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LES AMIS DU VIEUX ROGNES Association déclarée J.O. 2.2.1977

ANNALES

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S 0 M M A I R E

- Editorial

- Lettre aux adhérents leur signalant les risques courus pour notre patrimoine.

- Extrait du "VERROU S'OUVRE" Avril 1978.

- Lou Prouvencau. G. SALEN

- La jeunesse provençale d'Honoré Gabriel de MIRABEAU. J. de LANDER

- Compte-rendu de la sortie du 11 Juin 1984. Les grottes de Calès à LAMANON

. Le temple de Château-bas au VERNEGUES Les fouilles des Taillades à LAMBESC.

Cahier des Annexes en tiré à part. M. BONNAUD

- Histoire de Rognes J.M. MARTIN p. 414 - Prétentions de Henri de RAFFELIS p. 483 - Décision du Conseil du 1er Mai 1664.

REPRODUCTION DES TEXTES ET ILLUSTRATIONS INTERDITES, SAUF AUTORISATION ECRITE ; REFERENCE OBLIGATOIRE A L'AUTEUR ET A LA PUBLICATION. LES ARTICLES PUBLIES DANS LES FASCICULES N'ENGAGENT QUE LA SEULE RESPON­SABILITE DES AUTEURS.

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EDITORIAL.

Vous avez pu remarquer l'absence d'un Editorial dans ANNALES 7 de 1983. Il ne nous a pas semblé utile de renouveler le texte précédent qui précisait l'importance de la dette contractée auprès de nos adhérents et le grand souci que nous avions de les rembour­ser le plus tôt possible.

L'année 1984 a été, pour nous-même, marqué dès son début par des troubles de santé qui se sont poursuivis jusqu'à sa fin en ren­dant impossible la confection des ANNALES n° 8. Toutefois, nous a­vons pu enfin effectuer le s remboursements la veille de Noël.

Pour rattraper notre retard, voici le compte-rendu de l'Assem­blée générale du 16 Septembre 1983 qui avait été annoncée par let­tre du 15 Juillet et confirnée par affiches sur vitrines au début Septembre.

Nous avons eu la contrariété de constater qu'une quinzaine d'Adhérents était présents ce soir-là, 20 h 30, en Mairie. Les su­jets suivants ont été exposés

l - Bilan de l'activité de l'Association. 2 - Renouvellement du Conseil. 3 - Questions diverses.

Ont accepté leur renouvellement : Mesdames:Claudette BIAGIONI Andrée PHILIP

Messieurs : Jean-Guiral ALMES Gaston GRANON Pierre THOMAS.

Madame ALMES a accepté le Secrétariat en remplacement de Mada­me Jeannette LEZAUD.

Messieurs Stéphane MAGNIN et Michel BARBIER ont accepté de rem­placer les regrettés J.M. BONNAUD et Aimé GAUDIN décédés.

Monsieur ALMES Vice-Président a clôturé cette séance en pré­sentant avec projection de diapositives, les àernières trouvailles archéologiques sur le territoire de Rognes et notamment celles con­cernant la continuité de l'habitat sur les pentes du Foussa, de l' é ­poque pré-romaine jusqu'à nos jours.

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Nous rappelons sa découverte dans une muraille en pierres-sè­ches à proximité de la "Fenêtre du Foussa" d'un fragment important d'un dessus de sarcophage. Nous avons eu la déception d'en consta­ter la disparition quelques jours après cet exposé trés intéressant en regrettant alors de n'être pas intervenu auprès du propriétaire, Monsieur CASTINEL, pour mettre cette pierre taillée à l'abri, dès sa découverte.

Au cours de la même année 1983, nous avons dressé le plan d'un élément de rempart subsistant à 24 mètres au nord de l'arête Sud de l'ancienne Mairie à la Place Vivaux (actuellement 14 Juillet). Il formait mur mitoyen entre les maisons n° 281 et 293 du cadastre de 1835 (n 6 318 et 319 de celui de 1968). Ce fragment fut mis à

- jour après le tremblement de terre du 11 Juin 1909. Ainsi, il est antérieur aux remparts de 1526 (Annales 3, p. 218) et semble dater du XII ou XIIIsiècle.

Dès travaux effectués à proximité de son assise, ont fait qu'­il a été démoli, par l'Entreprise, sur la moitié de sa hauteur en raison de sa forte inclinaison négative (17 cm pour 2,25 m de hau­teur). Conformément à nos statu~s,ce fait a été porté à la connais­sance de la Direction des Domaines qui gère la zone non constructi­ble du Foussa. Nous regrettons sa démolition car une superbe archè­re subsistait sur sa face nord.

Au début de Février 1983, l'Entreprise MAINPONTE de l'ISLE JOURDAIN (Gers) est arrivée à Rognes pour restaurer, à l'Eglise, deux rétables dits de St Joseph et de St Roch, par ordre de servi­ce des Monuments Historiques ; montant de la dépense 189 000 F. La Municipalité a participé pour le quart de cette valeur en tant que propriétaire de tous les rétables cl2ssés, notamment. Ces travaux avaient été programmés en Janvier 1981 par le Ministère de la Cul­ture pour un montant global de 310 550 F mais seuls deux rétables ont été retenus trois ans plus tard.

Nous en avons suivi l'exécution : restaurations des boiseries et des sculptures, raccords des dorures à la feuille d'or, raccords des maçonneries. Commencés dans le sous-sol de la Mairie pour les boiseries, les travaux se sont achevés dans l'Eglise le 29 Avril 198 3.

Nous avons été avisé, fin Octobre, que la Société de Statisti­que d'Histoire et d'Archéologie de Marseille envisageait une visite des rétables de l'Eglise de Rognes. Une pré-visiLe a ensuite été fait avec le Président et Madame le 28 Octobre. Le 4 Décembre nous

_ avons reçu les 40 participants, sur le parvis, à 9 heures et avons reconnu, parmi ceux-ci, Madame VILLARD Archiviste en chef Ges Archi­ves Départementales des B. du Rh. L'éclairage successif de chaque

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rétable a permis de faire apprécier les trésors d'art qu'ils repré­sentent, notamment les deux fraichement restaurés, qui brillaient de tous leurs ors.

En mars 1984, l'office Régional de la Culture nous a invité à assister à la réunion du 24 mars au couvent royal de St MAXIMIN. Monsieur ALMES nous a représenté à cette journée où trois thèmes ont été discutés

l Prospection et étude. 2 Sauvetage et protection. 3 - Animation et utilisation.

Il a reçu confirmation de l'Office que nos Associations Cultu­relles ne pouvaient recevoir aucune subvention de sa part ; cela nous a rappelé la réponse négative du Conceil Général à notre deman­de de Subvention en 1980.

La Municipalité nous a demandé d'assurer la visite du pays les 14 et 15 Juillet ainsi que les 18 Août et 8 Septembre. Nous avons assuré les deux premières journées, Messieurs ALMES et SALEN les deux autres.

Le 14 nous avons eu la surprise de constater qu'un aveugle, soutenu et quidé par son épouse, était dans le groupe ; il a suivi la visite avec grande attention. Peut-être certains ont pu penser que nous décrivions avec trop de détails ce qui était tout simple­ment visible ; tout cela était dit à l'intention de cet homme très attentif et près de nous.

A cet inconnu, nous dédions le paragraphe suivant tiré d'une Nouvelle de Marcel SCh"'NEIDER : D'argent au Levrier de Sable (Revue des deux mondes - Août 1984).

Les ruines, je le confesse, m'ont toujours attiré ; elles sont la mémoire des paysages. Autour d'elles, j'y respire l'histoire. Une pierre d'un temple païen ou d'une basilique chrétienne me fait battre le coeur quand je la tiens dans ma main : c'est qu'elle me parle d'un passé fabuleux, d'une sorte d'éternité. Une éternité si l'on compare la némoire des pierres et celle des hommes. n

Lors de la visite du Musée d'Histoire locale de BIOT (près d'Antibes) nous avons signé le livre d'or en félicitant les organi­sateurs de ce remarquable ensemble qui peut être considéré comme un modèle. Nous espérons bien que la Municipalité pourra nous permet­tre d'établir un Musée semblable dans les prochai~s locaux disponi­bles.

A la mi-Juillet, Madame ZEHTNER nous a signalé la découverte

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de deux tombes dans sa propriété de Raimbaud ; ces deux tombes sont parallèles, très proches l'une de l'autre et creusées dans le ro­cher ; elles se trouvent en plein bois et en avons fait un lever précis. Ces tombes sont semblables à celles du très ancien cime­tière St Etienne, au lion d'Or, qui constitue maintenant un nou­veau quartier de Rognes entièrement bâti.

