Les bibliothèques, un lieu touristique en devenir...Aujourd’hui, dans l’esprit des gens, le...
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UNIVERSITÉ DE PARIS 1 – PANTHÉON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ÉTUDES SUPÉRIEURES DU TOURISME
“Les bibliothèques, un lieu touristique en devenir “
Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du
Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne
MASTER PROFESSIONNEL “ TOURISME “ (2 e année)
Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels
Par Mlle Gaëlle DENANT
Directeur du mémoire : M. Valéry PATIN
JURY
Membres du jury: M. Valéry PATIN
: M. Michel TIARD
Session de septembre 2010
1
“Le paradis, à n’en pas douter, n’est qu’une
immense bibliothèque“.
Gaston BACHELARD1
1 GOUHIER Henri, POIRIER René (Sous la dir.de). Actes du Colloque de Cerisy. UGE, 1974
2
AVANT PROPOS – REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche fut l’occasion de fusionner mes différentes formations
effectuées : de mon DEUST, “Métiers des bibliothèques et de la documentation“, à ce Master
professionnel “Valorisation Touristique des Sites Culturels“ dispensé à l’Institut de Recherche
Supérieure du Tourisme (I.R.E.S.T). Il convient donc de remercier les deux corps enseignants
de ces structures universitaires à Rennes comme à Paris. Dans le cas, de l’Université Rennes 2
Haute-Bretagne, une pensée revient à Catherine DANIEL, directrice du DEUST “Métiers des
bibliothèques et de la documentation“, qui continue de nous faire parvenir les actualités du
monde des bibliothèques par emails. Pour l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, je
remercie bien entendu Valéry PATIN pour avoir soutenu ce projet jusque là jamais traité,
mais également pour son encadrement et ses conseils durant les deux années de suivi de
réalisation du mémoire. Ma gratitude revient également à Michel TIARD, directeur de la
spécialité “Valorisation Touristique des Sites culturels“, pour ses corrections et conseils
obtenus à l’issue des rendus semestriels sur l’avancée du mémoire.
Concernant les différentes aides de professionnels, je remercie les personnels de
l’accueil de la Bibliothèque nationale de France (BnF) comme Philippe BERNARD pour
leurs visites et pour avoir répondu à quelques unes de mes questions. Merci également à
Martine POULAIN, directrice de la Bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art
(I.N.H.A) et à son personnel pour m’avoir accordé de leur temps pour un entretien et des
questions.
A l’heure des remerciements, mes pensées vont aussi bien sûr à ma famille qui a joué
tantôt le rôle de soutien, relecteur, correcteur et conseiller. Enfin, je n’oublierai pas mes
amies : Loriane, Julie, Hélène, Alexandra, Suzon… qui, elles aussi, ont suivi l’avancée de ce
travail.
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION.................................................................................................................................5
PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE.................................................................................. 10
I. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ................................................................................................ 10
1. La Problématique ................................................................................................................ 10
a. Elaboration de la problématique.......................................................................................... 10
b. Présentation de la problématique........................................................................................ 11
2. Les Hypothèses.................................................................................................................... 11
3. Cadrage et limitation du sujet............................................................................................. 12
II. METHODOLOGIE DE RECHERCHE : EXPLORATION DES SOURCES ET DES RESSOURCES EXISTANTES........................................................................................................................................................... 13
1. Lieux de recherche .............................................................................................................. 13
2. Sources bibliographiques .................................................................................................... 14
3. Les Entretiens exploratoires et investigations sur le terrain .............................................. 14
DEVELOPPEMENT.......................................................................................................................... 16
I. LES BIBLIOTHEQUES : UNE STRUCTURE PATRIMONIALE URBAINE................................................ 16
1. “Constat“ : les bibliothèques aujourd’hui........................................................................... 16
a. Les différents types de bibliothèques................................................................................... 17
b. L’organisation des bibliothèques.......................................................................................... 18
c. Les rôles et missions des bibliothèques................................................................................ 18
d. Les activités des professionnels des bibliothèques.............................................................. 22
e. Les publics............................................................................................................................. 23
2. Les bibliothèques : un patrimoine bâti et écrit ................................................................... 24
a. Le patrimoine écrit et graphique.......................................................................................... 25
b. Le patrimoine bâti ................................................................................................................ 28
c. L’exploitation du patrimoine des bibliothèques................................................................... 32
3. La bibliothèque, une institution culturelle au cœur d’un territoire, d’un tissu urbain....... 35
4
II. Le tourisme et les sites culturels................................................................................................... 41
1. Comparaison de deux structures culturelles : le musée, lieu culturel touristique par excellence et la bibliothèque, structure culturelle qui se veut ouverte à tous............................ 41
a. Les parentés des musées et bibliothèques........................................................................... 42
b. Bibliothèques et musées : deux structures faussement amies qui se distinguent .............. 45
2. Les prémices du tourisme dans le milieu du livre et des bibliothèques ............................. 48
a. Les bibliothèques aux abords de stations touristiques ........................................................ 49
b. Les bibliothèques nationales ................................................................................................ 50
c. Les bibliothèques dites historiques ...................................................................................... 53
d. Les complexes culturels : musées-bibliothèques, les maisons d’écrivains… : d’autres structures culturelles apparentées au monde du livre et des bibliothèques. .................... 61
III. Proposition concrète : la bibliothèque peut devenir un lieu touristique. ................................... 63
1. Aménagements : zone d’accueil pour les touristes ; espaces aménagés pour la visite ; espaces dédiés à des expositions ................................................................................................. 64
2. L’Accueil du public : entre usagers et touristes .................................................................. 68
3. Les Acteurs : le rôle des bibliothécaires et des opérateurs touristiques ............................ 70
4. La politique de valorisation et de médiation de la bibliothèque ....................................... 71
5. La Communication - marketing – promotion...................................................................... 76
6. La Préservation, sécurité, et conservation.......................................................................... 81
7. Le Montage juridique et économique................................................................................. 88
CONCLUSION.................................................................................................................................... 92
5
INTRODUCTION
Au XXème siècle, s’ancre une nouvelle activité que l’on nomme le tourisme. Si son
fondement remonte au XVIIIème avec les “Grands Tours“ de l’aristocratie anglaise, il se
développe et se démocratise véritablement aux XIX et XXème siècles grâce en autre, au
développement des transports (ferroviaires, routiers et aériens) et à l’apparition des congés
payés dans les années 1936 dans le cas de la France. Aujourd’hui, le tourisme est une activité
présente partout à travers le monde. C’est un facteur d’emplois, de valorisation du patrimoine
naturel comme culturel et surtout une grande ressource économique pour une destination. S’il
se diversifie sans cesse : tourisme de santé, tourisme balnéaire, tourisme de montagne,
tourisme urbain, éco-tourisme, tourisme sportif, tourisme gastronomique,… le tourisme
culturel reste parmi le plus attractif. La culture ne se calcule pas en retombées économiques,
néanmoins de nombreuses enquêtes dont celle de l’Ipsos / Maison de la France sur L’Image
touristique de la France et de son positionnement à l’étranger 2 en 2007, nous affirment qu’il
s’agit bien d’un critère déterminant dans le tourisme, en France par exemple. Selon leur étude,
“les séjours à dominante culturelle demeurent le principal facteur d’attractivité de la France
en tant que destination touristique, pour la quasi-totalité des personnes interrogées, devant
les courts séjours dans les principales villes, les séjours à la campagne, le tourisme itinérant
et les séjours balnéaires“. Claude ORIGET DU CLUZEAU - spécialiste en tourisme culturel,
au travers de stratégies de tourisme urbain et de missions pour les musées et monuments - le
confirme à l’occasion d’une conférence de l’Université de tous les savoirs le 12 janvier 2006.
Elle étend même cette attraction du tourisme culturel à l’Europe entière sinon plus. D’après la
retranscription de son intervention dans le journal Le Monde, “le tourisme culturel tient une
place exceptionnelle tant dans l'activité touristique en Europe que dans l'audience des
musées, monuments et événements culturels“.3. Le patrimoine a donc un rôle considérable
2 Ipsos, Maison de la France. Analyse de l’image touristique de la France et de son positionnement à l’étranger
[en ligne]. Disponible sur <http://www.franceguide.com/bd_doc/475_200704123051.pdf> (consulté le
17.08.2010)
3 Le Monde. Claude Origet du Cluzeau : Le tourisme culturel [en ligne]. Disponible sur
<http://www.lemonde.fr/savoirs-et-connaissances/article/2005/12/29/claude-origet-du-cluzeau-le-tourisme-
culturel_725377_3328.html#xtor=AL-32280340> (consulté le 17.08.2010)
6
dans le tourisme d’une destination. Cela se remarque d’ailleurs par la communication faite par
les pays ou régions concernés. L’élément visuel accrocheur d’une destination touristique
relève souvent du patrimoine culturel. La tour Eiffel évoque immédiatement dans l’esprit des
visiteurs potentiels - français comme étrangers - la France et/ou Paris, par exemple. Qu’il soit
architectural, pictural, muséal, ou même immatériel, le patrimoine attire le touriste.
La fin du XXème siècle et le XXIème marquent l’ère de ce que les spécialistes du
patrimoine appellent la “patrimonialisation“. La disparition de nombreux témoignages du
passé, à l’issue des guerres et révolutions successives au cours de l’Histoire, a amené les
hommes à prendre conscience de leur héritage : de sa richesse et surtout de sa rareté et
fragilité. C’est cette prise de conscience progressive qui a participé au développement
d’institutions culturelles publiques comme les musées, particulièrement en France, à l’issue de
la Révolution de 1789. Les musées et bibliothèques ne sont, bien sûr, pas des inventions
révolutionnaires. Il en existe depuis l’Antiquité4 mais ces structures étaient jusqu’alors
confinées au secteur privé. A la fin du XVIII – début du XIXème siècle, ces institutions
prennent un tournant dans leur statut. Elles se retrouvent sous l’égide de la nation. C’est à
cette même période que se met en place une politique de conservation du patrimoine. Ce
système d‘institution municipale moderne émerge donc dans la période révolutionnaire pour
aboutir à la naissance de musées et bibliothèques municipaux.
En 1980, la proclamation d’une “Année du patrimoine“ par le gouvernement, met en évidence
ce nouvel intérêt pour les choses (personnes, œuvres, paysages,…) du passé. Depuis, cette
idée de protéger le patrimoine a continué de s’accroitre : l’on souhaite aujourd’hui donner de
la valeur à tout et, de ce fait, le conserver.
La bibliothèque fait partie de ces patrimoines que l’on cherche à protéger.
Aujourd’hui, dans l’esprit des gens, le terme “patrimoine“ fait d’abord référence aux
monuments et musées. Pourtant, il est bien plus vaste que cela. Le patrimoine n’est pas que
pictural, architectural, sculptural, il est aussi naturel, immatériel et enfin écrit. Les
bibliothèques regorgent de ce type de trésors sous la forme de manuscrits, photographies,
estampes… Ces documents sont la trace des savoirs et réflexions passés. Ce sont les premiers
que l’on a cherché à préserver. En effet, les bibliothèques sont les premières structures à
4 L’Antiquité dans l’histoire européenne est considérée comme l’ère des civilisations de l’écriture.
7
collecter et conserver un patrimoine. A la suite de l’apparition de l’écriture en Mésopotamie
au IVème siècle avant Jésus-Christ sont instaurées des archives pour conserver en lieu sûr les
tablettes d’argiles et feuilles de papyrus recueillant des informations juridiques et
administratives. C’est à cette même période que voient le jour les premières bibliothèques
privées. C’est le roi Assurbanipal qui va créer en 640 avant Jésus-Christ à Ninive en Assyrie,
la première grande bibliothèque institutionnelle. A partir de l’époque hellénistique, on se met
à imaginer des bibliothèques universelles : d’immenses collections représentant tout le savoir
humain. C’est ce que vont chercher à réaliser les Ptolémées à Alexandrie, puis les Attalides à
Pergame. A cette fin, sont alors crées des bâtiments spécifiques. Pour les musées, c’est plus
tardif. Une première forme de musée apparait avec la création du centre culturel de la
bibliothèque d’Alexandrie. Sinon, le premier musée tel qu’on le connait aujourd’hui
n’apparait qu’à l’issue des cabinets de curiosités au XVIème siècle.
La Révolution française a permit l’émergence de la lecture publique et de la conservation du
patrimoine écrit. La bibliothèque a également bénéficié de l’engouement collectif des
témoignages du passé en 1980. A cet effet, une politique de valorisation des collections
patrimoniales des bibliothèques s’est développée.
A l’heure de la patrimonialisation et d’un accroissement toujours plus fort du tourisme
qui tire particulièrement profit des richesses patrimoniales, se pose donc la question du
patrimoine des bibliothèques pour encore inexploité par le tourisme. Toutes les formes de
cultures semblent attirer les touristes : le patrimoine matériel (peinture,
architecture, sculpture…) comme le patrimoine immatériel (théâtre, musique, danse,
légende…) De nombreux sites culturels accueillent des touristes. Les musées, monuments
historiques (châteaux, églises…), sites archéologiques… en attestent. En revanche, la
bibliothèque demeure cantonnée à un public de proximité, à un public d’usagers qui ne voient
en cet établissement, qu’un “fournisseur“ d’ouvrages pour la recherche ou la lecture. Pourtant,
au-delà de cette ressource documentaire, le fonds des bibliothèques est riche,
patrimonialement parlant, de part la nature de ces documents (le sujet, leur forme, leur
ancienneté…). Alors, pourquoi les bibliothèques, structures culturelles renfermant tous les
savoirs grâce à leur patrimoine écrit et graphique, ne sont-elles pas pour encore arpentées par
des touristes ? Peut-on envisager une mise en tourisme de ces lieux ? Si oui, comment la
bibliothèque, où les missions de conservation et diffusion du savoir sont prédominantes, peut-
elle devenir un lieu valorisé, attractif et touristique ?
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A travers ce mémoire, nous verrons pourquoi ces lieux de culture aux multiples
facettes ne sont pas encore considérés comme lieux culturels touristiques. Une fois cette
réponse trouvée, il s’agira de voir par quels moyens peuvent-ils le devenir en évaluant les
limites de cette mise en tourisme ?
L’intérêt de rassembler le tourisme et les bibliothèques dans ce mémoire réside dans le
fait que ces notions n’ont pour encore jamais ou quasiment pas été associées. De la même
manière que le tourisme était perçu comme très négatif à son apparition dans les musées, il
semble hostile, dangereux, immaîtrisable pour de nombreux professionnels des bibliothèques
qui suspectent son apparition aujourd’hui dans certaines de leurs structures. Si des
bibliothèques ont un potentiel pour devenir touristiques – ce que ce mémoire tentera de
démontrer –, on peut déjà prévoir des limites à cette mise en tourisme. De la même manière
que toutes les régions du monde n’ont pas la capacité à devenir attractives touristiquement
parlant, les bibliothèques ne possèdent pas toutes le potentiel ou les conditions nécessaires à
une future mise en tourisme. De petites bibliothèques communales, dont la mission principale
est d’offrir à la population locale de la lecture à proximité, n’ont pas lieu à devenir
touristiques. Les bibliothèques scolaires et universitaires n’auront, à priori, pas non plus de
vocation touristique ; la valorisation de leur fonds n’entrant pas dans leurs attributions. Ces
limitations soulèvent la question : Quelles sont les conditions nécessaires qui peuvent
permettre à un lieu de devenir touristique ?
A l’issue d’une recherche, effectuée selon une méthodologie précise, expliquée dans
un premier grand chapitre, ce mémoire tentera de répondre à ce type de questions, de
découvrir les potentiels patrimoniaux des bibliothèques et par quels moyens les valoriser à des
vues touristiques ; ceci, à travers un développement argumentatif divisé en trois parties.
La première partie de ce travail fera office de constat. Elle décrira la situation actuelle des
bibliothèques, en mettant en avant son rôle patrimonial et son impact sur le territoire, sa place
dans le réseau urbain.
Une fois “le décor planté“, il s’agira de lier les notions de tourisme et culture. Un premier
paragraphe introductif évoquera dans les grandes lignes ce rapport, puis après une
comparaison entre la bibliothèque, site culturel non touristique - officiellement du moins – et
le musée, institution patrimoniale touristique par excellence, nous rentrerons dans le vif du
sujet : les prémices du tourisme au sein des bibliothèques. Seront évoquées les premières
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formes de tourisme présentes dans certaines de ces structures. Ces deux grandes parties
mettront en avant les potentiels touristiques exploitables des bibliothèques, mais aussi, grâce
aux comparaisons avec des sites culturels touristiques comme le musée, cela permettra de
mieux connaitre les pratiques des visiteurs de façon à identifier les différentes actions à mettre
en place pour attirer et accueillir ce nouveau public dans les bibliothèques.
Cela permettra d’aboutir à une dernière grande partie qui fera office de réponse pratique. De
manière plus concrète, seront étudiés les différents aspects à développer pour rendre une
bibliothèque véritablement touristique.
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PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
I. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
1. LA PROBLEMATIQUE
a. Elaboration de la problématique
Pour la réalisation d’un mémoire, la “méthode de l’entonnoir“ peut être utile : on part
d’une thématique générale pour aboutir à un sujet problématisé. Mes études portant sur le
tourisme culturel, je suis donc partie de ces deux thèmes : le tourisme et la culture. Après
quoi, j’ai rétréci à un secteur culturel : celui des bibliothèques ; avant d’arriver à la
problématisation de mon sujet.
La problématique de ce travail m’est venue assez facilement : mon sujet étant déjà
suffisamment centré. Aujourd’hui, les bibliothèques et le tourisme sont des thèmes
dissociables. C’est un rapprochement qui n’a pas encore été effectué, en pratique comme de
manière théorique. En effet, mis à part un article de John R. WHITMAN5, “Libraries and
tourism“ - qui mentionne le potentiel touristique des bibliothèques dans la région des Caraïbes
comme vecteur entre les touristes et la population locale et comme moyen de découvrir l’île
au travers de son fonds écrit – et un autre d’Isabel VIDAL 6 - qui établit une première
réflexion sur l’accueil du public touristique en bibliothèque - aucun document ne parle des
bibliothèques en des termes touristiques et inversement. Le milieu du tourisme ne fait
aucunement mention des bibliothèques. Lier ces deux topiques est donc un problème en soi.
Pour trouver l’angle sous lequel aborder mon travail, je me suis posée une question : quelles
sont les activités d’une bibliothèque ? D’après mon expérience en tant qu’usager de ce type
d’établissement, suite à mes études de DEUST “Métiers des bibliothèques et de la
documentation“ et à travers mes lectures sur le domaine, la réponse est venue assez
rapidement et aisément. Comme le montre le site Internet de la Bibliothèque nationale de
5 WHITMAN John R. Libraries and Tourism [en ligne]. Disponible sur
<http://portal.unesco.org/ci/en/ev.php-URL_ID=13678&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html>
(consulté le 17.01.2009)
6 VIDAL Isabelle. Tu viens pour les vacances ? Réflexions sur l’accueil du public touristique en bibliothèque.
BIBLIOthèque(s) : revue de l’Association des bibliothécaires français, 2010, n° 49, p. 54 à 57. ISSN 1632-9201
11
France (BnF)7, les bibliothèques, ont trois fonctions principales : la constitution, la
conservation et la mise à disposition de collections auprès du public. Ces rôles peuvent être
plus ou moins importants et agrémentés d’autres tâches selon les bibliothèques. Mais, de
manière générale, qu’elles soient situées dans des structures spécialisées, municipales,
universitaires, nationales, ces missions sont toujours présentes. Les questions qui viennent
alors à l’esprit sont : est-ce que l’on peut ajouter l’activité touristique et des visiteurs à une
structure qui possède déjà plusieurs rôles et a un public défini ? Est-ce que le tourisme peut
s’accorder aux fonctions préexistantes des bibliothèques ? Qu’est-ce qui va pousser les
touristes à vouloir découvrir une bibliothèque ? Il s’agit de se mettre à la place des
professionnels des bibliothèques mais aussi de penser comme les visiteurs potentiels.
Le sujet de ce mémoire sera donc traité sous l’angle suivant : comment une structure
culturelle telle que la bibliothèque, où les missions de conservation et de diffusion des
connaissances prédominent, peut-elle devenir, un lieu touristique attractif ?
b. Présentation de la problématique
Au centre de ma question, je voulais faire ressortir mes deux thèmes puis les préciser.
Avec cette problématique, la bibliothèque est le sujet principal, auquel, s’additionne une
dimension touristique. Cela traduit la manière dont je vois ma formation. Issue d’une Licence
d’Histoire de l’art, ce Master est selon moi, l’étude de la mise en valeur de structures
culturelles à laquelle s’ajoute une visée touristique.
Au sein même de l’interrogation, je présente brièvement la bibliothèque comme une structure
culturelle aux activités déjà définies. Ce sujet amène donc à réfléchir sur une évolution d’un
secteur existant.
2. LES HYPOTHESES
Plusieurs hypothèses étayent mon argumentation afin de répondre à cette problématique.
Les deux premières consistent à prouver que la bibliothèque a un potentiel patrimonial et
urbain à valoriser, qui de surcroit, peut être attractif vis-à-vis des touristes. La troisième vient
à démontrer que, bien qu’un institut aux missions déjà définies comme la conservation, le
7 BnF. Les missions de la BnF [en ligne]. Disponible sur
<http://www.bnf.fr/pages/zNavigat/frame/connaitr.htm> (consulté le 15.06.2009)
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service de lecture publique,…, la bibliothèque peut encore se donner une autre mission :
l’accueil d’un nouveau public : les touristes.
3. CADRAGE ET LIMITATION DU SUJET
Le sujet d’un mémoire doit être suffisamment centré de manière à le traiter en profondeur,
en évitant tout éparpillement. C’est le rôle de la problématique de préciser une question au
cœur d’un thème. Suivant le travail effectué, un cadrage et une limitation s’impose. Là encore
pour éviter tout hors sujet et pour être pertinent, les exemples doivent être soigneusement
sélectionnés. Dans le cadre de cette recherche, ne parler que d’un cas était insuffisant.
Plusieurs exemples figurent donc dans ce mémoire. Les bibliothèques abordées sont de
différents types et de différents pays. Elles reflètent l’ampleur internationale du sujet. Rares
sont les bibliothèques qui accueillent actuellement des visiteurs. Elles n’ont pas toutes
vocation ou les capacités à devenir touristiques. Dans chaque pays, peu de bibliothèques
deviendront véritablement touristiques, d’où la dimension internationale des exemples choisis.
A travers l’argumentation, le modèle français se fait bien sûr davantage sentir. Je m’appuie
sur le fonctionnement français étant celui que je connais le mieux et pour lequel j’ai pu
trouver le plus de sources accessibles, puis, je le compare, l’associe, ou le distingue à d’autres
exemples étrangers. Aujourd’hui les bibliothèques fonctionnent beaucoup en réseau à
l’échelle locale comme internationale. C’est le cas de la Bibliothèque nationale de France et
de la Bibliotheca Alexandrina en Egypte par exemple. Ces institutions d’origines distinctes, se
ressemblent donc dans leur fonctionnement.
Certaines bibliothèques, de par leur type, sont moins présentes dans ce travail de recherche.
C’est le cas des bibliothèques départementales de prêt, des bibliothèques scolaires,
universitaires, d’hôpitaux ou de prisons…Ce sont des structures qui n’ont, à priori, pas de
vocation touristique ; leurs missions étant trop spécifiques et leur potentiel touristique
minime.
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II. METHODOLOGIE DE RECHERCHE : EXPLORATION DES
SOURCES ET DES RESSOURCES EXISTANTES
Différents lieux de recherche et rencontres m’ont été utiles pour mon travail. Le sujet
de ce mémoire porte sur deux grands thèmes : le monde des bibliothèques et le tourisme. Ces
deux notions sont pour encore peu associées. Les lieux d’étude, sources bibliographiques et
entretiens se partagent donc entre ces deux items. II s’agit, grâce à ce travail universitaire de
les faire converger.
1. LIEUX DE RECHERCHE
Concernant les lieux de recherches, il existe à Paris deux centres documentaires
spécialisés sur ces deux topiques. Dans le domaine du tourisme, on trouve le fonds spécialisé
de la bibliothèque du Trocadéro. Mes premières recherches dans cette enceinte ne furent pas
concluantes : les documents étant trop éloignés de la deuxième dimension ; à savoir les
bibliothèques.
En revanche, le centre de documentation sur les métiers du livre à la bibliothèque municipale
Buffon s’est avéré plus riche. Comme le Centre de Formation aux Carrières des Bibliothèques
de Rennes ou le Centre Médiadix à Paris, il reçoit des revues spécialisées comme BBF, et
Bibliothèque(s) qui s’avèrent souvent riches en matière de réflexions sur le monde des
bibliothèques en France mais aussi plus largement à travers le monde. Ces périodiques
fournissent également de bons exemples de structures à réutiliser. Au sein de ces centres
d’informations, j’ai pu y trouver également quelques livres sur l’architecture des
bibliothèques, les bibliothèques du monde, les bibliothèques classées “ Monuments
Historiques “, l’animation en bibliothèque…. De plus, les documentalistes du centre Buffon
effectuent une veille documentaire en dépouillant la presse spécialisée et constituent ainsi des
dossiers thématiques (“bibliothèques par pays“, “animation en bibliothèque“, “accueil du
public“,…) Toute cette documentation est mise à disposition des lecteurs en parallèle au
périodiques. C’est très utile pour les usagers : ça leur permet d’aller plus vite dans leurs
recherches.
Enfin, mes recherches ont été complétées par une prospection sur Internet à l’aide de moteurs
de recherche comme Google et ses “Alertes Google“, mais aussi via l’outil informatique
Copernic.
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2. SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
Comme dit précédemment, je n’ai pas trouvé d’ouvrages touristiques abordant les
bibliothèques. J’ai donc exploré plutôt du côté du thème des bibliothèques, en essayant de me
rapprocher au mieux du tourisme : accueil du public, animation en médiathèque,
valorisation…
Il existe un grand nombre d’ouvrages diversifiés sur le monde des bibliothèques. Et malgré
leur évolution constante, je n’ai pas eu trop de difficultés à trouver des ouvrages récents ; mon
sujet ne portant pas sur l’historique de ces lieux mais plutôt sur une potentielle évolution
future, il m’était nécessaire de connaître au mieux leur positionnement actuel.
Au final, plusieurs grands thèmes de documentation ressortent de mes lectures :
- la bibliothèque : un lieu patrimonial : les trésors écrits, l’architecture des bibliothèques,…
- les politiques culturelles d'une bibliothèque : expositions conférences, animation…
- le management et la gestion des bibliothèques
- les bibliothèques dans l’histoire du développement urbain
- la bibliothèque et le musée : Similitudes et divergences
- le tourisme culturel
- etc.…
3. LES ENTRETIENS EXPLORATOIRES ET INVESTIGATIONS SUR LE TERRAIN
Bien qu’importants, je n’ai au final eu que peu d’entretiens exploratoires. La difficulté
de rencontrer certaines personnes, une mauvaise gestion de mon temps, une période de
réflexion trop longue quant aux choix de mon plan, de mon approche du sujet et des exemples
à traiter… autant de facteurs qui m’ont empêché d’aller au bout de mes perspectives
concernant ces entretiens. J’ai, cependant, tenté de combler cette lacune en assistant à un
colloque8 et en effectuant des visites de bibliothèques qui m’ont permises à cette issue
d’interroger les guides et/ou personnels de l’accueil. Mes expériences professionnelles dans
ce milieu m’ont également offert l’opportunité de discuter de mon sujet de mémoire avec des
collègues (BnF, bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art, bibliothèque
8 BnF Richelieu : Un projet en question. Journées d’étude les 5 et 6 juillet 2010 à l’Institut national
d’Histoire de l’Art, organisée par l’Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris
historique et l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
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universitaire de Rennes 2 Haute Bretagne) et aussi, dans le cas de l’Institut national d’histoire
de l’art, de récolter l’avis des lecteurs et/ou visiteurs au quadrilatère Richelieu à Paris.
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DEVELOPPEMENT
I. LES BIBLIOTHEQUES : UNE STRUCTURE PATRIMONIALE
URBAINE
1. “CONSTAT“ : LES BIBLIOTHEQUES AUJOURD’HUI
Avant d’établir tout argumentaire sur le potentiel touristique des bibliothèques, il est
nécessaire de débuter par une phase de constat ; il faut “planter le décor“. Que sont
aujourd’hui les bibliothèques ? Comment fonctionnent-elles ? Quelles sont leurs missions ?
Sous quelles formes existent-elles ? Comment se place ce type de centres culturels dans le
maillage territorial ? Autant de questions qui permettent, une fois la réponse acquise,
d’évaluer au mieux leur évolution touristique. Ce premier constat s’appuie essentiellement sur
le modèle français, qui est, cependant, très proche de ceux d’autres pays, puisque les
bibliothèques françaises ont été influencées - au XXème siècle notamment - par différents
systèmes étrangers comme les modèles anglo-saxon et américain. De plus, depuis les années
1980, le Conseil des ministres de la Culture de la Communauté européenne, vise à créer une
“Europe des Bibliothèques“ en mettant en place un certain nombre d’actions portant aussi
bien sur le développement des technologies que sur l’encouragement à l’usage de normes
unifiées, l’harmonisation des politiques nationales en matière de bibliothéconomie… L’idée
est de favoriser l’accès aux documents à l’échelle européenne. Cette “Europe des
bibliothèque“ à la volonté d’encourager l’harmonisation des bibliothèques grâce à la mise en
place d’objectifs communs, à la fois culturels, scientifiques, éducatifs et sociaux.
L’apparition d’Internet – le plus grand réseau du monde, offrant n’importe quel type
d’informations, n’importe où, à n’importe qui – dans la deuxième moitié des années 1990, fut
perçue comme une menace. Cela a suscité de nombreuses interrogations de la part des
conservateurs. Certains ont vu dans l’apogée d’Internet et du numérique, la fin des
bibliothèques physiques. Pourtant ces structures ont su s’adapter aux pratiques culturelles
évolutives. Elles intègrent de plus en plus les nouvelles technologies et nouveaux médias.
Aujourd’hui, leur possible disparition ne semble plus d’actualité. L’afflux des constructions
de bibliothèques en est la preuve. De plus, en 2006, d’après l’association des bibliothèques
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américaines (American Library Association), le succès des médiathèques n’est plus à prouver
aux Etats-Unis. “Les Américains se rendent chaque année deux fois plus dans les
bibliothèques scolaires, publiques et académiques qu’au cinéma“ 9.
La difficulté pour appréhender les bibliothèques vient du fait qu’il en existe plusieurs
types, qu’elles touchent différents publics à la fois, qu’elles renferment des documents
multiples sur leur fond (littérature, sciences, arts, langues, géographie, histoire, religion…)
comme sur leur forme (manuscrits, estampes, cartes, livres imprimés, périodiques, journaux,
mais aussi CD, DVD, CD-Rom, œuvres d’art, photographies, jeux…) et qu’elles possèdent
plusieurs missions inégalement traitées selon la bibliothèque.
a. Les différents types de bibliothèques
A l’origine les bibliothèques étaient privées. Elles étaient souvent nées du désir
d’hommes puissants de collectionner les savoirs du monde pour assouvir une soif de
connaissances mais bien souvent aussi pour asseoir une certaine légitimité, un pouvoir vis-à-
vis du peuple et des principautés voisines. C’était le cas, par exemple, avec le roi
Assurbanipal (roi d'Assyrie de 669 avant Jésus.-Christ à 627 avant Jésus-Christ) et sa
bibliothèque à Ninive constituée de l’ensemble de la littérature cunéiforme disponible à son
époque. La bibliothèque publique voit le jour bien plus tard, après la Révolution. Elle sera
ancrée alors sur des désirs de démocratisation.
Aujourd’hui, bibliothèques privées comme publiques coexistent.
Les bibliothèques privées sont gérées par un propriétaire privé ou par une association. Elles
sont généralement confinées au sein d’un bâtiment : maison, château, abbaye… Elles
possèdent rarement leur propre bâtiment. Ces institutions privées peuvent être distinguées en
deux : celles uniquement visibles de leur propriétaire et celles ouvertes au public : certaines
ciblent un type d’usagers restreints (les chercheurs) et d’autres, un plus large public (les
visiteurs). Les bibliothèques privées ouvertes aux touristes sont souvent issues de monuments
historiques reconnus comme les abbayes ou châteaux. La bibliothèque du château de
Chantilly en France en est un exemple. A l’heure actuelle, ce sont les bibliothèques privées
qui sont seules considérées réellement comme touristiques.
9 PITARD Florence, BERREZAI Olivier, LESNIAK Isabelle [et al.]. Bibliothèques : le livre et l’architecture font bon
ménage. Dimanche Ouest-France, 2006, p. 8-9 ISSN : 1285-7688
18
Dans le cas des bibliothèques publiques, il en existe également plusieurs sortes :
- La bibliothèque nationale
- Les bibliothèques universitaires et de recherche
- Les bibliothèques publiques (au sens qu’elles sont sous la tutelle de la fonction
publique nationale ou territoriale) : municipales, départementales
- Et enfin, d’autres bibliothèques plus atypiques ou du moins inclassables comme les :
bibliothèques scolaires, de prisons et d’hôpitaux.
Toutes ces formes de bibliothèques sont présentes dans le monde entier. La seule différence
notable selon les pays vient des bibliothèques publiques qui varient dans leur gestion selon la
politique de l’Etat.
b. L’organisation des bibliothèques
En France, la notion de service public est constituée à partir de la fin du XIXème
siècle. Depuis le XXème siècle, le service des bibliothèques publiques repose sur les principes
d’égalité, de continuité, de mutabilité, de neutralité et de transparence.
Il existe deux tutelles différentes dans le cas de ces structures. La Bibliothèque nationale de
France, la Bibliothèque Publique d’Information (BPI), les bibliothèques universitaires sont
gérées par l’Etat. En revanche, dans le cas des bibliothèques municipales, bibliothèques
municipales classées, bibliothèques municipales à vocation régionale, bibliothèques
départementales de prêt… elles sont sous la tutelle de la fonction publique territoriale.
c. Les rôles et missions des bibliothèques
La bibliothèque possède un rôle majeur dans la société. Comme le dit bien Denis
PALLIER, ancien inspecteur général des bibliothèques, dans son ouvrage Les
bibliothèques10 : “À la fois lieux de travail pour des recherches contemporaines et lieux de
conservation d’un patrimoine, les bibliothèques ont un rôle charnière entre le passé et le
présent“. Cet espace public, collectionneur et conservateur d’un fonds documentaire et
patrimonial, oscille donc entre la culture et l’éducation.
10
PALLIER Denis. Les bibliothèques. Paris : Presses Universitaires françaises, 2006. 127 p. (Que sais-je?) ISBN
978-2-13-057064-6
19
De manière assez schématique, l’ensemble des bibliothèques remplissent plusieurs missions ;
ce, quelque soit leur type. Elles ont toutes un rôle pédagogique et culturel mais de manière
plus ou moins importante selon leur statut.
