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Introduction
On parle souvent de société de consommation, d’économie d’offre, de politique de relance de
la consommation, etc. Au cœur de ces problématiques, se trouve la question de
consommation, chère à Malthus puis à Keynes. Cette notion de consommation est l’un des
principaux moteurs et d’ailleurs la finalité de l’activité économique. En effet, la fonction de
consommation joue un rôle capital dans la détermination de plusieurs agrégats dont le Produit
Intérieur Brut (PIB). C’est pour cela que Jean-Michel Normand déclare “Consommer n’est
plus seulement un acte économique. C’est aussi l’aboutissement d’un processus de décision
porteur d’affects, au sein duquel l’imaginaire s’instille avec une discrète obstination’’.
Ainsi, entant que processus, la consommation peut être finale ou intermédiaire. Elle est finale
si les biens et services sont consommés pour la satisfaction directe et immédiate des besoins
par contre la consommation elle est dite intermédiaire si les biens et services sont utilisés pour
produire d’autres biens et services.
Plusieurs théories (classiques et néoclassiques) et beaucoup d’études abordent la question de
consommation sous différents aspects.
Si la théorie néoclassique dit que lorsque le prix d’un bien augmente, la demande du bien
augmente et que l’individu cherche toujours à maximiser son utilité sous contrainte de son
budget, il est à remarquer que le prix et le revenu ne suffisent pas toujours pour expliquer les
dépenses de consommation.
En effet, la loi d’Engels nous rappelle que la répartition de la consommation entre biens dits
supérieurs, intermédiaires ou inférieurs s’effectue selon l’évaluation du niveau de revenu ;
sous-entendu le revenu disponible. A cela s’ajoute le patrimoine ou richesse du ménage, mais
aussi le revenu financier ou intérêt des placements au travers des dividendes versés par les
entreprises.
Cependant, Keynes vient nuancer ces assertions en insistant sur la loi psychologique « la loi
psychologique sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois à priori en
raison de notre connaissance de la nature humaine et a postériori en raison des renseignements
détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à
accroître leur niveau de consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une
quantité aussi grande que l’augmentation du revenu », En effet, trois hypothèses sous-tendent
cette conception Keynesienne. qui induit essentiellement trois (3) hypothèses à savoir :
- La loi psychologique : quand le revenu augmente, la consommation augment mais
dans des proportions moindres,
- Lorsque le revenu d’un agent augmente, la part consommée du revenu diminue,
- Le revenu disponible est le seul déterminant de la consommation, effet marginal du
taux d’intérêt
Cette conception de la fonction de consommation, a des implications sur le niveau de
consommation et de l’épargne qui ne dépendent que du revenu courant et n’intègre pas (ce
sera sa principale insuffisance) le cycle de vie par lequel un individu passe tout individu.
C’est d’ailleurs pour cette insuffisance que les nouvelles théories de la consommation
proposent d’intégrer à l’analyse les anticipations.
Dans le cadre de ce travail, nous allons aborder tour à tour, la théorie d’Irving Fisher sur les
choix intertemporels des agents économiques, la théorie du cycle de vie de Franco Modigliani
du MIT (Massachusetts Institute of Technology), la théorie du revenu relatif de James
DUESENBERRY, la théorie du revenu permanent de Milton Friedman de l’Université de
Chicago, la théorie de la marche au hasard de Robert Hall, la théorie de la pression de la
gratification immédiate de David Laibson. Une conclusion viendra clore notre travail.
I-La théorie de Irving Fisher et le choix inter temporel
La fonction de consommation précédemment proposée par Keynes relie seulement la
consommation courante au revenu courant et donc ne tient pas compte du faite que les
consommateurs fondent leurs décisions de consommation, non seulement sur le présent, mais
aussi sur l’avenir.
Sur ce, l’économiste Irving Fisher (1930) a mis au point un modèle qui met en exergue
comment les consommateurs rationnels anticipant l’avenir font leurs choix inter temporels.
Ainsi le développement de cette idée s’articulera au tour de deux points.
1-La contrainte budgétaire inter temporelle, les préférences du consommateur et
l’optimisation
a- La contrainte budgétaire inter temporelle :
La seule raison qui pousse les agents à consommer moins qu’ils le souhaitent est que leur
consommation est contrainte par leur revenu. En d’autres termes, les consommateurs sont
confrontés à une limite, appelée contrainte budgétaire, quant à ce qu’ils peuvent dépenser.
