Armes nucléaires. — 03. Figures de la résistance à l’arme nucléaire. De 1869 à 1925
Les apports de la pharmacie centrale des armées face...
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Les apports de la pharmacie centrale des
armées face au risque terroriste NRBC
Pharmacien chef des services
Pascal Favaro
Trinôme académique
Les nouveaux enjeux de la défense et de la sécurité nationale
15 mars 2017 – Nimes
Un peu d’histoire
La PCA aujourd’hui
Les productions : thérapeutiques adaptées ou
spécifiques
La menace terroriste
Les réponses de la PCA
PLAN
Après la bataille de Valmy (20 sept 1792)
Sur l’instigation des pharmaciens militaires
PARMENTIER et BAYEN,
La « Convention Nationale »
crée en 1794 (3 Ventôse an IIde la République)
un « Un magasin de
médicaments simples et un
laboratoire où l’on préparera
les médicaments
composés »
Fabrication de pommade
Initialement située à Paris (et
après plusieurs déménagements
intra-muros), l’établissement est
transféré en 1931 au «Fort de
Vanves» à Malakoff (banlieue
parisienne)
En 1971, la « Pharmacie Centrale de
l’Armée » est transférée au nord
d’Orléans, dans le camp militaire
de Chanteau. C’était alors une
structure répartie sur 5 bâtiments.
En 1973, l’établissement prend son
nom actuel de « Pharmacie centrale
des armées » (PCA)
Années 1990 : un tournant pour le SSA. Des soins de plus en plus tournés vers les patients civils (hôpitaux militaires – en 1997 fin
de la conscription), des risques de contentieux croissants (syndrome Guerre du Golfe…)
=> Volonté de rentrer dans le cadre commun
=> Faire reconnaître les structures santé militaires dans le code de la santé publique
=> LOI no 94-43 du 18 janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale
Art. 24. - L'article L. 595-2 du code de la santé publique est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Ces dispositions s'appliquent à la Pharmacie centrale des armées dans le cadre de préparations nécessaires aux besoins
spécifiques des armées en l'absence de spécialité pharmaceutique disponible ou adaptée… »
Octroi du statut d'établissement pharmaceutique à la PCA
(code de la santé publique - art. L. 5124-8)
=> autorisation d’ouverture et inspection par l’Agence du
médicament (ANSM)
Jan 1997 : afin de répondre aux exigences de la réglementation
pharmaceutique, la construction d’une nouvelle usine est
décidée (suite à une inspection l’Agence du Médicament qui
met en évidence des écarts par rapport aux « bonnes pratiques
de fabrication »)
Déc 2000 à jan 2002 : travaux de construction
Avril 2002 : autorisation administrative d’ouverture
Conséquences structurelles
Conséquences en production
❖ Article L5124-8Les dispositions des articles L. 5124-1 et L. 5124-2 à l'exclusion de cellesdu premier alinéa de ce dernier article, s'appliquent aux établissements deravitaillement sanitaire du service de santé des armées chargés del'importation, l'exportation et la distribution en gros de médicaments,produits et objets mentionnés à l'article L. 4211-1, ainsi qu'à laPharmacie centrale des armées.Les médicaments, mentionnés à l'article précité, fabriqués dans cetétablissement sont soumis aux dispositions de l'article L. 5121-8, àl'exclusion de ceux nécessaires aux besoins spécifiques des arméeset destinés à pallier l'absence de spécialité pharmaceutiquedisponible ou adaptée.
❖ Abandon de plusieurs fabrications(d’environ 70 produits fabriqués dans les années 90 à une trentaineaujourd’hui)
• Capacités industrielles multiformes– 30 médicaments et réactifs – 12 formes pharmaceutiques (comprimés, gélules, ampoules injectables,
poches injectables en PVC …) – 10 lignes de production
• Efficacité et réactivité dans des contextes de crise
• Une centaine de personnels du ministère de la défense (une dizaine de pharmaciens militaires)
• 18000 m2 de surface développée
La PCA aujourd’hui
• La PCA est un établissement du service de santé des
armées donc appartenant au ministère de la défense, qui en
fait le seul établissement de production pharmaceutique
régalien en France.
• La PCA appartient à la chaîne du ravitaillement sanitaire
(production, achat, stockage, constitution d’unités
médicales opérationnelles, distribution).
• Elle est placée sous les ordres de la direction des
approvisionnements en produits de santé des armées.