La bibliothèque : le gardien de collections écrites et graphiques
L’objectif premier d’une bibliothèque, qu’elle soit publique ou privée, est de se
constituer un fonds. Cette collection peut être spécialisée ou diversifiée : multisports,
encyclopédisme, niveaux de lecture, multilinguisme, pluralisme… Une fois cette politique
documentaire définie, le bibliothécaire doit alors poursuivre les acquisitions pour enrichir le
fonds, les conserver, les valoriser et les mettre à disposition du plus grand nombre ou d’un
cercle réduit. Il s’agit de faire vivre les collections. La mise à disposition des documents,
grâce aux expositions, aux salles de lecture publiques et aux systèmes de prêts et retours, ne
présuppose pas l’usage qui en sera fait. Un même ouvrage peut d’ailleurs avoir plusieurs
usages : formation, culture, recherche, construction de soi.
La bibliothèque : un espace public
La bibliothèque est un outil d’usage collectif, un lieu d’échanges, un lieu de
sociabilité. C’est assez paradoxal car les activités des usagers : lire, travailler, sont des
pratiques privées solitaires, assez contraires avec cette idée d’espace public. Mais en même
temps, les usagers affirment aussi que d’être entourés de personnes travaillant ou lisant
motive à faire de même.
La bibliothèque est à la fois lieu de travail et lieu de loisirs. Une même personne peut avoir
lors de son séjour à la bibliothèque ses deux pratiques. Le souci des bibliothécaires est alors
de faire coexister ces deux activités, de garder ses deux usages présents sans qu’ils se nuisent
l’un à l’autre, d’où la multiplication d’espaces.
Les collections sont elles aussi d’usage public, collectif. On peut lire sur place, les
emprunter… Les documents ne sont donc pas toujours accessibles. Ils font l’objet d’une
appropriation temporaire par l’utilisateur.
Selon les principes républicains d’égalité, de mutabilité, de transparence, la bibliothèque est
un lieu accessible à tous sans formalités (pas de prix d’entrées). C’est un lieu neutre
socialement. Les villes possèdent peu de lieux de cette nature, qui soient aussi ouverts ; ceci,
même si les freins socioculturels à sa fréquentation sont encore aujourd’hui plus ou moins
forts. C’est un lieu qui permet à la fois de retrouver des gens que l’on connaît et, d’être parmi
20
les autres à la fois quand on ne connaît personne. Les jeunes adolescents ou adultes ont
souvent un usage collectif de la bibliothèque.
La bibliothèque : un lieu éducatif d’information et de formation
Le facteur pédagogique est important dans toutes les bibliothèques, et ce, quelque soit
son statut. Ce rôle n’est pas réservé aux bibliothèques scolaires et universitaires. La
bibliothèque et l’école sont deux institutions de service public. Elles partagent les mêmes
idéaux républicains qui consistent à donner accès à la formation à tous les citoyens. Tout
comme l’école, la bibliothèque invite à s’informer, débattre, développer son esprit critique.
En tant que “centre de la connaissance“, elle accompagne le travail de la population
scolarisée. Aujourd’hui, un enfant est dès le début de sa scolarisation en présence d’une
bibliothèque ou d’un centre de documentation. Depuis les années 1970, les programmes
pédagogiques incitent les élèves et étudiants à rechercher par eux même des éléments
d’information à la bibliothèque. Les bibliothèques publiques sont complémentaires des
bibliothèques scolaires vis-à-vis de l’offre en espace, en documentation et en heures
d’ouverture.
La population scolarisée est la première bénéficiaire du rôle d’accompagnement des
bibliothèques. Mais une partie du public “hors système scolaire“ l’utilise également pour sa
formation : les chômeurs, personnes en reconversion professionnelle, les participants aux
concours, mais aussi les autodidactes qui souhaitent se former tout seul dans n’importe quel
domaine.
La bibliothèque, structure de loisirs et de développement culturel
Grâce à la diversité des documents - dans leur fond comme dans leur forme -, un
travail de valorisation des collections ainsi qu’une médiation adéquate, les médiathèques font
aussi partie des structures culturelles de loisirs. Parmi les activités de détente et de découverte
culturelle que propose la bibliothèque, figurent la lecture, la découverte d’une exposition et la
participation à des animations (conférences, concerts, rencontres avec des auteurs…). La
bibliothèque est souvent perçue en priorité comme un lieu de travail, néanmoins, le
développement de ses activités culturelles et ludiques tend à faire évoluer cette perception. Le
tourisme pourrait d’ailleurs servir à renforcer cette image.
21
Autres missions des bibliothèques
De manière générale, toutes les bibliothèques possèdent les missions énumérées
précédemment. Seulement, ces tâches sont plus ou moins exploitées suivant le statut de la
bibliothèque. Certaines de ses structures possèdent des fonctions qui lui sont particulières.
La nature des bibliothèques dépend de son fonds mais aussi de son public parfois. Certaines
bibliothèques comme les bibliothèques de prisons, d’hôpitaux, d’entreprises ou d’institutions
scolaires ont une desserte spécifique selon ses usagers. Par exemple, au sein des bibliothèques
implantées en centres pénitenciers, l’aspect social prime sur la constitution d’un fonds. Il
s’agit pour le personnel de ces structures d’aider le prisonnier en vue de sa réinsertion dans la
société, mais aussi parfois de lui permettre de retrouver le goût de la lecture, etc. Pour les
bibliothèques d’hôpitaux, la médiation, la pédagogie, l’écoute des malades est mise en avant
par les bibliothécaires. Alors que dans le cas des bibliothèques d’entreprises, ils aident les
employés dans leur recherche et effectuent des veilles documentaires. Enfin, les centres de
documentation scolaires favorisent la formation, la pédagogie. De manière générale, ces
structures adaptent leurs fonds et leurs outils d’accompagnement selon le profil des usagers
(âge, catégorie socioprofessionnelle, santé…).
Le statut des bibliothèques et sa spécificité peut aussi amener des bibliothèques publiques à
avoir certains rôles particuliers. C’est le cas des organismes dépositaires du dépôt légal.
Instauré par François Ier en 1537, le dépôt légal consiste à collecter un exemplaire de tous les
documents mis à la disposition du public, de toute nature11 qu’ils soient, en vue de constituer
une collection exhaustive de référence. Inscrite dans le Code du patrimoine12, cette obligation
de dépôt légal à l’égard de tout éditeur, imprimeur, producteur, distributeur, importateur, de
déposer chaque document qu'il édite, imprime, produit, distribue ou importe, à l’un des
organismes dépositaires du dépôt légal : la Bibliothèque nationale de France, l’Institut
national de l’audiovisuel, le Centre national du cinéma et de l’image animée et les
bibliothèques habilitées par arrêté du ministre chargé de la culture, servent à préserver la
11 Documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, logiciels et bases
de données, ainsi que les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature faisant l’objet d’une
communication au public par voie électronique (Internet).
12 Code du patrimoine, Partie législative, LIVRE Ier : DISPOSITIONS COMMUNES À L'ENSEMBLE DU
PATRIMOINE CULTUREL, TITRE III : DÉPÔT LÉGAL, Articles L131-1 et L131-2
Legifrance. Code du patrimoine [en ligne]. Disponible sur
<http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006108728&cidTexte=LEGITEXT0000
06074236&dateTexte=20090917> (consulté le 17.08.2010)
22
mémoire du patrimoine culturel diffusé sur le territoire national. L’atout de ces centres,
recueillant un dépôt légal, est qu’ils accroissent ainsi leur richesse patrimoniale. Par exemple,
la bibliothèque des Champs Libres de Rennes reçoit le dépôt légal de tous les documents
traitant de la Bretagne. Elle consacre un étage de son bâtiment à ce fonds régional. C’est un
atout non négligeable pour attirer les touristes car elle possède une collection riche et unique
qui témoigne du territoire dans lequel elle est implantée. Ce fonds est représentatif de la
destination dans laquelle se trouve le visiteur ; cela peut donc l’intéresser. C’est un autre
moyen de découvrir la région : son histoire, ses habitants…. C’est un patrimoine à exploiter
pour des expositions par exemple.
d. Les activités des professionnels des bibliothèques
Pour répondre aux missions générales de lecture publique, d’information, de
formation, de loisirs et développement culturel, etc., le personnel des bibliothèques a
plusieurs activités envers les documents comme envers les usagers :
- la gestion et l’administration
- l’acquisition d’ouvrages pour constituer des collections
- la préservation et conservation des documents
- la valorisation et diffusion au public des fonds documentaires
- l’accueil et l’information du public
- le travail en réseau avec d’autres bibliothèques
Chacune de ces missions et activités est gérée par un personnel qualifié. La bibliothèque
requiert les compétences d’un personnel scientifique, technique et d’exécution.
La bibliothèque est un lieu de services. Comme dans toute structure d’activités
tertiaires, le client est à la fois consommateur et acteur. Il donne vie à l’enceinte et joue un
rôle majeur quant à la transformation de l’institut. Les bibliothécaires en ont conscience. S’ils
accordent une part importante de leur travail à la conservation, la mission de diffusion auprès
des usagers reste capitale. Les médiathèques s’adaptent donc beaucoup en fonction de la
société.
23
e. Les publics
Alors qu’elles n’étaient fréquentées que par quelques chercheurs et érudits jusqu’au
début du XXème siècle, les bibliothèques sont, de nos jours, arpentées par un public
nombreux et éclectique. Depuis une trentaine d’années, les bibliothèques municipales se sont
considérablement développées. D’instituts fermés pour un public lettré et peu nombreux, les
bibliothèques municipales se sont transformées en véritables centres culturels, proposant des
services diversifiés : expositions, vidéothèques, discothèques, accès à Internet, ludothèque :
c’est la naissance des médiathèques. Conjointement à cette diversification de l’offre, une
demande sociale croissante de bibliothèque s’est fait sentir. Le Rapport statistique sur l’année
fiscale de 200813 de l'Institute of Museum and Library Services, agence fédérale d'évaluation
et de promotion indépendante des Etats-Unis, portant sur les bibliothèques de 50 Etats prouve
cette forte demande sociale, puisque qu’entre 1999 et 2008, la fréquentation des bibliothèques
américaine a augmenté de 20%. Malheureusement, si le nombre d’usagers augmente, de
même que les fonds documentaires, il n’en va pas de même pour les bibliothécaires qui, selon
l’enquête américaine, pour 25.000 habitants est resté stable sur la même période.
Grâce au souhait démocratique de faire accéder la connaissance à tous, permettant ainsi à tout
le monde d’entrer dans une bibliothèque en France, et ce, sans inscription obligatoire
préalable, les publics des bibliothèques sont aujourd’hui très divers (hommes et femmes,
enfants et adultes, salariés et chômeurs,… de toute nationalité confondue) à l’image de la
population du pays. Alors que jadis, la majeure partie des usagers étaient des professionnels
de la documentation (enseignants, chercheurs, étudiants…), aujourd’hui, les bibliothèques
touchent un public plus diversifié, moins familier de l’écrit et de l’institution. Les
bibliothécaires doivent alors assurer un accueil personnalisé tout en gérant les flux.
Depuis le début des années 1990, les bibliothèques connaissent une grande fréquentation. En
France, les bibliothèques publiques constituent les premiers lieux culturels fréquentés par les
français. Cette hausse des usagers crée un effet de masse peu propice à la familiarité mais
favorable à un certain anonymat.
De nombreux usagers fréquentent plusieurs bibliothèques à la fois et leurs pratiques peuvent
être multiples au sein d’un même institut. Mais de manière générale, deux facteurs et donc
13
DI PIETRO Christelle. Plus de public, autant de bibliothécaires [en ligne]. Disponible
sur <http://www.enssib.fr/breves/2010/07/02/plus-de-public-autant-de-bibliothecaires> (consulté le
21.08.2010)
24
deux types de pratiques encouragent la fréquentation des bibliothèques : le besoin et le rapport
à la lecture. Le besoin est associé à un travail à effectuer par exemple. De nombreux jeunes
utilisent la bibliothèque pour des raisons utilitaires. Malheureusement, nombreux sont ceux
qui, une fois leurs études finies, abandonnent ce lieu. Ils associent la bibliothèque à un usage
contraint et leur venue à la bibliothèque disparaît donc souvent conjointement à la contrainte.
Concernant le rapport à la lecture, les usagers des bibliothèques municipales ont un rapport
plus étroit avec le livre et la lecture. La familiarité avec la bibliothèque est un facteur
favorable. Avoir été inscrit en tant qu’enfant est un atout de fidélisation, ou même de
fréquentation. Les bibliothèques ne recrutent presque plus de nouveaux adhérents arrivés à la
trentaine. Connaître quelqu’un qui fréquente la bibliothèque est aussi un facteur favorable. Il
contribue à démythifier le lieu.
2. LES BIBLIOTHEQUES : UN PATRIMOINE BATI ET ECRIT
D’après Françoise CHOAY dans son livre, L’Allégorie du Patrimoine14 , le patrimoine
historique se définit comme "un fonds destiné à la jouissance d’une communauté élargie aux
dimensions planétaires et constitué par l’accumulation continue d’une diversité d’objets que
rassemble leur commune appartenance au passé : œuvres et chefs-d’œuvre des beaux-arts et
des arts appliqués, travaux et produits de tous les savoirs et savoir-faire des humains“. Si
l’on s’en réfère à ces propos, la bibliothèque fait donc partie des lieux patrimoniaux. En effet,
elle possède un fonds écrit et graphique (estampes, manuscrits, lettres, enluminures, plans
géographiques ou architecturaux, cartes postales, cartons verts, photographies, carnets de
voyages, etc.), répertoriant des savoirs universels du passé, utiles pour le présent et l’avenir.
Grâce à la nature des ouvrages, à l’ancienneté des documents et selon les sujets traités, cette
collection est diversifiée, riche, parfois rare, voire même unique.
D’autre part, les locaux mêmes des bibliothèques peuvent aussi révéler parfois un patrimoine
architectural intéressant. Depuis l’Antiquité (cf. bibliothèque d’Alexandrie), l’on cherche à
magnifier les collections et savoirs en leur offrant de splendides écrins. Cela va pour les
bibliothèques comme les musées. Il faut donc prendre en compte le contenu (les collections)
et son contenant (l’édifice).
14
CHOAY Françoise. L’Allégorie du patrimoine. Paris : Editions du Seuil, 1992. 278 P. ISBN 2-02-014392-5
25
a. Le patrimoine écrit et graphique
L’arrivée des nouvelles technologies – permettant, grâce au principe de numérisation,
de visionner un ouvrage écrit via un écran, n’importe où, sans avoir à se déplacer pour le
chercher et ni à le tenir - a été perçue par beaucoup de professionnels du livre comme une
menace pour l’existence de cette documentation imprimée. Pourtant, si aujourd’hui, n’importe
qui peut lire son livre ou son journal via Internet, les e-books…et si des bibliothèques
universelles virtuelles se développent, le livre continue d’être consulté, de se vendre
notamment l’été au moment de vacances. La communication massive de la part des maisons
d’éditions sur les livres durant l’été montre bien que le touriste est un acheteur d’ouvrages à
fort potentiel. L’ère du numérique n’a donc pas causé la mort de l’imprimé. Il a même
finalement permis de donner une nouvelle dimension, une nouvelle image aux documents
papiers. Comme le fait remarquer Annie SCHNEIDER dans son ouvrage Le livre. Objet d’art,
objet rare15, depuis “ l’heure du numérique, le livre est reconsidéré comme objet, comme
résistance à l’éphémère“. Le beau livre ne permet pas de faire signifier le statut social de son
possesseur aussi bien que le fait une œuvre picturale. Cependant ce type d’ouvrage attire de
plus en plus – outre les bibliophiles – une nouvelle catégorie de collectionneurs, attiré parfois
par des motivations seulement spéculatives, mais surtout par une véritable curiosité à l’égard
de ces témoignages des cultures passées. La forte fréquentation lors des salons du livre ancien
ainsi que le succès de leurs foires internationales en attestent. Organisé depuis 1984, le Salon
International du Livre Ancien de Paris16 convie, amateurs, conservateurs, relieurs, éditeurs
spécialisés et marchands à se rassembler pour rendre hommage au patrimoine écrit et
graphique. C’est un moyen de rendre ce patrimoine moins réputé, plus visible par tous.
Chaque année, une institution publique internationale (une bibliothèque) est invitée à venir
exposer ses trésors. Présent pour la 4e année consécutive sous la verrière du Grand Palais, ce
salon a connu en 2010 une hausse de fréquentation de 30 % par rapport à l'édition 2008.
Manuscrits enluminés, incunables, éditions originales de grands textes, livres d’artistes,
ouvrages aux reliures somptueuses, etc. sont autant d’œuvres d’art qui ont vu leur prix
atteindre des sommes témoignant d’un renouveau du goût pour le patrimoine écrit. La vente
15 SCHNEIDER Annie. Le livre. Objet d’art, objet rare. Paris : Ed. de la Martinière, 2008. 239 p. ISBN 978-2-7324-
3756-9
16 SLAM. Salon du livre ancien de Paris : Accueil [en ligne]. Disponible sur
<<http://www.salondulivreancienparis.fr/articles.php> (consulté le 17.08.2010)
26
aux enchères des trésors du poète français, Jacques PREVERT, en juin dernier, peut en
attester. La petite fille de l’écrivain, Eugénie BACHELOT-PREVERT, à l’initiative de cette
transaction, a pu récolter plus de 2 millions d’euros dont 557.640 euros grâce à la vente du
manuscrit original de Quai des Brumes pour lequel les enchérisseurs se sont déchaînés,
jusqu'au dernier mot adjugé au Musée des lettres et des manuscrits (Paris, France). Plus
accessibles, les éditions d’art contemporain en tirages limités tendent aussi à devenir
aujourd’hui des objets rares, convoités par les bibliophiles.
La richesse d’un ouvrage ne se limite pas à son contenu ; sa forme : son grammage,
son papier, sa reliure, sa couverture, ses illustrations, sa police de caractères…sont autant
d’éléments qui participent à rendre un livre unique. Tout un artisanat se cache à travers un
ouvrage : relieur, imprimeur, calligraphe, illustrateur… Ces savoir-faire font partie du
patrimoine. Aujourd’hui, à l’heure du développement de masse, ils sont pour la plupart en
voie d’extinction, peu connus et reconnus.
La bibliothèque est, depuis ses débuts avec le centre d’Alexandrie sous les Ptolémées,
un vaste conservatoire de collections anciennes. En France, si la BnF est riche d’au moins
600 000 livres anciens17 (depuis la convention de 1811 à l’issue des confiscations et
dispersions révolutionnaires), il s’en trouve environ six millions conservés dans quelque 300
bibliothèques municipales et près d’un million dans les bibliothèques universitaires
(essentiellement les grandes parisiennes telles que la Sorbonne, Sainte Geneviève et celle de
Strasbourg : bibliothèque nationale et universitaire18).
Parmi les missions fondamentales de la bibliothèque figure l’acquisition. C’est au moment des
confiscations révolutionnaires, que les bibliothèques publiques vont apparaître et s’enrichir
d’un patrimoine écrit, jusqu’alors constitué par les anciennes élites. Aujourd’hui, plus de
confiscations : la collection des bibliothèques s’accroit par l’achat ou le don d’ouvrages. Un
fonds patrimonial qui ne s’enrichit pas, perd de sa valeur. Chaque année, une partie du budget
17 Chiffres de 2007 issus de : BERTRAND Anne-Marie. Les bibliothèques. 3ème Ed.. Paris : La Découverte, 2007.
120 p. (Repères). ISBN 978-2-7071-5277-0
La politique constante d’acquisition de documents patrimoniaux élève chaque année ces données chiffrées.
18 La bibliothèque de Strasbourg s’est vue élevée au rang de bibliothèque nationale lors de son annexion à
l’Allemagne en 1870. Elle a conservé ce statut à son retour en France.
27
des bibliothèques est donc réservée à l’achat de documents récents mais aussi – selon le type
de bibliothèques - patrimoniaux. Concernant les collections anciennes, elles proviennent pour
la plupart d’achats à l’issue de ventes publiques. C’est le cas notamment pour les collections
patrimoniales de la bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art qui récupère de
nouveaux ouvrages par dons mais aussi par achats lors de ventes aux enchères par exemple.
Cependant, l’on peut aussi s’en procurer auprès de librairies spécialisées, de librairies
anciennes, d’éditeurs, d’auteurs, d’artistes et de propriétaires privés. Selon la spécificité de
son fonds, la bibliothèque peut rechercher des ouvrages en particulier. Les fonds sont étoffés
de manuscrits ou éditions originales qui complètent une collection spécifique mais surtout
d’œuvres contemporaines qui sont acquises dans un but de conservation : livres d’artistes,
production des auteurs locaux, documents ayant trait à la région, la commune. La bibliothèque
de Nantes, en France, conserve, par exemple, les manuscrits de 98 romans, nouvelles, pièces
de théâtre et autres écrits de Jules VERNE. C’est un corpus unique de 15.000 feuillets qui
permet de suivre l’évolution littéraire de l’auteur.
La constitution de ce type de collection est onéreuse lors de l’achat, mais aussi après pour la
conserver. Les bibliothécaires ont plusieurs ressources financières. Les achats d’ouvrages
anciens peuvent se faire sur des budgets de fonctionnement et sur des budgets
d’investissement. En France, les bibliothèques municipales classées peuvent bénéficier
d’aides de donateurs divers : sa région d’implantation ou aide de la part de la Direction du
Livre et de la Lecture (DLL). Il existe aussi un mécénat pour le patrimoine écrit. Ce type
d’aide peut servir aussi bien à l’acquisition de documents qu’à des actions de valorisation
(exposition, numérisation, édition…), dès lors qu’elle n’a pas un but d’ordre lucratif.
Certaines entreprises peuvent être sollicitées par exemple dans l’accompagnement de
l’acquisition d’un document rare.
La bibliothèque contribue avec les archives, musées, monuments historiques à
entretenir la mémoire locale. Pourtant longtemps, les fonds anciens étaient perçus comme une
charge, un frein à la modernisation plutôt qu’une richesse, un atout. Deux raisons expliquent
ce regain d’intérêt qu’elles connaissent actuellement. D’une part, le patrimoine est
aujourd’hui désigné comme un élément de l’identité collective. D’autre part, le bon
développement des bibliothèques municipales permet aujourd’hui de cesser de concurrencer
fonds anciens avec ceux de lecture publique en termes de priorité et de moyens. Le patrimoine
n’est plus envisagé comme un handicap qui mobilise et immobilise locaux, budget et
28
personnel et qui nuit à la modernisation et l’essor de ces structures. La preuve en est avec les
actions d’enrichissement des collections anciennes et un travail assez récent de valorisation de
ces fonds de manière à les faire davantage connaître du public.
b. Le patrimoine bâti
“ Le monument le plus précieux pour une nation est sans doute celui qui renferme
toutes les connaissances acquises “19. Cette conception de l’architecte Etienne-Louis
BOULLEE pour définir la bibliothèque est revenue au goût du jour.
Lieux du passé, du présent et de l’avenir, les bibliothèques sont en constante évolution.
Autrefois “ recluses“, au fond des greniers de mairie, elles ont aujourd’hui des bâtiments
fonctionnels, accueillants, ouverts sur l’extérieur.
Si les premières archives étaient confinées dans une partie d’un bâtiment : temple, palais
royal…, à l’intérieur de petites niches ou réduits, creusés à même le mur, à partir de l’époque
hellénistique, sont créés des bâtiments appropriés pour accueillir des collections. Durant
l’Antiquité romaine, on assiste à l’éclosion de bibliothèques dont un grand nombre bénéficiait
d’un bâtiment qui lui est propre. Aujourd’hui, ces magnifiques monuments romains ont tous
disparu mis à part les restes de la bibliothèque
d’Ephèse (Figure 1). Cette dernière est l’un des
emblèmes du site antique. Sa façade fait partie des
éléments les plus attractifs de ce lieu touristique
turc.
Figure 1 : Vestiges de la bibliothèque Celcius - Site
archéologique antique d'Ephèse (Turquie)
Source : © Gaëlle DENANT
L’arrivée du numérique a été perçu comme un mauvais présage pour le monde des
bibliothèques qui s’est inquiété du futur des bibliothèques physiques. Pourtant, assez
paradoxalement, depuis la dématérialisation des documents et la création de bibliothèques
virtuelles, les constructions de bibliothèques ne cessent de se multiplier. On crée, on rénove
ces institutions. Pourquoi ? Car la bibliothèque est l’un des rares lieux publics d’une ville.
19
BERTRAND Anne-Marie, KUPIEC Anne. Ouvrages et volumes : Architecture et Bibliothèques. Paris : Ed. du
Cercle de la librairie, 1997. 212 p. (Bibliothèques). ISBN 2-7654-0657-X
29
C’est donc sa fonction de point de rassemblement d’hommes qui explique la permanence de
l’activité architecturale de ces structures. Il ne reste aujourd’hui que peu de lieux sans
restriction d’accessibilité (sans distinction de race ni de niveau social), permettant
d’emprunter et lire des ouvrages librement et gratuitement. D’autre part, l’apparition
d’Internet - souvent désigné comme le “fossoyeur du livre et des bibliothèques“ - a aussi servi
le futur des bibliothèques, en provoquant une demande de centres multimédias.
Depuis les années 1990, les municipalités veulent créer des bâtiments d’envergure
pour leur bibliothèque. Pour ce faire, ils font appel à des architectes de renommée
internationale tels que Renzo PIANO, Norman FOSTER… L’architecture des lieux culturels
comme les opéras, les théâtres, les musées et les bibliothèques est, de tout temps, utilisée
comme une “vitrine“ pour la ville et un outil de prestige pour les politiciens. L’essor de
constructions de bibliothèques innovantes et originales est principalement à l’initiative
d’hommes politiques. Par exemple, le centre culturel des Champs Libres à Rennes créé, par
Christian DE PORTZAMPARC en 2006, fait partie d’un projet de revitalisation urbaine à
l’initiative d’Edmond Hervé (maire de Rennes).
Si les architectures de bibliothèques affluent, cela vient aussi du fait qu’elles inspirent les
architectes. Selon Richard ROGERS (architecte britannique), “ la bibliothèque victorienne
traditionnelle tenait un peu de l’église alors qu’aujourd’hui, elle doit être à la pointe de la
technologie. La bibliothèque est devenue un endroit où le citoyen doit pouvoir trouver toute
une gamme d’activités pour les jeunes comme pour les seniors, pour tous, pour toutes les
croyances“20. En Angleterre, comme ailleurs, la bibliothèque publique perd peu à peu son
image poussiéreuse, grâce au talent d’architectes vedettes comme Richard ROGERS et son
projet pour Birmingham21, qui prévoit - dans un quartier à réhabiliter, défiguré par une
autoroute urbaine - un édifice ultra moderne, rempli de nouvelles technologies, attirant le
public le plus large possible avec des collections de livres, des écrans à profusion, des
restaurants, des expositions, un auditorium, des salles de conférence, des jardins paysagers, 20
BERARD, Raymond. Architecture et design en : Séminaire international [en ligne]. Disponible sur
<http://bbf.enssib.fr> (consulté le 15.08.2010)
21 La bibliothèque n’est pas encore ouverte au public. Les travaux ont débuté en 2002 comme l’explique le Site
Internet dédié à ce projet :
Rogers Stirk Harbour. Library of Birmingham [en ligne]. Disponible sur :
<http://www.richardrogers.co.uk/work/all_projects/library_of_birmingham> (consulté le 28.08.2010)
30
etc. L’architecture des bibliothèques peut donc servir à casser les idées stéréotypées de la
bibliothèque traditionnelle.
Les acteurs des bibliothèques ont pris conscience des nouveaux besoins du public : un
accès à toutes les formes de savoirs. C’est de là qu’est venue l’émergence de médiathèques.
Ces nouvelles bibliothèques ont donc subi des transformations dans leur agencement interne
qui a évolué en fonction de la diversification des usages. Aujourd’hui, au lieu d’une grande
salle de travail unique et austère, se retrouvent une multitude d’espaces aux fonctions
différentes : espace d’accueil, salle de lecture, salle de travail, cafétéria, etc. C’est bien sur ces
principes qu’a reposée la construction de la bibliothèque de Norwich (Figures 2, 3 et 4),
largement ouverte, complètement décloisonnée et occupant la moitié d’un complexe
regroupant des boutiques, une pizzeria, un café, l’office de tourisme et la station locale de la
BBC.
La diversification des espaces, son aspect informel et non monumental, a favorisé son
appropriation vis-à-vis des usagers et a même permit d’augmenter sa fréquentation en attirant
d’autres publics venus à l’office de tourisme, allant au restaurant… ; un public jusqu’alors
non-usager.
Majestueuses, très modernes, les nouvelles bibliothèques sont souvent empreintes d’un
grand symbolisme via leur architecture. Elles font tantôt écho au territoire, tantôt à l’histoire
de la bibliothèque et de son fonds… Les quatre tours de la BnF du site François-Mitterrand
font par exemple allusion à 4 livres ouverts. Dans le cas de la Bibliotheca Alexandrina (Figure
6), son architecture très moderne a fait l’objet d’un concours international visant à
Figures 2, 3 et 4 : Bibliothèque de Norwich (Angleterre)
Sources : http://www.enssib.fr/breves/2010/02/18/nocturnes-a-la-bibliotheque http://english-matters.co.uk/library/norwich%20library.html
31
sélectionner le projet qui symboliserait au mieux la continuité entre le passé et le présent,
ainsi que la réconciliation entre le local et l’universel. Le groupe norvégien SNOHETTA,
sélectionné en 1989, a fait de la bibliothèque un bâtiment contemporain alliant simplicité et
splendeur. Situé au bord de la mer, sur le site de l’ancienne bibliothèque, le bâtiment se
présente sous la forme d’un cylindre vertical de 160 mètres de diamètre coupé en diagonale,
dont la pureté géométrique n’est pas sans rappeler à de nombreux égards les grands édifices
de l’Egypte antique. Vu de haut, sa forme circulaire (Figure 5) évoque l’image du soleil (les
hiéroglyphes représentaient généralement le soleil comme un simple disque). Si les
architectes n’ont pas conçu la bibliothèque, au sens strict, comme un symbole solaire, ils
reconnaissent néanmoins qu’elle se veut une image de rayonnement et d’ouverture. C’est
d’ailleurs cette idée que les murs de granit, côté sud expriment. En effet, y sont inscrites
toutes les écritures connues dans le monde (Figure 7) : de l’écriture arabe aux caractères
chinois, en passant par les caractères cyrilliques, coptes, hébreux, latins… Enfin, les jeux de
lumières évoluant au fil de la journée selon la course du soleil sur les symboles gravés,
évoquent également les murs des temples égyptiens. A travers son fonds et son architecture, la
Bibliotheca Alexandrina se propose ainsi comme le nouveau temple du savoir universel. Cela
retranscrit à la fois l’ambition de l’ancienne bibliothèque et celle de la nouvelle.
Figures 5, 6 et 7 : Bibiliotheca Alexandrina (Egypte) - vues extérieures
Source : http://www.aaha.ch/photos/bibliotheca.htm
Les aménagements intérieurs font aussi écho à l’ancienne bibliothèque puisque l’on y
retrouve un véritable centre culturel avec une salle de lecture, un centre de conférences, un
centre de connexion à Internet, une bibliothèque numérique, des bibliothèques spécialisées,
32
des galeries d’expositions, un musée de la calligraphie, un musée des sciences, un musée des
antiquités, un planétarium, un exploratorium, un laboratoire de restauration pour les
manuscrits rares, une école internationale des sciences de l’information et 7 centres de
recherches et de documentation.
Les bibliothèques sont conçues pour être des points forts, visibles de la ville.
L’architecture joue beaucoup sur la notoriété qu’aura la bibliothèque. C’est le cas de la BnF.
Son architecture a été beaucoup décriée au début. C’est cet élément qui a fait la plus grande
publicité de cet édifice.
En matière de tourisme, l’architecture des bibliothèques peut être très importante, elle peut
par exemple attirer le regard d’un touriste déambulant au hasard dans la ville. Cela peut attiser
sa curiosité et l’amener à visiter l’intérieur. C’est la même chose pour les musées. L’exemple
le plus frappant est le musée Guggenheim de Bilbao. Son architecture, plus que les œuvres
conservées dedans, a fait la réputation et l’attraction de cet établissement construit en 1997
par l'architecte américain Frank O. GEHRY et qui, aujourd’hui, a participé grandement à
redorer l’image de la ville industrielle de Bilbao.
En outre, aujourd’hui, quand on visite une bibliothèque, c’est autant si ce n’est plus pour son
architecture que pour son fonds. Par exemple, les visites guidées de la BnF sur le site
Richelieu comme sur le site François-Mitterrand, traitent plus de l’architecture des lieux que
des collections. Lors de ma visite à la BnF, Philippe BERNARD, personnel de l’accueil qui
s’occupe aussi des visites guidées (cf. prospectus des visites proposées par la BnF en annexe
A) a parlé en première partie de l’histoire de la bibliothèque : l’évolution des collections, des
missions de la bibliothèque et, dans un second temps, il a abordé tout l’aspect architectural de
ce bâtiment : l’agencement interne, les matériaux, les étapes de construction… Des
prospectus, visibles en annexe B, sont même consacrés à cet aspect des édifices. Il ne faut pas
oublier qu’une bibliothèque, c’est autant son fonds (collection patrimoniale) que son
contenant (bâtiment).
c. L’exploitation du patrimoine des bibliothèques
Avant d’aborder le traitement de ce type de ressources culturelles au sein des
bibliothèques, il faut garder à l’esprit que le patrimoine n’est pas le même dans toutes les
structures. Certaines de ces institutions sont plus riches que d’autres. Se distinguent par
33
exemple, les bibliothèques de lecture publique - dont leur fondement-même est de favoriser la
lecture et de rendre accessible une documentation généraliste au maximum de citoyens - de
celles qui possèdent un dépôt légal, ont un fonds spécialisé, ont une histoire relativement
ancienne, etc.
Une prise de conscience du patrimoine écrit récente
La prise de conscience des richesses patrimoniales des bibliothèques est assez récente.
Jusque dans les années 1980, le patrimoine était “laissé pour compte“ dans les bibliothèques
au bénéfice de la lecture publique. Passéiste, poussiéreux et élitiste : voila les qualificatifs
que le public et les bibliothécaires même s’accordaient à associer au patrimoine. En revanche,
la lecture publique était, elle, signe de modernité, d’ouverture, de sociabilité. Il faut donc
attendre les années 1980 pour que s’impose l’idée selon laquelle le patrimoine constitue un
enjeu culturel et touristique important pour les villes. La création d’une administration du
patrimoine au sein du Ministère de la Culture en France aura eu certainement un effet sur
cette évolution.
Aujourd’hui, le patrimoine n’est plus perçu comme une “crispation du passé“. C’est même
devenu une activité consensuelle, mais elle l’est encore davantage dans les propos que dans
les moyens entrepris.
