Les anges et le maure

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5 les anges et le maure Poèmes BEN ALI

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Recueil de poésie

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les anges et le maure 

Poèmes

BEN ALI

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les anges et le maure 

Poèmes

BEN ALI

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Ils sentirent pourtant descendre, Le soir étant venu, La tristesse en euxEt le trouble. Holderlin

préface

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La poésie est un intermèdeentre le réel, le rêve éveillé et la condition humaine.Homme parmi les hommes.Terrien dans le sens noble du termeTraçant des signes sur le sable, sorcier des mots, Cassandre, pythie ou trouvère.L’universalité de la poésie est patente.L’odyssée d’Ulysse interpelle tous les marins du monde.La poésie est une maturité de l ’âme, une clairvoyance de l ’esprit, qui rend tangible l ’invisible.Le rêve est un poème, le poéte en est la vigie.

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Nid numéro un

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Ma légende à moiEst un Dieu réinventé

Façonné par des anges roisEt des saints oubliés.

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Vent d’Est Réminiscence, remet ta cape,

Nouveau pèlerin, lève toi et marche.

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La lune est morceléeIl faut y parvenir

Et y être.

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La haut sur les nuagesDes âmes cherchent désespérement

Leurs souvenirs d’antan.

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Mystérieuses arabesquesSur le sable un vieux nomadeTrace les limites de sa tombe

Perdue.

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Installe le présent, Dans ton coeur d’enfant,

Caresse l’avenirDans le sens du vent

L’aube est naissante tout Comme les roses.

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Débarrassée de ses rivalesMyriam la sultane

Hautaine et souriante,Devant son miroir se rit

Du Temps.

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Dieu est mort...?Quand sa femme

Bouddhiste ou musulmaneRégnera magnanime

Nouvelle impératrice...?

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Pays de France, mot qui faitTrembler mes lèvres

Quand je suis loin, pensantLa Loire, la Saône, le Marais,

Et ses tortueuses ruelles.Il y a comme ça des souvenirs

Que seule l’âme connaît.

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J’ai des amours plein la tête,Et des regrets plein le coeur,

Quelques obscurs chagrins et de menusPlaisirs en bouquet de fleurs.

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Survivre est capital, Mourir est peu de choseQuand le vent se lève, Là renaissent les roses.

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Remettre à demainComme on met un couvert,

Comme si l’être humainEst sûr de son éternité,

Éphémère ironie.

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Je suis qui je suisN’en déplaise à certains.Les démons me jugent

Et les anges me pardonnent.

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Bel hidalgo qui te moqueDe ma minable allure,

Sache que sous ma mine déplorableUn trésor est caché que tu ne découvriras

Jamais,Le mot humanité.

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J’ai deux filles qui tiennent Le ciel au dessus de ma tête,

Bouclier de Brennus qui protège Dans la peine, la joie ou l’allégresse

Belles déesses sortiesDes nuits du temps.

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Dire je t’aime est hors de ma portée,Tellement galvaudé, si simplement banal,Dans mon intime alphabet, la seule lettre

« M » comble mes journées,Exhausse mes prières.

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Dis moi où va le fleuve Marie,C’est là où passent mes passions premières

Là où mes rêves dansent, Là où les sirènes pleurent.

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Quand je reverrai Ma négresse colombe je reconnaîtrai

Son lait tout blancÀ nul autre pareil.

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Allume une bougieEn plein jour et tu verras

Le clair-obscur de ton esprit.

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Petit déjà je voulais Un château en Espagne,

Un igloo au fin fondDu pays du grand froid,

Un maigre esquif navigantSur l’immense océan,

Un méchant pirate qui voleraitMa carte au trésor,

De féroces duels, des requins voraces.C’était il y a longtemps,

La vraie vie me ramena au rivage.

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Dites moi ou va, Une fleur quand elle meurt...?

Un cormoran perdu en pleine mer,Une étoile filante quand le soleil

L’éclaire...? Un éperdu d’amour quand sa belle

N’est plus là...?

