Les armoiries de la ville de Nantes - La Chancellerie des...

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LES ARMOIRIES DE LA VILLE DE NANTES En 1711 , des fouilles pratiquées dans l'église dc Notre-I)anie de Paris, mirent û jour cinq autels gallo-romains enfouis sous le sol du choeur. L'un de ces inonunicitis avait conservé l'inscription sui- vante TIBERJO C,ESAIIE AV. JOVI OPTVMO MAXSVMO [aru.]M NAVTAE PAIUSIACI I'vrILu;E POSIERVNT i. En 1805, non loin de l'ancienne porte Saint-Pierre, presque sous la cathédrale de Nantes, des ouvriers exhumèrent une pierre sur laquelle étaient gravés, en caractères gallo—romains , les mots DEO. VOL. PRO SAUTE Vic[auorunt] P0RT[ensiurn] ET NAV[tarumj LIG[eris] a Ainsi û l'époque (le la domination romaine, Paris, future capitule de la Frauce, Nantes, future capitale de la Bretagne, chacune assise sur la rive d'un fleuve, possédaient également une compagnie, une association de mules ou marins, dont la tradition s'est conservée jusqu'à nous, au moyen des monuments de leur pieuse libéralité. I HISTOIRE DE LA VILLE DE PARIS, par D. M. Ftibien et D. G. Lubineau, 173, t. I, P . des Anliquiws reUiqae, N i. 2 I'i'rrc illarée , ous la galerie ik ïIlûteI-dc-ViUe de Nante. ' o n r r' 11•1g UE Document I I I III I II IID 0000005562732

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LES

ARMOIRIESDE

LA VILLE DE NANTES

En 1711 , des fouilles pratiquées dans l'église dc Notre-I)anie deParis, mirent û jour cinq autels gallo-romains enfouis sous le soldu choeur. L'un de ces inonunicitis avait conservé l'inscription sui-vante

TIBERJO C,ESAIIE AV. JOVI OPTVMO MAXSVMO [aru.]MNAVTAE PAIUSIACI I'vrILu;E POSIERVNT i.

En 1805, non loin de l'ancienne porte Saint-Pierre, presquesous la cathédrale de Nantes, des ouvriers exhumèrent une pierresur laquelle étaient gravés, en caractères gallo—romains , les mots

DEO. VOL. PRO SAUTE Vic[auorunt] P0RT[ensiurn] ET NAV[tarumjLIG[eris] a

Ainsi û l'époque (le la domination romaine, Paris, future capitulede la Frauce, Nantes, future capitale de la Bretagne, chacune assisesur la rive d'un fleuve, possédaient également une compagnie, uneassociation de mules ou marins, dont la tradition s'est conservéejusqu'à nous, au moyen des monuments de leur pieuse libéralité.

I HISTOIRE DE LA VILLE DE PARIS, par D. M. Ftibien et D. G. Lubineau, 173, t. I,P . des Anliquiws reUiqae, N i.

2 I'i'rrc illarée , ous la galerie ik ïIlûteI-dc-ViUe de Nante.

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.1 LES ARMOIRIES

Pour l'une, comme pour l'autre, le commerce fut donc l'élémentconstitutif de leur développement et de leur grandeur.

Par un curieux rapprochement, tout à fait étranger à l'art dublason, - cela va sans dire, - nous croyons pouvoir signaler untrès-beau statère d'or (les Nainnètes, frappé environ un siècle avantla conquête, sur lequel se trouve déjà la barque, destinée à devenir,treize ou quatorze cents ans plus tard, le symbole de la ville àlaquelle la vieille tribu gauloise a légué soitnom '.

