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LES BARRICADES DE "19 À LYON. BRIEF RÉCIT C0NTENAT AU VRAY CE QUI S'EST PASSÉ EN L. RÉDUCTION DE LA VILLE DE [SON EN L'OBÉISSANCE DE SA MAJESTÉ 1 LES 7, 8 ET l'ÉTRIER; Lettre escrite de Lyon par un serviteur du Roy a un sien an) y à Tours (1). 'Est a ce coup que je vous escriray librcnient, et notnmeray les personnes par leur nom puisque Dieu m'a fait la grace de veoir te roy recogneu en este ville remise entiere- : tuent en son obeissance contre toute espe. rance humaine si ma lettre du 4 fevrkr vous a esté rendue , vous aurez veu que '. nous estions en termes d'estre Espagnols et Savoyards , d'autant que le gouvernement de nostre ville esloit en mains de personnes du tout affectionnees a leur party, je vous diray en peu de mots ce qui s'est passé depuis, sans repeter (t) Cette lettre a été imprimée é Tours , sous le titre de Copji. d'une lettre escrite de Lyon par un se r v iteur du Roy a un sien amj a Tours, du onzisme fevrier 1594, contenant au vray ce qui s'est passé eu la reduction de la ville de Lyon en l'obeissance ' .'a i1(Jj('st, les Fil. t'GI t 1V b fe'rier I Document Il il il Il Il Ili illil IlIIIIIlIIi 0000005607518 V. -

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LES BARRICADES DE "19

À LYON.

BRIEF RÉCIT C0NTENAT AU VRAY CE QUI S'EST PASSÉ EN L.

RÉDUCTION DE LA VILLE DE [SON EN L'OBÉISSANCEDE SA MAJESTÉ 1 LES 7, 8 ET l'ÉTRIER;

Lettre escrite de Lyon par un serviteur du Roy a un sien an) yà Tours (1).

'Est a ce coup que je vous escriray librcnient,et notnmeray les personnes par leur nompuisque Dieu m'a fait la grace de veoir teroy recogneu en este ville remise entiere-

: tuent en son obeissance contre toute espe.rance humaine si ma lettre du 4 fevrkrvous a esté rendue , vous aurez veu que

'. nous estions en termes d'estre Espagnolset Savoyards , d'autant que le gouvernement de nostre villeesloit en mains de personnes du tout affectionnees a leur party, jevous diray en peu de mots ce qui s'est passé depuis, sans repeter

(t) Cette lettre a été imprimée é Tours , sous le titre de Copji.d'une lettre escrite de Lyon par un serv iteur du Roy a un sien amja Tours, du onzisme fevrier 1594, contenant au vray ce quis'est passé eu la reduction de la ville de Lyon en l'obeissance '.'a i1(Jj('st, les Fil. t'GI t 1V b fe'rier I

Document

Il il il Il Il Ili illil IlIIIIIlIIi0000005607518

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le precedent. Le roy d'Espagne depuis peu a confirmé plus quejamais ses prattiques et intelligences avec le due de Mayenne, com•me nous avons vea par ses lettres escrites a Madrid, i'onziesme dejanvier dernier, a ceux de sa faction en ceste ville , par les quellesil les asseuroit de secours d'hommes et d'argent.