Un patrimoine disparate qui n’est pas traité de la même façon selon le statut et type de
bibliothèque
Depuis les années 1980, il existe une politique de valorisation des fonds patrimoniaux
qui se développe dans les bibliothèques. Le patrimoine n’étant pas le même selon le type de
bibliothèque dans lequel il se trouve, il n’est alors pas valorisé de la même manière. Par
exemple, la bibliothèque nationale a amélioré sa politique de valorisation depuis la
construction du nouveau bâtiment sur le site François-Mitterrand. Les politiques de
valorisation sont de manière générale, dans tous les pays, supérieures dans les instituts
nationaux, à celles effectuées dans les autres bibliothèques. Il y a plusieurs raisons à cela : les
bibliothèques nationales possèdent un fonds plus riche, ont depuis le début des missions plus
élargies, des locaux mieux adaptés pour ce genre de tâches et enfin, et surtout, des
financements plus conséquents. Du côté des bibliothèques municipales, les avancées en
matière de valorisation se sont faites plus lentement ; leur rôle de lecture publique
prédominant jusqu’alors. Des efforts ont été toutefois remarqués grâce au Plan d'Action pour
34
le Patrimoine Ecrit (P.A.P.E.)22. Est apparu le souci de mieux connaître le patrimoine écrit et
sa valorisation. Enfin, du côté des bibliothèques universitaires, la valorisation des collections
est une réflexion encore plus récente. Cela, remonte à deux ans, puisqu’avant, la
préoccupation se centrait sur la modernisation de ces institutions.
Les acteurs jouent aussi un rôle dans les avancées de la valorisation du patrimoine écrit au
sein des bibliothèques. Par exemple, des efforts sont notables dans les villes. Emergent des
évènements et expositions en lien avec la bibliothèque et sur les livres. En atteste Le Mois du
Livre par exemple. Quant aux professionnels du monde des livres, la barrière entre lecture
publique et conservation tend à diminuer. Il y a une volonté de faire davantage pour le
patrimoine de la part des bibliothécaires.
De manière générale, aujourd’hui, la valorisation du patrimoine s’exprime par trois
types d’actions : des expositions, des éditions et la numérisation.
La mise en place d’expositions révèle à un large public des
documents que leur fragilité rend habituellement peu accessibles.
Ces manifestations culturelles permettent de sortir des magasins et
réserves des manuscrits, cartes postales, plans, estampes, objets
divers23… que l’histoire et les dons ont fait entrer dans la
bibliothèque. Elles offrent ainsi aux habitués des bibliothèques
comme aux non-usagers, l’occasion de découvrir et s’approprier de
manière symbolique ces fonds riches et précieux.
Si certains documents sont rarement dévoilés de part leur grande
ancienneté et donc leur fragilité, certains, plus vulnérables encore,
sont devenus complètement inaccessibles. C’est le cas des Très
Riches Heures du duc de Berry (Figure 8) par exemple. Dans ce cas,
les bibliothèques ont recours aux nouvelles technologies. Depuis
quelques années, elles mènent une politique de numérisation des
biens anciens. La numérisation permet à la fois la conservation des
connaissances mais aussi sa valorisation et sa grande diffusion.
Aujourd’hui, de nombreuses bibliothèques comme la BnF, la bibliothèque interuniversitaire
22
Le Plan d'action pour le patrimoine écrit et graphique (P.A.P.E.) a été mis en place en 2004 par la Direction
du Livre et de la Lecture (D.L.L.). IL est né d'une réflexion autour du patrimoine écrit de notre pays.
23 Un sarcophage a longtemps été stocké dans les bâtiments du quadrilatère Richelieu suite à un don.
Figure 8 : Avril, Les Très
Riches Heures du duc de
Berry. Livre d’heure du
XVème siècle, conservé
aujourd’hui au musée
Condé à Chantilly
Source : http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/163447
35
de médecine ou la médiathèque de Troyes dévoilent sur leur sites Internet leurs “Trésors“
numérisés accompagnés d’expositions virtuelles pour présenter ces œuvres (voir annexe C).
Enfin, une politique d’édition accompagne généralement les expositions temporaires. C’est un
outil qui permet, à la fois d’obtenir quelques retombées économiques (objet-souvenir pour les
visiteurs) et, à la fois de garder une trace de ces manifestions éphémères.
Cependant ces actions ne suffisent pas encore compte-tenu de la richesse de ce
patrimoine. De plus, selon Martine POULAIN (cf. compte-rendu d’entretien en annexe D),
avant d’effectuer tout travail de valorisation, il faut connaitre son patrimoine. Or, aujourd’hui,
ce n’est pas encore le cas, car une partie du patrimoine n’est pas encore catalogué et les
moyens financiers et humains manquent terriblement pour accomplir cette tache.
3. LA BIBLIOTHEQUE, UNE INSTITUTION CULTURELLE AU CŒUR D’UN TERRITOIRE, D’UN TISSU URBAIN
Si la bibliothèque a plusieurs rôles, ce ne sont pas tous des objectifs mais certains font
plutôt partie des effets induits. De par son emplacement, ses acteurs, ses missions, son public
et son fonds, la bibliothèque est un objet urbain, un élément au cœur même du territoire. Ce
n’est pas tant un choix qu’une évidence. Une bonne analyse d’une institution implique de la
replacer dans son contexte. Ne pas prendre en compte l’environnement de la bibliothèque (sa
population locale, la dynamique de son lieu d’origine en matière de culture, d’actions
sociales, de tourisme,….) empêche toute compréhension complète de ce lieu : sa fonction, son
histoire… C’est d’autant plus vrai dans le cas des bibliothèques publiques. Or, aujourd’hui, la
majeure partie des bibliothèques connues de la population sont publiques. Sous la tutelle de
l’Etat ou sous le contrôle des collectivités territoriales, servant la population locale, elles
représentent donc, la ville, le département, la région ou l’Etat qui les gèrent.
Une bibliothèque se définit d’abord par sa collection organisée de documents, mais c’est
aussi un bâtiment public, un ensemble de ressources et de services, une maille dans le filet de
l’aménagement du territoire, une médiation entre les documents/informations et les usagers.
36
Il s’agit d’un lieu social, qui se veut ouvert à tous selon les principes de la Charte des
Bibliothèques24 adoptée par le Conseil supérieur des bibliothèques, le 7 novembre 1991.
Depuis un demi-siècle, l’aménagement culturel du territoire s’est révélé un enjeu nouveau
capital pour les villes, départements, région et l’Etat. Deux raisons, ont participé à l’apparition
de cette évolution. Tout d’abord, l’intensification du réseau urbain dans le monde entier
depuis une cinquantaine d’années, a fait se développer une forte demande de la population en
matière de services publics de proximité. Ensuite, l’élévation du niveau scolaire a suscité un
accroissement des pratiques culturelles et donc une demande de produits et services liés à ces
dernières. La bibliothèque, lieu de culture et d’éducation par excellence – deux éléments clés
pour une nation - fait donc partie de ces aménagements culturels de proximité fortement
développés ces dernières années.
Les structures culturelles sont des éléments forts pour l’image d’une ville. Elles
dévoilent la richesse d’un lieu, ses moyens, le dynamisme de la politique urbaine du territoire.
Elles participent à la notoriété positive d’une ville. Les municipalités l’ont bien saisi. Depuis
les années 1980, le patrimoine a retrouvé un certain attrait. Les maires ont donc saisi cette
opportunité pour rénover ou construire de nouveaux écrins aux institutions publiques
culturelles comme les musées et bibliothèques. Jusque dans les années 1980, les bibliothèques
municipales n’étaient pas connues pour être des projets architecturaux forts. En créant des
architectures modernes, monumentales au symbolisme fort, l’idée est de briser l’image de
“ temple de la culture“ des bibliothèques pour le rendre vivant et attractif. C’est ce qui a été
fait en 1993, à Nîmes, avec le Carré d’art qui abrite
un musée d’art contemporain et une médiathèque.
Créé par le célèbre architecte Norman FOSTER, ce
“Beaubourg régional “ participe à la volonté du
maire de l’époque, Jean BOUSQUET, d’affirmer
l’image urbaine de la cité. La presse n’hésitera pas
d’ailleurs à qualifier Nîmes de ville
“médiagénique“. D’ampleur nationale cette fois, le
projet architectural de Dominique PERRAULT pour
24
Conseil supérieur des bibliothèques. Charte des bibliothèques [en ligne]. Disponible sur <http://enssibal.enssib.fr/autres-sites/csb/csb-char.html> (consulté le 15.06.2009)
Figure 9 : Bibliothèque nationale de France -
Site François-Mitterrand Source : http://www.yanous.com/pratique/culture/culture060505.html
37
la nouvelle Bibliothèque nationale de France sur le site de Tolbiac à la fin des années 1990, en
est un autre exemple (Figure 9).
L’idée de cette construction monumentale (bâtiment organisé autour d'un socle et de quatre
tours d'angle, hautes de 79 mètres, soit sept étages de bureaux et onze étages de magasins),
moderne (architecture de verre) et symbolique (les bâtiments forment 4 livres ouverts) ne se
limitait pas à créer une nouvelle bibliothèque pouvant accueillir plus de documents et
d’usagers. Le challenge était aussi de manifester, aux français comme aux étrangers, la place
de la culture dans la société française. Le bâtiment ne pouvait donc qu’être monumental. En
tant que bâtiment public, la bibliothèque a un impact sur l’organisation urbaine. Elle peut
revivifier un quartier, servir à redonner à un secteur urbain une dignité et considération pour
ses habitants. L’implantation d’un nouveau bâtiment de bibliothèque est porteuse de plusieurs
messages : nouveau lieu de rassemblement, établissement très fréquenté, etc. La bibliothèque
crée une force d’attraction dans le tissu urbain. Elle lui donne du sens. Ce fut le cas avec le
site François Mitterrand dans le 13ème arrondissement de Paris. Force est de constater l’essor
des constructions : logements, commerces, entreprises de ce quartier. La majorité de ces
édifications, concentrées autour de la BnF lui sont postérieures. C’est une zone de Paris qui a
trouvé une nouvelle dynamique. Cela permet de casser cet effet concentré des sites culturels
du cœur historique de Paris (cf. carte des sites touristiques de Paris en annexe E). La BnF
ayant une attraction touristique, l’objectif est aussi d’amener des touristes dans cette partie de
la capitale.
En trois siècles, le rôle des élus s’est affirmé et, depuis quelques années, les politiques
culturelles n’hésitent plus à s’afficher. Aujourd’hui, les municipalités sont très nombreuses à
vouloir reconstruire leurs médiathèques. En témoignent, le projet de St-Malo ou la
bibliothèque de Seattle (Figures 10 et 11) de l’architecte Joshua PRINCE-RAMUS.
Figures 10 et 11 : Bibliothèque de
Seattle construite par Joshua
PRINCE-RAMUS
Sources : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Seattle_library_main_branch_overhead.jpg http://seattletimes.nwsource.com/news/local/library/photogalleries/spl20.html
38
Ces édifices se veulent de plus en plus impressionnants. Pour ce faire, les institutions
publiques ont recours à des architectes notables, comme Christian DE PORTZAMPARC
(Champs Libres, Rennes) (Figure 12). L’architecture de ces lieux est une “vitrine“ pour la
ville et un outil de prestige pour les politiciens. C’est un moyen d’attirer l’attention de
visiteurs potentiels. C’est le cas de la Bibliothèque nationale de France notamment mais aussi
de la bibliothèque municipale de Kansas City aux Etats-Unis (Figure 13).
Figure 12 : Vue d'ensemble de l'architecture extérieure du
centre culturel des Champs Libres de Rennes (France) édifié
par Christian DE PORTZAMPARC
Source : © Ouest-France
Figure 13 : Vue d'ensemble de la bibliothèque
de Kansas City (Etats-Unis)
Source : http://projets-architecte-urbanisme.fr/bibliotheque-
kansas-city-libabry-livre-architecture-insolite/librairie-kansas-city-
architecture-insolite/
La façade de la bibliothèque est un grand “trompe l’œil“ faisant figurer de grandes œuvres
littéraires classiques occidentales (Roméo et Juliette de SHAKESPEARE, Le seigneur des
anneaux de TOLKIEN…) sous forme de livres rangés sur un rayonnage (Figure 14). Cette
conception au design innovant est à l’initiative de la municipalité de Kansas City. Dans un
souci d’intégration du bâtiment au sein de la ville et auprès des habitants, la municipalité a
demandé à la population locale de choisir des livres fortement influents qui représenteraient
Kansas City. Cette démarche de concertation avec les locaux a pour objectif d’inciter ces
derniers à lire et à fréquenter la bibliothèque. En les impliquant, cela permet de rendre le lieu
Figure 14 : Détail de la façade d'entrée de la
bibliothèque municipale de Kansas City
39
représentatif de la ville. De plus, sa grande originalité a accrut sa notoriété. Cela a fonctionné
puisque la municipalité de Cardiff l’a imitée.
Grâce à ses acteurs, son emplacement, ses usagers, son fonds patrimonial faisant écho
au lieu et/ou aux habitants de sa région d’implantation, la bibliothèque est donc bien une
représentation de la ville, de son entourage. En témoigne, la bibliothèque de Rennes. Etant
dépositaire du dépôt légal des ouvrages sur la Bretagne, la bibliothèque des Champs Libres
possède tout un étage : “Zone Patrimoine“, dans laquelle, l’usager trouve des documents de la
région ainsi qu’un petit Musée du Livre et des Lettres Henri Pollès. Il s’agit de la
reconstitution des pièces de la maison de l’écrivain breton Henri POLLES.
A travers son architecture, la bibliothèque peut aussi servir l’image de la ville dans laquelle
elle se situe. C’est le cas de la bibliothèque Carnegie de Reims (Annexe F) qui reflète, par son
édifice (Figures 15, 16, 17, 18 et 19), l’importance qu’a eu l’architecture Art déco dans la
ville.
Figures 15, 16, 17, 18 et 19 : Plusieurs
détails du style Art déco de la
Bibliothèque Carnegie de Reims
Sources :
http://www.evene.fr/culture/lieux/bibliothequ
e-carnegie-5934.php?photo
http://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8qu
e_Carnegie_%28Reims%29
A travers son fonds riche d’environ 300.000 livres et son architecture contemporaine aux
influences traditionnelles, la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (B.N.R.M.) à
Rabat est un autre exemple représentatif de son territoire. Située parmi les sites historiques et
culturels comme la Tour Hassan et la Médina, le tout récent bâtiment de la B.N.R.M., œuvre
40
des architectes Rachid BENBRAHIM AL ANDALOUSSI et Abdelouahed MOUNTASSIR,
se fond harmonieusement dans la géographie de la ville avec son style marocain-andalou
(jardins intérieurs, fontaines, marbre et mosaïques). Bibliothèque moderne, elle possède tout
le confort requis pour accueillir un large public : salle de lecture, auditorium, cafétéria avec
grande terrasse, salle de prière et d’ablutions ; le tout inséré dans une enfilade d’espaces
paysagers. Concernant son patrimoine écrit, un espace lui est réservé : manuscrits et livres
rares y sont exposés et disponibles à la consultation.
Le positionnement des bibliothèques dans un territoire est un atout à exploiter dans le
cas des bibliothèques touristiques. Elles peuvent être un vecteur entre les touristes et la
population locale. Comme le dit bien John R. WHITMAN25 dans son article, les collections
d’une bibliothèque peuvent donner aux visiteurs étrangers, une meilleure connaissance de la
culture de la zone géographique visitée.
25
WHITMAN John R. Libraries and Tourism [en ligne]. Disponible sur <http://portal.unesco.org/ci/en/ev.php-
URL_ID=13678&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html> (consulté le 15.06.2009)
41
II. LE TOURISME ET LES SITES CULTURELS
“La culture, tant dans ses différents "objets" que dans sa représentativité globale des
identités nationales et régionales, est une puissante force d'attraction pour un territoire, et
elle seule est capable de créer le "génie du lieu" autour duquel les visiteurs se retrouvent,
apprennent, s'émeuvent et se différencient“ 26. Cette citation de Claude ORIGET DU
CLUZEAU résume parfaitement le rôle que jouent les sites patrimoniaux pour un territoire.
Le patrimoine, est une valeur attractive en matière de tourisme. C’est pour des raisons
patrimoniales qu’a débuté le tourisme avec les “Grands Tours“ au XVIIIème siècle.
Aujourd’hui encore, même si le tourisme a évolué avec l’apparition de nouvelles formes de
tourisme (balnéaire, tourisme de montagne, tourisme d’affaires, tourisme de santé,…) le
patrimoine et la culture restent des points forts dans le tourisme. La communication de la
plupart des destinations en atteste puisqu’elle met en avant les atouts culturels du lieu pour le
faire connaître et attirer le visiteur ; ceci même si le séjour touristique n’est pas centré sur la
culture.
1. COMPARAISON DE DEUX STRUCTURES CULTURELLES : LE MUSEE, LIEU CULTUREL
TOURISTIQUE PAR EXCELLENCE ET LA BIBLIOTHEQUE, STRUCTURE CULTURELLE
QUI SE VEUT OUVERTE A TOUS.
L’étude des activités touristiques des musées et autres sites culturels fournit nombre
d’informations quant aux attentes des touristes, ce qu’ils désirent trouver à l’issue de leur
visite de ce type d’institution. Elle permet d’identifier les potentiels attractifs et touristiques
des structures culturelles en général. Une comparaison de ces institutions déjà touristiques
avec d’autres, comme les bibliothèques, qui ne le sont pas encore, met en évidence les
changements à effectuer et les actions à mener en vue d’attirer et d’accueillir les touristes dans
les médiathèques.
26
Le Monde. Claude Origet du Cluzeau : Le tourisme culturel [en ligne]. Disponible sur
<http://www.lemonde.fr/savoirs-et-connaissances/article/2005/12/29/claude-origet-du-cluzeau-le-tourisme-
culturel_725377_3328.html#xtor=AL-32280340> (consulté le 17.08.2010)
42
a. Les parentés des musées et bibliothèques
Par son édifice, son histoire, son fonds et ses rôles, la bibliothèque a de nombreuses
similitudes avec le musée. Ce sont tous les deux des instituts, majoritairement publics, qui
conservent un patrimoine et le mettent à la disposition de la population dans des écrins
architecturaux plus ou moins majestueux.
L’une des parentés première que possèdent musées et bibliothèques vient de leur
architecture. Dès l’époque des Ptolémées, au IIIème siècle avant Jésus-Christ, avec la
bibliothèque d’Alexandrie en Egypte, on rassemble les premières formes de musée et
bibliothèque sous un même bâtiment. Cette bibliothèque antique, aujourd’hui disparue, n’était
pas, comme son nom l’indique, qu’une simple bibliothèque, mais plutôt un véritable centre de
culture et de savoir constitué de plusieurs espaces dont deux bibliothèques : l’une principale,
rattachée au “Museion“ (musée) était une sorte d’académie des sciences et la seconde annexait
le temple de Sérapis. D’après quelques écrits dont les témoignages de Strabon dans le livre 17
intitulé Géographie, les bâtiments de la bibliothèque d’Alexandrie comprenaient donc des
salles pour stocker les nombreux papyrus, des espaces réservés aux savants, enseignants et
étudiants (cour, salles de réunion, réfectoires, logements…) mais aussi, un musée, un
observatoire astronomique et un jardin zoologique et botanique... Au XIXème siècle aussi, les
architectes rassemblent ce type d’institutions culturelles en construisant des musées-
bibliothèques27 (exemples français : Rouen, Nantes, Grenoble, Amiens, etc.). Et après une
séparation de ces structures au XXème siècle, ce modèle de fusion revient plus que jamais
aujourd’hui à travers de nouvelles édifications. En attestent, le Centre d’art contemporain
Georges Pompidou qui partage son bâtiment avec la Bibliothèque Publique d’Information ;
les Champs Libres de Rennes qui concentrent bibliothèque, musée de Bretagne et cité des
sciences sous un même toit ; mais aussi The Morgan Library & Museum à New York (Etats-
Unis) (Figures 20, 21, 22 et 23) composée :
- d’un musée implanté dans l’ancienne villa de John PIERPONT MORGAN (1837-
1913), fondateur de cette institution,
27
Attention à ne pas confondre les musées-bibliothèques, des musées qui possèdent une bibliothèque comme
complément d’étude de leurs collections d’œuvres d’art. Dans le cas présent, les musées-bibliothèques
abordées sont des structures dans lesquelles les deux institutions vivent de manière relativement égale ; c'est-
à-dire que l’une n’est pas la subordonnée de l’autre.
43
- d’une bibliothèque (Figures 20 et 21). D'inspiration Renaissance italienne (rappelle le
palais du Té à Mantoue), elle a été conçue en 1906 par l'architecte Charles FOLLEN
MCKIM,
- et plus récemment, depuis 2006, d’un auditorium, construit d’après les plans du
célèbre architecte italien Renzo PIANO.
Cette bibliothèque d’histoire, de littérature et de musique, vaut le détour pour son
architecture éclectique mêlant différents styles architecturaux, pour ses collections
anciennes (350.000 œuvres au total), parmi lesquelles se trouvent un manuscrit et des
partitions de Mozart, la Bible de Gutenberg, des lettres de Van Gogh, des gravures de
Rembrandt, un manuscrit original d'Eugénie Grandet de Balzac… et pour sa politique
d’animation culturelle variée : expositions, concerts, etc.
Figures 20, 21, 22 et 23 : The Morgan Library & Museum (New-York)
Sources : http://lifeasdaddy.typepad.com/lifeasdaddy/2008/08/wanna-see-a-gutenberg-bible-get-thee-to-the-morgan.html
http://www.dwell.com/articles/creating-the-modern-stage-at-the-morgan-library.html
Ces édifices communs, sont la manifestation la plus tangible de cette parenté entre
musée et bibliothèque. Ce rapprochement n’est pas anodin. Si musées et bibliothèques sont
rassemblés sous un même toit, cela vient de la proximité de leur fonctions et des usages. Cela
démontre aussi que le public des musées et bibliothèques est proche.
Les musées et bibliothèques publiques, sous leur forme actuelle, apparaissent à l’issue
de la Révolution. Ce sont des progénitures du mouvement des Lumières à la fin du XVIIIème
44
siècle. Nées d’un mouvement de démocratisation des connaissances, elles vont participer à
l’émergence d’une nouvelle société, sur les ruines de l’ancienne. C’est par elles que va se
créer ce que l’on appelle aujourd’hui le public. Les œuvres picturales, écrites et graphiques,
jusqu’alors réservées à un usage privé, se retrouvent dans les bibliothèques et musées,
confrontées à un usage public. Depuis leur apparition, l’histoire des bibliothèques et musées
est proche. Elles n’évoluent pas toujours en même temps selon les domaines, mais de manière
générale, ces deux institutions suivent une trajectoire parallèle. La preuve en est concernant
leur appropriation par les villes. Les musées comme les bibliothèques intéressent aujourd’hui
toutes deux les maires. Mais le musée a été bien plus tôt pris en considération par les villes
que la bibliothèque. La construction de grands musées des Beaux-arts en province depuis le
XIXème siècle atteste bien de cette sollicitude plus précoce de la part des municipalités.
Cependant, il est aussi à noter qu’au XIXème siècle, les musées comme les bibliothèques
n’occupaient pas les premières places au rang du budget accordé aux structures culturelles par
les villes. Jusque dans les années 1960, c’est le théâtre qui demeure l’institution centrale des
politiques culturelles des agglomérations provinciales.
Les musées comme les bibliothèques oscillent entre conservation et diffusion. Leur chemin
d’évolution concernant ses deux rôles est aussi assez proche. C’est le cas par exemple avec la
numérisation de leur collection. Ce sont deux structures qui se posent les mêmes questions.
Elles s’interrogent, par exemple, toutes deux sur ce que signifie aujourd’hui le concept de
démocratisation culturelle. Selon, Dominique POULOT28, l’histoire des musées doit s’inspirer
des mutations qui touchent les bibliothèques. Mais cela marche aussi dans l’autre sens, les
bibliothèques peuvent aussi prendre appui sur les transformations des musées. Dans le cas
d’une mise en tourisme des bibliothèques c’est d’ailleurs conseillé.
Ce sont les collections des bibliothèques et musées qui rendent ces deux instituts si proches.
Qu’il soit pictural et sculptural dans les musées et écrit et graphique dans les bibliothèques, il
n’en demeure pas moins que ces deux structures concentrent un patrimoine légitime.
28
Le musée et la bibliothèque, vrais parents ou faux amis ?. Paris : BPI-Centre Georges Pompidou, 1997. 242 p.
(Collection “Etudes et recherche, ISSN 0993-8958) ISBN 2-84246-016-2
45
“Ce sont toujours la conservation et la réunion d’un trésor précieux qui constituent la
raison de l’édification du musée et ces bâtiments doivent être conçus dans le même esprit que
les bibliothèques […] qui peuvent être considérées pour une part comme un trésor public,
comme l’entrepôt le plus précieux des connaissances humaines, pour l’autre, comme un
temple consacré aux études“. Jean-Nicolas-Louis DURAND, en 1803, dans son Précis des
leçons d’architecte, dévoile bien les similitudes des musées et bibliothèques dans leurs rôles
et missions. La présence de ce patrimoine, différents dans leur forme, mais révélant tous deux
le témoignage du passé utile pour le présent et l’avenir, donne aux bibliothèques et musées un
certain nombre de rôles et missions identiques. Ce sont des espaces publics (au sens de leur
accessibilité) ancrés dans un territoire, qui ont des fonctions pédagogiques et culturelles qui
leurs sont assignées. Ils ont pour rôle, de gérer des collections : acquisition, préservation,
valorisation, diffusion, font parties des fonctions des musées comme des bibliothèques.
Grâce à ce fonds et leur missions, ces deux établissements culturels rencontrent
aujourd’hui un succès public l’un comme l’autre. La fréquentation de ces lieux n’a jamais été
aussi bonne et leur notoriété aussi forte. D’institutions fermées élitistes, ils ont su se
transformer en lieux ouverts et attractifs. Cependant, le pari n’est pas complètement gagné ;
tout le monde n’arpente pas encore les allées des bibliothèques et les salles des musées. Même
si leur évolution concernant la question de l’accessibilité est certaine, ils continuent tous deux
de susciter, pour certaines couches de la société, un sentiment d’étrangeté, voire d’hostilité.
Les couches de la population défavorisée ne viennent pas ou très rarement dans ces enceintes
culturelles, et la gratuité de ces structures n’y change rien.
b. Bibliothèques et musées : deux structures faussement amies qui se
distinguent
Bien qu’apparentes grâce à leurs fonds et missions, c’est aussi par ces deux aspects
notamment, que musées et bibliothèques se distinguent.
Comme dit précédemment, la bibliothèque et le musée recèlent un patrimoine culturel.
Cependant, ce patrimoine n’apparait pas sous la même forme. Dans le cas des institutions
muséales, il s’agit d’œuvres d’art : peintures, photographies, sculptures, dessins, gravures…
alors que pour la bibliothèque, il s’agit d’un patrimoine écrit et graphique : imprimés,
manuscrits, estampes, cartes géographiques, cartes postales, plans d’architectes, mais aussi
46
des documents comme les disques, CDs, DVDs… Ces derniers supports, plus modernes, ne
sont pas encore considérés comme un patrimoine - nous n’avons pas encore la distance
temporelle suffisante pour pouvoir les considérer comme tel – mais dans quelques années, il
n’est pas impossible qu’ils le deviennent, ne serait-ce pour leur type de support marquant une
évolution technique.
La nature différente de ces fonds nécessite un usage différent de ce patrimoine. Dans
les musées, il n’est pas possible de toucher les œuvres, seul le regard est autorisé. Dans les
bibliothèques, en revanche, il est obligatoire de manipuler l’objet écrit pour le découvrir. Les
usages sont donc distincts pour le public. Le traitement de ce patrimoine de la part des
professionnels l’est tout autant. Le travail de valorisation des collections n’est pas le même et
de même ampleur, dans les bibliothèques que dans les musées. Les institutions muséales ont
recours à la valorisation de leur fonds afin de le diffuser au public. Cela se manifeste par des
expositions principalement. Les bibliothèques ayant aussi une mission de lecture publique,
elles, ont eu tendance, au siècle dernier, à privilégier cette mission, au désagrément de la
valorisation de leur patrimoine. Les expositions et médiations pour faire découvrir les
richesses des bibliothèques étaient donc peu présentes au XXème siècle. Mais, aujourd’hui,
cette dissemblance s’est considérablement amoindrie. En effet, les bibliothèques effectuent
depuis quelques années une valorisation sur le fond comme dans la forme. Les collections
documentaires sont mises en avant par des actions culturelles. Quant aux bâtiments
renfermant ces collections, ils deviennent plus fonctionnels et esthétiques. Qu’elles soient
municipales, nationales, spécialisées ou encore religieuses, les bibliothèques se sont toutes
ouvertes à cette nouvelle mission qu’est la valorisation. Elles diversifient leurs offres, tout en
gardant, leurs fonctions premières ; à savoir, la conservation du patrimoine écrit et la diffusion
de la connaissance au public.
Concernant leur autres missions, il existe certaines fonctions au sein du musée qui ne sont pas
présentes dans les bibliothèques, et inversement. Par exemple, le musée a une mission
commerciale plus visible que la bibliothèque n’a pas. Cela se manifeste notamment par le
prix des entrées et la présence de boutiques dans lesquelles se trouvent des objets dérivés, des
souvenirs de l’exposition : catalogues, cartes postales, affiches, reproductions et objets divers.
Les bibliothèques, à part des droits payants pour le prêt, ne sont en aucun cas commerciales.
A l’inverse, la bibliothèque est un lieu de travail, ce que n’est pas le musée même si son rôle
éducatif est acquis.
47
Ces différences de pratiques au sein des bibliothèques et musées entrainent aussi une
différence concernant leur public. Il ne s’agit pas de dire que les usagers en bibliothèques ne
vont pas dans les musées et inversement, mais plutôt de dire que leurs pratiques au sein de ces
deux institutions ne sont pas les mêmes. Tout d’abord, d’un point de vue terminologique, il
faut préciser que les musées n’ont pas d’usagers mais plutôt des visiteurs. Leur venue dans la
structure muséale est de l’ordre du parcours alors que dans le cas du public des bibliothèques,
il s’agit plutôt d’un séjour.
Le caractère touristique des institutions muséales est clairement avéré. Pour la bibliothèque,
même si elle est ouverte à tous, elle conserve un public de proximité : majoritairement des
abonnés. Mises à part quelques bibliothèques comme celle de l’Abbaye de Melk (Autriche) -
uniquement ouverte à la visite et non à la consultation - et la mise en place d’expositions dans
de grandes bibliothèques comme celle sur les estampes japonaises : “Estampes japonaises,
Images d’un monde éphémère“ à la BnF, qui attire des visiteurs, le caractère touristique des
bibliothèques est loin d’être établi. A cet effet, la place de ces deux instituts est quelque peu
divergente dans l’esprit des élus. La bibliothèque est sans aucun doute l’établissement le plus
fréquenté par la population locale (lecteurs-électeurs). Quant au musée, il offre davantage ses
collections aux regards des touristes de passage dans la ville.
Enfin, le musée et la bibliothèque se distinguent du point de vue de leur notoriété, de
leur image. Le musée est clairement une institution patrimoniale légitime. Le statut de ces
collections en tant qu’œuvres est plus établi, sans contexte par tout le monde. C’est une
structure qui apparait aux yeux de la population comme un haut lieu culturel, plus “noble“ que
la bibliothèque, qui elle, apparait avant tout comme un lieu social. Au regard de l’évolution de
ces structures, cette différence de reconnaissance semble logique. La bibliothèque s’est
transformée plus rapidement en espace public ouvert à tous, pour favoriser la lecture publique
notamment ; alors que dans le cas des musées, le public est resté plus élitiste : l’idée que tout
le monde ne peut accéder à l’art, ne peut le comprendre. L’écart entre les modes de médiation
a participé à cette perception. En outre, de tout temps, la peinture – style pictural majoritaire
dans les musées – a toujours été considérée comme l’art “noble“ au contraire d’arts plus
mineurs comme les arts décoratifs, la littérature, etc.
Pour conclure sur cette comparaison, musées et bibliothèques sont tous deux des
instituts culturels faisant partie du même “arbre généalogique“. En ce sens, ils possèdent
48
nombre de ressemblances dans leurs fonds, leurs missions, leurs bâtiments et leurs histoires.
Mais ce sont aussi ces mêmes éléments qui les distinguent. De manière caricaturale, la
bibliothèque fut autrefois un musée mais elle s’en est détachée depuis longtemps pour devenir
une structure largement ouverte et plus vivante dans ses usages. Le musée, quant à lui,
commence progressivement à devenir une bibliothèque, au sens où il incorpore de nouveaux
instruments de travail, des méthodes de découvertes interactives rendant le visiteur plus actif.
L’évolution de ces deux instituts montre clairement qu’ils s’auto-influencent. La bibliothèque,
en quête d’une identité d’institution patrimoniale plus légitime et d’une ouverture toujours
plus grande sur le monde et son public, va-t-elle s’inspirer du musée pour se transformer
progressivement en un lieu également touristique ? Si oui, il lui faudra donc prendre exemple
sur la valorisation, médiation culturelle, politique d’accueil du public touristique, présentes au
sein des structures muséales. Ce sont des éléments qui figurent déjà dans les bibliothèques
mais qui ne sont pas travaillés de la même manière. Par exemple, la bibliothèque n’a pas
recours pour encore aux mêmes moyens en matière de valorisation du patrimoine que les
musées pour le moment. Cela parait logique, vu qu’elle a des missions supplémentaires à
gérer. Une étude des moyens de communication – moyens très peu utilisés par la bibliothèque
– présents dans les musées sera aussi très importante en vue de faire évoluer la notoriété des
bibliothèques et d’étendre sa visibilité à des touristes nationaux comme étrangers.
2. LES PREMICES DU TOURISME DANS LE MILIEU DU LIVRE ET DES BIBLIOTHEQUES
Même si associer le tourisme au monde des bibliothèques n’est pas encore chose
acquise pour le public comme pour les professionnels, des traces de tourisme sont tout de
même apparentes dans quelques bibliothèques. Elles mettent d’ailleurs déjà en avant deux
types de touristes au sein de ces institutions culturelles : le “touriste-usager“ et le “touriste-
visiteur“, c'est-à-dire des touristes qui utilisent la bibliothèque (emprunteurs, lecteurs…) et
d’autres qui viennent la découvrir (visite de son bâtiment, découverte de ses documents, des
expositions,…). Les premiers recherchent l’activité de lecture publique alors que les seconds
sont en quête de l’offre culturelle, du patrimoine de ces lieux.
Sans être exhaustif, ce sous-chapitre fera état des formes de tourisme apparentes au
sein des bibliothèques dans le monde, à travers plusieurs exemples.
49
a. Les bibliothèques aux abords de stations touristiques
Les bibliothèques implantées dans ou aux abords des stations touristiques à la plage
comme en montagne observent depuis quelques années une fréquentation plus forte durant la
période estivale. Dans un article de BIBLIOthèque(s)29, la directrice de la Médiathèque de
Megève (station touristique de montagne française notoire), Isabelle VIDAL, affirme que
“[…] le public touristique fait largement partie des visiteurs potentiels des bibliothèques“.