Leur décision relative à la partie de leur revenu qu’ils consomment aujourd’hui et celle
qu’ils épargnent en vue de l’avenir est dictée par la contrainte budgétaire inter temporelle.
En effet, celle-ci mesure la ressource totale qui peut être consacrée à la consommation
aujourd’hui et demain.
b- les préférences du consommateur et l’optimisation :
Les préférences des consommateurs sont représentées par les courbes d’indifférences quand à
la variation de leur consommation au cours de deux périodes. Toute courbe d’indifférence
illustrant les diverses combinaisons possibles de consommation à la période 1 et à la période
2, assurant à consommation aux consommateurs la même satisfaction. Si la satisfaction du
consommateur est équivalente en tout point de toute courbe d’indifférence donnée, il préfère
pourtant certaine certaines courbes courbe d’indifférence que à d’autres. Comme il souhaite
consommer plutôt plus que moins, les Courbes d’indifférences ont d’autant plus sa valeur
qu’elles sont élevées.
Quant à l’optimisation, la connaissance désormais de la contrainte budgétaire et les
préférences du consommateur nous permettent de nous pencher sur la répartition du revenu
entre la consommation aujourd’hui et l’épargne pour demain. Le but du consommateur est
d’obtenir la combinaison optimale de sa consommation entre deux périodes (1 et 2).En
d’autres termes il souhaite se situer sur la courbe d’indifférence la plus élevée possible.
Toute fois, sa contrainte budgétaire lui impose de se situer sur ou en dessous de la droite de
budget : celle –ci mesure en effet les ressources totales dont il dispos e. Ainsi, qu’à
l’optimum, la pente de la courbe d’indifférence est égale à celle de la droite de budget. Elle
traduit le taux marginale de substitution (TMS) et celle de la droite du budget.Le
consommateur fixe sa consommation â à chacune des deux périodes de telle sorte que son
taux marginal de substitution soit égal à un (1) plus le taux d’intérêt réel (TMS = r+1).
2-Impact des variations Implications du revenu et du taux d’intérêt sur la
consommation
a- Implications du revenu sur la consommation
Toute variation des revenus disponibles (r restant constant) se traduit par une variation dans le
même sens de la richesse. La droite budgétaire va subir un déplacement parallèle, puisque la
pente ne varie pas, et par conséquent les consommations présentes et futures ainsi que
l’épargne vont aussi varier dans le même sens :
ΔY1 > 0 et/ou ΔY2 > 0 ⇒ ΔW > 0 ⇒ ΔC1 > 0 et ΔC2 > 0 et ΔS > 0
ΔY1 < 0 et/ou ΔY2 < 0 ⇒ ΔW < 0 ⇒ ΔC1 < 0 et ΔC2 < 0 et ΔS < 0
b- Implications du taux d’intérêt sur la consommation
Toute variation du taux d’intérêt réel (Y1 et Y2 restant constants) implique un déplacement
non parallèle de la droite budgétaire et par la même un déplacement de l’équilibre. Ce
déplacement de l’équilibre résulte d’un double effet : un effet richesse et un effet substitution.
-L’effet richesse résulte du fait que le ménage va se sentir plus riche ou plus pauvre selon le
sens de variation du taux d’intérêt et selon que l’agent soit débiteur ou créditeur : une
augmentation du taux d’intérêt enrichit l’agent créditeur et appauvrit l’agent débiteur et
inversement. Et tout enrichissement (appauvrissement) implique une augmentation (une
baisse) de C1 et de C2.
-L’autre effet de la variation du taux d’intérêt est la modification de la récompense de la
renonciation au présent, c’est à dire du prix de C1 en terme de C2. Ceci se traduit par un effet
de substitution qui est le mêmes quelle que soit la situation de l’agent : une augmentation du
taux d’intérêt incite à l’épargne et a donc un effet négatif sur la consommation présente et
positif sur la consommation future, et inversement.