Position de la PCA
Rappel sur l’organisation du SSA
Ministre de la défense
Chef d’Etat-major des armées
Armée de
terre
Marine Armée de
l’air
UnitésCentres
médicaux
des armées
directions régionales
• Hopitaux
• Institut de recherche
• Ecoles
• Ravitaillement
Service de
santé
interarmées
Directeur central
Organisation de la chaine
ravitaillement au sein du SSA
Direction centrale du service de santé des armées
• Organisation du dispositif• Définition des procédures• Contrôle de l’exécution
Direction des approvisionnements en
produits de santé des armées
• Conduit et met en œuvre• Réalise les stocks• Coordonne le ravitaillement
Etablissements spécialisés
Pharmacie centrale des
armées
Etablissement central des matériels
Etablissements de ravitaillement sanitaire des armées
Marseille Vitry-le -François
Centre de transfusion
sanguine des armées
Production de médicaments répondant à des besoins spécifiques des armées en l’absence de spécialités pharmaceutiques disponibles ou adaptées (marché civil).
En pratique :
- développement et fabrication de « médicaments spécifiques » visant à subvenir aux besoins des combattants, des blessés ou des patients pris en charge en opérations et dans les structures SSA du temps de paix (HIA, CMA, CMIA…)
- production également de médicaments répondant à des besoins de santé publique (plans nationaux comme PIRATOX [risque chimique], BIOTOX (risque biologique] et PIRATOM [risque nucléaire]).
- en complément, production de « médicaments non spécifiques » susceptibles d’être assimilés à des médicaments génériques. Permet d’entretenir et de développer le potentiel des chaînes de production et de subvenir éventuellement en cas de crise à certains besoins des forces armées.
- statut également de pharmacie à usage intérieur habilitée à fabriquer des préparations hospitalières et des produits officinaux divisés dispensés dans les HIA, CMA et UMO.
Les missions de la PCA
✓ spécificité par destination ✓ spécificité par présentation
« N »
« R »
« B »
« C »
Forme galénique ou
conditionnement
Médicaments répondant à des besoins spécifiques des armées
Les productions : thérapeutiques
adaptées ou spécifiques
-INEUROPE (AMM) : dispositif d’auto
injection pré rempli
Trithérapie:
-Atropine sulfate 2mg, pour lutter contre le
syndrome muscarinique et nicotinique
-Pralidoxime méthylsulfate 350mg, réactivateur
de l’acetylcholine estérase
-Avizafone chlorhydrate 20mg , traitement des
convulsions
Lyophilisat à reconstitution immédiate
-Pyridostigmine PCA 30 mg
comprimé
boîte de 30 comprimés (AMM)
Affinité progressive, durable et réversible
pour l’acétylcholine estérase
limitant ainsi la fixation des
organo phosphorés
Chaque combattant est doté
d’une boîte de pyridostigmine
et de 2 « INEUROPE »
Antidotes pour agents chimiques de guerre
Médicaments spécifiques par destination
DTPA 40mg Pharmacie centrale des Armées
Poudre pour inhalation
Diéthyléne triamine pentaacétate de calcium
trisodique
Ca-DTPA 250mg/ml solution injectable,
Ampoule de 4 ml (AMM)
Iodure de potassium
Pharmacie Centrale des Armées 65 mg
Comprimé
Prévention de l’accumulation d’iode radio
actif au niveau de la thyroïde
Utilisés en cas de contamination par les
radionucléides tels que plutonium
Antidotes contre le risque nucléaire
Médicaments spécifiques par destination
Doxycycline Pharmacie centrale des armées 100mg comprimé
(AMM)
Indications thérapeutiques : chimio prophylaxie du paludisme
et infection par le bacille du charbon
Conditionnement en pilulier protégeant de l’humidité
Antidotes contre le risque biologique
Médicaments « spécifiques »
Chlorure de sodium Pharmacie centrale
des Armées 7,5 % , solution pour perfusion,
hypertonique , poche de 250 ml
Compensation du choc hémorragique
MORPHINE (chlorhydrate) Pharmacie centrale des
armées
10 mg solution injectable dispositif Uniject® (dispositif
d’auto injection )
Traitement de la douleur à l’avant
Médicaments spécifiques par présentationBesoins de thérapeutiques opérationnelles
ATROPINE (sulfate) Pharmacie centrale des
armées
2mg solution injectable en dispositif Uniject®
(dispositif d’auto injection )
ATROPINE (sulfate) Pharmacie centrale des
armées
2mg/ml solution injectable ampoules de 5ml,
10ml, 20ml (AMM)
Traitement d’un blessé contaminé « chimique » aux organophosphorés
Médicaments spécifiques par présentationBesoins de thérapeutiques opérationnelles
Sirop en unidoses
Pommade
Compresses alcooliques
Poches de perfusion
Thérapeutiques conventionnelles
La menace terroriste
Le NRBC est à l’origine une préoccupation du champ de bataille.