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Un sage est assis sous l’arbre Sa couronne : un essaim de pensées.

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Je vis ma désespéranceComme le dernier manifeste

De mon désir de vivre.

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Retrouver la vie à la sourceHasard de coïncidences,

Mais où passent les rêves quandDans la tombe profonde

Règne le silence?

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Le cri du bébé né au printempsEst il le même que celui qui naît

En plein hiver?

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Le destin d’un hommeEst-il joué aux cartes

Les dés sont-ils pipés?

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Le lointain horizon que nul nePeut atteindre, je le vois dans tes

Yeux émeraudes et je m’en approcheA petits pas de louve

Amoureuse, Langoureuse, Heureuse,Attendant l’heure où sonne

Mon bonheur.

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Le petit poisson rougeDans son bocal sourit à

L’abeille qui vole etLui tourne autour,

Comme pour lui faire fêteOu lui faire la cour.

L’eau du bocal frémit quandLe petit poisson rouge

De nouveau sourit.

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Il y a beautéQuand il y a laideur

Quand le souffle de vieBalaie avec douceur

Les yeux qui voient enfinLa légèreté des choses et

L’infini pudeur.

Quand il y a silenceSous des amas de pierres

Des jasmins tout autour etDes trésors cachés dans les détritus,

Il y a urgence.

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Un vieil homme, seul,Un peu ivre, attend sur le bord de La route, sa belle, toute de noir

Vêtue.

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Romanesque la belle dame, Dans sa robe rouge, Couleur du désir.

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En écoutant MozartLes morts se réveillent,

Dieu lui-même prête l’oreille Et en oublie ses anges.

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Mendiant des mots,Poète de Delphe, mon presque frère,

Mon assassin intime.

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L’espoir est nichéDans les algues bleues-claires

Que des marins audacieuxDénichent en silence.

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Odile, eau du NilMes bras sont les rives

De tes rêves les plus fous. Ô idylle aux eaux dormantesDes barques nonchalantes et

Des soleils couchants.

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À ta naissanceTu tenais l’univers

Dans les prunelles de tes yeux, Les comètes étaient jumelles

Et toi l’astre majeur.

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La belle ténébreuseN’a pas besoin de lumière

Pour voir sa nuditéSa clarté est en elle,Et en elle sa beauté.

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La forêt dort-elle la nuit...? L’étoile du berger que fait-elle

À minuit...?Ne prend-elle pas une pause

L’amour est-il nénuphar ou rose...? Et Dieu dans tout çaAvec qui il cause...?

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J’ai une vague lueurD’un lointain destin,

Des images apparaissent Opaques et floues

Orage d’une nuit oùMirage de toujours.

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Si la poussière lunaire À sa consœur terrestre

Pouvait raconter saTerrible terreur du soleilEt son effrayante éclipse.

L’effroi de NeptuneIo solitaire

Les astres nocturnes sentant Approcher les pesants pasDe l’humain mal-pensant.

La voie lactéeChangerait sa trajectoire

Préférant le vide,Fuyant les mal-faisant.

Si un jour sur MarsLa main de l’homme se pose,

Il n’y aura plus de fleurs,Il n’y aura plus de roses.

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Nostalgie que la route traceInsipide chemin qui ne mène nulle part.

Insignifiante balise.

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Un éclair et tout est dit, Se dédit peut-être ou se délie

Se répète à l’infini.

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Le poème est un enfantementBien-heureux le père,

La muse son contentement Le verbe se fait Dieu

Pour les poètes seulement et laParole aux hommes pour leur entendement.

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J’aime la litanie des motsLes mélodies du verbe,

Les consonnes qui déraisonnent,Et le parfait imparfait.

Le subjonctif subversifLe tréma chevauchant ses voyelles,

Les syntaxes mises à l’indexEt les circonflexes en forme d’hirondelles.

