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SECTEUR JEUNE PUBLIC COLLÈGES AU THÉÂTRE EN LOIRE-ATLANTIQUE JANVIER 2012 LES ACTES DU STAGE Saison 2011 / 2012

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SECTEUR JEUNE PUBLIC

COLLÈGES AU THÉÂTRE EN LOIRE-ATLANTIQUE JANVIER 2012

LES ACTES DU STAGE

Saison 2011 / 2012

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SOMMAIRE

POINT SUR L’ÉVOLUTION DE COLLÈGES AU THÉÂTRE EN LOIRE-ATLANTIQUE .. 3

POINT ACADÉMIQUE SUR L ’HISTOIRE DES ARTS SUITE À LA NOUVELLE CIRCULAIRE .............................................................. 5

RETOURS SUR LE SPECTACLE ÉCLATS ET AUTRES LIBERTÉS ......................... 6

LE PETIT CHAPERON ROUGE : LES VARIANTES NARRATIVES DU CONTE ET INTRODUCTION AU THÉÂTRE DE JOËL POMMERAT ..................................... 7

PETITE TRAVERSÉE DU PROCESSUS DE CRÉATION CHEZ JOËL POMMERAT .... 10

JOUER AVEC L ’UNIVERS DES CONTES : PERSONNAGES TYPES ET RÉÉCRITURES THÉÂTRALES DU PETIT CHAPERON ROUGE ........................ 15

PRÉPARER LA SORTIE EN SOIRÉE AVEC LES 3e : L’AFFICHE, DES ENTRÉES MULTIPLES POUR L ’APPROCHE D’UN SPECTACLE À DÉCOUVRIR AVEC LES ÉLÈVES ................................................................................................... 23

BIBLIOGRAPHIE ET DOCUMENTS ANNEXES .................................................. 26

Compte-rendu réalisé par le Service jeune public du Grand T, avec la collaboration de Laura Quirion

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POINT SUR L’ÉVOLUTION DE COLLÈGES AU THÉÂTRE EN LOIRE-ATLANTIQUE

AVEC CATHERINE BLONDEAU, DIRECTRICE DU GRAND T ÉTAT DES LIEUX En fin d’année scolaire dernière, Le Grand T avait annoncé la mise en place d’une réflexion portant sur l’évolution du projet « Collèges au théâtre en Loire-Atlantique ». Cette évolution touche moins le dispositif et les parcours pédagogiques qu’elle ne vise à assurer une relative rotation des établissements participants en instituant un renouvellement tous les trois ans. En effet, depuis une dizaine d’années que le projet existe, les établissements participants se sont peu renouvelés. Aujourd’hui, vingt-cinq collèges du département sont inscrits au projet. Malgré les sollicitations, Le Grand T ne pourra faire entrer davantage d’établissements dans le dispositif, compte tenu de son ampleur logistique. La réflexion entamée s’est déroulée en concertation avec les directeurs des salles partenaires concernées, l’équipe du Grand T, les intervenants-formateurs et le Conseil Général de Loire-Atlantique. Ce travail a débouché sur une constatation : un bilan des besoins et des envies des collèges du département s’avérait nécessaire. Le Conseil Général, représenté par Jeanine Guibaud, coordinatrice des politiques culturelles en faveur du jeune public, a donc lancé une enquête dans les établissements. La réflexion globale se poursuivra sur la base de ce questionnaire. Si vous n’en avez pas entendu parler, n’hésitez pas à le demander à votre chef d’établissement (celui-ci a été envoyé par mail aux principaux le 12 décembre dernier) car nous allons nous appuyer sur cet état des lieux pour mener notre réflexion. À la suite de ces premières rencontres, aucune décision opérationnelle n’a été prise pour la saison 2012-2013. L’évolution du dispositif, pour qu’elle soit cohérente, nécessite une réflexion plus longue. Le Grand T reconduit donc le projet à l’identique la saison prochaine. Toutefois, quelques changements vont avoir lieu sur le territoire d’Ancenis, qui vient de signer un projet culturel de territoire en partenariat avec le département de la Loire-Atlantique. Dans ce cadre, l’Éducation artistique et culturelle est devenue une compétence de la Communauté de Communes du pays d’Ancenis et une priorité du territoire, qui s’est d’ailleurs doté d’une coordinatrice culturelle : Bénédicte Maurin. Ainsi, l’expérimentation de la rotation tous les 3 ans des établissements participants au dispositif du « Collèges au théâtre en Loire-Atlantique » sera testée sur ce territoire à la rentrée prochaine. LE RÔLE DES SALLES PARTENAIRES DANS LE DISPOSITIF Les salles de Loire-Atlantique et les responsables culturels concernés seront davantage associés au dispositif, notamment au travers du stage destiné aux nouveaux enseignants. Ce stage d’initiation ne se déroule plus à Nantes mais sur tout le territoire (Pont-Château, Machecoul, Châteaubriant et Ancenis). L’objectif ici est de développer des associations personnelles entre établissements, théâtres et/ou collectivités, de favoriser le dialogue avec ces structures afin de faciliter un transfert d’expertise.

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Sur le volet technique, les visites de théâtres seront en partie déléguées à l’équipe technique du lieu concerné, davantage en prise directe avec le terrain. L’équipe technique et le service jeune public du Grand T seront donc moins présents qu’auparavant. Les visites s’effectueront encore en duo (avec un technicien du Grand T et un technicien de la salle). Dans cette même logique, le spectacle proposé en soirée aux élèves de troisième ne se tient plus uniquement au Grand T mais dans les théâtres situés sur les territoires des collèges. Toutefois, suite aux retours des enseignants regrettant de ne plus pouvoir faire découvrir à leurs élèves une grande structure de spectacle, ce choix va être repensé en fin d’année. L’objectif de la réflexion menée autour de « Collèges au théâtre en Loire-Atlantique » est donc d’aboutir à une alternance des participants, mais aussi de multiplier les référents dans le département. Le Grand T pourrait alors se positionner comme pôle ressources. LES AUTRES PISTES DE FORMATION En lien avec la politique culturelle menée par le Rectorat, il est envisageable de développer les formations de bassin si une dynamique se crée. Elles sont une bonne alternative au développement de projets artistiques et culturels dans les collèges, en-dehors de « Collèges au théâtre en Loire-Atlantique ». N’oubliez pas qu’il est aussi possible de faire appel au Rectorat pour organiser des stages théâtre. Le mieux est de s’associer à plusieurs établissements avant de déposer une demande. Enfin, les professeurs peuvent aussi être moteurs et forces de propositions auprès des structures culturelles (demande de dossiers artistiques, d’affiches, d’extraits vidéos…). La Loire-Atlantique reste un département pilote en terme de formation culturelle (un dispositif tel que « Collèges au théâtre en Loire-Atlantique » n’existe pas dans les autres académies), n’hésitez donc pas à faire valoir votre expertise. Nous vous invitons enfin à participer à la deuxième session du Forum des Arts à Ancenis. Celle-ci se tiendra le 7 mars 2012 et réunira tous les acteurs culturels du territoire. Cette année ce Forum est également ouvert aux enseignants de collège.