Elle déclare d’ailleurs dès le début que “de nombreux professionnels en ont désormais
conscience […]“. L’article annonce qu’il existe des expériences de tourisme avec des
bibliothèques de plages, mais aussi de montagne. C’est le cas à Megève. De nombreux
touristes viennent à la bibliothèque pour lire les journaux, utiliser Internet, emprunter un
livre… pour la soirée après une journée sur les pistes de ski ou en cas de mauvais temps par
exemple. Selon les bibliothécaires, la météo est un facteur déterminant dans la fréquentation
des touristes en bibliothèques. L’hiver, s’il y a du mauvais temps et peu de neige, la
fréquentation des médiathèques entourant les stations de ski sera plus forte. Et, en été, le taux
de visiteurs venant dans les bibliothèques de destinations touristiques se révèle inversement
proportionnel aux taux d’ensoleillement. Alors que certains établissements urbains réduisent
leurs horaires d’ouverture durant les périodes de vacances pour cause de baisse de
fréquentation ce n’est pas le cas à la médiathèque de Megève. Pour asseoir ses propos,
Isabelle VIDAL fournit quelques statistiques comme, en autre, que “les entrées d’une après-
midi pluvieuse (1.300 entrées en 3 heures en août 2008) égalent presque un mois entier en
basse saison (1.785 entrées en mai 2008)“.
En 2007, lorsque l’on interrogeait les professionnels des bibliothèques ils ne
considéraient pas les vacanciers comme un public à accueillir et trouvaient même surprenant
d’envisager une telle possibilité. En 3 ans, les choses ont évolué. Certaines bibliothèques font
désormais apparaitre ce public dans leur documentation de communication. Les Offices de
tourisme référencent ce type de structures culturelles sur leurs sites Internet. Et pour les
29
VIDAL Isabelle. Tu viens pour les vacances ? Réflexions sur l’accueil du public touristique en bibliothèque.
BIBLIOthèque(s) : revue de l’Association des bibliothécaires français, 2010, n° 49, p. 54 à 57. ISSN 1632-9201
50
professionnels du tourisme, avoir une médiathèque à proximité est même devenu un atout
dans l’obtention de certains labels touristiques (type Famille +30).
Les médias ont même saisi cette évolution. En atteste un reportage présenté dans le journal
télévisé de 13h de Jean-Pierre PERNAUT (sur TF1) sur la bibliothèque de Carnon-Plage,
implantée dans l’Hérault par le conseil général.
L’accueil de ce nouveau type de public a entrainé certaines modifications au niveau
des services, des horaires d’ouvertures, de la tarification, et même parfois dans l’agencement
des locaux pour les bibliothèques touchées par ce phénomène. Dans le cas de Megève, la
prise de conscience de ce public a coïncidé avec le projet de la nouvelle médiathèque. Le
bâtiment a donc été conçu pour accueillir des “séjourneurs“ grâce à la mise à disposition de
grands espaces vides permettant de se reposer et d’observer par le biais de larges baies vitrées
le paysage montagneux de cette région.
Enfin, les vacances étant propices à la lecture, certaines bibliothèques se sont même
déplacées vers les touristes. Aux abords de certaines plages (Frontignan, Boulogne, Talmont
saint Hilaire, Calais… pour les exemples français), les touristes peuvent désormais trouver de
petites annexes de bibliothèques pour y emprunter un livre à la journée à feuilleter au bord de
l’eau. Même si ce modèle s’éloigne des bibliothèques plus traditionnelles abordées à travers
ce mémoire, cela montre tout de même l’évolution et la prise en compte de l’intérêt qu’ont les
vacanciers pour les livres.
Les touristes aiment lire et visitent souvent des sites culturels durant leurs vacances. En
partant de ces deux observations schématiques, un peu caricaturales, il est possible de
convenir que la bibliothèque possède un potentiel touristique attractif à développer.
b. Les bibliothèques nationales
Ce sont les plus grandes bibliothèques : les bibliothèques nationales, qui travaillent le
plus à une médiation auprès de visiteurs autres que les usagers traditionnels. Ce n’est pas
étonnant : elles ont généralement le fonds le plus important de leur pays grâce au système de
dépôt légal, à des dons importants et des moyens financiers plus conséquents qui permettent à
30
Famille + est un Label national reconnu depuis 2006 par le ministère délégué au Tourisme. Inscrit dans la
démarche du Plan Qualité Tourisme, il offre une meilleure lisibilité des prestations proposées aux familles et
enfants dans les communes touristiques françaises aux clientèles françaises et étrangères.
51
la fois d’augmenter leur collection mais aussi de mettre en place de plus grands dispositifs de
valorisation et de communication. C’est le cas, par exemple, en France avec la Bibliothèque
nationale de France (BnF), au Québec avec la Bibliothèque et archives nationales du Québec
(BAnQ), en Egypte, avec la Bibliotheca Alexandrina, ou encore en Colombie avec la
Biblioteca nacional de Colombia.
La bibliothèque nationale est le symbole de l’autorité et de l’efficacité d’une administration
centrale. Pour plus de visibilité, une plus grande singularité face aux monuments historiques
et sites culturels, la bibliothèque nationale est aujourd’hui placée en marge des établissements
historiques. La preuve en est avec la BnF qui a transféré son centre, jusqu’alors placé au cœur
de Paris (1er arrondissement) dans la bibliothèque Richelieu, dans le 13ème arrondissement de
Paris sur le site de Tolbiac, François-Mitterrand. “Aujourd’hui, le nouvel emplacement d’une
bibliothèque nationale est souvent considéré comme une petite city autonome […], le centre
idéal d’un vaste quartier en pleine rénovation, une référence fondamentale dans l’océan
d’habitations de la grande ville“. Cette citation d’Aldo DE POLI, dans son ouvrage
Bibliothèques. Architectures. 1995-2005, illustre parfaitement la situation de la BnF, qui,
ancrée dans un quartier en pleine reconversion, a su se placer comme centre attractif et
dynamique. La majeure partie des habitations et commerces aux alentours ont été conçus
après son implantation. Aujourd’hui, la BnF reçoit le 1er budget du ministère. Elle doit donner
gage d’une plus grande ouverture jusqu’alors réservée plutôt aux chercheurs. A cet effet, elle
accorde une grande importance au développement de ses actions culturelles : visites (des
bâtiments, des expositions), l’accueil de groupes,… C’est d’ailleurs déjà payant puisque la
BnF profite de l’attractivité de Paris comme haut lieu touristique et culturel pour recevoir des
visiteurs. A cet effet, elle fait désormais partie des 52 établissements culturels franciliens
faisant chaque année l’objet d’une enquête de publics : “Qualité de l’Accueil du Visiteur“,
réalisée par le Comité Régional du Tourisme Paris-Ile-de-France (CRT)31. La BnF envisage,
suite aux travaux de rénovations qui ont lieu actuellement, de donner un accès gratuit à la
salle ovale dans laquelle seront présentés les trésors de la bibliothèque (de manière virtuelle
ou réelle).
31
TOUITOU Cécile. Bienvenue à la BnF. Trajectoire. Lettre interne de la Bibliothèque nationale de France, 2009,
n°130, p.1. ISSN 1169-2669
52
Peu de bibliothèques, même nationales, affichent directement leur ambition
touristique. Pourtant ce fut le cas dès le début avec la Bibliotheca Alexandrina en Egypte.
Implantée à Alexandrie sous les fondements de la plus célèbre des bibliothèques antiques du
monde, la bibliothèque nationale d’Egypte a vu grand dès sa phase de projet : concentrer huit
milles ouvrages à long terme, et accueillir un public diversifié : national et international.
Alexandrie a subi un peu le même sort que Barcelone et Bilbao en Espagne avant leurs
reconversions touristiques. Pendant des décennies, elle était en dehors des grands circuits
touristiques du tourisme international, qui ne se concentraient que sur Le Caire, la Mer rouge
et la Haute-Egypte. Ainsi, en choisissant d’implanter cette bibliothèque, l’ambition était non
seulement de créer une grande bibliothèque internationale mais aussi de replacer Alexandrie
sur les cartes touristiques.
De manière générale, les bibliothèques nationales n’utilisent pas le terme “touristes“
en parlant de leur public visiteur. Le colloque sur le projet de rénovation du quadrilatère
Richelieu32, a clairement montré, d’après les interventions de l’auditoire, qu’il était tabou
d’associer le tourisme aux bibliothèques. Les professionnels du livre semblent voir dans cette
activité de loisirs, une menace, un risque de dégradation de ces lieux de culture et de savoirs.
Pourtant, dans leurs actions culturelles entreprises et dans l’aménagement de leurs locaux, ces
institutions nationales patrimoniales semblent avoir réuni les conditions pour faire venir ce
type de public. Que ce soit la bibliothèque nationale de Colombie, celle d’Irlande à Dublin,
celle d’Australie à Canberra, mais aussi la BanQ de Montréal et bien d’autres, elles proposent
toutes aujourd’hui des manifestations culturelles temporaires (expositions, conférences,
concerts, colloques, projection) sur leur fonds, ainsi que des visites guidées de leur bâtiment et
de leurs expositions. En outre, ces haut lieux de recherche possèdent tous des espaces de
détente (cafeteria, boutique, espace de repos), davantage propres au pratiques des visiteurs
qu’à celles des étudiants et enseignants. Enfin, leur situation dans les capitales, villes parmi
les plus visitées de leur pays, favorise l’attraction touristique car elles sont généralement bien
desservies et indiquées par des panneaux signalétiques. Par exemple, la Bibliothèque et
archives nationales du Québec est desservie directement.
32
BnF Richelieu : Un projet en question. Journées d’étude les 5 et 6 juillet 2010 à l’Institut national d’Histoire de
l’Art, organisée par l’Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique et l’Université Paris
1 Panthéon-Sorbonne.
53
c. Les bibliothèques dites historiques
Le terme de “bibliothèques historiques“, au sein de ce travail de recherche, fait
référence aux bibliothèques anciennes, souvent privées (du moins à l’origine) et se trouvant
souvent nichées dans des monuments historiques déjà touristiques. Ce sont des bibliothèques
uniquement patrimoniales. Elles n’ont pas de missions de lecture publique ; leur fonds étant
ancien et spécialisé. En revanche, elles intéressent les chercheurs et historiens. Ce sont des
structures qui sont plus ou moins partiellement ouvertes aux érudits et aux visites.
L’évocation de plusieurs cas permettra de mieux les cerner et de prendre conscience de la
place du tourisme au sein de ces instituts.
Les bibliothèques spirituelles
Au Moyen-âge, les bibliothèques qui étaient jusqu’alors principalement placées dans des
palais, ou bâtiments propres à leurs fonctions, se retrouvent cachées dans des institutions
religieuses. Aujourd’hui, il nous reste plusieurs magnifiques exemples de bibliothèques issues
de monuments religieux. Elles se manifestent sous la forme de magnifiques salles renfermant
un patrimoine écrit riche et rare. C’est le cas de la bibliothèque abbatiale d’Admont en
Autriche et de celle du couvent de St-Gall en Suisse.
- La bibliothèque de l’Abbaye d'Admont (Autriche) (Figures 24 et 25).
Figure 25 :
Bibliothèque de
l'Abbaye d'Amont
Source : http://urga.over-blog.com/article-
26940448.html
Fondée en 1074 au cœur de l’Autriche, l’Abbaye d'Admont est un monastère
bénédictin qui héberge la plus grande bibliothèque monastique du monde créée au milieu du
XVIIIème siècle. Dès le XIème siècle, les moines commencent à se constituer un fonds
documentaire en collectionnant et copiant - grâce à leur atelier de copistes - des manuscrits
religieux Aujourd’hui, la bibliothèque conserve environ 180.000 ouvrages dont 1.400
manuscrits et 530 incunables. Il s’agit de la plus grande bibliothèque d’abbaye conservée au
monde. Parmi ce fonds ancien riche, se trouvent des pièces uniques telles que l'édition
Figure 24 : Abbaye
d'Admont (Autriche) Source : http://urga.over-blog.com/article-26940448.html
54
originale de l'encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT (1758) ou la bible de Martin
LUTHER.
L’architecture de la bibliothèque est toute aussi impressionnante que son fonds patrimonial.
En effet, les collections prennent place dans une somptueuse bibliothèque, aux dimensions
gigantesques (13 mètres de haut, 79 mètres de long et 14 mètres de large) achevée en 1776.
De style rococo, la bibliothèque est surmontée de sept coupoles décorées de fresques en
trompe-l'œil de Bartolomeo ALTOMONTE. Le sol de marbre en damier est parsemé de
sculptures figurant La Mort, Le Jugement dernier, Le Paradis et L'Enfer.
Enfin, outre son patrimoine écrit et son architecture attrayante, son histoire peut aussi susciter
l’intérêt du visiteur puisque la bibliothèque a été “miraculeusement“ épargnée par un incendie
qui ravagea le reste du monastère en 1865. De plus, durant la seconde guerre mondiale, cette
bibliothèque, qui comporte un fonds spécialisé sur les sciences et l'histoire, s’est vue
réquisitionnée quelque 2.000 ouvrages médicaux par les nazis pour servir leurs expériences
sur des cobayes humains dans les camps de concentration de Dachau. Ces livres ont pu être
récupérés à la fin de la guerre.
Après quatre ans de travaux de rénovations qui coutèrent 6 millions d’euros, la bibliothèque
de l’Abbaye d'Admont est de nouveau ouverte au public. Depuis 2003, aux côtés de la
bibliothèque, se déploie un espace d’exposition de 3.600 m² dans lequel se trouvent un musée
d’histoire naturelle, un musée d’art contemporain avec des expositions temporaires et un
espace multimédia présentant le monastère. Ses gestionnaires espèrent que, malgré sa
situation géographique isolée des circuits touristiques, l’Abbaye puisse dépasser les 80.000
visiteurs annuels actuels. Pour accueillir des touristes, la bibliothèque et le musée sont ouverts
quotidiennement de mars à novembre de 9h à 17h. Selon les jours, les visiteurs peuvent
bénéficier de certains prix ou attractions. Par exemple, il existe un prix d’entrée spécial “Fête
des mères“ ; l’été, des tarifs préférentiels sont accordés aux familles et les édifices sont
ouverts jusqu’à 20h le vendredi ; en décembre, la bibliothèque et le musée sont ouverts deux
jours et l’abbaye propose un marché de Noël pour ses visiteurs…Une tarification très
diversifiée a été mise en place dans cette institution pour attirer aussi bien les individuels et
groupes, les familles, les adultes et enfants, les handicapés. Cette tarification varie aussi selon
la saison. Cela montre clairement le désir d’attirer un large public parmi lesquels des touristes.
Une fois l’entrée payée, la bibliothèque se découvre par soi-même ou accompagné d’un guide
pendant 40 minutes. Les gestionnaires ont bien réfléchi à l’accessibilité du site, puisque
comme indiqué sur le prospectus en annexe G, les personnes en fauteuil roulant et les parents
55
accompagnés de poussettes peuvent circuler dans l’Abbaye. De plus, aux vues des figures 26,
27 et 28, un plan de circulation et une valorisation des éléments exposés ont été pensés. Le
tapis au sol informe le visiteur de manière implicite sur le chemin à prendre. Les bancs et
barrières sur les côtés délimitent l’espace de circulation. La bibliothèque sert de décor en
quelque sorte et au milieu se trouvent des éléments d’exposition. La conservation de ce
patrimoine unique est d’autant plus primordiale que l’abbaye a failli le perdre à plusieurs
moments de son histoire. Depuis sa dernière restauration, l’accent est donc mis sur la
préservation. Il ne faut pas que l’ouverture au public pâtisse de la conservation de ces biens.
Ainsi, comme en témoigne la figure 29, des gants sont prêtés aux visiteurs lorsqu’ils ont
l’occasion de manipuler des ouvrages. Pour aboutir à la visite, la figure 30 montre qu’il existe
une boutique, élément très présent dans les structures touristiques. Enfin, l’actualité et la
richesse des informations de son site Internet, la présence d’un prospectus anglais-allemand et
celle de liens hypertextes vers des sites Internet d’autres lieux culturels et parcs naturels
(puisque l’Abbaye est elle-même implantée dans une zone naturelle riche et attractive pour les
randonneurs notamment), témoignent d’un travail de communication et de promotion effectué
par les gestionnaires de l’Abbaye.
56
Figures 26, 27, 28, 29 et 30 : Salles de la
bibliothèque de l’Abbaye d’Admont (Autriche)
Source : http://www.stiftadmont.at/english/
La bibliothèque du monastère d’Admont est un bon exemple pour prouver le potentiel
touristique des bibliothèques. La part de tourisme est clairement perceptible. D’ailleurs sur
leur site Internet, dans la page présentant les effectifs de la structure, il est bien mentionné
qu’il s’agit de la “ Team of the department "Culture & Tourism"“ 33. Bien qu’isolée, car située
au cœur de l’Autriche parmi les sommets alpins, elle arrive tout de même à drainer quelque
80.000 visiteurs par an. Et dans ce cas, ce n’est pas le musée l’élément fondateur et attractif
mais la bibliothèque à laquelle s’est ajouté un musée comme complément. Son accessibilité
donne aussi des idées quant aux transformations que d’autres bibliothèques devront effectuer
pour envisager une plus grande ouverture aux visiteurs.
- La bibliothèque du couvent de Saint-Gall (Suisse) (Figure 31)
La bibliothèque conventuelle de Saint-Gall
est un autre exemple de bibliothèques
“religieuses“. Inscrit en 1983 sur la liste du
patrimoine culturel de l'UNESCO, le couvent de
Saint-Gall et sa bibliothèque, dans sa version
actuelle, remonte au XVIIIème siècle.
L’architecture de sa salle séculière, de conception
baroque et de décor rococo – sans doute le plus bel
exemple de Suisse – et son fonds patrimonial de
quelque 150.000 volumes dont 2.000 manuscrits
originaux du Moyen-âge, parmi lesquels figurent 400 ouvrages datant d’avant l’an mille,
offrent à ce lieu une renommée mondiale.
33
Benediktinerstift Admont [en ligne]. Disponible sur <http://www.stiftadmont.at/english/> (consulté le
29.08.2010)
Figure 31 : Bibliothèque du couvent de Saint-
Gall (Suisse)
Source : http://urga.over-blog.com/article-26940448.html
57
Ouverte, sur entrée payante (prix variant selon le profil des visiteurs : enfants, adultes,
étudiants…), quotidiennement (du lundi au samedi : 10:00 - 17:00 et dimanche : 10:00 -
16:00), du 30 novembre 2009 au 7 novembre 2010, la bibliothèque se visite individuellement
ou en groupe et propose chaque année, une exposition temporaire. Généralement basées sur
les collections de la structure, les expositions temporaires en bibliothèque reflètent le lieu et
participe à une meilleure compréhension du site par les visiteurs. Une personne au sein du
personnel de cette bibliothèque travaille uniquement sur les visites de ce lieu. Cela montre
l’importance de cette activité même si cette bibliothèque reste aussi une bibliothèque publique
qui autorise les prêts d’ouvrages. En tant que site emblématique de Saint-Gall, la bibliothèque
du couvent fait partie des éléments découverts lors de circuits guidés de la ville, autant pour
son architecture que pour son fonds et son lapidarium. Le touriste peut ainsi visiter la
cathédrale, la bibliothèque et la vieille ville de Saint-Gall. Parmi ses outils de communication,
elle est présente sur la toile à travers un site Internet34 et une page Facebook35. De plus, des
informations sur ce couvent sont visibles également sur les sites Internet de l’Unesco et de la
ville de Saint-Gall. Riche de manuscrits très anciens remontant pour la plupart au moyen-âge,
la bibliothèque de Saint-Gall a mis en place le projet “Codices Electronici Sangallenses“
(Bibliothèque abbatiale de Saint-Gall numérique)36 qui vise à numériser progressivement ses
fonds et les mettre en accès libre à tous depuis Internet. C’est un moyen de diffuser le contenu
de ces ouvrages et de les conserver. A l’heure actuelle, 383 manuscrits sont déjà accessibles.
Comme pour l’abbaye d’Admont, le site Internet du couvent de Saint-Gall propose des liens
vers d’autres sites touristiques comme celui de l’Office de Tourisme de la ville. Si ses atouts
touristiques et attractifs semblent indéniables, son inscription au titre de patrimoine mondial
de l’Unesco a dû jouer une part importante dans le développement de cette activité, de part la
notoriété internationale de cette convention. De plus ce titre a dû aussi avoir un impact sur les
financements et aides obtenus pour sa préservation.
34 Stiftsbibliothek St. Gallen. Stiftsbibliothek St. Gallen [en ligne]. Disponible sur
<http://www.stibi.ch/index.asp> (consulté le 10.09.2010)
35 Stiftsbibliothek St. Gallen. Stiftsbibliothek St. Gallen [en ligne]. Disponible sur
<http://www.facebook.com/photo.php?pid=120893&fbid=127113863996641&id=116761311698563#!/stiftsbi
bliothek> (consulté le 10.09.2010)
36 CESG - Codices Electronici Sangallense [en ligne]. Disponible sur <http://www.cesg.unifr.ch/fr/index.htm>
(consulté le 10.09.2010)
58
Pour conclure sur ce cas, la bibliothèque du couvent de Saint-Gall est un bon exemple de
bibliothèque qui allie différentes missions : scientifique, éducative, de lecture publique et
touristique.
Les bibliothèques de cour
Parmi les bibliothèques historiques, l’on retrouve aussi des bibliothèques conservées dans
des châteaux et/ou issues de collections de nobles, bourgeois, riches collectionneurs.
- La bibliothèque du château de Chantilly en est un exemple.
Riches des collections de documents écrits, réunies au fil des siècles par les seigneurs de
Chantilly (membres des familles DE MONTMORENCY et DE BOURBON-CONDE), mais
aussi par le duc D’AUMALE au XIXème siècle, la bibliothèque et les archives du château de
Chantilly possèdent un fonds patrimonial unique, qu’elles continuent de compléter par des
acquisitions modernes et contemporaines aujourd’hui.
Lieu historique très fréquenté, le château de Chantilly fait bénéficier à la bibliothèque de son
attractivité touristique. Pour répondre aux attentes de ce public, est mise en place des actions
de valorisation du fonds patrimonial et une politique d’animation et de médiation. Ainsi, le
touriste, en venant à Chantilly, peut visiter en libre accès le cabinet des livres du duc
D’AUMALE ainsi que la bibliothèque du théâtre, mais qui n’est ouverte au public que sur
visite guidée. Il peut également découvrir les différentes animations proposées autour des
collections, comme des expositions temporaires et conférences thématiques. Enfin, des outils
de communication et d’informations sont mis à la disposition du visiteur comme avant-gout
de la visite ou complément après la visite. C’est le cas du site Internet qui propose des
expositions virtuelles.
Les bibliothèques privées familiales
Les bibliothèques de Chinguetti, d’Ouadane et d’Oualata en Mauritanie nous
confrontent à un autre type de structures : les bibliothèques patrimoniales privées.
Implantées au cœur historique de la Mauritanie, les prestigieuses anciennes cités caravanières
d’Ouadane, Chinguetti et Oualata forment, aux confins du désert, grâce à leurs bibliothèques,
le cœur historique de la Mauritanie. Elles participent au rayonnement culturel du pays à
travers tout le Sahara occidental.
Principalement privées, la dizaine de bibliothèques familiales de Chinguetti sont stockées
dans les maisons des propriétaires qui, en plus d’être conservateurs de manuscrits, éditeurs (ils
recopient les livres qui leur sont transmis par tradition familiale, de père en fils) sont aussi
59
souvent professeurs de théologie. Ces bibliothèques renferment des centaines de manuscrits
précieux issus de tout le monde arabe : du Maroc à la Syrie, en passant par l’Egypte. Certains
proviennent de dons de souverains mauritaniens faits par le pacha d’Egypte ou le Bey de
Tunis et d’autres grands personnages de l’histoire. D’autres, maintes fois recopiés, ont été
achetés au cours de pèlerinages en Afrique du Nord, au Caire, en Arabie, à Damas et à
Bagdad. En Mauritanie, les manuscrits ne sont pas des pièces de musée, mais des sources
incontournables de l’histoire vivante du pays. Destinés en premier lieu aux étudiants en
théologie, ils abordent, dans une calligraphie de type orientale ou maghrébine, toutes les
sciences arabes islamiques traditionnelles : jurisprudence, théologie, grammaire,
lexicographie, métrique, rhétorique, littérature, histoire, herméneutique, arithmétique,
mystique, ésotérisme, médecine, astronomie…
Concernant leur conservation, on est également loin du modèle occidental car bien souvent les
ouvrages sont mis à rude épreuve. Conservés sur de simples étagères ou dans des coffres,
dévorés par les termites et sujets aux caprices des températures et de l’humidité, ils subissent
les aléas du temps qui passe. De plus, ces trésors qui attisent la curiosité des visiteurs, se
retrouvent bien souvent malmenés par les touristes qui les effritent et les rendent ainsi
illisibles.
Dans le cas de ces bibliothèques ce ne sont ni les sites Internet, ni les brochures qui amènent
les touristes à venir les découvrir. Ces cités caravanières font partie des points d’étapes de
circuits touristiques organisés par des tours opérateurs. Les visiteurs sont donc souvent des
participants à des treks dans le désert.
L’intérêt touristique, culturel et social de ces hauts lieux de la culture africaine, repose autant
sur la qualité de leur patrimoine que sur le mode de fonctionnement des bibliothèques. Ces
villes reconnues culturellement et touristiquement parlant pour leurs bibliothèques font
aujourd’hui partie des monuments inscrits sur la liste des patrimoines mondiaux. A ce titre, ils
bénéficient notamment, d’une aide plus grande pour la préservation de leur patrimoine, sans
pour autant les transformer en bibliothèque occidentale. Cependant cette aide reste
insuffisante car si ces bibliothèques sont devenues touristiques, ce n’est pas tant par désir de
faire découvrir ce patrimoine riche que pour entretenir les livres. De manière paradoxale, les
propriétaires des bibliothèques se voient obligés de les montrer aux touristes de passage,
quitte à les abîmer chaque jour un peu plus, au contact de la lumière et de la poussière et des
manipulations incessantes pour obtenir les fonds financiers nécessaires à leur sauvegarde.
60
Ces cités comme Chinguetti sont très pauvres, sans cesse menacées par des ensablements. Le
tourisme est donc un facteur de survie capital pour ces villes anciennes, grâce à leur position
géographique et leurs patrimoines architectural et écrit qui traduisent leur histoire.
Autres cas de bibliothèques patrimoniales touristiques
Les bibliothèques Carnegie de Reims et Marmottan de Boulogne-Billancourt en
France sont deux institutions qui peuvent aussi entrer dans la catégorie de bibliothèques
historiques au sens ou elles ont une histoire par leur fonds et par leur architecture importante.
Cependant, à la différence de bibliothèques historiques à proprement parler, comme la
bibliothèque du Château de Chantilly, ce sont des bibliothèques plus largement ouvertes à
différents publics : chercheurs, lecteurs et visiteurs. Elles n’ont pas un public d’usagers
restreint.
Dans le cas de la bibliothèque Carnegie, il s’agit d’une institution municipale édifiée dans les
années 1920. Comme le montre l’annexe F, elle peut être considérée comme attraction, au
sens ou elle fait partie des points phares des parcours touristiques de découverte de la ville de
Reims proposés par la municipalité. Son atout principal est son architecture de style Art déco :
qui en fait un témoin de l’histoire de l’architecture mais aussi de l’histoire de Reims.
Elle regroupe aussi les documents patrimoniaux de la ville. Parmi les 400.000 ouvrages qui
composent son fonds, la bibliothèque Carnegie possède 3.000 manuscrits, 220 volumes
d’incunables, 8 000 livres rares, une collection régionaliste (sur Reims et la Champagne) de
25.000 volumes, 60.000 documents iconographiques (affiches, cartes postales, cartes et plans,
gravures) ainsi que près de 30.000 titres de romans policiers. Majoritairement consultables
ces collections se découvrent sur place à la bibliothèque. Comme toute bibliothèque publique
tout le monde peut y entrer et déambuler. Cependant ce sont les visites extérieures qui sont les
plus développées grâce aux circuits touristiques “Reims, ville art déco“.
Dans le cas de la bibliothèque Marmottan, cette structure culturelle dédiée au Premier Empire
possède un ensemble de livres, gravures, tableaux et mobilier recréant l'atmosphère où vécut
Paul MARMOTTAN (1856-1932), historien et collectionneur napoléonien. Entièrement
restaurée et dotée d’équipements modernes nécessaires aux recherches, conférences ou
concerts, la bibliothèque Marmottan attire, depuis 1996, un nombre croissant de chercheurs et
de visiteurs. C’est à la fois une bibliothèque et une maison-muséifiée. Selon, le site Internet de
l’Office de tourisme de Paris, elle propose des visites guidées individuelles et groupées ainsi
61
que des visites libres. Son référencement sur le site de l’Office de tourisme de Paris montre
bien qu’il s’agit d’un lieu susceptible d’attirer un public touristique.
d. Les complexes culturels : musées-bibliothèques, les maisons
d’écrivains… : d’autres structures culturelles apparentées au monde du
livre et des bibliothèques.
Il existe des institutions culturelles touristiques abordant un patrimoine écrit et
graphique, similaire à celui des bibliothèques, mais qui, par leur gestion et fonctionnement,
s’apparentent davantage aux musées. C’est le cas du musée international du manga de Kyoto
au Japon (Figure 32).
Cette structure culturelle propose une immense
bibliothèque de mangas en japonais (environ
50.000 exemplaires classés par années), ainsi que
des collections plus restreintes en différentes
langues. Cet institut retrace en son cœur
l’historique et les techniques du manga. Le
visiteur découvre l’évolution de ce type
d’ouvrages, de ses débuts à nos jours, avec son
utilisation comme outil de propagande, son
exportation internationale, et également tout le
domaine amateur des “Doujinshi“37. Ce lieu se visite par soi-même ou en compagnie de
guides-interprètes (en français notamment). Des expositions sont organisées au sein du
bâtiment. Par exemple, en mai 2009, une manifestation temporaire a proposé une
rétrospective, à partir de nombreuses planches originales, sur le dessinateur-scénariste
français Moebius avec “Le Monde moebusien“. Si aucune photographie n’est autorisée à
l’intérieur, il est en revanche possible de consulter les ouvrages ; seule contrainte : lire le
japonais !
Le patrimoine littéraire est loin de désintéresser les touristes. Il existe des maisons
d’écrivains visitables comme celles de Victor HUGO - place des Vosges à Paris - ou celle de
37
Les Doujinshi sont des mangas réalisés par des auteurs amateurs ou confirmés sous formes de fanzines. Ils
parodient souvent des séries populaires.
Figure 32 : Bâtiment du Musée international du
manga de Kyoto (Japon)
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_international_du_manga_de_Ky%C5%8Dto
62
Jules Verne à Nantes transformées aujourd’hui en musées. De nombreuses actions culturelles
et touristiques sont créées pour ce patrimoine littéraire. En atteste l’existence, en France,
d’une Fédération des maisons d’écrivain & des patrimoines littéraires. Cette dernière a, selon
son site Internet, pour objectif“[…] de proposer et de mettre en œuvre des actions visant à
assurer l'existence, la préservation et le rayonnement culturel de maisons d'écrivain, de lieux
ou collections, publics ou privés, liés à des écrivains et à l'œuvre écrite d'hommes célèbres de
toutes cultures.“38 En outre, toujours en France, il existe aussi un circuit touristique sur ce
thème : La Route historique des maisons d'écrivains. Couvrant l'Île-de-France (sauf Paris) et
la vallée de la Basse-Seine, cet itinéraire permet de visiter les demeures de treize écrivains,
soit douze lieux (dont celui du couple Aragon-Triolet).
D’après une étude39 réalisée, de mars à septembre 2008, par la Fédération des maisons
d’écrivain & des patrimoines littéraires, concernant les publics de ces lieux littéraires,
présentée aux Xe Rencontres de Bourges, le public des maisons d’écrivain est majoritairement
national et passionné par la littérature. C’est donc plutôt une “niche“ culturelle spécifique à un
type de touristes. Ce n’est pas très étonnant, mais cela à au moins le mérite de confirmer le
potentiel attractif du patrimoine écrit auprès de touristes. De plus, l’enquête révèle que ce
public peut être fidélisé, comme dans les autres lieux culturels, par une politique de
l’évènementielle proposant des activités variées qui peuvent susciter l’intérêt du visiteur si les
moyens de communication utilisés sont suffisants pour les interpeler.
38
LIGNAC Florence, VANNIEUWENHUYZE Sophie. Fédération des maisons d'écrivain et des patrimoines
littéraires : Objectifs [en ligne]. Disponible sur <http://www.litterature-lieux.com/federation/> (consulté le 27
août 2010)
39 Fédération des maisons d'écrivain et des patrimoines littéraires, Université d’Orléans. 2008. Etude des publics
des lieux littéraires [en ligne]. Disponible sur <http://www.litterature-lieux.com/documents/rencontres/2008-
etude-publics-lieux-litteraires.pdf> (consulté le 27 août 2010)
63
III. PROPOSITION CONCRETE : LA BIBLIOTHEQUE PEUT DEVENIR UN LIEU
TOURISTIQUE.
Un visiteur est une personne qui cherche à trouver dans un lieu ce qu’il ne verra pas
ailleurs. C’est d’autant plus le cas pour le touriste culturel qui fait un déplacement plus
important et met des moyens financiers (transport, hébergement…) supplémentaires pour
venir découvrir un lieu. La rareté et la préciosité sont donc les atouts d’une structure pour
attirer ce public. Son fonds patrimonial écrit et graphique, son architecture et son
positionnement au cœur de la ville et/ou d’un territoire, placent la bibliothèque comme un site
suffisamment riche culturellement parlant pour faire partie des sites attractifs d’un point de
vue touristique. En outre, selon ses principes idéologiques : “institution culturelle ouverte à
tous“, la bibliothèque est prédisposée à accueillir des touristes.
Malgré les efforts effectués en matière de valorisation, le patrimoine écrit reste encore
bien méconnu du large public. Cela ne vient pas forcement d’un désintérêt puisque par
exemple, lors des journées du patrimoine en France, le public est présent dans les structures
appartenant au monde du livre comme les grandes maisons du journalisme (ex : Le Monde)
ou encore bien sûr, les bibliothèques. En 2009, selon Martine POULAIN, directrice de la
bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art, au moins 3.000 personnes sont venues
visiter le quadrilatère Richelieu à Paris. Cette méconnaissance vient donc plutôt d’un manque
d’informations et de communication de la part des visiteurs potentiels qui ne connaissent pas
suffisamment les activités culturelles des bibliothèques, mais aussi de la part des
bibliothécaires qui ne cernent pas bien leur public patrimonial. D’autre part, il est important
de développer encore la mise en valeur des collections, non pas dans une optique de diffusion
des connaissances, mais dans une visée plus muséale. De la même manière que les musées ou
maisons d’écrivain, il s’agit d’exposer les œuvres que recèle la bibliothèque. Cela peut passer
par des expositions temporaires, des visites guidées du site, des ateliers, des animations…
Cette dernière grande partie fait état des évolutions des bibliothèques qui peuvent
amener à un changement quant à une plus forte attraction touristique. Pour qu’un lieu
devienne touristique cela suppose une réflexion poussée quant à son aménagement, l’accueil
des publics, la médiation culturelle, les financements, l’aspect juridique, la communication, la
politique de conservation… Cette réflexion doit être d’autant plus élaborée quand il s’agit
64
d’un lieu comme la bibliothèque qui possède déjà une activité, des missions et un public bien
défini.