M. Petit-Radel croit voir un Ijaris égyptien, et par conséquent unsymbole d'Isis, déesse de la navigation , dans la barque représentéeau MUe siècle sui' le sceau de la prévôté de Paris'. Celle du sceaude la prévôté de Nantes est û peu près identique. Toutes deux rap-pellent, à s'y méprendre, la gondole vénitienne, ii la forme antiqueet élégante, perpétuée jusqu'à nos jours. Au reste , cette barque,quel que soit soit type, peut être l'attribut d'une divinité, mais bienmieux encore celui du commerce, ainsi que le démontrent, et lesdeux inscriptions des Mules, et la structure plaie de l'esquif gravésur le statère des Namnètes, esquif dont un spécimen, retiré deseaux mêmes de la Loire, est déposé au Musée Archéologique deNantes.

Au moyen âge, le chef de la corporation des marchands pari-siens est désigné sous le nom de Prérôi de la marchandise de l'eau.De là, suivant l'opinion dc plusieurs auteurs, le navire des armesde la cité , gravé sur le sceau du prévôt (les marchands.

De nième que Paris, Nanles eut aussitôt son prévôt, et les aimesde la première sont de gueules au navire d'argent flottant, au chefde France, comme le blason de la seconde est de gueules au navired'or flottant, au chef de Bretagne .

vIf I'BT (1ULOiS par Ni. E. Iliwlier, Monnaies des Nainm(es.Ni. F. l'arei,teati, conservateur t,i Musée Archéologique detiks, possède éga -

leuie ii t, il;iris su collection , un ee.uiptai ce de cette pièce reniarqitabtu2 CmOLIÊME MiOii(i (le M. Pi,tit—Iladel, juillet 1810, note dc la traduction de

Panckoucke, P. U.Remarquons toulerois que le prévôt de Paris et celui de N.9ntes ont bien le

tudiac nom, uuiis différent par l'origine. Le premier était, au \ hP siècle du moins,un magistrat désigné, dans un arrét (le 168, sous le titre de Prepositas niercaloritm,

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DE LA VILLE DE NANTES.

Le sceau (le l'ancienne prévôté de Nantes qui nous a été conservé,peut servir de premier jalon pour les recherches héraldiques ausujet des armoiries de notre ville. Dans une légère nacelle, auxextrémités recourbées et ornées de pennons, le duc (le Bretagne,armé de toutes pièces, reconnaissable à son écu échiqueté de Dreux,air quartier chargé de deux mouchetures d'hermines, la maindroite brandissant l'épée, semble cumbitLre pour la sûreté et ladéfense de la bonne ville, clef de sa duché. » Mais cette tratiuc-Lion toute militaire de la pensée du prince peut s'appliquer aussi,avec non moins de raison, à la protection bienveillante pu" laquelleles ducs cherchèrent à encourager et à développer le désir ou lebesoin , qui bientôt allait porter la cité nantaise û des tentativesd'administration particu l ière, germe de l'organisation de sa viecivile et politique.

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L'aspect (le cette empreinte indique la fin du XHI e siècle, ou toutau plus les premières années du XIV, attribution que confirme laforme des lettres de la légende latine

s[9iurn] PREPOSITYBE NANNETENSIS .

Ait se trouve le contre-sceau. La nacelle est devenue unebarque. La forme a peu varié ; cependant on y voit un mût et (les

et deije un autre arrêt le 1273, Ir,is(cr scabinorurn , maitre des échevins, ce quittilIe constituer une origine populaire, tandis que le second était, ait un

iaeklrat seigneurial. Cependant ils avaient entre eux une certaine analogie dcjuridiction.

Ce monument igillograpIuiquv , sic 0,037 de diamétre , est apposé, sur queue deparchemin, ait d'un acte d'obligation de payer au duc 445 livres de rente, pour

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6 LES ARMOIRIES

cordages. Quatre hermines dans le champ ont remplacé les croissants et l'étoile qui, sur l'avers, semblent guider la nacelle ducale.Les attributs héraldiques sont fixés; l'emblème du commerce etl'hermine bretonne sont désormais les insignes de Nantes.