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POINT ACADÉMIQUE SUR L ’HISTOIRE DES ARTS SUITE À LA NOUVELLE CIRCULAIRE

Circulaire consultable sur le site : http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=58238 Cette circulaire, parue en octobre 2011, fait suite à une prise de conscience de la difficulté à faire entrer cette nouvelle matière dans les programmes de manière cohérente : lorsque la note Histoire des Arts n’est pas l’addition de la note de musique et de la note d’arts plastiques, les élèves sont convoqués en examen avec une fiche qu’ils lisent ou qu’ils ont apprise par cœur. En outre, ce sont très souvent les mêmes œuvres qui sont étudiées (Guernica en l’occurrence). La nouvelle circulaire rappelle l’autonomie des établissements et souligne sa volonté de privilégier une offre culturelle de proximité. Elle demande aux enseignants de Lettres d’introduire durant l’année au moins 5 objets d’étude dont 2 qui auront pu être vus plus tôt dans la scolarité de l’élève. Elle ajoute au moins trois domaines (ex. arts du son, arts du langage, arts visuels, arts du quotidien, etc.) et au moins plusieurs thématiques (« arts, états, pouvoirs », etc.). Elle affirme sa volonté de privilégier la rencontre sensible avec une œuvre d’art face à l’utilisation massive du numérique. Enfin, la notion de problématique est mise en avant. Il s’agira de définir au moins une ou deux problématiques (ex. le rapport entre l’art et la réalité) et de voir comment approcher cette problématique à partir d’un certain nombre d’objets étudiés pendant l’année (ne nécessitant pas une étude approfondie). Par exemple, les professeurs pourront se pencher sur la question de la représentation de la seconde guerre mondiale (dans le cadre du thème « arts, états, pouvoirs » en 3e) à travers les peintures de Nussbaum, la pièce Grand-peur et misère du IIIe Reich de Brecht, la musique du « décadent » Kurt Weill et le roman épistolaire Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor. Des problématiques telles que le mariage de domaines artistique et politique ou encore la tension entre œuvre de résistance et œuvre mémorielle pourraient ainsi être formulées. L’élève reste interrogé sur un seul objet d’étude (correspondant à une œuvre). Une nouvelle publication du rectorat doit arriver prochainement dans vos établissements. Cette fiche reprend quelques points sensibles de la circulaire d’octobre, en explicite les fondements et donne des pistes pédagogiques afin de limiter les effets déstabilisants de la circulaire. Consulter le site académique de Nantes, onglet « espace pédagogique » / « action culturelle ». Vous y trouverez de nombreuses ressources sur la conduite d’atelier (théâtre, poésie, etc). Vous pourrez vous référer notamment à une fiche rédigée par une enseignante de Sarthe sur les métiers du théâtre ou à une seconde portant sur la question de la représentation théâtrale. Vous y trouverez également un lien vers le site « panorama de l’art », un site regroupant toutes les œuvres des musées accompagnées d’une fiche d’analyse : www.panoramadelart.com

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RETOURS SUR LE SPECTACLE ÉCLATS ET AUTRES LIBERTÉS

AVEC CATHERINE LE MOULLEC, COORDINATRICE JUMELAGE DU GRAND T Consulter la synthèse opérée par le service jeune public à partir de vos fiches retour (présent dans les documents de travail en annexe). Le spectacle a été perçu de façon très antithétique, tant sur la plan formel que sur le plan thématique. Les réactions, très opposées, font de ce spectacle un des « meilleurs du dispositif Collèges au théâtre » ou bien une proposition très difficile pour les élèves. Concernant la forme tout d’abord, certains élèves ont déploré le manque de narration, d’autres, au contraire, ont été séduits par les tableaux. La thématique constitue un point globalement très positif, les élèves en ont apprécié le sens (engagement, « crois en toi ! »…). Notons toutefois que les classes de 4e ont eu plus de mal à rentrer dans l’œuvre. À cela s’ajoute les problèmes de compréhension liés à la rapidité de la parole et à l’accent québécois. La mise en scène, regroupant la notion de performance ou d’installation, a été appréciée par certains, d’autres ont au contraire été déroutés. Le jeu des comédiens a été salué par tous. Quant aux réinvestissements opérés, vous êtes nombreux à avoir travaillé autour du titre, de l’affiche, des photos de spectateurs, de la bande annonce, de la charte du spectateur, des activités corporelles, du jeu à partir des phrases revendicatives, de la création d’images corporelles, de l’improvisation. Certains ont travaillé autour de la problématique du rôle des objets dans le spectacle, leur utilisation ayant parfois été mal comprise. La rencontre avec les comédiens a été très appréciée, ces derniers ont montré beaucoup de dynamisme. Enfin, Éclats et autres libertés est globalement perçu comme un spectacle enrichissant de par sa contemporanéité notamment.

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LE PETIT CHAPERON ROUGE : LES VARIANTES NARRATIVES DU CONTE ET INTRODUCTION AU

THÉÂTRE DE JOËL POMMERAT AVEC CATHERINE LE MOULLEC

Le Petit Chaperon rouge de Joël Pommerat a été créé en 2004 et a assuré une centaine de représentations par an. Lorsque Pommerat monte des pièces destinées au jeune public, il travaille particulièrement sur le conte (en témoignent ces spectacles Pinocchio, Cendrillon et Le Petit Chaperon rouge). Tout comme les metteurs en scène Olivier Py ou Emmanuel Demarcy-Motta, Joël Pommerat a participé à légitimer le spectacle jeune public : eux aussi jouent dans « la cour des grands ». Son théâtre est particulièrement ancré dans la réalité : il y dépeint le monde d’aujourd’hui dans toute sa cruauté et, par une parole forte, y apporte une force politique. Le thème très actuel de la monoparentalité, chère au metteur en scène, est, par exemple, exploité dans Le Petit Chaperon rouge. Pendant que la jeune fille s’ennuie toute seule, Pinocchio, quant à lui, ne veut plus aller à l’école. Le public adolescent peut rencontrer plusieurs difficultés à la découverte du Petit Chaperon rouge. La première tient dans le genre même du conte, considéré comme une forme littéraire réservée aux enfants et bien souvent méprisée des adolescents. C’est aussi une histoire connue, trop connue, dans sa version adoucie, celle de Grimm, puis celle de Walt Disney. Pas de surprise, pas de suspense et donc peu d’enjeu de découverte pour ces élèves qui pensent déjà maîtriser l’œuvre. Il est alors intéressant de travailler avec eux sur les variations de ce conte (notamment en s’appuyant sur celles destinées aux adultes). Se rappeler également que les contes de Charles Perrault sont au programme de Terminale cette année ! Par ailleurs, la découverte d’un texte supposément connu va à l’encontre des médias dont les élèves sont friands. En effet, à l’inverse des séries américaines qui jouent sur la multiplication et l’intrication des intrigues afin de susciter le suspense, un texte connu comme Le Petit Chaperon rouge jouera, tout comme le mythe, sur un nouveau pan. Pour cela, mener une réflexion avec les élèves en s’appuyant sur l’histoire du théâtre : à l’origine, le plaisir du spectateur ne tenait pas nécessairement dans la résolution haletante de l’intrigue mais plutôt dans l’intérêt de son développement, dans son écriture (le « comment », la construction à la fois comme scénario et comme montage). À partir de ce constat, comment trouver des astuces pour intéresser les élèves ? Plusieurs entrées sont à privilégier.

1. La portée du conte 2. Le traitement proposé par Joël Pommerat 3. Interroger l’incarnation du loup, l’animalité sur scène : est-ce un comédien qui

l’incarne ? Si oui, comment ?

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L’ÉCRITURE DE POMMERAT Il est possible dans un premier temps de travailler la lecture de la représentation. Présenter la compagnie de Joël Pommerat : la compagnie Louis Brouillard. Parler de la décision du metteur en scène de monter un spectacle tous les ans. Découvrir enfin et surtout l’écriture scénique (ou écriture de plateau) propre à Pommerat : une écriture du son, de la lumière et des comédiens, le tout dans un espace vide. Pommerat se dit plus intéressé par l’écriture (une écriture commune avec les comédiens) que par la mise en scène. Dès le départ, la construction de l’écriture se fait avec les techniciens son et lumière, proposant espaces et ambiances. L’écriture scénique de Joël Pommerat brouille les frontières entre réel et imaginaire, extérieur et intérieur (par le mélange notamment de l’adresse directe au public et d’enregistrements de voix) : il donne à voir le réel mais toujours avec des contours flous. L’espace semble indéterminé, il sème le doute chez le spectateur et fait appel à son inconscient. La physionomie des personnages tient elle aussi du mirage puisque l’éclairage n’est jamais directement dirigé vers eux. En effet, Pommerat a très souvent recourt aux noirs pour créer un rythme lors des changements de tableaux. Quand la lumière se rallume, les comédiens sont déjà en mouvement. L’ellipse est donc à peine perceptible pour le spectateur, qui a alors l’impression que des éléments lui échappent. Les noirs sont comme un clignement de paupières, ils créent à la fois du rythme et de l’indétermination. Cette écriture de la lumière souligne une esthétique picturale. La scène, avec ses espaces découpés par la lumière, ressemble à certains tableaux qui jouent du contraste entre ombre et lumière. Enfin, cette écriture crée ce que Pommerat appelle « une réalité fantomatique ». Pour faire prendre vie à ce concept, mettre en place un travail autour de la lumière au théâtre et de son vocabulaire : à l’aide d’un petit théâtre de papier à la manière de livres tels que le pop up Le Petit Chaperon chinois (éd. Picquier jeunesse), simuler des projecteurs à l’aide d’une lampe de poche en utilisant un petit personnage (un playmobil© par exemple). Il sera possible d’étudier la direction de la lumière (lumière rasante, latérale, douche, faces) ou de se pencher sur la temporisation de la lumière : comment décline-t-elle ou croît-elle ? Mais aussi sur la découverte d’autres installations lumières telles que la rampe (éclairant en contre-plongée), le diffuseur (filtre adoucissant les contours d’un faisceau de lumière, par opposition avec un ponctuel, servant à faire ressurgir un détail), le gobo (sorte de pochoir en verre ou en métal illustrant un motif particulier et venant s’insérer dans un projecteur, le feuillage d’une forêt dans Cercles/Fictions par exemple), les horiziodes (éclairant des cycloramas, toiles tendues, et donnant l’impression d’un fond de scène immense), les contres (lumières éclairant par derrière), ces dernières étant largement utilisées par Pommerat pour travailler sur l’indistinction. Consulter le site www.lumière-spectacle.org pour obtenir tout le vocabulaire concernant la lumière au théâtre. Autre support : pour découvrir le rendu d’un éclairage au cyclorama, regarder des vidéos de Bob Wilson et de ses personnages et décors qui se découpent grâce à la lumière. Le travail de Decouflé est également intéressant à cet égard puisqu’il travaille lui aussi sur l’espace vide. Le théâtre de Pommerat est aussi un théâtre des sons. L’effet d’indistinction est relayé par le mélange d’adresses directes au public et d’enregistrements, donnant ainsi l’impression d’une représentation mentale (jeu sur le proche et le lointain). De même, le recours au micro, permettant de conserver les bruits de diction (respiration, salive), introduit une figure particulière, celle du conteur. Le metteur en scène joue donc de la notion de proximité en