1. AMENAGEMENTS : ZONE D’ACCUEIL POUR LES TOURISTES ; ESPACES AMENAGES
POUR LA VISITE ; ESPACES DEDIES A DES EXPOSITIONS
Aujourd’hui, les bibliothèques - mis à part les bibliothèques “historiques“ qui ne sont
qu’accessibles sur visites – accueillent déjà des usagers pour consulter des documents,
travailler, emprunter. Le lieu a donc été conçu pour la lecture publique et la recherche. De
manière générale, les bibliothèques peuvent être découpées en plusieurs espaces.
• Du côté du public se trouvent :
- Une zone de parking. Cet espace, en amont de la bibliothèque en elle-même, est très
important pour son accessibilité
- Une zone d’accueil, celle, par laquelle le public entre, qui fait souvent office de
banque de prêts et retours et de point d’information
- Des zones de rayonnages. Présents, dans toute la médiathèque, les rayonnages de
documents sont répartis généralement par type (musique, bandes dessinées, films, nouveautés,
périodiques, documentaires, romans) puis par thème (selon le classement Dewey).
- Des zones de travail, définies par des tables prévues à cet effet: ces espaces sont soit
épars entre les rayonnages, soit dans une salle coupée du reste pour offrir à l’usager tout le
calme dont il a besoin pour se concentrer.
- Des zones de détente, marquées par la mise à disposition de bancs, de fauteuils…
pour la lecture, le confort des usagers. Ces espaces se trouvent généralement éparpillés dans la
bibliothèque à côté des rayonnages
- Un espace d’exposition. La plupart des bibliothèques construites dans les années
1990 possèdent un lieu pour la mise en place d’une exposition.
- Un auditorium . Là aussi, ce sont les bibliothèques les plus récentes qui possèdent ce
genre de salles pour des concerts, conférences, colloques…
- Des espaces de confort. Comme tout lieu public, la bibliothèque dispose de
sanitaires publics. Les bibliothèques les plus récentes, comme la bibliothèque municipale
Marguerite Duras à Paris qui a ouvert en juin 2010, ou les grandes bibliothèques comme la
Bibliotheca Alexandrina possèdent aussi des cafétérias.
65
- Une boutique. De grandes bibliothèques ou des bibliothèques déjà touristiques possèdent
une boutique dans leur enceinte. Sur le même principe que les musées et sites culturels, celles-
ci proposent souvent des ouvrages, cartes postales et objets divers en lien avec les expositions
qu’elles ont présentées.
• Du côté des personnels, dans les espaces inaccessibles au public :
- Les magasins. Certaines bibliothèques mettent en libre accès tous leur ouvrages,
d’autres en revanche, souvent les bibliothèques spécialisées, anciennes ou ayant un fonds rare,
stockent leurs documents dans des réserves, autrement appelées magasins. C’est la partie
cachée des bibliothèques.
- Les bureaux des personnels : bibliothécaires, administration…
- Les salles de reliure, de numérisation… Cas plus rares, certaines bibliothèques
possèdent des salles spécialisées pour la conservation des documents. C’est le cas à la
bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’art qui possède un espace dédié à la reliure.
Accueillir des touristes dans ces locaux demande quelques aménagements supplémentaires
dus à leurs activités différentes des usagers habituels.
Au regard des aménagements existants au sein des bibliothèques, le bilan est plutôt positif.
La bibliothèque étant un lieu ouvert au public, peu de nouveaux aménagements seront à
prévoir pour l’ouverture au public touristique. Bien sûr cet état des lieux des différentes zones
de la bibliothèque est général. Toutes les bibliothèques ne possèdent pas ce type
d’aménagement, mais cela montre qu’elles peuvent l’envisager ; cela ne dénote pas avec leur
politique de fonctionnement.
La bibliothèque étant implantée dans une ville, il est difficile de prévoir une zone de tampon
vis-à-vis des aménagements urbain attenants à la bibliothèque. Si les bibliothèques peuvent
devenir attractives touristiquement parlant, il est de toute façon, difficilement pensable
aujourd’hui qu’elles connaissent une affluence énorme pouvant transformer son territoire aux
alentours. Cependant, même pour une petite fréquentation, il faudra que la bibliothèque, si ce
n’est déjà le cas, possède un hall d’accueil suffisamment vaste pour accueillir les visiteurs qui
attendent de payer ou de s’inscrire pour participer à des animations. Cette zone servira
également au regroupement des visiteurs. Enfin, c’est dans cette partie que sera installé un
point d’information spécifique aux visites, car il serait désagréable et peu pratique pour les
usagers comme le personnel de n’avoir qu’un seul point d’accueil et de renseignement. Les
66
différences de pratiques engendrent des questions très diverses ; le personnel ne sera donc
peut être pas le même pour les lecteurs et pour les visiteurs.
Pour des questions d’accessibilité mais aussi de valorisation, une scénographie et un plan
de circulation devront être mis en place.
La scénographie est l'art d'agencer l’espace scénique ou l’espace public à l’aide de moyens
techniques et artistiques. Utilisée au théâtre, à l’opéra puis au musée, elle apparaît aujourd’hui
pour la première fois en France, dans la bibliothèque du Val d’Europe (Figure 33).
Sur le modèle des musées, ce projet inédit donne un nouveau regard et une nouvelle
attractivité sur les collections. Comme le dit sa directrice, Christine BOURRUS40 " Un lecteur
a pratiquement toujours un projet lorsqu'il franchit la porte d'une bibliothèque. Dans la
grande majorité des cas, il fréquente une médiathèque, mais ne fait pas un détour pour la
visiter ou y passer un moment.“ L’objectif est donc ici, “ d'inventer de nouveaux itinéraires
entre la cité et les collections, entre les collections et le lecteur...".
Concernant le plan de circulation, il est indispensable pour la sécurité des visiteurs et du lieu,
pour le confort des publics, pour la valorisation de la structure et pour optimiser
l’aménagement des différents espaces entre eux. Ce sera le plus gros travail à effectuer au sein
des bibliothèques vis-à-vis de l’aménagement en vue d’accueillir des touristes. De manière
schématique, les chemins de circulation existants au sein des bibliothèques actuelles ont été
conçus pour guider l’usager : de l’entrée vers les rayonnages, en commençant par – si besoin
est - la banque de retours des documents. Après quoi, le lecteur se tourne vers les tables et
sièges disponibles pour la consultation et/ ou vers le bureau de renseignements pour parler au
bibliothécaire. Enfin, en repartant, il repasse devant la banque de prêt des ouvrages. Grâce à la
scénographie et à une signalétique différente de celle aidant à trouver des livres, le visiteur 40 Bibliothèques. 10 m2 par jour ...et une mise en scène des collections [en ligne]. Disponible sur
<http://www.bibliofrance.org/index.php?option=com_content&task=view&id=343> (consulté le 18.12.2008)
Figure 33 : Muséographie de
la salle de lecture de la
bibliothèque du Val d'Europe
Source : http://www.bibliofrance.org/index.php?option=com_content&task=view&id=343
67
doit pouvoir circuler de manière sécurisée, sans gêner les autres publics et découvrir étape par
étape les différents points d’attraction de la bibliothèque. Ce sont les grands challenges de ce
réaménagement. Pour favoriser la réussite de ces changements, les bibliothécaires devront
s’inspirer de structures culturelles déjà touristiques et faire appel à des professionnels comme
des architectes, des scénographes, des spécialités du tourisme culturel. L’aménagement est
une étape capitale pour rendre un lieu touristique sans risque pour le lieu et ses publics.
Outre la signalétique traditionnelle sous la forme de panneaux indicatifs, il existe plusieurs
moyens pour valoriser des collections tout en mettant en valeur un chemin de circulation
prédéfini :
- le mobilier choisis (figure 33) montre la muséographie mise en place à la médiathèque
du Val d’Europe est un outil indispensable pour mettre en valeur les collections, les
ranger et disposer mais aussi pour définir le plan de circulation.
- Les outils numériques peuvent également servir à la valorisation du lieu et des
collections. Par exemple, insérer des projections (avec possibilité d’entendre le son par
casque pour ne pas gêner les usagers) sur l’histoire du lieu au sein de la bibliothèque
peut attirer aussi bien les visiteurs que les touristes. Les documents ne peuvent être
découverts qu’après manipulation. Or, un livre est aussi un patrimoine fragile qui, au
fil du temps et des multiples utilisations, se dégrade. Les outils numériques sont donc
une bonne alternative pour montrer des documents sans qu’ils soient abimés. Par
exemple, il est possible de mettre des écrans tactiles permettant au visiteur de passer
d’une page à l’autre. Il a ainsi encore la sensation de manipuler l’œuvre exposée par le
biais de cet outil interactif. De plus, ce moyen permet aussi d’insérer des informations,
traductions, etc. complémentaires pour comprendre et mieux connaitre l’ouvrage
présenté. Ces projections aident aussi bien à la médiation, à la présentation de la
structure qu’à la circulation. S’ils sont bien situés, ils permettent de créer des haltes ou
des points stratégiques dans le circuit de visite.
- La disposition des “espaces de détente“ marqués par des sièges pour se reposer sont
aussi des outils pour marquer le chemin de circulation. Là aussi soigneusement placés,
ils peuvent montrer au visiteur un détail de l’architecture du bâtiment par exemple,
tout en servant de lieu de pause pour les visiteurs et usagers.
- Au sein de la bibliothèque, il est difficile de jouer sur les sons pour valoriser différents
espaces , car même si la bibliothèque peut être perçue comme un lieu de sociabilité, un
lieu de vie convivial, le silence est généralement requis dans la majeure partie des
68
salles de ces structures. Cependant, des effets de lumière peuvent être crées pour
donner une ambiance à certaine partie du site et pour mettre en valeur certains
éléments architecturaux par exemple. Il faut toutefois garder à l’esprit le confort des
lecteurs et la préservation des ouvrages d’une trop forte luminosité.
2. L’ACCUEIL DU PUBLIC : ENTRE USAGERS ET TOURISTES
Les bibliothèques sont des structures ouvertes à tous qui ont déjà un public. Ce public est
très diversifié de par son statut (âge, sexe, classe sociale, catégorie socioprofessionnelle,…) et
de par son activité au sein même de la bibliothèque. Si les activités en bibliothèques sont
multiples, la visite est encore un usage peu fréquent. Est-ce que cela vient d’un désintérêt de
la part de la population pour le patrimoine des bibliothèques ? Au regard du succès que
connaissent les bibliothèques lors des journées du patrimoine, il semblerait que non. Certaines
bibliothèques qui n’accueillent pas de publics visiteurs ont d’ailleurs même déjà un public
demandeur. C’est le cas de la Bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art confinée
actuellement dans la salle ovale du Quadrilatère Richelieu à Paris. Bien que réservée aux
chercheurs, le personnel de la bibliothèque qui surveille les entrées voit très souvent défiler
des touristes derrière les hublots de la porte d’entrée. Ils sont nombreux à venir y jeter un œil
et à tenter de déambuler dans la salle. En outre, il arrive même parfois que des groupes
étrangers viennent recevoir quelques explications de la part de leur guide sur le patrimoine de
cette institution devant l’entrée de la bibliothèque.
Sans que cette demande puisse être mesurable, chiffrée, il est tout de même possible
d’affirmer qu’il existe un public susceptible d’être attiré par des visites patrimoniales de la
bibliothèque. Cependant, il est pour encore très mal connu des professionnels. Si les
bibliothécaires connaissent bien leurs usagers en matière de lecture publique à la vue des
nombreuses études faites sur eux ; concernant le public attiré par le patrimoine écrit, en
revanche, ils ne connaissent que peu de choses. Le public des fonds anciens n’est pas et n’a
jamais été objet d’étude. Les professionnels en ont une approche plus perceptive, subjective,
relative que réaliste. De plus, les études des publics en bibliothèques qui mentionnent des
visiteurs ne peuvent être considérées comme des touristes car, sont pris en compte dans cette
appellation “visiteurs“ les non abonnés qui viennent temporairement utiliser la bibliothèque.
Sont donc considérés comme visiteurs les usagers pour lesquels la bibliothèque ne possède
69
pas de renseignements. C’est donc un constat de silence sur le public du patrimoine des
bibliothèques qui s’impose dès lors qu’on aborde cette question. C’est étonnant dans une
société portant en gloire le patrimoine que le public de ce domaine soit si peu maitrisé, et
connu de la part des professionnels. Pour y remédier, il faudrait donc mettre en place des
systèmes d’enquêtes au sein des bibliothèques mais aussi au sein des sites culturels et
touristiques pour effectuer des sondages d’opinion et de suggestion. D’autre part, les moyens
de communication et suivi du public (inscription à la bibliothèque, billets d’entrée pour les
expositions) peuvent contribuer à faire davantage connaître les visiteurs des bibliothèques
patrimoniales, ceci, même si souvent, la consultation sur place de documents patrimoniaux ne
donne pas lieu à une inscription préalable.
La première question qui vient à l’esprit lorsque l’on aborde le thème de l’accueil des
touristes dans les bibliothèques n’est pas tant : Quels aménagements sont nécessaires pour
leur venue ? Mais plutôt, avant cela, comment les faire coexister avec les usagers
traditionnels ?
Ces deux types de publics : touristes et lecteurs, en apparence diamétralement opposés de part
leurs pratiques peuvent se retrouver dans un même lieu sans compromettre l’activité de l’un
ou l’autre. Cela peut paraitre invraisemblable pour les professionnels des bibliothèques,
pourtant il existe bien des lieux qui arrivent à faire coexister différents publics et pratiques.
C’est le cas des églises notamment. Au regard du compte-rendu de la conférence,
“L’architecture religieuse : spiritualité et accueil des publics. Les églises d’aujourd’hui :
entre visites et célébrations sacrées“ 41 qui s’est tenue en 2009, à Paris, au Salon International
du Patrimoine Culturel, l’on peut se rendre compte qu’il n’est pas incompatible d’accueillir
deux types de publics aux attentes différentes. La frontière est mince entre le statut d’usager et
le statut de touriste. Le fidèle utilise l’église comme lieu de culte, mais il peut également se
trouver comme le touriste : intéressé par la dimension architecturale et historique de l’édifice.
De plus, il pourra se retrouver touriste dans d’autres églises. C’est la même chose avec
41
BROUTET Laure, DENANT Gaëlle, GOUJON Lise. L’architecture religieuse : spiritualité et accueil des publics.
Les églises d’aujourd’hui : entre visites et célébrations sacrées [en ligne]. Disponible sur
<http://www.patrimoineculturel.com/Francais/telechargements09/6-
11/SIPC2009_IESA_Architecture_religieuseED.pdf> (consulté le 22.01.2010)
70
l’usager des bibliothèques. Il peut tout aussi bien être lecteur un jour et visiteur le lendemain.
C’est une question de présentation de la structure.
Une réflexion poussée sur les pratiques de ces publics, en amont, permettra d’évaluer
l’aménagement à effectuer au sein de la bibliothèque pour favoriser la coexistence lecteurs-
touristes. Un bon plan de circulation, la création de zones spécifiques mais aussi
l’aménagement des horaires peuvent être requis à cette fin. Par exemple, le parti pris peut être
d’ouvrir aux touristes le week-end et aux chercheurs la semaine. Il est aussi possible de
cloisonner les espaces selon les pratiques des usagers. Rendre visitable la bibliothèque
uniquement sur visite guidée à certains horaires peut être aussi une solution pour éviter que
les différents publics ne se mélangent de trop et se gênent entre eux.
3. LES ACTEURS : LE ROLE DES BIBLIOTHECAIRES ET DES OPERATEURS
TOURISTIQUES
La mise en tourisme des bibliothèques patrimoniales nécessitera l’implication de plusieurs
acteurs autre que ceux des bibliothèques.
Bien entendu, les bibliothécaires resteront les principaux acteurs. Néanmoins, ils devront
bénéficier d’une formation et surtout d’informations sur ce nouveau type de public et ses
usages. La réalisation d’enquêtes qualitatives sera très utile pour améliorer la perception des
bibliothécaires sur son futur public touristique.
Il sera également nécessaire de travailler en collaboration avec des acteurs de structures
culturelles touristiques et / ou faire appel à un bureau de conseil pour mettre en place cette
évolution de la bibliothèque, pour concevoir ce nouveau projet au cœur d’une structure déjà
existante.
Pour toutes les phases de réalisation et lors du montage du projet, il sera très important
d’avoir des personnes-ressources de différents corps de métiers : muséographe, médiateur,
chargé de communication… autant de postes que la bibliothèque ne possède pas.
71
Pour la communication et la promotion, il s’agira cette fois de rencontrer des acteurs
directement touristiques, tels que des agents d’Offices de tourisme qui aideront à promouvoir
le site. Se faire connaitre des éditeurs de guides touristiques et des tours opérateurs,
participera aussi activement à développer une meilleure perception de la bibliothèque auprès
des touristes internationaux, car les visiteurs regardent davantage les guides quand ils
découvrent un pays étranger. Enfin, il pourra être intéressant de monter des partenariats avec
d’autres structures culturelles et touristiques de la ville ou région, là aussi dans une optique de
communication et de promotion, en autre.
D’un point de vue juridique et économique, la plupart des bibliothèques étant publiques, il
s’agira de travailler en étroite collaboration avec les collectivités : la mairie notamment, pour
des questions de financements.
Enfin, selon les moyens humains et financiers des bibliothèques patrimoniales, la création
de nouveaux postes devra également être envisagée. Accueillir les touristes n’entre pas dans
les attributions des bibliothécaires. Il s’agira donc de trouver quelqu’un capable de mettre en
place des activités culturelles destinées à ce public particulier. Il faudra quelqu’un au sein de
la bibliothèque capable de proposer des visites guidées ou de gérer des ateliers. Deux
solutions sont possibles : comme pour les monuments, les bibliothèques peuvent faire appel à
des conférenciers extérieurs ou former certains de leurs agents pour faire des visites guidées
(plus courtes et générales que les visites-conférences). La bibliothèque n’a pas de pôle de
communication actuellement (mise à part les grandes bibliothèques comme la BnF). Or, sa
mise en tourisme nécessitera dès le début de réaliser une communication adaptée pour attirer
les visiteurs et valoriser son patrimoine et sa notoriété.
4. LA POLITIQUE DE VALORISATION ET DE MEDIATION DE LA BIBLIOTHEQUE
Les bibliothèques sont des lieux culturels non seulement par leur contenu (fonds) mais
aussi par leur activité de médiation et de production car il s’agit de faire vivre les collections
et non d’en faire des cimetières de livres.
D’après Martine POULAIN (voir annexe D), on est dans une période favorable du point de
vue des mentalités pour valoriser le patrimoine. Selon elle, les gens recherchent un retour au
72
passé par crainte du futur, d’où l’intérêt pour le patrimoine. Cela semble vrai compte tenu du
succès des évènements culturels de plus en plus nombreux organisés de par le monde.
La médiation : élément de connexion entre le visiteur et le patrimoine écrit et graphique
Avant d’effectuer tout travail de valorisation, il faut connaitre son patrimoine. Cette
connaissance vaut autant pour le personnel que pour les visiteurs. Or, aujourd’hui, ce n’est pas
encore le cas. En effet une partie du patrimoine n’est pas encore catalogué et donc inconnu
des professionnels comme du public. C’est le cas à l’INHA par exemple, qui n’a jamais eu - et
n’aura sans doute jamais - les moyens (ni financiers et ni humains) pour tout cataloguer, car
connaître le patrimoine, cela demande des moyens humains, scientifiques et financiers
importants. Si aujourd’hui, l’on interroge la population et les grands médias sur ce qu’est le
patrimoine écrit et graphique, il est certain que peu de personnes sauront le définir. En France,
l’élargissement indéfini du patrimoine ne semble pas favoriser sa lisibilité. Le terme de
patrimoine est souvent employé comme le terme opposé à celui de lecture publique.
La médiation culturelle est une alternative pouvant faire face à cette méconnaissance du
patrimoine et des bibliothèques. Si pour André MALRAUX, le rapport à l’œuvre devait être
direct sans intermédiaire, on a depuis compris que cette relation était élitiste, en ce qu’elle
n’était possible que pour un type précis de public déjà habitué au monde de la culture. La
question de la médiation culturelle a donc autant son importance dans les bibliothèques que
les musées. Une médiation est utile aussi pour les collections en libre accès : il faut guider le
lecteur dans ses recherches, durant son séjour à la bibliothèque. Face à une masse de
documentation, le lecteur peut se sentir perdu. Il s’agit alors pour les bibliothécaires de
proposer une signalétique adéquate, des modules d’aide à la recherche mais aussi de
promouvoir les livres en installant des tables de nouveautés par exemple. Dans le cas de
valorisation du patrimoine, le médiateur culturel propose au public en complément des
expositions, des animations et outils associés aux manifestations temporaires.
Enfin, les visites touristiques réclameront un travail de médiation au niveau de la circulation
particulièrement et donc à travers la signalétique.
Une politique de valorisation et d’animation au service des documents patrimoniaux et
de son public.
Grandes comme petites, les bibliothèques appliquent toutes, selon leur moyen et
public, chacune à leur niveau, une politique d’animation : l’image de la bibliothèque et son
73
pouvoir d’attraction en dépendent. Pour les bibliothèques municipales, cette politique
culturelle est aussi un mode de valorisation vis-à-vis des élus : elles montrent ainsi la richesse,
le prestige de leur collection et participent à faire vivre la ville ou commune.
Grâce au montage d’expositions, mettant en valeur son fonds patrimonial, la bibliothèque fait
partie des producteurs culturels.
• Les expositions
Les expositions sont des activités régulières, temporaires, donnant l’opportunité au
public de découvrir les fonds patrimoniaux du lieu. Exposer fait du bien à un fonds. Cela
permet d’une part de voir les documents dans leur ensemble et surtout, donne l’occasion de
les restaurer plus rapidement et mieux que prévu.
Selon la diversité des collections, différents thèmes d’expositions peuvent être proposés par la
bibliothèque. Il est possible par exemple de monter une exposition sur : l’histoire du livre ou
de la bibliothèque ; un auteur (rétrospective); un livre en particulier ; un genre littéraire ; les
différents types de livres ; un thème vu à travers différents genres littéraires ; la ville
d’implantation de la bibliothèque ; une collection spécialisée ; l’architecture des
bibliothèques ; un collectionneur ; l’apparition de l’imprimerie ; l’encyclopédisme ; les
Lumières ;…
Une exposition en bibliothèque ne s’improvise pas. Plusieurs éléments sont à penser.
Dans un premier temps, il s’agit d’identifier le sujet en fonction de la collection. Il est capital
de définir le public qu’attirera une exposition : ses centres d’intérêts bien sûr, mais aussi, son
degré de connaissance. Selon le public choisi, le niveau intellectuel de l’exposition peut
varier. Il est intéressant de sélectionner un thème d’exposition en fonction des usagers
habituels de la bibliothèque, j’entends par usagers, les locaux. Cela permet non seulement de
les attirer à la bibliothèque et ça participe à faire figurer la bibliothèque comme un espace
public, reflet de son territoire. Ce n’est pas négatif pour le tourisme non plus, car le vacancier
va pouvoir vouloir visiter une bibliothèque pour découvrir le territoire dans lequel il se trouve
temporairement. L’exposition en lien avec cette destination, ses habitants sera donc un bon
moyen pour mieux faire connaître la région aux touristes.
Une fois le thème sélectionné, l’équipe interne, aidée par des personnes-ressources externes,
effectue un travail documentaire, des recherches scientifiques et une étude de faisabilité. Tout
en étant innovant dans la conception de l’exposition, il faut aussi être particulièrement réaliste
lors de l’évaluation du budget. Il s’agit, par exemple, de s’interroger, en fonction de nos
moyens, sur le choix des œuvres exposées: expose-t-on uniquement son propre fonds ou a-t-
74
on recours au prêt qui est relativement onéreux en transport, assurance… ? La bibliothèque
n’est pas qu’un lieu d’exposition. Il s’agit de faire attention à équilibrer le budget annuel en
fonction des autres missions de cette structure.
Il est important de faire appel à des personnes extérieures aux projets capables d’évaluer le
sujet, de faire des propositions. Cela peut être par exemple, de professionnels d’autres
structures culturelles, de professionnels du tourisme. Habituées à recevoir le même type de
public et/ou de réaliser des actions similaires ces personnes-ressources seront aptes à faire des
propositions peut être plus innovantes car elles ne sont pas focalisées sur les missions
habituelles de cet institut.
Comme l’a démontré le premier chapitre faisant office de constat sur les rôles des
bibliothèques, cette institution oscille entre la diffusion de la connaissance et son aspect
culturel. Une exposition doit donc faire ressortir ces deux dimensions. Il ne s’agit pas de se
contenter de montrer des éléments patrimoniaux. Il s’agit aussi de les transmettre, de les faire
partager avec le visiteur. Une démarche pédagogique est donc très importante. Les
bibliothécaires doivent être pédagogues grâce à une médiation réfléchie à travers des
documents de visite, des animations organisées autour de l’exposition, des visites guidées…
Selon Claudine CHEVREL, conservatrice de la Bibliothèque Forney à Paris qui organise
plusieurs expositions chaque année, “l’idéal est d’étonner les visiteurs et le meilleur moyen de
les étonner est de les informer“ 42.
Le montage d’une exposition implique de respecter certains aspects juridiques et légaux.
Respect des droits d’auteur et assurance des fonds sont deux éléments fondamentaux à garder
à l’esprit durant toute la mise en place du projet culturel. L’assurance est obligatoire, ce,
même si le fonds exposé appartient à la bibliothèque dans laquelle est proposée la
manifestation temporaire. Cette assurance est propre à chaque exposition. Dans le cas des
droits d’auteur, l’idéal est de négocier avec les ayant-droits, les modalités d’ostension.
L’existence d’un projet sous-entend une phase réflexive en amont, une phase de réalisation et
une phase d’après projet. A l’issue d’une exposition, il est important d’évaluer l’impact
qu’elle a eu sur le public. Des études quantitatives et qualitatives sont donc utiles à mettre en
place à toutes les étapes de durée de vie d’une exposition. Les résultats faisant suite à ces
enquêtes pourront être capitalisés en connaissances utiles pour les futurs projets.
42
NUTTIN Guillaume. Réussir le montage d’une exposition en bibliothèque. Archimag, 2007, n°209, p. 42-44.
ISSN 0769-0975
75
• Animations culturelles en bibliothèque
Parmi les activités culturelles il s’en trouve d’autres qui se veulent plus festives plus
originales que des expositions, et qui tendent à donner un caractère familier à la bibliothèque
en la démythifiant, de manière à favoriser sa fréquentation. C’est le cas de Lire en fête par
exemple.
Parmi d’autres exemples d’animations culturelles pouvant figurer au sein d’une bibliothèque
figurent : l’heure poétique, l’heure du conte, l’atelier de calligraphie et d’enluminure, l’atelier
photo (si la bibliothèque en possède un fonds), le quizz, le jeu d’enquête à travers les livres
(davantage pour les enfants), l’atelier sur la reliure…
• La visite de bibliothèque
La visite est une alternative intéressante pour faire découvrir le patrimoine, car les
images numérisées sont loin du but pour permettre à tout le monde de découvrir le patrimoine
écrit à distance.
Quelques exemples de visites potentielles: thématique sur son fonds, sur son architecture, sur
son histoire, sur sa création dans la ville ainsi que, sur sa conservation et restauration de
manuscrits (reliure, comment prendre soin de vos ouvrages ?)…
• L’édition de catalogues
Le caractère éphémère de ces manifestations laisse parfois comme dans les musées des
traces : catalogues, affiches, cartes postales…. Cela permet de pérenniser l’exposition. De
plus, le catalogue est un outil scientifique qui peut aussi être utile par la suite dans le cadre de
la recherche. Parfois, l’exposition n’est qu’un début. Elle donne de l’impulsion pour d’autres
actions comme la création d’un cycle de rencontres sur le sujet de l’exposition.
Il est mieux de faire porter l’ensemble de ces actions culturelles temporaires autour d’un
même thème, souvent celui qui est choisi pour l’exposition. Ainsi, par exemple, une
bibliothèque possédant un fonds important de manuscrits reliés pourrait envisager de faire une
exposition retraçant l’évolution de la reliure, faire une visite de l’atelier de reliure et même
proposer des stages d’initiation à cet artisanat. Ce serait l’occasion de sensibiliser les visiteurs
à la fragilité du document papier et à faire ressortir l’esthétique de ces ouvrages.
76
Tous ces modes de valorisation peuvent servir la mise en tourisme de la bibliothèque
car ce sont ces activités qui vont attirer ce public. A l’heure actuelle beaucoup d’expositions
dans les bibliothèques sont destinées aux enfants qui viennent avec leurs parents ou lors d’une
coopération bibliothèque/école. Des efforts sont donc à poursuivre car, rappelons-le, la
valorisation des fonds patrimoniaux dans les bibliothèques ne fait que débuter.
5. LA COMMUNICATION - MARKETING – PROMOTION
Tout est affaire de communication, pour que la bibliothèque acquière une visibilité en tant
que site patrimonial, visitable et touristique.
La notoriété des bibliothèques patrimoniales
La bibliothèque souffre depuis longtemps des images auxquelles on l’associe : lieu
poussiéreux et terne ; institution élitiste, réservée aux érudits… Le développement des
médiathèques de lecture publique, visant une ouverture au public la plus large possible et une
diversité plus grande des supports et des pratiques, a permis à la bibliothèque de se
débarrasser peu à peu de ces images. Seulement, ces qualificatifs de “bibliothèque
poussiéreuse, passéiste…“ se sont retrouvés attribués au facteur patrimonial des
bibliothèques. Autrement dit, c’est son patrimoine qui empêche la modernisation de la
bibliothèque. Voila qu’elles étaient les perceptions de la population mais aussi des
professionnels de ces institutions jusqu’à la fin des années 1980. La “glorification“ récente du
patrimoine a permis aux bibliothèques de valoriser davantage leur collection, mais demeure
encore ce souci de notoriété et de manque de communication. Dans ce contexte, la conquête
d’une image moderne est un enjeu fondamental pour les professionnels du patrimoine.
Comme le dit bien Henri-Jean MARTIN, “… Il ne doit pas y avoir de différence conceptuelle
entre les [fonds de prêt] et les [fonds de conservation]. Les frontières intellectuelles entre les
fonds anciens, les collections des XIXème et XXème siècles et les acquis récents doivent donc
être réduites au minimum : il n’y a qu’une culture, si vous faites de la culture sans les livres
anciens, vous massacrez la culture. Et le bibliothécaire doit viser à entretenir la mémoire
77
d’une très ancienne culture dans laquelle notre culture actuelle prend racine…“.43 Voila l’un
des messages à développer pour cette revalorisation du patrimoine au sein des bibliothèques.
Outils de communication au service des bibliothèques patrimoniales
Pour parer à cette mauvaise notoriété et visibilité, le patrimoine des bibliothèques doit se
faire davantage connaitre au travers de différents outils de communication. Seulement, en la
matière, les bibliothèques partent de loin. Il n’y a actuellement pas de personnels dévolus pour
cette mission dans la grande majorité de ces structures. Mises à part pour leur public de
proximité, les bibliothèques ne développent pas d’outils de communication à proprement dit.
Pourtant, plusieurs actions peuvent être entreprises de manière à étendre la communication à
un public plus large, notamment les visiteurs.
Cette période de patrimonialisation est propice à la valorisation du patrimoine des
bibliothèques et donc à sa communication. Avant d’évoquer tout outil de communication à
mettre en place, il est nécessaire de commencer par travailler la signalisation des
bibliothèques dans les villes (pancartes de circulation, présence sur les plans de la ville) et son
accessibilité (transports en commun, zone de stationnement, ouverture).
Ensuite, dans l’optique de se faire davantage connaître, il est important que la bibliothèque
se crée des supports de communication :
- le prospectus, mis en page selon la charte graphique établie de la bibliothèque, doit
dévoiler brièvement les richesses du lieu, ses activités culturelles et des informations
pratiques. Après quoi, ce document peut être disposé dans les lieux publics de la ville
ainsi que dans des structures purement touristiques comme les offices de tourisme. S’il
est bien fait ce document synthétique peut faire office de “carte de visite“ à distribuer
aussi bien auprès du public qu’auprès d’opérateurs touristiques pour se promouvoir.
- L’association Paris Bibliothèques, sous contrat avec la mairie de Paris, produit les
expositions et les animations des 65 bibliothèques de la ville. A cet effet, elle édite et
diffuse aussi leurs publications. Avec leur revue des bibliothèques (annexe H),
largement diffusée dans les lieux publics de la ville, l’association arrive à
43 Henri-Jean Martin. Une vision totale du livre. Paris : Bulletin des bibliothèques de France, 49, n°5,
2004, p.21.
78
communiquer auprès d’un public local mais aussi plus large, sur le patrimoine écrit et
graphique de ces structures et diffuse sa programmation culturelle.
- En matière d’annonce, des communiqués sont aussi à prévoir dans le cas
d’expositions. Envoyés aux médias, c’est un outil de communication supplémentaire
pour faire connaître les actualités culturelles de la bibliothèque par l’intermédiaire de
la presse. Selon les médias destinataires visés, la visibilité des manifestations
culturelles de la bibliothèque peut être d’échelle locale à une dimension internationale.
- Sur le même principe que la revue, la bibliothèque peut aussi avoir recours aux
nouvelles technologies et se créer un site Internet dans lequel elle affichera toutes les
informations nécessaires pour se faire connaitre, recevoir des visites ou y consulter des
documents. Il est devenu capital aujourd’hui d’utiliser ces nouvelles technologies, car
Internet est le média le plus utilisé à travers le monde. Il permet de faire rayonner des
informations très rapidement à une grande échelle mondiale. Outre une plus grande
visibilité, il permet d’attirer un public plus large. Il est important de l’actualiser au
maximum. Le site Internet est une vitrine pour un lieu. Selon, son esthétique, le
nombre d’informations fournies et son actualisation, le visiteur potentiel se fait une
idée du lieu. Enfin, c’est espace interactif qui peut aussi accueillir des supports
complémentaires à la visite (visite guidée sous format électronique ; exposition
virtuelle…) (voir annexe C). Le site “Reims, ville art déco“ (annexe F) qui propose
plusieurs parcours de la ville selon différentes thématiques est un très bon exemple de
site Internet touristique révélant les qualités architecturales et territoriales de la
bibliothèque Carnegie. Actualisé, dynamique, esthétique, il offre aux visiteurs toutes
les informations (plans des parcours, histoire de chaque bâtiment,..) nécessaires pour
effectuer une visite en groupe ou individuelle. De plus, il témoigne de la réussite de
projets en partenariats44. Si le site Internet est l’outil le plus riche en matière de
nouvelle technologie pour diffuser de l’information, d’autres outils numériques sont
aussi envisageables pour attirer le public : il s’agit des réseaux sociaux comme
44
Les organisateurs de ce site Internet sont : la Ville de Reims et la Direction de la Culture, en collaboration
avec le Rectorat de l’Académie de Reims et l’Université de Reims Champagne-Ardenne et avec le
soutien financier du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Direction Régionale des Affaires
Culturelles de Champagne-Ardenne, de la Région Champagne-Ardenne et du Département de la Marne.
S’ajoutent à ce projet collectif les différents lieux de visite comme la bibliothèque Carnegie, le grand théâtre de
Reims, le cinéma…
79
Facebook ou Twitter qui connaissent un véritable succès aujourd’hui. En les utilisant,
la bibliothèque peut se créer un groupe de fidèles et mettre en avant par de cours
messages toute son actualité, car il faut garder en mémoire que ce sont les évènements
qui favorisent la fidélisation d’un public et participe à la notoriété d’un lieu.