Monsieur Jacques PARRAUD, Maire de Rognes, nous a montré un document exceptionnel et rarissime : le livre d'Arithmétique manus­crit d'Honoré PARRAUD en 11 cahiers d'un format inusité : 30 x 44,5 cm. "Livre d'Arithm é tique renfermant les r~gles les plus utiles du petit et du grand commerce, fait par moy Honoré PARRAUD écolier de Monsieur Joseph LAST Instituteur Primaire Royal. A Rognes le Vingt quatre Juin, la Fête de St Jean, l'an 1817."

Cet ensemble peut être regardé comme étant, à la fois, un ca­hier de calcul, d'écriture, de dessin, de rédaction et de généalo­gie. Nous le présenterons dans le prochain ANNALE 9 à paraître avant la fin 1985.

Nous avons adressé aux adhérents une invitation pour assister à la conférence du 17 Novembre de Mr. Yves BURNAND à Aix en Proven­ce sur proposition de l'Association ENTREMONT. On a pu le revoir et l'écouter, avec grand plaisir, nous parler de ses fouilles à Barb;belle en 1967 sur la zone du Mausolée des DOMITII dont la villa devait être au Grand St Paul au premier siècle de notre ère. Une trentaine d'adhérents ont pu y assister. Mr. BURNAND est Pro­fesseur à l'Université de NANCY.

De fin Novembre au début Décembre, à l'Hôpital d'AIX nous a­vons souvent conversé avec Gaston GRANON qui s'y trouvait en trai­tement. Notre entretien du 8 au soir aura été le dernier avant son brusque décés le 10 décembre. Il était passionné de lectures et d'histoire locale, faisait de grandes promenades dans la campagne mais aussi de longs voyages à l'Etranger ; et participait à toutes nos sorties. Les familles GRANON et la nôtre ont la m8me ancienne­té arrivées à Rognes vers la fin du XVIème siècle, elles figu­rent au cadastre de 1589 (Annales 5) . Gaston était conseiller de­puis 1977 ; il avait participé à l'exposition de 1976 sur le trem­blement de terre de 1909 et sa soeur Anna s'était distinguée par l'enregistrement de ses souvenirs, sur cette époque, que tous les

~ visiteurs ont pu apprécier en l~s écoutant.

Mo:1sieur G. FRAISSINET, des Coustières, nous a quit té 1 ui aus­si membre bienfaiteur de l'Association, nous aimions aller lui présenter les Annales qu'il recevait avec un plaisir marqué. Il dressait la généalogie de sa grande famille. Madame Veuve FRAISSI­NET nous a informé que le manuscrit de cette étude avait été remis à la ville de MARSEILLE.

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Nous conservons, de ces deux disparus, un souvenir attristé et respectueux.

L'Histoire de Rognes de l'Abbé J.M. MARTIN donne une grande importance à tout ce qui touche l'Eglise ; comment s'en étonner ! fallait-il alors tronquer le manuscrit pour tout ce qui s'y rat­tachait ? Nous aurions alors fait oeuvre de faussaire. Il a été le premier Rognen à prendre en charge l'analyse de nos très ri­ches archives communales ; rien d'analogue n'a été fait dans le canton de Lambesc. Nous continuerons donc à faire paraître son manuscrit sans aucune modification.

Depuis la création de l'Association en 1977, Madame ALMES assure la frappe des textes avec grande obligeance ; elle est de plus, maintenant Secrétaire. Nous la remercions bien sincèrement pour son dévouement.

Le Président.

LfS AMIS DU vaux ROGNES ASSOCIA l WJ OECt.\REE (JO. 2· 2-77 >

Siège : en l\ia irie de kùlj ;~lS

Objet : Protection des vestiges historiques et archéologiques.

Rognes le 16 Janvier 1985

Madame, Monsieur,

L'Association "LES AMIS DU VIEUX ROGNES" s'est fixée comme

l'un de ses buts, la sauvegarde et la mise en valeur du patri­

moine historique et archéologique. Ceci comprend particulière­

ment la protection des sites préhistoriques, antiques, médié­

vaux et modernes.

Vous possédez peut-être sur votre propriété des vestiges

anciens, qu'ils soient visibles ou enfouis.

Nous attirons votre attention sur le fait que ces vestiges

sont de plus en plus menacés, à votre insu, par des détériorations

volontaires ou non, et cela par des fouilleurs clandestins uti­

lisant des détecteurs magnétiques. Ces personnes pillent le patri­

moine de notre commune en vue de collections ou de reventes.

Pour que de tels agissements cessent, vous devez empêcher

toutes recherches clandestines sur votre propriété. Des lois et

une règlementation existent dans ce domaine débouchant sur des

sanctions pénales. La loi sur la propriété privée est l'une des

bases de la protection des vestiges.

L'association "DES AMIS DU VIEUX ROGNES" est décidée à lut­

ter contre la dispersion du patrimoine. Celui-ci a tendance à dis­

paraître au profit de que lques personne s ne voyant en lui qu'un e

marchandise .

Les destructions et les vols de vestiges historiques et de

mobilier arché ologique ou moderne récemment commis sur Rognes

nous privent de la connaissance de nos racines et d'une partie

visible du travail que nos anciens, habitants de ROGNES, ont su

construire en leur temps et préserver jusqu'à aujourd'hui.

Vous pouvez faire appel à l'Association "DES AMIS DU VIEUX

ROGNES" ainsi qu'aux organismes compétents dans ce domaine : Mai­

rie, Gendarmerie, Direction des Antiquités Historiques.

Nous vous remercions de bien vouloir prendre en charge la

protection du patrimoine historique et archéologique de ROGNES.

Amicalement.

Le Président

Le Vice Président

Le Vice Président

M. BONNAUD

G. SALEN

G. ALMES

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ON A · TROUVE · UN TRESOR •

Cette nouvelle a été propagée instantanément dans tout le village; auasitôt,les imaginations ont battu la campagne •••• La surprise passée,les curiosités satisfaites,une incertitude s'est alors présentée pour désigner le propriétaire définitif de la trouvaille. La question ne datait pas de ce jour-là;elle avait déjà sou­levé ailleurs de bien vieux prooés. ·

C'est bien oe qui a dù - .:a~ passer àJ1qgnes vers I750 lorsque fut découvert un trésor de 84 pièces ·d 9or Romaines au oours · d'un labour dans le domaine 'de Rimbaud. (Abbé MARTIN. Histoire de Rognes. Manuscrit p.I2 (Marie TAY. Monographie du village de Rognes. p.I2 (Maurice COQUET. La Région de Rognes... p.II7 note III. (Yves BUP~AND. DOMITII Aquenses.... p.I68 )

Un trésor •• mot magique et sais~ssant,inséparablt;t des contes •'- •; - , de notre jeunesae. Il apparait quelquefois dans l'actualité, car on en découvre encore et sans recherches spéciales d'ailleurs.

Ainsi;la Revue ARCHEOLOGIA,n2II6 de Mars I978,dans l'article "Les Romains en Côte d'Ivoire"signale qu'à SAN PEDRO (Port situé .à 300km à 1 1 ouest d'ABIDJAN ),un propriétaire,en faisant arracher un arbre,eut la surprise de voir,parmi les racines et à un mètre de ·pro·fondeur,des monnaies ·romaines de l'époque de Constantin. C'était un trésor authentique de 38 pièces de faible valeur; un marin romain perdit·' là sa bourse, vers le -milieu 4u IV e siècle. ·

Le Dictionnaire indique -~ au mot tréso~ : r'éunion de choses pré­cieuses amassées pour ê·ti-ê · conservées~·

Le Code Ci v:i.1, article 7Î6, précise: "L~ -' trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personn:ér:'ne ) peut justifier sa propriété et qui est découverte par le pur effet du hasard". Par ces deux définitions, il appara1 t une différence ent.re choses précieuses amassées et chose càchée ou enfouie. La-premi~rë sugg~rë des valeurs précisës;monnayables;comme l' or,les pierres précieuses,les perl~s, •••• La deuxième,des choses qui,finalement,n'auront qu'une valeur relative,celle due à leur rareté,le prix évalué par des experts.