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s’appuyant sur les sons. Les conteurs, à l’instar de Pepito Matéo, utilisent d’ailleurs de plus en plus les micros. Enfin, notons que Pommerat a parfois recours aux odeurs : notion exploitée dans le spectacle Cercles/Fictions (odeurs de sous-bois, de crottin de cheval, de moisissure, etc). LES VARIATIONS DU CONTE Il est intéressant de montrer aux élèves la violence du conte originel, avant les remaniements de Perrault et de Grimm. Atemporel, le conte apporte un sens sur la formation de l’être humain (à ce propos, voir plus loin la citation de Bernadette Bricout dans Le Petit Chaperon rouge ou la petite fille aux habits de fer blanc). Exemples de variations : - le film Les Frères Grimm de Terry Gillian (2005), faisant apparaître une fillette enlevée. - le film Le Petit Chaperon rouge, de C. Hardwicke (2011). Enfin, un travail pourra être envisagé sur l’animalité et la question de la représentation du loup. Comment croire en un loup sur scène ? C’est le problème de l’incarnation et de la vraisemblance qu’il faudra ainsi aborder avec les élèves. Cf. exemple de la proposition chorégraphique autour du tango. Dans ce spectacle, le loup prend la forme d’un danseur charismatique, placé sous une douche de lumière et doté de très longues griffes. Il transmet son animalité par la danse et son accoutrement prend tout son sens lorsqu’il enlace ses partenaires. Il est aussi possible de distribuer des extraits d’interviews ou d’articles réalisés par Joël Pommerat (ex. extraits de Théâtre en présence, éd. Actes Sud). Cf. documents de travail. Ainsi Pommerat dit vouloir « raconter avant d’être incarné ». Dans la plupart de ses spectacles, il brise le quatrième mur par le biais des adresses du narrateur au public, à la manière d’un animateur de talk show (« bonsoir mesdames et messieurs… »).

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PETITE TRAVERSÉE DU PROCESSUS DE CRÉATION CHEZ JOËL POMMERAT

AVEC ISABELLE RIVOAL , COMÉDIENNE DU SPECTACLE Isabelle Rivoal travaille avec Joël Pommerat depuis 8 ans. Dans Le Petit Chaperon rouge, elle interprète le personnage de la mère de la petite fille. Comme évoqué précédemment, la particularité du travail de Joël Pommerat se situe au cœur de l’écriture. Pour lui, celle-ci correspond au même geste qu’à celui de la mise en scène. Des allers-retours sont constamment effectués entre les deux. C’est donc ce parcours entre écriture et jeu qui constituera un point de départ pour travailler en atelier avec des élèves. ÉCRITURE (15 MIN DONT 3 MIN DE PRÉPARATION) Objectif : travailler l’adresse au public à partir du texte. En cercle, assis sur des chaises. Chaque acteur est en possession d’une feuille et d’un crayon. À partir de la scène de rencontre entre le loup et le Chaperon rouge, écrire quatre répliques courtes : deux répliques du loup et deux du Chaperon. Les écrire puis les découper : prendre soin de les séparer les unes des autres au préalable. La rédaction ne suit pas nécessairement la chronologie exacte du texte, les répliques peuvent se situer à n’importe quel moment de la scène.

Poser les répliques au centre du cercle, par terre. Piocher quatre répliques au hasard et prendre connaissance de celles-ci en essayant, autant que faire se peut, de les mémoriser afin de les utiliser librement par la suite. Objectif : se répondre mutuellement à l’aide de ces répliques. Un premier acteur lance une de ses répliques : commencer par celui qui pense en avoir une « initiale ». Puis, celui qui pense avoir une réplique qui réponde à la première, lance à son

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tour la sienne. Ainsi de suite. Essayer d’être dans une continuité. Si besoin, interrompre la chaîne puis repartir. Le rire peut arriver. Le prendre alors comme un élément de l’histoire : peut-être que pour se défendre, le Chaperon va rire et ne pas prendre le loup au sérieux. S’il y a une réaction immédiate, elle est probablement juste. Il faut donc la prendre en compte. Conseils : ne pas spécifier le locuteur (ex. le loup, le Chaperon). Les répliques ne doivent pas forcément se suivre dans un ordre chronologique. Une réplique peut être répétée. Jouer sur les silences qui peuvent être tout aussi signifiants : ce qui ne se dit pas dans une scène est parfois tout aussi important. Bien s’adresser à l’autre (à une personne en particulier) même si les répliques se suivent sans cohérence, se répondre les uns les autres, créer des interférences : ne pas entrer dans une mélodie. Faire cet exercice plusieurs fois. Exemple d’un jeu de répliques : Bonjour ! Quelle belle journée ! Mais qui voilà tout de rouge vêtu ? Je rends visite à ma grand-mère. Ah oui ? Tu vas chez ta vieille, elle habite où ? Vous connaissez ma grand-mère ? Dans mon panier, j’ai une galette. Et ça te dirait de faire un p’tit jeu avec moi ? Je vais chez ma grand-mère qui est malade, et toi, où vas-tu ? Je voyage depuis si longtemps. Hors d’haleine je cherche un stop. Je cueillais des fleurs. Veux-tu que je t’accompagne ? Toi aussi tu as perdu ton chemin ? Savez-vous où habite ma grand-mère ? Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur. Hou, hou ! Je n’ai pas peur du méchant loup ! Magnifique, je te conseille ce beau petit sentier. Moi, je vais prendre un « rallongis » et on se retrouve là-bas. À tout à l’heure ! Prends le chemin qui serpente à gauche. Des fleurs, des odeurs, des fleurs et des odeurs ! Ça alors ! Il existe encore des loups dans les forêts ? Vous connaissez ma mère-grand ? Ne me retarde pas, je dois aller porter une galette à ma grand-mère malade. Cela n’a pas d’importance. Et toi, qui es-tu ? Sais-tu que la forêt est dangereuse ? Peut-être pourrions-nous faire le chemin ensemble ? Dis donc, tu m’emmènerais pas chez ta grand-mère ? N’as-tu pas peur de te perdre ? Là-bas, aux confins du bois lointain. Je rends visite à mère-grand. Veux-tu que je t’accompagne ? Je lui apporte un petit pot de beurre.