- La Première Guerre mondiale a appris aux combattants les dangers de l’arme
chimique et révélé les potentialités de l’arme biologique ;
- La fin de la Seconde Guerre mondiale a vu l’avènement de la menace nucléaire,
qui a plané tout au long de la guerre froide.
Le NRBC a donc été d’abord et depuis longtemps une problématique des militaires sur le
terrain avant de se voir étendue au secteur civil dans le cadre de la menace terroriste.
L’évolution majeure des années 90 est la prise en compte de la menace radiologique, issue
de la décomposition du bloc de l’Est.
Parallèlement, les attentats au sarin de la secte Aum Shinrikyo au Japon (1994 et 1995)
illustrent la menace de l’utilisation d’agents chimiques ou biologiques par des terroristes.
La menace nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC) devient intimement liée
à celle de menace terroriste et ce risque devient un enjeu des efforts sécuritaires sur le plan
intérieur.
1/Agent RBC dispersé dans un lieu public dans l’objectif de toucher directement la population civile
• En 1995, combinaison d’explosif et de particules radioactives dans la banlieue de Moscou mais l’engin a été désamorcé
avant usage.
• En 1995, la secte Aum organise un attentat au sarin à Tokyo. Cinq attaques simultanées visent plusieurs lignes
de métro passant par des sites stratégiques (notamment le siège du gouvernement). 12 morts et 5500 victimes.
• En 2000, un attentat au gaz irritant est commis dans une discothèque angolaise à Lisbonne.
• En 2003, explosion malveillante d’un récipient contenant un mélange d’acide chlorhydrique et d’aluminium dans un
des halls du Parc des expositions, porte de Versailles à Paris.
• En 2007, des attentats au chlore visent la population irakienne. Attentats suicide utilisant des transports de chlore piégés
(combinaison artisanale d’explosif classique et d’agent chimique - dioxyde de chlore).
• En août 2009, un attentat au chlore, à caractère antisémite, est mené à Tucson en Arizona.
2/Agent RBC dispersé dans des produits de consommation (chaîne alimentaire, eau de consommation, produits de santé…) :
• En 1982, des médicaments empoisonnés au cyanure sont placés sur des rayonnages de six magasins de Chicago
• En 1984, en Oregon, la secte « Rajneeshee » contamine le buffet de salades d’un restaurant avec des salmonelles
• En 2003, en Italie, des produits toxiques sont injectés à l’aide d’une seringue dans des bouteilles d’eau.
3/ En 2001 : enveloppes au bacille du charbon aux Etats-Unis
Quelques exemples avérés ou suspectés
Face au terrorisme NRBC, différents textes organisent le dispositif de prévention et de réponse
depuis une dizaine d’années :
- circulaire n° 700/SGDN/PSE/PPS du 7 novembre 2008 relative à la doctrine nationale d’emploi
des moyens de secours et de soins face à une action terroriste mettant en œuvre des matières
chimiques ;
- circulaire interministérielle n° 007/SGDN/PSE/PPS du 8 octobre 2009 relative au dispositif
interministériel d’intervention face à la menace ou à l’exécution d’actes de terrorisme NRBC ;
- circulaire du Premier ministre n°747/SGDN/PSE/PPS du 30 octobre 2009 définit la doctrine
de l’Etat pour la prévention et la réponse au terrorisme NRBC-E ;
- plan gouvernemental NRBC n°10135/SGDSN/PSE/PPS/CD du 16/09/2010 issu de la fusion
des plans Biotox, Piratox et Piratome)
- circulaire n° 750/SGDSN/PSE/PPS du 18/02/2011 relative à la découverte de plis, colis,
contenant et substances suspectés de renfermer des agents radiologiques, biologiques ou chimiques
dangereux ;
- circulaire n° 800/SGDSN/PSE/PPS du 18/02/2011 relative à la doctrine nationale d’emploi des
moyens de secours et de soins face à une action terroriste mettant en oeuvre des matières
radioactives ;
- circulaire n°NOR/IOCA/A/11/04281C du 25/02/2011 (Ministère de l’intérieur aux préfets) :
déclinaison territoriale du plan gouvernemental nucléaire, radiologique, biologique et chimique.