Les effets conjugués (effet global) sont donc relativement complexes sur les consommations
présentes et futures et sur l’épargne. Ils dépendent du sens de variation du taux d’intérêt et de
la situation de l’agent. Toutefois, les tenants de ce modèle font l’hypothèse que lorsque l’effet
revenu et l’effet substitution ne vont pas dans le même sens, c’est ce dernier qui l’emporte de
sorte que, par exemple, si l’effet revenu est positif et l’effet substitution est négatif, l’effet
global sera négatif.
Si nous supposons que l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu, nous pouvons
conclure que l’approche de Fisher établit une relation croissante entre la consommation
présente et la richesse (la richesse elle-même est fonction croissante des revenus) et
décroissante entre la consommation présente et le taux d’intérêt réel.
Par ailleurs le modèle de Fisher fait aussi l’hypothèse sur les contraintes affectant l’emprunt.
En effet le consommateur est libre d’emprunter autant que d’épargner. Cette faculté permet à
la consommation courante d’excéder le revenu courant. Le consommateur qui emprunte
consomme aujourd’hui une partie de son revenu futur. Cela n’est cependant pas possible pour
tout le monde. Car a à titre d’exemple, un étudiant voulant prendre ses vacances ne pourrait
probablement pas les financer par un prêt bancaire.
Dans le modèle de Fisher, si le consommateur n’est pas en mesure d’emprunter, sa
consommation courante ne peut excéder son revenu courant. Cette inégalité exprime que la
consommation en période 1 doit nécessairement être égale ou inférieure au revenu de la
période 1. Cette contrainte supplémentaire imposée au consommateur est appelée
rationnement du crédit ou contrainte de liquidité.
II- La théorie du cycle de vie de MODIGLIANI
Elaborée dans les années 1950, Franco Modigliani et ses collaborateurs Albert Ando et
Richard Brumberg vont se référer aux conclusions du modèle de Fisher de la consommation
pour tenter de résoudre l’énigme de la consommation et expliquer la contradiction entre la
théorie keynésienne et les faits observés. En effet la théorie du cycle de vie constate que
pendant la période d’activité, la consommation des ménages varie moins proportionnellement
que leur revenu. Les épargnants limitent ainsi leur consommation dans le but de constituer
par précaution, une épargne pour la retraite.
«Elaborée par Ando-Modigliani (1963) et Modigliani-Brumberg (1954), la théorie du cycle
de vie constate que pendant leur période d’activité, la consommation des ménages varie moins
proportionnellement que leur revenu. Les épargnants limitent ainsi leur consommation dans
le but constituer, par précaution, une épargne pour la retraite.
J»
1- Modèle de base
Partant du principe selon lequel pour chaque ménage, il existe un cycle de vie caractérisé en
fonction de l’âge et subdivisé en trois phases à savoir : la jeunesse, activité et la retraite. La
théorie du cycle de vie envisage des relations entre le revenu, la consommation et le
patrimoine, en faisant l’hypothèse fondamentale que le consommateur a stabilisé son niveau
de consommation au cours de sa vie grâce à son patrimoine.
Le modèle de base est celui que Modigliani présenta en 1963. Présenté en 1963, Modigliani
part du principe que pour chaque ménage, il existe un cycle de vie caractérisé en fonction de
l’âge et subdivisé en trois phases à savoir : la jeunesse, l’activité et la retraite.
a- Revenu, consommation et patrimoine
Pour garder le niveau de vie stable après la retraite, les dépenses sont étalées dans le temps
grâce à l’épargne durant la phase d’activité (adulte) et le patrimoine dont les ménages
disposent initialement. Dans une formulation simple de la théorie du cycle de vie, les ménages
connaissent leur durée de vie (finie) et leurs revenus futurs, ils peuvent emprunter et prêter.
Dans ces conditions, les propensions moyenne et marginale à consommer sont toutes deux
égales à l’unité car toute augmentation du revenu sera consommée. En effet, en l’absence
d’héritage ou d’incertitude sur la date de leur décès, les ménages n’ont aucune raison de
laisser un revenu inemployé, et ne vivent que pour consommer. De ce fait, l’accumulation du
patrimoine répond surtout au besoin d’épargne pour la retraite, et la richesse suit une
évolution en cloche en fonction de l’âge. Ce phénomène est ainsi nommé « hump saving » par
Harrod (1948). De ce fait, la consommation, le revenu et le patrimoine sont représentés durant
le cycle de vie par le schéma suivant :
SCHEMA DU CYCLE DE VIE DE MODIGLIANI.
b-Problèmes d’agrégation
Au niveau agrégé, la théorie du cycle de vie affirme que le taux d’épargne moyen des
ménages dépend avant tout des variables démographiques.