En execution de quoy le du de Terranova, gouverneur de Milan,en mesme temps leur escrivit,donnaflt asseurance d'une lcvee de gens,et mesme de douze cens Suisses parle commandement de son maistre,qu'il devoit avec d'autres forces, sous pretexie de secours contre lemarquis de Sainet-Sorlin, faire approcher de cette ville, pour apresles avoir introduits et faiet glisser parmy nous avec la faveur dceux du party d'Espagne, se rendre ruaistre de Lyon. Sur ces termesquelques bons serviteurs du roy postposant le danger de leurs per-sonnes a la conservation de leur liberté, et au témoignage qu'ilsdesiroient rendre de leur affection au service du Roy en une sigrande necessilé, et peril si evideni de voir leur ville tomber en ladomination et tyrannie de l'estranger : do consentement de quatreEschevins serviteurs du Boy, le samedy cinquiesme a huict heuresdu soir, se resolurent qu'ils prendroient les armes pour remettre laville en l'obeiasance de Sa Majesté. Et pour favoriser I'executiofld'une si belle et perilleuse entreprise, en advertirent M. le colonelAlphonse (t), de l'amitié et secours du quel en une si bonne occasionils avoient asseurance a qimy il ne manqua nullement , ahis entoute diligence se rendit au fauxbourg de la Guillotiere le lundy ensuyvant septiesme de ce mois.

Ce mesme jour entre les trois et quatre heures do matin mon-sieur Jacquet (Esehevin et l'an des quatre, assisté de messieurs deLiernes et de Seve, suyvis de bon nombre de gens armes du quar-tier du Piastre donnerent au corps de garde de l'ller)erie au pied dupont, ou comrnandoit en personne Thierry (3) Eschevin, Fun desplus perdus et factieux, qui apres beaucoup de resistance Fust enfin

(1) Le niarcehal Alphonse d'Ornaflc,, c4oni general des Corsesltevalier des ordres du roy, lieutenant general eu Daupliiné, etc.

(2) Jacques Jacquet, esehevin depuis 1592.31Ami'l'hierry. ecIivin en I

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force de quitter la place aux flostrt ..\u r[Iit d. .:rI1l1lIadIt'alarme fut donnee par toute la ville, et les barricades aussi tofaictes en la pluspart des quartiers par ceux qui estoient advertis dce qui se devoit faire. Sur ceste preiniere emotion chacun en 8O1quartier cria, flve la Liberié Froiiçose, et quil se falloit delivrer detoute tyrannie et servitude estrangere. Monsieur notre Archeves-que(f) voyant une si prompte et inopinee prise des armes, accom-pagné des sieurs baron de Lus et de Chaseul ses neveux, après avoirdemeuré deux heures avant que de pouvoir passer le pont de Saonese rendist enfin a l'Hostel de Ville, et remonstra s l'asscmblee qu'dfalloit esire neutre attendant la resoi'tion du Pape et le retour d:fl)oflseigfl(flr de Nevers.

Cette opinion fust si mal receue par ceux qui estoient en laassemblee, que sur leur murmure et mescoulciitenient le dit sieurArchevesque se retira assez tost en son logis et neantmoin g pource jour la ne fut parlé que sourdement du service du roy ny faictautre execution, si non qu'on se saisit de l'Arsenal, et qu'on s'as-seura des personnes des sept Eschevins, de quelques Penons, etautres factieux. Mais la nuict du lundy au mardy ta vigilance etsolicitation de ceux qui avoient hardiment acheminé Cet affaire,eust tel pouvoir sur le peuple, que le mardy mesrne au matin oncointuenca a prendre les uns les autres des pennaches blancs, et peude temps apres des eseharpes blanches, et a dix heures du matinne se trouvoit plus de taffetas ny de crespe blanc dans la ville, ian,fut grande l'affluence de ceux, et jusques aux enfansporter tes marques et enseignes de France.

Quelques serviteurs du Boy en tirent largesse, et se perdit lede nos cloches par la force de la voix du peuple qui cryoit Vive le Boy,chacun s'esclattant aqui mieux mieux , excepté quelques restesd'excretneis de la damnable Ligue. il n'y eusi rue ny carrefour ol'on n'aye fait feu dejoye, et bruslé tes armes et livrees d'Espagnede Savoye et de Nemours, et l'effigie de la Ligue faicte et peinte

(4) Pierre d'Espinac, elu en 1574, fut l'un des hommes les pltHcloquent de son siecle et un des plus fougueux Ligueurs. Il mourut te9janvier 199, quatre ans après avoir fait la paix avec lleury 1V.