La frileuse parenthèse qui glisse Entre les phrases en demandant:

Pardon, messieurs dames, je ne fais que passerMa synthèse m’attend.

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Personne n’est à l’abriDu bonheur, de la mort,La joie de vivre est une

Porte de sortie, Chacun en tire partie

Jusqu’au bouquet final.

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L’amour est ouraganLa mer si calme,

La passion est tempêteEt les larmes des palmes.

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De l’eau fraîche boiventLes serpents de mer, Vague après vague

Destin. Miroir.

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Myriades d’étoiles Sous un soleil levant

Jamais ne virent le jourAussi étincelant quand les lèvres

D’Héloïse effleurèrent la joue d’Abélard.

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Si les aigles parlaient Ils raconteraient le ciel,

Pourquoi les nuages prennent Des formes bizarres

Qui font paisiblementDormir les enfants.

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Scrutez autour de vousLes regards qui se cherchent Un ami est peut-être juste

À côté de vous.

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La mer est calmePar habitude ou ennui,

Parfois turbulente Jusqu’à son agonie,

Ainsi mon coeur saigneEntre amers souvenirs et

Total oubli.

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Autour des astres Une farandole,

Des défunts font la rondePour se moquer du monde.

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Allah! Que ma juive est belleSe dit l’imam en haut du minaret,

Adonaï! Dit le rabbin: quel beau joyauCette musulmane qui passe.

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Le mur à mes oreilles murmureRappelle toi Charlie, Berlin coupé en deux,

Certains en gardent la sombre nostalgie.

Si je t’oublie Jérusalem

Ou sont mes douze tribus Entre rivalité et espoir déçu

Ma synagogue est sainteMa mosquée ointe

Mon mont d’oliviersMon Golgotha dressé

Si je t’oublie Jérusalem

J’ai l’espoir qu’un jourNous nous tiendrons la main, Que les danseuses chantent

Au son du tambourinComme au temps jadis.

Si je t’oublie Jérusalem.

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Dans ma prison lointaine Du fond de ma geôle

Sous un ciel si basQui rase les murailles

J’ai vu un petit moineau Qui cherche son nid

Dans toute cette grisaille.

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Si grandeur il y a Creusez profond la tombe,

Tout règne à une finToute gloire succombe.

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Va courir le tempsSous les cyprès

Les tilleuls centenairesQuo vadis?

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Quand les cieux feront miroiter L’aurore jusqu’à nos portes,

Déposer nos songes en silenceBousculer la nuit et réveiller

Les prophètesJe me dirai poète.

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Nid numéro

deux

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Maigre pâleur que L’ego de soi -même

Ainsi va le jour Poussières , poussières , poussière Trois fois poussières enflammées

Que la tombe apaise Aussi lentement que la pierre

Et le cœur du vent

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Comme la rivière quitte son litMa passion s’envole et fuit vers le large; là ou mes yeux

guettent Ton doux visage

Là ou est ton rivagePour animer mes nuits

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Nomade, j’arpente mes joursJ’arpente mes nuits comme

D’autres la vraie vie.Les poètes du hasard, chercheurs

De pépites: les mots.Les traîtres motsCeux qui tuent.

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Il faisait douxQue voulez-vous

J’avais clos ma fenêtreEt fermé mon cœur

- Quand vint la beauté Drapée de nudité--

Il faisait noirQue voulez-vous

J’avais masqué ma peurEt brusqué mes gestes

- Quand vint l’heure d’aimer- Je l’avais déjà tué –

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Pour tourner les pages de la vieUn sacré doigté est nécessaire,Ainsi va l’été, ainsi va l’hiver,

Ainsi toi et moiComme l’eau qui file entre les jours

Et l’épais brouillardQui précède la mort.

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Mille et quinzième sonde

• Humaine osmose

Essence du vu: VraiTu te reconnaîtras

Dés la prime gageure Sitôt le voile levé.