La légende française

LE CONTRE SEAV DE LA PLr] VOTÉ DE N[antes],

ll(flOLû pour cette seconde empreinte la fin du XEV e siècle.A l'époque (les mariages d'Anne de Bretagne avec les rois

Charles VIII (1401) et Louis XII (1400), le navire du sceau de laPrévôté porte un écusson mi-parti France et Bretagne.

Aux funérailles (le la reine Aune, quand son cceur fut déposé dansle tombeau des Carmes, monument de sa piété filiale, le blason desa ville bien-aimée figura dans le cortége. « Aussi y avait cent» torches armoyées aux armes de la ville, portées par poures ves.» tuz de deul avans les cliapperons en forme; lesquelles armesz sont : de gucles, à ung chef d'/termynes, à une nef dor fiDianlez sur mer, mas1e, cordée et hunée de mesme, 6 une voile d'ar-» gent enrichie d'herni.ynes'. »

D'après « un vieil livre et papier coupverl de cuir sur aisse (lebois, z datant de la seconde moitié du XVI e siècle, « l'escussoncontenant le portrait des armoiries de ladite ville portoit: de gueulesà un navire d'or, et à la leste d'argent einq hermines de sable. »

Suivant le développement progressif de Nantes, la barque s'étaitsuccessivement transformée en une lourde caraque, en une élégantenef, puis en un superbe trois ponts, hérissé de canons, voguantfièrement sur une mer de sinople. Gracieusement arrondies par lesouffle protecteur qui dirigeait le vaisseau, les voiles empruntèrent

le droit de pclie dans la rivière de LoireLoire, souscrit le 9 février 1397, par les parois-siens de Sainte-Croix de Nantes, de Saint-Pierre de Bouguenais et de ftee. (Acir.IÏ(PABT. Trésor des Charles, arm. E, caso. C, N 32.) Il sert de marque à laRevue de Breloque et de Vendée; mais, pour l'approprier à cc recueil breton on asubstitué les hermines pleines à l'teu (le Dreux et su pprimd la légende, qui n'avaitpas (le raison d'dtre.

I(ihlioihèque publique de Naules, manuscrit N2 Priviléges accordés par nos rois très-clirétins niiv maires, éclievimis et Iialjjnts

de Nantes, in-1i, imp. chez Maréchal, 1671 • p. 36. Éd. Ver ger, 1734 p. 104.

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DE LA VILLE DE TANTE5. 7

leur fond d'argent semé d'hermines aux couleurs de la ville. Sou-vent aussi elles reproduisaient alors la noble devise, choisie parnos premiers édiles

OCULI OMNIUM IN TE SPERANT DOMINE',

également enroulée autour de l'écu. Celui-ci, timbré d'une couronneeomtale, en raison (le l'ancien titre du comté Nantais, était en-touré de noeuds de cordelières rappelant le souvenir précieux de labonne duchesse Anne'.

La livrée de la ville était noire et blanche, ainsi que l'indique ladescription suivante (les casaques des archers « En sarge deBeauvays noire et blanche, parsemée d'hermines de velours noir etblanc, doublées de raz noir et garnies de bottions û queue (le soienoire et blanche. Lesdites hermines pourfilées (le fil d'argent avecdeux grands escussons à chacune, portant les armes de la ville , lacordelière et la couronne (Incale, le tout en broderie (l'or et d'ar-gent'. »

Telles furent les armes de Nantes, et telles elles doivent êtred'après l'histoire, les monuments et surtout les règles héraldiques,règles qui ne souffrent d'altération qu'en vertu de faits importantset bien établis.

Cependant vers 4754, alors que la population, débordant de touscôtés la vieille enceinte des remparts, en tléruisait les restes, Nantes,qui jamais n'avait songé à se faire un diadème de ses murailles,remontant cependant û l'ère gallo- tomaiite, vit son écusson timbréd'une couronne murale et crénelée. L'insigne du titre de son terri-toire, la couronne comtale, fut dédaigneusement luis tic côté pourtin nouvel ornement faisant allusion aux forlilications, dont chaquejour la civilisation cl le pic des déittolissetirs lui enlevaient unMorceau.