Promouvoir les bibliothèques en travaillant avec des opérateurs touristiques
Outre sa communication, le meilleur moyen pour un lieu culturel d’être plus visible,
lisible et d’attirer un public touristique est de développer des relations avec des partenaires
touristiques.
- Pour se faire connaître de manière touristique, il est important qu’un site figure sur des
guides et cartes touristiques et les sites Internet des Offices de Tourisme. Aujourd’hui,
il existe des bibliothèques présentes sur les sites Internet d’Offices de Tourisme.
Cependant, leur présence semble plus due pour servir l’image de la ville : montrer
l’étendue de l’offre culturelle de la municipalité, que pour promouvoir de manière
touristique la bibliothèque. Si des informations pratiques sont visibles, il est rare que
soient mises en avant ou même évoquées les possibilités de visite. En outre, il semble
peu pensable que ce soit la bibliothèque elle-même qui se soit démarchée auprès de
l’office de tourisme pour figurer sur ces sites. Pour pallier à une absence ou un
manque d’information, la bibliothèque devra donc véritablement se démarcher auprès
d’institutions touristiques comme les Offices de tourisme en leur proposant des
prospectus à diffuser, un lien de leur site Internet à partager…
- Outre les Office de tourisme, à plus grande échelle, en tant que futur site touristique, la
bibliothèque devra également travailler avec des institutions touristiques telles qu’en
France : les Comités régionaux et départementaux du tourisme (CRT et CDT) et
l’agence de développement touristique Atout France. Ce type de partenariat peut
apporter aux structures telles que la bibliothèque, un appui promotionnel mais aussi
des conseils par le biais de formations et d’études qu’organisent ces institutions
étatiques et territoriales. De plus, sa présence sur les sites Internet des CDT et CRT
offre non seulement à la bibliothèque une plus forte visibilité vis-à-vis du public mais
aussi vis-à-vis des professionnels du tourisme comme les tours opérateurs. C’est un
appui incontestable pour trouver des structures touristiques auprès desquelles se
démarcher et un soutien pour obtenir des partenariats avec ces dernières. Les
bibliothèques étant membres ou, plus simplement, figurant sur les sites des CDT et
80
CRT seront davantage prises en considération auprès des opérateurs touristiques pour
d’éventuelles collaborations. Dans le cas de la BnF, elle apparait sur le site du CRT Ile
de France mais de manière assez succincte et peu visible, il faut chercher l’information
pour trouver l’encart qui lui est destiné. En revanche, fait intéressant, le site du CRT
Ile de France, nous informe que la BnF fait partie des sites découverts lors de l’un des
4 circuits en car “city tour“ proposé par la société Paris Open Tour.
Promouvoir la bibliothèque cela passe aussi par un travail en réseau
Toujours, parmi les moyens de promotion, l’une des méthodes consiste à développer des
partenariats et réseaux avec d’autres instituts culturels touristiques de la région à proximité,
ou portant sur une même thématique par exemple. Les bibliothèques travaillent déjà en réseau
avec d’autres bibliothèques mais pour des raisons scientifiques et pour étendre l’offre de
lecture publique. Dans le cas d’une mise en tourisme, un développement de réseaux et de
partenariats est tout aussi pertinent. En faisant partie d’un groupe de sites culturels et
touristiques, la bibliothèque peut espérer partager des visiteurs. En effet, par le bais d’outils de
communication partagés : site Internet collectif, partage de liens sur les sites Internet
respectifs de chacune des structures, mise à disposition de prospectus d’autres institutions du
réseau dans son espace et inversement, création de publications collectives… et grâce à des
outils marketing élaborés : vente de “pass“ permettant au visiteur, une fois un billet acheté, de
visiter un autre site du réseau gratuitement ou à demi tarif, vente de billets jumelés,…un
échange de touristes peut se faire par le biais des sites du réseau. La mise en réseau offre
l’opportunité de mutualiser des financements en matière de communication et promotion.
Enfin, ces structures partenaires apparaitront plus lisibles et plus fortes. Cela peut être utile
lors de demandes de subventions par exemple. Pour qu’une mise en réseau soit pertinente, il
faut que les différents partenaires aient des objectifs communs, des attentes similaires. Même
si certaines structures plus importantes, plus attractives dans un groupement peuvent servir de
locomotives, il est nécessaire que les moyens mis en place soient partagés de manière
équitable.
De la même manière que la cité de l’architecture de Paris qui travaille en partenariat avec le
Palais de Tokyo, le théâtre de l’Odéon et le théâtre des Champs Elysées offrant ainsi aux
visiteurs communs des tarifs préférentiels, la BnF pourrait collaborer avec l’opéra Garnier par
exemple, puisqu’elle y possède dans le même bâtiment, une annexe. De par sa proximité
géographique avec la Seine, elle pourrait aussi envisager un partenariat avec les bateaux
81
mouches de Paris qui draine de nombreux touristes. Cela permettrait d’élargir son public. Des
bâtiments à proximité géographique comme le Panthéon, la salle de spectacle de Bercy
peuvent aussi être des cibles intéressantes pour un travail de coopération. Enfin, plus proches
par leur thématique commune, le musée des lettres et manuscrits du 7ème arrondissement et la
BnF pourraient partager des visiteurs aux intérêts similaires.
Pour conclure sur cette partie, une communication est véritablement nécessaire dans le cas
des bibliothèques. Elle est à effectuer pour redorer l’image du patrimoine écrit des
bibliothèques et pour attirer des visiteurs. Néanmoins, les bibliothèques doivent adapter leur
communication en fonction de leur objectif touristique. Il ne s’agit pas forcement d’en faire
des grosses attractions ; cela nuirait aux autres publics de la bibliothèque.
6. LA PRESERVATION, SECURITE, ET CONSERVATION
La bibliothèque étant un lieu public, elle possède déjà une politique de conservation de
son fonds. Cependant, élargir l’ouverture de cette institution aux touristes – public aux
pratiques différentes des usagers habituels - amène à reconsidérer certains aspects de cette
politique de sécurité et de conservation envers les documents comme le public.
Pour éviter au maximum les incidents et dégradations, il est important de bien réfléchir en
amont sur les conditions d’accessibilité au site et au fonds patrimonial. Il est nécessaire de
prévenir au maximum pour éviter d’avoir à agir. Il faut anticiper les risques que peut causer
une plus forte fréquentation et des visites dans ces lieux, en mesurant bien les pratiques de ce
public, leur flux et en parallèle la capacité de charge du lieu, etc. Si le tourisme est un facteur
positif pour la notoriété d’un lieu et pour les retombées économiques qu’il procure, il peut
s’avérer être aussi un facteur de risques, causant des dégâts s’il n’a pas été bien évalué en
amont et s’il n’est pas maitrisé. De nombreux sites culturels et naturels se sont retrouvés
irrémédiablement abimés à cause de trop fortes fréquentations touristiques. C’est le cas des
grottes de Lascaux en France, par exemple. Découvertes en 1940, il aura fallut pas moins de
dix ans pour qu’elles connaissent les retombées néfastes du tourisme. Dès 1949, des
moisissures et enduits noirâtres sont apparues sur les parois suite à une surfréquentation qui
provoqua un taux anormal de gaz carbonique, une condensation intermittente d’eau sur les
parois et une température anormalement élevée pour ce type de lieu. Cela se révéla inquiétant
82
pour la conservation des œuvres pariétales et occasionna une gêne lors des visites. Malgré les
tentatives de protection et d’aménagement pour essayer de rétablir l’équilibre de la grotte et
préserver les peintures murales, la dégradation fut telle, qu’en 1963, le propriétaire dû fermer
la grotte définitivement. Et en 1972, il fut décidé finalement de construire un fac-similé des
grottes de Lascaux à côté.
Préservation et conservation des documents en vue d’une diffusion plus large :
Avant de conserver, c'est-à-dire de réparer, il faut tenter de préserver. Dans les deux
cas, il est indispensable de bien connaître la composition des objets à préserver. Dans le cas
des documents patrimoniaux, il faut aussi garder à l’esprit, le but de cette préservation : la
communication au public. Il s’agit de faire en sorte de prolonger au maximum, la disponibilité
d’un document dans son état original et d’assurer la pérennité de l’accès à son contenu par des
procédés de reproduction. Les supports apparus depuis cent cinquante ans fournissent souvent
des documents rares voire uniques. Si aujourd’hui, les livres paraissent en plusieurs
exemplaires, que le dépôt légal favorise la conservation d’au moins un exemplaire de chaque
document publié, il y a moins de deux siècles de cela, ce n’était pas le cas : de nombreux
ouvrages ne nous sont parvenus qu’en un seul exemplaire. C’est d’autant plus vrai quand il
s’agit de productions personnelles, familiales. Les collections de photographies ainsi que les
archives sonores et audiovisuelles en attestent. Ce sont alors des documents qui méritent toute
l’attention des bibliothécaires.
Depuis les années 1970, en France, une politique de conservation préventive est
appliquée aux fonds des bibliothèques. Différents corps de métiers : ingénieurs, spécialistes
des bâtiments, conservateurs et restaurateurs cherchent, par un ensemble d’actions, à
améliorer l’environnement dans lequel sont stockés les documents en vue de leur conservation
à long terme.
Cette conservation préventive se compose d’un ensemble de mesures à mettre en place :
• La dégradation des documents ne provient pas que de l’usage que l’on en fait.
Constitué de papiers, encres, etc., les livres ne sont pas immortels. La plupart des matériaux
composant les documents patrimoniaux sont sujet à des altérations plus ou moins importantes
sur le long terme. Le temps agit irrémédiablement sur leur état de conservation. C’est d’autant
plus le cas quand la qualité des matériaux composant le document est médiocre. Par exemple,
les impressions des années 1860 à 1960 se faisaient sur un papier de moindre qualité. Il s’agit
83
donc de bien connaître les matériaux et produits composant les documents, puis contrôler leur
qualité afin de pouvoir au mieux les préserver.
Parmi les supports des documents figurant dans les bibliothèques figurent :
- le papier (de qualité différente suivant son année de production, car la fabrication du
papier a évolué au fil du temps) et l’encollage
- le parchemin
- la peau tannée
- les supports de la photographie (supports originaux et tirages, liants et colorants)
- l’encre
- les supports récents : microfilm, supports mécaniques (cylindre et disque), bande
magnétique, disque informatique, disque compact…
Tous les matériaux qui entrent dans la composition d’un ouvrage ou de son conditionnement
(matériaux de restauration, reliure..) font l’objet d’analyses systématiques. Ces dernières sont
régulièrement renouvelées car la composition d’un produit peut être modifiée par son
fabricant. Grace à ces études, il est également possible d’apprécier la compatibilité des
matériaux entre eux et leur vieillissement.
• En plus de la fragilité de leurs composants, les documents peuvent aussi se dégrader
selon l’environnement dans lequel ils sont. Des facteurs externes viennent aussi fragiliser des
supports relativement résistants. Par exemple, le parchemin, dont la résistance mécanique
dans le temps est excellente, devient extrêmement fragile au contact de variations d’humidité,
de l’eau et s’il est attaqué par des moisissures ou des insectes. Les matériaux appliqués sur les
supports, l’eau, l’humidité, la température, la lumière, la pollution, les micro-organismes, la
poussière, les insectes sont autant de facteurs qui peuvent les dégrader. Lors du contrôle de
l’environnement des documents, les professionnels gèrent et régulent le climat et la lumière
des espaces dans lesquels le document est amené à être stocké et consulté. Il s’agit à ce stade
également, d’étudier le mobilier de rangement et de convoiement des ouvrages et leur
manipulation.
Enfin, concernant la sécurité des documents contre le vandalisme et le vol, il s’agit aussi de
contrôler les dispositifs mis à en place à cet égard.
• Assurer la conservation préventive, c’est aussi informer. Pour ce faire, l’ensemble du
personnel de la bibliothèque (du magasinier au directeur de l’institution) est sensibilisé par le
biais d’informations mais aussi de formations. Cette sensibilisation touche aussi le public
84
principal utilisateur de ces documents. Par exemple, l’information des lecteurs consiste à leur
expliquer qu’il y a des limites à la photocopie, voire des limites à la communication des
originaux.
• Passé les analyses, les professionnels de la conservation doivent élaborer un plan de
prévention actualisé régulièrement prévoyant trois étapes : la prévention, l’action et la remise
en état. Il s’agit donc, par exemple, de mettre en place des mesures de préventions
élémentaires d’entretien et de maintenance : installer des systèmes de détection contre les
éventuelles dégradations (inondations, incendies…) et contre les intrusions (vol, vandalisme).
Cela consiste aussi à installer des processus de réparation et d’interventions d’urgence comme
des extincteurs d’incendies, des portes coupe-feux… Enfin, un plan d’urgence pour la
sauvegarde des collections en cas de sinistre prévoit : l’attribution de locaux dévolus aux
opérations d’urgence (locaux pour traiter les documents et pour stocker les consommables
indispensables au traitement des documents mouillés et inondés) ; l’attribution de fournitures
et matériels ; une formation auprès des agents et la rédaction de fiches techniques de
consignes à suivre ; une liste des partenaires et prestataires extérieurs ainsi qu’un repérage des
collections requérant une attention particulière lors des sauvetages.
Malgré les efforts de prévention, il est toujours nécessaire de conserver. Comme les
œuvres picturales, les ouvrages – d’autant plus quand ils sont manipulés – ont besoin d’être
restaurés. Le conditionnement, le dépoussiérage, le nettoyage et l’entretien font partie des
actions à mener impérativement en permanence. Ensuite, selon leur état et les priorités, de
plus lourdes missions de conservations sont effectuées au fur et à mesure selon les fonds
financiers disponibles, car généralement ces étapes se font par des spécialistes extérieurs à la
bibliothèque. Aujourd’hui peu de structures ont leur propre atelier de reliure. La conservation
se fait pour le support mais aussi pour le contenu des documents. La politique de numérisation
des collections mise en place depuis quelques années au sein des grandes bibliothèques sert à
préserver ce fonds et à favoriser sa diffusion.
Pour envisager une mise en tourisme de la bibliothèque, les professionnels de ce lieu,
devront mettre en avant le rôle culturel de leur institution. Ce travail de valorisation passe
essentiellement par la mise en place d’expositions. Ce mode de mise en valeur des collections
accroît de manière significative les risques de dégradation et de vol encourus par les
85
documents exposés. En effet, dans les conditions d’une exposition, l’environnement des
documents est moins optimal et stable que dans les magasins ; ceci pour plusieurs raisons :
- L’éclairage obligatoire pour le confort visuel des visiteurs renvoyant aux ouvrages
une luminosité élevé.
- Une forte concentration humaine rendant difficile le maintien de conditions
climatiques stables
- L’ouverture de documents sur une longue durée les exposant trop à l’action de la
lumière
- Enfin, d’un point de vue muséographique, certaines contraintes de présentation vont
à l’encontre des principes de conservation : ouverture, inclinaison des documents ;
hétérogénéité des matériaux à l’intérieur d’une même vitrine.
La valorisation des collections implique donc une vigilance particulière. Pour prévenir tout
risque de vol et vandalisme, la permanence d’un gardiennage est indispensable. Concernant
l’environnement temporaire des ouvrages exposés, il s’agit aussi de surveiller en permanence
les conditions thermohygromètriques aussi bien dans la salle que dans les vitrines. L’éclairage
doit aussi être bien tamisé, mesuré et orienté pour permettre aux visiteurs de voir les œuvres,
et pour mettre ces dernières en valeur sans qu’elles en souffrent. Une des solutions pour
protéger les ouvrages vient aussi à changer le livre ou les pages qui sont exposés au fil de la
manifestation. Ce roulement évite que soit dégradée une même page.
La sécurité des documents
En tant qu’institution patrimoniale, les bibliothèques possèdent des documents rares,
voire uniques, donc précieux et chers. Comme les musées, elles doivent ainsi se prémunir
contre les vols mais aussi contre les vandalismes éventuels. Par exemple, l’année dernière, les
collections de la bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art ont subi des mutilations
gratuites : le personnel de la structure a découvert que des pages avaient été arrachées dans
plusieurs ouvrages encyclopédiques. Pour ces raisons, un certain nombre de règles et de
dispositifs ont été établis. Dans certaines grandes bibliothèques, afin de faciliter le contrôle
des documents, les visiteurs sont invités à laisser manteaux et sacs dans un vestiaire prévu à
cet effet. Par ailleurs, à l'exception des ouvrages disponibles en salle de référence, les
documents sont tous en accès indirect. Cela signifie que la consultation des documents est
supervisée par les personnes-ressources de la bibliothèque qui gèrent les demandes à l’accueil
et cherchent les ouvrages en magasin. Seuls les employés sont autorisés à entrer dans les
86
magasins où sont conservés les livres. Dans d’autres bibliothèques, l’on peut entrer librement
avec ses affaires dans la salle de lecture, cependant, une fouille est effectuée à chaque sortie
de l’usager. Dans le cas de la consultation d’ouvrages rares ou abimés, certaines structures
organisent aussi des rendez-vous patrimoniaux. Par exemple, la bibliothèque de l’Institut
national d’Histoire de l’Art invite les personnes voulant consulter ce type de documents à
prendre rendez-vous le mardi ou jeudi après-midi. Les ouvrages demandés sont alors sortis
exceptionnellement des réserves, et sont consultés sous surveillance (devant une personne du
service patrimoine de la bibliothèque). Généralement, ce sont des documents qui ne peuvent
être photographiés, scannés ou photocopiés. Enfin, des gants, lutrins et crayons papiers (pour
la prise de notes) sont mis à disposition des usagers pour éviter toute dégradation.
Si aujourd’hui, de nombreuses bibliothèques de prêt ont mis des portails de sécurité à l’entrée
et la sortie du centre culturel pour les livres magnétisés, la meilleure action pour éviter les
vols de documents reste l’estampillage. Cela empêche notamment toute revente du livre volé.
Dans le cas d’expositions au sein de la bibliothèque, des mesures de sécurité sont aussi
à prendre en compte, notamment quand il y a dans le fonds exposé, des œuvres prêtées.
La visite des locaux des bibliothèques entraîne des complications pour la sécurité des
ouvrages et donc des mesures de prévention supplémentaires à instaurer. Par exemple, si la
visite de la bibliothèque se fait dans les salles de lecture et dans les magasins pour montrer à
la fois les parties visibles et invisibles de l’édifice, cela suppose de protéger les documents,
des réserves notamment, qui ne sont pas prévus pour être montrés habituellement. Selon
l’agencement des bibliothèques, il faut donc bien prévoir le parcours et surveiller au
maximum les visiteurs. Parmi les mesures potentielles à mettre en place :
- il est possible d’obliger les visiteurs - comme le font les usagers - à laisser sacs et
vestes aux vestiaires, ceci même s’ils ne font que passer d’un espace à un autre.
- Quand cela est possible, une seule porte doit permettre l’entrée des visiteurs ; les
autres portes n’étant que des issues de secours.
- Pour faciliter la surveillance et ne pas gêner les lecteurs, prendre de petits groupes et
parler bas seront recommandés aux guides.
- La bibliothèque possédant déjà un public d’usagers, afin de ne pas confondre les
visiteurs des lecteurs, un badge ou un billet d’entrée peut être remis aux touristes : cela
permettra au guide de mieux les visualiser durant le parcours.
87
- Enfin, comme les œuvres d’art, les ouvrages sont sensibles au flash des appareils
photo. Deux recommandations sont alors possible : la première, radicale : interdire les
photographies au sein du bâtiment et la deuxième, plus légère, n’autoriser que les
prises sans flash.
La sécurité des visiteurs
Tout lieu ouvert au public doit être sûr, sans danger pour le visiteur. Pour ce faire,
plusieurs mesures sont mises en place :
• Le système de gardiennage. Si ce système sert principalement à la protection des
œuvres, il est aussi utile à la protection des visiteurs. Cela peut paraitre saugrenu, mais dans
les grands musées comme le musée du Louvre, il y a chaque année plusieurs agressions de
visiteurs. En complément aux personnes physiques déambulant dans les salles de lecture, des
caméras peuvent être disposées. Même si elles ne fonctionnent pas, elles auront tout de même
un rôle dissuasif.
• Pour sécuriser un lieu fréquenté, il faut analyser en amont sa capacité de charge. C’est
d’autant plus vrai quand il s’agit d’un lieu touristique. Cela consiste donc à évaluer le nombre
de personnes maximum pouvant être présent dans un lieu. La visite des bibliothèques
entrainera peut être le visiteur à pénétrer dans le côté habituellement caché des usagers. Ces
pièces seront alors moins équipés à recevoir du public car non destiné à cet usage lors de sa
conception. Il faudra donc bien évaluer la capacité de charge de toutes les zones visitées de la
bibliothèque.
• Toujours en amont de la mise en tourisme des bibliothèques, une fois un zonage bien
défini ainsi qu’un parcours de circulation établi, il s’agira de tenter au mieux d’évaluer de
manière prospective la fréquentation future de ce lieu. Cette évaluation prospective maximale
du nombre de visiteurs permet à la fois, d’adapter les équipements destinés plus
particulièrement à ce public, mais aussi de bien sécuriser le lieu : à l’intérieur comme aux
alentours.
• Enfin, comme pour les documents, le personnel devra être formé et informé sur les
pratiques de ce nouveau public : les touristes.
88
7. LE MONTAGE JURIDIQUE ET ECONOMIQUE
L’environnement réglementaire et juridique des bibliothèques
Contrairement à d’autres secteurs culturels comme les archives ou les monuments
historiques, les bibliothèques ne sont pas régies par des lois. Certes, en France, il existe une
charte des bibliothèques mise en place depuis 1991 par le Conseil supérieur des bibliothèques,
mais, comme le sous-entend l’appellation même de ce document, les recommandations
figurant dans ce corpus ne sont pas imposées. Les missions des bibliothèques ne sont donc
définies par des textes législatifs. Chaque bibliothèque évolue dans son propre environnement.
Attention, l’absence de textes législatifs et la dispersion des textes réglementaires ne
reviennent pas pour autant à dire que le monde des bibliothèques n’a aucune norme. Mais,
cela signifie que les codes sont mis en place et se construisent encore aujourd’hui selon
l’interaction des différents acteurs étatiques et territoriaux avec ceux des bibliothèques. C‘est
par cette relation entre les acteurs que se détermine la politique qui régie les activités de ces
structures culturelles. En partant de ce principe, rien n’empêche les bibliothèques de devenir
touristiques juridiquement parlant.
Les moyens financiers
Les plus grosses difficultés que rencontreront les acteurs mettant en place cette évolution
touristique des bibliothèques viendront sans aucun doute des moyens financiers. La
bibliothèque est un lieu aux missions déjà diverses. Si le patrimoine a tardé à être valorisé,
cela vient du fait qu’il paraissait moins important que la diffusion de la lecture publique. Ce
lieu évolue beaucoup en fonction des volontés politiques. Jusque dans les années 1990, les
moyens financiers, techniques et humains des bibliothèques étaient donc essentiellement
dévolus à cette mission de diffusion de la lecture au détriment des collections patrimoniales.
Aujourd’hui, maintenant que le patrimoine a “le vent en poupe“ dans notre société, de plus
gros moyens lui sont consacrés. Néanmoins, les bibliothèques, structures majoritaires
publiques avec pour maitre mot : “accessibilité pour tous et gratuité“, vivent essentiellement
sur les budgets de leur tuteur : municipalité, région, département, Etat. La mise en tourisme
des bibliothèques, d’un point de vue juridique et financier, dépend étroitement des acteurs
régissant ces structures plus que de la demande en elle-même. Par exemple, les bibliothèques
territoriales sont organisées et financées par les communes. Elles sont donc placées sous
l’autorité du maire ou du président du conseil général et n’ont pas de personnalités juridiques.
Leurs missions sont relativement libres. Seuls les décideurs ont le pouvoir d’autoriser une
89
mise en tourisme de ces lieux. Ce n’est pas forcement un mal pour ces dernières. Le tourisme
est un facteur économique notoire à travers le monde. Les pratiques touristiques apportent des
retombées pour tout un territoire : la visite d’un site culturel peut entrainer des retombées à la
fois sur les hébergements, les structures de restauration, les stations services, les commerces
de proximité… des alentours. Les municipalités sont donc assez ouvertes à son
développement, du moins surement plus que ne le sont les professionnels des bibliothèques.
Le maire gère aussi bien des activités culturelles que touristiques pour sa ville. Il connait donc
plus ou moins bien ces deux domaines et leurs acteurs. En ce sens, il peut être le ligament
utile pour lier ces deux ressources.
Dans le cas des bibliothèques nationales comme celle de France, elles sont régies par l’Etat.
La BnF est un établissement public national à caractère administratif sous la tutelle de la
direction du livre et de la lecture (ministère de la culture et de la communication). Elle
possède un champ d’action plus limité juridiquement parlant puisque ses missions
traditionnelles - qui consistent à collecter, cataloguer, conserver et enrichir dont le patrimoine
national dans tous les domaines dont elle a la garde – sont confirmées depuis le 3 janvier 1994
par un décret. Cependant, en tant que “chef de file“, représentante des bibliothèques du pays,
le budget qui lui est dévolu pour accroitre son développement dans divers domaines est plus
conséquent. Elle a donc une plus grande “liberté“ financière que les autres.
En cette période de crise économique, d’endettement de l’Etat et de décentralisation - qui
oblige les collectivités territoriales à assurer ce que le pouvoir étatique n’est plus en mesure de
faire -, l’essor des constructions des bibliothèques rassure quant aux moyens financiers
attribués par les acteurs pour ces institutions. Par exemple, une médiathèque de 3.000 m²
coute environ dix millions, une grande bibliothèque comme celle de Brest (8.300 m²) est
évaluée au double. Ces investissements sont donc très lourds pour les finances publiques d'un
pays fortement endetté et souffrant d'une croissance atone en cette période de crise
économique. D’autant plus qu’ils faut aussi prendre en considération, outre la construction,
l'exigence environnementale qui augmente les coûts d'au moins 20 %, et bien sûr, une fois le
bâtiment édifié, son entretien et sa mise en marche... Dans un contexte de forte contrainte
pesant sur les ressources locales comme sur le budget de l'Etat, le dynamisme de la
l’édification de bibliothèques montre donc que ces institutions intéressent les acteurs
économiques et qu’ils souhaitent les développer. Pourquoi ne seraient-ils pas alors enclin à
mettre en place une activité touristique ? Plusieurs études, comme la méthode d’évaluation
90
contingente qui détermine le montant des contributions que la population (environnante et
étrangère) serait prête à verser pour valoriser et sauvegarder le patrimoine des bibliothèques,
pourraient, si elles se révélaient positives inciter ces acteurs à mettre en tourisme ces lieux.
Tableau 1 : Dépenses et recettes générales des bibliothèques
Dépenses courantes :
- Les documents : livres, CD, revues
- Les petites fournitures
- Les services (reliure, impression, etc.)
- Les animations (mise en place d’expositions, prêt
des œuvres, assurances des ouvrages,…)
- Les frais de fonctionnement (téléphone, Internet,
etc.)
- Les constructions ou travaux de restauration
- Le mobilier
- Les fonds anciens (conservation, acquisitions, etc)
- Le personnel
Recettes courantes :
- budget annuel, définit pas les collectivités tutélaires.
(C’est l’apport majeur dévolu à l’investissement et au
fonctionnement des bibliothèques)
- autres subventions
- Cotisations (abonnement)
- Remboursement de livres perdus ou détériorés
- Amendes
- Photocopies
- Legs et dons
- entrées aux manifestations culturelles (expositions,
conférences, concerts…)
Tableau 2 : La BnF en chiffres – Budget
Source : http://www.bnf.fr/fr/la_bnf/bnf_en_chiffres/s.chiffres_budget.html?first_Art=non
Budget annuel : 254 M € (sommes arrondies)
Fonctionnement 200 M € dont 120 M € de dépenses de personnel
Investissement 54 M €
Subventions 90 %
Recettes propres 10 %
Au regard des différentes recettes et dépenses que peuvent avoir les bibliothèques en
général (Tableau 1) et à la vue du rapport budgétaire de 2008-2009 de la BnF (Tableau 2), il
semble évident que les bibliothèques son loin d’âtre autonomes financièrement. Elles
dépendent étroitement des subventions attribuées par leurs tuteurs. Les activités culturelles
qui se développent comme les expositions, sont payantes, mais cela est loin de pouvoir
couvrir les frais de mise en place de ces manifestations culturelles. En ancrant une activité
touristique, même de manière minoritaire au début, cela pourrait accroitre les visites et donc
améliorer légèrement les retombées économiques de ces manifestations. S’il semble utopique
91
de croire que les bibliothèques, de par leur politique de fonctionnement, deviennent
autonomes financièrement un jour, on peut toutefois, envisager à long terme, le tourisme
comme un apport économique au sein de ce type de structure institutionnelle. Sans pouvoir
évaluer de manière chiffrée cette perspective, cette activité pourrait peut-être faire développer
le budget de valorisation du patrimoine écrit qui reste faible, si l’on considère l’étendue des
richesses à connaître, préserver et valoriser. Ce pourrait être une alternative intéressante sans
être une amputation trop importante du budget pour les autres missions comme la lecture
publique. Il n’est bien sûr pas question de “touristifier“ les bibliothèques pour une seule raison
économique. D’ailleurs, les retombées positives ne se feront pas tout de suite, si elles se font,
pour le site en lui-même.
Pour mettre en tourisme la bibliothèque, il faudra repenser son fonctionnement
économique, envisager de faire payer l’entrée de la bibliothèque aux visiteurs pour les
expositions et visites-conférences et pourquoi pas, créer une boutique avec des produits
dérivés, etc. La BnF possède déjà un point de vente de livres et cartes postales des expositions
présentées au sein du quadrilatère Richelieu par exemple.
Même si elle devient attractive, la bibliothèque continuera à fonctionner grâce aux
subventions, aux legs et dons essentiellement. Cependant dans un contexte de
décentralisation, il est important qu’elle recherche aussi d’autres ressources financières. Elle
peut ainsi développer le mécénat, apparut progressivement dans ce type de structures, dans le
cadre d’exposition, de numérisation, d’acquisition d’ouvrages. Il faut inciter cette méthode, en
proposant par exemple, à des sociétés de mécéner un ouvrage : de son acquisition à sa
conservation et sa mise en valeur : proposer une sorte de parrainage pour des ouvrages
patrimoniaux par exemple. Enfin, la création de labels, partenariats et réseaux peut aussi avoir
un impact plus conséquent sur les aides et subventions publiques ou privées éventuelles
d’échelle nationale, européenne (dans le cas de l’Europe) ou/et internationale.
92
CONCLUSION
Les livres sont le reflet de l’histoire. Outils de partage du savoir et lieux de mémoire
(par leur patrimoine), les bibliothèques sont aujourd’hui non seulement un enjeu culturel mais
aussi politique et social de la culture et de la civilisation. La “nouvelle bibliothèque“ n’est
plus une simple salle. Elle “[…] se veut être […] un temple de conservation de la mémoire ;
un centre de divulgation de la culture et de l’information ; un lieu de réunion, un lieu
d’exposition et un musée“. La bibliothèque “ veut être également un monument de la
grandeur, de la conscience culturelle et de l’engagement civique d’une société donnée.“45 La
croissance des budgets46 dévolus à valoriser ces lieux confirme bien les dires de Marino
ZORZI.
Ce travail de recherche a montré que loin d’être poussiéreuses, les bibliothèques sont
des institutions culturelles en constante évolution. Comme le tourisme, le monde des
bibliothèques est transversal, pluridisciplinaire. La bibliothèque est une structure
multidimensionnelle qui se place au croisement de plusieurs politiques publiques : culturelle,
éducative, sociale, politiques de la ville, etc. Ainsi de part sa diversité et son rôle dans le
secteur tertiaire, elle possède une forte capacité de renouvellement.
Au regard de toutes ces données - analogie à des structures culturelles touristiques
comme les musées, outil de prestige pour la ville ou même, à plus grande échelle pour des
régions ou pays - il paraît évident que les bibliothèques possèdent des caractéristiques
suffisantes pour devenir un lieu touristique urbain. Ce mémoire démontre aussi que ces
structures peuvent évoluer pour accueillir ce nouveau public. Cependant, au regard de
l’absence d’articles sur le sujet, de données touristiques dans les bibliothèques et inversement,
il semble évident que les acteurs du monde des bibliothèques aussi bien que ceux du monde
du tourisme ne s’intéressent pas encore à cette possible évolution.
45 Marino ZORZI dans la préface du livre d’Aldo DI POLI, Bibliothèques. Architectures. 1995-2005. 46
Le grand emprunt de Nicolas SARKOZY prévoit une affectation de 140 millions d’euros pour accroitre la BnF
et son territoire.
93
Après avoir pointé notre angle de vue des bibliothèques vers le tourisme, se pose aussi
la question : qu’est ce que le tourisme peut apporter aux bibliothèques ? A l’issue de ces
recherches, je pense que cette activité pourra améliorer, ou du moins, faire évoluer la
perception que la population a de ces lieux de lecture. Même si l’apparition des nouvelles
technologies n’a pas fait disparaitre les bibliothèques, ni diminuer sa fréquentation, l’image de
ces lieux reste encore pour certains terne. La plupart des usagers voient encore ces structures
comme des lieux de travail avant d’être des institutions culturelles de loisirs. Le tourisme peut
donc amener une plus grande ouverture au niveau de la perception que les hommes en ont et
au niveau de sa fréquentation.
En pleine période de décentralisation en France, les sites culturels : musées comme
monuments s’interrogent sur leur financement pour continuer à vivre. Le tourisme qui est un
vecteur économique important participe aussi à faire vivre ce type de structure. La société
privée de gestion et mise en valeur de monuments patrimoniaux, Culturespaces, l’a bien
compris. En développant le tourisme de ses sites, elle déploie ainsi la dimension plus
commerciale de ces derniers pour les faire vivre. En atteste les arènes de Nîmes. Sans rentrer
dans la caricature de faire des bibliothèques des lieux commerciaux, le tourisme peut être un
enrichissement pour accroitre la valorisation des fonds notamment.
Comme le dit bien l’Unesco, sur son site Internet47, a propos du tourisme culturel, “nul
besoin de preuves pour soutenir l’affirmation selon laquelle le tourisme peut être le meilleur
ami aussi bien que le pire ennemi du développement“. Mettre en tourisme les bibliothèques
est donc envisageable mais, cela demandera une grande réflexion pour synchroniser à la fois
les différentes missions et publics présents dans ce type de structure. Il ne s’agit pas de rendre
une bibliothèque touristique pour des raisons uniquement économiques, sans penser aux
conséquences sur la préservation du patrimoine et le message à passer. L’objectif est vraiment
de faire découvrir au visiteur, par son patrimoine, une partie de l’histoire du lieu, de la
population, etc…
47
UNESCO. Tourisme culturel: UNESCO Secteur de la culture [en ligne]. Disponible sur
<http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-
URL_ID=11408&URL_DO=DO_PRINTPAGE&URL_SECTION=201.html> (consulté le 27.08.2010)
94
En outre, si les bibliothèques peuvent devenir touristiques, dans le cas des institutions
françaises, elles n’ont pour l’instant pas la force d’attirer un public de masse compte tenu de
l’insuffisance de leurs moyens humains et financiers. Mais pour conclure il est tout même
intéressant de retenir les différentes avancées en matière de valorisation qui conduiront peu à
peu à élargir le public pour accueillir en fin de compte des touristes.