Pour cette dernière indication,il semble que l'on ne cache des choses de valeur qu'en période d'inséourité,pendant des troubles sociaux,en temps de guerre. · Il est vraisemblable que le trésor de Rimbaud a été caché dans le sol lors des invasions barbares du premier siècle.

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cette manière de faire vient de loin et s'est- pratiquée il n'y 1i pas si ldl?;temps.Qui n'a pas caché chez lui des objets ~ui lui semblaient précieux •••• Les troubles terminéa,la paix_ . retrouvée,les pierres ont été deacel:+ées,lea cloisons de fond de placard démolies afin de récupérer les dépôts i~tacts. . Tout cela suppose que l'interessé se retrouve en vie à. la fin des temps troublés ou qu'il ait :pu mettre au courant ses enfanta ou ses proches parents avant de mourir. . . Hélaa,ce n'est souvent pas le propriétaire qui repr~~d son oien maia,plusieurs années aprèa,voire des siècles (I6 sieclea, pour le trésor de SAN PEDRO ) ce sera une personne étrangere. qui . le trouvera par hasard et ce trésor sera alors tout à fa.1 t à lui car personne ne pourra justifier son droit de propriété.

Sont des trésors les découvertes suivantes: -monnaies trouvées dans des murs en démolition ou non,sous des escaliers,sous des planchers,en pleine terre, •••

-objets cachés dans des meubles à doubles parois ou à double fonds -billets de banque trouvés dann des livres, ••• etc. Tout ce qui précède ne vise qu'à définir ce qu*est un trésor; reste à préciser à qui il appartient. Le Code Civil, toujours dans l'article 7I6,indique: "La propriété d'un' trésor appartient ,à celui qui le trouve dans "son propre fonds;si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui "il appartient pour moitié à celui qui l'à découvert et pour l' "autre moitié au propriétaire du fonds." Il est donc clair que,s;j. vous .trouvez un trésor chez vous,dans votre bien,il sera totalement à vous. On vous désignera alors cofiliile en étant l'inventeur. La qualité d 1 .flventeur ne pourra vous ~tre contestée même si,faisant partie d'un groupe de chercheurs vous découvrez un tr~sor.

Voici quelques cas qui peuvent se présenter lors d'une telle déoouverte.i I/ Locataire d'une maison ou d'un terrain,vous découvrez seul un trésor dans le bien que vous louez. Vous ne pourrez prétendre qu'à la moitié de cette trouvaille (monnaies,par exemple} ou à la moitié de sa valeur (pièce unique). Cela suppose que,très honnêtement,vous avez avisé le propriétaire aussitôt; c'est en effet,votre cc-propriétaire légal. 2/ Vous êtes usufruitier d'un fonds;votre propriétaire y décou­vre un trésor sans votre aide.Vous n'~urez aucun droit sur cette découverte.(Article 598 du. Code Civil). 3/ Vous faites construire une maison et,au cours des fotilles l'Entreprise découvre de ce fait,un trésor enfoui. Si rien dans le marché n'a été précisé dans un tel cas,vous devez partager la trou.vaille a:vec l'Entrepreneur.

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4/ Vous tes ·encpre l •inventeur et, tout heur~eux · de votre décou­verte, vous la remettez en totalité. au propriétaire du fonds. Celui-ci, très satisfait, vous prie d' a.ccepte.r une récompense~ Sa.chez que,de .ce fait,vous ne renoncez · pa~ du tout à vos droits sur la découverte que vous avez fa.:i. te; il · àuffJ t qu,e vous les -présentiez expréssément par ~crit à votre cô~propriétaire,à moins que,celui-ci,VOUS ai fait ·Signer,lors de ··Sa remise de · récompense,une ' renonciation à .... touei vos droits. . · ..... 5/ Vous avez · vendu un vieil 'immeuble. Au cours de la démolition on trouve des pièces d'or dana un.' mur;vous n'aurez aucun droit sur ce trésor. . . ., · --... . . . .· . . . __ _ 6/ Vous supposez que dans Un.e vieiU~ Jn~isop. .à ,démolir ou à modifier,des objets précieux peuvent y être cachés et vouseril­ployez des ouvriers pour exéou ter cel!S travaux. . · Vous n'êtes pas tenu de faire conna1tre vos intentions auprès de vos employés mais,en cas de découverte,vous devrez apporter la preuve de vos véritables intentions en montrant,par exemple, l'écrit sous pli scellé que vous aurez confié à des tiers ou à un notaire avant le commenoement des travaux.Vous serez alors le seul propriétaire de toute découverte. 7/ Au cours d'une promenade en dehors de vos biens,vous faites une découverte due au hasard;il fauita donc rechercher le pro­priétaire du sol pour l'en aviser. Certains terrains incultes semblent n'appartenir qu'aux Domaines ou à la Commune; ces Administrations seront encore vos co-propriétaires à qui il Ïaudra signaler votre trouvaille.

Toutes les découvertes faites dans le sous-sol ne ;sont pas nécessairement des tr6sore;ciertaines peuvent faire partie du fonds d'où elles ont été extraites,par exemple: A/ Lors de la démolition d'un mur,une niche est découverte dans laouelle une statue se trouve scellée;cet objet est un mobilier attaché à l'immeuble car la niche a été réalisée pour y placer une ~tatue; il ne a 1a.git pas d'un trésor. B/ Au cours .d'un terrassement entre murs antiques,on découvre une mosa!que; celle-ci est à considérer comme un iJDlilenbJ.e P~-1. r nature car construite pour l'ancien édifice;ce n'est pas un tresor. En cons8quence,s'il n'y a pas "trésor",la découverte appartient en totalit6 au propriétaire du sol.

Un objet se trouvant sur le sol est toujours considér6 comme ayant été perdu; n'étant pas caché ou enfoui il n'est pas un trésor. Cet objet doit alors être déposé en Mairie.

Si l'objet découvert présente un caractère archéologique,il· . sera protégé par la loi (loi du 27 Septembre I94I,validée par Ordonnance du I3 Septembre 1945 - Décret d'application du I9 Avril 1947 ). L'Etat a le droit d'en acquérir la propriété moyennant une indemnité fixée à l'amiable ou par experts; la montant de celle-ci est réparti entre l'inventeur et le pro­priétaire.

Tout ce qui précède ma semble suffisant pour· tr.anquil­lisar le propriétaire1 d'un terrain qui recevraj_ t la visite d' une person..11e venant lui demander un accord pour effectuer de petits sondages manuel~ dont le but ne peut être qu'une recher­che de preuves ou de précisions à apporter pour l'histoire de notre village. Cette demande pourrait ~tre· appuyée par "Les Amis du vieux Rognes" Que pourrait.alore exiger le propriétaire en donnant son accord? ne pas démolir les maçonneries rencontréeB,ne pas arrache.r les arbre:!! et arbustes,ne pas couper leurs racinefl,resp~"ter les plantations,reboucher les troua pour. remettre le sol!• en l'état initial. Si un trésor était décou.vert,le propriétaire serait· aussitôt alerté et protégé par la loi;mais les chances d'en•découvrir un nouveau à Rognee me semblent tout à fait nullea;ti"ar contre, trouver des débris de poteries .anciennes me parait·dertain dans des zones limitées de la Commune; toutefois, ce:f débris restent,à mon avis,sans valeur marchande mais contrl.buent à préciser et dater les période'$ d'occupation de notre·' terroir.

' Je terminerai en scuhaitant que-le:!! propriétaires du p~ys ne prennent pas envers l~s chercheurs éventuela,recommandés par notre Association,une attitude de refu~ dans un esprit d' hostilité à des recherches t9Jit à fait désintereasées, non1

• lucra-- tives,fondées uniquement sur.l'attrait de l'Histoire de notre ·~Provence.

M. BONNAUD

LOU PROUVENCAU

Se parian Prouvençau, es que nostris ancian

An lucha dos milo an per basti la Prouvenço

E se gardan la lengo, tout Francihot que sian

Es jamai per bravado, ni per endevenenço

Nostro /engo, segur, per nautre a ji de pres

Despiei que tant de reire, a la caro frounsido

En, fasent la vos douço clina sus nostri bres

Nous soun vengu counta de causa tant poulido

Nous au canta fou beu de la vida vidanto

Lou zoun zoun de l'abiho, la voio de l'auceu

Lou rampe/a doù pastre a la vos oundejanto

Ganta dins nostro lengo, est ta/amen plus beu

Dins quelo lengo drudo, eme soun troupetun

Qu'es tant prochi di causa, que fa ploura e rire

Espelido d'un pople, eme soun sampetun

E que nous dis tant ben, tout ce que nous vàu dire

E quant, tout afouga a parla doù pais

Quauco bon prouvençau, de la meiouro rama

Lou verbe apassiouna, s'en deven cantadis,

Es dins soun Prouvençau, que ven pouncheja l'amo.