1'1l1l))P 14.i,. 15.2 Chacun sait, III effet, que la ror4lcliLe (III 1111 ornement particulier t Aune dc

liretagne, qui en lit adopter la moue i la cillir tic France. Cependant I'usagi' de lacordtltl!re était Ejiu connu la colle le ItrrIagll_ ltatt sen ktamdnt, Margtterilede itretaglie . première feuittie du duc Francuis II Légua à .a Inlec leaheati une deses eliaine l nuuids tic cordelières. (1). Mouiet', Ir., t III, cul. 203.)

' Ancituves MuulcIP., série Mairie, carton Organisation.

L'I

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LES ADMOIRIES

La Révolution ayant supprimé les titres et le blason, la statue dela Liberté devint le seul emblème autorisé, et prit pour un instantla place du vieux navire.

Le sceau en usage était ovale. IL représente la République tenantJe la main gauche une pique ornée du bonnet phry g ien, et la maindroite appu yée sur les faiceaux. A l'exeruue l'ancre et le tridentcroisés. Légende : Administration municipale de Nan les .

A la Révolution succéda l'Empire. Napoléon créa une noblessenouvelle et rétablit le blason , fort ingénieusement modifié par rad-dilion réglée de certaines pièces qui permettaient de reconnaître,it premièro vue, la dignité du titulaire et les causes de son anoblis-sement. Les bonnes villes sollicitèrent tics armoiries, et voici leslettres patentes données à Nantes en cette occasion'

« NAPOLÉON, par la griicc de Dieu, Empereur des Frmteais. roid'italie, protecteur de la Con fi.diration du Rhin , médiateur dela Confédération Suisse, il présents et à venir, salut.

» Par noire décret du tlix sept mai mil huit cent neuf, nousavons déterminé que les villes, communes ou corporations, qui dé-sireraient obtenir des lettres patentes portant concession d'artuoi-

ttcn. auNicle., série Mairie carton Dossiers des maires. Mairie SageL.2 ALtCHIVFSMU .tciv., s5ric Jlislorique, carton Arch éologie. Ces lettres uI'exisLiIit

lies n'en copie dans le dossier A rmoiries de hi nUe. l.'ori gina I fut e iivoyô t Paris,lorsque, sous la Restauration, eut lieu la demande du changement des armoiries.

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DE LA VILLE DE NANTES. O

ries, pourraient, après s'étre fait préalablement autoriser par lesautorités administratives compétentes, s'adresser à notre cousin leprince archichancelier (le l'Empire, lequel prendrait nos Ortli('S àcet effet.

En conséquence, le sieur Bertand-Geslin, maire de notrebonne ville (te Nantes, s'est retiré par devant notre cousin le princearchichancelier de l'Empire, à l'effet d'obtenir nos lettres patentesportant concessions d'armoiries.

s Sur quoi notre dit cousin, le prince archichancelier (le l'Em-pire , a fait vérifier en sa présence, par notre conseil du sceau (lestitres, que le conseil municipal de notre bonne ville de Nantes,dans une délibération à laquelle furent présents les sieurs : Ber-trand-Geslin, maire, Lincoln , Marion, Martin, Mayracq, Landais,Allot, Fabré , Deridelières, Le Roux , Le Lasseui' de Ranzay, Pini-paray, Lamaignère, foulard, de Drue, Caillaud, Cossin, Guérin-Doudet, Baudot, Despiantes, (]oyau, Bouteiller et Dumaimie, mem-bres dudit conseil, a émis le voeu d'obtenir, de notre grâce, deslettres patentes portant concession d'armoiries, et que ladite déli-bération a été approuvée pal les autorités administratives compé-tentes.