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Ah oui, tu vas chez ta vieille ? Et elle habite où ? Je dois me dépêcher la nuit tombe… Mais non, je n’ai pas peur, j’ai l’habitude. Et où habite ta grand-mère ? Faisons une course. Ma mère m’a interdit de parler aux inconnus. Je suis pressée et je ne dois pas parler aux loups que je ne connais pas. Mais qui voilà tout de rouge vêtue ? Excusez-moi, je ne vous avais pas vu. Bonjour, mais qui êtes-vous ? Bonjour ma mignonne. Bonjour petite fille. Où vas-tu ? Où vas-tu comme ça mon enfant ? Où vas-tu d’un pas si enjoué ? Que fais-tu là avec ton petit panier ? Où vas-tu avec ce beau panier ? Que fais-tu à te promener seule dans la forêt ? L’écoute est tout aussi riche. ÉCRITURE DIALOGUÉE (50 MIN, 10 MIN DE PRÉPARATION POUR L ’ÉCRITURE, 10 MIN DE

PRÉPARATION POUR LA MISE EN ESPACE , 30 MIN DE PASSAGE AVEC REPRISES DE JEU ) Objectifs : travailler sur un écrit plus conséquent, faire entendre un texte et travailler sur des indications scéniques. À partir de ces 4 répliques, écrire la scène de rencontre (terminer lorsque les deux protagonistes se quittent, afin d’avoir une sortie) : dialogue de la longueur désirée. Mélanger les textes et les répartir entre les acteurs.

Chacun se met en binôme : lire les deux textes et choisir l’un des deux. Une fois ce choix effectué, réfléchir à la manière de le représenter dans l’espace afin d’en préparer une mise en scène. Choisir les entrées, les sorties, la distribution des personnages. Conseils : veiller à bien faire entendre le texte de l’auteur. Note : penser à prendre un stylo pour ajouter des notes lors du travail de mise en espace : le public ne doit pas avoir la sensation d’entendre un texte lu. L’auteur notera les possibilités d’accentuation de son texte à partir de ce qu’il aura vu interprété, afin de guider un éventuel rejeu. Conseils : ne pas anticiper le jeu, les répliques. Être présent à ce que l’on fait, dit.

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Conseils de jeu : les conseils suivants ont été élaborés à partir du jeu des acteurs. Ils visent à faire ressortir les points saillants d’une écriture, à accentuer telle ou telle posture. - Personnage de la petite fille : il est important d’avoir un but où aller. Accentuer son jeu en « aparté », jouer avec le public à la manière d’un conteur. Il est possible que les auteurs structurent leur texte avec des apartés. Jouer à des jeux d’enfants. Jouer sur le dire et non-dire (aveu du lieu d’habitat de la grand-mère, de l’identité du loup, etc.). Elle peut être remuante et impertinente. Jouer sur le physique. Perdue, elle peut être ravie de trouver le loup qui pourrait lui indiquer son chemin. - Personnage du loup : ne pas s’approcher trop vite de la petite fille afin de construire une tension (le loup peut essayer de la retenir par la voix plutôt que par le toucher par exemple). Accentuer l’aspect animal, qui peut, par exemple, s’avancer en sentant la jeune fille. Possibilité d’aller s’asseoir s’il est en posture d’attente (attente du passage des enfants par exemple). Agacé par certaines impertinences, il peut ne pas savoir comment réagir. Dans le texte, certaines choses sont dites pour cacher des éléments, il peut s’agir en effet d’une écriture de surface. « Bonjour, qui êtes vous ? - Et toi, que transportes-tu dans ton joli panier ? - Vous n’avez pas répondu à ma question ! - Oh ! Moi je vais de-ci de-là, je me promène… Mais toi, que fais-tu par ici ? Je ne t’avais encore jamais vu. - Je rends visite à ma mère-grand. - Et elle habite où ta grand-mère ? - Là-bas, aux confins du bois lointain. - Et tu sais comment il faut y aller chez ta grand-mère ? - Eh bien en empruntant ce chemin, puis en tournant à droite et en coupant le petit lac. - Je connais un chemin plus court que le tien. - Ah ouais ! Et bien faisons une course. » « Bonjour Petit Chaperon rouge. - Un loup ? Maman m’avait prévenue ! - Mais que fais-tu toute seule dans la forêt ? - Je vais voir ma grand-mère à l’autre bout de la forêt. - Et ça te dirait de faire un petit jeu avec moi ? - J’adore jouer ! Que dois-je faire ? - Suis le chemin qui serpente à gauche. On se retrouve chez ta grand-mère. » « Bonjour monsieur. - Bonjour petite fille. Où vas-tu ? Quelqu’un t’attend ? - Normalement je ne dois pas parler aux personnes que je ne connais pas. - Mais tu me connais… Je suis le loup, le gentil grand loup de nos campagnes, je suis présent dans de nombreux contes. - Ah bon ! Alors dans ce cas c’est différent. - Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur. - Je vais chez ma grand-mère qui est malade. - Veux-tu que je t’accompagne ? Et que portes-tu là ? - Une galette et un pot de beurre. - Humm !...Je sens que je ne vais pas te quitter de sitôt. - Je dois me dépêcher, la nuit tombe. Au revoir loup. - Au revoir petite fille. Je ne serai pas loin si tu as besoin de moi. » « J’étais pourtant sûre que c’était ce chemin…

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- Bonjour petite fille… Que fais-tu à te promener seule dans la forêt ? - Service livraison à domicile, bonjour ! Ma mère m’a demandé d’aller porter à manger à ma grand-mère qui est malade. Un samedi après-midi en plus, alors que je pourrais être tranquillement avec mes potes ! - Quel bon cœur vous avez chère demoiselle ! Je crois que votre carte est à l’envers. - Ah ! Je n’arrive pas à trouver le lieu dit TROU PERDU sur cette carte de la forêt. Sauriez-vous où ça se trouve ? - Le mieux, c’est que je t’accompagne, c’est assez compliqué en fait. - Même si mon sens de l’orientation n’est pas très développé, je peux quand même comprendre ! Essayez voir !... » LE NARRATEUR (15 MIN DONT 5 MIN DE PRÉPARATION) Objectif : trouver une voix au récit, un parti pris afin de composer le narrateur. La place du narrateur dans le conte est fondamentale. Joël Pommerat en a pleinement conscience. Il a conservé la forme de cette convention narrative, en lui laissant prendre beaucoup de place dans sa pièce. Ce narrateur peut être un personnage (le Petit Chaperon rouge trente ans après par exemple), ou un personnage extérieur. Il peut être omniscient ou non. Donner trois débuts, à trois moments différents de la pièce. Choisir un début et en écrire la suite. Trois propositions : - Incipit : « il était une fois, une petite fille qui… » (p.7) - Après la rencontre du Petit Chaperon jusqu’à l’arrivée du loup chez la grand-mère : « le loup, car c’était vraiment un vrai loup… » (p.27) - La fin : « et sur ces mots, le loup mangea avec appétit la petite fille. » (p.43) Passer son texte à son voisin. Puis présenter le texte aux autres. Exemples : « Il était une fois une petite fille ; et cette petite fille c’est moi, il y a 20 ans. Il y a 20 ans, donc, je vis le loup pour la première fois, et il était aussi féroce que je l’avais imaginé. » « Le loup, car c’était vraiment un loup, me fit super peur au début ! Mais en fait, il était vraiment beaucoup plus gentil que la plupart des loups qu’on m’avait décrits jusqu’alors. J’avais hâte de le retrouver chez mère-grand pour deviser de nouveau avec lui. » « Et sur ces mots, le loup mangea avec appétit la petit fille. Ah la sale bête ! Je le savais depuis le début ! D’abord la mère-grand et maintenant le Petit Chaperon rouge, une enfant innocente ! Regardez-le. Il s’est endormi dans le lit de la grand-mère. Avec le ventre énorme qu’il a, je comprends que la digestion soit difficile. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’intervenir. Je ne pouvais pas laisser deux êtres innocents dans l’estomac de ce monstre. Et puis en tant que chasseur, ce sera une bonne prise, un loup ! » « Et sur ces mots, le loup mangea avec appétit la petite fille. Cette malheureuse histoire s’est déroulée il y a trente ans. J’ai purgé ma peine et, aujourd’hui, je tente de me reconstruire, dans une autre forêt, sous d’autres cieux. Mon repentir est immense et je jure, sur ceux que j’ai de plus chers, que plus jamais je ne goûterai aux Petits Chaperons rouges, bleus ou verts. »

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JOUER AVEC L’UNIVERS DES CONTES :