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forme de sorciere. Et au mesme instant furent les armes du Roymises et eslevees en triomphe partout. Aux places et barricades lesserviteurs du Roy flrentliberalité au peuple, tenans table ouverte, etbeuvans a la santé du Roy. Sur les deux heures apres midy mon-sieur le Colonel (t) entra dans la ville a pied, botté et esperonné,accompagne des sieurs d'Andelot, de Chevrieres, de St. Forjeul, deBouteon, la Liegue, la Baume, de Mures, et plusieurs autres Sei-gneurs et Gentils-hommes du pays, tous avec l'écharpe blanche.

Le dit sieur Colonel estant entre, on advisa a ce qui restoit pourla seureté de la ville, et a la requeste et cry du peuple furent des-mis de leur charge sept Eschevins sçavoir Amable Thierry, JeanBatiste Renaud , Pousson, Bernard, Guillaume Gella, Charles Nai -rat, Deberay, et Claude de Rubis cy devant conseiller au siege presi.(liai, et procureur de ta maison de ville, qu'on peut appeUer le flam-beau de Lyon, et qui par son livre imprimé en quatre vingt neuf etpar toutes ses paroles a tellement blasphemé coutre la memoire dufeu Roy (que Dieu absolve) et contre la majesté du Roy regnant, qu'ilne peut plus vivre au monde qu'a la honte de tous les François. Cedernier avoit esté suspendu depuis l'emprisonnement du duc de Ne-meurs.

Au Iieude sept Eschevins desmis ont esté creez Messieurs deCom-belandes, de Montmartin, le tresorier Ilenry, Pelletier, Laurens con-servateur, Pollalion et Mornieu. Les capitaines Penons suspects onteste ostez, et te serment de fidelité fait solemnellemeut au Roy, avecplus dejoye, d'allegresse , et de contentement qu'on ne sçauroit ex.primer.

Les factieux et adheraus à l'Espagnol, ont depuis esté mis dehorsqui sont les sept Esclievins, et avec eux Touveon, lieutenant crimi-nel, Austrain, lieutenant particulier du Pré, et de Bou,yg, conseil-lers au presidial, le baren de Vaux•Platel, Piguieres, Prost, Male-val, Anthoine Teste, Mathieu Balbany et tous les siens et les deuxde Poggio, le dit Balbany et Pogio Lucquols. Quant au trésorieroflaraiflon, ,lanetto d'Allequi et llesinaud, ils e sauvertut eu habitsdeagnises, des lors de l'emprisonnement du duc de Nemours, sça-

(t) D'Oçnano.

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chant que comme calant des principaux intrumeis des :uel le titsieur Duc se servoit pour son entreprinse de saccager et assujettira son horrible tyrannie cette grande et ancienne ville, ils ne pou -vaient attendre qu'une mort ignominieuse. Ces trois insignes traisLres de pauvres et affames qu'is estoient sont d venus tres richspar leurs voleries.

Mais ce qui est le pins remarquable en cette execution est qu'en -core que la vie et les biens de tous les partisans d'Espagne, et trais-tres a la France, fut en nostre main, et que par le droit de la guerrenous peussions venger la mort de plusieurs gens de bien qu'ilsavaient fait executer injustement par des bourreaux (1), et la perte

(1)En 1589 les Ligueurs apress'eslre empare de Lyon firent perirplusieurs de leurs adversaires. Par l'ailvis des escheeins de la villele deuxieme de mars Fou se saisit des personnes dessus nommes,sçavoir est du Pesnon de rue Gentil, et de Bertand, son sergent, del'huissier la Plume, de d'Allier, de Francoisle concierge, des cappi-laines Montgriffou et la Glaciere. Et quanta Perdrigeon et la Pierreils se sauverent, comme fist aussi Sabran, entendans qu'on mettaitles autres prisonniers. On leur faiet leur proces, enfin ils confessent,les uns volontairement et la plupart: et les autres a la question. Ilssont enfin condamnes et executes a mort en la place de Confort e etles dies Perdrigeonet la Pierre en figure comme traistres, prodi-leurs de leur patrie, et criminels de leze Majesté, le jeudy 15 dumois de wars