D Et, sur la présentation qui nous en n été faite, de l'avis denotre conseil du sceau des litres et des conclusions de notre pro-cureur-général, nous avons autorisé et autorisons par ces présentes,signées de notre main, notre bonne ville de Nantes à porter lesarmoiries telles qu'elles sont figurées et coloriées aux préseulcset qui sont : tiercé en fasce, de gueules, d'argent et de pourpre, legueules à trois abeilles en fasce d'or, qui est le signe des bonnesvilles de notre Empire, l'argent à cinq mouchetures d'hermines enfasce de sable, le pourpre à la [régale d'argent voguant 4 senestre,soutenue d'une mer de sinople. Voulons que les ornements exté-rieurs desdites armoiries, ainsi que ceux des autres bonnes villesde notre Empire, consistent en une couronne murale û sept cré-neaux, sommée d'une aigle naissante d'or pour cimier, et en deuxfestons servant de lambrequins, l'un à dextre de chêne, l'autre àsenestre d'olivier, aussi d'or et rattachés par des bandelettes de

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40 T.TS ARMOIRIES

gueules à un caducée d'or pos en fasce au-dessus di elwf de l'ècu.» Chargeons notre cousin, etc .» Donné é Paris, le vingt-et-unième jour du mois de novembre,

l'an (le grâce mil huit cent dix.

» Signé: NAPOLÉON, etc.....s

Les armes impériales de Nantes sont bien peu connues et ne figu-rent, û notre connaissance, sur aucun monument.

Nous donnons la reproduction du cachet gravé A leur type. Parun motif d'économie mesquine, il o été mutilé afin de pouvoir servir,ail retour de Louis XVIII, en 1814; l'aigle surmontant la couronnemurale fut enlevée, et les abeilles du chef martelées. C'est ainsiqu'il nous est Parvenu.

Le décret (lit 47 mai 1809, cité en tète des lettres patentes,porte entre autres dispositions que les frais d'enregistrement deconcession d'armoiries seraient , pour les bonnes villes dont lesmaires assistaient au couronnement, les mêmes que ceux fixés pourles ducs dans le décret du 17 mars 1808, c'est-à-dire de 600 fr.En totalité la ville déboursa pour cette affaire la somme de942 fr. 45 e.

Par ordonnance dii 26 septembre '1814, Louis XVIII autorisa lesvilles û faire les démarches nécessaires jour obtenir i'autoiisation(le reprendre leurs anciennes armoiries. L'administration voulut

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DE LÀ VILLE DE NANTES. Hformuler une demande, qui donna lieu à une correspondance assezlongue, de laquelle sont extraits les renseignements suivants'.

Une lettre, adressée ii M. Cruc', à la date du 28 octobre 1814,soumit à l'approbation de l'habile architecte un dessin des an-ciennes armoiries exécuté d'après un jeton de 1770, frappé pourla mairie de M. Roger. En voici la description de gueules à lafrégate d'or, voiles d'argent, nier de sinople, au chef cousu d'argentchargé de douze hermines 3.4.5; surmonté de la couronne muraleà cinq tours ; pour supports deux palmes au naturel.

Sur l'avis du préfet, M. Debay, sculpteur nantais de mérite, au-leur du joli groupe qui surmonte le portail (le l'Hôtel-de-Ville, futaussi consulté, scion une lettre adressée à ce magistrat, le 173 dé-cembre 1814, dans laquelle nous lisons

« M. Debay, conformément à vos désirs, a dessiné ces armoiriestelles qu'il se propose de les sculpter sur le portail de l'Hôtel-de-Ville. J'ai l'honneur de vous remettre, ci-joint, en communicationce dessin que j'ai fait copier.

L'écusson est conservé tel qu'il a été primitivement, donnévous en jugerez, Monsieur le Préfet, par la description qu'en faitl'Armorial de Bretagne. Elle poile pour armes : de gueules au na-vire d'or, aux voiles déployées d'argent semées d'hermines, auchef aussi d'argent chargé de cinq hermines de sable. Le vaisseauantique a été conservé, parce que c'est ainsi qu'il se trouve sur tousles monuments qui ont conservé les traces (les aruries de cette ville,quoique dans celles (tonnées par le précédent gouvernement, le na-vire fût moderne. Paris a également conservé le vaisseau antique,assure M. Debav.

