie de la commune en

provoquant un afflux de population ouvrière dans un village jusque-là rural et artisanal.

Blainville-sur-Orne, petit village de deux cents habitants dont l'activité principale était

l'agriculture, vit le nombre de ses habitants tripler et son économie s'industrialiser

brutalement. A partir de ce moment, Blainville est devenue, dans les représentations

communes, une cité ouvrière, identité alors revendiquée par les ouvriers blainvillais mais

aussi renvoyée par les habitants de l'agglomération caennaise.

Notre première hypothèse est que cette identité et cette mémoire ouvrières ont vécu

jusqu'à aujourd'hui, et qu’elles influencent encore l'image de Blainville, tout particulièrement,

celle du quartier des Brandons.

Les résultats exploités à partir des questionnaires ont cependant fait apparaître un

premier paradoxe : la moitié des personnes interrogées affirment que le passé ouvrier est

l'élément principal de l'image de Blainville-sur-Orne, certes, mais seulement environ un

cinquième qualifient spontanément la commune de cité ouvrière. Cela montre bien que la

question de l'identité ouvrière de Blainville et de la transmission de sa mémoire est plus

Figure n°1 :

Sur 252 réponses exprimées (question à choix

multiple)

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

Figures n°1 et n°2 :

Figure n°2 :

Sur 252 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

Pour vous, Blainville est :

64

155

31

61Une cité ouvrière

Une zone

pavillonnaire de

classe moyennede classe aisée

Une commune

dortoir

Selon vous, le passé ouvier est-il

important?

124

64

64

Oui

Non

Ne sait pas

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complexe qu'il n'y paraît à première vue.

Suite aux résultats du questionnaire et au cours d’entretiens avec des habitants, il est

apparu que l'image du quartier des Brandons, loin d’être emblématique, n'est que

résiduellement attachée au passé ouvrier. Cela pourrait prouver que l'identité et la mémoire

ouvrières ne sont pas suffisamment fortes pour faire l'objet d'une transmission.

Ceci peut s'expliquer par différents facteurs, et notamment par le fait que

l'industrialisation de Blainville-sur-Orne ne fait finalement partie que de son histoire récente,

puisqu'elle ne date que du début du XXème siècle. De plus, l'époque de l’industrie florissante

n'a duré que peu de temps car les Chantiers ont fermé en 1954, soit une trentaine d'années

après leur ouverture. En outre, l'industrie emblématique qu'est aujourd'hui Renault Trucks est

touchée par la crise et elle connaît une perte de vitesse sensible. Cette histoire industrielle

n'est donc qu'un épisode, et, depuis ses débuts, elle s'est heurtée à une identité rurale encore

très présente, ce qu'exprime le témoignage d'une femme dans le film réalisé sur la ville par

l'OMAC2, qui fait part des dissensions entre « le bourg du haut », agricole et commerçant, et

« le bourg du bas », constitué par la cité ouvrière des Brandons.

Il est également possible d'expliquer le peu de force de la mémoire ouvrière par une

constatation plus générale tenant à l’histoire régionale : région ouvrière, la Basse-Normandie

ne véhicule cependant pas cette image dans la représentation collective des Français. Elle est

davantage marquée par son image touristique

et rurale. Dans l'imaginaire collectif national

en effet, les régions industrielles sont la

Lorraine et, surtout, le Nord-Pas-de-Calais,

dont les paysages marqués par l'industrie

minière ont été reconnus patrimoine mondial.

Cet extrait d’entretien que nous avons eu avec

une habitante installée depuis dix ans à

Blainville, qui exprimait ce qu'elle pensait du passé ouvrier de la région, est représentatif en

ce qu'il montre une ignorance. Spontanément, cette personne associe la Basse-Normandie à

son littoral : « Je ne suis pas trop au courant du passé car je suis issue de la région parisienne

et lorsque je me suis installée à Blainville en 2003, je n'ai pas eu la curiosité de m'y intéresser

de près. Mais oui, j'imagine que dans toute ville proche de la côte il y a un passé très

probablement lié à la pêche et au minerai ».

Si l'on en revient à Blainville et au quartier des Brandons, le fait qu'il ne soit plus

identifié comme quartier ouvrier mais comme une zone de logements sociaux3 démontre qu'il

n'a pas constitué une trace suffisamment forte pour permettre à la mémoire ouvrière de

Blainville de durer. Cela peut s'expliquer par le fait que les anciens ouvriers, employés dans

les usines blainvillaises depuis les années 1950, ne montrent pas un attachement particulier à

ce passé. Pour preuve, les propos de cet ancien ouvrier de la SAVIEM4 lorsque nous avons

évoqué la démolition du quartier des Brandons alors qu’à Colombelles, siège de l'ancienne

Société Métallurgique de Normandie (SMN), la cité ouvrière du Plateau a été conservée : « À

Colombelles, il y avait la culture SMN, la culture de la sidérurgie. Eux c'était des métallos.