Réponses des autorités en France
Les « réponses » de la PCA
à partir de quelques exemples
Des productions déjà cédées au milieu civil (même si elles n’étaient
pas spécifiquement orientées vis-à-vis d’un attentat terroriste)
Un interlocuteur privilégié depuis 2007 : l’EPRUS = > Santé
publique France (2016)
Une accélération des échanges avec les structures civiles de secours
et de sécurité
Mais un cadre réglementaire actuel qui ne permet pas de céder des
médicaments « spécifiques aux armées » (sans AMM) à des tiers
extérieurs au MINDEF
Iodure de potassium
Pharmacie Centrale des Armées 65 mg
Comprimé
Prévention de l’accumulation d’iode radioactif au
niveau de la thyroïde
Antidote contre le risque radiologique
ContexteProduit fabriqué depuis plus de 30 ans à la PCA.
Besoin spécifique « historique » d’EDF puis besoin de santé publique (relance de la
demande avec l’accident de Fukushima en 2011).
Un dosage initial à 130 mg ayant évolué en comprimé quadrisécable de 65 mg,
Etude en cours pour renouvellement de prise.
StatutMédicament avec AMM depuis 1997 puis 2009 (65mg).
Antiviral - pandémie grippale de 2009
ContexteUn besoin de santé publique. Produit fabriqué spécifiquement à la demande du
ministère de la santé (DGS) /Vs Tamiflu® (gélule à 75 mg, et poudre pour
reconstitution en solution pour dosages 30, 45 et 60 mg – laboratoire Roche)
Indications identiques à celle du Tamiflu ®.
Production : stock de sécurité DGS (80M de comprimés - mai 2009 ).
Conditionnement (étui + notice + blister) de 5 comprimés.
Activation de la production instantanée sur ordre DGS.
Sous-traitance du conditionnement.
StatutMédicament sans AMM, autorisation dérogatoire - article L3131-1 du CSP.
Phosphate d’Oseltamivir
Oseltamivir PG 30mg
comprimé sécable
Antiviral pandémie grippale
Sulfate d'atropine en solution injectable 40
mg/20 ml PCA (2mg/ml)
Poursuite du traitement de l’intoxiqué aux
organophosphorés
Antidote contre le risque chimique
ContexteMédicament en dotation dans les formations hospitalières du SSA.
Médicament susceptible d’être employé dans les services civils d’urgence (SMUR,
pompiers…). Autres produits civils déjà disponibles mais avec dosages beaucoup
plus faibles et en plus petit volumes - 0,5mg/ml en amp 1 ml).
Un élément déclencheur : conférence internationale à Paris - COP21 en décembre
2015.
StatutAutorisation dérogatoire – arrêté du 14 novembre 2015 - L.3131-1 du CSP.
Puis AMM.
1. Accueil sur le territoire français de la 21e Conférence
des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur
le changement climatique de 2015 (COP21) du 30/11 au
11/12/015.
2. Accueil sur le territoire français d'un sommet de chefs
d'Etat, préparatoire à la COP21.
3. Le risque d'attentats terroristes et le risque
d'exposition aux neurotoxiques organophosphorés
constituent des menaces sanitaires graves qui appellent
des mesures d'urgence.
4. Aucun autre médicament adapté à la prise en charge
en urgence n'est à ce jour autorisé en cas d'exposition de
personnes à des neurotoxiques organophosphorés
(insecticides organo-phosphorés, neurotoxiques de
guerre et carbamates…)
L'arrêté du 14/11/2015 précise les
raisons et le contexte
NB : note DGS du 16/11/2016 « actualisation des postes sanitaires mobiles » : dotation en atropine 40mg/20ml
Des demandes pour traiter des blessés en nombre
La prise en charge de victimes d’attentat s’apparente à la prise en
charge de blessés en phase de combat (typologie, nombre…)
Exemple de demande : uniject de morphine
dispositif polyvalent, très efficace pour traiter la douleur
aiguë, par injection sous-cutanée de morphine.
Non spécifique dans sa composition mais dans sa
présentation qui permet de traiter rapidement de
nombreux blessés
Des évolutions législatives prévues pour faciliter
l’accès aux antidotes sans AMM
Ces mesures ont pour objet de permettre la mise à disposition
de médicaments fabriqués par la PCA et n’ayant pas
d’équivalents dans le secteur civil à des opérateurs extérieurs au
ministère de la défense, dans des cadres très précis (secteurs
spécifiques : EDF, AREVA, CEA...), services d’aide médicale
d’urgence ou services hospitaliers.
La pharmacie centrale des armées :
un établissement étatique militaire de production pharmaceutique
Un établissement spécialisé du Service de santé des armées ayant
pour mission principale de fabriquer et développer des
médicaments :
- pour les besoins du soutien sanitaire opérationnel des
armées,
- et de plus en plus, pour des besoins de santé publique dans
le cadre des plans gouvernementaux nationaux de sécurité
sanitaire et des situations de crise.
Conclusion
Un établissement unique concourant à la résilience de la Nation