La couronne murale est préférable à toute autre, pour mdi-quer les villes. Elle n'existaiL point (lans les anciennes armoiries deNanles, surmontées de la couronne ducale ou (le comte, qui nepeut plus convenir maintenant, niais elle faisait partie de cellesdonnées par le précédent gouvernement, comme ornement exté-rieur (les bonnes villes. Un jeton, frappé par la mairie en I 770, la

ARCHIVES MUNICIP, éii IJitoriqu€, carton Arch éologie.

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LES ARMOIRIFS

représente également semée de lions; et la tradition ii cet égardassure qu'elle dérive de Ileitri 1V, ii cause des priviléges qu'avait laville de Nautes de pourvoir elle-mème ii sa défense par ses propreshabitants.

» Le ministre n laissé au talent de M. IJehay ii y adapter le signeprincipal qui doit indiquer le rang de bonne ville. Il propose eneffet, comme vous en jugerez, Monsieur le Préfet, (le surmonter lacouronne murale de la couronne ro yale; et il faut convenir qu'elleest prise dans le dessin avec tout le goût qui produit le meilleureffet.

à L'ancienne devise EN TE SPERANT OCULI OMNIUM, qui accompa-gnait les armes de Nantes, pourrait être placée dans la rosetteunissant les deux patines.

La réponse ne se lit pas attendre ; elle est du 21 septembre. Aprèsavoir approuvé le dessin, M. de Barante, préfet de la Loire-Infé--rirrre, s'exprime ainsi « A la devise que vous indiquez, je croi-rais préférable de subsiituer la suivante, que j'ai lue sur un ancienécusson de la ville FAVET NEPTUNUS EUNT!. Elle me parait plusconreuable et piUS è propos 1 . a

Telle est la première mention officielle (le la devise qui a prévaluet usurpe aujourd'hui, au-dessous des armes de Nantes, la placelég itime de la précédente, qui tigure jusqu'à la veille de la Révolu-tion.

Rien, dans nos recherches, n'a PU nous faire découvrir un motifplausible ù l'appui de cette substitution, provoquée, trop légère-ment peut-être, par le futur auteur de la savante Histoire des Ducsde Bourgogne.

M. de liaratite fait allusion ici au 1-miE Doné de 1752, dont le frontispice,

gravi par ()rrîllatrd eu 1751, reproduit cette mémo devise, qui Parait là pour la pro-

uruiére fois. Le volume est tcrririrré par deux vers latins dus, suivant une note marins—

ente - communiquée par M. E. I'éhant, bibliothécaire do Nantes, - à M. SA.Bertrand, avocat au parlement, né à Nantes où il mourut en 1752, et connuquelques poésies. C'est lui qui passe NUE avoir écrit In préface de cette édition , etnous croyons, sans porter un jugement téméraire, pouvoir laisser à uui simple ca-

price de poète la responsabilité d'un changement ul 'ovutjt, du reste, aucun caractèrehistorique ou sérieux.

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DE LA VILLE DE NANTES. 13

L'ancienne devise, choisie par nos premiers maires, offre é lapensée un sens large et sérieux, l'image grandiose et belle de Ionsles habitants d'une populeuse cité, unis dans une seule et nièmepensée d'espérance et d'avenir; elle explique, elle complète lesarmes de Nantes, qui , dans sa splendeur actuelle, rend hommageé son glorieux passé, dont elle perpétue la tradition.

La légende moderne, au sens restreint et borné, semble la froideexpression d'un vœu banal , dans la réalisation duquel personne nepeut avoir confiance.