Leur usine c'était leur dieu, fallait pas dire du mal de leur usine. Et puis c'était plus ancien,

pas comme les Chantiers Navals, qui ont fermé en 1954. Quand les chantiers ont fermé, les

gens sont partis. Et puis à la SMN c'est différent, il y avait une école et c'était les gens du cru

2 « Blainville-sur-Orne, un lieu, une histoire », OMAC

3 cf. figure n°13

4 Société Anonyme de Véhicules Industriels et d’Equipements Mécaniques (ancêtre de Renault Trucks)

Encadré n°2 : une habitante du Danaé :

« J’imagine que dans toute ville proche

de la côte il y a un passé très

probablement lié à la pêche et au

minerai.»

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

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105

qui y allaient ». Il évoque ainsi le caractère

emblématique de l'industrie métallurgique,

qui fait partie, dans l'imaginaire commun, des

grandes industries avec l'industrie minière. Ce

témoignage exprime ce qui, à notre sens, fait

que le quartier des Brandons n'est pas devenu

un symbole du passé ouvrier et n’est pas

porteur d'une identité ouvrière profondément ancrée. La cité des Brandons n'était pas une cité

ouvrière patriarcale tels que pouvaient l'être celles des corons du Nord ou, dans une moindre

mesure, la cité ouvrière de la SMN. La personne interrogée évoque la présence d'une école

dans la cité de Colombelles. Dans d'autres cités ouvrières, on pouvait trouver des services tels

que des médecins ou des théâtres. Les Brandons, au contraire, ne sont qu'une cité résidentielle

qui n’a jamais été propriété des Chantiers navals. Les enfants des Brandons allaient à l'école

communale et les ouvriers venaient de tout l'ouest de la France (le plus souvent de Bretagne).

Cela explique que le quartier n'était pas aussi marqué par la solidarité de classe. Un ancien

enfant des Brandons nous a plutôt raconté une solidarité du quotidien, qui pouvait par

exemple se manifester par des prêts d’argent. Mais il a également évoqué des rivalités entre

les jeunes des trois rues qui constituaient ce petit quartier. De même, une ancienne habitante,

qui assurait avec une certaine nostalgie qu'il existait une réelle communauté et une réelle

identité dans les Brandons, nous a en même temps confié qu'elle ne connaissait que les voisins

de sa rue et qu’elle ne fréquentait pas les autres habitants de ce quartier, aux dimensions

pourtant réduites.

Le quartier des Brandons n'a donc jamais formé une réelle communauté avec des

habitudes et des valeurs propres, comme cela a pu être le cas dans des cités ouvrières plus

paternalistes. Les Brandons n’ont jamais constitué une ville dans la ville. C'est sans doute ce

qui explique que ce quartier a progressivement perdu son image de quartier ouvrier en même

temps que s’effaçait l'image ouvrière de l’ensemble de la commune.

… qui s'est diluée dans le récent changement sociologique

Le phénomène de périurbanisation a engendré l'apparition, à partir des années

soixante, de nombreux quartiers pavillonnaires attirant une nouvelle population, issue

majoritairement des classes moyennes. Ce changement a modifié la couleur politique de la

Mairie, passant d'un maire affilié au Parti communiste français (PCF), Monsieur Jacques

Bayon, à un maire Parti socialiste (PS), Monsieur Daniel Françoise à partir de 1995.

Nous avons pu vérifier que les nouveaux arrivants ne connaissent pas le passé ouvrier

de la commune, contribuant ainsi à l'effacement de la mémoire ouvrière par les images et les

représentations de la ville qu'ils apportent avec eux. Il ressort en effet des entretiens que, pour

les habitants récemment installés (moins de dix ans), le passé de la ville est associé à des

fermes anciennes. Pour eux, Blainville a toujours été un petit village rural avant de connaître

la périurbanisation : « Blainville du passé : je l'imagine avec d'anciens bâtiments où les gens

sont proches de la terre et de la mer. Une vie dure à cette époque, mais je ne peux vous en dire

davantage, étant dans l'ignorance ». Pour parler du passé, ces gens se réfèrent

majoritairement au patrimoine visible du centre-bourg, antérieur à l'industrialisation du

XIXème siècle : « Il y a un porche près de l'Eglise, classé monument historique... Colbert, je

crois ».

Encadré n°3 : un ancien ouvrier de la

SAVIEM :

« A Colombelles, il y avait la culture

SMN, (…) leur usine, c’était leur dieu. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

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Au cours des enquêtes, nous nous sommes rendu compte que les personnes interrogées

peinaient à localiser le quartier des Brandons, même si elles en avaient entendu parler. Cela

semble prouver que la mémoire ouvrière, censée être incarnée par ce quartier, n'est pas

transmise. La majorité des personnes interrogées le définissent plutôt comme un quartier de

logements sociaux (55 %), et non pas comme une cité ouvrière (24 %)5.