Gilbert SA LEN

LA JEUNESSE PROVENCALE

D'HONORE GABRIEL DE MIRABEAU.

L'on pourrait légitimement se demander, pour quel motif, Aix­en-Provence a choisi le nom de Gabriel de Mirabeau pour baptiser sa plus prestigieuse Avenue car né le 9 Mars 1749 et élévé au château du Bignon, près Montargis ; le célébre tribun ne vint pour la pre­mière fois en Provence qu'en 1770 et pour fort peu de temps. Son pè­re, Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau, surnommé "l'Amis des hommes" sans être pouL autant celui du petit Gabriel, détestait le pays d'Aix et méprisait le château auquel il devait cependant fortu­ne et titres de noblesse.

Le premier lien de Mirabeau avec Aix résida dans son mariage et le procès qui en fut la conséquence peu de temps après. Ce fut le 23 Juin 1772, en l'église du Saint-Esprit, qu'il épousa Emilie Covet de Marignane, l'une des plus riches, sinon des plus belles héritières de la contrée.

Monsieur de Marignane, fort de ses richesses, nourissant de gran­des ambitions avait espéré pour sa fille unique un très brillant ma­riage ; ce fut pour cette seule raison qu'il refusa tout d'abord sa main au jeune Mirabeau ne le trouvant ni assez bien de sa personne ni, surtout, suffisamment nanti. Nullement découragé par ce premier échéc, Gabriel aprP-s avoir rallié à sa cause, grâce à de très généreux pour­boires, la nombreuse domesticité de son futur beau père imagina de s'exhiber en tenue légère, par un beau matin de printemps, s~~- ~e bal­con des appartements d'Emilie, après qu'un éguipage, frappé des armoi··· ries des Mirabeau, efit stationné toute la nuit devant l'H6tel. Le scandale fut tel que Marignane et "l'Ami des hommes" ne purent faire autrement que de marier au pl us vite les deux j ei.:<nes gens.

Marignane fort marri de l'aventure et grandement déçu dans ses ambitions paternelles, décida de se venger avec éclat de ce gendre trop téméraire à son gré.Lorsque, la veille de la cérémonie, le notai­re de famille se présenta pour établir le contrat des futurs époux, le père outragé déclara a haute et intelligible voix devant les pa­rents et témoins réunis qu'au lieu des cinq cent mille livres en capi­tal qu'il avait promis pour dot à sa fille, il ne lui accordait, vu les circonstances, que trois mille livres de rente annuelle, une vraie misère en vérité qui n'allait pas demeurer sans conséquences sur la destinée des jeunes époux.

Les noces furent néanmoins somptueuses, durant plus de huit jours après lesquels la lune de miel se passa à Hyères. A son retour, le jeu­ne ménage décida de vivre à Mirabeau, plus librement et plus économi­quement, pensat-il, qu'à Aix ; ce fut là la source première de tous ses malheu:s.

Gabriel, prodigue par nature et Emilie en vérité aussi dépen­siére que son mari, eurent bien vite fait de dilapider les quelques ressources dont ils disposaient encore après avoir réglé tous les frais du mariage restés à leur charge. En une année, les toilettes de la jeune femme, les travaux d'embellissement du château, les ré­ceptions nombreuses et toujours fastueuses, les voitures et les chevaux représentèrent un passif de 188.624 livres, soit près de vingt fois les revenus annuels du jeune ménage qui ne dépassaient pas 10.000 livres.

Réduit aux pires expédients, Gabriel prit alors la liberté de réaliser des coupes de bois sans autorisation paternelle et, pis encore, de vendre des meubles ce qui conduisit l'intraitable Mar­quis à faire ordonner par lettre de cachet une résidence forcée en la ville de Manosque : Le couple et son fils nouveau né quitta ain­si Mirabeau le 9 avril 1774 pour ce gros bourg qui, disait-on à l'é-

. poque présentait un aspect fort déplaisant avec ses rues étroites, mal pavées, jonchées de paille et de fumier ; l'ordre d'assignation à résidence précisait bien aux intéréssés qu'il ne leur était per­

. mis d'emporter du château "que leurs hardes et non autre chose".

A Manosque, les Mirabeau ne firent que des bêtises : Emilie tomba bientôt dans les bras accueillants du chavalier de Gassaud, séduisant mousquetaire, fils de ses hôtes tandis que Gabriel, bra­vant l'interdiction royale se mettait à parcourir la province à che­val. C'est ainsi que dans les premiers jours d'Août, il eut à Grasse, où il était venu visiter clandestinement sa soeur bien aimée, Louise de Cabris, une violenie altercation avec un gentilhomme vieillissant et bedonnant, Monsieur de Villeneuve-Mouhans, qu'il bastonna d'abon­dance pour avoir calomnié cette dernière.

Au lieu de provoquer son adversaire en duel selon la coutume de l'époque, Mouhans, l'assigna pour coups et blessures par devant la Sénéchaussée de Grasse - le Tribunal correctionnel d'alors - qui, le 22 Août, le décreta "de prise de corps" et le 7 septembre sui­vant l'intendant Sénac de Meilhan était invité par le roi à exécu­ter à l'encontre du prévenu une nouvelle lettre de cachet l'inter­nant purement et simplement en la forteresse du Château d'If.

Peu de jours après, l'exempt de Maréchaussée Ouvières et deux "cavaliers" venaient"prendre livraison" de Gabriel à Manosque et, le 20 Septembre, le remettaient entre les mains de Monsieur d'Allè-

• gre, Major-Commandant du Chateau d'If.

Sénac de Meilhan factura au marquis pour cette opération la co-* gut>tte sonune de 403 livres 10 sols expliquant, comme pour s'excuser

"qu'il y a 15 lieues très fortes de Manosque à Marseille et que l'e­xempt de la Maréchaussée Ouvières et les deux cavaliers qu'il a em­ployés ont été obligés d'être de jour et de nuit sur pieds pour ne pas manquer cette expédition". (A.D. CC 1393)

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Conscience professionnelle et sens du devoir s'alliaient dans l'esprit de Monsieur d'Allègre à une grande bonté et une profonde indulgence, qualités qui lui avaient valu une aimable réputation de bienveillance. Telles auraient été certainement les dispositions d'esprit dans lesquelles il aurait accueilli le 20 Septembre 1774 Gabriel de Mirabeau dont la culpabilité au surplus légère et sans rapport avec la sanction infligée _ s_' il n' avait reçu au moment d' é­crouer son prisonnier une lettre des plus courroucées à lui adres­sée par le marquis. Dans cette missive vengeresse, "l'J:,roi des hommes" décrivait son fils corume un homme qui, "ayant le coeur gangrenè par tous les vices résistait aux représentations de la raison et ne pou­vait être maintenu dans les chemins de l'honneteté que par les trai­tements les plus durs "

Impressionné par cette mise en garde, le commandant accueillit son nouveau prisonnier avec une réserve et une froideur que nul ne 1 ui connaissait mais, très rapidement, sa perspi.caci té découvrit la vraie nature du captif et la sévérité dont il avait fai~ preuve dès l'abord se mua en sympathie et prévenance.

La douceur de caractère qui lui était naturelle lorsqu'on ne heurtait pas trop violemment ses sentiments, les agréments de lies­prit et de la conversation ainsi que l'urbanité des manières de Ga­briel de Mirabeau lui valurent, dès les premières semaines, de son incarcération la sympathie, pour ne pas c1ire l'amitié non seulement de Monsieur d'Allègre et de son état-major mais aussi de tous les invalides qui formaient la garnison du fort et, tout particulièrement du concierge affecté au donjon, un vieux soldat nommé Mouret et de sa bonne amie, la demoiselle Blain, la cantinière. Bien vite, Gabriel se lia avec le couple qui, chaque soir, l'accueillait au coin du feu ; il discutait avec Mouret de ses Campagnes passées tout en contant fleu rette à la belle et frivole cantinière qui eut certainement pour l<i des complaisances dont il se défendit âprement, pour de~• raisons que chacun devir-e, au cours de son procès contre Emilie de Marignane.