Mais nous n'avons pas é discuter le plus ou moins de « conve-nance, » la supériorité littéraire ou «l'à-propos» de l'une et l'autredevise. Historien et héraldiste nous constatons un fait. D'après lesmonuments irrécusables qui nous servent de bases et de preuves, ilest démontré que la légende : OCULI OMNIUM. etc., est la devise deNantes, adoptée de toute antiquité, consacrée par un usage tradi-tionnel et constant, « qui en pareille matière fait loi 1 . » Au contraire,le FAVET n'a pour lui que la fantaisie et le malheur d'être une dé-rogation flagrante aux dernières lettres patentes, qui autorisent laville é reprendre ses anciennes armoiries, ainsi que le voulait lemaire, et non pas é les innover comme le faisait é tort le préfet.

Les Cent-Jours, et les événements qui suivirent, retardèrentl'exécution de cette mesure. que M. Du Foui, maire de Nantes, repritde nouveau en 1810. Elle eut pour résultat l'obtention de lettrespatentes de Louis XVIII, les dernières accordées ii la ville de Nantes,cl qui terminent la série de ces documents, dont le premier remonteau duc Jean III.

« LOUIS, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à fousprésents et à venir, salut.

» Voulant donner é nos fidèles Sujets des villes et communes denotre royaume un témoignage de notre affection, et perpétuer lesouvenir (lue nous gardons des services que leurs ancêtres ontrendus aux rois nos prédécesseurs, services consacrés par les ar-

t LeUic dc M. le la llhoclkric, rcfCrcndaire, p. 14.

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t Il LES ARMOIRIES

moines qui lurent anciennement accordées auxdites villes et coin-inunes et dont elles sont l'emblème ; nous avons, par noire ordoii-mince du 6 septembre 1814, autorisé les villes, communes cLcorporations de notre royaume à reprendre leurs anciennes armoi-ries, à la charge de se pourvoir, ù cet effet, par devant notre com-mission du sceau , nous réservant d'en accorder à celles des villeset corporations qui n'en auraient pas obtenu de nous ou de nos pré -décesseurs, et par notre autre ordonnance, ilit 26 décembre sui-vant, nous avons divisé en trois classes lesdites villes et corpora-tions.

» En conséquence, le sieur Du Fou, maire de la ville (le Nantes,département de la Loire-Inférieure, autorisé à cet effet par délibé-ration du Conseil municipal (le celle ville, du 18 décembre 1815,s'est retiré par devant notre garde des sceaux, ministre secrétaire(lEtat au département de la justice, lequel a fait vérifier en sa pré-sence pal notre commission du sceau, que le Conseil municipal do la-dite ville (le Nantes u émis le voeu d'obtenir de notre grâce des lettrespatentes poilant concession des armoiries suivantes : de gueules aunavire équipé d'or, arec des ruiles d'hermines, flottant sur des ondesd'azur, au chef d'hermines.

» Et, sur la présentation qui nous u été faite, de l'avis (le notrecommission du sceau, et des conclusions de notre commissairefaisant près d'elle fonction de ministère public, nous avons par cesprésentes, signées de notre main, autorisé et autorisons la ville deNantes à porter les armoiries ci-dessus énoncées, telles qu'ellessont figurées et coloriées aux présentes.

» Mandons, etc.....» Donné il Paris, le 3 février de l'an de grâce 1816, cl de notre

règne le vingt-et-unième.Signé: Louis. D

La ville paya 285 fr. 80 c. lin adressant cette somme à M. Rebutde la Rhoelleiie, référendaire, le maire lui fit observer que leslettres ne race tionna ien t ni la couronne murale surmontée de laCouronne royale, ni les idmncs, ni la devise Furet Nepluuus eunti,

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DE LA VILLE DE NANTES. 15

elle pria en outre de lui donner les motifs du changement de hicouleur de la mer, qui devait être de sinople au lieu d'azur'.