Le lundy en suivant, fust executé sur le pont de Saune le diet cap.pitaine Montgriffon : la pluspart d'eux allant a la mort detestoyentte sieur de Botheun, qui les avait conluiets a ce malheur ( Discoursair de la deslorjale trahison et dcl estable conjuration, brossée purle sieur de ffolhrw, et ses complices sur tu ville de Lyoi, 1590, in-80,p - 24,) Les deux ouvrages suivants contiennent de p!us mpes dé-lais sur l'occupation de la ville de Lyon par les Ligueurs. (Dela -ration des Consuls, Eschevins, lIanans et habitans de la vile deLyon, sur l'occasion de la prise des armes par eux faites, le 24fevrier 1589, in-8. , Lyon , par Jean Pillthotte , 1589.)

(La Rodomontade de Pierre Bailieuy.Discours sur une lettre eserite par le dit Bail!orry , contenant la

trabisen malheureuse cunpire par le dit Bailloay et ses coznplktscontre la ville dc L)om;, i08- Lyon par J. Pilleltotte, 1590.)

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indes biens par eux pilles: neantmoins nous avons usé dc toute dou-ceur, tant en leurs personnes, qu'en leurs commodités, mesme ouleur a donné seureteet retraicte en leurs niaisons des champs alten-(taris de les remettre et rappeller, qii a n d la ville aura obtenu pardonde Sa Majesté pour eux. Monsieur lArchevesque a eu quelque mes-contentement de ce changement, et a demandé de sortir , il a esteprie de demeurer. Nous attendons de recognoislre et obeir a celuyqu'il plaira au Roy nous donner pour gouverneurs comme ferontentendre a sa majeste les deputes que dans peu de jours nous luienvoyerons et cependant nous obeirons aux Esehevins. Il a este re-solu en la maison de ville, et juré de n'admettre jamais aux chargespubliques aucuns Italiens.

Toutes choses sont si paisibles, que demain on levera les ba rri-cades. Il faut recognoistre en ceste conduite et executiofl une grace

spéciale de Dieu, qui nous a miraculeusement delivré de la servi-tude jusques a la porte de laquelle nous avons donné.

J'espere que l'exemple de Lyon servira comme d'un clair phanal,pour ramener au port de la clemence du itoy toutes les autres villesqui sont eucores errantes sur cesle mer pleine d'orages, ou elles le-ront bientot naufrage,si elles ne s'en retirent promptement: elles ap-prendront aussi que celles qui ne sont si heureuses que d'avoir ren-contré des gouverneurs qui ayent enfin recogneu les dessins del'Espagnol , ne laissent pour cela d'avoir le pouvoir, si elles veulents'evertuer de se remettre en ceste belle Liberté Françoise , en laquelle nous sommes tous nés. et sans qu'il soit besoin de s'arrester aprendre des asseurances de sa Majesté, pendant les quelles alices etvenues on perd souvent l'occasion de bien faire, qui ne se recouvrelainais, n'y ayant personne qui cognoisse la bonté et douceur de saMajesté, qui ne doive s'asseurer d'y trouver plus de grâce qu'il ti'eflpeut desirer. Jevous prie de vous haster de venir participer a nostrejoye, vous asseurant qu'an lieu de la face hideuse que nostre villeavoit, estant cornmandee par des estran-0es banqueroutiers , et pil-leurs de maisons, vous la trouverez maintenant avec une face riante,remplie d'alegresse , depuis qu'elle est gouvernee par les plus an-cicunes, plus honnorables et plus riches familles, le vous peux as-seurer que nous avons receu double joye, de voir nos refugies quientrerent dès le mardy ; car au lieu que nous estimions qu'ils deus-sent apporter quelque aigreur pour les grandes iniseres qu'ils ontrijures pendant Cfl(l iirs: nuits les avons trouvé. t u t'ue nos dei-