Ayant appris par Melle Blain la captivité de son aîn~, André, le fils cadet du Marquis quitta précipitamment l'Ile de Malte où il résidait en qualité de Chevalier, se rendit à Marseille, parvint à pénétrer au Château d'If où il avait été amenée par la barque de la cantinière et se présenta au Commandant. Monsieur d'Allègre accueil­lit plutôt fraîchement le Chevalier mais bientôt, son bon coeur prit une fois de plus le dessus et il l'autorisa à partager le logement de son frère.

Malgré son insistance, André ne put parvenir à persuader so:i frère de s'évader, ce en vue de quoi il l'avait pourtant rejoint au prix de pas mal de périls. Pour expliquer son attitude, Gabriel di-­sait :"Je ve 'J X qu'on puisse cor.1parer ma résignation, ma pati e n ce à so~ifrir les persécutions de mon P~re avec sa p ersis tunce à me les infliger e t qu'on se prononce e ntre les deux".

Mais certains esprits médisants affirment que, seule, la pers­pective des dangers présentés par une telle aventure auraient cons­titué le motif de ce refus.

De son côté, Monsieur d'Allègre qui jugeait sans indulgence l'at­titude de"l'Ami des hommes" à l'égard de son fils s'était mis dans l'esprit d'obtenir la libération de ce dernier. Dans une première lettre il sollicitait la grâce du Marquis " en faveur d'un fils qui, par sa résignation à sa volonté mérite tant le retour de tendresse d'un père respectable que toute l'Europe révère". Et il attestait que depuis le début de sa détention, Gabriel de Mirabeau ne lui avait jamais donné/ni à personne d'ailleurs, le moindre sujet de plainte, qu'il s'était parfaitement conduit, qu'il avait supporté avec modé­ration toutes les remontrances qu'il lui avait faites pour éprouver sa fougue et qu'il emporterait avec son estime l'amitié et la consi­dération de toute la place.

Voilà véritablement un bel éloge de la part d'un geolier en fa­veur de son pensionnaire mais n'allait-il pas un peu loin dans la flatterie, tant vis à vis du père, loin d'être un Saint, que du fils

~que nous appelerions de nos jours une "forte lête".

Sa première missive étant demeuréé sans succès, d'Allègre en­voya sur l'insistance d'André une deuxième lettre : c'était là, jus­tement, l'erreur qu'il ne fallait pas commettre. En recevant la nou­velle missive, "l'Ami des hommes" approuvé sur toute la ligne par Marignane, jugea que, décidément, cet impénitent de fils se trouvait aux mains d'un gardien beaucoup trop tolérant qui, au surplus, fer­mait complaisamment les yeux sur la correspondance, qu'il avait pour­tant strictement interdite, échangée entre Gabriel et sa soeur Louise de Cabris par l'intermédiaire de Mademoiselle BLAIN.

Les deux hommes torr~ent d'accord pour demander au roi de reti­rer le malheureux du Chateau d'If où, tout compte fait, il était trop bien, pour le diriger sur une forteresse beaucoup moins hopitalière à tous les points de vue ; le fort de Joux, perdu dans les mon -':. agnes du Jura.

Malgré tous les égarements que le Marquis de Mirabeau imputait à son fils, il ne pouvait être question, eu égard à la bonne renom­mée de la famille, de le traiter comme un vuJgaire malfaiteur et de confier son déplacement à travers une bonne partie du royaume à une

~ paire de simples argousins. Toutes les prévenances voulues devaient être garanties par la qualité du chargé de mission auquel allait ê­tre confié le petit fiJ. s d'Honoré de Riquetti, premier Consul d'Aix, conseiller au Parlement de Provence, Marquis de Mirabeau.

Le 23 Février 1775, par une froide matinée d'hiver, accostait

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dans l'anse du Château d'If une embarcation appartenant à l'Arsenal des Galères élégamment pavoisée et agrémentée, à la mode des gondo­les vénitiennes, d'une confortable tente destinée à protéger les pas­sagers contre le vent et les embruns. Le lieutenant chef de la Maré­chaussée de Provence du Veyrier, mon quadrisaïeul, car c'était lui en personne, que n'accompagnait d'ailleurs aucun cavalier, sautait prestement à terre et se faisait introduire auprès du Major d'Allè­gre auquel il présentait son ordre de mission, signé de la main du roi, le chargeant de conduire Gabriel de Mirabeau au fort de Joux. Monsieur d'Allègre avait été, bien entendu, déjà mis au courant of­ficiellement : des conditions de ce transfert, ce qui lui avait per­mis au lever du jour d'inviter son prisonnier à tenir prêt son mai­gre bagage dans lequel il avait glissé subrepticement, au grand é­tonnement de ce dernier, une paire de solides pistolets.

Quelques instants plus tard, Mirabeau et du Veyrier quittaient le Château d'If non sans que chacun ait mànifesté sa tristesse de voir partir un prisonnier aussi sympathique.

Mirabeau se doutait bien que l'arrivée du Lieutenant de Maré­chaussée ne marquait pas pour lui la fin de sa captivité, tout en espérant cependan~ que son père aurait assez d'indulgence pour pré­voir un arrêt à Aix où il pourrait embrassèr Emilie et son fils. Il comprit qu'il n'en était malheureusement rien lorsqu'il s'aperçut qu'au lieu de gagner le port, l'embarcation s'appretait à accoster dans une calanque isolée où attendait une chaise de poste dans la­quelle du Veyrier l'invita à s'installer tous rideaux baissés, aus­sitôt debarqué.

Ce fut alors que surgit entre les deux hommes un incident, le premier et le dernier du long voyage qui allait suivre, que Mira­beau racontait ainsi darif.; ses"lettres à Sophie".

"Monsieur du Veyrier me demanda ma parole de ne point me sauver je 1 ui répondis que les prisonnier !:; de gu(~rrf' donnaient de s paroles mais que je n'avais jamais oui-dire que 1 'on en exigeat des prison­niers d'Etat. Cett e réponse l'embarrassa ; sans doute, on lui avait demandé de me cachex l'endroit oô je devais aller. J'en étais ins­truit mais je vo~lais en ~tre sôr et voir les ordre s. Il me les mon­tra et je lui dis alors que j'allais ~tre relégué parmi les ours du mon ! Jura et que je serais commandé par un homme qu'il ne connaissa i t même pas. Je suivis paisibl e ment ma conduite qui n'avait aucune es­corte. Je portais deux pistolets, il n'en avait point. Je traversais ainsi le Royaume !"

Grâce à la bienveillance de du Veyrier, ce qui en d'autres cir­constances n'aurai~ pü être qu'un pénible transfert de pri~on à pri-· son prit le caractère d'un pittoresque voyage d'agrément. Au lieu de

prendre directement la route du Jura les deux hommes se dirigèrent, à la demande de Mirabeau, sur Grasse où les accueillit avec joie et reconnaissance Louise de Cabris et pendant huit jours ce ne fu­rent que festins et folles promenades à travers la campagne ; Cette fois-ci, avec assez de discrétion toutefois, afin de ne pas éveiller la curiosité de témoins mal intentionnés.

Puis vint le jour où, malgré tout, la prudence commandant de se mettre en route pour le Jura, ce fut fait mais, bien entendu, par les routes les moins rapides et les plus détournées ; l'on profita du mieux qu'on le put des belles montagnes encore couvertes de neige et des bonnes auberges que l'on y trouvait. Bref l'on ne se privat µe rien et l'on ne se pressa pas puique l'on mit trois mois pleins pour se rendredeMarseille au fort de Joux où l'on arriva le 25 mai 1 775.

Plus tard, lorsqu'en arrivant comme député du Tiers aux Etats Généraux, il se lia avec le frère du lieutenant de Maréchaussée, le futur baron d'Empire Honoré du Veyrier qui allait aussi faire par­tie de la Constituante, Mirabeau prit plaisir à lui conter avec re­connaissance les excellents rapports qu'il avait eus à l'occasion de ce voyage avec son mentor occasionnel.

Honoré du Veyrier aimait à raconter à ce sujet " Mirabeau arrivant à Paris comme député de la Sénéchaussée

d'Aix en Provence m'avait apporté une lettre de mon frére, le lieu­tenant de Maréchaussée, devenu son ami depuis qu'il le conduisit au Fort de Joux en vertu d'une lettre de cachet. Il le tutoyait et disait à ceux qui en paraissaient ~tonnés : Je le traite coDme mon petit frére à la place du gros".