PERSONNAGES TYPES ET RÉÉCRITURES THÉÂTRALES DU PETIT CHAPERON ROUGE

AVEC CATHERINE LE MOULLEC

PISTES ET RESSOURCES Consulter les dossiers « Pièces (dé)montées », sur le site du SCÉRÉN, CRDP de l’académie de Paris : dossiers pédagogiques « Théâtre ». En ligne : http://crdp.ac-paris.fr/piece-demontee/ Regarder notamment l’interview d’Éric Soyer, scénographe de Joël Pommerat dans le dossier « Pinocchio », à propos des thèmes du merveilleux et du fantastique. Dans Cercles/Fictions aussi : le fantastique se situe du côté du brouillage temporel puisqu’une scène se situant au Moyen-âge laisse place à une scène contemporaine se déroulant dans une agence pour l’emploi. Ces dossiers permettent également de travailler autour de la notion de spectacle pictural, en référence au travail de Pommerat centré sur la lumière. Envisager un travail sur cette dernière, à l’aide de la lampe de poche, puis se pencher sur le traitement de la lumière dans les tableaux classiques. DÉCONSTRUIRE LES A PRIORI Objectif : détruire les a priori des élèves sur le conte en général et sur Le Petit Chaperon rouge en particulier, cette histoire qu’ils connaissent si bien dans sa version édulcorée. Se répartir en trois groupes. Un premier raconte l’histoire du Petit Chaperon rouge de la manière la plus neutre possible. Cela permet de faire un bilan des connaissances des élèves. En s’appuyant sur cette base, leur montrer qu’ils ne connaissent qu’une version particulière du conte, voire une version réduite du conte original. Un deuxième groupe répond, lui, à cette question : quels thèmes sont abordés dans cette histoire ? Cela permet de faire un inventaire thématique (faim, loup, chemin, petite fille qui se perd, fleurs dans les bois) à partir des images et souvenirs de chacun. Le troisième groupe a pour mission de raconter ce que veut dire ce conte : son sens, sa morale (ex. ne pas parler aux inconnus, obéir à ses parents). Suite à cet exercice, réfléchir avec eux à l’évolution de la morale : d’une morale prescriptive destinée aux jeunes filles chez Perrault, on passe à une morale élargie aux enfants chez Grimm.

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VIOLENCE ORIGINELLE DU CONTE ET VARIANTES Objectif : faire prendre conscience aux élèves que le conte, comme le mythe, est une matière plastique modulable et revêt une profondeur (cf. Bettelheim sur la peur et le désir). Dans la version originelle, le Petit Chaperon rouge mange une partie de sa grand-mère (certaines versions précisent qu’il mange les organes sexuels de sa grand-mère). Ces versions datent pour la plupart de l’Ancien Régime. Pour consulter les versions originelles du conte, voir les Éditions du Temps d’avant chez Didier Jeunesse. Pour découvrir différentes versions du conte dans différentes civilisations, voir les éditions Syros. Introduction de Bernadette Bricout à l’ouvrage de Jean-Jacques Fdida, Le Petit Chaperon rouge ou la petite fille aux habits de fer blanc, coll. « Contes du Temps d’avant », chez Didier Jeunesse : « Que ce conte ait pu être perçu dans les sociétés traditionnelles comme un conte d’initiation des filles, cela est suggéré par ce que découvre l’héroïne dans la maison de la grand-mère – l’art de faire la cuisine avant de s’approprier lors d’un festin rituel les forces, la chair et le sang de l’aïeule qui vient de disparaître. Une génération chasse l’autre. Lorsque la grand-mère sort de scène, la jeune fille fait son apparition. À l’instant d’entrer dans le lit, elle découvre les gestes de l’effeuillage, l’art de la séduction. « Loup y es-tu ? J’ôte mon chaperon. » Le Petit Chaperon rouge serait ainsi un conte d’initiation. Il peut être intéressant d’aborder la question du destinataire du conte étant donné que Perrault et Grimm ne semblent pas faire des contes pour enfants […] ». Faire référence aux illustrations des contes de Perrault par Doré. Le loup et la petite fille sont couchés dans le même lit : le loup semble calme tandis que la petite fille semble à la fois attirée et apeurée mais fascinée. (cf. extrait de Bettelheim, lecture psychanalytique). Consulter également les photos de Sarah Moon (photographe de Cacharel) illustrant les contes de Perrault (chez Grasset). Ces photos représentent une petite fille se déshabillant, ou une plongée sur un lit aux draps défaits (dernière photo de l’ouvrage). Consulter les documents mis en ligne sur le site de la BNF (variantes narratives présentées lors d’une exposition). Dans une des versions présentées sur ce site, le Petit Chaperon rouge doit choisir son chemin, entre le « chemin des aiguilles » ou le « chemin des épingles » ; elle choisit le chemin des épingles (symbole de la séduction à l’époque : voir le sens du mot épingle), plutôt que de travailler (aiguilles). Le conte se charge alors d’un nouveau sens. Possibilité de mettre en parallèle conte et mythe avec le mythe de dévoration par exemple (faire une référence à Chronos). Consulter le tableau analytique présentant les différentes versions du conte (feuille distribuée pendant le stage). ENTRÉE PAR L ’AFFICHE Comparer différentes affiches du spectacle. Partir de l’exemple du Petit Chaperon rouge. L’affiche du Grand T, par exemple, prend le parti pris de mettre en avant une photo du spectacle : cela en dit beaucoup sur ce dernier, ce qui permet de rentrer directement dans l’univers du spectacle et même de découvrir une partie de la scénographie. Ici, l’affiche semble résoudre le problème de la représentation en faisant apparaître le loup en pleine lumière, alors que celui-ci reste dans une semi-pénombre

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pendant le spectacle. Par ailleurs, on constate l’importance de la charte graphique du lieu : elle constitue ici un vecteur de communication (faire un parallèle avec les affiches publicitaires). Cependant, certaines affiches peuvent être apparentées à des œuvres d’art. Pour une équipe artistique, le choix de l’affiche constitue un véritable problème : elle doit avant tout être visible, ce qui ne fait pas nécessairement d’elle une belle affiche. Selon les spectacles, les affiches proviennent des compagnies ou des structures de résidence et/ou d’accueil. Dans le dernier cas, elles sont éphémères. Dans le cas du Petit Chaperon rouge, la question de la représentation du loup est centrale. Sur l’affiche du Grand T, par exemple, le loup y est montré. Elle enlève donc tout suspense et empêche tout travail de recherche sur la représentation de l’animalité. Il faudra alors s’appuyer sur d’autres images. Afin d’obtenir d’autres affiches du spectacle, commencer par se renseigner sur le lieu où il a été créé. Ici, ce fut à l’Odéon : demander aux personnels de communication ou à la direction s’il est possible qu’ils vous en fournissent ou regarder sur le site internet du lieu. L’affiche de l’Odéon joue sur la dualité : la petite fille semble prendre le loup dans ses bras mais peut-être qu’elle cherche aussi à le capturer… On remarque aussi que la jeune fille porte un seul talon : jeu sur la confusion des personnages. Le regard du loup est très vif, perçant et dur, contrairement à celui de la petite fille. Distinction du décor : est-ce une forêt ? Intérêt de l’imbrication des formes : on y voit le lien avec Pommerat (limites floues) et le conte. Il est aussi intéressant de se pencher sur le choix du papier : fond rouge et brillance ici. L’affiche du TEP, Théâtre de l’Est Parisien, quant à elle, présente plusieurs interrogations : est-ce un vrai loup ou est-il empaillé ? Le Petit Chaperon rouge le caresse-t-il ou ferme-t-il lui la gueule ? Par ailleurs, la langue du loup est très rougie : lien avec la dévoration ? Il montre de grands crocs mais semble gentil… Ces affiches peuvent être comparées avec la publicité de Virgin Méga Store diffusée au moment d’Halloween qui s’amuse en mélangeant les mythes (dévoration, vampires et loups-garous, sur la lignée de la mode Twilight) et destinée aux adolescents. Un conte possède plusieurs niveaux de lecture, on ne voit pas les mêmes choses à 6 et à 15 ans. COMPRENDRE L’ÉCRITURE DE POMMERAT ET SES RÉCURRENCES (celles du conteur notamment). Objectifs : faire lire des extraits aux élèves. Travailler sur l’écriture (adresses au public, écriture répétitive, qui se corrige). Lire quelques extraits (débuts des œuvres de Pommerat) afin de mettre en lumière un procédé récurrent d’adresse : celle du conteur au public. L’utilisation du micro permet de conserver une certaine proximité, l’histoire semble être contée près de l’enfant. Ce jeu d’adresses n’est pas celui que recherchait Brecht par exemple (il n’y a pas de distanciation, on ne nous dit pas : « non, ceci n’est pas vrai »). Pommerat s’inscrit plutôt