Les personnes enquêtées se sont montrées globalement satisfaites de la reconstruction

du quartier des Brandons. Pour elles, il ne s’agissait donc pas d’un souvenir du passé qu'il

aurait été important de préserver. En effet, si l'on définit la notion de patrimoine comme

l'héritage commun d'une collectivité, d'une communauté, autour duquel les hommes se

rassemblent, on peut se demander s'il existe réellement une communauté blainvillaise, une

identité qui serait le support d'un sentiment d'appartenance et qui aurait pu permettre au

quartier des Brandons de devenir un patrimoine pour la commune. Selon les dires des anciens

habitants, le sentiment d'appartenir à une communauté blainvillaise se serait atténué, voire

aurait disparu, avec l'apparition, depuis les années soixante et jusqu'à aujourd'hui, de

nombreuses zones pavillonnaires et la venue de nouvelles classes sociales. Les plus anciens

résidents de Blainville que nous avons rencontrés nous ont cité l'apparition de Terre de Nacre,

copropriété « avec des caméras au-dessus de chaque porte » et « une piscine privée ». Selon

eux, dans ces quartiers, l'appartenance à la commune ne semble pas être le sentiment

prédominant, d'autant qu'ils se trouvent loin du centre-bourg. On peut effectivement constater

que l'installation des nouveaux ménages n'est pas motivée par une attirance particulière pour

la commune mais davantage par le prix accessible des terrains. En outre, la commune est

touchée par la montée de l'individualisme et une forme de « déterritorialisation » due à

l'accélération des mobilités. C'est pourquoi à la question « Pourquoi êtes-vous venu vous

installer à Blainville ? », beaucoup ont mentionné l'opportunité d'achat. Il n'y a donc pas de

sentiment d'appartenance et de communauté blainvillaise en tant que telles, mais nous avons

pu constater que leur existence était déjà sujette à caution dans le Blainville du passé.

5 Cf. figure n°13

Figure n°3 :

La porte Colbert

Source : http://blainvillesurorne.unblog.fr/

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107

Cependant, l'affirmation de l'absence de solidarité est à nuancer, car il semble inexact

de dire qu'il n'y a plus de lien social. Ce dernier prend simplement de nouvelles formes6.

Au terme de nos recherches, il nous est apparu que la mémoire ouvrière dont le

quartier des Brandons aurait pu être l'emblème s'efface progressivement, faute de

transmission. Nous pouvons donc nous poser la question du but poursuivi par la conservation

de l'immeuble des Célibataires et l'apposition d’une double plaque commémorant le passé,

d’autant que cette plaque est presque invisible puisqu’elle se trouve rue de Saint-Quentin,

c’est-à-dire en bordure extérieure du quartier7. Nous avons questionné une personne résidant à

Blainville-sur-Orne depuis les années cinquante à propos de la conservation de l'immeuble

des Célibataires et de la plaque commémorative. Sa réponse a été la suivante: « La plaque,

Les Célibataires … c'est du toc!!! Ça ne sert à rien car il n'y a pas de mémoire ».

Ces objets ne servant pas de

référence, il est donc probable que

la mémoire s'éteindra avec les

derniers contemporains du quartier car la mémoire ouvrière blainvillaise, y compris celle du

6 Cf. infra : « Le changement d’image »

7 Cf. figure n°4 : les deux plaques en pierre, placées sous des boîtes aux lettres, n’attirent pas l’œil du passant.

Figure n°4 :

Les plaques commémorant les

Brandons : « Les Brandons 1920, les

Brandons 2001 » au 16, rue de St-

Quentin

Source : photo MUD oct.-nov. 2012

Encadré n°4 : un ancien habitant des Brandons :

« La plaque, Les Célibataires … c'est du toc !!! Ça ne sert à rien car il n'y a pas de

mémoire. »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

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108

quartier des Brandons, semble être individuelle et affective plutôt que collective.

Figure n°5 :

L’immeuble rénové des Célibataires, rue de St-Quentin

Source : photo MUD oct.-nov. 2012

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Le quartier des Brandons s’inscrit dans le

changement d’image de Blainville-sur-Orne

Le changement d'image

Blainville-sur-Orne est en train de tourner une page de son histoire. Des opérations de

réhabilitation se situant principalement dans le centre-ville vont être livrées d’ici la fin de

l’année 2012 : les résidences Cours Colbert et Lamberville (une ancienne ferme communale

rénovée).

En outre, début 2013, un troisième chantier va démarrer. Cette fois, il s'agira d'une opération

de démolition-reconstruction (près de l’église). Un autre projet est à l'étude : celui de

construire sur un terrain disponible en centre-ville, près du collège.

Les élus misent sur le renouveau, qui se traduit matériellement et visuellement par ces

nouvelles constructions. Il est alors permis de se demander si ces dernières s’inscrivent dans

la volonté de changer l’image de Blainville-sur-Orne, qui était plutôt négative avant la

rénovation du quartier des Brandons. Comme si la volonté était d’effacer toutes traces d’un

passé ouvrier qui aurait pu constituer un frein à l’accueil des populations nouvelles. Ces

opérations de grande envergure enfouissent en effet petit à petit l’image péjorative que

Blainville pouvait véhiculer il n’y a pas si longtemps. Lors d’un entretien avec une habitante

qui s'est installée à Blainville il y a vingt ans, celle-ci nous a avoué que lorsqu’elle a dit à ses

collègues de travail qu’elle allait acheter une maison dans le secteur, ils lui ont rétorqué que

Blainville était «une cité ouvrière, (…) c’est la zone ! Ça craint ! » ou encore : « Il y a

toujours des histoires ! ». L’entretien avec un ancien nous a quant à lui appris que la ferme

Lamberville était très vétuste puisque « les toilettes se trouvaient au milieu de la cour ». La

rénovation était donc indispensable.