"Le gros" c'était André, le chevalier de Malte qui n'était guère remarquable, disait-on, que par son excessif embompoint qui l'avait fait surnommer "Mirabeau-tonneau".

L"hommage que rendit Mirabeau à la courtoisie dont fit preuve le lieutenant du Veyrier à son égard n'est pas le seul en ce genre. Dans son ouvrage intitulé "Mirabeau et la Provence" le professeur Guiral lui rendit également justice en ces termes

"Du Veyrier, l'honn~te lieutenant de la Maréchaussée de Pro­vence qui, chargé de condu i re Mirabeau du Ch&teau d'If au fort de Joux lui avait t é moigné des ~gards pleins de délicatesse".

Le gouverneur de Joux, Monsieur de Saint Mauris était, comme d'Allègre, homme de bonne compagnie. Il accueillit Mirabeau avec indulgence, demandant même à du Veyrier de rester quelques jours pour l'aider à s'accoutumer à sa nouvelle résidence.

•

Gabriel sut faire la conquête de Monsieur de Saint Mauris com­me il avait déjà fait celle de Monsieur d'Allègre. Peu de temps a­près cette arrivée au fort de Joux le géolier et son détenu se ren­daient ensemble à Pontarlier pour assister à un banquet organisé en l'honneur du sacre de Louis XVI ; ce fut au cours de cette fête que Mirabeau rencontra Sophie de Monier, une jeune femme de 22 ans à peine qui mal mariée à un septuagénaire constitua pour lui une proie facile. Et ce fut le début d'une nouvelle aventure au terme de la­quelle, en 1778, Sophie fut invitée à se retirer dans une maison de discipline tandis que son amant était interné dans l'une des quatre échauguette du donjon de Vincennes où il fut oublié durant 42 mois.

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A l'issue de cette longue captivité, Mirabeau décida de régler avant tout sa situation conjugale ; ce fut là l'occasion de son deu­xième séjour de quelque importance en Provence. Arrivé à Aix sur la fin de l'année 1782 et après avoir vainement demandé à Emilie de re­prendre la vie commune, il se vit contraint, pour parvenir à ses fins, d'entamer par devant le Parlement de Provence une procédure qui constitua le procès à la fois le plus scandaleux et Je plus lourd de conséquences du XVIIIème siècle.

Le plus scandaleux car l'on assista à une véritable conjuration de tout l'appareil judiciaire du Parlement contre un homme seul ; à titre d'exemple l'on vit sur les 24 avocats attachés à cette haute juridiction 23 d'entr'eux littéralement réquisitionnés d'office paY Marignane et "l'Ami des hommes" dans le seul but de priver leur mal­heureux adversaire du moindre conseil juridique con~me de tout appui moral.

Le plus lourd de conséquences en ce sens que se voyant implaca­blement et définitivement rejeté non seulement par sa farf'ille et celle de sa femme mais aussi par la quasi totalité de son milieu, Mirabeau choisit dès ce moment-là les options qui firent de lui l'un des ar­tisans les plus ardents et les plus convaincus de l'ordre nouveau.

Bien qu'obligé de plaider lui même sa cause, ce qui eut d'ail­leurs l'avantage de révéler à ses contemporains un talent oratoire hors du commun qui constitua le départ de sa carrière politique, Mi­rabeau obtint un éclatant succès en faisant condamner sa femme à se retirer dans un couvent à défaut de reprendre la vie conjugale. Ma­rignane qui, par sa bonne table et sa fortnne faisait la loi au Par·­lement obtint un sursis à l'exécution de cette sentance tout en fai­sant introduire par sa fille une insLance en séparation de corps pu­re et simple ; cette contre attaque rnenée de main de maître par l'avocat Portalis, le futur ministre de l'Empire, allait être fatë1le à la cause de Mirabeau malgré l'habilété dont-il ne cessera de faire preuve tout au long du procès.

Les débats s'ouvrirent le 20 mai 1783 devant la grand'Chambre

du Parlement et dureront plus d'un mois. Portalis fut un accusateur implacable affirmant hautement que Mirabeau avait fait un mariage au dessusde ses moyens, guidé par la seule cupidité. Jusque là il avait en partie raison mais la plus odieuse des calomnies commença lorqu'il déclara qu'Emilie avait été la plus malheureuses des épou­ses, privée de nourriture et de vêtements, abreuvée journellement d'injures et de coups de bâton.

Comme si ces insultes ne pouvaient suffire à détruire son ad­versaire dans l'esprit des juges, Portalis, allant jusqu'aux ex­trémités du mensonge, n'hésita pas à affirmer que le brigand Mira­beau menait une vie de bandit de grand chemin, détroussant les voya­geurs, revêtant l'habit ecclésiastique pour abuser les dévôtes ou s'attibuant des décorations afin de duper les riches. Et, pour fai­re bonne mesure il terminait en apprenant au Tribunal que l'homme avait eu l'intention de se rendre en Provence "pour égorger son beau père, sa femme .et son fils afin qu'il ne restat plus rien de cette race", ce que confirmait, concluait l'indigne avocat, une lett.re, · bien entendu apocryphe, de "l'Ami des hommes" qu'il exhibait sans vergogne aux magistrats interloquès. En un mot, à entendre l'accu­sation, Gabriel de Mirabeau était un bandit beaucoup plus redouta­ble encore que Gaspard de Besse de sinistre mémoire.

Le 23 Mai 1783 au cours d'une brillante plaidoirie qui ne dura pas moins de cinq heures, Mirabeau donna la réplique devant une sal­le archi comble que n'avait pu empêcher, maJ.gré les ordres, la gar­de triplée aux portes du Parlement. Devant une foule étœ1née et ra­vie par un tel talent oratoire, Gabriel fustigea tout à tour Emilie dont il évoqua la légèreté et l'inconstance, Marignane à qui il re­procha les moeurs dissolues dont il faisait étalage en hébergeant simultanément sous son toit sa fille et sa maitresse ; Portalis en­fin, pour la déloyauté professionnelle dont il avait usé et abusé tout au long du procès.

Tant de courage, d'habileté et d'éloquence ne servirent walheu­reusement en rien Mirabeau si ce n'est de faire connaitre à la Fran­ce toute entière son surprenant talent d'orateur Pt de constituer les prémices de la carrière politic1ue qui allait s'ouvrir devant lui. D'avance, la cause de l'époux bafoué était perdue par la collu­sion de l'épouse et de l'autorité judiciaire ; le 5 Juillet 1783 la séparation de corps entre Gabriel et Emilie était rendue exécutoire par le Parlement d'Aix-en Provence.

Battu sur le plan du Droit, Mirabeau trouva cependant le moyen de prendre deux revanches, l'une contre l'amani_ d'Emilie, l'autre c ontre la caste à laquelle appartenait Je Parlement auteur de sa condamnat)on.

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Le soir même de cette condamnation, Gabriel provoquait en duel Monsieur de Gallifet en compagnie de qui Emilie ne cessait de s'af-· ficher depuis des années. Deux rencontres successives eurent lieu sur le terrain ; au cours de chacune d'elle, Gallifet fut battu.

Mais la seconde vengeance fut d'une tout autre portée : dans une supplique qu'il adressa au roi à la suite de l'Arrêt du Parle­ment, Mirabeau exprimait

" Mon ~cie élèvera mon génie ; je burinerai ma vengeance ; oui, je l'annonce et ma prédiction ne mentira pas.: un jour viendra o~

la nation toute enti~re saura l'histoire de mon procès et ma voix

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dès longtemps essayée aux vérités hardjes dévoilera dans tous les détails les haines les plus odieuses qui aient jamais deshonoré 1 'or­dre judiciaire et le temple de la Jutice".

Moins de six années plus tard, la prophétie se réalisait point par point : En se faisant élire par le Tiers Etats de Provence à l'Assemblée de 1789 Mirabeau forgeait le levier qui allait enfàn lui permettre de renverser l'Institution qui avait empoisonné toute son orageuse jeunesse provençale.

JEAN DE LANDER

Sortie du Lundi de Pentecôte 11 Juin 1984.

Cette sortie avait été organisée par MM. AL.MES et SALEN pour le 20 Mai ; la pluie la fit annuler et elle fut fixée pour le 11 Juin par simple rectificatif aux affiches.

Ce jour-là, une cinquantaine de participants furent présents pour aller visiter successivement : les grottes de CALÈS à LAMANON, le Temple romain de VERNEGUES, les fouilles des Taillades proche CAZAN. Au départ, les conducteurs furent dotés d'une carte où les sites étaient précisés.