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dans une tradition théâtrale, comme celle des bateleurs du Globe shakespearien (où il est davantage dit : « j’espère que vous allez aimer »). Cette technique est aussi utilisée dans les œuvres destinées aux adultes. Cf. le début de Je tremble 1 et 2 : « Mesdames et messieurs bonsoir, avant de commencer cette soirée […] je me dois de vous le dire. Au tout dernier instant, je mourrai, je vais mourir. ». Dans ce spectacle, plusieurs personnages s’approchent du public pour raconter des instants de vie, donnant ainsi une impression de cabaret. L’idée sous-jacente ici est celle d’un théâtre qui n’est pas uniquement dialogue, mais qui est aussi adresse directe (jeu avec le 4e mur). Pommerat instaure une alternance entre des sons plus intimes (corporalité du micro, bruits de respiration, de salives) et des sons plus externes (ex. musique de boîte de nuit). Cercles/Fictions met aussi en scène un narrateur, celui-ci est présent à partir de la troisième histoire. Quant à l’écriture, celle-ci progresse de façon plus sinueuse au moyen de phrases courtes, simples, allant à l’essentiel mais se retournant sur elles-mêmes pour s’auto-corriger, comme en témoigne cet extrait du début du Petit Chaperon rouge : « Sa mère disait toujours il manque du temps, il me manque du temps, je n’ai pas le temps ». Cette écriture diffère d’une écriture traditionnelle qui vise avant tout à assurer la progression du conte. En outre, la disposition typographique souligne l’importance des silences, ceux-ci sont aussi significatifs et il ne faudra pas les négliger. CHAUSSER CHAUSSURE À SON PIED (10 MIN) Musique : Caravan Palace, piste 1 « dragons », et piste 2 « star scat », 2006. Déambuler dans l’espace. Accélérer. Tourner les poignets en rythme. Puis les coudes, les épaules, les hanches : faire du hoola hoop (au fur et à mesure, engager tout le corps). Faire des ronds avec un pied, puis l’autre. Tourner la tête. Se baisser, remonter, chauffer ses genoux, ses pieds, ses fesses, marcher tout en faisant du crawl. Revenir à une marche normale. Changer de chaussures : marcher comme si chacun avait enfilé des chaussures à talons, sur le bout du pied, en conservant une démarche élégante. Accélérer par moment en conservant cette même démarche. Entre chacune des marches suivantes, revenir à une marche normale. Enfiler des vieilles charentaises et faire briller le plancher avec (traîner des pieds, glisser, essayer de les retenir du bout des pieds). Petit à petit, ces charentaises se transforment en patins à glace : le corps se rééquilibre, notamment à l’aide des bras. Possibilité de patiner en arrière et de faire des figures fantaisistes. Chausser de grosses chaussures de chantier alourdies par du plomb. Celles-ci sont lourdes à soulever. Pour avancer, elles demandent un gros effort. Soulever ses jambes avec ses mains : sentir son poids. Mettre une paire de tongs trop grandes : crisper les doigts de pieds pour courir dans le sable. Enfiler des chaussures à ressort. Puis, chausser des pantoufles de ver beaucoup trop petites, comme les souliers de Cendrillon (les doigts de pieds sont crispés), la démarche est minimale car cela est douloureux. Accélérer. Puis re-déplier son corps. Pour finir, chausser des bottes de sept lieues : regarder tout l’espace car chaque pas emmène le corps très loin. Prendre son élan. Puis, le groupe s’écoute afin de partir en même temps. Un meneur s’installe alors.

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INCARNER UN PERSONNAGE (15 MIN) a) Tout en déambulant, choisir un personnage de conte dans sa tête. b) Trouver une petite séquence gestuelle permettant d’incarner ce personnage. Une séquence gestuelle est l’équivalent d’une phrase chorégraphique avec un début, un milieu et une fin. Cette phrase est toujours la même, la reproduire. Conseil : Être précis. c) Travailler son geste en changeant de rythmes (lent, rapide, saccadé) et de qualité (accentuer ou réduire la phrase gestuelle). d) Enrichir son geste d’un bruitage ou d’une onomatopée. En cercle, chaque acteur interprète sa phrase gestuelle accompagnée de son onomatopée, les autres doivent deviner de qui il s’agit. Les acteurs peuvent répéter plusieurs fois leurs phrases. ANIMALISATION (10 MIN) Objectifs : poser la question de l’animalité, de la bestialité et de sa représentation sur scène. Observer ce que le déplacement implique. Faire la correspondance entre personnage et animal. Trouver un animal qui corresponde le mieux à son personnage. Si le personnage est déjà un animal (ex. le lapin d’Alice), l’humaniser. Ex. Cendrillon faisant le ménage (nettoyant le sol) et s’essuyant le front du dos de la main, se voit transformée en un chat qui s’étire au sol et se nettoie le visage. EXPRESSIONS THÉÂTRALES (5 MIN) Objectifs : improviser une expression théâtrale seul, à deux ou en chœur. Découvrir des expressions théâtrales. S’obliger à faire des petites improvisations corporelles sans parole en étant à l’écoute des autres. Possibilité d’imager l’expression ou de l’incarner au pied de la lettre. Déambuler. Ex. « Tirer la couverture à soi », tous ensemble. « Avoir un rôle dans les jambes » (expression qui signifie connaître très bien son rôle), individuellement. « Échanger des répliques », à 2. « Mordre sur la réplique de l’autre », à 2. « Planter un partenaire », à 3. « Affronter les feux de la rampe », seul. « Balayer les planches » ou « essuyer les planches », ensemble. « Parler dans ses bottes », seul. « Faire un filage », à 3. Cet échauffement permet de rentrer dans le vocabulaire du théâtre et commencer à jouer petit à petit à plusieurs. Conseils : ne pas parler, ne pas commenter.

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EXPRESSIONS AUTOUR DU LOUP (5 MIN) Choisir une expression contenant le mot « loup », puis incarner cette expression dans l’espace. Déambuler. Au « top », incarner l’expression. Puis continuer à la jouer en déambulant et en la développant. Les acteurs qui semblent incarner les mêmes expressions se rassemblent afin de créer un chœur. Une fois que tout le monde est en groupe (ou non), s’arrêter et deviner les expressions des autres. Exemples d’expressions : Gare aux loups / Avoir peur du loup / Loup y es-tu ? / Crier au loup / Jouer au loup / Au loup, au loup ! / Entre chien et loup / Homo homini lupus (l’homme est un loup pour l’homme) / Avoir une faim de loup / Un jeune loup / Un vieux loup de mer / Marcher à la queue-leu-leu / Avoir vu le loup / Tomber dans la gueule du loup / Quand on parle du loup / Connu comme le loup blanc / Avancer à pas de loup. LA MEUTE À LA QUEUE -LEU-LEU (5 MIN) Illustrer corporellement l’expression « marcher à la queue-leu-leu » en suivant le loup dominant de la meute. Marcher dans ses pas, à pas feutrés. Un seul et même groupe avance dans ses empreintes. Le chef de meute fait ensuite passer un son (par ex. « chut ! »), l’acteur qui le suit le passe à son voisin de derrière et ainsi de suite, le tout sans rompre la marche. Le loup s’exclame : « Oh ! là, je saute un ruisseau » indiquant alors une nouvelle qualité de marche. Attention à bien respecter les espaces : le ruisseau est situé au même endroit pour tout le monde : ne pas le sauter en avance ! Ex. J’enjambe un tronc / J’enjambe plusieurs troncs qui se suivent / Je passe au milieu des branches / Je glisse le long d’une pente / Le chasseur est derrière, attention ! Conseils : rester coller les uns aux autres, ne pas se laisser distancier. Conserver le même espace entre chacun. BRUITAGES (20 MIN) Objectifs : Raconter l’histoire du Petit Poucet. Construire un décor avec le son. Moduler sa voix. 6 acteurs sur scène (1 conteur et 5 bruiteurs), 6 autres incarnent l’histoire, les autres se placent en spectateurs. Possibilité d’utiliser des lampes électriques. Rappeler le synopsis aux élèves : ambiance de forêt, le Petit Poucet et ses frères avancent. Petit à petit la nuit tombe, ils commencent à avoir peur. Ils rencontrent un grand arbre. Le Petit Poucet grimpe en haut de l’arbre : il aperçoit une lumière. Il incite alors ses frères à aller vers cette lumière mais ses frères sont fatigués et veulent dormir. Ils s’endorment au pied de l’arbre. Conseils : laisser des temps pour que le jeu puisse se faire. Le conteur et les bruiteurs doivent aussi se nourrir du jeu des acteurs tandis que les acteurs doivent jouer sans être redondants (faire que le conteur ne répète pas l’action qui se passe sous nos yeux mais alimenter l’imaginaire par le noir etc.).