Par exemple, la Médiathèque de Troyes en France abrite un pan entier de l’histoire du livre à
travers ses collections. Par l’intermédiaire de son exposition permanente, de manifestations
temporaires et d’une politique d’animation culturelle diversifiée et innovante, les acteurs de ce
lieu arrivent de manière significative à faire connaitre ce patrimoine48 de plus de mille ans,
aujourd’hui abrité dans un bâtiment ultra moderne ouvert en 2002 pour lequel, les architectes
français Dominique LYON et Pierre DU BESSET ont obtenu le prix de l’équerre d’argent.
En reconnaissance de ce travail de conservation, valorisation et démocratisation, la
médiathèque de Troyes a reçu en juillet 2009 l'inscription au registre “Mémoire du monde“49
de la part de l'UNESCO.
48
“Le fonds regroupe 1.750 manuscrits du Moyen Age provenant notamment de l'abbaye de Clairvaux, 2.300
manuscrits modernes dont les papiers des jansénistes de Troyes, 700 incunables, 2.900 livrets de colportage,
160.000 livres imprimés du XVIème au XIXème siècle ainsi qu'une très riche documentation sur l'histoire locale
et régionale“.
Source : Evene.fr. Médiathèque de l’agglomération troyenne [en ligne. Disponible sur
<http://www.evene.fr/culture/lieux/mediatheque-de-l-agglomeration-troyenne-5123.php> (consulté le
28.08.2010)
49 Mémoire du monde est un programme promouvant la conservation et la diffusion des collections d'archives
et de bibliothèque partout dans le monde afin de pallier à l'amnésie collective et la disparition de ce patrimoine
rare.
95
BIBLIOGRAPHIE
Cette bibliographie est classée par ordre alphabétique selon le type de sources
(monographies papiers, périodiques, documents électroniques). Je n’ai pas choisi un
classement thématique car plusieurs de mes sources touchent à plusieurs sujets à la fois.
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15.06.2009)
105
ANNEXES
ANNEXE A : DEPLIANT SUR LES VISITES GUIDEES DE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE
PARIS…………………………………………………………………………..…………………………I
ANNEXE B : PROSPECTUS DE COMMUNICATION DE LA BNF SUR L’ARCHITECTURE DE CES
BATIMENTS………………………………...………………………………………………………..…II
ANNEXE C : LES “TRESORS DE LA BIBLIOTHEQUE“ - EXEMPLE D’EXPOSITION VIRTUELLE
DE LA MEDIATHEQUE DE TROYES (FRANCE) VIA SON SITE INTERNET….…………..……III
ANNEXE D : RETRANSCRIPTION D’UN ENTRETIEN…………………….......................….....V
ANNEXE E : CARTE DES EQUIPEMENTS TOURISTIQUES DE PARIS.…………………..…..VIII
ANNEXE F : PARCOURS DE VISITE DE LA VILLE DE REIMS……………………………………X
ANNEXE G : PROSPECTUS ANGLAIS-ALLEMAND DE L’ABBAYE D’ADMONT
(AUTRICHE)………………………………………………………………………………………….XI
ANNEXE H : REVUE DES BIBLIOTHEQUES DE PARIS : “EN VUE“…………….…..…..…..XIII
I
ANNEXE A : DEPLIANT SUR LES VISITES GUIDEES DE LA BIBLIOTHEQUE
NATIONALE DE PARIS
Pages 1 et 4
Pages 2 et 3
II
ANNEXE B : PROSPECTUS DE COMMUNICATION DE LA BNF SUR
L’ARCHITECTURE DE CES BATIMENTS
III
ANNEXE C : LES “TRESORS DE LA BIBLIOTHEQUE“ - EXEMPLE
D’EXPOSITION VIRTUELLE DE LA MEDIATHEQUE DE TROYES (FRANCE) VIA
SON SITE INTERNET
Trésors enluminés de Troyes
La Médiathèque de Troyes conserve un trésor magnifique : la plus riche collection française de manuscrits du Moyen Age après la Bibliothèque nationale de France !
----------------------------------------------------------
IV
Voici quelques pages Internet de l’exposition virtuelle, les enluminures de Troyes Source : http://www.mediatheque-agglo-troyes.fr/webmat2/expos/tresors/index.html
V
ANNEXE D : RETRANSCRIPTION D’UN ENTRETIEN
Entretien direct avec Martine POULAIN, le 11.01.2010 à la bibliothèque de l’INHA
Présentation de l’interrogée : Martine Poulain :
Après un doctorat en sociologie, Martine POULAIN devient conservateur des bibliothèques.
Elle a travaillé une dizaine d’années à la Bibliothèque Publique d’Information (BPI) en tant que responsable du Service des études et de la recherche. Bonne connaisseuse du milieu professionnel des bibliothèques, elle devient rédactrice en chef du Bulletin des bibliothèques de France (BBF) de 1990 à 1998, avant de prendre la direction de Médiadix (Centre régional de formation aux carrières des bibliothèques de la région Ile-de-France) et de l’IUP Métiers du livre de l’université Paris X. Aujourd’hui, elle est désormais directrice de la bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art. En parallèle, elle a toujours poursuivit son travail de chercheuse en publiant des ouvrages ayant trait à la sociologie en bibliothèques mais également à l’histoire de ces lieux.
Questions / réponses (Ce n’est pas du mot à mot)
1. Pensez-vous que le patrimoine des bibliothèques est bien valorisé aujourd’hui ? Si non, pourquoi et comment y parvenir ? Si oui, comment ?
Selon, Martine POULAIN, le patrimoine des bibliothèques est valorisé, mais pas assez par rapport à sa richesse. Le patrimoine n’est pas le même et n’est pas valorisé de la même façon selon le type de bibliothèque dans lequel il se trouve. - Du côté de la bibliothèque nationale : Depuis, quelques années, avec la construction de la BnF, la valorisation du patrimoine des bibliothèques s’est améliorée, car plus d’argent a été investi pour les bibliothèques. Il y a eu aussi un élargissement des missions (espace d’exposition multiplié par deux avec la construction des locaux François Mitterrand à Tolbiac). - Du côté des bibliothèques municipales : Des efforts ont été faits grâce au Plan d'Action pour le Patrimoine Ecrit (P.A.P.E.)50. Est apparu le souci de mieux connaître le patrimoine écrit et sa valorisation. - Du côté des Bibliothèques universitaires : C’est une préoccupation beaucoup plus récente dans les bibliothèques universitaires. Cela, remonte à deux ans, puisqu’avant la préoccupation se centrait sur la modernisation de ces institutions. - Du côté des villes : Des efforts sont également notables dans les villes. Emergent des évènements et expositions en lien avec la bibliothèque et sur les livres. En atteste le mois du Livre par exemple. De plus, on observe dans plusieurs villes, la création de nouveaux bâtiments - avec un accent porté sur
50
Le Plan d'action pour le patrimoine écrit et graphique (P.A.P.E.) a été mis en place en 2004 par la Direction du Livre et de la Lecture (D.L.L.). IL est né d'une réflexion autour du patrimoine écrit de notre pays.
VI
l’architecture de ces structures - pour accueillir des médiathèques. Enfin sont réalisés des petits livres et focus territoriaux. - Du côté de la profession : Au sein même du milieu professionnel du monde des livres, on assiste à un retour au patrimoine (autour duquel, les conservateurs se sont trouvés seuls au début). A un moment, le patrimoine était un problème pour les bibliothèques publiques (cf. saisie révolutionnaire). Maintenant, il y a une volonté de faire davantage. Concernant la valorisation, elle prend plusieurs formes. Selon Martine POULAIN, avant d’effectuer tout travail de valorisation, il faut connaitre son patrimoine. Or, aujourd’hui, ce n’est pas encore le cas. En effet une partie du patrimoine n’est pas encore catalogué. C’est le cas à l’INHA par exemple, qui n’a jamais eu (et n’aura sans doute jamais) les moyens (ni financiers et ni humains) pour tout cataloguer. De plus, aujourd’hui s’est ajouté tout un travail de transposition des catalogues papiers en catalogues électroniques. L’aspect positif de cette tache est que l’on peut enrichir davantage les notices. Ensuite, la valorisation consiste d’abord à traiter. La numérisation, qui est en pleine effervescence depuis 7 ans, a apporté un plus à ce niveau là. Aujourd’hui on numérise avant tout le patrimoine pour le protéger et, car la mise en ligne permet de savoir ce que l’on a et surtout de le communiquer de manière infinie. A l’INHA, 100.000 documents faisant un total de 400.000 pages ont été numérisés et 150.000 pages51 sont encore en attente. A la BnF, le service numérique Gallica représente quelque 80.000 livres numérisés. Le grand emprunt de Nicolas SARKOZY prévoit une affectation de 140 millions d’euros pour accroitre la BnF et son territoire. Après le traitement, la valorisation, c’est aussi les expositions et les ouvrages. Ce n’est pas facile de faire ce genre de valorisation pour des livres. Toutefois, malgré les charges, une dizaine de livres au moins ont été publiés sur les collections de l’INHA. D’après Martine POULAIN, on est dans une période favorable du point de vue des mentalités pour valoriser le patrimoine. Selon elle, les gens recherchent un retour au passé par crainte du futur, d’où l’intérêt pour le patrimoine. Quoi qu’il en soit il faudrait faire plus pour valoriser ce patrimoine des bibliothèques, mais on manque de temps et de budget. Et puis, les bibliothèques doivent aussi répondre avant tout au besoin des lecteurs et leur donner l’accès à la documentation. A l’INHA, le patrimoine a énormément bénéficié par rapport à la bibliothèque d’archéologie quand elle appartenait au réseau des bibliothèques universitaires. Jacques DOUCET a créé deux bibliothèques en France et les a cédé à l’Etat. La bibliothèque de l’INHA comprend l’une d’elle. Au final, la bibliothèque de l’INHA n’est pas encore connue comme elle devrait l’être. Avec son département d’étude et de recherche elle peut néanmoins traiter de manière plus approfondie les collections. 2. Pensez-vous que les bibliothèques peuvent devenir touristiques ? (sans pour autant perdre ses autres missions. C’est plus un ajout)
Le tourisme culturel est omniprésent à Paris. Cela pourrait conduire les touristes vers les bibliothèques. D’autant plus que les images numérisées sont loin du but pour permettre à tout le monde de découvrir le patrimoine écrit à distance. Le centre Pompidou est un haut lieu de tourisme culturel et au sein de la BPI, il y a une part importante de touristes, même si aujourd’hui un peu moins, puisque les accès au musée et à la bibliothèque sont désormais séparés. Cependant, ce n’est pas forcement le type de touristes qui
51 Il est préférable de parler de pages plutôt que de documents car certains documents comme les estampes ne
comportent qu’une seule page. De plus, une page équivaut à une vue en numérisation.
VII
viennent voir la bibliothèque mais plutôt des touristes vaguement intéressés par la bibliothèque qui en profitent pour jeter un œil et regarder des revues sur leur pays par exemple. Le lieu lui-même (une bibliothèque) et son fonctionnement (une institution culturelle ouverte sur le monde) aurait un intérêt à accueillir des touristes. Aujourd’hui, la BnF reçoit le 1er budget du ministère. Elle doit donner gage d’une plus grande ouverture jusqu’alors réservée plutôt aux chercheurs. A ce titre, elle travaille beaucoup à développer des visites (des bâtiments, des expositions), l’accueil de groupes,… En Province, on note de plus en plus de nouvelles constructions de bibliothèques. L’architecture y est souvent magnifique. C’est le cas de la médiathèque de Troyes par exemple. Son architecte a d’ailleurs reçu l’équerre d’argent pour ce bâtiment. Donc, oui, Martine POULAIN pense que les bibliothèques peuvent devenir touristiques mais pour l’instant, elles n’ont pas la force pour attirer un public de masse. C’est toujours une question d’équilibre. Selon elle, il faut déjà commencer par la signalisation de bibliothèques dans les villes (journaux, circulation) Comment faire pour qu’elle se fasse connaitre ? La bibliothèque Richelieu (BnF, Paris) a une très grande volonté de s’ouvrir plus, par des expositions, des parcours thématiques. La BnF envisage d’ailleurs suite aux travaux de donner un accès gratuit et ouvert à la salle ovale dans laquelle on trouvera les trésors de la bibliothèque (de manière virtuelle ou réelle). 3. Je suis actuellement à la recherche d’exemples de bibliothèques ayant déjà quelques activités touristiques ou du moins un potentiel pour le devenir. J’ai pensé à la BnF mais aussi à la Bibliothèque et Archives Nationales du Québec (BANQ). Comme je crois que vous y êtes allée le mois dernier, peut-être que vous pourriez me donner vos impressions ?
Au Québec, ils partaient de très loin en matière de bibliothèque. Ça commence en 1965. Le pari est de mélanger une bibliothèque publique à une bibliothèque nationale. Le bâtiment est splendide, très ouvert. Il y a un accès direct au métro. C’est ouvert à tous. Les espaces intérieurs sont également splendides et non pas vieilli après 4 ans d’ouverture. L’architecture est simple mais fonctionnelle, lumineuse, chaleureuse. Il y a environ 100.000 visiteurs par jour depuis 4 ans d’ouverture. Il n’y a aucune condition pour entrer (tenue, sac…). Grâce au système de prêt, il n’y a ni file d’attente, ni jauge de fréquentation. Ça amène beaucoup plus de mouvements. Les usagers peuvent emprunter jusqu’à 13 documents en même temps par carte. Des caddies sont d’ailleurs à la disposition des familles pour le prêt. Il y a des visites de mises en place et il y a des touristes mais ce sont quand même plutôt selon Martine POULAIN, des touristes comme ceux de la BPI qui viennent pour lire les journaux de leur pays en autre. La BANQ, ne favorise pas vraiment le tourisme. Elle travaille avant tout à servir la population montréalaise mais comme c’est ouvert à tous pourquoi pas aux touristes. Enfin, Martine POULAIN rajoute qu’il faut faire attention aux chiffres de fréquentations et aux statistique car à Montréal, il y a beaucoup d’étrangers en résidence temporaire. Ils ne peuvent donc pas être considérés comme des touristes. 4. Auriez-vous des données chiffrées sur la fréquentation de la salle ovale lors des journées du patrimoine ?
Il y a eu au moins 3.000 personnes l’année dernière, mais vu que l’INHA se trouve dans les locaux de la BnF (cf. Bibliothèque Richelieu), c’est la BnF qui comptabilise la fréquentation lors des journées du patrimoine. Il faut donc se référer à eux.
VIII
Selon le rapport d’activité de l’INHA en 2007 :
La valorisation des collections de Jacques doucet est depuis 2004, l’un des investissements
importants de la bibliothèque. Elle est traduite en exposition, éditions, conférences. Le Prêt d’œuvres, et la participation à des expositions organisées par l’INHA ou par d’autres organismes constituent une activité en pleine expansion à la bibliothèque. Cependant, les travaux de la nouvelle bibliothèque (salle Labrouste) entrainent un ralentissement de cette activité. Expositions extérieures : la bibliothèque de l’INHA a participé à 17 expositions en 2007 auxquelles elle a prêté 80 documents (49 estampes, 7 dessins, 4 photos, 1 trousse à outil de graveur, 2 matrices de bois, 4 numéros de périodiques et 7 ouvrages). Elle collabore avec l’éditeur Philippe PICQUIER pour la publication de livres sur les collections de l’INHA. Conférences et communication en 2007 : 2 conférences, 2 émissions de radio (Dominique MORELON) et Martine POULAIN 1 communication.
IX
ANNEXE E : CARTE DES EQUIPEMENTS TOURISTIQUES DE PARIS
Source : http://blogs.clarin.com/idea/tag/fr/
X
ANNEXE F : PARCOURS DE VISITE DE LA VILLE DE REIMS
Source : copies d’écran du site internet : http://www.reimsartdeco.fr/parcours_art_deco.php?parcours=1
XI
ANNEXE G : PROSPECTUS ANGLAIS-ALLEMAND DE L’ABBAYE D’ADMONT (AUTRICHE)
XII
SOURCE : Benediktinerstift Admont [en ligne]. Disponible sur <http://www.stiftadmont.at/english/> (consulté le 10.09.2010)
XIII
ANNEXE H : REVUE DES BIBLIOTHEQUES DE PARIS : “EN VUE“
106
TABLE DES ENTRETIENS-VISITES
Type
d’investigation
sur le terrain
Interlocuteurs
/organisateurs
Fonction des
interlocuteurs
Lieu date
Entretien direct Martine POULAIN Conservateur des bibliothèques. Directrice de la bibliothèque l’Institut national d’Histoire de l’Art (I.N.H.A)
Bibliothèque de l’Institut national d’Histoire de l’Art (Paris)
11 janvier 2010
Visite guidée (+questions)
Personnel de la Bibliothèque des Champs Libres
Bibliothèque des Champs Libres (Rennes)
2008
Visite guidée (+questions)
personnel d’accueil du Quadrilatère Richelieu
Bibliothèque nationale de France : quadrilatère Richelieu (Paris)
octobre 2009
Visite guidée (+questions)
Philippe Bernard personnel d’accueil de la BnF
Bibliothèque nationale de France : site François-Mitterrand (Paris)
Février 2010
Journées d’étude : BnF Richelieu. Un
projet en
question
organisée par l’Association pour la Sauvegarde et la Mise en valeur du Paris historique et l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Intervenants français et étrangers : architectes, personnels de bibliothèques : conservateur, directeur de la BnF (Bruno RACINE), directrice générale de la BnF (Jacqueline SANSON), directeur des patrimoines (Philippe BELAVAL), etc.
Institut national d’Histoire de l’Art (Paris)
les 5 et 6 juillet 2010
107
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS – REMERCIEMENTS..........................................................................................2
SOMMAIRE...........................................................................................................................................3
INTRODUCTION.................................................................................................................................5
PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE.................................................................................. 10
I. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ................................................................................................ 10
1. La Problématique ................................................................................................................ 10
a. Elaboration de la problématique.......................................................................................... 10
b. Présentation de la problématique........................................................................................ 11
2. Les Hypothèses.................................................................................................................... 11
3. Cadrage et limitation du sujet............................................................................................. 12
II. METHODOLOGIE DE RECHERCHE : EXPLORATION DES SOURCES ET DES RESSOURCES EXISTANTES........................................................................................................................................................... 13
1. Lieux de recherche .............................................................................................................. 13
2. Sources bibliographiques .................................................................................................... 14
3. Les Entretiens exploratoires et investigations sur le terrain .............................................. 14
DEVELOPPEMENT.......................................................................................................................... 16
I. LES BIBLIOTHEQUES : UNE STRUCTURE PATRIMONIALE URBAINE................................................ 16
1. “Constat“ : les bibliothèques aujourd’hui........................................................................... 16
a. Les différents types de bibliothèques................................................................................... 17
b. L’organisation des bibliothèques.......................................................................................... 18
c. Les rôles et missions des bibliothèques................................................................................ 18
d. Les activités des professionnels des bibliothèques.............................................................. 22
e. Les publics............................................................................................................................. 23
2. Les bibliothèques : un patrimoine bâti et écrit ................................................................... 24
a. Le patrimoine écrit et graphique.......................................................................................... 25
b. Le patrimoine bâti ................................................................................................................ 28
c. L’exploitation du patrimoine des bibliothèques................................................................... 32
108
3. La bibliothèque, une institution culturelle au cœur d’un territoire, d’un tissu urbain....... 35
II. Le tourisme et les sites culturels................................................................................................... 41
1. Comparaison de deux structures culturelles : le musée, lieu culturel touristique par excellence et la bibliothèque, structure culturelle qui se veut ouverte à tous............................ 41
a. Les parentés des musées et bibliothèques........................................................................... 42
b. Bibliothèques et musées : deux structures faussement amies qui se distinguent .............. 45
2. Les prémices du tourisme dans le milieu du livre et des bibliothèques ............................. 48
a. Les bibliothèques aux abords de stations touristiques ........................................................ 49
b. Les bibliothèques nationales ................................................................................................ 50
c. Les bibliothèques dites historiques ...................................................................................... 53
d. Les complexes culturels : musées-bibliothèques, les maisons d’écrivains… : d’autres structures culturelles apparentées au monde du livre et des bibliothèques. .................... 61
III. Proposition concrète : la bibliothèque peut devenir un lieu touristique. ................................... 63
1. Aménagements : zone d’accueil pour les touristes ; espaces aménagés pour la visite ; espaces dédiés à des expositions ................................................................................................. 64
2. L’Accueil du public : entre usagers et touristes .................................................................. 68
3. Les Acteurs : le rôle des bibliothécaires et des opérateurs touristiques ............................ 70
4. La politique de valorisation et de médiation de la bibliothèque ....................................... 71
5. La Communication - marketing – promotion...................................................................... 76
6. La Préservation, sécurité, et conservation.......................................................................... 81
7. Le Montage juridique et économique................................................................................. 88
CONCLUSION.................................................................................................................................... 92
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 95
ANNEXES .........................................................................................................................................105
TABLE DES ENTRETIENS-VISITES ..........................................................................................106
TABLE DES MATIERES................................................................................................................107
RESUME (FRANÇAIS / ANGLAIS).............................................................................................109
RESUME : “Les bibliothèques, un lieu touristique en devenir“.........................................109
SUMMARY: “LIBRARIES, FUTURE TOURIST PLACES“..................................................................110
109
RESUME (FRANÇAIS / ANGLAIS)
RESUME : “Les bibliothèques, un lieu touristique en devenir“
Depuis la seconde moitié du XXème siècle, notre société porte en gloire tout ce qui à
trait au patrimoine. Nous sommes dans une phase de “patrimonialisation“. La bibliothèque,
espace public, éducatif et culturel, profite donc de cet “amour“ porté au patrimoine pour se
positionner comme institution culturelle riche, grâce à ses collections et son architecture
valorisées.
Autre caractéristique de notre société actuelle : le tourisme. Là aussi, depuis la seconde
moitié du XXème, c’est une activité qui connaît un essor considérable. Parmi les différentes
formes de tourisme, figure en tête de liste le tourisme culturel. Aujourd’hui, la majeure partie
des sites patrimoniaux bénéficient d’une fréquentation touristique. On peut alors s’interroger
sur l’absence de cette activité et de ce public au sein des bibliothèques. La bibliothèque a-t-
elle un potentiel touristique attractif ? Si oui, quelles mesures sont à prendre en considération
pour obtenir cette évolution ?
Grâce à son patrimoine écrit et architectural, mais aussi par son rôle représentatif de la
ville, la bibliothèque est un lieu culturel diversifié ouvert à tous qui peut prétendre à attirer des
touristes. Les exemples de bibliothèques nationales et historiques au sein desquelles le
tourisme apparaît peu à peu l’attestent. Cependant, la bibliothèque est une structure
pluridisciplinaire qui a déjà plusieurs missions et usagers. La tâche des professionnels pour la
rendre touristique devra donc prendre en compte cette conciliation des pratiques et publics.
D’autre part, il s’agira aussi d’entreprendre un travail important de communication - élément
peu développé au sein de ces structures – afin de faire évoluer les perceptions de la société sur
ces lieux. En effet, le patrimoine des bibliothèques est pour beaucoup méconnu. En outre, la
bibliothèque reste dans l’esprit des gens une structure dédiée aux savoirs et à la lecture
publique. Sa notoriété en tant que lieu culturel est assez faible. Enfin, même si les
bibliothèques ne deviendront pas toutes touristiques et n’atteindront pas un fort niveau de
fréquentation de visiteurs comme les musées, car ses autres missions sont aussi très
importantes, il faudra mener une réflexion poussée en vue d’accueillir les touristes pour éviter
tout risque et dégradations de ces lieux par le tourisme.
110
SUMMARY: “LIBRARIES, FUTURE TOURIST PLACES“
Since the second half of the XXth century, our society carries in glory everything
related to the the cultural heritage. The library is an educational and cultural public place. It
thus takes advantage of this "love" carries by people for the cultural heritage by positioning
itself as a rich cultural institution, thanks to its collections and its architecture valued.
Other characteristic of our current society: the tourism. Since the second half of the
XXth century, it is also an activity which knows a considerable development. Among the
various forms of tourism, the cultural tourism is at the top of list. Nowadays, the major part of
the cultural sites welcomes tourists. We can then wonder about the absence of this activity
and of this public within the libraries. Does the library have an attractive tourist potential? If
so, what measures have to be taken to obtain this evolution?
Thanks to its documentary and architectural heritage, but also by its role of city
representation, the library is a diversified cultural place opened to everyone which can claim
to entice tourists. The examples of national libraries and historic libraries within which the
tourism appears little by little gives evidence of it. However, the library is a multidisciplinary
structure which already has several missions and users. The work of the professionals to make
it touristic will thus have to take into account this conciliation of the practices and the public.
Furthermore, it will be also necessary to make an important work of communication - element
little developed within these structures - to improve the perceptions of the society on these
places. Indeed, the cultural heritage of libraries is, for many people, underestimated. In
addition, the library remains in mind of people a structure dedicated to the knowledge and to
the public reading. Its fame as cultural place is quite weak. Finally, even if libraries will not
all become touristic and will not affect a strong level of visitors attendance like the museums,
because its other missions are also very important, it will be necessary to lead a reflection
concerning the welcoming of tourists to avoid any risk and damages of these places by the
tourism.
UNIVERSITÉ DE PARIS 1 – PANTHÉON SORBONNE
INSTITUT DE RECHERCHE ET D’ÉTUDES SUPÉRIEURES DU TOURISME
“Les bibliothèques, un lieu touristique en devenir “
- CORPUS METHODOLOGIQUE -
Mémoire professionnel présenté pour l’obtention du
Diplôme de Paris 1 – Panthéon Sorbonne
MASTER PROFESSIONNEL “ TOURISME “ (2 e année)
Spécialité Valorisation Touristique des Sites Culturels
Par Mlle Gaëlle DENANT
Directeur du mémoire : Mr. Valéry PATIN
JURY
Membres du jury : ……………………….
: ……………………….
: ……………………….
Session de septembre 2010
1
La réalisation d’un mémoire ne se fait pas sans une méthodologie élaborée. Durant ce travail, sont donc créés différents outils, documents, ébauches, prises de notes permettant l’avancée des recherches et la structuration des idées en vue de la rédaction finale. Ce corpus méthodologique, non exhaustif, fait état de quelques documents m’ayant aidé pour ce mémoire.
SOMMAIRE
Historique synthétique et non exhaustif des bibliothèques ...........................................................2
Liste des exemples potentiels.....................................................................................................................5
Exemple de Fiche d’observation d’un site ......................................................................................... 10
Recherche documentaire : La Bibliotheca Alexandrina, un symbole de renaissance de la
mégalopole méditerranéenne dans l'Egypte moderne ?............................................................... 14
2
HISTORIQUE SYNTHETIQUE ET NON EXHAUSTIF DES BIBLIOTHEQUES
Antiquité
- Naissance des premières formes de bibliothèques pour collecter des documents administratifs.
Exemples : bibliothèque et archives du palais des rois d’Assyrie à Ninive. - Naissance de la plus grande et célèbre bibliothèque de la période antique : la
bibliothèque d’Alexandrie au IIIème siècle avant Jésus-Christ. - Eclosion de belles bibliothèques à l’époque hellénistique : période faste. Exemples : à Ephèse, Pergame, Athènes, Rhodes, Antioche - On trouve des bibliothèques dans des monuments : palais, thermes, temples… puis des
bibliothèques au bâtiment propre.
Moyen Âge
- La tradition romaine qui vise à créer de somptueuses bibliothèques se poursuit. Exemples : à Constantinople et à Cassiodore. - Toutefois, au moyen-âge, les livres se retrouvent souvent confinés dans les espaces
clos des monastères. Des ateliers de copistes se développent au sein de ces structures religieuses afin d’enrichir les bibliothèques de textes religieux.
Exemples : En Occident, on compte parmi les plus grandes celles du monastère du Mont-Cassin, celle de Saint-Gall ou celle de Cîteaux. En Orient, dans le monde islamique, apparaissent aussi des bibliothèques. En attestent celles de Chinguetti. - Création de la bibliothèque Vaticane sous Sixte IV. - Les XIIème et XIIIème siècles voient aussi la création de premières universités. Les
nouveaux ordres mendiants sortent de leur monastère pour répandre la parole divine. Le livre sort alors et est placé dans de spacieuses nefs auxquelles accédaient moines et étudiants. Les universités complètent l’action des monastères. Comme les collèges – lieux d’études également -, elles possèdent souvent leurs propres bibliothèques.
- Dans la lignée des souverains et empereurs antiques, les rois médiévaux comme Saint-Louis ou Charles V possèdent aussi leurs propres bibliothèques. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs les fondements de centres actuels.
Renaissance et époque moderne
- Aux XIVème et XVème siècles, l’Humanisme favorise l’émergence de bibliothèques privées rassemblées dans de petits cabinets de travail.
3
- Aux XVème et XVIème siècles, l’invention de l’imprimerie va modifier le contenu de ces lieux culturels. Le besoin de créer des espaces de conservation s’accroit.
- Se développe aussi, à cette même époque, un plus grand besoin de lire. Des bibliothèques publiques apparaissent ainsi petit à petit. Plusieurs bibliothèques privées, données ou léguées par leurs propriétaires, deviennent des bibliothèques publiques. Les bibliothèques s’ouvrent de plus en plus au public : timidement à partir de la fin du XVIème siècle, mais plus largement au XVIIIème siècle.
Exemples : Au XVIème siècle : deux grandes bibliothèques sont destinées à la lecture publique : la bibliothèque St Marc de Venise et celle des Médicis de Florence en Italie situées dans de somptueux édifices construits spécialement. - Création du dépôt légal par François 1er. - En Occident, les grandes bibliothèques comme les bibliothèques royales ont une
réputation prestigieuse et deviennent des lieux de visite obligée pour les voyageurs. - Au XVII et XVIIIème siècles, en Europe centrale et particulièrement en Angleterre,
les libraires installent aux côtés de leur boutique, des bibliothèques de prêt. - Le modèle des bibliothèques européennes s’exportent dans les colonies, en particulier
dans les futurs Etats-Unis, où de nombreuses bibliothèques universitaires actuelles sont issues des établissements d'enseignement fondés dès le XVIIème siècle.
Époque contemporaine
- Le développement des bibliothèques de tous types s'accélère entre la fin du XVIIIème et le XXIème siècle. Le développement de l’information exige des bâtiments plus imposants. Les grandes capitales européennes donnent l’exemple Paris et Londres notamment.
- Le transfert de collections privées dans des structures publiques se poursuit. C’est particulièrement le cas en France avec les confiscations révolutionnaires après 1789, qui disperse les biens du Clergé, de l’Aristocratie et des institutions de l’Ancien Régime.
- Suite à la Révolution française, des bibliothèques sont implantées dans chaque département pour recueillir ces biens confisqués. Ces dépôts, confiés aux villes en 1804, constituent le noyau de base d'une partie des bibliothèques municipales au XIXème siècle. Mais les municipalités vont tarder à s’occuper de ces fonds et leur donner accès
- Les cabinets de lecture privés se développent, et proposent soit la consultation sur place soit une forme de location de livres ou de journaux. Ces lieux ne sont fréquentés que par la bourgeoisie vu le prix assez onéreux des abonnements.
- Parallèlement, pendant tout le XIXème siècle, se remarquent de nombreuses tentatives de création de bibliothèques populaires : ligues catholiques et protestantes, mouvements ouvriers, etc.
- Le développement des études supérieures entraîne celui des bibliothèques universitaires, en particulier en Allemagne qui y consacre de grands efforts.
4
- Au XXème siècle, on constate un réel développement des bibliothèques sous l’impulsion de personnalités telles que Melvil DEWEY, OTLET et LAFONTAINE et Eugène MOREL. Ces améliorations se constatent au niveau de l’organisation des documents et d’un mouvement de normalisation de description par exemple. Sont créés plusieurs systèmes de classification, encore aujourd’hui utilisés. C’est le cas du classement Dewey notamment. De plus, se développe aussi une volonté de renforcer l'accueil et le service auprès du public. Aux États-Unis, les bibliothécaires instaurent ainsi, dès qu'ils le peuvent, l'accès direct aux documents. Cette politique d'accès libre s'exporte en France dès la fin de la Première Guerre mondiale.
- Dans le même esprit, les bibliothèques diversifient peu à peu leurs activités, avec des expositions, des lectures (heure du conte), des conférences et colloques, des animations diverses.
- Toujours sous l'impulsion de Melvil DEWEY et Eugène MOREL se développe, dès la fin du XIXème siècle, une formation professionnelle des bibliothécaires, couplée avec une meilleure coopération entre bibliothèques.
- Le développement des bibliothèques publiques s'amplifie à partir des années 1970, en relation avec un accroissement de la demande dû à l'augmentation de la part de la population poursuivant des études supérieures, la politique culturelle de l'État et des collectivités territoriales et les possibilités offertes par l'informatique.
- Si dès les années 1950, on songe à utiliser les nouvelles technologies dans les bibliothèques, il faut tout de même attendre les années 1980 pour que l'informatisation soit effective.
- Après une période pendant laquelle le modèle de construction était celui d'un bâtiment accueillant à la fois bibliothèque et musée (exemple : à Grenoble), le XXème siècle voit, au milieu des années 1970, la construction de bâtiments spécifiques, comme la bibliothèque Carnegie à Reims, et de plus en plus de grande ampleur, comme la bibliothèque de La Part-Dieu, à Lyon.
5
LISTE DES EXEMPLES POTENTIELS
Nom de la
structure
Pays Potentiel patrimonial et touristique/ Points forts Manques /
faiblesses
Lien Internet
Bibliothèque de
Chantilly
France - Fonds patrimonial - Visites, programme d’animation - profite de l’attractivité touristique du Château
http://www.bibliotheque-conde.fr/accueil.htm
Bibliothèque
Humaniste de
Sélestat
France - Fonds patrimonial : fonds remarquable de livres anciens, dont elle a rendu certains des éléments les plus représentatifs accessibles au public, ce qui est tout à fait exceptionnel. - Architecture ancienne - Visites guidées - expositions en lien avec le livre : Les ouvrages en vitrines, les outils d’impression en exposition, enfin l’ensemble de la bibliothèque donnée à voir permet de s’immerger pour un temps dans l’univers du livre, qui fut le vecteur déterminant dans la diffusion de la culture et de l’Humanisme à partir de la deuxième moitié du XVème siècle. - l’espace d’exposition de la bibliothèque afin de découvrir quelques ouvrages retraçant l’évolution du livre de l’époque mérovingienne au milieu du XVIe siècle. - site Internet en 4 langues
- centrée principalement sur public scolaire.
http://www.ville-selestat.fr/bhselestat
Chester Beatty
Library
Irlande (Dublin)
Fonds patrimonial : grande collection de manuscrits, miniatures, estampes, dessins, livres rares et des arts décoratifs assemblés par Sir Alfred Chester Beatty Les installations comprennent un jardin sur le toit, un restaurant, un espace de lecture, trois salles d'exposition, et une boutique. - architecture 18
e siècle+ extension 20
e siècle
http://www.cbl.ie/index.aspx
Bibliothèques
historiques ou
patrimoniales
ayant déjà un
lien avec le
tourisme
Bibliothèques
de Chinguetti,
d’Ouadane et
d’Oualata
Mauritanie
- Les Bibliothèques de Chinguetti (une dizaine) renferment des centaines de manuscrits précieux et savamment conservés selon des méthodes traditionnelles. Il s’agit de bibliothèques familiales jalousement protégées.