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uberations ou ils ont esté continuellement appeliez pins doux qu'au-cuns de noua. Enfin Dieu nous a fait ceste grace que justement aubout des cinq ans, le mesme mois de fevrier, et les mesmes barrica-des qui nous avoient perdus, nous ont rendu nostre liberté $n'ayans prevenus que de fort peu de jours, les partisans d'Espa-gne, qui eussent rougy la Saone de nostre sang, ainsi qu'ils osoientbien deja nous en menacer. Mais maigre dom Philippes et son gen-dre, Lyon demeurera François elles belles fleurs de lys y reluironta l'advenir plus que jamais. J'espere vous advertir hientost de la re-duclion des villes des provinces voisines qui suivront en quatrevingt quatorze, l'exemple de Lyon, aussi bien qu'elles ont fait enquatre vingt neuf. Cependant Monsieur de Nemours demeure pri-sonnier de sa Majesté.

A cette lettre ai p'eine d'intérêt pour l'histoire de notre ville, nousajouterons la relation que nous a transmise un écrivain ernitemporai, sous le titre de: Discours sur la rédtrIion de la ville de L,on ol'obeissance du roy; pur Auloiue Dtiverdier , Sel pieurde Vanprivas,Conseiller du Roy. (in 8., Lyon , Thomas Sonbron, 19).

Le lundy 7 jour du present mois de fevrier 1591, les sieurs con-suls Esehevins, et tout le corps de la ville de Lyon ont destrenient etheureusement effectue la bonne resolution par eux prise et arrestee,de se redniresoubsl'obeyssaflce du Boy Henry lVde ce nom, par lagrace de Dieu Roy de France et de Navarre, jour vrayement heu-reux, et qui doit estre marque de eraye blanche, de mesmes que du-rant huict jours de suite, tout le peuple avec allegresse s chargé l'es-charpe blanche et le pennache blanc, faict feux de joye par toutes lesplaces, et crie haut et clair, et de bon coeur Vive le Roy t les voix se-compaigneesde trompettes et clairons resonnans, et de salves tantd'artillerie que de toutes sortes de canon.

Le pourtraict de Sa Majesté (Henry IV) armée representée naifve-ment apres le naturel en un grand tableau fa let de la main de quelqueexcellent paintre, et environnée de laurier a calé eslevee avec grandhonneur en lieu eminent aux galeries du devant de l'llostel de ville,et de la monstree au peuple par l'an des Capitaines Penons s testenue, prononçant s haute voix Voicy le pourtraict de nostre Boy, ilnous veut conserveret la Reigion CatholiqueApostolique et Romaine.Obeys.sons luy, prions Dieu pour sa prosperité, santé, et longue vie,et et ions tous vivxle Boy.

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En apres de ce lieu le mesme tableau a esle porté en la place duChange, Laisse là tout le jour et autres en suivans, et devant iceluyl'assemblee du peupie, ayant la teste descouverte avec graivleacama ion et joye a redit par plusieurs et diverses fois VIVE le floy.

Deux jours apres icelle reduction, ce valeureux et grand capitaineAlphonse d'Ornano, invité de venir sest rendu Jans Lyon en dili-gence, pour aSSISU r la ville de ses troupes de cavallerie et infante-rie, qu'il a faiet ilespuis entrer, et marcher contre Toissey, commebon'serviteur du Boy et bon catholique qu'il est.