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Exemples de récits : Dans la grande forêt immense, immense, immense, arrivent sept petits enfants. Ils écartent les branches, ils sont inquiets, ils sont perdus. Le plus petit, c’est le Petit Poucet. Ses frères et sœurs le suivent dans la forêt. Ils ne vont pas souvent dans la forêt, ils ont très peur des bruits qu’ils ne connaissent pas, ces bruits les inquiètent. Tout à coup, une branche craque. Le Petit Poucet, le premier, repart. Ses frères, le voyant s’éloigner, se précipitent derrière. Mais à nouveau, une branche craque. Cette fois plus de doute, ils sont observés. Leur cœur bat très fort. Ils observent de tous côtés. Un lapin traverse un fourré. Les sept enfants sursautent. Ils avancent à nouveau doucement. L’un des frères croit voir quelque chose au loin, il y a des yeux dans le taillis qui semblent les observer, le taillis bouge légèrement, les enfants sont apeurés. Soudain, un loup. Bruitages possibles : branches qui craquent, respiration haletante, battements de cœur (taper légèrement le micro), chouettes, vent, bruissements des feuilles… Deuxième scénario : C’est le lendemain, ils arrivent devant la porte de l’ogre. Conseil : faire exister la forêt un temps avant d’initier la narration. Les enfants avançaient transis de froid : qu’allait-il se passer ? La fatigue était intense. Soudain, Poucet s’arrêta. Il murmura à l’oreille de son frère : « demande aux autres si ça va » (jeu de téléphone arabe). Poucet rassuré, emmena son petit groupe vers l’espoir. Le vent s’était levé. À présent se mêlait aux bourrasques une fine pluie. Cette fois, il fallait prendre une décision. Poucet les rassembla autour de lui. « Oui, c’est une bonne idée. » Une fois encore, le plus jeune, le Poucet, trouva la solution. Les frères se rassemblèrent pour lui faire la courte échelle : ils avaient repéré l’arbre le plus grand de la forêt, au sommet duquel Poucet trouverait peut-être la solution. Poucet était agile, mais les éléments étaient contre lui. Il manqua à plusieurs reprises de tomber au sol. « Vite aidez-le ! ». Le tronc l’aidant, il se retrouva au sommet. Il faisait noir mais Poucet scruta l’horizon de ses petits yeux limpides. Il vit une lumière tout au fond : « c’est là, c’est là-bas qu’il faut aller ! ». « Oui », répondirent les frères. Ils étaient enthousiasmés. Enfin la solution était arrivée. Les frères manquèrent de tomber mais, heureusement, la chance était avec eux. Et de leurs petites jambes, ils rentrèrent. Ils arrivèrent près d’une chaumière. C’était la leur, ça tombait bien. Poucet frappa. Pas de réponse. Il recommença. Cette fois, un des frères lui dit, « Eh ! Pousse la porte, tant pis ». « Mais y a pas de lumière ». « Tant pis, on y va quand même ». « Tu penses que papa et maman sont là ? ». Ils entendirent des ronflements. « C’est bon, ils dorment. Allons dans nos lits, ils seront contents de nous voir demain matin ! ». Mais les lits grinçaient. Le papa, qui ronflait le plus fort, manqua de se réveiller. Mais chacun s’endormit finalement dans son petit lit. Conseils : Possibilité de moduler sa voix. Retrouver la marche à la queue-leu-leu et les marches sur les doigts de pied.

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AUTRES PISTES DE TRAVAIL POUR APPROCHER LA PIÈCE Deux remarques d’une enseignante : Le loup peut être une vibration parasite sur un corps sonore (corde défectueuse, vibration anormale). Le loup désigne aussi un masque. À partir du mot loup, travailler les différents sémantismes de ce mot, voire envisager une réécriture à partir d’un autre sémantisme.

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PRÉPARER LA SORTIE EN SOIRÉE AVEC LES 3e L’affiche, des entrées multiples pour l’approche d’ un

spectacle à découvrir avec les élèves PAR CATHERINE LE MOULLEC

ENTRÉES HABITUELLES Chaque professeur devra préparer ses élèves à une sortie au théâtre en soirée pour découvrir des spectacles différents. Ces derniers sont pour la plupart déjà créés, il est donc possible de trouver des informations riches sur internet (cf. sites des compagnies, « theatrecontemporain.net »…). Le Grand T adressera aux enseignants une affiche et le lien vers le dossier complet du spectacle un mois avant la représentation, mis en ligne sur le site du Grand T : http://www.leGrandT.fr/-Plus-d-infos-sur-les-spectacles,65-.html

EXERCICE AUTOUR DE L ’AFFICHE Commencer par s’interroger sur l’objet : Qu’est-ce qu’une affiche ? À quoi sert-elle ? Est-ce un outil de communication ou une œuvre d’art (cf. Picasso, la campagne de publicité Benetton…) ? À partir de différentes affiches, comparer leurs aspects : les techniques graphiques, les formats, le traitement, la présence ou l’absence d’images du spectacle… Exemples : Un jour, j’irai à Vancouver : affiche symbolique (empilement des valises). Traces : très graphique et dense. Les Langues paternelles : choix d’une photo issue du spectacle (le sol sur lequel les acteurs écrivent). Inventaire 68 : symbole du sens interdit et référence à la célèbre photo de Cohn Bendit. High Dolls : peu d’informations mais on y observe la présence de logos des partenaires (réalité économique du spectacle). L’affiche de la Compagnie montre les fils des marionnettes : à mettre en rapport avec le titre et son jeu de mots (« idoles »). Il est intéressant de comparer les affiches des compagnies avec celles des lieux de diffusion comme le Grand T. Conseils : si vous ne possédez pas l’affiche du spectacle, il est possible d’en demander aux compagnies. Autre astuce : télécharger le dossier Pièce (dé)montée du spectacle sur le site du SCÉRÉN / CRDP de Paris et en agrandir la première page.

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EXERCICES D’ÉCHAUFFEMENT : se référer à la page 18. PISTES PÉDAGOGIQUES AUTOUR DE L ’AFFICHE Atelier de réflexion autour de l’affiche : après un temps d’échange en groupe autour des affiches des spectacles proposés aux 3e cette année, les enseignants ont proposé chacun leur tour des pistes d’exploitation de ces dernières en classe. Cf. document mis à disposition lors du stage autour de « l’affiche ». - Sans objet : commencer par travailler autour de la signification du titre et observer sur la photo les lignes d’équilibre et de déséquilibre. Puis, commencer un atelier pratique afin de faire ressentir corporellement aux élèves l’idée de l’image. Possibilité de mettre en place le jeu de la « bouteille » : un groupe important, très serré, fait basculer une personne placée au centre. Cet exercice permet de ressentir les déséquilibres et introduit petit à petit la notion de confiance face aux camarades. Piste supplémentaire : travailler autour de la construction de l’image, de la machine, afin de traduire la mécanique corporellement.

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- High Dolls : travailler autour de la marionnette. Par groupe de 3 :

- un élève incarne le chant (un seul couplet ou refrain). - un second assure le play back. - le troisième développe la partie gestuelle (derrière le second).

Cet exercice demande une bonne écoute des élèves et de la concentration. - Le Suicidé : présenter l’affiche en en cachant le titre. Par groupe de 4, représenter les personnages de l’affiche et imaginer une réplique pour chacun d’eux. Plusieurs hypothèses en émanent. Puis dévoiler l’affiche entièrement et en discuter. - Inventaire 68 – Un pavé dans la mare : travailler autour du vocabulaire du titre et de la dénotation/connotation. Commencer par dresser un inventaire d’interdits. Puis, effectuer une recherche multimédia autour de mai 68. Atelier : - proposer une statue ou une déambulation autour du sentiment de la colère.