Concernant l’avis des habitants sur les nouvelles opérations du centre-ville, les

impressions sont mitigées. Sur l’ensemble des personnes interrogées8, la majorité affirme que

c’est un point positif puisque cela « donne du logement aux gens », et permet la « venue de

nouveaux petits commerces ». Les Blainvillais ne sont donc pas hermétiques au changement,

8 Question 31 : « Que pensez-vous des nouvelles reconstructions du centre-ville de Blainville ? »

Figure n°6 :

A gauche Lamberville ; à droite Colbert

Source : Ouest France, 25/10/2012

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Encadré n°5 : une ancienne habitante des

Brandons :

« Quand je partais faire mes courses, je ne

fermais jamais la porte à clef »

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

qu'ils jugent nécessaire. Toutefois, les choix esthétiques sont loin de faire l’unanimité. De

plus, ces opérations font disparaitre des bâtiments pouvant représenter une valeur

sentimentale. Dans le même esprit, un ancien habitant a estimé qu’il n’y avait pas de « mise

en valeur du patrimoine : il a manqué un projet pour garder ce patrimoine de Blainville. Il

faut réhabiliter plutôt que de détruire, car sinon c'est du gâchis ».

Ces opérations, qui s’ajoutent à la construction de maisons individuelles et

d’immeubles, participent donc d’un véritable changement d’image. Cette volonté de

changement n’est pas sans conséquences puisqu’une nouvelle catégorie de population s’est

progressivement installée au cours des deux décennies passées. Un habitant a reconnu

qu’auparavant Blainville était composée majoritairement d’une « population ouvrière », et la

nouvelle population qui est arrivée est, selon lui, « d’un autre niveau ». Il a cité en exemple la

résidence Belem, dans laquelle vit une population qualifiée par lui de « bourges ». Quoiqu'il

en soit, force est de constater que la population nouvellement installée véhicule une image

plutôt positive de Blainville-sur-Orne. Lors de l’entretien avec une résidente, celle-ci nous a

confié que même son banquier disait que : « Blainville, c’est bien » ! Enfin, on remarque que

les Blainvillais ne sont pas attachés au passé ouvrier (excepté quelques anciens) puisqu’ils ne

sont pas contre le changement.

Les élus de Blainville-sur-Orne souhaitent donc tourner une page, en autorisant la

transformation d’un patrimoine immobilier devenu vétuste. Est-ce au détriment de certaines

valeurs, telles que la confiance entre voisins, la solidarité, la convivialité ? Nouvelle

population, nouvelle mentalité, ne signifient

pas perte de valeurs communes, même si les

anciens que nous avons interrogés semblent

regretter la perte de valeurs qui

caractérisaient une époque. Ils nous ont fait

part de nombreuses anecdotes qui

caractérisaient leur vie quotidienne. Une

habitante nous expliquait par exemple que

« quand [elle] [partait] faire ses courses, [elle] ne [fermait] jamais la porte à clef » ; une

autre personne, élevée dans les Brandons, affirmait quant à elle que « la rue, c’était la

famille ».

Cependant, il semble que ces habitants de longue date se trompent quand ils affirment

qu'aujourd'hui ces valeurs ont disparu, qu' « aujourd'hui, il n'y a plus d'âme dans le village »;

l'un d'entre eux disait même : « Construire ! Construire ! Construire ! Certes c’est

l'urbanisation moderne mais il n’y a plus de convivialité, car le centre-bourg disparaît ».

Pourtant, Blainville-sur-Orne apparaît comme une exception parmi les communes

périurbaines typiques où l'on ne connaît pas ses voisins. Il semble en effet y régner une

certaine convivialité. Certes, elle ne revêt pas les

mêmes formes que celle que les plus anciens

habitants ont connue dans leur enfance, mais elle

est bien présente. En réalité, il semble que c'est la

configuration plus étalée de l’urbanisation qui en

transforme la configuration. Cette dernière ne se

traduit plus à l'échelle de la commune toute entière

mais plutôt à l'échelle du quartier ou de la rue.

Pour une habitante installée depuis moins de dix

ans, cet esprit de solidarité existe puisque, lorsque nous lui avons demandé quel serait son

quartier idéal, elle a répondu : « Le lotissement dans lequel j'habite me semble idéal. Nous

avons la chance de nous connaitre tous et de pouvoir s'aider en cas de besoin. Nous sommes

Encadré n°6 : une habitante du

Danaé :

"Le quartier idéal est celui que j'ai

actuellement, avec des amis comme

voisins, et non pas le chacun pour

soi"

Source : enquête MUD oct.-nov.2012

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six couples et à tout moment, dans toutes circonstances, nous nous entraidons et avons des

rapports plus qu'amicaux depuis plus de cinq ans maintenant. Donc, le quartier idéal est celui

que j'ai actuellement, avec des amis comme voisins et non pas le chacun pour soi. ». Or, cette

femme habite le quartier du Danaé,

purement pavillonnaire. On aurait pu

s'attendre à ce que son jardin soit trop grand

pour qu'elle aperçoive son voisin à travers

la haie et qu’elle lui parle. Ce témoignage

n'est pas isolé : beaucoup d'habitants nous

ont cité leurs voisins comme amis et

affirment consacrer du temps à discuter

avec eux.