En cesle publique jove, ou toute eens de bien ont pin, t'sjoUy•ez vous, é ville et PruvinceLyonnoise avec vos vOiSifl9, qui avez tant

desire ta ven le ce jour, au quel le bonl.eur se met en capagne,et dsipe les brouillards et nuages de la rebellion, qui dttiguroitvostre beauté, tout ainsi qu'a a venue du soleil les ombres de !ivoici, et tes tenebrea vuident et font place a ce grand luminaire dumande. Esjouyssez vous de rechef, et oubliant vostre ennuy, et tsIuiseres passees qu'avez souffert, reniez graces a la bonté divine, die

vous avoir esveillé du profond sommeil et mie la letlnrgie qui avotsillé VOS yeux et occuppé toua les seutirnens, et qui emapesehoit deeugnoismre et sentir vostre mal. A. ce JOlIF s'est [aide la crise ou iiecnde la maladie du corps du royaume et de l'estat, les extreusites duquel se sont deschargees des humeurs peccantes, par une sueur quilienignewent,soulage les parties nobles, preage de l'approche et entitre guerison d'iceluy.

Vous rmbeLes, posez les armes aux pied du Roy,t rendez es vil-les, places et foi (tresses que vous luy Jeteticz Siusmettcz vous a s.igrace, il est Prince doux, et d'une anse si geIireUse, qn'ii pardonne'.olontiers les offenses. Crainte aucune d'avoir porte ks armes COnU

sa Majesté, ne vous (iesto. rue de ceste soJ3uJssi'rn Il y a un pom; tqui vous sauve et nous, da%oir diffère le recognoistre pour Roy j us

-ques apresent qu'il s'est faiet cathoiqoe cest iarail4lC du chaiig'muent de nostre religion, que nous, devons avur plus eLere que .1

vie.Vous, princes du saog,alltrCS princes, prelats, seigneurs et genlil.

hommes, qui l'avez tonsjours assisté et aidé a:mt pour le devoir deliilelilé que pour ses mentes et bonnes parties qui reluisent en 111v,

ez tellement affectionnés et lies a suri srsiee. quc votrt' couenr:e

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13soit la ruine des s€ditions, de leurs auiheurs, et de tous ceux quivous ont en hayne, et veulent faire tarir le sang de France, lequelils n'ont oneques peu destruire par trahisons, monopoles, et guerresouvertes, Dieu estant de vostre costé.

Et vous, Sire, qui par la grace de Dieu avez en un instant et lorsque moins vous y pensiez, gaigné le coeur des Lyonnois vos treslidelles et obeissans subjecta, lesquels vous ayment et reverent,

ymez nous, conservez nous, defendez nous. Annibal disoit qu'ilaimoit mieux garder un citoyen que perdre et desfaire mille ennetais. Vostre Msjesté ne le dira pas seulement, mais en fera réussirl'effect, nous conservant, nous deffendant, jusques a un. La ville deLyon, est lune des (rois heurs de lys de vostre ecusson de France,la quelle les violentes factions des rebelles avoyent effacé, avec par-tie des autres deux : mais ils ne l'ont peu de tant racler qu'elle nyparoisse maintenant entière. Il yen aune qui est tousjours demeurceen son estre et splendeur, et ny s sinon bien peu de la troisiesme ar'acoustrer, que l'ecusson ne soit en sa premiere perfection. Il mesemble desja voir l'evenement du presage de ladventure qui vousadvint, Sire, en l'aage de quatre ans, qu'eslant seul en un jardinvous prinstes virilement et toastes un gros serpent, de quoy l'on neme croiroil, si un epigramme contenu en un livre imprimé des l'an1858 n'en donnoit témoignage. Mais que signitioit cela? Les poètes,en leurs fables, racontent que hercule estant au berceau estranglales deux serpens que Junon sa malastre en haine d'Alcmene avaitsnvoye pour le suffoquer. Et vous un autre Alcide, Sire, par vostreindomptable force, suffoquerez reelleinent et de faict le plus dange-r-eux et nuisible serpent que la terre produise, o scavoir la guerrecivile, envoyce par une fauce et detestable Junon, a sçavoir l'ambi.tion. Vous avez déjà tranché, et mis ce contagieux serpent en plu.sieurs tronçons: la queue et le milieu en sont coupes, et encores seremue Vil. Reste la teste, la quelle votre Majesté luy escrasera toutd'un coup, ainsi toutes divisions assoupies, et ces noms de Ligueurs,Politiques, Bigarres, Maheutres et autres pernicieux noms de factionét sédition (tels que jadis en Italie ceux de Guelfes et Gibellins, deblancs et de negres a Florence) abolis, la justice et la paix (que laLigue avait banuy) revenues en Fronce s'entrebaiseront, l'eglise remerdera Dieu de votre conversion et priera tous les jours pour vous,la noblesse tesmoignera vostre prouesse, le peuple chantera vostrebonté, les nations estranges, tt rneswe vos haineux publieront vostre