Comme nous l'avions fait lors de notre sortie à LACOSTE (An­nales 7), le compte-rendu ci-après sera un rappel de souvenirs pour ceux qui ont pu entendre les exposés, un complément de renseigne­ments pour d'autres et une découverte de l'Histoire de notre Pro­vence pour ceux qui n'ont pu se déplacer.

I - LES GROTTES DE CALÈS A LAMANON.

Accueillis devant l'Eglise de LAMANON par Madame MESSAGER de l'Association CALÈS-ST DENIS, nous avons entrepris, sous sa condui­te, une longue marche sur un chemin rocailleux, ombragé et en forte rampe à flanc de coteau.

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Arrivés à la plateforme, Mme MESSAGER fit un exposé sur l'his­torique des lieux où se trouvaient déjà de nombreux visiteurs du dimanche et dont certains vinrent se joindre à nous dès cet instant. Au cours de cet exposé et sachant que le premier Seigneur de Rognes était Rican de LAMANON ou d'ALLAMANON,qui tenait la Citadelle, que nous avions une antique chapelle St Marcellin, une autre de St Denis antérieure à celle des Pénitents, il nous semblait voir dans ce rap­prochement une très ancienne marque de l'emprise de cette famille dans les deux localités Rognes et Lamanon.

Nous donnons (Annexe A) les pages 511 à 516 du quinzième tome de l'ouvrage "Les Bouches du Rhône" MONOGRAPHIES COMMUNALES publié par P. MASSON. 1921. Mme MESSAGER nous a résumé les deux premières pages ; il était intéressant èe présenter les suivantes car nous n'avons pas eu le temps de visiter le village de LAMANON. On re­marquera que le premier paragraphe de la page 511 est très court et renvoie le lecteur à la "Statistique des Bouches du Rhône" du Com-te de VILLENEUVE, ouvrage en 4 tomes et un Atlas paru en 1820. Nous joignons donc, à la suite, (Annexe B), les pages 369 et 370 du Tome 2.

Nous avons ensuite visité quelques grottes, toutes creusées dans le safre ; elles sont à rapprocher des grottes de la partie Ouest du Poussa mais sont plus petites que les nôtres.

L'une d'elles nous a été signalée comme étant curieuse, car elle0 comporte sur la paroi de droite un tracé, d'une gravure assez maladroite, représentant une épure de géométrie donnant le côté d'un pentagone inscrit dans un cercle et celui d'un pentagone étoi­lé. Nous avons vu là, les traces de recherches faites à l'abri et à l'occasion d'un orage par un passionné du "nombre d'or". Le rap­port des côtés des deux pentagones est précisément égal à cette va­leur ; c'est la "divine proportion" connue et, pour beaucoup d'i­nitiés, tenue secrète depuis l'antiquité.

Madame MESSAGER nous montra vers le milieu de la plateforme qui sépare les parois où les grottes sont creusées, une zone ro­cheuse taillée à l'horizontale où l'on voit sur le pourtour, sen­siblement rectangulaire, des bases de murs latéraux venues du même rocher compact. A des espacements réguliers, 1 m 40 environ, se trouvent des engravures ; dans l'une d'elle, une pierre de taille y était ajustée et bloquée. D'après les indications données, il s'agirait des restes d'un temple très ancien consacré au culte de Mithra (divinité orientale du soleil ; ange de lumière, serviteur du dieu suprême Ahura Mazda) . Sur la périphérie du rocher et dans sa masse, des grottes y sont creusées mais leur profondeur se li­mite à l'aplomb de l'extérieur des murs de la construction, en rai­son du respect dû à l'édifice sacré.

A cette hypothèse qui peut paraître surprenante, {nous ne con­naissons que la table de Mithra, aux Bolards,en Bourgogne. Archéo­logia n° 109. Août 1977), nouSnproposons une autre qui nous semble probable.

Les d'ALLAMANON ont fait construire une forteresse au Déffend entre le XIè et le XIIè siècle ; ils avaient les outils pour façon­ner et tailler le calcaire dur et compact. Les historiens de Rognes ont vu dans notre Citadelle (que Rican d'ALLAMANON possédait en 1305. Voir Annales 2 p. 77), les traces d'une petite chapelle : arc ogival dans la paroi Sud du plateau. Il nous semble probable que, à CALÈS, une petite chapelle ai pu être construite vers la même époque ou ultérieurement à un emplacement facile d'accès et, de plus, protégé. Les restes visibles du banc rocheux ne comportent

. pas de trous pour encastrement de poteaux en bois mais des entail­les pouvant supporter des poussées vers l'extérieur des murs. Le type de construction pouvant s'adapter sur ces restes est identi-

• que_à celui adopté à Rognes dans une ancienne salle du château des d'Agoult successeurs des d'ALLAMANON, dont le propriétaire actuel~ !1r. ESTABLET, a eu la patience d'en aegageL les beaux restes.

2A

•

La succession des arcs ogivaux, de très faible poussée vers l'exterieur, s'adapte aux entailles, actuellement visibles à CALÈS. De tels arcs nécessitent, en exécution, que des boisages réduits en regard de ceux nécessaires pour réaliser des arcs en plein cintre. Comme précisé (Annexe C), la couverture pouvait consister en lauzes (pierres de taille sciées) reposant directement sur le dos des arcs successifs aménagé pour les recevoir. Le faible volume de cet édifi­ce laisse à penser qu'il aurait pu être remplacé par une autre cha­pelle1ou bien, détruit par les hordes de Raymond de TURENNE à la fin du XIVème siècle.

Nous joignons (Annexe D) partie du plan du site de CALÈS -1982 -remis par Mme MESSAGER ; trois gravures des grottes tirées de l'A­tlas de la Statistique de 1820. Nous laissons le lecteur se retrou­ver sur place à leur examen. Pour notre part, la vue a montre des fragments de rochers isolés comportant des entailles et non remar­qués sur place. La vue b nous semble fidèle. Pour la vue c, nous sup­posons qu'il s'agit des grottes aux abords du "Temple de-Mithra" vu de la partie basse ; il se trouve indiqué "salle à ciel ouvert" sur le plan de 1982. (Annexes E, F, G) .

La chapelle St Denis, située au nord et à l'extérieur des murs fermant la plateforme, est du XIIè siècle. Cet édifice a été restau­ré et se trouve sauvegardé par l 'Association "CALÈS-ST DENIS r•. Elle a conservé son clocheton à deux baies et son abside extérieure à cinq pans comme le montre (Annexe H) le croquis que nous en avons fait sur place. L'intérieur est analogue à celui de la chapelle de CONIL à Rognes (dont la dédicace est inconnue) , mêmes arcs doubleaux dans les murs mais qui sont d'une facture plus simple, l'abside dis­parue était circulaire comme celle de ST DENIS construite en 1720.

Seuls, les bons marcheurs ont pu ensuite accompagner Mme MESSA­GER pour visiter le haut du Deffend. Suivant un sentier sinueux et en forte rampe, ils ont atteint une ancienne chapelle dite de St Jean datant du XIème siècle ; cet édifice ne comporte plus de cou­verture et resteà ciel ouvert.

Les recherches de l'Association CALÈS-ST DENIS ont abouti à la découverte de blocs en remploi d'époque romaine avec inscriptions. D'autres pièces à l'Ouest forment un tout avec la chapelle. Des fouilles sont en cours,dans cette zone d'où l'on observe,sur l'épe­ron, au-delà de la trouée de la plateforme, les ruines de la forte­resse des d'ALLAMANON.

Nous terminerons ce compte-rendu en adressant à Mme MESSAGER, hommages et remerciements pour nous a v oir guidés avec patience e t fait connaîte CALES ; qu'elle veuille bien considérér que nos re­marques et hypothèses sont les preuves de l'attention et d e l'inté­rêt portés à ce que nous avons vu.

LE TEMPLE ROMAIN DE VERNEGUES

A CHATEAU - BAS.

Nous avons vu les restes de ce temple qui se trouve à flanc de coteau, dans un ensemble de verdure dominé par de grands arbres. La présentation a été faite par Mme ROTH-CONGES du C.N.R.S. à Aix en Provence ; ses explications ont été suivies avec attention et in­térêt. La documentation nous a été signalée par Mr. CONGES de la Direction des Monuments Historiques à Aix ; nous les en remercions tous deux vivement.