La principale distinction entre l’hypothèse du cycle de vie et la théorie du revenu permanent
est l’horizon inter temporel du ménage, respectivement fini ou infini. L’hypothèse du cycle de
vie considère un horizon fini qui se ramène à trois périodes distinctes (jeunesse, activité et
retraite). La différence entre revenu permanent et cycle de vie ne repose donc pas sur
l’horizon des ménages, mais sur l’hypothèse d’agent représentatif.
Dans la théorie du revenu permanent, le comportement individuel de consommation est
supposé représentatif de la consommation globale des ménages. Ainsi, théoriquement aucun
problème d’agrégation ne se pose. Au contraire, puisque l’horizon des ménages est fini alors
que la société a une durée de vie que l’on suppose infinie, l’hypothèse de cycle de vie ne peut
reposer sur un agent représentatif. Dès lors, la procédure d’agrégation des agents devient très
importante. On procède alors par l’imbrication des générations : tous les agents ne sont pas «
jeunes », « actifs » ou « retraités » en même temps. De ce fait, les trois générations cohabitent
et la consommation globale résulte de l’agrégation de ces trois générations à un moment
défini. Cette structure est celle des « modèles à générations imbriquées », mise au point par
Allais [1947] et Samuelson [1958].
2- Implications du modèle
a-Implications sur la consommation
En courte période et la richesse étant constante la fonction de consommation vérifie celle
keynésienne. Mais en longue période, lorsque la richesse augmente il en résulte un
déplacement de la fonction de consommation vers le haut. De ce fait, lorsque le revenu
augmente, la PMC ne se réduit pas.
a-Implications sur le revenu et le patrimoine
Dans une étude en en courte période, un revenu élevé peut correspondre à une PMC faible, du
fait que la richesse ne varie pas dans les mêmes proportions que le revenu. Par contre, à long
terme la richesse et le revenu croissent ensemble. Il en résulte alors une PMC constante.
III- La théorie du revenu relatif : James DUESENBERRY
1-Modèle de base
En 1949, James DUESENBERRY a proposé la théorie du revenu relatif pour tenter de
concilier les fonctions de consommation de court terme en coupe transversale selon
lesquelles la propension moyenne à consommer (PMC) est décroissante et celle de
longue période où la propension moyenne à consommer (PMC) est constante.
a-L’ effet de démonstration
Selon James DUESENBERRY, c’est le revenu relatif et non le revenu absolu qui est à la
base de la décision de consommer et d’épargner. Cette hypothèse a un fondement
microéconomique. De fait, dans la société, l’individu essaie de copier le style de vie de
la classe sociale supérieure : c’est l’effet de démonstration (de snobisme).
b-L’effet de cliquet
A travers son analyse, Duesenberry montre que le niveau de consommation atteint
pendant une période donnée dépend non seulement du revenu courant mais aussi du
niveau le plus élevé atteint pendant la période précédente. Il s’ensuit qu’au cours d’une
crise économique ou d’une récession, les consommateurs s’efforcent de défendre le genre
de vie précédemment adopté. Cette persistance des habitudes de consommation se traduit,
en période de baisse conjoncturelle des revenus, par une augmentation de la PmC. La
consommation ne suit pas proportionnellement la baisse du revenu. C’est ce que l’on
appelle l’effet Cliquet ou de Crémaillère de Duesenberry.
Duesenberry montre que le niveau de consommation atteint pendant une période donnée
dépend non seulement du revenu courant mais aussi du niveau de revenu le plus élevé
atteint pendant la période précédente.Ainsi, même en cas d’une baisse du revenu, les
consommateurs s’efforcent à court terme de garder le genre de vie précédemment adopté.