Blainville-sur-Orne est donc animée

d'un certain dynamisme. La majorité de la

population interrogée trouve en effet que

Blainville-sur-Orne est une commune

dynamique (72 %), et il existe un certain

nombre d’activités, beaucoup d’associations

et des fêtes de village. Cela est confirmé par l’entretien avec une habitante, qui affirme que les

Blainvillais s’investissent dans leur commune, ce qui permet de les réunir au-delà des clivages

sociaux et des âges avec un esprit chaleureux s’est transmis au fil des générations. Par

exemple, le carnaval réunit annuellement toute la population depuis des décennies.

Blainville-sur-Orne est donc entrée dans une nouvelle ère où s’estompe l’image

négative autrefois véhiculée. Toutefois, il ressort des entretiens que cette image demeure pour

l’extérieur. Une Blainvillaise nous a ainsi expliqué que son mari, investi dans le club de

football de la commune, affirme « qu’il y a toujours un ancrage, une mentalité du passé

ouvrier qui se véhicule lors des tournois contre d’autres équipes du département, ce qui crée

des tensions, alors que pourtant l’équipe de Blainville se compose d’enfants calmes, pas

turbulents ». De plus, elle nous affirmé que le collège pâti encore d’une mauvaise réputation

alors que ses enfants y ont fait leur scolarité et n'y ont rencontré aucun problème. Cette image

négative n’est plus véhiculée que par les habitants des communes alentours car, comme

Figure n°7 :

Sur 251 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

Figure n°8 :

Fanfare blainvillaise, 1960

Source : http://blainvillesurorne.unblog.fr

Figure n°9 :

Fanfare lors du carnaval 2012 à Blainville

Source : http://www.sortirablainvillesurorne.fr

Pour vous, Blainville est une

commune :

183

62

6

Dynamique

Peu

dynamique

Pas de

réponse

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l'affirme un de ses habitants : « à Blainville, il fait bon vivre ».

Une modernisation des Brandons jugée nécessaire

Les 110 maisons des Brandons, ayant toutes un jardin individuel, implantées sur des

parcelles de 500 m² en moyenne, ont été occupées dès 1922. Il est naturel qu’après quatre-

vingts ans d'existence, la Cité des Brandons soit apparue dégradée. Les constructions

devenaient de plus en plus vétustes et leur confort n’était plus adapté aux nouveaux modes de

vie. Les logements étaient trop

étroits, les toilettes étaient à

l’extérieur et il n’y avait ni salle de

bain ni chauffage central. En outre,

les stationnements et les

cheminements piétonniers étaient

inexistants. D’après une personne

interrogée dans le livre « Nous, les

Brandons » de Jean-Michel Place,

« ce qui se [passait] pour certaines

personnes âgées, c’est que, n’ayant

pas de confort, il [était] très difficile d’avoir quelqu’un pour venir les aider. Les femmes de

ménage ne [voulaient] pas venir travailler ici ».

À partir de 1998, une réflexion a commencé entre la commune de Blainville-sur-Orne

et le bailleur social la Plaine Normande sur une opération de démolition-reconstruction des

Brandons. Les premières démolitions ont débuté en 2000 et les

livraisons de logements ont commencé en 2003 puis en 2005 et

2007.

La forme de ce

nouveau quartier est

différente par

rapport à l’ancienne

cité-jardin.

L'architecture y est

innovante et

respectueuse du

cadre, du fait de sa

diversité (immeubles

collectifs, maisons de

villes et villas) et par

l’intégration du bois et

des couleurs (bardage des garages, annexes et étages supérieurs).

De plus, les logements répondent aux normes actuelles

(ensoleillement, chauffage individuel au gaz, basse consommation) ; il y a en outre une

valorisation des espaces publics. La densité de logements a plus que doublé : le quartier

comprend maintenant quarante-six logements à l’hectare contre vingt-deux auparavant. Les

jardins qui demeurent ont rétréci et il n’y a plus de potager. Des espaces pour le stationnement

ainsi que des cheminements piétonniers ont été créés. Quant à la population, elle a également

changé : les résidents ne sont plus uniquement des ouvriers. Lorsque nous avons interrogé les

Encadré n°7 : une ancienne habitante des

Brandons :

« Ce qui se [passait] pour certaines personnes

âgées, c’est que, n’ayant pas de confort, il [était]

très difficile d’avoir quelqu’un pour venir les

aider. Les femmes de ménage ne [voulaient] pas

venir travailler ici. »

Extrait du livre "Nous, les Brandons", J. M.