« Vous avez parfaitement jugé, - répondit M. de la lihoellerie,- (IUC le silence gardé dans les lettres patentes sur les Signes cLornements extérieurs de vos armoiries, n'empéchait pas d'en faireusage : les lettres ne doivent régler que les pièces de l'écu. Les sup-ports, devise et couronne sont réglés uniformément d'après la na-Lure du titre et souvent par l'usage qui , en pareille matière, fait loi.Je ne vois pas un grand inconvénient dans le changemeuL de lacouleur de la mer, et je regarde cela comme une erreur des dessi -nateurs. Comme les lettres qui viennent d'être expédiées vous ac-cordent le droit de reprendre vos anciennes armoiries, vous pouveztrès-bien conserver la mer de sinople, au lieu de la mer d'a:ur,qu'on y a substituée û tort. s

lalgré ces lettres, le cachet municipal n'eut pas toujours l'écussonde la ville, car il en existe un de cette époque, avec les armes deFrance accompagnées des accessoires reproduits sur le grand sceauioval, c'est—ii-dire le collier tics ordres, le sceptre, la main dejustice et la légende : MAIRIE DE NANTES.

Sous la Restauration, le goût des recherches historiques et de lapaléographie était loin d'avoir atteint les développements qu'il aacquis depuis. Cependant, il faut en convenir, la dernière démarchetentée en faveur de l'ancien écusson nantais, fut entourée de cer-taines études destinées à la conduire û bien. Pour les armes impé-

La couleur l'azur donnée à la nier cal déjà employée en 1()I, dans l'ARMORIAL

GÉNÉRAL de d'Ilozier lliiui.ioîii. IMP,. manuscri(s). Mais chacun sait qua cet ouvrage nefait pas toujours autorité, comme c'est ici le cas.

Page 14: Les armoiries de la ville de Nantes - La Chancellerie des ...bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/c85fb2... · de la cité , gravé sur le sceau du prévôt (les marchands.

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16LES ARMOIRIES DE LAVILLE DE NANTES.

riales, [administration avait subi un ordre; pour les armes de4816, elle chercha ît s'éclairer et â raviver le souvenir de sonpassé. Malheureusement MM. Crucv et Deba y , très-compétents dansles questions d'ail, l'étaient probablement très-peu en fait de blason.Les divergences qui se rencontrent dans les documents que nousVCUOflS (le parcourir, démontrent qu'on effleura le sujet plutôt quede l'approfondir. Air lieu du jeton de 1 TïO, il eût fallu en consulterde plus anciens. La tradition qui fait remonter les lions il ilenri IVest tout à fait inadmissible , attendu que ce prince, qui traita Nantesavic rigueur, lui conservait rancune de sa longue résistance à luiouvrir ses portes. La gar(le (les remparts nantais, prolongée par laLigue, était une injure aux yeux du Béarnais. Il n'eût jamais accor-dée une concession destinée à transformer la rébellion cii acte (lebons et fidèles sujets. La raison qui détermina le choix de M. deBacante pour la devise, n'a aucune valeur.

Ainsi successivement modifiées, depuis un siècle, les armes deNantes ont perdu le caractère particulier qu'elles présentent sousllcuri IV et Louis XIV. Les meubles, les accessoires de l'écu, dé-terminés avec méthode, font allusion it la protection (les nues, iiila bienveillance de la reine Aune, au titre (lu pars, à l'anciennetéde lit à ses maires. Ils offrent un intérêt semblable â celuiqui s'attache aux armes des plus illustres familles, et appartiennentà [histoire.

Guy le Borgne, d'Ilozier, Pol de Gourer, etc..., ont décrit l'écudes armes de Nantes avec plus ou moins de variantes. Il ne seradonc pas inutile, en terminant, d'indiquer les beaux jetons frappésau XVIIe siècle, comme offrant le meilleur type â consulter, et (ledonner, en termes héraldiques, le texte exact de notre vieux blason.

De gueules ait navire équipé d'or, habillé d'hermines, c'est-à-direau.i voiles d'argent semées d'hermines de sable, voguant sur itoemer de sinople, au chef d'argent chargé de cinq hermines de sable(alias, au chef d'hei ruines). L'écu tiin&ré d'une couronne comtale etentouré d'vne cordelière. Devise

OCt'LI OMNIUM IN TE SPEIIANT DOMINE.