C’est ce que l’on appelle l’effet Cliquet ou de Crémaillère de Duesenberry
2-Implications du modèle
Dans ce modèle, l’effet de démonstration et l’effet cliquet entrainent des fluctuations sur
la propension moyenne à consommer (PMC) et sur la propension marginale à consommer
(PmC).
a-Implications de l’effet de démonstration
L’effet de démonstration implique que la propension à consommer des groupes
d’individus dont le revenu est plus faible sera plus grande que celle d’individus dont le
revenu est plus élevé car les premiers cherchent à imiter ceux qui ont un niveau de vie
plus élevé. La consommation dépend donc du niveau de vie de ceux qui constituent une
référence dans leur environnement.
En effet, les personnes d’une basse classe sociale dans un environnement donné
chercheront à diminuer les écarts entre leurs niveaux de vie et le niveau de vie des classes
sociales plus élevées. Par conséquent, lorsque le revenu d’un individu augmente par
rapport au revenu des autres individus dans son environnement, sa propension marginale
et moyenne diminuent car il a moins d’efforts à fournir.
La PMC et la PmC augmentent dans le cas contraire. Tout se passe comme si les
consommateurs réagissent à la baisse de leur revenu par une hausse de leur propension à
consommer afin de préserver le niveau de vie qu’ils ont.
Ainsi, à distribution de revenu inchangée, la croissance de revenu globale n’aura pas
d’effet sur la consommation globale qui demeurera constante. Ainsi, en longue période,
une distribution plus égalitaire des revenus fera que la PMC et PmC des différentes
classes sociales demeureront constantes.
b-Implications de l’effet cliquet
Cet effet traduit la volonté des consommateurs de sauvegarder le niveau qu’ils ont atteint.
La consommation suit une progression linéaire et en phase avec la progression du revenu
en période d’expansion. Cette persistance des habitudes de consommation se traduit, en
période de baisse conjoncturelle des revenus, par une augmentation de la propension
marginale à consommer. La consommation ne suit pas proportionnellement la baisse du
revenu.
IV- Théorie du revenu permanent
1- Le modèle de base du revenu permanent
a-Les critiques sur la stabilité de la relation consommation/revenu
Dans sa théorie du revenu permanent Milton Friedman tente d’invalider le principe de la
stabilité de la relation consommation/revenu. Pour cela il distingue dans le revenu des
ménages un "revenu permanent" et une part temporaire ou accidentelle dite "revenu
transitoire" (des plus-values, des heures supplémentaires, les aléas de l'activité pour les
travailleurs indépendants…). Ainsi, Friedman fait observer que le revenu réel des
ménages n'est jamais régulier au cours de leur vie et leur consommation est plus stable
dans le temps que ce dernier. Parce que les revenus des ménages subissent d’année en
année des chocs aléatoires et temporaires. Cette analyse permet d’aboutir à la conclusion
que la baisse de revenu ne correspond pas toujours à une baisse de consommation parce
que la consommation n'est pas seulement fonction du revenu courant, mais des revenus
(revenus passés et revenus futurs c'est-à-dire la richesse de l'agent). Donc, les agents ne
déterminent pas leur consommation courante en fonction du revenu courant mais plutôt
du "revenu permanent".
Cette analyse peut être formalisée de la façon suivante :
Y=Y P+Y T ,Y P≤revenu permanent et Y T≤revenu transitoire
b-Définition du revenu permanent
Le revenu permanent est le revenu qu’un consommateur peut dédier à sa consommation
en maintenant constante la valeur de son capital. Ainsi, il est « la somme qu’un
consommateur peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital ».
Autrement dit, le revenu permanent est le revenu moyen que le ménage pense percevoir
pendant toute sa vie, déterminé par la richesse totale anticipée et le taux d'intérêt. Vu sous
l’angle des avoirs d’un ménage, le revenu permanent sera considéré comme le reflet des
revenus annuels stables sur une longue période dont la valeur présente actualisée est
égale à la richesse de ce ménage. Quand un ménage épargne, il ajoute à sa richesse et
accroît donc son revenu permanent. C’est pourquoi, nous pouvons dire que ce concept est
intimement lié au concept de richesse (W).