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I 'tclemence, la France jouira d'un bon et asseuré repos, avec abon-dance de tous biens, la Religion Catholique Apostolique

Romaine sera

autant que jamais en vigueur, l'heresie s'enfuira à vau de route, etDieu benira toutes vos actions, entreprises et executions, les quellesquelque mieux disant aura plus de grace a raconter que je n'ai aprédire ces choses.

Le 10 du prescrit mois (le février 191 , les enfans de la ville ontfaict dresser à la place du Change une pyramide a champ rouge, remplie à l'entour de trophees de guerre, et au dedans de fagots, fuse s.et artifices de feu, a la quelle par le piedestal, sur le soir on n mis lefeu, qui a donné grand plaisir d'une girandole à la cime: et ce enesjouyssance de ce que la ville est reduite a l'obeissance de sa MajestéIres chrétienne.

LeUre de Henry 1f' annouçout au.r Lyounois hi prise de Paris.

A nos tres chers et bien aymez, les Maires Eschevins etOfficiers de œstre ville de Lyon.

Tres chers et bien aymez , Dieu par sa saincte grace et bontécontinuant celles dont il iuy a pieu nous assister durant ces troublesa la conservation de cest Etat , et a la confusion de ceux qui envouloyent chasser les vrays et legitimes heritiers , ,pour s'enemparer. a tant favorisé nos veux et bonnes intentions a l'en-droit des habitants de ceste nostre bonne ville de Paris, qu'avecle grand et signalé service quç le sieur comte de Brissac y a rendu,nous y sommes aujourd'huy entrez paisibles et sans effusion desang, ni qu'un senl bourgeois ayt recen incommodité en sa per-sonne, ni en ses biens , si non trois ou quatre qui se sont faictstuer par leur obstination et desdaing de la grace qui leur estait faictede nostre part, s'estant par leurs armes voulu opposer non seule-ment a nos forces mais aussi au consentement et desir presquegeneral de leurs concitoyens, de nous recognoistre , comme ilsont temoigne venans au devant de nous les bras estendus avec al.legresse et grandes acclamations , criaus , vive le Roy. Les estran.-ers , qui estoyent dans la dicte ville, se sont retirez en un logis,et ont mis les armes bas en leur accordant de nostre part, commenous avons faict , de s'en aller vies et bagues sauves , et sont partis

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dès cct apres disnee. La Bastille tient encore, si peu fournie ton-tes rois d'hommes et des commodités necessaires , que nous enesperons la prinse dans peu de jours. Cependant nous vousavons bien voulu advertir de ce qui est succedé , attendant quevous en sachiez les autres particularites. A quoy nous adjusteronsencores que sur les huiet heures voyant tout le reste paisiblerions en avons esté rendre graces a Dieu dans la grande eglise deNostre Dame, ou nous avons par mesme moyen ouy la messe,desirant aussi que par processions et autres solemnités , vous tuyen laciez rendre semblables graces, avec feux de joye commue cebon sucres te mente, qui en peut tirer beaucoup d'autres apres soypar son exemple.

Donné en nostre bonne ville de Paris le 22 mars 159.

Ilsr'jay.

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