- proférer « je suis contre… » à la manière d’Éclats et autres libertés. - le coryphée : créer une masse qui se révolte. - créer 2 groupes qui s’affrontent (CRS et manifestants)

Bonneau est un conteur : il utilise donc un langage contemporain autour d’une collecte de récits de vie. - Traces : effectuer une première recherche autour des expressions contenant le mot « trace ». En choisir une et la mimer. Exemple : suivre à la trace / effacer les traces / tracer (aller vite)… Enfin, réfléchir au sens des « traces » dans ce spectacle en émettant des hypothèses. Ce spectacle s’appuie sur un collectage de récits de vie dans un quartier. Les plus : l’affiche de ce spectacle présente beaucoup d’images figuratives (immeubles, crochets…) qui constituent des objets intéressants pour le questionnement. L’idée de faire oraliser les élèves sur les personnages est un très bon exercice de stimulation de l’imagination. - Les Langues paternelles : travail autour du titre. Par groupe de 2, mettre en place des tableaux ou des scènes représentant les relations parents/enfants au cours de la vie. Puis, à partir de cet exercice, interpréter les 4 phases de la vie (à la manière de l’énigme du Sphinx à Œdipe : mimétisme, soutien…). Élargir l’aspect littéraire en s’appuyant sur d’autres témoignages.

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BIBLIOGRAPHIE ET DOCUMENTS ANNEXES OUVRAGES DE JOËL POMMERAT Pommerat Joël, Cercles/Fictions, Actes Sud-papiers, 2010. Pommerat Joël, Je tremble (1 et 2), Actes Sud-papiers, 2009. Pommerat Joël, Le Petit Chaperon rouge, coll. « Heyoka Jeunesse », Actes Sud, 2005 Pommerat Joël, Pinocchio, coll. « Heyoka Jeunesse », éd. Actes Sud-papiers, 2008. VARIATIONS AUTOUR DU CONTE DU PETIT CHAPERON ROUGE Gautré Alain, Amiour, coll. « Urgence de la jeune parole », éd. Lansman (textes destinés aux adolescents). Un des textes de cet ouvrage met en scène une rencontre entre Romuald et le Petit Chaperon rouge. Grumberg Jean-Claude, Le Petit Chaperon uf, coll. « Heyoka Jeunesse », Actes-Sud papiers, 2005. L’auteur instaure un parallèle entre la subordination du Petit Chaperon rouge au loup et les lois anti-juives. Leray Marjolaine, Un Petit Chaperon rouge, éd. Actes Sud Junior, 2009. Levey Sylvain, Pour rire Pour passer le temps Petites pauses poétiques, éd. Théâtrales. Détournement. Rodani Gianni & Sanna Alessandro, Quel cafouillage ! coll. « Lutin poche », Kaléidoscope, Tours, 2009. Sellier Marie & Louis Catherine, Le Petit Chaperon chinois, éd. Picquier jeunesse. Van de Vendel Edward & Vandenabeele Isabelle, Rouge, Rouge, Petit Chaperon rouge, éd. Du Rouergue, Oranje, 2003. Éd. Syros, Les Histoires du Petit Chaperon rouge racontées dans le monde. Cet ouvrage présente différentes versions du conte dans des civilisations différentes (France, Maroc, Japon, Chine, Canada, Corée, etc.). Pour consulter les versions originelles du conte, voir les Éditions du Temps d’avant, chez Didier Jeunesse. Consulter également : Rodari Gianni, Grammaire de l’imagination, introduction à l’art d’inventer des histoires, rue du monde, 1997.

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POUR UNE ANALYSE DU CONTE Bettelheim Bruno, Psychanalyse des contes de fées, éd. Robert Laffont, 2011. INTERNET Consulter les dossiers « Pièces (dé)montées » sur le site de l’académie de Paris. Vous y trouverez notamment une interview intéressante de Pommerat dans le dossier de la pièce Pinocchio ainsi que des photos à exploiter dans le dossier de la pièce Je tremble 1 et 2 : http://crdp.ac-paris.fr/piece-demontee/ www.lumière-spectacle.org www.panoramadelart.com AUDIOS (AUTOUR DU LOUP) Pierre et le loup de Prokofiev (3 cors, mélodie lugubre, caractère envoûtant du loup, rapport à l'enfance, accords dissonants) Chansons enfantines (Promenons-nous dans les bois) ; traditionnelles (J'entends le loup, le renard et la belette) Les Loups, chanson de Serge Reggiani (sur les allemands à Paris) ; Le Loup, la biche et le chevalier d'Henri Salvador; Mon p'tit loup de Pierre Perret. VIDÉOS Du conte au théâtre avec la compagnie Louis Brouillard - Joël Pommerat, coll. « Formation, entrée en théâtre », éd. SCÉRÉN. Ce DVD rend compte du travail de la compagnie autour du spectacle Le Petit Poucet. Ce DVD n’est plus édité mais vous pouvez le trouver en médiathèque. Les Frères Grimm de Terry Gillian (2005), faisant apparaître une fillette enlevée. Le Petit Chaperon rouge, de C. Hardwicke (2011). Court métrage réalisé par Gabriel Vincent, Le Petit Chaperon rouge, des studios Winmad. DVD du SCÉRÉN sur Le Petit Chaperon rouge : spectacle musical de Georges Aperghis, compositeur contemporain. « Le compositeur se montre fidèle à la plus ancienne version du conte, dont il élargit le sens et la morale. Ses complices, musiciens-comédiens, mais aussi instruments et accessoires, déconstruisent l'histoire pièce à pièce, et la réinterprètent pour la reconstruire dans une sorte de polyphonie de narration et d'action » (extrait du livret accompagnant le DVD).

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DISCOGRAPHIE Caravan Palace, piste 1 « dragons », et piste 2 « star scat », 2006. Smetana Bedřich Squiban Didier, Porz Gwenn Tigran, A Fable Holiday Billie, Night & Day BO du film American Beauty Le Dernier Caravansérail, BO du Théâtre du Soleil Torgue Henry & Houppin Serge, Amour & légendes (musiques pour Roméo et Juliette et Don Juan) Musiques de Walt Disney Dolls, film de Takeshi Kitano, musique composée par Joe Hisaishi ATELIERS THÉÂTRE , CONSTITUTION DE DOSSIER, PROPOSITION DE STAGE Pour tout ce qui concerne la mise en place ou la reconduite d’ateliers théâtre, s’adresser au chef d’établissement qui recevra une lettre courant février, lettre à renseigner avant la fin mars. N’hésitez pas à solliciter Patrick Even pour constituer votre dossier (notamment pour le choix des comédiens, ceux-ci devant être agréés par la DAAC). L’association Comète vous propose un stage les 11 et 12 février, co-animé par Christiane Bauné et Monique Hervouët, comédiennes. Le stage coûte 15 euros. Il répond aux questions soulevées par un atelier théâtre, telles que : comment s’emparer des textes de théâtre, comment les mettre en scène avec des élèves, etc. Ce stage est ainsi en prise directe avec le métier d’enseignant. Pour plus de renseignement, consulter le site de l’association à l’adresse suivant : www.comete-theatre44.org

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Saison 2010Saison 2010Saison 2010Saison 2010----2011201120112011

MARION FRASLIN-ÉCHEVIN / MANON ALBERT 02 28 24 28 18

[email protected]

PASCALE DEGRIECK / 02 28 24 28 08 [email protected]

FLORENCE DANVEAU / 02 28 24 28 16

[email protected]

CAROLINE URVOY 02 28 24 28 17 [email protected]

LE GRAND T

BP 30111 44001 Nantes cedex 01

Tél 02 28 24 28 24 Fax 02 28 24 28 38

De nombreuses pistes de travail autour des spectacles sont disponibles dans le document

« ALLER AU THÉÂTRE : LIRE, VOIR,

DIRE, ÉCRIRE ET FAIRE… AVEC LES ÉLÈVES »

Rendez-vous sur : http://www.leGrandT.fr/IMG/pdf/aller_au_theatre_11-12.pdf

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2011 / 2012