W =Y 1+Y 2
(1+r )+
Y 3
(1+r )2 +Y 4
(1+r)3 …… ..+Y n
(1+r )n−1
2- Implication sur la fonction de consommation
L’idée de base de la théorie du revenu permanent est que les ménages orientent leur
consommation permanente en fonction de la partie permanente de leur revenu et adoptent
un autre comportement face à leur revenu transitoire. Quand les revenus courants
augmentent ou baissent temporairement, les ménages ne bouleversent pas complètement
leurs habitudes de consommation. S’il s’agit d’une baisse temporaire, ils puisent dans
leur épargne accumulée pour financer leurs dépenses normales de consommation ; s’il
s’agit d’une augmentation temporaire, ils consacrent à l’épargne une proportion plus
élevée de leur revenu que d’habitude.
L’idée maîtresse derrière la théorie du revenu permanent est que la consommation
courante est une proportion du revenu disponible courant, mais cette proportion est plus
importante pour la partie du revenu qui est permanente et plus faible pour celle qui est
transitoire. Les ménages épargnent une plus grande proportion de leur revenu transitoire
que celle relative à leur revenu permanent. Si leurs revenus transitoires deviennent
négatifs, ils puisent dans leurs épargnes pour maintenir leurs niveaux de vie. L’une des
conséquences de la distinction entre le revenu permanent et le revenu transitoire est la
variation de la PMC et de la PmC à court terme par rapport à leurs valeurs de long terme
au cours du cycle économique7. En effet, en période d’expansion économique, les
ménages réalisent des revenus transitoires positifs et importants, ce qui les incite à
l’épargne ; leur richesse va donc augmenter. Ils ont un comportement inverse en cas de
récession et de revenus transitoires négatifs
Graphique
Deux forces contraires agissent ainsi sur la PMC. La première tend à favoriser une baisse
du ratio YC
à court terme en période d’expansion et une hausse en période de
ralentissement. Cela est dû au fait que la consommation est relativement stable dans le
temps, mais les revenus le sont moins. Mais ces tendances sont contrecarrées par la
tendance des ménages à épargner une forte proportion des revenus transitoires. La
conséquence de ces mécanismes est que la fonction de consommation n’est stable qu’à
long terme. A court terme cette fonction est instable.
Si nous désignons par C tP consommation permanente de long terme, on peut écrire la
fonction de consommation permanente de long terme comme suit : C tP=k Y t
P
où k est la propension marginale à consommer le revenu permanent anticipé.
3- Limites de la théorie
La principale critique de cette théorie vient des keynésiens. En effet, ceux-ci ont objecté à
la théorie Friedmanienne que cette théorie reposait sur le fait que les ménages pouvaient
librement et sans coût déplacer des revenus d’une période à une autre. En particulier, la
théorie Friedmanienne suppose qu’il n’y a pas d’obstacle à l’emprunt. C’est ce que l’on
appelle d’un point de vue théorique, l’hypothèse de marchés financiers parfaits. Or une
telle hypothèse est loin d’être réaliste. En particulier, les possibilités d’emprunter (de
désépargner) ou de placer de l’argent sont souvent très réduites pour les ménages les plus
modestes. Une telle objection n’est pas dénuée de fondements, si bien qu’il est
raisonnable de penser que la vérité doit être quelque part entre les théories du revenu
courant et les théories du revenu permanent. Toutefois, l’évolution des marchés
financiers avec le développement d’outils de plus en plus variés rend cette critique sans
doute moins pertinente. D’autant plus que la montée des incertitudes sur les marchés
financiers accroît probablement les désirs des ménages de s’assurer contre les aléas de la
conjoncture. La conséquence pour nous est de considérer que la fonction de
consommation peut néanmoins être réaliste, mais en considérant un coefficient a plus
faible que ce qu’envisageaient les keynésiens
V-Théorie de la marche au hasard de Rober HALL
L’hypothèse du revenu permanent découle du modèle de choix inter temporel de Fisher.
En effet, cette hypothèse montre que les consommateurs baissent leurs décisions de
consommation sur le revenu courant mais également sur le revenu futur anticipé.
Des recherches récentes en matière de consommation ont relié cette approche à
l’hypothèse des anticipations rationnelles selon laquelle les agents utilisent toute
l’information disponible pour formuler les prévisions optimales quant à l’avenir.