Place, 2000

Figure n°10 :

Les Brandons au début du XXe siècle, vue

depuis les Célibataires

Source : http://blainvillesurorne.unblog.fr/ Figure n°11 :

Les Brandons aujourd'hui,

rue de Verdun

Source : photo MUD oct.-

nov. 2012

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Blainvillais, nous avons constaté que ceux-ci étaient plutôt favorables à la rénovation du

quartier des Brandons, car, selon eux, ce

quartier était auparavant considéré

comme particulièrement vétuste, sale et

dangereux. Une résidente installée à

Blainville-sur-Orne depuis une vingtaine

d’années, ayant vécu à côté des

Brandons jusqu’à l’année dernière, nous

a expliqué qu’avant la rénovation « le

quartier était pauvre, vétuste, mal famé

et il y avait de l’insécurité ». Elle n’osait

pas s’y promener, alors que, depuis la

rénovation, elle considère « que ce n’est

pas un quartier qui craint ». Maintenant,

elle s'y promène volontiers : « quand on

passe dans ce quartier, c’est calme. Il

paraît même que les petites maisons sont

bien agencées à l’intérieur : mon mari

en a visité une »

Si la population juge la rénovation des Brandons nécessaire, certaines personnes

cependant, parmi les plus âgées et les plus ancrées dans le passé ouvrier, pensent qu’il aurait

été plus judicieux de réhabiliter ce quartier au lieu de tout détruire : « c’est du gâchis ! », a

exprimé l’une d’entre elles. Mais ce genre de remarques est à nuancer, car il faut replacer ce

regret dans un sentiment plus général de nostalgie à l’égard du passé que toute personne peut

éprouver quand elle voit disparaître les lieux ou les références dans lesquels elle a grandi.

En outre, il est ressorti de nos

recherches que le caractère d'éco-quartier

que revêt les Brandons depuis sa

reconstruction, est méconnu des

personnes interrogées. Un éco-quartier

est conçu de façon à minimiser son

impact sur l’environnement, visant

l’autonomie énergétique et cherchant à

diminuer son empreinte écologique. En

France, le concept est généralement lié à

une approche Haute Qualité

Environnementale9. Or, même si les

Brandons ne sont pas un éco-quartier

exemplaire, on aurait pu s'attendre à ce

que la population blainvillaise sache qu'il

s'agissait d'un quartier de ce type. Mais la

plupart des personnes interrogées le

qualifient de quartier de « logements sociaux » plutôt que d'éco-quartier. On peut alors se

demander si cette méconnaissance est due à une mauvaise communication de la part de ses

concepteurs, ou à une ignorance plus générale. La question a d'autant plus de sens, qu’elle

révèle un paradoxe : lorsque nous leur avons demandé si elles aimeraient vivre dans un éco-

9 Selon http://www.techno-science.net

La rénovation des Brandons a-t-

elle changé l'image de la ville?

134

25

8

Oui

Non

Ne sait pas

Figure n°12 :

Sur 167 réponses exprimées (correspond au nombre de

personnes interrogées connaissant les Brandons)

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

Selon vous, les Brandons c'est :

44

107

1819 Un éco-

quartier

Une cité

ouvrière

Des

logements

sociauxAutres

Figure n°13

Sur 167 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

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Aimeriez-vous habiter dans les

Brandons?

41

119

7

Oui

Non

Ne sait pas

Figure n°15 :

Sur 251 réponses exprimées

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

quartier (sans leur révéler que les Brandons en étaient un), les personnes interrogées ont

majoritairement répondu par l'affirmative (55 %), tout en disant ne pas vouloir habiter les

Brandons (65 %). Souvent, ces personnes sont favorables à la notion d’éco-quartier pour des

raisons purement financières, car elles pensent que cela permet de réduire les factures de

chauffage. Les personnes qui ne désiraient pas habiter dans un éco-quartier nous ont expliqué

que selon elles, « c’est trop dense, trop petit ». Or, ces personnes vivent majoritairement dans

des zones pavillonnaires : elles sont bien chez elles avec leur propre jardin alors que, lors des

entretiens avec des personnes âgées, l’une d’entre elles a indiqué que « ce qui manque dans le

quartier des Brandons, c’est des jardins ».

Quant au côté esthétique, les personnes interrogées considèrent majoritairement que le

quartier fait plus propre certes, mais qu’il n’est pas très joli. On a pu constater que la

perception varie selon la catégorie socioprofessionnelle. Pour les propriétaires de pavillons, le

quartier des Brandons est jugé « moche » alors que les personnes résidant dans des logements

sociaux jugent le quartier « plutôt pas mal car il est neuf ». Lors d’un entretien, une habitante

du Danaé nous a décrit les Brandons d’aujourd’hui comme « moches, surtout avec les

escaliers en ferraille sur les côtés des immeubles » (figure n° 16).

Aimeriez-vous vivre dans un

éco-quartier?

125

427

77

Oui

Non

Ne sait pas

Pas de réponse

Figure n°14 :

Sur 167 réponses exprimées (question à choix multiple)

Source : enquête MUD oct.-nov. 2012

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Les Blainvillais sont donc majoritairement favorables à la rénovation des Brandons car ils la

considèrent positive pour l'ensemble de la commune. Cependant, c'est la forme que cette

rénovation a prise qui ne fait pas l'unanimité. La communication aurait peut-être dû insister

sur le caractère d'éco-quartier que les Brandons ont acquis puisque les Blainvillais semblent

favorables à une solution de ce type.

Figure n°16 :

Les «escaliers en ferraille» rue de Saint-Quentin

Source : photo MUD oct.-nov. 2012

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Conclusion générale

Qu’avons-nous pu dégager à travers ce diagnostic de Blainville-sur-Orne ?

La commune est en pleine mutation, dans tous les domaines que nous avons étudiés.