- fragiles. Nécessite une politique de conservation
http://www.guidemauritanie.com/bibliotheques.htm
6
- Oualata, cité ancienne est célèbre pour ses bibliothèques, son architecture immuable et ses décorations murales. - ville connue et touristique pour ses bibliothèques. - ville, patrimoine mondial de l’Unesco
importante http://www.bibliorare.com/chinguetti.htm + A voir le livre : Villes De
Sables - Les Cités
Bibliothèques Du Désert Mauritanien d’Anne-Marie Tolba (Fernand Hazan - 20/11/2001)
Bibliothèque de
Leipzig
Allemagne - rassemble des œuvres de langue allemande dont le nombre s'élève actuellement à 7,5 millions de titres. Elle héberge en outre le musée des Livres et de l'Écriture.
http://www.allemagne-tourisme.com/
Bibliothèque de
la Duchesse
Anna Amalia
Allemagne (Weimar)
- architecture historique avec une salle de style rococo - Weimar, ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco - a été un grand centre culturel avec de célèbres écrivains
- se présente comme un centre de recherche de l'histoire de la culture et de la littérature vers 1800
http://www.allemagne-tourisme.com/
Deutsche
Bibliothek avec
le musée
allemand du
livre et de
l’écriture de
Leipzig
Allemagne - Fondé en 1884, ce musée est l’un des plus anciens du genre dans le monde - Aujourd’hui rattaché à la bibliothèque allemande - 63.000 ouvrages sur le thème du livre et de l’écriture. Parmi les 500.000 objets exposés, on trouve notamment des manuscrits, des imprimés du XVème au XIXème siècle, des reliures, de la décoration et du dessin de livre du XXème siècle, de l’illustration de livre, de la calligraphie, des œuvres d’arts graphiques appliqués, des spécimens d’écriture et de papier, des livres d’échantillons, des filigranes, des papiers de couleur, du matériel, des outils et des machines intervenant dans la fabrication de livres et de papier, sans oublier des archives et des documents sur l’histoire de l’industrie du livre.
www.leipzig-online.de http://www.allemagne-tourisme.com/
Bibliothèque Allemagne - Architecture XVIIIe siècle à colombage. www.francke-halle.de
7
historique des
Fondations de
Francke à Halle
- Fonds patrimonial : D’importants fonds de livres anciens. Ses quelques 57.000 ouvrages traitent de tous les domaines de la connaissance, en mettant cependant l’accent sur l’histoire de l’église et de la culture des débuts de l'ère moderne. Architecture : avec son mobilier original du XVIIIème siècle, la salle historique de la bibliothèque constitue le cœur du bâtiment.
http://www.allemagne-tourisme.com/
Bibliothèque
historique de
Rastatt
Allemagne - Fonds patrimonial : avec d’anciens manuscrits conservés intégralement ou en partie, 162 incunables, de précieux documents des débuts de l’imprimerie (XVIème siècle) et les fonds de l’époque qui a suivi, ces quelques 30.000 ouvrages représentent un patrimoine culturel inestimable. - Visites guidées sur demande.
www.rastatt.de http://www.allemagne-tourisme.com/
Bibliothèque du
duc August de
Wolfenbüttel
Allemagne -Fonds patrimonial : collections nationales de l’imprimerie allemande datant du XVIIème siècle (plus de 12.000 imprimés et portraits originaux), legs et curiosités autographiques, et près de 12.000 manuscrits précieux datant du moyen-âge et 5.000 incunables. Le livre le plus cher du monde, l’évangéliaire du duc Henri le Lion, fait également partie des fonds de l’établissement depuis 1989.
www.hab.de http://www.allemagne-tourisme.com/
Musée Gellert à
Hainichen
Allemagne - Le fonds comprend une bibliothèque essentiellement historique, des archives, la collection Gellert avec divers souvenirs et portraits, mais aussi une collection d’arts plastiques sur le thème des fables. - visites guidées sur demande.
www.gellert-museum.de http://www.allemagne-tourisme.com/
La bibliothèque
du couvent de
St-Gall
Suisse - Bibliothèque de renommée mondiale -Architecture : sans doute la plus belle salle baroque profane de Suisse - Fonds patrimonial : on trouve 150.000 livres et 2.000 manuscrits originaux du Moyen Age ainsi qu'une momie vieille de 2.700 ans. - L'ensemble du complexe conventuel a été inscrit en 1983 sur la liste du patrimoine culturel de l'UNESCO.
http://www.myswitzerland.com/fr/destinations/culture/patrimoine-mondial-naturel-de-UNESCO/patrimoine-mondial-de-l-unesco-la-bibliotheque-du-couvent-de-st-gall.html
Bibliothèque
d'Este
Italie - Fonds patrimonial : Avec ses 600 000 volumes et ses 15 000 manuscrits, c'est une des bibliothèques les plus riches d'Italie : le clou de la visite est sans aucun doute la Bible de Borso d'Este, avec
8
ses 1 020 pages enluminées par des artistes ferrarais du 15e siècle,
parmi lesquels figurait Tadeo Crivelli
BnF France - Architecture contemporaine (Dominique Perrault) et historique
- Fonds patrimonial - Visites guidées (service accueil), expositions, conférences… - située dans ville touristique - souhait de donner une plus grande part à l’ouverture de la bibliothèque aux visiteurs lambdas - site Internet en plusieurs langues (français, anglais, espagnol)
http://www.bnf.fr/
BANQ Québec - architecture contemporaine - fonds patrimonial - visites guidées, expositions… - accessibilité pour tous et directe (Métro) - située dans ville touristique
http://www.banq.qc.ca/accueil/
Bibliothèque
municipale de
Versailles
France - architecture ancienne : se trouve dans le bâtiment prévu pour le Ministère des Affaires étrangères sous Louis XV - Fonds patrimonial : Héritière d’une partie des collections du château de Versailles et des grandes familles de la Cour, la bibliothèque de Versailles est riche de près de 100.000 volumes imprimés, de la fin du XVème siècle à nos jours. - la visite est guidée par des conférenciers (office du tourisme) - située dans ville touristique (mais principalement pour le château : difficulté d’attirer les touristes au-delà)
<http://www.bibliotheques.versailles.fr/Statique/index.htm>
Bibliothèques
publiques
Bibliotheca
Alexandrina
Egypte - Visites - architecture contemporaine - fonds patrimonial - située dans ville touristique - Centre culturel (musées, restaurants,…) déjà attractif possédant tous les services d’accueil de touristes nécessaires - certaines pages du site Internet sont en plusieurs versions (ex en français) il y a une page concernant les visiteurs avec des explications sur l’accessibilité depuis l’aéroport. - tarifs spécial visiteurs étrangers ou visiteurs égyptiens (ça montre
http://www.bibalex.org/french/index.aspx
9
donc, qu’ils sont des visiteurs étrangers ou du moins qu’ils tentent d’en avoir
Bibliothèque du
Trinity College
Irlande (Dublin)
- se visite accompagné - visite virtuelle - fonds patrimonial (livre de Kells) - expositions (notamment en lien avec Dublin)
http://www.tcd.ie/Library/
1ere
bibliothèque de
l'Université de
Coimbra
- sur ce site on trouve aussi une visite virtuelle de cette bibliothèque
http://bibliotecajoanina.uc.pt/
bibliothèque
des Champs
Libres de
Rennes
France - Dans un centre culturel donc peut bénéficier des retombées du musée de Bretagne, de la cité de science… + équipements d’accueil existants - au sein même de la bibliothèque : musée, concerts au niveau musique, salle de projection, zone patrimoine (sur la mer et la Bretagne), espace expo - architecture contemporaine (Christian de Portzamparc)
http://www.bibliotheque-rennesmetropole.fr/24669219/0/fiche___pagelibre/
Bibliothèque
Carnegie de
Reims
France - visites + fait partie d’un parcours touristique de la ville - Architecture : art déco
http://www.bm-reims.fr/webcontent/viewer/viewer.asp?INSTANCE=EXPLOITATION&EXTERNALID=WBCTDOC_50
10
EXEMPLE DE FICHE D’OBSERVATION D’UN SITE
Nom du site : Bibliothèque nationale de France (BnF)
Type de structure / statut juridique : Bibliothèque nationale
Localisation : Paris (capitale)
La Bibliothèque nationale de France se déploie sur 7 sites géographiques distincts ayant chacun leurs spécificités, leurs collections, leurs missions. Cinq de ces sites accueillent le public : Site François-Mitterrand (Paris) (collections d'imprimés, périodiques, documents audiovisuels et documents informatiques) Site Richelieu (Paris) (départements des Manuscrits, des Estampes et de la photographie, des Cartes et plans, des Monnaies, médailles et antiques, de la Musique, des Arts du spectacle). Bibliothèque de l'Arsenal (Paris) Bibliothèque-Musée de l'Opéra (Paris) (musique) Maison Jean Vilar (Avignon) (théâtre) Les deux autres sont consacrés à la conservation des collections.
Création (date, contexte, historique) : - 1988-1994 : Héritière des riches collections nationales et d'un patrimoine architectural
lié à son histoire, la bibliothèque nationale s'est trouvée confrontée aux difficultés inévitables nées de la croissance de la production imprimée et de la demande culturelle : elle devait s’accroitre. Cette mutation intervient au un moment où les développements scientifiques et techniques ouvrent de nouvelles perspectives aussi bien dans le domaine de la conservation que dans celui de l'accès aux documents. C’est la période du développement de l’informatique notamment et des progrès en télécommunication. Avec
- le projet du président de la République François MITTERRAND, la Bibliothèque nationale de France s'inscrit dans la nouvelle génération de bibliothèque, qui voit le jour, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Japon, à Alexandrie.
- Le 20 décembre 1996 : la bibliothèque d'étude du site François-Mitterrand s'ouvre. - Le 8 octobre 1998 : l'ouverture de la bibliothèque de recherche scelle l'achèvement de
ce grand projet.
11
Mode de gestion : - En 2008, la BnF avait un personnel de 2 673 collaborateurs et un budget total
de 277,13 M€.
Missions : Les missions principales dont est investie la Bibliothèque nationale de France en tant que bibliothèque nationale gérant et valorisant le patrimoine qui lui est confié sont :
- La constitution des collections (dépôt légal) - La conservation des fonds - La communication des ces ressources au public - La constitution d’un catalogue complet de référence - La coopération avec d’autres établissements (sur le réseau national, européen et
international) - La recherche.
Valeur patrimoniale : - Fonds écrit et graphique : Les fonds de la BnF comprennent actuellement plus de
quatorze millions de livres et d'imprimés, deux cent cinquante mille volumes de manuscrits, trois cent soixante mille collections de périodiques, environ douze millions d'affiches, plus de huit cent mille cartes et plans, deux millions de pièces musicales, un million de documents sonores, plusieurs dizaines de milliers de vidéos et de documents d'estampes, photographies et multimédias, cinq cent trente mille monnaies et médailles...
- Architecture : plusieurs ensembles dispersés géographiquement à Paris et en région et dont la diversité des bâtiments et des lieux retrace l’évolution historique de la Bibliothèque : le site François-Mitterrand, bâtiment moderne implanté en bordure de Seine, qui abrite les collections imprimées et audiovisuelles ainsi que la réserve des Livres rares et qui offre deux types de salle de lecture mais aussi des espaces d’expositions temporaires et permanents, des manifestations culturelles ; le site Richelieu, lieu historique de la Bibliothèque royale depuis 1721, installé au cœur de Paris, où sont conservées les collections spécialisées de la BnF (arts du spectacle, monnaies et médailles, estampes, manuscrits, musique…) ; les sites de la bibliothèque de l’Arsenal et la Bibliothèque-musée de l’Opéra, rattachées à la BnF depuis 1934, ainsi que la Maison Jean-Vilar à Avignon depuis 1977 ;
12
Offre culturelle : - Mise en place, d’expositions temporaires, d’expositions virtuelles - Editions ou coéditions d’ouvrages + Chroniques (magazine de la BnF) - Offre pédagogique (synthèses, éléments de réflexion) + banque d’images et
numérisation (ex : Gallica) - Auditorium avec programme de conférences, manifestations…
Visite : - Visites guidées quotidiennes de trois des sites (Richelieu, François-Mitterrand et
l’Arsenal) pour le grand public, les familles, les nouveaux lecteurs, les professionnels. - Ateliers pour enfants de 7 à 10 ans. - Visite des expositions
Fréquentation : Dans le rapport d’activités de 2008, la fréquentation a été comptabilisée à partir des inscriptions et de la billetterie aux expositions. Aucuns chiffres ne sont fournis concernant les visites. En 2008 :
- 390.000 lecteurs dans les salles de recherche - 560.000 lecteurs dans la bibliothèque d’étude du haut-de-jardin - 255.000 visiteurs dans les expositions - 18.000 auditeurs pour les conférences - 18.000 élèves dans le cadre des activités pédagogiques.
Evolution : - Contrat de performance, qui couvre la période 2009-2011. Il définit les six
orientations stratégiques de la BnF : o Être une bibliothèque numérique de référence o Enrichir, signaler et préserver les collections nationales o Conduire la rénovation du site Richelieu et rationaliser le patrimoine
immobilier o Accroître, diversifier et satisfaire nos publics La BnF entend moderniser ses services et renouveler son offre scientifique et culturelle grâce à la rénovation du quadrilatère Richelieu, mais aussi avec la réforme du Haut-de-Jardin sur le site François-Mitterrand, qu’il s’agisse de l’offre même de la bibliothèque d’étude comme de l’aménagement et de l’accessibilité du site. La valorisation de son patrimoine immobilier sera ainsi une orientation majeure pour la bibliothèque pendant cette période. o Développer notre présence sur la scène nationale, européenne et mondiale
13
o Se préparer aux mutations de son environnement en garantissant les conditions de développement
Liens : BnF. Bibliothèque nationale de France [en ligne]. Disponible sur <http://www.bnf.fr/> (Consulté le 24.01.2010) BnF. Connaître la bibliothèque [en ligne]. Disponible sur <http://www.bnf.fr/pages/zNavigat/frame/connaitr.htm> (Consulté le 24.01.2010)
14
RECHERCHE DOCUMENTAIRE : LA BIBLIOTHECA ALEXANDRINA, UN SYMBOLE DE
RENAISSANCE DE LA MEGALOPOLE MEDITERRANEENNE DANS L'EGYPTE MODERNE ?
Outre son phare, sa bibliothèque antique a fait d'Alexandrie une des cités méditerranéennes les plus célèbres du monde. Plusieurs millénaires après la disparition de l'ancienne bibliothèque d 'Alexandrie, l'Egypte a retrouvé une grande bibliothèque digne de celle de l'antiquité. Résurrection du passé mêlée des nouvelles technologies, la Bibliotheca Alexandrina va t-elle apporter un rayonnement culturel international comme jadis l'a fait son ancêtre ? Dans un premier temps, revenons sur le modèle de l'ancienne bibliothèque, avant d'aborder celui de la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie, ce qui nous permettra pour finir de déterminer les points communs nouveaux apports qui pourraient faire de cette dernière un nouveau pôle culturel méditerranéen du XXIème siècle.
> L'ancienne bibliothèque d'Alexandrie Ce n'est certainement pas la première bibliothèque de l'histoire de l'Humanité. En
effet, il existait des sortes de dépôts d'archives, des ci bibliothèques trouvées dans les temples. Cependant les modèles étaient loin d'être aussi aboutis, aussi grandiose que celui de la bibliothèque d'Alexandrie.'
Un projet novateur et ambitieux
La ville fondée par Alexandre le Grand et gouvernée depuis sa mort par l'un de ses généraux Ptolémée 1er Sôter, n'était pas seulement la capitale de l'Egypte, mais avec Athènes, l'un des centres de rayonnement culturel du monde. Pour accroître encore sa grandeur, Ptolémée lança un projet démesuré qu'ont poursuivit ses descendants notamment Ptolémée II Philadelphe (282-246 av. J.C) et Ptolémée III. L’ambition du projet était de rassembler toutes les œuvres écrites de l’humanité, d'où le besoin de se procurer le plus grand nombre d’ouvrages. Pour cela, différentes méthodes ont été employées : Ils ont fait venir d’Athènes toutes les œuvres connues, les empruntant contre un gage, le temps de les recopier ; ou bien, ils demandaient aux monarques de leur envoyer divers ouvrages (le plus souvent, des originaux) ; ou encore, les papyrus se trouvant dans le port d’Alexandrie, étaient momentanément confisqués et copiés par des scribes, l’original étant conservé par la bibliothèque et la copie rendue au propriétaire du document de base. La Bibliothèque est devenue ainsi la première grande bibliothèque publique de l’histoire, qui comportait selon les estimations, entre 400 000 et 700 000 rouleaux de papyrus, et attirait, de ce fait, les plus célèbres penseurs et savants de l’époque (Euclide, Denys de Thrace, Héron, Eratosthène. Cet attrait était renforcé par les offres des Ptolémées aux savants, d'être logé, nourris, blanchi et même exempté d'impôts
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Au milieu du troisième siècle avant Jésus-Christ, le bâtiment d'origine devint trop petit, d'où la nécessité d'en bâtir un second situé au Serapeum. La bibliothèque mère dota celle du Serapeum d'environ 42800 rouleaux de papyrus ; ces derniers étaient soit des copies imparfaites, soit des prêts qui s'inscrivaient dans ce qui pouvait être considéré comme une « tentative d'allégement » du désordre qui régnait dans l'ancienne bibliothèque. Signalons que cette démarche permit de se débarrasser des copies et des manuscrits incomplets. Mais, la bibliothèque ne se contenta pas d’accumuler les écrits dans leur langue d’origine, puisqu’elle employa ses efforts à un immense travail de traduction. A peine arrivé chaque ouvrage était traduit en grec - la langue savante de l'époque -, résumé, analysé et catalogué. A cet égard, on trouva les volumes du Pentateuque, fondement du judaïsme, ce qui témoigne un souci de conquérir, par la diffusion, la plus grande diversité de cultures.
Les bâtiments
Installées dans le quartier du Bruchium, près du palais royal, deux bibliothèques se côtoyaient. La plus importante faisait partie du « muséion » (musée) qui était une sorte d'académie des sciences, un foyer de savants. La seconde annexait le temple de Sérapis. D'après quelques écrits dont les témoignages de Strabon (v.58av.J-C. - v.25 apr. J-C.) dans le livre 17 intitulé Géographie, les bâtiments comprenaient des salles abritant d'énormes quantités de papyrus une cour ombragée entourée d'un portique, une grande salle de réunion – où avaient lieu les cours magistraux –, d'autres salles dont l'une servant de réfectoires aux élèves et professeurs, des logements pour les savants ainsi qu'un musée, un observatoire astronomique, un jardin zoologique et botanique.
Les usagers
La bibliothèque n'était pas de consultation publique mais réservée aux savants que les Ptolémées invitaient du monde entier, les rassemblant au musée, institution de recherche qui jouxtait le bâtiment de la bibliothèque. La fonction première des savants (astronomes, médecins, écrivains, mathématiciens,...) était non pas l'enseignement mais la recherche, l'étude et l'expérimentation. Par la suite des conférences et des cours eurent lieu. Si la bibliothèque mère était réservée aux savants, il semblerait que la bibliothèque fille était accessible à tous, « pour donner à toute la ville la possibilité de philosopher » (Aphhtonius).
L'apparition des bibliothécaires.
Le nombre d'ouvrages croissant, la création du poste de bibliothécaire pour gérer ce centre devint indispensable. Au-delà de conservateur le bibliothécaire était bibliographe et philologue. Les bibliothécaires avaient un rôle très important. D'ailleurs, l'histoire a conservé leurs noms au même titre que les monarques. Ainsi nous pouvons citer en autre Zénodote, (282 à 260 av.- J-C) ; Apollonios (vers 240-230 av. J-C) ; ou encore Erasthosthène (230 à 195 av. J-C). Mais à coté des noms de ces bibliothécaires figurent aussi ceux des savants et auteurs comme Démétrios et le poète Callimaque qui a inventé le premier catalogue : outil permettant de classer et répertorier les collections selon un système de règles établies.
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Sa destruction
Rien ne demeure aujourd’hui de ce monument de l’esprit humain. Selon les historiens, la plus grande partie des collections de la Bibliothèque disparut dans l’incendie qui ravagea le port, lors de la prise d’Alexandrie par Jules César, en 47 avant J-C. Selon la légende, d’autres catastrophes l’endommagèrent à plusieurs reprises, pour la faire, finalement, disparaître totalement. Pendant un temps, on datait sa disparition à 691 après J-C lors des invasions arabes, maintenant, on pense plutôt au 3ème siècle, au temps d'Aurélien. Certes, toute grande bibliothèque, comme celle d’Alexandrie, possédait des doubles des ouvrages originaux, et en l’occurrence, ceux-ci étaient conservés dans la bibliothèque du temple de Sérapis, à Alexandrie même. Par malheur, ce temple fut brûlé en 931, lors de la domination chrétienne de sorte que les ouvrages qui avaient échappé jusqu’alors aux désastres, disparurent à leur tour.
> La nouvelle bibliothèque d'Alexandrie : La Bibliotheca Alexandrina
La Bibliotheca Alexandrina est née de l'idée de deux professeurs de l'Université d'Alexandrie qui, en 1974, ont cherché le moyen de redonner un peu d'éclat à leur cité. Leur ténacité leur a valu d'être peu à peu entendus des autorités et d'obtenir l'appui de l'UNESCO. Réinventer la bibliothèque d'Alexandrie ne s'imposait pas ; en revanche : construire une bibliothèque moderne à Alexandrie était une nécessité. Alexandrie est une grande ville universitaire moderne. Il fallait créer une bibliothèque pour les universitaires et les chercheurs égyptiens. Inaugurée le 16 octobre 2002, elle est aujourd’hui accessible à tous.
Son architecture
• L'aspect extérieur Une grande attention a été portée à l’architecture même de la Bibliothèque, ce qui explique
la mise en place d’un concours international visant à sélectionner le projet qui symboliserait au mieux, la continuité entre le passé et le présent, ainsi que la réconciliation entre le local et l’universel. 524 projets ont été remis, et ce sont surtout les jeunes générations qui ont participé : un tel succès s’explique notamment par la dimension symbolique du thème, par la renommée des institutions qui soutiennent ce projet, à savoir l’UNESCO, le PNUD et l’UIA, et le rôle historique de l’Egypte comme berceau de la culture. Cette initiative a d’ailleurs été l’occasion de faire découvrir la ville d’Alexandrie. Finalement, le prix a été remporté en 1989 par le groupe norvégien Snohetta, lequel a su concilier les aspects esthétiques, symboliques et fonctionnels. Les premiers travaux ont commencé en 1995. La bibliothèque allie la splendeur à la simplicité. Pour l’essentiel, le bâtiment, situé au bord de la mer, sur le site de l'ancienne bibliothèque se présente sous la forme d’un cylindre vertical
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de 160 mètres de diamètre, coupé en diagonale, dont la pureté géométrique n’est pas sans rappeler à de nombreux égards les grands édifices de l'Egypte antique. Un pont piéton permettant d'accéder à la bibliothèque côté Sud apparaît comme une ligne droite transperçant la forme cylindrique du bâtiment. Ce pont traverse une rue à grande circulation avant d’atteindre le deuxième étage de la bibliothèque et de mener jusqu’à une place publique donnant sur la mer, du côté Nord du bâtiment. A l'Ouest du pont, le cylindre est entaillé sur la quasi-totalité de son diamètre, le vide ainsi créé constituant l’entrée principale de la bibliothèque. Cette entrée fait face aux portes d’un hall de conférence assez ancien, auprès duquel la bibliothèque semble empreinte de déférence. Entre les deux bâtiments s’étend une place pavée. A demi enfoncée sous ce parvis, une vaste forme sphérique abrite un planétarium. Une tranche oblique est séparée du corps du bâtiment cylindrique. La forme obtenue devrait normalement présenter une surface en ellipse, mais les architectes sont partis d’un cylindre ellipsoïdal incliné par rapport à la verticale, de façon à ce que la surface du rez-de-chaussée et celle du toit, lui-même incliné, forment des cercles parfaits. Les murs de la bibliothèque penchent tous vers le Nord et la mer, tout comme la pente du toit. Un cylindre est en soi une forme statique, les irrégularités intentionnelles de la forme du bâtiment lui impriment un mouvement, impression encore renforcée par la portée verticale du bâtiment de 10 étages, qui s’étend d’un niveau de 10 m au-dessous du sol jusqu'à une hauteur de 32 m. De l’extérieur, cet immense demi-cercle s’élevant de terre, est un hommage à Râ, le dieu Soleil. L’inclinaison du toit permet aux niveaux supérieurs de la bibliothèque de bénéficier d’un éclairage naturel et d’atténuer les effets des embruns. Plus profondément, les architectes n’ont pas conçu la bibliothèque, au sens strict, comme un symbole solaire, mais ils reconnaissent volontiers qu’elle se veut une image de rayonnement et d’ouverture - et non pas un lieu clos ou réservé-. Vu de haut, en effet, sa forme circulaire évoque l’image du soleil (les hiéroglyphes représentaient généralement le soleil comme un simple disque). C’est d’ailleurs cette idée que les murs de granit, côté sud, expriment dans leur matérialité même: en effet, y sont inscrites toutes les écritures connues dans le monde, de l’écriture arabe à la chinoise, en passant par les caractères cyrilliques, hébreux, latins… La course du soleil et les reflets des éclairages électriques dans un bassin adjacent produisent un jeu dynamique d’ombres et de lumières sur les symboles gravés, évoquant ainsi les murs des temples égyptiens. La nouvelle Bibliotheca Alexandrina se propose ainsi comme le nouveau temple du Savoir universel.
• L'organisation interne
A ce jour ce vaste complexe est composé : • d'une salle de lecture de 2.000 places organisée selon neuf niveaux, chaque niveau
étant divisé en deux espaces : la salle de lecture et les magasins ou services internes de l’autre coté.
• d'un centre de conférences disposant de 2.500 places équipées pour la traduction simultanée.
• un centre de connexion à Internet (Archives Internet)
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• de bibliothèques spécialisées : Taha Hussein pour les non-voyants, jeunesse, livres rares...
• d'une bibliothèque numérique • des galeries d’exposition • d'un Musée de la Calligraphie. • d'un Musée des Sciences. • d'un Musée des Antiquités • d'un planétarium • d'un exploratorium • d'un laboratoire de restauration pour les manuscrits rares. • d'une école Internationale des Sciences et de l'information, qui sera le premier centre
de recherches dans ce domaine au Moyen-Orient. Il accueillera 350 étudiants de troisième cycle.
• de sept centres de recherche et de documentation. Les salles de lecture sont organisées selon des thématiques telles que les nouvelles technologies, les sciences et techniques, les sciences sociales, arts et musique, langues et littératures, audiovisuel et multimédia ou encore, religions, philosophie, histoire...
Ses publics
L'Alexandrina est officiellement définie comme une « bibliothèque publique de recherche ». Sa vocation est donc double : d’une part, elle se doit de proposer à la population égyptienne une large gamme de services, et d’autre part, elle doit garantir aux chercheurs l’accès à une collection encyclopédique solide et à des instruments de recherche perfectionnés. Une des originalités de l’Alexandrina résidant précisément dans son orientation vers les multimédias, les concepteurs du projet ont porté une attention particulière à la mise en place des salles d’informatique qui seront sans doute utilisées par les rares initiés (les chercheurs et les étudiants). De plus, la Bibliotheca Alexandrina se trouve à côté du campus de la Faculté des arts de l’Université d’Alexandrie, à Chatby. Une majeure partie de son public sera donc étudiant. Il faut aussi garder en mémoire que la Bibliotheca Alexandrina est plus qu’une bibliothèque publique locale ; elle s’adresse à un public plus large et international, souvent déjà relativement cultivé. C'est un centre résolument ouvert au monde entier, véritable reflet de l'association des multiples partenaires internationaux et passerelle entre le Proche-Orient et l'occident, à l'instar de la bibliothèque antique. Ainsi ses objectifs ne se situent pas à la même échelle qu’une bibliothèque de quartier. Reste à savoir si la mise en œuvre de cette bibliothèque ne se fait pas au détriment, justement, de programmes de développement culturel et d’éducation en direction des populations locales peu cultivées ou analphabètes.
Les objectifs de cette nouvelle bibliothèque d'Alexandrie
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Quand on a un si illustre ancêtre, on est obligé d'en tenir compte. La bibliothèque d’Alexandrie se présente avant tout comme la résurgence de l’ancienne. En effet, c’est bien la volonté proclamée de la part du gouvernement égyptien et des Universités d’Alexandrie, en collaboration avec l’UNESCO (en 1986), de l’inscrire dans la continuité de l’ancienne bibliothèque, et lui permettre de jouer, à l’aube du troisième millénaire, un rôle équivalent à celui qu’elle joua aux alentours du premier millénaire. Le pari de la Bibliotheca Alexandrina est de réaffirmer son héritage dans un lieu qui utilise les techniques d’information les plus récentes : c’est donc véritablement à un rêve d’universalité que vise cette nouvelle bibliothèque. Les objectifs du gouvernement égyptien :
· Faire renaître un haut lieu d’apprentissage · Construire une bibliothèque de recherche dotée d’une collection unique d’ouvrages,
qui suscite l’admiration à travers le monde, et permette de restaurer des manuscrits originaux.
· Attirer des chercheurs internationaux et relever les défis du XXIème siècle. · Favoriser la coopération culturelle entre les pays du Bassin méditerranéen. · Constituer une source d’information indispensable au développement culturel,
social et économique de l’Egypte. Les objectifs de l’UNESCO :
· Encourager l’ouverture d’esprit : cela implique un élargissement des horizons culturels et l’acceptation de critères culturels et scientifiques différents de ceux de la tradition locale.
· Explorer les champs du savoir : cela nécessite une recherche des racines, une redécouverte des raisons historiques, des choix présents et des options qui s’offrent pour l’avenir
· Rendre la connaissance accessible : cela appelle un engagement total de tous les partenaires et la mise en œuvre des techniques les plus modernes.
> Le symbole de la renaissance de la mégalopole méditerranéenne dans l'Egypte moderne ?
Au point de confluence de trois continents, Asie, Afrique et Europe, l’Égypte a été le berceau des civilisations depuis les temps les plus antiques. Redeviendra t-elle ce carrefour méditérranéen aujourd'hui par le biais de projets comme la Bibliotheca Alexandrina?
Le reflet de la bibliothèque antique
On peut remarquer de nombreuses similitudes entre ces deux bibliothèques d’Alexandrie. Similitudes qui on participé à l'essor et à la célébrité de la bibliothèque antique. En sera-t-il de même pour la nouvelle ?
- Importance des traductions, du multilinguisme Les inscriptions alphabétiques internationales sur la façade extérieure en sont la preuve.
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Caractérisée par le multilinguisme, la collection porte sur l’héritage culturel du bassin méditerranéen et plus précisément sur les pays arabes du Moyen-Orient. L’Egypte est bien évidemment au premier plan de cette documentation. Pour atteindre tous ces objectifs, les organisateurs du projet ont non seulement reconstitué un patrimoine culturel disséminé à travers le monde entier au cours de l’Histoire ou accumulé dans les caves de ses universités, mais également récolté des fonds (et notamment des copies de documents existant de par le monde) grâce au soutien des pays étrangers. - Collaboration avec les autres nations : Les fonds actuels de la bibliothèque ont été constitués en coopération avec de nombreux pays, par l’intermédiaire d’associations des amis de la bibliothèque, mais aussi grâce à la générosité d’acteurs privés. L’Italie a ainsi contribué à la restauration de 4000 manuscrits arabes du X° au XVIIème siècle provenant de différentes bibliothèques alexandrines. La Norvège a fournit du mobilier pour les salles de lecture, le japon, du matériel informatique, la Finlande et la Turquie ont proposé des formations, enfin des dons de livres et CD-ROM ont été faits par l'Australie, la Belgique, l'Espagne, la France, l'Allemagne en autre. - Un centre culturel Comme la bibliothèque antique, il s'agit plus d’un centre culturel qu'une simple bibliothèque. En effet, on y trouve un planétariun, mais aussi plusieurs musées et des salles d'exposition. - L'importance du public étudiant Là encore, semblable au centre antique, l'étude a une grande place. Outre le fait qu’elle ait été construite à côté d'une université, la Bibliotheca Alexandrina comporte une école Internationale des Sciences et de l'information. - Rassembler un nombre important d'ouvrages Elle peut accueillir jusqu'a 8 millions d'ouvrages.
Accompagnée d'éléments novateurs comme l'importance des nouvelles technologies, du multimédia, la Bibliotheca semble contenir tous les ingrédients pour voir renaître comme un phœnix sur ses cendres, un pôle culturel antique amélioré.
Quelque scepticisme...
Un projet tel que ce nouveau centre culturel a donc de quoi faire rêver. Pourtant de nombreuses polémiques sont nées autour de l’Alexandrina pour de multiples raisons, à commencer par la légitimité même d’un projet de cette ampleur dans un pays qui connaît de très nombreux problèmes de développement et où la liberté d’expression semble fortement limitée. Les critiques se sont cristallisées autour du bâtiment lui-même, dont la conception a souvent été jugée trop futuriste, voire en total décalage avec l’esprit d’une ville égyptienne. La manière dont le projet a été mené (fouilles archéologiques bâclées, choix d’un site exposé aux vents salés et humides, projet de destruction du grand complexe hospitalier adjacent à la bibliothèque pour de simples raisons esthétiques, l’Alexandrina ne s’harmonisant pas avec les
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bâtiments construits dans les années soixante-dix) et le coût indécent à l’égard des conditions de vie des populations n’a pas contribué à rassurer les nombreux détracteurs de l’Alexandrina.
Alexandrie apparaît comme une ville plus développée que la moyenne nationale dans de nombreux domaines et essentiellement au niveau de l'éducation et de la culture. La bibliothèque ne pouvait donc être mieux située qu'à Alexandrie. Cependant, il existe encore des tendances lourdes dans l'ensemble du pays et qui pèsent par conséquent aussi sur Alexandrie. En effet, la situation de l'enseignement est encore précaire et les taux d'analphabétisme encore très élevés. La moitié de la population ne sait encore ni lire, ni écrire. D'autre part, il s'agit de noter aussi les taux d'endettement que doit faire face l'Egypte et qui handicapent un certain nombre de perspectives, notamment en terme d'éducation. Le poids des remboursements de la dette est beaucoup plus élevé que les dépenses allouées à l'éducation. Maintenant ancrée dans ce XXIème siècle, la Bibliotheca Alexandrina montre toutes les conditions réunies pour assurer l'essor déjà présent d'Alexandrie dans le monde, en particulier en Orient. Et il semblerait qu'elle remporte un certain succès car elle compte plus de 800.000 visiteurs par an.