1-Hypothèse de base
Selon l’économiste Robert Hall, si l’hypothèse de revenu permanent se vérifie et si les
consommateurs ont des anticipations rationnelles, il est difficile de prévoir les variations
de la consommation dans le temps. On parle alors de la marche au hasard de la
consommation. Quand les changements d’une variable sont imprévisibles, on dit que
cette variable suit un processus aléatoire. Si l’on accepte l’hypothèse du revenu, les
consommateurs confrontés à des variations de leurs revenus, s’efforcent de lisser au
maximum leurs consommations dans le temps. Chaque moment, ils basent leurs
consommations sur les anticipations qu’ils ont actuellement quant à leurs revenus, tout au
long de leur vie. Les évènements nouveaux qui modifient ces anticipations les amènent à
faire varier leur consommation.
2-Implications du modèle
L’approche des anticipations rationnelles de la consommation a des implications non
seulement pour la prévision mais également pour l’analyse des politiques économiques.
Ainsi, supposons que le parlement décide un relèvement fiscal qui n’entrera en vigueur
que l’année prochaine. Ceci amène les consommateurs à réviser à la baisse leurs
anticipations quant à leurs revenus futurs et donc à réduire dès à présent leurs
consommations. Lorsque le relèvement fiscal entre effectivement en vigueur, l’année
suivante, la consommation ne se modifie plus, puisqu’il ne s’est passé rien de neuf depuis
que la modification fiscale a été annoncée et /ou décidée.
On voit donc que si les consommateurs ont des anticipations rationnelles, les
responsables politiques influencent l’économie, non seulement au travers de leurs propres
actions mais également par le biais de l’anticipation ces actions par les agents. Comme il
n’est pas possible d’observer directement les anticipations, il est souvent difficile de
savoir comment et quand les variations des politiques budgétaires influencent la
demande agrégée.
VI-David Laibson et la pression de la gratification immédiate.
Omis la loi psychologique fondamentale de Keynes, la plupart des économistes font
l’hypothèse que les consommateurs maximisent rationnellement leur utilité et évaluent en
permanence les possibilités et projets qui s’offrent à eux pour obtenir la satisfaction
maximale sur l’ensemble de leur vie. Ce modèle de comportement humain a inspiré
tout le travail effectué dans le cadre de la théorie de la consommation, d’Irving Fisher à
robert hall.
Tout récemment, les économistes sont ce pendant retournés à la psychologie. Ils ont
suggéré que les décisions de consommation n’étaient pas le fait de l’homo economicus
rationnel, mais d’êtres humains à part entière dont le comportement peut s’avère loin
d’être rationnel. Le principal responsable de cette intrusion de la psychologie dans le
champ économique : l’économie de comportement, est David Laibson.
Pour lui, de nombreux consommateurs jugent qu’ils prennent de mauvaises décisions.
Dans un sondage aux États unies 76% des personnes interrogées ont déclaré ne pas
épargné en vue de leur retraite. Le défaut d’épargner s’élevait en moyenne à 11 points de
pourcentage. Ainsi pour Laibson, l’insuffisance d’épargne est liée à un autre
phénomène : La pression de gratification immédiate. L’attention accrue des économistes
pour la psychologie va-t-elle contribuer à une meilleure compréhension du
comportement du consommateur? Pourra-t-on en tirer de nouvelles prescriptions, par
exemple en ce qui concerne les politiques fiscales à l’égard de l’épargne?
Laibson suggère que les effets psychologiques sont importants pour comprendre le
comportement des consommateurs. En particulier, eu égard au puissant besoin de
gratification immédiate, les consommateurs peuvent avoir un comportement incohérent
dans le temps, et épargner moins qu’ils ne le souhaitent.
Conclusion
Nous venons de voir comment l’interprétation du comportement du consommateur s’est
progressivement modifiée en passant en revue les travaux d’autres auteurs à, part Keynes,
ceci prouve le débat encore actuel sur les déterminants de la consommation. Le constat
est que les économistes ne se sont pas entendus sur l’impact des taux d’intérêts et des
restrictions d’accès au crédit ou encore sur l’importance des effets psychologiques. Or
cette approche différente de la fonction de consommation n’est pas sans impacts sur leur
interprétation des incidences dans politiques économiques.
Conclusion
En définitive, la fonction de consommation, bien que liée au revenu, dépend d’autres
facteurs qui se rapportent parfois à des considérations d’ordre psychologique. Cette
relation est aussi plus ou moins corrélée selon la durée de la période considérée. Si à
court terme la relation semble moins vérifiée que sur une longue période