Elle s’inscrit dans le processus de périurbanisation qui touche l’agglomération caennaise

depuis les années soixante-dix. Ce processus a entrainé l’arrivée massive d’une population

d’origine sociale plus diverse que la population locale, doublant entre 1968 et 2009. Ainsi la

commune a vu le développement d’une économie résidentielle liée à ces nouveaux habitants.

En parallèle, bien que de nouveaux lotissements soient apparus, le marché de l’immobilier

s’est tendu. Avec ces nouveaux profils d’habitants, de nouvelles pratiques spatiales sont

apparues. D’une manière générale, les déplacements se sont accrus notamment avec un

rapport renouvelé à la voiture.

Quelle place le quartier des Brandons prend-il dans le changement communal ?

Il s’inscrit en continuité de l’évolution constaté sur l’ensemble du territoire. En effet,

le quartier était un symbole ouvrier dans la commune abritant notamment les logements pour

les célibataires. Avec sa rénovation, malgré la préservation de certains reliquats datant de

l’époque ouvrière, il a perdu son image de quartier ouvrier. Il est devenu un quartier social

parmi tant d’autres dans la commune. Cette perte ne semble pas vécut comme telle par les

habitants, considérant que les Brandons devaient subir cette transformation. En effet, ce

quartier était devenu insalubre, sous équipé et donc inadapté aux modes de vie actuels. De

plus, l’industrie reste très présente dans la commune ce qui ne facilite pas le développement

d’une mémoire ouvrière.

Quel futur pour Blainville-sur-Orne ainsi que pour sa relation avec le quartier des Brandons ?

D’après l’enquête, les Blainvillais ne connaissent peu ou pas le caractère d’éco-

quartier des Brandons. Pourquoi ne pas développer cette image, afin d’une part de redonner

un caractère spécifique à ce quartier, le rendant ainsi visible dans le paysage blainvillais. Afin

d’autre part, de séduire des populations sensibles au respect de l’environnement et au

développement durable, ce qui diversifierait une fois de plus les horizons sociaux des

habitants de Blainville-sur-Orne. La commune gagnerait ainsi en image à l’échelle de

l’agglomération caennaise.

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Table des matières

Introduction …………………………………………………………………………………....1

PARTIE 1 : BLAINVILLE-SUR-ORNE DANS LE CONTEXTE DE

L’AGGLOMERATION DE CAEN-LA-MER …..................................................................2

Démographie …………………………………………………………………………………..3

Couples-familles-ménages …………………………………………………………………….6

Vie économique et population active ...………………………………………………………..8

Revenus-niveaux de vie-patrimoine ………………………………………………………….12

Logement …………………………………………………………………………………….17

Diplômes et formation ……………………………………………………………………….19

Tourisme et mobilités ………………………………………………………………………...22

PARTIE 2 : DIAGNOSTIC TERRITORIAL DE BLAINVILLE-SUR-

ORNE ……….....................................................................................................................….27

Introduction ………………………………………………………………………………… .28

Blainville : mutation de l’économie locale et de l’offre de service ………………………….47

La mobilité des habitants de Blainville-Sur-Orne ……………………………………………65

Le logement à Blainville-Sur-Orne …………………………………………………………..87

Les Brandons dans le changement social de Blainville-Sur-Orne ………………………….101

Conclusion ……………………………………………………………………………….…116

Annexes

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Annexes

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Grille d’entretien : groupe 1

Le profil socioprofessionnel

La trajectoire résidentielle

Constat :

Beaucoup de couples avec enfants

Hypothèses :

- infrastructures scolaires/culturelles

(collège, stade, médiathèque…)

- associations (théâtre…)

- cadre de vie agréable

Constat :

Les habitants de Blainville avant de

déménager habitaient à Caen ou dans

son agglomération (Hérouville-St-

Clair)

Hypothèses :

- recherche d’un environnement moins

urbain tout en restant à proximité de

Caen

- l’accession à la propriété

- raisons familiales, professionnelles

Constat :

Majorité de revenus modestes et

moyens

Hypothèses :

- présence de logements sociaux

- prix foncier relativement bas

Constat :

Une part significative des habitants

sont natifs de Blainville

Hypothèses :

- raisons familiales, culturelles…

Constat :

La CSP la plus représentée : employés

Hypothèses :

- raisons culturelles

- prix du foncier relativement bas

Constat :

Présence de beaucoup de retraités

Hypothèses :

- cadre de vie agréable et plus calme

qu’à Caen

- commerces de proximité leur

permettant d’être indépendants par

rapport à la ville

Les hypothèses peuvent se classer en quatre grands groupes :

Cadre de vie

Parcours professionnel

Facteurs culturel / familiale

Facteur prix

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Grille d'entretien : activité économique

I/ Usages et pratiques des services publics

Types de besoin

-Quels commerces utilisez-vous ?

Localisation

-Quelle difficulté avez-vous pour vous rendre dans les commerces ?

-Comment y allez-vous ?

-Combien de temps mettez-vous pour vous y rendre ?

Qualité

-Que pensez-vous des commerces, commerçants ?

-Quelles sont les relations entre clients et commerçants ?

-Que pensez vous des services publics de Blainville (administratifs, enseignement…) ?