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Je suis un poèteMétis d’Arabie et d’AsieLa terre d’Andalousie et

Presque par hasard né près desRivages de Carthage la blanche

J’ai connu des désamoursDes passions, des remords,

Que sais-je encore,De voraces croque-mitainesDes bons-hommes catharesDes promesses incertaines

Des enfants courir pieds nusEn se moquant des morts et des

Fantômes glisser le long des couloirs,

Des jeunes filles de rienMais qui valaient de l’or,Et de fausses marquises,A croupeton soumises.

Porte moi, angeA l’orée de ses hanches

Que mon sautoir demeureJ’ai d’elle un mémorial

Tel que martyrs passentEt soufflent vents, tempêtes

J’ai souvenir d’elle queJamais n’effacent

Les éclipses solaires.

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Que sommes nous venus faireSur ces contrées arides?

La planétaire face du tout ou rienDu rien plus que le tout

Du tout le goût amerCette terre de rien du tout.

Que sommes nous venus fairePar ici le désert total

Au-delà l’océan blême Du rêve inaccessible

Ô Incertaine mortDu grand vent anéanti

Invention du RienEt la forme de Tout.

Porte moi, angeA l’orée de ses hanches

Que mon sautoir demeureJ’ai d’elle un mémorial

Tel que martyrs passentEt soufflent vents, tempêtes

J’ai souvenir d’elle queJamais n’effacent

Les éclipses solaires.

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J’ai sang Rejaillissant, de

Millénaires ancêtres Coulant à flots abondants

Sur ma poitrine nue.

J’ai visage Travaillé au burin,Tanné par le soleil

Les plis sous mes cils Sont des signaux d’adieux.

J’ai cœurSur peines et joies

Accumulées séculaires, Sur le seuil de ma porte.

J’ai yeuxPour l’enfance

Et lèvres pour le rire Hâter le temps qui passe.

Et m’habituer à La couleur des choses.

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Mienne•

Verdâtre est son soleil Dans ma maison là-basSeule figure humaineMa bien aimée et moi

Mon amour est merveilleUn baiser et voilàHumeur sereine

Nos cœurs sont en émoi.

Seulâtres sont nos peinesQuand divergent nos pasA peine passée huitaine

Nous voici à trépas

Saumâtre est le réveil Quand elle n’est point làQue n’as tu-fais vilaineDe tes nuits à Gafsa.

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Il me faut aimer•

Intrinsèques passionsVelléitaires songeries

Il me faut aimer D’amour absolu pour

Reconquérir mes racines enfouies.

Quand remonte à la surface Le sable fin de la mémoire

Que l’eau stagne douce-amèreDans les bas-fonds du corps

Il me faut aimer.D’amour absolu.

Les brindilles sauvagesDe mes actes anodins journaliers

La fugueuse fureur de lacérerEn vain mon destin, mes images

Il me faut aimerD’amour absolu.

Quand fourmillent les idéesDe meurtre, de sang, de naissances

Il me faut repenser le long Parcours de ma propre errance

De tout temps, à jamais

Il me faut aimerD’amour absolu.

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Ci-devant Je règle mes comptes

Avec la police, la miliceLes gardes-chiourmes

Les valets-balaisLes yeux ténébreux culs terreux

D’ici et d’ailleursInnomés innommables

Ci-finJe règle mes comptes

Avec mes capricesMa malice

Mon presque moiMon émoi

Mon amour sondant des pierresJusqu’ici intouchables.

Je trinque à l’injusticeQui fait du juif errant

L’unique coupableEt de l’arabe enfant

Un parfait responsableDes erreurs commises

Par des débiles absents.

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Testament•

Sur mon lit la tristesse Fais mine de s’asseoir

Mais elle veille en véritéL’heure propice au Soleil.

Sur mon front la tendresseInscrit son propre sort

Au quotidien va – et – vientDes baisers au réveil.

Sur mon corps la mortPour une fois soumisePrend garde et tientSa cohorte au loin.