Il s'agit de l'ouvrage de Jules FORMIGÉ, "Les Monuments ro­mains de la Provence" 1924, que nous avons consulté à la Bibliothè­que Méjanes à Aix. Voici le texte des pages 42 et 43 de ce petit ouvrage

TEMPLES ET EDIFICES RELIGIEUX.

Les temples romains, sauf très rares t é s face à 1 'Est. Leur longueur mesurait, leur largeur.

NÎMES

exceptions, en général,

étaient orien­le double de

Le plus célèbre de tous, par sa beauté e t sa conservation, est la Maison carrée de Nimes qui mesure 25 mètres sur 12. Une premi ère inscription en lettres de bronze et datée de 20 avant J.C. la dé­diait d'abord à Agrippa, bienfaiteur de la Ville ; elle fut rempla­cée entre 1 et 24 après J.C. par une seconde inscription qui la dé­diait à LUCIUS et GAIUS, petits-fils d'Auguste.

LE VERNEGUE

Le temple du Vernègues de même époque que la Maison carrée, est, après elle, le mieux conservé. Il mesure 16 mètres sur 8 et se trouve à flanc de coteau dans un site admirable ombragé d'arbres séculaires. Il en reste le mur de la cella, deux autres et une co­lonne, ainsi que tout le soubassement. Il est probable qu'un autre temple plus petit l'accomp agnait à droite et il ne serai t pas sur ­prenant qu'un t roisième , faisant pendant à ce de rni e r, se fût é l e ­vé à gauche. En dégageant , j'ai récemment découvert la vaste en ­ceinte circulaire à cont reforts qui entourait ce magnifique ensem ­ble.

Le plan joint (Annexe 1) est à la suite de ce texte.

On remarquera que la façade est orientée au Nord-Oùest et non à l'Est. Il serait souhaitable que des fouilles soient faites pour confirmer ou non les suppositions de l'auteur, sur l'étendue des constructions en ce lieu. Ce plan est le complément de celui dres­sé en 1820 (Annexe 10). Tel que représenté, nous avons effectué une perspective réelle du temple vu depuis le bas des escaliers d'accès et au soleil couchant (Annexe 2) ; ce qui reste de l'édi­fice est la colonne ombrée et le pilastre à l'arrière. Dans "Les Bouches du Rhône" Tome IV - Archéologie - de Masson, p 24, figu­rent 4 photographies et un dessin représentant le temple reconsti­tué et vu de face, mais les ombres portées y sont inversées. L'Af~ fiche annonçant la sortie (Annexe 3) est une perspective d'après une photographie suivant un axe Nord-Sud montrant l'arrière de la colonne et le mur de la "cella" percé de baies pour la chapelle St Cézaire. Le temple de Vernègues serait du début de l'ère chrétien­ne comme l'est celui de Nîmes, de Vienne (Annexes 4 et 5). Toute­fois, d'après les remarques de Mme ROTH-CONGES faites sur les dé­tails de construction, les plus anciens seraient ceux dont les can­nelures verticales des colonnes se caractériseraient en partie hau­te par des entrées de gouge à l'envers, zone difficile à exécuter, comme on l'a vu sur place et que nous précisons au temple de VIENNE la flèche indique la zone à remarquer. Pour les temples plus ré­cents, l'éxécution des cannelures est alors simplifiée, l'entrée de gouge est faite sans modification de sens ; voir le temple de BAALBECK (Syrie) Annexe 6. L'Annexe 7 est un fragment de lexique de termes d'architecture.

Pour compléter et illustrer plus amplement ce texte nous avons tiré du tome 2 les pages 420 à 423 (Annexe 8) et de l'Atlas de la Statistique des B. du Rh. de 1820, les principales vues de ce monu­ment (Annexes 9 à 14):

- Texte de présentation.

- Figures I, II, III et V.

- Détails de construction a,b,c,d,e,f.

On remarquera sur la figure III, Les joints des éléments de la colonne qui sont entaillés en forme de V comme on le fait pour a­battre un arbre ; ainsi, avant la découverte de 1817, les prépara­tifs étaient faits pour démolir cette colonne. Lors de la visite,

• nous avons bien remarqué les mastiquages au mortier de ciment de ces entailles.

~ Sachons aussi que ce temple a été baptisé par des poètes et des Félibres, "temple de Diane" déesse de la chasse et des forêts assimilée par les Romains à l'Artémis grecque.

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Temple vénéré et respecté à l'origine ; abandonné pu~s sac­cagé et démoli lors des invasions de la Provence après la chute de l'Empire Romain ; le mur resté debout utilisé lors de la cons­truction de la chapelle St Césaire, oublié pendant des siècles ; la colonne préparée avant 1817 pour être abattue ; enfin, éveil de la valeur irremplaçable de notre patrimoine ; recherches puis classement du site et des restes du temple. Il était temps.

L'Annexe 15 (pages 529 à 533 du Tome 15ème des B. du Rh. Masson 1924) concerne le village de Vernègues que nous n'avons pas visité ; il est essentiel qu'il ne soit pas oublié et ne res­te pas inconnu de nous.

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ETABLISSEMENT GALLO-ROMAIN

DES TAILLADES.

Une importante brochure à ce sujet a été établi.e par Mr. ALMES qui, sur les lieux de fouille, fit un exposé détaillé sur les res­tes de cet établissement. Nous en faisons le résumé succint ci-a­près.

En Août 1982, Mr. AMALVICT faisant une prospection dans diver­ses carrières pour connaître d'où avaient pu être extraits les blocs du temple de Vernègues, découvrit une fouille clandestine aux Tail­lades. Parmi les blocs extraits et dégrossis de taille, des élé­ments de tuiles romaines et de céramique jonchaient le sol.

La Direction des Antiquités Historiques d'AIX-en-PROVENCE fut aussitôt avertie et l'autorisation de fouille • fut alors donnée le 21 Mars 1983 à MM. AMALVICT et ALMES.

Le site intéressé se trouve au nord-ouest de la commune de LAMBESC et à quelque mètreSde la limite la séparant de la commune de VERNEGUES-CAZAN (Annexe 1.)

La "Bastide des Taillades" appartenait à Delphirine d'ALLAMANON, épouse de MONTAULIEU de LAURIS qui rendit hommage de cette proprié­té le 17 Janvier 1438 ainsi que d'une partie de LAMBESC. Ce domai­ne passa à de FAUBRAN de LAVAL LE 8 Janvier 1692 dont la famille conserva ce domaine jusqu'à la révolution de 1789.

Les éléments du bâtiment dégagés montrent une assise établie sur le safre compact et sont orientés en direction du mistral (An­nexe 2.)

Les murs principaux ont une épaisseur de 64 cm et sont à deux parements, avec blocage intérieur, hourdés au mortier de chaux. Deux éléments de murs, perpendiculaires aux précédents ont une épaisseur de 84 cm.

Le mur le plus long laisse voir un enduit portant des joints simulés au fer sur le contour des pierres ; des fragments d'enduit teinté (rouge, vert, jaune) apparaissent dans le niveau de destruc­tion entre murs mais non en place sur les murs. Un petit caniveau, orienté Nord-Sud a été dégagé ; il devait sans doute tenir lieu de drain évacuant les eaux d'infiltration. Une fosse de 3 m de côté a été dégagée en partie et se trouve comblée par un entassements de blocs. Une coupe stratigraphique a été effectuée dans la partie

centrale des fouilles où les dépôts sont les plus nombreux. Cette coupe (Annexe 3) montre que la couche V appartient à la dernière occupation du site.

Les blocs dégrossis de taille, sont au nombre de 7 dont 6 étaient près d'une zone creusée par les clandestins. (Annexe 4)

Un fragment de mortier en marbre blanc a été découvert ; sa forme permet de supposer qu'il s'agit d'un mortier utilisé pour broyer des couleurs. (Annexe 5)

Des éléments en fer (clous de charpente, pattes de scellement), en bronze (une monnaie), en verre (fragments de gobelets, fioles ... ) ont été découverts, ainsi que du mobilier céramique sud-gauloise provenant des ateliers de la Graufesenque, près de MILLAU dans l'Aveyron, en activité du 1er au milieu du 2éme siècle après J.C.

Après son exposé, Mr. AL.MES nous a montré l'ensemble des pe­tits objets et fragments de céramique découverts dans les niveaux d'occupation de site.

En conclusion, les murs peuvent définir soit un bâtiment d'ha­bitation soit un temple à plan centré.

Seule la continuation des fouilles pourrait préciser l'une de ces deux hypothèses.

M.BONNAUD

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