-Avez-vous connaissance du jour et du lieu du marché de Blainville

II/ Souhaits, aspirations

Jugement de l'offre existante

-Par rapport aux réponses, est ce qu’il y a selon vous une évolution des commerces,

services publics, infrastructures culturelles, sportives à Blainville ?

-Pourquoi ?

Évolution de la qualité

-Où faites-vous vos courses ?

-Pourquoi pas à Blainville ?

Attentes pour le futur

-Qu’est-ce que vous désireriez de plus ?

-Avez-vous connaissance du projet d’installation d’un Leclerc ? Si oui qu’en pensez-

vous ?

Parler de la concurrence territoriale.

III/ Un sentiment d’appartenance à une « identité » Blainvillaise : facteur /

vecteur d'engagement dans les associations ?

Identité

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-Vous sentez-vous Blainvillais ?

-Où habitez-vous à Blainville ?

-Si pour vous c’est un quartier, en quoi vous reconnaissez vous dans ce quartier ? Qu’est

ce qui forge l’identité de ce quartier ?

Qualité de l'offre/Besoins des habitants

-Est-ce que vous pratiquez des activités sur la commune ?

-Êtes-vous membre d’une association sur Blainville ou sur une autre commune ?

Concurrence territorial/Meilleur offre

-Demander ce qui attire ailleurs ?

-Ce qu’ils pensent de la publicité qui est faite par exemple sur Hérouville « fier d’être

Hérouvillais » ?

-Avez-vous entendu parler du film sur Blainville ? Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous

figurant ?

IV/ Tertiarisation de la commune

Opposition vie économique industrielle (en nombre d'emplois de la

commune)/population majoritairement travaillant dans le tertiaire

-Comment qualifieriez-vous Blainville ?

-Et d’un point de vue économique ?

-Y a-t-il eu une évolution dans la vie économique de Blainville ?

La place de Renault Trucks

-Dans le passé, y avait-il une identité propre à Blainville plus forte

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Grille d’entretien : mobilité

- La CSP ………………………. - Le nombre de véhicules ……………………

Objectifs : Comprendre l’attractivité de la commune. Quelles les sont différentes mobilités des habitants ?

Pourquoi êtes-vous venu vous installer à Blainville ? Pourquoi ? Coûts de déplacement Avantages financiers

Périurbanisation Place de la voiture

Image de la ville Paysage

Relations sociales Desserte (réseaux)

Pourriez-vous nous parler de vos déplacements réguliers ? Pourquoi ?

Mode de déplacement privilégié Migrations pendulaires

Déplacements récréatifs Déplacements pour la consommation

Déplacements intra communale Moyens de transports pour ces déplacements

Flux (carte mentale)

Pourriez-vous nous parler des raisons qui vous amènent à fréquenter certains

lieux et pas d’autres ? (Mobilités intellectuelles) Pourquoi ?

Fréquentation des quartiers Fragmentation Blocage Exclusion Echange Intégration

Si le coût des carburants devait continuer à augmenter, comment envisageriez

vous vos nouveaux déplacements ?

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Grille d’entretien : « Le logement à Blainville-Sur-Orne »

1. Pouvez-vous prendre une photographie qui représente votre logement ?

2. Pouvez-vous décrire votre habitat dans son ensemble ?

Nombre de pièces ?

Nombre de personnes vivant dans ce logement ?

Niveau du confort, évolution ? Travaux ?

3. Pourquoi êtes-vous venu habiter à Blainville-Sur-Orne ?

Est-ce voulu ou contraint ?

Raisons et attentes ?

Coût du logement dans le budget du ménage ?

Avantages et inconvénient par rapport au logement précédent ?

4. Quelle est l’image que vous avez de Blainville à propos du logement ?

Type de logement à Blainville (logements sociaux ? quelle proportion ?)

Image du logement dans le quartier des Brandons ?

Que pensez-vous des travaux ?

Ville agréable ?

5. Comptez-vous rester habiter à Blainville ?

Pourquoi ?

Changement de type de logement ?

6. Quel serait l’endroit idéal pour habiter ?

Dans Blainville ?

En général ?

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Grille d’entretien « Les Brandons dans le changement social de

Blainville-sur-Orne » :

1. Comment imaginez-vous le passé ouvrier de la Basse-Normandie et de

l’agglomération caennaise?

2. Comment imaginez-vous Blainville dans le passé ? Son évolution au cours du 20e

siècle : dans les années 1920, dans l’entre-deux guerres, dans les années 1970 ? Il y a

vingt ans, il y a dix ans, etc. ?

Et le Blainville du futur ?

3. Parlez-nous de vous : quelle est votre histoire ? L’histoire de votre famille ? De quel

milieu êtes-vous issu(e) ? Quelle était la profession de vos parents ? Et votre

profession ? Votre situation familiale ?

4. Nous allons vous montrer des photos de Blainville et des Brandons dans le passé et

actuellement : pouvez-vous nous dire ce qu’elles vous évoquent ?

5. Selon vous, que reste-t-il du passé de Blainville-sur-Orne dans les Brandons

d’aujourd’hui ? et dans le reste de la commune ?

6. Décrivez-nous votre quartier idéal. Que changeriez-vous dans votre propre quartier ?

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Photos montrées pendant les entretiens :

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