Sur ma bouche enfinLe mot Amour revient

Comme pour éteindre laFlamme de la dernière bougie.

« ETC...ETC... ICIREPOSE LE POETE

DANS MILLE ANS ET UN JOURIL SERA PARMI VOUS … »

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Chaque matin pâtit de sa propre suffisance.Il est des matins amers comme un cri étouffé;

Embryon de révolte refoulée aux entrailles.Il est des matins radieux comme le mot « Aimer »

Sur des lèvres câlines.Il est des matins de haine intense et d’absolu

Délire. Il est des matins nostalgiques ou l’on rêve

D’être néant.Il est des matins remords et dépit, Des matins d’immense solitude

Il est des matins à morsure, des matins à caresses. Des matins anoblis et d’autres maudits

Il est des matins légers comme la flammeD’une bougie

Et d’autres matins lourds comme un suaire.

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Si tu ne me donnes un enfant Je verserais des rires

Dans le vase de ta vieDes guirlandes solairesPour les jours de pluie,

Je remplirais la courD’impossibles baisersEt des pétales de roses

Sur le chemin de tes nuits.

Si tu me donnes un enfant J’inventerais pour toiDe stellaires caresses

Des mots rouge-gorgeDes mots fragiles, des mots secrets

D’insondables paroles;Je sèmerais pour toi

De parallèles couleursSur les sillons de notre amour.

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Si tu me donnes un enfant Je bercerais son nom

Jusqu’en mes nuits profondesJe veillerais des sièclesSur son berceau fleuri Je porterais à l’infini

Sa joie de vivre la vraie vieLa hâtive promesse

Des bonheurs millénaires.

Si tu me donnes un enfantJ’enroulerais son souffleLe tien mêlé au mien

Auréolé du Verbe Qui fît naître l’hommePour tout reconquérir.

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Mille et quatorzième sonde

•Sidéral éclairBaiser mortel

De ceux qui furent jadisEt qui maintenant voyagent

Intemporels messagersDe la paix sur terre.

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Verbe haut•

Tout verbe est inutileQuand passent les pirogues

Sur le fleuve du temps.Ma voile est digne du siècle

Dernière secoussePassion majeure

Je trace le nom du dernier poèteSur l’ardoise du vent.

Je suis là,Partout me trouve le souffle

Je respecte le pacte des voltigeurs anonymesEt l’avènement des scélérats maudits.

Je bois la coupe servie parDes déesses infâmes, je renie l’apparatDes rois sanguinaires, je meurs debout

Sans béquille à l’heure des maréesVers les minuit et demie.

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J’ai maintenu•

J’ai maintenu des routesDes chemins hasardeuxDes sentiers caverneuxSans forfait, ni déroute

Des îles imaginairesHumain plus qu’humain

J’ai supposé regards J’ai tenu des mainsJ’ai failli promesses

Humain plus qu’humain

ET LA RAISON DU PLUS FORTN’EN DÉPLAISE AUX POÈTES.

J’ai caressé espoirsJ’ai chantonné refrains

Sans avenir hélas etSans lendemain

Humain plus qu’humain

ET LA RAISON DU PLUS FORTN’EN DÉPLAISE AUX POÈTES

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Petite tourterelle en ma peine blottieQue ne donnerais-je pour te savoir acquise

A mon cœur soumise et si Dieu me prête vieJe t’installerai le plus beau trône du monde.

Oiseau blessé, mien amour, en moi milles chosesA te dire, à tracer sur le sable de la mer

Milles roses à t’offrir, une eau pure et claireUn long jet de baisers, humble et douce offrande.

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Design Graphique : David Delvallé

Veilleur du jour : poèmes et autres crisParis, Saint-Germain-des-Prés, coll. Chemins profonds, 1986

Prophéties insoumises Paris, Saint-Germain-des-Prés, 1981.

Le Porteur d’eauParis, Saint-Germain-des-Prés, 1976

Du mêmeauteur

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